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    Didier Van Strijdonck
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  • Sam 10 Aoû - 8:43
     Courage – Mois de mai de l’an 3  

    Il était sorti en hâte de l’établissement, la mine sombre et fermée, maugréant entre ses dents. Tout cela pour ça ! Une après-midi de perdue à négocier pour une affaire qui lui filait, au final, entre les doigts. Dehors, la nuit avait déjà étendu son voile sombre dans le ciel de Courage, déversant une pluie dense sur la ville. Elle avait transformé les rues pavées en un réseau humide qui brillait à la lueur de l’éclairage public. Bref ! Ce n’était pas son jour.

    Nul doute que ce revers n’aiderait pas Didier à mieux apprécier cette ville. Les bâtiments se succédaient tandis qu’il progressait avec deux hommes de main dans les rues de la ville. Les bâtisses, entassées les unes sur les autres sur les flancs de la colline couragéenne, avaient, sous l'obscurité, un aspect aussi menaçant qu’étouffant renforçant se sentiment d’un lieu hostile et inaccessible au jeune homme. Allié au bruit incessant des gouttes de pluie qui accompagnait le petit groupe, cela amplifiait la frustration de ce dernier.

    L’affaire avait capoté sur un détail : le maître caravanier qu’employait Didier avait eu la bonne idée, dans le passé, d’avoir sauté l’ex-femme du client. Ce détail, révélé tardivement lors des négociations, s’était avéré rédhibitoire. Didier ruminait sa frustration tandis que ses pas résonnaient sur les pierres humides, toujours encadré par ses deux hommes de main recrutés pour l’occasion, qui marchaient à ses côtés en silence. Leurs ombres s’étiraient sous la lumière faiblarde des lanternes qui balisaient le chemin sinueux vers les hauteurs de la cité.

    Courage, cette ville portuaire au nord de la République, avait toujours été un lieu de passage pour les marins, les marchands et les aventuriers. Les rues labyrinthiques, bien que complexes, conduisaient inévitablement au port, véritable cœur battant de la ville. Didier savait qu’il y avait des opportunités à saisir à Courage, mais il était toujours revenu broucouille de ses tentatives. Elles avaient toutes capoté sur des détails insignifiants : un client cocu ou jaloux, un autre avec des exigences complètement pétées, ou encore des clients inquiets de faire des affaires avec un marchand aussi jeune…

    La ville, pourtant magnifique en apparence, semblait se refermer sur lui, l’étouffer sous ses promesses non tenues. Didier maudissait la complexité de cette cité où chaque tentative de s’implanter se heurtait à des obstacles invisibles, des détails insignifiants qui prenaient des proportions démesurées. La pègre locale, il en était persuadé, étendait ses griffes sur chaque échange commercial, rendant toute initiative honnête impossible. La guerre avec le Reike avait peut-être pris fin, mais pour Didier, une autre bataille continuait : celle de se faire une place dans cette ville où il se sentait étranger. Pourtant, cela ne suffisait pas à le faire renoncer. Il allait devoir changer d’approche.

    Ses pas le menèrent à proximité du « Marsouin Blanc », un établissement aux allures modestes, non loin de l’hôtel particulier où il louait une chambre. Se tournant vers ses hommes de main, Didier leur donna quelques instructions avant de les laisser partir. Seul, il entra dans l’établissement, cherchant un endroit pour noyer ses déceptions dans un verre ou deux. Le « Marsouin Blanc » offrait un contraste saisissant avec l’extérieur : ici, il faisait chaud, l’ambiance était feutrée, et les murs étaient ornés de riches peintures marines évoquant des navires et des créatures marines que Didier peinait à reconnaître. En dépit de ses nombreux déplacements, Didier n’avait pas été beaucoup en mer à ce stade de sa vie et s’était peu intéressé au monde marin.

    Après avoir secoué légèrement sa veste dans l’entrée pour faire tomber l'eau, le Libertéen alla s’installer au comptoir, aussi près que possible de l’âtre, cherchant à se réchauffer et à se sécher. Le feu crépitait doucement dans l’âtre de pierre bleue, diffusant une chaleur bienfaisante qui ne parvenait pourtant pas à apaiser le tumulte qui agitait l’esprit de Didier. D’un geste machinal, il ôta son Tam-O’Shanter bleu, le déposa à côté de lui et passa une main fatiguée sur son visage marqué par la journée écoulée. Son regard, empreint de déception et d’amertume, se perdit un instant dans les flammes avant de se poser sur la tenancière : une femme à l’allure avenante et à l’aspect plaisant.  

    « Bonsoir, auriez-vous de la vieille prune de Mael par hasard ? Dans le cas contraire, je vous prends ce que vous avez de plus fort », avait-t-il demandé d’une voix lasse.

    Didier était seul désormais, seul avec ses pensées, seul avec ses regrets. L’échec de la journée le hantait, tout comme cette ville qui semblait se liguer contre lui à chaque occasion. Le parfum iodé de la mer s’infiltrait même ici, rappelant au marchand l’omniprésence de l’océan, cette masse indomptable qui bordait Courage et sur laquelle la ville avait bâti sa renommée et sa fortune.

    Il y avait quelque chose de tragiquement ironique dans cette situation. Didier, cet homme d’affaires déterminé et ambitieux, se retrouvait piégé dans une ville qui, malgré sa splendeur et sa prospérité, ne lui offrait que des embûches. Ce soir-là, alors que la pluie tambourinait contre les vitres de la taverne, le républicain ne pouvait s’empêcher de penser que Courage portait mal son nom. Pour lui, cette ville n’était pas un symbole de bravoure ou de résistance, mais un labyrinthe de frustrations et d’échecs, un lieu où chaque espoir semblait destiné à être écrasé par une force invisible mais implacable.

    Il avait ouvert son long manteau marron pour se mettre à l'aise, dévoilant un intérieur richement décoré de motifs ornementaux rouges et bleus. Le col et les manches du manteau étaient également bordés de bleu, ajoutant une touche de contraste à l'ensemble. Sous le manteau, Didier arborait une veste marron-rouge ornée de boutons argentés, soigneusement attachée et brodée de motifs complexes. Son pantalon bleu complétait harmonieusement l'ensemble.  
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    Takhys Suladran
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  • Jeu 15 Aoû - 16:22
    Le temps était maussade aujourd'hui. Takhys regardait le temps pluvieux par l'une des fenêtres, pendant qu'elle terminait d'essuyer une chope de bière en étain. Elle avait le sourire, comme à son habitude, alors qu'elle n'avait pas beaucoup de clients à cause de cette météo. L'eau tombait drue, ayant démotivé la moitié de sa clientèle habituelle. En même temps, venir se rincer le gosier après une rude journée de labeur sous la flotte, la plupart des terrestres préféraient rentrer directement chez eux. Ce n'était pas faute d'avoir activé le feu dans son vieil âtre pourtant, pour essayer d'attirer les cœurs refroidis par toute cette humidité tombante. Le ciel avait décidé d'être hargneux.

    La Sirène n'avait cure du mauvais temps. D'avoir un moins bon chiffre d'affaires n'était pas un souci en soi. La preuve, la porte s'ouvrait déjà, pour lui apporter une tête parfaitement inconnue. Une âme en peine, à voir sa tête presque désemparée. Le temps peut-être ? Ou une mauvaise journée ? Les deux à en point douter. Elle l'observa le temps qu'il s'approche du feu joyeux et chaleureux, après qu'il eut retiré le trop-plein d'eau qui dégoulinait de sa veste. À voir le reste de ses gestes, clairement, il était fatigué. Ce ne serait pas la première fois que le Marsouin Blanc accueillait des visiteurs d'un jour, qu'ils soient mercenaires, simples voyageurs, apatrides, ou commerçants itinérants. À contempler sa tenue, il n'était pas un voyageur de basse extraction.

