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Citoyen du monde
Malazach
Messages : 37
crédits : 653
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Info personnage
Race: Ange
Vocation: Mage noir
Alignement: Neutre mauvais
Rang: B - Cardinal
Le Doreï avait échappé à la colère des dieux mais pas à ce qu'elle avait entraîné dans les terres dévastées. Les créatures qui étaient venues s'y réfugier, dévorées par la magie titanesque, confuses, terrifiées, n'avaient pas mis longtemps à saccager toute construction que leurs gueules déformées ne pouvaient pas tout simplement engloutir. Quelques temps après le cataclysme initial, elles avaient découvert que les bipèdes sur place -ainsi privés du soutien des forces armées des autres villes- s'avéraient être une source de nourriture facilement atteignable et il n'avait pas fallu longtemps pour que les plus grands foyers de population du secteur se vident et que leurs occupants s'éparpillent à travers la région. Désormais, quelques communautés discrètes et isolationnistes subsistaient dans des fermes entourées de murs et de barricades plantées dans l'empressement, dans les alentours des ruines de leur ancien paradis. Des nuages noirs de cendres dominaient bien trop souvent ce qui fut le Doreï, interdisant régulièrement au soleil de venir caresser la terre sombre et teintant le goût de l'eau de pluie d'amertume.
En ce jour pourtant, les nuages eux-mêmes semblaient fuir les ténèbres qu'ils apportaient avec eux. Surpris par la luminosité - trop rare en Shoumeï - Malazach grimaça en poussant un peu plus le rideau occultant du carrosse depuis lequel il scrutait les terres dévastées.
Une forêt de heaumes calcinés et cornus encadraient le véhicule. La Garde Noire, fidèle même après la trahison de son maître et la mort de ses guerriers, protégeait une fois de plus l'avancée des vrais fidèles. Les squelettes de chevaux morts depuis belle lurette tiraient l'attelage, à l'avant, motivés par la magie du fils de X'o-rath plus que par son cochet. Derrière la voiture, un chariot d’aspect bien plus rudimentaire transportait l’engeance maudite de l’arbre-monde, sa mana dénaturée ne cessant jamais de pulser tel un cœur en faisant vibrer bois, fer, os et chair se tenant à sa portée. Les morts s’affairaient autour, comme les marionnettes qu’ils étaient, indifférents au malaise que le grotesque métastase divin causait chez les vivants. Seule Valmyria, qui chevauchait à côté du transport, goûtait à la caresse de la magie noire sans s’en montrer indisposée. Depuis qu’elle s’était improvisée vaisseau de la sphère enténébrée, à Melorn, la prêtresse semblait avoir développé un amour prononcé pour tout ce qui tordait l’âme. Les mortels avaient toujours su trouver de nouveaux moyens de se saboter, cependant celle-ci ne paraissait pas en souffrir, au contraire. Les rictus qu’elle arborait n’avaient plus rien à voir avec la pauvre petite chose brisée qu’ils avaient rencontré sur les ruines de Célestia, le jour de la renaissance.
Ils avaient quitté Bénédictus deux jours auparavant. Échapper aux patrouilles Reikoises de ce côté-ci des Terres Dévastées ne demandait pas énormément d'effort, si ce n’est celui d’éviter les routes principales. Pas qu'ils craignaient de devoir faire couler le sang, mais l’absence de prises de risques durant le transport d'une telle “marchandise” restait plus que nécessaire. A l'avant, fiché sur son destrier, une brute cornue que la Chuchoteuse avait su manipuler assez efficacement pour qu'il serve la cause diviniste s'occupait d'ouvrir la marche en compagnie de la réincarnée. Phèdre -une fois n'étant pas coutume- avait su voir au-delà des origines de la créature Reikoise pour s'en faire un allié ou un serf. Le fait qu'ils fassent le chemin ensemble permettait à la corruption de garder un œil sur ce Qultarn, quand bien même ses derniers exploits en date aux côtés de Sublime l'honoraient plus qu'autre chose. C'était lui qui avait repéré le plateau où l'avant-poste pourrait être dressé et la plante ensevelie. Il y avait un village non loin de là. Quelque chose de suffisamment discret pour échapper à l'appétit vorace des abominations de la région, mais qui deviendrait assez bruyant -il l'espérait- pour attirer le regard des survivants répartis sur la carte du Doreï une fois le territoire conquis. Pour cela, à l'arrière du convoi, des dizaines d'hommes, de femmes et même quelques enfants marchaient d'un pas serein, apaisé par la ferveur et l'ignorance, aux côtés de charrettes et de bœufs chargés de tentes, de nourriture et de bois. Ils serviraient à la fois de base pour l'instauration du culte, d'ouvriers et même, si l'arbre-monde le demandait, de matière première pour alimenter la graine. Il fallait des fanatiques, après tout, pour en créer de nouveaux.
