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  • Sam 23 Mar - 22:54
    image rp

    Tour 13

    Nora fut soulagée quand les trois femmes descendirent de cette tour qui s’écroulait. La louve put lâcher son effort, la magie n’était pas son fort. Sa première réaction fut de se diriger vers sa jumelle, ne prenant pas la peine de détailler les autres pour le moment. Elle eut presque envie d’étreindre sa sœur, elle était passée d’un état de déprime à l’inquiétude de se retrouver seule, sans rien comprendre à ce qui lui arrivait. Un détail attira quand même l’esprit de la louve, l’hermine qui replaçait son masque sur l’épaule. Pendant un instant, elle ne put détacher son regard de cet ornement, repensant au discours du Renard et du Loup. 

    Ersa passait son regard sur ce groupe étonnant, des gens venant de toutes parts qui luttent contre leurs cauchemars. Au fond d’elle-même, elle espérait pouvoir venir à bout de ce monstre avant qu’il ne décide de s’attaquer à elle, même s'il avait déjà commencé à sa façon. Tout ce qu’il traversait était si réel, si précis. À nouveau, le ciel gronda, tirant les deux naines de leurs pensées. La lance vint à nouveau s'écraser sur la carcasse du loup sacrifié. 

    Nora tressaillit aux couinements de la bête, elle était morte, comment pouvait elle implorait de nouveau. Son esprit s’embrassa, la tristesse, la colère de se sentir impuissante relevé juste par l’air étrange de Ronchon et de son commentaire. Elle s'avança d’un pas, son visage déformé par la colère qui grondait. Cette partie animale qu’elle représentait.

    La main d’Ersa attrapa le bras de sa sœur.

    - Nora, je n’ai pas eu le temps de t’expliquer, mais cette lance aspire notre histoire, quelqu’un doit se confier à elle.

    - J’EN AI RIEN À FOUTRE, JE VAIS LA DÉGAGER. 

    Ersa se plaça devant elle, plongeant son regard dans celui de sa sœur, contemplant cette colère qu’elle avait ressenti pendant des années à l’intérieur.

    - Ai confiance, ce n’est pas la première fois que nous voyons cela. Le loup n’est déjà plus, ce n’est qu’une torture de plus pour nous pousser à bout.

    Nora sembla se calmer, relâchant la tension dans ses muscles. Son regard se déplaça, quittant celui de sa sœur pour passer par-dessus de son épaule, retombant sur Trésor. Ses traits se contractèrent à nouveau dans une expression qu’Ersa pensait reconnaître et qui la fit frissonner. Nora la repoussa sur le côté, faisant apparaître son marteau dans ses mains. D’un pas décidé, elle s’avança vers l’hermine.  

    - NORA ! 

    La chasseuse attrapa à nouveau sa double, attrapant ses épaules et la forçant à la regarder. Elle lâcha presque dans un murmure pour inviter sa sœur à la rejoindre dans ce calme.

    - Qu’est-ce qui te prend ?

    - Ce masque, qui nous dit qu’il doit forcément être sur le visage, qui nous dit que c’est réellement un allié ?

    - Peut-être, le renard est mort quand tu l'as retiré, c’est ça ?

    - Oui…

    Les mots étaient lâchés avec regret, la tristesse d’avoir tué cette bête sans pouvoir faire plus. Ersa rapprocha sa sœur, dans une étreinte à la fois pour réconforter la louve, mais aussi pour lui murmurer de façon à ce qu’elle seule entende.

    - Et le contrôle est moins fort quand le masque est abîmé. Je vais voir s'il veut bien que je le regarde, s'il refuse. On voit pour le fissurer. Ensemble, n’agis pas de colère, c’est ce qu’il veut.

    Ersa se recula, Nora acquiesça le plan d’un simple hochement de tête. La chasseuse se retourna vers l’hybride pendant que la louve s’écarta un peu, posant le marteau le long de son corps tandis qu’elle sortait son étui à cigares. Dans un geste guidé par l’habitude, l'allumette craqua et alluma le tabac dans un petit nuage de fumée. 

    - Euh, Trésor, est ce que vous pouvez me montrer ce masque qui est sur votre épaule ? 

    - Bien sûr, mais faites-y attention.

    Ersa le récupéra, passant ses mains le long des symboles qui le parcouraient. Aucun ne lui était connu, il ne venait pas du même endroit que ceux des bêtes. Son regard émeraude vers sa sœur et secoua la tête pour lui confirmer que ce n’était pas le même. Elle se tourna vers la personne qui avait déjà éclairci des mystères pour elle, sur elle ? Elle ne savait même pas comment qualifier ça.

    - Alaric, est ce que ses marques te disent quelque chose ? Ce n'est pas de chez nous, si ?

     

    Elle passa le masque au mage, espérant qu'il pourrait leur apprendre un peu plus sur l'hybride. Elle jeta un œil sur Nora qui jouait avec la fumée de son cigare, ne les quittant pas des yeux, l'air toujours énervé. Ersa se doutait qu'elle devrait tempérer sa louve dans les prochains moments. Lune s'était approché du loup et raconté son histoire. Les deux parties de la chasseuse n'avaient pu s'empêcher de tendre une oreille. Et la naine ne put réprimer un frisson devant l'éternelle cruauté dont était capable les hommes. Comme pour se rassurer, elle passa une main sur la corde de son arc qui restait sur son épaule, rassuré par le contact de son arme qui ne lui servait pas à grand-chose dans ce délire. Elle signa rapidement, faisant apparaître sa lance qu'elle rangea dans son dos, une allonge un peu plus grande que ses dagues lui serait peut-être utile.

    Spoiler:
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  • Lun 25 Mar - 12:37


    Le chant des ronces
    Feat. des fous - Tour 13


    Le combat avait été âpre, rude et nous en sortions vidés de notre énergie, ce monde, cet endroit, cette réalité, peu importe ce que c’était, cela agissait comme un psychopompe, cela nous vidait de notre consistance. Alors que les heures passaient et les premières épreuves étaient réussies et notre adversaire envoyé au tapis, nous perdions un peu plus de nous. Aurions-nous le temps de survivre pleinement? Ou allions nous nous perdre dans ce monde pour devenir autre chose, emprunter un corps qui n’était plus totalement le nôtre et devenir une carcasse vide de son essence primordiale.

    Ce n’est probablement qu’une fois que la tour s’est effondrée sur elle-même et que nous sommes de nouveau réunis que je prends le temps de souffler. La voix de Trésor me rappelle la réalité.

    Je suis moi aussi parfaitement et sincèrement admirative pour Lune, son acte courageux, sa capacité à surpasser ses peurs, les affronter et en venir à bout. Pour le moment, je suis spectatrice, bien sûr ce que je vois et vis est complexe mais de mon fort intérieur, je sais à quel point je suis fragile, les voix de Benedictus ne me quittent pas, elles se gaussent de moi, de mes actes, de mes envies. Et le fait de n’avoir pas le temps de respirer, de réfléchir cela les fait taire car tout ce qui m’entoure m’est étranger, je peux me concentrer sur les autres et les soutenir… Quand viendra mon tour, aurais-je le cran de me surpasser, d’accepter ou d'affronter mes propres démons? En y songeant je manque de m’étouffer, comme si je vivais de nouveau cette tentative échouée de quitter la réalité, le monde, de tout abandonner lâchement, pour enfin souffler… Est-ce qu’aider les autres suffira à me pousser à me dépasser?

    Ronchon émet des doutes et craintes et cela ne fait qu’appuyer sur les plaies béantes de mon âme. Je secoue la tête pour faire refluer les voix qui murmurent sans cesser dans mon esprit pour reprendre pied et parler à Trésor.

    - J’ai compris que vos noms vous les aviez choisi entre vous d’un commun accord pour symboliser vos… personnalités mais pourquoi le votre Trésor? Et pourquoi ce masque sur vous comme sur les autres?

    Je pense aux deux loups, au renard, ceux qui nous devions libérer par nos aveux, nos dons intimes d’une part de notre passé, de notre vie, de nos blessures. Trésor répond sans hésiter, sans l’ombre d’un mensonge de ce que je perçois (Détection des mensonges P1).

    - Même les souvenirs que nous nous sommes faits ici nous échappent tôt ou tard. Je ne saurais vous dire où et quand j’ai trouvé ce masque mais je sens au fond de moi qu’il a une grande valeur. Je crois que mon surnom vient de là.

    Il poursuit finalement.

    - Je porte cet étrange objet sans vraiment savoir le pouvoir qu’il détient. Nous avons tout de même constaté que la plupart des créations de notre tortionnaire sont éphémères hors celle-ci m’accompagne depuis bien longtemps.

    Le masque passé entre les mains d’Ersa puis d’Alarix a des symboles elfiquesn il est très différent des masques reconnus comme ceux du Chasseur par Ersa. J’observe Trésor de nouveau pour voir si il est lié au masque par une malédiction, si quelque chose les relie ou si il garde ce masque parce qu’il pense qu’il est important. Visiblement il n’y a pas de lien, le masque est empli de magie noire comme le souligne Alaric mais rien de plus pour le moment.

    Cela me dépasse, ce monde aux règles différentes, ou la magie ne réagit pas toujours comme elle le devrait…
    J’en suis là de mes réflexions quand Lune décide d’aller offrir son histoire pour libérer l’âme du loup et rendre notre adversaire malade de trop absorber de souvenirs. Son histoire est déchirante autant que la douleur qui émane d’elle. Sans même réfléchir ni rien dire, j’ai quitté Trésor pour rejoindre la fée. Alors qu’elle livre son souvenir, que les mots franchissent ses lèvres, je sais, je sens que le flot une fois ouvert ne s’arrêtera qu’une fois qu’elle aura tout dit. Dans cet enfer, dans cette horreur dans laquelle nous évoluons, il y a une chose de positive malgré tout, nous forcer à livrer ce qui nous ronge c’est aussi nous aider à mettre les mots dessus, les verbaliser, un pas vers la guérison dirait Cyradil.

    Je me suis approchée, posant d’abord une main sur l’épaule secouée de soubresauts de Alune.
    A mesure qu’elle avance je me rapproche d’elle, d’abord dans son dos, mes bras entourent ses épaules, protectrice muette mais à ses côtés, lui offrant ma chaleur et mon soutien. Ses mots gagnent en intensité au fur et à mesure, elle revit son calvaire, elle tremble, elle soufre et je tente de l’apaiser comme je peux.

    Elle se recroqueville au sol, je laisse faire et quand elle finit son récit elle est au sol.
    Je me laisse glisser au sol près d’elle et je l’enserre dans mes bras, serrant son visage contre mon coeur, caressant ses cheveux et embrassant le dessus de sa tête. Elle frissonne de fatigue et murmure “Est-ce que je suis un monstre?”

    Une larme coule de mon oeil valide et je réponds d’une voix aussi douce que je le peux, rendue rauque par l’émotion que je capte, dont je refuse de me couper pour partager avec elle.

    - Non Lune tu n’es pas un monstre, ils étaient des monstres, ils t’ont jugé sur ton apparence sans rien savoir, sans chercher à t’écouter et t’aider. Et Crow, ton ami t’a soutenu avec l’amour indéfectible qu’il a pour toi. C’est ce même amour qui fait qu’il est là, à côté, derrière le voile qui nous sépare de notre réalité. Aie confiance en toi et en lui, quand la brèche sera assez grande il nous rejoindre, il te rejoindra, il sait que tu es là, il t’a trouvé, il ne t’a jamais abandonné pas plus que tu ne l’as fait Lune. Tu as agis pour l’aider, ne l’oublie jamais.

    Je savais que nous allions devoir bouger rapidement, que la fin du récit de Lune signerait une nouvelle attaque de la Sentinelle mais en attendant, je lui offrais la chaleur de mes bras.


    ”Résumé”:

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    Alaric Nordan
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  • Lun 25 Mar - 18:36
    Les efforts conjoints pour aider les derniers membres coincés dans la tour furent salvateurs. Myriem et Trésor étaient réapparus aux côtés du petit groupe resté à l'extérieur pour apporter l'unique voie de sortie possible pour le restant de leurs compagnons. Alaric, avec l'aide de Nora et Ronchon, demeura concentré jusqu'à ce que tous soient hors de danger, suffisamment loin pour ne pas subir les dommages collatéraux de l'effondrement qui s'annonçait déjà.

    Entre les horribles cris qui avaient résonné dans l'intérieur de la tour maudire et les craquements sinistres, prémices à la destruction totale de la tour, Alaric n'en avait rien entendu, faisant totalement abstraction de tout cela pour ne se concentrer que sur son unique objectif : retenir la tour pour que les autres membres du groupe s'échappent. Après quoi, il avait entièrement relâché sa maîtrise sur la terre, pour que l'édifice termine d'agoniser en un véritable fracas de roc, de mortier et de pierre, faisant trembler le sol dans un dernier glas.

    Le mage resta quelques secondes à contempler ce qui avait été une épreuve pour Lune. Une seconde épreuve pour le groupe, une tranche individuelle du passé pour un de ses membres. Qu'est-ce que cet endroit lui réservait ? Il ne put s'empêcher de blêmir, l'appréhension l'envahissant. Jusqu'ici, il y avait eu Ellana et Lune. Toutes les deux avaient réussi à vaincre ces démons intérieurs que cette foutue entité réussissait à matérialiser. Il passa le dos de sa main pour essuyer la sueur qui perlait de son front, résultante de l'effort de concentration déployée pour retenir au maximum la structure. Jusqu'ici, ils avaient réussi à survivre, l'espoir n'était pas perdu, même s'il restait encore bien des épreuves à affronter et à franchir, avec la grande inconnue de ce qu'elle représentait.

    Il se redressa un peu, pour ensuite se laisser tomber le cul par terre, posant son regard d'abord sur Ronchon, qui paraissait inquiet pendant qu'il scrutait un à un chacun des survivants. Pensait-il la même chose qu'Alaric à l'instant ? L'humain préféra ne pas lui poser la question. Vu le déploiement qu'ils avaient eu chacun à déployer pour s'en sortir tant individuellement qu'ensemble, il redoutait peut-être que les nouveaux venus dans cet environnement de mystère et de détresse ne viennent à défaillir avant d'atteindre le bout de ce merdier. Comment ne pas le comprendre, quand le mage déchu avait eu l'impression de ne jamais voir la fin des conflits qu'il avait vaincus ? Mais ici, nulle guerre, nulle lutte pour le pouvoir. Ici, c'était la bataille pour la survie et jusqu'ici, tous demeuraient unis. Et il avait pu aider. Il avait... il se mordit la lèvre. Assez de penser encore et toujours à cela ! Il avait réussi à tenir bon pour cette tour non ? 

    Quand Trésor, tout en se remettant de son combat, remercia tout le monde, Alaric se contenta d'acquiescer de la tête. Le cœur ne semblait pas totalement présent malgré la réussite d'avoir de nouveau vaincu l'Entité. Qu'est-ce qui les attendait encore, désormais ?


    Il tendit son regard brun vers la jeune Fae, qui avait dû passer un sale quart d'heure là-dedans, à voir la détresse qui émanait de son corps et de son regard. Malgré sa fragilité, elle avait réussi à repousser les assauts de leur ennemi commun. Quand il voulut lui dire quelque chose, les cieux se fendirent de nouveau avec violence, comme tout à l'heure. Une lance melornoise, comme tout à l'heure, se figea dans le corps décharné du loup qui hurla sa douleur et sa lente agonie. Alaric se redressa d'un bond.

    *Comment peut être encore être là... toute cette souffrance...  *

    Elle servait de canal pour que l'Entité se nourrisse. Il se remémora l'histoire que Myriem avait narrée précédemment. Quelques secondes, il fixa la lance... C'était la même que la première fois. Il cessa son étude visuelle quand Nora manqua de péter un câble en faisant un pas vers la créature décharnée qui glapissait sous l'empalement de l'arme elfique. Ersa essaya de la retenir, de la calmer. Au lieu de cela, sa "sœur" se rapprocha de l'Hermine. Alaric se prépara à la séparer de Trésor avec sa magie, si l'urgence s'en faisait sentir. Elle avait rappelé le marteau à elle, signe qu'elle était prête à en faire usage si nécessaire. Il rabaissa le contact tellurique en voyant Ersa l'enlacer... Ouf. Ersa avait pris une telle assurance depuis leur première rencontre. D'ailleurs, elle continua à en faire preuve en demandant à leur allié à fourrure blanche de lui passer ce masque... Masque qui était d'une taille considérable, trois à quatre fois la tête normale d'un homme. 

    Après une rapide étude, la rouquine tendit le masque au mage. Alaric le prit et commença à l'observer. Myriem en profite pour demander à l'Hermine où il a pu obtenir ce masque. Par précaution, l'humain essaya de détecter de la magie en l'objet. 

    "Il y a de la magie noire là-dedans… Après, je ne sais pas en dire plus. Chose que je peux affirmer en dehors de la taille conséquente de cet artefact est qu'il est très ressemblant de ce que portaient les soldats elfiques durant la Grande Guerre..."

    Un masque et une lance qui étaient de Melorn... 

