Les premières cartes venaient d’être posées sur la table. Peu importe qui était la personne derrière cette odieuse trahison, elle venait d’oublier de prendre en compte certains paramètres. Sa première erreur fût de penser qu’un poison, aussi puissant soit-il, suffirait à quelques soldats pour abattre la Voix du Reike. Sa seconde erreur fût d’oublier les membres du FMR qui, comme tout bon reikois qui se respectaient, étaient capables de provoquer les blessures au moins aussi bien que l’étaient leurs capacités de guérison. Enfin, sa dernière erreur fût de s’imaginer qu’un diplomates et une noble, simples d’apparences, se laisseraient achever tel des agneaux sacrificiels. Les reikois étaient des loups, ils ne jouaient tout simplement pas dans la même cour que bon nombre de peuples. Une fois de plus, l’orgueil elfique jouait en défaveur de Melorn. (Dans le cas où le commanditaire de ce chaos était bel et bien un elfe.)

Les deux soldats qui encerclaient le demi-titan furent coupés court dans leur assaut commun alors que le tranchant de leurs lames ricochèrent sur le mana flamboyant qui entoura le vieux colosse. Le soldat à la lance manqua de tomber à la renverse sous l’impact du coup rebondissant mais fût gracieusement retenu par Genryusai. Quelle noblesse ! Son soulagement soudain vira bien vite au désespoir lorsqu’il remarqua l’immense poigne autour de sa gorge alors qu’il s’éleva au-dessus du sol en compagnie de son collègue qui tenta un nouveau coup sur le demi-titan sans parvenir à pénétrer sa défense. Ils finirent par lâcher leurs armes sous la pression de la poigne qui s’intensifiait peu à peu. Leurs mains vinrent tenter de tirer les doigts du vieux guerrier afin de retrouver un peu d’air. Leurs pieds s’agitaient de plus en plus, cherchant le plaisir d’un sol qui leur avait été enlevé. Lorsque la fureur contenue dans la voix du vice-roi s’éleva dans la salle, l’arrogance qui berçait sous peu le visage des deux attaquants se changèrent rapidement en une terreur innommable. Ils se débatèrent plus rapidement, tentant de frapper le colosse de leurs pieds, mais en définitif, leur destin avait déjà été tracé à la seconde où ils avaient levé leurs lames contre le Reike.

Le craquement de leurs trachées fût net. Leur offrant une mort rapide alors que leurs corps sans vie chutèrent à même le sol telles des poupées de chiffons. A quelques pas de là, le soldat qui s’apprêtait à trancher la nuque de l’hybride se retrouva fort dépourvu lorsque ce dernier, utilisant de toute sa force morale et physique, lutta contre le poison pour produire ses ombres tangibles qui vinrent se planter sur le soldat. Par chance pour ce dernier, son armure vint absorber une bonne partie de l’attaque magique. Toutefois, la prise de Noctalys eût le temps de se raffermir, empêchant l’elfe de venir porter le coup final. Ce dernier commença à se débattre. Grognant de douleur face aux ombres qui commençaient à écorcher un peu plus son armure pour lui entailler la chair. Il parvint in extremis à dégager une jambe pour mettre un violent coup au pauvre hybride chouette qui vola en arrière, tombant sur le dos, rompant sa concentration alors que le poison lui offrit une nouvelle quinte de toux ensanglantée. La colère traversa le regard de l’elfe qui ne comptait pas laisser passer cet acte de rébellion de la part d’un animal. Il se dégagea de ce qu’il restait des ombres qui disparaissaient peu à peu derrière lui et leva de nouveau sa lance pour se préparer à la planter dans le cœur de la chouette.

—Stupide animal, souffla-t-il entre ses dents, encore hors de lui d’avoir failli y passer ainsi. Car sans le poison pour venir affaiblir l’envoyé d’Ayshara, ce dernier serait certainement parvenu au bout de la manœuvre.

Et alors qu’il abaissa d’un coup net sa lance vers sa cible, une intense lueur rougeâtre, particulièrement chaude, se créa à quelques pieds des lutteurs. L’attaque détonna avec une efficacité rare. Un pieu de magma condensé décolla alors du sol, empalant l’elfe avant juste avant qu’il ne termine son affreux dessein. La lave fît fondre son armure qui se mêla à sa peau, lui faisant lâcher un cri de douleur véritable alors qu’il se retrouva contre le mur. Il hurla, encore et encore, les yeux révulsés par la douleur et l’incompréhension. Il était trop tard pour lui, maintenant que ses organes internes fondaient avec le reste de son armure. Et bien vite, de ses cris, n’en resta qu’un écho terrifiant se perdant dans la nuit.

