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Noble de La République
Hélénaïs de Casteille
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La route était longue et Hélénaïs avait l’impression qu’elle n’avait pas de fin. Tout comme son départ du domaine. Elle qui avait promis que son absence ne serait que d’un jour, deux tout au plus, avait vu son séjour prolongé de plus de jours qu’elle n’aurait pu en prévoir. De toute façon, rien ne s’était passé comme elle l’avait cru et espéré. Pas même sa rencontre avec l’officier républicain, Pancrace Dosian. Si Zelevas avait toujours eu quelque chose à lui reprocher, c'était bien cette incapacité notoire qu’elle avait de mentir et de tromper. Au-delà du fait qu’elle détestait cela, elle peinait à en maîtriser l’art. Evidemment, elle n’était pas impotente au point de ne pas en être capable mais elle n’était pas aussi douée que nombre de ses pairs et préférait la franchise à la duplicité. Hélas, le monde dans lequel elle évoluait n’était fait que de dupes, de conspirations et de manipulations. Espérer instaurer des règles différentes, c’était comme vouloir remplir le désert d’eau avec un arrosoir. Alors elle avait courbé la tête pour entrer dans ce moule qu’elle avait si souvent méprisé. Un échec, ou pas loin. Voilà tout ce qu’elle avait obtenu et l’espoir ténu que le jeune homme trouve quelque chose d’intéressant qui puisse faire pencher la balance.
Un malheur n’arrivant jamais seul, elle s’était ensuite rendue à Courage pour défendre les droits des habitants des Bougeoirs en sa qualité de sénatrice humaniste. La tâche ne s’annonçait guère évidente, c’était un fait, encore moins dans une ville telle que celle d’Arès Wessex. Mais lors de leur unique rencontre, il lui avait paru si sensé et raisonnable que lorsqu’elle l’avait découvert sous ce nouveau jour une gifle en plein visage l’aurait moins surprise. Elle se souvenait encore de la haine qu’elle avait ressenti, dégoulinante, dans chacune de ses insultes. La manière dont il avait qualifié les réfugiés de violeurs et d’assassin, dont il avait proposé de les envoyer à Justice et Liberty comme s’il s’agissait de villes quelconque qui ne faisaient pas partie de sa propre patrie. Même elle, n’avait pas échappée à ses propos acerbes, pas plus qu’à la vilénie de ses pensées. Rien que d’y repenser, elle en bouillonnait. Elle qui était pourtant si prompte à pardonner et à comprendre, ne le ferait pas de sitôt.
De tout cela, elle ne retirait qu’une maigre satisfaction, celle d’avoir fait un peu avancer les choses. Elle revoyait encore le visage déçu d’Elyoré dans le regard d’Emérée et à chaque fois elle ressentait à nouveau cette impuissance. Ce qu’elles avaient remporté ce jour, n’était rien de plus qu’une bataille dérisoire. Elle ne savait pas exactement ce que Lucia prévoyait, ni ce qu’il adviendrait une fois Arès rétabli mais le combat des bougeoirs n’en était qu’à son commencement, hélas.
— Vous devriez vous reposer, ces derniers jours ont été…éprouvants. Lança la voix de sa suivante en face d’elle.
— Tout va bien, je réfléchis simplement à la suite des événements
Un silence hésitant suivit.
— Vous comptez vraiment confronter Falconi n’est-ce pas ?
Hélénaïs releva légèrement la tête, prête à répondre que c’était ce qu’elle avait prévu depuis le début.
— Je veux dire, reprit Emérée, — Vous entendez jouer à un jeu dangereux pour… Lui. Un assassin. Le ton employé était sans équivoque : du dégout.
— Nous avons déjà eut cette discussion, plus d’une fois. La finalité de celle-ci sera la même. Tiens tu vraiment à ce que nous nous disputions maintenant ?
— Vous ne comprenez pas ! S’étrangla la jeune femme. — Couvrir la fuite d’un fugitif n’était pas déjà suffisamment dangereux ? Même les limiers ont fini par venir jusqu’à nous. Combien de temps avant qu’ils ne flairent sa trace ?
— C’est pourquoi je me dois d’agir avant qu’ils n’y parviennent…
— Et si vous échouez, qu’adviendra-t-il de nous ?
