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Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
Messages : 326
crédits : 2050
crédits : 2050
Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
Ils ont classé l'affaire. Fermé le foutu dossier et tourné la page comme s’il s’agissait d’une simple rature. Mortifère, un écorché vif, n’est plus une priorité pour eux. Pour la République, c’est du passé. Une expérience ratée, un dégât collatéral qu’ils préfèrent enterrer sous un amas d’autres problèmes plus “urgents”. Moi, je ne suis pas de cet avis.
J’ai vu Abraham grandir sous mes ordres, entre les ombres du Projet Palladium et les promesses qu’on lui faisait miroiter. J’ai été son mentor, oui, mais pas dans le sens où je l’aurais voulu. J’étais aveugle, trop occupé à jouer le Limier modèle, à suivre les ordres comme un bon chien. Et pendant ce temps, ils le brisaient. Peu à peu, ils ont pris ce gamin plein de potentiel, et l’ont façonné à leur image : une arme. Un foutu pantin qu’ils ont jeté dans l’arène jusqu’à ce qu’il casse. Quand l’affaire a été close, on m’a dit de passer à autre chose. Mais comment passer à autre chose quand c’est toi qui as fait tomber la première pierre du mur qui s’est effondré sur lui ? Je n'étais qu'un pion, oui, mais ça ne change rien au fait que j’ai un poids sur la conscience. On m'a fait comprendre qu'il fallait passer à autre chose. Je ne peux pas. Je ne veux pas.
Abraham mérite mieux que ça.
Ou peut-être que c’est moi qui mérite de comprendre. De voir de mes propres yeux ce qu’il est devenu. Ils disent qu’il est un monstre, qu'il n’y a plus rien d'humain en lui. Mais moi, je ne suis pas prêt à croire à ce mensonge si facilement. Pas après tout ce que j’ai vu. Pas après ce qu’on a vécu ensemble.
Je prends ce dossier pour ce qu'il est vraiment : mon affaire. Une histoire personnelle. J'ai pas besoin d’autorisation, et je ne veux pas en demander. Ce n’est plus une question de devoir ou de justice Républicaine. C’est une question de responsabilité, et la mienne me colle à la peau comme une armure rouillée qui pèse lourd. Je le dois à ce jeune homme, à Abraham. Je le dois au Drakyn que j’étais avant de me perdre dans tout ce merdier.
Les ordres, les dossiers, tout ça, c’est derrière moi maintenant. Ce n’est plus qu’une chasse, et cette fois, c’est moi qui choisis la cible. Je vais retrouver Mortifère, oui. Et je vais découvrir ce qui reste de l’élève que j’ai trahi. Peut-être qu'il n'y a plus rien à sauver, peut-être qu’il est devenu le monstre qu'ils décrivent tous. Mais peut-être pas. Peut-être que quelque part, dans les tréfonds de cette âme fracturée, il reste une étincelle de ce qu’il était. Quand je l'ai vu avec Zelevas, il était... Méconnaissable. Pas seulement physiquement, c'était tout un prisme psychique qui s'était métamorphosé. Et si, finalement, Abraham et Mortifère étaient deux personnes différentes.
Quoi qu’il en soit, c’est à moi de le découvrir. Moi, et personne d’autre.
Et ça tombe bien, je suis le Prévôt de Courage, désormais.
***
Je repasse le rapport de Grisaille en tête. Une tête de serpent qui m'a fait enfin ses conclusions. Ce Limier a été excellent. Hélénaïs de Casteille, elle n’est qu'une pièce dans ce jeu tordu. Pas une de ces manipulatrices habiles qu'on aime détester, non, juste une âme naïve, prise dans un réseau de mensonges bien trop vaste pour elle. Grisaille l’a bien cernée : bienveillante, aveugle, trop propre pour se salir dans les eaux troubles du Palladium. Et ce n'est pas plus mal. Après cette histoire, j'irais m'assurer personnellement qu'elle aie la sécurité suffisante pour ne pas avoir des mauvaises foudres, ou une flèche empoisonnée qui se plante dans le dos, sortie de l'ombre.
J'observe le ciel. Nuit sombre, pluie d'été. Elle tabasse le sol dans un déluge diluvien. Chaque goutte matraque mon masque pour perler sur le reste de mon corps. Fracturant la température estivale, et refroidir les pavés de Liberty.
Je tiens un homme par le col, mes pieds enracinés sur un toit plat. Il est suspendu à quelques étages des rues de cette ville. Il avise le sol, loin, très haut, qui pourrait le briser. Heureusement qu'on se connaît. On l’appelle Skaard, et son nom traîne dans la boue autant que sa carcasse à demi-humaine. C’est un être tordu, à moitié accroupi, une silhouette qui rase les murs et se faufile dans les ombres avec une aisance déconcertante. Son corps, mince et anguleux, est couvert d’un pelage sale, parsemé de taches grisâtres et de plaques nues où la peau semble malade, comme rongée par une affliction inconnue. Ses membres sont effilés, trop longs pour sa taille, lui donnant une allure de marionnette cassée, avec des doigts crochus qui rappellent ceux d’un voleur aguerri. Et quand il ne fait pas tout ça, il est un indic puant du Razkaal.
« Ne bouge pas.
- On a dit deux pièces d'or, c'est... ça ?
- Oui, espèce de rat galeux.
- On va... Rester là-haut, lon-lon-longtemps ?
- Tu as peur que je te lâche ? Tant que tu as fait ce que je t'ai demandé.
- Oui... Oui... J'ai parlé d'un énorme Oni, bleuté qui-qui-qui massacre des personnes gratuitement dans les bas-fonds.
- Hm.
- Et-et-et... Qu'il a annoncé exécuter un homme, ce-ce-ce soir. De-de-de-depuis les toits.
- C'est toi. »
Je finis par le lâcher. Un hurlement strident remplit la ville. Avant d'attraper sa queue dorsale au vol, l'enrouler autour de mon poing et le laisser suspendre comme un bout de gibier encore vivant. De là, je pouvais encore voir son museau allongé, avec des incisives proéminentes qui dépassent toujours de ses lèvres fendues. Ses yeux, petits et brillants, sont de deux couleurs différentes — un noir profond comme la nuit, l'autre d'un jaune maladif, presque phosphorescent. Une oreille est rongée, l’autre disproportionnée, dressée en permanence comme celle d'un prédateur qui n’entend jamais vraiment la paix. L'odeur qui émane de lui, mélange de viande en décomposition et de moisissure, s'accroche à ses vêtements aussi effilochés que son moral.
En attendant, il me servait d'hameçon. Un leurre toxique pour appâter un homme que je veux voir à la barre.
Pour effectuer mon jugement personnel.
J’ai vu Abraham grandir sous mes ordres, entre les ombres du Projet Palladium et les promesses qu’on lui faisait miroiter. J’ai été son mentor, oui, mais pas dans le sens où je l’aurais voulu. J’étais aveugle, trop occupé à jouer le Limier modèle, à suivre les ordres comme un bon chien. Et pendant ce temps, ils le brisaient. Peu à peu, ils ont pris ce gamin plein de potentiel, et l’ont façonné à leur image : une arme. Un foutu pantin qu’ils ont jeté dans l’arène jusqu’à ce qu’il casse. Quand l’affaire a été close, on m’a dit de passer à autre chose. Mais comment passer à autre chose quand c’est toi qui as fait tomber la première pierre du mur qui s’est effondré sur lui ? Je n'étais qu'un pion, oui, mais ça ne change rien au fait que j’ai un poids sur la conscience. On m'a fait comprendre qu'il fallait passer à autre chose. Je ne peux pas. Je ne veux pas.
Abraham mérite mieux que ça.
Ou peut-être que c’est moi qui mérite de comprendre. De voir de mes propres yeux ce qu’il est devenu. Ils disent qu’il est un monstre, qu'il n’y a plus rien d'humain en lui. Mais moi, je ne suis pas prêt à croire à ce mensonge si facilement. Pas après tout ce que j’ai vu. Pas après ce qu’on a vécu ensemble.
Je prends ce dossier pour ce qu'il est vraiment : mon affaire. Une histoire personnelle. J'ai pas besoin d’autorisation, et je ne veux pas en demander. Ce n’est plus une question de devoir ou de justice Républicaine. C’est une question de responsabilité, et la mienne me colle à la peau comme une armure rouillée qui pèse lourd. Je le dois à ce jeune homme, à Abraham. Je le dois au Drakyn que j’étais avant de me perdre dans tout ce merdier.
Les ordres, les dossiers, tout ça, c’est derrière moi maintenant. Ce n’est plus qu’une chasse, et cette fois, c’est moi qui choisis la cible. Je vais retrouver Mortifère, oui. Et je vais découvrir ce qui reste de l’élève que j’ai trahi. Peut-être qu'il n'y a plus rien à sauver, peut-être qu’il est devenu le monstre qu'ils décrivent tous. Mais peut-être pas. Peut-être que quelque part, dans les tréfonds de cette âme fracturée, il reste une étincelle de ce qu’il était. Quand je l'ai vu avec Zelevas, il était... Méconnaissable. Pas seulement physiquement, c'était tout un prisme psychique qui s'était métamorphosé. Et si, finalement, Abraham et Mortifère étaient deux personnes différentes.
Quoi qu’il en soit, c’est à moi de le découvrir. Moi, et personne d’autre.
Et ça tombe bien, je suis le Prévôt de Courage, désormais.
***
Je repasse le rapport de Grisaille en tête. Une tête de serpent qui m'a fait enfin ses conclusions. Ce Limier a été excellent. Hélénaïs de Casteille, elle n’est qu'une pièce dans ce jeu tordu. Pas une de ces manipulatrices habiles qu'on aime détester, non, juste une âme naïve, prise dans un réseau de mensonges bien trop vaste pour elle. Grisaille l’a bien cernée : bienveillante, aveugle, trop propre pour se salir dans les eaux troubles du Palladium. Et ce n'est pas plus mal. Après cette histoire, j'irais m'assurer personnellement qu'elle aie la sécurité suffisante pour ne pas avoir des mauvaises foudres, ou une flèche empoisonnée qui se plante dans le dos, sortie de l'ombre.
J'observe le ciel. Nuit sombre, pluie d'été. Elle tabasse le sol dans un déluge diluvien. Chaque goutte matraque mon masque pour perler sur le reste de mon corps. Fracturant la température estivale, et refroidir les pavés de Liberty.
Je tiens un homme par le col, mes pieds enracinés sur un toit plat. Il est suspendu à quelques étages des rues de cette ville. Il avise le sol, loin, très haut, qui pourrait le briser. Heureusement qu'on se connaît. On l’appelle Skaard, et son nom traîne dans la boue autant que sa carcasse à demi-humaine. C’est un être tordu, à moitié accroupi, une silhouette qui rase les murs et se faufile dans les ombres avec une aisance déconcertante. Son corps, mince et anguleux, est couvert d’un pelage sale, parsemé de taches grisâtres et de plaques nues où la peau semble malade, comme rongée par une affliction inconnue. Ses membres sont effilés, trop longs pour sa taille, lui donnant une allure de marionnette cassée, avec des doigts crochus qui rappellent ceux d’un voleur aguerri. Et quand il ne fait pas tout ça, il est un indic puant du Razkaal.
« Ne bouge pas.
- On a dit deux pièces d'or, c'est... ça ?
- Oui, espèce de rat galeux.
- On va... Rester là-haut, lon-lon-longtemps ?
- Tu as peur que je te lâche ? Tant que tu as fait ce que je t'ai demandé.
- Oui... Oui... J'ai parlé d'un énorme Oni, bleuté qui-qui-qui massacre des personnes gratuitement dans les bas-fonds.
- Hm.
- Et-et-et... Qu'il a annoncé exécuter un homme, ce-ce-ce soir. De-de-de-depuis les toits.
- C'est toi. »
Je finis par le lâcher. Un hurlement strident remplit la ville. Avant d'attraper sa queue dorsale au vol, l'enrouler autour de mon poing et le laisser suspendre comme un bout de gibier encore vivant. De là, je pouvais encore voir son museau allongé, avec des incisives proéminentes qui dépassent toujours de ses lèvres fendues. Ses yeux, petits et brillants, sont de deux couleurs différentes — un noir profond comme la nuit, l'autre d'un jaune maladif, presque phosphorescent. Une oreille est rongée, l’autre disproportionnée, dressée en permanence comme celle d'un prédateur qui n’entend jamais vraiment la paix. L'odeur qui émane de lui, mélange de viande en décomposition et de moisissure, s'accroche à ses vêtements aussi effilochés que son moral.
En attendant, il me servait d'hameçon. Un leurre toxique pour appâter un homme que je veux voir à la barre.
Pour effectuer mon jugement personnel.
Citoyen de La République
Abraham de Sforza
Messages : 209
crédits : 597
crédits : 597
Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal Mauvais
Rang: C
Il y a les bons soirs, ceux lors desquels Abraham se glisse sous les draps de sa compagne et vient amoureusement se lover contre son dos. Lui qu'on déshumanise tout naturellement en vue de l'horreur de sa condition trouve dans ce doux spectacle un apaisement bienvenue. Parfois, il l'observe simplement; se délectant de voir sa silhouette s'élever et s'affaisser lentement au rythme d'une respiration tranquille. Elle a du mal à trouver le sommeil, parfois. Se réveillant nerveusement lorsque son amant se contente pourtant de passer amoureusement ses doigts métalliques dans sa chevelure, elle paraît rassurée quand elle le découvre à ses côtés.
Et il y a les mauvais soirs.
C'est en ces nuits rougies par le sang des manants qu'il s'éclipse véritablement et légitime ainsi les craintes de son aimée. S'échappant des tissus tièdes avec une féline aisance, l'homme de fer quitte les bras chaleureux d'Hélénaïs et disparaît dans l'obscurité. Emérée sait pertinemment de quelles abjections il s'apprête à se rendre responsable et en conséquence, il ne prend même plus la peine d'user d'un voile d'invisibilité pour quitter le domaine. Elle lui jette des regards furibonds, affichant une grimace emplie d'un mépris parfaitement justifié et lui se contente d'un sourire glacial en retour. D'une certaine manière, il a pris goût à ces perverses provocations.
Les Ecuyers Noirs, grands oubliés de Palladium; ont su retrouver la trace de leur supérieur. Fidèles à Abraham au delà de leurs anciennes affiliations avec la République, ces hommes et ces femmes ayant l'amour de la justice par l'acier continuent à œuvrer sous couverture et réunissent depuis de longues semaines les éléments d'enquête requis pour que le minutieux Cerbère puisse entreprendre son office avec le plus d'efficience possible. Le renégat les rejoint dans l'un des trous miteux où ils se terrent usuellement pour s'adonner à leurs sinistres entrevues, des informations douteuses concernant les criminels les plus notables de la République y sont échangées et quand celui qui fut un jour connu sous le surnom de Mortifère élit une cible comme étant sa favorite, il ne faut généralement qu'une nuit pour qu'il accomplisse sa mission.
Il y en a eu une quinzaine. Meurtris au point d'en être devenus méconnaissables, ils ont tous été exposés comme des trophées dévoilés en public. Les forces de l'ordre se sont usuellement faites témoins de ces terribles mises en scène lors desquelles Abraham offre à tous la vue d'un délirant spectacle de violence barbare mais c'est avant tout pour les compagnons des criminels assassinés qu'il prend le temps de se montrer si créatif sur le plan de l'horreur. Convaincu d'avoir trouvé une solution au crime par l'effroi, le chien fou s'est fait plus infiniment monstrueux que ne l'avaient envisagé ses créateurs. Il obtient des résultats, c'est aussi ce que nul ne veut s'avouer et que seuls quelques officiers bourrus admettent entre deux pintes.
Malgré l'indéniable efficacité de ses méthodes, Abraham a pourtant drastiquement changé de stratégie. Pour ainsi dire, il ne tue plus. Confronté à la femme pour laquelle il est prêt à tout céder, l'ombre planant sur la République a consenti à cesser d'opérer par d'aussi brutales méthodes en dépit de ses calculs pourtant millimétrés. Elle est atrocement humaine et c'est aussi pour cela, d'une certaine manière; qu'il l'aime autant. Composer avec son sentimentalisme n'en demeure pas moins un calvaire et Abraham ne croit qu'à peine à cette idée trop bienveillante qu'elle se fait d'une saine justice.
C'est la première fois qu'il décide de reprendre les armes tout en adhérant à cette clivante pensée qu'est celle de sa moitié. Incapable de se tenir pleinement à carreau, Abraham a pris la décision de s'engouffrer dans les ténèbres en vue susciter la crainte chez les malfrats locaux sans pour autant en venir à leur ôter la vie. Se disant que la peur a tout de même un certain potentiel sur le plan éducatif, il estime sans trop de conviction personnelle qu'il est capable de faire une différence, bien que moindre, en usant de stratagèmes moins radicaux qu'auparavant. Il l'a promis et doit s'y tenir.
Perceptible uniquement grâce aux furtifs cliquetis de sa carcasse mécanique, il progresse jusqu'au lieu que lui ont indiqué les siens avec l'allure tranquille de l'homme qui se sait parfaitement à l'heure. Une fois au pied de la bâtisse supposée servir de perchoir à l'exécuteur suffisamment audacieux pour annoncer les sentences qu'il applique, le Premier-Né use de sa vue améliorée pour distinguer quelques personnages discrètement nichés dans les ombres. Taciturnes spectateurs, fidèles du bourreau ou adversaires embusqués; Abraham ne sait pas quoi penser de leur présence mais fait fi de toute interrogation.
