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Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
Messages : 321
crédits : 1004
crédits : 1004
Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
Une longue inspiration. Le poing fermé devant un battant.
J'attends d'abord, hésitant. Puis le doute m'envahis, et ensuite sa meilleure copine : le passé.
Le passé est un poids qui colle à la peau, quelque chose que je ne peux jamais vraiment laisser derrière moi. Peu importe la distance que je mets, peu importe le nombre de fois où je tente d’avancer. Ça revient toujours. Les images, les voix, ces moments que j’aurais voulu enterrer à jamais. Je suis conditionné à rester solide, à ne jamais craquer. Une porte fermée, verrouillée de l’intérieur. Il y a des choses que je ne montre à personne, pas même à ceux que j’estime, ceux que je devrais pouvoir laisser entrer. Mais je ne peux pas. C’est comme si quelque chose me bloquait à chaque fois. Comme un réflexe, une armure que je ne sais plus retirer.
Je rumine ces vieux souvenirs, ces erreurs, ces blessures jamais guéries. Chaque fois que j’ai essayé de m’exposer, de laisser quelqu’un voir ce qu’il y a vraiment derrière ce masque, ça a mal tourné. Alors, je reste comme ça. Intact de l’extérieur, mais fissuré en dessous. C’est plus facile de paraître inébranlable que de risquer d'être vulnérable, même avec ceux que j’apprécie le plus. Le problème, c’est qu’on finit par devenir ce qu’on prétend être.
Solide comme une pierre, inébranlable, mais aussi incapable de ressentir pleinement. Ou alors, peut-être que je me le refuse de le faire.
Chaque tentative d’ouverture se heurte à cette même barrière, ce même mur que je me suis construit. Et plus je m’y accroche, plus je me rends compte que c’est devenu une prison. Je sais que les autres le sentent, ceux qui m'entourent. Ils doivent voir ce verrouillage constant, cette incapacité à baisser la garde. Mais comment leur expliquer que c’est ce qui m’a sauvé jusque-là ? Comment leur dire que chaque fois que j’ai essayé de me montrer tel que je suis, ça m’a coûté plus que je ne pouvais supporter ? Alors je ferme la porte, encore et encore, espérant qu’un jour, peut-être, je pourrai enfin trouver une clé.
Y'en a peut-être une, mais lui laisser sa chance, c'est aussi le risque d'épaissir cette porte et être certain de ne plus en sortir.
Vanay.
Vanay, c’est pas juste un sourire séduisant, des courbes aguicheuses et des écailles rouges comme un tapis de rubis. C’est une survivante, qui s’est fait un bouclier de ses propres charmes, transformant les plaisirs de la nuit en armes. Elle danse, elle rit, elle attire, mais sous ce masque de légèreté, il y a une dureté, une amertume qui transpire à chaque regard. Elle cache ses failles avec une précision chirurgicale, ne laissant personne entrevoir la tristesse derrière son sourire. Elle ne se laissera plus jamais dominer, ça non. Mais pour celui qui la regarde de près, qui ose ressentir quelque chose, c’est une épreuve. Parce que Vanay, c’est pas une femme qu’on sauve. Quelque part, on se ressemble. Deux blocs qui s'empêchent de ressentir, qui se sont fait pourtant la promesse de se soutenir maintenant qu’ils se sont retrouvés.
C’est plus compliqué que je le pensais.
Elle fait... partie indirectement de ce passé. Elle est un reflet agréable à observer, faisant partie d'une rétrospective qui me permet de me retourner sans tout jeter à la poubelle. Pourtant, on a fait que passer du temps dans le même université, à se battre, et apprendre. Et bien sûr, vivre nos expériences, bonnes et surtout mauvaises. Un peu plus de deux semaines que je suis Prévôt, que j'ai perdu Roman, bientôt je dois repartir en mission, et la seule chose que je voulais, là, maintenant, toute de suite, c'est la voir. Pas possible de dormir, de manger, d'entraîner Klak-Klak, écrire des rapports, me concentrer sur mes nouvelles responsabilités. Même organiser le transfert de mes affaires dans la maison de fonction de Courage m'a paru comme une tâche insurmontable à réaliser. J'ai le visage de mon ancien et meilleur ami, partiellement calciné, tous les jours, en tête. Sauver l'inauguration d'un barrage, un village tout entier, un Maire de la République, me semble si dérisoire. Parce que lui, Roman, tout comme Shael, je n'ai pas pu les sauver.
Mon poing, à quelques centimètres d'une porte, tremble. Comme mordu par le froid d'une émotion impossible à refouler. Et la seule source de chaleur capable de changer la donne, se retrouve juste derrière cette porte. Celle de son établissement, qui va bientôt ouvrir, le Mouton Frisé. Je n'ai pas osé m'arrêter à sa fenêtre, de peur de passer pour un Drakyn louche, mais aussi pour ne pas succomber à ses yeux, et ne pas être remarqué si je suis amené à changer d'avis. Elle n’est peut-être même pas là.
Allez Kieran, il faut toquer. Oui ? Non. Oui. Non...Non... Plusieurs voix vont retentir dans mon dos, rangeant mon bras pour me retourner et voir des clients pas très jouasse de voir un iceberg avec des cornes, planté comme un gadin, niais, qui ne sait absolument pas ce qu'il veut.
« Eh ! Le Grand Bleu, tu vas nous laisser passer ?
- On voudrait pouvoir aller becter, t'y vas ou pas ?
- Laisse-nous passer, Molly a engagé un videur maintenant ?
- Non. Allez-y. » Que je termine, résigné.
Je me décale, la porte s'ouvre, et ils commencent tous à entrer, accueillis par une Molly qui relance sa boutique avec son conjoint. Je finis par faire simplement demi-tour.
Pourtant, la porte est ouverte. Tant pis, maintenant il faut marcher, et vite.
J'attends d'abord, hésitant. Puis le doute m'envahis, et ensuite sa meilleure copine : le passé.
Le passé est un poids qui colle à la peau, quelque chose que je ne peux jamais vraiment laisser derrière moi. Peu importe la distance que je mets, peu importe le nombre de fois où je tente d’avancer. Ça revient toujours. Les images, les voix, ces moments que j’aurais voulu enterrer à jamais. Je suis conditionné à rester solide, à ne jamais craquer. Une porte fermée, verrouillée de l’intérieur. Il y a des choses que je ne montre à personne, pas même à ceux que j’estime, ceux que je devrais pouvoir laisser entrer. Mais je ne peux pas. C’est comme si quelque chose me bloquait à chaque fois. Comme un réflexe, une armure que je ne sais plus retirer.
Je rumine ces vieux souvenirs, ces erreurs, ces blessures jamais guéries. Chaque fois que j’ai essayé de m’exposer, de laisser quelqu’un voir ce qu’il y a vraiment derrière ce masque, ça a mal tourné. Alors, je reste comme ça. Intact de l’extérieur, mais fissuré en dessous. C’est plus facile de paraître inébranlable que de risquer d'être vulnérable, même avec ceux que j’apprécie le plus. Le problème, c’est qu’on finit par devenir ce qu’on prétend être.
Solide comme une pierre, inébranlable, mais aussi incapable de ressentir pleinement. Ou alors, peut-être que je me le refuse de le faire.
Chaque tentative d’ouverture se heurte à cette même barrière, ce même mur que je me suis construit. Et plus je m’y accroche, plus je me rends compte que c’est devenu une prison. Je sais que les autres le sentent, ceux qui m'entourent. Ils doivent voir ce verrouillage constant, cette incapacité à baisser la garde. Mais comment leur expliquer que c’est ce qui m’a sauvé jusque-là ? Comment leur dire que chaque fois que j’ai essayé de me montrer tel que je suis, ça m’a coûté plus que je ne pouvais supporter ? Alors je ferme la porte, encore et encore, espérant qu’un jour, peut-être, je pourrai enfin trouver une clé.
Y'en a peut-être une, mais lui laisser sa chance, c'est aussi le risque d'épaissir cette porte et être certain de ne plus en sortir.
Vanay.
Vanay, c’est pas juste un sourire séduisant, des courbes aguicheuses et des écailles rouges comme un tapis de rubis. C’est une survivante, qui s’est fait un bouclier de ses propres charmes, transformant les plaisirs de la nuit en armes. Elle danse, elle rit, elle attire, mais sous ce masque de légèreté, il y a une dureté, une amertume qui transpire à chaque regard. Elle cache ses failles avec une précision chirurgicale, ne laissant personne entrevoir la tristesse derrière son sourire. Elle ne se laissera plus jamais dominer, ça non. Mais pour celui qui la regarde de près, qui ose ressentir quelque chose, c’est une épreuve. Parce que Vanay, c’est pas une femme qu’on sauve. Quelque part, on se ressemble. Deux blocs qui s'empêchent de ressentir, qui se sont fait pourtant la promesse de se soutenir maintenant qu’ils se sont retrouvés.
C’est plus compliqué que je le pensais.
Elle fait... partie indirectement de ce passé. Elle est un reflet agréable à observer, faisant partie d'une rétrospective qui me permet de me retourner sans tout jeter à la poubelle. Pourtant, on a fait que passer du temps dans le même université, à se battre, et apprendre. Et bien sûr, vivre nos expériences, bonnes et surtout mauvaises. Un peu plus de deux semaines que je suis Prévôt, que j'ai perdu Roman, bientôt je dois repartir en mission, et la seule chose que je voulais, là, maintenant, toute de suite, c'est la voir. Pas possible de dormir, de manger, d'entraîner Klak-Klak, écrire des rapports, me concentrer sur mes nouvelles responsabilités. Même organiser le transfert de mes affaires dans la maison de fonction de Courage m'a paru comme une tâche insurmontable à réaliser. J'ai le visage de mon ancien et meilleur ami, partiellement calciné, tous les jours, en tête. Sauver l'inauguration d'un barrage, un village tout entier, un Maire de la République, me semble si dérisoire. Parce que lui, Roman, tout comme Shael, je n'ai pas pu les sauver.
Mon poing, à quelques centimètres d'une porte, tremble. Comme mordu par le froid d'une émotion impossible à refouler. Et la seule source de chaleur capable de changer la donne, se retrouve juste derrière cette porte. Celle de son établissement, qui va bientôt ouvrir, le Mouton Frisé. Je n'ai pas osé m'arrêter à sa fenêtre, de peur de passer pour un Drakyn louche, mais aussi pour ne pas succomber à ses yeux, et ne pas être remarqué si je suis amené à changer d'avis. Elle n’est peut-être même pas là.
Allez Kieran, il faut toquer. Oui ? Non. Oui. Non...Non... Plusieurs voix vont retentir dans mon dos, rangeant mon bras pour me retourner et voir des clients pas très jouasse de voir un iceberg avec des cornes, planté comme un gadin, niais, qui ne sait absolument pas ce qu'il veut.
« Eh ! Le Grand Bleu, tu vas nous laisser passer ?
- On voudrait pouvoir aller becter, t'y vas ou pas ?
- Laisse-nous passer, Molly a engagé un videur maintenant ?
- Non. Allez-y. » Que je termine, résigné.
Je me décale, la porte s'ouvre, et ils commencent tous à entrer, accueillis par une Molly qui relance sa boutique avec son conjoint. Je finis par faire simplement demi-tour.
Pourtant, la porte est ouverte. Tant pis, maintenant il faut marcher, et vite.
Citoyen de La République
Vanay Vyldrithe
Messages : 96
crédits : 1272
crédits : 1272
Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: C
À la suite de tout le bordel qui s’était passé à Liberty, la routine avait fini par revenir après plusieurs mois de reconstruction et de travaux en tout genre. Foutue routine qui commençait à me peser au fur et à mesure que les journées passaient. Se ressemblant toujours plus et rendant mes réveils toujours plus compliqués. J’avais envie et besoin de voir autre chose que les murs de cette auberge… Non pas que je ne l’aime plus… Mais j’ai la sensation d’être une lionne en cage qui tourne dans un rond parfait dicté par les aiguilles de l’horloge qui avancent, encore et toujours.
J’étais là, à moitié couchée dans le lit d’Abby, gardant un œil sur cette naine qui était tombée malade et qui avait horreur de se retrouver seule dans ces moments. D’une certaine manière, ça me permettait de me sortir un peu de l’auberge… Même si je ruminais encore la soirée de la veille.
Je glisse une main à ma joue encore marquée d’une gifle suffisamment forte pour avoir réussi à laisser une trace. Quelle espèce de connard…
Pourtant, la soirée se passait bien, mais il a fallu qu’il y en ait un qui n’accepte pas que je le repousse. Insistant, très lourdement, posant ses mains sur mes cuisses, sur mes fesses… Le non est vraisemblablement en option chez certains… à croire que c’est payant.
Un espèce de clébard en rut qui puait la vinasse à des kilomètres.
Je le repoussais, encore et encore, restant polie puisque j’étais en plein service.
- J’ai dit non !
Et sa main s’est soudainement levée pour atterrir douloureusement sur mon visage dans un claquement sonore, sous les yeux ébahis d’un Pop qui s’apprêtait à lui demander de stopper ses conneries.
- SALE CHIENNE !
Ma main vient se poser sur ma joue endolorie alors que je sens un goût de fer dans la bouche… Et qu’une colère noire et profonde monte du fin fond de mes entrailles. Je ne sais pas ce qui m’a fait instantanément vriller, son insulte ? Sa gifle ? Les deux ? Dans tous les cas, il était hors de question que je laisse un sale clébard me dicter quoi faire de mon corps. Et dans ce genre de situation, Pop sait très bien qu’il est préférable de ranger les quelques bouteilles du comptoir que d’essayer de m’arrêter.
Je tourne la tête, venant planter mes pupilles d’or fendues d’un fin trait noir dans celles de l’ivrogne. Je le jauge de toute ma hauteur, ma colère gronde et, ça tombe bien, c’est à mon tour d’agir.
Ma main vient lui attraper l’arrière du crâne pour l’obliger à rencontrer amoureusement le comptoir dans un bruit sourd.
- FILS …
Un autre coup tout aussi "amoureux".
- DE...
Un troisième dans la même lancée.
- PUTE !
Et sur la quatrième et dernière rencontre "amoureuse", son visage va lécher tout le comptoir sous la même dynamique, renversant, au passage, quelques verres avant que je ne le laisse mollement tomber.
- Tu connais la règle, Vanay…
Que me lance le père Pop pendant que j’attrape le connard par le colle et par la ceinture avant d’avancer en direction de la sortie de l’auberge.
- Je sais ! Les bagarres, c’est dehors !
