4 participants
Noble de La République
Dorylis de Rockraven
Messages : 159
crédits : 782
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Info personnage
Race: Elémentaire (sable)
Vocation: Mage soutien
Alignement: Loyal Neutre
Rang: B
Larmes de Sang
La Perfectionniste, Xera, Kieran et Allira
Assise dans son vaste bureau de Porte-Parole, Dorylis de Rockraven lit tous les rapports extérieurs du matin. Ce jour-là un détail l'interpelle cependant, le rapport matinal semble contenir des informations proches de celles d'il y a deux jours. Elle hèle un de ses secrétaires pour qu'on lui ressorte les missives donnant des missives sur les mouvements dans la Jungle, de souvenir le premier message venait de pêcheurs du Lac Rebirth.
Elle met de côté la missive du jour en attendant la suite elle poursuit ses lectures.
Au bout d'un moment qui lui semble bien trop long mais dont elle ne dira rien, on lui rapporte ce qu'elle cherchait.
Les notes sont brèves mais intéressantes.
Matin du 15 octobre de l'An 5, poste de garde n°3 de Justice sur les bords du Lac Rebirth. Des pêcheurs du "Sandre tendre" parlent de phénomènes étranges nocturnes. A la tombée de la nuit ils ont vu des lumières rouges dans le ciel provenant de la Jungle de Sang. Ils ont continué leur travail sans aller voir de quoi il s'agissait. A confirmer. | Matin du 17 octobre de l'An 5,poste de garde n°3 de Justice sur les bords du Lac Rebirth. L'équipage de la "Belle Sirène" a accosté sur les terres Reikoises. Attirés par le spectacle nocturne étrange ils ont voulu voir ce qu'il se passait. Ils auraient vu des fleurs rouge sang. Un des membres d'équipage a eu une réaction anormale, ils l'ont assommé et sont rentrés sans demander leur reste. |
Les deux documents en main, elle observe sa secrétaire et ajoute d'un ton péremptoire.
- Elinor! Envoie des messages à tous les postes de garde qui jouxtent les bords du lac Rebirth, je veux savoir tout ce qu'ils ont noté depuis le début du mois. Maintenant !
Elle n'attend pas la moindre réponse, cette histoire la chagrine. Elle attendra les réponses pour agir mais déjà elle sent l'échéance pointer le bout de son nez. Son adrénaline est en manque d'expression et sa colère de n'avoir pas été présente à Courage est immense et cherche un moyen de s'apaiser.
Hélas ce qu'elle craignait ou pressentait arriva, les rapports se succédaient et se ressemblaient, quelque chose n'allait pas dans la Jungle de Sang et il fallait s'y rendre pour comprendre afin que le phénomène ne se déplace pas sur le territoire républicain. Le Lac leur appartenait après tout autant enquêter depuis ses abords. Mais pour se faire elle avait besoin de personnes de confiance.
Deux jours c'est ce qu'il aura fallu à la porte parole pour mettre son réseau en branle et faire des choix pertinents pour monter rapidement une expédition pour surveiller et étudier cet étrange phénomène et s'assurer que rien ne viendra s'étendre chez eux. La Peste Obscure, la corruption, tout avait une fâcheuse tendance à se déplacer et à ne pas se cantonner à son lieu d'apparition, il fallait donc savoir. Elle ne pouvait envoyer n'importe qui car elle ne supportait pas le travail à peu près fait. Non il fallait se montrer rusée et surtout ne pas signaler qu'il s'agissait de quelque chose d'officiel. Dur dilemme en réalité.
Elle fit donc le choix de se rendre à Magic pour y trouver une connaissance d'une redoutable efficacité et qui pourrait prendre la tête de cette petite expédition sous couvert d'études et recherches de phénomènes spéciaux. Curiosité scientifique, magique, qui de mieux que la Perfectionniste. Dorylis se rendit donc auprès d'elle et lui présenta son plan qui fut approuvé. Cependant la porte parole avait un terrible défaut, elle était une maniaque incapable de réellement déléguer les tâches d'importance aussi ne pouvait elle se résoudre à ne rien faire par elle-même. Courage ... Cela resterait en travers de sa gorge longtemps le fait de ne pas y avoir été.
Elle serait officiellement aux côtés de la Perfectionniste en tant qu'Allira, étudiante, présente pour noter tout ce qui se verrait, étudiante à Magic mais souhaitant travailler à l'Hebdo Républicain. La couverture idoine non? Il fallait une personne capable de défendre la Pléïade contre à peu près tout type de menaces et il lui paru évident que deux hommes auraient pu remplir ce rôle. Le premier, le célèbre Capitaine Gunnar Bremer fut écarté car c'eut été trop compliqué d'être à côté et de se dissimuler de son propre informateur, non il restait donc le second tout aussi efficace, le renommé prévôt de Courage, la Vouivre autrement dit Kieran Ryven. Et enfin pour s'assurer que tout ce beau monde arrive sain et sauf à bon port, il fallait un medecin de talent et une jeune femme, du petit village de Nareim s'était illustrée par deux fois déjà tant à Liberty qu'à Courage : Xera. Ils partiraient donc à quatre pour enquêter sur ses roses de sang.
Rendez-vous était donné sur le port de Justice le 25 octobre de l'An 5, ils monteraient à bord de l'Écarlate sous la houlette du capitaine Steinbeck et se rendraient de l'autre côté du Lac Rebirth pour y étudier les phénomènes. Le tout dans une expédition mandatée par Magic en la personne de la Pléiade la Perfectionniste. Allira se réjouissait de pouvoir ressortir même si sur ce genre de mission, il lui fallait être prudente car elle devait renouveler sa métamorphose toutes les heures.
CENDRES
Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
Messages : 321
crédits : 1004
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Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
Plus d'une lune que la ville pansait ses plaies, qu’elle digérait le chaos, avec moi et les autres en silence. Juste le temps qu’il faut pour que les cendres retombent, pour que le bruit de l’acier et des flammes cesse de résonner dans nos oreilles. Et c’est là, entre deux jours de répit, que la missive a glissé jusqu’à moi.
Ce n’était pas un courrier ordinaire. Une enveloppe aux coins marqués, pliée avec une précision que seuls les messagers républicains savent donner. Pas de blason ni de signature visible, juste un cachet ciré sans éclat qui renfermait un message crypté. Pas de formule de politesse, pas de mots de réconfort. Juste des instructions, concises et glaciales : un phénomène inquiétant avait été observé près du lac Rebirth, des lumières rouges s’allumant dans la Jungle de Sang. Les pêcheurs parlaient de fleurs mystérieuses, couleur rouge sang. Une vue qui avait suffi à envoyer l’un des leurs dans une folie temporaire.
Dorylis Rockraven m’avait repéré pour cette affaire. Pas un appel officiel, bien sûr – la République ne voulait pas attirer l’attention avec des rumeurs non fondées. Ce serait une mission sous couvert, rattachée à l’Académie Magic, et dirigée par une certaine “Perfectionniste” de la Pléiade.
La discrétion était un défi en soi, mais le dossier était clair : la Jungle de Sang est une zone de mystères trop proches de la République pour qu’on ignore ces signes. Alors on nous envoyait, nous, pour enquêter sur ce qui aurait pu n’être qu’une légende si cela n’avait pas impliqué des marques réelles sur le terrain.
Je glissai Portecendres dans son fourreau, bien décidé à surveiller de près cette mission. Quand on parle de roses de sang, il y a rarement quelque chose d’innocent au bout des pétales.
***
Je me tenais en bordure du quai, le regard posé sur l’Écarlate, le navire qui nous attendait, ses voiles rouges flottant au gré du vent. Je reviens à la réalité en apercevant « Allira », étudiante de Magic et secrétaire de la Pléiade. Profil que je découvre que maintenant, me demandant si sa présence ne la mettrait pas en danger durant la mission. Les personnes mobilisées n'ont pas l'air d'être convoquées dans le hasard total, quand je reconnais une silhouette plus loin, en montant sur le navire.