    Intérieurement, elle souriait. Sa journée de travail ne serait pas complètement morne finalement. Un nouveau client, même le temps d'un verre, c'était toujours quelque chose d'intéressant. Qui sait de quoi il causera. Quelques ragots nouveaux ? Des détails croustillants sur la raison de sa tête de terrestre maussade ? Elle était toujours avide de ce genre d'informations, qui auraient toujours une utilité, même les plus futiles.

    Il vint s'installer au comptoir, salua la belle blonde et commanda d'emblée une boisson spécifique. Elle lui rendit son salut d'un léger hochement de tête, toujours avec son beau sourire aux lèvres.

    "Bien le bonsoir, Messire. Vous avez de la chance, il m'en reste une dernière bouteille. Je vais vous apporter cela de suite."

    Il n'y avait que cet humain au comptoir à servir. Ses autres clients avaient déjà leur consommation et n'avaient rien demandé d'autre, signe qu'ils ne tarderaient pas à partir. Oui, avec de la chance, en plus de succulents potins, elle pourrait fermer tôt ce soir et surtout, profiter de cette savoureuse nuit pluvieuse pour se rendre à la mer. Les profondeurs avaient une autre atmosphère avec ce genre de météo, qui était plaisante pour elle, comme à n'importe quel temps en fait, en dehors des grosses tempêtes.

    Donc, elle attrapa la bouteille de cette fameuse liqueur de Mael, prit une autre bouteille en même temps, sortit deux verres, les remplit des deux alcools, dont celui demandé, et les déposa devant le voyageur.

    "Et voilà. Une prune de Mael et un bon tord-boyaux local. À voir votre mine, j'ai pensé que vous aviez besoin d'un autre remontant. Offert par la maison, le second verre..." dit-elle en faisant un léger clin d'œil. "Qu'est-ce qui vous amène dans notre ville portuaire, surtout par ce temps ?"
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    Didier Van Strijdonck
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  • Jeu 15 Aoû - 17:33
    « Je vous remercie, madame. »  

    Didier avait répondu sur un ton aimable, mais son regard était déjà ailleurs, perdu dans l’âtre de la cheminée, son esprit vagabondant au gré des flammes qu’il contemplait. Le Libertéen ne vit pas la tavernière préparer les deux verres qu’elle s’apprêtait à lui servir. Il se couvrait le visage de ses mains, comme pour prendre de la distance avec cette partie du monde qui semblait ne pas vouloir de lui.

    Le républicain les écartait lorsqu’il entendit le bruit des verres qu’on déposait sur le comptoir en face de lui. Son étonnement dut se lire sur son visage car la tavernière s’empressa d’expliquer le pourquoi du comment du second verre. Faisait-il à ce point pitié qu’il suscitait à ce point la ‘générosité’ de la tavernière ? Bien que le geste fût appréciable, il en conçut quelque agacement et une certaine méfiance, mais se garda bien de le montrer extérieurement. Après tout, c’était une façon, à moindre frais, pour cette aubergiste de capter un nouveau client quoique… l’expérience de Didier n’avait pas toujours été heureuse et des gestes dans ce domaine.

    Le marchand, à l’occasion de cette interaction, put détailler plus avant l’aspect de la jeune femme derrière le bar : C’était une femme à l’aspect agréable, plus ou moins de la taille du républicain, au teint hâlé, cheveux blonds et longs avec des nuances plus sombres, tenue un peu tape-à-l’œil, décolleté avantageux mais sans excès. L’homme avait aussi remarqué le tatouage en forme de vagues qui courait à la base de son cou.

    Didier avait légèrement souri au clin d’œil de la femme et s’était redressé légèrement sur son tabouret. Instinctivement, il avait jeté un bref coup d’œil au comptoir où il demeurait seul.  

    « Oh heu… Rien de moins qu’une longue et fastidieuse journée de travail. »

    Avait déclaré le républicain, un sourire forcé, en prenant le petit verre contenant le tord-boyaux préparé par la tavernière. Il le porta devant ses yeux pour en détailler la couleur, son degré de turbidité ou, plus globalement, son caractère suspect ou non. Bien qu’il fût dans un établissement apparemment bien implanté, on pouvait lui refiler des merdes que les locaux ne voulaient pas boire.

    Le marchand porta le tord-boyaux à son nez pour le sentir avant de se risquer à en prendre une gorgée. Comme il pouvait s’en douter, le goût était infect et une moue douloureuse parut, l’espace d’un instant, sur son visage alors que l’alcool lui brûlait la gorge. Il lança un regard malicieux à la femme derrière le comptoir avant de rire de bon cœur. L’air légèrement sévère de cette dernière lui inspirait alors cette tirade :

    « Eh bien ! C’est une façon élégante de me faire comprendre que je ne suis pas le bienvenu. C’est bientôt l’heure de la fermeture ? »

    Avait-il lancé sur un ton taquin. De son expérience, il avait effectivement remarqué que, dans certaines auberges, à l’approche de l’heure de fermeture, on pouvait refiler de la gnôle de piètre qualité aux clients de passage pour mieux réguler la population du lieu et mieux gérer l’heure de fermeture. C’était peut-être le cas au Marsouin Blanc.
    Didier avait reposé le verre de gnôle sur le bar et pris celui contenant la Prune de Mael pour le porter à son nez. Là, l’odeur était conforme à ses attentes, et il y trempa les lèvres tandis que la femme au comptoir lui répondait tout en lavant ses verres.
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    Takhys Suladran
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  • Mar 20 Aoû - 19:31
    Pendant qu'elle déposait les deux verres devant le nouveau venu, qui affichait clairement la lassitude de sa journée, elle se permit de l'observer comme le ferait toute tavernière digne de ce nom. Lui-même la détaillait de son regard fatigué. Après tout, elle avait de quoi susciter la curiosité et éveiller quelques émotions refoulées. Elle fit comme si de rien n'était, parfaitement rôdée à ce qu'on la contemple. En même temps, la nature l'avait généreusement dotée là où il le fallait pour que les humains et les mâles d'autres races réagissent. Discrètement ou non, en fonction de leurs humeurs et de leurs envies. Mais qu'on se rassure, elle savait que tous ne réagissaient pas simplement à sa présence. Ils n'étaient qu'une minorité à baver directement devant ses splendides formes. Et puis, si elle avait le désir de jouer avec eux, elle savait quoi faire. Restait à voir si elle prendrait ce petit plaisir avec celui-là, vu que l'heure de fermeture approchait.

    Avant que le client ne prenne son premier verre, celui du tord-boyaux, il résuma quelque peu sa journée en quelques mots.

    "Il y a des jours comme cela, où ce n'est pas facile d'obtenir ce qu'on s'était fixé. Mais si ce n'est pas pour aujourd'hui, ce sera pour demain."

    Elle avait toujours quelque chose de positif à dire pour des hommes harassés par une dure journée de labeur, qu'il soit physique ou mental. Puis, le voyageur saisit le verre, observa son contenu avec circonspection, en huma les vapeurs alcoolisées avant de prendre son courage à deux mains pour goûter le liquide suspect.