À l’extérieur, je le plaque contre le mur du bâtiment en face de l’auberge. Il est encore sonné de son histoire d’amour avec le comptoir, mais je m’en fous, ça ne va pas m’empêcher de lui fracasser le crâne.
- Alors ?! On a crue que je serais une gentille Chienne ? HEIN ! CONNARD !
Je le re-cogne contre le mur avant de le lâcher et de le voir glisser mollement, comme la vieille merde qu’il est. Mon poing serré viendra cogner à plusieurs reprises sur sa joue. J’ai une rage immense qui m’habite et qui se déverse sur sa sale gueule de chien qui m’a prise pour un vulgaire bout de viande. Je n’ai jamais plus autorisé quiconque de la gente masculine à lever la main sur moi depuis que j’ai quitté le Reike… Et ce n’est pas demain la veille que le contraire se produira.
Soupirant longuement, je fus ramenée au présent par une Abby qui remue dans son sommeil et que je serais bien obligée de réveiller complètement pour lui annoncer mon départ.
- Je vais devoir y aller, Bibi… Sinon je vais être en retard.
Elle se retourne avec la plus grande peine du monde dans ma direction, les yeux encore clos par la fatigue… Et moi à côté, j’ai à peine dormi…
- Tu es déjà en retard…
- Je sais… Comme toujours.
Je souris, très légèrement, et finis par me redresser avant d’aller me préparer et de me mettre, enfin, en route en direction de l’auberge.
Évidemment, je ne me presse pas, l’histoire de la veille est encore bien ancrée dans mes mains, et mes phalanges sont encore rougies des coups que j’ai donnés. J’avance presque à reculons tant la motivation peine à venir à moi… Mais ils ont besoin de mon aide… Au moins le temps qu’Abby puisse se remettre en forme et récupérer sa santé.
Un long soupir, une nouvelle fois je viens frotter ma joue encore légèrement marquée, et ma tête continue de ruminer en boucle ma colère de la veille. Je prie les astres pour que la journée se déroule sans encombre et que je puisse simplement prendre mon service sans avoir à faire plus que ce que je suis censée faire… c’est-à-dire, amener les plats et les boissons à bon port…
Mon nez finira par rencontrer le bras musclé d’une personne alors que je sors tout juste d’une rue adjacente, me faisant sortir de mes pensées comme si je venais de me réveiller.
Je cligne des yeux plusieurs fois avant de les lever, et, enfin, un sourire sincère s’affiche sur mon visage à la vue de ce dragon bleu avec qui j’ai de nombreux points communs. Plaisir que je ne cacherai pas de le revoir après un bon laps de temps.
- Ça fait un moment ! Je finissais par me dire que tu boudais !
Ce sera bien l’une des seules personnes que j’ai envie de voir aujourd’hui. La seule qui ne me prendra pas la tête ou qui ne me considère pas comme un simple bout de viande. Et puis, la tendresse dont il sait faire preuve me fait un bien fou, et ses bras… me manquent.
Posant deux doigts délicatement sur son bras, sur sa peau couverte d’écailles bleues, je continue sur ma lancée, d’une voix douce, posant mes yeux dans les siens.
- Tu veux venir manger ?
Puis mon regard se tourne vers l’auberge. Au fond, si on peut aller même ailleurs… je ne dirais pas non. Et puis, un peu plus, un peu moins en retard… ça ne va pas changer grand-chose.
- Ou bien marcher ?
J’étais là, à moitié couchée dans le lit d’Abby, gardant un œil sur cette naine qui était tombée malade et qui avait horreur de se retrouver seule dans ces moments. D’une certaine manière, ça me permettait de me sortir un peu de l’auberge… Même si je ruminais encore la soirée de la veille.
Je glisse une main à ma joue encore marquée d’une gifle suffisamment forte pour avoir réussi à laisser une trace. Quelle espèce de connard…
Pourtant, la soirée se passait bien, mais il a fallu qu’il y en ait un qui n’accepte pas que je le repousse. Insistant, très lourdement, posant ses mains sur mes cuisses, sur mes fesses… Le non est vraisemblablement en option chez certains… à croire que c’est payant.
Un espèce de clébard en rut qui puait la vinasse à des kilomètres.
Je le repoussais, encore et encore, restant polie puisque j’étais en plein service.
- J’ai dit non !
Et sa main s’est soudainement levée pour atterrir douloureusement sur mon visage dans un claquement sonore, sous les yeux ébahis d’un Pop qui s’apprêtait à lui demander de stopper ses conneries.
- SALE CHIENNE !
Ma main vient se poser sur ma joue endolorie alors que je sens un goût de fer dans la bouche… Et qu’une colère noire et profonde monte du fin fond de mes entrailles. Je ne sais pas ce qui m’a fait instantanément vriller, son insulte ? Sa gifle ? Les deux ? Dans tous les cas, il était hors de question que je laisse un sale clébard me dicter quoi faire de mon corps. Et dans ce genre de situation, Pop sait très bien qu’il est préférable de ranger les quelques bouteilles du comptoir que d’essayer de m’arrêter.
Je tourne la tête, venant planter mes pupilles d’or fendues d’un fin trait noir dans celles de l’ivrogne. Je le jauge de toute ma hauteur, ma colère gronde et, ça tombe bien, c’est à mon tour d’agir.
Ma main vient lui attraper l’arrière du crâne pour l’obliger à rencontrer amoureusement le comptoir dans un bruit sourd.
- FILS …
Un autre coup tout aussi "amoureux".
- DE...
Un troisième dans la même lancée.
- PUTE !
Et sur la quatrième et dernière rencontre "amoureuse", son visage va lécher tout le comptoir sous la même dynamique, renversant, au passage, quelques verres avant que je ne le laisse mollement tomber.
- Tu connais la règle, Vanay…
Que me lance le père Pop pendant que j’attrape le connard par le colle et par la ceinture avant d’avancer en direction de la sortie de l’auberge.
- Je sais ! Les bagarres, c’est dehors !
À l’extérieur, je le plaque contre le mur du bâtiment en face de l’auberge. Il est encore sonné de son histoire d’amour avec le comptoir, mais je m’en fous, ça ne va pas m’empêcher de lui fracasser le crâne.
- Alors ?! On a crue que je serais une gentille Chienne ? HEIN ! CONNARD !
Je le re-cogne contre le mur avant de le lâcher et de le voir glisser mollement, comme la vieille merde qu’il est. Mon poing serré viendra cogner à plusieurs reprises sur sa joue. J’ai une rage immense qui m’habite et qui se déverse sur sa sale gueule de chien qui m’a prise pour un vulgaire bout de viande. Je n’ai jamais plus autorisé quiconque de la gente masculine à lever la main sur moi depuis que j’ai quitté le Reike… Et ce n’est pas demain la veille que le contraire se produira.
Soupirant longuement, je fus ramenée au présent par une Abby qui remue dans son sommeil et que je serais bien obligée de réveiller complètement pour lui annoncer mon départ.
- Je vais devoir y aller, Bibi… Sinon je vais être en retard.
Elle se retourne avec la plus grande peine du monde dans ma direction, les yeux encore clos par la fatigue… Et moi à côté, j’ai à peine dormi…
- Tu es déjà en retard…
- Je sais… Comme toujours.
Je souris, très légèrement, et finis par me redresser avant d’aller me préparer et de me mettre, enfin, en route en direction de l’auberge.
Évidemment, je ne me presse pas, l’histoire de la veille est encore bien ancrée dans mes mains, et mes phalanges sont encore rougies des coups que j’ai donnés. J’avance presque à reculons tant la motivation peine à venir à moi… Mais ils ont besoin de mon aide… Au moins le temps qu’Abby puisse se remettre en forme et récupérer sa santé.
Un long soupir, une nouvelle fois je viens frotter ma joue encore légèrement marquée, et ma tête continue de ruminer en boucle ma colère de la veille. Je prie les astres pour que la journée se déroule sans encombre et que je puisse simplement prendre mon service sans avoir à faire plus que ce que je suis censée faire… c’est-à-dire, amener les plats et les boissons à bon port…
Mon nez finira par rencontrer le bras musclé d’une personne alors que je sors tout juste d’une rue adjacente, me faisant sortir de mes pensées comme si je venais de me réveiller.
Je cligne des yeux plusieurs fois avant de les lever, et, enfin, un sourire sincère s’affiche sur mon visage à la vue de ce dragon bleu avec qui j’ai de nombreux points communs. Plaisir que je ne cacherai pas de le revoir après un bon laps de temps.
- Ça fait un moment ! Je finissais par me dire que tu boudais !
Ce sera bien l’une des seules personnes que j’ai envie de voir aujourd’hui. La seule qui ne me prendra pas la tête ou qui ne me considère pas comme un simple bout de viande. Et puis, la tendresse dont il sait faire preuve me fait un bien fou, et ses bras… me manquent.
Posant deux doigts délicatement sur son bras, sur sa peau couverte d’écailles bleues, je continue sur ma lancée, d’une voix douce, posant mes yeux dans les siens.
- Tu veux venir manger ?
Puis mon regard se tourne vers l’auberge. Au fond, si on peut aller même ailleurs… je ne dirais pas non. Et puis, un peu plus, un peu moins en retard… ça ne va pas changer grand-chose.
- Ou bien marcher ?
Fight so dirty, but you love so sweet
Talk so pretty, but your heart got teeth
Late night devil, put your hands on me
And never, never, never ever let go
Talk so pretty, but your heart got teeth
Late night devil, put your hands on me
And never, never, never ever let go
Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
Messages : 321
crédits : 1004
crédits : 1004
Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
C’est toujours comme ça, non ? Ce qu’on essaie d’éviter, ce qu’on passe notre temps à fuir, finit par nous frapper en pleine gueule. Comme si l’univers avait un sens de l’humour particulièrement tordu. On passe des jours, des mois, parfois des années, à tracer nos chemins autour des obstacles, à se dire que si on est assez malin, assez rapide, on pourra les contourner. Mais on se ment. Ce qu’on redoute finit toujours par nous retrouver, peu importe combien on court, marche ou vole.
On croit qu’on a le contrôle. On fait des plans, on anticipe, on calcule. Mais la vérité, c’est que plus on essaie d’échapper à quelque chose, plus on l’attire. C’est presque une loi cosmique. On veut éviter la souffrance, la déception, l’échec ? Voilà exactement ce qui finit par se dresser devant nous, comme un mur qui surgit de nulle part.
Ah, cette dragonne. Belle, magnétique, et parfaitement inconsciente du chaos qu’elle sème en passant. On pourrait croire qu’elle le fait exprès, mais non, c’est pire que ça.
Je marchais, droit dans le chemin inverse quand je sens le visage de quelqu'un bousculer mon bras. Il ne me faudra pas longtemps pour repérer cette chevelure de feu flotter dans l'air, des prunelles qui rappellent le cœur d'une mine d'or, et évidemment ce sourire. Elle a un joli sourire, suffisamment joli pour vous transformer en gros Tokage pas foutu de retrouver son chemin pour rentrer chez lui. Je reste interdit pendant... J'en sais rien. C'est à la fois trop long pour le définir et pourtant évident à ressentir. Ça prend dans le bide, au point que je pourrais en sortir mon petit-déjeuner toute de suite.
« Vanay, ça alors, quel hasard. »
Quelle réponse. Je confirme, c'est pathétique. Je me secoue la tête pour reprendre mes moyens.
« Je... j'étais parti en voyage, c'était long, en effet. »
C'est déjà pas mal, et en plus c'est la vérité. Alors que je voyais son hésitation à rejoindre l'auberge dans sa proposition, mes traits se durcissent en l'avisant en détail. Sur sa joue, une trace. Pas une petite rougeur qui s’efface après une nuit agitée. Non, c’est plus sombre, plus net. Le genre de marque qui raconte une histoire de poing serré et de silence forcé. Et moi, je sens la rage monter, comme un vieux démon qu’on croyait sous contrôle. Elle est serveuse, dans cette auberge où traînent des types pas nets. Des gars de passage, souvent avec plus de bière que de bon sens dans le crâne. Tout est possible, et ça me fout encore plus en rogne. Ma voix descend d'une octave, et bourdonne, caverneuse et sinistre, déchirant le silence qui venait de s'installer et oubliant sa question pour le moment.
« Qui t'as fait ça. »
Je m’approche sans rien dire. Ma main se pose doucement sur sa joue, juste pour sentir sa peau, pour l’aviser de plus près. Je fais semblant de la réconforter, mais en réalité, je veux voir cette marque de plus près. Je veux être sûr que ce que je crois deviner est bien vrai. Ma caresse est légère, mais ce n’est qu’une façade. Derrière, tout en moi est en train de bouillir. Je lève son menton, un peu, juste assez pour capter la lumière. Et là, je la vois mieux. Ce bleu, là où il ne devrait jamais y en avoir.
« J'espère qu'il ou elle a mal. Très mal. Sinon je m'en chargerais pour que ça soit le cas. »
Je sais qu'elle est capable de démolir un homme moyen sans le moindre problème. Tout le monde est d'accord que ramasser un poing fermé d'un Drakyn ne fait pas du bien. Je la connais assez pour savoir qu'elle est plus forte qu’elle n’en a l’air. Elle a cette résilience qui force le respect, cette façon de tenir bon sans jamais se plaindre. Après tout, dans un autre monde, elle aurait pu être une vraie guerrière. Pas de celles qui brandissent des épées ou des boucliers, mais de celles qui survivent aux tempêtes, qui encaissent sans jamais plier. C’est ça le problème, justement. Elle encaisse. Toujours. Elle serre les dents, continue à bosser, à sourire aux abrutis qui passent leur soirée à la détailler comme un bout de viande. Elle ne laisse jamais rien transparaître, elle croit que ça suffit pour tenir à distance la douleur et la colère. Et moi, je vois ça, et ça me dévore.
Je caresse sa joue une dernière fois, puis je lâche un soupir, lourd, en lui offrant mon bras.