    "Est-ce que l'Entité aurait un quelconque rapport avec les Elfes de Melorn ? "Marmonna-t-il presque pour lui-même ? "Quelque chose qu'ils auraient créé, vu que leurs érudits s'y consacrent depuis des lustres et que cela aurait fini par leur échapper ? "

    Il regarda encore le masque.

    "La magie dépend de l'emploi que nous en faisons…"

    Il coupa court à ses songes d'hypothèses quand Ronchon rappela les faits, à sa manière, avec moins de cérémonie que tantôt, en demandant un volontaire pour donner une nouvelle "histoire" à la bête. Ce fut Lune qui s'approcha de la malheureuse bête à la souffrance interminable. Ce fut elle qui narrait un souvenir... Le plus douloureux de son existence.

    Au fur et à mesure de sa narration, Alaric ne retenait pas ses frissons, écœuré du comportement de ces êtres, qui se disaient humains, qui avaient succombé à leur plus sale penchant pour faire souffrir une jeune Fae qui ne cherchait que de l'aide... et le retour de leurs atrocités s'étaient conclues par la mort, par le retour vengeur de Crow, ce compagnon étrange qui n'avait fait qu'une brève apparition dans leur réalité, qui était comme une ancre reliant la Fae à la réalité.  

    Alaric, les poings serrés, était dégoûté de ses propres congénères. Comment pouvait-on concéder à arriver à une telle bassesse, à être pire que des monstres ! Des horreurs, il en avait vu... Mais là ! Son compagnon à plumes avait apporté l'ultime sentence. Elle s'en voulait tellement, n'ayant pas souhaité que la mort de tous ces… !  Elle se recroquevillait sur elle-même, avant de murmurer vers Myriem si elle était une engeance monstrueuse. La jeune Fae en fut à un tel stade de culpabilité qu'elle se mettait elle-même en doute. Ces salauds l'avaient vraiment blessé à un point… Qu'ils soient maudits ! où que leurs âmes se trouvaient désormais. Et la Dame de Mael intervint pour la rassurer, la prenant dans ses bras, comme une mère aimante le ferait avec un enfant apeuré, qui avait besoin d'avoir une aide rassurante dans ce monde cruel et sans pitié.

    "Les mauvais êtres ne se posent pas cette question, jeune Fae. Donc, non, tu n'es pas un monstre"se permit-il de rajouter en murmurant, comme par crainte de briser l'instant intime qu'il y avait entre Myriem et Lune. "[/b]

    Il regarda Ellana

    "Peut-être que tu en serais plus sur ce genre de masque melornois ? "

    Elle en sera peut-être pas plus que lui, mais cela ne coûtait rien de demander malgré tout, avant de rendre le masque à l'Hermine.

    L'Entité, une fois qu'elle aura "digéré" l'histoire tragique de Lune, lancera une nouvelle offensive...


    Résumé:
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  • Mar 2 Avr - 19:15


    - Le Chant des Ronces -
    Lune - Myriem - Ellana - Ersa - Alaric

    TOUR 14 - ECCHYMOSE

    [PA] Le Chant des Ronces - Page 6 BANNIERETOUR14






    Les doutes ne faiblissent pas, les angoisses se font écrasantes. Lune conte cet effroyable passé qu'est le sien à l'oreille d'un loup qui succombe peu à peu et lorsqu'enfin le discours s'achève et que la bête s'apprête à rendre son dernier soupir, une larme noire s'écoule de son seul oeil encore vaguement valide. Une voix éteinte s'échappe de la gorge de l'animal maudit et, dans un ultime élan de vie, il murmure :

    "Tu nous sauveras tous. Tu es... courageuse."

    Puis la lance s'extirpe de sa carcasse dans un froissement de chair meurtrie et la tête blessée du loup s'écroule tandis que son corps meurtri commence lentement à se détériorer. L'objet doré entame sa lente ascension vers les cieux obscurs et lorsque les nuages orangés l'absorbent, le même spectacle que la fois précédente se reproduit avec une intensité redoublée.

    Un grondement monstrueux résonne et la terre se met à trembler sous les pieds des malheureux qui peinent à conserver leur équilibre sous le poids des impulsions telluriques. Le ciel vient se strier d'innombrables déchirures menant vers un autre pan de réalité et l'herbe, tout autour d'eux, se désagrège pour céder place à une boue épaisse tandis que les arbres perdent tout feuillage, noyant la nuit éternelle de la forêt murmurante dans une atmosphère aussi lourde qu'humide. A la lueur des étoiles qui surplombent le monde réel, le monde infernal change de luminosité et, l'espace d'un instant, le réel reprend ses droits pour fournir aux vaillants un mince éclat d'espoir.

    Les fissures célestes se referment les unes à la suite des autres mais l'une d'entre elles, pourtant, demeure ouverte. Cernée de nuages oranges, la plaie béante qui orne cette toile astrale commence doucement à se clore mais dans un froissement abrupt, des milliers d'objets minuscules y passent, s'abattant tout doucement sur le bosquet désolé où s'est tenu plus tôt une bataille sans précédent.

    Ronchon et Trésor prennent instinctivement une posture combattive face à cette nouvelle menace mais sont surpris de constater qu'il ne s'agit pas d'un nouvel adversaire. Comme des feuilles se détachant d'un arbre au terme de l'automne, d'innombrables morceaux de papier tombent tout autour des survivants alors qu'un délicat parfum maritime se met à embaumer l'air de la forêt silencieuse.

    La faille se referme et l'un des objets tombe droit dans les mains de la Dame de Maël qui constate alors non sans surprise que les papiers tombés du ciel sont des lettres portant un sceau qu'elle reconnait aussitôt. Instinctivement, Myriem déplie le papier pour en inspecter le contenu, ce sous les regards anxieux des autres membres de l'infortunée troupe.

    La Lettre:

    Révélations, ou mensonges éhontés d'une bête abjecte prête à user de tous les vices pour délester ses proies de leur arme maîtresse : la volonté ?

    "Qu'y a t-il dans cette lettre, très chère ?"

    Les réponses ne peuvent venir car, après le passage d'un courant d'air glacé, un sifflement éthéré se fait entendre par delà les arbres désormais dépourvus de feuilles. Une brume humide s'étend doucement et l'odeur du sel marin se fait envahissante, signant l'approche d'une nouvelle menace.

    Myriem se retourne pour apercevoir au coeur du voile brumeux une silhouette qu'elle ne connaît que trop bien et que, sans doute, elle s'est attendue à revoir en cet endroit maudit. L'homme cornu dont la silhouette trouble se précise progressivement s'approche, martelant de ses bottes épaisses la boue visqueuse et, étrangement, c'est pourtant le son de planches grinçantes qui se fait entendre lorsqu'il foule la terre gorgée d'eau.

    "Salut, toi."

    Deux iris oranges et luisants apparaissent sur le visage trop parfait de ce monstre aux traits d'Homme et, avec une tranquillité emplie d'arrogance, Kirig l'indomptable pirate se manifeste sous les traits que lui a connu sa plus délicieuse proie. Se tenant à une quinzaine de mètres des survivants qui s'apprêtent déjà à prendre les armes face à cette énième tromperie de la Sentinelle, Kirig esquisse un sourire enjôleur sans quitter ne serait-ce qu'un instant sa cible des yeux.

    "J'ai une offre à te faire, Myriem. Je vais t'amener ailleurs, qu'on puisse en parler tranquillement."

    Le plus naturellement du monde, il porte alors une main au kimono richement décoré qu'est le sien et tire sur le tissu pour découvrir son ventre nu qu'il vient, contre toute attente, percer profondément au niveau du nombril en y enfonçant un index griffu. Un liquide noir et épais s'écoule de l'orifice qu'il vient de creuser dans sa propre chair et lorsqu'il en retire son doigt, des tentacules d'encre jaillissent du trou par dizaines pour venir se planter dans le sol boueux.

    "Mais j'aimerais éviter qu'on nous dérange, tu comprends ?"

    Lorsqu'il conclut sa phrase en laissant échapper un rire moqueur, les tubes luisants ressortent brusquement du sol pour laisser apparaître des silhouettes fantomatiques qui viennent flotter, tout autour de lui, comme de ténébreuses marionnettes. Portant des sabres et des dagues acérées, les silhouettes dégoulinantes poussent des râles profonds et commencent à voleter doucement en direction de leurs adversaires.

    Révélation:

    Kirig se contente quant à lui de tendre la main vers Myriem et lui dit avec un effroyable mélange de douceur et d'autorité :

    "Si tu veux épargner d'inutiles souffrances à tes amis, viens. Maintenant."

    Sous les mèches claires du monstre, vous apercevez la sordide lueur orangée qui s'empare de l'un de ses yeux.




    OBJECTIFS ET REGLES

    Objectifs :
    -Myriem : Accepter ou non la proposition de l'apparition
    -Les autres : Faire face à Kirig et aux fantômes.

    Règles générales :
    -3 actions majeures ou utilisation de pouvoir par tour.
    -Résumé des actions et utilisations de pouvoirs demandés en fin de post.

    Modificateurs :
    -Lune : Sauvage est consciente. Dos et épaule couverts de pelage noir. Torse, bras et jambes maculés d'éraflures dont naissent aussi du pelage. Incapacité à établir le moindre lien avec Crow.
    -Ersa : L'entité en toi est devenue consciente, puis s'est assoupie à nouveau. Nora est de retour et présente exactement le même niveau de corruption qu'Ersa. Trois plumes brunes sur la joue, torse recouvert de plumes brunes. Epaule droite partiellement recouverte de plume, mollet droit légèrement métamorphosée en patte de chouette.
    -Alaric : L'entité en toi est réveillée. Pied gauche recouvert d'écailles de reptile et dos partiellement recouvert d'écailles.
    -Ellana : Audacieuse est consciente. Épaule droite entièrement couverte de plumes. Ton bras droit a repoussé, entièrement couvert de plumes.
    -Myriem : L'entité en toi s'éveille. ta gorge se recouvre légèrement de fourrure brune.

    Corruption :
    -Lune : 49 % : 35 % par dégât - 4% par remords - 10% par don de soi
    -Ersa : 20% - 5% par ??? = 15 % : 12% par dégât - 3% par remords
    -Alaric : 10% : 7% par dégât - 3% par remords
    -Ellana : 30 % : 30% par dégât - 0% par remords
    -Myriem : 15% : 5% par dégât - 0% par remords - 10% par don de soi.

    Vous avez jusqu'au 09/04 pour ce tour.

    Précisions:
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    Myriem de Boktor
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  • Mar 2 Avr - 22:12


    Le chant des ronces
    Feat. des fous - Tour 14


    J'avais encore Lune dans mes bras, embrassant tendrement la jeune fille comme si elle avait été mon enfant. Le Loup avait poussé son dernier soupir libérateur et de nouveau la lance s'éleva dans le ciel, signe si l'on en croyait Ronchon que la chose venait de se repaître de l'histoire tragique qui venait de lui être contée. Je me relevais doucement, inspirant profondément, c'était éprouvant, la détresse de cette jeune fae m'avait profondément touché et mon esprit déjà bien affaibli était secoué, martyrisé en ce lieu maudit.

    Le ciel se déchira livrant une lueur d'espoir, une brèche venait d'apparaître, allions nous réussir? Autour de nous des feuilles glissent de nulle part, flottant dans les airs, en un ballet hypnotique et effrayant en un même temps. Quelle sordide histoire pouvait être contée? Non je me faisais des idées, et pourtant j'avais un mauvais pressentiment.

    Dans mes mains une des feuilles se glissa comme si elle m'était destinée, pour moi. Mon cœur manqua un battement, et si j'avais eu un esprit fort et solide j'aurais jeté cette lettre, sachant que rien de bon ne pouvait sortir de cet endroit. Le Chant des Ronces nous voulait pour lui. Mais la curiosité est un défaut typiquement humain et je ne pouvais pas me résoudre à rester dans l'inconnu, malgré moi, je voulais savoir et ce n'étaient pas les voix qui emplissaient mon esprit depuis Benedictus qui allaient me dissuader de lire.

    Les doigts tremblant j'ouvris le pli qui m'était destiné et j'en commençais la lecture, fermée au monde alentour, perdue en un sens pour ceux qui étaient à mes côtés avec qui j'avais combattu un moment auparavant, non mon regard une fois qu'il eut déchiffré les premiers mots ne put se détacher du feuillet maudit. Les mots glissaient dans mon esprit comme des lames tranchantes, ils n'étaient séparés les uns des autres sans la moindre violence, mais mis ensembles, ils me déchiraient le coeur. Celui qui m'aidait à avancer, celui pour qui j'avais continué de me battre, il était seul, perdu, sans sa mère, comme cette pauvre Lune. La douleur que j'avais perçu et partagé avec la fae faisait echo à ce que devait vivre mon propre enfant sans sa mère. Chaque ligne traçait un nouveau sillon sanglant dans mon âme et déchirait mon coeur meurtri, j'avais failli lamentablement, il avait grandi seul, sans moi et le pire? Auprès de son père, Wan aussi était mort. Ceux que j'aimais m'échappaient comme le temps nous fuit inexorablement.

    Je n'étais pas arrivée en bas de la lettre que mon oeil valide pleurait, libérant des larmes d'une tristesse infinie à l'idée de la solitude qu'Amael avait pu ressentir.  J'ai entendu l'interrogation de Ronchon mais quand j'ai arraché mon oeil de la missive, elle a glissé de mes mains pour aller se poser délicatement sur le sol. Mes larmes coulaient silencieusement et j'esquissais un sourire qui se voulait rassurant, je ne voulais pas qu'on s'inquiète pour moi.

    Je déglutis avec peine, mon regard chercha la lettre au sol et je répondis dans un murmure à la question posée.

    - Les mots d'un enfant qui a grandi sans sa mère.

    J'avais trop bien ressenti la douleur de Lune pour ne pas pouvoir me projeter et imaginer sans peine ce que mon précieux petit trésor aux yeux bleus avait pu ressentir lorsque j'avais disparu. Hélas à peine ai-je prononcé cette phrase sibylline que je sens l'air qui change, l'odeur marine s'éloigne pour qu'une brume s'élève de nouveau. Mon regard ne peut quitter le sol, ma gorge est nouée à la pensée qu'il est seul, loin de moi, cette partie de moi, celui qui représente l'avenir...

    Je crois que je n'avais pas besoin de relever la tête je savais qui avançait vers nous, vers moi. Si seulement j'avais eu le courage de le tuer, rien de tout cela ne serait arrivé, je ne serai pas ici. Mais nos peurs, nos hésitations forgent une partie de notre destin. La lettre, mon fils, son père... J'avais désiré cet instant, je voulais le confronter, je voulais le voir mort, je n'avais jamais voulu de mal à quiconque hormis à ce maudit drakyn, ce maudit pirate que j'avais aimé autant que je l'avais haï. Esclave de mes propres désirs, doutes, en sa présence je n'étais qu'une piètre version de moi-même, une version qui avait essayé de mourir, une lâche.

    Mais mon fils, il avait grandi seul, sans moi, et aux côtés de Kirig... Kirig savait ou il se trouvait ! Ce fut la révélation, je relevais la tête vers l'ombre qui s'avançait. Immense, des yeux envoûtants, des cornes qui luisaient, des griffes acérées, il était bien là mon démon des mers.

    Sa voix glissa sur moi comme s'il me caressait et me griffait en un même temps.  Je crois que je n'ai même pas réalisé que ses pupilles n'étaient bleu glacier comme elles l'auraient du, je ne voyais en lui que la porte de sortie vers mon fils, il devait savoir où il était, je devais voir Amael, lui dire qu'il n'était pas seul, que je n'étais pas un fantasme. Je comprends ses mots, et je ne réagis pas alors qu'il s'ouvre le ventre, il a toujours eu des penchants sadiques mais aussi masochistes, aimant autant faire souffrir que ressentir la douleur lui-même, un monstre bien réel qui arpentait le Sekaï en toute liberté.

    J'ai vu les ombres s'extraire de lui, l'entourer et sa main qui se tend vers moi... Mon regard se pose dans le sien, je tremble comme une feuille, où est Altarus? Il devait m'aider à affronter Kirig mais il n'est pas là ! J'hésite mais je demande inquiète.

    - Où est Amael? Qu'as-tu fait de mon fils?

    Nullement ému par ma question, sa voix cassante me répond avec froideur.

    - Myriem, je crois t'avoir donné un ordre. Suis moi, ou subis les conséquences de ton choix.

    Je regarde autour de moi et je les vois, Lune, Alaric, Ersa et sa jumelle Nora, Ellana, Ronchon et Trésor et je sais, je sais ce qu'ils vont faire, j'ai fait comme eux. Mais je connais les émotions humaines et je sais que Lune est en train de bouillir, elle veut m'aider, je le sens mais je ne veux pas qu'ils prennent le moindre risque pour moi. Alors d'une voix basse, rauque et peu sûre de moi je réponds.

    - Oui pardonne moi Kirig. Je te suis laisse les tranquille ils ne comptent pas pour moi. Ils ne sont rien.

    Je mens éhontément mais il n'avait jamais su lire les émotions ou les mensonges, il n'entendait que ce qui lui plaisait. A mes mots, alors que je tends ma main vers lui, je vois les ombres qui l'accompagnent qui se calment, qui s'apaisent et je sais ce que je dois faire. Je dois les protéger, de moi, de lui, ils doivent être en sécurité loin de ce monstre, Kirig ne doit pas leur faire de mal.