    Takhys se retint de rire en voyant la mine douloureuse qui marqua le visage de l'homme. Une fois la souffrance ingérée passée, il ne put s'empêcher de sourire. Il le prenait bien, dirait-on.

    "Cela aurait pu être le cas, mais je ne me serais pas alors évertuée à vous servir votre demande initiale. Vous allez voir, cet alcool fort en goût vous permettra de mieux savourer votre prune de Mael à sa juste valeur, incomparable."

    Elle jeta un rapide coup d'œil vers ses derniers clients, qui n'avaient pas demandé à remplir leurs verres. Il était évident qu'ils s'en iraient une fois leurs discussions terminées. Ses habituels ne restaient guère longtemps une fois la nuit tombée. Rares étaient ceux qui s'attardaient pour se mettre une bonne biture. Takhys pouvait faire des exceptions, quand cela lui apportait quelque chose d'intéressant, au delà de l'aspect financier bien entendu. D'ailleurs, elle regarda le voyageur, se demandant s'il resterait à boire quelques verres ou s'il repartirait. Il serait intéressant qu'il délie un peu sa langue pour savoir ce qu'il avait à raconter. Mais pour l'instant, il n'avait pas encore assez bu. Et il était trop tôt pour l'inviter à être resservi.

    "Je ferme quand mes derniers clients sont partis, en effet."

    Elle termina de rincer les derniers verres rapportés des autres tables.

    "Alors, cette prune, comment est-elle ?"
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    Didier Van Strijdonck
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  • Mar 20 Aoû - 21:45
    « Excellent ! À l’image de mon hôtesse d’ailleurs! »

    Avait répondu Didier avec in clin d’oeil, un brin flagorneur, en levant son verre à l’attention de l’aubergiste avant d’en prendre une nouvelle lampée et de finir cette fameuse prune de Mael. Il observa alors un instant le verre qu’il tenait au bout des doigts, savourant la saveur fruitée de cette petite liqueur qui gagnait à être connue. C’était un peu sa potion magique, celle qui avait tendance à le remettre sur les rails après une bonne branlée.  

    L’homme redéposa son verre sur le bar, prenant son temps pour répondre aux remarques de la tavernière. Peut-être avait-elle pu remarquer qu’il semblait moins tendu. Les propos de la tenancière ne lui avaient pas échappé, et il pouvait facilement en déduire qu’elle était à l’image de son établissement : pleine de caractère.  

    « J’apprécie vos efforts pour m’aider à aller mieux. Mais rassurez-vous, celui qui prétend tout réussir est un menteur. Les succès ne sont que des accidents de la vie que l’on doit s’évertuer à provoquer. »  

    Il sortit alors de dessous son manteau un étrange petit bâton composé de feuilles séchées et roulées qu’il posa en face de lui sur le comptoir.  

    « Je viens de Liberty. Je suis là pour affaire, enfin ‘j’étais là’ pour affaire. »  

    Didier prit l’autre verre que l’aubergiste lui avait servi. Le fixant in instant avant de faire glisser son regard vers la jeune femme de l'autre coté du bar.

    « J’ai le sentiment que vous êtes quelqu’un de perspicace. Je suppose que vous devez deviner comment cela a fini, à la tête que je faisais en rentrant. »  

    Le Libertéen émit un léger rire, glissant un regard vers un groupe de clients qui quittaient l’établissement. Il se risqua à tremper ses lèvres à nouveau dans ce breuvage fort que la femme lui avait généreusement servi. Cette fois-ci, il n’eut plus cette moue de la première fois: la surprise étant passée mais le breuvage restait fort néanmoins.
     
    « Vous avez raison : ce breuvage me fait mieux apprécier la vieille prune de Mael. Il est moins subtil en bouche, mais j’apprécie ces notes légèrement tourbées. »  

    Avait déclaré le républicain en reposant son verre sur le comptoir, sans le lâcher des doigts, le faisant tourner sur la surface de bois, le client ne songeait même pas que la pluie aurait pu suffire à le rendre maussade en arrivant aux yeux de l’aubergiste. Didier se mit alors à rire en repensant aux événements de la journée :  

    « Vous savez pourquoi mon affaire a capoté aujourd’hui ? »  

    Il n’attendit pas la réponse de l’aubergiste. Il se pencha légèrement au-dessus du comptoir, comme pour délivrer une confidence :  

    « Mon maître caravanier a cocufié le client. »  

    Didier partit d’un rire franc, tapant de sa main libre sur le comptoir avant de vider son second verre.
     
    « Ah putain… » lâcha-t-il en redéposant son verre vide. « C’est la première fois qu’on me la fait celle-là : le coup du client cocu. » poursuivit-il avant de se mettre à rire sur son tabouret. « Ah ! Et évidemment, pas le temps de vérifier auprès de mon gars, bien sûr. Le truc était rédhibitoire. Pas d’appel ! Merci et au revoir ! »  

    Même si Didier en parlait avec une certaine distance joviale, ses rires pouvaient difficilement dissimuler l’amertume qu’il ressentait d’avoir été victime de ce bobard à la con. Il en profita pour demander un second verre :  

    « Je vous reprendrai une autre prune de Mael, s’il vous en reste. »  

    L’homme posa son regard sur le bâton qu’il avait déposé sur le comptoir avant de le prendre et de le porter à son nez, humant les arômes qui se dégageaient des feuilles rouléesen une masse compacte. Il jouait avec l’objet entre ses doigts comme s’il hésitait, puis, après un instant, il se risqua à demander :  

    « Dites-moi, mademoiselle, vous n’auriez pas un bordel à me conseiller dans le coin ? Quelque chose de sérieux, pas un truc où on se refile les saloperies du coin. »  

    La question était directe, cavalière, nonchalante même, mais Didier ne voulait pas perdre de temps en circonvolutions inutiles et, vu ce qu’il avait constaté de la femme en face de lui, il était certain qu’elle en avait vu d’autres. Le marchand n’était pas prêt à aller se coucher, il voulait se changer les idées. Il avait, malgré tout, quelques pièces à dépenser et le Marsouin Blanc semblait être sur le point de fermer.
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  • Sam 24 Aoû - 10:15
    La petite prune de Mael eut l'air de remonter le moral du voyageur. Et de lui délier la langue par la même occasion.

    "Merci," dit-elle en se retenant de rire. "C'est une bonne boisson, douce et sucrée. On sent que les prunes qui ont servi à sa préparation ont bien eu le temps de mûrir au soleil de Mael."

    Ainsi, dévoilait-elle qu'elle n'était pas qu'une simple belle femme derrière le comptoir. Après quoi, elle maintint toujours son radieux sourire, ne le quittant pas des yeux. Ce serait presque impoli de ne pas lui accorder de l'attention alors qu'il s'ouvrait un peu plus à la conversation.

    "C'est toujours plaisant de venir dans une taverne pour trouver plus qu'une simple boisson à boire pour noyer les ennuis de la journée. On prend moins à cœur ce que vous nommez les dits accidents de la vie pour mieux regonfler l'espoir de mieux faire par la suite."

    Il sortit un cigare. Pas un simple voyageur, à ce qu'elle nota pour elle-même, pendant qu'il confirmait être venu pour faire affaire à Courage et que cela avait raté.

    "On ne pouvait pas rater les traits de votre visage quand vous avez franchi le seuil de la porte en effet... sans vous vexer."

    Ses derniers habitués s'étaient levés pour sortir. Elle leur adressa un léger hochement de la tête quand l'un d'eux leva la main pour la saluer.