« Je n'ai pas envie d'affronter le regard taquin de Molly ce soir, marchons ensemble. »
Ensemble, on traverse la ville, cette vieille cité de pierres et de boue qui est bientôt restaurée de son attaque contre Kaiyo, où les rues sont aussi tortueuses que les histoires qu’elles recèlent. L’air est frais, presque mordant, mais il a cette pureté que seuls les matins peuvent offrir, avant que la ville ne se réveille complètement et que le chaos quotidien ne reprenne ses droits. Les rues sont presque désertes, calmes, à l’exception de quelques marchands matinaux qui installent leurs étals. Les pavés luisent sous la lumière matinale, plus propres qu’ils ne le seront dans quelques heures, quand les sabots, les roues des charrettes et les pas pressés viendront les salir de boue, de fumiers et de poussière. Il y a une tranquillité ici, parfait pour discuter avec quelqu'un qu'on... Apprécie beaucoup ? Je décide de m'arrêter devant un étal, le ventre grogne. L’échoppe est modeste, mais le parfum qui s’en dégage est irrésistible. Des douceurs simples, mais suffisamment rares pour attirer les premiers clients du matin. Le vendeur, un type rondouillard avec un tablier taché de farine, s’affaire à disposer ses produits encore chauds sur des planches de bois rugueuses.
Je lui demande deux galettes de miel, et le vendeur me les tend avec un sourire édenté. Je paie en silence, glissant quelques pièces de cuivre dans sa main. Les galettes sont distribuées, et nous reprenons notre route, mordant à pleines dents dans cette chaleur sucrée qui nous réchauffe un peu dans le froid du matin.
« Tu n'as pas à tout encaisser, tu sais. »
Je dis ça sans la regarder, les yeux fixés devant, sur les pavés irréguliers qui défilent sous nos pieds.
« Tu ne devrais pas avoir à te battre seule contre ces types. Ce n'est pas une question de fierté, ou de savoir qui est plus fort. C’est juste… » Je m’interromps, cherchant mes mots. « … C’est pas juste. »
Je termine ma galette en deux bouchées, un énième soupir me trahit.
« Bref. Du nouveau à Liberty ? L'endroit a beaucoup changé depuis mon départ. Qu'est-ce que tu deviens ? »
Oui, passe du Champa au Kot-kot, Kieran. Si tu veux devenir ridicule et le rester, c'est la meilleure idée.
On croit qu’on a le contrôle. On fait des plans, on anticipe, on calcule. Mais la vérité, c’est que plus on essaie d’échapper à quelque chose, plus on l’attire. C’est presque une loi cosmique. On veut éviter la souffrance, la déception, l’échec ? Voilà exactement ce qui finit par se dresser devant nous, comme un mur qui surgit de nulle part.
Ah, cette dragonne. Belle, magnétique, et parfaitement inconsciente du chaos qu’elle sème en passant. On pourrait croire qu’elle le fait exprès, mais non, c’est pire que ça.
Je marchais, droit dans le chemin inverse quand je sens le visage de quelqu'un bousculer mon bras. Il ne me faudra pas longtemps pour repérer cette chevelure de feu flotter dans l'air, des prunelles qui rappellent le cœur d'une mine d'or, et évidemment ce sourire. Elle a un joli sourire, suffisamment joli pour vous transformer en gros Tokage pas foutu de retrouver son chemin pour rentrer chez lui. Je reste interdit pendant... J'en sais rien. C'est à la fois trop long pour le définir et pourtant évident à ressentir. Ça prend dans le bide, au point que je pourrais en sortir mon petit-déjeuner toute de suite.
« Vanay, ça alors, quel hasard. »
Quelle réponse. Je confirme, c'est pathétique. Je me secoue la tête pour reprendre mes moyens.
« Je... j'étais parti en voyage, c'était long, en effet. »
C'est déjà pas mal, et en plus c'est la vérité. Alors que je voyais son hésitation à rejoindre l'auberge dans sa proposition, mes traits se durcissent en l'avisant en détail. Sur sa joue, une trace. Pas une petite rougeur qui s’efface après une nuit agitée. Non, c’est plus sombre, plus net. Le genre de marque qui raconte une histoire de poing serré et de silence forcé. Et moi, je sens la rage monter, comme un vieux démon qu’on croyait sous contrôle. Elle est serveuse, dans cette auberge où traînent des types pas nets. Des gars de passage, souvent avec plus de bière que de bon sens dans le crâne. Tout est possible, et ça me fout encore plus en rogne. Ma voix descend d'une octave, et bourdonne, caverneuse et sinistre, déchirant le silence qui venait de s'installer et oubliant sa question pour le moment.
« Qui t'as fait ça. »
Je m’approche sans rien dire. Ma main se pose doucement sur sa joue, juste pour sentir sa peau, pour l’aviser de plus près. Je fais semblant de la réconforter, mais en réalité, je veux voir cette marque de plus près. Je veux être sûr que ce que je crois deviner est bien vrai. Ma caresse est légère, mais ce n’est qu’une façade. Derrière, tout en moi est en train de bouillir. Je lève son menton, un peu, juste assez pour capter la lumière. Et là, je la vois mieux. Ce bleu, là où il ne devrait jamais y en avoir.
« J'espère qu'il ou elle a mal. Très mal. Sinon je m'en chargerais pour que ça soit le cas. »
Je sais qu'elle est capable de démolir un homme moyen sans le moindre problème. Tout le monde est d'accord que ramasser un poing fermé d'un Drakyn ne fait pas du bien. Je la connais assez pour savoir qu'elle est plus forte qu’elle n’en a l’air. Elle a cette résilience qui force le respect, cette façon de tenir bon sans jamais se plaindre. Après tout, dans un autre monde, elle aurait pu être une vraie guerrière. Pas de celles qui brandissent des épées ou des boucliers, mais de celles qui survivent aux tempêtes, qui encaissent sans jamais plier. C’est ça le problème, justement. Elle encaisse. Toujours. Elle serre les dents, continue à bosser, à sourire aux abrutis qui passent leur soirée à la détailler comme un bout de viande. Elle ne laisse jamais rien transparaître, elle croit que ça suffit pour tenir à distance la douleur et la colère. Et moi, je vois ça, et ça me dévore.
Je caresse sa joue une dernière fois, puis je lâche un soupir, lourd, en lui offrant mon bras.
« Je n'ai pas envie d'affronter le regard taquin de Molly ce soir, marchons ensemble. »
Ensemble, on traverse la ville, cette vieille cité de pierres et de boue qui est bientôt restaurée de son attaque contre Kaiyo, où les rues sont aussi tortueuses que les histoires qu’elles recèlent. L’air est frais, presque mordant, mais il a cette pureté que seuls les matins peuvent offrir, avant que la ville ne se réveille complètement et que le chaos quotidien ne reprenne ses droits. Les rues sont presque désertes, calmes, à l’exception de quelques marchands matinaux qui installent leurs étals. Les pavés luisent sous la lumière matinale, plus propres qu’ils ne le seront dans quelques heures, quand les sabots, les roues des charrettes et les pas pressés viendront les salir de boue, de fumiers et de poussière. Il y a une tranquillité ici, parfait pour discuter avec quelqu'un qu'on... Apprécie beaucoup ? Je décide de m'arrêter devant un étal, le ventre grogne. L’échoppe est modeste, mais le parfum qui s’en dégage est irrésistible. Des douceurs simples, mais suffisamment rares pour attirer les premiers clients du matin. Le vendeur, un type rondouillard avec un tablier taché de farine, s’affaire à disposer ses produits encore chauds sur des planches de bois rugueuses.
Je lui demande deux galettes de miel, et le vendeur me les tend avec un sourire édenté. Je paie en silence, glissant quelques pièces de cuivre dans sa main. Les galettes sont distribuées, et nous reprenons notre route, mordant à pleines dents dans cette chaleur sucrée qui nous réchauffe un peu dans le froid du matin.
« Tu n'as pas à tout encaisser, tu sais. »
Je dis ça sans la regarder, les yeux fixés devant, sur les pavés irréguliers qui défilent sous nos pieds.
« Tu ne devrais pas avoir à te battre seule contre ces types. Ce n'est pas une question de fierté, ou de savoir qui est plus fort. C’est juste… » Je m’interromps, cherchant mes mots. « … C’est pas juste. »
Je termine ma galette en deux bouchées, un énième soupir me trahit.
« Bref. Du nouveau à Liberty ? L'endroit a beaucoup changé depuis mon départ. Qu'est-ce que tu deviens ? »
Oui, passe du Champa au Kot-kot, Kieran. Si tu veux devenir ridicule et le rester, c'est la meilleure idée.
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Vanay Vyldrithe
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Je suis contente qu’il soit là, la dernière fois qu’on s’est vus remonte à un moment, et j’avoue qu’il m’a manqué… Ça fait du bien d’avoir quelqu’un à qui se confier et qui peut comprendre certaines pensées et façons de penser. On n’a pas tous eu cette obligation de devoir se forger une carapace et d’enfermer ses émotions pour les protéger. Ni même cette crainte de voir un jour ses plaies être exposées à la vue de tous, et que certains s’en servent pour les rouvrir et rendre la douleur encore plus vive.
Pourtant, il est là, planté devant moi, à me regarder comme si je n’aurais jamais dû lui tomber dessus… Ou comme si je l’avais surpris la main dans le sac. J’hausse un sourcil face à cette réaction qui me laisse perplexe avant de finir par hausser les épaules.
Et puis, il casse son propre silence, c’est maladroit, presque idiot ce qu’il me dit avant qu’il ne semble se ressaisir. C’est moi qui le gêne à ce point ? J’ai fait quelque chose qu’il ne fallait pas ?
- Vanay… ?
Un nouveau haussement d’épaules chasse ces pensées intrusives. Je ne sais même pas, ni ne comprends pourquoi elles arrivent. C’est idiot comme pensée… n’est-ce pas ?
Sa voix change si soudainement que ça me surprend, plus grave, plus froide, plus menaçante envers ce quelque chose qui m’a laissé une marque. Une marque qui m’était sortie de la tête l’espace de quelques instants. Je soupire doucement, plus pour moi que pour marquer un mécontentement, alors que sa main vient se poser au niveau de cette blessure sur mon visage… un simple bleu, comme j’en ai déjà eu et vu bien d’autres.
- Un ivrogne rien d’inhabituelle dans ce monde. Ce n’est rien de grave mon grand.
Un parmi tant d’autres, entre ceux qui noient leur peine dans le rouge, ceux qui crient leur colère dans l’ambré, et ceux qui fêtent la vie avec du pétillant. Il faut juste savoir les gérer, et parfois ils sont plus virulents qu’on ne le pensait, et on se fait avoir. Je me suis fait avoir, c’est pas grave, ça arrive… C’est la vie.
- Et si ça peut te rassurer, en fouillant un peu, tu trouveras sûrement les quelques dents que je lui ai fait cracher. Mais ne va pas perdre de ton énergies pour si peu.
Il soupire encore et me tend son bras… J’ai l’impression qu’il se sent forcé de le faire. Que, s’il avait pu disparaître, il l’aurait fait. J’ai un léger pincement au cœur qui vient me titiller, comme une fine aiguille qui se plante dans une pelote. Mes lèvres se serrent et j’hésite quelques secondes, puis je finis par attraper son bras. Après tout, s’il voulait partir, il l’aurait fait… n’est-ce pas ?
- J’en ai entendu parler pendant une semaine complète… Et crois moi, elle a encore de la ressource.
Je pouffe doucement. J’essaie, comme je peux, de détendre cette atmosphère presque pesante… Je cherche encore quoi dire pour rendre ce moment plus agréable. Mais le silence s’installe entre nous deux comme une vieille amie qui nous accompagne dans cette balade. La ville est calme et c’est plutôt agréable de la voir aussi paisible. Ça change de la grande fourmilière qu’est Liberty quand elle est réveillée et que tout s’anime. J’ai bien plus l’habitude de m’y balader dans son remu-ménage, entre les cris, les bribes de discussions ici et là… Bref, la vie dans une ville.
On finit par s’arrêter, attirés par l’odeur agréable qui sort d’une petite échoppe. Des odeurs de sucre, de douceur qui activent les papilles en ce début de matinée et qui viennent réchauffer cette fraîcheur qui mordille nos écailles. Une, puis deux galettes de miel, et je souris. L’attention est agréable et ça me réchauffe le cœur tout en me réchauffant les mains, et ça me fait sourire un peu plus.
Je plante mes crocs dedans tandis que nous reprenons notre route. Notre ami le silence finit par s'en aller au profit d’un Drakyn qui, enfin, commence à parler… Ou, tout du moins, essaie de me dire quelque chose avant de changer aussi vite de sujet. Je le savais pas très doué dans ce genre de moment, mais de là à ce que ce soit autant… flagrant ? Un pas en avant, puis dix en arrière… On dirait une valse où le danseur n’arrive pas à suivre le rythme de la musique… Ou qu’il n’ose pas trop avancer, si bien qu’il finit par louper les rondes. Et je suis la danseuse qui essaie de l’attraper au vol, de l’aider à attraper le coche.
Je m’arrête, le sourcil arqué, je l’observe de haut en bas avant que mes yeux ne viennent s’arrêter sur son visage. Ses yeux, deux perles bleu glace, capables de vous transpercer tout autant que de vous regarder avec douceur. Ses lèvres sont douces sur ma… Je secoue ma main devant mes yeux, chassant de ma tête cette pensée qui vient empourprer mes joues. Puis mon regard se repose à nouveau sur son visage et j’observe son nez amoché, abîmé, bref, il a dû prendre des coups.
C’est à mon tour de soupirer. Je ne sais pas ce qu’il lui est arrivé, mais ça l’a bien amoché.
- Tu me fais la moral alors que tu es toi même blessé…
Ma tête se penche légèrement sur le côté tandis que mes pupilles viennent se planter dans les siennes.
- T’es culotté quand même…
Ma voix reste douce, même si, au fond de moi, j’ai une furieuse envie de le secouer, de le bousculer pour qu’il s’ouvre un peu plus. Je m’approche doucement, venant poser ma main libre sur sa joue avec la douceur d’une plume.
- Qu’est-ce qui t’est arrivé ? Depuis le début, tu n’es… pas toi-même.
Ma main se fait douce caresse sur son visage, et je soupire une nouvelle fois, mon sourire s’envolant doucement pour laisser place à de l’inquiétude.
- Tu me donnes même l’impression que… je te gêne… Si c’est le cas, je peux te laisser. Je peux comprendre que tu… ressentes le besoin d’être seul…
Je finis par me reculer de quelques pas, parce que l’idée que ce soit en lien avec ce qui s’est passé la dernière fois qu’on s’est vus me traverse l’esprit. Cette idée rend même mon regard fuyant.
- Et si c’est à cause de ce qui s’est passée la dernière fois… Sache que je suis désolée.
Je finis doucement cette friandise, comme une tentative d’essayer de me faire taire.
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Kieran Ryven
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Plus ça va, plus chaque pas dans nos échanges se foulait comme un aveugle marchant sur des escaliers. Constatant avec toute l'impuissance du monde à quel point je suis à des lieues de gérer la situation. Comme me rendre compte que je ne l'ai pas surnommé, cette fois, et qu'elle prend mes intéractions comme des bourrasques maladroites. Elle me connait, mais peut-être pas tellement que ça.
