crédits : 406
Le plan avait à peu près marché, la chasseuse avait à peu près réussi. La chasseuse avait réussi à guider le groupe jusqu’à Lune, elle avait trouvé une solution pour en attirer. Son plan avait de grands risques, son esprit ne pensait pas réellement aux conséquences, elle voulait juste se rendre utile pendant qu’elle le pouvait. Elle allait payer le prix fort, sentant sa résistance s'étioler à chaque nouveau coup de ses satanés morveux. Heureusement, Myriem était intervenue pour la sauver.
La chasseuse regardait ses créatures se noyer, essayant de reprendre son souffle. Elle resserrait la prise sur ses dagues. Un grognement attira son attention, mais avant qu’elle ne puisse se réagir, une mâchoire se referma sur sa cuisse. Ersa ne put retenir son hurlement de douleur quand ce piège entailla son muscle. Elle leva son bras, armant sa dague, mais un autre piège se referma sur son épaule.
La naine était secouée comme une vulgaire poupée de chiffon, un pauvre jouet pour chien. Elle avait commencé à hurler de douleur. Et en même temps, presque heureuse de rejoindre Nora en ayant été utile une dernière fois. La douleur se répandait, dévorant la moindre parcelle de son corps et accompagnant les larmes qui s’étaient mises à rouler sur ses joues.
(Désolé)
C’est tout ce qu’elle pouvait penser. Si Nora était encore en vie, elle espérait que cela ne signerait pas sa fin non plus, qu’elle n’avait pas besoin de son aide, tourmentée par ce cauchemar en attendant sa sœur. Elle sentit son esprit craquer, comme un soir devenu flou ou son esprit avait subi sa première fêlure entre elle et Nora. QU’est ce qui avait mis le feu aux poudres ce soir-là d'ailleurs. La fêlure devint fissure qui explosa dans un déferlement de magie.
Ersa retomba au sol, lâchée de force par ses deux assaillants. Elle mit quelques instants à se relever, si la douleur physique s’était dissipée, mais son esprit eut du mal à regagner le corps qu’il était prêt à quitter. Elle grogna, attrapa ses dagues avant de se redresser pour apercevoir cette silhouette si familière, qui dégaina sa dague du même geste que l’avait fait la rousse. Ersa se figea, les bras ballants.
La voix de sa sœur la sortie de sa paralysie.
- Nora ?!
Elle remarqua la confusion dans ses yeux. Elle vit le plumage qui se rétractait sur Nora comme un miroir. Finalement, elle sentit la troisième âme se retirer, se rendormir au fond d'elle-même. Elle devait faire avec cette chose, elle verrait plus tard, ce n’est pas le moment de tergiverser sur ce détail. Les deux émeraudes se posèrent dans ces billes d’or perdues.
- Qu’est-ce qu’il se passe ?
- C’est assez compliqué d’expliquer, pour faire simple, tout ce qui est humain autour de nous, ce sont des amis, le reste a buter.
- Oui, mais ce bois, c’est…
- Oui, c’est celui de notre enfance, cet endroit joue avec nos souvenirs. AH, si, doit y avoir un Sanglier et une hermine quelque part dans les buissons, ça, ce sont aussi des copains.
Nora jeta un regard sur le loup et le renard, c’était étrange, ses bêtes leur correspondaient, ce masque à présent fissuré représentait leur passé commun. Son esprit ne voulait pas croire qu’il n’y avait aucun lien possible avec eux. En même temps, elle n’avait pas connu ce qu’ils avaient connu, mais ces bêtes féroces s'étaient mises à trembler, quelque chose dans leur posture trahissait quelque chose qui n’allait pas. Malgré ce qu’il venait de faire, leur corps ne montrait pas d'agressivité.
Nora, qui n’avait pas pitié des hommes, mais ses deux créatures faisait resurgir une partie d’elle, cette partie animale, toujours incomprise, se battant parce qu’on lui avait jamais offert d’autres choix. Ses doigts se resserrent sur sa dague avant de s’approcher lentement, une main tendue, elle se préparait à toute éventualité. Tendant une main en direction du loup, serrant la prise sur sa dague pour réagir si besoin.
- Moi aussi, je n’étais que violence, jusqu’à ce que la renarde me laisse une chance, me laisse m’exprimer. Est-ce que c’est la chance que tu as besoin ?
Ersa de son côté voulait faire confiance à sa sœur, confiance à cet instinct qu’elle lui avait emprunté tant de fois, mais ses doigts firent tourner la lame pour s'apprêter à la lancer sur le renard en cas d'agressivité. Et c’est bien le renard qui avait réagi en premier, mais pas de la façon dont s’attendait Ersa. Il ouvrit la gueule et se mit à crier, faisant vibrer les cœurs des jumelles.
- Pas beaucoup de… Temps. Le Faiseur de Masques… Le Chasseur est là. Te veut… Te veut dans ça… Meute
Elles avaient l’impression que chaque mot lui était arraché, que parler était une torture, mais il le faisait pour elles. Le loup trépigna, résista à une force invisible, se mit à se mordre la patte pour mieux résister. Le renard, lui, eut beaucoup plus de mal à se retenir, couina comme pour prévenir Nora avant de lui sauter à la gorge. Ersa leva son bras, prête à frapper, mais Nora se décala, s’interposant grâce à sa vitesse et asséna un coup avec le pommeau de sa dague. Frappant juste au-dessus du masque, avec la force nécessaire pour ne pas le tuer. Ersa se tourna vers le loup qui résistait toujours.
- Qui est ce faiseur de masque ? Qui vous force à lutter ? Le chasseur ne force pas, la chasse est une nature.
- …Il veut ce monde. Il te veut toi… Il veut… La bête.
Un frisson parcourut leur deux corps à ses mots. Le chasseur était là, mais quelque chose n’allait pas dans cette chasse. Nora s'était penché sur le corps du renard, passant ses doigts sur le masque, les glissant lentement derrière pour tirer dessus. Elle dut forcer et le masque se détacha, emportant avec lui le dernier souffle du renard. La bête s’endormit, pour toujours pendant que le masque disparut, tombant en cendres dans ses mains. Une larme coula sur la joue de Nora. Elle ne voulait pas le tuer, mais l’aider comme il avait essayé de le faire avec elle. Elle ne se souvenait pas que c’était le masque qui le maintenait en vie. Ce n’est pas elle qui avait discuté avec Myriem au premier loup, elle ne savait même pas qu’il y en avait eu un autre avant eux.
Le sol se mit à trembler dans un fracas énorme, Ersa tourna la tête pour s’apercevoir qu’Alaric avait agi, avec toute la puissance d’un mage de son rang. Sauf qu’un cauchemar n’arrive jamais seul, la tour se relève animée par des dizaines de bras horrifiques. Elle passa son regard rapidement sur l’action. Que pouvaient-elles faire face à tout cela ? Elle vit Ellana se débattre, arrachée les ailes de ses créatures horribles qui avaient abandonné leur chasse.
Ersa regarda sa sœur, qui restait à côté de ce renard, elle devait aider ses compagnons d'infortune, mais que faire face à ce monstre, de nouveau, elle n’avait pas la force nécessaire pour cela. Mais elle ne pouvait pas abandonner sa sœur, qu’elle croyait perdue. Elle se positionne derrière la rousse accroupie. L’expression de Nora paraissait triste, plus qu'à la mort du renard. Son ouïe captait quelque chose d’étrange, des mots lents, lointains.
* Pitié, non…*
La voix de la louve s'éleva, teintée de cette même tristesse.
- Tu entends ses pleurs ? Tu as confiance dans cette femme ?
* Je suis désolé… Père….*
- Je n’entends plus de pleurs, et oui pour le moment cette femme nous as déjà sauvé et ses sacrifiés pour que je te retrouve.
*Mère… Crow.*
- La petite pleure, veut… Ses parents… Crow ?
* Pitié… Non*
Nora tendit le bras, désignant l’endroit où l'œuf s’était écrasé, laissant la petite Lune sangloté en boucle. Elle passa la main une dernière fois dans le pelage du renard.
- Et bah, tu devrais lui faire confiance, toi qui sais bien tirer. Va jeter un de ses œufs. Je reste avec eux.
Nora se posta à distance du loup, récupérant le marteau dans le dos de sa sœur. Elle se tenait prête à réagir si le loup ne pouvait plus se contrôler. Il ne blesserait personne d’autre, et elle essaierait de l'assommer s'il l'attaquait.
Ersa passa son regard, rapidement sur le champ de bataille, identifia sa cible et s’élança. Ses bottes martelaient le sol à chacun de ses pas, évitant les adversaires en entrant dans une course ou sa direction changeait à chaque nouvel appui. Elle se pencha, ramassant cet œuf étrange. Elle se stoppa, concentrant ses appuis. Elle ramena l'œuf au niveau de son épaule, l’englobant de ses deux mains. Son bras droit partit en arrière, plia sa main pour tendre au plus loin en arrière, et comme une corde d’arc. Son mouvement partit d’un coup sec, comme un lancé de balle rapide. L'œuf parcourut la distance rapidement sous le regard de la lanceuse.
Il pénétra dans la porte abominable. Son esprit attendait une réponse immédiate et ne sut déterminer le temps qu’il y avait eu entre son lancer et ce rugissement horrible, venant des entrailles de ce monstre. La tour s’immobilisa, juste un temps, si infime qu’on aurait dit une hésitation.
Du sang fut projeté, accompagné d’un hurlement monstrueux et de la reprise de ce mouvement funeste.
Les restes d’une Lune démembrés furent expulsés par cette porte, avant de disparaitre dans une fumée noirâtre. Laissant ce groupe en bien mauvaise posture. Ersa ne savait pas si cela avait été vraiment utile, si elle devait en lancer d'autres ou non. Qu’est-ce que faisaient les deux hybrides à ce moment
- Nora n'arrive pas a se décidé à attaquer le renards et le loups et essaie de leur parler. Les animaux lui confiait l'arrivé du Chasseur qui veut la forcer a rentrer dans sa meute
- Le renard attaque et Nora l'assomme grâce a sa vitesse (Vitesse p1)
- Nora utilise Ouie P1 pour écouter les lamentations de la petite lune.
- Enfin Ersa suit le conseil de Myrien et fait un home run (Précision p2) avec un oeuf dans la porte de la tour la tour s'immobilise une seconde avant de recracher une lune demembrée en hurlant au mensonge.
Pouvoir Utilisé
- P2- 2/14
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crédits : 386
- Le Chant des Ronces -
Lune - Myriem - Ellana - Ersa - Alaric
TOUR 11 - FAMILLE
En dépit d'innombrables efforts, malgré l'adresse, l'ingéniosité et l'absolu courage des survivants, la Tour diabolique continue sa lente mais inexorable avancée vers ce duo improbable qui semble si minuscule face à elle.
Elle se libère des liens telluriques, se défait le clone corrompu qu'on a jeté dans sa gueule, puis arrache ses propres membres pour maintenir le rythme de sa terrifiante progression. et lorsqu'enfin elle parvient au niveau des deux jeunes femmes qui font face à une inéluctable destruction, les griffes osseuses et décharnées viennent enserrer la protection ténébreuse érigée par Ellana.
Après que Nora ait projeté l'oeuf dans la gueule de bois et d'os qui paraît refuser l'offrande dans une effusion pourpre,
Des bras sont arrachés au contact de cette sombre magie mais trouvent des remplaçants plus implacables encore. Les êtres féériques s'éloignent de leur maître incontesté, laissant la place à la bête de roche, de moelle et d'acier qui entreprend de faire craqueler un dôme trop fébrile pour faire face à sa puissance démentielle. La demi-sphère, seul salut de la Fae et de l'elfe, s'effrite et cède enfin sous le pois irrésistible de ses griffes trop puissantes pour être stoppées.
Le dôme s'effondre en un amas de poussière arcanique et les serres cataclysmiques s'abattent inéluctablement sur Lune, ainsi que sur Ellana. Séparant les deux demoiselles rassemblées face à l'adversité, le géant rocailleux pousse un grondement métallique en repoussant la guerrière impériale pour laquelle il ne semble avoir qu'un momentané intérêt puis, avec la gloutonnerie d'un dévoreur de monde, elle attire Lune à elle, l'insérant en son sein par cette porte baignée d'une lueur que vous savez maudite.
La poignée se tourne, la lumière s'affaiblit et tout s'arrête. Les immondices aux faciès difformes cessent de lutter et se tournent tous ensemble vers la Tour qu'il fixent avec insistance, faisant d'elle un monolithe auquel ils paraissent vouer un culte. Les bras squelettiques cessent de serpenter et disparaissent les uns après les autres, engloutis par la structure dont ils prennent simplement soin de refermer les volets avant de s'éclipser.
Les champignons ailés abandonnent leurs armes ainsi que leurs adversaires et s'approchent docilement de la mystique batisse autour de laquelle ils viennent former un cercle. Ils se prennent par les mains et, les uns après les autres, ils se métamorphosent pour devenir cette imparfaite réplique de Lune; celle dont ils parodient les souvenirs et l'apparence afin de la tourmenter jusqu'à l'absolue folie.
L'une des répliques de la Fae ouvre sa bouche délicate et d'une voix étrangement aussi cristalline qu'effrayante, elle se met à chanter. Elle est aussitôt imitée par ses consoeurs et elles viennent ensemble former un choeur angélique mais terrible. En dépit de toute vraisemblance, ce n'est pas en commun mais en elfique qu'elles se lancent dans cette étrange performance. Peu d'entre vous comprennent le sens de leurs mots, mais chacun d'entre vous reconnaît sans mal le rythme, les intonations, la mélancolie.
Les voix qui vont ont tourmenté. La chanson qu'il vous était interdit d'entendre sans pouvoir céder à la panique. La voici.
Les fausses fées psalmodient leur sinistre mélopée avec ferveur et entrain et la Tour retourne s'ancrer dans la terre tout en s'enveloppant d'un épais voile de soie qui se densifie, encore et toujours, pour former un titanesque cocon ovoïdale.
Un oeuf.
Un oeuf offrant la protection, mais aussi une promesse de déchirante solitude._
Lune. Tu t'éveilles au cœur d'un salon que tu reconnais entre mille. Le silence y est d'or et seule la furtive mélodie mêlant le son des oiseaux et des courts d'eau voisins te parvient. Le sinistre Chant des Ronces t'échappe, la hargne de tes pairs aussi. Les fenêtres sont closes, mais les volets ne le sont pas et tu distingues derrière le paysage luxuriant que tu connais mieux que personne. La lumière orangée n'est plus celle qui émane de la gueule du monstre, mais celle d'un soleil qui décline avec douceur. Tes yeux se posent un peu partout et tu constates malgré les similarités avec le logis que le destin t'a forcé à quitter que les dimensions sont imparfaites et que les meubles sont distordus, trop grands pour toi.