Xera.
Soigneuse à Liberty, amante d'une nuit, re-soigneuse à Courage, et ce à deux reprises, quand elle n'est pas une rouquine en colère qui remue les éléments de la nature contre ses ennemis, si elle n'est pas référée à un des corps de l'armée de la République, sa présence peut largement rassurer tout un peloton. J'ai troqué mon armure pour l'uniforme du Razkaal, gardant mon masque pour être la Vouivre dans cette expédition. Quand je marche dans sa direction, elle peut voir mes yeux se plier par mon sourire, seul indice qu'elle peut reconnaître et qui tort cette image obscure qu'incarne ma fonction.
Avoir la gueule d'une mauvaise nouvelle n'est pas tout le temps un avantage.
Et, viens ensuite cette Perfectionniste.
J'ai entendu ce nom à Courage, et je l'ai également entendu lorsque Ayna a inscrit Elnael à l'Académie. La Perfectionniste… On dit qu’elle dirige tout ce qu’elle touche comme une horloge bien huilée, sans jamais laisser une pièce dérailler, une vraie machine de guerre sociale. Depuis plus de quatre siècles, elle gère son domaine, ses affaires, et son poste à Magic avec une précision qu’on raconte légendaire. Elle n’est pas seulement une directrice, c’est une figure incontournable, respectée autant que redoutée, même par ceux qui ne l’ont jamais vue. Elle est exactement comme on la dépeint : une silhouette marquante, On voit qu’elle maîtrise le moindre aspect de son image, jusqu’à l’effet exact que les gens ressentent en posant les yeux sur elle. La rumeur court même qu’elle supervise elle-même le choix des fleurs et des parures, et vu son regard acéré, j’ai aucun mal à le croire.
Une grande femme, dépassant même quelques marins sur le pont, c'est dire. Le dos droit, quatre siècles de savoir qui se dégagent de ses yeux clairs.
J'arrive au niveau des deux membres de l'Académie, tirant une révérence silencieuse, avant d'observer l'horizon.
La troisième fois que je retourne au Lac Rebirth, et il s'est toujours passé quelque chose de foudroyant à mon égard, soit un rappel du passé, soit qui vient révéler des aspects de moi-même. La mission n'est pas anodine, et il ne faut en aucun cas négliger ce qui nous attend. Je finis par rompre le silence.
« Nous partons dès que vous le décidez. » Que je lâche, caverneux.
Avisant le Capitaine qui est déjà à la barre, je m'assois sur un tonneau qui veut bien supporter mon poids, prenant soin de ne pas écraser ma cape. Je m’appuie, le dos contre le bastingage, laissant le bruit du lac envahir mes pensées. Le navire fend les eaux, et le silence devient presque religieux, seulement brisé par les remous. L’Écarlate glisse comme une ombre vers la rive opposée. J’observe les eaux, la brume s’épaississant encore, comme si le lac voulait nous retenir. Je sens une tension, une ombre qui plane, et le parfum de l’inconnu se mêle à l’air humide.
Nous approchons du rivage, et chaque minute nous rapproche d’une réalité qui promet d’être bien différente de nos attentes.
On va essayer de nous faire mal, je le sais, je le sens.
Qu'ils essaient pour voir.
Ce n’était pas un courrier ordinaire. Une enveloppe aux coins marqués, pliée avec une précision que seuls les messagers républicains savent donner. Pas de blason ni de signature visible, juste un cachet ciré sans éclat qui renfermait un message crypté. Pas de formule de politesse, pas de mots de réconfort. Juste des instructions, concises et glaciales : un phénomène inquiétant avait été observé près du lac Rebirth, des lumières rouges s’allumant dans la Jungle de Sang. Les pêcheurs parlaient de fleurs mystérieuses, couleur rouge sang. Une vue qui avait suffi à envoyer l’un des leurs dans une folie temporaire.
Dorylis Rockraven m’avait repéré pour cette affaire. Pas un appel officiel, bien sûr – la République ne voulait pas attirer l’attention avec des rumeurs non fondées. Ce serait une mission sous couvert, rattachée à l’Académie Magic, et dirigée par une certaine “Perfectionniste” de la Pléiade.
La discrétion était un défi en soi, mais le dossier était clair : la Jungle de Sang est une zone de mystères trop proches de la République pour qu’on ignore ces signes. Alors on nous envoyait, nous, pour enquêter sur ce qui aurait pu n’être qu’une légende si cela n’avait pas impliqué des marques réelles sur le terrain.
Je glissai Portecendres dans son fourreau, bien décidé à surveiller de près cette mission. Quand on parle de roses de sang, il y a rarement quelque chose d’innocent au bout des pétales.
***
Je me tenais en bordure du quai, le regard posé sur l’Écarlate, le navire qui nous attendait, ses voiles rouges flottant au gré du vent. Je reviens à la réalité en apercevant « Allira », étudiante de Magic et secrétaire de la Pléiade. Profil que je découvre que maintenant, me demandant si sa présence ne la mettrait pas en danger durant la mission. Les personnes mobilisées n'ont pas l'air d'être convoquées dans le hasard total, quand je reconnais une silhouette plus loin, en montant sur le navire.
Xera.
Soigneuse à Liberty, amante d'une nuit, re-soigneuse à Courage, et ce à deux reprises, quand elle n'est pas une rouquine en colère qui remue les éléments de la nature contre ses ennemis, si elle n'est pas référée à un des corps de l'armée de la République, sa présence peut largement rassurer tout un peloton. J'ai troqué mon armure pour l'uniforme du Razkaal, gardant mon masque pour être la Vouivre dans cette expédition. Quand je marche dans sa direction, elle peut voir mes yeux se plier par mon sourire, seul indice qu'elle peut reconnaître et qui tort cette image obscure qu'incarne ma fonction.
Avoir la gueule d'une mauvaise nouvelle n'est pas tout le temps un avantage.
Et, viens ensuite cette Perfectionniste.
J'ai entendu ce nom à Courage, et je l'ai également entendu lorsque Ayna a inscrit Elnael à l'Académie. La Perfectionniste… On dit qu’elle dirige tout ce qu’elle touche comme une horloge bien huilée, sans jamais laisser une pièce dérailler, une vraie machine de guerre sociale. Depuis plus de quatre siècles, elle gère son domaine, ses affaires, et son poste à Magic avec une précision qu’on raconte légendaire. Elle n’est pas seulement une directrice, c’est une figure incontournable, respectée autant que redoutée, même par ceux qui ne l’ont jamais vue. Elle est exactement comme on la dépeint : une silhouette marquante, On voit qu’elle maîtrise le moindre aspect de son image, jusqu’à l’effet exact que les gens ressentent en posant les yeux sur elle. La rumeur court même qu’elle supervise elle-même le choix des fleurs et des parures, et vu son regard acéré, j’ai aucun mal à le croire.
Une grande femme, dépassant même quelques marins sur le pont, c'est dire. Le dos droit, quatre siècles de savoir qui se dégagent de ses yeux clairs.
J'arrive au niveau des deux membres de l'Académie, tirant une révérence silencieuse, avant d'observer l'horizon.
La troisième fois que je retourne au Lac Rebirth, et il s'est toujours passé quelque chose de foudroyant à mon égard, soit un rappel du passé, soit qui vient révéler des aspects de moi-même. La mission n'est pas anodine, et il ne faut en aucun cas négliger ce qui nous attend. Je finis par rompre le silence.
« Nous partons dès que vous le décidez. » Que je lâche, caverneux.