Sa voix est calme, mais ses paroles me frappent plus fort qu’elles ne le devraient. Vany… ce n'est pas juste un bleu, pas juste un coup d’un ivrogne quelconque. Je vois comment elle essaie de balayer tout ça d’un revers de la main, comme si la violence faisait simplement partie du décor, une toile de fond qu’elle a appris à ignorer. Mais je sais, moi, que ce n'est pas si simple. Elle ne veut pas que je me fatigue pour si peu, comme elle dit, mais elle ne sait pas que je suis déjà épuisé par tout ce que je ne peux pas changer.
Et puis, elle m’observe. Cette façon qu’elle a de me regarder, comme si elle essayait de comprendre pourquoi je suis… comme ça. Froid, distant. Même moi, je ne comprends pas toujours. Quand elle se penche vers moi, posant sa main sur ma joue, je sens son toucher léger, presque irréel. Elle parle de ce qui m’est arrivé, elle veut savoir. Elle a ce regard, celui qui scrute, qui demande des réponses que je ne suis pas sûr d’avoir.
Quand elle recule, quelques pas en arrière, je sens un vide qui s’installe. Elle croit qu’elle me gêne, qu’elle est le problème. C’est idiot, mais je vois bien que je l’ai mise dans cet état. Cette foutue maladresse, cette incapacité à dire ce qui tourne dans ma tête. Je la vois qui essaie de se défaire de cette culpabilité qu’elle traîne à cause de la dernière fois… et ça me fout encore plus en rogne contre moi-même.
« Vany… » Je laisse échapper son nom dans un souffle, presque trop bas. « Ce n'est pas toi qui me gênes. »
Je fais un pas vers elle, reprenant l’espace qu’elle a laissé entre nous. Le silence retombe durant une seconde, comme si je cherchais les bons mots, mais ils se bousculent dans ma tête, désordonnés. Mon regard se plante dans le sien, et j’essaie de la faire comprendre avant même d’ouvrir la bouche.
« Ce qui m’est arrivé, ça n’a rien à voir avec toi. Ce n'est pas ta faute, ni la dernière fois, ni maintenant. »
Je serre un peu la mâchoire, sentant que tout ça aurait dû sortir plus facilement, mais il y a toujours cette barrière, cette foutue armure que je porte même quand je devrais l’enlever.
« C’est juste… Il y’a des choses que je n'arrive pas à gérer. Des choses que je garde pour moi parce que c’est plus simple comme ça. Moins de dégâts. »
Je baisse la tête un instant, prenant une courte inspiration.
« C’est moi qui suis à côté de la plaque, pas toi. »
Je redresse les yeux vers elle, et je me rends compte qu’elle mérite plus que des demi-mots.
« Quand je te vois avec ce bleu, je me sens impuissant. Je me dis que j’aurais dû être là, que t’aurais pas dû avoir à te battre seule. Je m’inquiète, Vany, et ça me bouffe de pas pouvoir te protéger. Mais je ne veux pas te faire croire que tu es un fardeau. Tu es forte, je le sais, évidemment. »
Je pose ma main sur son bras, doucement. Comme pour être certain de la garder près de moi.
« C’est juste que… je tiens à toi, et ça, c’est peut-être l'une des seules choses que je fais de travers. »
Je finis par frotter mon nez avec la pointe de l'index, sa griffe roulant encore sur la trace convalescente de l'impact d'Hestian. Je n'avais pas pris un marron de ce genre depuis Taisen.
« Je reviens d'une mission qui m'a coûté l'opposition d'un cerf géant d'une dizaine de mètres, une meute de loups électriques, un Shaman qui contrôle le blizzard du coin, la majorité d'un village imposteur qui voulait trucider le Maire de Courage, que j'ai dû protéger, lui, et bien sûr un barrage en pierre récemment construit. Aujourd'hui, tu parles désormais au Prévôt du Razkaal de Courage. »
Un clin d'œil vient ponctuer le trait.
« Je ne m'en sors pas trop mal, non ? »
C'était la partie la plus facile de mon histoire. Je lui fais signe de me suivre, sans un mot de plus, et elle me suit, silencieuse. Nos pas résonnent sur les pavés alors qu’on quitte les rues animées pour s'enfoncer vers une partie plus calme de la ville. Au bout de quelques minutes, on arrive près d'un petit cours d'eau, où un vieux pont de pierre chevauche doucement le courant. C’est un endroit tranquille, loin du vacarme de la ville qui commence à s’agiter, avec juste le bruit de l’eau qui coule et les oiseaux qui chantent, le soleil encore bas illuminant la scène d’une lumière dorée.
Je m’arrête au milieu du pont, me tournant vers elle, mes yeux plongés dans les siens. Elle a encore ce regard, celui qui semble poser mille questions sans en dire une seule. Sans réfléchir, je glisse mes mains autour de ses hanches, la soulevant sans à-coups, et je l’assois doucement sur le muret du pont, juste à la hauteur de mes yeux. M'assurant que sa caudale ne soit pas écrasée. Là, face à moi, elle n’a plus besoin de lever la tête, et moi, je peux enfin la regarder sans détour.
Et je crois que c'est ça, le plus intimidant.
Je prends une grande inspiration, sentant l’air frais du matin envahir mes poumons. Le silence entre nous est plus doux ici, loin de la tension de la ville. Ça nous donne un moment, un espace pour poser les choses, pour parler sans cette pression constante qui m’a jusqu’ici fait reculer. Ou du moins, essayer. Des souvenirs remontent à la surface, des souvenirs que je pensais avoir enterrés, ou du moins, avoir laissés pourrir dans les tréfonds de ma conscience. La mort de mon meilleur ami, là-bas, aux Gorges d’Ildrekyr… C’est ce qui revient en premier, comme un coup dans les tripes. Je me perds un instant dans ses yeux, mais quelque chose me ramène en arrière, bien loin de ce pont, loin de cette tranquillité illusoire. Je serre les dents, me forçant à revenir au présent, mais d’autres souvenirs se bousculent, comme si les digues avaient lâché.
Mon fils.
Celui que je ne connaissais même pas il y a un an. Une autre bombe que je n’ai jamais su gérer. Quand sa tante m’a appris son existence, j’ai été pris de court, désemparé. Un gamin, mon propre sang, que je n’ai jamais vu grandir, que j’ai ignoré sans même le savoir. Quel genre de père fait ça ? Et même maintenant, je sais que je ne suis pas à la hauteur. Je suis là physiquement, parfois, mais mentalement, je suis ailleurs. Incapable de savoir comment être présent pour lui. C’est comme si je ne savais pas comment me connecter à lui, comme si ce lien, pourtant évident, m’échappait.
Et là, au milieu de tout ça, il y a Vanay. Avec qui tout paraît facile en principe. Si belle, qu'à sa seule présence, tout paraît fade.
Je lâche un soupir, long et amer, mon regard s’égarant un instant sur l’eau qui coule sous le pont. Puis, je relève les yeux vers dans ses prunelles, cherchant à m’accrocher à quelque chose, à ce qu’elle représente peut-être. Un espoir de rédemption, ou au moins une chance de ne pas sombrer complètement.
« Je te demande pardon, Vany… » Ma voix est basse, presque rauque. « Je ne suis pas le Drakyn que tu crois. Il y a des choses que j’ai laissées derrière moi, des trucs que je n'ai jamais su régler. Des personnes à qui j’ai tourné le dos sans même m’en rendre compte. »
Je fais un pas vers elle, mes mains hésitant à se poser sur ses hanches, mais je finis par les laisser retomber. Je secoue la tête, incapable de retenir l’amertume dans ma voix.
« Alors qu’est-ce que je fais là, à vouloir te protéger, quand je ne sais même pas comment protéger ceux qui comptent vraiment pour moi. »
Ni mon père, ni ma mère, ni Roman, ni Shael, ni Ineg, ni Elnael, et ni Vany. Je me tais, sentant le poids de mes propres paroles s’écraser sur moi.
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Il semble si fatigué, épuisé par la vie, pressé par celle-ci et son envie de bien faire, de protéger tous ceux qui l'entourent et bien plus encore. Je lui avais pourtant dit de ne pas prendre toutes les guerres sur ses épaules… Qu'il finirait par s'écrouler comme un château de cartes à force d'essayer de soulever des montagnes à lui tout seul. Mais il est fait ainsi… C'est une qualité… Qui a la fâcheuse tendance à détruire son porteur.
Je soupire doucement, attristée par son état, mais je garde le silence, attentive à chacun de ses mots, chacune de ses craintes qui transparaissent dans ses paroles et dans son regard qu'il perd dans le mien.
J'ai de la peine pour lui, qui lutte contre vent et tempête pour essayer de sauver un monde à lui tout seul. Il n'y arrivera pas… C'est un fait, c'est impossible… Mais, même en sachant cela, il essaiera de toutes ses forces… Au risque d'y laisser la vie. C'est triste de se donner autant pour un monde qui n'a même pas conscience de son existence.
À quoi bon être devenu Prévôt s'il sombre en voulant sauver tout le monde… Je suis fière de lui, c'est un fait, malgré tout… À quoi bon si je le vois sombrer petit à petit ?
Le silence garde mes lèvres pincées entre ses doigts tandis que mon regard l'observe, soucieuse de son état d'âme. Je suis partagée entre l'envie de m'énerver contre lui, qui me dit de telles choses comme si c'était banal alors qu'il se ronge le sang pour un simple bleu sur mon visage… ou bien le féliciter d'avoir gagné cette place à la sueur de son front.
Nous finissons par reprendre notre marche et mon regard se perd entre les pavés de la ville et ses bâtiments, qui, doucement, s'animent au même rythme que le soleil qui vient réchauffer l'atmosphère. Je me laisse gentiment guider, mon esprit partant dans tous les sens, inquiète de le voir dans un tel état, et toujours aucun son ne sort d'entre mes lèvres.
Nous marchons quelques minutes et finissons par arriver près d'un pont qui surplombe un cours d'eau. Loin du bruit de la ville, nous voilà tous les deux en tête à tête avec ce silence qui retient toujours mes lèvres captives. J'observe les alentours ; l'endroit est étonnamment agréable et calme, et ce n'est pas plus mal, cela apaisera les esprits… Le mien, et peut-être le sien… Du moins, je l'espère sincèrement.
C’est vrai qu'à le regarder comme ça, on ne pourrait pas déceler quoi que ce soit. Il se tient droit, semble infaillible, une vraie machine de guerre à n’en point douter. Et pourtant, quand on regarde plus en détail, quand on s’en approche avec douceur, qu’on essaie de toucher le cœur de la bête dans une simple caresse de tendresse, on peut apercevoir les quelques failles, parfois les trous béants qui tailladent sa carcasse, qui tracassent son esprit et heurtent son cœur.
Au milieu de ce pont, il se retourne et plonge ses perles de glace dans mes yeux avant de s’approcher pour me soulever et venir m’asseoir sur un rebord du pont. J’ai un léger hoquet de surprise et là, je le vois dans toute sa détresse… Du moins, je le pense.
Ses yeux ne quittent quasiment pas les miens et je le vois, remué, heurté, tourner en rond comme un lion en cage. Il est fatigué, épuisé, à bout de forces... c’est en tout cas la sensation que j’ai en le voyant s’agiter comme ça. Et quand il parle, c’est pour s’enterrer plus profondément dans cette tombe qu’il s’est créée et qu’il subit. À tort ou à raison, je n’en sais rien… Mais ça me peine de le voir dans un tel état.
Et ce silence qui tient en otage ma voix, le temps qu’il puisse déverser sa peine comme un ruisseau qui sort de son lit et vient inonder tout sur son passage. Un ruisseau qui l’emporte dans son débordement tant il est dur envers lui-même.
Ce n’est qu’à la fin, quand ses bras retombent comme emportant tout son courage dans leur chute, que le silence quittera mes lèvres, les libérant de son joug. Mes mains viendront délicatement attraper les siennes, l’attirant avec douceur à moi. Mes pupilles solaires ne quitteront pas ses perles de glace et, d’une main, je viendrai attirer son front contre le mien.
Si seulement ce simple geste pouvait partager tout ce qu’on ressent… La vie n’en serait que tellement plus simple. Il n’y aurait plus de doute, plus de crainte… Plus de difficulté à trouver les bons mots… Juste le ressenti de deux cœurs qui peuvent communiquer sans passer par ce labyrinthe d’interprétations toujours plus compliquées.
- Kieran…
Ma voix est douce, calme et mon regard, même s’il est inquiet, reste rempli d’une immense tendresse… Et que les astres m’en soient témoins, il en a grand besoin en cet instant.
- Je ne me suis pas imaginé un Drakyn parfait, invincible ou que sais-je encore...
Je marque une légère pause, portant ma seconde main à son visage en une douce caresse réconfortante.
- J’ai vu un Drakyn qui a ses forces comme ses faiblesses… qui n’est pas parfait mais qui donne le meilleur de lui-même… à chaque instant…
Un autre silence, et ma caresse descend se poser au niveau de son cœur pendant que ma tête se redresse. Mes yeux ne quitteront toujours pas les siens, encrés en eux comme un bateau au milieu de l’océan.
- C’est tout à ton honneur de vouloir protéger absolument tout le monde… Mais c’est de la folie que de croire que c’est possible… Tu ne pourras, malheureusement, pas… Et tu finiras par te tuer à trop y croire…
Je lâche un soupir, marquant une nouvelle pause... Cherchant mes mots.
- Tu ne pourras pas toujours être là, au bon moment… C’est triste à dire… D’autant plus dur à accepter pour toi qui veux faire le bien autour de toi… Et je l’entends parfaitement.
Mes yeux quitteront enfin ses pupilles pour venir se poser sur ce ciel et ce soleil qui nous observent et doivent bien rire de nos déboires avec cette vie qui nous défie chaque jour.
-Et je ne me risquerai pas à te dire des « il suffit de »… Ce serait rendre encore plus amers les échecs… Et personnellement, je déteste ça… Les faux espoirs, les faux-semblants et autres conneries qui ne rendent que plus amère la vie...
Mes bras viendront s’enrouler doucement autour de son cou dans une étreinte qui se veut douce et, d’une main, je l’inciterai à poser sa tête sur mon épaule.