Ils sont conçus pour les adultes, ceux qui sont grands, forts et responsables; pas pour une si petite Fae.
Sauvage se taît, inspectant par tes yeux cet intime fragment d'histoire qu'elle n'aurait jamais dû voir par un biais si sinistre. Ton courage naissant et ta curiosité légendaire prennent l'ascendant sur tes craintes et tu ressens l'appel de ce qui se trouve à l'étage supérieur. Tu grimpes les escaliers, traverse des pièces où sont entreposées les affaires de ceux que tu as chéri jadis. Aventureuse malgré l'effroi, tu parviens enfin à l'endroit où tout se joue.
La poignée se tourne et, contre toute attente, ce n'est pas un monstre à la gueule de cauchemar ni une affreuse vision d'un Crow éventré qui s'offre à toi. Une silhouette voutée aux dimensions adaptées à la grandeur curieuse de ce lieu se dresse au fond du bureau, se tenant au dessus d'une table d'incantation que tu reconnais sans mal.
"Alune...?"
L'homme se retourne et la première chose qui te frappe se situe dans l'entière et inhumaine noirceur de ses yeux ainsi que dans la paleur de sa peau. Sur son faciès dépeignant l'épuisement, un sourire de soulagement apparaît. Une larme d'encre coule sur l'une de ses joues et, lentement; il s'approche de quelques pas. Pressentant ta frayeur, il ne s'approche pas davantage et se fige au milieu de la pièce.
"Ma... c'est moi. Je ne pensais pas que tu y arriverais seule. Je ne pensais pas que tu me retrouverais un jour. Je... tu m'as tant... Tu m'as manqué."
Il pose un genou à terre pour se mettre à ton niveau, puis ouvre ses bras dans une telle marque d'affection qu'elle te semble étrangère. Les mots viennent difficilement, l'émoi est palpable. Cet amour débordant, cela ne ressemble guère à la froide mesure de ton géniteur._
A l'extérieur, les chose sont bien différentes. Avec un affolement certain, Ronchon ainsi que Trésor se rapprochent des survivants et constatent avec effroi la transformation qu'a subi cette maudite Tour. Prise à partie par de maudites créatures, l'Hermine avait bien failli être victime d'un sinistre destin mais c'était sans compter sur la sollicitude de la Dame de Maël qui n'avait vraisemblablement pas pour habitude d'abandonner les siens.
Le Sanglier court jusqu'au niveau de Myriem en contournant l'immense structure, jette un coup d'oeil interloqué aux monstrueuses petites chanteuses qui cernent la structure puis demande :
"Que... que s'est-il passé ?"
Trésor les rejoint, jetant une oeillade emplie de gravité jusqu'au cocon colossal qui se dresse devant lui. Ils accordent tous deux une oeillade très surprise au clone d'Ersa mais la situation urgente ne se prêtant à aucune forme d'interrogation, le mustélidé demande :
"La Tour a dévoré la petite Fae, n'est-ce pas ?"
Une brève inspection de la structure blanchâtre permet d'établir qu'il n'y a pas le moindre accès menant à l'intérieur. Des idées sont évoquées, des hypothèses se forment, mais rien ne semble s'avérer concluant. Dans une tentative désespérée, Ronchon manifeste lors des recherches une titanesque épine de glace qui vient tenter de perforer l'immaculée coquille mais, tout comme avec Alaric, la masse à la surface lisse se renforce, résistant à tout impact. C'est là que l'Hermine s'avance vers Myriem et pose sur son épaule une main duveteuse.
"Je tiens à vous remercier d'avoir indiqué ma position à Ronchon. J'ai été... imprudent. J'aurais dû vous faire confiance et rester à vos côtés."
Puis, s'adressant à l'ensemble du groupe, Trésor lance avec assurance :
"Il y a une solution."
Sachant l'attention des survivants centrée sur lui, il reprend :
"Je vous avais dit que je partais pour déceler la nouvelle forme de la Sentinelle avant qu'elle ne s'en prenne à vous. J'ai été assailli par des entités cauchemardesques mais avant de subir cette embuscade, j'ai exploré cette fameuse Tour qui était encore vide lorsque je m'y suis rendu. J'en connais l'intérieur, alors qu'elle soit protégée par ce cocon ou non..."
Son explication trouve enfin sa conclusion :
"... je peux m'y téléporter mais je ne saurai emmener qu'une seule et unique personne avec moi. Est-ce que quelqu'un ici désire se joindre à cette entreprise ?"
OBJECTIFS ET REGLES
Objectifs :
-Suivre l'idée de Trésor ou trouver une autre alternative.
Règles générales :
-3 actions majeures ou utilisation de pouvoir par tour.
-Résumé des actions et utilisations de pouvoirs demandés en fin de post.
Modificateurs :
-Lune : Sauvage est consciente. Dos et épaule couverts de pelage noir. Torse, bras et jambes maculés d'éraflures dont naissent aussi du pelage. Incapacité à établir le moindre lien avec Crow.
-Ersa : L'entité en toi est devenue consciente, puis s'est assoupie à nouveau. Nora est de retour et présente exactement le même niveau de corruption qu'Ersa. Trois plumes brunes sur la joue, torse recouvert de plumes brunes. Epaule droite partiellement recouverte de plume, mollet droit légèrement métamorphosée en patte de chouette.
-Alaric : L'entité en toi est réveillée. Pied gauche recouvert d'écailles de reptile et dos partiellement recouvert d'écailles.
-Ellana : Audacieuse est consciente. Épaule droite entièrement couverte de plumes. Ton bras droit a repoussé, entièrement couvert de plumes.
-Myriem : L'entité en toi s'éveille. ta gorge se recouvre légèrement de fourrure brune.
Corruption :
-Lune : 30 % : 30 % par dégât - 0% par ???
-Ersa : 20% - 5% par ??? = 15 % : 12% par dégât - 3% par ???
-Alaric : 10% : 7% par dégât - 3% par ???
-Ellana : 30 % : 30% par dégât - 0% par ???
-Myriem : 15% : 5% par dégât - 0% par ??? - 10% par don de soi.
Vous avez jusqu'au 09/03 pour ce tour.
- Précisions:
Vos alliés :
-Ronchon est revenu.
-Trésor est revenu. Il a un plan.
Vos adversaires :
-La Tour est devenue un cocon, elle semble indestructible.
-Les Écorcheurs se sont transformé en clones de Lune, elles chantent et ne semblent pas hostiles. Elles vous ignorent même entièrement.
crédits : 406
La lutte des deux sœurs n’avait servi à rien. Le renard était mort des mains de Nora, le lancer d’Ersa leur avait laissé une seconde de répit, une seule seconde ou l’espoir aurait pu s’inviter dans leurs pensées, avant d’être brisé par le cri de cette tour. Elles avaient été impuissante face à son avancée, face à la puissance qu’elle avait faite preuve pour détruire la barrière d’Ellana et la capture de Lune.
Et puis tout s’était arrêté, la tour était redevenue normale, comme si tout ceci n'était qu’une hallucination de ce groupe hétéroclite. Même les champignons abandonnèrent tout intérêt pour ceux qui les avaient assaillies. Abandonnant même leur arme, et leurs apparences pour prendre une copie légèrement déformée de Lune. Les deux sœurs s’étaient regardées, abasourdies de leur impuissance, même si un léger éclat d’espoir resté dans les émeraudes d’Ersa. Ils avaient pu sortir Ellana des griffes de Deydreus, ils pourraient le faire ici et puis elle avait retrouvé sa copie imparfaite.
Ses pensées optimistes furent balayées par le chant qui s'élevait de ses monstres, ce chant qui les empêchait de dormir, de réfléchir, qui faisait enfler toutes les terreurs enfouies en elle. Et ce ne fut que le départ d’un nouveau tour cauchemardesque de cette sentinelle. Un voile se forme, s’étend jusqu'au sommet du bâtiment, se renforçant jusqu’à devenir une copie imparfaite de cet œuf qu’elle avait jeté.
Ersa s’était retournée vers sa sœur qui avait repris la discussion avec le loup, serrant ses doigts sur le manche de son arme, déterminé, mais pas enchanté à l’utilisation potentielle de cette violence. La chasseuse remarqua un détail qui lui fit presser le pas. Ce loup, qui se retenait, mordait sa patte si fort qu’il l’avait brisé à la force de sa mâchoire.
- Est-ce que je peux t’aider à te libérer de… Tout ça ? Est-ce que tu peux nous aider à passer cette barrière ?
- Peut pas nous sauver… Faiseur de masques… Chasseur… Te veux toi… Tuera tous les autres.
Le loup fit claquer ses dents dans le vide, morsure retenu par cette fissure dans le contrôle du chasseur, aboie, avant de se calmer à nouveau.
- Je comprends, tu peux nous aider à ouvrir cet œuf ? J’ai une amie à retrouver là-bas.
- Je vois…F….F… Faux père dans Cocon. Forêt me parle. Tellement… Tellement mal.
Il grogne et Nora recule d’un pas, abaissant la tête d’acier du marteau.
- Sauvez la… Vite.
Le canidé se décala, se dirigeant près d’un arbre et au lieu d’y prendre appui pour se jeter sur Nora. S’y frappa la tête, une fois, deux fois. La fissure du masque s’agrandit, diminuant par la même occasion ses tremblements. Trois fois, la lézarde traverse le masque qui tombe de chaque côté de ce loup qui s'effondre, sans vie. Le masque disparaît à l’instar de celui du renard. Nora se laisse tomber à genoux, même si ses deux créatures avaient tenté de tuer sa sœur, elle ne l’avait pas choisi. A partir du moment où le contrôle n’était plus total, elles avaient tout fait pour aider les naines à comprendre ce qui les attendait. La pitié d’être condamné envers ceux qui le seront bientôt.
Ersa entoura ses épaules de ses bras, posant sa tête contre celle de sa sœur.
- Viens, je sais que c’est dur, ils ont voulu nous aider. Et on a rien pu faire. A part survivre et le venger.
Nora se releva et traina les pieds vers le groupe qui s’était réuni pendant qu’Ersa lui expliquait rapidement ce qu’ils avaient compris de ce monde étrange. Ils s’étaient réunis autour des fameux hybrides que lui avait parlés Ersa. Ils jetèrent un regard bref à cette Ersa aux cheveux longs, aux yeux d’or, avec cette posture un peu plus droite, plus fière. La louve ne put s'empêcher de jeter un petit sourire gêné à Alaric qu’elle reconnut tout de suite.
- Le loup m'a dit que la fée est avec un faux père dans cette tour et en grand danger.
Ils avaient cherché des solutions, des portes, et rien. L’hermine annonça avoir une solution, il pouvait se téléporter dans la tour avec un voyageur. Mais les 5 autres resteraient dehors, attendant la mort ou la victoire. Cette solution ne plut pas à grand monde dans ce groupe de fous. La baronne utilisa sa magie, essayant d'analyser ce qui les entourait. Annonçant quelques vérités qui firent frissonner les deux naines. Cet œuf était pure magie, et la signature magique de Nora était un mélange entre la sienne et celle du parasite qui avait élu domicile dans la psyché d’Ersa. C’était peut-être pour ça qu’elle n’avait pas de souvenirs de ce qu’avait vécu sa sœur, ou cela voulait dire autre chose, elle n’en savait rien et cela la terrifiait.
La louve sentie des doigts fins s’insinuait entre les siens, identique et en même temps différents. Ersa la tira vers elle, collant son front contre celui de sa sœur pour murmurer.
- Nous n’avons pas le temps de douter. J’ai confiance en toi, qui aimes plus les animaux que les hommes. Qu’importe ta signature, tu restes ma sœur.
Les yeux d’Ersa s’illuminèrent, une idée folle venait de s’inviter dans son esprit. Ce sort qu’on lui avait appris au berceau, qui ne servait pas contre les mages de la puissance de Myriem, d’Alaric, mais ce sort capable d’annuler les magies qui pouvaient être lancées sur l’ile du berceau.
Je vais tenter quelque chose tenez vous prêts.
La chasseuse se faufila pour rejoindre la surface du cocon en faisant un léger détour pour récupérer son arc au passage. Elle ferma les yeux, se détendit les épaules, elle ne l’avait jamais utilisé, enfin pas dans ce sens. Arrivée à quelques mètres, elle signa lentement, se concentrant pour se rappeler exactement ce sort, ses doigts se placèrent dans des position précise, sa voix se joignit aux gestes, dans une diction lente. Genre d'incantations dans une phrase si simple.
- Est-ce qu’une illusion peut exister ?
Sa main se pose contre la soie pour libérer ce sort. Contre toute attente, la soie vibra, se détériora lentement, des files cassèrent, se rétractèrent. Un trou commence à se former, lentement. Ersa tourna la tête vers le groupe en souriant. Elle continuait à ouvrir lentement, cela lui prendrait un certain temps d’ouvrir un passage, mais elle y arriverait.
Dans le groupe, Nora avait reculé d’un pas, ne sachant pas si les personnes présentes allaient lui faire confiance. Son regard d’or passait successivement sur les gens présents, s’attardant un peu plus sur le seul visage connu de son esprit. Parfois, elle regardait sa sœur qui se concentrait sur sa magie, défaisant centimètre par centimètre ce cocon de misère. Elle écouta le plan sur ce qui allait suivre, qui suivait Trésor, quel nom. Qui entrait par la porte.
- Euh… Je vais rester en arrière. Il faut surveiller que personne ne vous prend par l’arrière.
Elle se dirigea vers Alaric, lui tendant son marteau à plat, pour le lui confier.
- Est-ce que tu me fais confiance ? Je pourrais comprendre que non, je ne sais pas si dans le cas inverse, avec ce que vous avez vécu d’étonnant. Je préfère te le donner en preuve de…
Son sourire timide se posa sur son visage.
- De rien, tu sais ce que je suis, ce que je peux faire. Je vais m'assoir la-bas et ne bougerais pas, tant qu'il n'y à pas de danger, ou que tu ne me l'auras pas demander. Si cela peu aider
Elle commença à se retourner, mais une rougeur teinta sa joue. Elle se rapprocha de lui, mais se stoppa, réalisant qu’elle ne pourrait pas atteindre sa joue, sans sauter, le faire se baisser ou tout geste suspect dans sa position. Elle se contenta de quelques mots.
- Merci Alaric, à chaque fois que nous sommes dans des situations étranges, tu n’es jamais loin pour nous aider.
La louve se recula, s’éloignant un peu du groupe, ne sachant pas comment gérer sa situation étrange. Elle s'était assisse au sol, passant l’or de son regard sur les alentours, s’attendant à tout. Surtout au pire.
Pendant ce temps Ersa, avait enfin réussi à traverser les épaisseurs du cocon. La prochaine étape du sauvetage pourrait prendre place.
- Nora discute avec le loup pour découvrir que Lune est avec un Faux Père, qu'il est contrôler par le faiseur de masque et qu'il veux rajouter Ersa et Nora à sa meute. Tuer tous les autres.