Avisant le Capitaine qui est déjà à la barre, je m'assois sur un tonneau qui veut bien supporter mon poids, prenant soin de ne pas écraser ma cape. Je m’appuie, le dos contre le bastingage, laissant le bruit du lac envahir mes pensées. Le navire fend les eaux, et le silence devient presque religieux, seulement brisé par les remous. L’Écarlate glisse comme une ombre vers la rive opposée. J’observe les eaux, la brume s’épaississant encore, comme si le lac voulait nous retenir. Je sens une tension, une ombre qui plane, et le parfum de l’inconnu se mêle à l’air humide.
Nous approchons du rivage, et chaque minute nous rapproche d’une réalité qui promet d’être bien différente de nos attentes.
On va essayer de nous faire mal, je le sais, je le sens.
Qu'ils essaient pour voir.
Citoyen de La République
Xera
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crédits : 833
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Info personnage
Race: Fae (Mi-humaine)
Vocation: Mage soutien
Alignement: Loyal Neutre
Rang: C
Xera avait craint que le mal obscur, qui avait donné naissance à la créature que l’on avait finie par appelé le Rassasié, ne se répande pas dans Courage. Et au-delà. Mais les jours et les semaines passèrent sans apparition de nouveau cas avéré. Les réfugiés contaminés toujours en vie avaient été pris en charge par un groupe d'experts composé de membres de Magic et d’autres spécialistes. Les contaminés voyaient leur corps servir d'hôte à un ou des parasites qui absorbent la magie à proximité pour se développer et envahir un peu plus le corps de leurs victimes. Si le symbiote finissait par absorber tout le corps de son hôte, les deux semblaient fusionner pour donner une créature comme le fameux Rassasié de Courage. Soit une créature extrêmement dangereuse de par sa capacité à absorber toute magie à sa portée ou lancer contre elle, puis à en reproduire les effets à une échelle de pouvoir supérieur. C’est du moins ce qu'avait compris l’herboriste de Nareim avec ce qu’elle avait vu elle-même et ce qu’elle avait entendu.
Au bout de 3 semaines la demi-fae prit la décision de quitter Courage avec pour objectif de regagner son cher village de Nareim après un passage à Magic visiter son père toujours maintenu en stase en attente d’un hypothétique remède. Ce qu’elle avait vécu à Courage lui avait douloureusement rappelé l’état de son père et son incapacité jusqu’ici à le libérer de ce qui le rongeait de l’intérieur. Depuis le jour fatidique où son père avait rejoint le seuil de leur demeure malgré ses blessures et sa fièvre après une expédition au cœur de la grande forêt, Xera avait considérablement progressé dans le domaine des magies curatives, que ce soit en puissance ou en connaissance des plantes. Pourtant, elle était toujours impuissante face au cas de son père, elle n’avait jamais réussi à retrouver le groupe d’individus qui avait engagé son père pour leur servir de guide. Elle devait aussi payer les frais de séjours générés par la prise en charge de son père par Magic et cela représentait une coquette somme. Pour alléger la note Xera avait déjà rendu des services à l'université, comme la foi ou elle avait participé à un groupe de recherche pour tenter de retrouver La Dame. Malgré son séjour plus long que prévu dans la cité portuaire de Courage, elle avait fait de généreux bénéfices en écoulant son stock d’herbe médicinale. Les bourgeois et autres nantis s'étaient rué sur les remèdes qu’ils n'hésitent pas à acheter au double voire triple du prix, pris par la peur de tomber malade.
Quand elle arriva enfin à Liberty pour rejoindre Magic, elle découvrit une capitale qui avait effacé toute trace des terribles événements causés par l’assemblée et ses alliés. Une fois montée à l'université, la rousse avait commencé par aller régler les frais pour son père avant d’aller rejoindre le bâtiment où il était maintenu en stase afin de bloquer la propagation de ce qui courait dans ses veines. Alors qu’elle se renseigne pour savoir si les chercheurs avaient fait des progrès, ou s’ils avaient des pistes à lui donner, elle commençait à se faire un nom même parmi les élites de Magic et il était connu qu’elle n'hésitait pas à braver le danger pour aller chercher des réponses. Alors qu’elle se renseigne donc, on lui fait savoir que la Pléiades que l’on nomme La Perfectionniste désirait lui parler. Xera sourit quand l’étudiant lui transmet le message. Elle avait fait connaissance avec l’ange dans l'entrepôt ayant servi d'hôpital de campagne pour les réfugiés et les blessés du port de Courage. L’étudiant la conduisit jusqu’au bureau de la Pléiade ou cette dernière lui fit part des rumeurs autour du Lac Rebirth à propos d’étranges lueurs rouge dans le ciel nocturne de la jungle côté Riek et de la présence d’une plante rouge inconnu jusque-là, provoquant d’étranges comportements chez certaines personne qui l’aurait approché. La perfectionniste lui annonce aussi qu’elle monte une expédition pour aller étudier le phénomène et qu’elle désirait que la demi-fae la rejoigne. L’herboriste de Nareim ne fut pas difficile à convaincre, une plante aux vertus magiques inconnues, le tout dans un milieu regorgeant d’essences végétales qu’elle ne connaissait pas.
Xera profita du peu de temps qu’il lui restait si elle voulait arriver dans les temps au port de Justice le 25 octobre de l’an 5, pour rejoindre son village avertir sa famille et donner ses consignes pour le commerce et laisser le reste des bénéfices des ventes de Courage dans les caisses de l’herboristerie. Sa famille et l'ensemble de la communauté de Nareim furent soulagés d’apprendre qu’elle allait bien. Les quelques jours où elle resta présente, elle fit le tour des malades, visita le cercle de pierre pour déposer une offrande à l’Esprit Sylvestre et méditer dans ce lieu si important pour la Foi de sa communauté. En son for intérieur, Xera cherchait une certaine forme d’approbation pour cette expédition, elle savait que L’esprit Sylvestre ne lui répondrait pas directement, lui ne lui répondait pas tout court, non, c’était plus le chemin intérieur qui était important. La forêt aussi dangereuse qu’elle pouvait l’être, lui apportait toujours la paix intérieure dont elle avait besoin.
La seule ombre au tableau, c’est qu’elle allait devoir traverser le lac sur un bateau, et depuis quelques années maintenant la demi-fae savait qu’elle n’avait pas le pied marin, fort heureusement elle n’avait aucun problème pour se fournir en huile essentielle de menthe poivrée. Car aussi étrange que cela pouvait paraître, sa magie curative pouvait soulager les autres du mal de mer, ou de lac en l'occurrence, mais cette même magie était inefficace sur elle-même dans ce cas précis. L’huile essentielle de menthe poivrée était la seule chose qui pouvait la soulager quand elle posait les pieds sur une embarcation. Le jour du départ, elle était là, observant l’eau calme au niveau du port de Justice, avant de se décider à monter en apercevant la silhouette rassurante de son ami Drakyn et prévôt des limiers de Courage. Elle salua l’ange et se présenta auprès de la jeune femme qui lui fut présentée en tant qu’assistante de la pléiade.
- enchanté Allira, moi, c’est Xera herboriste de Nareim et accessoirement votre soigneuse et guérisseuse pour cette expédition. Le temps de la traversée, je propose d’échanger sur nos capacités magiques respectives. Personnellement, j’ai une maîtrise modérée de l’élément eau, de celui de la nature et je suis experte dans la maîtrise de la terre. Le sang de Fae qui coule dans mes veines me permet de voler quand je “déploie” mes ailes, je sais communiquer avec les animaux, j’utilise la magie télépathique, je peux contrôler les émotions. Et pour finir, je suis experte en soin élémentaire et en guérison des maladies, poisons et malédiction.