— De moi, je ne sais pas. Probablement quelque chose de peu commode. De toi, sois sans crainte, je me suis occupée de tout. Si cette affaire venait à virer au fiasco, tu n’en seras pas inquiété.
Emérée se pinça l’arête du nez en pestant.
— Ce n’est pas pour moi que je suis inquiète. Sa voix était grinçante. — Falconi, si vous parvenez à vous jouer de lui, ne vous le pardonnera pas. Les risques que vous prenez pour cette… chose, sont trop élevés et le prix que le président vous fera payer, il n’en vaut pas la chandelle.
— Il ne te revient pas d’en décider… Soupira la sénatrice en redressant légèrement la tête.
— Si ! Bien sûr que si ! Explosa alors la jeune femme sans crier gare. — Deux ans que je suis à vos côtés ! Deux ans que chaque jour que les Titans font je travaille pour vous ! Vous m’avez appris à lire, à écrire et vous m’avez offert un foyer ainsi qu’un travail. Vous m’avez permis d’évoluer dans des sphères que je n’aurais jamais osé regarder si j’étais restée la petite fille de fermier que j’étais destinée à être. Vous êtes l’une des rares figures Républicaine qui n’a pas encore basculée dans la malversation, vous êtes droite et travailleuse. Vous êtes capable d’un amour infini autant que d’une efficacité redoutable. Si ce n’est pour moi, je refuse que la République vous perde !
Hélénaïs, bouche bée, fixait le regard vide un point en face d’elle, non loin de l’épaule de sa suivante. Laquelle avait les yeux rivés sur son vis-a-vis, sa poitrine se soulevant au rythme de sa respiration saccadée. Depuis qu’elle était entré au service des De Casteille et que la jeune femme avait fait d’elle son bras droit, sa vie avait complètement changé. Perdre tout ce qu’elle avait obtenu ainsi que son amie, c’était peu ou prou trop lui en demander. Mal à l’aise, elle gesticula sur son siège, le faisant grincer. Un silence lourd, cette fois, s’installa entre elles et bientôt on entendit rien de plus que le cliquetis irrégulier des roues sur le sol.
— Tu t’inquiètes trop. Dit enfin Hélénaïs en se fendant d’un sourire chaleureux. — Je ne suis pas si bonne que tu le prétends et pas si crédule. Aies confiance en moi et laisse moi suivre mon propre chemin, tout ira bien. Pour toi et pour moi, tu verras.
En réalité, elle n’en savait rien, n’était pas certaine de vouloir savoir. Tout ce dont elle était convaincu, c’était que sa décision était prise et qu’après avoir prit sous son aile Cécilia Genova et son acolyte, Didier, elle ne pouvait plus faire machine arrière. Il ne lui restait désormais plus qu’une option : avancer.
Le reste du trajet se passa dans un silence morne et Hélénaïs ne dormit pas. Le cahot de la route n’avait de cesse de la bercer mais ses inquiétudes l'empêchèrent de fermer l'œil. L’impatience aussi. Il lui manquait et d’une certaine façon, elle trouvait ce sentiment puéril. Digne d’une adolescente. Pourtant tel était le cas, elle n’avait envie que d’une chose : s’enfouir entre ses bras et les sentir se refermer autour d’elle comme un cocon auquel elle ne voulait échapper pour rien au monde.
Ce fut en début de soirée que leur fiacre gagna enfin l’entrée du Domaine et plusieurs minutes plus tard qu’ils se garèrent enfin devant le porche qui donnait sur la grande porte aux jolies moulures de bois et de fer. Si Hélénaïs ne pouvait voir sa maison de ses propres yeux, elle sentit néanmoins à quel point les choses avaient changé ici. Le ballet incessant des domestiques était désormais moindre et il y régnait bien souvent un étrange murmure comme si personne n’osait parler trop fort de peur d’être entendu. Il en allait toujours ainsi depuis l’arrivée d’Abraham en ces lieux et elle le déplorait tout en le comprenant parfaitement.