- Ersa au prix de pas mal d'effort arrive à créer un passage dans le cocon magique. (3 absorptions de magie)
- Nora confie son arme à Alaric et essaie de lui prouver qu'elle est digne de confiance, comme elle peux.
Pouvoir p2- 2/14
crédits : 5297
Nous nous trouvions face à un écueil nouveau, un échec, nous nous montrions incapable de comprendre les besoins ou envies de cette tour tout simplement. J’avais cru réussir avec mon idée d’oeufs pour la nourrir mais cela n’avait fait je le crains que la pousser à réagir encore plus. Ersa avait suivi mon idée et bien plus agile et douée que moi dans ce domaine, elle avait fait mouche. Un instant le temps m’avait paru s’être arrêté, la tour allait-elle stopper son avancée et oublier la pauvre Lune? Il n’en fut rien, elle recracha l’oeuf en criant au mensonge, surprenant mais rien n’était réaliste ou normal depuis mon arrivée dans ce monde parallèle de cauchemar.
La tour finit par s’effondrer en un fracas sinistre et sordide que les deux femmes au plus proche d’elle et le géant de pierre et de métal repousse sans peine Ellana pour se saisir de la pauvre Lune et la gober.
Je ne peux retenir un cri d’horreur à l’idée que nous l’avions perdue, que nous avions failli. Mais cela n’était que le début, sous mes yeux ébahis la tour bouge encore et se transforme à nouveau. La porte libérant sa lumière orangée se ferme, la lumière se tamise et disparait. Comme un seul homme, les créatures encore en vie se tournent vers la Tour et cessent de nous combattre pour vouer une sorte de culte à la Tour elle-même.
Les bras qui servaient à déplacer la monstruosité rentrent dans la structure de nouveau, fermant les ouvertures dans ce même geste. Les champignons deviennent alors dans un halo magique tous des petites Lune et font une ronde macabre. Mais dès les premières notes de leur sombre mélopée une montée d’angoisse m’étreint. Ces sons, ce rythme, je ne le connais que trop bien et en moi j’entends les voix de la culpabilité et de ma faiblesse qui résonnent et raillent ma bêtise, je suis ici car je suis faible et perdue, que le chant des ronces va m’engloutir, que jamais plus le monde que je connaissais ne me verra… Je vais disparaitre ici. Les voix sont puissantes, nombreuses, effrayantes et je reste mutique de longues secondes, incapable de bouger ou de réagir, spectatrice inerte.
La magie déployée par les petites fée crée une sorte de cocon tout autour de la tour, celle ci se retrouve à son tour enfermée dans un cocon. C’est le retour de Trésor et de Ronchon qui me sortent un infime instant de ma torpeur et m’éloignent de la fascination de ce maudit chant.
Je ne peux que répondre d’un hochement de tête quand ils me demandent si la tour a avalé la petite Lune.
La main de Trésor sur mon épaule me pousse à réagir, je reprends pied un instant. Je pose ma main en retour sur la sienne en retour.
- Nous faisons ce que nous croyons être le mieux pour tous mais nous sommes hélas faillible. L’important c’est que vous alliez bien.
J’esquisse un pauvre sourire, néanmoins lui parler à coupé ma fascination pour le chant, il est toujours présent, chaque note vibre en moi, trouve écho dans ma faiblesse mais il est repoussé par le simple geste amical de l’hybride hermine, nous ne sommes pas aussi seul que ce chant veut nous faire croire, la solution réside dans ce fait j’en suis persuadée: ensemble nous pouvons vaincre et repousser les ténèbres.
Je laisse mes dons se diffuser autour de nous, analyser, juger, jauger la mana qui nous entoure, les énergies qui se diffusent partout, pour savoir ou nous en sommes. Je m'interroge bien sûr sur le double d'Ersa, cela ne semble pas la perturber bien au contraire, est-ce un leurre?
- Ersa... Je suis navrée d'avoir fait cela mais je devais savoir... Nora... Elle a une empreinte similaire à la tienne mais un peu différente cependant comme si c'était une combinaison et ta signature et de la double en toi... Mais pas de trace de magie nauséabonde...
Un regard sur Nora avec une mine contrite pour m'excuser de ne pas pouvoir faire confiance sans hésiter. Puis je tourne mon attention vers la tour pour l'observer, sans réelle surprise, le mal se tapit tout en haut.
- Derrière le cocon, la tour est toujours présente et la source du mal est tout en haut.
Me tournant vers Trésor je dis.
- Je vous accompagne, nous allons en haut c'est forcément là bas qu'il a attiré Lune. Cela vous convient?
Je demande malgré tout aux autres, ne sachant pas quoi faire d'autre en réalité pour le moment. C'est à ce moment qu'Ersa réussit de son côté à créer une ouverture dans le bas de la tour.
[Spoiler = "Résumé"]
- Myriem se laisse emporter par le chant des ronces, les notes, le rythme, cela l'entraine dans les tréfonds de sa solitude, c'est le retour de Trésor et Ronchon qui lui parlent qui la ramènent à la "réalité".
- Elle utilise ses dons de senseur pour analyser la tour et l'environnement une nouvelle fois pour être certaine de ne rien laisser au hasard. (P2 senseur)
- Elle accepte de partir avec Trésor dans la tour pour rejoindre le dernier étage et donc Lune et le mal qui y règne.
Pouvoirs utilisés :
P1 : 6 / inf
P2 : 8 / 12
P3 : 2 / 4
P4 : 0 / 3
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CENDRES
crédits : 875
Lune disparut dans cette aura ambrée affamée ! Bordel ! Elle venait de se faire bouffer par cette chose, cette merde ambulante. Qui sera le prochain membre du groupe à y passer ? Il demeurait figé, les yeux braqués sur la tour, qui se préparait à digérer sa nouvelle prise. Les champignons ailés cessèrent le combat, se tournant vers la bâtisse. Ils se dirigèrent vers elle, comme envoûtés d'un appel silencieux. Et là, comme si l'atmosphère horrifique devait être maintenant, les petites créatures se métamorphosèrent pour prendre chacune l'apparence un peu chaotique de Lune. Une "Lune" entonna un début de mélopée obscure. Les autres l'imitèrent, unissant leur voix à la première pour former un chœur à la tonalité douceâtre, mais aux paroles viciées, incompréhensibles. Alaric manqua de se recroqueviller, portant ses mains à ses oreilles. L'air... Cet air ! Il ne voulait pas l'entendre ! C'est ce qui avait envahi son esprit, qui l'avait marqué pour se retrouver ici. Il ne voulait pas l'entendre. Il serra les dents et hallucina quand la Tour, après s'être bien plantée dans le sol, fut enveloppée dans un étrange cocon... qui ressemblait à un oeuf. Souvent symbole de renaissance, il était là comme une forme de protection pour l'être qui les tourmentait tous, qui se repaissait de Lune. Une barrière infranchissable au premier abord, un isolement du monde extérieur. Un oeuf... il y avait toujours quelque chose qui en sortait, d'ordinaire.
Ses réflexions furent coupées à l'arrivée de Ronchon, qui avait retrouvé Trésor. Bien malgré lui, Alaric dut retirer ses mains de ses oreilles. Cette mélopée, bordel ! Il essaya de pas y prêter attention, se concentrant sur leurs deux "alliés" qui s'étaient rapprochés des survivants encore présents. Trésor sut répondre à l'interrogation inquiète du Sanglier. Le mage humain se préoccupa plus de la présence de Nora, qui débarquait dont on ne sait où. Il préféra attendre un peu, tout en restant vigilant. Pour l'instant, rien ne laissait présager une manipulation malveillante de leur ennemi commun. Silencieusement, il écouta ce qui s'échangea, jusqu'à ce que l'Hermine dévoile un possible début de plan. Une seule personne pourra pénétrer dans cette tour avec elle par le biais de la téléportation. Vu ses efforts magiques sans effet concret sur leur cible de tantôt, Alaric n'était pas certain d'être réellement utile là-dedans.
"Je demeurerai à l'extérieur. Ma magie aura une plus grande portée qu'à l'intérieur"
*Surtout avec l'efficacité que j'ai pu avoir précédemment ! *
Il se rembrunit à ses propres songes. Le moment était mal choisi pour encore s'enfoncer dans l'obscurité de ses propres troubles. Ersa et Nora les rejoignirent. Il les observa toutes les deux. Maintenant qu'elles étaient toutes les deux, il ne sut que dire. Leur situation n'était pas évidente. Plus encore, lorsque Myriem usa de sa magie. Sa réponse ne parut pas totalement convaincre la magicienne à la longue chevelure noire.
Alaric hésitait lui aussi. S'il hésitait, il risquait de se perdre à nouveau dans ses propres inquiétudes. Il n'avait pas le droit de défaillir. Nora s'approcha de lui, l'aidant en quelque sorte à reléguer ses pensées moroses loin en arrière dans son esprit. Quand elle lui parla, tout en tendant sa hache. Il la saisit.
"Tant de choses se sont produites ici. Tant de choses difficiles et troublantes... et je crois que nous sommes loin d'en avoir terminé..."
Elle avait fait demi-tour, avant de revenir vers lui, les joues teintées d'une rougeur de... timidité ? Indirectement, il sut. Il ne souffla aucun mot.
"Ne t'éloigne pas trop, Nora. On ne sait jamais. "
Il lui accorda un bref sourire.
"Un crétin de FMR comme moi a toujours besoin qu'une guerrière couvre ses arrières, non ? "
Si cela n'était pas lui démontrer qu'il lui accordait une certaine forme de confiance... du moins, un début... rha ! Pourquoi il ne le disait pas directement ? Elle s'était éloignée maintenant ! Il pivota en direction de l'oeuf géant. Ersa avait réussi à créer une forme d'ouverture. Il appela la terre à venir prêter main forte à l'action de la chasseuse. Deux piliers sortirent de terre, pour s'appuyer chacun contre la paroi qui lui était opposée, imposant une pression pour la contraindre à demeurer ouverte. Juste au cas où.
"Ronchon. Je vais avoir besoin de vos talents magiques, pour m'aider à...."Il regarda les faux Faes "A répliquer si ces petites saloperies viennent à cesser de pousser la chansonnette et à venir nous emmerder...."Il y eut un léger blanc de sa part. "Sans vouloir vous commander... désolé, vieille manie d'autrefois... Pensez-vous être capable de garder ouvert cette ouverture dans la coquille si jamais elle vient à faire céder mes aides telluriques ? "
Il n'omit pas Nora.
"Nora. Je vais avoir besoin de toi aussi, si les choses dérapent. "Il lui tendit déjà la hache. "Je te fais confiance. "
- Résumé:
Comme le reste du groupe, Alaric assiste, totalement impuissant, au gobage de Lune par la Tour. Après quoi, une sorte d'œuf se forme autour de l'infrastructure, comme pour la protéger. Ronchon et Trésor les rejoignent. L'Hermine expose un plan possible : se téléporter à l'intérieur, vu qu'il connait déjà l'intérieur. Mais il ne pourra prendre qu'une seule personne.
Ersa arrive à ouvrir une faille dans la coquille. Alaric lui prête main forte avec sa magie. Deux piliers sortirent de terre, pour s'appuyer chacun contre la paroi qui lui était opposée, imposant une pression pour la contraindre à demeurer ouvertes (terre P2)
Il demande à Nora de venir l'aider en demeurant prête à combattre à ses côtés, juste au cas et à Ronchon, d'meployer sa magie pour soutenir l'effort excercée sur l'ouverte faite par Ersa, ou de frapper les faux Faes si elles décident de passer à l'attaque.
Pouvoirs utilisés :
P1 : 4/*
P2 : 1/10
P3 : 1/5
crédits : 2724
A rrachée aux bras rassurants d’Ellana dont le dome d’ombre se révéla impuissant, Lune est prise d’une peur viscérale en sentant les appendices osseux se saisir de sa fragile taille pour l’engloutir. Elle panique, elle hurle, elle tend ses petits bras vers l’elfe mais ses efforts sont insuffisants. Alors que la Tour l’engouffre dans son sein elle laisse s’échapper un hurlement profondément sincère de sa peur de mourir:
ELL
Puis elle se fait happer par le noir, elle est consciente mais ne peut plus rien voir. Quand elle reprend ses esprits, Lune se relève faiblement sur ses jambes vacillantes, elle est indubitablement à l’intérieur de la Tour, elle en reconnait la configuration, mais quelque chose cloche dans cette recréation troublante: elle a l’impression d’avoir elle-même rapetissé, c’est une bien étrange sensation… Non, ce sont les meubles qui sont démesurément grand, ce n’est pas elle qui est devenue plus petite, tout est hors-norme, tout est déformé, la petite fae est projetée dans son enfance d’une certaine façon. Avançant de quelques pas, elle tremble encore de peur, elle avait cru mourir et tout s’était passé si vite, propulsée maintenant dans ce cocon d’antan elle redresse sa tête en arrière et élève son regard dans l’escalier en colimaçon. La réplique de son berceau est saisissant de fidélité, elle revoit le plafond de la salle de l’arbre, le palier de la bibliothèque… Lune se sent appelée vers l’atelier magique de ses parents, tout en haut de cette infernale sémaphore, elle pose un premier pieds sur les escaliers, mais en ce faisant elle est assaillie par les souvenirs de son plus grand échec.
”Aller, courage Lune. Un pieds devant l’autre.”
Si au départ elle gravit les marches en quête de réponses sur l’étrangeté de ce cauchemar éveillé, son pas s’accélère bientôt et elle se met bien vite à grimper l’escalier quatre à quatre. Sa peur réminiscente du cataclysme se ravive dans son coeur et elle se sent vriller, hors d’haleine, elle s’aide de la force de Sauvage pour continuer son ascension sans se laisser abattre. C’est comme cette fois là, ça recommence, pourquoi est-ce que je dois revivre cette souffrance? Mais cette fois, elle est seule.
Le ciel est caché par un océan de nuages grisonnants parcourus par des gerbes magiques irradiantes, la Tour tremble, Lune sautille le long du mur par petits accoups en s’aidant de ses ailes pour monter le plus vite possible en haut du bâtiment assailli, elle ne peut pas voler à cause de la hauteur de plafond et des multiples décorations mais elle peut pratiquer de petits envols successifs. Elle a peur, tellement peur, elle a plus ou moins toujours vécue seule et livrée à elle-même puisqu’elle n’avait pas le droit de déranger son père mais la situation actuelle n’avait rien à voir avec les petits tracas ordinaires de sa vie. Tenant fermement un corbeau paniqué dans ses mains de fae, Lune respire bruyamment sans cesser sa course effrénée, en contrebas la clameur redoutable se fait de plus en plus entendre. Des anges, des valkyries, des morts-vivants, d’autres monstres tout aussi effrayants, tous s’engouffrent dans le rez-de-chaussée de la Tour et montent en se bousculant les étages de la batisse pour la rattraper. Elle a beaucoup d’avance sur eux et progresse sans entrave, alors elle atteint bien vite le haut de la Tour et titube de fatigue quand elle pose le pieds sur le palier de l’atelier. C’est sa seule réelle échappatoire, si elle fuit, les anges la rattraperont, si elle se rend ils l’étriperont. Elle les a vu faire. Elle a peur.