Au bout de 3 semaines la demi-fae prit la décision de quitter Courage avec pour objectif de regagner son cher village de Nareim après un passage à Magic visiter son père toujours maintenu en stase en attente d’un hypothétique remède. Ce qu’elle avait vécu à Courage lui avait douloureusement rappelé l’état de son père et son incapacité jusqu’ici à le libérer de ce qui le rongeait de l’intérieur. Depuis le jour fatidique où son père avait rejoint le seuil de leur demeure malgré ses blessures et sa fièvre après une expédition au cœur de la grande forêt, Xera avait considérablement progressé dans le domaine des magies curatives, que ce soit en puissance ou en connaissance des plantes. Pourtant, elle était toujours impuissante face au cas de son père, elle n’avait jamais réussi à retrouver le groupe d’individus qui avait engagé son père pour leur servir de guide. Elle devait aussi payer les frais de séjours générés par la prise en charge de son père par Magic et cela représentait une coquette somme. Pour alléger la note Xera avait déjà rendu des services à l'université, comme la foi ou elle avait participé à un groupe de recherche pour tenter de retrouver La Dame. Malgré son séjour plus long que prévu dans la cité portuaire de Courage, elle avait fait de généreux bénéfices en écoulant son stock d’herbe médicinale. Les bourgeois et autres nantis s'étaient rué sur les remèdes qu’ils n'hésitent pas à acheter au double voire triple du prix, pris par la peur de tomber malade.
Quand elle arriva enfin à Liberty pour rejoindre Magic, elle découvrit une capitale qui avait effacé toute trace des terribles événements causés par l’assemblée et ses alliés. Une fois montée à l'université, la rousse avait commencé par aller régler les frais pour son père avant d’aller rejoindre le bâtiment où il était maintenu en stase afin de bloquer la propagation de ce qui courait dans ses veines. Alors qu’elle se renseigne pour savoir si les chercheurs avaient fait des progrès, ou s’ils avaient des pistes à lui donner, elle commençait à se faire un nom même parmi les élites de Magic et il était connu qu’elle n'hésitait pas à braver le danger pour aller chercher des réponses. Alors qu’elle se renseigne donc, on lui fait savoir que la Pléiades que l’on nomme La Perfectionniste désirait lui parler. Xera sourit quand l’étudiant lui transmet le message. Elle avait fait connaissance avec l’ange dans l'entrepôt ayant servi d'hôpital de campagne pour les réfugiés et les blessés du port de Courage. L’étudiant la conduisit jusqu’au bureau de la Pléiade ou cette dernière lui fit part des rumeurs autour du Lac Rebirth à propos d’étranges lueurs rouge dans le ciel nocturne de la jungle côté Riek et de la présence d’une plante rouge inconnu jusque-là, provoquant d’étranges comportements chez certaines personne qui l’aurait approché. La perfectionniste lui annonce aussi qu’elle monte une expédition pour aller étudier le phénomène et qu’elle désirait que la demi-fae la rejoigne. L’herboriste de Nareim ne fut pas difficile à convaincre, une plante aux vertus magiques inconnues, le tout dans un milieu regorgeant d’essences végétales qu’elle ne connaissait pas.
Xera profita du peu de temps qu’il lui restait si elle voulait arriver dans les temps au port de Justice le 25 octobre de l’an 5, pour rejoindre son village avertir sa famille et donner ses consignes pour le commerce et laisser le reste des bénéfices des ventes de Courage dans les caisses de l’herboristerie. Sa famille et l'ensemble de la communauté de Nareim furent soulagés d’apprendre qu’elle allait bien. Les quelques jours où elle resta présente, elle fit le tour des malades, visita le cercle de pierre pour déposer une offrande à l’Esprit Sylvestre et méditer dans ce lieu si important pour la Foi de sa communauté. En son for intérieur, Xera cherchait une certaine forme d’approbation pour cette expédition, elle savait que L’esprit Sylvestre ne lui répondrait pas directement, lui ne lui répondait pas tout court, non, c’était plus le chemin intérieur qui était important. La forêt aussi dangereuse qu’elle pouvait l’être, lui apportait toujours la paix intérieure dont elle avait besoin.
La seule ombre au tableau, c’est qu’elle allait devoir traverser le lac sur un bateau, et depuis quelques années maintenant la demi-fae savait qu’elle n’avait pas le pied marin, fort heureusement elle n’avait aucun problème pour se fournir en huile essentielle de menthe poivrée. Car aussi étrange que cela pouvait paraître, sa magie curative pouvait soulager les autres du mal de mer, ou de lac en l'occurrence, mais cette même magie était inefficace sur elle-même dans ce cas précis. L’huile essentielle de menthe poivrée était la seule chose qui pouvait la soulager quand elle posait les pieds sur une embarcation. Le jour du départ, elle était là, observant l’eau calme au niveau du port de Justice, avant de se décider à monter en apercevant la silhouette rassurante de son ami Drakyn et prévôt des limiers de Courage. Elle salua l’ange et se présenta auprès de la jeune femme qui lui fut présentée en tant qu’assistante de la pléiade.
- enchanté Allira, moi, c’est Xera herboriste de Nareim et accessoirement votre soigneuse et guérisseuse pour cette expédition. Le temps de la traversée, je propose d’échanger sur nos capacités magiques respectives. Personnellement, j’ai une maîtrise modérée de l’élément eau, de celui de la nature et je suis experte dans la maîtrise de la terre. Le sang de Fae qui coule dans mes veines me permet de voler quand je “déploie” mes ailes, je sais communiquer avec les animaux, j’utilise la magie télépathique, je peux contrôler les émotions. Et pour finir, je suis experte en soin élémentaire et en guérison des maladies, poisons et malédiction.
Noble de La République
La Perfectionniste
Messages : 54
crédits : 465
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22 Octobre de l’an 5, 22:56
La Perfectionniste se trouvait – enfin ! – confortablement installée dans le large fauteuil de cuir qui jouxtait la double-fenêtre de sa bibliothèque privée, profitant du calme de sa demeure après deux mois éreintants à courir dans toute la République. Quand bien même elle était un ange endurant capable de parcourir en un rien de temps de grandes distances pendant que le commun des mortels se déplaçait à la vitesse catastrophique des escargots, elle avait quelque peu l’impression de se transformer en pigeon voyageur avec cette histoire de rénovation des Bougeoirs. Elle était heureuse de participer aux projets de construction, évidemment, puisque cela lui apportait déjà une satisfaction morale conséquente et la publicité qu’elle espérait, mais supporter Lucia Aldobrandini et ses manières de maquerelle qui se prenait encore pour une jeune vierge commençait à lui faire perdre patience. Sans parler de l’idiotie et de l’ignorance de tous ces politiciens qui lui tournaient autour – définitivement, Courage portait bien son nom ; Courage la forçait à se rappeler de la définition même de cette vertu ; Courage lui donnait envie de foutre le camp après avoir remis à sa place cette vieille fille aguicheuse. Saleté de Matriarche.
Heureusement que ses responsabilités de Pléiade lui avaient donné une bonne excuse pour rentrer à l’Université après avoir réglé le problème – Ô combien épineux – de l’eau polluée des nouveaux puits creusés au nord du quartier des réfugiés, même si elle sentait bien qu’elle devrait vite revenir pour vérifier que les mages formés à la va-vite ne faisaient pas n’importe quoi avec la nappe phréatique tout juste assainie. Elle soupira en revoyant ces gringalets médiocres et mal éduqués ; puis ses pensées se tournèrent malgré elle vers Perrine. Son regard, rivé sur un livre qu’elle ne voyait plus, se fit plus dur lorsqu’elle songea à la corruption que les shoumeïens avaient ramené avec eux de Port Aurya, et aux débuts d’expérimentations que la bibliothécaire et l’Intrigante s’empressèrent de parachever en son absence. Le feu vert de la présidence l’avait d’abord ravie ; or, la disparition de la Dame pesait sur les esprits du Conseil, et la concurrence entre les Pléiades devenait capricieuse, voire explosive. Qu’on débute les essais sans elle l’avait mise dans une colère noire. Sa présence dans les rares sessions chirurgicales n’avait rien arrangé, car elle supportait mal de voir des êtres vivants souffrir ainsi d’un mal titanide, même si Perrine et l’ange s’étaient ainsi rendues compte qu’elles avaient acquis une résistance à la corruption, ce qui arrangeait bien leurs histoires puisqu’elles possédaient maintenant un moyen de la bloquer. Heureusement qu’elle avait Mô pour les espionner quand elle ne pouvait pas être là.
