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  • Mer 21 Sep - 21:43
    L’elfe progressait lentement dans une des nombreuses ruelles de la ville, il se tenait le flanc droit et s’appuyait contre un mur pour ne pas chuter. La trainée de sang qu’il laissait derrière lui aurait permis à n’importe qui de le pister, mais il était certain d’avoir éliminé les éléments les plus dangereux. L’exilé avait perdu beaucoup de sang, sa vision se faisait trouble, son souffle laborieux. Il avait survécu au Grand Nord, survécu à plusieurs combats, et c’était un pauvre coup de dague porté par un gamin des rues qui allait avoir raison de lui. Lórindol continua son chemin sur plusieurs mètres avant de finalement s’asseoir sur les pavés. Sa main droite était couverte de sang si bien qu’on ne pouvait plus percevoir les tatouages sur ses phalanges, il soupira et laissa sa tête reposer contre le mur de la ruelle. Il avait quelques notions en matière de soin, mais cette fois la blessure outrepassait ses humbles connaissances. Il n’était pas capable de dire si elle était grave ou non, mais chaque pas avait été douloureux et il avait perdu suffisamment de sang pour qu’un des pans de sa veste en devienne poisseux. Pourquoi avait-il fallu qu’il hésite face à ce gamin ? De la main gauche, il tira un petit médaillon dans le col de sa veste, il passa un doigt sur le relief symbolisant les armoiries de sa famille, puis il ferma les yeux un instant…

    ***

    La vie était une succession de choix, parfois bon, parfois mauvais. Il était arrivé à Lórindol de faire de mauvais choix, mais ce soir-là, il avait merdé. Bien que sa profession l’obligé bien souvent à faire profil bas, il lui arrivait parfois d’être un peu trop zélé. Il avait les compétences et les connaissances pour être capable de se défendre. Mais malgré ses talents, l’exilé était finalement tombé sur plus fort que lui, ou du moins plus nombreux.

    L’elfe avait eu une légère déconvenue avec un truand local, le genre de personnage qu’il valait mieux éviter de froisser, assez influent pour se mettre des amis dans la poche pour ne pas être inquiété. Au début l’affaire ressemblait à n’importe quelle rixe, une parole un peu trop directe, un coup à la mâchoire déclenchant une bagarre générale dans une maison de passe. Il y avait eu un mort, un seul, le frère du hors-la-loi. Lors de l’altercation, Lórindol n’avait eu aucune idée de l’identité du nabot qu’il avait occis, et cela n’aurait pas changé la fin du Nain pour autant, un coup fatal devait être porté, et l’exilé avait préféré le donner que de le recevoir. Il s’avère que malgré lui il avait éliminé le frère d’un dénommé Surin, un Nain, chef d’une bande de criminels agissant dans quelques quartiers de la cité.

    Il avait fallu plusieurs jours à la bande de coupe-jarrets pour retrouver la trace de l’elfe et le prendre à partie une fois la nuit tombée. Celui que l’on nommait Surin n’était pas là personnellement, il s’était contenté d’envoyer de gros bras pour capturer le meurtrier de son frère afin de régler l’affaire en tête à tête. Cependant Lórindol s’était révélait bien plus coriace que prévu, ce qui au début ne devait être qu’un passage à tabac se mua rapidement en boucherie. La bande de criminels était alors accompagnée d’un jeune garçon, tout juste un adolescent, un adversaire que l’elfe ne jugea pas bon de neutraliser au vu de son jeune âge, pensant qu’il ne s’agissait pas d’une menace, mais que le gamin avait suivi la troupe par effet de groupe. C’est lorsqu’il s’en méfiait le moins que celui-ci se jeta sur lui et lui planta son couteau dans le flanc. Surpris et assaillit pas la douleur de la lame se glissant entre ses côtes, il fit volte-face et frappa le garçon au visage avec une telle force qu’il l’envoyât direct au sol. Lórindol blessé et à bout de souffle quitta la ruelle, marchant aussi vite qu’il le pouvait, jusqu’à ce que la douleur devienne trop intense pour continuer sans devoir se maintenir à quelque chose.

    ***

    L’elfe ouvrit péniblement les yeux, incapable de savoir combien de temps il était resté assis là dans le froid nocturne. Il tenta de se redresser, il ne pouvait pas mourir ici, pas comme ça, ce n’était pas digne de lui ni du nom qu’il portait. Même s’il lui fallut plusieurs minutes, il parvint à se redresser. Il progressa encore un peu, il avait l’impression d’avoir changé de quartier, l’endroit semblait moins malfamé, son état général plus que lamentable attirait les regards et parfois quelques commentaires déplacés. Après un dernier effort, il s’écroula finalement dans une petite cour.
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  • Mer 28 Sep - 14:55
    Il y a les mauvais jours, et les mauvais jours
    légendaires - Feat Lórindol


    Encore une journée monocorde. Comme chaque jour, Rizka allait se lever aux aurores pour préparer la demeure. Époussetage des étagères, balayage de la poussière accumulée avant de tout astiquer au torchon. Elle viendrait ensuite arroser les multiples plantes éparpillées un peu partout et enfin faire un tour dans la boutique, vérifier que ce qui était disposé à l'achat était toujours propre à la consommation, préparer les concoctions du jour qui avaient été commandées pour une livraison dans l'après-midi. Enfin, comme tous les mardi, elle irait au marché pour des courses personnelles. C'est chaque semaine la même histoire. Rien ne la détourne de cette routine. Elle n'y arrive pas, c'est comme si ce rituel simple était un pansement imperméable à son âme. Indispensable.

    Mais toutes les blessures ont une fin, elles cicatrisent, il suffit parfois d'un petit coup de pouce, tirer un bon coup sûr ce fichu pansement.

    ***

    Les bras chargés de victuailles, l'elfe déambulait tant bien que mal, jetant des coups d'œil par-dessus son paquetage pour se guider. Tout allait bien jusqu'à ce qu'elle percute, à quelques mètres de sa destination, quelque chose. Surprise, elle ne put empêcher son corps de plonger en avant. Le panier, qui lui avait échappé des mains, vint s'écraser lourdement au sol à sa suite, déversant tout son contenu. Déboussolée, Rizka loucha sur la carotte échouée devant son nez. Elle se redressa en s'appuyant sur ses mains puis se hissa sur ses jambes, remarquant au passage qu'elle s'était égratignée la peau. Que s'était-il passé au juste ? La réponse ne tarda pas à venir : À moitié caché par les buissons épais se trouvait une forme inerte. Il y avait un homme allongé sur les pavés. Il restait ainsi, immobile.

    « Monsieur ? » Héla Rizka. « Vous… vous allez bien ? »

    Pas de réponse, pas de mouvement non plus. Par la déesse était-il évanoui ? Pire, mort ?... Autant en avoir le cœur net. Elle s'approcha, s'accroupissant à son niveau. Hésitante, la jeune femme leva le bras, avança la paume vers la tignasse claire qui ensevelissait le visage de l'inconnu. Elle dégagea une mèche de cheveux, libérant à sa vue un visage déformé par la douleur. Il n'avait pas l'air totalement conscient mais il respirait.