”ON Y EST CROW!”
Lune se précipite contre la porte de l’atelier en appliquant une main contre le bec de son compagnon, lorsqu’elle retire ses doigts de la chitine, la gueule de l’animal a changé pour une forme effilée ressemblant à une petite clé.
”Crow, laisse toi faire.” L’animal se détend légèrement à ces mots malgré la panique ambiante, faisant confiance à la petite fille qu’il suit partout depuis huit décennies.
Enfonçant la tête de l’oiseau contre la serrure de la porte et tournant la bête jusqu’à entendre le bruit d’un loquet, Lune extirpe son ami avant de refermer derrière elle de la même façon, elle lui rend son apparence d’origine et use de sa faible télékinésie pour déplacer une lourde table contre la porte.
”Bon, bon bon bon, alors où est-ce que c’était?”
Si elle s’enferme ainsi dans le bureau de ses parents c’est parce qu’elle sait qu’elle pourra y trouver son salut. Lors d’une précédente excursion de son père, elle se souvenait une fois avoir trouvé les esquisses d’un sort au nom singulier, mais qui sonnait exactement comme ce dont elle avait maintenant besoin. Elle fouille frénétiquement dans les malles, les étagères, elle remue les tiroirs et les coffres à la recherche de son échappatoire, commençant à paniquer quand elle se rend compte qu’elle ne parvient pas à le retrouver. Soudain elle fait voler deux livres et révèle un parchemin qui s’était dissimulé entre eux, elle l’attrape de sa main frêle et lit de ses grands yeux:
”Cristallisation pluri-régénératrice.” Une pointe d’espoir renaît dans son coeur. ”Regarde Crow, c’est ça, c’est ça je l’ai trouvé!” Elle sursaute quand le premier coup cogne contre la porte. ”AAAH! NON! VITE!” Elle parcours les notes de son père à toute allure pour rafraîchir dans sa mémoire le rituel du sortilège. ”Manifestation cristalline de la magie… propriétés indestructibles… consomme le cristal pour soigner l’hôte… d’accord mais comment on fait? COMMENT ON FAIT MERDE?!?” Le processus décrit est différent de ce qu’elle avait lu la dernière fois, son père avait dû peaufiner le sort, ah! Voilà! ”Des Pierres d’Âme disposées en polygone régulier suivant la configuration magique de l’âme sacrif… sacrifiée?” Plusieurs coups contre la porte égrainent un peu plus son temps restant. ”P-p-pourquoi? Pour-pourquoi sacrifier?” Les annotations de son père son formelles, la mana n’est pas un catalyste suffisant pour parfaire la solidité du cristal, seule une âme est capable de cristalliser en une formation parfaite et le nombre de Pierre d’Âme utilisé doit… elle lit rapidement les détails, mais elle manque de temps, une des planches de la porte se brise sous les assauts des morts-vivants. ”AAAAAAAH!” Elle est fichue, le sort nécessite un sacrifice et elle est seu-…
Lune relève la tête en entendant les croassements effrayés de son seul ami, et une idée commence à germer dans ses sombres pensées, peut-être… peut-être que l’âme immortelle de Crow pourrait faire office de source illimitée pour la cristallisation? Si son âme ne peut pas être complètement consumée, alors peut-être que le cristal pourrait se générer et ensuite soigner l’animal grâce à sa propriété réparatrice après-coup? Poussée par la force de son désespoir, sa peur et sa lâcheté à ne pas remettre en doute cette porte de sortie illusoire, Lune se retourne, mortifiée, elle fait appel à sa télékinésie une fois de plus pour répandre au sol un cercle de poussière de souffre mêlée aux écailles de ses ailes et aux barbules d’une plume de Crow. L’élément teinté des essences des deux réceptacles, puis elle attire les lourds socles de pierre qu’elle dispose à intervalles réguliers vers l’intérieur du cercle. Merde. ”Merde! Combien?”
Elle n’a aucune idée de comment estimer le bidule mentionné sur les notes de son père, la porte continue de barder et la table qui la maintient en place commence à craqueler. Lune regarde le sachet de pierres d’âme dans ses mains, elle n’a qu’à en utiliser quatre ou cinq, un carré ou un pentagramme, ce sont des polygones réguliers communs non? Ou alors sept, un heptagramme, la forme cosmologique. Elle dispose donc sept socles et enfonce dans chacun d’eux un joyaux, puis la dernière étape… Lune saisit l’outil de son père au sol, la dague rituelle en phantacier… Les runes gravées dans l’acier noir s’illumine d’une lueur blanche incandescente quand elle referme ses doigts dessus. La petite fille se retourne enfin vers Crow qui l’observait curieusement en piaillant de nervosité, les morts-vivants auront bientôt raison de la porte et l’animal le sent. Il s’écarte de la main de Lune en piaffant de frayeur.
”S’il te plait Crow, ça va aller, tout va bien se passer.”
Il s’écarte encore un peu en sautillant.
”Croow…” La voix de Lune n’est qu’un gargouillement de pleurs. Elle se dégoûte elle-même de ce qu’elle s’apprête à dire et faire. ”... laisse toi fai-aire.”
L’animal se détend légèrement à ces mots malgré la panique ambiante, faisant confiance à la petite fille qu’il suit partout depuis huit décennies.
Le reste était désormais le conte d’une fée, une histoire tragique qui l’avait marqué à tout jamais. Dans sa cruauté morbide le destin ne s’était pas contenté de briser son esprit mais l’avait également laissé avec ce corps meurtri et la culpabilité de cet acte commis envers son seul ami. Parfois, la loyauté aveugle que Crow lui vouait était un pieux supplémentaire dans son coeur, lui rappelant constamment qu’elle-même n’est pas digne d’un tel dévouement, qu’elle n’est pas à la hauteur, qu’elle l’avait trahi de la plus ignoble des façon lorsqu’avait sonné leur plus difficile heure. Sous l’accablante vérité qui sonne plus vivement que jamais dans ses pensées, ravivée par le déjà-vu pendant qu’elle montait les marches de son escalier, Lune continue son ascension, quoi qu’il se passe, quel que soit la nature et le sens de cette étrange dimension, elle sait que le dénouement ne l’attend qu’en haut du bâtiment. Continuant sa course sans s’arrêter, Lune monte encore et encore marche après marche, elle s’efforce de ne pas faiblir, de persévérer le plus vite possible. Portée par la puissance de Sauvage elle parvient au premier palier et cesse de courir, la vue de la bibliothèque familiale lui fait marquer un temps d’hésitation, combien de temps avait-elle pu passer allongée dans les ouvrages à les lire? Bien trop longtemps en comparaison des enseignements qu’elle en avait réellement tiré, elle aurait dû être bien meilleure magicienne à force d’autant étudier, si seulement elle avait fait preuve de plus de sérieux et s’était appliquée à mieux pratiquer.
Voulant fuir les labyrinthes de livres qui ne lui évoquent que les regrets de sa propre incompétence, Lune s’apprête à s’élancer à nouveau vers la suite du colimaçon mais une énième pensée la prend inopinément. Les champignons tantôt avaient dit que son vrai père était dans la Tour, si c’est bien ce qu’elle avait perçu, était-il possible que… non, elle ne peut pas leur faire confiance, ils mentent assurément et son père ne pouvait être ici, à moins que la raison pour laquelle il ne soit jamais revenu la voir après Bénédictus… c’est parce qu’il était retenu dans ce lieu maudit. Elle monte sans plus de halte vers l’atelier. Arrivée en haut, elle découvre une vision qui lui glace le sang, la porte de l’atelier est aussi surdimensionnée et lui paraît immense mais surtout elle est ouverte. Lune voit la poignée se tourner pour accueillir son arrivée sur le palier, elle voit le bois s’écarter pour révéler l’intérieur du bureau sacré, elle voit… quelqu’un.
La fille délaissée qu’elle est n’a pas besoin qu’il se retourne pour savoir de qui il s’agit, elle ressent un mélange d’appréhension, de terreur, de tristesse et de rancoeur. Elle passe la porte de la pièce interdite et s’arrête devant lui.
Plus de rimes, plus de poésie, à partir de maintenant, il n’y a que son coeur meurtri.
C’est son père.
Ou plutôt c’est une illusion de son père, à l’instar de la Sentinelle qui avait trompé Ellana il y a encore quelques minutes, Lune sait que l’apparition devant elle n’est qu’une projection trompeuse de son esprit, elle s’est déjà faite avoir par Crow et son imitation ennemie, elle ne se laissera pas roulée par cette retrouvaille factice. Quand l'entité se retourne, Lune retient un hoquet d’effroi, elle fléchit visiblement en voyant les traits déformés de son père chéri être affectés par les mêmes affres qui l’ont défigurés elle.
Quand il prend la parole, elle se laisse surprendre par la violence avec laquelle son coeur sombre, ce son, ce son qu’elle n’a plus entendu depuis des années et qu’elle avait presque perdu espoir de pouvoir le réécouter un jour, ce son transperce sa poitrine comme un coup de poignard. Ses yeux se crispent alors qu’elle sent monter les larmes, elle repense à l’absence de son père, à son départ, à l’incertitude qui l’a tourmentée quant à sa survie à Bénédictus. Mais toutes ces pensées aimantes sont destinées à son père véritable, et non à la morbide parodie qui se présente à elle maintenant, devant le geste de ce dont elle se doute être un monstre trompeur, Lune esquisse quelques pas en arrière.
Ces mots sont si cruels à entendre, Lune a l’impression de faire face à son vrai père, il s’exprime pareillement, il agit de même… et il ment tout aussi bien. La jeune fae ramène ses mains contre sa poitrine, les joignant au niveau de son coeur qui semble vouloir cesser de battre. C’est évident, c’est si évident que ça lui crève ses grands yeux noirs, jamais son père ne lui montrerait pareille affection, pareille chaleur. Si la Sentinelle utilise leurs désirs et leur subconscient pour les tromper, nul doute que le comportement de son géniteur n’est que le reflet de son désir profond, le fantasme impossible d’avoir un père aimant. Elle se sent partagée entre la méfiance évidente qu’elle ressent pour cet entitée perverse et usurpatrice, et l’envie de s’abandonner aux ténèbres et de céder à son envie viscérale de lui sauter dans les bras, de palier à ce vide qui creuse son coeur depuis qu’elle est petite, d’accepter cet amour paternel rarissime aussi illusoire soit-il. À la vue de son recul, le père chimérique de la petite cesse de sourire, son visage reprend sa froideur usuelle, une expression qu’elle lui connaît bien mieux, et il se redresse en soupirant. Il ne la quitte cependant pas des yeux et déclare une simple constatation:
Un nouveau soupir, Lune boit du regard chacune de ses moues, chacune de ses petites expressions qu’elle n’avait que trop peu eu l’occasion de voir, c’était bien fait, le doute est présent dans son coeur mais sa tête sait bien ce qu’il en est. Elle s’apprête à l’interrompre, à laisser sa colère exploser au visage de ce monstre, mais quand il continue de parler elle se fige tout bonnement sur place,
Ce faisant, le père de Lune balaye du doigt les livres poussiéreux qui jonchent le sol et que la petite se rappelle avoir fait valdinguer, tout comme les siennes, ses dextres sont d’un blanc immaculé et sa peau est légèrement caillée voir par endroits pétalée. Son discours si improbable soit-il résonne dans le coeur de Lune et attise le maigre espoir qu’elle ne devrait pourtant pas nourrir, celui de sa théorie farfelue de tantôt, celui d’un monde où son père n’est pas mort et où il ne l’a pas abandonnée. Elle tente de rationaliser, de raisonner avec sa tête plutôt qu’avec le néant grandissant dans sa poitrine:
”A-Arrête, tu… tu n’es pas mon père n-n’est-ce pas? Ce n’est pas toi hein?” sa voix tremble maintenant plus que ses genoux, témoin de sa volonté vacillante.
Il semble épris d’un instant d’hésitation. Lune se doute de ce qui va suivre, sa propre voix murmure de façon à peine audible, ”Non… Non… non non… C’est pas vrai, c’est pas possible…” La main de la jeune fae vient couvrir sa bouche pour dissimuler ses pleurs naissants alors que son père affiche un sourire satisfait et un air supérieur. Lune détruite adresse à son père un petit hoquet de rire en souriant à travers ses sanglots, c’est vrai.
Lune écarquille ses grands yeux en l’entendant faire une telle révélation:
”Qu-...Quoi?” Son incrédulité lui fait alors brusquement prendre conscience de toutes les implications des propos de son père, elle demande subitement inquiète, ”M-m-ais mais… qu’est-ce que je fais ici? Je… J-Je suis morte?”
Son père est toujours là, à quelques mètres d’elle, Lune est confuse, elle ne sait ni quoi penser, ni que faire, ni que dire. D’un côté elle le silence alarmant de Sauvage lui crie de s’enfuire à toutes jambes, de s’éloigner le plus possible de cette apparition impossible, de l’autre son coeur en morceaux se désagrège de plus en plus et ne désire qu’une seule chose, c’est de croire en cette facilité envoûtante.
Elle sent les larmes prêtes à dévaler sur ses joues, c’est trop, trop d’émotions conflictuelles depuis qu’elle est ici, trop de tourments qui remuent ses pires douleurs, éventrent ses cicatrices à peine fermées, trop de souffrance qu’elle ne peut pas encaisser, pas sans Crow. Pas toute seule. Elle n’en a pas la force.
”Prudence.”
En entendant la voix de Sauvage, Lune se ressaisit un peu, c’est vrai qu’elle n’est pas seule, cette présence en son sein a quelque chose de rassurante, elle sait que Sauvage ne lui désire que du bien et elle s’en veut un instant d’avoir négligé son soutien, aussi faible soit-il en ce moment décisif où la louve est presque muette. Tâchant donc de réitérer leur exploit de tantôt contre la Sentinelle d’Ellana, Lune essait de faire comme ses camarades d’infortune et de relever les incohérences dans le discours de ce potentiel monstre, mais sa conviction est ébranlée par le doute de plus en plus pesant où elle aimerait croire en cette autre vérité.
”Euhm… M-m-mais t-tu as dis nous libérer. N’est-ce pas? N’est-ce pas?” Était-ce là réellement une incohérence dans le discours du monstre, ou l’expression de sa croyance inavouée en le discours de son père? Celui-ci lui répond avec un sourire.