    Alors que je tends la main vers mon démon, je concentre ma mana et sans prévenir, alors que l'air s'est rapidement chargé d'odeur marine j'envoie une vague puissante dont je suis l'épicentre. Ma magie d'eau jaillit avec force et n'a qu'un seul but, les repousser tous, les faire tomber en arrière pour que j'ai le temps de partir avec Kirig et qu'ils puissent avancer sans que je les mette en danger car je suis incapable de les protéger autrement et... je dois retrouver Amael... Lune comprendra ce que je ressens j'en suis certaine.

    Ma vague a déferlé et dans ce temps je me suis saisie de la main du Drakyn. Il m'attire à lui en un geste vif et ses bras m'entourent. Je me sens si petite contre son torse, j'ai peur, une peur viscérale qui m'envahit et en même temps, je me sens bien, ne m'aurait-il pas aimé à sa manière? Ne m'a-t-il pas offert un fils? Il m'a fait le plus beau des cadeaux en fin de compte non? Ce sont là les élucubrations d'un esprit en lambeaux, en plein soubresaut et cherchant comment respirer, comment faire... Les affres de la dépression et de la corruption sont cruels et m'empêchent de raisonner avec la moindre clarté pour l'heure... Bientôt je saurais ce qu'il doit me dire et ensuite il me dira ou se trouve Amael.

    Sous mes pieds le sol se dérobe, nous nous faisons engloutir par la terre enfin non par la mer. Je suis dans l'eau, elle est froide, elle est glacée, il fait sombre, nulle échappatoire. Je tente d'ouvrir la bouche mais je ne peux pas respirer, on ne respire pas dans l'eau... La panique monte en moi, Kirig, où es-tu? Amael ???

    Et malgré moi j'ouvre la bouche pour essayer hurler le prénom de ma chair "Amael" mais aucun son ne franchit mes lèvres...


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  • Jeu 4 Avr - 21:32
    Le mage était tant fasciné qu'horrifié par ce qui venait de s'achever sous ses yeux. La petite Lune, pourtant si menue, si fragile, avait eu un courage énorme de dévoiler l'horreur d'un moment de son existence qui l'a changé à jamais. Retenant un frisson après qu'elle eut terminé de narrer cette part personnelle, se confiant tant à la carcasse de loup qu'à des oreilles d'inconnus, l'humain fixa le réceptacle mortifié, parut offrir un dernier soupir d'encouragement pour la petite Fae, avant de se détériorer au retrait brutal de la lance elfique.
     
    Quand l'objet acéré fut englouti dans les cieux sinistres, comme précédemment, le sol se mit à vibrer avec une telle intensité qu'Alaric crut qu'il s'ouvrait pour les engloutir. Il manqua de se vautrer en luttant pour rester debout. Comme la dernière, leur environnement maudit subissait les effets de l'ingestion d'une terrible histoire. Une nouvelle fois, le monde réel se présenta sous leurs yeux quelques instants. Cela marchait ! Songea alors Alaric. Cela marchait, cette sale entité pouvait être vaincue ! Mais qu'est-ce qu'ils devront affronter encore ? À qui était-ce le tour ? Le mage déchu sentait l'appréhension enfler dans son esprit. Sera-t-il capable d'affronter ses propres démons ?
     
    Il cessa d'y penser quand un flot étrange de papier voleta des cieux, dansant erratiquement vers le sol, se répandant tout autour d'eux. Alaric se rapprocha de Trésor et de Ronchon, qui se préparaient déjà à un nouvel assaut de leur ennemi. En regardant lui aussi dans les environs, se tenant prêt à une autre attaque vicieuse de l'entité, il aperçut Myriem ouvrir une de ces lettres. Son visage avait blêmi avant de briser le sceau de cire, et il se décomposa plus encore quand elle parcourut chaque ligne qui incrustait les fibres végétales du parchemin déplié. Son contenu devait être déchirant, car ses yeux améthyste luirent d'une profonde détresse... ou de désespoir ? Quand elle résuma en quelques mots ce qui était dans cette lettre, Alaric essayait de compatir à sa douleur. Rien n'était plus précieux qu'un enfant, aux yeux d'une mère.
     
    Lentement, une étrange brume blanche s'insinua dans l'environnement. Était une odeur de mer qu'Alaric perçut ? Un reliquat de la réalité qui avait réussi à franchir les failles de tout à l'heure ? Son attention fut attirée, tout comme les autres, par l'arrivée d'une grande ombre, sortant des brumes blanchâtres, marchant d'un pas de conquérant dans la boue, émettait un bruit gluant à chacun de ses pas. Était-ce la nouvelle menace de l'Entité, visant Myriem ? Elle était comme hypnotisée par sa présence. Difficile de savoir les émotions qui l'envisageait ? Crainte ou une forme d'adulation ancienne ? Les deux à la fois ? Il lui parla, elle l'écouta.  Les yeux orange du Drakyn guettait son objectif, pendant qu'il en vint à se mutiler en se transpercer le nombril. Des humeurs noires et visqueuses giclent vers le sol donnant naissance à des ombres spectrales. Une bonne vingtaine. Puis, Myriem se plia à l'ordre du cornu

    "Myriem ! Non ! hurla alors le mage quand Myriem tendait sa main pour la confier à celle tendue de cet être qui n'était pas ce qu'elle croyait être. Prise dans ses tourments, elle avait fait son choix. Un choix qu'Alaric ne pouvait pas accepter.
     
    "On est arrivé ensemble. On doit s'en sortir en…"
    *Oh bordel de....*
     
    La Dame de Mael ne l'entendait point, ou avait préféré ne pas l'entendre, ayant déjà appelé sa magie pour faire se déferler sur ses amis présents une immense vague d'eau écumante. L'odeur saline s'était faite sentir quelques fractions de temps avant, piquant l'intérieur du nez de l'humain. Surpris par le fulgurant d'eau qui arrivait sur eux, Alaric avait aussitôt réagi. La terre se souleva devant tout le groupe, se dressant en un haut rempart concave, sur lequel la déferlante saline s'enroula, épargnant les membres du groupe. 

    *Où est Lune ?

    Il blêmit en se rappelant qu'elle avait été à côté de Myriem. 

    Bon sang ! Il espérait qu'elle n'avait pas été emportée trop loin dans cette vague et encore moins blessée. Et où était Myriem ? Où était celui qu'elle avait appelé Kirig ? Les spectres étaient là, flottant dans les airs immobiles. Leurs étranges liens filaient vers le sol. 

    "Et Myriem ? J'espère que… Qu'elle n'est pas enfoncée dans cette boue ! "

    Il se laisse tomber pour percevoir le sol, sa profondeur. Il croit cerner la profondeur de la boue. Il lui impose d'être repoussée par de la terre plus ferme, plus dense, pour qu'elle remonte à la surface, qu'elle s'y étale et libère Myriem de son emprise. Cela bouillonne un peu sous son appel... point de Myriem. Il écarquilla les yeux ! L'avait-il raté ? Où était-elle bordel ? Les filins d'ombre des spectres... Ils se liaient à ce Drakyn. Donc, elle était toujours avec lui. Il avait encore prise sur la boue.

    "Elle est au bout de ces filins, elle est encore peut-être là-dessous... ou ailleurs, mais ces fils se lient à ce Kirig !  "

    La boue qu'il projeta sur les créatures ombreuses les recouvrit. Elles réagirent. Il appela la matière boueuse à se durcir. Les entités fantomatiques hurlèrent, comme savent si bien le faire ce genre de créatures d'outre-tombe. Elles commencèrent à se mouvoir, d'abord pour se libérer de cette gangue tellurique, pour la frapper avec leurs dagues ou en tournoyant sur elles-mêmes pour la briser. 

    "Ces saletés sont un peu ralenties, ca peut nous laisser un peu de temps pour sortir Myriem de là, pendant que je vois pour les occuper un peu... en partie.  Oubliez pas Lune ! Hé les saloperies hurlantes, par ici ! "
     

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  • Ven 5 Avr - 23:35
    image rp

    Ersa avait fini par se rapprocher de sa sœur, l’histoire que Lune avait confié au loup était terrifiante, mais elle n’arrivait pas à éloigner son esprit de la louve qui fumait son cigare tranquillement, en apparence. La naine savait que la louve était comme un orage prêt à exploser. Elle s’assit à ses côtés, tendant la main pour récupérer le tabac et tira dessus. 

    - Ce ne sera pas facile, mais on est ensemble non ? 

    Nora ne répondit pas, ses iris d’or suivirent la lance remontée vers ou elle était remonté. Ses traits s’étaient durci aux mots du loup mourants. Elle observa la scène avec un regard brûlant de colère, de haine, ce qu’Ersa avait tant ressenti pendant ses transformations.

    Elles observèrent les feuilles tomber, sans bouger au départ. Elles se redressèrent ensemble en pensant que les lettres ne pouvaient être que le début d’une nouvelle attaque, convaincue de leurs pensées quand elles virent les traits de la baronne s’effondrer à chaque seconde où elle lisait cette lettre. Aux mots de Myriem, l’écart de personnalité des deux naines se fit ressentir, la tristesse envahit Ersa, évidemment ce n’était pas une mère, pas une enfant aimée, mais elle essayait de l’imaginer. Parfois, elle s’était inventé une vie de famille avec un ou deux enfants aux cheveux blancs, sans savoir pourquoi. Et Nora, qui serrait les poings, la mâchoire. La souffrance de la mère qui leur faisait face à la renvoyer à ce qu’elle avait subi, à celle qui se faisait appeler leur mère et celle à cause de qui la louve avait tout endurer. 

    L’odeur saline réveilla une partie de leurs instincts, Ersa qui retira l’arc de son épaule, passant sa main dans les plumes de ses flèches. La louve se saisit du marteau et serra le manche un peu plus fort. La brume arriva, emmenant avec elle une autre silhouette qui lui était inconnue. Et la Baronne qui les avait soutenus tout au long des épreuves précédentes était entré dans une sorte de torpeur. La chasseuse passa son regard sur les autres voyageurs de ce cauchemar, mais se concentra à nouveau sur le pirate quand il fit apparaître une vingtaine de spectres d’une façon terrifiante.

    Alaric essaya de convaincre la mage de rester avec le groupe, n’eut pas le temps de rajouter grand-chose. Que la magie de l'eau entra en action, elles s'étaient préparées à se faire balayer, mais le mage d’état avait réagi plus vite qu’elle. La terre se souleva et Nora s’élança aussitôt, laissant tomber son cigare au sol.

    - Lune va se faire emporter. 

    La louve s’élança à toute vitesse (Vitesse p1) rejoignant le bord et prenant appuis sur le rempart sauta (Force P1) pour aller chercher Lune. Elle espérait pouvoir l’attraper et la protéger du choc, s’attendant à frapper de son dos la terre dressée. Elle estimait qu'elle prendrait mieux le coup que la petite fée.

    Pendant ce temps Ersa avaient sorti plusieurs flèches de son carquois, les avait encochées. La corde se tendit, l’arc à l’horizontale pour atteindre plusieurs de ses fantômes recouverts de boues. Son esprit cherchait une solution, comment retrouver Myriem, comment abattre ses créatures rapidement. Couper les fils ? Tirer dessus, pour le forcer à sortir ? Les abattre tous, pour le forcer à réagir.

    Pour le moment, elle n’en savait rien.

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  • Lun 8 Avr - 19:16



    La Lune à l'éclat argentée, roulée en boule
    Contre la belle Myriem, pleure tout son saoul.
    Et dans la chaleur de ses bras réconfortants,
    Se souvient de l'amour maternel d'antan

    Un amour oublié, d'une mère disparue.
    Un manque qui la marque plus qu'elle n'aurait cru.
    Une absence qui se retrouve aujourd'hui comblée,
    La brune attise les plaies de son coeur troublé.

    Le doux contact de ses lèvres sur sa tête
    Achève ses pleurs et rendent Lune muette.
    Ses petits poings agrippent la robe améthyste
    Et plonge dans sa poitrine son visage triste

    Tendres baisers luttant contre sa solitude,
    Elle ne peut plus se rappeler dans sa vie rude
    La dernière fois qu'elle reçu cette affection.
    Lune se niche contre elle avec émotion.

    Replongée dans un temps bien avant les Titans,
    La fae se souvient du son du coeur battant
    De sa mère quand elle l'étreignait d'un câlin.
    Un son drapé maintenant d'un parfum salin.

    Elle ressent alors un attachement intense
    Tandis que Lune prend soudainement conscience
    Face à l’amour universel de Myriem
    Des dégâts laissés par l’absence d’un “Je t’aime”


    Le courage de la fae opaline se ravive alors qu’elle sèche ses sanglots dans la dentelle du décolleté de la belle, Lune l’a décidé à l’instant, quand viendra son tour elle se battra pour Myriem contre la Sentinelle. Qu’importe sa faiblesse, qu’importe son impuissance, elle se battera comme une diablesse avec toute sa puissance, elle qui a déjà perdu sa mère elle ne supportera pas de laisser tomber une amie, encore moins si c’est pour livrer la brune aux griffes de cette infamie. Caressant doucement les taches foncées que ses larmes ont laissé dans le tissus blanc de son col, Lune essuie les reliques de ses sanglots, elle regarde la mage améthyste sans un mot et ses lèvres ne peuvent qu’esquisser l’ombre d’un merci à cause du silence étranglé de sa voix démunie. Ils se relèvent une fois que l’émotion s’est amenuisée et Lune regarde inquiète la belle paraître épuisée, toujours accablée par une culpabilité illégitime elle regrette de s’être laissée allée à une telle détresse intime. Tandis que les uns parlent avec l’hermine et que d’autres les observent d’une tristesse mutique, Lune se consolide dans sa résolution de prendre du poil de la bête, ce qui tombe bien puisque la louve se manifeste avec son grognement typique:

    ”Dans mon malheur, j'ai au moins le plaisir de pouvoir combattre aux côtés d'une âme vaillante.”

    Arborant un sourire mélancolique sur son visage fatigué, la fae déglutit et répond mentalement dans sa tête.

    Merci Sauvage. Je suis heureuse que tu sois là avec moi.

    L’absence de Crow est un peu plus supportable grâce à sa compagne intérieure, et les pouvoirs qu’elle lui prête lui seront utile pour défendre ce qui lui est cher. Ses pensées anxieuses sont interrompues par le déchirement sinistre du ciel rageur et ses petites jambes déséquilibrées se dérobent sous la force des tremblements de terre. Lune se relève péniblement en massant ses membres ecchymosés, regardant l’averse de feuillets qui se déverse sur les héros. Elle ne sait pas encore qui est ciblé, mais il s’agit à n’en pas douter d’un nouvel assaut de la Sentinelle qui les harcèle, ses grands yeux noirs parcourent avec inquiétude le groupe de héros névrosés à la recherche de la victime, c’est seulement quand elle entend le bruit du papier froissé à ses côtés qu’elle reporte son attention sur la belle. Myriem semble lire une missive troublante et l’effet qu’elle ressent est clair sur son visage, Lune tire sur la manche de sa robe en lui demandant d’une voix faible:

    ”Myriem?”

    Elle se fait un peu plus insistante quand elle voit les larmes de la baronne couler de son oeil sur la page:

    ”Myriem?!? Qu’est-ce que c’est? Qu’est-ce qu’il y a?”

    Lune se morfond devant elle, incapable de comprendre sa détresse aussi bien que ce que la jeune femme avait fait pour elle, la fae pourtant désireuse de protéger la dame ne peut que rester là impuissante face à l’état second de la grande demoiselle. Suite à sa réponse étrange, Lune reste un instant interdite, est-ce que c’est elle qui la dérange? Ou est-ce un coup de la créature maudite? Elle reporte son attention sur la feuille à ses pieds et se baisse pour la ramasser, lisant rapidement son contenu à genoux pour tenter d’en tirer un moyen d’assister, elle parcours de ses perles de nuit l’écriture . Dans ses pensées se dessinent alors un semblant de vérité, et en agençant les pièces d’un puzzle lugubre elle pense entrevoir le début d’une réalité qui la perturbe. La forêt dans laquelle ils se battent pour leur survie existe, elle en est sure, mais serait-il possible que l’écoulement du temps soit différent ici que dans le restant de Sekaï? Si c’était le cas ils devaient sortir au plus vite, si des années avaient déjà passé depuis leur entrée en ces lieux, Crow ne tarderait pas à mourir de vieillesse, et si tel serait le cas… Elle n’osait pas considérer l’éventualité d’une mort subite, levant ses yeux vers les cieux, Lune espère secrètement se tromper. Myriem quant à elle ne paraît pas en douter et son oeil valide fixe avec une ferveur horrifique un point de l’horizon, suivant donc son regard, la fae remarque une silhouette cornue qui se démarque de la brume, sa démarche et son aura monstrueuse ne lui disent rien de bon alors elle se relève brusquement et se colle contre la dame, s’accrochant au bras de la brune.

    Elle épie avec un regard alarmé l’échange entre la baronne et le drakyn aux yeux oranges, cette fois il n’y a aucune place à l’incertitude, au doute, tout les autres reconnaissent bien la nature de ce qui leur fait face. Tous sauf Myriem et c’est bien ça qui la dérange. Lune tire la manche de la jeune femme en chuchotant doucement:

    ”Myriem?”