- Tu n’as pas à porter tout ça tout seul…
Ça me brise le cœur de le voir aussi démuni… Et, de ma petite place, ne pas savoir quoi faire pour l’aider au-delà de ces simples mots et caresses… ça m’énerve. C’est frustrant de se savoir inutile.
- La vie n’a pas été tendre avec toi…
Je finis par resserrer mon étreinte… Laissant le silence revenir doucement au milieu de ce pont entre le chuintement de l’eau sous le pont et le chant des oiseaux dans les arbres.
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Un simple souffle de sa voix, mon prénom, suffit à faire céder un pan de cette carapace que j’ai toujours pensé indestructible. Et je me laisse tomber dans son étreinte comme un naufragé qui aurait enfin trouvé terre. Elle attrape mes mains et les garde entre les siennes, solides, comme si elle pouvait contenir ce poids qui menace de me terrasser. Elle me regarde, et il n’y a pas de jugement, pas de pitié… Juste cette tendresse, cette compréhension.
Elle voit mes failles et mes blessures, et pourtant, elle reste.
Quand elle pose sa main sur ma joue, je sens la chaleur de ce contact envahir mon esprit, comme si elle essayait de puiser directement dans mes tourments pour les apaiser. Ses paroles se frayent un chemin dans ce chaos intérieur, m’obligeant à affronter ce que je sais mais que je refuse toujours d’accepter : je ne peux pas porter le poids du monde, pas même celui de mon propre passé. Je voudrais répliquer, lui dire qu’elle ne comprend pas, que je ne peux pas juste laisser tomber ceux que j’aime. Mais ses yeux me désarment, et je n’arrive pas à détourner le regard.
Quand elle murmure que je n’ai pas à porter tout ça seul, c’est comme si quelque chose se fissurait en moi. Elle m’attrape, sa main se glisse dans ma nuque, et je sens que je peux enfin baisser la garde. Sa présence devient cette encre qui me ramène à l’instant, à cette paix fragile que je n’avais même pas su désirer avant de la rencontrer. Alors, je me laisse faire, ma tête vient se poser sur son épaule, et je ferme les yeux un instant.
Le silence prend la place des mots. Autour de nous, le murmure de l’eau et le chant des oiseaux effacent peu à peu ce tumulte intérieur. Mon souffle se calme, et je me permets, pour la première fois depuis… longtemps, de croire qu’elle a peut-être raison. Que, oui, j’ai peut-être le droit d’abandonner un peu de ce poids, de laisser quelqu’un entrer dans cet univers que je pensais devoir porter seul.
Alors, doucement, ma main glisse sur son bras, et je murmure, presque à contrecœur, mais avec une sincérité discrète mais entière :
« Vany… Merci. »
Ça ne changera pas mes erreurs ni le fardeau de mes souvenirs, mais pour ce moment, ici, entre ses bras, je me dis que peut-être, je peux apprendre à vivre avec ces blessures sans me laisser abattre. Ou alors peut-être que c'était une leçon, d'anticipation, de ne pas attendre trop longtemps, supporter les choses seules, et penser les garder au-dessus de nos épaules éternellement. Peut-être que c'est un peu tout ça. Toujours est-il que je réalise que maintenant qu'elle ne sait pas tout.
Je relâche mon étreinte juste assez pour m’asseoir près d’elle sur le muret du pont, cherchant mes mots dans la lumière douce du matin qui s'étire sur l'eau en contrebas. Je fixe l’eau en contrebas, et elle me renvoie un visage durci, à peine reconnaissable. J’ai l’air d’un type que la vie a rongé, et elle ne m’a rien laissé en échange. J'ai l'air si... Monstrueux. Je lâche un soupir qui m’échappe, un souffle rauque, presque brisé.
« J’ai appris que j’avais un fils l’année dernière. »
Ma voix est un murmure, comme si dire ces mots trop fort les rendrait plus réels, plus lourds encore à porter.
« Un fils que je ne connaissais pas, dont j’ignorais tout. Il a grandi loin de moi, sans un père… et maintenant, je me demande ce que je peux bien lui apporter. »
Un rire amer me monte aux lèvres. Être père… ça ne devrait pas être plus dur que de prendre un coup à l’armure, pourtant, avec lui, je suis comme un gamin dans un champ de bataille : impuissant, tremblant, et complètement perdu. J’ai fait toutes sortes de choses, et survivre, ça, je sais faire. Mais le reste ? Le quotidien, les liens ? C’est comme essayer d’attraper du vent.
Mes doigts se serrent autour d’un bout de tissu dans ma poche, souvenir brûlé, fragment d’un passé qui refuse de mourir.
« À Ildrekyr, c’était autre chose, Vany. Plus qu’un combat… plus qu’une mission. »
Ma gorge se serre en évoquant les noms qui brûlent dans mon esprit comme une plaie ouverte.
« Shael, Roman… J’ai pensé qu’ils étaient morts. Ma mère le pensait, je le pensais. Alors, on a fui, quand on a vu que les Ryssen avaient tout brûlé. On est parti se terrer à la République, pensant qu’il n’y avait plus rien à sauver. »
Elle ne les connaissait pas, mais elle m'entendait parler d'eux. L'une à Melorn, l'autre à Kyouji, et moi à Taisen, nous étions éclaté, mais qui se sont retrouvés ensemble sur le même front pour tenter de faire quelque chose contre les barbares de Ryssen, en vain. Un instant, mes mains se crispent autour du bout de tissu qui pend toujours à mon côté, souvenir grisâtre et carbonisé de celui que j’ai perdu.
« Mais Roman a survécu. Et quand je l’ai retrouvé, il m’en voulait d’une haine que je n’avais jamais vue… de l’avoir laissé pour mort. Il n’était plus le même. Et dans la dernière bataille qui s’en est suivie… c’est nous qui l’avons tué. »
Je n'en voudrais jamais Klak d'avoir porté le coup final. De l'avoir pulvérisé dans un nuage rouge qui nous a sauvé. Mais il y a une amertume, une main glaciale qui attrape le cœur d'un remord qui me poignarde tous les jours. Ce bout de tissu, c’est tout ce qu’il me reste de lui. Il me rappelle ce que j’ai fait, ce que j’ai perdu. Ce que j’ai dû sacrifier dans une vie qui ne me laisse aucun répit.
« Je connais les ténèbres, Vany. J’ai vu le Razkaal dans toute son horreur, je l’ai senti s’infiltrer dans chaque parcelle de mon esprit. Mais… même cet endroit, aussi lugubre qu'il est, reste un mal presque simple, concret. Mais, ça...
Ma main se serre légèrement sur la sienne, comme un naufragé qui s’accroche à son ultime bouée.
« ...Aucun entraînement, aucune formation, et aucun pouvoir peut m'aider à l'encaisser. Et maintenant… maintenant que tu sais… il ne reste rien d’autre qu’à avancer. Parce que même si je suis prêt à tomber, une part de moi refuse d’abandonner. Peut-être, juste peut-être, pour… »
Toi, Vany. Ces deux derniers mots se sont perdus dans ma gorge. Pour elle. Pour cet avenir que je peine à imaginer, mais dont le rêve reste en moi, malgré tout.
Elle voit mes failles et mes blessures, et pourtant, elle reste.
Quand elle pose sa main sur ma joue, je sens la chaleur de ce contact envahir mon esprit, comme si elle essayait de puiser directement dans mes tourments pour les apaiser. Ses paroles se frayent un chemin dans ce chaos intérieur, m’obligeant à affronter ce que je sais mais que je refuse toujours d’accepter : je ne peux pas porter le poids du monde, pas même celui de mon propre passé. Je voudrais répliquer, lui dire qu’elle ne comprend pas, que je ne peux pas juste laisser tomber ceux que j’aime. Mais ses yeux me désarment, et je n’arrive pas à détourner le regard.
Quand elle murmure que je n’ai pas à porter tout ça seul, c’est comme si quelque chose se fissurait en moi. Elle m’attrape, sa main se glisse dans ma nuque, et je sens que je peux enfin baisser la garde. Sa présence devient cette encre qui me ramène à l’instant, à cette paix fragile que je n’avais même pas su désirer avant de la rencontrer. Alors, je me laisse faire, ma tête vient se poser sur son épaule, et je ferme les yeux un instant.
Le silence prend la place des mots. Autour de nous, le murmure de l’eau et le chant des oiseaux effacent peu à peu ce tumulte intérieur. Mon souffle se calme, et je me permets, pour la première fois depuis… longtemps, de croire qu’elle a peut-être raison. Que, oui, j’ai peut-être le droit d’abandonner un peu de ce poids, de laisser quelqu’un entrer dans cet univers que je pensais devoir porter seul.
Alors, doucement, ma main glisse sur son bras, et je murmure, presque à contrecœur, mais avec une sincérité discrète mais entière :
« Vany… Merci. »
Ça ne changera pas mes erreurs ni le fardeau de mes souvenirs, mais pour ce moment, ici, entre ses bras, je me dis que peut-être, je peux apprendre à vivre avec ces blessures sans me laisser abattre. Ou alors peut-être que c'était une leçon, d'anticipation, de ne pas attendre trop longtemps, supporter les choses seules, et penser les garder au-dessus de nos épaules éternellement. Peut-être que c'est un peu tout ça. Toujours est-il que je réalise que maintenant qu'elle ne sait pas tout.
Je relâche mon étreinte juste assez pour m’asseoir près d’elle sur le muret du pont, cherchant mes mots dans la lumière douce du matin qui s'étire sur l'eau en contrebas. Je fixe l’eau en contrebas, et elle me renvoie un visage durci, à peine reconnaissable. J’ai l’air d’un type que la vie a rongé, et elle ne m’a rien laissé en échange. J'ai l'air si... Monstrueux. Je lâche un soupir qui m’échappe, un souffle rauque, presque brisé.
« J’ai appris que j’avais un fils l’année dernière. »
Ma voix est un murmure, comme si dire ces mots trop fort les rendrait plus réels, plus lourds encore à porter.
« Un fils que je ne connaissais pas, dont j’ignorais tout. Il a grandi loin de moi, sans un père… et maintenant, je me demande ce que je peux bien lui apporter. »
Un rire amer me monte aux lèvres. Être père… ça ne devrait pas être plus dur que de prendre un coup à l’armure, pourtant, avec lui, je suis comme un gamin dans un champ de bataille : impuissant, tremblant, et complètement perdu. J’ai fait toutes sortes de choses, et survivre, ça, je sais faire. Mais le reste ? Le quotidien, les liens ? C’est comme essayer d’attraper du vent.
Mes doigts se serrent autour d’un bout de tissu dans ma poche, souvenir brûlé, fragment d’un passé qui refuse de mourir.
« À Ildrekyr, c’était autre chose, Vany. Plus qu’un combat… plus qu’une mission. »
Ma gorge se serre en évoquant les noms qui brûlent dans mon esprit comme une plaie ouverte.
« Shael, Roman… J’ai pensé qu’ils étaient morts. Ma mère le pensait, je le pensais. Alors, on a fui, quand on a vu que les Ryssen avaient tout brûlé. On est parti se terrer à la République, pensant qu’il n’y avait plus rien à sauver. »
Elle ne les connaissait pas, mais elle m'entendait parler d'eux. L'une à Melorn, l'autre à Kyouji, et moi à Taisen, nous étions éclaté, mais qui se sont retrouvés ensemble sur le même front pour tenter de faire quelque chose contre les barbares de Ryssen, en vain. Un instant, mes mains se crispent autour du bout de tissu qui pend toujours à mon côté, souvenir grisâtre et carbonisé de celui que j’ai perdu.
« Mais Roman a survécu. Et quand je l’ai retrouvé, il m’en voulait d’une haine que je n’avais jamais vue… de l’avoir laissé pour mort. Il n’était plus le même. Et dans la dernière bataille qui s’en est suivie… c’est nous qui l’avons tué. »
Je n'en voudrais jamais Klak d'avoir porté le coup final. De l'avoir pulvérisé dans un nuage rouge qui nous a sauvé. Mais il y a une amertume, une main glaciale qui attrape le cœur d'un remord qui me poignarde tous les jours. Ce bout de tissu, c’est tout ce qu’il me reste de lui. Il me rappelle ce que j’ai fait, ce que j’ai perdu. Ce que j’ai dû sacrifier dans une vie qui ne me laisse aucun répit.
« Je connais les ténèbres, Vany. J’ai vu le Razkaal dans toute son horreur, je l’ai senti s’infiltrer dans chaque parcelle de mon esprit. Mais… même cet endroit, aussi lugubre qu'il est, reste un mal presque simple, concret. Mais, ça...
Ma main se serre légèrement sur la sienne, comme un naufragé qui s’accroche à son ultime bouée.
« ...Aucun entraînement, aucune formation, et aucun pouvoir peut m'aider à l'encaisser. Et maintenant… maintenant que tu sais… il ne reste rien d’autre qu’à avancer. Parce que même si je suis prêt à tomber, une part de moi refuse d’abandonner. Peut-être, juste peut-être, pour… »
Toi, Vany. Ces deux derniers mots se sont perdus dans ma gorge. Pour elle. Pour cet avenir que je peine à imaginer, mais dont le rêve reste en moi, malgré tout.
Citoyen de La République
Vanay Vyldrithe
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crédits : 1272
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Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: C
C’était beaucoup, beaucoup à porter sur ses seules épaules. Beaucoup pour un seul homme comme lui… Et j’étais restée silencieuse, attentive à ses émotions, à son cœur aux portes closes qu’il ouvrait doucement en ma présence.
- Je…
Et pourtant, je ne savais pas quoi dire… Je n’avais jamais été confrontée à des situations semblables aux siennes et je ne me voyais pas prétendre comprendre ce qu’il ressentait… Je ne pouvais qu’imaginer la douleur qu’il vivait et qu’il avait vécue… Je ne pouvais qu’effleurer du bout des doigts son désarroi face à son nouveau rôle dont il était affublé et dont il n’avait pas conscience il y a une année de cela.
Et si déjà rien que ce point m’effraie, je n’ose pas imaginer comment, en son for intérieur, il est remué. À sa place, je serais complètement paniquée… horriblement terrifiée… Probablement même dégoûtée. À cette pensée, j’ai une sueur froide qui me traverse toute la colonne et jusqu’à la pointe de la queue. Je remercie les astres de m’avoir épargnée au moins sur ce point… J’aurais pu… Tant et tellement de fois… Mue par cette même sombre pensée, ma main libre vient se poser sur mon bas-ventre comme un réflexe tandis que mon nez se lève en direction du ciel et que mes lèvres s’étirent et se crispent.
Je finis par lâcher un soupir alors que je cherche encore mes mots, le museau toujours levé.