Ça fait sens. Est-ce que ça fait sens? Lune ne sait pas, elle n’arrive même pas à y réfléchir, elle sent ses émotions prendre le dessus sur sa raison et de plus en plus la résistance est difficile. Impossible de faire confiance à cette… personne? Chose? Elle ne fait plus confiance qu’en trois personnes: elle-même, Sauvage et Myriem. L’une est faible, l’autre est muette et la dernière n’est pas là. Lune observe la pièce aux alentours, regardant les esquisses et les croquis de magie accrochés sur les pierres qui soutiennent le toit, les écritoires recouverts de livres ouverts sur lesquels se distinguent les dessins ésotériques et les formules alchimiques mystérieuses, les étagères qui soutiennent les ingrédients tous plus rares les uns que les autres. Une question germe à ses lèvres:
”Comment?”
Sans quitter sa position, son père se penche en avant et ramasse au sol un objet luisant, Lune écarquille ses yeux dont le noir fait écho à celui de l’acier maudit. Non… pitié non. La dague rituelle de son père.
Il fait tourner le couteau entre ses doigts avec expertise, la lame pivote pour se déposer dans sa paume et il tend ainsi le manche de l’arme vers sa fille.
Obnubilée par la lumière qui semble disparaître dans le néant de cette dague onie, Lune ne relève même pas ce détail étrange. Si elle avait lu les propriétés de catalyseur que possède son humeur pour certaines réactions alchimiques bien spécifiques, elle n’avait autrement jamais rien lu sur son carmin qui ne le définisse comme spécial. Pourtant c’est son père qui le dit, un des meilleurs magicien qu’elle connaisse ses ouvrages de magie confondus, c’est donc que c’est vrai non? Sans pour autant décoller son bras de sa poitrine, Lune ouvre une main frêle et son père y dépose délicatement le manche de la dague, attendant qu’elle ne resserre ses petits doigts autour du bois d’ébène avant de le lâcher. La petite tremble de tout son être à la vue de ce phantacier tragique, elle n’ose plus regarder l’étrange silhouette de son père, le mots ‘sang’ et ‘féérique’ rebondissent dans sa tête et occultent son raisonnement. Prise d’une vive émotion, Lune tremble de peur alors que la dague oscille nerveusement, avant de faire ce qui est demandé d’elle, la gamine observe avec effroi les runes du métal commencer à grisonner puis enfin à blanchir. Cette lumière étincelante éclairant figurativement ses pensées, Lune fut prise d’une illumination, qu’importe au final si celui qui se tient devant elle est réellement son père ou pas, il y a une question qu’elle a toujours voulu lui poser. Une question qu’il s’était toujours forcé d’ignorer, de partir sans lui répondre, une question qui l’a elle torturé pendant bien des années. Maintenant que son père est obligé de lui faire face, il ne pourra pas se désister:
”P-Père…” Elle marque une pause, rassemblant le courage de poser sa question, sa voix est toujours chevrotante mais possède une certaine détermination. Elle redresse la tête pour dévisager son père et ose ancrer ses perles noirs dans les siennes ”Il y a une chose que je veux savoir, et cette fois je veux une réponse.” Ses deux mains se resserrent sur le manche de l’arme jusqu’à ce qu’elle en ait mal. ”Vous ne m’avez jamais dit la vérité. Pourquoi Mère est-elle partie?”
Nan. Nan nan nan, NAN! Quatre vingt longues années, et je ne sais toujours pas! POURQUOI? POURQUOI EST-CE QUE JE N’AI PAS LE DROIT DE SAVOIR?”
Sa rage fait tomber les larmes qui commençaient à perler de ses yeux, les bougies, les lumières, même la lueur du soleil vacillent dans son emportement. Son père regarde le plafond de la Tour alors qu’elle se met à trembler, et une fois les secousses passées, il regarde Lune avec émotion:
Lune ne sait plus si elle ne comprend pas ce que lui dis son père, ou si elle fait semblant de ne pas comprendre parce que la réalité est moins agréable que l’alternative.
”Me la rendre? La faire revenir d’où? Père, où est ma Mère?”
Elle hache chaque mot avec les dents serrées, la dague toujours calée dans ses mains. Son père quand à lui se met à crier pour de bon, explosant avec une colère certaine:
La vision de Lune se trouble, les larmes l’empêche de voir correctement et elle sent ses jambes faiblir, qu’il soit ou non l’entité imitatrice, cette vérité est l’écho inavouable du miroir qui se brise, de l’illusion qu’elle a entretenue toute sa vie et qui vole maintenant en éclats. ”Je suis désolée…” Alors que la silhouette floue s’approche d’elle, Lune tend mollement la dague vers lui pour le menacer de ne pas s’approcher, mais elle abandonne toute résistance quand Bartholom l’enlace dans ses bras. Cette étreinte, cette chaleur, cet instant. La poigne écrasante dans le coeur de Lune se brise et quelque chose en elle semble se fracturer, la douleur est insupportable, c’est en recevant ce geste pour la première fois que la petite fae se rend compte d’à quel point elle avait manqué toute son existence de cette simple attention, la minuscule étincelle d’amour paternel lui fait prendre conscience de l’océan de solitude dans lequel elle était plongée. Ses soubresauts se transforment en hurlements, ainsi emmitouflée dans les bras de Bartholom, elle crie toutes ces années de souffrance, toutes ces années d’isolement, d’abandon, de délaissement. Elle crie avec toute la sincérité de la peine qui déchire ses entrailles.
Plaquée ainsi contre son corps, Lune a ses petits bras recroquevillés contre elle et sa main droite est refermée sur la dague rituelle. La fae remonte sa main gauche contre la lame effilée et empoigne le métal froid de sa fragile paume, resserrant sa prise de plus en plus jusqu’à sentir la morsure de l’arme contre sa main. Elle glisse ensuite son autre dextre pour extirper la lame de son poing, mais en lieu et place de sang ne vient parsemer sa paume que la fourrure noire et drue de Sauvage. Alors que son père rompt l’étreinte fabulée pour s’éloigner tout doucement, Lune lui saisit la manche sans lâcher la dague comme pour le retenir, dans l’espoir vain de prolonger ce moment encore un peu. Son père place sa propre main sur la paume abîmée de sa fille et lui murmure:
Au grand désarroi de sa fille, Bartholom se relève et s’écarte sur le côté, il révèle ainsi à Lune pour la première fois depuis qu’elle est entrée ce qui se cache au centre de la pièce, et l’estomac de sa fille se retourne.
Les lourds socles de pierre. Le cercle de souffre. L’heptagone.
La Cristallisation.
crédits : 346
Les oeufs avaient éclos pour donner naissances à de fausses Lune qui se mirent à chanter, encerclant la tour. Un spectacle bien lugubre qui raviva un sombre chant qui traversa l'échine de chacun, rappelant la terreur dans laquelle ils étaient plongés. Ce fut les deux hybrides, sain et sauf qui ramenèrent une lumière d'espoir. Trésor, proposa de se téléporter dans la tour accompagné d'une personne. Voilà une solution qui comportait des risques mais qui permettait au groupe d'avancer, voir même de gagner du temps. C'est donc Myriem qui se proposa tout naturellement, sûrement la personne la plus apte à pouvoir réconforter et raisonner la petite Lune au besoin, ainsi, le duo ne tarda guère à partir dans un halo lumineux.
Pour ce qui était du reste du groupe, il fallait s'atteler à trouver une faille, ce qui ne tarda pas à être découvert. Si Ellana se serait obstiné à frapper partout, c'était pourtant la solution d'Ersa qui permettrait d'avancer. Usant de sa magie pour diminuer celle du cocon, la naine, accompagnée de sa jumelle, usa de toutes ses forces pour ne créer qu'une petite fissure. En espérant que cette faille suffise, Alaric vint soutenir sa coéquipière en espérant que celle-ci se brise. Ellana fit alors de même, usant de ses ombres pour s'immiscer dans les plus petites fentes afin de les écarteler. Se tenant plus proche de la naine et du magicien que de la nouvelle venue, ne lui accordant aucunement sa confiance. Si la tentative s'avérait être un succès, permettant alors au groupe de pénétrer dans la tour, l'elfe userait de ses sens magiques pour être alerte au nouvel environnement et profita également de ses nouvelles capacités en augmentant son ouïe, à l'affût de l'imperceptible.
- Résumé:
- Tour 11
Utilisation des ombres pour agrandir la faille créée par Ersa
Si ils arrivent a rentrer dans la tour, Ellana usera de son senseur pour observer les environs et déceler les pièges. Son ouïe sera également affinée pour une meilleure garde.
Confiance :
Groupe - Oui
Nora - Non
Ronchon et Trésor - Meh
Audacieuse - Meh
Pouvoirs : Ombre P1, Senseur Magique P1, Ouïe augmentée P1
P1 : 14/∞
P2 : 2/14
crédits : 386
- Le Chant des Ronces -
Lune - Myriem - Ellana - Ersa - Alaric
TOUR 12 - UNITÉ
La main immense du père d'Alune se serre autour de la petite dextre immaculée et lorsque le vieux mage reprend la parole, sa gorge semble s'être dénouée, comme si l'évocation des arcanes suffisait à lui redonner de l'aplomb. Les larmes aux yeux, la petite prend la parole entre deux sanglots :
"Qu'est-ce que c'est?"
Un fébrile sourire se dessine sur les lèvres du sorcier et il rétorque avec ferveur :
"Un plan, ma fille. Même dans la mort, je n'ai rien perdu de mes aptitudes."
Un genou au sol, il inspecte les éléments agencés avec soin, tâchant de replacer chaque parcelle constituant l'amorce d'un rituel salvateur. Les implications d'une telle manœuvre sont immenses, mais en un tel pouvoir renferme une solution évidente. Tout en caressant d'un doigt quelques grains ayant quitté le cercle de soufre, il reprend :
"J'ai décelé le fonctionnement des arcanes que maîtrise le monstre qui nous retient tous prisonniers ici, morts comme damnés. Elle est une engeance titanesque dont la noirceur dépasse tout domaine connu mais j'ai pu établir, de par mes analyses, qu'elle avait une âme. J'ai besoin pour capturer cette essence d'un hôte vivant dont l'enveloppe contiendrait suffisamment de magie primitive pour en restreindre le pouvoir. Ce que je compte faire, Alune, c'est de l'enfermer en toi pour la détruire..."
Il se redresse, mais son regard si assuré quelques instants plus tôt se détourne de Lune. Dans les yeux du magicien, noircis par la corruption, on distingue une tristesse qui se réinstalle. L'homme, et surtout le père, reprenant le dessus sur le savant.
"Mais la possession ne pourra se faire que lorsque... la vie quittera ton corps."
Malgré les larmes sombres qui embuent les bordures de ses yeux, il se tourne vers la Fae et lui murmure :
"Tu dois te sacrifier, Alune, et tu dois le faire sciemment. Tu dois mourir pour sauver notre monde de cette corruption, pour mettre un terme à cette folie."
Un long silence s'installe, l'hésitation dévore toute conviction. Est-ce réel ? N'y a t-il que dans la mort que la pauvre Lune peut trouver sa raison d'avoir été. Presque incapable d'élever la voix, elle amène le point qui la fait tant souffrir :
"Père je... je suis désolée, je... j'ai fait une bêtise et... et je n'ai plus de magie, ça ne fonctionnera pas."
Fuyant les yeux devenus par damnation curieusement similaires aux siens, Lune s'apprête à voir la déception prendre place sur le faciès de son supposé géniteur mais c'est presque avec affection qu'il place une main sur celle de la Fae avant de lui lancer tout en douceur :
"En es-tu seulement sûre ? Pose ta main sur la mienne."
Lune s'exécute, interloquée. Lorsque les deux paumes se joignent, la petite sent la magie qui l'habite affluer prestement dans la main de son père et lorsque les chatouilles nées des impulsions arcaniques se changent en désagréables picotements, les dextres se séparent. Sous les yeux ébahis d'une Lune pourtant persuadée de n'entretenir un lien magique qu'avec son fidèle gardien, la main de son père s'est vue déformée, recouverte d'épines osseuses qui percent la chair pour former à sa surface une carapace de pointes. Aucun signe de douleur n'apparaît sur le visage de celui qui vient pourtant de subir une invasive métamorphose et, avec un air presque mutin, il reprend :
"Endormie, pas disparue. Si j'en avais eu l'occasion, j'aurais pu raviver cette flamme."
Il est temps de procéder au rituel. Les grondements de la Tour se sont éteints, le silence mortuaire s'impose et en dépit de ses réserves, Lune semble se préparer à l'idée d'une coopération avec le défunt, ce dans un ultime espoir de donner à sa vie un sens et de rendre tout ce qu'elle a pris sans le vouloir.
Lune fond en larme, elle se laisse guider sans volonté au milieu du cercle par son père et s'assied au centre sur les genoux, les pieds sous les fesses, elle inverse sa prise sur la dague et pointe la lame vers son ventre. La lame tremble, elle geint de plus en plus fort, prise de spasmes par le choc de ce qu'elle s'apprête à faire. Laissant finalement ses deux mains retomber sur ses cuisses sans lâcher la lame, Lune hurle son désespoir quand elle n'y arrive pas.
"Je peux pas... Je peux paaaas !"
Elle s'effondre en avant, ses mains posées au sol devant elle, la tête contre la pierre, sa plainte se meurt dans un gémissement étranglé :
"Maman... Crow..."
Un imperceptible tic nerveux prend son père au visage. Malgré un sourire qui se veut rassurant, une forme d'agacement ou de frustration paraît s'emparer de lui. Il reprend bien vite ses moyens et sa grimace change pour se faire implorante. Sanglotant lui aussi, il use de son autorité sur sa fille; ce avec une cruauté que jamais un père ne devrait avoir à l'égard de sa progéniture :
"J'aurais aimé, Alune, que les choses soient différentes. Tu es seule, mais cette triste conclusion à ton aberrante existence offrira à ta vie un sens. Je n'ai plus rien à sacrifier, plus rien à offrir si ce n'est ma propre chair. Meurs, ma fille, meurs pour préserver l'équilibre de ce monde qui s'écroule. Pour une fois, fais preuve de courage et sacrifie toi pour les autres."
Malgré les larmes, elle rétorque par un murmure :
"Non... Je ne suis pas seule, j'ai Crow."
Le froncement de sourcils se fait plus évident. L'homme agenouillé au niveau de sa fille tape du poing sur le sol et crache son venin :
"Crow ? Le vois-tu quelque part ? Ne lui as-tu pas fait assez de mal ? Ne veux tu pas, Alune, offrir à ton gardien une vie meilleure ? Vas-tu le laisser être happé, lui aussi, dans ce monde diabolique où l'espoir n'est qu'une idée et où rien n'est à sa place ? Remet de l'ordre dans notre univers Alune, fais l'ultime sacrifice pour le bien d'autrui. Pour une fois, sois comme l'était ta mère, par tous les Astres !"