    La mage l’ignore copieusement, obnubilée seulement par l’incarnation menaçante de la Sentinelle qui fait surgir des monstres spectraux, tandis que Lune secoue énergiquement le bras gauche de l’hypnotisée pour tenter de lui arracher un semblant de réponse qui ne viendra jamais. Celle-ci finit cependant par accéder à la demande du monstre et prononce des mots cruels qui sont de trop, interloquée, la poigne de Lune s’affaiblit et son expression choquée observe Myriem incrédule. La fae se penche sur le côté pour mieux lire le visage de la dame, oubliant complètement la présence de la Sentinelle tant elle se sent trahie par la dernière phrase de la baronne de Mael.

    ”Hein? M… My… Myriem?” Sa voix fluette vibre d’un trémolo étouffé, l’espoir est un sentiment pernicieux dans cette forêt torturée et Lune en a déjà beaucoup trop fait les frais mais elle ne s’attendait pas à ce qu’un tel coup de poignard provienne de la seule personne en qui elle avait autant confiance. ”Myriem…”

    Elle attrape la robe violette et tente de retenir la jeune femme, de l’empêcher de tendre la main à ce qu’elle sait être sa fin. Ce n’est plus une question de la sauver des griffes de leur bourreau mais d’avoir une explication à pourquoi ses mots sonnent si faux. Alors que résonne le cri du mage reikois, Lune ressent à nouveau la fragrance rassurante d’un air marin, mais elle ne comprend que trop tard ce qu’il signifie, emportée par les flots elle est propulsée loin de la belle en poussant un cri:


    MYRIIIEEEEEEEM

    Tout vire au noir, Lune croit d’abord perdre connaissance mais le vacarme assourdissant des eaux qui s’éparpillent et des chocs qui se réverbèrent autour d’elle lui prouvent le contraire. Quand la situation semble se calmer et qu’elle revient à ses sens, elle remarque alors la présence des ombres qui l’habillent, ce sont elles qui l’ont protégé dans son vol plané précaire. La soeur jumelle de la naine arrive à ses côtés tandis que la sphère ténébreuse se dilapide et elle s’enquiert immédiatement de sa santé avant de lui tendre une main charitable, malgré son aide Lune reste sur place, incapable de réagir, elle se sent une fois de plus stupide. Myriem n’est nulle part en vue, elle s’est comme évaporée et la fae regarde les spectres flotter avec une colère incroyable. Lavée, épuisée, ballotée par toutes les épreuves, elle n’en peut plus, la seule chose qu’elle veut savoir elle ne peut le demander qu’à la mage perdue. Lune redresse les yeux pour voir les spectres s’affoler et le combat s’engage une fois de plus entre ses compagnons et les abominations innomées. Son estomac se tord sous la douleur des mots de Myriem, elle ne comprend pas, son esprit fou nie ce qu’elle a entendu et elle ne pense plus qu’à une chose, l’entendre dire de sa bouche qu’elle s’est trompée, qu’elle a menti ou même qu’elle a mal entendu et que ce n’est pas ce qu’elle a dit. Lune broie la terre sous ses mains, animée par une force prêtée.

    Sauvage. Aide moi.

    Hurlant son courage mal placé dans une charge téméraire à l’encontre des spectres nébuleux, Lune cavale vers les monstres suivie de la soeur lycanthrope aux yeux d’or, un des monstres est écarté des autres, son cable d’encre bouge sous la boue alors qu’il se tient seul en face d’eux, et la fae accoure jusqu’à son niveau avant de manifester par magie un nouveau sort. D’un geste trop court pour blesser l’entité spectrale, elle griffe les airs à quelques mètres de sa cible et fait surgir une vaste balafre ombrale qui frappe de plein fouet la créature indicible. Momentanément sonnée par le coup qu’elle vient d’encaisser, la silhouette de Kirig est éphémèrement étourdie, permettant à une Lune enragée par une colère inconnue de saisir son cable avec un cri ragaillardi:

    ”RENDEZ LA MOI! RENDEZ MOI MYRIEM!”

    Et elle se mit à tirer dessus avec la force du désespoir et celle de l’indomptable louve.

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  • Sam 13 Avr - 20:30


    - Le Chant des Ronces -
    Lune - Myriem - Vaesidia - Ersa - Alaric

    TOUR 15 - STRANGULATION

    [PA] Le Chant des Ronces - Page 6 BANNIERETOUR15






    A la surface, la bataille entre les obscures entités et les survivants fait rage. Telles des poupées animées par des fils invisibles, les bêtes aux traits informes se déplacent avec une agilité féline, voguant sur des courants invisibles pour faire de la forêt métamorphe un théâtre léthal. Le mur érigé par Alaric les offense et les déséquilibre, perturbant leur initiale formation d'une telle façon qu'elles poussent dans une cacophonie désapprobatrice des hurlements éthérés tout en ajustant au mieux leur posture face à l'obstacle dressé contre elle. Explorant de leurs doigts affutés et de leurs dagues viciées les contours de la structure, elles l'escaladent pour se rapprocher de leur cible, seulement pour être cueillies par des flèches dés lors que leurs trognes indéchiffrables surmontent le bloc de roche. D'un commun effort, Ersa et Trésor tiennent en respect la plupart des monstres qui sont naturellement obligés de contourner l'égide rocailleux pour se protéger de ce tir de couverture.

    Massacrés par les divers projectiles, les êtres fantasmagoriques poussent des cris de stupeur et deux d'entre eux sont projetés en arrière pour ensuite se dématérialiser en plein vol. Le lien parodiant un étrange cordon ombilical s'effrite lui aussi et les créatures disparaissent entièrement, cédant alors leurs places à d'autres combattants qui glissent sur la paroi de roche et de boue à une allure formidable, s'approchant de leurs proies tels des serpents effroyables en pointant leurs armes noirâtres en avant.

    Lune et Nora, dans un élan de rage barbare, s'élancent en avant pour pénétrer dans le champ de cordages ténébreux et se battent telles des lionnes pour vaincre leurs opposants. Repoussées par les vagues d'ombre que lance Lune en s'aidant de la magie de celle qui partage son corps, les chimères démoniaques valdinguent mais parviennent à reprendre du poil de la bête dans les airs et fondent en avant tandis que la petite fée courroucée, avec tout le courage qu'elle s'est si récemment découvert, prend soin de tirer avec toute la force dont elle dispose sur l'un des câbles dont suinte une boue malodorante dont les remugles évoquent ceux des algues pourrissantes et des carcasses abandonnées sur les abords sablonneux d'une plage.

    Ellana, loin d'être en reste, décide de maintenir une position arrière pour protéger Ronchon qui, comme à son habitude, projette à la chaîne des picots de givre pour repousser les menaces. Sur les flancs de Trésor, elle oriente ses paumes vers les cibles multiples qui dansent devant elle, les aspergeant de projectiles magiques qui frappent à de nombreuses reprises leurs objectifs, sans rencontrer pourtant un franc succès. Un fantôme plus habile que les autres parvient à son niveau et alors qu'Ellana porte la main à son fourreau tout en amorçant une esquive latérale, elle touche par un malheureux hasard le masque que porte Trésor à l'épaule. De ce contact supposément anodin vient naître, pour un obscur motif, un changement drastique dans la configuration du champ de bataille.

    Il y a un éclair, aussi vif que bruyant; suivi d'une onde de choc massive qui balance à terre Trésor et repousse le sanglier sur le côté. Ellana pousse un hurlement d'effroi alors qu'une lumière orange, aussi éclatante que vile, s'empare de son enveloppe toute entière l'espace d'un battement de cils. Une nouvelle explosion a lieu et lorsque la lueur maudite s'affaiblit, une poignée de secondes plus tard, Ellana n'est plus là. A sa place se tient une elfe, étrangère à ce lieu ainsi qu'aux survivants effarés qui l'aperçoivent au beau milieu du tumulte, cinglée et perdue par sa propre arrivée en cet endroit impensable.

    Ronchon adresse de son seul oeil un regard interloqué à l'inconnue et lui dit, avec une lisible surprise dans la voix :

    "Que... Quelle est donc cette sorcellerie ? Qui êtes vous ? Où est donc passé Dame Ellana ? Répondez !"

    Mais les réponses doivent attendre car, après avoir lâché un râle guttural, un monstre fantomatique lève un sabre cranté au dessus de sa tête, se préparant à administrer au sanglier un coup meurtrier.

    _



    Myriem, tu te perds dans les méandres une insondable obscurité. Tu ne devrais plus avoir assez d'air pour garder ta conscience et la brûlure lancinante qui te prend aux poumons se fait si douloureuse qu'elle ne peut plus être définie par les mots des Hommes. C'est une souffrance si implacable qu'elle en devient tout bonnement enivrante, anéantissant ta perception de l'espace et du temps. Ta descente dure t-elle depuis quelques secondes, plusieurs heures, des millénaires ? As-tu vécu un tourment suffisamment atroce pour t'expier du pêché qu'est l'abandon de ta progéniture ?

    Tes yeux s'ouvrent et tu reprends brusquement ton souffle. Tu crois avoir le besoin de tousser pour reprendre possession de ton cycle respiratoire mais il n'en est rien. Au contraire de tes éventuelles attentes, tu peux inspirer à pleins poumons sans souffrance. Comme lorsque l'Enfant monstrueux t'a délesté illusoirement de l'un de tes yeux, tu ressens la douleur de l'étouffement qui disparaît à l'allure d'un conte onirique qui s'efface si vite que tu peines à t'en souvenir. L'air s'infiltre dans ton nez et une multitude de parfums rassurants te parviennent. Les planches de bois, l'odeur des cuisines de Maël, le sel marin.

    Tu es chez toi, installée sur une chaise à bascule, les jambes recouvertes par une peau de bête taillée qui réchauffe ton corps meurtri. Tu portes une main à ton cou, la fourrure brune est toujours là. Le cauchemar, de toute évidence, n'est pas terminé. D'où te vient alors cette impression de plénitude qui se joue de tes sens pour te persuader que tout va mieux, que tout est en ordre ?

    Sur une table basse posée à ta droite, tu trouves une tasse de thé fumante. Elle est là pour toi, faite avec amour. Par qui ? Tu ne sais plus.

    "Myriem ?"

    Tu tournes la tête et tu l'aperçois. Kirig, ton tortionnaire, ton monstre personnel. Ses yeux n'ont pas la teinte que tu leur as connu, ceux de la Bête les ont remplacé. Outre ce changement évident, il te parait plus beau, plus apaisé et moins vil que tu ne l'as connu. Portant son impeccable kimono, il est délesté de ses armes favorites et se tient là, accoudé contre le muret de ton domaine en arborant un sourire affable qui ne lui sied pas le moins du monde.

    Adorable, c'est le mot qui te vient à l'esprit, en dépit de toute vraisemblance.

    Kirig claque des doigts et face à ton assise, une chaise en bois lustré fait son apparition comme par magie. Il s'y installe, le plus posément du monde, puis son sourire s'élargit tandis qu'il détaille ton visage un long moment, laissant ainsi un inquiétant silence se mettre en place. Tu entends le bruissement des vagues lointaines, tu sens la brise caresser tes joues. La chaleur d'un surnaturel apaisement te prend au bas-ventre, tes muscles se détendent.

    Tu vas bien. Tu ne devrais pas, pourtant.

    "Je ne te ferai pas l'injure de te faire croire que je suis celui que tu as connu."

    Un rire grave lui échappe.

    "Mais je pourrais être bien plus que ça."

    En croisant les bras, il s'enfonce dans le dossier de sa chaise et reprend tranquillement :

    "Je suis celui que vous nommez la Sentinelle. Je n'ai pris à Kirig que l'apparence ainsi que les traits comportementaux que tu lui associes. Mon créateur, de toute évidence, a sous-estimé les capacités dont vous étiez dotés. Vous êtes de tenaces adversaires, je vous le concède. J'ai beau créer les pires cauchemars, vous placer face aux plus implacables pièges déments, vous ressurgissez encore et encore. Ca pousse à l'admiration, c'est sûr."

    Un petit soupir nasal trahit son amusement. Il enchaîne :

    "Mais le danger majeur, dans cette petite troupe, c'est toi."

    Il laisse le doute planer, plongeant son regard d'ambre dans le tien. Faisant fi de tes barrières, il se penche légèrement en avant et vient timidement poser une main sur l'une des tiennes. Un frisson s'empare de toi. Ce n'est pas du dégoût, c'est bien pire encore.

    C'est de l'affection.

    "Je peux tout inventer, je peux tout produire. Tu n'as vu de mes facultés que les plus indicibles horreurs mais, vois-tu, je suis capable de faire autant de mal que de bien."

    De sa dextre libre, Kirig claque à nouveau des doigts. Une douce bourrasque passe et les arbres qui ornent ton jardin se plient à sa volonté pour révéler, derrière leur feuillage printanier, un océan cristallin et splendide qui est bien plus proche de ton domaine qu'il ne devrait l'être. La mer, magnifique et illuminée par les reflets d'un astre solaire, est sillonnée par des navires que tu reconnais sans mal. Ce sont les tiens, reproduits par dizaines. Kirig s'avance encore un peu plus, serrant sa main sur la tienne en caressant le dos de la tienne avec son pouce, puis il ajoute :

    "Voilà mon offre, Myriem. Accepte de te joindre à moi. Ton histoire est tellement grandiose qu'elle suffira à rassasier mon maître, au moins pour un temps. En échange de ta collaboration, je libérerai l'ensemble de tes compagnons d'infortune et je t'offrirai une vie certes onirique, mais absolument divine. Tu vivras à mes côtés un rêve parfait, plus vrai que nature, dans un monde conçu pour se plier à tes envies; pour l'éternité. Tu as assez souffert en ce bas monde, tu ne penses pas ?"

    Son rictus s'étend. Il conclut :

    "N'est-ce pas là un honnête échange ? Sacrifie ton corps physique, sauve tes amis et deviens ma déesse."

    A cet instant, un pic de légère douleur te prend à la tête, juste derrière ton œil. L'espace d'un fragment de seconde, la lumière merveilleuse se fait plus terne, puis redevient celle d'un tableau idyllique. Une petite voix, aigue et nasillarde, se fraye un chemin jusqu'à ton esprit :

    "Ha bordel, enfin ! Hey Myriem, tu m'entends ? Cherche pas à comprendre et écoute moi. Joue le jeu de ce flagorneur de bas étage mais tombe pas dans le panneau, d'accord ? C'est un piège à conne, mais coup de bol t'en es pas une. Suis mes directives et on va se tirer de là en un rien de temps. T'as tes amis qui t'attendent à la surface alors garde la tête froide, ça marche ? Fais comme si de rien était et me répond pas à haute voix, surtout !"




    OBJECTIFS ET REGLES

    Objectifs :
    -Myriem : Résister, ou te laisser charmer par Kirig.
    -Les autres : Faire face aux fantômes, libérer Myriem.

    Règles générales :
    -3 actions majeures ou utilisation de pouvoir par tour.
    -Résumé des actions et utilisations de pouvoirs demandés en fin de post.

    Modificateurs :
    -Lune : Sauvage est consciente. Dos et épaule couverts de pelage noir. Torse, bras et jambes maculés d'éraflures dont naissent aussi du pelage. Incapacité à établir le moindre lien avec Crow.
    -Ersa : L'entité en toi est devenue consciente, puis s'est assoupie à nouveau. Nora est de retour et présente exactement le même niveau de corruption qu'Ersa. Trois plumes brunes sur la joue, torse recouvert de plumes brunes. Epaule droite partiellement recouverte de plume, mollet droit légèrement métamorphosée en patte de chouette.
    -Alaric : L'entité en toi est réveillée. Pied gauche recouvert d'écailles de reptile et dos partiellement recouvert d'écailles.
    -Vaesidia : Audacieuse s'est rendormie.
    -Myriem : L'entité en toi est consciente. ta gorge se recouvre légèrement de fourrure brune. A l'intérieur de ton corps, des blessures ont accru la corruption.

    Corruption :
    -Lune : 49 % : 35 % par dégât - 4% par remords - 10% par don de soi
    -Ersa : 20% - 5% par ??? = 15 % : 12% par dégât - 3% par remords
    -Alaric : 10% : 7% par dégât - 3% par remords
    -Vaesidia : 0 % : 0% par dégât - 0% par remords
    -Myriem : 20% : 10% par dégât - 0% par remords - 10% par don de soi.

    Vous avez jusqu'au 20/04 pour ce tour.

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  • Mer 17 Avr - 18:05



    E n tirant comme une forcenée sur le cable du spectre d’encre, Lune espère extirper l’un des deux disparus de la boue visqueuse, qu’il s’agisse de la brune ou de la Sentinelle lui importe peu tant que les deux se retrouveront séparés, mais à l’issu de ses efforts, le lien ombilical rompt soudainement et le spectre ainsi que le cable se disperse en une humeur aqueuse. La petite tente de raccrocher les effluves noires qui se dissipent tout comme elle se raccroche à son espoir de sauver la magicienne, voyant le fruit vain de ses gestes elle regarde ses petites mains impuissantes, cette peau fragile, ce corps inutile et cette âme sans magie qu’est la sienne. En se rendant compte qu’elle ne sait pas comment aider Myriem, Lune prend un air effaré, elle panique, ses dents se serrent, ses poumons sifflent, elle se jette à terre et gratte la boue frénétiquement mais l’approche des autres fantômes et l’écoute de leur râle abyssal la rappelle à la réalité du moment.