    « Dieux du ciel merci… » souffla-t-elle.

    Les pupilles rubis glissaient sur la silhouette. Un elfe, sa peau était recouverte de tatouages. Il se dégageait de lui un certain charisme… et un soupçon de danger accentué par les ecchymoses sur sa peau. Une nouvelle hésitation saisit la jeune femme mais elle osa toucher la tâche sombre au niveau de l'abdomen. Du sang. Poisseux, épais, en grande quantité. Il fallait agir et vite.

    « Vous m'entendez ? Je vais vous emmener à l'intérieur, accrochez-vous d'accord ? »

    Avec douceur mais fermeté l'elfe brune glissa l'un des bras de l'homme par-dessus son épaule tandis qu'elle attrapait le buste du mieux qu'elle pouvait. Elle se se hissa sur ses jambes, les redressant tous deux mais pas sans difficulté. Avec le gabarit de la femme ça n'allait pas être une mince affaire mais heureusement ils n'étaient plus si loin de la bâtisse. Quelques mètres tout au plus.

    « Tenez bon, je vais m'occuper de vous, ça va aller. » le rassura-t-elle, puisant dans sa propre affirmation pour se donner de l'énergie.

    Elle n'allait pas le laisser tomber, qui que soit cet inconnu. Un pas après l'autre, le souffle court, elle les mena vers l'entrée du bâtiment. Finalement, après avoir serré les dents en franchissant tant bien que mal les trois petites marches, elle déverrouille la porte d'entrée et pénètre à l'intérieur.

    CENDRES
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  • Mer 28 Sep - 22:58
    La morsure du froid était une sensation particulièrement horrible, une fois que l’on commençait à la ressentir, il était tout simplement impossible de s’en défaire. Le jeune elfe fermait la marche derrière sa jeune sœur, à chaque fois qu’elle faiblissait, il était là pour la rattraper et l’aider à faire un pas de plus. Avancer, il ne fallait surtout pas s’arrêter, il fallait continuer de bouger pour garder un minimum de chaleur corporelle et combattre le froid toujours plus agressif.

    - Tu penses qu’on survivra Lórin’ ?
    - Bien sûr, je te porterai s’il le faut, mais nous y arriverons, continue, un pas après l’autre, suit mère et père, ne te laisse pas distancer, je serais toujours derrière toi !

    Marcher vers où ? Il n’en avait pas la moindre idée et il n’y avait pas de meilleure chose à faire. Il n’avait plus de foyer, ses amis lui avaient tourné le dos, il ne lui restait plus que sa famille et celle-ci était mal en point. Son père gardait la tête haute, mais il souffrait, autant du froid que de l’humiliation qu’il avait subi par ses pairs. Chaque nouveau pas était de plus en plus fatigant, il voulait s’arrêter, s’asseoir dans la neige un instant et fermer les yeux. Cela ne pouvait pas faire de mal de se reposer quelques instants, reprendre des forces pour mieux repartir ensuite ne devait pas être une si mauvaise idée…

    - Lórin’ ! Réveille-toi !
    ***

    L’exilé eut toutes les peines du monde à ouvrir les yeux, il voulait simplement s’endormir, fermer les yeux et prendre quelques instants de repos bien mérités. L’elfe se retrouva une nouvelle fois debout sans vraiment comprendre comment, il sentait aussi plus léger, il lui fallut plusieurs minutes pour comprendre que quelqu’un l’aidait et qu’il ne se déplaçait pas tout seul. Même s’il ne l’avait jamais avoué, il n’était plus du tout en état d’avancer seul, même ramper sur le sol comme le ferait un animal lui aurait été impossible.

    La voix qu’il percevait était féminine, il n’avait aucun doute à ce propos, mais il ne comprenait pas grand-chose, bien qu’il était en mesure de sentir sa présence près de lui, il avait l’impression qu’elle lui parlait depuis le bout du monde. Ces paroles lui semblaient très vagues et il ne comprenait en vérité pas grand-chose. Il devinait qu’elle n’était sûrement pas là pour l’achever, sinon à quoi bon le remettre debout ? Il aurait été plus aisé de finir le travail au sol. Le futur n’avait que peu d’importance, car il était tout bonnement incapable de se défendre, même la magie ne lui serait d’aucune utilité. L’elfe avait parfaitement conscience d’être un poids mort, un boulet à traîner sur plusieurs mètres, et son égo risquait d’en prendre un sérieux coup. Grimper trois marches n’avait jamais été aussi laborieux, à moitié conscient, il avait tenté de garder un semblant d’équilibre sans pour autant appuyer tout son poids sur la jeune femme. Difficile pour lui de savoir s’il y était parvenu, mais l’ouverture de la porte fut accueilli comme une délivrance, car même avec un appui il devenait compliqué de ne pas chuter, ses jambes ne parvenaient même plus à le porter.
    Invité
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    Anonymous
  • Jeu 29 Sep - 18:19
    Il y a les mauvais jours, et les mauvais jours
    légendaires - Feat Lórindol


    Le temps pressait… L’homme dans ses bras était à peine conscient et son esprit dérivait déjà. Inconsciemment il se faisait de plus en plus lourd à porter et, finalement, la jeune femme le senti glisser hors de son étreinte. Il tomba lourdement au sol, rattrapé de justesse par la brune qui s’était laissée tombée sur les genoux.

    « Oh non non, restez éveillé !  » supplia-t-elle.

    La tête de son interlocuteur penchée en avant ne laissait plus voir qu’une masse de cheveux, accentuant la vue sur ses oreilles effilées. C’était de toute évidence peine perdue, autant aller au plus simple. Se pinçant la lèvre inférieure, Rizka opta pour une autre solution moins fatigante : Saisir l’homme par les épaules et le traîner jusqu’à son laboratoire à l’arrière-boutique. Là, elle le hissa sur la table qui y trônait et se permit une longue respiration, l’esprit en ébullition. A présent il fallait agir.

    Manipulant l’inconnu, elle le départit de sa veste et de sa chemise qu’elle jeta à la va-vite au sol. Sous ses yeux se présentait alors un corps bien bâti parcouru de tatouages qui devaient très certainement le recouvrir de la tête aux pieds. En d’autres circonstances elle serait bien restée bêtement à l’observer, autant fascinée par les motifs complexes que la musculature finement sculptée, mais elle secoua la tête, chassant ses pensées volages pour s’attarder sur ses blessures. La plupart étaient bénignes, d’autres anciennes au vu des cicatrices mais une seule retint l’attention de la soigneuse. Elle se trouvait au niveau des côtes, là où le sang s’était accroché aux vêtements. Profonde, à vif et saignant abondamment.