Il est la merveille de Palladium, après tout. Pourquoi craindre d'humble mortels ?
Abraham traverse la ruelle le séparant de son objectif et quand il entend le hurlement strident de l'hybride faisant office de future victime, l'ancien soldat de la Nation Bleue est pris d'un doute. L'exécution lui semble imparfaite dans sa mise en place. L'hypothèse d'un piège le ciblant individuellement lui caresse l'esprit mais loin de l'inquiéter, elle le fait sourire. Si les criminels ont eu vent de ses activités et qu'ils cherchent désormais activement à lui nuire, c'est qu'il dérange au point d'accaparer les pensées et planifications de ses proies. Plus qu'un élément encourageant, c'est une véritable sacralisation.
Il passe par une porte entrouverte du bâtiment laissé à l'abandon, s'infiltre jusqu'à une cage d'escalier qui grince sous son poids massif. Sur ses gardes, il effectue son ascension avec doigté et précautions mais constate que sa prudence n'est point récompensée car nul artifice ne vient l'entraver sur sa route. Il n'y a que lui à l'intérieur et que les cris de la victime en sursis qui lui parviennent depuis les hauteurs. Vaguement confus par cette étonnante absence de comité d'accueil, le Cerbère grimpe jusqu'à atteindre la dernière cloison entre son objectif et lui. Dans un crépitement électrique, sa nappe d'ombre se lève et son inhumaine silhouette se dévoile, accompagnée bien sûr par une symphonie de métalliques claquements.
Depuis sa toute première métamorphose, Abraham est devenu plus que chimérique. Ce jet initial n'est rien en comparaison de ce qui s'impose aujourd'hui à la vue du supposé bandit et de l'homme-rat qui couine en se balançant dans le vide.
Tout en longueur et en élégance, le monstre de métal s'est vu doté de nouvelles prothèses. Plus élégantes et discrètes que les prototypes d'antan, les armes formidables du guerrier technomagique s'étendent comme les pattes crochues d'une mante religieuse et lorsqu'il déploie ses griffes crantées d'une simple impulsion télékinétique, le claquement glaçant des tendons métallisés se fait entendre. Ses pieds paraissent humains de prime abord mais il suffit de quelques gestes désormais maitrisés pour qu'ils se déforment, s'allongent puis deviennent une paire de membres sertis de dagues plus affutées encore que ne le sont les serres d'un aigle. Ses mains aux doigts effilés s'articulent aussi parfaitement qu'elles le devraient et dévoilent d'un coup sec des coutelas entretenus avec un soin absolu. Pour surmonter ce tableau angoissant et surréaliste se trouve un faciès grisâtre et partiellement recouvert d'acier que décore un sourire doux, immuable et paisible. Il semble être celui de la mort personnifiée.
"Il n'est pas innocent, mais je ne viens pas pour lui. Déposez le par terre, je vous prie."
La tranquillité et l'assurance transparaissent dans sa voix aussi terriblement rauque que métallique. Il en émane toutefois une autorité innée ainsi qu'une nette sensation de pure froideur. Insensible à tout, incapable de se voir déboussolé lors de ses interventions; il est tout aussi parfait qu'il rêvait de l'être et plus encore.
"Impeccable mise en scène malgré un cruel manque de moyens investis. Avez-vous l'arrogance de croire que vous pouvez me vaincre seul ?"
Et il y a les mauvais soirs.
C'est en ces nuits rougies par le sang des manants qu'il s'éclipse véritablement et légitime ainsi les craintes de son aimée. S'échappant des tissus tièdes avec une féline aisance, l'homme de fer quitte les bras chaleureux d'Hélénaïs et disparaît dans l'obscurité. Emérée sait pertinemment de quelles abjections il s'apprête à se rendre responsable et en conséquence, il ne prend même plus la peine d'user d'un voile d'invisibilité pour quitter le domaine. Elle lui jette des regards furibonds, affichant une grimace emplie d'un mépris parfaitement justifié et lui se contente d'un sourire glacial en retour. D'une certaine manière, il a pris goût à ces perverses provocations.
Les Ecuyers Noirs, grands oubliés de Palladium; ont su retrouver la trace de leur supérieur. Fidèles à Abraham au delà de leurs anciennes affiliations avec la République, ces hommes et ces femmes ayant l'amour de la justice par l'acier continuent à œuvrer sous couverture et réunissent depuis de longues semaines les éléments d'enquête requis pour que le minutieux Cerbère puisse entreprendre son office avec le plus d'efficience possible. Le renégat les rejoint dans l'un des trous miteux où ils se terrent usuellement pour s'adonner à leurs sinistres entrevues, des informations douteuses concernant les criminels les plus notables de la République y sont échangées et quand celui qui fut un jour connu sous le surnom de Mortifère élit une cible comme étant sa favorite, il ne faut généralement qu'une nuit pour qu'il accomplisse sa mission.
Il y en a eu une quinzaine. Meurtris au point d'en être devenus méconnaissables, ils ont tous été exposés comme des trophées dévoilés en public. Les forces de l'ordre se sont usuellement faites témoins de ces terribles mises en scène lors desquelles Abraham offre à tous la vue d'un délirant spectacle de violence barbare mais c'est avant tout pour les compagnons des criminels assassinés qu'il prend le temps de se montrer si créatif sur le plan de l'horreur. Convaincu d'avoir trouvé une solution au crime par l'effroi, le chien fou s'est fait plus infiniment monstrueux que ne l'avaient envisagé ses créateurs. Il obtient des résultats, c'est aussi ce que nul ne veut s'avouer et que seuls quelques officiers bourrus admettent entre deux pintes.
Malgré l'indéniable efficacité de ses méthodes, Abraham a pourtant drastiquement changé de stratégie. Pour ainsi dire, il ne tue plus. Confronté à la femme pour laquelle il est prêt à tout céder, l'ombre planant sur la République a consenti à cesser d'opérer par d'aussi brutales méthodes en dépit de ses calculs pourtant millimétrés. Elle est atrocement humaine et c'est aussi pour cela, d'une certaine manière; qu'il l'aime autant. Composer avec son sentimentalisme n'en demeure pas moins un calvaire et Abraham ne croit qu'à peine à cette idée trop bienveillante qu'elle se fait d'une saine justice.
C'est la première fois qu'il décide de reprendre les armes tout en adhérant à cette clivante pensée qu'est celle de sa moitié. Incapable de se tenir pleinement à carreau, Abraham a pris la décision de s'engouffrer dans les ténèbres en vue susciter la crainte chez les malfrats locaux sans pour autant en venir à leur ôter la vie. Se disant que la peur a tout de même un certain potentiel sur le plan éducatif, il estime sans trop de conviction personnelle qu'il est capable de faire une différence, bien que moindre, en usant de stratagèmes moins radicaux qu'auparavant. Il l'a promis et doit s'y tenir.
Perceptible uniquement grâce aux furtifs cliquetis de sa carcasse mécanique, il progresse jusqu'au lieu que lui ont indiqué les siens avec l'allure tranquille de l'homme qui se sait parfaitement à l'heure. Une fois au pied de la bâtisse supposée servir de perchoir à l'exécuteur suffisamment audacieux pour annoncer les sentences qu'il applique, le Premier-Né use de sa vue améliorée pour distinguer quelques personnages discrètement nichés dans les ombres. Taciturnes spectateurs, fidèles du bourreau ou adversaires embusqués; Abraham ne sait pas quoi penser de leur présence mais fait fi de toute interrogation.
Il est la merveille de Palladium, après tout. Pourquoi craindre d'humble mortels ?
Abraham traverse la ruelle le séparant de son objectif et quand il entend le hurlement strident de l'hybride faisant office de future victime, l'ancien soldat de la Nation Bleue est pris d'un doute. L'exécution lui semble imparfaite dans sa mise en place. L'hypothèse d'un piège le ciblant individuellement lui caresse l'esprit mais loin de l'inquiéter, elle le fait sourire. Si les criminels ont eu vent de ses activités et qu'ils cherchent désormais activement à lui nuire, c'est qu'il dérange au point d'accaparer les pensées et planifications de ses proies. Plus qu'un élément encourageant, c'est une véritable sacralisation.
Il passe par une porte entrouverte du bâtiment laissé à l'abandon, s'infiltre jusqu'à une cage d'escalier qui grince sous son poids massif. Sur ses gardes, il effectue son ascension avec doigté et précautions mais constate que sa prudence n'est point récompensée car nul artifice ne vient l'entraver sur sa route. Il n'y a que lui à l'intérieur et que les cris de la victime en sursis qui lui parviennent depuis les hauteurs. Vaguement confus par cette étonnante absence de comité d'accueil, le Cerbère grimpe jusqu'à atteindre la dernière cloison entre son objectif et lui. Dans un crépitement électrique, sa nappe d'ombre se lève et son inhumaine silhouette se dévoile, accompagnée bien sûr par une symphonie de métalliques claquements.
Depuis sa toute première métamorphose, Abraham est devenu plus que chimérique. Ce jet initial n'est rien en comparaison de ce qui s'impose aujourd'hui à la vue du supposé bandit et de l'homme-rat qui couine en se balançant dans le vide.
Tout en longueur et en élégance, le monstre de métal s'est vu doté de nouvelles prothèses. Plus élégantes et discrètes que les prototypes d'antan, les armes formidables du guerrier technomagique s'étendent comme les pattes crochues d'une mante religieuse et lorsqu'il déploie ses griffes crantées d'une simple impulsion télékinétique, le claquement glaçant des tendons métallisés se fait entendre. Ses pieds paraissent humains de prime abord mais il suffit de quelques gestes désormais maitrisés pour qu'ils se déforment, s'allongent puis deviennent une paire de membres sertis de dagues plus affutées encore que ne le sont les serres d'un aigle. Ses mains aux doigts effilés s'articulent aussi parfaitement qu'elles le devraient et dévoilent d'un coup sec des coutelas entretenus avec un soin absolu. Pour surmonter ce tableau angoissant et surréaliste se trouve un faciès grisâtre et partiellement recouvert d'acier que décore un sourire doux, immuable et paisible. Il semble être celui de la mort personnifiée.
"Il n'est pas innocent, mais je ne viens pas pour lui. Déposez le par terre, je vous prie."
La tranquillité et l'assurance transparaissent dans sa voix aussi terriblement rauque que métallique. Il en émane toutefois une autorité innée ainsi qu'une nette sensation de pure froideur. Insensible à tout, incapable de se voir déboussolé lors de ses interventions; il est tout aussi parfait qu'il rêvait de l'être et plus encore.
"Impeccable mise en scène malgré un cruel manque de moyens investis. Avez-vous l'arrogance de croire que vous pouvez me vaincre seul ?"
Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
Messages : 326
crédits : 2050
crédits : 2050
Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
Je savais qu’il viendrait.
J’avais lancé la rumeur, savamment orchestrée. Un Oni qui balançait ses victimes du haut des toits. Du bruit, rien de plus. Le genre de truc qui attire les fous et les justiciers. Mortifère se placerait entre les deux, j’en étais certain. Ce qu’il est devenu, c’est l’écho d’un homme qui se prend pour un dieu. Et moi ? Moi, je devais reprendre ce foutu dossier que personne n’osait toucher. Classé, étouffé. Trop de cadavres, trop de magouilles. Une sale affaire qui avait fini sous la pile.
J’étais là, droit, observant le pauvre rat hybride, un gueux des bas-fonds, suspendu à mon bras qui n'oscille pas d'un centimètre. Misérable créature, moitié homme, moitié nuisible, qui chlingue la peur à des kilomètres. Un indic comme il faut, prêt à se pendre à n'importe quelle corde pour gratter quelques pièces. Ou éviter la pique du Razkaal. Mais, ça va fonctionner. Je l’ai senti. Avant même qu'il ne soit là, c'était comme si l’air s’était glacé. Pas de vent. Juste ce crépitement, presque imperceptible, et puis, il est apparu. Un claquement métallique. Une nappe d'ombre qui se déchirait. Je me retourne, que de trois quart, le bras encore au-dessus du vide, tenant ma victime d'un côté, et observer le sauveur de l'autre.
Mortifère.
La bête de fer se dévoila sous mes yeux, plus terrible encore que dans mes souvenirs. L’élégance macabre de ce corps trop parfait pour être humain, trop tordu pour encore appartenir à Abraham. Ce n’était pas mon élève que je voyais là. Non. C’était une machine à tuer, façonnée dans le métal et la folie. Tout en lui criait la mort. Des griffes crantées s’étirèrent dans un bruit sec, ses jambes se transformèrent en lames acérées, prêtes à fendre la chair. Il avait été forgé comme une arme, et aujourd’hui, cette arme avait pris le contrôle. Son visage… ce masque de chair grise et d’acier poli. Il souriait. Paisible, presque bienveillant, comme un bourreau avant l’exécution. Et cette voix, aussi froide et implacable que tout le reste. Une voix qui ne tremblait pas, qui ne fléchissait jamais. L'assurance d'un être qui ne connaît plus la peur, ni le doute. J’avais entendu des hommes mourir avec moins de froideur que ça.
Mes yeux se plissent derrière mon masque, et je sais qu'il ne lui faudra que quelques secondes pour me reconnaître, surtout lorsque ma queue dorsale se dégage de ma cape pour se balancer presque au même rythme que Skaard qui fait son maximum pour gérer sa respiration. Evidemment, il connaissait cet hybride, et ça me donne la couleur sur sa capacité à se saisir et s'approprier un endroit. Comme un prédateur qui choisi sa montagne avant de la purger. Il vient à rire de ma mise en scène, un rire sans chaleur et sans pitié. Et, il a presque réussi à me convaincre que je n'avais absolument aucune chance contre lui. D'un mouvement presque mécanique je ramène notre bon rat docile sur le toit, le laissant tomber de ma hauteur, et jeter deux pièces au sol depuis ma besace.
Il récupère son salaire, et détale comme une vermine. Enfin, pas comme la Vermine que je connais...
« Je ne sais pas, Abraham, tu te rappelles de nos entraînements. A toi de me le dire. »
Ma voix était rauque, bourrue, comme si les mots eux-mêmes étaient trop lourds à porter. Je fais un pas en avant, la tension entre nous palpable, écrasante. Pas une once de peur. Juste ce poids insupportable qui pesait sur mes épaules depuis la première fois que j’avais su… que j’avais compris ce qu’Abraham était devenu.
« Je ne suis pas là pour te vaincre, je suis là pour comprendre ce qu'il t'arrive, et si c'est bien Abraham qui se cache là-dessous, t'aider. Tu ne peux pas vivre comme ça éternellement. »
Mais en vérité, je n'étais même plus sûr s’il restait assez d’Abraham sous cette cuirasse pour entendre ce que je disais. Pourtant, je ne pouvais pas abandonner. Pas après tout ça. S’il restait un brin d’humanité en lui, c’était à moi de la trouver. Et dans le silence oppressant qui suivit, je me demandais si quelque chose, dans ses yeux rouges, pouvait encore reconnaître mon visage. Et s'il est devenu ce monstre...
... C'est mon devoir de l'arrêter.
J’avais lancé la rumeur, savamment orchestrée. Un Oni qui balançait ses victimes du haut des toits. Du bruit, rien de plus. Le genre de truc qui attire les fous et les justiciers. Mortifère se placerait entre les deux, j’en étais certain. Ce qu’il est devenu, c’est l’écho d’un homme qui se prend pour un dieu. Et moi ? Moi, je devais reprendre ce foutu dossier que personne n’osait toucher. Classé, étouffé. Trop de cadavres, trop de magouilles. Une sale affaire qui avait fini sous la pile.
J’étais là, droit, observant le pauvre rat hybride, un gueux des bas-fonds, suspendu à mon bras qui n'oscille pas d'un centimètre. Misérable créature, moitié homme, moitié nuisible, qui chlingue la peur à des kilomètres. Un indic comme il faut, prêt à se pendre à n'importe quelle corde pour gratter quelques pièces. Ou éviter la pique du Razkaal. Mais, ça va fonctionner. Je l’ai senti. Avant même qu'il ne soit là, c'était comme si l’air s’était glacé. Pas de vent. Juste ce crépitement, presque imperceptible, et puis, il est apparu. Un claquement métallique. Une nappe d'ombre qui se déchirait. Je me retourne, que de trois quart, le bras encore au-dessus du vide, tenant ma victime d'un côté, et observer le sauveur de l'autre.
Mortifère.
La bête de fer se dévoila sous mes yeux, plus terrible encore que dans mes souvenirs. L’élégance macabre de ce corps trop parfait pour être humain, trop tordu pour encore appartenir à Abraham. Ce n’était pas mon élève que je voyais là. Non. C’était une machine à tuer, façonnée dans le métal et la folie. Tout en lui criait la mort. Des griffes crantées s’étirèrent dans un bruit sec, ses jambes se transformèrent en lames acérées, prêtes à fendre la chair. Il avait été forgé comme une arme, et aujourd’hui, cette arme avait pris le contrôle. Son visage… ce masque de chair grise et d’acier poli. Il souriait. Paisible, presque bienveillant, comme un bourreau avant l’exécution. Et cette voix, aussi froide et implacable que tout le reste. Une voix qui ne tremblait pas, qui ne fléchissait jamais. L'assurance d'un être qui ne connaît plus la peur, ni le doute. J’avais entendu des hommes mourir avec moins de froideur que ça.