    ”MYRIEM!”

    Elle hurle dans l’espoir futile qu’elle ne l’entende, que prononcer son nom la fasse revenir à elle, à Lune, mais seule les incarnations de Kirig lui répondent en fondant sur la fae opaline. Alors qu’un d’entre eux se rue sur elle, la jeune femme transforme son désespoir en un brasier de rancune, faisant appelle à la magie de Sauvage la petite balaye des doigts écartés dans les airs et manifeste d’énormes griffes ombrales lupines, les ténèbres acérés laissent des arcs rémanents dans leurs sillages trancheurs et découpent le spectre avec une puissance effroyable. Lune est haletante, elle n’a plus d’yeux que pour ceux qui représentent un obstacle entre elle et la jeune de Shoumeï, ses gestes sont rapides et elle se sent envoûtée dans une frénésie combattive.

    "SAUVAGE AIDE MOI!"
    GRRRRRRRRR!


    Se tournant vers l’apparition suivante, Lune jette un regard colérique au pirate déformé qui brandit son arme contre elle, derrière la fae commencent à se manifester de sombres nuages éthérés tandis que son adversaire lui fonce dessus, la petite brandit sa main vers l’avant, referme son poing et contrôle les ombres autour d’elle, formant une énorme gueule de louve noire qui abat ses crocs tel une massue.

    "HYIAAAAAA"
    AWOOOO!


    Le cable sectionné qui dépasse des mâchoires de la Sauvage matérialisée se liquéfie tandis que d’entre les dents de la lupine s’écoule l’encre du spectre comme un sang noir macabre. Lune relâche son poing et dissipe l’incarnation de son alliée intérieure, ne laissant aucune trace du cable boueux ni de l’entité lugubre.

    "MYRIEEEEM!"
    SNARRRL!


    Accablée, les yeux exorbités, Lune se laisse emporter par la colère et continue de se battre, mais quand ses prunelles noires attrapent l’endroit où la mage a disparue il y a encore quelques instants, la phrase meurtrière lui revient en tête.

    Ils ne comptent pas pour moi. Ils ne sont rien. Ils ne comptent pas pour moi. Ils ne sont rien. Ils ne comptent pas pour moi. Ils ne sont rien. Ils ne comptent pas pour moi. Ils ne sont rien. Ils ne comptent pas pour moi. Ils ne sont rien.


    ”Nan…”

    Ses grandes perles se voilent un instant, elle revoit sa mère, ses cheveux aux reflets argentés, assise dans un fauteuil, le teint blême, un sourire faible aux lèvres. Elle revoit plus tard l’expression murée de son père quand elle lui demande pourquoi elle est partie. Sa gorge se noue subitement. Lune se sent mal, comme prisonnière d’un mauvais rêve, sujette à une sorte de fièvre, la sensation que l’histoire se répète lui est insupportable, elle a déjà perdu une fois, elle redoute que ça recommence ici.

    ”N-a-no-”

    Petite Lune!

    Son corps se plie tout seul sous l’injonction de la louve et la lame pétrolifère d’un forban lèche sa joue immaculée en y laissant une balafre de fourrure. Un jappement énervé de Sauvage extirpe la fae de sa frayeur et de nouveau la petite fait appel à la louve pour infliger à son attaquant une terrible morsure. Déchiquetant les restes de vase alguifère alors que l’apparition répand sa consistance sur le sol, Lune est animée d’un sentiment pur, viscéral, sincère, profond. Retrouver Myriem pour pouvoir lui poser une question qui lui brûle les lèvres, une question qui la hante, elle a besoin d’en être sure, une pulsion abstruse, première, profonde.

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  • Jeu 18 Avr - 18:38
    Tous parurent saufs. Mais la disparition de Myriem dans les tréfonds de la boue ne laissa personne indifférent. Lune en fut la plus affectée. Alaric revoyait encore la pâle petite Fae narrer une tranche horrible de son existence, avec la Dame de Maël la consolant, la couvrant d'un soutien maternel sans pareil. Et l'instant d'après, à l'arrivée de la nouvelle tentative corruptrice de l'Entité pour espérer se rassasier de la détresse de sa proie suivante, la jeune femme s'était détourné de tous, l'énonçant clairement. D'aucun n'était plus rien pour elle. Comment ne pas réagir à de semblables propos poignants, qui devenaient une dague tranchant une confiante à peine née, qui avait commencé à mûrir entre les deux femmes. Comme d'une fille perdue envers sa mère retrouvée peut-être ? Alaric ne pouvait comprendre la profondeur des songes qui devaient envahir l'esprit de Lune, qui s'était confiée à Myriem, qui s'était détournée d'elle, les abandonnant tous, pour suivre le reliquat d'un passé trouble qu'elle avait cherché elle-même à enterrer... Et elle s'était enterré avec ce sinistre Drakyn... Plus qu'à espérer que Myriem ne se laisse pas abuser.

    Le mage déchu savait qu'en se jetant dans le jeu malsain de leur ennemi commun, Myriem espérait les protéger tous. Cela, il aurait bien voulu l'expliquer à Lune. Mais le temps manquait et surtout, il n'était pas certain qu'elle l'écoute vraiment. Ça se voyait, les troubles de la contradiction émotive se lisaient dans ses yeux. La colère les supplanta toutes, la poussant à se jeter à l'assaut des spectres armés.

    Alaric serra les dents du coup. Bordel, il n'avait pas su la remonter des entrailles visqueuses du sol. Ou alors, elle n'était pas là. Elle était forcément quelque part ! En attendant, elle ne pourra que tenir le coup entre les mains de son cauchemar. En attendant, il devait bien y avoir quelque chose à faire !

    Les sinistres guerriers se rapprochèrent. Le combat s'enchaîna. Nora, Ersa, Trésor et Ronchon employèrent, comme tantôt, leurs compétences. Même Lune, comme si la hargne vengeresse lui donnait... des ailes. Ellana n'était pas sans reste de son côté, avant que soudain, elle touche par accident le grand masque accroché à l'épaule de l'Hermine. D'un geste anodin, cela devint presque un revirement stupéfiant comme effrayant. Dans un vif éclat, comme un coup d'éclair que suivrait le tonnerre, une onde de choc repoussa certains alliés. La Reikoise se mit à hurler, se faisant prendre dans qu'une aura orangée à la couleur malveillante l'enveloppa. Était-ce l'Entité qui frappait, abordant une nouvelle stratégie offensive ? Une nouvelle explosion retentait. Alaric porta ses mains à ses oreilles… Quand tout cessa, il n'y avait plus de la guerrière. Il y avait une étrangère, portant l'uniforme de l'armée reikoise, une elfe qui parut aussi perdue que surprise d'être ici.

    "Qu'est-ce que..."

    Ronchon l'apostropha, ne remarquant pas l'être fantomatique qui s'était rapproché de lui, levant sa lame pour asséner un coup fatal. Alaric se préparait à faire réagir la terre pour contre-attaquer envers l'âme gémissante, que l'inconnue aux longues oreilles réagit plus promptement, sauvant donc par là, la couenne du Sanglier borgne. En réplique, pour les couvrir, Alaric envoya un flot de lames de terre denses vers les autres adversaires approchant.

    "Les questions viendront après ! Achevons ces êtres,  coupons leur corde ombreuse, sauvons Myriem et là, on exigera des réponses ! "

    Il fixa rapidement l'elfe.

    "Vous avez pris la place d'Ellana, on ne sait pas encore pourquoi, mais joignez nos forces aux nôtres. On causera après. "

    Après quoi, il appela d'autres lames telluriques, pour frapper plusieurs adversaires, surtout leur lien. Profitant d'une possible ouverture, il se précipita alors vers l'étendue boueuse pour y plonger ses mains dedans.  Il espérait encore atteindre Myriem, du moins localiser son empreinte magique, voir si elle était à sa portée pour la faire remonter à la surface.

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  • Ven 19 Avr - 23:14
    image rp

    Tour 16

    La scène qui avait été calme juste le temps de compter une histoire horrible s’était vite transformée en un tableau d’horreur. L'arrivée de ce Drakyn qui avait emmené Myriem en leur laissant un petit cadeau de bienvenue. Nora avait suivi Lune, la couvrant en faisant tourner son marteau, frappant ce qui s’approchait de trop, mais se doutant qu’elles soient vite encerclées.

    La petite fée hurlait, frappait avec autant de fureur que Nora en avait fait avant de s'éveiller. Nora restait dans le dos de lune. Une des ombres se rapprocha d’elle, la louve recula, d’un pas, armant son marteau, et frappant à la verticale, comme si elle voulait enfoncer s'il n'était qu’un clou, évidemment, il recula d’un geste vif. Mais elle profita de son élan pour s’élancer sur elle, même faisant tourner ses pieds pour que son marteau balaie le lien qui le reliait à la sentinelle. L’arrachant grâce à sa force. 

    Elle se jeta en arrière, se roulant sur le sol détrempé par la vague de Myriem, essayant de prendre appui pour signer rapidement pour faire apparaître deux chakrams dentelés qu’elle lança de toutes ses forces sur les liens qui sortaient encore de terre. La colère envahissait encore son âme, cette sensation chaude qui habituellement déclenchait une explosion de douleurs et de fureur. Transformant son corps et enflammant son esprit. Ce monde ne voulait pas de ça, l'empêchant d'accéder à sa forme de lycan. Foutu monde aux règles tronquées. 

    Ses doigts se resserrent sur le manche de son arme. Son esprit avait complètement occulté les changements, les détonations, se concentrait surtout sur les spectres trop proches d’elle. Après un regard jeté sur Lune, elle s’élança à nouveau au combat contre les spectres.


    [PA] Le Chant des Ronces - Page 6 82w1

    Ersa, elle, était aux premières loges. Près d’Ellana et de Trésors a enchaîné les flèches pour repousser les fantômes. La chasseuse restait concentrée, son corps agissant par réflexe, son esprit essayant de trouver une solution pour tirer la baronne de là, sans grand succès. Elle continuait les tirs, jetant parfois un œil sur ce que faisait sa sœur avec la petite fée blanche. Et puis une détonation, l’archère stop le tir, se détournant vers le hurlement d’Ellana caché par une deuxième explosion. Elle banda son arc à nouveau, pointant la flèche vers la nouvelle venue.

    Ronchon commença à parler, mais l’attention d’Ersa fut absorbée par le son d’une des créatures qui avait passé le mur de pierre. Elle se tourna et lâcha la corde. Ce son si familier qui avait le don de faire le vide dans son esprit. Ne pensant plus à cette famille qu’elle n’avait jamais eu, a son fantasme de petit aux cheveux blancs, la colère qu’elle avait vu dans le regard d’or de la bête.

    Plusieurs créatures avaient tenté de les déborder. L’archère attrapa trois flèches qu’elle déposa sur le bois de son arme désormais a l’horizontal, tira sur la corde pour tirer ses trois projectiles d’un coup. Elle n’avait que ça à faire. Attendre, se défendre et espérer que la nouvelle les aide, espérer qu’ils trouvent un moyen de secourir Myriem.


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  • Dim 21 Avr - 22:05

    Pourquoi avait-il encore fallu que ce soit moi ? Quelle pseudo-déité avais-je offensée pour mériter un tel châtiment ? Je l’ignorais. Non que ce fût important lorsque l’on y réfléchissait. Après tout, cela aurait été pérorer sur du vide. Mais que pouvais-je accomplir d’autre en cet instant si ce n’est me perdre dans de vaines pensées parasites et ce, afin de tromper mon ennui, ma lassitude et mon exaspération. Pour un motif que j’ignorais, le responsable de la caserne des janissaires d’Ikusa m’avait ordonné, pour la troisième nuitée consécutive, de patrouiller au sein des rues de la capitale.  Bien que je ne cherchasse guère à remettre en question ses ordres du fait de nos positions respectives, il n’en demeurait pas moins que passer mes soirées à l’extérieur de mes quartiers afin de mener à bien une ronde n’était pas une tâche que j’affectionnais particulièrement. C’était même un euphémisme que d’affirmer cela. Même lorsque, j’étais encore une simple soldate au sein du Royaume, une telle affectation m’irritait, et ce pour de multiples raisons. En effet, tout d’abord, l’obscurité me faisait horreur. Dès qu’il faisait nuit, je n’avais qu’une seule hâte : rester au sein de mes baraquements. Ce voile ténébreux qui recouvrait le monde chaque jour était synonyme pour moi d’inconfort. Les cités, que ce fût Melorn ou Ikusa, devenaient au fur et à mesure de la progression de l’astre lunaire dans le ciel, plus tranquilles. Or cette quiétude était, à mon sens, aux antipodes de ce qu’était la vie. Elle était, en somme, la personnification de la mort. Silencieuse et froide. Elle était dépourvue de tout sentiment, de tout concept qu’il fût humain ou elfique. Il n’y avait rien. Seulement le vide. Peut-être me montrais-je un brin trop négative sur le sujet et j’espérais, bien naïvement, que ma vision était erronée. Cependant, nier l’évidence m’était impossible. La nuit m’angoissait.

    À choisir, j’eusse préféré patrouiller sous le regard de l’astre solaire synonyme, pour sa part, de vie et de chaleur ! Bien évidemment, je savais fort pertinemment qu’une telle affectation m’aurait, malgré tout, déplu au plus haut moins quand bien même aurait-elle eu lieu en pleine journée ! Après tout, il fallait être le dernier des coquards pour imaginer qu’une telle mission serait des plus palpitantes. Au sein d’une place forte, cette dernière était capitale et essentielle à la défense des lieux. Cependant, elle devenait, très rapidement, pour ceux l’effectuant très redondante, voire même fastidieuse. C’était pour ainsi dire mon cas. Bien que j’essayasse d’accomplir sérieusement ma tâche, prétendre que cette besogne n’était ni importune ni barbante aurait été un mensonge éhonté. Hormis contempler les alentours et marcher, je ne pouvais rien faire ! M’entrainer m’était, dans ces conditions, pour ainsi dire impossible. Tirer à l’arc ou user de mes dagues dans le vide n’aurait pas eu un grand intérêt. Perfectionner ma maîtrise de la pyromancie aurait été envisageable, mais au regard de la nature de ladite magie, cela aurait été un problème que de le faire dans de telles circonstances, et ce, pour des raisons évidentes.  Restait la question de la rédaction de mes carnets ? Mais que pouvais-je bien aborder dans un tel contexte si ce n’est la tâche qui m’incombait… J’imaginais déjà le titre du chapitre dédié à cette dernière : de la pertinence des rondes de l’infanterie au sein des cités et des forteresses du Sekai. Avec un tel nom, je ne doutais pas un seul instant que mon futur traité trouverait sa place au sein de l’université de Drakstrang, et ce, non comme un ouvrage de référence, mais plutôt comme un misérable essai pouvant servir de cale-porte ou de projectile.

    Soupirant longuement, je rajustais mon chèche et poursuivais ma patrouille en compagnie des deux autres janissaires qui m’accompagnaient et qui semblaient tout aussi captivés que moi par la vacuité de notre mission. Au moins pouvions-nous nous estimer heureux. Nous n’avions rencontré aucun problème. Du moins pour le moment. J’espérais qu’il en serait de même au port même si je savais, par expérience, que cette partie de la ville était, en certaines occurrences, synonymes d’ennuis. Je ne comptais plus le nombre de fois, nous avions dû intervenir pour empêcher une catin d’émasculer un marin sous prétexte qu’il refusait de la payer ou qu’il était tout simplement fauché ou encore pour interrompre une bagarre entre ivrognes. Et encore, c’était sans compté sur les pillards et autres contrebandiers qui profitaient de la nuit pour se livrer à certains trafics, voire pire, à du vol de marchandises à bord des quelques navires qui demeuraient à quai.  A cette pensée, j’adressais une prière muette au ciel dans l’espoir que pour une fois, rien ne fâcheux ne troublerait notre patrouille ici. Peu m’importait, en revanche, qu’un trouble surgît après notre départ ou lorsque d’autres janissaires ou soldats arpenteraient les docks. Tant que nous n’étions pas concernées…

    Peut-être les cieux m’entendirent-ils, car seuls les bruits de nos pas sur les pavés usés résonnèrent dans cette artère commerciale. Mieux encore, si l’on exceptait les quelques ivrognes qui semblaient cuver leur vin contre les murs de certaines tavernes, demeurer dans ces lieux aurait presque pu être agréable. En effet, les voiles des navires amarrés ondulaient doucement dans la brise marine tandis que le clapotis des vagues, les grincements des coques des navires et le mouvement des cordages berçaient le silence de la nuit. Les quelques lampes à huile présentes jetaient des ombres dansantes sur les murs de pierre des quelques commerces et entrepôts pour le moment abandonné. Le port semblait avoir été plongé dans un silence presque religieux ce qui était d’autant plus appréciable alors que je humais les embruns de l’air marin en écartant volontairement les pans de mon chèche qui me recouvraient une bonne partie du visage.