    Sans perdre de temps la jeune femme récupérer son nécessaire de soin et entreprit les soins. Au vu de la gravité, elle n'hésite pas à puiser dans ses ressources magiques. Sous ses injonctions et sa maîtrise des soins élémentaires la blessure se referma peu à peu jusqu’à se refermer presque complètement sous les paumes de la mage. Elle n’était pas assez experte pour la refermer totalement à l’aide de la magie mais à défaut elle termina le travail en suturant la plaie.

    Les mains tremblantes, Rizka resta un moment sans bouger, les yeux fixés sur la poitrine vacillante de l’homme. Il respirait toujours, faiblement. Relâchant la pression, la jeune femme retira ses mains, devenues elles aussi ensanglantées. Elle s’éloigna de quelques pas à reculons, restant focalisée sur le corps endormi, puis elle fit demi-tour et quitta la pièce. Lorsqu’elle revint ce fut avec un linge et une grande bassine d’eau qu’elle déposa au pied de la table. Elle glissa le linge avec précaution sur le corps meurtri, chassant le liquide rougeâtre avant de plonger le linge dans la bassine. Elle recommença le geste plusieurs fois jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien sinon les lignes d’encre qui la fascinaient et les ecchymoses qu’elle effaçaient une à une du bout des doigts, usant une dernière fois de sa magie douce.

    CENDRES
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    Anonymous
  • Ven 30 Sep - 14:03
    - J’ai si froid…
    - Tu dois tenir bon, on peut y arriver, ensemble.

    D’abord son père, puis sa mère… Maintenant ils étaient seuls à errer au milieu de nulle part, espérant croiser les restes d’une quelconque infrastructure pour se mettre à l’abri. Le jeune elfe avait bien vite abandonné l’espoir de croiser une caravane marchande, les routes empruntées par ceux-ci étaient bien trop rares, et il ne connaissait aucunement leur position. S’arrêter et attendre était la pire des idées et il en avait parfaitement conscience. Mais il était épuisé, il avait déjà repoussé les limites de son corps dans leurs derniers retranchements, jamais il n’aurait pensé être capable de tenir aussi longtemps.  Sa sœur sur le dos, il continua, un pas après l’autre jusqu’à ne plus pouvoir avancer, c’était devenu trop dur.

    - Tu… tu dois continuer… Laisse-moi, Lórin’…
    - Jamais… Mère, père… Tu es la dernière chose qu’il me reste… Je ne veux pas te perdre.
    - C’est faux… Ils sont là, au plus profond de toi… Je serais avec eux…
    - Tais-toi, je ne te laisserai pas Elanor. Je resterai avec toi…
    - C’est inutile… Je ne sens plus mes jambes… Je ne pourrais continuer, et tu n’es plus capable de me porter… Je ne veux pas que tu meures ici…
    - Tu me demandes de te laisser là ? De t’abandonner aux éléments ? Je ne…
    - Je te demande de vivre Lórin’… Si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour nous… Pour mère, pour père et pour moi… À travers toi nous vivrons, mais si tu meurs ici…

    Lórindol se laissa tomber à genou, les larmes qui perlèrent sur ses jours gelèrent presque aussitôt. Se résoudre à abandonner sa sœur était tout bonnement impossible pour lui, même si elle avait raison.

    - Le froid finit par devenir agréable, tu sais ? Il endort, la douleur et sa morsure deviennent presque une caresse…
    - J’ai juré à père de te protéger… Ne me demande pas de t’abandonner !
    - Je suis certaine qu’il comprendra… Va, Lórindol, profite… Le temps semble devenir plus clément.
    - Elanor…
    - Va… Survis… tu dois survivre Lórindol...
    - Ela…
    - Tu.. tu dois… survivre.
    ***

    L’exilé écarquilla les yeux. La douleur semblait l’avoir quitté, tout comme la morsure du froid, mais il se sentait faible. Sa mémoire lui revint rapidement, il se souvenait de la rixe dans la ruelle, de cette foutue blessure au flanc et de sa lente agonie. Il lui fallut cependant plusieurs secondes pour prendre conscience de son environnement, mais surtout du fait qu’il n’était pas seul. Encore plus de temps fut nécessaire que réaliser que cette douce sensation qu’il ressentait était due au contact de l’elfe qui se tenait près de lui.

    Sans un mot il essaya de se redresser pour rompre ledit contact, mais il fut presque aussitôt pris de vertige et se contenta d’un grognement en se recouchant. Néanmoins cette courte action lui avait permis d’entrevoir son flanc, il réalisa alors que sa plaie avait été traitée et au vu des mains encore tachées de sang de l’elfette son esprit en tira les bonnes conclusions.

    - Merci, pour… Ce que tu as fait.

    Il essaya de se redresser une nouvelle fois sans succès, au mieux il était capable de rouler et de tomber de la table.

    - Ton nom ?
    Invité
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  • Ven 30 Sep - 15:07
    Il y a les mauvais jours, et les mauvais jours
    légendaires - Feat Lórindol


    Un mouvement, une contraction se fit sentir sous ses paumes. Rizka sursauta, relevant les yeux vers le visage de l’inconnu. Elle croisa pour la première fois son regard, se perdant un instant dans l’océan turquoise de ses pupilles. La jeune femme ne s’était pas attendue à ce qu’il se réveil si vite… Elle avait même plutôt craint qu’il ne cède sur la table.

    Un grognement sourd s’échappa des lèvres de l’homme avant qu’il ne parvienne à formuler quelques mots. Le ton s’était fait familier mais elle ne s’en formalisa pas : Il s’agissait de remerciements. L’elfe hocha doucement la tête, s’apprêtant à lui répondre mais il tenta à nouveau de se redresser.

    « Ne bougez pas. » dit-elle avec autorité avant de se reprendre avec plus de douceur : « Vous risquez de rouvrir la blessure. »

    Elle retira ses paumes et se saisit du linge pour essuyer ses mains tachées de sang. Le teint pâle qu’elle affichait témoignait à lui seul du contrecoup de la magie qu’elle venait d’utiliser et s’il y faisait attention l’elfe pourrait remarquer les écorchures parsemant ses avant-bras qu’elle n’avait pas encore prit la peine de traiter.

    « Je m’appelle Rizka Aldeishan. » répondit-elle. A nouveau, elle glissa ses yeux rubis jusqu'à leur homologues. « Et le vôtre ? »

    Il était libre de lui répondre ou non, elle n'insistera pas. Les préoccupations de la jeune femme étaient tout autres et bien plus légitimes pour l’heure : Il fallait qu’elle sache ce qui avait causé une telle blessure. Ou plutôt si cette personne aurait des raisons de venir le chercher jusqu’ici.

