DiscordDiscord  
  • AccueilAccueil  
  • CalendrierCalendrier  
  • FAQFAQ  
  • RechercherRechercher  
  • MembresMembres  
  • GroupesGroupes  
  • S'enregistrerS'enregistrer  
  • ConnexionConnexion  
  • bienvenue
    ×
    navigation rapide
    lore
    général
    systèmes
    jeu

    menu
    Top-sites
    Votez!
    top sitetop sitetop sitetop site

    Derniers messages

    Avatar du membre du mois
    Membre du mois
    Qwellaana

    Prédéfinis

    PrédéfiniPrédéfiniPrédéfini
    Jugement personnel | Abraham  QIZeEX7
    Gazette des cendres
    Automne 2024
    Lire le journal
    #8
    RP coup de coeurCoeur

    RP coup de coeur

    La Colère des Bougeoirs
    Derniers sujets
    [FB] Didier doit mourir [Draven Deadeye]Aujourd'hui à 7:57Didier Van Strijdonck
    Mon Voisin Du DessusAujourd'hui à 6:59Altarus Aearon
    Jugement personnel | Abraham Aujourd'hui à 6:03Abraham de Sforza
    [PA] La plus longue nuit melornoiseAujourd'hui à 1:08Kilaea Sliabh
    [Évent] La Colère des BougeoirsAujourd'hui à 0:28Gunnar Bremer
    Les RP d'une fae - AhatsaraHier à 21:35Ahatsara
    La corruption ne se monnaye pasHier à 20:59Alaric Nordan
    [Challenge] La joie des ChandeliersHier à 20:02Noctalys Dremur
    2 participants
    Aller en bas
    Dragon du Razkaal
    Dragon du Razkaal
    Kieran Ryven
    Kieran Ryven
    Messages : 292
    crédits : 831

    Info personnage
    Race: Drakyn
    Vocation: Guerrier combattant
    Alignement: Neutre Bon
    Rang: C
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t2655-kieran-ryven-terminehttps://www.rp-cendres.com/t2721-carnet-froisse-d-un-limier-kieranhttps://www.rp-cendres.com/t2732-journal-carbonise-kieran-ryven
  • Mar 24 Sep - 23:33
    Ils ont classé l'affaire. Fermé le foutu dossier et tourné la page comme s’il s’agissait d’une simple rature. Mortifère, un écorché vif, n’est plus une priorité pour eux. Pour la République, c’est du passé. Une expérience ratée, un dégât collatéral qu’ils préfèrent enterrer sous un amas d’autres problèmes plus “urgents”. Moi, je ne suis pas de cet avis.

    J’ai vu Abraham grandir sous mes ordres, entre les ombres du Projet Palladium et les promesses qu’on lui faisait miroiter. J’ai été son mentor, oui, mais pas dans le sens où je l’aurais voulu. J’étais aveugle, trop occupé à jouer le Limier modèle, à suivre les ordres comme un bon chien. Et pendant ce temps, ils le brisaient. Peu à peu, ils ont pris ce gamin plein de potentiel, et l’ont façonné à leur image : une arme. Un foutu pantin qu’ils ont jeté dans l’arène jusqu’à ce qu’il casse. Quand l’affaire a été close, on m’a dit de passer à autre chose. Mais comment passer à autre chose quand c’est toi qui as fait tomber la première pierre du mur qui s’est effondré sur lui ? Je n'étais qu'un pion, oui, mais ça ne change rien au fait que j’ai un poids sur la conscience. On m'a fait comprendre qu'il fallait passer à autre chose. Je ne peux pas. Je ne veux pas.

    Abraham mérite mieux que ça.

    Ou peut-être que c’est moi qui mérite de comprendre. De voir de mes propres yeux ce qu’il est devenu. Ils disent qu’il est un monstre, qu'il n’y a plus rien d'humain en lui. Mais moi, je ne suis pas prêt à croire à ce mensonge si facilement. Pas après tout ce que j’ai vu. Pas après ce qu’on a vécu ensemble.

    Je prends ce dossier pour ce qu'il est vraiment : mon affaire. Une histoire personnelle. J'ai pas besoin d’autorisation, et je ne veux pas en demander. Ce n’est plus une question de devoir ou de justice Républicaine. C’est une question de responsabilité, et la mienne me colle à la peau comme une armure rouillée qui pèse lourd. Je le dois à ce jeune homme, à Abraham. Je le dois au Drakyn que j’étais avant de me perdre dans tout ce merdier.

    Les ordres, les dossiers, tout ça, c’est derrière moi maintenant. Ce n’est plus qu’une chasse, et cette fois, c’est moi qui choisis la cible. Je vais retrouver Mortifère, oui. Et je vais découvrir ce qui reste de l’élève que j’ai trahi. Peut-être qu'il n'y a plus rien à sauver, peut-être qu’il est devenu le monstre qu'ils décrivent tous. Mais peut-être pas. Peut-être que quelque part, dans les tréfonds de cette âme fracturée, il reste une étincelle de ce qu’il était. Quand je l'ai vu avec Zelevas, il était... Méconnaissable. Pas seulement physiquement, c'était tout un prisme psychique qui s'était métamorphosé. Et si, finalement, Abraham et Mortifère étaient deux personnes différentes.

    Quoi qu’il en soit, c’est à moi de le découvrir. Moi, et personne d’autre.

    Et ça tombe bien, je suis le Prévôt de Courage, désormais.

    ***

    Je repasse le rapport de Grisaille en tête. Une tête de serpent qui m'a fait enfin ses conclusions. Ce Limier a été excellent. Hélénaïs de Casteille, elle n’est qu'une pièce dans ce jeu tordu. Pas une de ces manipulatrices habiles qu'on aime détester, non, juste une âme naïve, prise dans un réseau de mensonges bien trop vaste pour elle. Grisaille l’a bien cernée : bienveillante, aveugle, trop propre pour se salir dans les eaux troubles du Palladium. Et ce n'est pas plus mal. Après cette histoire, j'irais m'assurer personnellement qu'elle aie la sécurité suffisante pour ne pas avoir des mauvaises foudres, ou une flèche empoisonnée qui se plante dans le dos, sortie de l'ombre.
     
    J'observe le ciel. Nuit sombre, pluie d'été. Elle tabasse le sol dans un déluge diluvien. Chaque goutte matraque mon masque pour perler sur le reste de mon corps. Fracturant la température estivale, et refroidir les pavés de Liberty.  