Noyée par ses propres larmes, par ses remords et par sa confusion, Lune se remet en position. La pointe de sa lame ne rencontre pas son torse, mais le parquet. La Fae se redresse._
La Tour dort, les enfants faméliques chantent et ignorent vos agissements.
Combattre le mal de l'intérieur semble être devenu une excellente alternative et la furtivité avec laquelle les survivants opèrent leur ouvre une voie pour affronter l'insondable. La coquille immense réagit visiblement à l'ostentatoire violence de ses adversaires mais sa perception est limitée. L'action des louves jumelles, plus élégante et discrète, ne semble pas éveiller les soupçons du colosse aux pouvoirs surnaturels. D'autres efforts sont joints aux premiers et dans le silence tout relatif que brisent les chants elfiques, la brèche dans la soie se présente comme un accès direct à cette porte menant vers la gueule du monstre. La Dame de Maël accepte l'invitation de l'Hermine qui accueille son courage avec un respect qui le rend muet, l'espace de quelques secondes. Un sourire se dessine sur la frimousse pelucheuse et il répond :
"Merci."
Alors qu'une première part des aventuriers infortunés passe la porte du domaine ténébreux dans un grincement sonore, Trésor prépare mentalement les incantations lui permettant de se téléporter en plein cœur de l'incarnation du mal. Alaric, désireux de sécuriser l'extérieur de la batisse monstrueuse, propose à Ronchon ainsi qu'à Nora de lui porter assistance en cas d'imprévu. Le vieux sanglier émet un bref reniflement et se poste aux côtés de l'ex-mage d'Etat, avant de répondre sobrement :
"Cela va de soi."
Un voile de douce lumière enveloppe peu à peu les silhouettes de Myriem et de Trésor qui, main dans la main, s'apprêtent à effectuer un saut vers l'inconnu. L'hermine adresse un regard grave à son ami puis glisse aux présents quelques mots :
"Courage. Nous en viendrons à bout."_
Lune, contre toute vraisemblance, s'est opposée à son père. La confusion se lit sur le faciès du sorcier et lorsque la colère le prend, son visage à l'alarmante pâleur ne s'empourpre guère mais commence distinctement à craqueler tel une porcelaine fêlée. La voix de l'homme est engloutie par celle du monstre et, avec un timbre proche d'un raclement rocailleux, il siffle :
"Comment oses-tu ?"
A cet instant, une aveuglante lueur emplit la pièce. Trésor ainsi que Myriem se matérialisent au beau milieu du lieu dédié au rituel et malgré l'instant de déroute suivant la projection vers cet endroit mystérieux, l'Hermine ne perd pas de vue son objectif. Ses yeux furibonds se rivent sur le géant faisant office de cauchemar pour la pauvre Lune et dans un élan de rage absolue, le mustélidé porte une patte à la dague elfique qui orne sa ceinture pour ensuite se jeter avec une agilité tout bonnement surhumaine sur son ennemi tout désigné.
"Encore un mensonge, monstre ? Vas-tu comprendre que tes stratagèmes vicieux n'ont face à nous aucune valeur ?!"
Escaladant les marches quatre à quatre, Ersa et Ellana s'empressent de rejoindre l'emplacement où ils entendent les cris féroces de Trésor. Le père de Lune, momentanément paralysé, semble peiner à comprendre par quel miracle les guerriers retors sont parvenus à rejoindre celle qu'il s'est évertué à isoler. Une sinistre transformation s'opère dés lors que le premier coup de dague lui est porté au flanc. En un cri mêlant hurlement et sifflement strident, son corps se déforme pour devenir pleinement monstrueux. Martelé par les attaques de l'Hermine, il bascule contre une table, s'heurte à un mur qui se fissure à son contact et ses proportions gargantuesques se font plus impressionnantes encore.
Dans cette lutte aussi sauvage que brutale, la créature infame ouvre sa gueule dans laquelle se fusionne quelques traits d'un visage volé dans une abjecte parodie et les lumières oranges, malfaisantes par essence, renaissent au creux de sa gorge allongée. Malgré son agilité, Trésor se retrouve piégé par les lumières qui le captivent et l'hypnotisent et, dans cet instant d'absence, il est agrippé à la gorge par le colosse informe qui le plaque avec violence contre une fenêtre circulaire. La tête de Trésor frappe la vitre une fois, puis deux, puis trois. Une brèche apparaît dans le verre et la courageuse Hermine, étouffée et sonnée, vient lâcher son arme par inadvertance.
Acculé, le monstre que la perdition attend tâche de frapper un grand coup avant son inéluctable démise. Trop concentré sur le combat pour maintenir en place sa protection de soie, il laisse l'œuf gigantesque disparaître dans une épaisse brume noire. Les répliques de Lune s'effritent également, disparaissant dans le vent lorsque la bête dissimulée dans son abri de roche fantasmée perd sa concentration. La Tour gronde et tremble, annonçant un effondrement proche.
OBJECTIFS ET REGLES
Objectifs :
A l'intérieur : Sauver Trésor et vaincre le "Père".
A l'extérieur : Prévenir par tous les moyens l'effondrement de la Tour
Règles générales :
-3 actions majeures ou utilisation de pouvoir par tour.
-Résumé des actions et utilisations de pouvoirs demandés en fin de post.
Modificateurs :
-Lune : Sauvage est consciente. Dos et épaule couverts de pelage noir. Torse, cou, bras et jambes maculés d'éraflures dont naissent aussi du pelage. Incapacité à établir le moindre lien avec Crow.
-Ersa : L'entité en toi est devenue consciente, puis s'est assoupie à nouveau. Nora est de retour et présente exactement le même niveau de corruption qu'Ersa. Trois plumes brunes sur la joue, torse recouvert de plumes brunes. Epaule droite partiellement recouverte de plume, mollet droit légèrement métamorphosé en patte de chouette.
-Alaric : L'entité en toi est réveillée. Pied gauche recouvert d'écailles de reptile et dos partiellement recouvert d'écailles.
-Ellana : Audacieuse est consciente. Épaule droite entièrement couverte de plumes. Ton bras droit a repoussé, entièrement couvert de plumes.
-Myriem : L'entité en toi s'éveille. ta gorge se recouvre légèrement de fourrure brune.
Corruption :
-Lune : 39 % : 35 % par dégât - 4% par remords
-Ersa : 20% - 5% par ??? = 15 % : 12% par dégât - 3% par remords
-Alaric : 10% : 7% par dégât - 3% par remords
-Ellana : 30 % : 30% par dégât - 0% par remords
-Myriem : 15% : 5% par dégât - 0% par remords - 10% par don de soi.
Vous avez jusqu'au 19/03 pour ce tour.
- Précisions:
Vos alliés :
-Ronchon est à l'extérieur.
-Trésor est en train d'affronter la réplique du père de Lune. Face contre une vitre ébréchée, il risque de se faire projeter dans le vide.
Vos adversaires :
-Le "Père" de Lune : Seul, mais mesure plus de trois mètres. Les lumières au cœur de sa gueule sont paralysantes, à courte portée.
crédits : 346
Tout s'enchaîna rapidement. Autant pour venir à la rescousse de Trésor et Lune que de faire payer au monstre ce qu'il méritait. Asséné par la magie des combattante, l'elfe était persuadée qu'il serait à leur merci. Le groupe connaissait ses forces et des faiblesses. Il serait facilement réduit en cendres. Et pour ne lui laisser aucune autre chance, Ellana métamorphosa son fouet ombreux. Il perdit en souplesse jusqu'à devenir raide, le long fouet était devenue une lance et celle-ci se planterait au coeur du monstre qui giserait là. Puis la guerrière se précipiterait vers Trésor, un peu sonné, il avait été victime de la force monstrueuse de la sentinelle mais sa vie ne semblait pas en danger. Tombant lâchement, adossé contre le mur, sous la fenêtre qu'il venait de se prendre, l'hybride semblait confus, Ellana voulut lui venir en aide mais se rendit vite compte que sa magie de soin ne fonctionnait plus. Ses ombres étaient pourtant toujours là, mais ses promesses guérisseuses n'avaient aucuns effet. Comme si, elle n'avait jamais su comment soigner. Effarée, sa capacité à venir en aide lui avait été volé. Son utilité principale durant la guerre, au sein du RSAF et des Serres Pourpres, lui avait été retiré.
*Comment ? Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Est-ce ta présence qui tait mon pouvoir ?!*
*Mon esprit et mon essence semblent te dévorer, Ellana. Je n'ai aucun contrôle sur cette corruption, tâche de faire preuve de prudence.*
Une ride de grimace vint se creuser au creux de son nez, mécontente de l'information qu'elle venait de recevoir. Elle se retrouvait maintenant là, impuissante et incapable de soigner l'hermine. Le regard dans le vide, songeant un instant, les yeux noisettes de l'elfe vinrent se poser sur la fenêtre fissurée. À défaut de pouvoir aider son allié, elle allait improviser quant à ce qu'elle pouvait faire pour le groupe. Elle se releva et guetta l'extérieur, cherchant la silhouette d'Alaric. Brisant alors le verre pour communiquer avec celui-ci, Ellana lui fit un signe de main, le poing fermé et le pouce relevé, attestant de son arrivée sur les lieux ainsi que de la situation sous contrôle. Elle resta attentive quant à la réponse du magicien ou de toutes indications qu'il donnerait.
- Résumé:
- Tour 12
Arrivées à l'étage, Ellana réagit tout de suite lorsque Trésor se fait martyriser. D'un fouet ombreux, elle attire l'ennemi au sol en l'étranglant.
Elle change son fouet en une lance pour le planter dans le coeur du monstre avant d'aller à la rescousse de Trésor pour finalement se rendre compte qu'elle ne peut plus utiliser ses soins.
Finalement elle brise la fenêtre pour pouvoir communiquer avec l'extérieur.
Pouvoirs utilisés : Ombre P1 x2, Ouïe P1
P1 : 17/---
P2 : 2/14
crédits : 875
Il se mordit la lèvre, pendant qu'il fixait la tour. Ce n'était qu'une tour, sortie du cauchemar permanent généré par cette entité qui n'attendait que l'instant propice pour se repaître des proies qu'ils étaient tous. Qu'une simple tour, qui cherchait indirectement à faire revenir à la surface les souvenirs récents de sa propre déchéance, se dressant vers les cieux irréels, pouvant jeter toute son ombre sur lui de ses propres incertitudes. Qu'une tour ! Ce n'était qu'une tour et il était à l'extérieur. Pas à l'intérieur. Dans ses entrailles de mortiers et de pierre, il y avait maintenant Myriem et Trésor aux côtés de Lune, pour l'aider à réchapper à l'appétit vorace de cette saloperie indéfinissable.
Bon sang, la peur lui tordait les boyaux. Ses doigts s'enfoncèrent un peu dans la terre meuble. Il était hors de question de céder à la terreur, ce sentiment connu à maintes reprises. Son cœur battait la chamade, distillant plus à chaque battement cette sale impression. Et il avait toujours cette sueur froide dans le dos.
Concentré… il devait demeurer concentré. Il n'avait pas cédé par le passé. Il ne cédera pas… Par contre, la tour, elle, elle était en train de céder ! Ses parois tremblaient. Le grondement ne laissait aucun doute possible sur son proche avenir. Elle ne pourra que s'effondrer. Bordel de bordel de… Et où se trouvaient les autres ? À quel étage, à quelle fenêtre ? Il frôla sa magie, prêt à la déployer au besoin. Il devra être réactif. Très réactif.
"Nora, je vais avoir besoin de toi et de ta magie ! "Appela-t-il. Et une fois qu'elle rejoint le mage déchu et le Sanglier, il reprit : "Nora, dès qu'on saura où se trouvent nos amis là-dedans, il faudra me faire une espèce de rampe de glace, pour qu'ils aient de quoi sortir de là en vitesse. Ronchon, avec vos pouvoirs, il faudra voir si la rampe aura besoin d'être renforcé, avec la tour qui pourrait imposer une contrainte dessus. Et si elle vient à s'effondrer, représentant un danger mortel, essayez de repousser les débris ou d'en protéger nos amis. "
Son regard toujours dardé sur la Tour, il guettait un signe, un geste, une présence pour savoir où se trouvait le groupe parti rejoindre Lune pour affronter l'Entité. Il y eut des bris de verre qui s'envolèrent dans les airs. Ses sourcils froncèrent de concentration. Étaient-ils là ? Et s'il échouait ? Du verre éclata à nouveau, les morceaux pointus fendant l'air. Une main passa à travers, faisant un signe équivoque. Ils étaient là !
"On va créer une voie de sortie ! hurla-t-il à pleins poumons. "Dès que vous le pourrez, barrez-vous par la fenêtre ! Vous n'aurez pas le temps de redescendre par l'intérieur, la tour gronde, elle pourrait s'effondrer dans peu de temps ! "
Sans plus réfléchir, chassant une fois encore la marée noire de ses tourments qui manqua de revenir le hanter quant à ses songes précédents, déployant plus de détermination qu'à son arrivée dans ces lieux corrompus, il commanda à la terre de réagir à sa volonté. Deux nuées de lianes épaisses et brunâtres s'élevèrent du sol de chaque côté de l'édifice, pour croître vers les hauteurs. Rapidement, elles se muèrent en un jeu complexe de chemins terreux, comme cherchant à jouer le rôle d'un lierre immense qui aurait envahi chaque pan de mur. Un véritable réseau ficela la partie défaillante de la tour, s'insinuant dans les interstices pour aller soutenir à l'intérieur ce qui servait de plancher à la salle où se trouvait Myriem, Ellana, Lune et Trésor, pour leur laisser un peu de temps à se barrer de là, par la seule ouverture disponible à leur portée : la fenêtre. Serrant les dents à l'effort, il regarda sa magie continuer son ouvrage, grimper le long des murs de l'étage où étaient les alliés... et l'Entité ! Elle n'aura pas Lune cette saleté.
"Nora, Ronchon ! A vous ! "
Et si ce plan venait à déraper ? En cas de défaillance, c'était simple, il appela la terre à devenir meuble et aéré pour servir de matelas, pour limiter les dégâts en cas de chute d'un des membres du groupe de survivants
- Résumé:
Il demande à Nora de le rejoindre et de joindre sa magie avec Ronchon pour prévoir une voie de sortie avec une rampe de glace pour leurs amis perchés à l'intérieur de la tour et d'aider à les protéger en repoussant les débris du possible effondrement ou de les protéger de son mieux.
Il voit la main d'Ellana qui indique leur présence dans la tour. Il use de la magie tellurique pour faire des lianes épaisses de terre (terre P2 x2) pour essayer de retarder l'inévitable et leur laisser le temps de se barrer de là, tous ensemble.