“-Nous devrions arriver avant la tombée de la nuit.” Observa l’Ange Noir en risquant un dernier coup d’oeil vers l’extérieur. Ils avaient dépassé les abords du canyon séparant les rocheuses du Doreï en début de matinée, et maintenant que le soleil approchait de son Zénith, l’astre rappelait à ses visiteurs qu’ils avaient pénétré dans les terres tropicales de l’ancien Shoumei. Son regard quitta le paysage pour se poser sur sa camarade de voyage et un rictus de mépris se matérialisa sur un visage qui -une fois dans l’ombre, à l'abri du regard des mortels- n’avait rien de majestueux. “N’est-ce pas déjà un miracle que nos mortels ne se soient pas effondrés d’éreintement?”
La Prophétesse partageait la voiture avec le Haut Cardinal. Un symbole fort pour extirper des ténèbres les autochtones n’ayant pu que se sentir abandonnés jusqu’à maintenant. Si elle avait eu une quelconque vision au sujet de leur voyage, Siame s’était bien gardée de lui en parler, d’autant que depuis leur retour de Melorn, le fils de X’or-ath avait noté une certaine retenue de la part de son ancienne disciple à son égard. L’Estropiée n’était pas hostile, seulement plus froide. Rien d’inédit dans leur histoire commune, vieille de plusieurs éons, mais cela n’empêchait pas la nature méfiante du nécromant de s’éveiller à chaque fois. Le peu de vie qui restait en lui s’en désolait. Le reste, ce pragmatisme froid que son Père lui avait légué et qui, chaque jour, dévorait un peu plus son cœur, s’en félicitait.
Une pulsation provenant de l’arrière du convoi lui arracha une grimace alors que tous les os de son corps se mettaient à vibrer en lui pour répondre à la sollicitation capricieuse d'un végétal maudit.
“-Valmyria !” S’exclama-t-il en ouvrant à la volée la porte du carrosse. L’intéressée et son destrier approchèrent. Derrière, quelques serfs trop curieux écarquillèrent les yeux en observant le fils d’un dieu se pencher vers l’extérieur de son véhicule et exposer un visage paraissant taillé dans le marbre à la lumière du jour. Les plus émotifs laissèrent une larme leur échapper lorsqu’il les gratifia d'un regard chargé de compassion avant de commencer sa conversation avec la prêtresse, sans qu’ils ne puissent entendre les mots échangés.
“-Comment se porte le fils de l’arbre-monde? Je sens sa soif depuis là.”
En ce jour pourtant, les nuages eux-mêmes semblaient fuir les ténèbres qu'ils apportaient avec eux. Surpris par la luminosité - trop rare en Shoumeï - Malazach grimaça en poussant un peu plus le rideau occultant du carrosse depuis lequel il scrutait les terres dévastées.
Une forêt de heaumes calcinés et cornus encadraient le véhicule. La Garde Noire, fidèle même après la trahison de son maître et la mort de ses guerriers, protégeait une fois de plus l'avancée des vrais fidèles. Les squelettes de chevaux morts depuis belle lurette tiraient l'attelage, à l'avant, motivés par la magie du fils de X'o-rath plus que par son cochet. Derrière la voiture, un chariot d’aspect bien plus rudimentaire transportait l’engeance maudite de l’arbre-monde, sa mana dénaturée ne cessant jamais de pulser tel un cœur en faisant vibrer bois, fer, os et chair se tenant à sa portée. Les morts s’affairaient autour, comme les marionnettes qu’ils étaient, indifférents au malaise que le grotesque métastase divin causait chez les vivants. Seule Valmyria, qui chevauchait à côté du transport, goûtait à la caresse de la magie noire sans s’en montrer indisposée. Depuis qu’elle s’était improvisée vaisseau de la sphère enténébrée, à Melorn, la prêtresse semblait avoir développé un amour prononcé pour tout ce qui tordait l’âme. Les mortels avaient toujours su trouver de nouveaux moyens de se saboter, cependant celle-ci ne paraissait pas en souffrir, au contraire. Les rictus qu’elle arborait n’avaient plus rien à voir avec la pauvre petite chose brisée qu’ils avaient rencontré sur les ruines de Célestia, le jour de la renaissance.