- Il y a des jours, comme aujourd’hui, où j’aimerais, comme toi, pouvoir tout changer.
Redescendant mes pupilles pour les poser sur l’eau qui coule à son rythme, je reprends, gardant un timbre de voix qui se veut doux.
- Parfois, j’aimerais même tout recommencer pour pouvoir tout réparer ou bien même empêcher le pire d’arriver…
Oui, empêcher le pire d’arriver… Mais avec des « Si » par ici et des « Mi » par là, on peut réécrire tout un univers… Et c’est sûrement pour cela qu’il est toujours extrêmement difficile d’accepter nos erreurs et les malheurs qui en découlent.
Un petit écart ou une erreur de jugement et c’est des années de remords… Du moins pour ceux qui ont un semblant d’humanité.
- Tu es si dur envers toi-même… Mais je comprends… enfin… je veux dire… que j’imagine ce qui t’ébranle et c’est effrayant… Bien trop pour un seul homme.
Et je m’en veux de ne pas pouvoir trouver des solutions à sa peine, de me retrouver démunie devant lui… Mais s’il se confie en ma présence, c’est sûrement que je l’aide déjà… Un peu, je l’espère.
Mes doigts viennent s’emmêler délicatement aux siens comme une douce et discrète promesse que j’ai du mal à m’admettre, tandis que mes yeux se perdent encore dans l’eau qui s’écoule sous ce pont.
- Je suis désolée de ce qui t’es arrivé… Et j’aimerai t’aider… à affronter tout ça… Et puis, tu sais…
Je suis bien avec toi… Je m’étais pourtant promis que je ne retomberais plus jamais dans ce miel qui piège l’insecte qui ose l’expérience de goûter à ce mets sucré. Je m’étais promis que je ne prendrais que ce que je souhaitais chez les hommes et que je rejetterais aussitôt acquis… Et c’est idiot, parce que je suis bien la dernière à m’en être rendu compte… Même Pop, qui ne remarque habituellement rien, s’en est rendu compte.
La vie m’a pourtant bien montré à quel point c’est dans ce genre de moment qu’on se laisse avoir… Qu’on se laisse malmener. C’est dans les émotions du cœur que le pire arrive… Que nous sommes le plus fragile… Le plus malléable.
- Tu sais que tu peux compter sur moi…
Je resserre doucement l’étreinte de mes doigts sur les siens. On a l’air… ridicule sur ce pont, à regarder l’eau dans ce silence qui nous étreint. Dans ce reflet de l’eau qui nous renvoie nos deux têtes l’une à côté de l’autre. Je m’ose quand même à cette folie de laisser ma tête retomber doucement sur son épaule.
Il est beau, son regard me transperce et, malgré tout ce qu’il a vécu d’horrible, il arrive à être tendre et attentionné… Je me sens étonnamment en sécurité dans ses bras… Et il ne me voit pas comme un vulgaire bout de viande ou un vulgaire trophée, non. Il me voit moi, Vany, joueuse petite dragonne rouge qui affronte la vie comme elle vient, comme elle peut. Et aujourd’hui, j’aimerais l’aider à surmonter cette tornade qu’il traverse… Sans savoir comment m’y prendre.
Poussée par un autre petit élan de folie du cœur, je me surprends à me rapprocher de lui et passer l’un de ses bras autour de mes épaules.
Je me rassure sur un point, ma présence lui fait du bien et c’est déjà un bon début… Je finis par casser ce silence beaucoup trop long et même presque pesant.
- Tu es une bonne personne, Kieran… Tu es quelqu’un de bon et tu ne t’en rends pas compte… Quelqu’un de terriblement torturé… Que la vie n’a pas épargné.
Il y a un côté pratique à avoir des écailles rouges… C’est qu’il est plus difficile de voir si mes pommettes s’empourprent et, à cet instant précis, j’avoue que ça m’arrange grandement.
- Tu es même… Séduisant…
Mes pensées vont se perdre à quelques souvenirs avec une Abby qui, écrasant d’un coup sec la pointe de ma queue, m’avait ramenée au présent en m’arrachant un cri de douleur avant que je ne me retourne vers elle, toute flamme dehors.
- Espèce de SALE GARCE !
Elle n’avait pas bronché d’un centimètre. Elle sait bien que je ne lui ferai jamais de mal même si, les rares disputes qu’on peut avoir, peuvent être violentes.
- Ça fait CINQ minutes que je t’appelle ! Cinq PUTAIN de minutes ! Alors que t’es là, accoudée sur le plan de travail à rêvasser de je ne sais quoi ! GROGNASSE DE CONNE !
Pour une fois, je n’avais pas répondu et lui avais tourné le dos pour retourner à ma préparation. Elle avait levé un sourcil, ce n’était pas dans mes habitudes de ne rien lui renvoyer en pleine face.
- Toi…
- Tais-toi, Abby…
- Toi, tu penses encore à lui, j’ai raison ?
Je n’avais rien répondu, j’avais juste pris ma tête de gamine boudeuse, les joues gonflées, et j’avais repris ma bataille avec ma préparation de pâte. Abby était venue se mettre devant le plan, montant sur un escabeau pour se mettre à ma hauteur avec son grand sourire moqueur.
- LA grande Vany qui craque ! Il a fait chavirer le cœur de la mangeuse d’hommes !
- Arrête donc de dire des stupidités !
Et elle n’eut pour toute autre réponse qu’une grosse poignée de farine jetée en pleine tête avant que, finalement, nous rigolions de bon cœur.
Ramenant mes pensées à l’instant présent, je porte mon regard dans ses perles de glace.
- Tu en as beaucoup sur le cœur… J’aimerais vraiment pouvoir te soulager…
Même si je pense qu’il n’existe pas de remède miracle à l’horreur de ce monde.
- Je…
Et pourtant, je ne savais pas quoi dire… Je n’avais jamais été confrontée à des situations semblables aux siennes et je ne me voyais pas prétendre comprendre ce qu’il ressentait… Je ne pouvais qu’imaginer la douleur qu’il vivait et qu’il avait vécue… Je ne pouvais qu’effleurer du bout des doigts son désarroi face à son nouveau rôle dont il était affublé et dont il n’avait pas conscience il y a une année de cela.
Et si déjà rien que ce point m’effraie, je n’ose pas imaginer comment, en son for intérieur, il est remué. À sa place, je serais complètement paniquée… horriblement terrifiée… Probablement même dégoûtée. À cette pensée, j’ai une sueur froide qui me traverse toute la colonne et jusqu’à la pointe de la queue. Je remercie les astres de m’avoir épargnée au moins sur ce point… J’aurais pu… Tant et tellement de fois… Mue par cette même sombre pensée, ma main libre vient se poser sur mon bas-ventre comme un réflexe tandis que mon nez se lève en direction du ciel et que mes lèvres s’étirent et se crispent.
Je finis par lâcher un soupir alors que je cherche encore mes mots, le museau toujours levé.
- Il y a des jours, comme aujourd’hui, où j’aimerais, comme toi, pouvoir tout changer.
Redescendant mes pupilles pour les poser sur l’eau qui coule à son rythme, je reprends, gardant un timbre de voix qui se veut doux.
- Parfois, j’aimerais même tout recommencer pour pouvoir tout réparer ou bien même empêcher le pire d’arriver…
Oui, empêcher le pire d’arriver… Mais avec des « Si » par ici et des « Mi » par là, on peut réécrire tout un univers… Et c’est sûrement pour cela qu’il est toujours extrêmement difficile d’accepter nos erreurs et les malheurs qui en découlent.
Un petit écart ou une erreur de jugement et c’est des années de remords… Du moins pour ceux qui ont un semblant d’humanité.
- Tu es si dur envers toi-même… Mais je comprends… enfin… je veux dire… que j’imagine ce qui t’ébranle et c’est effrayant… Bien trop pour un seul homme.
Et je m’en veux de ne pas pouvoir trouver des solutions à sa peine, de me retrouver démunie devant lui… Mais s’il se confie en ma présence, c’est sûrement que je l’aide déjà… Un peu, je l’espère.
Mes doigts viennent s’emmêler délicatement aux siens comme une douce et discrète promesse que j’ai du mal à m’admettre, tandis que mes yeux se perdent encore dans l’eau qui s’écoule sous ce pont.
- Je suis désolée de ce qui t’es arrivé… Et j’aimerai t’aider… à affronter tout ça… Et puis, tu sais…
Je suis bien avec toi… Je m’étais pourtant promis que je ne retomberais plus jamais dans ce miel qui piège l’insecte qui ose l’expérience de goûter à ce mets sucré. Je m’étais promis que je ne prendrais que ce que je souhaitais chez les hommes et que je rejetterais aussitôt acquis… Et c’est idiot, parce que je suis bien la dernière à m’en être rendu compte… Même Pop, qui ne remarque habituellement rien, s’en est rendu compte.
La vie m’a pourtant bien montré à quel point c’est dans ce genre de moment qu’on se laisse avoir… Qu’on se laisse malmener. C’est dans les émotions du cœur que le pire arrive… Que nous sommes le plus fragile… Le plus malléable.
- Tu sais que tu peux compter sur moi…
Je resserre doucement l’étreinte de mes doigts sur les siens. On a l’air… ridicule sur ce pont, à regarder l’eau dans ce silence qui nous étreint. Dans ce reflet de l’eau qui nous renvoie nos deux têtes l’une à côté de l’autre. Je m’ose quand même à cette folie de laisser ma tête retomber doucement sur son épaule.
Il est beau, son regard me transperce et, malgré tout ce qu’il a vécu d’horrible, il arrive à être tendre et attentionné… Je me sens étonnamment en sécurité dans ses bras… Et il ne me voit pas comme un vulgaire bout de viande ou un vulgaire trophée, non. Il me voit moi, Vany, joueuse petite dragonne rouge qui affronte la vie comme elle vient, comme elle peut. Et aujourd’hui, j’aimerais l’aider à surmonter cette tornade qu’il traverse… Sans savoir comment m’y prendre.
Poussée par un autre petit élan de folie du cœur, je me surprends à me rapprocher de lui et passer l’un de ses bras autour de mes épaules.
Je me rassure sur un point, ma présence lui fait du bien et c’est déjà un bon début… Je finis par casser ce silence beaucoup trop long et même presque pesant.
- Tu es une bonne personne, Kieran… Tu es quelqu’un de bon et tu ne t’en rends pas compte… Quelqu’un de terriblement torturé… Que la vie n’a pas épargné.
Il y a un côté pratique à avoir des écailles rouges… C’est qu’il est plus difficile de voir si mes pommettes s’empourprent et, à cet instant précis, j’avoue que ça m’arrange grandement.
- Tu es même… Séduisant…
Mes pensées vont se perdre à quelques souvenirs avec une Abby qui, écrasant d’un coup sec la pointe de ma queue, m’avait ramenée au présent en m’arrachant un cri de douleur avant que je ne me retourne vers elle, toute flamme dehors.
- Espèce de SALE GARCE !
Elle n’avait pas bronché d’un centimètre. Elle sait bien que je ne lui ferai jamais de mal même si, les rares disputes qu’on peut avoir, peuvent être violentes.
- Ça fait CINQ minutes que je t’appelle ! Cinq PUTAIN de minutes ! Alors que t’es là, accoudée sur le plan de travail à rêvasser de je ne sais quoi ! GROGNASSE DE CONNE !
Pour une fois, je n’avais pas répondu et lui avais tourné le dos pour retourner à ma préparation. Elle avait levé un sourcil, ce n’était pas dans mes habitudes de ne rien lui renvoyer en pleine face.
- Toi…
- Tais-toi, Abby…
- Toi, tu penses encore à lui, j’ai raison ?
Je n’avais rien répondu, j’avais juste pris ma tête de gamine boudeuse, les joues gonflées, et j’avais repris ma bataille avec ma préparation de pâte. Abby était venue se mettre devant le plan, montant sur un escabeau pour se mettre à ma hauteur avec son grand sourire moqueur.
- LA grande Vany qui craque ! Il a fait chavirer le cœur de la mangeuse d’hommes !
- Arrête donc de dire des stupidités !
Et elle n’eut pour toute autre réponse qu’une grosse poignée de farine jetée en pleine tête avant que, finalement, nous rigolions de bon cœur.
Ramenant mes pensées à l’instant présent, je porte mon regard dans ses perles de glace.
- Tu en as beaucoup sur le cœur… J’aimerais vraiment pouvoir te soulager…
Même si je pense qu’il n’existe pas de remède miracle à l’horreur de ce monde.
Fight so dirty, but you love so sweet
Talk so pretty, but your heart got teeth
Late night devil, put your hands on me
And never, never, never ever let go
Talk so pretty, but your heart got teeth
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Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
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Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
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Le poids de ses mots se pose sur moi comme une couverture d'un soir d'hiver, lourde, chaude, et pourtant je ne sais pas si j’ai le droit de m'y reposer. J’ai longtemps cru que j’étais seul avec ce fardeau, avec ces démons. Je sais même pas par où commencer pour lui faire comprendre ce que ça signifie vraiment, de rester. Elle a pas idée de ce que c’est que de vivre avec le poids des morts qu’on a laissés derrière soi. Les vivants, encore pire, ceux qu’on a abandonnés, et pire encore quand ils reviennent, juste assez pour qu’on doive les tuer de nos mains.
Pourtant, elle fait son maximum de comprendre, son maximum pour être présente, son maximum pour me soutenir. Je tourne mon regard vers elle, plus franc qu’avant, laissant mes mots tomber l’un après l’autre, comme des pierres sur le sol.
« Je ne voulais pas que tu entendes tout ça. »
Je ferme les yeux un instant, me laissant aller à cette douceur qu’elle m’offre sans rien demander en retour. Un silence passe avant que je n’ouvre enfin la bouche, le regard fixé sur un point invisible dans le lointain.
« Mais... T'as raison… C’est bien trop. Pour n'importe qui. » Les mots s’échappent, amers, incrustés de cette douleur qui ne s’éteint jamais vraiment, juste cachée derrière le poids des années.
Sa dernière phrase résonne en moi, m’atteint quelque part où la lumière, d’habitude, n’a plus de prise.
« Une bonne personne… ? », je murmure, l’amertume rendant ma voix presque rauque.