Mes yeux se plissent derrière mon masque, et je sais qu'il ne lui faudra que quelques secondes pour me reconnaître, surtout lorsque ma queue dorsale se dégage de ma cape pour se balancer presque au même rythme que Skaard qui fait son maximum pour gérer sa respiration. Evidemment, il connaissait cet hybride, et ça me donne la couleur sur sa capacité à se saisir et s'approprier un endroit. Comme un prédateur qui choisi sa montagne avant de la purger. Il vient à rire de ma mise en scène, un rire sans chaleur et sans pitié. Et, il a presque réussi à me convaincre que je n'avais absolument aucune chance contre lui. D'un mouvement presque mécanique je ramène notre bon rat docile sur le toit, le laissant tomber de ma hauteur, et jeter deux pièces au sol depuis ma besace.
Il récupère son salaire, et détale comme une vermine. Enfin, pas comme la Vermine que je connais...
« Je ne sais pas, Abraham, tu te rappelles de nos entraînements. A toi de me le dire. »
Ma voix était rauque, bourrue, comme si les mots eux-mêmes étaient trop lourds à porter. Je fais un pas en avant, la tension entre nous palpable, écrasante. Pas une once de peur. Juste ce poids insupportable qui pesait sur mes épaules depuis la première fois que j’avais su… que j’avais compris ce qu’Abraham était devenu.
« Je ne suis pas là pour te vaincre, je suis là pour comprendre ce qu'il t'arrive, et si c'est bien Abraham qui se cache là-dessous, t'aider. Tu ne peux pas vivre comme ça éternellement. »
Mais en vérité, je n'étais même plus sûr s’il restait assez d’Abraham sous cette cuirasse pour entendre ce que je disais. Pourtant, je ne pouvais pas abandonner. Pas après tout ça. S’il restait un brin d’humanité en lui, c’était à moi de la trouver. Et dans le silence oppressant qui suivit, je me demandais si quelque chose, dans ses yeux rouges, pouvait encore reconnaître mon visage. Et s'il est devenu ce monstre...
... C'est mon devoir de l'arrêter.
Citoyen de La République
Abraham de Sforza
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Race: Humain
Vocation: Guerrier combattant
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Le déploiement de la queue reptilienne n'est qu'un détail. La voix profonde et puissante du Prévot est plus qu'assez pour permettre à l'ancien élève de reconnaître l'un de ses plus mémorables mentors. Par simple souci d'assurance, le Cerbère use de magie pour alimenter les fonctionnalités particulières de ses pupilles arcaniques et lorsque la mise au point s'effectue avec toute la précision du monde sur le visage du colossal drakyn, ce qui était déjà plus ou moins évident ne fait qu'être confirmé.
"Kieran..."
La surprise est à peine audible dans cette voix rocailleuse dont ses mortels attributs l'ont pourvu. Dés le jour des retrouvailles avec Hélénaïs, Abraham avait déjà anticipé la venue prochaine du Dragon du Razkaal. Ce que n'a pas particulièrement prévu le renégat, c'est une entrevue aussi curieusement secrète et privée. Il en vient à se demander si les silhouettes encapuchonnées qu'il a croisé à son arrivée ne sont pas d'autres Limiers attendant leur heure pour frapper et mettre aux fers leur proie rarissime. Méfiant, le monstre de fer jette ça et là des œillades sans tout à fait se détourner de cet unique vis-à-vis qu'il sait plus menaçant à lui seul que l'est une armada toute entière.
En dépit du nombre de potentiels agresseurs, le Premier Né se sent toutefois en pleine maîtrise de la situation. Ce n'est que par correction qu'il abandonne son rictus sordide et qu'il affiche à la place une moue se voulant grave et sérieuse et c'est aussi par respect pour ce guerrier qu'il tient toujours en haute estime que les lames se contentent de frémir et non de rugir. D'un léger mouvement de tête, Abraham chasse quelques mèches noires qui viennent perturber sa vision puis prend la parole dans une accalmie frôlant la provocation :
"Ce que tu as appris à l'homme que j'étais n'a pas été oublié, sois en sûr."
L'espace d'un instant, les tendances meurtrières du fantôme s'éveillent et les serres mécaniques s'actionnent tout en émettant de sinistres cliquetis. Kieran est un opposant digne, un ennemi suffisamment redoutable pour permettre au soldat de tester l'efficacité de son nouvel équipement ainsi que la qualité de son entretien. Depuis l'extinction du projet Palladium, l'assassin de la Présidente n'a après tout eu l'occasion que de se frotter à de bien piètres combattants et l'idée d'un duel aussi riche en apprentissage potentiel se fait donc alléchante. Il sait néanmoins que l'heure n'est pas aux caprices et que la finesse est de mise dans une aussi dramatique situation.
"L'Abraham que tu as connu est mort."
Et quand il s'est éteint, personne ne l'a pleuré.
Sordidement silencieuse, la créature se met en mouvement et quand elle révèle son profil, sa silhouette déjà invraisemblable se fait plus délirante encore. Il y a de la douceur dans ses gestes, une allégresse ainsi qu'une méthode n'étant pas sans évoquer celles des arachnides auxquelles il emprunte de si nombreuses inspirations. Ses jambes sont pourvues de bien trop d'articulations et il y a pourtant, d'une façon tout à fait perturbante, autant d'élégance et de mesure dans chacun de ses pas que dans ceux d'un danseur de carrière. Des lames habituellement camouflées avec soin sont ce soir exhibées dans toute leur splendeur et c'est tous crocs et serres en évidence que l'abomination de Palladium s'illustre dans la parfaite folie de sa condition :
"Tu souhaites comprendre... comprendre quoi ? Mon raisonnement, mes états d'âme, les passions qui m'animent ? Je n'ai que peu changé, rassure toi. Mes aspirations sont toujours celles de la République, j'en défends encore les valeurs et j'en protège les chaumes. J'ose imaginer que tu t'es fait témoin de mes dernières... réalisations ?"
L'inlassable sourire, presque provocateur dans son invariabilité, n'est abandonné au profit d'une expression vaguement plus contenue et sérieuse qu'après un trop long regard échangé.
"La cruauté m'est interdite, Kieran. Je fais ce que je fais car j'y ai méticuleusement réfléchi et que j'ai établi, au fil de cette longue introspection ainsi que de mes études... que ces méthodes aussi radicales que terribles sont malheureusement les plus efficaces. La vermine ne tend l'oreille aux paroles des justes que dans la terreur, tu le sais déjà."
Ses griffes sont ramenées contre son torse. Tout en pointant son poitrail, il conclut :
"En quoi pourrais tu m'aider ? Ta sollicitude me touche, sache le. Elle est toutefois bien inconséquente face au jugement sans procès dont j'ai fait l'objet."
Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
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Mortifère. Abraham. Celui que j’ai formé... celui que je n'ai jamais réussi à sauver de ce projet. La bête qu’il est devenu… C’est pas un homme, c’est plus que ça. Une chose façonnée par le métal et la douleur. Le voir maintenant, dans cette symphonie de cliquetis et de mécanismes, ça me rappelle les regrets. J'ai toujours su qu'il était spécial. Trop de potentiel, trop de rage… Peut-être que ça m’a aveuglé. Maintenant, cette silhouette cauchemardesque, cette machine à tuer, c'est tout ce qu'il est devenu.
Et je dois vivre avec ça.
Il m’appelle. Il sait que je suis là. Pas de surprise dans sa voix, juste une reconnaissance glaciale, une formalité. J’aurais dû m’y attendre, il a toujours été un sacré malin, anticipant toujours trois coups d’avance. Peut-être même qu'il savait depuis longtemps que ça finirait comme ça. Que je reviendrais. Je sens son regard balayer l'endroit, suspicieux. Il croit peut-être que je suis venu avec une armée de Limiers, prêts à le tomber dans un guet-apens. Mais non. Juste moi. Parce que cette affaire n’est plus classée pour moi. C'est devenu personnel.
Et il est là, devant moi, plus imposant que jamais. Ce sourire, froid et serein, comme si tout était sous contrôle. Ses lames frémissent, prêtes à jaillir. Mais il y a du respect, je le sens. Il aurait pu m’attaquer déjà. Même transformé en cette horreur, il m’accorde encore cette estime. Ça me frappe plus fort que n’importe quelle lame. Il dit que ce que je lui ai appris n’a pas été oublié. Je sais qu’il dit vrai. Mais ce qui me glace le sang, c’est quand il déclare que l’Abraham que j’ai connu est mort. Parce que je le sais, au fond. Ce garçon, il est parti depuis longtemps, enseveli sous des couches de fer et de souffrance. Et je n'étais pas là. Ce qui l'a sauvé, et tué en même temps, c'est cette perfection mécanique. Ses lames brillent dans l'obscurité, prêtes à faucher n’importe qui. Mais pas moi. Pas encore. Il prétend qu’il agit toujours pour la République. Que ses meurtres sont une forme de justice. J’ai vu ses scènes de crime, les corps laissés comme des avertissements.
« J'en suis malheureusement témoin, et j'ai du mal à voir le manque de cruauté dans ce que tu as fait. Tu crois avoir trouvé une vérité, mais tu t’égares. Tu n'es pas qu'un fantôme de fer avec des convictions qui te permet de déchirer tes ennemis librement. Tu es meilleur que ça. »
Il conclut que ma sollicitude, cette foutue idée que je pourrais encore l’aider, est inutile face au "jugement sans procès" qu'il a subi. Ça me fait mal de l’admettre, mais il a raison. J’ai rien fait pour le protéger à l’époque. J'ai fermé les yeux, ou plutôt, je ne les ai pas orientés au bon endroit. On m'a menti, ou caché la vérité, peu importe. Mais aujourd’hui, j’ai une chance de me rattraper. Peut-être que c’est trop tard. Peut-être qu’il est trop loin pour être sauvé.
Mais je vais quand même essayer.
« Mortifère se serait battu contre moi, à la seconde où je te parle. Mortifère, ne laisse aucune place au hasard. Il est méthodique, et s'assure qu'aucun limier ne le traque une fois de plus. Mais je n'ai pas de lame sous la gorge, non, nous sommes en train de discuter. Peut-être qu'il y a encore quelque chose là-dessous. »
Mes traits se durcissent, je retire mon masque pour l'accrocher à ma taille, qu'il voit un visage dans ces retrouvailles que je n'aurai jamais aimé vivre. Mais nécessaire. J'avance dans sa direction, sans hésitation. Mes pas lourds résonnent sur ce toit comme un tambour de guerre, implacable.
« Les criminels doivent être punis, mais il y a une procédure, une loi, qui est très loin d'être parfaite, mais nécessaire pour éviter le chaos. Tu aurais pu être le meilleur d'entre nous, détruire ces personnes les unes après les autres ne t'apportera rien de bon. Coupe une tête et il en repousse deux. Tu te condamnes tout seul. »
Je me plante à trois mètres de lui.
« Si tu continues dans ce massacre, je serais forcé de t'arrêter. Trouve l'apaisement dans une vie qui te fera du bien. Tu es allé voir la Sénatrice de Casteille, une femme admirable. Pourquoi ? Une quinzaine de meurtres ont été recensés sur ton passage, dont une assise sur le trône de la présidence, où tu es le principal suspect. »
Un homme aussi obscur, traversant les mutilations dans des croquis sadiques qui défie les lois du vivant, s'est vu avoir une concertation avec l'une des figures politiques les plus pures de notre pays, Hélénaïs. Si même ce soleil dont la réputation n'est pas à questionner n'a pas su irradier son âme, en quoi un Drakyn tout cassé comme moi peut faire la différence.
« Tu as le droit, de me dire, que tu étais victime sur ce coup là. Si on trouve ce qui t'a fait tourner la tête durant cette période, les composants qui t'ont altérés, on prouvera à la Nation que tu n'étais pas coupable. Charger Zelevas, ses sbires, et toutes les personnes autour de ce projet infâme. Tant pis si le Gouvernement sera rongé par la honte, la Justice sera rétablie. »
En priant les Astres qu'il n'était pas lucide.
« Tout est encore possible, et c'est un Reikois devenu Prévôt du Razkaal de Courage qui te le dit. »
Cette affaire est remplie de zones d’ombre, de détails qui ne collent pas. Si Abraham a vraiment commis cet assassinat, ce n'était pas seulement un acte de cruauté. Il y avait forcément une raison. Et c’est précisément ce mystère-là, ce doute lancinant, qui me pousse à creuser plus profondément, à aller au-delà des apparences.
Montre à tout le monde qu'ils ont tort, mon ami.
Et je dois vivre avec ça.
Il m’appelle. Il sait que je suis là. Pas de surprise dans sa voix, juste une reconnaissance glaciale, une formalité. J’aurais dû m’y attendre, il a toujours été un sacré malin, anticipant toujours trois coups d’avance. Peut-être même qu'il savait depuis longtemps que ça finirait comme ça. Que je reviendrais. Je sens son regard balayer l'endroit, suspicieux. Il croit peut-être que je suis venu avec une armée de Limiers, prêts à le tomber dans un guet-apens. Mais non. Juste moi. Parce que cette affaire n’est plus classée pour moi. C'est devenu personnel.
Et il est là, devant moi, plus imposant que jamais. Ce sourire, froid et serein, comme si tout était sous contrôle. Ses lames frémissent, prêtes à jaillir. Mais il y a du respect, je le sens. Il aurait pu m’attaquer déjà. Même transformé en cette horreur, il m’accorde encore cette estime. Ça me frappe plus fort que n’importe quelle lame. Il dit que ce que je lui ai appris n’a pas été oublié. Je sais qu’il dit vrai. Mais ce qui me glace le sang, c’est quand il déclare que l’Abraham que j’ai connu est mort. Parce que je le sais, au fond. Ce garçon, il est parti depuis longtemps, enseveli sous des couches de fer et de souffrance. Et je n'étais pas là. Ce qui l'a sauvé, et tué en même temps, c'est cette perfection mécanique. Ses lames brillent dans l'obscurité, prêtes à faucher n’importe qui. Mais pas moi. Pas encore. Il prétend qu’il agit toujours pour la République. Que ses meurtres sont une forme de justice. J’ai vu ses scènes de crime, les corps laissés comme des avertissements.
« J'en suis malheureusement témoin, et j'ai du mal à voir le manque de cruauté dans ce que tu as fait. Tu crois avoir trouvé une vérité, mais tu t’égares. Tu n'es pas qu'un fantôme de fer avec des convictions qui te permet de déchirer tes ennemis librement. Tu es meilleur que ça. »
Il conclut que ma sollicitude, cette foutue idée que je pourrais encore l’aider, est inutile face au "jugement sans procès" qu'il a subi. Ça me fait mal de l’admettre, mais il a raison. J’ai rien fait pour le protéger à l’époque. J'ai fermé les yeux, ou plutôt, je ne les ai pas orientés au bon endroit. On m'a menti, ou caché la vérité, peu importe. Mais aujourd’hui, j’ai une chance de me rattraper. Peut-être que c’est trop tard. Peut-être qu’il est trop loin pour être sauvé.
Mais je vais quand même essayer.
« Mortifère se serait battu contre moi, à la seconde où je te parle. Mortifère, ne laisse aucune place au hasard. Il est méthodique, et s'assure qu'aucun limier ne le traque une fois de plus. Mais je n'ai pas de lame sous la gorge, non, nous sommes en train de discuter. Peut-être qu'il y a encore quelque chose là-dessous. »
Mes traits se durcissent, je retire mon masque pour l'accrocher à ma taille, qu'il voit un visage dans ces retrouvailles que je n'aurai jamais aimé vivre. Mais nécessaire. J'avance dans sa direction, sans hésitation. Mes pas lourds résonnent sur ce toit comme un tambour de guerre, implacable.
« Les criminels doivent être punis, mais il y a une procédure, une loi, qui est très loin d'être parfaite, mais nécessaire pour éviter le chaos. Tu aurais pu être le meilleur d'entre nous, détruire ces personnes les unes après les autres ne t'apportera rien de bon. Coupe une tête et il en repousse deux. Tu te condamnes tout seul. »
Je me plante à trois mètres de lui.
« Si tu continues dans ce massacre, je serais forcé de t'arrêter. Trouve l'apaisement dans une vie qui te fera du bien. Tu es allé voir la Sénatrice de Casteille, une femme admirable. Pourquoi ? Une quinzaine de meurtres ont été recensés sur ton passage, dont une assise sur le trône de la présidence, où tu es le principal suspect. »
Un homme aussi obscur, traversant les mutilations dans des croquis sadiques qui défie les lois du vivant, s'est vu avoir une concertation avec l'une des figures politiques les plus pures de notre pays, Hélénaïs. Si même ce soleil dont la réputation n'est pas à questionner n'a pas su irradier son âme, en quoi un Drakyn tout cassé comme moi peut faire la différence.
« Tu as le droit, de me dire, que tu étais victime sur ce coup là. Si on trouve ce qui t'a fait tourner la tête durant cette période, les composants qui t'ont altérés, on prouvera à la Nation que tu n'étais pas coupable. Charger Zelevas, ses sbires, et toutes les personnes autour de ce projet infâme. Tant pis si le Gouvernement sera rongé par la honte, la Justice sera rétablie. »
En priant les Astres qu'il n'était pas lucide.