Ils avaient quitté Bénédictus deux jours auparavant. Échapper aux patrouilles Reikoises de ce côté-ci des Terres Dévastées ne demandait pas énormément d'effort, si ce n’est celui d’éviter les routes principales. Pas qu'ils craignaient de devoir faire couler le sang, mais l’absence de prises de risques durant le transport d'une telle “marchandise” restait plus que nécessaire. A l'avant, fiché sur son destrier, une brute cornue que la Chuchoteuse avait su manipuler assez efficacement pour qu'il serve la cause diviniste s'occupait d'ouvrir la marche en compagnie de la réincarnée. Phèdre -une fois n'étant pas coutume- avait su voir au-delà des origines de la créature Reikoise pour s'en faire un allié ou un serf. Le fait qu'ils fassent le chemin ensemble permettait à la corruption de garder un œil sur ce Qultarn, quand bien même ses derniers exploits en date aux côtés de Sublime l'honoraient plus qu'autre chose. C'était lui qui avait repéré le plateau où l'avant-poste pourrait être dressé et la plante ensevelie. Il y avait un village non loin de là. Quelque chose de suffisamment discret pour échapper à l'appétit vorace des abominations de la région, mais qui deviendrait assez bruyant -il l'espérait- pour attirer le regard des survivants répartis sur la carte du Doreï une fois le territoire conquis. Pour cela, à l'arrière du convoi, des dizaines d'hommes, de femmes et même quelques enfants marchaient d'un pas serein, apaisé par la ferveur et l'ignorance, aux côtés de charrettes et de bœufs chargés de tentes, de nourriture et de bois. Ils serviraient à la fois de base pour l'instauration du culte, d'ouvriers et même, si l'arbre-monde le demandait, de matière première pour alimenter la graine. Il fallait des fanatiques, après tout, pour en créer de nouveaux.
“-Nous devrions arriver avant la tombée de la nuit.” Observa l’Ange Noir en risquant un dernier coup d’oeil vers l’extérieur. Ils avaient dépassé les abords du canyon séparant les rocheuses du Doreï en début de matinée, et maintenant que le soleil approchait de son Zénith, l’astre rappelait à ses visiteurs qu’ils avaient pénétré dans les terres tropicales de l’ancien Shoumei. Son regard quitta le paysage pour se poser sur sa camarade de voyage et un rictus de mépris se matérialisa sur un visage qui -une fois dans l’ombre, à l'abri du regard des mortels- n’avait rien de majestueux. “N’est-ce pas déjà un miracle que nos mortels ne se soient pas effondrés d’éreintement?”
La Prophétesse partageait la voiture avec le Haut Cardinal. Un symbole fort pour extirper des ténèbres les autochtones n’ayant pu que se sentir abandonnés jusqu’à maintenant. Si elle avait eu une quelconque vision au sujet de leur voyage, Siame s’était bien gardée de lui en parler, d’autant que depuis leur retour de Melorn, le fils de X’or-ath avait noté une certaine retenue de la part de son ancienne disciple à son égard. L’Estropiée n’était pas hostile, seulement plus froide. Rien d’inédit dans leur histoire commune, vieille de plusieurs éons, mais cela n’empêchait pas la nature méfiante du nécromant de s’éveiller à chaque fois. Le peu de vie qui restait en lui s’en désolait. Le reste, ce pragmatisme froid que son Père lui avait légué et qui, chaque jour, dévorait un peu plus son cœur, s’en félicitait.
Une pulsation provenant de l’arrière du convoi lui arracha une grimace alors que tous les os de son corps se mettaient à vibrer en lui pour répondre à la sollicitation capricieuse d'un végétal maudit.
“-Valmyria !” S’exclama-t-il en ouvrant à la volée la porte du carrosse. L’intéressée et son destrier approchèrent. Derrière, quelques serfs trop curieux écarquillèrent les yeux en observant le fils d’un dieu se pencher vers l’extérieur de son véhicule et exposer un visage paraissant taillé dans le marbre à la lumière du jour. Les plus émotifs laissèrent une larme leur échapper lorsqu’il les gratifia d'un regard chargé de compassion avant de commencer sa conversation avec la prêtresse, sans qu’ils ne puissent entendre les mots échangés.