Elle soupira une seconde fois en listant mentalement le travail épuisant qui l’attendait le lendemain. Gérer l’ambition malicieuse de l’Intrigante. Gérer la fascination morbide de Trouillard. Gérer ses élèves trop curieux. Gérer…
– Rhmmm, Rhmm ! Fit son majordome en exagérant son borborygme afin de se faire remarquer.
La Perfectionniste tressaillit sur son siège et leva une tête agacée vers le serviteur tandis qu’elle reposait lourdement sur la table basse le gros recueil qu’elle faisait semblant de lire. Celui-ci soutint son regard et lui tendit une enveloppe scellée par un sceau gris où n’apparaissait aucune armoirie. Une missive urgente au cachet neutre ? Une missive secrète ? Ses yeux las brillèrent soudainement d’excitation. Qui pouvait bien lui envoyer une lettre à une heure aussi tardive, et pourquoi camoufler ainsi son identité ? Le message provenait certainement d’une personnalité importante – mais pour quel motif lui demandait-on son aide ? Serait-ce des bénéfices imprévus liés aux évènements de Courage ? Elle s’empressa de renvoyer son valet puis, ne pouvant rester statique, elle se mit à faire les cent pas dans la pièce pendant qu’elle lisait le billet.
Dorylis de Rockraven, la Porte-Parole du Gouvernement, voulait s’entretenir avec elle d’une affaire… privée. Elle lui proposait une entrevue discrète à l’Université le lendemain matin. La Pléiade s’arrêta de marcher et brûla le papier par précaution. Que voulait-elle donc ?
23 Octobre de l’an 5, 7 :04
Quand la représentante du camp Fraternitas disait « rendez-vous à l’aube en toute discrétion », cela voulait dire qu’elle vous attendait de pied ferme devant la porte de votre bureau déguisée en une étudiante à l’air aussi naïf que gêné dont les yeux, pourtant dissimulés derrière de grosses lunettes, laissait entrevoir une étincelle d’impatience et de détermination qui n’avaient rien à voir avec l’image candide qu’on vous offrait sur un plateau. La Perfectionniste souffla encore sans même essayer de cacher sa consternation. La journée allait être longue.
Lorsque la Rockraven métamorphosée sortit enfin de son bureau, Inâna se rendit compte qu’elle tremblait. Dorylis voulait donc mener une mission de reconnaissance dans la Jungle de Sang après avoir reçu des rapports confidentiels fort inquiétants. La Jungle… Jamais, au grand jamais, elle n’était retournée sur les lieux de sa Chute, depuis sa sortie de stase voilà presque deux mille ans. De tous ses voyages et autres missions accomplies en tant que journaliste, professeure ou Pléiade, elle avait toujours réussi à éviter le lieu, niant jusqu’à sa réalité grâce à son habileté à esquiver le sujet dès qu’une conversation s’orientait vers l’épineux motif. C’était, pour elle, un vide, un espace dystopique plus illusoire encore que la légende merveilleuse du Père Sekaï inventée pour endormir les enfants. Elle regrettait parfois la malédiction de Lêthé. Peut-être qu’elle n’aurait pas sombré dans cette angoisse perpétuelle si elle était restée aussi ingénue qu’avant.
L’inquiétude germait dans ses entrailles comme une mauvaise herbe vorace. Son emploi du temps surchargé n’arrangeait rien, puisqu’elle n’avait pas su se tenir au fait des dernières nouvelles, et elle n’était donc absolument pas préparée pour une telle besogne, d’autant plus qu’elle serait secrètement sous la tutelle de la grande représentante des Rockraven. Celle-ci utilisait en effet l’exceptionnelle popularité de la Pléiade pour l’accompagner sous couverture – où l’ange devenait donc officiellement responsable des bourdes qui pouvaient avoir lieu une fois sur place – et avait déjà constitué un groupe d’exploration tandis que Dorylis se déguiserait en étudiante afin de mener sa propre enquête. Un besoin de contrôle flagrant qui dénonçait un profond manque de confiance à l’égard des unités recrutées dont elle faisait partie… Et peut-être aussi pour la Porte-Parole elle-même. Que c’était horripilant. Et préoccupant. Sans compter que cela pouvait devenir fort embarrassant si sa couverture sautait en plein milieu de la mission.
Elle fut cependant rassurée quand elle apprit qui étaient leurs accompagnateurs : le Prévôt de Courage, Kieran Ryven, un drakyn impressionnant et particulièrement compétent, puisqu’elle découvrit après la manifestation qu’il avait empêché des terroristes de faire sauter la mairie pendant qu’elle négociait avec la Sénatrice de Casteille ; et la demi-fae guérisseuse Xera dont les talents remarquables furent bien utiles pour l’aider à gérer les réfugiés malades des Bougeoirs. Elle ne connaissait pas Dorylis, et n’avait certainement pas le temps de se renseigner sur elle, vu que le départ de Justice aurait lieu le surlendemain – quelle plaie –, mais la ruse compliquée qu’elle venait de lui proposer, et le choix judicieux de leurs compagnons d’infortune lui laissait penser qu’elle avait affaire à quelqu’un d’intelligent et de prudent.
Elle se contenterait donc de cela tout en lui montrant qu’on ne pouvait pas non plus lui imposer un voyage sans lui laisser un minimum d’autorité. Avec un sourire narquois, puisqu’elle ne préviendrait jamais la véritable investigatrice de l’expédition, l’ange s’empressa donc d’écrire les différents billets de mission pour chacun des candidats, reprenant les directives de la représentante gouvernementale à laquelle la Perfectionniste ajouta le nom d’un cinquième élément de manière à « équilibrer » leur groupe en cas de problème. Même s’il s’agissait en réalité d’un pied de nez discret. Elle n’hésita pas un seul instant : ce cinquième partenaire mystérieux serait sa collègue et amie Neera Storm, car elle la savait disponible et hautement qualifiée pour l’épauler dans ce sordide trou à rats purulent qu’était devenue la Jungle de sang. Un soutien moral et magique ne serait pas de trop pour elle.
Elle scella ensuite les papiers magiques de son cachet de Pléiade avec une cire rouge marquant l’urgence de la situation. Après un court enchantement murmuré d’une voix mélodieuse, les missives s’envolèrent par la fenêtre dans un scintillement bleuté, et Inâna savait pertinemment que les messages arriveraient à destination dans la soirée. Enfin, elle écrivit une dernière lettre à l’adresse du Conseil de Magic, où elle expliquait son investigation officielle afin de couvrir Dorylis de Rockraven et de prévenir de sa propre absence.
25 Octobre de l’an 5, 8 :32
La vue du Lac Rebirth lui avait redonné un peu d’enthousiasme. La beauté du paysage était à couper le souffle : dans cette matinée froide et lumineuse d’automne, les arbres donnaient à l’eau limpide une agréable couleur dorée. Cela lui rappelait pourquoi elle aimait tant la République. Les nuages sombres qui bordaient l’horizon présageaient néanmoins une ambiance bien moins agréable une fois sur l’autre rive. Leur destination. La Perfectionniste se rembrunit tandis qu’elle jetait un coup d’œil à son « assistante » Allira, fausse étudiante de son Cursus qu’elle avait décidé d’emmener avec elle « pour prendre des notes et analyser les échantillons récoltés sur place ». Cette supercherie l’irritait royalement ; elle devait pourtant reconnaître son efficacité, tout autant que celle de Xera, puisqu’elles avaient préparé chacune de leur côté le matériel nécessaire à l’examen des spécimens à récolter – sans parler de ses propres équipements plus spécifiquement liés à leur survie : tentes compactes au tissu renforcé par la magie, provisions, outils et armes basiques, différentes éditions de livres spécialisés dans la reconnaissance végétale, tonneaux d’eau potable… Bref, elle s’assurait que la mission ne serait pas un échec ; il en allait de sa réputation et de leurs vies. Sans compter les deux inconnues majeures de la Jungle : que se passait-il réellement dans ses tréfonds sanglants et comment réagirait-elle une fois revenue dans le berceau de sa création ? L’angoisse ne la quittait plus. Elle se rassurait comme elle pouvait avec les biens matériels qu’elle avait soigneusement sélectionné pour leur expédition sans y réussir véritablement.
