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Lodvik
Malazach
Sublime
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Prophétesse
Siame
Messages : 208
crédits : 1365
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Info personnage
Race: Ange
Vocation: Mage soutien
Alignement: Loyal mauvais
Rang: B - Cardinal
Elle avait caressé des yeux les tâches sombres sur le visage de sa jumelle, la ligne claire des cicatrices, le bleu perçant de ses prunelles et le contour grimaçant de sa mâchoire. Le regard de l’Ange s’était perdu à travers les traits de sa sœur, tandis que Phèdre la replongeait malgré elle dans ses souvenirs. Elle se trompait : Malazach n’avait pas été à ses côtés pendant ces 5 000 années. Et Siame n’avait jamais réalisé ô combien sa solitude lui avait pesé avant ce moment-même. Pourtant, elle ne dit rien ; ne dément pas les propos de sa sœur. Sa gorge s’était serrée. Et elle avait souri. Ce n’était pas sa responsabilité de s’inquiéter pour les épreuves qu’elle avait un jour traversées. Pas plus que le fait qu’elle l’ai fait seule—toujours. À ne point douter, sa sœur avait assez souffert de son côté. Sa propre douleur n’était pas sa charge à endurer. Elle refusait que Phèdre la voie s’apitoyer sur son sort—avait toujours refusé que ce soit le cas.
— Je t’aime Phèdre. Et je suis infiniment reconnaissante envers les Divins de nous avoir à nouveau rassemblées. Ses doigts s’étaient resserrés imperceptiblement dans la chevelure de sa sœur et son ton s’était fait plus froid, plus distant. Mais ne parle plus jamais ainsi de lui devant moi. Elle avait fini par relâcher son étreinte, avait coiffé avec une délicatesse infinie la tignasse encrassée de Phèdre. Ses prochains mots se firent plus conciliants. Il est ton Haut-Cardinal. Et le respect des nôtres est la seule chose qui nous reste en ce bas monde.
Et Siame n’avait pu s’empêcher de se demander ce qu’il restait de sa sœur, enfermée dans cette enveloppe mortelle—ce qu’il restait de son Âme et de ses souvenirs. Les pires comme les meilleurs. Quoi qu’il en soit, elle, n’avait pas oublié. L’Ange n’avait pas oublié son affection pour sa sœur, mais elle n’avait pas non plus oublié ce que son ancien mentor avait un jour fait pour elle. Il y avait des choses qui vous marquaient si profondément, si intimement, qu’il était impossible de les oublier, quand bien même – au fil des décennies – chagrin et méfiance avaient remplacé leur ancienne connivence.
Le respect et l'importance qu'ils accordaient à leur propre dignité ; c'était désormais tout ce qu'il restait de leur culte.
On pouvait certainement s’en moquer. Rire des titres, des manières et des cérémonies ; les estampiller de vaniteuses, pointer du doigt leur fatuité, et même arguer qu’elles ne servaient qu’à maquiller une forme d’insignifiance. Et peut-être que la chose était vraie, au fond. Pourtant, c’était bien plus que cela. Chaque Âme portrait en elle l’envie profonde de laisser une trace ; de prouver à ce fichu monde ce qu’elle était. Ce besoin primitif avait un jour donné naissance à toutes ces choses composant l’histoire même de leur civilisation—c’était le Divin qui avait façonné l’Homme pour lui ressembler ; l’Homme qui avait édifié les cathédrales pour le remercier ; c’était les Grandes Guerres, les épées et les chars d’assaut, tout ce qui avait un jour servi à détruire et à reconstruire le pouvoir. C’étaient les conquêtes—celle du Monde, celle d’un pays ou du cœur d’une femme ; c’était l’Art, la musique et l’Amour. La religion aussi – les mœurs et les traditions – tous ces systèmes de croyance qui avaient un jour guidé des civilisations entières à travers les âges. C’était le désir lui-même : l’essence même de l’humanité. Tout ça, tous ces efforts déployés pour comprendre, conquérir, créer et détruire, n’avait qu’un objectif. Celui de laisser une trace dans le livre de l’Histoire de ce monde-ci. On pouvait s’en moquer, oui : parce qu’à cet instant, dans l’ombre de la gloire passée de cette Cathédrale, ils ne sont que des fanatiques et des dévots zélés refusant d’abandonner des Dieux qui leur avaient craché à la gueule. Il n’y a personne d’autre qu’eux pour témoigner de cette ordination : ni fidèles, ni armée, ni spectateurs.
Il n’y avait rien à sauver : tout à reconstruire. Et c’est ce qu’ils feraient.
Siame s’en faisait la promesse ; elle protégerait ce qu’ils étaient en train de rebâtir ici, même si cela signifiait ébranler chacune de ses convictions, les unes après les autres. La survie avait toujours eu un prix. On l’avait vu, émue, glisser un baiser fraternel à sa sœur durant la cérémonie, et remercier Lodvik d’un foulard pourpre arraché à son propre vêtement, en souvenir de leur voyage passé et des vœux qu’ils s’étaient fait à cette occasion. Son regard en silex s’était posé sur la créature de Puantrus, sur le vert agressif de ses yeux—et avait glissé à plusieurs reprises, méfiant, sur le chevalier resté dans l'ombre.