Délaissant ses affaires à son personnel, Emérée restant en retrait pour tout superviser. Hélénaïs se guida à l’aide de sa canne jusqu’à l’intérieur de la maison. Elle y trouva Vivianne, qui la débarrassa de sa pelisse et lui souffla qu’un bain l’attendait à l’étage. Un vrai plaisir après avoir passé des jours à courir en tous sens sans prendre le temps de respirer. Mais il y avait plus urgent. La remerciant poliment, elle se dirigea vers l’escalier, grimpa les marches rapidement et se dirigea vers sa chambre où elle entra après avoir frappé.
— Abraham ? Appela-t-elle sans chercher à le localiser avec son senseur, avant tout pour lui laisser sa propre intimité. Il lui sembla percevoir un son infime alors elle poursuivit : — Je suis désolée, ça a pris plus de temps que prévu. Les choses se sont avérés plus compliquées mais nos affaires… Avancent bien. Je crois. J’ai hâte de tout te raconter. Ses doigts se resserrèrent sur sa canne tandis qu’elle songeait, non sans amertume, que s’il ne se trouvait pas à portée d’oreille elle devait avoir l’air bien sotte.
Un malheur n’arrivant jamais seul, elle s’était ensuite rendue à Courage pour défendre les droits des habitants des Bougeoirs en sa qualité de sénatrice humaniste. La tâche ne s’annonçait guère évidente, c’était un fait, encore moins dans une ville telle que celle d’Arès Wessex. Mais lors de leur unique rencontre, il lui avait paru si sensé et raisonnable que lorsqu’elle l’avait découvert sous ce nouveau jour une gifle en plein visage l’aurait moins surprise. Elle se souvenait encore de la haine qu’elle avait ressenti, dégoulinante, dans chacune de ses insultes. La manière dont il avait qualifié les réfugiés de violeurs et d’assassin, dont il avait proposé de les envoyer à Justice et Liberty comme s’il s’agissait de villes quelconque qui ne faisaient pas partie de sa propre patrie. Même elle, n’avait pas échappée à ses propos acerbes, pas plus qu’à la vilénie de ses pensées. Rien que d’y repenser, elle en bouillonnait. Elle qui était pourtant si prompte à pardonner et à comprendre, ne le ferait pas de sitôt.
De tout cela, elle ne retirait qu’une maigre satisfaction, celle d’avoir fait un peu avancer les choses. Elle revoyait encore le visage déçu d’Elyoré dans le regard d’Emérée et à chaque fois elle ressentait à nouveau cette impuissance. Ce qu’elles avaient remporté ce jour, n’était rien de plus qu’une bataille dérisoire. Elle ne savait pas exactement ce que Lucia prévoyait, ni ce qu’il adviendrait une fois Arès rétabli mais le combat des bougeoirs n’en était qu’à son commencement, hélas.
— Vous devriez vous reposer, ces derniers jours ont été…éprouvants. Lança la voix de sa suivante en face d’elle.
— Tout va bien, je réfléchis simplement à la suite des événements
Un silence hésitant suivit.
— Vous comptez vraiment confronter Falconi n’est-ce pas ?
Hélénaïs releva légèrement la tête, prête à répondre que c’était ce qu’elle avait prévu depuis le début.
— Je veux dire, reprit Emérée, — Vous entendez jouer à un jeu dangereux pour… Lui. Un assassin. Le ton employé était sans équivoque : du dégout.
— Nous avons déjà eut cette discussion, plus d’une fois. La finalité de celle-ci sera la même. Tiens tu vraiment à ce que nous nous disputions maintenant ?
— Vous ne comprenez pas ! S’étrangla la jeune femme. — Couvrir la fuite d’un fugitif n’était pas déjà suffisamment dangereux ? Même les limiers ont fini par venir jusqu’à nous. Combien de temps avant qu’ils ne flairent sa trace ?
— C’est pourquoi je me dois d’agir avant qu’ils n’y parviennent…
— Et si vous échouez, qu’adviendra-t-il de nous ?
— De moi, je ne sais pas. Probablement quelque chose de peu commode. De toi, sois sans crainte, je me suis occupée de tout. Si cette affaire venait à virer au fiasco, tu n’en seras pas inquiété.
Emérée se pinça l’arête du nez en pestant.
— Ce n’est pas pour moi que je suis inquiète. Sa voix était grinçante. — Falconi, si vous parvenez à vous jouer de lui, ne vous le pardonnera pas. Les risques que vous prenez pour cette… chose, sont trop élevés et le prix que le président vous fera payer, il n’en vaut pas la chandelle.