    « Vous vous rappelez ce qu’il vous est arrivé ? Vous étiez à peine conscient… Ai-je des raisons de craindre que l'on pourrait s'en prendre à vous ? »

    CENDRES
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Dim 2 Oct - 18:17
    L’exilé n’aimait pas vraiment cette position allongée, c’était presque comme attendre sagement la mort. Malgré l’envie viscérale qui l’invitait à tenter de se redresser pour la troisième fois, il suivit malgré lui le conseil de son interlocutrice et ne força pas plus que nécessaire. La douleur qu’il ressentait quelques heures plutôt s’était muée en une simple sensation de gêne, un peu comme celle d’une blessure que l’on devait laisser cicatriser.
    Par à rapport au souvenir qu’il avait de sa blessure, ce qu’il avait à présent comme stigmate sur le flanc semblait bien superficiel, son interlocutrice semblait en tout bien plus douée que lui en matière de soin. Elle semblait assez pâle, un peu trop d’ailleurs, chose que, Lórindol cru bon de ne pas souligner, du moins pas sans en apprendre plus.

    - Aldeishan… murmura-t-il pour lui-même.

    Un nom qui n’était pas inconnu pour l’exilé, un œil avisé aurait pu voir une certaine réaction sur son visage. Malgré des souvenirs datant de plusieurs centaines d’années, l’elfe savait qu’il s’agissait d’une famille noble de Melorn. Il avait entendu ce nom plus d’une fois, plus particulièrement lorsqu’il prenait à son père l’envie de parler de ses recherches en matière de magie. Il aurait sans doute été capable de se souvenir de plus de chose, mais cela l’aurait obligé à fouiller dans une part de lui-même qu’il avait préféré enfouir au plus profond de son être. Il n’était pas non plus capable de définir les relations entre la famille Aldeishan et la sienne, il avait vaguement le souvenir d’un comportement cordial et respectable. Il était étrange de croiser un représentant de cette noble famille ici, si loin de Melorn.

    - Lórindol.

    Comme pour n’importe quel représentant du peuple des elfes, il était très difficile de déterminer l’âge de celui-ci. Son interlocutrice pouvait très bien avoir 200 ans comme 400 ans, et en fonction de son âge elle aurait pu être en mesure de connaitre le nom Aën’Ar-Feiniel, chose que l’exilé préférait éviter, car ce nom n’avait plus rien d’honorable et de toute manière cela faisait bien longtemps qu’il ne l’avait pas prononcé. Cela faisait bien longtemps que « Lórindol » était le seul nom qu’il portait, du moins quand il acceptait de le donner, mais cette fois on lui avait sauvé la vie, alors il pouvait donc faire l’effort de se présenter.

    - Je me souviens oui, j’étais juste au mauvais endroit au mauvais moment.

    Évidemment l’exilé ne pouvait pas dire qu’il avait tué un nain dans une taverne, nabot qui se trouvait être le frère d’un autre bas du front, chef d’un gang de la pègre locale. Mais devait-il vraiment cacher cette information ? Il avait perdu beaucoup de sang, suffisamment pour perdre connaissance à avoir toutes les peines de monde à se remettre debout. Il y avait de forte chance pour qu’un aveugle soit en mesure de retrouver sa piste alors… Sans parler de la réaction de la garde lorsqu’elle tomberait sur les corps dans la ruelle. Cela faisait beaucoup de facteurs à prendre en compte, et il était évident que plus vite il quitterait l’endroit, et plus vite le danger serait écarté.

    - Je ne compte pas rester, dit-il en essayant de se redresser avec difficulté. Du moins dès que mon corps acceptera de répondre à ma volonté.

    L’exilé devait connait l’étendue de la situation et il n’y avait pas mille façons pour procéder, une question directe lui permettrait sans doute d’évaluer les risques.

    - Surin, ça te dit quelque chose ?
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Lun 3 Oct - 20:41
    Il y a les mauvais jours, et les mauvais jours
    légendaires - Feat Lórindol


    Lórindol, ce prénom ne disait rien à l'elfe. Ce n'était rien de plus que l'évocation vague d'un lointain souvenir. Si elle avait su son nom, en revanche, celui-ci aurait fait lien dans son esprit. Tant mieux pour lui, sans doute… L'homme répondait de manière évasive mais il n'eut pas l'effronterie de mentir à la femme qui l'avait soigné. Rizka l'aurait senti dans son être si cela avait été le cas. Bien sûr, elle pouvait toujours lire dans son esprit ses souvenirs récents mais c'était une forme de magie qu'elle préférait éviter et le soigner avait été suffisamment éprouvant.

    « Non, ce nom ne me dit rien. » Répondit-elle, ajoutant aussitôt avec un ton désapprobateur : « Mais je vous en prie ne soyez pas impulsif. Si cette personne vous recherche, vous êtes bien plus en sécurité ici. »

    L’elfe risquait de répliquer, ce que la jeune femme voulait éviter. Au vu de la gravité de sa blessure, de la quantité de sang perdu et du danger qui rodait encore pour lui ce serait un suicide que de se précipiter hors des murs d’une guérisseuse. Rizka effleura doucement le poignet de l’homme blond et joua sur ses sentiments, accentuant la confiance qu’il avait manifestée envers elle par un soupçon de magie. C’était de la triche, mais puisque c’était pour son bien elle n’avait aucun remord.

    « Je peux vous protéger. Restez ne serait-ce que quelques jours, je prendrai soin de vous le temps que vous repreniez des forces. Et si jamais ce… Surin, venait ici, il y a une trappe dans la remise, je peux vous y cacher si nécessaire. » Elle pinça la lèvre, ajoutant d'un ton catégorique : « Vous êtes sous ma responsabilité, je ne permettrais pas qu’on s’en prenne à vous. »

    Elle aurait très bien pu rajouter que s’il n’était pas d’accord avec elle, il n'aurait pas dû choisir de se vider de son sang dans l’allée de sa bâtisse mais elle fit preuve de retenue, c’était sans doute un peu excessif. Au lieu de cela, elle s’éloigna de quelques pas pour récupérer des bandages et un baume qu’elle disposa sur un coin de la table.

    « Je vais vous aider à vous redresser, ce sera plus confortable pour vous et je pourrais terminer les soins plus facilement. »

    Sur ces paroles, l’apothicaire se rapprocha à nouveau du blessé, se penchant de manière à ce qu’il puisse s’appuyer sur elle et qu’elle l’aide à se redresser sans devoir puiser dans des forces qu’il n’avait plus. Dans cette position assise, il pouvait laisser ses jambes se détendre hors de la table et son dos n’était plus agressé par la froideur de celle-ci et sa rigidité désagréable. C’était également plus simple pour la guérisseuse d’y apposer le baume cicatrisant sur les plaies mais surtout de pouvoir les bander correctement.

    « Dans l’urgence, je n’ai pas pu faire autrement que vous emmener ici mais j’ai une chambre à l’étage où vous pourrez vous reposer, ce sera beaucoup plus confortable. Vous vous sentez capable de vous lever ? »

    A nouveau, elle posa une main réconfortante, accentuant les maigres sentiments positifs qu’il éprouvait à son égard par sa fourbe magie.