“-Comment se porte le fils de l’arbre-monde? Je sens sa soif depuis là.”
✞✞✞ Malazach est Maudit ✞✞✞
-Les pratiquants du Culte des Ombres et les adeptes du Divinisme le voient comme un ange resplendissant.
-Les adeptes du Shierak et les athées, eux, le voient tel qu'il est véritablement ; une créature aussi famélique que sinistre.
Citoyen du monde
Valmyria
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Citoyen du monde
Qultarn
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crédits : 829
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Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal mauvais
Rang: D
Qultarn remua inconfortablement sur son cheval. Il n’avait pas l’habitude de monter, pour tout un ensemble de raisons. Déjà, les pillards du nord avaient rarement de quoi faire qu’ils ne préfèrent pas dévorer une fois l’hiver venu. Ensuite, les différents environnements du Reike se prêtaient de façon contrastée à chevaucher. Enfin, trouver une bête suffisamment robuste pour transporter un drakyn, dont la densité et la lourdeur osseuse n’était plus à démontrer, tendait à rapidement relever de la gageure.
La créature nécromantique était une des seules possibilités restantes, et si le croyant ne craignait pas les carcasses animées par le Toucher de Xo’rath, cela ne signifiait pas pour autant qu’il prenait plaisir à se faire mener en restant en selle. Selle qui, d’ailleurs, commençait à l’irriter. Pourtant, la célérité était de première importance pour la mission qui était la leur. La nomination d’un nouveau Régent et de son Tribun, puis le chaos qu’ils avaient semé avec Sublime, avaient peut-être contribué à recentrer l’attention du Reike autour de Maël et de ce qu’ils appelaient le Protectorat, une simple région en voie d’assimilation.
Cela ne suffisait pas à s’assurer qu’ils ne courraient aucun risque en se dirigeant vers le Doreï, une zone jusqu’alors relativement épargnée par les Titans, mais qui recelait de son lot de monstres agressifs, de plantes dangereuses, et d’habitants naturellement méfiants envers tout ce qui pouvait maintenant venir, livrés qu’ils étaient depuis plusieurs années désormais à eux-mêmes. Les objectifs des Adeptes étaient multiples en ce sens. Les ramener dans le giron protecteur et aimant des Créateurs constituait une première étape indispensable pour étendre leur influence, d’abord territoriale, ensuite religieuse et psychologique. Cela faisait trop longtemps que les Titans étaient synonymes de mort et de destruction alors qu’ils représentaient la vie, la création, et l’existence elle-même.
Et, évidemment, il était difficile d’ignorer les pulsations du Bourgeon de l’Arbre-Monde qu’ils transportaient derrière eux, sous la surveillance aiguisée de la Prêtresse Valmyria.
Le carrosse émit un craquement de bois quand une roue s’enfonça dans un nid-de-poule de la route complètement défoncée qu’ils empruntaient, et si Qultarn reporta son regard vers l’avant et le promontoire qui était leur destination. Mais ses pensées firent le trajet inverse. Derrière, la Prophétesse et le Cardinal partageaient le véhicule, se recueillant sans doute en prières et élaborant des plans pour que leur maigre troupe puisse pallier à toutes les situations. Le drakyn n’avait pu qu’entrapercevoir fugacement leur meneur quand il monta dans le carrosse, à Benedictus, suffisamment pour voir un visage d’une beauté époustouflante, respirant la Foi, l’Honnêteté et la Droiture, inspirant la Dévotion et le Respect.
Il s’agissait véritablement de l’incarnation physique des qualités prônées par les Titans, créée de leur main.
Les yeux surveillant toujours l’horizon à la recherche d’une menace quelconque, ses pensées se tournèrent cette fois vers sa voisine directe, Phèdre. Ils entretenaient des rapports cordiaux, légers, même, depuis qu’ils avaient sauvé Mégère des griffes des Gardiens du Berceau, puis qu’ils étaient allé infiltrer Maël quelques semaines plus tôt. De fait, il était plus simple de parler à la jeune fae, dont les cheveux avaient, ironiquement, le même duo de couleur que les siens, qu’avec Siame ou d’autres divinistes de Benedictus. Ils étaient absorbés par leur propre conscience et la proximité des Dieux, au point que chaque acte de leur vie semblait porter intrinsèquement l’adoration des Titans et leur rendre honneur.