— Il ne te revient pas d’en décider… Soupira la sénatrice en redressant légèrement la tête.
— Si ! Bien sûr que si ! Explosa alors la jeune femme sans crier gare. — Deux ans que je suis à vos côtés ! Deux ans que chaque jour que les Titans font je travaille pour vous ! Vous m’avez appris à lire, à écrire et vous m’avez offert un foyer ainsi qu’un travail. Vous m’avez permis d’évoluer dans des sphères que je n’aurais jamais osé regarder si j’étais restée la petite fille de fermier que j’étais destinée à être. Vous êtes l’une des rares figures Républicaine qui n’a pas encore basculée dans la malversation, vous êtes droite et travailleuse. Vous êtes capable d’un amour infini autant que d’une efficacité redoutable. Si ce n’est pour moi, je refuse que la République vous perde !
Hélénaïs, bouche bée, fixait le regard vide un point en face d’elle, non loin de l’épaule de sa suivante. Laquelle avait les yeux rivés sur son vis-a-vis, sa poitrine se soulevant au rythme de sa respiration saccadée. Depuis qu’elle était entré au service des De Casteille et que la jeune femme avait fait d’elle son bras droit, sa vie avait complètement changé. Perdre tout ce qu’elle avait obtenu ainsi que son amie, c’était peu ou prou trop lui en demander. Mal à l’aise, elle gesticula sur son siège, le faisant grincer. Un silence lourd, cette fois, s’installa entre elles et bientôt on entendit rien de plus que le cliquetis irrégulier des roues sur le sol.
— Tu t’inquiètes trop. Dit enfin Hélénaïs en se fendant d’un sourire chaleureux. — Je ne suis pas si bonne que tu le prétends et pas si crédule. Aies confiance en moi et laisse moi suivre mon propre chemin, tout ira bien. Pour toi et pour moi, tu verras.
En réalité, elle n’en savait rien, n’était pas certaine de vouloir savoir. Tout ce dont elle était convaincu, c’était que sa décision était prise et qu’après avoir prit sous son aile Cécilia Genova et son acolyte, Didier, elle ne pouvait plus faire machine arrière. Il ne lui restait désormais plus qu’une option : avancer.
Le reste du trajet se passa dans un silence morne et Hélénaïs ne dormit pas. Le cahot de la route n’avait de cesse de la bercer mais ses inquiétudes l'empêchèrent de fermer l'œil. L’impatience aussi. Il lui manquait et d’une certaine façon, elle trouvait ce sentiment puéril. Digne d’une adolescente. Pourtant tel était le cas, elle n’avait envie que d’une chose : s’enfouir entre ses bras et les sentir se refermer autour d’elle comme un cocon auquel elle ne voulait échapper pour rien au monde.
Ce fut en début de soirée que leur fiacre gagna enfin l’entrée du Domaine et plusieurs minutes plus tard qu’ils se garèrent enfin devant le porche qui donnait sur la grande porte aux jolies moulures de bois et de fer. Si Hélénaïs ne pouvait voir sa maison de ses propres yeux, elle sentit néanmoins à quel point les choses avaient changé ici. Le ballet incessant des domestiques était désormais moindre et il y régnait bien souvent un étrange murmure comme si personne n’osait parler trop fort de peur d’être entendu. Il en allait toujours ainsi depuis l’arrivée d’Abraham en ces lieux et elle le déplorait tout en le comprenant parfaitement.
Délaissant ses affaires à son personnel, Emérée restant en retrait pour tout superviser. Hélénaïs se guida à l’aide de sa canne jusqu’à l’intérieur de la maison. Elle y trouva Vivianne, qui la débarrassa de sa pelisse et lui souffla qu’un bain l’attendait à l’étage. Un vrai plaisir après avoir passé des jours à courir en tous sens sans prendre le temps de respirer. Mais il y avait plus urgent. La remerciant poliment, elle se dirigea vers l’escalier, grimpa les marches rapidement et se dirigea vers sa chambre où elle entra après avoir frappé.