    "L'amertume était ce qu'il y avait de plus lisible. Mais je vous comprends. Venir de Liberty pour ne pas réussir ses objectifs, il y a de quoi être frustré. Mais la prune vous aide à retrouver le sourire, à ce que je vois, vous avez meilleure mine."

    Son sourire s'élargit pour marquer son amusement quand il se réessaya à boire le tord-boyau.

    "Monsieur est connaisseur pour les saveurs cachées..."

    Après quoi, l'humain se libéra un peu plus oralement, narrant pourquoi sa journée avait été contre-productive. Takhys se retint de rire en portant sa main devant sa bouche. C'était bien les terrestres de se complexifier la vie avec de pareilles situations futiles à son esprit d'aquarienne.

    "En effet... c'est un peu cocasse cette situation. J'ai bien des clients qui me racontent l'adultère de leurs femmes, mais au point de briser une bonne affaire, et cela sans laisser une possible chance."

    Les humains, c'était rigolo. Tout ce qui se passait en dessous de la ceinture devenait de véritables théâtres de tragédie. Puis, elle acquiesça quant à lui resservir une nouvelle prune.

    "Bien entendu. Et j'ai encore deux bouteilles en réserve si cela s'avère nécessaire," gloussa-t-elle.

    Elle emplit le verre avec la bouteille qu'elle avait saisie, avant d'avoir un étrange rictus au coin droit de ses lèvres.

    "J'en ai bien une en tête, mais à cette heure, il ne faut plus espérer avoir une belle compagnie. Si vous avez besoin de vous détendre avant de vous trouver une chambre dans une auberge du coin, j'ai une salle d'eau que je mets à disposition pour des clients désireux de profiter d'un bon bain," dit-elle en tournant légèrement la tête vers une porte de bois toute proche, où on pouvait lire un petit écriteau sur la nature de la pièce située derrière.
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    Didier Van Strijdonck
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  • Sam 24 Aoû - 15:49
    Didier avait écouté les répliques de la tenancière avec attention, hochant la tête de temps à autre comme pour valider les propos de son interlocutrice brièvement distrait par les clients qui avaient salué la tenancière avant de poursuivre leur échange, mais sans remarquer qu’il était le dernier client encore présent.

    « Il faut croire que c’est le métier qui rentre comme on dit… »

    Avait-il lâché en se repositionnant sur son tabouret fixant la jeune femme lui reversait un autre verre de son péché préféré. Tandis qu’il jouait avec son cigare entre ses doigts, son regard s’attardait quelque peu sur les formes de la jeune femme derrière le comptoir… un peu trop longtemps pour que cela puisse être innocent. S’il appréciait la vue séduisante de cette dernière, devinant les courbes de son corps sous ses vêtements, il était résolu à ne pas se contenter d’être simple spectateur ce soir-là. Se perdant dans ses pensées, il avait soudainement détourné le regard lorsque celle-ci s’était tournée vers lui pour déposer son verre sur le bar. Lui adressant un sourire avenant, il répondait :

    « Allons, allons ma chère ! Vous n’allez pas me faire croire que les bordels de cette ville ferment quand les poules vont se coucher, tout de même… »

    Avait rétorqué le Libertéen avant de faire un clin d’œil à l’aubergiste. Il prit ensuite le verre et l’approcha de son visage, mais sans y tremper les lèvres pour autant. Il glissa un regard vers la porte que la femme lui avait indiquée avant de pouffer légèrement de rire. Un rire nerveux.

    Il n’y avait pas songé et la perspective d’un bon bain lui parut une bonne idée. Mais l’homme savait ce qu’il voulait et il se disait que, au pire, il se mettrait en quête d’un autre établissement une fois qu’il serait tout beau, tout propre. Didier repris ensuite une autre lampée de la liqueur de Mael.
    Laissant le liquide s’écouler dans sa gorge, libérant ses saveurs fruitées et sucrées, savourant l’effet alcoolisé de la boisson, Didier balaya la pièce du regard et constata qu’il était le seul client encore présent. L’homme se mit alors à psychoter intérieurement, se demandant si cette invitation était vraiment sérieuse. Soit cette femme lui faisait une blague, soit elle avait quelque chose en tête.

    « Ceci dit… Un bon bain me fera assurément du bien… »

    Didier avait lâché cela plus comme une sorte de réflexion, comme s’il pensait à voix haute, son regard perdu dans le vague. Un instant méfiant, le marchand s’était dit que cela ne pouvait être dans l’intérêt de cette personne de lui faire un sale coup. Son établissement était bien tenu, cosy et accueillant, et le Libertéen se dit qu’il ne pouvait pas y avoir anguille sous roche. Il entreprit néanmoins de tester l’invitation de l’aubergiste :

    « Laissez-moi deviner. Vous allez me dire de revenir demain quand ce sera ouvert, n’est-ce pas ? »

    Lui lança-t-il sur un ton malicieux avant de reprendre une lampée de sa liqueur préférée, vidant son verre. Sans attendre, il remit celui-ci sur le comptoir et l’avança légèrement vers la barmaid, guettant la réaction de cette dernière.

    Mais il glissa son regard en direction de l’entrée, où l’on pouvait entendre le bruit de la pluie tomber contre les vitres du Marsouin Blanc. Celle-ci s’intensifiait, comme pour l’inciter à prolonger sa présence au sein de l’établissement. En général, Didier supportait bien la pluie mais, ce soir-là, il n’était pas d’humeur à l’affronter. Reportant son attention sur l’aubergiste derrière son comptoir, Didier ajouta:

    « Je… vais reprendre un autre verre… »  
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  • Mer 28 Aoû - 17:40
    "C'est ce qui apporte de l'expérience, à ce qu'on dit." dit-elle en reposant la bouteille non loin de sa main. Toujours avoir la bouteille à portée, c'était une règle élémentaire. Et encore avec de quoi remplir quelques verres de plus, bien évidemment.

    Elle avait remarqué son regard qui commençait à pétiller d'une certaine lubricité. Intérieurement, elle souriait plus que ce qu'elle voulait bien afficher. Les humains terrestres étaient tous les mêmes. C'était si amusant en même temps. Elle n'eut qu'à jouer d'une très légère subtilité pour se rendre encore plus désirable, juste histoire de jouer avec lui et de le pousser à un vain espoir possible. Jouer avec ses proies était un de ses petits plaisirs, et elle profitait bien de leurs réactions. D'ailleurs, cet homme ne paraissait pas convaincu de trouver où combler la profondeur de ses attentes.

    "Vous demandiez un lieu sérieux et à l'hygiène impeccable. Dans cette ville, les bordels ne manquent pas, mais les rares que je connaisse et qui répondent à vos critères ne prennent pas les clients à toute heure de la nuit. Si vous souhaitez absolument vous rendre dans un qui vous prendra sans discuter... Il y a celui qui se trouve sur le port." Elle eut un bien étrange sourire, après lui avoir rendu son clin d'œil. "Mais je ne peux vous garantir la qualité escomptée."

    L'idée de prendre un bain lui caressa l'esprit. Il l'exprima même, avec une pointe d'hésitation. Après quoi, il parut croire à une farce, vu qu'il était le dernier au sein de la taverne. Elle ne put s'empêcher de rire, d'un ton cristallin.

    "Si cela était le cas, je vous aurais invité à terminer votre consommation et à partir, très cher. Or, ce n'est pas le cas. Mais à vous de voir, après tout, je ne force personne."