Pour parer à l'imprévu, du mieux qu'il pourra, il rend meuble le sol et l'aérer (Terre P1) pour en faire un genre de matelas si un membre du groupe venait à tomber malencontreusement lors de leur fuite.
Pouvoirs utilisés :
P1 : 5/*
P2 : 2/10
P3 : 1/5
crédits : 5297
Le repos c'était pour les vieillards ou les malades disaient mon père du moins de ce dont je me souvenais mais parfois j'en venais à envier ces deux catégories de personnes. J'avais la sensation d'être en apnée depuis l'instant ou j'avais pris cette décision parfaitement lâche et pitoyable de me laisser couler dans l'eau de la rivière glacée. Ce froid mordant qui m'avait englouti et me promettait le repos avait été le début de la fin. Depuis que mes yeux s'étaient ensuite rouverts il n'y avait plus de place au répit.
A peine Trésor nous eut emporté à l'intérieur de la tour que j'observais la salle, faisant vite et au mieux. Je n'étais pas tacticienne, ni stratège et encore moins capable de trouver des choses utiles accessibles, je cherchais juste la pauvre Lune pour laquelle je m'inquiétais grandement. Et elle se trouvait juste à côté de moi, dans une espèce de cercle rituel tracé sur le plancher de la tour. Elle allait bien, enfin aussi bien que possible, elle n'avait pas servi de sacrificiée par chance, nous étions arrivés à temps.
J'en étais à peine à ce stade de réflexion alors que Trésor de son côté, ce brave et vaillant hybride avait fondu sur notre adversaire, sur le coeur sombre de cette maudite tour. La surprise est notre premier allié face à ce nouvel adversaire et Trésor lui porte un coup d'une rare violence mais hélas cela ne suffit et le monstre qui lui fait face est redoutablement fort encore une fois. Sous mon regard effaré assailli et lardé de coups, il répond en grossissant, titubant, cassant les meubles de la pièce mais il libère sa puissance hypnotique et Trésor sombre sous ce pouvoir et ne peut réagir quand le monstre se saisit de sa tête et le frappe contre la fenêtre. Je le vois qui saigne et semble vouloir sombrer dans l'inconscience.
Ni une ni deux alors qu'Ellana et Ersa nous ont rejoint, j'ai confiance en leurs actions à venir, je franchis la distance qui me sépare du monstre pour fondre sur le bras qui enserra la tête de l'hermine. Décidée et certaine de mon fait, j'ai bien entendu que les soins traditionnels élémentaires n'avaient en ce lieu aucun effet mais par contre j'ai bien vu que le soin des malédictions, leur destruction était redoutablement efficace. Mes mains enserrent le bras énorme et sans sourcille je concentre ma mana. Elle coule au contact de mes mains et de la pseudo peau du monstre et s'immisce en elle. La magie curative cherche le mal et le détruit, apportant en temps normal un apaisement à ceux souffrants ou maudits mais en ce lieu, cela apporte la mort. Sous mes mains je sens le bras se déliter, et voler littéralement en cendres, la bête hurle et Ellana prend le relais l'envoyant à terre avec sa magie d'ombre.
Cela me permet de me saisir de l'hermine vacillante, autour de nous cela bouge, la tour perd sa stabilité, l'oeuf n'est plus nous le voyons par la fenêtre.
- Lune il faut partir avec Ellana et Ersa, je sors Trésor.
Cela étant dit, je visualise l'extérieur, encore frais dans mon esprit et je nous téléporte en bas. Je souffle fort, et de manière saccadée, ce n'est pas tant que l'action de téléporter est couteuse en mana, c'est qu'elle ne m'est pas encore familière et que je peine à ne pas m'éparpiller en la réalisant. Laissant Trésor derrière moi, m'assurant qu'il tient sur ses pieds assez pour être seul je me tourne vers la tour pour aider Nora, Ronchon et Alaric.
Ce dernier avait pris les choses en main, du haut de la tour j'avais entendu ses indications, ils préparaient une sortie pour nos compagnons. J'observe la tour maintenue par la magie de terre d'Alaric et la structure de glace qui servira à l'extraction de ceux encore en haut. La tour menace en effet se s'effondrer et la mort prochaine de son gardien, de la sentinelle du lieu sera probablement le déclenchement de sa destructions totale. Alors sans plus attendre, je concentre ma mana de glace pour aider à consolider l'oeuvre conjointe de Ronchon et Nora ne pouvant aider à soutenir celle d'Alaric. Pourvu que cela tienne le temps que tous sortent de cet endroit maudit.
"Lune, petite Lune, prends soin de toi et sors par pitié" murmurai-je.
- Résumé:
- Myriem se précipite pour libérer Trésor en "soignant" le bras de la créature (soin des malédictions P2) qui ne peut résister et est détruit, réduit en cendres.
- Elle attrape l'hermine et les téléporte tous deux en bas aux côtés d'Alaric, Nora et Ronchon. (téléportation P1)
- Puis observant les actions lancées sous la direction tactique d'Alaric elle décide de soutenir la structure de glace qui permettra à leurs compagnons de sortir par la fenêtre (glace P1)
Pouvoirs utilisés :
P1 : 8 / inf
P2 : 9 / 12
P3 : 2 / 4
P4 : 0 / 3
CENDRES
crédits : 406
Ersa
Ersa s'était juste retournée lançant un sourire à sa sœur avant de s'enfoncer dans cette tour maudite. Les deux guerrières montèrent les escaliers en courant chaque pas les rapprochaient de leur but. Ellana était passée en première et Ersa avait préparé son arc au cas où. Elles arrivèrent rapidement au sommet, découvrant que Myriem et trésor était déjà au combat. Trésor avait succombé à la paralysie de ses fichus yeux. La chasseuse banda sonore, voulant frapper l'épaule du géant, mais la baronne passa dans sa ligne de tir.
Ersa resta en attente, voir ce qu'allait faire la magicienne. Elle rendit les mains et après quelques secondes, le bras du géant tomba en poussière. Dans un enchaînement d'action, le fouet claqua pendant que Myriem éloignait Trésor du monstre, maintenant au sol. La naine signa invoquant un fin voile se glace dans la gueule montre le maintenant légèrement ouverte. La naine approche passant son arc en bandoulière et sortant sa paire de dagues. En quelques foulées sapides, elle fut près de la silhouette au sol. La chasseuse ne pensait qu'à sa cible. Elle avait toujours fonctionné ainsi, la chasse balayé toutes ses pensées, laissant seulement son objectif en tête.
Elle leva les bras, arma son coup et abattit ses dagues dans la gueule du monstre, espérant lui crever ses foutus yeux. Ersa releva la tête revenant à l'instant. Ellana avait brisé la fenêtre pour faire signe à l'équipe restée en bas. Elle se concentra pour entendre Alaric comme si elle était à ses côtés. Myriem évacua Trésor par téléportation. La naine passa son regard sur Ellana et Lune.
- Alaric essaie de maintenir la tour pendant que nous évacuons. Je vais faire une rampe de glace par la fenêtre. Vous partez en première. Si l'une de vous peut se téléporter dehors partait toutes les deux.
Ersa s'approcha de la fenêtre et se concentra, marmonnant des mots incompréhensibles, un petit toboggan se forma, suivit par celui de Nora, Myriem et Ronchon. La chasseuse ne se jetterait dessus que quand les deux autres auraient choisi leur porte de sortie.
**************
Nora
La louve était assise sur ses talons un peu à l'écart, regardant l'endroit où sa sœur avait disparu. Alaric qui avait témoigné un début de confiance, cela l'aidait un peu. Puis il était venu lui rendre son arme, elle lui sourit timidement, ce qui faisait un peu bizarre sur le visage de Nora. Elle sorti un cigare pour paraître détendue et l'alluma rapidement, essayant de combattre le fait d'être perdu par une habitude.
- Merci, Alaric.
Elle le regardait combattre ses démons, les yeux rivés sur cette tour. Cela lui évitait surtout de penser à ce qui lui arrivait, à se demander pourquoi elle ne se souvenait de rien. À un autre moment, elle l'aurait regardé pour lui et non pour occuper ses pensées. Elle ne pouvait s'empêcher d'essayer de penser à ce que ferait Ersa à sa place, sans y arriver. Elle souffla la fumée de son cigare lentement, brouillant sa vision quelque instant
Elle le vit se concentrer, puis l'appeler la louve sauta sur ses appuis, courus pour le rejoindre. Elle écouta le plan du mage. Fou, c'est le premier mot qui lui passa par la tête, mais c'est sûrement le seul qui fonctionnerait. Elle inspira, essayant de se reprendre en main.
- Je vais essayer.
Elle commença à se concentrer pour former une fine couche de glace l'étendant au maximum de ce qu'elle pouvait. Myriem et Trésor apparent près d'eux, la louve préféra ne pas trop y prêter attention, se concentrant sur sa rampe pour faire sortir sa sœur de là. Si la magicienne et l’hybride étaient là et entier, c'est que le plan avait fonctionné foiré complet, mais la louve ne préféra pas y penser.
- Spoiler:
- Tour 12
- Action
- Ersa creer un voile de glace pour maintenir la gueule du monstre ouverte, mais caché la lumière orange. (glace p1)
- Elle s'approche et frappe les lumières de ses dagues (vitesse p1)
- Elle créer une rampe de glace (p1) par la fenêtre pour commencer a descendre Lune et Ellana si elle ne peux pas sortir autrement.
Nora
- Nora se concentre pour renforcer la rampe aider par Myriem et Ronchon pour la descente du groupe de secoure.
- En mode Snake et fume le cigare pour passer au tour suivant
pouvoir p2- 2/14
crédits : 2724
A battue au sol, Lune sanglote à chaude larmes. Sa volonté s’étiole, elle considère s’empaler sur l’arme. Faible, seule, livrée non pas qu’à elle-même mais à bien plus insidieux, elle n’a aucune chance de l’emporter face à cette entité sournoise qui la connait au mieux, comment peut-elle affronter pareille créature quand ses paroles sont la plus affutées des lames? Comment peut-elle espérer quand c’est interdit? Comment peut-elle se relever quand elle meurtrie dans l’âme? Son père factice qui l’a atterré tape du poing contre la pierre et déverse son fiel plus corrosif encore qu’à l’accoutumée.
Lune n’en reviens pas et ses yeux s’écarquillent de stupeur, si son discours concernant l’oiseau gardien résonne en elle à travers l’être aimé, les mots concernant sa mère sont de trop, la petite fille sent monter en elle une colère de la plus grande ardeur. Un sentiment d’injustice qui fait rebond dans ses pensées et l’amène à réaliser la fausseté de ces propos malveillants.
”Non…”
L’apparition subite de Myriem et de Trésor à ses côtés renforce sa détermination nouvellement trouvée, la petite fae regarde l’hermine se jeter sur le monstre en braillant. Elle admire son courage, mais cette contemplation ne dure qu’un cours instant avant que le mustélidé ne subisse le courroux de son Père transformé. Lune se rassied sur son séant, resserre la dague en phantacier dans ses mains et brandit ainsi son bras armé.
”...Tu mens…”
Oui…
Myriem se propulse à la rescousse de leur compagnon à fourrure, tandis que de l’autre côté de la pièce, les guerrières reikoises font irruption dans la pièce rituelle. Lune observe la mage borgne détruire le bras de l’engeance dans une béante déchirure tandis que les deux autres femmes se battent contre le monstre cruel. Ce qui était un instant auparavant son père devient une aberration sans nom qui la répugne au plus haut point, ce n’est pas un imitateur, c’est un pervers qui salit l’image qu’elle se fait de son réel géniteur. Hurlant sa colère dans un rugissement haineux, Lune se rue à l’encontre de la vilénie la lame au poing, l'aboiement satisfait de Sauvage est hargneux et l’encourage quand la dague s’enfonce enfin.
”Je l’ai vu! Il est venu! Crow était là, il ne m’a pas abandonné et je ne l’abandonnerai pas non plus!”
Alors que ses compagnons commencent à s’extraire de la Tour, Lune est maintenant aux prises avec le monstre et s’acharne sur lui, chacune de ses phrases martelée par le rythme du phantacier qui s’enfonce dans sa chair pourrie.
”Peut-être que je lui fais du mal!”
Elle le poignarde à nouveau, expiant sa colère, s’abolissant de ses craintes.
”Mais je lui en ferai plus en me laissant mourir!”
Un nouveau coup de couteau, un nouveau cri monstrueux de complainte.
Sauvage aboie sa haine avec encouragement, projetant sa propre rancune dans les actions de la gamine.
Lune extirpe une dernière fois l’arme rituelle et cri son trop plein de détresse, refermant autour du manche ses deux mains opalines.
”JE LE SAIS PARCE QUE C’EST CE QUE MAMAN A FAIT!”
Son hurlement retentit dans la pièce qui s’écroule, la fae plante le couteau dans la Sentinelle et ignore les avertissements de ses camarades, elle a besoin de ça, elle a besoin de se battre pour une fois dans sa vie. Elle a besoin de ne plus être la petite chose inutile qu’on défend par non-choix, elle hurle la frustration de son existence, elle hurle l’injustice de sa vie, elle hurle le fardeau de sa souffrance, elle hurle la fuite de l’oubli.
Et la Tour faiblit.
- Résumé:
- Lune se rue sur la Sentinelle et l'attaque à répétition, martelant la dague rituelle dans le corps de ce qui était son Père.
Le coup final est porté avec un Force P2
Pouvoirs utilisés:
Force Surhumaine P2: 2/10
crédits : 386
- Le Chant des Ronces -
Lune - Myriem - Ellana - Ersa - Alaric
TOUR 13 - RÉUNION
Le monstre aux mille visages se révèle sous un jour ô combien plus pathétique qu'auparavant. Malmenée par divers assauts, elle est successivement empalée, frappée, repoussée, congelée puis enfin perforée par la dague rageuse d'une Fae certes innocente mais bien moins impuissante que tous auraient pu le supposer. Les cris enragés de Lune se mêlent aux sifflements stridents de la bête désormais méconnaissable dont la silhouette se tord à chaque assaut porté. A chaque coup, elle perd en substance. A chaque assaut, son emprise sur ce monde coupé du Réel s'étiole progressivement et la Tour, tout comme la manifestation de la Sentinelle, s'effritent dans un grondement caverneux.
Les hurlements de Lune sont ponctués de cassures dans les parois de bois et de pierre et alors que la victoire contre l'engeance malfaisante se fait plus proche, la structure démente dans laquelle se tiennent les survivants commence lentement à perdre l'équilibre. Une puissante vibration témoigne de la disparition d'un appui central de la bâtisse monstrueuse et l'inévitable basculage commence seulement pour être interrompu quelques instants plus tard par l'apparition de lianes salvatrices qui enserrent le bloc de roche fantasmée, lui permettant de tenir encore un peu malgré la décrépitude qui s'empare de tout.