« Tout est encore possible, et c'est un Reikois devenu Prévôt du Razkaal de Courage qui te le dit. »
Cette affaire est remplie de zones d’ombre, de détails qui ne collent pas. Si Abraham a vraiment commis cet assassinat, ce n'était pas seulement un acte de cruauté. Il y avait forcément une raison. Et c’est précisément ce mystère-là, ce doute lancinant, qui me pousse à creuser plus profondément, à aller au-delà des apparences.
Montre à tout le monde qu'ils ont tort, mon ami.
Citoyen de La République
Abraham de Sforza
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Race: Humain
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"Meilleur que ça ? J'obtiens déjà d'indéniables résultats."
Il est évident que les sordides exécutions dont il se rend responsable n'apportent aux problèmes civilisationnels qu'une solution éphémère mais Abraham veut croire qu'il saura se rendre immortel, par la magie ou par la transmission de valeurs. Altéré psychologiquement au point d'en oublier désormais le mode de pensée d'un homme normalement constitué, il considère sans une once d'hésitation que l'image qu'il se fait de la justice est infiniment plus noble que celle qu'imposent maladroitement les hautes figures de sa terre natale.
Kieran a néanmoins raison sur un point, Mortifère aurait pu se soustraire à l'épineux problème qu'est cette conversation en entamant de suite un combat mortel et c'est pourtant en tout respect et mesure qu'il échange avec ce potentiel adversaire. Sans se laisser distraire outre mesure, Abraham accorde aux griffes acérées qui ornent ses mains artificielles un regard mêlant enthousiasme et fierté puis, sans abandonner ce glacial sourire qui décore ses lèvres suturées, il rétorque calmement :
"Je ne suis pas qu'un monstre, Kieran. Je suis avant tout un surhomme. Ne confond pas le pragmatique et le sanguinaire."
Les paupières entrouvertes, l'homme de fer ne semble accorder à son interlocuteur qu'une œillade en biais. Ce détachement apparent n'est qu'une illusion, une feinte habile visant à laisser croire à l'opposant qu'un quelconque assaut en traître serait bien suffisant pour venir à bout de la menace à l'ordre public. C'est pourtant avec une très rare intensité que les facultés télépathiques d'Abraham sont concentrées sur la détente d'une seringue à piston logée dans son propre dos. La solution alchimique est prête, au moindre risque encouru par son porteur, à se voir inoculée droit dans les veines viciées de l'ancien Cerbère. Abraham apprécie Kieran et le tient en haute estime, mais celui-ci est un gardien aussi inflexible que droit dans ses bottes et si le renégat ne remet nullement en cause l'empathie que le Drakyn éprouve à son égard, il sait néanmoins que la mission d'un Limier prime usuellement sur tout attachement. Tout est calculé, rien n'échappe à son esprit affuté; tout demeure sous contrôle. Le cœur froid de la bête d'acier ne s'affole pas un brin.
Jusqu'à bien sûr qu'un nom trop précieux soit amené sur le tapis.
Le changement de posture est léger, à peine perceptible pour qui n'a point la sensibilité requise à la compréhension de la langue des corps. Le sourire narquois de par sa douceur ne s'affaisse que de quelques degrés, les yeux rougeoyants s'assombrissent à peine et pourtant; il y a un clignement d'yeux trop nerveux et subi qui survient. Comment diable peuvent ils déjà avoir établi un quelconque lien entre Hélénaïs et lui ? Le Prévot ne fait pas allusion à leur première rencontre mais bel et bien aux suivantes. Un bluff ? Un simple coup de poker visant à le déstabiliser ? C'est la seule hypothèse sur laquelle il semble sage de se baser.
"C'est au gré d'un heureux hasard que j'ai rencontré madame de Casteille. Elle souhaitait rendre visite au Sénateur Fraternitas mais celui-ci était absent alors nous avons pris le temps de conserver brièvement pour patienter. Bien que sa compagnie m'ait été très agréable et nos échanges enrichissants, je n'ai eu ni le temps ni l'occasion de la revoir; j'en ai peur."
Un mensonge certes éhonté mais nécessaire dans une telle configuration. Hélénaïs est sa seule faiblesse littérale ainsi que l'unique âme à même d'échauder son sang bleuâtre. Il est hors de question pour Abraham d'être privé de son idylle aussi abruptement et c'est donc avec une froideur légèrement plus palpable que vient la suite de son discours.
"Je n'ai été victime que de la défiance des bienpensants et des veules. Vous le savez déjà : Mirelda Goldheart comptait profiter du chaos occasionné par l'assaut de la Maison Bleue pour décréter un état d'urgence et lui accorder les pleins pouvoirs sur la Nation. En un tel contexte, elle aurait été à même de revoir et même de bafouer l'entièreté des valeurs républicaines; de ses fondements jusqu'à ses moindres détails. Ce qui est ignoble, c'est qu'elle était parfaitement en droit de le faire et que les lois en vigueur n'auraient pu endiguer son ascension.
Exousia et Fraternitas m'ont ordonné de la tuer et je l'ai fait. Nulle altération, pas l'ombre d'un charme ou d'une illusion. J'ai tué la Présidente en toute lucidité et si la chose était à refaire, je la décapiterais une seconde fois. Après quoi, j'ai demandé moi-même à ce que l'on m'efface la mémoire afin que mon esprit ne puisse être sondé pour faire tomber le Sénateur. J'ai tout fait, moi et personne d'autre... et je l'ai fait en qualité de serviteur, pas en tant qu'esclave."
Il se permet quelques pas, martelant le sol de ces pattes griffues que son amante elle même n'a jamais effleuré sous cette monstrueuse forme. Jaugeant toujours cet allié qui peut se changer en némésis au moindre mot de travers, Abraham conclut non sans un certain mépris :
"Nous n'avons rien en commun, Kieran; ou pas à ce niveau en tout cas. Je suis l'héritage vivant d'un homme que l'on cherche à effacer de l'histoire du pays ainsi que l'engeance unique d'un criminel que beaucoup supposent démoniaque. Quelle salvation pourrais tu m'accorder alors nos dirigeants veulent me voir disparaître ? Quel pardon devrais je aspirer à obtenir alors que mon crime n'a été que d'être aussi loyal que fidèle ?
Soren Goldheart me l'a dit, Kieran : c'est terminé. Pour mon mentor... comme pour moi. Je préfère de loin m'éteindre en combattant et n'être qu'un spectre vengeur plutôt que de finir enfermé jusqu'au trépas dans ton musée des horreurs."
Il est évident que les sordides exécutions dont il se rend responsable n'apportent aux problèmes civilisationnels qu'une solution éphémère mais Abraham veut croire qu'il saura se rendre immortel, par la magie ou par la transmission de valeurs. Altéré psychologiquement au point d'en oublier désormais le mode de pensée d'un homme normalement constitué, il considère sans une once d'hésitation que l'image qu'il se fait de la justice est infiniment plus noble que celle qu'imposent maladroitement les hautes figures de sa terre natale.
Kieran a néanmoins raison sur un point, Mortifère aurait pu se soustraire à l'épineux problème qu'est cette conversation en entamant de suite un combat mortel et c'est pourtant en tout respect et mesure qu'il échange avec ce potentiel adversaire. Sans se laisser distraire outre mesure, Abraham accorde aux griffes acérées qui ornent ses mains artificielles un regard mêlant enthousiasme et fierté puis, sans abandonner ce glacial sourire qui décore ses lèvres suturées, il rétorque calmement :
"Je ne suis pas qu'un monstre, Kieran. Je suis avant tout un surhomme. Ne confond pas le pragmatique et le sanguinaire."
Les paupières entrouvertes, l'homme de fer ne semble accorder à son interlocuteur qu'une œillade en biais. Ce détachement apparent n'est qu'une illusion, une feinte habile visant à laisser croire à l'opposant qu'un quelconque assaut en traître serait bien suffisant pour venir à bout de la menace à l'ordre public. C'est pourtant avec une très rare intensité que les facultés télépathiques d'Abraham sont concentrées sur la détente d'une seringue à piston logée dans son propre dos. La solution alchimique est prête, au moindre risque encouru par son porteur, à se voir inoculée droit dans les veines viciées de l'ancien Cerbère. Abraham apprécie Kieran et le tient en haute estime, mais celui-ci est un gardien aussi inflexible que droit dans ses bottes et si le renégat ne remet nullement en cause l'empathie que le Drakyn éprouve à son égard, il sait néanmoins que la mission d'un Limier prime usuellement sur tout attachement. Tout est calculé, rien n'échappe à son esprit affuté; tout demeure sous contrôle. Le cœur froid de la bête d'acier ne s'affole pas un brin.
Jusqu'à bien sûr qu'un nom trop précieux soit amené sur le tapis.
Le changement de posture est léger, à peine perceptible pour qui n'a point la sensibilité requise à la compréhension de la langue des corps. Le sourire narquois de par sa douceur ne s'affaisse que de quelques degrés, les yeux rougeoyants s'assombrissent à peine et pourtant; il y a un clignement d'yeux trop nerveux et subi qui survient. Comment diable peuvent ils déjà avoir établi un quelconque lien entre Hélénaïs et lui ? Le Prévot ne fait pas allusion à leur première rencontre mais bel et bien aux suivantes. Un bluff ? Un simple coup de poker visant à le déstabiliser ? C'est la seule hypothèse sur laquelle il semble sage de se baser.
"C'est au gré d'un heureux hasard que j'ai rencontré madame de Casteille. Elle souhaitait rendre visite au Sénateur Fraternitas mais celui-ci était absent alors nous avons pris le temps de conserver brièvement pour patienter. Bien que sa compagnie m'ait été très agréable et nos échanges enrichissants, je n'ai eu ni le temps ni l'occasion de la revoir; j'en ai peur."
Un mensonge certes éhonté mais nécessaire dans une telle configuration. Hélénaïs est sa seule faiblesse littérale ainsi que l'unique âme à même d'échauder son sang bleuâtre. Il est hors de question pour Abraham d'être privé de son idylle aussi abruptement et c'est donc avec une froideur légèrement plus palpable que vient la suite de son discours.
"Je n'ai été victime que de la défiance des bienpensants et des veules. Vous le savez déjà : Mirelda Goldheart comptait profiter du chaos occasionné par l'assaut de la Maison Bleue pour décréter un état d'urgence et lui accorder les pleins pouvoirs sur la Nation. En un tel contexte, elle aurait été à même de revoir et même de bafouer l'entièreté des valeurs républicaines; de ses fondements jusqu'à ses moindres détails. Ce qui est ignoble, c'est qu'elle était parfaitement en droit de le faire et que les lois en vigueur n'auraient pu endiguer son ascension.
Exousia et Fraternitas m'ont ordonné de la tuer et je l'ai fait. Nulle altération, pas l'ombre d'un charme ou d'une illusion. J'ai tué la Présidente en toute lucidité et si la chose était à refaire, je la décapiterais une seconde fois. Après quoi, j'ai demandé moi-même à ce que l'on m'efface la mémoire afin que mon esprit ne puisse être sondé pour faire tomber le Sénateur. J'ai tout fait, moi et personne d'autre... et je l'ai fait en qualité de serviteur, pas en tant qu'esclave."
Il se permet quelques pas, martelant le sol de ces pattes griffues que son amante elle même n'a jamais effleuré sous cette monstrueuse forme. Jaugeant toujours cet allié qui peut se changer en némésis au moindre mot de travers, Abraham conclut non sans un certain mépris :
"Nous n'avons rien en commun, Kieran; ou pas à ce niveau en tout cas. Je suis l'héritage vivant d'un homme que l'on cherche à effacer de l'histoire du pays ainsi que l'engeance unique d'un criminel que beaucoup supposent démoniaque. Quelle salvation pourrais tu m'accorder alors nos dirigeants veulent me voir disparaître ? Quel pardon devrais je aspirer à obtenir alors que mon crime n'a été que d'être aussi loyal que fidèle ?
Soren Goldheart me l'a dit, Kieran : c'est terminé. Pour mon mentor... comme pour moi. Je préfère de loin m'éteindre en combattant et n'être qu'un spectre vengeur plutôt que de finir enfermé jusqu'au trépas dans ton musée des horreurs."
Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
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Mépris, arrogance, cruauté.
Les mots d’Abraham me frappent, mais ce n’est pas la révélation qui me surprend. Non, je savais. Au fond, je savais déjà que c’était lui. Lui qui a tué la Présidente, de sang-froid, avec cette foutue lucidité qu’il arbore comme un étendard. Ce n’était pas un coup de folie. Non. C’était une exécution, froide et préméditée, sur ordre de ceux qui pensent encore contrôler cette République malade.
Je serre les dents, ma mâchoire claque comme ses griffes sur le pavé. Je ne bouge pas. Pas encore. Je le laisse parler. Il se tient là, dans cette carcasse de fer et de chair, persuadé d’avoir tout compris, persuadé que ce qu’il fait a un sens plus noble que ce que n’importe qui d’autre pourrait comprendre. "Un surhomme", qu’il dit. La farce est presque risible.
« Abraham, qu'est-ce que tu es devenu... »
Il a cette posture qui le rend à la fois si accessible, et à la fois si imprévisible. Mais on n'apprend pas au vieux Drakyn à limer ses cornes. Je sais ce que je peux, et ne peux pas faire. La pupille de mes yeux se dilate davantage, usant de mes pouvoirs pour m'arrêter sur chaque particule de son être afin de l'aviser en détail. Chaque goutte tombant sur lui, ses mèches de cheveux plaquées autour d'un visage mutilé et sardonique. Alors que mes oreilles ont du mal à entendre toute cette arrogance dans la bouche d'un patriote si exemplaire par le passé. Si la République voit son reflet dans les prunelles rouges sang de cet homme, alors je ne suis pas au bon endroit.
Et puis, au-delà de toute cette arrogance, une fluctuation. Aussi léger qu'un battement de papillon impossible à entendre dans une tempête, pourtant, je l'ai bien vu. J'ai interrogé des centaines de personnes. Vu le mensonge sous un millier de faciès différent, mais les schémas physionomiques restent les mêmes. Je reste silencieux, plissant les yeux comme pour aiguisé davantage mon analyse. Oui, Oui...
Ce clignement nerveux. C’est subtil, presque imperceptible pour quiconque n’a pas l’habitude. Mais moi, je l’ai vu. Le nom d'Hélénaïs, dès qu'il est lâché, provoque cette réaction incontrôlée. C'est le premier indicateur. Une fragilité, là où tout le reste de son discours suintait de contrôle. Ce n’est pas le type à cligner des yeux pour rien. Son esprit est trop affûté pour ça. Alors, quand ça arrive, c’est qu’il y a quelque chose qui dérape en lui. Pourquoi ? Aucune idée, mais le lien a l'air suffisamment préoccupant pour lui pour le faire réagir, contrastant avec tout l'inhumanité qu'il dégage dans ses discours de punisseurs extrêmes.
Quand il parle d’elle, son ton change à peine, mais les micro-expressions le trahissent. Son sourire ne fléchit que d’un degré, presque invisible, mais suffisant pour moi. Le genre de détail qu’un homme normal passerait sous silence, mais pas moi. Abraham a pris ce temps pour m’envelopper de cette froideur calculée, mais face à Hélénaïs, il n'est plus si invulnérable.
Et enfin, le besoin de justification. Quand un homme ment, il enjolive. Il en fait trop, il explique ce qui ne nécessite pas d’explication. Il veut me faire croire qu’il n’a croisé Hélénaïs de Casteille qu’en passant, presque comme un pur hasard. Mais voilà, cette justification tombe mal, elle arrive trop vite. Trop bien construite pour être honnête. Il sent que ce point est plus délicat que les autres. Il sait que je ne vais pas avaler ce mensonge aussi facilement que le reste de ses justifications.
Mes yeux s'ouvrent, reptiliens, comme un prédateur qui voulait montrer qu'il avait visé sa proie. Tu as une faille Mortifère, je ne sais pas quoi encore, mais je vais le savoir, tôt ou tard.
Il avance de quelques pas, ses pattes métalliques frappant le sol avec cette régularité sinistre. Ses paroles se veulent cinglantes, mais je vois à travers le masque. "Nous n’avons rien en commun." Qu’il croit. Il pense que c’est terminé, que tout est écrit. Qu’il finira en combattant, emporté par une dernière vague de violence. Mais il se trompe. Ce n’est pas terminé. Pas encore.
Je finis par remettre mon masque, amplifiant le bourdonnement caverneux de mon grognement qui gronde comme un orage encore lointain, contrarié, et chagriné de la situation.
« Tu as la prétention, et l'arrogance, de t'autoproclamer Juge et Bourreau. Et pour cela, juste pour cela, nous sommes effectivement différent. »
Mon corps multiplie ses écailles, renforçant ma constitution, tandis que Portecendres chuinte doucement avant de finir sur mon épaule.
« Fidèle, et loyal à Zelevas. Fidèle et loyal au Palladium. Fidèle, et loyal à des personnes qui t'ont cassé et reconstruit petit bout, par petit bout. Avant que tu viennes tout détruire pensant avoir fait une croix dessus. Je ne vois aucun esprit libre, ou de vengeur, ou de combattant. Je vois une créature perdue sans ses maîtres, une figurine abîmée qui a perdu ses parents. Abraham est effectivement mort. Toutes mes condoléances. »
Je fais rouler ma nuque dans un craquement sinistre.