    Et on entendit le grondement de la pluie s'intensifier dehors. Sera-t-il assez courageux pour braver les éléments ? La pluie là-bas, elle était bonne pour durer encore plusieurs heures.

    "Bien entendu," dit-elle en saisissant la bouteille de prune. Et elle remplit allègrement le verre. Elle n'avait pas encore vu s'il avait assez d'argent sur lui pour payer la consommation. Bah, au pire, elle saurait trouver compensation... elle trouvait toujours une solution pour les petits tracas de la vie.

    "Vu la pluie, ce n'est pas l'alcool qui saura vous réchauffer. J'espère que votre manteau saura encaisser tout ce volume de flotte que les cieux nous offrent ce soir. À ce que j'entends, c'est bien parti pour que ça pleuve toute la nuit."

    Ou comment encourager un client à rester plus longtemps pour alléger sa bourse... Takhys n'aurait pas forcément ce qu'elle veut, mais au moins, aura-t-elle et possiblement, avoir un petit bénéfice supplémentaire pour ce soir. Un homme tel que lui qui venait faire affaires en ville, même si cela avait foiré, avait toujours de l'argent.. normalement.
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    Didier Van Strijdonck
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  • Jeu 29 Aoû - 18:32
    L’homme sentait le poids du moment peser sur ses épaules, une douce pression qui, étrangement, n’était pas désagréable. La tenancière, avec son sourire énigmatique et ses paroles habilement distillées, avait réussi à créer une atmosphère où la tentation et le danger se mêlaient, dans une danse aussi séduisante qu’inquiétante. Il aurait été facile de se laisser emporter, de plonger dans les promesses voilées que sa posture, ses mots, et ce clin d'œil complice semblaient offrir. Pourtant, Didier n'était pas homme à se laisser totalement engloutir par ses désirs, pas sans en comprendre d'abord les tenants et aboutissants.

    Il reprit son verre avec une certaine lenteur, comme pour se donner le temps de réfléchir, ou peut-être simplement pour savourer ce moment où tout était encore possible. Après tout, pourquoi se précipiter ? Chaque seconde de ce jeu, où il devait deviner ses intentions tout en masquant les siennes, était une forme de plaisir en soi. Ce n’était pas seulement un jeu de séduction. Non, il y avait quelque chose de plus subtil, de plus raffiné, qui résonnait avec l’instinct de marchand qu’il avait aiguisé au fil des années.
    Il la dévisagea alors, ses yeux cherchant au-delà des courbes et des sourires, tentant de percer le mystère qu’elle cultivait si bien. Est-ce que tout cela n’était qu’une façade, un masque habilement porté pour manipuler ses désirs ? Ou y avait-il quelque chose de plus sincère dans ses paroles, une forme de défi respectueux lancé à celui qui oserait répondre ?

    « Bon ok… Vous m’avez convaincu ! »

    Déclara-t-il finalement, la voix teintée d’une fausse résignation, comme s’il venait d’accepter les termes d’un accord commercial particulièrement âpre. Il vida son verre d’un trait, sentant la chaleur de l’alcool s’insinuer en lui, brouillant légèrement les lignes de sa détermination. Un coup d'œil vers les fenêtres lui rappela la réalité du monde extérieur : la pluie, incessante, impitoyable. Un bon prétexte pour rester encore un peu. Pas que cela ait véritablement pesé dans sa décision, mais c’était toujours bon d’avoir une excuse à se raconter, au cas où.

    Le marchand se redressa alors, son regard croisant de nouveau celui de la tenancière. Le jeu avait pris une nouvelle tournure. Ce n’était plus seulement une question de rester ou de partir, mais de savoir jusqu’où ce jeu les mènerait.

    « J’vous suis, expliquez-moi les règles, »

    Lança-t-il en se levant de son tabouret. Il n’allait pas jouer à ce jeu à l’aveugle, pas sans comprendre ce qu’elle attendait vraiment de lui. Ce n’était pas seulement une question de défi, mais de contrôle. Et Didier aimait garder le contrôle.... Il attrapa son cigare laissé sur le comptoir, le portant à ses lèvres avec un geste presque cérémonial.

    « Je peux ? »

    Demanda-t-il, levant un sourcil, une lueur de malice dans les yeux. La question semblait anodine, une simple formalité peut-être, mais pour lui, c’était un test. Voir comment elle réagirait, ce qu’elle permettrait ou refuserait, c’était une façon d’évaluer où il se tenait dans ce jeu délicat.

    Le silence qui suivit sa question fut chargé de tension. Il était prêt à tout entendre, que ce soit une permission ou une interdiction. Chacune de ces réponses en dirait long sur la suite des événements. Et, dans tous les cas, Didier était prêt. Il aimait les défis, et ce soir, il sentait qu’il était tombé sur un adversaire à sa hauteur.

    Le libertéen attendit sa réponse, un sourire presque imperceptible aux lèvres. La pluie pouvait bien tomber dehors, la véritable tempête était ici, à cette table, dans ce jeu de regards et de sous-entendus. Et Didier, malgré l’alcool, malgré la fatigue et en dépit du revers de la journée, se sentait plus vivant que jamais…
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  • Mer 4 Sep - 18:15
    Elle se retint de rire en voyant tout le petit manège qui s'installait... ou alors ne le faisait-il pas exprès ? Peu lui importait, puisqu'il affirmait être convaincu. Même une petite victoire était délicieuse à savourer. Et après quoi, il but d'une traite le verre qu'elle lui avait resservi. À ce rythme, et s'il avait l'estomac vide, l'alcool lui enivrerait rapidement l'esprit. N'était-ce pas ce qu'elle se fixait d'ordinaire avec certains clients pour les alléger de quelques pièces supplémentaires ?

    Elle gardait son sourire inchangé, malgré sa petite victoire sur son indécision de prendre un bain chez elle, ou d'aller finalement voir les bordels du port. Trouver les mots justes, ça payait. Bah, il serait parti quand même, elle n'aurait pas eu à en pleurer. Cela faisait partie du jeu quotidien de son petit commerce, après tout. Ce qui avait été dans la balance, c'était le temps pluvieux et exécrable dehors. Les humains, quand ils étaient fatigués de leur journée, n'aimaient guère rentrer chez eux complètement trempés.

    Quand il se redressa un peu, il demanda quelles étaient les règles.

    « Les règles ? » demanda-t-elle faussement innocente. « C’est simple, je vais déjà préparer le bain, m’assurer que l’eau est encore chaude, et après, je vous laisse vous y rendre, pour que vous puissiez vous déshabiller à votre aise. Vous trouverez de quoi accrocher vos atours. Ensuite, vous avez le choix. Soit vous prenez votre temps pour bien vous détendre, soit, si vous souhaitez que je vienne pour m’assurer de votre… bien-être. J’ai dans ma salle d’eau quelques huiles idéales pour le massage des muscles fatigués. »

    Elle se garda bien de rire. Si cela n’étaient pas des règles énoncées simplement et clairement. Puis, à sa demande de permission pour fumer son cigare, elle opina du chef pour lui permettre. Après tout, ce n’était qu’un cigare, même si derrière son geste bien ostentatoire, il y avait un sous-entendu. Elle ne le releva point.

    « Le temps que je prépare votre bain, bien entendu, Messire. »

    Elle laissa la bouteille de prune de Mael sur le comptoir, exprès à la portée de l’humain s’il voulait se resservir à son insu. Là, c’était un bon moyen de voir s’il ne faisait pas de la consommation en douce. Elle rejoignit la salle d’eau, ferma la porte, s’assura que tout était en ordre et que le bain était encore à bonne température, même pour cette fin de soirée.