    Je tiens un homme par le col, mes pieds enracinés sur un toit plat. Il est suspendu à quelques étages des rues de cette ville. Il avise le sol, loin, très haut, qui pourrait le briser. Heureusement qu'on se connaît. On l’appelle Skaard, et son nom traîne dans la boue autant que sa carcasse à demi-humaine. C’est un être tordu, à moitié accroupi, une silhouette qui rase les murs et se faufile dans les ombres avec une aisance déconcertante. Son corps, mince et anguleux, est couvert d’un pelage sale, parsemé de taches grisâtres et de plaques nues où la peau semble malade, comme rongée par une affliction inconnue. Ses membres sont effilés, trop longs pour sa taille, lui donnant une allure de marionnette cassée, avec des doigts crochus qui rappellent ceux d’un voleur aguerri. Et quand il ne fait pas tout ça, il est un indic puant du Razkaal.

    « Ne bouge pas.
    - On a dit deux pièces d'or, c'est... ça ?
    - Oui, espèce de rat galeux.
    - On va... Rester là-haut, lon-lon-longtemps ?
    - Tu as peur que je te lâche ? Tant que tu as fait ce que je t'ai demandé.
    - Oui... Oui... J'ai parlé d'un énorme Oni, bleuté qui-qui-qui massacre des personnes gratuitement dans les bas-fonds.
    - Hm.
    - Et-et-et... Qu'il a annoncé exécuter un homme, ce-ce-ce soir. De-de-de-depuis les toits.
    - C'est toi. »

    Je finis par le lâcher. Un hurlement strident remplit la ville. Avant d'attraper sa queue dorsale au vol, l'enrouler autour de mon poing et le laisser suspendre comme un bout de gibier encore vivant. De là, je pouvais encore voir son museau allongé, avec des incisives proéminentes qui dépassent toujours de ses lèvres fendues. Ses yeux, petits et brillants, sont de deux couleurs différentes — un noir profond comme la nuit, l'autre d'un jaune maladif, presque phosphorescent. Une oreille est rongée, l’autre disproportionnée, dressée en permanence comme celle d'un prédateur qui n’entend jamais vraiment la paix. L'odeur qui émane de lui, mélange de viande en décomposition et de moisissure, s'accroche à ses vêtements aussi effilochés que son moral.  

    En attendant, il me servait d'hameçon. Un leurre toxique pour appâter un homme que je veux voir à la barre.

    Pour effectuer mon jugement personnel.
    Citoyen de La République
    Citoyen de La République
    Abraham de Sforza
    Abraham de Sforza
    Messages : 205
    crédits : 500

    Info personnage
    Race: Humain
    Vocation: Guerrier combattant
    Alignement: Loyal Mauvais
    Rang: C
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t2391-mortifere-la-prouesse-republicaine-termine
  • Mer 25 Sep - 2:44
    Il y a les bons soirs, ceux lors desquels Abraham se glisse sous les draps de sa compagne et vient amoureusement se lover contre son dos. Lui qu'on déshumanise tout naturellement en vue de l'horreur de sa condition trouve dans ce doux spectacle un apaisement bienvenue. Parfois, il l'observe simplement; se délectant de voir sa silhouette s'élever et s'affaisser lentement au rythme d'une respiration tranquille. Elle a du mal à trouver le sommeil, parfois. Se réveillant nerveusement lorsque son amant se contente pourtant de passer amoureusement ses doigts métalliques dans sa chevelure, elle paraît rassurée quand elle le découvre à ses côtés.

    Et il y a les mauvais soirs.

    C'est en ces nuits rougies par le sang des manants qu'il s'éclipse véritablement et légitime ainsi les craintes de son aimée. S'échappant des tissus tièdes avec une féline aisance, l'homme de fer quitte les bras chaleureux d'Hélénaïs et disparaît dans l'obscurité. Emérée sait pertinemment de quelles abjections il s'apprête à se rendre responsable et en conséquence, il ne prend même plus la peine d'user d'un voile d'invisibilité pour quitter le domaine. Elle lui jette des regards furibonds, affichant une grimace emplie d'un mépris parfaitement justifié et lui se contente d'un sourire glacial en retour. D'une certaine manière, il a pris goût à ces perverses provocations.

    Les Ecuyers Noirs, grands oubliés de Palladium; ont su retrouver la trace de leur supérieur. Fidèles à Abraham au delà de leurs anciennes affiliations avec la République, ces hommes et ces femmes ayant l'amour de la justice par l'acier continuent à œuvrer sous couverture et réunissent depuis de longues semaines les éléments d'enquête requis pour que le minutieux Cerbère puisse entreprendre son office avec le plus d'efficience possible. Le renégat les rejoint dans l'un des trous miteux où ils se terrent usuellement pour s'adonner à leurs sinistres entrevues, des informations douteuses concernant les criminels les plus notables de la République y sont échangées et quand celui qui fut un jour connu sous le surnom de Mortifère élit une cible comme étant sa favorite, il ne faut généralement qu'une nuit pour qu'il accomplisse sa mission.

    Il y en a eu une quinzaine. Meurtris au point d'en être devenus méconnaissables, ils ont tous été exposés comme des trophées dévoilés en public. Les forces de l'ordre se sont usuellement faites témoins de ces terribles mises en scène lors desquelles Abraham offre à tous la vue d'un délirant spectacle de violence barbare mais c'est avant tout pour les compagnons des criminels assassinés qu'il prend le temps de se montrer si créatif sur le plan de l'horreur. Convaincu d'avoir trouvé une solution au crime par l'effroi, le chien fou s'est fait plus infiniment monstrueux que ne l'avaient envisagé ses créateurs. Il obtient des résultats, c'est aussi ce que nul ne veut s'avouer et que seuls quelques officiers bourrus admettent entre deux pintes.

    Malgré l'indéniable efficacité de ses méthodes, Abraham a pourtant drastiquement changé de stratégie. Pour ainsi dire, il ne tue plus. Confronté à la femme pour laquelle il est prêt à tout céder, l'ombre planant sur la République a consenti à cesser d'opérer par d'aussi brutales méthodes en dépit de ses calculs pourtant millimétrés. Elle est atrocement humaine et c'est aussi pour cela, d'une certaine manière; qu'il l'aime autant. Composer avec son sentimentalisme n'en demeure pas moins un calvaire et Abraham ne croit qu'à peine à cette idée trop bienveillante qu'elle se fait d'une saine justice.