Elle s'était attardée longtemps après—bien après le départ de chacun d’entre eux. Pour la première fois depuis 5 000 ans, l'Ange avait ouvert un nouveau grimoire, comme à cette époque où elle noircissait encore ses mémoires de ses souvenirs et de ses visions... “Pourquoi écrivez-vous tout ? Je croyais que les Anges n'oubliez pas ?” lui avait demandé Joseph, avant la première guerre, un soir de cérémonie – “Je n’écris pas pour moi”, avait-elle rétorqué, “j’écris pour que l’Histoire n’oublie pas.”
D’un geste incertain, elle avait trempé sa plume dans l’encre. Puis, Siame avait commencé par écrire chacun des noms de ceux présents ici : Sublime, Malazach, Lodvik, Valmyria, Phèdre, Launegisiles—et le sien.
— Je t’aime Phèdre. Et je suis infiniment reconnaissante envers les Divins de nous avoir à nouveau rassemblées. Ses doigts s’étaient resserrés imperceptiblement dans la chevelure de sa sœur et son ton s’était fait plus froid, plus distant. Mais ne parle plus jamais ainsi de lui devant moi. Elle avait fini par relâcher son étreinte, avait coiffé avec une délicatesse infinie la tignasse encrassée de Phèdre. Ses prochains mots se firent plus conciliants. Il est ton Haut-Cardinal. Et le respect des nôtres est la seule chose qui nous reste en ce bas monde.
Et Siame n’avait pu s’empêcher de se demander ce qu’il restait de sa sœur, enfermée dans cette enveloppe mortelle—ce qu’il restait de son Âme et de ses souvenirs. Les pires comme les meilleurs. Quoi qu’il en soit, elle, n’avait pas oublié. L’Ange n’avait pas oublié son affection pour sa sœur, mais elle n’avait pas non plus oublié ce que son ancien mentor avait un jour fait pour elle. Il y avait des choses qui vous marquaient si profondément, si intimement, qu’il était impossible de les oublier, quand bien même – au fil des décennies – chagrin et méfiance avaient remplacé leur ancienne connivence.
Le respect et l'importance qu'ils accordaient à leur propre dignité ; c'était désormais tout ce qu'il restait de leur culte.
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On pouvait certainement s’en moquer. Rire des titres, des manières et des cérémonies ; les estampiller de vaniteuses, pointer du doigt leur fatuité, et même arguer qu’elles ne servaient qu’à maquiller une forme d’insignifiance. Et peut-être que la chose était vraie, au fond. Pourtant, c’était bien plus que cela. Chaque Âme portrait en elle l’envie profonde de laisser une trace ; de prouver à ce fichu monde ce qu’elle était. Ce besoin primitif avait un jour donné naissance à toutes ces choses composant l’histoire même de leur civilisation—c’était le Divin qui avait façonné l’Homme pour lui ressembler ; l’Homme qui avait édifié les cathédrales pour le remercier ; c’était les Grandes Guerres, les épées et les chars d’assaut, tout ce qui avait un jour servi à détruire et à reconstruire le pouvoir. C’étaient les conquêtes—celle du Monde, celle d’un pays ou du cœur d’une femme ; c’était l’Art, la musique et l’Amour. La religion aussi – les mœurs et les traditions – tous ces systèmes de croyance qui avaient un jour guidé des civilisations entières à travers les âges. C’était le désir lui-même : l’essence même de l’humanité. Tout ça, tous ces efforts déployés pour comprendre, conquérir, créer et détruire, n’avait qu’un objectif. Celui de laisser une trace dans le livre de l’Histoire de ce monde-ci. On pouvait s’en moquer, oui : parce qu’à cet instant, dans l’ombre de la gloire passée de cette Cathédrale, ils ne sont que des fanatiques et des dévots zélés refusant d’abandonner des Dieux qui leur avaient craché à la gueule. Il n’y a personne d’autre qu’eux pour témoigner de cette ordination : ni fidèles, ni armée, ni spectateurs.
Il n’y avait rien à sauver : tout à reconstruire. Et c’est ce qu’ils feraient.
Siame s’en faisait la promesse ; elle protégerait ce qu’ils étaient en train de rebâtir ici, même si cela signifiait ébranler chacune de ses convictions, les unes après les autres. La survie avait toujours eu un prix. On l’avait vu, émue, glisser un baiser fraternel à sa sœur durant la cérémonie, et remercier Lodvik d’un foulard pourpre arraché à son propre vêtement, en souvenir de leur voyage passé et des vœux qu’ils s’étaient fait à cette occasion. Son regard en silex s’était posé sur la créature de Puantrus, sur le vert agressif de ses yeux—et avait glissé à plusieurs reprises, méfiant, sur le chevalier resté dans l'ombre.
Elle s'était attardée longtemps après—bien après le départ de chacun d’entre eux. Pour la première fois depuis 5 000 ans, l'Ange avait ouvert un nouveau grimoire, comme à cette époque où elle noircissait encore ses mémoires de ses souvenirs et de ses visions... “Pourquoi écrivez-vous tout ? Je croyais que les Anges n'oubliez pas ?” lui avait demandé Joseph, avant la première guerre, un soir de cérémonie – “Je n’écris pas pour moi”, avait-elle rétorqué, “j’écris pour que l’Histoire n’oublie pas.”
D’un geste incertain, elle avait trempé sa plume dans l’encre. Puis, Siame avait commencé par écrire chacun des noms de ceux présents ici : Sublime, Malazach, Lodvik, Valmyria, Phèdre, Launegisiles—et le sien.
CENDRES
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