    Elle revint ensuite, regardant l’humain droit dans les yeux, avec un grand sourire. Elle pivota gracieusement sur le côté, tendant deux mains vers l’entrée de la salle d’eau à la porte ouverte.

    « Si messire veut bien faire le tour du comptoir et se rendre aux bains… Une salle privée rien que pour vous. Si vous avez besoin de moi, appelez. Il n’y aura que vous ce soir. »

    Le temps que son client se déshabille et se plonge dans l’eau, elle aura le temps de fermer la taverne pour qu’aucun importun ne vienne entrer, pensant l’établissement encore ouvert.

    Il ne devait y avoir aucune perturbation pour cette soirée.
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    Didier Van Strijdonck
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  • Jeu 5 Sep - 17:48
    Didier esquissa un sourire à la fois amusé et satisfait à l’entente des « règles » de la propriétaire des lieux. Il aurait pu croire que celle-ci se moquait de lui, mais sa fausse innocence et son ton parfaitement mesuré ne laissaient transparaître aucune ironie. Si seulement elle savait que les muscles qu’il avait le plus travaillés ce jour-là étaient ceux de sa langue! Cela n'enlevait cependant rien au jeu qui se déroulait entre eux, bien au contraire. L’homme prit le temps d’observer son interlocutrice avec un intérêt mêlé de curiosité... et d’une pointe de convoitise.

    « Des huiles de massage ? Hm… Intéressant... » murmura-t-il, presque pour lui-même, tout en jouant avec la bague de son cigare. Ce bain, après cette longue journée de négociations infructueuses, devenait de plus en plus attrayant. L’atmosphère douce de la taverne, couplée à la chaleur du feu et au jeu des regards, rendait l’instant presque irréel.

    Le républicain contempla un instant la bouteille de prune que la tenancière avait laissée ostensiblement à portée de mains, comme une invitation au vice. Un léger sourire en coin apparut sur le visage du jeune homme en imaginant qu’elle le surveillait peut-être du coin de l’œil. Elle était rusée, il devait lui reconnaître ça. Didier y céda pourtant de bonne grâce. D’un geste lent, il saisit son verre et s’en servit une nouvelle rasade, se félicitant intérieurement de maîtriser encore assez bien l’effet de l’alcool bien que l'effet se fasse de plus en plus ressentir.

    Le temps qu’elle prépare son bain, le libertéen laissa son esprit vagabonder. Loin de lui l’idée de s’emballer, mais la tension palpable qui flottait dans l’air ajoutait une touche excitante à l’inconnu de cette soirée. Après tout, ce n’était pas tous les jours qu’il se retrouvait dans une situation aussi... inattendue. Son regard se perdit un moment dans les flammes dansantes du feu, tandis qu’il tirait sur le cigare qu’il avait allumé.

    Quelques minutes plus tard, la porte de la salle d’eau s’ouvrit, laissant place à la tenancière qui, d’un geste gracieux, l’invita à entrer. Didier se redressa lentement, son sourire toujours collé aux lèvres.

    « Comment refuser l'invitation d'une femme qui sait accueillir ses clients avec tant de soins... » déclara-t-il, le ton légèrement taquin. Il déposa son cigare dans une petite coupelle qu’il avait improvisée en cendrier avant de contourner le comptoir pour se diriger vers la pièce dédiée aux bains.

    Lorsqu’il pénétra dans la salle, Didier constata que l’atmosphère qui s'en dégageait contrastait avec celle du comptoir. L’éclairage tamisé des bougies disposées çà et là créait une ambiance feutrée, presque intimiste. Le bassin, d’une taille impressionnante, promettait une immersion complète et une détente totale. Didier observa l’eau, dont la surface lisse et légèrement fumante semblait l’inviter à plonger sans attendre. Les senteurs florales des bougies parfumaient agréablement l’air, contrastant avec l’odeur persistante de tabac qui l’accompagnait et s’accrochait encore à ses vêtements.

    Il prit son temps pour se dévêtir, rangeant soigneusement chaque pièce de tissu aux endroits prévus à cet effet. Ce n’était pas dans ses habitudes de se montrer aussi méticuleux, mais il avait décidé de savourer chaque seconde de cette soirée. Il laissa un instant son regard se poser sur son cigare, encore fumant dans sa petite coupelle. Il hésita un instant à le reprendre, mais finit par le laisser s’éteindre tranquillement. Il aurait tout le temps de le terminer plus tard, une fois que ce bain aurait eu raison des tensions de sa journée.

    Didier s’immergea ensuite dans l’eau chaude, fermant les yeux pour savourer la sensation enveloppante de la chaleur qui se répandait dans ses muscles fatigués. Un soupir s’échappa de ses lèvres tandis qu’il laissait ses pensées se dissiper dans la vapeur. L’ambiance sereine et apaisante de la pièce l’isolait du monde extérieur, lui donnant l’impression d’être dans une bulle où le temps semblait suspendu.

    Après quelques minutes à se laisser bercer par cette tranquillité, il se souvint finalement de la présence de la tenancière. Ne lui avait-elle pas laissé le choix de la rappeler pour un massage ? Mais pour l’instant, il préférait profiter de cette solitude délicieusement enveloppante. Ses paupières se fermèrent à nouveau, son esprit dérivant entre rêverie et réalité, tandis qu’il se demandait combien de temps durerait cette accalmie.

    Car, dans un coin de sa tête, malgré la douceur du moment, une alarme s’était activée. Quelque  chose qui faisait comme un bruit dans ce moment de sérénité : l’alcool généreux, l’isolement, les regards de la tavernière, les propositions de cette dernière et son actuel vulnérabilité là, dans ce bain... Quelque chose en lui le poussait à rester néanmoins sur ses gardes…
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  • Sam 7 Sep - 19:27
    L'avait-elle réellement attiré dans ses filets ou se prêtait-il totalement à son petit jeu ? Peut-être un peu des deux, sans doute. Elle avait déjà eu affaire à des humains qui se croyaient plus malins qu'elle. Ce qui était certain, c'est qu'il avait pris un autre petit verre de prune, pendant qu'elle s'était occupée de préparer la salle d'eau. S'il pensait qu'elle ne verrait rien ; ou bien avait-il bien compris pourquoi la bouteille avait été laissée à portée de main... Le jeu avait-il commencé ? Possible. Takhys se plaisait déjà à le croire. Bah, elle s'amusait déjà. Elle n'était pas difficile pour trouver bien des choses amusantes.

    Elle dévoila la blancheur de ses dents en un magnifique sourire, face au compliment à peine dissimulé dans les paroles de son client, le laissant passer derrière le comptoir pour qu'il pénètre dans la pièce d'eau. Une fois là-dedans, elle referma la porte, sans la verrouiller pour ne pas effaroucher l'humain, et le laissa agir à sa guise maintenant qu'il était dans son petit espace privatisé.