    M’arrêtant quelques instants alors qu’un bruissement se faisait attendre, j’observais les voiles des navires puis les différents pontons avant de remarquer que l’origine de ce bruit n’indiquait en aucune façon une menace, mais la présence de nuisibles propres à un tel environnement. En effet, qu’aurait été un port, si l’on n’y trouvait pas une multitude de rats ? Laissant un soupir de soulagement s’échapper de mes lèvres, je rejoignis mes compagnons. Nous poursuivîmes silencieusement notre tâche jusqu’à ce qu’une clameur quelque peu discordante se fît entendre  au loin. Maugréant dans ma barbe que cette ballade avait plus en commun avec le bruit que ferait un chat égorgé qu’avec de la musique, nous continuâmes en direction de ce qui, à mon sens, s’apparentait probablement à un problème. Problème qui se manifesta, au final, de manière incongrue. En effet, alors que je parvenais à visualiser la silhouette titubante de la personne responsable de ce virelai sur l’un des différents pontons, je le vis glisser malencontreusement sur le sol, se cogner la tête contre le rebord et tomber à l’eau.

    Aussitôt mes compagnons et moi-même nous nous mîmes à courir pour rejoindre l’embarcadère en question, ce que nous parvînmes à faire en quelques secondes. D’un commun accord, mes homologues, après s’être débarrassés d’une partie de leurs armures, plongèrent dans l’eau afin de sauver la vie de ce misérable alors que je demeurais sur la terre ferme. Il était, hors de question, que je me mouillasse pour cet ivrogne qui à mon sens, n’avait que ce qu’il méritait. Il fallait, après tout, être le dernier des idiots pour se comporter ainsi sur un port. Qui plus est, j’avais bien assez donné de ma personne lors des deux nuitées précédentes. J’estimais être en droit de me reposer quelque peu ! Et puis, deux janissaires dans l’eau suffisaient amplement. Les rejoindre n’aurait pas eu grand sens. Aussi me contentai-je d’attendre jusqu’à ce que non loin de moi, j’aperçusse un reflet blanc qui semblait flotter à la surface. Était-ce un objet, appartenant à cet homme imbriaque, qui émergeait ? C’était une possibilité. M’approchant le plus possible du bord, je m’agenouillais et tendis la main afin de l’attraper. Celui-ci était, malheureusement trop loin. Ne désirant guère finir à l’eau pour un quelconque artefact, qui potentiellement ne m’appartiendrait pas, je sortais une flèche de mon carquois et tendis le bras afin de ramener cette curiosité vers ma position à l’aide de mon trait en bois, ce que je parvins à faire au bout de multiples essais.

    Remettant ce carreau à sa place, je plongeais ma main gauche dans l’eau afin de me saisir de l’objet avant d’ouvrir la paume et de le contempler. Il s’agissait d’un ersatz d’un quelconque objet de couleur blanche. Effrité en de nombreux endroits, il m’était pour ainsi dire impossible d’émettre la moindre hypothèse quant à la teneur de cet artefact qui tenait plus du vulgaire débris que d’un trésor. Peut-être la chute de l’homme avait-elle endommagé cette pièce ? C’était une probabilité. Toutefois, il y avait de fortes chances pour que cet élément ait été jeté par un matelot depuis le pont d’un bateau ou que l’une des péripatéticiennes fréquentant l’un de ces bâtiments ait voulu se débarrasser d’une parure quelconque. Pourtant, de par sa matière et sa texture, ce modeste bibelot me semblait familier. Mue par mon instinct ainsi que par ma curiosité, je décidais d’effleurer du bout des doigts cet objet afin notamment de le nettoyer correctement.

    À peine eus-je touché celui-ci que je sentis une étrange vibration parcourir mon être.  Sans que je ne puisse comprendre ce qui m’arrivait, le monde entier bascula tout autour de moi. Ce soudain changement de paradigme me poussa à relâcher l’artefact, à me relever en un éclair et à tendre la main pour saisir une flèche. Hélas ! Même, en dépit de mes siècles d’entrainements,  je ne parvins pas à réagir à temps ni à comprendre ce qui m’arrivait.  En vérité, j’ignorais même si j’étais parvenue à me relever ou non. Mon esprit ne parvenait guère à conceptualiser cet évènement et ses répercussions. À mon sens, la seule logique perceptible tenait en un postulat qui me semblait être tout simplement impossible tant ce qu’il sous-entendait me paraissait être inconcevable. Pourtant, je devais me résoudre à l’évidence ! Le voile même de la réalité s’était distendu suite à la manifestation d’une entité tierce.

    Pendant ce qui dût durer sans nul doute un fragment de seconde et qui pourtant me sembla durer une éternité, j’eus le sentiment d’avoir perdu tout contact avec la réalité. Ni son, ni odeur, ni élément palpable, ni paysage, ni goût. Il n’y avait absolument rien si ce n’est le néant. Par instinct, je me mis à crier afin de troubler ce silence oppressant, mais jamais au grand jamais ma voix ne se fit entendre. C’était comme si j’avais été dépourvu de bouche. Angoissée et terrifiée par cette manifestation qui était sans nul doute d’origine magique, j’essayais de rationaliser la situation du mieux que je le pus, avec les éléments à ma disposition. À défaut, d’être douée de paroles ou de pouvoir interagir avec mon environnement immédiat, je bénéficiais encore de la pensée ! Quand bien même mon être tout entier était le prisonnier d’une quelconque entité ou la proie d’une malédiction issue, probablement, de l’artefact que j’avais touché, je demeurais la même personne. Rien ni personne ne parviendrait à changer cela ! Il me fallait trouver simplement une issue à ce problème. Après tout, cela ne pouvait pas être si compliqué. Chaque problème avait, par essence, une solut…

    N’ayant même pas le temps de pousser plus loin ma réflexion, je remarquais qu’il m’était dorénavant possible de percevoir mon environnement immédiat. Le premier élément qui me frappa fut bien évidemment l’atmosphère lourde et oppressante qui se dégageait de ce lieu et qui semblait peser de tout son poids sur mes poumons. Cette donnée me poussa aussitôt à inspirer plus longuement afin non seulement de calmer cette désagréable impression, mais aussi pour soulager mes craintes issues de mon esprit affolé qui errait encore dans les méandres de ce tourbillon d’indicibles ténèbres qui m’avait englouti quelques instants auparavant. Le second élément qui, par ailleurs, me permit de prendre pleinement conscience de cette nouvelle « réalité » fut la sensation de la terre sous mes genoux et mes mains. Elle était molle et humide et s’apparentait à un mélange de boue visqueuse et de… décomposition ? Du moins, c’était la sensation que j’avais, alors que je saisissais de ma main gauche un monceau de terre. Peut-être me trompais-je, mais je connaissais ce type d'environnement ! Je ne parlais pas du lieu en lui-même, mais plutôt de son vécu. J’étais sur un champ de bataille, et ce, non pas au déclenchement d’une bataille ni pendant son déroulement, mais bel et bien après sa conclusion. Avais-je raison ? Avais-je tort ? Je m’en moquais. Ce terrain ponctué de limon personnifiait la mort et la désolation.  Hagard, mon regard se porta vers les quelques flaques d’eau stagnante qui, pour ma plus grande surprise, ne reflétaient rien si ce n’est le néant. Étais-je la proie d’un maléfice ? Étais-je inconsciente ? Était-ce un rêve ? Étais-je prisonnière de mes souvenirs et de mon simulacre d’âme ? Impossible à dire. Mais quelle importance ? Une fois encore, la mort accompagnait mes pas.

    Relevant les yeux vers cette nouvelle réalité, avec laquelle je parvenais, seconde après seconde, à me relier. Je fus frappée par le décorum particulièrement macabre de cet endroit. J’étais, pour ainsi dire, encerclée par des arbres morts dont les branches noueuses et pourries pointaient vers un ciel dépourvu d’étoiles, mais également vers ma personne comme si ces témoins d’un passé, désormais révolu et sordide, cherchaient grâce à leurs « doigts griffus » à dénoncer le responsable de leurs maux. Cette odeur de putréfaction associée à l’humidité ambiante me donna la nausée alors que j’inspirais à nouveau profondément dans l’espoir de chasser l’enclume qui reposait sur mes poumons. Sans grand succès. Pourtant, alors que mon nez se plissait de dégoût, ce parfum parvint à « m’éveiller » à nouveau. Bien évidemment, ce retour à cette réité fut également permis par la cacophonie ambiante. Par automatisme, mes oreilles se baissèrent tant la discordance des sons sitôt après n’avoir perçu qu’un silence de plomb, les heurta. Ne cherchant guère à identifier le sens des mots, mon regard se porta vers leurs propriétaires…

    …ce qui contribua grandement à me relever soudainement ! Du peu que je percevais depuis ma position, je notais la présence de multiples silhouettes fantomatiques reliées à des liens et qui semblaient dégouliner ? Cela n’avait strictement aucun sens. Quoi qu’il en soit, ces dernières semblaient avoir engagé le combat avec des êtres vivants. Depuis ma position, l’on aurait dit qu’il s’agissait d’une naine à la crinière de feu et d’une sorte d’abomination d’hybride dont j’aurais été bien en peine de déceler le croisement dont elle était issue. Cette dernière était particulièrement déchainée, notamment avec sa magie et se comportait bien plus comme un animal que comme un véritable être pensant, non que ce fût surprenant de la part d’une telle engeance. Quoi qu’il en soit, elle était, à ne pas en douter une menace, tous comme ces spectres dont la vision et les plaintes lugubres me donnaient le sentiment d’être piégé dans un cauchemar éveillé. Peut-être était-ce le cas après tout ? Il était impensable que je pusse être inconsciente. Mes tourments étaient bien souvent d’une tout autre nature et leurs acteurs bien plus facilement identifiables. Là, j’ignorais totalement à qui j’avais affaire. Qui plus est, il eut été fort maladroit de ma part de ne pas faire le lien entre l’artefact que j’avais trouvé sur le port et mon arrivée ici. À défaut d’être tombée dans les pommes, peut-être avais-je été invoquée ? Ou peut-être étais-je le témoin d’une antique bataille ? Ou peut-être que tout ceci n’était que le moyen pour une tierce entité de manipuler mon âme, et ce au seul motif que tel était son bon plaisir.

    Quoi qu’il en soit, je ne laisserais pas mes angoisses et mes propres incertitudes prendre le pas sur ma raison ! Il en était hors de question. Que cette réalité fût le résultat d’une manipulation magique quelconque ou d’un sort raté, je ne comptais pas capituler ni même me laisser faire même si trois questions essentielles continuaient d’accompagner la moindre de mes pensées de manière insistante : où étais-je ? Qui étaient ces personnes ? Pourquoi me retrouvais-je à errer en ces lieux ? L’une de ces personnes avait forcément les réponses que je recherchais. L’une d’elles était même, possiblement, la responsable de ma présence dans cet endroit sordide !  Après tout, l’on ne me ferait pas décemment croire qu’un simple morceau d’objet à peine plus gros qu’une fécule de pomme de terre était l’unique cause de tant de bouleversement. L’un d’eux était forcément le coupable ! Sinon comment expliquer la présence de ces spectres ? Pour avoir fréquenté les terres de l’ancien empire de mon peuple, les âmes tourmentées des morts ne se manifestaient pas sans raison. Il fallait soit troubler leur repos soit pratiquer certains domaines des arcanes. En l’occurrence, vu que je me retrouvais ici, je pariais sur la seconde raison ! Or, si un adepte des arts thaumaturgiques était capable de formuler un sort, il était tout aussi capable d’en annuler ses effets !


    "Que... quelle est donc cette sorcellerie ? Qui êtes-vous ? Où est donc passé Dame Ellana ? Répondez !"

    Ces paroles m’arrachèrent à mes pensées et me poussa à poser les yeux sur leur origine ce qui me fit hausser un sourcil, mais me poussa, également à raffermir ma prise sur mon arc. Juste à côté de moi se trouvait un sanglier borgne qui portait sur sa tête un chapeau de sorcier pour le moins extravagant. Qui était-il ? Je l’ignorais ! Encore une saloperie d’hybride possiblement dont la mère se serait adonnée à des pratiques licencieuses avec l’un de ces mammifères.  En somme, le fruit d’une pseudo-relation entretenue par une dégénérée qui aurait mérité de brûler vive sur une place publique. Qui était cette Ellana dont il me parlait ? Croyait-il vraiment que j'avais une quelconque idée de ce qui se fomentait ici ? Je venais à peine d’apparaitre, que diable ! Quoi qu’il en soit, son apparence, des plus repoussantes à mon sens, suscita ma méfiance et contribua à éveiller un sentiment que je ne connaissais hélas que trop bien : la colère. Ce bateleur dont le groin faisait office de nez s’était, vraisemblablement, pris pour un psychopompe ! Sinon comment expliquer ma présence et celle des spectres ici ? Ce maudit pourceau avait cru pouvoir user d’un art noble réservé à ceux disposant d’une conscience et surtout d’un intellect ce dont les hybrides étaient totalement dépourvus ! Il fallait être en mesure d’un minimum de compréhension pour s’adonner à l’étude des arcanes ce qui n’était manifestement pas son cas tant son existence tenait plus de l’animal que de l’être conscient. Pourtant, en dépit de mon mépris pour les membres de sa race ô combien impure, je comptais bien l’obliger à me renvoyer à Ikusa !

    Hélas ! Alors que je m’apprêtais à questionner ce porcidé, un spectre parvint jusqu’à nous et, après avoir lâché une plainte lugubre, leva son sabre cranté au-dessus la tête du sanglier et ce, dans l’optique évidente de mettre un terme à son existence. N’appréciant qu’assez peu le fait d’être mêlée à une expédition dont les intrications m’échappaient, je savais qu’il était absolument exclu que je laissasse cette silhouette fantomatique parvenir à ses fins. Du moins pas tant que je n’aurais pas obtenu ce que JE désirais. En revanche, une fois cette situation éclaircie, cette erreur de la nature à quatre pattes et ses compagnons pouvaient bien rencontrer un terrain favorable à un décès prématuré, je m’en moquais éperdument ! Mieux, cela me laisserait de marbre. Ainsi, sans hésitation et par réflexe, je levais la main et canalisais mon flux arcanique. Celui-ci se manifesta en une flamme éthérée qui jaillit de ma paume et  se déchaina sur le spectre. Préférant me montrer pour le moins prudente et étant mue par ma colère, je laissais la force dévastatrice de ma magie s’exprimer d’une manière assez équivoque. De fait, la silhouette fantomatique se retrouva enveloppée d’une aura incandescente et hurla d’agonie alors que son existence même prenait fin de manière irrémédiable. Cet ectoplasme vit, en effet, son « corps » être consumé par mes flammes vengeresses qui ne laissèrent derrière elles aucune trace de cet ennemi. Le regardant disparaitre, je posais mes yeux vers le sanglier, qui fût, quelque peu surpris, par ce soudain rebondissement et le fusillais du regard alors que je me rapprochais avec l’intention évidente d’obtenir les réponses à mes questions et ce peu importa la manière employée.


    « C’est toi qui vas me répondre à mes sollicitations, l’erreur de la nature, que tu le veuilles ou non. » Lui ordonnais-je sur un ton péremptoire.  « Peu m’importe ton nom, celui de tes compagnons et les raisons de votre combat. Je m’en FOUS. De ce que je peux en juger, vous êtes les seuls responsables de ce foutu merdier qui ne me concerne en RIEN. Maintenant, utilise ta putain de magie et RENVOIE-MOI À IKUSA avant que je ne me décide à réduire ton existence en cendres. Compris ?! »

    Malheureusement pour moi, il ne se montra guère coopératif comme en témoigna sa réponse à ma requête :

    « Nous ne sommes pas vos ennemis ! Joignez-vous à nous contre ces abominations, non parlerons plus tard bon sang ! »

    Un de ses compagnons, un homme brun quelque peu barbu, en profita pour s’immiscer dans notre conversation tout en me fixant du regard. Avant de retourner combattre les spectres, celui-ci me tint le même langage que l’hybride et insista sur l’importance de mettre un terme à la menace incarnée par ces ectoplasmes. Selon lui, les réponses à mes diverses questions pouvaient encore attendre. Il y avait bien plus pressant selon lui, comme notamment procéder au sauvetage d’une certaine Myriem. Devant de tels propos, je ne manquais pas de plisser les yeux du fait de la méfiance et que j’éprouvais et de laisser un rictus méprisant apparaitre sur mon visage. Me croyaient-ils vraiment aussi sotte ?! Espéraient-ils vraiment que j’acceptasse de me joindre à leur combat sans connaître les tenants et aboutissants de celui-ci ? Il aurait fallu être le dernier des sots pour procéder ainsi. Cet affrontement, si tant est que l’on puisse le catégoriser ainsi tant il était risible, n’était pas le mien. J’ignorais ce qu’ils avaient fait pour provoquer l’ire de ces revenants, mais il était indéniable que je ne les assisterais en aucune façon tant que la lumière sur les raisons de ma présence en ces lieux n’aurait pas été éclaircie. Même si leur apparence était bien plus commune que celle inhérente aux spectres, je n’étais pas de celle à accorder aveuglément ma confiance. J’ignorais qui ils étaient et quels motifs les animaient. Pour autant que je sache, ils étaient possiblement des ennemis de l’Empire !