    C'est la première fois qu'il décide de reprendre les armes tout en adhérant à cette clivante pensée qu'est celle de sa moitié. Incapable de se tenir pleinement à carreau, Abraham a pris la décision de s'engouffrer dans les ténèbres en vue susciter la crainte chez les malfrats locaux sans pour autant en venir à leur ôter la vie. Se disant que la peur a tout de même un certain potentiel sur le plan éducatif, il estime sans trop de conviction personnelle qu'il est capable de faire une différence, bien que moindre, en usant de stratagèmes moins radicaux qu'auparavant. Il l'a promis et doit s'y tenir.

    Perceptible uniquement grâce aux furtifs cliquetis de sa carcasse mécanique, il progresse jusqu'au lieu que lui ont indiqué les siens avec l'allure tranquille de l'homme qui se sait parfaitement à l'heure. Une fois au pied de la bâtisse supposée servir de perchoir à l'exécuteur suffisamment audacieux pour annoncer les sentences qu'il applique, le Premier-Né use de sa vue améliorée pour distinguer quelques personnages discrètement nichés dans les ombres. Taciturnes spectateurs, fidèles du bourreau ou adversaires embusqués; Abraham ne sait pas quoi penser de leur présence mais fait fi de toute interrogation.

    Il est la merveille de Palladium, après tout. Pourquoi craindre d'humble mortels ?

    Abraham traverse la ruelle le séparant de son objectif et quand il entend le hurlement strident de l'hybride faisant office de future victime, l'ancien soldat de la Nation Bleue est pris d'un doute. L'exécution lui semble imparfaite dans sa mise en place. L'hypothèse d'un piège le ciblant individuellement lui caresse l'esprit mais loin de l'inquiéter, elle le fait sourire. Si les criminels ont eu vent de ses activités et qu'ils cherchent désormais activement à lui nuire, c'est qu'il dérange au point d'accaparer les pensées et planifications de ses proies. Plus qu'un élément encourageant, c'est une véritable sacralisation.

    Il passe par une porte entrouverte du bâtiment laissé à l'abandon, s'infiltre jusqu'à une cage d'escalier qui grince sous son poids massif. Sur ses gardes, il effectue son ascension avec doigté et précautions mais constate que sa prudence n'est point récompensée car nul artifice ne vient l'entraver sur sa route. Il n'y a que lui à l'intérieur et que les cris de la victime en sursis qui lui parviennent depuis les hauteurs. Vaguement confus par cette étonnante absence de comité d'accueil, le Cerbère grimpe jusqu'à atteindre la dernière cloison entre son objectif et lui. Dans un crépitement électrique, sa nappe d'ombre se lève et son inhumaine silhouette se dévoile, accompagnée bien sûr par une symphonie de métalliques claquements.

    Depuis sa toute première métamorphose, Abraham est devenu plus que chimérique. Ce jet initial n'est rien en comparaison de ce qui s'impose aujourd'hui à la vue du supposé bandit et de l'homme-rat qui couine en se balançant dans le vide.

    Tout en longueur et en élégance, le monstre de métal s'est vu doté de nouvelles prothèses. Plus élégantes et discrètes que les prototypes d'antan, les armes formidables du guerrier technomagique s'étendent comme les pattes crochues d'une mante religieuse et lorsqu'il déploie ses griffes crantées d'une simple impulsion télékinétique, le claquement glaçant des tendons métallisés se fait entendre. Ses pieds paraissent humains de prime abord mais il suffit de quelques gestes désormais maitrisés pour qu'ils se déforment, s'allongent puis deviennent une paire de membres sertis de dagues plus affutées encore que ne le sont les serres d'un aigle. Ses mains aux doigts effilés s'articulent aussi parfaitement qu'elles le devraient et dévoilent d'un coup sec des coutelas entretenus avec un soin absolu. Pour surmonter ce tableau angoissant et surréaliste se trouve un faciès grisâtre et partiellement recouvert d'acier que décore un sourire doux, immuable et paisible. Il semble être celui de la mort personnifiée.

    "Il n'est pas innocent, mais je ne viens pas pour lui. Déposez le par terre, je vous prie."

    La tranquillité et l'assurance transparaissent dans sa voix aussi terriblement rauque que métallique. Il en émane toutefois une autorité innée ainsi qu'une nette sensation de pure froideur. Insensible à tout, incapable de se voir déboussolé lors de ses interventions; il est tout aussi parfait qu'il rêvait de l'être et plus encore.

    "Impeccable mise en scène malgré un cruel manque de moyens investis. Avez-vous l'arrogance de croire que vous pouvez me vaincre seul ?"
    Dragon du Razkaal
    Dragon du Razkaal
    Kieran Ryven
    Kieran Ryven
    Messages : 292
    crédits : 831

    Info personnage
    Race: Drakyn
    Vocation: Guerrier combattant
    Alignement: Neutre Bon
    Rang: C
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t2655-kieran-ryven-terminehttps://www.rp-cendres.com/t2721-carnet-froisse-d-un-limier-kieranhttps://www.rp-cendres.com/t2732-journal-carbonise-kieran-ryven
  • Dim 29 Sep - 13:40
    Je savais qu’il viendrait.

    J’avais lancé la rumeur, savamment orchestrée. Un Oni qui balançait ses victimes du haut des toits. Du bruit, rien de plus. Le genre de truc qui attire les fous et les justiciers. Mortifère se placerait entre les deux, j’en étais certain. Ce qu’il est devenu, c’est l’écho d’un homme qui se prend pour un dieu. Et moi ? Moi, je devais reprendre ce foutu dossier que personne n’osait toucher. Classé, étouffé. Trop de cadavres, trop de magouilles. Une sale affaire qui avait fini sous la pile.

    J’étais là, droit, observant le pauvre rat hybride, un gueux des bas-fonds, suspendu à mon bras qui n'oscille pas d'un centimètre. Misérable créature, moitié homme, moitié nuisible, qui chlingue la peur à des kilomètres. Un indic comme il faut, prêt à se pendre à n'importe quelle corde pour gratter quelques pièces. Ou éviter la pique du Razkaal. Mais, ça va fonctionner. Je l’ai senti. Avant même qu'il ne soit là, c'était comme si l’air s’était glacé. Pas de vent. Juste ce crépitement, presque imperceptible, et puis, il est apparu. Un claquement métallique. Une nappe d'ombre qui se déchirait. Je me retourne, que de trois quart, le bras encore au-dessus du vide, tenant ma victime d'un côté, et observer le sauveur de l'autre.

    Mortifère.