– Nous partons dès que vous le décidez, lui dit soudainement le Prévôt de sa voix grave. Elle sursauta en l’entendant, surprise par sa présence qu’elle n’avait pas remarquée, perdue comme elle était dans ses pensées lugubres. Elle lui fit un sourire exagérément confiant afin de cacher son trouble.
La Pléiade fit semblant d’examiner une dernière fois le contenu des caisses de sa liste de survie – elle savait qu’en faisant cela, elle retardait leur inévitable départ, mais ne pouvait se résoudre à larguer les amarres. Finalement, à court de ressources et d’excuses efficaces, voyant l’air agacé de Dorylis qui lui demandait du regard ce qu’elle fichait, elle apostropha le Capitaine Steinbeck :
– Tout est prêt Capitaine, nous pouvons partir ! Cria-t-elle à distance d’une voix enjouée.
Elle se plaça ensuite à la poupe de L’Écarlate afin d’observer Justice s’éloigner progressivement. Traverser le lac leur prendrait une bonne journée : ils arriveraient donc en début de soirée aux abords de la Jungle. La nuit tomberait pendant qu’ils établiraient le camp. La perspective d’arriver dans l’obscurité la rendait morose et désagréable, puisqu’elle redécouvrirait les territoires sinistres de son « enfance » dans la lueur inquiétante du crépuscule, entourée de fleurs rouge sang dont l’unique objectif semblait de faire perdre la raison à ceux qui les étudiait. Peut-être pourrait-elle profiter des ténèbres pour se débarrasser discrètement de la Porte-Parole, qu’elle trouvait soudainement beaucoup trop intrépide ? Ou elle pouvait encore, en un tour d’ailes, s’enfuir loin d’ici, et laisser ces pauvres fous s’occuper du problème tous seuls ?
… Mais que racontait-elle ? Depuis quand était-elle aussi lâche ? Était-ce le souvenir refoulé de son passé d’assistante titanide ? Ah ! Et aujourd’hui, c’était elle qui revenait sur ses propres traces, flanquée d’une fausse assistante et d’une bande de créatures dont les ancêtres provenaient probablement des mêmes pouponnières dont elle s’occupait voilà cinq mille ans ! Cinq mille ans…
Son regard glissa sur les vaguelettes scintillantes provoquées par le mouvement du navire. Elle tourna la tête en apercevant du coin de l’œil la chevelure immaculée de son ancienne élève, qui lui souriait avec gentillesse, ses yeux exprimant aussi bien son affection qu’une confiance absolue. Bien sûr. Ces mortels étaient peut-être (en partie) des expériences de Kazgoth, mais ils constituaient aujourd’hui sa patrie – ses amis, ses collègues, ses patrons, qu’importe – et ils lui faisaient confiance. Cela devrait suffire à la rendre fière et déterminée.
Mais ce n’était pas le cas. Elle tremblait de peur, sentant le spectre douloureux d’un vertige la prendre à la moindre pensée négative. Les trahirait-elle par couardise ?
Ses propres terreurs inavouées la rendirent si méticuleuse une fois qu’ils eurent débarqués qu’ils montèrent le camp en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire : placés dans une simili-clairière non-loin de la berge où ils avaient réussi à décharger tout leur matériel, le groupe d’explorateurs finissait de monter les tentes renforcées de la Pléiade pendant que celle-ci s’affairait à allumer un feu au centre du bivouac. L’organisation obsessionnelle avait toujours été sa manière de gérer ses angoisses, et elle s’y réfugiait à présent avec une joie frénétique. Plus encore, leur première journée de voyage n’était pas complètement vaine, car ils avaient même trouvé une grappe de fleurs écarlates à l’odeur enivrante avant même qu’ils ne déposent leurs affaires, ce qui leur donnaient déjà du travail, et ce dans des conditions presque confortables – si l’on faisait abstraction des moustiques et de la moiteur maladive qui régnait sous les arbres alors qu’il faisait un temps froid et sec à l’autre bout du lac. C’était comme s’ils avaient changé de planète. Une magie étrange devait être à l’œuvre…
– Bien tout le monde ! annonça-t-elle lorsqu’ils furent tous réunis autour du feu. Premièrement, je tenais à vous remercier pour avoir accepté de me suivre dans cette entreprise dangereuse.
Elle arrêta son regard sur Dorylis lorsqu’elle prononça ces deux derniers mots.
– N’oublions pas que nous sommes en terre hostile, et nous ne savons rien de la menace qui nous guette. Il nous faut donc être rigoureux dans notre méthodologie scientifique autant que dans notre approche de l’environnement. Je suis très heureuse de pouvoir compter sur le Prévôt de Courage, la guérisseuse de Nareim et ma talentueuse collègue Neera Storm, qui sont des atouts de taille face aux imprévus de la vie sauvage.
La Pléiade leur offrit un hochement de tête respectueux afin de les remercier silencieusement.
– Deuxièmement, nous pouvons dores et déjà lancer des analyses préliminaires sur les échantillons de fleurs que nous avons dénichées ; Allira, auriez-vous l’amabilité d’assister Dame Xera pour cette entreprise ? Et faites quelques croquis de la plante – si ce n’est pas déjà fait. D’ailleurs, continua-t-elle avec une pointe de curiosité dans la voix, Dame Xera, avez-vous une expertise particulière sur la faune et la flore des zones tropicales ? Au premier abord, cette fleur me paraît bien étrange pour réussir à pousser aussi abondamment dans un environnement chaud et humide. Elle ressemble beaucoup aux roses communes, qui ne poussent donc que dans les zones tempérées. La Jungle devrait normalement être un lieu très hostile pour les rosaceae.
Elle se tourna ensuite vers Kieran :
– Cher Prévôt, comment voulez-vous organiser la garde cette nuit ? Mon… expérience de terrain est trop ancienne pour vous être réellement utile, je le crains… D’une petite voix, elle ajouta après une courte pause : la jungle a bien changé depuis ma dernière visite.
Message n°1
La Perfectionniste se trouvait – enfin ! – confortablement installée dans le large fauteuil de cuir qui jouxtait la double-fenêtre de sa bibliothèque privée, profitant du calme de sa demeure après deux mois éreintants à courir dans toute la République. Quand bien même elle était un ange endurant capable de parcourir en un rien de temps de grandes distances pendant que le commun des mortels se déplaçait à la vitesse catastrophique des escargots, elle avait quelque peu l’impression de se transformer en pigeon voyageur avec cette histoire de rénovation des Bougeoirs. Elle était heureuse de participer aux projets de construction, évidemment, puisque cela lui apportait déjà une satisfaction morale conséquente et la publicité qu’elle espérait, mais supporter Lucia Aldobrandini et ses manières de maquerelle qui se prenait encore pour une jeune vierge commençait à lui faire perdre patience. Sans parler de l’idiotie et de l’ignorance de tous ces politiciens qui lui tournaient autour – définitivement, Courage portait bien son nom ; Courage la forçait à se rappeler de la définition même de cette vertu ; Courage lui donnait envie de foutre le camp après avoir remis à sa place cette vieille fille aguicheuse. Saleté de Matriarche.