    « Vous pouvez vous appuyer sur moi, je ne vous lâcherai pas. »

    CENDRES
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Mar 4 Oct - 13:59
    L’exila baissa la tête, la jeune elfe ne pourrait rien lui apprendre sur le nabot qui en avait après lui, il devrait donc trouver un autre moyen pour glaner des informations et gérer ce problème le plus tôt possible. Cependant, l’elfe avait quelques doutes concernant la sécurité du lieu. Il avait perdu beaucoup de sang, suffisamment pour perdre connaissance, il devait donc avoir laissé de belles traces de son passage et dès qu’une personne aurait l’idée de remonter la piste… la situation deviendrait complexe, autant pour lui que pour elle.

    - Je ne sais pas si…

    Et pourtant, malgré ses doutes, Lórindol avait la sensation de pouvoir faire confiance à son interlocutrice. D’ordinaire l’elfe était méfiant, refusant tout contact même amical, mais là tout semblait différent. Il se disait que son état de santé devait jouer sur sa méfiance, il n’était plus vraiment en mesure de redoubler de vigilance à moins de vouloir retourner dans le monde des songes. Devoir être sous la protection de quelqu’un ne lui plaisait pas, jusqu’à présent il n’avait jamais eu besoin de personne, il s’était toujours débrouillé pour se soigner et s’en sortir. D’ailleurs il s’était déjà sorti de situation bien plus dangereuse qu’une simple rixe de ruelle avec des rebuts de la société. Tout cela était dû à son hésitation, il se savait et se maudissait intérieurement d’avoir été si idiot, croire en l’innocence d’un sale gamin… plus personne ne n’était innocent à présent.

    - Une guérisseuse et un toit où dormir, j’ai de la chance on dirait, fit il avait une certaine pointe d’ironie assez caractérise de sa personnalité.

    Il craignait que rester ici soit trop dangereux, la jeune elfe au vu de sa situation devait avoir moyen de prouver son innocence en cas de problème, lui n’était qu’un gibier de potence, il allait finir sa vie comme un bout de viande qu’on laisse sécher au bout d’une corde. Avoir besoin d’assistance pour se redresser avait mis un sacré coup à son égo, encore plus parce qu’il s’agissait de s’appuyer sur une femme. Malgré tout, grâce à son aide plus que précieuse, il était parvenu à se mettre en position assise, retrouvant une certaine stabilité, mais surtout une position dans laquelle il se sentait plus capable de se défendre. Bien sûr cela n’était qu’une sensation, son état général était si mauvais qu’il n’aurait rien pu faire en cas de problème, si ce n’est s’effondrer lamentablement et ne représenter aucune menace.

    - Merci.

    Il plongea son regard sans celui de son interlocutrice. Jusqu’à présent il n’avait pas pris le temps de la détailler, mais à présent qu’ils étaient tous deux presque à la même hauteur…
    Ses traits fins témoignaient à eux seuls la grâce et l’élégance naturelle de leur peuple, c’était une elfe dotée d'un charme certain. Tout comme lui elle portait des tatouages, qu’il imaginait leur signification et l’utilité de ceux-ci était bien différent des siens.

    - Dans l’urgence, certains auraient simplement détourné le regard, peut-être q…

    Ce nouveau contact que l’on aurait pu qualifier de rassurant le coupa net dans sa phrase, et c’était peut-être mieux ainsi. Elle l’avait sans aucun doute sauvé d’une mort lente et vicieuse, et comme remerciement il y avait de forte chance qu’il lui attire des problèmes. Normalement ce genre de dommage collatéral ne l’aurait pas troublé, mais là, encore une fois il avait une drôle de sensation. Conscient du possible danger de la situation, il gardait une mine terriblement sérieuse.

    - Le service de chambre et à la hauteur des soins au moins ?

    Puis l’elfe se rappela que sans le soutien de la jeune femme il risquait de finir au sol, il se ravisa aussitôt ne comprenant même pas pourquoi il avait dit ça. La perte de sang devait le faire délirer.

    - Fais comme si je n’avais rien dit.

    La montée de l’escalier risquait d’être folklorique, il espérait surtout ne pas s'y rompre le cou.
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  • Ven 7 Oct - 19:41
    Il y a les mauvais jours, et les mauvais jours
    légendaires - Feat Lórindol


    Ne lui aurait-elle pas donné un soupçon de trop de confiance ? La réflexion traversa son esprit quand Lórindol la questionna sur la qualité de son service de chambre. Elle ne réagit pas immédiatement, interloquée par le culot de l'elfe, mais lorsqu'il eut la présence d'esprit de se reprendre, elle décida de jouer le jeu a son tour, son ton de voix tout aussi sérieux :

    « Tout dépendra de la pénibilité du patient. »

    Après tout, un peu de sarcasme ne faisait pas de mal. D'une certaine manière cela détendrait l'atmosphère lourde et puis Rizka n'était pas le genre de personne à s'offenser facilement.

    Tant bien que mal, elle guida l'elfe jusqu'à la sortie. Arrivés dans le couloir, l'on pouvait voir une porte ouverte sur la gauche menant à la boutique et l'entrée principale mais également trois portes closes. En face se trouvait une réserve, et sur la droite tout au bout du couloir la porte menait à l'arrière-cour. Un peu avant celle-ci se trouvait la troisième, celle vers laquelle Rizka emmenait le blessé.

    Lorsqu'ils la franchirent, l'homme put alors constater que cela le menait vers un escalier. C'est avec la plus grande précaution, lui indiquant qu'il pouvait au besoin s'accrocher à la rambarde, qu'elle l'aida à monter marche par marche, lui demandant régulièrement s'il se sentait bien et lui rappelant avec douceur qu'elle irait à son rythme.

    Lorsqu'enfin ils parvinrent à l’étage, Lórindol découvrit un espace de vie chaleureux. Il y avait largement de quoi y vivre convenablement. Là où se trouvait plus bas l’espace boutique était destiné à l’espace à vivre : un coin repos composé d’un sofa moelleux et de quelques gros coussins proches d’un petit âtre d’un côté et de l’autre un espace cuisine sommaire mais fonctionnel, une petite table y trônant avec une composition florale délicate en son centre. Il n’eut pas le loisir d’en observer davantage puisque les pas de l’apothicaire le menaient de l’autre côté de cet espace, le faisant traverser un encadrement sans porte mais composé de jolis tissus qui glissaient sur eux comme la brise caresse la peau. De l’autre côté se trouvaient deux pièces : une salle de bain ainsi que la chambre. Franchissant le seuil de cette dernière, elle guida son patient jusqu’au lit, l’aidant à s’y installer confortablement.

    « Et voilà… » souffla-t-elle. « Je vais vous laisser vous reposer. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, je ne serai pas loin. »

    Rizka lui adressa un doux sourire, dont seule une personne emplie de compassion avait le secret. Elle resta un instant, puis quitta la pièce.

    L’elfe avait beaucoup à faire pour l’heure si elle voulait que les choses se passent au mieux. Il allait d’abord falloir récupérer à la hâte ses effets laissés à l’abandon dans sa cour puis s’occuper d’effacer les traces ensanglantées qui y régnaient. C’était sans doute une chance qu’il soit tombé sur une fée du logis un brin maniaque… Rien ne lui résistait même de l’hémoglobine récalcitrante.