    La bête de fer se dévoila sous mes yeux, plus terrible encore que dans mes souvenirs. L’élégance macabre de ce corps trop parfait pour être humain, trop tordu pour encore appartenir à Abraham. Ce n’était pas mon élève que je voyais là. Non. C’était une machine à tuer, façonnée dans le métal et la folie. Tout en lui criait la mort. Des griffes crantées s’étirèrent dans un bruit sec, ses jambes se transformèrent en lames acérées, prêtes à fendre la chair. Il avait été forgé comme une arme, et aujourd’hui, cette arme avait pris le contrôle. Son visage… ce masque de chair grise et d’acier poli. Il souriait. Paisible, presque bienveillant, comme un bourreau avant l’exécution. Et cette voix, aussi froide et implacable que tout le reste. Une voix qui ne tremblait pas, qui ne fléchissait jamais. L'assurance d'un être qui ne connaît plus la peur, ni le doute. J’avais entendu des hommes mourir avec moins de froideur que ça.

    Mes yeux se plissent derrière mon masque, et je sais qu'il ne lui faudra que quelques secondes pour me reconnaître, surtout lorsque ma queue dorsale se dégage de ma cape pour se balancer presque au même rythme que Skaard qui fait son maximum pour gérer sa respiration. Evidemment, il connaissait cet hybride, et ça me donne la couleur sur sa capacité à se saisir et s'approprier un endroit. Comme un prédateur qui choisi sa montagne avant de la purger. Il vient à rire de ma mise en scène, un rire sans chaleur et sans pitié. Et, il a presque réussi à me convaincre que je n'avais absolument aucune chance contre lui. D'un mouvement presque mécanique je ramène notre bon rat docile sur le toit, le laissant tomber de ma hauteur, et jeter deux pièces au sol depuis ma besace.

    Il récupère son salaire, et détale comme une vermine. Enfin, pas comme la Vermine que je connais...

    « Je ne sais pas, Abraham, tu te rappelles de nos entraînements. A toi de me le dire. »

    Ma voix était rauque, bourrue, comme si les mots eux-mêmes étaient trop lourds à porter. Je fais un pas en avant, la tension entre nous palpable, écrasante. Pas une once de peur. Juste ce poids insupportable qui pesait sur mes épaules depuis la première fois que j’avais su… que j’avais compris ce qu’Abraham était devenu.

    « Je ne suis pas là pour te vaincre, je suis là pour comprendre ce qu'il t'arrive, et si c'est bien Abraham qui se cache là-dessous, t'aider. Tu ne peux pas vivre comme ça éternellement. »

    Mais en vérité, je n'étais même plus sûr s’il restait assez d’Abraham sous cette cuirasse pour entendre ce que je disais. Pourtant, je ne pouvais pas abandonner. Pas après tout ça. S’il restait un brin d’humanité en lui, c’était à moi de la trouver. Et dans le silence oppressant qui suivit, je me demandais si quelque chose, dans ses yeux rouges, pouvait encore reconnaître mon visage. Et s'il est devenu ce monstre...

    ... C'est mon devoir de l'arrêter.
    Citoyen de La République
    Citoyen de La République
    Abraham de Sforza
    Abraham de Sforza
    Messages : 205
    crédits : 500

    Info personnage
    Race: Humain
    Vocation: Guerrier combattant
    Alignement: Loyal Mauvais
    Rang: C
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t2391-mortifere-la-prouesse-republicaine-termine
  • Mar 1 Oct - 14:07


    Le déploiement de la queue reptilienne n'est qu'un détail. La voix profonde et puissante du Prévot est plus qu'assez pour permettre à l'ancien élève de reconnaître l'un de ses plus mémorables mentors. Par simple souci d'assurance, le Cerbère use de magie pour alimenter les fonctionnalités particulières de ses pupilles arcaniques et lorsque la mise au point s'effectue avec toute la précision du monde sur le visage du colossal drakyn, ce qui était déjà plus ou moins évident ne fait qu'être confirmé.

    "Kieran..."

    La surprise est à peine audible dans cette voix rocailleuse dont ses mortels attributs l'ont pourvu. Dés le jour des retrouvailles avec Hélénaïs, Abraham avait déjà anticipé la venue prochaine du Dragon du Razkaal. Ce que n'a pas particulièrement prévu le renégat, c'est une entrevue aussi curieusement secrète et privée. Il en vient à se demander si les silhouettes encapuchonnées qu'il a croisé à son arrivée ne sont pas d'autres Limiers attendant leur heure pour frapper et mettre aux fers leur proie rarissime. Méfiant, le monstre de fer jette ça et là des œillades sans tout à fait se détourner de cet unique vis-à-vis qu'il sait plus menaçant à lui seul que l'est une armada toute entière.

    En dépit du nombre de potentiels agresseurs, le Premier Né se sent toutefois en pleine maîtrise de la situation. Ce n'est que par correction qu'il abandonne son rictus sordide et qu'il affiche à la place une moue se voulant grave et sérieuse et c'est aussi par respect pour ce guerrier qu'il tient toujours en haute estime que les lames se contentent de frémir et non de rugir. D'un léger mouvement de tête, Abraham chasse quelques mèches noires qui viennent perturber sa vision puis prend la parole dans une accalmie frôlant la provocation :

    "Ce que tu as appris à l'homme que j'étais n'a pas été oublié, sois en sûr."

    L'espace d'un instant, les tendances meurtrières du fantôme s'éveillent et les serres mécaniques s'actionnent tout en émettant de sinistres cliquetis. Kieran est un opposant digne, un ennemi suffisamment redoutable pour permettre au soldat de tester l'efficacité de son nouvel équipement ainsi que la qualité de son entretien. Depuis l'extinction du projet Palladium, l'assassin de la Présidente n'a après tout eu l'occasion que de se frotter à de bien piètres combattants et l'idée d'un duel aussi riche en apprentissage potentiel se fait donc alléchante. Il sait néanmoins que l'heure n'est pas aux caprices et que la finesse est de mise dans une aussi dramatique situation.

    "L'Abraham que tu as connu est mort."

    Et quand il s'est éteint, personne ne l'a pleuré.

    Sordidement silencieuse, la créature se met en mouvement et quand elle révèle son profil, sa silhouette déjà invraisemblable se fait plus délirante encore. Il y a de la douceur dans ses gestes, une allégresse ainsi qu'une méthode n'étant pas sans évoquer celles des arachnides auxquelles il emprunte de si nombreuses inspirations. Ses jambes sont pourvues de bien trop d'articulations et il y a pourtant, d'une façon tout à fait perturbante, autant d'élégance et de mesure dans chacun de ses pas que dans ceux d'un danseur de carrière. Des lames habituellement camouflées avec soin sont ce soir exhibées dans toute leur splendeur et c'est tous crocs et serres en évidence que l'abomination de Palladium s'illustre dans la parfaite folie de sa condition :

    "Tu souhaites comprendre... comprendre quoi ? Mon raisonnement, mes états d'âme, les passions qui m'animent ? Je n'ai que peu changé, rassure toi. Mes aspirations sont toujours celles de la République, j'en défends encore les valeurs et j'en protège les chaumes. J'ose imaginer que tu t'es fait témoin de mes dernières... réalisations ?"