Heureusement que ses responsabilités de Pléiade lui avaient donné une bonne excuse pour rentrer à l’Université après avoir réglé le problème – Ô combien épineux – de l’eau polluée des nouveaux puits creusés au nord du quartier des réfugiés, même si elle sentait bien qu’elle devrait vite revenir pour vérifier que les mages formés à la va-vite ne faisaient pas n’importe quoi avec la nappe phréatique tout juste assainie. Elle soupira en revoyant ces gringalets médiocres et mal éduqués ; puis ses pensées se tournèrent malgré elle vers Perrine. Son regard, rivé sur un livre qu’elle ne voyait plus, se fit plus dur lorsqu’elle songea à la corruption que les shoumeïens avaient ramené avec eux de Port Aurya, et aux débuts d’expérimentations que la bibliothécaire et l’Intrigante s’empressèrent de parachever en son absence. Le feu vert de la présidence l’avait d’abord ravie ; or, la disparition de la Dame pesait sur les esprits du Conseil, et la concurrence entre les Pléiades devenait capricieuse, voire explosive. Qu’on débute les essais sans elle l’avait mise dans une colère noire. Sa présence dans les rares sessions chirurgicales n’avait rien arrangé, car elle supportait mal de voir des êtres vivants souffrir ainsi d’un mal titanide, même si Perrine et l’ange s’étaient ainsi rendues compte qu’elles avaient acquis une résistance à la corruption, ce qui arrangeait bien leurs histoires puisqu’elles possédaient maintenant un moyen de la bloquer. Heureusement qu’elle avait Mô pour les espionner quand elle ne pouvait pas être là.
Elle soupira une seconde fois en listant mentalement le travail épuisant qui l’attendait le lendemain. Gérer l’ambition malicieuse de l’Intrigante. Gérer la fascination morbide de Trouillard. Gérer ses élèves trop curieux. Gérer…
– Rhmmm, Rhmm ! Fit son majordome en exagérant son borborygme afin de se faire remarquer.
La Perfectionniste tressaillit sur son siège et leva une tête agacée vers le serviteur tandis qu’elle reposait lourdement sur la table basse le gros recueil qu’elle faisait semblant de lire. Celui-ci soutint son regard et lui tendit une enveloppe scellée par un sceau gris où n’apparaissait aucune armoirie. Une missive urgente au cachet neutre ? Une missive secrète ? Ses yeux las brillèrent soudainement d’excitation. Qui pouvait bien lui envoyer une lettre à une heure aussi tardive, et pourquoi camoufler ainsi son identité ? Le message provenait certainement d’une personnalité importante – mais pour quel motif lui demandait-on son aide ? Serait-ce des bénéfices imprévus liés aux évènements de Courage ? Elle s’empressa de renvoyer son valet puis, ne pouvant rester statique, elle se mit à faire les cent pas dans la pièce pendant qu’elle lisait le billet.
Dorylis de Rockraven, la Porte-Parole du Gouvernement, voulait s’entretenir avec elle d’une affaire… privée. Elle lui proposait une entrevue discrète à l’Université le lendemain matin. La Pléiade s’arrêta de marcher et brûla le papier par précaution. Que voulait-elle donc ?
23 Octobre de l’an 5, 7 :04
Quand la représentante du camp Fraternitas disait « rendez-vous à l’aube en toute discrétion », cela voulait dire qu’elle vous attendait de pied ferme devant la porte de votre bureau déguisée en une étudiante à l’air aussi naïf que gêné dont les yeux, pourtant dissimulés derrière de grosses lunettes, laissait entrevoir une étincelle d’impatience et de détermination qui n’avaient rien à voir avec l’image candide qu’on vous offrait sur un plateau. La Perfectionniste souffla encore sans même essayer de cacher sa consternation. La journée allait être longue.
Lorsque la Rockraven métamorphosée sortit enfin de son bureau, Inâna se rendit compte qu’elle tremblait. Dorylis voulait donc mener une mission de reconnaissance dans la Jungle de Sang après avoir reçu des rapports confidentiels fort inquiétants. La Jungle… Jamais, au grand jamais, elle n’était retournée sur les lieux de sa Chute, depuis sa sortie de stase voilà presque deux mille ans. De tous ses voyages et autres missions accomplies en tant que journaliste, professeure ou Pléiade, elle avait toujours réussi à éviter le lieu, niant jusqu’à sa réalité grâce à son habileté à esquiver le sujet dès qu’une conversation s’orientait vers l’épineux motif. C’était, pour elle, un vide, un espace dystopique plus illusoire encore que la légende merveilleuse du Père Sekaï inventée pour endormir les enfants. Elle regrettait parfois la malédiction de Lêthé. Peut-être qu’elle n’aurait pas sombré dans cette angoisse perpétuelle si elle était restée aussi ingénue qu’avant.
L’inquiétude germait dans ses entrailles comme une mauvaise herbe vorace. Son emploi du temps surchargé n’arrangeait rien, puisqu’elle n’avait pas su se tenir au fait des dernières nouvelles, et elle n’était donc absolument pas préparée pour une telle besogne, d’autant plus qu’elle serait secrètement sous la tutelle de la grande représentante des Rockraven. Celle-ci utilisait en effet l’exceptionnelle popularité de la Pléiade pour l’accompagner sous couverture – où l’ange devenait donc officiellement responsable des bourdes qui pouvaient avoir lieu une fois sur place – et avait déjà constitué un groupe d’exploration tandis que Dorylis se déguiserait en étudiante afin de mener sa propre enquête. Un besoin de contrôle flagrant qui dénonçait un profond manque de confiance à l’égard des unités recrutées dont elle faisait partie… Et peut-être aussi pour la Porte-Parole elle-même. Que c’était horripilant. Et préoccupant. Sans compter que cela pouvait devenir fort embarrassant si sa couverture sautait en plein milieu de la mission.
Elle fut cependant rassurée quand elle apprit qui étaient leurs accompagnateurs : le Prévôt de Courage, Kieran Ryven, un drakyn impressionnant et particulièrement compétent, puisqu’elle découvrit après la manifestation qu’il avait empêché des terroristes de faire sauter la mairie pendant qu’elle négociait avec la Sénatrice de Casteille ; et la demi-fae guérisseuse Xera dont les talents remarquables furent bien utiles pour l’aider à gérer les réfugiés malades des Bougeoirs. Elle ne connaissait pas Dorylis, et n’avait certainement pas le temps de se renseigner sur elle, vu que le départ de Justice aurait lieu le surlendemain – quelle plaie –, mais la ruse compliquée qu’elle venait de lui proposer, et le choix judicieux de leurs compagnons d’infortune lui laissait penser qu’elle avait affaire à quelqu’un d’intelligent et de prudent.
Elle se contenterait donc de cela tout en lui montrant qu’on ne pouvait pas non plus lui imposer un voyage sans lui laisser un minimum d’autorité. Avec un sourire narquois, puisqu’elle ne préviendrait jamais la véritable investigatrice de l’expédition, l’ange s’empressa donc d’écrire les différents billets de mission pour chacun des candidats, reprenant les directives de la représentante gouvernementale à laquelle la Perfectionniste ajouta le nom d’un cinquième élément de manière à « équilibrer » leur groupe en cas de problème. Même s’il s’agissait en réalité d’un pied de nez discret. Elle n’hésita pas un seul instant : ce cinquième partenaire mystérieux serait sa collègue et amie Neera Storm, car elle la savait disponible et hautement qualifiée pour l’épauler dans ce sordide trou à rats purulent qu’était devenue la Jungle de sang. Un soutien moral et magique ne serait pas de trop pour elle.
Elle scella ensuite les papiers magiques de son cachet de Pléiade avec une cire rouge marquant l’urgence de la situation. Après un court enchantement murmuré d’une voix mélodieuse, les missives s’envolèrent par la fenêtre dans un scintillement bleuté, et Inâna savait pertinemment que les messages arriveraient à destination dans la soirée. Enfin, elle écrivit une dernière lettre à l’adresse du Conseil de Magic, où elle expliquait son investigation officielle afin de couvrir Dorylis de Rockraven et de prévenir de sa propre absence.