    M’apprêtant à leur fournir le fond de ma pensée sur le sujet, mon regard se porta, alors que je jetais un coup d’œil aux environs au cas où un autre fantôme surgirait,  sur l’un des compatriotes de la monstruosité porcine.


    « Putain de bordel de merde. » Laissais-je échapper dans un souffle.

    L’hermine blanche qui se trouvait quasiment à nos côtés affichait sur l’une de ses épaules un masque. Un masque ô combien familier et ce pour de multiples raisons. Tout d’abord, il s’agissait d’un masque de guerre melornois. De par ces motifs, il semblait appartenir au bataillon qui avait été mobilisé face aux titans et au côté duquel, j’avais pu notamment combattre à Shoumei. Pourtant, ce n’est pas ce détail qui retint mon attention, mais bel et bien la présence de cet objet. Or, maintenant que je le contemplais en totalité, je savais que l’artefact que j’avais récupéré à Ikusa était en réalité un ersatz de cette noble parure. Dès lors, les différentes pièces du puzzle s’assemblèrent et me permirent de comprendre ce à quoi j’avais affaire. L’accessoire que j’avais trouvé devait provenir d’un guerrier tombé au Shoumei. Son masque avait dû tomber à l’eau  suite au décès de son propriétaire du fait d’un quelconque maléfice et le courant l’aurait amené jusqu’au port de la capitale. Or, en interagissant avec et à cause des expérimentations magiques de ces créatures dégénérées par l’entremise du masque qu’ils possédaient, ils étaient parvenus à m’invoquer en ces lieux. Était-ce le but de leur manœuvre. J’en doutais.

    Quoi qu’il en soit, j’avais identifié les coupables. Ils ne voulaient pas coopérer ? Soit ! Je prendrais les mesures qui s’imposent pour retourner parmi les miens. Il était hors de question que mon destin et mon existence pussent être les pions de ces deux avatars de la laideur et de la corruption. Je m’y refusais. Je préférais de loin assister les spectres. Au moins ces derniers faisaient-ils preuve d’honnêteté en cherchant à annihiler cette compagnie d’êtres hétéroclites.  La colère faisait bouillir mes veines à l’idée d’avoir été prise pour une conne par ce que j’estimais être la lie de la création. Moi qui, depuis mon arrivée en ces lieux, avais eu le sentiment qu’encore une fois un titan avait chié sur mon existence, allais rendre la monnaie de leur pièce aux responsables de cette folie. Qui plus est, je ne pouvais m’empêcher d’être irrité par la vision de ce masque. Comment un tel artefact avait-il fini entre les mains de cet animal ? Avait-elle tué un elfe pour l’obtenir ? Probable, jamais l’un des miens n’aurait accepté qu’une telle œuvre d’orfèvrerie finisse entre les mains d’une créature dont la place au sein de l’existence n’égalait même pas celle d’un rat des goûts. À moins que….

    Cette hermine l’avait volé. C’était évident. Ces terres boueuses et corrompues. Ces esprits. Ce masque. Cette créature déchue avait espéré se servir de ce masque pour tromper les spectres des anciennes ruines de mon peuple ! Hélas ! Ce subterfuge n’avait guère fonctionné et la magie du pourceau pour régler cette situation était entrée en résonnance avec celle des ruines et du masque. C’était là la seule explication valable. J’avais donc affaire à de vulgaires pillards ! Dans ce cas, ils ne méritaient qu’un seul châtiment pour avoir ainsi voulu faire main basse sur les trésors de mon peuple, pour avoir ainsi perturbé le repos de celles et ceux qui jadis avaient résisté aux titans, pour avoir suscité leur ire ainsi que la mienne : la mort. Ainsi sans perdre du temps, alors qu’une expression meurtrière se dessinait sur mes traits, j’attrapais rapidement une flèche à l’intérieur de mon carquois, bandais mon yumi, ajustais mon tir en direction de l'abomination opaline et décochais la flèche. Puis alors même que mon trait poursuivait sa route, j’essayais de m’en saisir d’un second et me tournais vers le sanglier afin de le neutraliser à son tour avant qu’il ne réagisse.


    « Solus mors vestram perfidiam expiabit..» [Seule la mort expiera votre perfidie]

    Pouvoirs et Résumé:


    "La mémoire est une forme d’immortalité. La nuit, quand le vent se tait et que le silence règne sur la plaine de pierre scintillante, je me souviens. Et tous revivent. Les soldats vivent. Et se demandent pourquoi..."
    Citoyen du monde
    Citoyen du monde
    Myriem de Boktor
    Myriem de Boktor
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    Info personnage
    Race: Humaine
    Vocation: Mage - Soutien
    Alignement: Chaotique Bon
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    qui suis-je ?:
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  • Lun 22 Avr - 22:30


    Le chant des ronces
    Feat. des fous - Tour 15


    J'avais vendu mon âme à ce diable de drakyn par le passé et je venais de replonger en partie. Bien entendu que j'avais en tête où nous nous trouvions et ce que nous affrontions. D'un côté, la part rationnelle et sensée de mon cerveau me disait que cet être n'était qu'un des masques adopté par la Sentinelle pour se nourrir de nous tous mais d'un autre... qu'il était tentant de pouvoir croire que je pouvais écouter ces mots, m'en enivrer, plonger dans leurs délices quand bien même ils s'accompagnaient de douleurs... C'était pervers, toxique et pourtant une partie de moi était prête à succomber de nouveau malgré ces longs mois d'errances, de sevrage et je croyais de libération de son emprise et pourtant...

    Quiconque aima jamais porte une cicatrice;
    Chacun l'a dans le sein, toujours prête à s'ouvrir;
    Chacun la garde en soi, cher et secret supplice,
    Et mieux il est frappé, moins il en veut guérir.

    Ces vers d'un grand poète résonnaient dans mon esprit alors que j'avais saisi la main de Kirig, ils étaient tellement puissants et réels à mes yeux.
    Cependant, en ces instants troubles, ce qui m'avait permis de garder la tête froide c'était le regard de Lune quand j'avais dit à l'ombre qu'ils n'étaient rien pour moi, que mes mots mensongers avaient scellés mon sort et que j'avais saisi la main tendue. Dans mon esprit c'était brillant, simple, un moyen de tous les ralentir pour qu'ils ne prennent pas de danger direct mais qu'ils aient du temps pour réagir ensuite. Je partais mais je n'allais probablement pas très loin tout comme Lune avant. Mais la détresse dans le regard de Lune m'avait déchiré le coeur, mes mots qui n'avaient aucune véracité l'avaient blessé et profondément et je l'avais ressenti et j'en souffrais.

    Arrivée dans cette bulle idyllique, je laisse les odeurs m'envahir, la douce brise marine caresse mon visage, elle m'apaise, elle l'a toujours fait. Le jardin qui nous entourait d'abord disparait pour laisser place à notre amante secrète, la mer, belle, sauvage, dangereuse mais tellement majestueuse. Le soleil brille dans le ciel et ses rayons se reflètent sur l'onde marine, renvoyant des myriades colorées dans le ciel.

    Plus loin, accessible, presque je le vois, mon navire, flambant neuf, fier et prêt à affronter les tempêtes ou la vie tout simplement, il m'attend, il attend mon retour à son bord. Je réalise alors que d'autres navires apparaissent, se multiplient, tous identiques au mien, une armada à mon service, voilà ce qu'on m'offre en songe et c'est tentant.

    La main du démon des mers sur la mienne se fait douce, ses doigts effleurent le dessus de ma propre main, chaque geste, chaque caresse m'électrise, je ne suis pas guérie loin s'en faut et le manque remonte en moi alors que ses mots glissent sur ma peau, s'insinuant en moi, promesses d'un avenir paisible, loin de tout souci, de tout ennui. Il sait quoi dire pour que j'écoute, trouver la paix enfin, me reposer, ne plus songer aux autres, ne pas m'en soucier mais juste me concentrer sur celle que je néglige souvent : moi-même.

    Ses mots je m'en abreuve et j'aurais pu me complaire à l'écouter, m'enivrer d'eux quand d'un coup, bref mais intense un pic de douleur martèle mon esprit. C'est infime, rapide et pourtant, durant cet instant j'ai vu l'environnement qui m'entoure se ternir, perdre de son lustre, de ses couleurs. C'est reparti aussi vite que c'était arrivé et j'aurais pu ne pas le voir pour tout avouer.  Mais ce qui me fait comprendre que je n'ai pas rêvé cela c'est la petite voix qui a trouvé la voix de mon esprit... Non je ne parle pas de ces multiples sons qui m'emplissent depuis Bénédictus, non cette fois ci c'est différent, c'est elle, celle qui partage mon corps qui me parle et me permet de m'accrocher à la réalité. Car je ne suis point seule en cet instant, elle est au plus proche de moi.  Ces mots sont forts mais me rappellent où je suis et qui est en face de moi et surtout... Même si je suis en ce lieu, dans la forêt ils doivent chercher un moyen de m'atteindre, de me sortir de là, j'en ai la certitude. Nous ne nous connaissions pas il y a quelques heures encore mais ce que nous avons déjà vécu a tissé des liens solides et profonds, matinés de douleur, de repentance mais aussi d'abandon et d'ouverture d'esprit. Nous nous livrons sans hésitation entre nous pour avancer, sans honte, nos blessures et meurtrissures sont les fils qui tissent des liens entre nous, solides et profonds et qui nous changerons sans l'ombre d'un doute.

    Je me concentre alors sur cette petite voix dans mon esprit et je lui répond, à elle seule j'espère.

    - Je t'entends oui, mais le choix m'appartient et finalement si je survis dans ce monde à part, toi aussi, en quoi est-ce dérangeant ? Et quel est ton nom ?

    Douce, agile, la voix me répond sans hésitation, avec une vivacité étonnante.

    "Mes compagnons m'ont surnommée Espiègle, ma grande. J'arrivais pas à te causer jusqu'à présent mais j'ai été témoin de tes prouesses et franchement, t'assures ! Tu vas vraiment tout plaquer pour un énième cauchemar ? Tu sais comment ça fonctionne, non ? Il te fait miroiter tout et n'importe quoi, comme il l'a fait avec ta petite fée, puis il te bouffe. On peut pas croire un traître mot de ce qu'il raconte."

    C'est avec une naïveté ou une crédulité affligeante que je réponds.

    - Peut-être suis-je différente des autres et qu'il ne ment pas pour une fois.

    J'hésite vraiment, les belles paroles résonnent en moi forcément, une vie même factice mais sans souffrance c'est tentant même si il reste un point qui me bloque en réalité, un point central autour duquel gravitent mes amis, mes compagnons.

    "T'as raison, il a l'air foutrement fiable. Piquer l'apparence du maudit père de ton chiard et envoyer des fantômes pour combattre tes potes, tout d'suite, ça pousse à la confiance. Tu t'entends parler, Myriem ? 'Fin j'veux dire, tu t'entends penser ? Bref, tu m'as comprise."

    - Oui j'ai compris. Je vais essayer d'en savoir plus de toutes façons, ne jamais mettre tous ses oeufs dans le même panier dit-on.

    Il n'est pas agréable de se faire rappeler ainsi à l'ordre mais c'est une bonne chose dans le fond et cela semble aussi rassurer Espiègle.

    "Ouf, tu m'as fait peur bon sang. Continue à jouer l'jeu, qu'il se doute de rien."

    Et pour le coup cela me fait sourire, mais je contiens cela, je l'intériorise... il est vrai que je suis une bonne comédienne, une affabulatrice capable de mentir sur mes émotions non? Espérons que la Sentinelle pour sa part ne soit pas très perspicace ou sensible tout simplement. Mon regard perdu un instant dans le vide de cet échange mental se tourne de nouveau vers "Kirig" et mon oeil valide s'ancre dans le regard orange de mon démon. Cet oeil me rappelle qu'il n'est pas lui, qu'il est autre chose et si je me sens attirée de manière surnaturelle, des choses clochent et me permettent de rester concentrée.

    - Dis moi Sentinelle, tu me dis être capable de faire autant de bien que de mal alors pourquoi te nourrir de souffrance? Ne serait-il pas plus simple de chercher le bonheur, de l'offrir aux gens et ne pas être ainsi enfermé dans... ta bulle, ton monde ?

    "Tu peux m'appeler Kirig, ou comme tu veux d'ailleurs. Mon maître, vois-tu, ne trouve sa pitance que dans les souvenirs douloureux de ceux qui ont vécu les pires tourments. Ce n'est pas par sadisme, mais par nécessité qu'il se repaît des vôtres en les aliénant de la sorte."

    Il est beau, et ce qui nous entoure aussi même si... Un instant je perçois une sorte de secousse, infime légère mais... j'ai l'impression, je crois... Non je me fais des idées, les couleurs n'ont pas changé. Je m'attelle donc à jouer mon meilleur rôle et alors que la peur vrille mes entrailles, je glisse mes doigts dans ceux de la créature pour parler. Mais aussi dans un autre but, je m'assure ainsi un contact avec la Sentinelle car je sais que ma magie contre les malédictions fonctionne ainsi. Je concentre aussi ma mana et active mes capacités de Senseur pour voir ce qu'il se passe autour de moi, de nous.

    Sans surprise de l'autre côté de la magie, je perçois la réalité du lieu, l'entièreté de la zone est faite de magie noire et de pure corruption. Kirig est effectivement la Sentinelle et concentre le gros du pouvoir qui se trouve en ce lieu. Je tressaille mais poursuis.

    - Kirig soit... tu me proposes d'être ta reine, de vivre ici dans le bonheur et tu te doutes que cela me réchauffe le coeur cette idée de pouvoir souffler enfin et... pour toujours surtout si mes compagnons d'infortune sont libérés mais tu n'es pas lui, seul ton maitre peut faire tout ce que tu me proposes, tu me connais, je suis naive mais pas stupide, je veux lui parler à lui et qu'il me dise qu'il les libèrera tous et je lui offrirai mes tourments pour qu'il s'en repaisse jusqu'à ce que je me délite dans l'oubli du vide de moi-même.

    Moqueur, railleur, il me toise, sa main toujours glissé dans la mienne, il me domine de sa hauteur, de sa force, son sourire narquois est moqueur et ... Il semble plus menaçant alors que j'ai la certitude d'avoir perçu un nouveau changement... d'ailleurs des navires ont disparu de l'horizon non? La mer est moins calme et moins claire, elle a foncé et s'agite un peu.

    "Myriem... je te propose déjà une offre unique en son genre. Nous sommes, d'une manière symbolique, au coeur de l'estomac de mon créateur et je ne peux donc t'accorder aucune audience avec celui-ci. Pourquoi s'y intéresser, au demeurant ? Tu auras entre tes mains les clés d'un univers pensé pour toi, taillé pour satisfaire tes envies et t'offrir cet apaisement que tu as toujours rêvé de connaître. Je te fais le cadeau d'une vie parfaite; n'est-ce pas suffisant ?"

    Il m'invite à le suivre et je m'exécute. Je n'ai pas oublié la douleur dans ma tête, ces flashs de ... couleur changeante, non, la vue idyllique qui s'est voilée un instant auparavant, et Espiègle  qui m'a dit de jouer la comédie, et finalement c'est pas si dur.

    - Tu as raison tout semble parfait ici mais il me manque quelque chose, il nous manque une chose pour que je puisse abandonner mon existence physique.

    Il sourit, charmeur et encore une fois je sens une chaleur se répandre en moi, un besoin maladif, surnaturel, irraisonné qui s'immisce en moi, je le veux lui... Et il me prend dans ses bras et se place face à toi, collée à son torse puissant, mes mains posées dessus je relève la tête vers lui. Je déglutis avec peine, mes lèvres me semblent sèches, j'ai soif, j'ai faim, j'ai peur, je ne sais pas où j'en suis.

    "Tout ce que tu veux."

    Il ne sait pas me répondre, il ne sait pas ce que je voulais de lui, sinon il l'aurait dit et aurait gagné, non il est l'avatar de la Sentinelle, rien de plus, rien de moins et il ne peut me donner ce qui me donne la force d'avancer, mon fils, Amael... Lui est libre, bien vivant, loin d'ici.

    -Tu devrais savoir ce que je veux allons

    Dans mon esprit de nouveau je contacte ma compagne.

    - Espiègle il est à ma portée... je soigne le mal qu'il représente ou tu pensais à autre chose

    Elle me répond mentalement :

    "Pas tout d'suite, on manque d'éléments. Va dans son sens, une opportunité va bien finir par se présenter... Accepte son offre, qu'on voit ce qu'il propose."

    Cela semble simple pour elle mais elle ne sent pas mes entrailles qui se liquéfient, la peur qui grandit, et risque de m'empêcher de réagir quand il le faudra. Mais... l'air change, l'odeur marine est un instant supplantée par une odeur nauséabonde, comme un relant de boue putride, une odeur de marécage fétide... C'est bref mais l'odeur s'est bien accrochée à mon nez, je grimace à moitié, me grattant le nez et réalisant que la peau claire de Kirig a noirci par endroits...

    Je prends sur moi pour rester dans ses bras, blottie contre cet être maléfique.

    - Donne moi Amael et je reste avec toi.