    Le temps qu'il se dévêtisse, qu'il prenne ses aises dans le bain, elle avait le temps de terminer de nettoyer et de ranger son comptoir. Elle y laissa juste le verre et la bouteille à leur place. Puis, elle s'affaira à remettre les chaises sur les tables, les assises à l'envers. Elle n'aurait plus qu'à passer un coup de loque pour parfaire le nettoyage qu'elle avait déjà entamé en attendant que les derniers clients terminent paisiblement leur dernière consommation. De toute façon, avant d'ouvrir, elle avait coutume de vérifier que tout était parfait à ses yeux. Une taverne bien tenue et propre, c'était la garantie d'avoir des consommateurs déjà heureux de pénétrer dans un environnement contrôlé et qui offrait une atmosphère soucieuse de leur bien-être. Les humains aimaient se sentir valorisés, même pour ce qui touchait à la propreté de leur environnement proche, de manière instinctive.

    Quand elle croisa les bras sur sa poitrine, elle était des plus satisfaite. Encore une soirée qui fut charmante et attrayante... et elle n'était pas totalement finie. Elle avait son dernier client de la soirée qui décantait dans son bain. D'ailleurs, il avait dû finir par y fondre. Elle avait totalement oublié le temps qui passait. Il ne l'avait pas appelée, en même temps. Avait-il fini par s'endormir ? Elle devait s'en assurer. S'il s'était noyé à son insu...

    Elle toqua doucement à la porte de la salle d'eau. Point de réponse. Elle entrouvrit la porte, passa la tête et toujours avec le sourire, fut heureuse de ne pas trouver de cadavre flottant dans le bain.

    "Messire ? Je vous importune, veuillez m'en excuser. Je n'entendais plus rien, alors je viens m'assurer que tout va bien."

    Elle entra pleinement dans la pièce. Même si l'humain était nu dans l'eau, elle n'était pas pudique. Si elle avait cette installation ici, dans sa taverne, et qu'elle proposait des massages, c'est qu'elle en avait vu d'autres, n'est-ce pas ?

    Sans frémir, elle se rapprocha des petites étagères où se trouvaient les fioles d'huiles, parfaites pour parfumer une peau fatiguée par une journée harassante et la détendre un peu.

    "Maintenant que je suis présente, souhaitez-vous un léger massage des épaules ? Vous allez voir, mes doigts agiles font des merveilles pour la détente. Vous vous sentirez comme... un autre homme."
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  • Dim 8 Sep - 9:44
    Didier se redressa légèrement lorsque la porte s’entrouvrit, dévoilant la silhouette familière de la tavernière. Le bruit subtil du bois contre le sol, accompagné du tintement presque inaudible des fioles qu'elle manipulait, le ramena à la réalité. Il lui fallut un instant pour se recentrer, l’esprit encore enivré par l’alcool et l'atmosphère tamisée de la salle.

    « Oui, tout va bien… mademoiselle. » répondit le client d’une voix légèrement vacillante, comme émergeant d’un songe ou d’une profonde réflexion.

    Mais malgré la chaleur de l’eau et l’atmosphère apaisante de la pièce, quelque chose dans l’air faisait monter la tension. Était-ce le parfum des huiles, ou bien cette douce proximité ? Didier, toujours avec une certaine nonchalance, tenta de masquer le frisson qui le parcourait. Mais il ne pouvait ignorer la présence de la jeune femme qui, à présent, s’activait près des étagères.

    « Seulement un léger massage ? » demanda-t-il en jetant un regard furtif par-dessus son épaule, ses lèvres se fendant d’un sourire joueur. « Je préférerais que vous y alliez un peu plus franchement, si je puis me permettre. Je sens bien que ce bain ne suffira pas à défaire les nœuds de cette journée. »

    Son ton était volontairement détaché, mais l’œil averti de la tenancière ne pouvait manquer de capter la pointe de nervosité dissimulée derrière ses mots. Il jouait un rôle, comme à son habitude, mais la situation échappait progressivement à son contrôle.

    Lorsque son hôtesse se rapprocha, Didier sentit cette subtile montée de tension qui flottait dans l’air. Était-ce l’effet de l’alcool ou bien le jeu qui devenait un peu trop sérieux à son goût ? Il n’en était plus très sûr. Les minutes s’étaient écoulées lentement depuis qu’il s’était immergé dans l’eau, et, désormais, chaque mouvement de la tavernière lui semblait empreint d’une intention à peine voilée. Son regard, imperceptiblement, s’était baissé sur l’eau parfaitement transparente. Si la surface était calme, il en allait autrement sous celle-ci. Détournant ensuite le regard pour observer la pièce, un détail sauta alors aux yeux du client.

    « Où se trouve la table de massage ? » avait-il demandé d’un ton presque innocent, bien qu’une lueur de malice brillât dans ses yeux.

    En effet, les rares fois où il avait eu recours à un massage, cela s’était toujours déroulé sur une table appropriée, et non dans un bain. Mais cette fois-ci, l'atmosphère n'avait rien d'ordinaire. Il devinait aisément qu'il y avait davantage en jeu que de simples techniques de détente musculaire.

    La femme s'approcha encore, ses gestes assurés et dénués de toute hésitation, comme si elle avait déjà tout prévu, tout calculé. Le sourire de Didier se fit un peu plus prononcé. Il laissa échapper un léger soupir en s’adossant au rebord de la baignoire, écartant négligemment les bras et les jambes, sa posture révélant une certaine confiance, exposant négligemment, mais dans un geste calculé, une intimité immergée, déjà turgescente, à la vue de la jeune femme.

    « Bien… » lâcha-t-il enfin, son ton gagnant en fermeté. « Procédez. »

    Une pointe d’autorité se glissa dans sa voix, contrastant avec son air décontracté des instants précédents. Tentative un peu dérisoire de reprendre un certain contrôle sur la situation. Mais la tension entre eux était palpable, et chaque détail semblait participer à cette chorégraphie silencieuse : les volutes de fumée des bougies qui flottaient dans l’air, les senteurs entêtantes de certaines d’entre elles, parfumées, et cette eau chaude qui caressait sa peau avec une lenteur presque provocante dans l'attente de ce contact imminent avec les mains de son hôtesse...
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  • Dim 8 Sep - 19:50
    Avait-il manqué de s'endormir ? Possible. Elle nota ce fait dans un coin de son esprit et s'approcha du bac d'eau. L'humain parut un peu désappointé de ne pas voir de véritable table de massage. Mais son sourire amusé contrecarra sa propre réflexion. Takhys versa quelques gouttes d'huile dans le creux de sa paume droite et, après avoir déposé le précieux liquide à son emplacement, se frotta les mains l'une contre l'autre.

    "Il est vrai qu'en imaginant un massage, on s'attend à un autre style de lieu. D'ordinaire, mes clients se détendent d'emblée avec une eau bien chaude. Le massage 'léger', comme vous l'avez évoqué, termine d'attendrir les tensions..."

    L'humain n'était pas à l'aise. Redoutait-il qu'elle se vexe par sa remarque ? Il en fallait bien plus que cela pour agacer la Sirène. Une chose était certaine : il était un peu nerveux. Comment ne pas l'être quand on se trouvait en présence d'une parfaite — et belle — inconnue, qui se montrait étrangement mielleuse après avoir proposé un service particulier ? En prime, c'était la fin de soirée.

    "Jusqu'ici, personne ne s'en est plaint." dit-elle en se retenant d'en rire.

    Toute personne normalement constituée aurait préféré fermer boutique après une bonne journée pour se reposer avant d'entamer la suivante. Peut-être qu'il stressait à l'idée du prix qu'elle exigerait de lui une fois cette petite prestation supplémentaire terminée. Toujours tout sourire, elle était certaine que non. Il y avait autre chose. Sa nature profonde le sentait. Étrangement, cela éveillait un bien curieux appétit.