    L'inlassable sourire, presque provocateur dans son invariabilité, n'est abandonné au profit d'une expression vaguement plus contenue et sérieuse qu'après un trop long regard échangé.

    "La cruauté m'est interdite, Kieran. Je fais ce que je fais car j'y ai méticuleusement réfléchi et que j'ai établi, au fil de cette longue introspection ainsi que de mes études... que ces méthodes aussi radicales que terribles sont malheureusement les plus efficaces. La vermine ne tend l'oreille aux paroles des justes que dans la terreur, tu le sais déjà."

    Ses griffes sont ramenées contre son torse. Tout en pointant son poitrail, il conclut :

    "En quoi pourrais tu m'aider ? Ta sollicitude me touche, sache le. Elle est toutefois bien inconséquente face au jugement sans procès dont j'ai fait l'objet."
    Dragon du Razkaal
    Dragon du Razkaal
    Kieran Ryven
    Kieran Ryven
    Messages : 292
    crédits : 831

    Info personnage
    Race: Drakyn
    Vocation: Guerrier combattant
    Alignement: Neutre Bon
    Rang: C
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t2655-kieran-ryven-terminehttps://www.rp-cendres.com/t2721-carnet-froisse-d-un-limier-kieranhttps://www.rp-cendres.com/t2732-journal-carbonise-kieran-ryven
  • Jeu 3 Oct - 12:22
    Mortifère. Abraham. Celui que j’ai formé... celui que je n'ai jamais réussi à sauver de ce projet. La bête qu’il est devenu… C’est pas un homme, c’est plus que ça. Une chose façonnée par le métal et la douleur. Le voir maintenant, dans cette symphonie de cliquetis et de mécanismes, ça me rappelle les regrets. J'ai toujours su qu'il était spécial. Trop de potentiel, trop de rage… Peut-être que ça m’a aveuglé. Maintenant, cette silhouette cauchemardesque, cette machine à tuer, c'est tout ce qu'il est devenu.

    Et je dois vivre avec ça.

    Il m’appelle. Il sait que je suis là. Pas de surprise dans sa voix, juste une reconnaissance glaciale, une formalité. J’aurais dû m’y attendre, il a toujours été un sacré malin, anticipant toujours trois coups d’avance. Peut-être même qu'il savait depuis longtemps que ça finirait comme ça. Que je reviendrais. Je sens son regard balayer l'endroit, suspicieux. Il croit peut-être que je suis venu avec une armée de Limiers, prêts à le tomber dans un guet-apens. Mais non. Juste moi. Parce que cette affaire n’est plus classée pour moi. C'est devenu personnel.

    Et il est là, devant moi, plus imposant que jamais. Ce sourire, froid et serein, comme si tout était sous contrôle. Ses lames frémissent, prêtes à jaillir. Mais il y a du respect, je le sens. Il aurait pu m’attaquer déjà.  Même transformé en cette horreur, il m’accorde encore cette estime. Ça me frappe plus fort que n’importe quelle lame. Il dit que ce que je lui ai appris n’a pas été oublié. Je sais qu’il dit vrai. Mais ce qui me glace le sang, c’est quand il déclare que l’Abraham que j’ai connu est mort. Parce que je le sais, au fond. Ce garçon, il est parti depuis longtemps, enseveli sous des couches de fer et de souffrance. Et je n'étais pas là. Ce qui l'a sauvé, et tué en même temps, c'est cette perfection mécanique. Ses lames brillent dans l'obscurité, prêtes à faucher n’importe qui. Mais pas moi. Pas encore. Il prétend qu’il agit toujours pour la République. Que ses meurtres sont une forme de justice. J’ai vu ses scènes de crime, les corps laissés comme des avertissements.

    « J'en suis malheureusement témoin, et j'ai du mal à voir le manque de cruauté dans ce que tu as fait. Tu crois avoir trouvé une vérité, mais tu t’égares. Tu n'es pas qu'un fantôme de fer avec des convictions qui te permet de déchirer tes ennemis librement. Tu es meilleur que ça. »

    Il conclut que ma sollicitude, cette foutue idée que je pourrais encore l’aider, est inutile face au "jugement sans procès" qu'il a subi. Ça me fait mal de l’admettre, mais il a raison. J’ai rien fait pour le protéger à l’époque. J'ai fermé les yeux, ou plutôt, je ne les ai pas orientés au bon endroit. On m'a menti, ou caché la vérité, peu importe. Mais aujourd’hui, j’ai une chance de me rattraper. Peut-être que c’est trop tard. Peut-être qu’il est trop loin pour être sauvé.

    Mais je vais quand même essayer.

    « Mortifère se serait battu contre moi, à la seconde où je te parle. Mortifère, ne laisse aucune place au hasard. Il est méthodique, et s'assure qu'aucun limier ne le traque une fois de plus. Mais je n'ai pas de lame sous la gorge, non, nous sommes en train de discuter. Peut-être qu'il y a encore quelque chose là-dessous. »

    Mes traits se durcissent, je retire mon masque pour l'accrocher à ma taille, qu'il voit un visage dans ces retrouvailles que je n'aurai jamais aimé vivre. Mais nécessaire. J'avance dans sa direction, sans hésitation. Mes pas lourds résonnent sur ce toit comme un tambour de guerre, implacable.

    « Les criminels doivent être punis, mais il y a une procédure, une loi, qui est très loin d'être parfaite, mais nécessaire pour éviter le chaos. Tu aurais pu être le meilleur d'entre nous, détruire ces personnes les unes après les autres ne t'apportera rien de bon. Coupe une tête et il en repousse deux. Tu te condamnes tout seul. »  

    Je me plante à trois mètres de lui.

    « Si tu continues dans ce massacre, je serais forcé de t'arrêter. Trouve l'apaisement dans une vie qui te fera du bien. Tu es allé voir la Sénatrice de Casteille, une femme admirable. Pourquoi ? Une quinzaine de meurtres ont été recensés sur ton passage, dont une assise sur le trône de la présidence, où tu es le principal suspect. »

    Un homme aussi obscur, traversant les mutilations dans des croquis sadiques qui défie les lois du vivant, s'est vu avoir une concertation avec l'une des figures politiques les plus pures de notre pays, Hélénaïs. Si même ce soleil dont la réputation n'est pas à questionner n'a pas su irradier son âme, en quoi un Drakyn tout cassé comme moi peut faire la différence.

