Rp fait en juillet de l'An 5 - Arbre Monde à 50% de corruption

Bordel ! Il se ferait bien engueuler quand toute cette affaire serait terminée... Quelle idée il avait eue d'embarquer de la sorte sur ce rafiot, en se faisant passer pour un simple guérisseur. De base, sa mission était d'enquêter sur des rumeurs de créatures corrompues dans les profondeurs de la jungle. Si ces ragots venaient à s'avérer exacts, il devait s'assurer de localiser les animaux touchés, de déterminer leur nature et de tout rapporter aux autorités plus compétentes pour que s'organise leur capture et leur abattage.

Le premier souci qui était apparu immédiatement à l'esprit d'Alaric était qu'il n'était pas un chasseur et encore moins un membre du RSAF. Et forcément, les membres du RSAF susceptibles de s'occuper de ce genre de mission étaient employés sur d'autres chasses ou recherches. Quoi de mieux alors qu'un ancien Mage d'État déchu pour accomplir cette petite investigation. Bon, certes, il n'avait pas eu son mot à dire au vu de sa situation, mais cela ouvrait certaines perspectives pour lui permettre de retrouver sa citoyenneté ! À condition de survivre, évidemment. S'il venait à disparaître, il ne serait pas une perte pour l'empire, vu ce qu'il était. Il aurait de quoi être maussade à cette idée d'ailleurs. Pas de quoi se motiver à bien faire le boulot si on n'était qu'un pion sacrifiable. Mais il n'était pas qu'un simple pion. Ça, il le savait. Sinon, pourquoi lui et pas un autre soldat de base ?

La quille du voilier frotta quelque chose. Une motte de sable ou une bonne couche de vase, sans doute, songea-t-il.

*Et pourvu qu'on ne s'échoue pas avant d'atteindre les bords. Je n'ai pas envie de patauger dans cette boue...*

Heureusement, un ou deux gugusses de l'équipage poussaient à la proue avec de longs bâtons pour se décoincer un peu. Tant mieux ! Bon, et cette mission...

Il s'était donc rendu dans la jungle, avec un petit détachement de soldats, peu motivés à se retrouver tant en sa compagnie que pour la mission à exécuter. Ne pas savoir sur quelles sortes de bestioles corrompues ils allaient tomber n'aidait pas à garder du courage au ventre. Après tout, les ragots pouvaient très bien avoir pris forme dans des esprits troublés ou ignorants de gens qui n'avaient pas l'habitude de croiser certaines créatures endémiques. Il suffisait qu'un pécore ait eu la brillante idée de visiter la jungle pour ses splendeurs cachées et qu'il soit tombé sur un animal qu'il n'aurait jamais croisé de toute son existence s'il était resté à sa place.

Bon, la raison de sa présence sur cette coquille marchande miteuse... Après deux jours de patrouille, la petite troupe avait fini par trouver des traces d'un campement provisoire. Si la petite troupe n'avait pas été très attentive, surtout dans l'espoir de tomber sur une grosse bestiole agressive, personne n'aurait vu les restes dissimulés de ce qui avait été un feu de camp. Peut-être qu'ils n'auraient rien remarqué même si Alaric n'avait pas marché sur le reste d'une tête de wyrmelin.

Le mage déchu avait pris le temps d'étudier ce qui restait de cet animal, qui avait dû mesurer dans les 30 centimètres. Et en voyant la coupe nette de son cou, ce n'était pas l'œuvre d'un prédateur, qui aurait emporté la tête. Un homme ou une femme avait donc tranché la tête de cette anguille volante. Par contre, à voir la présence d'étranges petites pustules noirâtres et d'appendices étranges à ses barbillons... cela ne lui avait guère plu. Il avait besoin de savoir si la ou les personnes qui avaient campé ici étaient responsables et surtout... pourquoi avoir tranché la tête d'une créature d'ordinaire paisible ? En rejoignant les berges du Lac Rebirth, il découvrit une pièce supplémentaire au puzzle en apercevant, à l'est, une voile qui s'éloignait. Venait-il de tomber sur des contrebandiers ? Des braconniers peut-être ? Il avait besoin d'en savoir plus et ne pouvait pas le faire avec les soldats qui l'accompagnaient.

Réussir à les convaincre de ramener un début de rapport n'avait pas été aisé. Une de leurs consignes était de ne pas quitter le mago des yeux. À se demander si c'était la crainte des lieux ou l'importance d'accomplir la mission avec des moyens un peu moins militaires... De toute façon, ils devaient revenir dans le coin, prêts à intervenir si jamais Alaric arrivait à ses fins avec ces inconnus. Mais là, c'était une grosse inconnue. Il n'était pas certain de réussir à mener à bien cette idée un peu folle.