La dague sacrificielle de la Fae si injustement torturée s'abat une fois encore sur la gueule disgracieuse du monstre dont les crocs congelés par Ersa n'effraient plus personne. La lumière orange, dissimulée derrière un voile opaque, n'atteint plus les yeux immenses de Lune et c'est donc dans un ultime râle de souffrance que le monstre s'écroule pour devenir en une fraction de secondes un amas de brume noire qui s'échappe par les interstices dessinés dans la vitre fissurée. Après la disparition de la Sentinelle, le verre se brise pour de bon, imité aussitôt par l'ensemble des cristaux, puis des plans et enfin des meubles qui parsèment le décor volé aux souvenirs de Lune.
Myriem et Trésor se remanifestent aux cotés de ceux qui ont choisi de rester à l'extérieur pour venir en aide à ceux qui ont eu l'audace de s'en prendre au monstre directement au cœur de sa tanière. Essoufflé, mais loin d'en avoir terminé avec le monstre auquel il doit tous ses tourments, Trésor reprend lentement possession de ses moyens en prenant tant bien que mal appui sur l'épaule de la Dame de Maël. Ronchon accorde alors au duo qui vient de réapparaitre un regard plein d'espoir mais les ordres d'Alaric ne tardent pas à le ramener à l'urgence de la situation et, avec empressement et entrain, il répond aux directives :
"Bien sûr, je m'en charge !"
Nora, Myriem et le sanglier se chargent de former par une manœuvre conjointe une rampe extravagante dont la silhouette alambiquée représente sans mal les différences entre les racines de leurs sorcelleries respectives. Quelque peu instable et bien peu assurée, la sculpture givrée s'offre tout de même aux vaillants comme une issue parfaitement adéquate pour libérer ceux qu'un éboulement menace. Ces derniers s'aventurent sur la pente glissante qu'ont érigé leurs compagnons avec ingéniosité et lorsque Ersa, Ellana puis enfin Lune quittent la Tour par une fenêtre brisée, la structure démentielle se meurt et retourne à la poussière corrompue dont elle a jailli. Le vacarme est assourdissant et malgré la violence de l'effondrement, tous sortent indemnes de cette sinistre expérience, au plus grand réconfort de leurs sauveurs. D'une voix éraillée, Trésor laisse un sourire apparaître sur son faciès velu et lance :
"Je... je salue votre audace, camarades."
Il profite de cet instant d'accalmie pour ajuster le masque géant qui orne son bras, puis s'approche de Lune dont la métamorphose s'est faite plus évidente et ô combien plus terrible qu'auparavant. Il pose amicalement une main sur l'épaule de la demoiselle qui semble se remettre difficilement de son affrontement avec cette parodie de son propre père puis, d'une voix qui se veut rassurante, il lui murmure :
"Tu as fait preuve d'un courage extraordinaire. C'est admirable."
Les plaies de l'esprit sont fébrilement pansées mais les corps des survivants, quant à eux, ont essuyé des transformations qui n'évoquent rien de bon. Ronchon inspecte de son œil magique l'ensemble de l'assistance et dans son regard sombre se lit à un subtil mélange d'espoir et d'inquiétude. Le chemin est encore long et les forces du mal ne fléchissent qu'au prix de nombreux sacrifices. Auront-ils assez de temps ? Auront-ils la force de vaincre la source de cette corruption ?
Ses mélancoliques réflexions sont remises à plus tard car les cieux obscurcis se fissurent une fois encore. Une lance melornoise traverse les nuages opaques dans un froissement crissant et l'arme vient s'abattre dans une singulière impulsion, droit dans la carcasse du loup au crâne brisé que les jumelles lycanthropes ont tenté d'apaiser dans ses ultimes instants. Un soubresaut anime la carcasse meurtrie du pauvre animal qui se met à pousser des couinements implorants tandis que le maigre résidu de vitalité dont dispose encore son être lui est arraché, lentement dévoré par la bête qui paraît toujours se montrer aussi indifférente et cruelle face à votre lutte acharnée.
D'un air désabusé, Ronchon lance à la bête torturée un regard prolongé et marmonne enfin après un grognement :
"Un volontaire ?"
Malgré la victoire, l'enjouement est absent.
OBJECTIFS ET REGLES
Objectifs :
-Offrir une histoire au loup.
Règles générales :
-3 actions majeures ou utilisation de pouvoir par tour.
-Résumé des actions et utilisations de pouvoirs demandés en fin de post.
Modificateurs :
-Lune : Sauvage est consciente. Dos et épaule couverts de pelage noir. Torse, bras et jambes maculés d'éraflures dont naissent aussi du pelage. Incapacité à établir le moindre lien avec Crow.
-Ersa : L'entité en toi est devenue consciente, puis s'est assoupie à nouveau. Nora est de retour et présente exactement le même niveau de corruption qu'Ersa. Trois plumes brunes sur la joue, torse recouvert de plumes brunes. Epaule droite partiellement recouverte de plume, mollet droit légèrement métamorphosée en patte de chouette.
-Alaric : L'entité en toi est réveillée. Pied gauche recouvert d'écailles de reptile et dos partiellement recouvert d'écailles.
-Ellana : Audacieuse est consciente. Épaule droite entièrement couverte de plumes. Ton bras droit a repoussé, entièrement couvert de plumes.
-Myriem : L'entité en toi s'éveille. ta gorge se recouvre légèrement de fourrure brune.
Corruption :
-Lune : 39 % : 35 % par dégât - 4% par remords
-Ersa : 20% - 5% par ??? = 15 % : 12% par dégât - 3% par remords
-Alaric : 10% : 7% par dégât - 3% par remords
-Ellana : 30 % : 30% par dégât - 0% par remords
-Myriem : 15% : 5% par dégât - 0% par remords - 10% par don de soi.
Vous avez jusqu'au 28/03 pour ce tour.
- Précisions:
Vos alliés :
-Ronchon est légèrement inquiet.
-Trésor semble s'ouvrir à vous. Vous paraissez avoir gagné sa confiance, au moins en partie.
crédits : 2724
T remblante, la jeune fae ne parvient pas à se calmer, elle ne se reconnaît pas dans cette colère qui l’envahit, dans cette indignation qui anime ses gestes, dans cet état alarmé. Quand elle touche terre avec les deux guerrières, elle réalise ce qu’elle vient de faire et demeure un instant ébahie. Elle l’a poignardé. Ce n’était pas elle… n’est-ce pas? Lune en proie au choc de sa propre violence contemple un instant la dague toujours immaculée dans sa main, elle ne peut pas être aussi mauvaise qu’elle le pense, c’est ce dont elle tente de se convaincre, mais en vain. Leur compagnon hermine à la fourrure reflet de sa peau opaline vient déposer une patte encourageante sur son épaule, il loue son courage, mais sa frimousse trahit l’inquiétude qu’il porte à la petite. Lune quant à elle ne parvient plus à se retenir, elle souffre de l’enchaînement si rapide de toutes ses émotions aussi intenses à son jeune âge, cédant au maigre contact physique du mustélidé elle réprime d’abord un sanglot en se rapprochant de lui, mais ses pleurs colériques éclatent à voix haute et ses larmes mouillent le cuir de Trésor contre son visage enfoui.
Si Lune avait l’impression de n’avoir fait que pleurer depuis son arrivée ici, les gouttes qui se déversent cette fois de ses grands yeux clos ne sont plus les mêmes qu’avant. Le cru de sa peur avait mûri, devenant le raisin de sa colère, d’un sentiment très précis, celui d’une frustration presqu’aussi vieille que sa vie, de toujours devoir se reposer sur autrui, mais plus maintenant. En colère après elle-même, Lune pleure la douleur d’accepter sa faiblesse, le premier pas vers une détermination encore imprécise, mais bien présente. Elle frappe mollement la poitrine de Trésor, et celui-ci ne lui rend en échange que des caresses, Lune se sépare de lui à contre-coeur lorsque le ciel craque et rend l’atmosphère pesante. La lance sentencielle qui s’abat dans une des pauvres créatures non loin d’eux ravive quelque chose chez la jeune fae, elle concerte Trésor de ses prunelles noires, cherche le regarde unique de Myriem, dans son améthyste éclatante elle y trouve le courage de faire face. Regardant ses pieds un instant en pensant y trouver son coeur si lourd, Lune quitte la douce fourrure d’hermine et s’agenouille dans l’herbe aux côtés du loup défait. Son propre visage angélique mélange une tristesse endeuillée avec la crainte égoïste de finir à sa place. La jeune fille appose une frêle main hésitante sur la fourrure hirsute, le contraste est saisissant entre le poil noir dru et sa main blanche de velour.
”Les ailes…”
Soudain, alors que les premiers mots passaient la barrière interdite de ses lèvres argentées, Lune sent tout le poids de la confession qu’elle s’apprête à délivrer, mais les souvenirs ressassés ne sont pas la seule inquiétude qui vient la hanter, c’est l’horreur de ce que les autres vont penser d’elle si elle dit vrai. Son teint déjà ivoirin devient sensiblement plus blême, la gamine tourne sa tête du côté de la mage brune comme pour y chercher un réconfort, elle n’a encore rien dit, et pourtant elle n’ose déjà plus croiser le regard de Myriem. Pourtant elle doit s’y résoudre, elle doit le raconter. En entier. Sans rien oublier.
”Les ailes que les champignons avaient, c’étaient les miennes. De belles ailes membranées, cristallines et légères comme rien. Un jour, Crow est tombé malade à cause de ma magie, il a développé une infection que sa régénération ne pouvait pas soigner. Je ne savais pas quoi faire et ses symptômes commençaient à devenir inquiétants, je ne voulais pas prendre de risques, donc je suis allé voir des gens, et j’ai laissé Crow derrière, il était malade je ne voulais pas l’emmener avec moi. J’ai toujours vécue plus ou moins seule, et éloignée de tout, alors c’était la première fois que j’allais dans un village. Avec du monde. C’était… c’était quelques mois après que le Shoumeï ait été ravagé par les Titans. Quand je suis arrivée près du hameau, il y avait…”
Sa mâchoire se serre, l’espace d’un instant elle ressent un reflux, ses yeux se ferment et Lune plaque une main sur sa bouche en se souvenant de l’horreur, ravalant l’envie de la facilité en laissant quelqu’un d’autre faire ce don elle continue:
”... il y avait un groupe d’enfants qui jouaient. Je suis allé les voir et je leur ai demandé si quelqu’un de leur village était peut-être un guérisseur.” Ses mots se font de plus en plus lents, elle a du mal à articuler à travers ses dents crispées par les meurtrissures de son coeur. ”Quand les adultes sont arrivés, ils étaient très en colère, comme les champignons, ils m’ont insulté, ils ont dit que j’étais une ange, qu’il fallait… qu’il fallait me faire des choses… horribles. Je n’ai pas réussi à m’enfuir, ils m’ont attrapé, et ensuite ils m’ont battue. Beaucoup. Longtemps. J’avais mal partout, je ne tenais plus debout mais ils m’ont tenu pour me frapper encore. Je ne sais pas au bout de combien de temps, je saignais tellement que je ne voyais presque plus rien… mais… à un moment donné j’en ai vu un s’approcher avec un couteau.”
Sa voix tremble de peur en se rappelant la morsure du métal contre sa chair, dans son dos tressaillent les deux pétales de peau métamorphosée qui recouvrent les cicatrices de sa misère. Ses bras se resserrent instinctivement sous ses seins et ses mains parcourent ses flancs en tremblant.
”Il aurait pu juste les couper, mais nan. Ils m’ont plaqué à terre, sur le ventre, et ensuite ils les ont déraciné au couteau dans mon dos.” Malgré le trémolo qui accompagne ses mots, Lune continue de narrer son passé avec un calme trop courageux pour la petite fae. Ses yeux d’encre sont fixés sur un point vague de la fourrure du loup qu’elle ne semble plus voir, voilés derrière les images qu’elle revit, même après quelques années, y repenser lui fait toujours le même effet. ”J’ai hurlé. J’ai tellement hurlé que j’ai cru que je déchirerai ma gorge à en devenir muette. Je croyais que j’allais mourir, j’avais tellement mal, c’était insupportable.”
Lune paraît maintenant tout à fait ailleurs, sa main cherche ses lèvres alors que sa bouche se crispe en une grimace effroyable. Ses yeux sont exorbités.
”Mais c’était pas ça le pire.”
Elle se recroqueville en deux aux côtés du cadavre de loup, soudainement prise par un vertigineux mal de ventre, nul problème physique si ce n’est le poids insoutenable de la honte, de la culpabilité qui sort de son antre. Assaillie par le regret inavouable elle souffre autant en le portant en elle qu’en s’ouvrant aux autres.
”Le pire c’est que j’ai perdu connaissance, et que quand je me suis réveillée…” Elle a du mal à respirer, des larmes perlent sur ses yeux accablés. ”... Quand je me suis réveillée…” Lune explose en sanglots pour de bon, mais cette fois elle n’est plus en proie à la détresse, c’est elle qui hurle la rage qui l’oppresse. ”QUAND JE ME SUIS RÉVEILLÉE, C’ÉTAIT UN BAIN DE SANG! CROW LES AVAIT TOUS TUÉ. À CAUSE DE MOI. ILS SONT TOUS MORTS À CAUSE DE MOI! DE MO
Elle repose son front contre la terre meuble, le corps du loup maculé d’une bile noirâtre trempe le sol et teinte le visage de Lune, déposant une touche de noirceur sur son visage nuageux.
”SI JE N’AVAIS PAS ÉTÉ AUSSI FAIBLE, SI J’AVAIS MIEUX ÉTUDIÉ, SI JE N’AVAIS PAS PERDU CONNAISSANCE, SI J’AVAIS SU ME BATTRE, RIEN DE TOUT ÇA NE SERAIT ARRIVÉ!!!” Lune faillit. ”Il y a tellement de si, et à la place j’ai été faible. Et nulle. Il y avait des enfants. Des enfants. Ils sont tous morts. Tous ils sont morts. Et c’est ma faute.” Son souffle est si faible, elle étouffe, elle manque d’air.
Relevant enfin sa tête de l’herbe sale, Lune cherche Myriem du regard, son visage est déformé par la haine de soi, par le regret qui l’a miné pendant ces dernières années, par les larmes de ses yeux de nuit et par le sang de la bête qui git. Elle parvient à articuler en étant presque à bout de voix:
”Je te jure Myriem, je ne voulais pas… je ne voulais pas-”
Sa gorge se noue si fort que plus aucun mot n’en sort. La seule chose qu’elle redoute maintenant, c’est le regard des autres, c’est la confirmation qu’elle est ce dont ses bourreaux l’avaient accusé, d’être un monstre à cause de ce qu’elle a fait. Elle tend une main épuisée vers la douce magicienne, espérant de tout son coeur ne pas trouver dans son expression le dégoût envers sa personne que Lune ressent déjà à pleine puissance.
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