    « Tu as le droit, de me dire, que tu étais victime sur ce coup là. Si on trouve ce qui t'a fait tourner la tête durant cette période, les composants qui t'ont altérés, on prouvera à la Nation que tu n'étais pas coupable. Charger Zelevas, ses sbires, et toutes les personnes autour de ce projet infâme. Tant pis si le Gouvernement sera rongé par la honte, la Justice sera rétablie. »  

    En priant les Astres qu'il n'était pas lucide.

    « Tout est encore possible, et c'est un Reikois devenu Prévôt du Razkaal de Courage qui te le dit. »

    Cette affaire est remplie de zones d’ombre, de détails qui ne collent pas. Si Abraham a vraiment commis cet assassinat, ce n'était pas seulement un acte de cruauté. Il y avait forcément une raison. Et c’est précisément ce mystère-là, ce doute lancinant, qui me pousse à creuser plus profondément, à aller au-delà des apparences.

    Montre à tout le monde qu'ils ont tort, mon ami.
    Citoyen de La République
    Citoyen de La République
    Abraham de Sforza
    Abraham de Sforza
    Messages : 205
    crédits : 500

    Info personnage
    Race: Humain
    Vocation: Guerrier combattant
    Alignement: Loyal Mauvais
    Rang: C
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t2391-mortifere-la-prouesse-republicaine-termine
  • Lun 7 Oct - 15:27
    "Meilleur que ça ? J'obtiens déjà d'indéniables résultats."

    Il est évident que les sordides exécutions dont il se rend responsable n'apportent aux problèmes civilisationnels qu'une solution éphémère mais Abraham veut croire qu'il saura se rendre immortel, par la magie ou par la transmission de valeurs. Altéré psychologiquement au point d'en oublier désormais le mode de pensée d'un homme normalement constitué, il considère sans une once d'hésitation que l'image qu'il se fait de la justice est infiniment plus noble que celle qu'imposent maladroitement les hautes figures de sa terre natale.

    Kieran a néanmoins raison sur un point, Mortifère aurait pu se soustraire à l'épineux problème qu'est cette conversation en entamant de suite un combat mortel et c'est pourtant en tout respect et mesure qu'il échange avec ce potentiel adversaire. Sans se laisser distraire outre mesure, Abraham accorde aux griffes acérées qui ornent ses mains artificielles un regard mêlant enthousiasme et fierté puis, sans abandonner ce glacial sourire qui décore ses lèvres suturées, il rétorque calmement :

    "Je ne suis pas qu'un monstre, Kieran. Je suis avant tout un surhomme. Ne confond pas le pragmatique et le sanguinaire."

    Les paupières entrouvertes, l'homme de fer ne semble accorder à son interlocuteur qu'une œillade en biais. Ce détachement apparent n'est qu'une illusion, une feinte habile visant à laisser croire à l'opposant qu'un quelconque assaut en traître serait bien suffisant pour venir à bout de la menace à l'ordre public. C'est pourtant avec une très rare intensité que les facultés télépathiques d'Abraham sont concentrées sur la détente d'une seringue à piston logée dans son propre dos. La solution alchimique est prête, au moindre risque encouru par son porteur, à se voir inoculée droit dans les veines viciées de l'ancien Cerbère. Abraham apprécie Kieran et le tient en haute estime, mais celui-ci est un gardien aussi inflexible que droit dans ses bottes et si le renégat ne remet nullement en cause l'empathie que le Drakyn éprouve à son égard, il sait néanmoins que la mission d'un Limier prime usuellement sur tout attachement. Tout est calculé, rien n'échappe à son esprit affuté; tout demeure sous contrôle. Le cœur froid de la bête d'acier ne s'affole pas un brin.

    Jusqu'à bien sûr qu'un nom trop précieux soit amené sur le tapis.

    Le changement de posture est léger, à peine perceptible pour qui n'a point la sensibilité requise à la compréhension de la langue des corps. Le sourire narquois de par sa douceur ne s'affaisse que de quelques degrés, les yeux rougeoyants s'assombrissent à peine et pourtant; il y a un clignement d'yeux trop nerveux et subi qui survient. Comment diable peuvent ils déjà avoir établi un quelconque lien entre Hélénaïs et lui ? Le Prévot ne fait pas allusion à leur première rencontre mais bel et bien aux suivantes. Un bluff ? Un simple coup de poker visant à le déstabiliser ? C'est la seule hypothèse sur laquelle il semble sage de se baser.

    "C'est au gré d'un heureux hasard que j'ai rencontré madame de Casteille. Elle souhaitait rendre visite au Sénateur Fraternitas mais celui-ci était absent alors nous avons pris le temps de conserver brièvement pour patienter. Bien que sa compagnie m'ait été très agréable et nos échanges enrichissants, je n'ai eu ni le temps ni l'occasion de la revoir; j'en ai peur."

    Un mensonge certes éhonté mais nécessaire dans une telle configuration. Hélénaïs est sa seule faiblesse littérale ainsi que l'unique âme à même d'échauder son sang bleuâtre. Il est hors de question pour Abraham d'être privé de son idylle aussi abruptement et c'est donc avec une froideur légèrement plus palpable que vient la suite de son discours.

    "Je n'ai été victime que de la défiance des bienpensants et des veules. Vous le savez déjà : Mirelda Goldheart comptait profiter du chaos occasionné par l'assaut de la Maison Bleue pour décréter un état d'urgence et lui accorder les pleins pouvoirs sur la Nation. En un tel contexte, elle aurait été à même de revoir et même de bafouer l'entièreté des valeurs républicaines; de ses fondements jusqu'à ses moindres détails. Ce qui est ignoble, c'est qu'elle était parfaitement en droit de le faire et que les lois en vigueur n'auraient pu endiguer son ascension.

    Exousia et Fraternitas m'ont ordonné de la tuer et je l'ai fait. Nulle altération, pas l'ombre d'un charme ou d'une illusion. J'ai tué la Présidente en toute lucidité et si la chose était à refaire, je la décapiterais une seconde fois. Après quoi, j'ai demandé moi-même à ce que l'on m'efface la mémoire afin que mon esprit ne puisse être sondé pour faire tomber le Sénateur. J'ai tout fait, moi et personne d'autre... et je l'ai fait en qualité de serviteur, pas en tant qu'esclave."