Après avoir rejoint un petit village de pêcheurs, il avait pu trouver une barcasse pour rejoindre Justice, guettant et se renseignant un minimum pour savoir quel navire transiterait non loin de la jungle. Il en trouva bien entendu un, qui ramenait des caisses. Était-ce de la chance, ou ses anciennes habitudes pour trouver les bons contacts pégreux ? Ou autre chose ? La prudence était plus que de mise...

Il cessa de tergiverser, manquant de perdre l'équilibre quand le navire stoppa net en s'enfonçant dans le sable de la berge à la pente douce.

"Bordel de..."

Dans les ténèbres de la nuit, ça grouillait sur la place. Et il y avait des formes sombres qui rappelaient de petites caisses. Et ça grognait là-dedans...

Était-ce vraiment de la chance d'être tombé directement sur ce qu'il avait commencé à chercher ?

Des grognements… ça grommelait, oui. Après s’être rapproché du bord, Alaric tenta de repérer le point le plus proche pour poser pied à terre sans avoir à tremper le haut de ses bottes. Il retint un juron en réalisant qu'il allait devoir se mouiller, quoi qu'il arrive. Sauter ? Risquer de se vautrer encore plus dans la vase et le sable. À coup sûr.

Se retournant pour voir ce que faisaient les trois lascars qui composaient ce qu’on pouvait difficilement appeler un équipage, Alaric les vit avancer d’un bon pas vers la proue. Le chef, un quarantenaire dégarni et large d’épaules, qui s’était embarqué comme "guérisseur", se redressa lorsque les gens présents sur la berge les hélèrent. Alaric le trouva un peu trop tendu. Il le dépassa et se retrouva totalement à l’avant de la barque.

« Hé du camp ! Ouais, on est marchands. On vient chercher la marchandise, comme convenu. Vous n'êtes que deux ? Où est Ruban ? Je le vois pas. Il est où ? »

Alaric se félicita de ne pas être trop proche du braillard, ce qui lui épargnait de sentir son haleine fétide. Le type n'avait pas vraiment énoncé pourquoi il avait accepté de l’avoir à son bord, tant qu'il était utile. Soigner des blessures, ça pouvait toujours servir, avait-il dit. Le Reikois, lui, restait méfiant. Il avait été accepté un peu trop vite. Soit le chauve se foutait complètement d’où il venait, soit lui aussi se méfiait. Mais clairement, il était plus que tendu maintenant. Alaric le voyait scruter les environs, inquiet.

En même temps, comment ne pas l'être quand on jouait les transporteurs… disons… un peu illégaux ? C'était toujours comme ça quand on faisait affaire avec des types peu recommandables. Méfiance, prudence, vigilance. Alaric avait l'habitude de ce genre de rencontres. Un instant, il se figea, se souvenant brusquement des circonstances récentes qui avaient fait qu'il ne portait plus le tatouage reikois. En acceptant cette mission, il marchait sur le fil du rasoir. Au moindre faux pas…

" Hé, si tu dois dégobilleer, c'est hors de mon bateau."

"Euh, oui… oui, désolé."

" Comment peut-on avoir le mal de mer… On est sur un lac" intervint en zozotant l'édenté qui était le second type, riant grassement.

"Toujours pareil avec vous, les guérisseurs. Vous savez faire votre taf, mais vous êtes de vraies chochottes "ajouta le troisième, le plus jeune de la bande.

" La ferme, vous tous ! "

Le chauve bondit sans grâce hors de l’embarcation, jurant comme un charretier en voyant la boue monter au-dessus de ses bottes usées. Alaric s’était bien gardé de se précipiter. Il aurait bien ri, mais deux individus sur la berge semblaient sur le qui-vive.

"Putain de… Quelle idée d'avoir monté le camp dans un trou pareil. Bon, elles sont où, les caisses ? "

Alaric fixa la muraille végétale qui s’étendait derrière le campement, sombre et menaçante, insondable. Il trouvait étrange ce silence… Même avec les abrutis qu’il accompagnait, qui faisaient un boucan pas possible, l'endroit aurait dû regorger de vie. Il aurait dû entendre des bruits, des chants d'oiseaux, des craquements. La vie, quoi ! Mais là, rien… Un silence pesant. Il connaissait le silence du désert. Mais pas celui-là.

Un malaise monta dans ses tripes. Il hésitait à descendre, alors que les deux autres lascars rejoignaient leur chef.

" Bon, on peut les embarquer, ces caisses ? On n’a pas toute la nuit, et j’aimerais pas traîner ici quand l’aube se lèvera. "

Alaric, mal à l'aise, décida d’utiliser un peu de sa magie, espérant que les deux lascars du campement ne s'en rendraient pas compte. Le senseur qu'il déploya manqua littéralement de lui exploser à la figure, tellement il était... intense. Non, instable. Bordel ! Il n'avait jamais ressenti ça avant. Était-ce à cause de la corruption présente dans le coin ? Ou bien parce que toutes les bestioles de la zone étaient déjà atteintes ? Il se crispa.

[b]"Bordel.... "[/i]