    Je dis à haute voix mon souhait, il ne peut l'exaucer, ce sera aussi faux que le reste mais je ne peux être plus sincère dans ma comédie. Autour de moi de nouveau je vois que cela change, c'est aussi rapide que des clignements de paupière mais cela reste, cet endroit est affecté par quelque chose et dans mon coeur apparait une lumière, une étincelle d'espoir, mes compagnons cherchent à me sortir de là et... je serai prête.

    Résumé:

    CENDRES
    Citoyen du monde
    Citoyen du monde
    Rêve
    Rêve
    Messages : 368
    crédits : 386

    Info personnage
    Race: Démon
    Vocation: Mage soutien
    Alignement: Loyal Neutre
    Rang: D
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t1076-reve-le-voyageur-termine
  • Mar 23 Avr - 3:55


    - Le Chant des Ronces -
    Lune - Myriem - Vaesidia - Ersa - Alaric

    TOUR 16 - INFANTICIDE

    [PA] Le Chant des Ronces - Page 6 BANNIERETOUR16






    Le chaos se réinstalle. Les dissonances refont surface et brisent l'ordre de la symphonie jouée avec harmonie par des combattants que la force des choses a unis sous une seule et même bannière, celle de la survie face à l'innommable.

    Les engeances ténébreuses s'agitent, mues par cette force invisible qui les guide depuis les tréfonds de la terre boueuse et dans cette bataille livrée contre ce qui n'a pas lieu d'exister sur le plan matériel, l'expression de la rage la plus pure se cristallise pour conférer au tableau de faux airs de gravure légendaire.

    Les jumelles, se chargeant l'une et l'autre d'assurer le combat sur plusieurs fronts, traitent les menaces multiples avec l'efficacité des plus fines lames impériales. Les fantômes sont repoussés, broyés ou anéantis par les coups portés par les deux louves dont les déplacements et les actes symbiotiques servent de couverture à l'ensemble de leurs compagnons. Leur œuvre est formidable, trop admirable même.

    Elles se sont attiré une fois encore l'attention d'autre chose, une part d'ombre tapie dans les bois qui, sans relâche, revient à la charge pour endiguer leurs efforts et les replonger dans leurs plus vieux tourments. Des grognements se font entendre aux abords du bosquet flétri et, bondissant depuis les ombres, des prédateurs jaillissent à nouveau. Le voici, le cauchemar d'Ersa et de Nora. Présent depuis le commencement de ce voyage, toujours déterminé à pousser ses cibles à la défaillance malgré leur unité.

    La Bête est toujours là, n'accordant aucun répit à ceux qui portent le sang vicié du loup. Elle n'attend pas le moment opportun, elle n'offre pas le salut d'un duel livré en forme adéquate. Elle mord, de nuit comme en plein jour, meurtrissant la proie qui n'a pas l'occasion de riposter. C'est dans l'illustration de cette triste manifestation de ce qu'est la Grande Chasse qu'apparaissent non pas des loups, des renards ou des coyotes. C'est une paire de lycanthropes gigantesques aux corps de hyénidés difformes et musculeux, portant chacun un masque que surmontent des bois de cerf.

    Nora voit arriver celui qui fond sur elle et d'un habile revers de marteau, elle démolit une part du masque de bois sculpté de son adversaire. Elle aperçoit sous cet artifice, à son grand effroi, le crâne vide et dévoré par les vers de son opposant.

    Ersa n'a pas cette chance et lorsqu'elle pivote pour faire face à la monstruosité qui se jette sur son dos, les crocs du colosse masqué se sont déjà refermés sur son épaule gauche. Secouée comme un lièvre agrippé par le fauve affamé par l'hiver, elle lâche son arc et se voit malmenée par cet être affreux dont la sauvagerie n'a d'égal que sa cruauté. Les griffes énormes de ses pattes avant se referment sur le flanc du visage de la traqueuse reikoise et dans un bruissement glaçant de chair déchirée, elle voit sa peau se décrocher de son support et son œil exploser dans un chuintement visqueux, dévoilant l'espace d'un instant tendons et crânes qui sont immédiatement remplacés par le plumage brun de celui qui partage l'esprit des jumelles. Nora, apercevant sa sœur, ressent aussitôt la même douleur qu'elle et se voit transformée de la même manière. Aux confis de l'esprit d'Ersa, une voix grave et noble vient alors naître :

    "Ersa. Faites usage de mes talents pour vous tirer de ce mauvais pas."

    Dans une bourrasque bruyante, une immense paire d'ailes aux couleurs de l'automne perforent le dos de la demi-louve, projetant l'adversaire en arrière tout en le contraignant à arracher sa prise. Nora, miroir de l'originale, se voit également dotée de ces mêmes excroissances qu'elle accueille avec incrédulité. Les ailes colossales se stabilisent et, avec un instinct qu'elles s'ignorent, les combattantes comprennent immédiatement comment s'en servir. De nouvelles armes pour faire face à l'horreur, un cadeau offert comme une farce face à l'inéluctable.

    La nouvelle venue, une chance ou un poison pour l'assemblée tourmentée ? Ses premiers mots semblent indiquer qu'elle n'a pas en tête de coopérer avec les autres prisonniers de la forêt et dans un élan mêlant sans doute confusion, rage et crainte dissimulée sous de multiples traumatismes de guerre, l'étrangère refuse de se ranger du côté de ceux qui partagent son sort. La méfiance, propre à la fois de l'Animal et de l'Homme, s'exprime aujourd'hui d'une façon aussi sordide qu'ironique.

    Plutôt que de s'en prendre aux apparitions fantomatiques, l'elfe se torture l'esprit et vient trouver dans cet enfer à ciel ouvert un semblant de réponses aux questions qui l'assaillent. Elle n'aime ni douter, ni s'angoisser et le démontre à peine arrivée en faisant preuve d'un bellicisme qui ne manque pas de surprendre celui sur lequel elle choisit de jeter son dévolu. Le yumi est armé et la flèche fuse droit sur Trésor qui, trop occupé par les ennemis qu'il affronte, ne la voit pas partir. Ce n'est que lorsqu'une heureuse manœuvre fait ricocher le projectile sur le masque qu'il porte à l'épaule qu'il comprend qu'il vient d'être la cible d'un tir et qu'il montre les crocs tout en adressant à l'effrontée un regard furibond :

    "Espèce d'abrutie ! Ne voyez vous pas que je m'évertue à vaincre les entités qui nous assaillent ? Faites preuve de bon sens, par tous les diables !"

    Ronchon peine à mettre du sens dans la manœuvre de l'elfe et se demande, l'espace d'un instant, si elle ne porte pas la marque de l'un des tours perfides joués par la créature à l'origine de tous leurs maux. Remodelant l'égide de glace qu'il maniait pour se défaire des menaces alentours, il forme tout d'abord un gigantesque pieu de glace qu'il durcit par l'esprit pour le tirer droit vers l'inconnue mais après quelques secondes d'hésitation, il se ravise en lâchant un grognement porcin et transforme son arme pour constituer un bouclier supposé cueillir la flèche qui semble lui être adressée :

    "Je vous en conjure, aidez nous et cessez cette folie car nous sommes, tout comme vous, prisonniers de ce lieu maudit ! Nos formes bestiales ne sont que la marque de la malédiction qui prolifère dans ces bois. Je vous le répète, nous ne sommes pas vos ennemis alors ne me forcez pas à vous blesser !"

    Les fantômes ne lui laissent de toute manière pas le temps de tergiverser et la lutte reprend dans une cacophonie de lames noirâtres qui crissent contre la glace du sanglier et la roche soulevée par l'ex mage d'Etat qui, quant à lui, s'évertue jusqu'à présent à sauver les pots cassés par tous les moyens disponibles. Malheureusement, l'arrivée impromptue de deux adversaires supplémentaires ainsi que d'une elfe particulièrement hostile nuisent à l'intégrité de sa stratégie de défense et, pour la première fois depuis un bon moment, Alaric est fait cible par un duo de monstruosités qui virevoltent en sa direction, lames tendues et gueules ouvertes.

    Lune, accompagnée spirituellement par Sauvage, se bat comme une lionne pour venir en aide à Myriem chez laquelle elle a retrouvé l'image de cette figure maternelle perdue depuis trop longtemps. Sa combattivité, malheureusement, n'est pas sans attirer l'attention de la Sentinelle qui semble jouer des fils maniant ses marionnettes pour profiter d'une faille dans la formation de son opposition. La lutte interne des survivants entre Vaesidia et les autres guerriers est tout ce dont elle a besoin, en jouissant également de la présence des deux nouvelles apparitions abominables, pour frapper un grand coup.

    Trois des créatures se positionnent en triangle autour de leur adversaire furieuse et simultanément, elles ouvrent leurs gueules démesurées dont vient poindre la lueur automnale qui ne suscite désormais plus que l'effroi chez ceux qui ont eu l'opportunité de l'apercevoir. Dans un éclat vif et aveuglant, les entités fantasmagoriques projettent subitement un trio de rayons faits de pure magie obscure et ceux-ci viennent frapper la pauvrette qui se fige sur place, immobilisée par les assauts arcaniques qui la dévorent de l'intérieur, brûlant son épiderme qui se voit changé peu à peu en celui de la louve. Celle-ci hurle dans l'esprit de la Fae mais malgré la rage barbare dont elle fait preuve, le corps reste muet aux appels de celles qui le contrôlent.

    "Petite L... Petite... Oh non, tout mais pas ça. Ca... ça recommence. Non, non non non non ! Libère toi, sors de là par pitié ! Sors !"

    Lune n'est plus son nom.
    Balayé des souvenirs de quiconque, il disparaît, arrachant à la malheureuse une immense part de son identité.

    Sous ses pieds, un vortex de corruption né de la poigne du néant s'étend.

    _


    Les murs de la demeure imaginaire tremblent et des plafonds s'écroulent une faible quantité de poussière. L'odeur de la mer cède place l'espace de quelques secondes à celle d'un marécage sinistre puis reprend ses droits dans une légère bourrasque à laquelle viennent se coupler les bruissements paisibles des vagues. L'image somptueuse a encore vacillé, de façon plus perceptible cette fois-ci.

    Tu as clairement aperçu, sur le dos de celui qui se targue de pouvoir devenir ton amant, les câbles semblables à des tripailles pourrissantes qui effectuent une longue ascension vers l'extérieur, traduisant ainsi le mensonge qu'est ce lieu. Cet endroit, aussi formidable puisse t-il sembler, ne serait donc qu'une autre tentative de leurrer, un nouveau mensonge formulé par une créature qui finalement, n'est capable que du pire ?

    Il y a quelque chose d'atroce dans cet état de fait. Le mal primordial a au moins la noblesse d'être constant dans l'horreur et s'il peut sembler démentiel, il n'a dans l'inconscient des hommes pas cette perfidie dont semble être affublé la créature qui te fait face. Aucune bassesse n'est de trop pour lui, aucun stratagème n'est à exclure. Tes pensées, il peut se les approprier. Tes rêves, il s'en nourrit.

    "Il y a du raffut, au dessus."

    Il laisse un éclat de rire lui échapper et si tu reconnais encore la voix de Kirig, tu ressens derrière son air charmant et sa mine affable la tension d'un être qui maquille sa rage du mieux qu'il le peut. Il lève les yeux au ciel, son visage anguleux s'assombrit et ses yeux s'illuminent de plus belle, traduisant ainsi un ordre qu'il semble avoir donné pour ceux qui combattent sous ses ordres, à la surface. Après quelques secondes de mutisme, il replonge ses yeux sur ton visage et t'offre une risette aimante avant de reprendre, l'air faussement penaud :

    "Amael, tu disais ? Excuse moi. J'étais... ailleurs."

    Il marque une légère pause et passe quelques doigts dans tes cheveux, aussi amoureusement que peut le faire une chimère aussi inhumaine que lui.

    "Je doute que tu veuilles voir apparaître l'original ici ? Sa lettre est pourtant très claire, n'est-ce pas ?"

    La voix d'Espiègle se fait entendre en ton for intérieur :

    "Menteur."

    Kirig claque des doigts et aussitôt, tu entends au premier étage de la bâtisse dont vous foulez l'extérieur les pleurs légers d'un enfant qui s'éveille à peine. Le pirate sourit de plus belle, espérant voir apparaître sans doute l'émerveillement sur ton visage :

    "Je peux tout créer, Myriem. Que dirais-tu que je t'en construise un nouveau ? Je pourrais te faire oublier l'existence de l'ancien, effacer ta mémoire de ta vie passée. Tu connaîtrais un bonheur total et je m'assurerais, en coulisse, que jamais la tristesse et l'injustice du monde matériel ne vienne te blesser. Je te protègerai, je te le promets."

    Il te serre dans ses bras, t'offrant la chaleur d'une embrassade dont tu n'aurais jamais pu entrevoir la douceur dans le monde réel. Ses bras, des armes conçues pour violenter et meurtrir, ne deviennent alors que des sources de félicité et de plénitude. Tu t'y sens à l'aise, tu t'y sais couvée. Les maux, ici, ne peuvent plus t'atteindre.

    "MYRIEM !"

    Ton univers factice gronde, se tord et se déforme, le temps se gâte et le tonnerre se fait entendre dans un rugissement intense. Les traits si splendides de Kirig deviennent ceux d'un être décharné depuis lequel s'agitent les chaînons qui le relient à ses serviteurs cauchemardesques. Un trio de fils s'effritent, réduisant encore l'emprise que la Sentinelle exerce sur toi et te libérant momentanément de son joug.

    Une douleur cinglante te tire à ta stupeur.

    Il t'a giflée, puis t'a repoussée.

    "Tu vois ce que tu as fait ? Tu n'étais pas foutue de leur faire comprendre que tu ne voulais pas te faire aider, hein ? Tu essaies de m'escroquer, Myriem ? Tu devrais savoir pourtant qu'on n'essaie pas de doubler un pirate. Par tous les Saints, qu'est-ce que tu peux être..."

    Il lève son coude dans un revers violent mais aussi subitement que la tempête s'est levée, elle s'apaise. Le tableau redevient idyllique et Kirig se jette en avant pour s'assurer qu'il ne t'a pas blessé, serrant tes joues entre ses paumes avec affolement :

    "Pardon ! Pardonne moi, Myriem. Ca ne se reproduira plus, je te le jure. Tes amis, ils... perturbent l'équilibre de ce monde qui vient de naître. Ils le corrompent. Ils... il faut que tu agisses vite, libère les pour que nous puissions vivre ton rêve ensemble !"

    Il porte sa main à son ceinturon avec empressement et vient en extraire une dague d'ébène, aussi somptueusement ornée que celle qu'a offert le père fantasmé de...

    ...de qui, déjà ?

    Une Fae t'attend, ailleurs. Tu ne te souviens plus de son nom.

    "Ma belle. Ca doit chauffer là-haut. Moi aussi, j'ai oublié comment s'appelait la petite. Perd pas le Nord et sauve la gamine parce qu'elle doit être sacrément paumée sans toi, pigé ? Allez grande, j'compte sur toi."

    La dague est placée entre tes mains et Kirig, avec une fougue que tu lis aisément dans ses yeux, avance son visage vers le tien pour t'embrasser avec passion. Il se recule après quelques secondes et te lance, non sans essoufflement :

    "En plein cœur, mon aimée. C'est le seul moyen."

    Un monstre comme lui ne changera jamais.



    OBJECTIFS ET REGLES

    Objectifs :
    -Myriem : Anéantir Kirig.
    -Les autres : Sauver L..e de la Poigne du Néant. Vaincre les wendigo. Convaincre Vaesidia.

    Règles générales :
    -3 actions majeures ou utilisation de pouvoir par tour.
    -Résumé des actions et utilisations de pouvoirs demandés en fin de post.

    Modificateurs :
    -L...e : Sauvage et toi êtes en train de fusionner. Dos et épaule couverts de pelage noir. Torse, bras et jambes maculés d'éraflures dont naissent aussi du pelage. Incapacité à établir le moindre lien avec Crow. Ta peau noircit.
    -Ersa et Nora : Sage est conscient. Nora est de retour et présente exactement le même niveau de corruption qu'Ersa. Trois plumes brunes sur la joue, torse recouvert de plumes brunes. Epaules et col recouverts de plumes, mollet droit légèrement métamorphosée en patte de chouette. Visage partiellement recouvert de plume et œil droit remplacé par celui d'une chouette.
    -Alaric : L'entité en toi est réveillée. Pied gauche recouvert d'écailles de reptile et dos partiellement recouvert d'écailles.
    -Vaesidia : Audacieuse s'est rendormie.
    -Myriem : Espiègle est consciente. ta gorge se recouvre légèrement de fourrure brune. A l'intérieur de ton corps, des blessures ont accru la corruption.

    Corruption :
    -L...e : 60 % : 46 % par dégât - 4% par remords - 10% par don de soi
    -Ersa et Nora : 35%  : 32 % par dégât - 3% par remords
    -Alaric : 10% : 7 % par dégât - 3% par remords
    -Vaesidia : 0 % : 0 % par dégât - 0% par remords
    -Myriem : 20% : 10 % par dégât - 0% par remords - 10% par don de soi.

    Vous avez jusqu'au 30/04 pour ce tour.

    Précisions:
    Permission de ce forum:

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