— Abraham ? Appela-t-elle sans chercher à le localiser avec son senseur, avant tout pour lui laisser sa propre intimité. Il lui sembla percevoir un son infime alors elle poursuivit : — Je suis désolée, ça a pris plus de temps que prévu. Les choses se sont avérés plus compliquées mais nos affaires… Avancent bien. Je crois. J’ai hâte de tout te raconter. Ses doigts se resserrèrent sur sa canne tandis qu’elle songeait, non sans amertume, que s’il ne se trouvait pas à portée d’oreille elle devait avoir l’air bien sotte.
Citoyen de La République
Abraham de Sforza
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal Mauvais
Rang: C
Dans un tintement caractéristique que l'oreille affutée d'Hélénaïs reconnaissait désormais sans effort, les jointures mécaniques d'un amoureux transi nappé d'ombre s'actionnèrent une à une. Tout juste venait elle d'achever son introduction que déjà la porte s'ouvrait et que des lèvres curieusement froides s'apposaient contre les siennes, lui offrant un baiser à la fougue mesurée en guise de premières salutations. Enserrant aussi délicatement que lui permettaient ses griffes le doux visage de sa moitié tout en l'embrassant, il finit par la relâcher après quelques secondes et prit instinctivement la main libre de son amante dans l'une des siennes. Il y avait usuellement un peu plus de tenue dans l'approche du compagnon de la demoiselle mais il était toutefois notable qu'ils avaient perdu l'habitude d'être séparés par de si noires circonstances.
"Ta présence m'a tant manqué."
Depuis qu'Abraham avait accepté à contrecœur de cesser ses plus lugubres activités, il pouvait d'ailleurs sembler qu'il "prenait la poussière", un aspect plutôt surprenant en vue des attributions ainsi que des capacités du Premier Né, supposé protecteur d'une Nation ne connaissant pas le sommeil. Toujours aussi observateur, l'homme de fer n'avait pas manqué de remarquer quel embarras ressentait son âme sœur à l'idée de l'abandonner, enfermé au sommet d'une cage dorée, tandis qu'elle accomplissait les grands desseins de la Nation. Loin de lui reprocher cette situation pour le moins morose, Abraham était toutefois conscient de l'ascendant moral qu'il exerçait désormais sur Hélénaïs ainsi que de la pression que toutes ces machinations appliquaient inévitablement sur les épaules de celle dont il s'était si solidement entiché.
Elle lui avait confié son empressement ainsi que son enthousiasme et Abraham en aurait aussitôt tiré de bien joviales conclusions, si tant est qu'il en ait eu la nécessité. Depuis qu'il avait élu domicile ici, Abraham n'avait rien perdu des réflexes faisant de lui Mortifère. Aussi insaisissable que le vent, il se déplaçait au sein de la maisonnée en toute furtivité, usant et abusant de son camouflage magique afin de maintenir le doute quant à sa présence éventuelle. Les domestiques encore présents ne s'y étaient jamais parfaitement accoutumés et seuls les plus alertes parvenaient encore à établir quand l'Araignée se prélassait bel et bien dans sa toile ou quand elle partait en chasse.
Ces derniers jours, comme il en avait coutume de temps à autre, Abraham avait quitté son nid. Loin de s'être sagement maintenu au creux de cette niche trop parfaite pour lui, le renégat s'était lui aussi livré à quelques activités et s'il n'avait pas l'intention de s'en cacher fort longtemps, il profitait du sourire de sa muse tant qu'il en avait l'occasion. Glissant avec une agilité féline dans le dos de la demoiselle, Abraham déposa un autre baiser glacé au creux du cou de cette dernière puis, la délestant machinalement de la canne lui servant d'appui, il vint l'étreindre tout en se lovant contre elle, ce avant de murmurer d'une voix que l'on devinait légèrement cassée par un mutisme prolongé :
"Il me tarde d'entendre l'épopée de la seule politicienne capable de faire la différence en ces terres de perdition..."
Elle devina sans mal le sourire mutin qui se dessinait sur le faciès grisâtre du provocateur et ce fut un rire sincère qui suivit. S'écartant un instant de sa moitié, il la longea et se rendit à la grande fenêtre pour en ajuster les rideaux déjà clos; ce pour ensuite rassembler quelques vêtements aimablement offerts par la jeune femme elle-même. Tout en secouant prestement une chemise bordeaux de splendide facture qu'il plia ensuite avec soin, il tourna la tête de côté puis ajouta d'un ton ouvertement joueur :
"Je crois qu'un bain nous attend, n'est-ce pas ? J'imagine qu'un instant de relaxation te fera le plus grand bien après de telles aventures."