    Alors qu’elle terminait de remettre en ordre son parfait petit habitat et les plus proches environs, elle se mit à se questionner. Pourquoi voulait-elle tant l'aider ? Était-ce parce que son cœur était trop tendre ? Rizka avait toujours eu une âme pure : douce, tendre, charitable, empathique… A moins que ce soit parce qu'il était, tout comme elle, un elfe, qu'il lui rappelait d'où elle venait, ce qu'elle avait perdu ? Non… c'était sûrement parce que sa vie était devenue terne et insipide. S’occuper de quelqu’un la détournait de son apitoiement. Mais… C’était un peu plus que cela. La jeune femme n'avait rien à perdre, plus maintenant, alors le danger avait quelque chose de grisant. Elle ne savait rien de cet inconnu si ce n'était son prénom. Il n'était que mystère avec ses tatouages tortueux, son expression tourmentée et ses blessures témoignant d'une vie trépidante et dangereuse. C'était… intriguant. Attractif.


    ***


    Laissés sur la table de chevet, deux objets attiraient l'attention. Un bol dégageant une douce odeur appétissante ainsi qu'un petit papier laissant apparaitre des lignes d'encre trônait dans l'attente d'une lecture. Il s'agissait d'un mot laissé à l'attention de l'elfe, écrit d'une plume soignée et aérienne.

    Si vous vous éveillez, ne vous inquiétez pas de ne pas me trouver. J'ai une livraison à effectuer mais je reviens sitôt celle-ci terminée.

    En attendant faites comme chez vous. J'ai laissé de quoi vous restaurer et si jamais vous vous sentez de vous lever, vous êtes libre de circuler. Au besoin, la salle d'eau se trouve juste à votre droite.

    Ne faites pas de folies.

    Rizka


    CENDRES
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  • Dim 9 Oct - 22:03
    Ledit patient était dans un était si pitoyable que sans aide il aurait été incapable de se mouvoir tout seul, excepté peut-être en rampant. L’elfe se demandait d’ailleurs ce qu’il lui avait pris de parler avec si peu de retenu… bien sûr cela faisait longtemps qu’il avait perdu le parler et le tact naturel que son éducation lui avait imposé. Il avait vécu en compagnie d’humains pendant suffisamment d’années pour en oublier le principe même de politesse. Il se doutait que la fatigue et la perte de sang ne devaient en rien arranger son comportement général, chose dont il devait particulièrement se méfier, car il n’était plus en position de force.

    Monter un escalier n’avait jamais été aussi fastidieux. D’un côté, son égo le forçait à ne pas prendre totalement appuie sur sa camarade elfe, et d’un autre il n’avait pas vraiment le choix, à moi de vouloir finir au bout des marches. L’exilé n’avait jamais rencontré une personne avec autant de bonté, en particulier envers lui. Après tout ils ne se connaissaient pas du tout, et voilà qu’elle le soignait puisqu’elle se tenait près de lui pour l’aider à se déplacer, c’était étrange d’être accompagné d’une personne aussi bienveillante. L’elfe essayait tant bien que mal d’examiner son environnement, de noter chaque détail, mais il en était tout bonnement incapable, du moins pas sans repos. Bien qu’il n’eût pas l’occasion de tout voir, le lieu semblait pour le moins chaleureux, bien plus que tout ce qu’il avait connu depuis… depuis de vagues souvenirs qu’il préférait laisser aux ténèbres. Il avait la chance de passer la nuit dans un endroit « sûr » et confortable, chose dont il était très reconnaissant même s’il était trop fier pour l’avouer.

    Une légère douleur le traversa lorsqu’il s’installa sur le lit, sans doute au fait de s’asseoir, bien qu’en grande partie soignée la blessure n’en était pas moins présente, il allait devoir faire attention durant quelque temps, sous peine d’ouvrir de nouveau la plaie.

    - Merci… pour tout ça.

    Il avait la sensation de profiter de la situation, une pensée pour le moins désagréable, et celle-ci le devenait encore plus lorsqu’il repensait à la rixe dans la ruelle, et aux possibles conséquences de tout cela. Changer de quartier n’allait pas empêcher le nabot de le retrouver, mais maintenant, la guérisseuse était malgré elle mêlée à tout cela. Causer des problèmes à une personne totalement externe à tout cette affaire ne lui plaisait pas, il devrait filer au plus vite.
    Mais pour l’heure il ne pouvait pas aller bien loin, l’elfe s’allongea avec précaution, puis ferma les yeux.

    ***

    L’elfe se réveilla en sursaut, se redressant d’un coup avant que la douleur ne le fasse pousser un juron que ses ancêtres auraient qualifié de honteux. Il se passa une main sur le visage et remarqua qu’il était trempé de sueur, son sommeil avait été plus éprouvant qu’il ne l’aurait pensé. Malgré cela il se sentait mieux, du moins en partie. L’elfe n’était pas fou et savait pertinemment que son corps mettrait plusieurs jours pour se remettre totalement de cette blessure, il allait mieux, mais il devait tout de même faire attention. Il se penchant et saisit la note du bout des doigts, une fois celle-ci lue il posa son regard sur le bol dont provenait la délicieuse odeur. Méfiant, il regarda le récipient du coin de l’œil.  

    Lórindol parvint à se redresser sans trop de difficulté, même s’il ressentit un léger vertige pendant quelques secondes. Il se dirigea vers la droite, car un brin de toilette n’était pas de refus, après cette nuit il en avait d’ailleurs bien besoin. L’elfe s’aspergea énergétiquement le visage, puis se passa une main humide dans ses cheveux afin de se redonner un air pour le moins plus présentable. Son reflet dans le petit miroir n’avait rien de très plaisant, il avait le teint d’un cadavre et il lui fallut de nombreuses minutes avant de reprendre une teinte de peau plus normale. Il se mouilla aussi le haut de corps, il prit soin de ne pas passer trop près des bandages, même si quelques gouttes d’eau perlèrent sur les lignes de ses muscles. Il s’essuya à la va-vite et déambula un peu maladroitement jusqu’au couloir qu’il avait emprunté la veille, l’escalier semblait plus raide que dans son souvenir et comme personne n’était là pour le voir, il pouvait bien se tenir à la rambarde comme un vieil elfe. L’exilé retrouva bien vite la table sur laquelle il avait été soigné, il aurait pu explorer davantage, mais jugea cela déplacé. Bien que peu prude, l’idée de se promener torse nu ne lui plaisait pas vraiment, il s’était donc lancé à la recherche de sa veste, mais abandonna après plusieurs minutes de recherche. Résigné, il s’adossa finalement contre un mur, patientant sagement.
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  • Mar 11 Oct - 14:46
    Il y a les mauvais jours, et les mauvais jours
    légendaires - Feat Lórindol


    Aucune sonnette ne retentit lorsque la maîtresse de maison refait surface. Elle avait cru bon de faire le tour et de pénétrer dans la bâtisse par la porte menant au jardin potager. L’elfe se déchaussa, déposant près de la porte ses souliers. Elle se départit également de son manteau, l'accrochant machinalement. L’esprit ailleurs, elle réfléchissait à voix haute, ses pas la menant vers la réserve pour y déposer un large pot en céramique qu’elle avait récupéré un peu plus tôt d’un patient qui n’en avait plus l’usage.