    "Néanmoins, une table de massage est une bonne idée. Mais il me faudrait procéder à des aménagements pour cela..."

    Et il était plus aisé de proposer des massages plus... approfondis quand les gens venaient exclusivement pour ce genre de service. Sa salle d'eau était un petit plus pour les gens de passage ou les habitués qui pouvaient se le permettre.

    L'humain se détendit, offrant à la vue ses épaules et d'autres traits qui mettaient en avant, malgré l'eau qui le recouvrait, sa masculinité. Elle se retint de sourire plus intensément encore. Elle déposa ses mains et, à l'injonction presque ferme de son client, elle procéda à ses gestes, d'abord lents et délicats, échauffant la peau au passage de ses paumes huilées. Elle sentait déjà les points tendus sous les fibres musculaires. Avec toujours cette même douceur, elle appuya avec une parfaite précision sur les points qui aideraient à détendre tout cela. La chair avait un mélange sublime de fermeté et de souplesse. La faim la titillait. Il y avait un moment qu'elle n'avait pas eu ce délicieux petit plaisir. Et cet humain était là, seul, en voyage d'affaires. Personne ne semblait l'attendre au sein de Courage. Une proie parfaite. D'ordinaire, elle s'isolait pour trouver des gens plus problématiques à la société des Hommes. Mais là, elle sentait sous ses doigts qu'il vivait dans une petite opulence.

    Avec patience, elle le massait, sentant qu'il se décontractait de plus en plus, jusqu'à s'endormir. Elle le sut, car il ronflait un peu. Elle sut taire son gloussement. Tous les mêmes dès qu'il était question de se faire bercer par une belle femme. Elle réduisit ses gestes, s'assurant que le sommeil l'avait bien emporté.

    Elle tendit l'oreille. Tout était calme autour de la taverne. Lentement, elle posa ses deux mains sur les larges épaules de l'humain et le poussa avec précaution, pour l'immerger entièrement, après qu'il eut inspiré naturellement. Elle était curieuse de savoir combien de temps un homme de son genre tiendrait dans l'eau. Et pour parfaire la petite expérience, elle appela sa magie pour densifier la surface de l'eau, la rendant presque caoutchouteuse. Ça épargnerait les éclaboussures. Ainsi, elle aurait moins à nettoyer, normalement. Et lui ? Eh bien, il ne pourrait pas sortir. Et après ? Et après, elle aviserait. Elle sentait l'envie carnassière enfler en elle. Mais d'abord, elle appréciait de jouer un peu...D'abord, endormi comme il était, son corps aura le réflexe respiratoire nécessaire pour ne pas inspirer de l'eau. Mais quand l'air viendra à manquer...

    Citoyen de La République
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    Didier Van Strijdonck
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  • Lun 9 Sep - 10:35
    Il y a des jours où tout bascule, où les signes avant-coureurs d’une catastrophe vous échappent complètement, tel un navire voguant droit vers les récifs sans que personne ne perçoive le danger. Didier vivait précisément l'une de ces journées. Cet après-midi là, ses espoirs de conclure une affaire – essentielle pour s’implanter à Courage – s’étaient évanouis comme une ombre au crépuscule. Un coup de poignard dans sa carrière de marchand. Mais le sort, toujours facétieux, ne s’arrêtait pas là. La déception commerciale ne suffisait visiblement pas à alourdir son moral ou à satisfaire l’un ou l’autre esprit malveillant ; il fallait maintenant que sa vie elle-même soit en danger. Et quelle ironie, finir noyé dans une baignoire, sous les mains d’une femme qui, quelques instants plus tôt, lui inspirait un frisson bien moins funeste.

    Les gestes experts de la masseuse, doux et apaisants, avaient rapidement détendu son corps et, dans la chaleur réconfortante de l’eau, il s’était laissé emporter par un sommeil léger. Un instant d’abandon. Peut-être avait-il sous-estimé la fatigue accumulée, ou la sournoiserie de l’alcool. Mais lorsque les mains, d'abord si délicates, se firent plus fermes, un malaise s’immisça dans son esprit. D’abord, il crut à une technique de massage plus énergique, un geste destiné à le plonger plus profondément dans la détente. Une erreur. L’instinct, toujours plus rapide que la raison, lui fit ouvrir les yeux juste à temps pour comprendre que quelque chose clochait. Le danger s’imposa à lui aussi brutalement qu’un souffle coupé.

    Didier tenta de se redresser, mais la pression exercée par les mains de la femme le maintenait fermement sous l’eau. Il se débattit avec une vigueur qu’il ne se soupçonnait plus, espérant que ses mouvements désespérés suffiraient à la faire lâcher prise. Mais elle, imperturbable, continuait à le maintenir immergé, implacable comme un roc. Et c’est alors qu’il le vit. La surface de l’eau, d’apparence normale, avait pris une texture étrange, caoutchouteuse, imperméable. Il tenta de la percer avec ses mains, mais c’était comme frapper un mur invisible. L’air commençait à manquer et, avec lui, la panique montait inexorablement. Il redoubla d’efforts, son corps luttant instinctivement pour survivre, provoquant des remous frénétiques dans la baignoire.

    La femme, au-dessus de lui, devait savourer ce spectacle de détresse silencieuse, ce moment où l’homme se bat contre l’inévitable, encore inconscient de l’implacabilité de son destin. Un frisson d’horreur parcourut Didier à cette pensée. Comment avait-il pu être aussi naïf ? Pensait-il vraiment que cette soirée se terminerait par un bain crapuleux ou un simple massage, le tout agrémenté d’une légère torpeur alcoolisée ? Non, tout cela n’avait été qu’un piège, une mise en scène méticuleusement orchestrée. Et lui, l’homme d’habitude prudent, le marchand qui ne laissait rien au hasard, s’était laissé prendre au jeu. Le désespoir le frappa aussi durement que l’eau compressant ses poumons.

    Dans un dernier sursaut de lucidité, Didier comprit qu’il ne pourrait pas briser la surface de cette eau ensorcelée. S’il devait survivre, il fallait ruser. Son cerveau, en ébullition, l’incita à un ultime acte de survie : faire le mort. Simuler la noyade dans la noyade. Une ironie cruelle, mais il n’avait pas le choix. Ses mouvements se firent de plus en plus lents, ses bras cessèrent peu à peu de se débattre, et il laissa sa bouche s’ouvrir avidement contre la surface caoutchouteuse, en un geste aussi naturel qu’un homme cherchant une dernière bouffée d’air. Ses yeux se fermèrent progressivement, comme s’il acceptait enfin son sort, se laissant glisser au fond du bassin.

    Mais sous cette façade de résignation, son esprit restait aux aguets. Il savait qu’il ne pourrait pas tenir longtemps. Combien de temps avant que son agresseuse pense avoir gagné ? Combien de temps avant que son propre corps ne trahisse sa ruse et ne cherche à tout prix une bouffée d’air salvatrice ? Didier fit de son mieux pour calmer sa respiration et ralentir son rythme cardiaque. Chaque seconde gagnée était une victoire sur la mort.

    Le temps sembla s’étirer dans cette prison liquide étouffante. La panique menaçait à chaque instant de reprendre le dessus, mais Didier s’obligea à rester immobile, à attendre. L’évasion était encore possible, mais le moindre faux pas, la moindre précipitation, et tout serait terminé. L’obscurité, déjà présente aux abords de sa vision, gagnait du terrain. Combien de temps pourrait-il tenir ?
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