Qu’il s’agisse de Launegisiles ou de Sublime, une conversation était parfois complexe à démarrer, et encore davantage à entretenir. Et s’il se savait taciturne par moment, les années de brigandage n’avaient pas été exemptes de leur lot de fêtes glorieuses et de débordements qui le furent moins.
« Tu ressens le Bourgeon, Phèdre ? Comme s’il... appuyait sur la bordure de mon être, de mon existence. »
Sa main gauche tenta d’attraper le concept au vol, sans y parvenir. L’impression n’était pas désagréable, ni négative. Juste si différente, si spirituelle, qu’il en était destabilisé. L’effet n’était pas si différent de Benedictus, mais ce n’était qu’en s’éloignant de la ville qu’il en prenait véritablement conscience. Les respirations, ou battements d’un coeur tout magique peut-être, contrastaient justement avec le reste du Doreï, ce qui faisait qu’il s’en apercevait davantage. Il essaya d’aligner ses propres battements et sa respiration sur celui du Bourgeon, se rendit compte que cela facilitait l’acclimatation, qu’il s’en trouvait plus serein.
« S’il tient ses promesses, d’autres comprendront à nouveau la grandeur des Titans, mumura-t-il en songeant aux fanatiques qui les suivaient à pied. Et l’influence de la Volonté s’étendra à nouveau sur tout le Shoumeï avant de se répandre sur le reste du Sekaï comme cela aurait toujours dû être. »
Les apostats et les hérétiques seraient châtiés, à commencer par ceux qui s’étaient réfugiés au Shoumeï pendant la Guerre des Titans au lieu de se battre pour la cause qui aurait dû être la leur depuis toujours. Hélas, tout comme au Reike, peu nombreux étaient ceux qui avaient la force d’âme nécessaire pour lutter pour un idéal. Il supposait qu’il en allait de même partout. Il prit une gorgée de sa gourde pour se rafraîchir la gorge, notant un nuage de poussière lointain à l’ouest, sur lequel il se rappelait de garder l’oeil.
« Dans tous les cas, j’ai hâte d’arriver et de voir ce avec quoi nous allons pouvoir travailler. »
Leur assortiment de prélats, prêtresses et prophétesse n’aurait probablement aucun mal à convaincre les locaux de la justesse de leurs arguments et la pureté de leur Foi. Il avait bien conscience que son rôle était davantage celui de muscle, ce qui lui convenait parfaitement : les béhémoths corrompus par les excès magiques n’attendaient que la moins occasion pour se jeter sur des humains et agrémenter leur régime d’un peu de chair fraîche, maintenant que le Doreï était devenu la zone la plus riche de l’ancienne Confédération.
Prophétesse
Siame
Messages : 203
crédits : 1268
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Info personnage
Race: Ange
Vocation: Mage soutien
Alignement: Loyal mauvais
Rang: B - Cardinal
Siame tourna la tête vers Malazach. Elle avait perçu le mépris au fond de son regard lorsqu’il évoqua les mortels les accompagnant. Ses invectives à leur encontre ne l'avaient pas surprise—bien au contraire, et l’Ange y trouva une forme de soulagement. Ce Monde ne cessait de changer. Quand les cathédrales s'effondraient sous le poids d’une humanité rongée par ses contradictions ; quand les Hommes se confondaient dans leur vilenie et leur ferveur pour des faux-Dieux et que le Sekaï entier s’effondrait sous des allégeances nouvelles… Tout changeait autour d’elle, et cette nouvelle réalité lui semblait encore titubante. Il y avait cependant des choses qui s’entêtaient à rester les mêmes…
La voix du Haut Cardinal coupa l’air comme une lame affûtée et ses mots dégoulinaient de ce venin familier qui, contre toute logique, l’apaisa. Elle n’en montra rien et s’enfonça davantage contre son dossier, un sourire d’une amabilité glacée sur les lèvres. Les traits du visage de l’Ange Noir avaient vacillé dans l’ombre, pour laisser apparaître ce faciès hideux qu’elle lui avait découvert depuis leur retrouvaille. Il lui faudrait encore du temps pour s’y habituer véritablement—bien qu’étrangement, elle ne semblait pas répugnée par son apparente laideur. Pas autant qu’elle aurait pu l’être autrefois.
Et le mot “miracle” tinta à ses oreilles comme un glas distant.
— On sait l’un comme l’autre que les miracles n’existent pas, lui fit-elle remarquer. La foi est une chose curieuse, mais la ferveur des Mortels ne m’a jamais autant fascinée qu’à ce jour.