    « Ça fait un moment que je suis partie… Je devrais monter voir comme il vaaaaah ! » s’écria-t-elle soudain en laissant tomber la céramique.

    L’objet s'écrase dans un grand fracas, mais fort heureusement il ne se brisa pas, se contentant de rouler jusqu’à cogner contre le pied de la table. Se tenant contre un mur, la grande silhouette de Lórindol la surplombait de son imposante carrure. Rizka resta interdite, les yeux écarquillés de stupeur et de surprise mêlée. Cependant, ses joues se coloraient bien vite alors qu’un flot de paroles s’ensuivit :

    « Par les cieux Lórindol, vous m’avez fait peur ! Qu’est-ce que vous faites ici ?! Quelle idée de descendre dans votre état, ce n’était pas prudent, vous auriez pu tomber dans les escaliers et vous blesser davantage ! »

    Elle s’interrompit, se pinçant la lèvre inférieure pour arrêter de l’assassiner sur place. A bien regarder, il avait tout de même meilleure mine, ce qui était quand même relatif vu sa pâleur. Sans doute s’était-il convenablement reposé. L’elfe semblait également avoir fait un brin de toilette, ses bandages semblaient légèrement humidifiés.

    « C’était un peu excessif. » admit-elle. « Comment vous sentez-vous ? »

    Pour la première fois, Rizka se permit d’observer avec plus d’attention son interlocuteur. Il se tenait debout, le dos accolé au mur. Il était grand, au moins une quinzaine de centimètres de plus que la jeune femme, bien bâti également malgré les nombreuses cicatrices anciennes qui parcouraient son buste… Buste qui n’était pas couvert d’ailleurs, difficile de focaliser son attention ailleurs.

    « Vous n’avez pas froid ? » demande-t-elle, soucieuse. « Votre habit était imbibé de sang j’ai dû le nettoyer… »

    CENDRES
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  • Mer 12 Oct - 22:00
    L’exilé se doutait qu’il ne pourrait mettre aisément la main sur sa veste. Vu l’état pitoyable dans lequel était le haut de son pantalon, il y avait fort à parier que son haut soit dans un état similaire, voire pire. Vu la bonté dont faisait preuve son hôte, il aurait misé une éternité de labeur sur la possibilité que la guérisseuse se soit contentée de récupérer le vêtement poisseux de sang pour le laver, ce qui lui aurait sans doute donné une nouvelle jeunesse. Bien sûr il aurait pu fouiller, plutôt que de rester planter là sagement, l’idée lui avait d’ailleurs traversé l’esprit, mais… s’il avait été sauvé par une humaine, sans doute se serait-il permis de fouiller sans une once de respect. Cependant, il se tenait sous le toit d’une congénère, et même si l’exilé, au vu de son statut, n’était pas en très bon terme avec les représentants de sa race, il accordait tout de même plus de respect à une personne issue du même peuple que lui.

    En tout cas, le blessé n’eut pas longtemps à patienter, quelques minutes plus tard, il lui sembla entendre du bruit provenir de l’arrière de l’habitation. Il ne fallut pas longtemps à l’elfette pour apparaître dans le couloir, et encore moins pour envoyer valser ce qu’elle tenait dans les mains. Sans avoir l’occasion d’ouvrir la bouche pour s’exprimer, Lórindol fut noyé sous un flot de paroles. L’idée de braver la tempête ne le tenta pas le moins du monde et il préféra laisser son interlocutrice s’exprimer, après tout elle était chez elle, lui n’était qu’un invité qui avait laissé son sang partout. L’elfe n’aimait pas être vouvoyé, il savait que cela était une certaine forme de politesse, et bien qu’il lui arrivait parfois de se considérer au-dessus des autres à cause de ses compétences ou de la noblesse de sa race, il préférait de loin s’exprimer simplement.

    - Désolé, je me sentais mieux alors j’ai fait comme chez moi. Laisse tomber les « vous », tu m’as déshabillé, soigné puis porté comme un ivrogne jusqu’au lit, on a dépassé l’étape du « vous ».

    Elle l’avait sauvé, plus que cela, elle lui avait apporté de quoi manger au réveil -repas qu’il avait d’ailleurs laissé de côté- et même entrepris de laver ses vêtements. La pensée de recevoir des coups de couteau plus souvent lui vint à l’esprit, mais l’opération se révélait bien désagréable et foutrement risquée. Malgré un sommeil agité, il avait au moins pu se reposer et profiter d’un lit confortable, cela changeait grandement des lits de fortunes des auberges bon marché ou des nuits à la belle étoile. Pour la première fois depuis très longtemps, il avait pu fermer l’œil sans craindre de recevoir une poutre usée sur le visage pendant son sommeil.

    - Vivant, grâce à toi.

    Le simple fait de pouvoir encore respirer, il le devait à son hôte. C’était une dette qu’il lui faudrait un jour rembourser d’une façon ou d’une autre, bien qu’il n’aimait pas devoir quelque chose à quelqu’un. Sans aucune gêne apparente, l’exilé examina l’elfette de la tête aux pieds, maintenant qu’il avait moins l’esprit embrumé la chose n’en était que plus agréable.  L’elfe quitta le mur et ramassa le pot tombé quelques instants plus tôt, puis il posa sur la table. Il eut droit à un léger vertige, mais rien de suffisamment important pour se voir sur son visage.

    - Ça ira. C’est… très aimable, tu n’étais pas obligé.

    L’elfe aurait sans doute pu faire un trait d’esprit concernant le service de chambre, mais il ne souvenait pas du tout de cela. Ses souvenirs de la soirée étaient assez flous et il rencontrait quelques difficultés à tout remettre en ordre dans son esprit. Il n’eut pas l’occasion de plus s’exprimer, car l’on toqua à la porte.

    - J’imagine que je dois disparaître.
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  • Sam 15 Oct - 12:33
    Il y a les mauvais jours, et les mauvais jours
    légendaires - Feat Lórindol


    Des excuses et des remerciements encore. Ce Lórindol était une énigme en un sens… Il avait tout l’air d’un mercenaire capable de vous égorger sans que cela ne lui remue un sourcil mais pourtant il avait des manières ainsi qu’une attitude respectueuse. C’était troublant et, d’une certaine manière, cela cultivait la curiosité de la jeune femme à son égard. Elle était d’ailleurs partagée quant à l’attitude à adopter envers lui… Le tutoyer ? Il avait de bons arguments, certes, mais tout de même ce n’était pas dans les habitudes d’une Melornoise pure souche à l’éducation irréprochable de faire des familiarités avec un inconnu.