    Il se permet quelques pas, martelant le sol de ces pattes griffues que son amante elle même n'a jamais effleuré sous cette monstrueuse forme. Jaugeant toujours cet allié qui peut se changer en némésis au moindre mot de travers, Abraham conclut non sans un certain mépris :

    "Nous n'avons rien en commun, Kieran; ou pas à ce niveau en tout cas. Je suis l'héritage vivant d'un homme que l'on cherche à effacer de l'histoire du pays ainsi que l'engeance unique d'un criminel que beaucoup supposent démoniaque. Quelle salvation pourrais tu m'accorder alors nos dirigeants veulent me voir disparaître ? Quel pardon devrais je aspirer à obtenir alors que mon crime n'a été que d'être aussi loyal que fidèle ?

    Soren Goldheart me l'a dit, Kieran : c'est terminé. Pour mon mentor... comme pour moi. Je préfère de loin m'éteindre en combattant et n'être qu'un spectre vengeur plutôt que de finir enfermé jusqu'au trépas dans ton musée des horreurs."
    Dragon du Razkaal
    Dragon du Razkaal
    Kieran Ryven
    Kieran Ryven
    Messages : 292
    crédits : 831

    Info personnage
    Race: Drakyn
    Vocation: Guerrier combattant
    Alignement: Neutre Bon
    Rang: C
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t2655-kieran-ryven-terminehttps://www.rp-cendres.com/t2721-carnet-froisse-d-un-limier-kieranhttps://www.rp-cendres.com/t2732-journal-carbonise-kieran-ryven
  • Mar 15 Oct - 17:57

    Mépris, arrogance, cruauté.

    Les mots d’Abraham me frappent, mais ce n’est pas la révélation qui me surprend. Non, je savais. Au fond, je savais déjà que c’était lui. Lui qui a tué la Présidente, de sang-froid, avec cette foutue lucidité qu’il arbore comme un étendard. Ce n’était pas un coup de folie. Non. C’était une exécution, froide et préméditée, sur ordre de ceux qui pensent encore contrôler cette République malade.

    Je serre les dents, ma mâchoire claque comme ses griffes sur le pavé. Je ne bouge pas. Pas encore. Je le laisse parler. Il se tient là, dans cette carcasse de fer et de chair, persuadé d’avoir tout compris, persuadé que ce qu’il fait a un sens plus noble que ce que n’importe qui d’autre pourrait comprendre. "Un surhomme", qu’il dit. La farce est presque risible.

    « Abraham, qu'est-ce que tu es devenu... »

    Il a cette posture qui le rend à la fois si accessible, et à la fois si imprévisible. Mais on n'apprend pas au vieux Drakyn à limer ses cornes. Je sais ce que je peux, et ne peux pas faire. La pupille de mes yeux se dilate davantage, usant de mes pouvoirs pour m'arrêter sur chaque particule de son être afin de l'aviser en détail. Chaque goutte tombant sur lui, ses mèches de cheveux plaquées autour d'un visage mutilé et sardonique. Alors que mes oreilles ont du mal à entendre toute cette arrogance dans la bouche d'un patriote si exemplaire par le passé. Si la République voit son reflet dans les prunelles rouges sang de cet homme, alors je ne suis pas au bon endroit.

    Et puis, au-delà de toute cette arrogance, une fluctuation. Aussi léger qu'un battement de papillon impossible à entendre dans une tempête, pourtant, je l'ai bien vu. J'ai interrogé des centaines de personnes. Vu le mensonge sous un millier de faciès différent, mais les schémas physionomiques restent les mêmes. Je reste silencieux, plissant les yeux comme pour aiguisé davantage mon analyse. Oui, Oui...

    Ce clignement nerveux. C’est subtil, presque imperceptible pour quiconque n’a pas l’habitude. Mais moi, je l’ai vu. Le nom d'Hélénaïs, dès qu'il est lâché, provoque cette réaction incontrôlée. C'est le premier indicateur. Une fragilité, là où tout le reste de son discours suintait de contrôle. Ce n’est pas le type à cligner des yeux pour rien. Son esprit est trop affûté pour ça. Alors, quand ça arrive, c’est qu’il y a quelque chose qui dérape en lui. Pourquoi ? Aucune idée, mais le lien a l'air suffisamment préoccupant pour lui pour le faire réagir, contrastant avec tout l'inhumanité qu'il dégage dans ses discours de punisseurs extrêmes.

    Quand il parle d’elle, son ton change à peine, mais les micro-expressions le trahissent. Son sourire ne fléchit que d’un degré, presque invisible, mais suffisant pour moi. Le genre de détail qu’un homme normal passerait sous silence, mais pas moi. Abraham a pris ce temps pour m’envelopper de cette froideur calculée, mais face à Hélénaïs, il n'est plus si invulnérable.

    Et enfin, le besoin de justification. Quand un homme ment, il enjolive. Il en fait trop, il explique ce qui ne nécessite pas d’explication. Il veut me faire croire qu’il n’a croisé Hélénaïs de Casteille qu’en passant, presque comme un pur hasard. Mais voilà, cette justification tombe mal, elle arrive trop vite. Trop bien construite pour être honnête. Il sent que ce point est plus délicat que les autres. Il sait que je ne vais pas avaler ce mensonge aussi facilement que le reste de ses justifications.

    Mes yeux s'ouvrent, reptiliens, comme un prédateur qui voulait montrer qu'il avait visé sa proie. Tu as une faille Mortifère, je ne sais pas quoi encore, mais je vais le savoir, tôt ou tard.

    Il avance de quelques pas, ses pattes métalliques frappant le sol avec cette régularité sinistre. Ses paroles se veulent cinglantes, mais je vois à travers le masque. "Nous n’avons rien en commun." Qu’il croit. Il pense que c’est terminé, que tout est écrit. Qu’il finira en combattant, emporté par une dernière vague de violence. Mais il se trompe. Ce n’est pas terminé. Pas encore.

    Je finis par remettre mon masque, amplifiant le bourdonnement caverneux de mon grognement qui gronde comme un orage encore lointain, contrarié, et chagriné de la situation.

    « Tu as la prétention, et l'arrogance, de t'autoproclamer Juge et Bourreau. Et pour cela, juste pour cela, nous sommes effectivement différent. »

    Mon corps multiplie ses écailles, renforçant ma constitution, tandis que Portecendres chuinte doucement avant de finir sur mon épaule.