Malazach se montrait endurant face à sa froideur. Qu’elle lui réponde était certainement bon signe, puisque Siame n’avait jamais eu la moindre prétention à détendre l'atmosphère. Et comment pouvait-il lui reprocher sa distance, sa méfiance ? Après tout, ce n’était probablement là que les reliquats de son propre enseignement – parce que chez lui, la cruauté avait toujours été limpide et l’indifférence inébranlable – le tout brouillé par ses propres défaillances.
— Je crois qu’ils ont tous compris que les Titans ne viendraient pas les sauver. Elle en avait la certitude, pour certains d’entre-eux.
Le nouvel arrivant de leur groupe le lui avait prouvé. Et la Prophétesse avait passé assez de temps à ses côtés pour s’en assurer. Les murmures de la Chuchoteuse s’étaient logés profondément dans sa psyché, jusqu’à visiblement modifier l’ADN même du Reikois—le pousser à rejoindre le camp ennemi, à aller contre chacun de ses instincts. Pour peu que les chuchotements insidieux de Zei continuaient de résonner dans le creux de son Âme.
— Et pourtant ils sont là. Prêts à tout sacrifier…
Siame n’était pas une femme de science, pas le moins du monde. Mais elle était curieuse de comprendre le fonctionnement de cette Corruption, les règles de cette nouvelle ère—comment elle pouvait en faire la sienne. D’en éprouver les limites pour s’en servir à son avantage. Leur avantage. Et le rejeton bourgeonnant de l’Arbre Monde dans le chariot à l’arrière représentait un à-propos tout à fait adéquat à l’occasion. Le Doreï serait le berceau parfait pour accueillir cette première expérience.
Au devant, sa sœur voyageait aux côtés de Qultarn. Les aventures de Melorn, l’espoir qu’elle avait éprouvé à cette heure-ci s’était doucement tassé dans son cœur depuis leur retour à Bénédictus. Mais la savoir présente constituait une importance toute capitale. L’Ange parvenait encore difficilement à dessiner les contours du changement de Phèdre, sa nouvelle enveloppe, et tout ce qui l’accompagnait. Tout comme elle s’efforçait encore aujourd’hui de définir ce qu’elle-même était devenue. Si elle avait abandonné la quête de ses ailes au profit de sujets plus actuels, dernièrement, elle éprouvait leur absence plus que jamais auparavant. Siame avait repris la rédaction de ses mémoires prophétiques—quand bien même elle approchait encore avec prudence les visions qui lui étaient offertes. Et elle en parlait avec tout autant de réserve. Le temps lui avait appris que tout n’était pas bon à partager, et l’Ange n’était pas encore prête à amollir ses rigueurs.
Lorsque la Prêtresse s’approcha de la voiture, sous la demande du Haut Cardinal, le visage de Siame changea pour une expression plus tendre.
— Votre dévouement honore la Volonté, Valmyria, l’encouragea-t-elle. L’embryon ne pourrait être en de meilleures mains que les vôtres. Il fallait se rendre à l’évidence, depuis leur voyage à Melorn, les effluves de la Corruption semblaient jouir allègrement de la magie de la Prêtresse – que l’orbe avait invariablement choisi. Siame ne pouvait s’empêcher de se demander jusqu’où les racines de l’Arbre Monde s’étaient enracinés dans l’Âme fertile de cette dernière, et combien de temps celle-ci pourrait le supporter. Ménagez-vous, néanmoins, ne vous épuisez pas. Votre contribution nous est infiniment précieuse.
Valmyria avait son rôle à jouer. Comme tous ceux ici, comme tous ceux qui avaient choisi d’offrir leur allégeance au culte. Comme les futurs fidèles qui les rejoindraient bientôt en ces lieux. Siame avait perçu le potentiel de l’elfe à leur retour à Bénédictus et si elle l’imaginait aisément rejoindre les rangs plus officieux d’Aurya, elle s’était gardé de lui soumettre l’idée. Elle viendrait à elle en temps et en heure. Pendant quelques instants, l’intérieur de la voiture s’était saisi d’un silence fragile, sinistre, hypnotisé par le claquement du fer des chevaux contre les pavés et le grincement métallique de la carriole.