Le dernier soldat ne fût guère plus chanceux. Alors qu’il retombait depuis les airs, il put se retrouver percuté par bon nombre du mobilier présent. Frappé au dos, il se retrouva à fixer le plafond en retombant. Avant même de se retrouver au sol, il sentit plusieurs couteaux venir frapper son armure. Un parvint à se faufiler entre les jointures, se plantant dans son aisselle. La chute fut catastrophique. Le sol rencontra la lame plantée qui s’enfonça de nouveau, l’obligeant à émettre un soubresaut de douleur. Mais son cauchemar était bien loin d’être terminé, car les fils de l’assise commencèrent à leur tour à l’attaquer pour tenter de l’emprisonner. De sa main libre, il récupéra sa lame pour venir s’en défendre. Tranchant les fils comme il le pouvait alors qu’il rampait sur le dos pour fuir cette folle qui semblait s’émerveiller de son sordide sort.

—N’approchez pas ! hurla-t-il, empreint par le désespoir. Monstres du reike ! Vous n’avez rien de gens civilisés ! Vous ve- Ses insultes furent coupées court lorsque sa gorge se retrouva remplie de coton. Il commença à tousser, à tenter de crier. Lâchant son arme pour tirer le coton à la main, les larmes aux yeux. Malheureusement, il se retrouva incapable de se défendre face aux terribles fils télékinétiques qui vinrent finir leur affaire, l’empêchant totalement de se mouvoir alors que l’air vint à manquer. Lui offrant une mort lente par suffocation dans la terreur la plus totale.

Qwellaana quant à elle, gardait son calme. Méthodiquement, elle se mit à agir. La valkyrie avait déjà pu émettre quelques hypothèses quant à ce qu’il se passait ici. Mais il lui manquait encore des preuves concrètes pour affirmer ou non ces dernières. Quoi qu’il en fût, elle parvint enfin à faire la connexion entre les symptômes et le poison. Le toucher de la grive. Un poison ancien dont elle avait pu lire les symptômes dans un livre sur les poisons chez les Forces médicales reikoises. Le poison d’origine azsharien n’était pas apparu depuis bien des années car lors de sa confection, les gaz émis par ce dernier étaient particulièrement volatiles, mettant en danger les alentours et avait donc été interdit à la production. Les ressources attribuées à la confection de poisons étaient alors parties renforcer la recherche magique. Par chance, les notes consignaient effectivement un antidote qu’il était possible de réaliser en un peu moins d’une heure avec les bons outils et les bons ingrédients, s’il était ensuite infusé de suffisamment de magie guérisseuse. Sans doute trouvera-t-elle les objets communs au sein de la cuisine, quant aux plantes rares, indispensables à la confection de l’antidote, elles devaient sans doute se trouver quelque part au sein du bâtiment. Après tout, les érudits utilisaient bon nombres de plantes magiques pour la recherche magique. Mais le temps jouait contre eux. Et ils étaient encore plongés dans un brouillard d’incompréhension quant aux derniers événements.

La porte s’ouvrit alors avec fracas. Trois soldats commencèrent à entrer, et l’un d’eux se prit deux chakrams de lumières, le premier lui blessant le bras, le second lui tranchant la tête, le laissant mort sous le coup.

Les deux soldats restants se fixèrent l’espace d’un instant.

—Bon sang ! Ils étaient censés s’occuper des reikois !
—Qu’est-ce qu’on fait alors ?
—Repli ! Repli ! Tu vois bien que ce sont des brutes ! La garde avancée se chargera d’eux !

Ils détalèrent alors sans demander leur reste.
Avec désormais vue sur le couloir, ils purent voir l’intendante qui les avait guidé jusqu'ici, étendue face contre terre, une dague plantée dans le dos et une longue traînée de sang derrière elle. Elle leva la main à bout de force et se rendant compte que les reikois étaient toujours debout, afficha un sourire avant de laisser son visage embrasser le sol.

—S-s’il vous plait… commença-t-elle dans un ultime soupir. Ma maîtresse… Lysandre…. aide…

Elle se tût alors. Ayant épuisé ses dernières forces. La vie s’échappait rapidement de son corps. Mais peut-être était il encore possible pour le FMR de produire un miracle.

Objectifs et autres:

CENDRES