« Mortifère, je te laisse une chance de partir et de ne jamais remettre les pieds ici. »
Je tangue la tête d'un côté.
« Et laisse la Sénatrice en dehors de ta vie au risque qu'elle finisse bousillée comme toi, ou pire. »
Je fais tomber la pointe de ma claymore au sol, renforçant ma prise sur le manche. Je fais un pas en avant, lentement, les yeux fixés sur lui, pénétrant cette armure froide et ses mécanismes bien huilés. Peu importe combien il est devenu monstrueux, combien il s'est transformé pour survivre. Ici, il n’est plus qu’un homme face à moi.
« Même les surhommes tombent, Abraham. Et toi… tu es déjà en train de chuter. Tu n'imagines pas à quel point ça me rend triste. »
Mon ton devient plus tranchant, chaque syllabe taillée dans l'acier brut de ma volonté. Je ne peux pas le laisser croire qu'il peut continuer à fuir, à se cacher derrière ces justifications qui sonnent faux. Abraham doit comprendre qu'il est à un tournant. Et moi, je suis là pour le guider… ou pour l'écraser. Et à cette simple pensée, mes yeux trahissent l'éclat d'une émotion qui va probablement me ronger, suivi d'un long soupir de lassitude.
Je n'ai jamais voulu ça, mais il n'est pas question de vouloir, ou de pouvoir.
Mais de nécessité.
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Abraham de Sforza
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"La Mort. Froide... mais juste. Voilà ce que je suis devenu."
A la tension omniprésente mais maitrisée s'ajoute désormais l'une des rares émotions encore entièrement palpables pour le Cerbère : la frustration. Doué d'une rigueur qu'il soigne au quotidien en dépit de son existence faite de débauche, Abraham se fend d'un sourire toujours aussi impudent malgré l'imminence d'un conflit dont les premiers traits se dessinent déjà.
Quand l'énorme épée de Kieran frappe bruyamment le toit, les fils invisibles qui animent la sinistre marionnette s'activent aussitôt. La toile arcanique se tend, réorientant ainsi les articulations tordues qui abritent tant d'armes secrètes. Les griffes du Cerbère oublié frémissent, la chevelure noire de jais de ce dernier ainsi que la crinière du Drakyn volent au passage d'une bourrasque sifflante. Les yeux mécaniques de Mortifère s'ajustent au mieux à l'obscurité ambiante, tournoyant sur eux-mêmes tout en s'illuminant de plus belle afin d'établir une mise au point parfaite sur ce mentor devenu opposant par un triste coup du sort.
Au lieu de donner le premier coup, il abaisse subitement ses épaules et laisse sa carcasse métallique se secouer au gré d'éclats de rires sonores et curieusement francs. Le tableau est déroutant, presque surréaliste. Si terriblement inhumain et figé quelques instants plus tôt, l'homme si atrocement semblable à une araignée aux aspirations glaciales offre à son vis-à-vis une scène diablement humaine. Il y a une indéniable folie dans cette voix rauque et métallique mais derrière ce timbre bestial se cache l'esclaffement d'un jeune homme, ni plus ni moins.
"Excuse moi Kieran, excuse moi..."
Avec un sérieux difficilement retrouvé, Abraham adopte la posture d'un garçonnet cherchant à se montrer droit face à l'enseignant alors que l'un de ses camarades lui a tout juste soufflé une ânerie. Cela n'est pas attendrissant pour autant mais c'en est effroyable de réalisme ainsi que par l'application malsaine que l'engeance des bas-fonds met à copier des réflexes qu'elle sait pourtant perdus. Toujours affublé de cette affreuse et mutine risette, il reprend :
"Je ne me moque pas de toi, loin de là. C'est sur ma propre condition que j'ironise. Mon mentor, Zelevas Fraternitas... a braqué une arbalète droit sur mon front la dernière fois que nous nous sommes croisés. Aujourd'hui, je me trouve face à mon ancien professeur et c'est par le fil d'une épée qu'il menace de me mettre à mort. Serais je un jour bon élève... ou suis-je condamné à décevoir chacun de mes tuteurs au point qu'ils veuillent m'occire ?"
Abraham tâche au mieux de détourner la conversation d'Hélénaïs. Il sait au fond de lui que son explication vaseuse n'a pas su charmer le dragon et s'il ressent à ce sujet une colère aussi sourde que profonde, c'est à une démonstration de détachement feinte avec brio qu'il décide de se livrer. Les duperies, il en use et abuse même face à l'amour de sa vie. Il ne va certainement pas s'en priver face à un ancien confrère, aussi cher à son cœur puisse t-il être. Lorsqu'il perçoit le désarroi dans l'œil du géant, Mortifère cesse abruptement de sourire et chuchote avec gravité :
"Kieran..."
Les serres glacées crissent les unes après les autres et la silhouette longiligne se tord. A la lueur d'une lune trop timide pour se faire témoin d'un combat fratricide, l'homme devient la bête de fer que les puissants voient en lui. C'est toujours en murmurant qu'Abraham lance :
"Si je dois être stoppé, j'aime autant que ce soit toi qui le fasse..."
Il y a ensuite un claquement aussi lugubre que brutal puis, dans un mouvement à l'élégance millimétrée, le guerrier monstrueux s'élance en avant. Il ne fait pas au colosse cornu l'affront d'une approche dénuée de splendeur, loin de là. Il n'est ni question de provoquer, ni d'ouvrir par une pitrerie destinée à signaler le début d'un échange de coups honnêtes. Les griffes trop longues s'électrisent et font mine de viser le bas-ventre. Ce n'est toutefois qu'un tour d'adresse car, dans un mouvement propre à celui dont l'anatomie défie tout réalisme, elles remontent en direction d'un cou épais mais exposé.
En un souffle, l'attaquant ajoute :
"...mais je suis inarrêtable."
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Kieran Ryven
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Abraham balance son discours entre la théâtralité tragique et de l’humour noir, un ultime jeu qu’il déroule face à moi. Ce ricanement, ce sourire qu’il affiche… c’est une façade, construite avec l’habileté d’un comédien qui se sait en fin de scène. Un amusement frôlant l'extase, comme un enfant face à un jouet qu’il s’apprête à briser. Ses griffes cliquettent, ses mécanismes frémissent, et ses iris de métal sont enfiévrées de lueur rougeoyante, un éclat de défi dément. Mais cette fois, ce ne sera pas suffisant.
Je le vois, chaque muscle sous ses plaques d’acier tendu à se préparer pour l’attaque, ses pupilles se rétractant, la lueur rouge de ses yeux artificiels fixée sur moi comme celle d’un prédateur acculé. Ce n’est pas sa force physique qui m’inquiète, mais bien ce gouffre qui s’ouvre en lui, cet abandon qui l’entraîne inexorablement vers la violence comme une fatalité. Comme s'il n'y avait pas de plan B, et qu'aucun espoir de faire mieux existe dans cette vie rongée par le chaos comme une gangrène inévitable. Quelque part, une partie de moi embrasse cette pensée comme une vieille amie, une colère que j'ai essayé d'étouffer depuis la guerre. Mais je me rends compte aujourd'hui que tout exterminer n'est pas une solution, que j'ai une lassitude profonde pour les conflits, et que j'abuse de ma force que lorsque c'est nécessaire.
Aujourd'hui, c'est nécessaire.
Je plante mon regard dans le sien, ancré comme une lame de vérité entre ses délires de grandeur et ses fragiles justifications. Enfin, c'était jusqu'à ce qu'il ironise sa situation. Zelevas voulait le supprimer, certainement parce qu'il en avait fini avec lui. Mais aujourd'hui c'est différent. Pas une seule fois, je compte et ne souhaite me débarrasser de lui. Je rêve d'un monde où je rompt de nouveau le pain avec lui, dans une même assiette, mais ce soir je vis un cauchemar où je deviens le bourreau de quelque chose que je n'ai pas choisi.
« Tu t’es fait marionnette de ton propre jeu, et tu crois pouvoir rire de ce que tu as laissé derrière toi, comme si tout cela n’avait jamais eu d’importance. J"étais bien difficile à décevoir, plus que n'importe qui. Il suffisait juste de faire ce que tu savais faire le mieux : être un homme bon, honorer les valeurs que tu as embrassé en devenant un soldat de la république. Pas son châtieur. »
Je laisse chaque mot s’imprégner dans le silence pesant, mes griffes raclant contre le sol. Les ombres de la nuit s’épaississent autour de nous, et je ressens cette obscurité comme une extension de ma propre détermination. M'approrier les ténèbres pour les incarner. Il est trop tard pour lui de fuir, trop tard pour qu’il se cache derrière son masque de monstruosité et de bravoure dérisoire.
« Je te préviens : si tu veux te convaincre que la Mort elle-même t’a désigné pour faire justice, alors c’est elle que tu vas affronter ce soir. »
Quand il plonge sur moi, Abraham a l’élégance d’un serpent. Métallique, tordu, tissé d’ombres, chaque mouvement est calculé pour percer l’armure, pour trouver la chair. Je vois ses griffes étinceler comme des éclats de lune; l’éclair dans son regard, un clin d’œil à ce qu’il n’est plus.
Adieu Abraham, bonsoir... Mortifère.
La feinte est rapide, vicieuse, mais repérable. Je cale mes pieds, un roc sur lequel ses vagues viennent se briser. Il pense pouvoir s’enrouler autour de moi, mais mon épée monte comme un mur, une ligne impassable. L’acier claque contre ses griffes, je sens la secousse dans mes os; il force, mais je ne cède pas d’un pouce. Sa poussée glisse, déviée d’une fraction de seconde.
Et là, il est à portée.
Je tire mon coude, frappe droit vers son torse d’acier. Le transfert du poids me donne de l'élan pour le prochain mouvement ; celui d'un coup de queue retournée, mes écailles renforcées pour cogner ma cible comme s'il se prenait une charpente métallique. Chaque mouvement envoyé dans sa direction était comme une crucifixion contre ma loyauté.
Car il n'y a rien de plus douloureux que de frapper un frère. Je l'ai vécu avec Roman, je le vis encore aujourd'hui. Quel est le message, la leçon à en tirer.
Peut-être que nous le serons quand l'un d'entre nous sera à terre.
Je le vois, chaque muscle sous ses plaques d’acier tendu à se préparer pour l’attaque, ses pupilles se rétractant, la lueur rouge de ses yeux artificiels fixée sur moi comme celle d’un prédateur acculé. Ce n’est pas sa force physique qui m’inquiète, mais bien ce gouffre qui s’ouvre en lui, cet abandon qui l’entraîne inexorablement vers la violence comme une fatalité. Comme s'il n'y avait pas de plan B, et qu'aucun espoir de faire mieux existe dans cette vie rongée par le chaos comme une gangrène inévitable. Quelque part, une partie de moi embrasse cette pensée comme une vieille amie, une colère que j'ai essayé d'étouffer depuis la guerre. Mais je me rends compte aujourd'hui que tout exterminer n'est pas une solution, que j'ai une lassitude profonde pour les conflits, et que j'abuse de ma force que lorsque c'est nécessaire.
Aujourd'hui, c'est nécessaire.
Je plante mon regard dans le sien, ancré comme une lame de vérité entre ses délires de grandeur et ses fragiles justifications. Enfin, c'était jusqu'à ce qu'il ironise sa situation. Zelevas voulait le supprimer, certainement parce qu'il en avait fini avec lui. Mais aujourd'hui c'est différent. Pas une seule fois, je compte et ne souhaite me débarrasser de lui. Je rêve d'un monde où je rompt de nouveau le pain avec lui, dans une même assiette, mais ce soir je vis un cauchemar où je deviens le bourreau de quelque chose que je n'ai pas choisi.
« Tu t’es fait marionnette de ton propre jeu, et tu crois pouvoir rire de ce que tu as laissé derrière toi, comme si tout cela n’avait jamais eu d’importance. J"étais bien difficile à décevoir, plus que n'importe qui. Il suffisait juste de faire ce que tu savais faire le mieux : être un homme bon, honorer les valeurs que tu as embrassé en devenant un soldat de la république. Pas son châtieur. »
Je laisse chaque mot s’imprégner dans le silence pesant, mes griffes raclant contre le sol. Les ombres de la nuit s’épaississent autour de nous, et je ressens cette obscurité comme une extension de ma propre détermination. M'approrier les ténèbres pour les incarner. Il est trop tard pour lui de fuir, trop tard pour qu’il se cache derrière son masque de monstruosité et de bravoure dérisoire.
« Je te préviens : si tu veux te convaincre que la Mort elle-même t’a désigné pour faire justice, alors c’est elle que tu vas affronter ce soir. »
Quand il plonge sur moi, Abraham a l’élégance d’un serpent. Métallique, tordu, tissé d’ombres, chaque mouvement est calculé pour percer l’armure, pour trouver la chair. Je vois ses griffes étinceler comme des éclats de lune; l’éclair dans son regard, un clin d’œil à ce qu’il n’est plus.
Adieu Abraham, bonsoir... Mortifère.
La feinte est rapide, vicieuse, mais repérable. Je cale mes pieds, un roc sur lequel ses vagues viennent se briser. Il pense pouvoir s’enrouler autour de moi, mais mon épée monte comme un mur, une ligne impassable. L’acier claque contre ses griffes, je sens la secousse dans mes os; il force, mais je ne cède pas d’un pouce. Sa poussée glisse, déviée d’une fraction de seconde.
Et là, il est à portée.
Je tire mon coude, frappe droit vers son torse d’acier. Le transfert du poids me donne de l'élan pour le prochain mouvement ; celui d'un coup de queue retournée, mes écailles renforcées pour cogner ma cible comme s'il se prenait une charpente métallique. Chaque mouvement envoyé dans sa direction était comme une crucifixion contre ma loyauté.
Car il n'y a rien de plus douloureux que de frapper un frère. Je l'ai vécu avec Roman, je le vis encore aujourd'hui. Quel est le message, la leçon à en tirer.
Peut-être que nous le serons quand l'un d'entre nous sera à terre.
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D'une sèche impulsion, le Drakyn fit aisément savoir que l'expérience pouvait encore primer sur l'innovation. Expert martial, Kieran vit clair dans le jeu de la marionnette monstrueuse et les griffes métalliques vinrent crisser contre le plat d'une épée plutôt que s'enfoncer dans le poitrail du Limier aguerri. Les appendices électrisés provoquèrent de multiples détonations crépitantes lors de leur passage contre l'arme de Kieran mais au delà d'un humble choc déplaisant, le vaillant combattant cornu n'eut pas à s'inquiéter plus que de raison des retombées de cette entrée en matière.
Loin d'être en reste, Abraham ne laissa échapper qu'un reniflement dédaigneux lorsque son attaque fut bloquée et tandis qu'il amorçait déjà une seconde fente agressive, ses yeux se portèrent naturellement sur les muscles bandés de son adversaire pour lui permettre d'établir que l'heure n'était finalement pas à l'engagement mais plutôt à la défense. Fort d'une serpentine habileté, le renégat républicain eut la vivacité requise pour longer le poing colossal de son ennemi plutôt que d'essuyer un impact en plein torse mais rien ne put le préparer au balayage qui suivit.
Agrippé au mollet par le membre écailleux qui rasait le sol dans un sifflement sourd, l'homme de métal sentit sa jambe prosthétique cogner contre la seconde et malgré le poids plus que conséquent de son enveloppe à peine humaine, il bascula d'un seul coup et manqua de s'écraser face contre terre. Cette chute, bien qu'imprévue; ne fit même pas ciller Abraham. Le son du métal tordu par l'impact avait de quoi inquiéter, mais un quelconque diagnostic serait repoussé à plus tard. D'apparence indifférent même face à la possibilité tout à fait envisageable d'une défaite, il conserva un sang-froid intégral et quand sa tête manqua d'entrer en collision avec le sol, il se rattrapa avec une surnaturelle aisance pour ensuite prendre appui sur ses paumes métalliques.
Sans piper mot, le criminel contraint à une bien étrange posture démontra qu'il constituait un danger léthal même lorsqu'il était amené au sol car, avant même que Kieran ne puisse profiter de ce temporaire ascendant, Abraham fit cliqueter les dagues acérées qui ornaient ses pattes puis frappa droit dans la cuisse du Limier, faisant ainsi couler le sang pour la première fois depuis le commencement du duel fratricide. Le grognement que poussa Kieran n'arracha nul sourire à Mortifère en dépit de ce supposé sadisme que tous lui reprochaient. D'un geste net, le Premier Né retira les lames dans une gerbe sanguinolente et fut alors cueilli par un coup de pied en plein ventre, ce avec une telle violence qu'il lui sembla qu'une part de ses cotes renforcées venaient de céder.
Croyant de prime abord pouvoir encaisser le pointu sans broncher, Mortifère fut surpris de constater qu'il n'en était rien lorsque son enveloppe fut propulsée à toute allure en arrière et qu'il se mit à rouler sur plusieurs mètres sans pouvoir se contrôler. Choqué mais pas totalement démuni, l'ex-soldat pesta contre son mauvais sort puis attendit d'être à l'arrêt avant de jouer un nouveau tour à son opposant. Ses griffes se plantèrent dans la toiture pour lui permettre de ralentir et dans un caractéristique crépitement électrique, il disparut intégralement.