    « Je suis rassurée. » répondit-elle, ajoutant avec un légère hésitation dans la voix : « Je n’ai fait que ce que j’estimais juste, cesses-dont de me remercier. »

    L’elfe détourna le regard, un soupçon de gêne apparaissant sur son doux visage. En vérité, elle ne détestait pas la gratitude dont il faisait preuve, c’était même plutôt gratifiant de voir ses efforts remarqués mais d’un autre côté la jeune femme ne savait comment réagir. Au moins, elle avait réussi à passer le cap du tutoiement.

    « Si t… » Commença-t-elle à prononcer avant que l’on ne frappe à la porte.
    « J’imagine que je dois disparaître. »
    « Reste ici, je vais voir. »

    La jeune femme n’avait pas entendu le carillon mais quand bien-même, n’avait-elle pas fermé la porte ? Le panneau à l’entrée affichait toujours qu’elle était absente… Celui qui venait d’entrer et frapper à la porte jouxtant la boutique ne manquait pas de toupet.

    D’un pas assuré, la jeune femme quitta la pièce, ne manquant pas de pousser la porte afin de masquer la présence de son locataire, puis elle ouvrit à la volée celle qui menait à la boutique. Rizka se retrouva ainsi nez à nez avec deux hommes, basiquement des humains aux manières douteuses. Elle fait pourtant abstraction de son avis pour leur adresser son sourire de bonne commerçante.

    « Bonjour Messieurs, je vous prie de m’excuser, la boutique n’est ouverte qu’aux livraisons aujourd’hui, si c’est pour autre chose je vous invite à revenir demain ou vous diriger vers un autre professionnel. »
    « La porte était ouverte pourtant. On en a pas pour longtemps, on souhaite juste poser quelques questions, et ensuite on vous laisse tranquille. »

    Le type à tout de l’attitude emplie de suffisance, celle de ceux qui sont persuadés d’avoir toujours gain de cause. C’était sans compter sur le frisson qui venait de parcourir l’échine de la mage. Il mentait. Sur ses gardes, Rizka se fit plus ferme bien qu’elle ne gardât de façade son air aimable.

    « Très bien, dans ce cas je vous demande de patienter encore un instant, je dois terminer ma préparation et ensuite je vous accorderai un peu de temps. Cela vous convient-il ? Installez-vous confortablement, j’arrive dans quelques minutes. »

    Sans attendre leur réponse, elle les invite fortement à s'asseoir sur les chaises disposées à droite de la vaste pièce, dans un espace voué visiblement à la détente. Rizka fait alors volte-face, retournant dans l’arrière-salle où se trouvait l’elfe blond. Elle resta silencieuse mais son regard se planta dans le sien. Il entendit alors la voix de l’apothicaire résonner dans son esprit.

    Surtout reste bien caché, j’ai un mauvais pressentiment.

    Elle ne dit rien de plus, récupérant quelques ingrédients de la réserve à la va-vite, les mélangeant grossièrement avant d’emporter le tout. Lorsqu’elle revint du côté de la boutique, elle se dirigea immédiatement derrière le comptoir, invitant les deux individus à la rejoindre, faisant mine d’être concentrée sur sa “préparation”.

    « Je vous écoute, mais faites vite, je vous prie, je dois partir à temps pour livrer le médicament. »

    CENDRES
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  • Dim 16 Oct - 21:06
    L’exilé ne bougea pas, de toute manière il valait mieux qu’il ne se fasse pas remarquer, impossible de savoir s’il s’agissait d’un simple client ou d’une visite plus ou moins désagréable. S’il était question d’ennuis, alors il serait compliqué pour lui d’agir, ou du moins ses capacités seraient amoindries. Même s’il se sentait mieux, il craignait de ne pas être capable d’utiliser la magie avant plusieurs jours, chose qui ne l’arrangeait pas du tout d’ailleurs. Et même s’il avait eu la capacité de se battre, qu’aurait-il pu faire ? Éliminer purement et simplement la menace pour ensuite devoir planquer le corps ou maquiller cela en accident ? C’était là un jeu bien risqué qui allait attirer encore plus de soucis à la guérisseuse.

    Et puis… après tout il pouvait bien réussir à mettre la main sur sa veste, remonter à l’étage et quitter l’habitation par une fenêtre en laissant le moins de traces derrière lui. Dans le meilleur des cas, il s’agirait d’un client, et dans le pire des personnes peu recommandables posant un peu trop de questions.
    Si par hasard quelqu’un se mettait à fouiller l’endroit, il était préférable qu’il ne soit pas dans les parages. Cette idée resta longtemps en suspens dans l’esprit de l’elfe, mais… il ne pouvait pas se résoudre à partir comme un lâche et laisser une congénère avec de possibles problèmes sur les bras. Elle lui avait sauvé la vie, et si les ennuis venaient toquer à sa porte c’était à cause de lui. Avant même d’entendre la voix de l’apothicaire dans son esprit, il avait compris que la situation prenait une mauvaise tournure. L’exila ne maitrisant pas la télépathie se contenta de répondre en hochant la tête, il fallait qu’il se tienne prêt au cas où il lui faudrait agir. Aussi discrètement que possible, l’exilé se rapprocha de la porte que referma la jeune elfe derrière elle, d’ici il pourrait entendre et pénétrer dans la pièce en cas de problème.

    ***

    Les deux hommes s’approchèrent lentement du comptoir, le premier ne semblait pas avoir d’arme sur lui, le second, celui qui lançait des regards mauvais, portait quant à lui un gourdin à la ceinture, arme qu’il n’essayait même pas de dissimuler, jouant sur l’effet d’intimidation que cela pouvait avoir sur la guerisseuse.

    - Ça s’ra pas long.

    - Il y a eu du grabuge à quelques rues d’ici, hier soir sans doute. Il y avait un étranger, du genre aux longues oreilles si tu vois ce que je veux dire. Du bout du doigt, l’homme désigna le visage de l’elfe, puis il continua.  Il a assassiné un honnête représentant du petit peuple dans une taverne, puis hier soir, il réduit en morceau quatre types dans une ruelle et amoche un gamin. Ledit gamin serait apparemment parvenu à le blesser au flanc et…

    - Bordel t’es obligé de prendre des pincettes ?! La question elle est simple, ce putain d’elfe était blessé et il a pas pu aller loin, on arrive à suivre les traces jusqu’à l’entrée du quartier. Tu n’aurais pas vu ou aidé un ce fils de chienne par hasard ?

    Pour appuyer ses propos, l’homme posa une main assurée sur sa matraque. D'un geste avisé de la main, celui qui devait être le meneur, ou du moins celui avec le plus de QI, calma son partenaire.

    - Bien sûr… j’imagine que si une pareille chose avait dû se produire, l’étranger aurait sans doute déformé la vérité, vous êtes sans nul doute trop honnête pour aider un assassin n’est-ce pas ma petite dame ?
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