"Nous" attend, des mots choisis avec soin. Comme toujours, les soins prodigués par les domestiques envers la maîtresse des lieux n'étaient pas pensés pour lui et c'était en toute impunité qu'il parasitait les efforts de ce service rechignant pourtant à s'adapter à sa présence. Qu'ils le veuillent ou non, il était là pour rester et ne se garderait jamais de le faire savoir.
"Ta présence m'a tant manqué."
Depuis qu'Abraham avait accepté à contrecœur de cesser ses plus lugubres activités, il pouvait d'ailleurs sembler qu'il "prenait la poussière", un aspect plutôt surprenant en vue des attributions ainsi que des capacités du Premier Né, supposé protecteur d'une Nation ne connaissant pas le sommeil. Toujours aussi observateur, l'homme de fer n'avait pas manqué de remarquer quel embarras ressentait son âme sœur à l'idée de l'abandonner, enfermé au sommet d'une cage dorée, tandis qu'elle accomplissait les grands desseins de la Nation. Loin de lui reprocher cette situation pour le moins morose, Abraham était toutefois conscient de l'ascendant moral qu'il exerçait désormais sur Hélénaïs ainsi que de la pression que toutes ces machinations appliquaient inévitablement sur les épaules de celle dont il s'était si solidement entiché.
Elle lui avait confié son empressement ainsi que son enthousiasme et Abraham en aurait aussitôt tiré de bien joviales conclusions, si tant est qu'il en ait eu la nécessité. Depuis qu'il avait élu domicile ici, Abraham n'avait rien perdu des réflexes faisant de lui Mortifère. Aussi insaisissable que le vent, il se déplaçait au sein de la maisonnée en toute furtivité, usant et abusant de son camouflage magique afin de maintenir le doute quant à sa présence éventuelle. Les domestiques encore présents ne s'y étaient jamais parfaitement accoutumés et seuls les plus alertes parvenaient encore à établir quand l'Araignée se prélassait bel et bien dans sa toile ou quand elle partait en chasse.
Ces derniers jours, comme il en avait coutume de temps à autre, Abraham avait quitté son nid. Loin de s'être sagement maintenu au creux de cette niche trop parfaite pour lui, le renégat s'était lui aussi livré à quelques activités et s'il n'avait pas l'intention de s'en cacher fort longtemps, il profitait du sourire de sa muse tant qu'il en avait l'occasion. Glissant avec une agilité féline dans le dos de la demoiselle, Abraham déposa un autre baiser glacé au creux du cou de cette dernière puis, la délestant machinalement de la canne lui servant d'appui, il vint l'étreindre tout en se lovant contre elle, ce avant de murmurer d'une voix que l'on devinait légèrement cassée par un mutisme prolongé :
"Il me tarde d'entendre l'épopée de la seule politicienne capable de faire la différence en ces terres de perdition..."
Elle devina sans mal le sourire mutin qui se dessinait sur le faciès grisâtre du provocateur et ce fut un rire sincère qui suivit. S'écartant un instant de sa moitié, il la longea et se rendit à la grande fenêtre pour en ajuster les rideaux déjà clos; ce pour ensuite rassembler quelques vêtements aimablement offerts par la jeune femme elle-même. Tout en secouant prestement une chemise bordeaux de splendide facture qu'il plia ensuite avec soin, il tourna la tête de côté puis ajouta d'un ton ouvertement joueur :
"Je crois qu'un bain nous attend, n'est-ce pas ? J'imagine qu'un instant de relaxation te fera le plus grand bien après de telles aventures."
"Nous" attend, des mots choisis avec soin. Comme toujours, les soins prodigués par les domestiques envers la maîtresse des lieux n'étaient pas pensés pour lui et c'était en toute impunité qu'il parasitait les efforts de ce service rechignant pourtant à s'adapter à sa présence. Qu'ils le veuillent ou non, il était là pour rester et ne se garderait jamais de le faire savoir.
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