Difficile de se voir comme une personne. Ma mère me dit que je ne suis pas une mauvaise personne, simplement une bonne personne à qui il est arrivé de mauvaises choses. Difficile de ne pas culpabiliser quand même, difficile de ne pas oublier l'agonie de Roman, difficile d'admettre qu'on a fuit pour sauver sa vie. D'avoir quitté ses terres. De n'avoir rien pu faire, et d'observer, impuissant les gens qu'on aiment crever sur le sable. Je sens son regard, perçant, franc, poser sur moi cette tendresse qui ne faiblit pas. Elle n’a jamais eu besoin de mots pour me comprendre, et aujourd’hui, je me dis que peut-être, c’est ça, ma plus grande faiblesse : il existe quelqu’un comme elle, capable de lire au travers de moi, de trouver, sous l’épave que je suis, un homme qui, malgré tout, mérite encore quelque chose. Mieux que ça, elle trouve le moyen de me voir comme un Drakyn séduisant.
Ces seuls mots viennent embraser quelque chose en moi. Ma bouche va hésiter plusieurs secondes à s'ouvrir.
« Et tu es... magnifique. »
Je serre sa main, fort, comme si c’était la seule chose qui me retenait en vie, et pourtant je sais que ce n’est pas juste de la gratitude, mais autre chose qui me lie ici, à elle. Elle penche la tête contre mon épaule, et pour la première fois depuis bien longtemps, un moment, doux et apaisant. Ses mots me reviennent, et ce simple « Tu peux compter sur moi » pèse lourd. Terriblement lourd.
Un soupir s’échappe de moi, et cette fois, j’y perçois presque une once de soulagement. Elle m’a rappelé que, parfois, il suffit de rester, de s’asseoir à côté de quelqu’un, sans promesse de réparer le monde, juste… là, ensemble. Mon bras autour de ses épaules, je me surprends à resserrer l'étreinte, et m'assurer qu'elle reste près de moi comme elle ne l'a jamais été auparavant.
« Il y a bien une façon de soulager nos plaies, nos douleurs, nos tourments... »
Le silence s'étire entre nous, aussi dense et immobile que l’eau sous le pont, et je ne sais pas exactement quand ça devient insupportable, mais d’un coup, ce besoin de briser cette distance, de lui prouver autre chose que mes foutus mots, me prend comme une vague. Elle est là, sa tête contre mon épaule, immobile, et moi, je peux pas rester sans bouger.
Doucement, je relève son visage vers le mien. Elle ne recule pas, et son regard me fixe, profond, brûlant d’une lueur que je n’avais encore jamais vue. Ses pupilles, deux éclats d’or , dansent et me sondent, comme si elle cherchait à voir au-delà du guerrier, du Prévôt, pour toucher celui que j’ai enfoui bien trop profondément.
Ma main se pose sur sa joue, une caresse que je ne pensais pas capable de donner. Mon pouce griffu effleure son visage, sentant la chaleur de sa peau, et je me penche, lentement, comme pour lui laisser le choix de reculer, de partir si elle veut.
Et là, seulement à ce moment là, mes lèvres se posent sur les siennes. Un baiser d’abord prudent, presque hésitant, mais qui se fait plus affirmé. Ce baiser, c’est la promesse que je n’ai jamais pu faire, l’engagement que je fuis depuis des années, et pourtant, là, maintenant, tout ce qui importe, c’est elle. Juste elle, le feu sous ses écailles rouges, et cette tendresse qui me consume plus sûrement que les ombres du Razkaal.
Je m’écarte doucement, juste assez pour plonger de nouveau mon regard dans le sien. Les mots me manquent, mais je sens que quelque chose a changé, comme si ce moment, si simple et pourtant déchirant, avait fait fondre une part de la glace que j’avais forgée autour de moi.
« Tu veux bien rester avec moi.. Aujourd'hui ? ... Ce soir...? »
Ne pars pas, je t'en prie.
Pourtant, elle fait son maximum de comprendre, son maximum pour être présente, son maximum pour me soutenir. Je tourne mon regard vers elle, plus franc qu’avant, laissant mes mots tomber l’un après l’autre, comme des pierres sur le sol.
« Je ne voulais pas que tu entendes tout ça. »
Je ferme les yeux un instant, me laissant aller à cette douceur qu’elle m’offre sans rien demander en retour. Un silence passe avant que je n’ouvre enfin la bouche, le regard fixé sur un point invisible dans le lointain.
« Mais... T'as raison… C’est bien trop. Pour n'importe qui. » Les mots s’échappent, amers, incrustés de cette douleur qui ne s’éteint jamais vraiment, juste cachée derrière le poids des années.
Sa dernière phrase résonne en moi, m’atteint quelque part où la lumière, d’habitude, n’a plus de prise.
« Une bonne personne… ? », je murmure, l’amertume rendant ma voix presque rauque.
Difficile de se voir comme une personne. Ma mère me dit que je ne suis pas une mauvaise personne, simplement une bonne personne à qui il est arrivé de mauvaises choses. Difficile de ne pas culpabiliser quand même, difficile de ne pas oublier l'agonie de Roman, difficile d'admettre qu'on a fuit pour sauver sa vie. D'avoir quitté ses terres. De n'avoir rien pu faire, et d'observer, impuissant les gens qu'on aiment crever sur le sable. Je sens son regard, perçant, franc, poser sur moi cette tendresse qui ne faiblit pas. Elle n’a jamais eu besoin de mots pour me comprendre, et aujourd’hui, je me dis que peut-être, c’est ça, ma plus grande faiblesse : il existe quelqu’un comme elle, capable de lire au travers de moi, de trouver, sous l’épave que je suis, un homme qui, malgré tout, mérite encore quelque chose. Mieux que ça, elle trouve le moyen de me voir comme un Drakyn séduisant.
Ces seuls mots viennent embraser quelque chose en moi. Ma bouche va hésiter plusieurs secondes à s'ouvrir.
« Et tu es... magnifique. »
Je serre sa main, fort, comme si c’était la seule chose qui me retenait en vie, et pourtant je sais que ce n’est pas juste de la gratitude, mais autre chose qui me lie ici, à elle. Elle penche la tête contre mon épaule, et pour la première fois depuis bien longtemps, un moment, doux et apaisant. Ses mots me reviennent, et ce simple « Tu peux compter sur moi » pèse lourd. Terriblement lourd.
Un soupir s’échappe de moi, et cette fois, j’y perçois presque une once de soulagement. Elle m’a rappelé que, parfois, il suffit de rester, de s’asseoir à côté de quelqu’un, sans promesse de réparer le monde, juste… là, ensemble. Mon bras autour de ses épaules, je me surprends à resserrer l'étreinte, et m'assurer qu'elle reste près de moi comme elle ne l'a jamais été auparavant.
« Il y a bien une façon de soulager nos plaies, nos douleurs, nos tourments... »
Le silence s'étire entre nous, aussi dense et immobile que l’eau sous le pont, et je ne sais pas exactement quand ça devient insupportable, mais d’un coup, ce besoin de briser cette distance, de lui prouver autre chose que mes foutus mots, me prend comme une vague. Elle est là, sa tête contre mon épaule, immobile, et moi, je peux pas rester sans bouger.
Doucement, je relève son visage vers le mien. Elle ne recule pas, et son regard me fixe, profond, brûlant d’une lueur que je n’avais encore jamais vue. Ses pupilles, deux éclats d’or , dansent et me sondent, comme si elle cherchait à voir au-delà du guerrier, du Prévôt, pour toucher celui que j’ai enfoui bien trop profondément.
Ma main se pose sur sa joue, une caresse que je ne pensais pas capable de donner. Mon pouce griffu effleure son visage, sentant la chaleur de sa peau, et je me penche, lentement, comme pour lui laisser le choix de reculer, de partir si elle veut.
Et là, seulement à ce moment là, mes lèvres se posent sur les siennes. Un baiser d’abord prudent, presque hésitant, mais qui se fait plus affirmé. Ce baiser, c’est la promesse que je n’ai jamais pu faire, l’engagement que je fuis depuis des années, et pourtant, là, maintenant, tout ce qui importe, c’est elle. Juste elle, le feu sous ses écailles rouges, et cette tendresse qui me consume plus sûrement que les ombres du Razkaal.
Je m’écarte doucement, juste assez pour plonger de nouveau mon regard dans le sien. Les mots me manquent, mais je sens que quelque chose a changé, comme si ce moment, si simple et pourtant déchirant, avait fait fondre une part de la glace que j’avais forgée autour de moi.
« Tu veux bien rester avec moi.. Aujourd'hui ? ... Ce soir...? »
Ne pars pas, je t'en prie.
Citoyen de La République
Vanay Vyldrithe
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Vocation: Guerrier assassin
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Il y a bien des manières de rendre un moment beaucoup plus agréable, il y a bien des manières d’exprimer des émotions et des sentiments. Je suis restée muette, ma voix emportée, enlevée même, par l’émotion de l’instant. De cet instant précisément. La douceur de sa main sur mon visage, qu’il relève légèrement. Ses yeux transperçant les miens, ses iris couleur d’un océan glacé dans lequel je me plonge, où je me perds et même où je me noie avec beaucoup d’envie et de douceur. Une attente infiniment trop longue, laissant le temps à mon visage de s’accorder à la couleur de mes écailles. Un temps si long et pourtant si court, il ne s’est écoulé pourtant que quelques secondes avant qu’il pose, enfin, ses lèvres tant désirées sur les miennes. Mes paupières se ferment, doucement, profitant de cet instant que je n’ai pas envie de voir se terminer et qui me sera tout de même enlevé le temps d’une question. Une simple demande qui me fait comprendre toute l’ampleur, pourtant si petite à l’échelle d’un homme, de ce que je viens d’accepter avec ce simple baiser.
Mes paupières s’ouvrent à nouveau, lentement, et mes yeux sont une nouvelle fois captés par son regard bleu azur.
J’avais plongé les deux pieds dans ce miel qui ravage le cœur et l’esprit. Ce parfum qui attire les papillons frivoles tels que moi et qui les emprisonne dans une bulle de verre. Un joli piège, parfois fatal pour les esprits rêveurs qui ont la malchance de tomber dans la toile tissée magnifiquement et perlée de gouttes couleur rubis.
J’avais accepté, d’un simple baiser, des sentiments qui avaient commencé à poindre à notre première rencontre. Sentiments qui me font, étonnamment, peur… Des sentiments en lesquels j’ai peur d’avoir confiance et me voir, une nouvelle fois, bernée par des doux mots qui bercent le cœur dans une délicieuse illusion remplie de douleur.
Peur de redevenir cet agneau qui demande pardon d’avoir mis trop de temps à offrir son cou.
Peur de redevenir cette femme, condamnée par la terreur, à subir cet ouragan de douleur qui marque le corps et fragilise le cœur.
Ce serait me voiler la face que de renier ce qu’il y a, là, et qui tiraille mon cœur pendant que mon esprit se morfond dans le passé en ramenant à ma mémoire les séquelles qui ont fragilisé mon esprit tout en marquant ma peau à vie.
Cette peur de faire confiance à ce sentiment qui m’a si durement trahie et punie de mon ignorance…
De mon innocence.
J’éloigne doucement mon visage du sien, un sourire triste prenant gentiment place sur mes lèvres avant que je ne vienne poser mon front contre son torse à hauteur de son cœur. Une main timide vient tirer doucement un bout de sa chemise et, dans un murmure timide presque peureux, une question qui en dit peut-être un peu trop sur moi et mon passé.
- Si… si j’accepte…
Ils ont… ça en commun d’être capables de me rendre toute petite dans leurs bras et, bien malgré moi, j’aime ça… j’aime cette… sensation de sécurité… qui m’avait pourtant emprisonnée douloureusement comme un piège à loup qui se referme sur la jambe d’une brebis égarée et innocente.
Ma voix est tremblante et j’ai la gorge qui se noue, rendant ma réponse plus difficile à sortir.
- Iras-tu… me blesser ?
Alors, comme pour me rassurer, j'ai posé cette question. Ce n'était pas de lui que ma confiance se méfiait mais bien de mes propres sentiments qui m'avaient trahie et mise à mal. Emprisonnée dans les griffes d'un loup.
Alors, par nature, et même si, de ses bras, j'en ai très envie, je ne peux ignorer cette méfiance qui vient s'immiscer dans cette affaire de cœur. Je ne pouvais pas ignorer ma tête qui, enchaînée à ce passé depuis trop longtemps ancré dans ma peau, s'alerte à ce qui fut un temps une prison faussement dorée.
J'avais pourtant déjà cédé à ses bras une première fois, non sans me poser des dizaines de questions, mais l'instant avait été si simple, si doux que mes pensées, mauvaises amies et conseillères qu'elles sont, n'avaient pu arrêter la continuité de ce moment.
- Tu... me plais c’est un fait... mais la vie... m’a appris à me méfier de... ce sentiment qui…
Je ne veux pas qu'il parte et une partie de moi continuait d'hurler cette promesse que je m'étais faite il y a bien des années de cela.
- Ce sentiment qui est... parfois trompeur…
Illusion de son deuxième prénom. Ce sentiment qui peine à être nommé mais frôle les lèvres quand le cœur chavire et qu'il souhaite battre à tout rompre.
Je me redresse légèrement, posant mon regard d'or sur le ciel bleu, me rappelant ses iris.
- Je ne me méfie pas des tiens, mais bien des miens qui m’ont punie douloureusement d’avoir osé laisser le cœur parler à la place de ma tête. D’avoir osé laisser, une fois, l’innocence prendre le contrôle et de m’être laissée faire captive de celui qui devait être… un prince charmant.
Un léger vent se lève et vient balayer ma chevelure rousse avant que je vienne, d’une main, replacer mes mèches rebelles et que mes yeux finissent par retomber sur mon avant-bras. Et, comme un réflexe, ma main libre viendra se poser sur ce bras pour sentir ces cicatrices marquées à jamais dans ma peau.
- Alors, j’avoue… j’ai un léger sentiment de peur… mais j’ai…
Envie d’essayer… une nouvelle fois.
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Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
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C’était beaucoup à entendre. Beaucoup à accepter, surtout venant d’elle. Ses mots, ses silences, le poids qu’elle portait sur ses épaules fines. Chaque phrase était une claque, mais pas de celles qu’on cherche à éviter. Non, c’était comme un coup qui réveillait quelque chose que j’avais trop longtemps enfoui, sous des tonnes de culpabilité et de solitude. Je l’écoutais parler de ses peurs, de ses doutes. Des fantômes qui dansaient dans son esprit, de ce passé qui lui avait laissé des cicatrices. Pas juste sur son corps, mais dans son âme. Et bon sang, je voulais les chasser, un par un, ces foutus spectres. Mais c’est pas comme ça que ça marche. Pas avec des gens comme elle. Pas avec des gens comme moi.