— Nos ambitions vont attirer bien plus que de simples regards curieux. Elle s’adressa à Malazach, ses yeux en silex perdu à travers l’ajour, caressant le dos de sa sœur en tête de convoi. Il nous faudra assurer la sécurité de cet embryon, après notre retour à Bénédictus. Et la discrétion de l’opération si nous voulons éviter d’attirer la charogne – elle entendait ici tout ce qui était reikois. L’Ange marqua une pause avant de reprendre. Si nous voulons éviter que le Doreï ne se transforme en champ de ruines avant même que nous n’ayons pu en tirer le moindre fruit.
Elle passa la suite sous silence—qu’en vérité, elle n’était plus certaine de savoir à qui elle pouvait accorder ou non sa confiance (l'avait-elle seulement un jour su ?). Autrefois, elle aurait croisé le regard de Malazach à la recherche de quelconque conseil ou instruction. Aujourd’hui, l’idée même lui tordait l’estomac. L’odeur d’humidité se faisait de plus en plus prégnante, au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient du canton.
— Mais si nous y parvenons, alors nous ne pourrons pas nous arrêter au Doreï. Elle croisa le regard de l’Ange Noir, une certitude mordante au fond des yeux. Je veux qu’ils payent. Tous.
Les mots s'échappèrent de ses lèvres et sa soif de rétribution sembla hérissée de barbelés, comme si elle avait avalé des ronces. Il leur fallait espérer que la population du Doreï consentirait à arpenter ce chemin tortueux qu’ils traçaient pour la Volonté, mue par la douleur ou la fatalité. Après la destruction de leur Terre par les Divins eux-mêmes, nombre d’entre eux avaient cessé de chercher des réponses pour fuir. Et ceux étant restés, ayant survécu à la guerre, étaient hantés par des visions de morts. Siame haussa les épaules, pour elle-même. Après tout, il n’y avait pas d'esprit plus fertile que celui dans le besoin de croire.
La voix du Haut Cardinal coupa l’air comme une lame affûtée et ses mots dégoulinaient de ce venin familier qui, contre toute logique, l’apaisa. Elle n’en montra rien et s’enfonça davantage contre son dossier, un sourire d’une amabilité glacée sur les lèvres. Les traits du visage de l’Ange Noir avaient vacillé dans l’ombre, pour laisser apparaître ce faciès hideux qu’elle lui avait découvert depuis leur retrouvaille. Il lui faudrait encore du temps pour s’y habituer véritablement—bien qu’étrangement, elle ne semblait pas répugnée par son apparente laideur. Pas autant qu’elle aurait pu l’être autrefois.
Et le mot “miracle” tinta à ses oreilles comme un glas distant.
— On sait l’un comme l’autre que les miracles n’existent pas, lui fit-elle remarquer. La foi est une chose curieuse, mais la ferveur des Mortels ne m’a jamais autant fascinée qu’à ce jour.
Malazach se montrait endurant face à sa froideur. Qu’elle lui réponde était certainement bon signe, puisque Siame n’avait jamais eu la moindre prétention à détendre l'atmosphère. Et comment pouvait-il lui reprocher sa distance, sa méfiance ? Après tout, ce n’était probablement là que les reliquats de son propre enseignement – parce que chez lui, la cruauté avait toujours été limpide et l’indifférence inébranlable – le tout brouillé par ses propres défaillances.
— Je crois qu’ils ont tous compris que les Titans ne viendraient pas les sauver. Elle en avait la certitude, pour certains d’entre-eux.
Le nouvel arrivant de leur groupe le lui avait prouvé. Et la Prophétesse avait passé assez de temps à ses côtés pour s’en assurer. Les murmures de la Chuchoteuse s’étaient logés profondément dans sa psyché, jusqu’à visiblement modifier l’ADN même du Reikois—le pousser à rejoindre le camp ennemi, à aller contre chacun de ses instincts. Pour peu que les chuchotements insidieux de Zei continuaient de résonner dans le creux de son Âme.
— Et pourtant ils sont là. Prêts à tout sacrifier…
Siame n’était pas une femme de science, pas le moins du monde. Mais elle était curieuse de comprendre le fonctionnement de cette Corruption, les règles de cette nouvelle ère—comment elle pouvait en faire la sienne. D’en éprouver les limites pour s’en servir à son avantage. Leur avantage. Et le rejeton bourgeonnant de l’Arbre Monde dans le chariot à l’arrière représentait un à-propos tout à fait adéquat à l’occasion. Le Doreï serait le berceau parfait pour accueillir cette première expérience.
Au devant, sa sœur voyageait aux côtés de Qultarn. Les aventures de Melorn, l’espoir qu’elle avait éprouvé à cette heure-ci s’était doucement tassé dans son cœur depuis leur retour à Bénédictus. Mais la savoir présente constituait une importance toute capitale. L’Ange parvenait encore difficilement à dessiner les contours du changement de Phèdre, sa nouvelle enveloppe, et tout ce qui l’accompagnait. Tout comme elle s’efforçait encore aujourd’hui de définir ce qu’elle-même était devenue. Si elle avait abandonné la quête de ses ailes au profit de sujets plus actuels, dernièrement, elle éprouvait leur absence plus que jamais auparavant. Siame avait repris la rédaction de ses mémoires prophétiques—quand bien même elle approchait encore avec prudence les visions qui lui étaient offertes. Et elle en parlait avec tout autant de réserve. Le temps lui avait appris que tout n’était pas bon à partager, et l’Ange n’était pas encore prête à amollir ses rigueurs.
Lorsque la Prêtresse s’approcha de la voiture, sous la demande du Haut Cardinal, le visage de Siame changea pour une expression plus tendre.
— Votre dévouement honore la Volonté, Valmyria, l’encouragea-t-elle. L’embryon ne pourrait être en de meilleures mains que les vôtres. Il fallait se rendre à l’évidence, depuis leur voyage à Melorn, les effluves de la Corruption semblaient jouir allègrement de la magie de la Prêtresse – que l’orbe avait invariablement choisi. Siame ne pouvait s’empêcher de se demander jusqu’où les racines de l’Arbre Monde s’étaient enracinés dans l’Âme fertile de cette dernière, et combien de temps celle-ci pourrait le supporter. Ménagez-vous, néanmoins, ne vous épuisez pas. Votre contribution nous est infiniment précieuse.
Valmyria avait son rôle à jouer. Comme tous ceux ici, comme tous ceux qui avaient choisi d’offrir leur allégeance au culte. Comme les futurs fidèles qui les rejoindraient bientôt en ces lieux. Siame avait perçu le potentiel de l’elfe à leur retour à Bénédictus et si elle l’imaginait aisément rejoindre les rangs plus officieux d’Aurya, elle s’était gardé de lui soumettre l’idée. Elle viendrait à elle en temps et en heure. Pendant quelques instants, l’intérieur de la voiture s’était saisi d’un silence fragile, sinistre, hypnotisé par le claquement du fer des chevaux contre les pavés et le grincement métallique de la carriole.
— Nos ambitions vont attirer bien plus que de simples regards curieux. Elle s’adressa à Malazach, ses yeux en silex perdu à travers l’ajour, caressant le dos de sa sœur en tête de convoi. Il nous faudra assurer la sécurité de cet embryon, après notre retour à Bénédictus. Et la discrétion de l’opération si nous voulons éviter d’attirer la charogne – elle entendait ici tout ce qui était reikois. L’Ange marqua une pause avant de reprendre. Si nous voulons éviter que le Doreï ne se transforme en champ de ruines avant même que nous n’ayons pu en tirer le moindre fruit.
Elle passa la suite sous silence—qu’en vérité, elle n’était plus certaine de savoir à qui elle pouvait accorder ou non sa confiance (l'avait-elle seulement un jour su ?). Autrefois, elle aurait croisé le regard de Malazach à la recherche de quelconque conseil ou instruction. Aujourd’hui, l’idée même lui tordait l’estomac. L’odeur d’humidité se faisait de plus en plus prégnante, au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient du canton.
— Mais si nous y parvenons, alors nous ne pourrons pas nous arrêter au Doreï. Elle croisa le regard de l’Ange Noir, une certitude mordante au fond des yeux. Je veux qu’ils payent. Tous.
Les mots s'échappèrent de ses lèvres et sa soif de rétribution sembla hérissée de barbelés, comme si elle avait avalé des ronces. Il leur fallait espérer que la population du Doreï consentirait à arpenter ce chemin tortueux qu’ils traçaient pour la Volonté, mue par la douleur ou la fatalité. Après la destruction de leur Terre par les Divins eux-mêmes, nombre d’entre eux avaient cessé de chercher des réponses pour fuir. Et ceux étant restés, ayant survécu à la guerre, étaient hantés par des visions de morts. Siame haussa les épaules, pour elle-même. Après tout, il n’y avait pas d'esprit plus fertile que celui dans le besoin de croire.
CENDRES
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