25 Octobre de l’an 5, 8 :32
La vue du Lac Rebirth lui avait redonné un peu d’enthousiasme. La beauté du paysage était à couper le souffle : dans cette matinée froide et lumineuse d’automne, les arbres donnaient à l’eau limpide une agréable couleur dorée. Cela lui rappelait pourquoi elle aimait tant la République. Les nuages sombres qui bordaient l’horizon présageaient néanmoins une ambiance bien moins agréable une fois sur l’autre rive. Leur destination. La Perfectionniste se rembrunit tandis qu’elle jetait un coup d’œil à son « assistante » Allira, fausse étudiante de son Cursus qu’elle avait décidé d’emmener avec elle « pour prendre des notes et analyser les échantillons récoltés sur place ». Cette supercherie l’irritait royalement ; elle devait pourtant reconnaître son efficacité, tout autant que celle de Xera, puisqu’elles avaient préparé chacune de leur côté le matériel nécessaire à l’examen des spécimens à récolter – sans parler de ses propres équipements plus spécifiquement liés à leur survie : tentes compactes au tissu renforcé par la magie, provisions, outils et armes basiques, différentes éditions de livres spécialisés dans la reconnaissance végétale, tonneaux d’eau potable… Bref, elle s’assurait que la mission ne serait pas un échec ; il en allait de sa réputation et de leurs vies. Sans compter les deux inconnues majeures de la Jungle : que se passait-il réellement dans ses tréfonds sanglants et comment réagirait-elle une fois revenue dans le berceau de sa création ? L’angoisse ne la quittait plus. Elle se rassurait comme elle pouvait avec les biens matériels qu’elle avait soigneusement sélectionné pour leur expédition sans y réussir véritablement.
– Nous partons dès que vous le décidez, lui dit soudainement le Prévôt de sa voix grave. Elle sursauta en l’entendant, surprise par sa présence qu’elle n’avait pas remarquée, perdue comme elle était dans ses pensées lugubres. Elle lui fit un sourire exagérément confiant afin de cacher son trouble.
La Pléiade fit semblant d’examiner une dernière fois le contenu des caisses de sa liste de survie – elle savait qu’en faisant cela, elle retardait leur inévitable départ, mais ne pouvait se résoudre à larguer les amarres. Finalement, à court de ressources et d’excuses efficaces, voyant l’air agacé de Dorylis qui lui demandait du regard ce qu’elle fichait, elle apostropha le Capitaine Steinbeck :
– Tout est prêt Capitaine, nous pouvons partir ! Cria-t-elle à distance d’une voix enjouée.
Elle se plaça ensuite à la poupe de L’Écarlate afin d’observer Justice s’éloigner progressivement. Traverser le lac leur prendrait une bonne journée : ils arriveraient donc en début de soirée aux abords de la Jungle. La nuit tomberait pendant qu’ils établiraient le camp. La perspective d’arriver dans l’obscurité la rendait morose et désagréable, puisqu’elle redécouvrirait les territoires sinistres de son « enfance » dans la lueur inquiétante du crépuscule, entourée de fleurs rouge sang dont l’unique objectif semblait de faire perdre la raison à ceux qui les étudiait. Peut-être pourrait-elle profiter des ténèbres pour se débarrasser discrètement de la Porte-Parole, qu’elle trouvait soudainement beaucoup trop intrépide ? Ou elle pouvait encore, en un tour d’ailes, s’enfuir loin d’ici, et laisser ces pauvres fous s’occuper du problème tous seuls ?
… Mais que racontait-elle ? Depuis quand était-elle aussi lâche ? Était-ce le souvenir refoulé de son passé d’assistante titanide ? Ah ! Et aujourd’hui, c’était elle qui revenait sur ses propres traces, flanquée d’une fausse assistante et d’une bande de créatures dont les ancêtres provenaient probablement des mêmes pouponnières dont elle s’occupait voilà cinq mille ans ! Cinq mille ans…
Son regard glissa sur les vaguelettes scintillantes provoquées par le mouvement du navire. Elle tourna la tête en apercevant du coin de l’œil la chevelure immaculée de son ancienne élève, qui lui souriait avec gentillesse, ses yeux exprimant aussi bien son affection qu’une confiance absolue. Bien sûr. Ces mortels étaient peut-être (en partie) des expériences de Kazgoth, mais ils constituaient aujourd’hui sa patrie – ses amis, ses collègues, ses patrons, qu’importe – et ils lui faisaient confiance. Cela devrait suffire à la rendre fière et déterminée.
Mais ce n’était pas le cas. Elle tremblait de peur, sentant le spectre douloureux d’un vertige la prendre à la moindre pensée négative. Les trahirait-elle par couardise ?
⸎
Ses propres terreurs inavouées la rendirent si méticuleuse une fois qu’ils eurent débarqués qu’ils montèrent le camp en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire : placés dans une simili-clairière non-loin de la berge où ils avaient réussi à décharger tout leur matériel, le groupe d’explorateurs finissait de monter les tentes renforcées de la Pléiade pendant que celle-ci s’affairait à allumer un feu au centre du bivouac. L’organisation obsessionnelle avait toujours été sa manière de gérer ses angoisses, et elle s’y réfugiait à présent avec une joie frénétique. Plus encore, leur première journée de voyage n’était pas complètement vaine, car ils avaient même trouvé une grappe de fleurs écarlates à l’odeur enivrante avant même qu’ils ne déposent leurs affaires, ce qui leur donnaient déjà du travail, et ce dans des conditions presque confortables – si l’on faisait abstraction des moustiques et de la moiteur maladive qui régnait sous les arbres alors qu’il faisait un temps froid et sec à l’autre bout du lac. C’était comme s’ils avaient changé de planète. Une magie étrange devait être à l’œuvre…
– Bien tout le monde ! annonça-t-elle lorsqu’ils furent tous réunis autour du feu. Premièrement, je tenais à vous remercier pour avoir accepté de me suivre dans cette entreprise dangereuse.
Elle arrêta son regard sur Dorylis lorsqu’elle prononça ces deux derniers mots.
– N’oublions pas que nous sommes en terre hostile, et nous ne savons rien de la menace qui nous guette. Il nous faut donc être rigoureux dans notre méthodologie scientifique autant que dans notre approche de l’environnement. Je suis très heureuse de pouvoir compter sur le Prévôt de Courage, la guérisseuse de Nareim et ma talentueuse collègue Neera Storm, qui sont des atouts de taille face aux imprévus de la vie sauvage.
La Pléiade leur offrit un hochement de tête respectueux afin de les remercier silencieusement.
– Deuxièmement, nous pouvons dores et déjà lancer des analyses préliminaires sur les échantillons de fleurs que nous avons dénichées ; Allira, auriez-vous l’amabilité d’assister Dame Xera pour cette entreprise ? Et faites quelques croquis de la plante – si ce n’est pas déjà fait. D’ailleurs, continua-t-elle avec une pointe de curiosité dans la voix, Dame Xera, avez-vous une expertise particulière sur la faune et la flore des zones tropicales ? Au premier abord, cette fleur me paraît bien étrange pour réussir à pousser aussi abondamment dans un environnement chaud et humide. Elle ressemble beaucoup aux roses communes, qui ne poussent donc que dans les zones tempérées. La Jungle devrait normalement être un lieu très hostile pour les rosaceae.
Elle se tourna ensuite vers Kieran :
– Cher Prévôt, comment voulez-vous organiser la garde cette nuit ? Mon… expérience de terrain est trop ancienne pour vous être réellement utile, je le crains… D’une petite voix, elle ajouta après une courte pause : la jungle a bien changé depuis ma dernière visite.
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