Kieran l'entendit lorsqu'il repassa à l'attaque en accourant dans sa direction. Ce ne fut que lorsqu'il se trouva à moins de trois enjambées de distance que le bruissement des semelles métalliques martelant les tuiles vint s'interrompre abruptement, ce qui laissa supposer qu'Abraham venait de bondir pour frapper un grand coup. Alors que le Drakyn portait instinctivement son arme devant lui pour parer cet assaut prévisible, le craquement électrique se fit audible et le monstre d'acier révéla qu'il avait redoublé de sournoiserie. Loin d'avoir sauté sur sa proie, il s'était tout bonnement immobilisé sur place pour pousser son opposant à la faute.
Les griffes rétractables s'étirèrent dans une série de claquements effroyables et la paume du prédateur vint se tendre en direction d'un bas-ventre qu'elles cherchaient à perforer. Une risette insupportable d'amabilité se dessina sur les lèvres glacées d'Abraham et quelques mots caustiques s'en échappèrent :
"Vas tu me tuer, Kieran ? En as-tu seulement les épaules ?"
Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
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Mon épée hurle contre le métal de ses griffes, et l’étincelle de sa riposte gronde. Il y a quelque chose de tragique dans cette danse où je frappe mon ancien élève, comme s’il me restait un espoir que ce combat puisse encore le ramener à la raison.
Mais Abraham est mort, ou du moins celui que j’ai connu. Ce qui se tient là, face à moi, n’est qu’une effigie cauchemardesque, un amas de métal et de chair animé par une volonté aussi froide que ses griffes. J'ai l'œil sur chaque mouvement, chaque muscle dans ce corps artificiel. Alors, quand il tente ce premier assaut, ses griffes sifflant vers mon ventre, je pivote, balayant d'un coup sec avec mon épée pour dévier sa frappe. Le choc se répercute dans tout mon bras, un crépitement traverse l'acier et me mord la main, mais c’est une douleur ancienne, presque familière. Je la serre entre mes doigts, cette douleur, la prenant comme une promesse : une leçon, à laquelle je répondrai.
L’air siffle quand il se glisse sous ma garde, ses griffes me frôlent avant de me cueillir à la cuisse dans un éclat de douleur. Un déchirement à vif, brut, fait frémir mes nerfs et le sang perle, chaud et sombre, sur ma peau écailleuse. La brûlure qui suit me rappelle que je suis en vie, que cette plaie n’est qu’une cicatrice de plus sur mon corps forgé pour des guerres bien plus honorables. Puis vient mon coup de pied, que je lance avec toute la force qu’il a oubliée de me prêter. Un impact résonne contre sa carcasse ; il est envoyé rouler en arrière, et l’espace se redessine entre nous. Mais il ne flanche pas. Abraham s'accroche, il s’arrête d’un geste vif et se redresse, et voilà qu’il m’adresse cet étrange sourire… effarant de lucidité, froid et calculé.
Ce sourire s’efface alors que ses griffes jaillissent encore vers moi dans une frappe dévastatrice. Je sais qu’il cherche la faille, ce point où il pourrait en finir en un coup — mais je suis encore là, et la gravité de sa question m’étrangle presque de rage. Sa voix, un murmure venimeux, crève l'air comme une question sinistre. Ma réponse vient d’un éclat de mon épée, qui fend l’air jusqu’à lui, une promesse muette d’une douleur sans retour. Parce que si ce monstre qu'il est devenu ose me demander si je peux l’achever, il connaîtra bientôt la réponse. Je me lance vers lui, chaque fibre de mon corps hurlant l’unique vérité qui lui échappe encore : la justice que je brandis n’a pas besoin de miséricorde.
Ses griffes ont mordu le sol, l’onde électrique a grondé et – d’un coup – il n’est plus là. Un tour de passe-passe bien préparé, qui prend au piège ceux qui relâchent leur attention une seconde de trop.
Fort, très fort. Abraham a atteint un niveau martial et tactique bien plus élevé que tout ce que j'avais pu imaginer.
Je le sens revenir, sa silhouette à peine visible dans le coin de mon champ de vision. Un souffle sourd, métallique, chaque pas ponctué d’une résonance contre les tuiles. Je serre la prise sur mon épée, bien ancré dans ma position. J’entends ce dernier pas, celui qui trahit une impulsion vers moi. Un bond. Par réflexe, je m’ancre, mon épée brandie en protection. Mais là, un détail sonne faux : pas de bruit de frappe, juste un silence chargé, un arrêt calculé. Abraham s'est arrêté net, chaque fibre de métal tendue dans un jeu de massacre où il pense être le chasseur. Son crépitement revient comme une lame tendue, et je comprends, trop tard, que c’était un leurre. Un piège qui m’a fait avancer ma garde d’un poil de trop.
Ses griffes fusent vers mon bas-ventre, nettes, précises. L’impact du métal contre ma protection, la morsure d’acier qui perce ma peau – tout ça arrive dans une bouffée de douleur brutale. Mon flanc brûle d’une entaille vive, mais il en faudra plus. Je me désaxe et frappe d’un coup sec pour le faire reculer, un genou enfoncé dans sa mâchoire, un pied en arrière pour rester stable.
Je n’ai plus le luxe d'encaisser les coups comme ça trop longtemps.
Le choc résonne contre le métal de sa carcasse et parvient à le faire ployer. C’est maigre, une seconde ou deux tout au plus, mais cela suffit. Je soulève mon épée et l’abats en un arc diagonal, visant non pas son épaule mais le toit, là où il se tient, juste assez près pour que l’impact fragilise la structure. Une détonation sourde résonne lorsque la lame fend le bois et la pierre avec une force impitoyable. L’assaut, plus brutal que mesuré, fait craquer les poutres et ébranle le toit tout entier. En un instant, je le vois vaciller, le sol se dérobant sous ses pieds. Une fraction de seconde, il lutte pour se rattraper, mais la gravité l’emporte ; chute, impact au sol. Les gravats l'ensevelissent, un manteau poussiéreux d’ardoises brisées.
Je sens soudain le sol se dérober non seulement sous Abraham, mais sous moi aussi. L’effondrement ne fait pas de distinction entre le monstre de métal et moi, il nous entraîne tous les deux dans une chute rapide et brutale, sans échappatoire. La poussière m’aveugle, les gravats me cisaillent la peau, et le poids de l’armure rend l’impact encore plus violent. Le sol arrive trop vite, je perds mon épée, et je me réceptionne maladroitement sur le béton froid d’un entrepôt abandonné, un bâtiment où des ombres s’étirent comme des fantômes autour de nous. L’air est saturé de la poussière soulevée par notre chute et la pluie s'engouffre à l'intérieur pour créer les premières flaques dans ce nouveau sol.
Mon bras traverse les décombres avant de serrer le poing, puis de soulever, dans un grognement sinistre, un morceau du plafond.
« Voilà ce que mes épaules te disent, Abraham. » Que je gronde, sinistre.
Dans un rugissement bestiaI, il ne faudra pas longtemps pour que ces centaines de kilos traversent la pièce, bien parti pour récupérer Abraham, une dizaine de caisses empilées, et le mur derrière eux sur son voyage.
Mais Abraham est mort, ou du moins celui que j’ai connu. Ce qui se tient là, face à moi, n’est qu’une effigie cauchemardesque, un amas de métal et de chair animé par une volonté aussi froide que ses griffes. J'ai l'œil sur chaque mouvement, chaque muscle dans ce corps artificiel. Alors, quand il tente ce premier assaut, ses griffes sifflant vers mon ventre, je pivote, balayant d'un coup sec avec mon épée pour dévier sa frappe. Le choc se répercute dans tout mon bras, un crépitement traverse l'acier et me mord la main, mais c’est une douleur ancienne, presque familière. Je la serre entre mes doigts, cette douleur, la prenant comme une promesse : une leçon, à laquelle je répondrai.
L’air siffle quand il se glisse sous ma garde, ses griffes me frôlent avant de me cueillir à la cuisse dans un éclat de douleur. Un déchirement à vif, brut, fait frémir mes nerfs et le sang perle, chaud et sombre, sur ma peau écailleuse. La brûlure qui suit me rappelle que je suis en vie, que cette plaie n’est qu’une cicatrice de plus sur mon corps forgé pour des guerres bien plus honorables. Puis vient mon coup de pied, que je lance avec toute la force qu’il a oubliée de me prêter. Un impact résonne contre sa carcasse ; il est envoyé rouler en arrière, et l’espace se redessine entre nous. Mais il ne flanche pas. Abraham s'accroche, il s’arrête d’un geste vif et se redresse, et voilà qu’il m’adresse cet étrange sourire… effarant de lucidité, froid et calculé.
Ce sourire s’efface alors que ses griffes jaillissent encore vers moi dans une frappe dévastatrice. Je sais qu’il cherche la faille, ce point où il pourrait en finir en un coup — mais je suis encore là, et la gravité de sa question m’étrangle presque de rage. Sa voix, un murmure venimeux, crève l'air comme une question sinistre. Ma réponse vient d’un éclat de mon épée, qui fend l’air jusqu’à lui, une promesse muette d’une douleur sans retour. Parce que si ce monstre qu'il est devenu ose me demander si je peux l’achever, il connaîtra bientôt la réponse. Je me lance vers lui, chaque fibre de mon corps hurlant l’unique vérité qui lui échappe encore : la justice que je brandis n’a pas besoin de miséricorde.
Ses griffes ont mordu le sol, l’onde électrique a grondé et – d’un coup – il n’est plus là. Un tour de passe-passe bien préparé, qui prend au piège ceux qui relâchent leur attention une seconde de trop.
Fort, très fort. Abraham a atteint un niveau martial et tactique bien plus élevé que tout ce que j'avais pu imaginer.
Je le sens revenir, sa silhouette à peine visible dans le coin de mon champ de vision. Un souffle sourd, métallique, chaque pas ponctué d’une résonance contre les tuiles. Je serre la prise sur mon épée, bien ancré dans ma position. J’entends ce dernier pas, celui qui trahit une impulsion vers moi. Un bond. Par réflexe, je m’ancre, mon épée brandie en protection. Mais là, un détail sonne faux : pas de bruit de frappe, juste un silence chargé, un arrêt calculé. Abraham s'est arrêté net, chaque fibre de métal tendue dans un jeu de massacre où il pense être le chasseur. Son crépitement revient comme une lame tendue, et je comprends, trop tard, que c’était un leurre. Un piège qui m’a fait avancer ma garde d’un poil de trop.
Ses griffes fusent vers mon bas-ventre, nettes, précises. L’impact du métal contre ma protection, la morsure d’acier qui perce ma peau – tout ça arrive dans une bouffée de douleur brutale. Mon flanc brûle d’une entaille vive, mais il en faudra plus. Je me désaxe et frappe d’un coup sec pour le faire reculer, un genou enfoncé dans sa mâchoire, un pied en arrière pour rester stable.
Je n’ai plus le luxe d'encaisser les coups comme ça trop longtemps.
Le choc résonne contre le métal de sa carcasse et parvient à le faire ployer. C’est maigre, une seconde ou deux tout au plus, mais cela suffit. Je soulève mon épée et l’abats en un arc diagonal, visant non pas son épaule mais le toit, là où il se tient, juste assez près pour que l’impact fragilise la structure. Une détonation sourde résonne lorsque la lame fend le bois et la pierre avec une force impitoyable. L’assaut, plus brutal que mesuré, fait craquer les poutres et ébranle le toit tout entier. En un instant, je le vois vaciller, le sol se dérobant sous ses pieds. Une fraction de seconde, il lutte pour se rattraper, mais la gravité l’emporte ; chute, impact au sol. Les gravats l'ensevelissent, un manteau poussiéreux d’ardoises brisées.
Je sens soudain le sol se dérober non seulement sous Abraham, mais sous moi aussi. L’effondrement ne fait pas de distinction entre le monstre de métal et moi, il nous entraîne tous les deux dans une chute rapide et brutale, sans échappatoire. La poussière m’aveugle, les gravats me cisaillent la peau, et le poids de l’armure rend l’impact encore plus violent. Le sol arrive trop vite, je perds mon épée, et je me réceptionne maladroitement sur le béton froid d’un entrepôt abandonné, un bâtiment où des ombres s’étirent comme des fantômes autour de nous. L’air est saturé de la poussière soulevée par notre chute et la pluie s'engouffre à l'intérieur pour créer les premières flaques dans ce nouveau sol.
Mon bras traverse les décombres avant de serrer le poing, puis de soulever, dans un grognement sinistre, un morceau du plafond.
« Voilà ce que mes épaules te disent, Abraham. » Que je gronde, sinistre.
Dans un rugissement bestiaI, il ne faudra pas longtemps pour que ces centaines de kilos traversent la pièce, bien parti pour récupérer Abraham, une dizaine de caisses empilées, et le mur derrière eux sur son voyage.
Citoyen de La République
Abraham de Sforza
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crédits : 597
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal Mauvais
Rang: C
La chute, abrupte et inexorable, se solda par un impact aussi sourd que violent. Malgré ses formidables réflexes, Abraham sentit ses trapèzes heurter le bois et son souffle se couper. L'air naturellement expulsé par ses poumons endoloris lui fit l'effet d'une ruée en plein torse et il se trouva contraint de pousser un cri sec. Le professeur et Limier, bien que partiellement blessé, redoubla de férocité comme pour prouver qu'en dépit de ces émotions qu'Abraham vendait comme faiblesse, il était capable de se montrer plus belliqueux encore que l'aberration républicaine. Difficilement, Abraham parvint à se relever en chassant de sa carcasse les décombres de bâtisse puis, après s'être esquinté la gorge dans une quinte de toux rauque et métallique, il reporta son attention sur son adversaire puis siffla :
"Une démonstration à la hauteur de ta réputation..."
Mortifère avait l'audace de se prétendre invincible et pourtant, il parut bien moins divin lorsqu'une portion de plafond fut projetée droit dans sa direction à une extraordinaire allure. Paré à esquiver le morceau de bâtiment qui lui filait droit dessus, Abraham tenta une manœuvre évasive sur le côté et réalisa un peu trop tard que l'élégance limitait parfois l'efficacité. Le coin de son manteau transpercé par une poutre détruite l'empêcha de se déporter et ce fut donc dans un éclair de lucidité qu'il porta ses bras devant son visage pour se prémunir de dommages trop importants.
Rien ne pouvait cependant le préparer à la brutalité de cette attaque. Le bois le heurta de plein fouet, ce avec une puissance telle qu'il fut entraîné dans la course de l'objet volant. Tout explosa au contact de l'acier renforcé, le vêtement pris dans les ruines fut déchiré et le renégat partit vers l'arrière en décrivant bien malgré lui des spirales aériennes. Son corps d'affreuse poupée désarticulée traversa la fenêtre située derrière lui et s'il cessa de discerner le haut du bas l'espace d'un instant, il parvint tout de même à s'épargner le pire lorsque son bras métallique heurta accidentellement un poteau arcanique, freinant ainsi sa progression pour lui éviter de rencontrer les pavés à pleine vitesse.
Les quelques mètres le séparant du sol furent traversés lors d'une pirouette tout à fait incontrôlée et ce fut par miracle qu'Abraham parvint à conserver tout juste assez de sang-froid ainsi que de conscience pour s'octroyer une chance de s'en tirer à bon compte. En plein vol, il usa de sa force extraordinaire pour se cambrer et ce fut sa main mécanisée qui trouva contact avec le sol en premier. Le métal rugit en guise de protestation et les griffes faisant office d'annulaire et d'auriculaires cessèrent immédiatement de répondre aux appels télékinétiques de leur porteur mais l'impact, lui; fut minimisé à tel point qu'Abraham put atterrir sans plus d'encombre. Levant la tête, il constata qu'un pic de douleur le prenait aux dorsaux lorsque ses muscles se contractèrent. Du verre, des lames translucides plantées par dizaines au creux de sa chair. Il en avait vu d'autres.
Ce qu'il n'avait pas vu en revanche, c'était que Kieran n'avait pas attendu qu'il se remette de ses émotions pour bondir en s'aidant de sa propre puissance surhumaine ainsi que de ses ailes. L'épée du colosse volant se ficha droit dans l'articulation de son coude droit et Abraham fut à nouveau envoyé au tapis par le poids de son opposant. Voyant venir un coup de pied qui risquait fort de l'envoyer voir des étoiles pour de bon, Mortifère eut l'intelligence de relever son avant-bras libre et d'agripper le mollet servant de support au Drakyn, ce pour ensuite y insinuer une décharge électrique viscéralement douloureuse.
Trop hardi pour s'en plaindre, Kieran n'en aurait de toute manière pas eu la possibilité car sa mâchoire s'était crispée au point d'en faire saigner ses gencives. Les arcs bleutés traversèrent son enveloppe toute entière et il fut contraint de lâcher son arme ainsi que d'abandonner l'assaut du fait d'un soudain vacillement. Profitant de sa libération, Mortifère voulut s'aider de son bras blessé pour se relever mais celui-ci lâcha à cet instant, réduit à l'état de ruine métallique. Ce ne fut donc qu'à la force de ses jambes que le renégat se hissa verticalement pour se replacer face au guerrier gigantesque.
"Et malgré tous mes sacrifices... en dépit de la toute-puissance de l'acier, tu parviens encore à me blesser; Kieran. Tu es véritablement extraordinaire."
Le sang bleuâtre de Mortifère commença à s'écouler à grosses gouttes depuis les plaies ornant son dos et la chaleur trop intense lui fit comprendre que maintenir un tel affrontement trop longtemps constituait un risque qu'il était impossible de prendre. De sa main griffue, l'ex-soldat empoigna le tissu déjà déchiré de son manteau et força sur ce dernier pour s'en défaire au prix d'un effort certain. L'ensemble céda dans un craquement de toile et Abraham dévoila ainsi une nouvelle page de son atroce histoire. Son torse nu, couvert de liquides n'ayant rien à faire au sein d'un corps supposément humain, était strié d'innombrables cicatrices. Ses blessures révélaient des tendons métalliques semblables aux pattes d'infames rampants grattant sa chair lorsque la magie s'y insinuait. Trop immonde pour mourir, il avait pourtant le luxe d'être aimé. Hors de question de se rendre.
"Je t'aurais tant jalousé, autrefois. Fort heureusement, j'ai pu m'offrir ce que le Monde a refusé de me donner."
Contre l'un de ses trapèzes, un injecteur à piston rendu défectueux refusa de se plier à sa volonté et ce fut donc après un grognement de déplaisir qu'Abraham passa sa main dans son propre dos pour se saisir de la fiole imbriquée en lui. Il tira dessus, ne grimaçant qu'à peine malgré la douleur insupportable qu'accompagnait une telle manœuvre, puis parvint enfin à retirer la potion de son support. Epuisé, le souffle court, il amena l'aiguille chargée de liquide luminescent devant lui puis sourit avant de murmurer :
"Moi... je me suis octroyé le droit d'exister. Toi... tu mérites de m'arrêter, tu mérites de mettre un terme au cauchemar, tu mérites la mise en lumière que t'accorderait un tel exploit."
D'un mouvement sec, Abraham planta la seringue droit dans son pectoral. L'actionnant manuellement, il propulsa le liquide diabolique dans son propre corps et ne parvint cette fois-ci plus à garder la face. Poussant un mugissement de souffrance, il se tordit et relâcha la seringue vide par terre tandis que ses veines s'illuminaient pour devenir visibles même sous sa peau. A peine capable de se tenir droit, Abraham se cambra violemment en arrière et fut pris de multiples spasmes. Son regard finit tout de même par capter celui de Kieran et entre deux grondements instinctifs, il lui dit :
"... mais j'ai appris que le mérite n'a aucune valeur. Ni au Reike, ni en République, ni nulle part. Cette leçon, c'est l'élève qui va l'apprendre au maître..."
Et à peine un dixième de seconde plus tard, Kieran sentit le vent fouetter son visage. Abraham avait disparu. l'instinct martial surdéveloppé de Kieran lui hurla de se retourner et il eut raison. Mortifère, phénoménalement rapide et terrible, flottait juste derrière lui et s'apprêtait à envoyer son genou droit dans la joue de son mentor.
"Une démonstration à la hauteur de ta réputation..."
Mortifère avait l'audace de se prétendre invincible et pourtant, il parut bien moins divin lorsqu'une portion de plafond fut projetée droit dans sa direction à une extraordinaire allure. Paré à esquiver le morceau de bâtiment qui lui filait droit dessus, Abraham tenta une manœuvre évasive sur le côté et réalisa un peu trop tard que l'élégance limitait parfois l'efficacité. Le coin de son manteau transpercé par une poutre détruite l'empêcha de se déporter et ce fut donc dans un éclair de lucidité qu'il porta ses bras devant son visage pour se prémunir de dommages trop importants.
Rien ne pouvait cependant le préparer à la brutalité de cette attaque. Le bois le heurta de plein fouet, ce avec une puissance telle qu'il fut entraîné dans la course de l'objet volant. Tout explosa au contact de l'acier renforcé, le vêtement pris dans les ruines fut déchiré et le renégat partit vers l'arrière en décrivant bien malgré lui des spirales aériennes. Son corps d'affreuse poupée désarticulée traversa la fenêtre située derrière lui et s'il cessa de discerner le haut du bas l'espace d'un instant, il parvint tout de même à s'épargner le pire lorsque son bras métallique heurta accidentellement un poteau arcanique, freinant ainsi sa progression pour lui éviter de rencontrer les pavés à pleine vitesse.
Les quelques mètres le séparant du sol furent traversés lors d'une pirouette tout à fait incontrôlée et ce fut par miracle qu'Abraham parvint à conserver tout juste assez de sang-froid ainsi que de conscience pour s'octroyer une chance de s'en tirer à bon compte. En plein vol, il usa de sa force extraordinaire pour se cambrer et ce fut sa main mécanisée qui trouva contact avec le sol en premier. Le métal rugit en guise de protestation et les griffes faisant office d'annulaire et d'auriculaires cessèrent immédiatement de répondre aux appels télékinétiques de leur porteur mais l'impact, lui; fut minimisé à tel point qu'Abraham put atterrir sans plus d'encombre. Levant la tête, il constata qu'un pic de douleur le prenait aux dorsaux lorsque ses muscles se contractèrent. Du verre, des lames translucides plantées par dizaines au creux de sa chair. Il en avait vu d'autres.
Ce qu'il n'avait pas vu en revanche, c'était que Kieran n'avait pas attendu qu'il se remette de ses émotions pour bondir en s'aidant de sa propre puissance surhumaine ainsi que de ses ailes. L'épée du colosse volant se ficha droit dans l'articulation de son coude droit et Abraham fut à nouveau envoyé au tapis par le poids de son opposant. Voyant venir un coup de pied qui risquait fort de l'envoyer voir des étoiles pour de bon, Mortifère eut l'intelligence de relever son avant-bras libre et d'agripper le mollet servant de support au Drakyn, ce pour ensuite y insinuer une décharge électrique viscéralement douloureuse.
Trop hardi pour s'en plaindre, Kieran n'en aurait de toute manière pas eu la possibilité car sa mâchoire s'était crispée au point d'en faire saigner ses gencives. Les arcs bleutés traversèrent son enveloppe toute entière et il fut contraint de lâcher son arme ainsi que d'abandonner l'assaut du fait d'un soudain vacillement. Profitant de sa libération, Mortifère voulut s'aider de son bras blessé pour se relever mais celui-ci lâcha à cet instant, réduit à l'état de ruine métallique. Ce ne fut donc qu'à la force de ses jambes que le renégat se hissa verticalement pour se replacer face au guerrier gigantesque.
"Et malgré tous mes sacrifices... en dépit de la toute-puissance de l'acier, tu parviens encore à me blesser; Kieran. Tu es véritablement extraordinaire."
Le sang bleuâtre de Mortifère commença à s'écouler à grosses gouttes depuis les plaies ornant son dos et la chaleur trop intense lui fit comprendre que maintenir un tel affrontement trop longtemps constituait un risque qu'il était impossible de prendre. De sa main griffue, l'ex-soldat empoigna le tissu déjà déchiré de son manteau et força sur ce dernier pour s'en défaire au prix d'un effort certain. L'ensemble céda dans un craquement de toile et Abraham dévoila ainsi une nouvelle page de son atroce histoire. Son torse nu, couvert de liquides n'ayant rien à faire au sein d'un corps supposément humain, était strié d'innombrables cicatrices. Ses blessures révélaient des tendons métalliques semblables aux pattes d'infames rampants grattant sa chair lorsque la magie s'y insinuait. Trop immonde pour mourir, il avait pourtant le luxe d'être aimé. Hors de question de se rendre.
"Je t'aurais tant jalousé, autrefois. Fort heureusement, j'ai pu m'offrir ce que le Monde a refusé de me donner."
Contre l'un de ses trapèzes, un injecteur à piston rendu défectueux refusa de se plier à sa volonté et ce fut donc après un grognement de déplaisir qu'Abraham passa sa main dans son propre dos pour se saisir de la fiole imbriquée en lui. Il tira dessus, ne grimaçant qu'à peine malgré la douleur insupportable qu'accompagnait une telle manœuvre, puis parvint enfin à retirer la potion de son support. Epuisé, le souffle court, il amena l'aiguille chargée de liquide luminescent devant lui puis sourit avant de murmurer :
"Moi... je me suis octroyé le droit d'exister. Toi... tu mérites de m'arrêter, tu mérites de mettre un terme au cauchemar, tu mérites la mise en lumière que t'accorderait un tel exploit."
D'un mouvement sec, Abraham planta la seringue droit dans son pectoral. L'actionnant manuellement, il propulsa le liquide diabolique dans son propre corps et ne parvint cette fois-ci plus à garder la face. Poussant un mugissement de souffrance, il se tordit et relâcha la seringue vide par terre tandis que ses veines s'illuminaient pour devenir visibles même sous sa peau. A peine capable de se tenir droit, Abraham se cambra violemment en arrière et fut pris de multiples spasmes. Son regard finit tout de même par capter celui de Kieran et entre deux grondements instinctifs, il lui dit :
"... mais j'ai appris que le mérite n'a aucune valeur. Ni au Reike, ni en République, ni nulle part. Cette leçon, c'est l'élève qui va l'apprendre au maître..."
Et à peine un dixième de seconde plus tard, Kieran sentit le vent fouetter son visage. Abraham avait disparu. l'instinct martial surdéveloppé de Kieran lui hurla de se retourner et il eut raison. Mortifère, phénoménalement rapide et terrible, flottait juste derrière lui et s'apprêtait à envoyer son genou droit dans la joue de son mentor.
Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
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Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
Mes muscles encore engourdis par les arcs électriques, je regarde. Ce spectacle qui s'offre à moi est… presque au-delà des mots. Abraham, tordu sous la douleur de cette abomination qu'il vient de s'infliger, son corps décharné, strié de cicatrices et d'implants métalliques. Son visage, déformé par la souffrance, brûle d’une lueur étrange, comme s’il absorbait la magie du liquide qu’il a injecté. Ses veines, maintenant visibles sous une peau devenue translucide, luisent d’une lumière malsaine. Et ces spasmes, cette convulsion de sa chair qui n'a plus rien d'humain. C’est un monstre. Un être trop loin de tout ce que j’ai pu connaître. Ses paroles résonnent encore dans ma tête, mais je n'ai aucune intention de lui offrir la satisfaction de me voir plier. Non. Je vais lui montrer que sa souffrance, aussi noble soit-elle, ne l’a pas rendu supérieur à moi.
Le vent fouette brutalement mon visage, un souffle glacé chargé d'une violence inouïe. Puis, un instant plus tard, je le sens. Un frémissement, une pression invisible, comme un vrombissement sourd qui prévient du pire. C’est trop rapide, trop violent. Abraham est sur moi, et il n'y a pas de place pour le doute.
Le coup de genou frappe d’abord, d’une brutalité folle. Je n’ai même pas le temps de pleinement réagir, mes yeux s'écarquillent dans l’instant où l'impact se fait sentir : le métal de son genou éclate le masque, comme du verre sous un coup de marteau. Le choc me fait basculer en arrière, une onde de douleur me traverse et la douleur qui file dans mes nerfs est d’autant plus aiguë que la déflagration de métal contre mon visage est suivie d’une pluie d’éclats. Le masque s'effrite sous l'attaque, comme un morceau d'armure trop vieux, trop faible. Le bruit de la déformation métallique résonne encore dans mes tympans.
Le souffle coupé, je chancelle, mon crâne en feu, l'acier brisé qui entaille ma peau. Mon visage maquillé entièrement par une flaque de sang. Une fraction de seconde d’aveuglement, comme si le monde avait cessé de tourner.
Je serre les dents, et je sens la chaleur s'emparer de mes écailles. Un soupir intérieur, un mouvement de concentration. La douleur me vrille la tête, mais je renforce ma constitution, puis ma régénération. Infusant mes écailles d’une magie ancienne, je leur insuffle de la résistance, de la solidité. L’acier de ma peau se raffermit, mes nerfs se tendent comme des câbles prêts à céder sous la pression. Je suis préparé à encaisser, je me protège. J’ai fait tout ce qu’il fallait pour tenir, pour être plus fort.
Mais rien n'y fait. Malgré ma volonté, le coup d’Abraham est plus violent, plus décisif que je ne pouvais l’imaginer. Même en renforçant mes écailles, même en infusant chaque fibre de mon corps de cette résilience, je n’ai pas été assez rapide. Il est trop rapide, trop féroce. Et malgré toute la magie que j’ai déployée, malgré la résistance que j'ai gagnée, le coup de genou traverse mon armure mentale aussi bien que physique. Le choc me pulvérise.
« Si tu crois que ce masque pouvait m'arrêter, Abraham... » Que je crache, le sang ruisselant.
Je me redresse, vacille, tombe, puis me relève, vacille de nouveau, puis retombe. La douleur toujours présente mais enfouie dans un coin de ma conscience. Les écailles résistantes que j’ai renforcées me brûlent presque de l’intérieur, mais je les ignore. C’est la rage qui m’envahit, pas la douleur. Pas la peur. La rage. La certitude qu’il me faut frapper, et frapper fort. Je me redresse, la douleur me tenaillant, mais je me concentre sur ce qui reste de mon énergie. Mon regard se fixe sur Abraham, puisant dans ce qui me reste pour me relever, fébrilement, devant cette silhouette de métal et de chair, insensible à tout sauf à la furie qu’il déploie.
«Tu t'es octroyé le droit d'exister ? » Je laisse un rire amer échapper de ma gorge, rugueux, comme un fauve sur le point de se jeter sur sa proie. « Tu n'as jamais eu ce droit, Abraham. Tu t'es seulement donné l'illusion de l'avoir. »
J’arrache un lampadaire à ma droite, encore tremblant dans ma main, et je l’envoie en un arc mortel droit vers lui. Le poteau fend l’air avec la force d’un chariot lancé à pleine vitesse. Je la vois partir, briller sous la lumière des ruines, mais je sais déjà qu’il l’évitera.
Abraham n’est pas un simple soldat. Il se glisse sur le côté avec une facilité déconcertante, son corps de métal ondulant comme un serpent. L’'objet passe à quelques centimètres de lui, sa trajectoire parfaite, mais lui, il est déjà ailleurs, son regard calculateur toujours fixé sur moi. Je grogne, mon pied s'enfonce dans le sol, et je me lance.
Je fais un pas en avant, une bourrasque de vent me précède. Abraham est déjà en train de se déplacer avec une rapidité folle, esquivant mes premiers coups de poing, fendant l'air comme une ombre. Le choc de mes poings contre le vide me fait vibrer jusqu'aux os, mais lui, il est déjà à mes côtés, une prise du bras dans le vide, et un coup de genou qui s’enfonce dans mes côtes. Je rugis.
« Ce que tu as appris, c’est que tout ce que tu es, c’est la somme de tes échecs et de ta folie »
Je dégueule, chaque mot chargé de mépris, tandis que je referme ma garde.
« Tu crois que ta souffrance te donne un droit ? Que tes blessures t'ont fait mériter une place dans ce monde ? Non, Abraham. La vérité, c'est que tu t’es perdu dans tes illusions. Et moi… moi je vais te montrer ce qu'il en reste. »
Une lacération essaie de creuser mes écailles renforcées. Un éclat de douleur, et je serre les dents, mais je ne fléchis pas. Un crochet dévastateur de ma main droite s’en va frapper l’air, la violence de mon bras déformant l’espace autour de nous. Abraham s'éloigne d’un saut gracieux, mais il ne s'attendait pas à ce coup qui l’effleure de près.
« Le mérite, c’est d’affronter son destin, pas de se laisser transformer en cette chose que tu es devenu. Et pourtant, tu en avais tellement la force, la puissance, le pouvoir. »
Je renverse la tête et dans un mouvement précis, je me propulse à nouveau, mes bras déployés comme des marteaux. Abraham roule sur le côté et évite de justesse le coup de mon poing, mais il n’a pas le temps de se remettre en position.
Je fonce sur lui. Un coup d’épaule le percute en pleine poitrine, lourd, et il s’écrase contre un mur, les débris de la structure se brisant sous l'impact. Le sol tremble sous mes pas, mais je ne ralentis pas. Il se relève à une vitesse inouïe, ses griffes aiguisées comme des rasoirs tendues vers moi, prêtes à perforer ma peau. Mais je suis déjà là, un bras tendu devant lui pour saisir son attaque. L'acier crisse contre mon bras renforcé, une douleur sourde, mais je ne m’arrête pas.
« Et tu vois, Abraham, tu as bien raison sur un point : ce combat… c'est toi qui l’as commencé. »
J'ouvre la bouche et dans un rugissement bestial résonnant dans les rues, je crache.
Une flamme, une véritable explosion de feu, jaillit de ma gorge avec une violence telle qu’elle déforme l’air autour de nous. La chaleur est si intense qu’elle fait frémir le sol sous mes pieds, et en un instant, les flaques d’eau, les débris gorgés d’humidité s'évaporent dans une explosion de vapeur.
Le vent fouette brutalement mon visage, un souffle glacé chargé d'une violence inouïe. Puis, un instant plus tard, je le sens. Un frémissement, une pression invisible, comme un vrombissement sourd qui prévient du pire. C’est trop rapide, trop violent. Abraham est sur moi, et il n'y a pas de place pour le doute.
Le coup de genou frappe d’abord, d’une brutalité folle. Je n’ai même pas le temps de pleinement réagir, mes yeux s'écarquillent dans l’instant où l'impact se fait sentir : le métal de son genou éclate le masque, comme du verre sous un coup de marteau. Le choc me fait basculer en arrière, une onde de douleur me traverse et la douleur qui file dans mes nerfs est d’autant plus aiguë que la déflagration de métal contre mon visage est suivie d’une pluie d’éclats. Le masque s'effrite sous l'attaque, comme un morceau d'armure trop vieux, trop faible. Le bruit de la déformation métallique résonne encore dans mes tympans.
Le souffle coupé, je chancelle, mon crâne en feu, l'acier brisé qui entaille ma peau. Mon visage maquillé entièrement par une flaque de sang. Une fraction de seconde d’aveuglement, comme si le monde avait cessé de tourner.
Je serre les dents, et je sens la chaleur s'emparer de mes écailles. Un soupir intérieur, un mouvement de concentration. La douleur me vrille la tête, mais je renforce ma constitution, puis ma régénération. Infusant mes écailles d’une magie ancienne, je leur insuffle de la résistance, de la solidité. L’acier de ma peau se raffermit, mes nerfs se tendent comme des câbles prêts à céder sous la pression. Je suis préparé à encaisser, je me protège. J’ai fait tout ce qu’il fallait pour tenir, pour être plus fort.
Mais rien n'y fait. Malgré ma volonté, le coup d’Abraham est plus violent, plus décisif que je ne pouvais l’imaginer. Même en renforçant mes écailles, même en infusant chaque fibre de mon corps de cette résilience, je n’ai pas été assez rapide. Il est trop rapide, trop féroce. Et malgré toute la magie que j’ai déployée, malgré la résistance que j'ai gagnée, le coup de genou traverse mon armure mentale aussi bien que physique. Le choc me pulvérise.
« Si tu crois que ce masque pouvait m'arrêter, Abraham... » Que je crache, le sang ruisselant.
Je me redresse, vacille, tombe, puis me relève, vacille de nouveau, puis retombe. La douleur toujours présente mais enfouie dans un coin de ma conscience. Les écailles résistantes que j’ai renforcées me brûlent presque de l’intérieur, mais je les ignore. C’est la rage qui m’envahit, pas la douleur. Pas la peur. La rage. La certitude qu’il me faut frapper, et frapper fort. Je me redresse, la douleur me tenaillant, mais je me concentre sur ce qui reste de mon énergie. Mon regard se fixe sur Abraham, puisant dans ce qui me reste pour me relever, fébrilement, devant cette silhouette de métal et de chair, insensible à tout sauf à la furie qu’il déploie.
«Tu t'es octroyé le droit d'exister ? » Je laisse un rire amer échapper de ma gorge, rugueux, comme un fauve sur le point de se jeter sur sa proie. « Tu n'as jamais eu ce droit, Abraham. Tu t'es seulement donné l'illusion de l'avoir. »
J’arrache un lampadaire à ma droite, encore tremblant dans ma main, et je l’envoie en un arc mortel droit vers lui. Le poteau fend l’air avec la force d’un chariot lancé à pleine vitesse. Je la vois partir, briller sous la lumière des ruines, mais je sais déjà qu’il l’évitera.
Abraham n’est pas un simple soldat. Il se glisse sur le côté avec une facilité déconcertante, son corps de métal ondulant comme un serpent. L’'objet passe à quelques centimètres de lui, sa trajectoire parfaite, mais lui, il est déjà ailleurs, son regard calculateur toujours fixé sur moi. Je grogne, mon pied s'enfonce dans le sol, et je me lance.
Je fais un pas en avant, une bourrasque de vent me précède. Abraham est déjà en train de se déplacer avec une rapidité folle, esquivant mes premiers coups de poing, fendant l'air comme une ombre. Le choc de mes poings contre le vide me fait vibrer jusqu'aux os, mais lui, il est déjà à mes côtés, une prise du bras dans le vide, et un coup de genou qui s’enfonce dans mes côtes. Je rugis.
« Ce que tu as appris, c’est que tout ce que tu es, c’est la somme de tes échecs et de ta folie »
Je dégueule, chaque mot chargé de mépris, tandis que je referme ma garde.
« Tu crois que ta souffrance te donne un droit ? Que tes blessures t'ont fait mériter une place dans ce monde ? Non, Abraham. La vérité, c'est que tu t’es perdu dans tes illusions. Et moi… moi je vais te montrer ce qu'il en reste. »
Une lacération essaie de creuser mes écailles renforcées. Un éclat de douleur, et je serre les dents, mais je ne fléchis pas. Un crochet dévastateur de ma main droite s’en va frapper l’air, la violence de mon bras déformant l’espace autour de nous. Abraham s'éloigne d’un saut gracieux, mais il ne s'attendait pas à ce coup qui l’effleure de près.
« Le mérite, c’est d’affronter son destin, pas de se laisser transformer en cette chose que tu es devenu. Et pourtant, tu en avais tellement la force, la puissance, le pouvoir. »
Je renverse la tête et dans un mouvement précis, je me propulse à nouveau, mes bras déployés comme des marteaux. Abraham roule sur le côté et évite de justesse le coup de mon poing, mais il n’a pas le temps de se remettre en position.
Je fonce sur lui. Un coup d’épaule le percute en pleine poitrine, lourd, et il s’écrase contre un mur, les débris de la structure se brisant sous l'impact. Le sol tremble sous mes pas, mais je ne ralentis pas. Il se relève à une vitesse inouïe, ses griffes aiguisées comme des rasoirs tendues vers moi, prêtes à perforer ma peau. Mais je suis déjà là, un bras tendu devant lui pour saisir son attaque. L'acier crisse contre mon bras renforcé, une douleur sourde, mais je ne m’arrête pas.
« Et tu vois, Abraham, tu as bien raison sur un point : ce combat… c'est toi qui l’as commencé. »
J'ouvre la bouche et dans un rugissement bestial résonnant dans les rues, je crache.
Une flamme, une véritable explosion de feu, jaillit de ma gorge avec une violence telle qu’elle déforme l’air autour de nous. La chaleur est si intense qu’elle fait frémir le sol sous mes pieds, et en un instant, les flaques d’eau, les débris gorgés d’humidité s'évaporent dans une explosion de vapeur.
Citoyen de La République
Abraham de Sforza
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal Mauvais
Rang: C
"Maman, regarde !"
Le nez collé contre l'un des carreaux de son appartement, une petite fille trop curieuse pour son propre bien s'amusait sans comprendre de ce formidable spectacle se tenant en pleine rue. Arcs électriques et impulsions flamboyantes s'entremêlaient dans un violent ballet arcanique, ce sous les yeux ébahis de la pauvrette tout juste assez grande pour atteindre le rebord de sa fenêtre. Alertée par le tumulte, sa jeune mère bondit hors d'une pièce adjacente, agrippa l'enfant d'un rapide revers et fila jusqu'à son salon. A peine deux secondes plus tard, une détonation démentielle résonna et un énorme morceau de lampadaire traversa le logis, frappant pile là où s'était trouvé la petite luciole quelques instants auparavant.
Malgré le danger, les spectateurs curieux se faisaient de plus en plus nombreux à mesure que l'affrontement fratricide s'ensauvageait. D'une paire de silhouettes discrètes, la foule s'était désormais massée à moins d'une centaine de mètres de là, rameutée en groupuscules certes inquiets mais néanmoins fascinés par l'existence de tels monstres de puissance. Beaucoup avaient vécu ou subi les retombées des guerres et si un tel combat pouvait sembler grandiose aux yeux du naïf, la plupart des vétérans jaugeaient la scène avec une anxiété profonde. On aimait pas se rappeler, en République comme ailleurs, à quel point l'équilibre sociétal demeurait fragile.
"Garde tes simagrées pour les chiens que tu gouvernes, Prévot. Tes mots n'ont aucune incidence sur..."
Le brasier infernal vint jaillir de la gorge de Kieran dans un extraordinaire torrent de lumière crépusculaire et Mortifère, contraint à la fuite, usa des dernières réserves octroyées par son actuelle potion pour filer latéralement et ainsi échapper à la trajectoire de ce soleil miniature qui menaçait de le dévorer. Parachevant sa fuite par une série de roulade en biais, le fléau de Palladium enfonça ses griffes métalliques dans le sol pour ralentir sa progression en vue d'un nouveau départ frontal mais lorsque d'épaisses volutes bleuâtres fusèrent subitement depuis son omoplate de fer, il fut forcé de mettre un genou à terre. Un bras détruit pendant lamentablement sur son flanc, la tiédeur de son sang luminescent contre son menton le rappela au réel et tout en réprimant une quinte de toux, il releva les yeux vers le Limier tout en pestant :
"Je n'ai pas encore tout perdu, tu sais ? Ne crois pas que je te laisserai reprendre le peu qu'il me reste."
Abraham se redressa d'un bond, faisant fi des gerbes sanguinolentes émanant de ses plaies au moindre mouvement abrupt. Cela fait, il cogna ses poings mécaniques l'un contre l'autre dans un bourdonnement de magie foudroyante puis fila à toute allure en direction du Drakyn. Ses yeux empourprés déchiffraient tout, s'attardant avec aisance et vivacité sur le moindre signe évocateur d'une nouvelle manœuvre de son adversaire. Se fiant justement à ces miraculeuses pupilles pour se prémunir d'un danger trop grand, le renégat s'attarda sur une subite contraction du larynx de Kieran et sans s'interrompre dans sa course, il envoya une impulsion télékinétique droit vers son propre dos pour actionner un second injecteur.
Saturé en magie au point d'en vaciller, Mortifère freina brusquement alors que la gueule fumante de Kieran s'illuminait tout juste. Dressant son seul bras valide en direction du Limier, il ouvrit sa paume électrisée et déploya dans un flash étincelant une multitude d'éclairs ravageurs qui rencontrèrent aussitôt une boule de feu titanesque. L'impact de ce duel élémentaire ne se fit pas attendre et une explosion suffisante pour vriller les tympans des humbles mortels présents ravagea plusieurs fenêtres aux alentours. Les duellistes furent respectivement projetés en arrière par le souffle de leurs propres sortilèges et Mortifère sentit que le faiblard câblage de sa prothèse abîmée venait de céder pour de bon, le laissant alors dépourvu de l'une de ses armes principales.
La façade bleutée d'un immeuble s'écroula juste à côté d'eux, des cris de panique semblant dénués d'origine commencèrent à se faire entendre et les flammes entreprirent de gagner le bois et les tissus qu'elles pouvaient engloutir. Expirant difficilement, le soldat détraqué sentit les premiers troubles de la vision se profiler lorsqu'il peina à effectuer la mise au point sur Kieran. Le sang aux tempes, le cœur battant, il se savait désormais à deux doigts de la fin. Trop fier pour rendre les armes et choisir la paix, trop arrogant pour admettre qu'il atteignait la limite de ses ressources finies, le cerbère déchu adopta tout de même une posture combattive.
"J'ai commencé ce combat et sache que ce ne sera pas mon dernier. Tu ne mettras pas fin à cette histoire, Kieran. Pas aujourd'hui..."
Ses jointures usées se resserrèrent en un son de torsion anormale. Ses veines brillantes s'illuminèrent de plus belle alors que ses dernières réserves étaient mises à profit. Depuis les ouvertures nombreuses de sa carcasse, des sifflements stridents retentirent alors que du gaz chargé de magie sauvage en émanait et d'un seul coup, Abraham leva son poing puis frappa le sol avec une force qui paraissait empruntée aux Dieux eux-mêmes.
Un bruissement si grave qu'il en fit vibrer les os des témoins souffla toute tentative d'être entendu quand la terre se mit littéralement à trembler. Des immeubles déjà fragilisés perdirent leur droiture et certains tombèrent même les uns contre les autres. Les ravages se multiplièrent, les suppliques devinrent la seule mélodie capable d'interférer avec la cacophonie née du séisme. Le chaos, le vrai. A mille lieux de l'Ordre que Mortifère avait juré de représenter.
Le nez collé contre l'un des carreaux de son appartement, une petite fille trop curieuse pour son propre bien s'amusait sans comprendre de ce formidable spectacle se tenant en pleine rue. Arcs électriques et impulsions flamboyantes s'entremêlaient dans un violent ballet arcanique, ce sous les yeux ébahis de la pauvrette tout juste assez grande pour atteindre le rebord de sa fenêtre. Alertée par le tumulte, sa jeune mère bondit hors d'une pièce adjacente, agrippa l'enfant d'un rapide revers et fila jusqu'à son salon. A peine deux secondes plus tard, une détonation démentielle résonna et un énorme morceau de lampadaire traversa le logis, frappant pile là où s'était trouvé la petite luciole quelques instants auparavant.
Malgré le danger, les spectateurs curieux se faisaient de plus en plus nombreux à mesure que l'affrontement fratricide s'ensauvageait. D'une paire de silhouettes discrètes, la foule s'était désormais massée à moins d'une centaine de mètres de là, rameutée en groupuscules certes inquiets mais néanmoins fascinés par l'existence de tels monstres de puissance. Beaucoup avaient vécu ou subi les retombées des guerres et si un tel combat pouvait sembler grandiose aux yeux du naïf, la plupart des vétérans jaugeaient la scène avec une anxiété profonde. On aimait pas se rappeler, en République comme ailleurs, à quel point l'équilibre sociétal demeurait fragile.
"Garde tes simagrées pour les chiens que tu gouvernes, Prévot. Tes mots n'ont aucune incidence sur..."
Le brasier infernal vint jaillir de la gorge de Kieran dans un extraordinaire torrent de lumière crépusculaire et Mortifère, contraint à la fuite, usa des dernières réserves octroyées par son actuelle potion pour filer latéralement et ainsi échapper à la trajectoire de ce soleil miniature qui menaçait de le dévorer. Parachevant sa fuite par une série de roulade en biais, le fléau de Palladium enfonça ses griffes métalliques dans le sol pour ralentir sa progression en vue d'un nouveau départ frontal mais lorsque d'épaisses volutes bleuâtres fusèrent subitement depuis son omoplate de fer, il fut forcé de mettre un genou à terre. Un bras détruit pendant lamentablement sur son flanc, la tiédeur de son sang luminescent contre son menton le rappela au réel et tout en réprimant une quinte de toux, il releva les yeux vers le Limier tout en pestant :
"Je n'ai pas encore tout perdu, tu sais ? Ne crois pas que je te laisserai reprendre le peu qu'il me reste."
Abraham se redressa d'un bond, faisant fi des gerbes sanguinolentes émanant de ses plaies au moindre mouvement abrupt. Cela fait, il cogna ses poings mécaniques l'un contre l'autre dans un bourdonnement de magie foudroyante puis fila à toute allure en direction du Drakyn. Ses yeux empourprés déchiffraient tout, s'attardant avec aisance et vivacité sur le moindre signe évocateur d'une nouvelle manœuvre de son adversaire. Se fiant justement à ces miraculeuses pupilles pour se prémunir d'un danger trop grand, le renégat s'attarda sur une subite contraction du larynx de Kieran et sans s'interrompre dans sa course, il envoya une impulsion télékinétique droit vers son propre dos pour actionner un second injecteur.
Saturé en magie au point d'en vaciller, Mortifère freina brusquement alors que la gueule fumante de Kieran s'illuminait tout juste. Dressant son seul bras valide en direction du Limier, il ouvrit sa paume électrisée et déploya dans un flash étincelant une multitude d'éclairs ravageurs qui rencontrèrent aussitôt une boule de feu titanesque. L'impact de ce duel élémentaire ne se fit pas attendre et une explosion suffisante pour vriller les tympans des humbles mortels présents ravagea plusieurs fenêtres aux alentours. Les duellistes furent respectivement projetés en arrière par le souffle de leurs propres sortilèges et Mortifère sentit que le faiblard câblage de sa prothèse abîmée venait de céder pour de bon, le laissant alors dépourvu de l'une de ses armes principales.
La façade bleutée d'un immeuble s'écroula juste à côté d'eux, des cris de panique semblant dénués d'origine commencèrent à se faire entendre et les flammes entreprirent de gagner le bois et les tissus qu'elles pouvaient engloutir. Expirant difficilement, le soldat détraqué sentit les premiers troubles de la vision se profiler lorsqu'il peina à effectuer la mise au point sur Kieran. Le sang aux tempes, le cœur battant, il se savait désormais à deux doigts de la fin. Trop fier pour rendre les armes et choisir la paix, trop arrogant pour admettre qu'il atteignait la limite de ses ressources finies, le cerbère déchu adopta tout de même une posture combattive.
"J'ai commencé ce combat et sache que ce ne sera pas mon dernier. Tu ne mettras pas fin à cette histoire, Kieran. Pas aujourd'hui..."
Ses jointures usées se resserrèrent en un son de torsion anormale. Ses veines brillantes s'illuminèrent de plus belle alors que ses dernières réserves étaient mises à profit. Depuis les ouvertures nombreuses de sa carcasse, des sifflements stridents retentirent alors que du gaz chargé de magie sauvage en émanait et d'un seul coup, Abraham leva son poing puis frappa le sol avec une force qui paraissait empruntée aux Dieux eux-mêmes.
Un bruissement si grave qu'il en fit vibrer les os des témoins souffla toute tentative d'être entendu quand la terre se mit littéralement à trembler. Des immeubles déjà fragilisés perdirent leur droiture et certains tombèrent même les uns contre les autres. Les ravages se multiplièrent, les suppliques devinrent la seule mélodie capable d'interférer avec la cacophonie née du séisme. Le chaos, le vrai. A mille lieux de l'Ordre que Mortifère avait juré de représenter.
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