Elle parlait de méfiance, d’un sentiment qui l’avait trahie. Une méfiance qu’elle avait dirigée contre elle-même, parce qu’elle avait laissé son cœur parler à une époque où il aurait fallu qu’elle le muselle. J’ai senti cette boule dans ma gorge se durcir. Pas de colère, non. Pas contre elle. Contre ceux qui lui avaient fait ça. Contre moi aussi, un peu. Parce que je savais que je n’étais pas l’homme le plus sûr, le plus stable. Pas celui qu’elle méritait.
Et quand elle a parlé de cette peur, cette foutue peur, j’ai eu envie de la couper, de la rassurer, mais quelque chose m’a retenu. Peut-être le ton dans sa voix, ou ce regard d’or qu’elle a levé vers le ciel, comme si elle cherchait une réponse parmi les nuages.
Je n’ai pas bougé tout de suite. Je me suis contenté de respirer, d’encaisser. Parce qu’elle ne cherchait pas un héros. Elle n’avait pas besoin d’un homme qui promet monts et merveilles. Elle avait besoin de quelqu’un qui sache être là. Juste là.
« Je comprends. » Que je finis par dire, ma voix rauque, basse, presque un murmure. « Ce sentiment… il peut te trahir, oui. Il peut te détruire. Mais parfois, il te sauve aussi. »
Je me suis arrêté, parce que ce que je disais sonnait comme un cliché. Et je déteste ça, les clichés. Mais c’était la vérité.
« Si tu as peur, je peux attendre. Si tu veux essayer, je suis là. Mais sache une chose, Vany… »
Je me suis tourné légèrement, cherchant ses yeux comme on cherche un phare dans une tempête.
« Je ne suis pas là pour te briser. Pas toi. Je ne l'ai pas fait au Reike, je ne l'ai pas fait quand on s'est revu, je ne le ferais pas maintenant, je ne le ferais pas demain, et je ne le ferais à aucun autre moment de ma vie. »
Et à cet instant, tout le reste m’a semblé dérisoire. Les cauchemars, les regrets, cette foutue de culpabilité. C’était là, bien sûr. Ça faisait partie de moi. Mais ça ne définissait pas ce que je voulais être pour elle. Pas ce matin, pas maintenant. Mes mâchoires se serrent, un double battant de chair et d'os qui a du mal à lâcher les mots que je m'apprête à souffler.
« J'ai peur aussi, tu sais. Certes, pas pour les mêmes raisons. Juste... La peur de tout gâcher, la peur... de te perdre. »
Mes yeux ont cherché les siens, ce regard d’or qui semblait toujours sur le fil entre défi et fragilité.
« Je ne te demande pas de me faire confiance tout de suite. Ni même de t’abandonner à ce que tu ressens. Mais je veux que tu saches… »
Je me suis arrêté, cherchant à calmer cette tension qui montait dans ma poitrine.
« Je n’ai aucune envie de te faire du mal. Ce n’est pas pour ça que je suis là. »
Ça ne ressemblait peut-être pas à une déclaration flamboyante, mais c’était tout ce que j’avais. Pas des promesses, pas des illusions. Je ne fais que parler qu'avec tout ce que j'ai...
...Et tout ce que je suis.
Elle parlait de méfiance, d’un sentiment qui l’avait trahie. Une méfiance qu’elle avait dirigée contre elle-même, parce qu’elle avait laissé son cœur parler à une époque où il aurait fallu qu’elle le muselle. J’ai senti cette boule dans ma gorge se durcir. Pas de colère, non. Pas contre elle. Contre ceux qui lui avaient fait ça. Contre moi aussi, un peu. Parce que je savais que je n’étais pas l’homme le plus sûr, le plus stable. Pas celui qu’elle méritait.
Et quand elle a parlé de cette peur, cette foutue peur, j’ai eu envie de la couper, de la rassurer, mais quelque chose m’a retenu. Peut-être le ton dans sa voix, ou ce regard d’or qu’elle a levé vers le ciel, comme si elle cherchait une réponse parmi les nuages.
Je n’ai pas bougé tout de suite. Je me suis contenté de respirer, d’encaisser. Parce qu’elle ne cherchait pas un héros. Elle n’avait pas besoin d’un homme qui promet monts et merveilles. Elle avait besoin de quelqu’un qui sache être là. Juste là.
« Je comprends. » Que je finis par dire, ma voix rauque, basse, presque un murmure. « Ce sentiment… il peut te trahir, oui. Il peut te détruire. Mais parfois, il te sauve aussi. »
Je me suis arrêté, parce que ce que je disais sonnait comme un cliché. Et je déteste ça, les clichés. Mais c’était la vérité.
« Si tu as peur, je peux attendre. Si tu veux essayer, je suis là. Mais sache une chose, Vany… »
Je me suis tourné légèrement, cherchant ses yeux comme on cherche un phare dans une tempête.
« Je ne suis pas là pour te briser. Pas toi. Je ne l'ai pas fait au Reike, je ne l'ai pas fait quand on s'est revu, je ne le ferais pas maintenant, je ne le ferais pas demain, et je ne le ferais à aucun autre moment de ma vie. »
Et à cet instant, tout le reste m’a semblé dérisoire. Les cauchemars, les regrets, cette foutue de culpabilité. C’était là, bien sûr. Ça faisait partie de moi. Mais ça ne définissait pas ce que je voulais être pour elle. Pas ce matin, pas maintenant. Mes mâchoires se serrent, un double battant de chair et d'os qui a du mal à lâcher les mots que je m'apprête à souffler.
« J'ai peur aussi, tu sais. Certes, pas pour les mêmes raisons. Juste... La peur de tout gâcher, la peur... de te perdre. »
Mes yeux ont cherché les siens, ce regard d’or qui semblait toujours sur le fil entre défi et fragilité.
« Je ne te demande pas de me faire confiance tout de suite. Ni même de t’abandonner à ce que tu ressens. Mais je veux que tu saches… »
Je me suis arrêté, cherchant à calmer cette tension qui montait dans ma poitrine.
« Je n’ai aucune envie de te faire du mal. Ce n’est pas pour ça que je suis là. »
Ça ne ressemblait peut-être pas à une déclaration flamboyante, mais c’était tout ce que j’avais. Pas des promesses, pas des illusions. Je ne fais que parler qu'avec tout ce que j'ai...
...Et tout ce que je suis.
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Vanay Vyldrithe
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Tu es de ces filles qui ont vécu le pire, mais qui, au lieu de prendre le temps de se soigner, foncent en avant, les plaies béantes... Comme si jamais rien n’était arrivé. Tu occultes le mal qui t’a été fait en journée et pleures la nuit sur ton sort.
Tu es de ces filles qui, les pieds en sang et les jambes tailladées, continuent de danser sans jamais s’arrêter, jusqu’à l’épuisement.
Et quand c’est là, tu réponds simplement « c’est rien » avec le sourire, parce que pour toi, rien ne sert de pleurer, même si ça te soulagerait.
Et à trop jouer sur ce fil, tu vas finir par te faire mal… Plus que tu ne le penses.
Molly avait raison… Molly a toujours raison, de toute façon. Et je me retrouve dans cette situation où je suis en train de me dire que tout est tellement plus simple quand il s’agit de juste s’envoyer en l’air avec un parfait inconnu… De simplement laisser parler les besoins primaux et d’oublier tout le reste. Que tout paraît plus simple quand l’alcool coule plus dans mes veines que dans le verre.
Et là, tout est plus compliqué. Il n’y a plus de Vany grande – petite – Drakyn qui sort les crocs pour mordre, mais bien une toute petite Vanay qui se sent perdue et qui, si ce n’était pas ridicule, aurait les deux index qui se toucheraient presque nerveusement dans un grand sentiment de gêne et d’inconfort.
Parce que Vanay n’a jamais appris ce qu’était une vraie relation… Ou plutôt une relation saine entre deux personnes qui s’attirent. J’ai eu droit au côté cauchemardesque de ce genre d’histoire. Celles que beaucoup pensent ne jamais vivre ou trouvent bien trop grosses pour être vraies. Entre ceux qui nient et ceux qui accusent de mentir… Comment faire autrement que d’avancer avec les plaies béantes, tout en gardant un sourire constant sur un visage qui pleure intérieurement ?
En tout cas, Vanay, ici présente, a bien le visage rouge pivoine et je ne sais plus où me mettre… Ni comment je devrais agir… Ou même si je le dois.
- Je….
Je lâche un long soupir. Je me sens ridicule d’être autant prise au dépourvu par une situation pourtant tellement lambda.
- On est vraiment… Deux grands idiots malmenés par la vie… Et qui ont du mal à faire autrement que de broyer du noir…
Faut aussi dire qu’elle ne nous a pas beaucoup appris à faire autrement, cette foutue vie. Les astres doivent bien rire à nous voir essayer de nous en sortir du mieux qu’on peut, tout en continuant de nous tendre des pièges ici et là… Parce qu’il faut bien qu’on leur serve à quelque chose.
Je sens son regard me transpercer et je n’ai, pour seule réponse, qu’une main qui vient se poser sur ses yeux, comme pour me donner le temps de reprendre un peu de ma contenance, qui se morcelle à chaque fois qu’il me regarde avec cette intensité. Le silence s’installe quelques secondes, suffisamment pour me donner la sensation qu’une éternité s’est écoulée.
Un sourire vient doucement prendre place sur mon visage, qui garde toujours son éclat rouge. Ma main, qui cache ses yeux, va se glisser en une caresse sur sa joue. Mes iris, elles, se replongent dans son regard. Ma voix bégaye presque, hésitante.
- J… J’aime beaucoup… Ce que tu m’offres, et… Je veux essayer.
Je me sens d’autant plus ridicule quand je ne suis pas capable d’aligner deux mots sans bégayer. Je ne suis pourtant pas une personne d’un naturel pudique et pourtant, là… Je secoue la tête pour chasser toute cette stupide gêne qui n’a pas lieu d’être ici, avant de venir poser mes lèvres contre les siennes quelques secondes et de reprendre, sur un ton plus assuré.
- Je disais donc, oui, j’ai envie d’essayer et de voir où les Astres nous mènent dans cette relation.
Pour peu que ce ne soit pas une autre de leurs blagues.
- Et je veux bien passer la journée avec toi… Et la soirée… Aussi. Et si tu as faim, je connais une bonne adresse.
Parce que l’humour me permet souvent de dédramatiser.
- Le seul problème, c’est que la vieille risque de me passer un savon… Mais si tu veux qu’on aille ailleurs… Je te suis.
Je me sens tout bonnement ridicule… J’irais me cacher si je le pouvais…
Tu es de ces filles qui, les pieds en sang et les jambes tailladées, continuent de danser sans jamais s’arrêter, jusqu’à l’épuisement.
Et quand c’est là, tu réponds simplement « c’est rien » avec le sourire, parce que pour toi, rien ne sert de pleurer, même si ça te soulagerait.
Et à trop jouer sur ce fil, tu vas finir par te faire mal… Plus que tu ne le penses.
Molly avait raison… Molly a toujours raison, de toute façon. Et je me retrouve dans cette situation où je suis en train de me dire que tout est tellement plus simple quand il s’agit de juste s’envoyer en l’air avec un parfait inconnu… De simplement laisser parler les besoins primaux et d’oublier tout le reste. Que tout paraît plus simple quand l’alcool coule plus dans mes veines que dans le verre.
Et là, tout est plus compliqué. Il n’y a plus de Vany grande – petite – Drakyn qui sort les crocs pour mordre, mais bien une toute petite Vanay qui se sent perdue et qui, si ce n’était pas ridicule, aurait les deux index qui se toucheraient presque nerveusement dans un grand sentiment de gêne et d’inconfort.
Parce que Vanay n’a jamais appris ce qu’était une vraie relation… Ou plutôt une relation saine entre deux personnes qui s’attirent. J’ai eu droit au côté cauchemardesque de ce genre d’histoire. Celles que beaucoup pensent ne jamais vivre ou trouvent bien trop grosses pour être vraies. Entre ceux qui nient et ceux qui accusent de mentir… Comment faire autrement que d’avancer avec les plaies béantes, tout en gardant un sourire constant sur un visage qui pleure intérieurement ?
En tout cas, Vanay, ici présente, a bien le visage rouge pivoine et je ne sais plus où me mettre… Ni comment je devrais agir… Ou même si je le dois.
- Je….
Je lâche un long soupir. Je me sens ridicule d’être autant prise au dépourvu par une situation pourtant tellement lambda.
- On est vraiment… Deux grands idiots malmenés par la vie… Et qui ont du mal à faire autrement que de broyer du noir…
Faut aussi dire qu’elle ne nous a pas beaucoup appris à faire autrement, cette foutue vie. Les astres doivent bien rire à nous voir essayer de nous en sortir du mieux qu’on peut, tout en continuant de nous tendre des pièges ici et là… Parce qu’il faut bien qu’on leur serve à quelque chose.
Je sens son regard me transpercer et je n’ai, pour seule réponse, qu’une main qui vient se poser sur ses yeux, comme pour me donner le temps de reprendre un peu de ma contenance, qui se morcelle à chaque fois qu’il me regarde avec cette intensité. Le silence s’installe quelques secondes, suffisamment pour me donner la sensation qu’une éternité s’est écoulée.
Un sourire vient doucement prendre place sur mon visage, qui garde toujours son éclat rouge. Ma main, qui cache ses yeux, va se glisser en une caresse sur sa joue. Mes iris, elles, se replongent dans son regard. Ma voix bégaye presque, hésitante.
- J… J’aime beaucoup… Ce que tu m’offres, et… Je veux essayer.
Je me sens d’autant plus ridicule quand je ne suis pas capable d’aligner deux mots sans bégayer. Je ne suis pourtant pas une personne d’un naturel pudique et pourtant, là… Je secoue la tête pour chasser toute cette stupide gêne qui n’a pas lieu d’être ici, avant de venir poser mes lèvres contre les siennes quelques secondes et de reprendre, sur un ton plus assuré.
- Je disais donc, oui, j’ai envie d’essayer et de voir où les Astres nous mènent dans cette relation.
Pour peu que ce ne soit pas une autre de leurs blagues.
- Et je veux bien passer la journée avec toi… Et la soirée… Aussi. Et si tu as faim, je connais une bonne adresse.
Parce que l’humour me permet souvent de dédramatiser.
- Le seul problème, c’est que la vieille risque de me passer un savon… Mais si tu veux qu’on aille ailleurs… Je te suis.
Je me sens tout bonnement ridicule… J’irais me cacher si je le pouvais…
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