    « Fidèle, et loyal à Zelevas. Fidèle et loyal au Palladium. Fidèle, et loyal à des personnes qui t'ont cassé et reconstruit petit bout, par petit bout. Avant que tu viennes tout détruire pensant avoir fait une croix dessus. Je ne vois aucun esprit libre, ou de vengeur, ou de combattant. Je vois une créature perdue sans ses maîtres, une figurine abîmée qui a perdu ses parents. Abraham est effectivement mort. Toutes mes condoléances. »

    Je fais rouler ma nuque dans un craquement sinistre.

    « Mortifère, je te laisse une chance de partir et de ne jamais remettre les pieds ici. »

    Je tangue la tête d'un côté.

    « Et laisse la Sénatrice en dehors de ta vie au risque qu'elle finisse bousillée comme toi, ou pire. »

    Je fais tomber la pointe de ma claymore au sol, renforçant ma prise sur le manche. Je fais un pas en avant, lentement, les yeux fixés sur lui, pénétrant cette armure froide et ses mécanismes bien huilés. Peu importe combien il est devenu monstrueux, combien il s'est transformé pour survivre. Ici, il n’est plus qu’un homme face à moi.

    « Même les surhommes tombent, Abraham. Et toi… tu es déjà en train de chuter. Tu n'imagines pas à quel point ça me rend triste. »

    Mon ton devient plus tranchant, chaque syllabe taillée dans l'acier brut de ma volonté. Je ne peux pas le laisser croire qu'il peut continuer à fuir, à se cacher derrière ces justifications qui sonnent faux. Abraham doit comprendre qu'il est à un tournant.  Et moi, je suis là pour le guider… ou pour l'écraser. Et à cette simple pensée, mes yeux trahissent l'éclat d'une émotion qui va probablement me ronger, suivi d'un long soupir de lassitude.  

    Je n'ai jamais voulu ça, mais il n'est pas question de vouloir, ou de pouvoir.

    Mais de nécessité.
    Citoyen de La République
    Citoyen de La République
    Abraham de Sforza
    Abraham de Sforza
    Messages : 205
    crédits : 500

    Info personnage
    Race: Humain
    Vocation: Guerrier combattant
    Alignement: Loyal Mauvais
    Rang: C
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t2391-mortifere-la-prouesse-republicaine-termine
  • Aujourd'hui à 6:03


    "La Mort. Froide... mais juste. Voilà ce que je suis devenu."

    A la tension omniprésente mais maitrisée s'ajoute désormais l'une des rares émotions encore entièrement palpables pour le Cerbère : la frustration. Doué d'une rigueur qu'il soigne au quotidien en dépit de son existence faite de débauche, Abraham se fend d'un sourire toujours aussi impudent malgré l'imminence d'un conflit dont les premiers traits se dessinent déjà.

    Quand l'énorme épée de Kieran frappe bruyamment le toit, les fils invisibles qui animent la sinistre marionnette s'activent aussitôt. La toile arcanique se tend, réorientant ainsi les articulations tordues qui abritent tant d'armes secrètes. Les griffes du Cerbère oublié frémissent, la chevelure noire de jais de ce dernier ainsi que la crinière du Drakyn volent au passage d'une bourrasque sifflante. Les yeux mécaniques de Mortifère s'ajustent au mieux à l'obscurité ambiante, tournoyant sur eux-mêmes tout en s'illuminant de plus belle afin d'établir une mise au point parfaite sur ce mentor devenu opposant par un triste coup du sort.

    Au lieu de donner le premier coup, il abaisse subitement ses épaules et laisse sa carcasse métallique se secouer au gré d'éclats de rires sonores et curieusement francs. Le tableau est déroutant, presque surréaliste. Si terriblement inhumain et figé quelques instants plus tôt, l'homme si atrocement semblable à une araignée aux aspirations glaciales offre à son vis-à-vis une scène diablement humaine. Il y a une indéniable folie dans cette voix rauque et métallique mais derrière ce timbre bestial se cache l'esclaffement d'un jeune homme, ni plus ni moins.

    "Excuse moi Kieran, excuse moi..."

    Avec un sérieux difficilement retrouvé, Abraham adopte la posture d'un garçonnet cherchant à se montrer droit face à l'enseignant alors que l'un de ses camarades lui a tout juste soufflé une ânerie. Cela n'est pas attendrissant pour autant mais c'en est effroyable de réalisme ainsi que par l'application malsaine que l'engeance des bas-fonds met à copier des réflexes qu'elle sait pourtant perdus. Toujours affublé de cette affreuse et mutine risette, il reprend :

    "Je ne me moque pas de toi, loin de là. C'est sur ma propre condition que j'ironise. Mon mentor, Zelevas Fraternitas... a braqué une arbalète droit sur mon front la dernière fois que nous nous sommes croisés. Aujourd'hui, je me trouve face à mon ancien professeur et c'est à l'aide d'une épée qu'il menace de me mettre à mort. Serais je un jour bon élève... ou suis-je condamné à décevoir chacun de mes tuteurs au point qu'ils veuillent m'occire ?"

    Abraham tâche au mieux de détourner la conversation d'Hélénaïs. Il sait au fond de lui que son explication vaseuse n'a pas su charmer le dragon et s'il ressent à ce sujet une colère aussi sourde que profonde, c'est à une démonstration de détachement feinte avec brio qu'il décide de se livrer. Les duperies, il en use et abuse même face à l'amour de sa vie. Il ne va certainement pas s'en priver face à un ancien confrère, aussi cher à son cœur puisse t-il être. Lorsqu'il perçoit le désarroi dans l'œil du géant, Mortifère cesse abruptement de sourire et chuchote avec gravité :

    "Kieran..."

    Les serres glacées crissent les unes après les autres et la silhouette longiligne se tord. A la lueur d'une lune trop timide pour se faire témoin d'un combat fratricide, l'homme devient la bête de fer que les puissants voient en lui. C'est toujours en murmurant qu'Abraham lance :

    "Si je dois être stoppé, j'aime autant que ce soit toi qui le fasse..."

    Il y a ensuite un claquement aussi lugubre que brutal puis, dans un mouvement à l'élégance millimétrée, le guerrier monstrueux s'élance en avant. Il ne fait pas au colosse cornu l'affront d'une approche dénuée de splendeur, loin de là. Il n'est ni question de provoquer, ni d'ouvrir par une pitrerie destinée à signaler le début d'un échange de coups honnêtes. Les griffes trop longues s'électrisent et font mine de viser le bas-ventre. Ce n'est toutefois qu'un tour d'adresse car, dans un mouvement propre à celui dont l'anatomie défie tout réalisme, elles remontent en direction d'un coup épais mais exposé.

    En un souffle, l'attaquant ajoute :

    "...mais je suis inarrêtable."
    Permission de ce forum:

    Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum