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    qui suis-je ?:
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  • Mer 13 Nov - 15:44
    Nirlys avait constaté à son arrivée que les personnes peuplant le petit campement était plutôt très hétéroclites sans compter ceux dont l’apparence humaine pouvait cacher des surprises ou des secrets. Elle s’était fait la réflexion qu’il aurait pu être judicieux de connaître les espèces qui composait au moins son groupe afin de ne pas commettre d’erreurs pouvant être fatales.

    Elle comptait se rendre à la tente qui était dédiée aux Forces Médicales Reikoises avant que ses yeux rubis ne se posent sur une silhouette et un visage qu’elle connaissait. Le temps qu’elle arrive, Enira s’était séparé d’une jeune femme avec qui elle marchait et conversait. Dommage, elle aurait pu faire la connaissance de quelqu’un d’autre, mais ça n’était pas très grave, elle en aurait l’occasion plus tard.

    Elle avait salué la louve sans savoir si celle-ci allait la reconnaitre, après tout, cela faisait un moment qu’elles ne s’étaient pas vu malgré la proposition de l’elfe de dispenser des cours à la blonde qui se trouvait en face désormais face à elle.

    Pour son plus grand soulagement, elle sembla la reconnaitre, lui faisant une remarque sur ses vêtements. Nirlys la dévisagea, lors de leur rencontre, celle qui avait passé le plus de temps à moitié nue était la lycanthrope et pour ce qui était de la question de la présence de celle-ci ici, et bien, elle n’avait pas la réponse.

    Elle se fit inviter pour boire un coup et elle eut la sensation de ne pas trop avoir le choix alors, elle avait suivie la seule personne qu’elle connaissait ici. La louve avait déjà l’air désespérée voir presque agacée. De quoi elle s’excusait exactement ? De l’avoir embarqué pour boire.. de l’eau ? L’elfe grimaça en voyant l’eau couler sur les cheveux d’or d’Enira et sur cette tresse qui était.. faite. Elle secoua la tête de gauche à droite.

    -Non merci, c’est gentil.

    Nirlys profita de ce moment pour ne garder de son baluchon que sa poche de matériel médical qu’elle accrocha à sa ceinture, sur sa hanche droite, à l’opposer de celle où était sa dague que son père lui avait offerte il y avait de ça quelques années maintenant. Elle garda aussi deux, trois pommes dans sa poche.

    Elle tourna son visage fin vers la voix qui s’était approchée. La fille qui était avec Enira tout à l’heure. Elle lui sourit, à première vue, celle-ci lui semblait gentille et peut-être un peu timide.

    -Enchantée, je suis Nirlys. Je fais aussi partie des FMR, pour la porte du Soleil.

    Elle poussa son baluchon de pied, elle comptait le laisser là, de toute façon, il n’y avait plus rien de valeurs à l’intérieur, seulement des vêtements. Elle reporta à nouveau son attention sur la blonde aux cheveux courts. Elles étaient censées se connaître ?

    -Oui, je suis née à Melorn, mais je suis désolée, votre visage ne me dit rien.

    L’elfe était vraiment gênée de ne pas pouvoir reconnaitre quelqu’un, en général ça posait un malaise qui n’était pas très agréable surtout pour la personne qui pouvait se tromper.

    Les groupes pour la porte du Soleil et de la Lune semblaient se former, signe qu’ils allaient tous bientôt entrés. Ses yeux se posèrent sur cette main qui s’était posée sur son épaule puis sur le visage d’Enira qui lui demanda de crier en cas de besoin. Ce que Nirlys ne ferait probablement pas. Il y avait d’autres personnes à protéger et qui pesaient bien plus dans la balance qu’une petite elfe. La dénommée Kilaea la quitta aussi pour rejoindre la louve et elle sourit. Elle n’avait aucune idée de ce qu’elles étaient, mais elle était contente pour Eni qu’elle puisse avoir quelqu’un sur qui s’appuyer en cas de besoin, d'avantage si c’était une autre personne capable de pouvoir la soigner au besoin.

    Décidément, il y avait du monde qui paraissait important dans son groupe. Elle, en tant que médecin, s’était retrouvée à l’arrière de peloton, un peu nerveuse par la présence de l’empereur lui-même dans son groupe, mais elle était aussi très excitée de vivre une nouvelle aventure comme elle n’en avait jamais vécu et se promit de n’en tirer que le meilleur.
    ------------------------------


    Sur le chemin de l’entrée, et alors que les premières lignes avaient déjà commencé à poser les pieds dans le temple, elle prononça silencieusement une prière aux astres pour leur demander de leur donner du courage.

    Le temple, qui paraissait déjà imposant de l’extérieur, était évidemment encore plus impressionnant alors qu’elle passait par l’immense porte. Un frisson l'a parcouru quand celle-ci se referma dans son dos. La première salle qui s’offrait à eux était déjà très grande et les murs étaient ornés de vieilles fresques abimées par le temps. Mais la curiosité de Nirlys la poussa à s’avancer un peu plus avec l’envie de glisser ses doigts sur la peinture qui s’écaillait par endroit.

    Elle murmura : « Azchary.. » avant de l’entendre de la bouche d’un homme pas très loin devant elle. Elle l’écouta sans participer à la conversation. Ce qui était sûr, c'était qu’elle en avait envie d’en voir plus, d’en savoir plus, de voir ce qu’elle allait pouvoir apprendre de plus, car elle était là pour ça. L’elfe ne s’attendait pas à voir ce genre de scène directement après son entrée en revanche, elle s’attendait à ce qu’on la pointe elle ou son peuple pour les évènements récents ou passés alors quand les paroles d’une femme qui semblait plus en avant parvinrent jusqu’à elle, elles glissèrent sur elle comme la pluie sur un toit.

    Cette personne ne méritait pas d’en apprendre plus sur le peuple elfique, surtout si c’était pour le dénigrer alors qu’il était un des plus beaux à n’avoir jamais existé. Lequel n’avait jamais commis d’erreurs ? Mais c’était un débat dans lequel elle ne souhaitait pas rentrer, elle n’était pas là pour ça.

    En revanche, la remarque d’une femme bien plus proche était pertinente. L'hypothèse du colosse vert n'était pas idiote non plus, mais elle doutait de la fonction de mise en garde des fresques. Peut-être parce qu'elle avait désormais l'espoir d'en apprendre plus sur les origines des Elfes ? Après tout, même si elle avait des doutes, il avait probablement raison, ce n'était qu'un des portes, qui sait ce que les autres avaient pu trouver. Cet endroit était définitivement plein de mystère et de savoir qu'elle espérait pouvoir découvrir.
    Après celle-ci, Nirlys ajouta d’une voix neutre à l’intention de Kilaea qui restait à ses côtés depuis leur arrivée.

    -Je reconnais seulement deux des personnages dépeints parmi les mages. Ils auraient été conseillés de la souveraineté, il y a longtemps. Avant que l’Empire elfique ne soit réduit à ce qu'il est aujourd'hui.

    Elle avait eu envie de dire « notre empire » par réflexe, mais elle avait prêté allégeance à l’Empire de Reike et trouvait ça inconvenant, d’autant plus devant l’Empereur Tensai lui-même.
    D’une voix un peu plus forte, pour que tous puissent profiter de ses maigres connaissances :

    -Ici se dresse Asmidé, symbole de sagesse et clairvoyance, avec son aigle.

    Nirlys désigna une femme, vêtue d’un grand manteau bleu roi finement décoré, dont les longs cheveux argentés étaient tressés par endroits. Son front était finement orné d’une tiare plutôt simple.

    -Et ici, le symbole de la combativité et de la hargne : Redhael accompagné de son fidèle loup.

    Son doigt avait bougé pour montrer un homme au visage plus fermé, des cheveux beaucoup plus courts que le premier et d’un roux flamboyant. Ses habits étaient bien plus sobres et plus sombre, partant sur du vert sapin.
    Les deux portaient des bijoux, à leur oreille, des colliers et des bracelets sans être dans l’opulence, des petites choses discrètes, mais qui valait le coup d’œil bien que la peinture se soit dégradée.

    -On ne sait pas quand ils sont morts, mais il est dit que ce serait à cause de leurs conseils que les elfes connurent l’Azshary. Pour le reste, je n’en sais pas beaucoup plus. Je suis désolée.

    L’elfe s’était excusée plus pour la forme que pour toute autre chose. Elle avait gravé le visage et les silhouettes des autres membres du groupe peint sur le mur en face d’elle. Le groupe se remit en marche sans pour autant beaucoup avancer, car à peine après y avoir mis les pieds, les membres de l’escouade s’évanouirent pour ne laisser place qu’à la vision d’un dragon blanc et doré dont elle ne pouvait donner la taille tant il était immense.

    La jeune femme cligna plusieurs fois des yeux pour s’assurer de ce qu’elle voyait, mais l’immense créature était bien là : majestueuse et terrifiante par la force et la puissance qu’elle dégageait. Nirlys se sentait insignifiante et indigne de l’intérêt de ce monstre de beauté.

    Elle s’inclina humblement avant de se redresser et même si elle était sûre de n’être d’un grain de poussière pour le dragon, elle était déterminée à continuer sa route, à en apprendre plus.

    -Je me tiens devant vous aujourd’hui car je suis en quête de savoir. J’ai rejoint ce groupe pour sortir de ma zone de confort et avec l’envie d’en apprendre plus sur moi, d’en apprendre plus des autres et sur les choses qui enrichissent notre monde.

    Elle ne se sentit pas non plus légitime de demander quoi que ce soit à une noble créature comme celle-ci. La jeune elfe n’en dit pas plus, laissant au dragon le loisir de l’évaluer ainsi que ses paroles. Désormais, les jeux étaient faits. Son destin était entre les griffes du dragon blanc.

    Résumé:
    Tourbillon de douceur
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  • Mer 13 Nov - 20:31

    Usalka fut peu loquace elle aussi, contrairement à l'ambassadeur doté de bois et de plumes qui se joignit brièvement à la conversation,affichant un  sourire en finissant ma pomme. Je ne m'étais pas attendu à le voir ici, ni qu'il  ne fasse un détour pour nous souhaiter notre réussite dans cette entreprise qui était entièrement recouvert d'un voile de mystère. Un qui me tardait de dissiper,ma curiosité grandissante ne faisant que rendre cette attente plus insupportable,alors que j'étais consciente du danger qui nous attendait derrière ce magnifique monument sorti des eaux:

    -Je vous remercie Noctalys. Que vos ombres vous protègent et que cette expérience nous permet de nous enrichir.

    Dans tous les sens du terme. Je le regarder s'éloigner,croyant entendre au loin quelqu'un chanter sans que je ne puisse trouver la personne en question. Car elle était surement petite et que rapidement, on recevait l'ordre de se rassembler, comprenant en voyant les deux groupes se former, qu'Alaric ne ferait pas malheureusement partie du mien. Je tentais de balayé mon inquiétude en faisant les derniers préparatifs,  vérifiant que la dague que m'avait confectionné Shawn était toujours bien accrochée à ma ceinture ainsi que tout mon nécessaire de FMR.

    -J'ai toute confiance en toi Shawn. Luis dis-je sincèrement en plantant mes orbes dans son unique, rassurée que je puisse l'avoir à mes côtés pour lui venir en aide rapidement s'il lui arrivait quelque chose:-Il en va de même pour vous Usalka.

    J'avais eu tout le loisir de voir cette dernière user de sa magie dans une précédente mission, ne doutant pas de ses capacités. J'espérais que mon frère ne prendrait pas de risque inconsidéré pour nous protéger, ne désirant pas  par ma faute,arracher le père de deux enfants adorables. J'étais toutefois heureuse qu'il soit mon protecteur, retrouvant cette sensation familière et lointaine à la fois. Celle de me sentir entouré par des  proches.

    L'un d'entre se rapprocha de notre groupe,voyant bien que quelque chose tracassait Kila, préférant la laisser tranquille pendant que nous marchions en direction du temple. De cette structure impressionnante, autant par sa grandeur et sa beauté,mêlant respect et crainte. À chaque mètre parcouru qui nous rapprochait de son entrée, mon coeur palpitait plus, jetant un dernier regard par-dessus mon épaule en espérant apercevoir celui à que je n'allais peut-être plus jamais revoir. En en prenant conscience, je lui dis avant de franchir la porte du soleil sans remuer ma bouche:

    *Je t'en supplie ....reviens de cette expedition vivant. J'ai besoin de toi *

    Je me mordis la lèvre,cachant via ma magie de l'illusion les quelques larmes qui s'échappèrent de mes dioptases sans laisser l'opportunité à qui que ce soit de les voir. De deviner mon inquiétude pour cet homme qui persisterait au fond de moi,parvenant à me focaliser sur ce temple en regardant ceux qui m'entouraient et surtout,en endossant mon rôle de Shekhikh. Une fois fait, en entendant l'écho de nos pas rebondir sur le sol fait de minerai peu commun,je laissais ma curiosité s'exprimer à travers mes reflets de l'âme qui avaient fini par sécher.

    Par parcourir cet immense vestibule entouré de colonnes et de fresques qui ne pouvaient échapper à aucun regard. Par leurs tailles,les secrets qu'ils semblaient renfermer, apercevant une elfe faisant partie des FMR qui visiblement, était tout aussi fascinée par ce qui était inscrit sur ces murs qui contenaient bien trop de vides en son centre à mon gout. Ce qui ne fit qu'accentuer cette impression de grandeur, que nous étions si ridicule face à cette immensité,ce temple d'un autre âge qui ne se révélera pas aussi facilement.

    -Pas plus que ce que j'ai appris à dans certains ouvrages qui en parlent vaguement.

    Répondis-je quand la voix de frère m'interpella dans un premier temps,écoutant son avis et celui d'Usalka, qui émettaient tous les deux des hypothèses fort intéressantes. Je me tournais quand Nirlys prit la parole, nous décrivant certaines zones de cette gravure qui illustraient si joliment des scènes qui avaient l'air en lien avec ce qui s'était produit il y a de ça des milliers d'années. Je notais les informations qu'elle avait bien voulu nous donner, lui disant avec un sourire amical:

    -Merci à vous de nous avoir partagé cela. Je regardais tour à tour Kila et l'elfe dont je ne connaissais pas le nom,les questionnant du regard,me demandant si elles s'étaient déjà rencontrés puis j'ajoutais:-C'est fort intéressant.

    Je me tournais,continuant de réfléchir à des théories sur le déclin de cet empire que j'aurais aimé voir à leur apogée,avoir la chance de toucher tout ce savoir qu'ils avaient accumulé et que peut-être,leur fierté avait fini par emporter sous les eaux. Mais quelque chose me perturba. Il était question de la lune et du soleil, des symboles énormément représentés dans la religion Shierak. Pour cause,ils vouaient un culte dédié aux astres. Or, il était connu que ceux de Melorn,dernier vestige de cette civilisation que Shawn avait cité plus tôt,n'étaient pas connu pour avoir la moindre croyance,pas à ma connaissance . Rien que le nom de ce temple,ne concordait pas.  

    -Vous ne trouvez pas ça étrange que l'on voit des elfes sur des fresques,à l'intérieur d'un temple où sont représentés le soleil et la lune ? J'ai l'impression que quelque chose m'échappe...

    C'était peu de le dire, n'entendant aucune réponse ni aucun murmure quand nous avions avancé plus loin,un silence happé par une voix oppressante qui me fit presque tressaillir. Je m'immobilisais en croyant voir une silhouette se dessiner,une si grande qu'elle qui m'empêchait de regarder ailleurs. Je restais bouche bée en voyant dans cette obscurité un dragon surgir de ces abysses,telle une entité qui ne faisait qu'un avec ce qui nous entourait tant il occupait tout l'espace, toute mon attention.

    J'avais instinctivement pris une posture défensive,  sans parvenir à détacher mon regard ailleurs que sur lui, comprenant que quelque chose d'anormal se produisait car si une telle créature se tenait bien devant moi, il y aurait eu des cris par les moins courageux de notre groupe. Que je sois victime d'hallucination ou non,vu l'emprise que cette créature avait sur moi, la puissance qui émanait de son être qui était parcouru d'écailles aux reflets cristallins, je ne pouvais faire que l'aveu qu'il me demandait,en toute transparence :

    -Ce qui anime mon coeur chaque matin,c'est l'envie de découvrir un moyen de sauver des vies. C'est dans cet espoir que j'ai pris ce risque et mis en péril la vie de mon frère,que j'ai osé poser mes pieds dans votre demeure. Je ne sais si je suis digne d'avoir ne serait-ce approché ce temple, ni de tenir une telle conversation avec vous,mais sachez que .... Je m'avançais d'un pas, confiante:-Je souhaite aussi protéger ceux qui ne le peuvent, contre le mal qui peut s'abattre sur nous à tout moment. Je ne prétends pas y parvenir seule, au contraire...mais au moins, aider dans ce sens. Je marquais une pause, pensant à Cyradil, Alaric,  Shawn, Kila, et d'autres, reprenant avec douceur esperant  en apprendre davantage sur lui par cette question s'il décidait bien entendu,d'y répondre avec la même sincérité dont j'avais fait preuve:-Et vous,quelle est la chose qui vous tient le plus à coeur?

    Nul besoin de se présenter quand on était une la petite chose que j'étais, n'étant qu'un grain de sable parmi des centaines de milliers, qui confessait ce qui surement,ferait ricaner le dragon,comme bien d'autres personnes avant lui. C'était pourtant bien ça le levier de ma vie,en plus de vouloir progresser pour pouvoir secourir tous ceux que j'aimais du plus profond de mon être et les autres. J'étais prête à me faire humilier, mais pas à renoncer à cette voie que j'avais emprunté,qu'un dragon se dresse sur mon chemin ou non.

    Résumé:



    Codage par Libella sur Graphiorum


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    [Event] Le Temple du Dragon - Page 3 1731528495-recad2
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  • Mer 13 Nov - 21:51
    - Magister, tout va bien ?

    Aurélian, se massait les tempes. Quelque chose le perturbait, peut-être était-ce le brouhaha incessant des pensées des uns et des autres qui le plongeait dans une pareille migraine. Même dans le plus grand des silences, le vacarme incessant né des inquiétudes et des théories fomentées, des pensées et des couleurs, chatoyant de la teinte de la curiosité et salies par la peur. Il avait beau réciter des mantras appris par cœur pour s’isoler de ce vacarme, mais la vie d’un campement militaire était bruyante, les esprits s’échauffaient et la présence de l’Empereur en personne plongeait le camp dans une cacophonie d’ambitions teintées d’or et de lumière.

    - Trop de pensées, trop de… Un gémissement douloureux s’échappa de ses lèvres. Bruits… Monseigneur, s’il vous plaît, arrêtez de penser…

    C’est comme si son cerveau se tordait sur lui-même, que ses nerfs rachidiens se pliaient et se pinçaient tant sa tête lui donnait l’impression de vrombir et les infusions de vapeurs de maggi n’avaient eue qu’un effet mineur. Et il y avait cet homme, le luteni devenu gouverneur, qui se tenait trop près de lui et dont les pensées en diphonie agressaient ses sens.

    - L’animus est fluctuant, je le sens jusque dans mes os. Qu’il confia, d’une voix douce, au télépathe. Je peux vous donner un collier en adamantium, le temps que nous pénétrions dans le temple, si ça peut soulager votre peine, magister.

    La paume imprimée contre son front, son visage plissé de douleur, Aurélian hocha la tête vivement en entendant la proposition de l’homme qui avait presque exigé sa présence auprès de l’Empereur. Un collier de fer, serti d’une plaque d’adamantine fut placé à son cou et la cacophonie de pensées et de couleurs s’estompa, c’était comme si on venait de le plonger dans l’eau. Les bruits étaient encore là, mais étouffés, plus difficiles à distinguer et la migraine entama sa retraite. Au moins, pour l’instant, la souffrance d’Aurélian serait atténuée.

    - Parvenez-vous à voir votre frère ? Que demanda Tulkas. Le percevez vous de l’autre côté du temple ?

    Aurélian se redressa, s’appuyant comme un vieillard contre la hampe de son bâton posé dans le sol boueux de ce temple surgi des tréfonds. Il cligna des yeux, serrant la mâchoire en se penchant en avant, comme s’il était capable de voir à travers la matière. Puis, il se redressa.

    - Oui, monseigneur, je vois mon frère. Qu’il affirmât en se passant la main sur le visage, pinçant au passage l’arrête de son nez biscornu. Je reconnaitrais les chatoiements de son âme entre mille.

    Tulkas réajusta sa cape rouge autour de ses épaules, posa sa paume contre l’épaulière droite pour la recaller contre son gambison et se saisit délicatement de la sangle de cuir de son gantelet pour le resserrer. Une dernière vérification en attendant les volontaires qui avaient été placés sous son commandement, en d’autres temps, son cœur aurait débordé d’une fierté frôlant l’arrogance. Mais que restait-il maintenant, de cet homme d’antan dont le nom était chanté avec adoration dans l’arène de Taïsen, pour être ensuite oublié quelques heures après que la soif de sang d’une foule sans visage soit apaisée ? Sentant la sonde mentale d’Aurélian s’effacer de son esprit, Tulkas s’autorisa un instant à penser à qui il était, ce qu’il devenait et à cette chose, logée dans sa poitrine qui ne demandait qu’à se libérer. Il inspira, pour soupirer, mais se retint en voyant arriver ceux dont il avait la charge.

    - Vous voilà enfin. Qu’il dit calmement en observant la cohorte bigarrée qu’il allait commander. Certains d’entre vous me connaissent. Qu’il commença en glissant un regard sur Kassandra, qui avait saigné à ses côtés lors de la marche du vent d’acier. Pour les autres, je suis le Luteni Tulkas, banneret de la Griffe. L’empereur lui-même, à travers son Oreille, vous a rassemblé aujourd’hui pour servir l’Empire, que vous ayez été appelés à servir ou ne soyez que des volontaires, je tiens à saluer votre courage à tous et à toutes.

    Car le mystère du Temple du Dragon était resté imperturbable face aux tentatives des hommes de percer ses secrets, des millénaires durant des cohortes d’aventuriers s’étaient risqué à braver ce sanctuaire ancien. Le granit consacré de cet édifice avait nourri les rêves et les ambitions de générations durant, jusqu’à devenir le symbole de l’impossible. Mais n’avaient-ils pas, ces dernières générations, bravés tout un chacun l’impossible ? La guerre contre les titans, le meurtre de Kazgoth, l’humiliation de Puantrus, la bataille de Sable d’Or, la défense de Melorn… L’histoire du Sekaï avait été écrite dans le sang des héros et des légendes vivantes, et aucune autre période n’en comptait autant. Peut-être en faisait-il partie lui aussi, désormais. Probablement pas, il chassa ces pensées qui n’étaient plus vraiment les siennes pour se focaliser sur l’instant présent.

    - Nous ignorons tout des secrets du Temple, c’est à nous que reviens l’honneur de braver ses épreuves pour nous montrer digne de la bénédiction des dragons. Il marqua un temps d’arrêt. Nous entrons dans un sanctuaire sacré, les stellaires y voient un autel bâti par les ancêtres du Dragon Divin qui protège la dynastie impériale, les Shierak y voient le premier temple de la Lune et du Soleil. Nous ignorons tout de sa nature réelle. Je punirais moi-même tout acte de sacrilège.

    Ensuite, il tourna son attention vers ceux de son groupe, tout-un-chacun prêts à braver l’inconnu avec lui. Tulkas imposa un ordre pour l’entrée dans le temple, préférant mener par l’exemple, il se plaça en tête de groupe, flanqué de Bélial, de Kassandra et de Vir. Ainsi, ils garantiraient la sécurité des autres.

    Ensuite vinrent l’hybride souris, l’ambassadeur et le barde, leurs rôles était simple, scanner l’avancée depuis la sécurité relative de la muraille d’acier qui composait la première ligne. Puis, en fonction des dangers, d’intervenir en fonction de leurs compétences respectives. Enfin, en dernière ligne se trouvaient les mages de combat et les experts du groupe. Ceux disposant de capacité de détection de magie reçurent l’ordre d’utiliser autant que possible leurs compétences, tandis que les autres mages de soutiens avaient pour ordre de soutenir l’avancée de la troupe.

    Et c’est ainsi, dans cette configuration qu’ils passèrent les arches colossales du temple éternel pour plonger dans ses entrailles de granit.

    Puis, dans un simple souffle, le soleil vint à mourir et ne resta qu’aux membres de l’escouade de la Lune de ne faire plus qu’un avec l’eau noire dans laquelle trônait l’œil de Jalan. Ils ne couvrirent qu’une dizaine de mètres avant que l’obscurité ne se fasse trop profonde pour que même les nyctalopes ne puissent voir plus loin que le bout de leurs museaux.

    - Allumez vos torches et vos lanternes.

    Qu’il ordonnât d’une voix calme, retournant sa paume vers le plafond pour faire apparaître une flamme dans le creux de sa main, vive et intense.

    Si intense qu’elle illuminât un instant la pièce dans laquelle ils se trouvaient. Du moins, en partie. Son regard fut capté par le reflet de ses flammes sur une pierre polie dont l’humidité la rendait brillante à la lumière de ses flammes. La fresque, représentait deux êtres, dans un style qu’il ne connaissait pas, ancien et plurimillénaire, mais ce qu’elle dépeignait lui sautait à la figure, comme à celle de tous ceux qui l’accompagnaient.

    Un roi, abandonnant sa couronne à une autre. Non pas dans un geste de conquête, mais d’union. S’approchant de ce spectacle qui n’était pas sans lui rappeler le désert qui l’avais vu naître, il intensifia un peu plus sa flamme pour dévoiler les secrets du temple à la vue de ceux dont il avait la charge.

    - Shekh et Jàlan… Qu’il souffla à mi-voix, avant de secouer la tête. Un serment. Qu’il supposa à voix haute. L’abandon d’une couronne, la passation du pouvoir dans le désert, et là, plus loin, le temple dans lequel nous sommes. Un soleil, une constellation, la lune et un dragon. Qui convergent tous ensemble dans un nexus. Une nuit sans lune, sans étoile…

    Il semble pensif un instant. Contemplant non plus la fresque comme une œuvre d’art, mais comme le témoignage d’une mythologie bien plus ancienne qu’il ne pouvait le concevoir.

    - Un sacrifice, peut-être.

    Qu’il supposa à nouveau à voix haute avant de se tourner vers ses camarades.

    - Magisters, que pensez-vous de la signification de cette murale ?

    Il prit le temps d’écouter les remarques de tout-un-chacun, hochant la tête silencieusement aux dires des uns et des autres. Il faut dire qu’en l’heure, toute théorie était aussi valide que la sienne. Mais le temps passa, et ils ne pouvaient guère rester dans le vestibule à attendre que le temple des dragons ne leurs dévoilent ses secrets sur un plateau d’argent. Aussi, ayant écouté les théories des derniers membres de la troupe, il hocha la tête avec un air solennel.

    - Je vous remercie pour votre sagesse. Qu’il répondit avant de se tourner vers les profondeurs. Dénudez vos têtes et ouvrez vos cœurs, nous sommes sur une terre sainte.

    Tulkas se redressa alors, pour avancer de quelques pas. Puis, sans réellement qu’il ne s’en rende compte, le granit devint de plus en plus lisse sous ses pieds et les ténèbres qui l’entouraient, de plus en plus profonds. Si bien que sa petite lumière de flammes ne parvenait plus qu’à l’illuminer lui. Il s’arrêta alors, pour regarder par-dessus son épaule.

    Seul, plus personne ne l’entourait. C’est comme si le temple l’avait avalé, dévoré jusqu’à son existence, ne lui laissant que sa conscience. La peur aurait du le saisir, la panique aurait dû mordre son cœur et pourtant… Il se sentait en paix, calme, c’était différent de ces visions qu’il avait pu avoir autrefois. C’est comme s’il venait de plonger dans une infinité bien plus grande que lui, une mer calme, noire comme une nuit sans lune et sans étoiles.


    « Ceux qui entrent dans ce temple sans être prêt ne peuvent que mourir. »

    Il marqua un temps d’arrêt, la voix qui venait de l’appeler depuis les ténèbres était si puissante et grave qu’il avait senti jusqu’à ses os trembler. Dans les ténèbres, deux billes d’inferno se dessinèrent alors que la voix repris.

    « Si vous continuez à avancer, votre honneur sera testé. »

    Une langue de feu s’échappa d’une gueule sertie de crocs, aux lèvres faites d’écailles.

    « Votre force. »

    Qu’il siffla, comme un serpent colossal alors que la langue de feu se dressa jusqu’à la cime du temple.

    « Sera éprouvée. »

    Deux énormes pattes frappèrent le sol devant lui, des écailles noires comme de la suie et brillantes comme de l’argent reflétaient à peine la lueur de sa flamme. Des griffes, si grandes qu’elles pourraient éventrer avec aise un navire de guerre républicain labouraient le sol avec l’aisance d’un chat.

    « Et il faudra montrer votre courage face à votre passé. »

    Que tonna la voix, la phrase ponctuée par un grondement si profond que Tulkas avait l’impression de sentir l’air vibrer autour de lui. Une gerbe de flammes s’échappa d’un sourire fait d’un millier d’épées, gerbe qui s’éleva pour couronner et révéler la majesté de son père.

    Un dragon.

    « Dites-moi la raison qui vous pousse à vous lever et à affronter ces murs qui ont vu tant de sang couler. »

    Ce n’était ni plus ni moins que l’injonction d’un monarque, l’exigence d’un dieu qui écorchait de sa simple voix la carapace d’acier du Luteni, sa peau, ses muscles jusqu’à révéler son âme. Ce n’était pas une demande, non, c’était un commandement, rugit de la gueule d’un dieu vengeur fait de flammes et d’écailles.

    Mais Tulkas s’arrêta, observa le dragon et joint ses mains autours de la flamme qu’il avait dans le creux de ses paumes. L’approchant de ses lèvres pour souffler dessus et imiter la gerbe de flammes dont s’était couronné le dragon. Il inspira, se rappelant des vieux rites des dragonniers du Reike, des chants qu’ils entonnaient pour apaiser la fureur des dragons et leurs montrer le respect qui leurs était dû.

    Celui qui l’avait arrêté s’était abaissé à utiliser la langue des mortelles. Pour le remercier de cet honneur, Tulkas laissa son feu intérieur circuler librement dans ses veines. Son animus, pour une fois apaisé, circulant librement de son cœur jusqu’au bout de ses doigts.

    Et il se mit à chanter.



    Drakari pykiros
    Tīkummo jemiros
    Yn lantyz bartossa
    Saelot vāedis

    Il salua d’abord le dragon, le reconnaissant comme un père des flammes et un maître ailé. Se faisant, Tulkas dessina des arabesques dans la langue du désert. Car s’il y avait bien une chose que les dragons comprenaient mieux que les mots, c’était le feu. C’est ainsi qu’ils communiquaient entre eux, qu’ils chassaient, qu’ils tuaient et qu’ils révélaient leurs véritables natures. Aussi, il raconta son histoire en modelant les flammes pour représenter un sabre, articulant la scène de ses doigts pour montrer une vie de servitude, menée dans les arènes du désert. De couronnes partagées et de couronnes gagnées.

    Hen ñuhā elēnī:
    Perzyssy vestretis
    Se gēlȳn irūdaks
    Ānogrose

    Il chanterait son histoire, de sa voix et de ses flammes, s’exprimant dans la geste des dragons, racontant ses faits d’armes, la découverte de son propre pouvoir, de l’appel du devoir, de celui de la loyauté et de l’honneur, planté là par la Griffe, son propre maître et de son serment envers l’Empereur, celui qui portait en lui le sang de ses ancêtres. Se nimbant de flammes, il se drapait non plus d’une armure, mais d’une robe brûlante.

    Perzyro udrȳssi
    Ezīmptos laehossi
    Hārossa letagon
    Aōt vāedan

    C’est avec ces mots de flammes et d’histoire, qu’il révélait sa véritable nature, celle de l’homme qu’il était, de celui qu’il avait été et de celui qu’il souhaitait être. Les liants par un serment fait de langues de feu, ralliant en un les trois qui le composaient. Le soldat, le gladiateur et l’homme. Il chantait, de flammes et de voix, son histoire au dragon.

    Hae mērot gierūli
    Se hāros bartossi
    Prūmȳsa sōvīli
    Gevī dāerī

    Et c’est ensemble, réunis, que l’homme, le soldat et le gladiateur se présentaient au jugement du dragon. Trois têtes, devenues une. Tulkas inspira un grand coup, c’est comme si des ailes venaient de lui pousser.

    - Brōzi nuhā Tulkas, Zaldri-za-eksio. Qu’il se présenta. Obagon ñuhā.

    Ainsi, se présentant comme Tulkas au seigneur-dragon, il dévoila son âme en ployant le genou, tenant dans ses mains jointes une flamme.



    Résumé tour II:


    [Event] Le Temple du Dragon - Page 3 5CwAax9
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  • Jeu 14 Nov - 1:04


    Bien. J'avais rempli ma dose de courbage d'échine pour la journée. Je n'étais que très peu homme de faux semblants malgré la voie que j'avais décidé d'emprunter. Je restais néanmoins professionnel et conscient de ma place dans cette société, encore plus en voyant les grands de ce monde se suivre un à un à l'entrée de la tente de commandement pour rejoindre celui qui est au cœur de toutes les discussions et des regards curieux. D'aussi loin que je me souvienne, c'était peut-être bien la première fois que je le voyais, lui, Le Conquérant en chair, en os et en cornes. Des carrures impressionnantes, il y en avait dans ce campement, qui, au final, représentait parfaitement l'esprit cosmopolite du Sekai. Il n'y avait qu'à voir le géant qui gardait la porte de la tente, à la peau bien verte et à la longue chevelure rousse.

    J'avais donc pris un peu de recul sur la base de commandement, rejoignant la direction de la Porte de la Lune pour y retrouver l'escouade d'explorateurs que j'allais accompagner au cœur de l'édifice. J'en profitais pour passer en revue une dernière fois mon équipement, vérifiant l'état des cordes et du grappin, avant de compter encore une fois si le nombre de vivres recommandés était bien ici. Je posais mes mains sur Murmure et Silence, les sortant un instant de leur fourreau afin de m'assurer de la qualité de leur tranchant. Ce fut vers cet instant que notre commandant en chef vint ordonner le rassemblement de notre troupe. Un humain à la stature imposante, tant par son physique semblant avoir traversé bons nombres de champs de bataille que pour l'aura qu'il dégageait. Il se présenta à ceux qui m'entouraient ainsi qu'à moi-même, Tulkas, banneret de la Griffe. Effectivement, maintenant, je comprenais bien mieux son air autoritaire et la pression qu'il imposait par sa présence.

    Les ordres étaient clairs et limpides, tout en rappelant l'importance de respecter le lieu sacré dans lequel nous entrions. Cette remarque marqua mon esprit, moi qui pensais que la majorité des généraux en chef de l'Empire se foutait pas mal de casser ou de salir de leurs présences certains édifices. Il fallait dire que celui-ci était lié au Dragon et cela prenait donc sens de le respecter pour eux. Nous nous placions dans l'ordre de formation ordonné par le chef de meute, nous rapprochant des gigantesques arches de la Porte de la Lune. La Porte du Soleil, elle, allait être explorée par l'Empereur lui-même et de nombreux autres grands de ce monde, entre la Sénéchale et les différents nobles, dirigeants et seigneurs, tandis que notre petite escouade d'éclaireurs semblait plus proche de la terre que des cieux.

    Nous nous mettions en route dans la foulée, non pas sans que je respire profondément une dernière fois, qui sait combien de temps nous allions mettre avant de pouvoir gorger nos poumons de l'air extérieur. Si tenté que nous ressortions un jour sans finir comme les autres tentatives avant nous. J'allumais ainsi ma petite torche, sous le commandement du général en tête de file. Un gobelin, une Oni, un hibou cornu religieux, une hybride ressemblant à un rongeur, une poignée d'humains, un géant en armure suivi par son escadron d'élite et moi, à moitié Drakyn et borgne. Tout ceci ressemblait presque au début d'une mauvaise blague de comptoir.

    Les différentes torches ainsi que les flammes produites par les manieurs de feu venaient éclairer de grandes fresques murales. Deux femmes semblaient s'échanger une couronne, un signe d'union, comme le soulignait le chef de meute. Nous pouvions également apercevoir l'édifice que nous venions de pénétrer. Le Temple du Dragon, l'échange d'une couronne, plusieurs entrées menant au même point central du sanctuaire. La Lune puis le Soleil. Bien des questions s'offraient à mon esprit que je gardais pour moi. Pour autant, cela paraissait ressembler à un lieu saint pour les adorateurs du Shierak. Mais quelle était la différence avec le Temple du Soleil et de la Lune, et pourquoi avoir englouti vivant les anciens explorateurs.

    « Oh. »

    Un petit bruit de stupeur lorsque je sortis de mes pensées pour finalement m'apercevoir que l'entièreté du groupe avait disparu. Je continuais légèrement à avancer, lorsque je ne pus retenir ma mâchoire de s'entrouvrir légèrement et une sueur froide gagner la racine de ma nuque.

    « Bordel de merde. »

    Une réaction bien étonnante venant de moi, mais qui ne pouvait pas être étonné de se retrouver face à face avec un véritable Dragon, haut de plusieurs mètres, ses ailes caressant les murs tandis que ses écailles émeraude illuminaient la pièce. Je n'étais qu'un homme ordinaire, un de plus dans l'océan de l'Humanité. Je n'avais pas vécu de grandes batailles, très peu assisté à des phénomènes magiques de grandes ampleurs, encore moins vu les Titans il y a de ça plusieurs années. Alors ma surprise fut grande lorsque les mots de la majestueuse bête semblaient m'être adressés, tout en faisant vibrer l'entièreté de ma cage thoracique.

    Des phrases bien mystiques furent prononcées par le divin. J'étais totalement préparé à ce que mon honneur soit testé et ma force éprouvée, après tout, c'était principalement pour ceci que de nombreux soldats et mages avaient été envoyés. Les anciennes excursions n'avaient pas disparu sans raison. Cependant, mon esprit encore sous le choc de la rencontre, vint se ressaisir à la mention d'affronter son passé. Puis une ultime question fut posée, et j'entendis mon cœur me crier qu'il attendait une réponse à celle-ci. Comment devions-nous nous adresser à un dragon ? Ce n'était pas une des connaissances que j'avais apprises au cours de ma vie.

    « Désolé de perturber votre sommeil. »

    Oui oui. Une phrase d'accroche bien pourrie. Mais bon, je prenais encore mes marques et sortais peu à peu de ma torpeur mentale. Un léger raclement de gorge. L'honnêteté semblait être de mise lors de cette entrevue si particulière.

    « Je n'ai qu'un but : la liberté. Les différents dirigeants de ce monde auront beau crier de leurs gorges déployées qu'ils offrent la liberté, que les esclaves n'existent plus, que chacun peut choisir sa voie dans l'intérêt d'un bien commun. Mais les chaines ne sont pas que matériels. Les liens éthérés qui nous retiennent sont bien plus forts encore. Il n'y a que les personnes possédant du pouvoir qui peuvent se targuer d'être libres. Nous, nous sommes enchainés à notre condition, à la recherche de la survie, à celle de l'approbation des puissants. »

    Une petite pause afin de reprendre mon souffle, fixant maintenant la bête dans l'un de ses gigantesques yeux.

    « Je ne suis qu'un homme. Et cette liberté par l'approbation, c'est ici que je viens la chercher. S'il faut affronter toutes les foutues divinités de ce monde pour que je puisse un jour me sentir enfin libre, alors je le ferais. Je braverais vents et marées pour simplement me libérer des chaines invisibles qui nous retiennent. Mon passé, je suis prêt à l'affronter encore et encore, car j'en suis déjà ressorti une fois, et si je dois encore rebrousser chemin pour briser de nouveau ces obstacles à ma liberté, je suis prêt à le faire mille fois s'il le faut. »

    La voix était un peu tremblante, mais assurément déterminée. J'avais été le plus honnête possible, mais une dernière pensée vint frapper mon esprit.

    « Et vous, aussi puissant et divin que vous êtes, vous sentez-vous réellement libre ? »

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  • Jeu 14 Nov - 3:19
    [Event]

    Le temple du dragon


    Bien vite, du mouvement se fit proche des tentes appartenant aux têtes pensantes. Il était temps de se mettre en route.

    —Je crois qu’il est l’heure. Bon courage à vous pour la suite des événements, dit-elle à Baalthazar avant de rejoindre l’attroupement. Il était hors de question de se faire remarquer ainsi devant l’empereur en tirant au flanc ou en arrivant parmi les derniers. Le regard porté sur les derniers arrivés est toujours des plus désagréable, de plus, la souris avait appris des hommes de Zéphyr qui l’avaient formé, que pour mener au mieux une mission d’espionnage, il fallait savoir trouver un équilibre entre ne pas trop en faire pour éviter d’attirer l’attention, mais également trouver le temps d’agir et de réagir afin de ne pas attirer trop de suspicions. Rester trop longtemps sur scène équivalait à se faire bien trop remarquer mais refuser d’y mettre le moindre pas attirerait pour sûr nombres de soupçons quant à ses réelles motivations.  Finalement, les arts théâtraux étaient l’un des outils les plus efficaces des espions et bien que la souris n’était pas encore une experte absolue dans le domaine, elle s’efforçait de retenir les enseignements de ses maîtres. Elle se souvenait de son premier échange sur le sujet avec l’espion qui lui enseignait les ficelles du métier.

    —Ainsi, nous ne sommes pas seulement les ombres du Reike ? avait-elle demandé. Il nous arrive parfois de monter sur scène ?

    —Effectivement Rachelle. Mais jamais à visage découvert.

    —Je ne suis pas certaine de comprendre.

    —C’est une métaphore, avait alors expliqué l’espion. Parfois, pour obtenir ce que tu veux, que ce soit des informations ou la vie de ta cible, tu seras obligée de monter sur scène. Il existe deux mondes. La scène et les coulisses. Habituellement, nous agissons depuis les coulisses afin que la pièce se déroule sans le moindre problème. Mais il arrive parfois, qu’un acteur oublie son texte, ou qu’un intrus se soit glissé parmi les membres de la pièce. A ce moment là, comment atteindre les acteurs qui sont directement sur scène, devant les spectateurs ?

    La souris resta pensive quelques instants. Elle commençait à voir ou voulait en venir ce dernier. Elle décida de se prêter au jeu des allégories.

    —Si nous devons agir à tout prix pour sauver la pièce mais que nous ne pouvons pas les atteindre depuis les coulisses… devons nous monter sur scène ? Mais si nous faisons ainsi, devant tous les spectateurs, notre rôle en finirait compromis ? Ou j’ai raté quelque chose ?

    —Non, tu as bien suivi. C’est pour cela que nous avons des masques. Je ne parle pas de véritables masques bien entendu, mais de rôles que nous devons incarner devant les autres afin que chacun pense que nous ne sommes que simples acteurs tout comme eux. La véritable toi ne se montrera jamais sur scène si ce n’est derrière un masque de faux-semblants. Tu devras tâcher de le garder en tout temps. Parfois, tu seras impuissante et obligée de regarder les tiens souffrir. Parfois, tu seras amenée à faire des actions contraires à tes valeurs. Car sur scène, nos forces sont loin d’être équivalentes à celles des véritables acteurs. Et ton masque seras ton seul rempart face à nos ennemis. Si ce dernier venait à tomber, ton rôle parmi nous prendrait fin immédiatement.

    La souris avait baissé la tête. Soucieuse des sacrifices que demandait une telle vocation.

    —Avez vous déjà laissé mourir des alliés sciemment ? avait-elle alors demandé d’une voix hésitante.

    —Des alliés, des amis qui m’étaient proches, un membre de ma famille… avait répondu l’espion d’une voix légèrement brisée avant de se reprendre. Pour protéger ma couverture et éviter une perte de plus, j'ai dû, une fois, ôter moi même la vie à un camarade de longue date. Me dévoiler et tenter de le sauver n’aurait fait que plus de pertes chez notre nation. Je te l’ai déjà dit Rachelle, mais la voie que tu as choisi de suivre, parmi nous, est loin d’être jonchée d’héroïsme et de glorieuses fêtes d'après-guerre. Tôt ou tard, tes mains seront pleines de sang. D’autant plus qu’à force de se tenir proche du précipice, certains finissent par y chuter. C’est pour cela que seuls les membres les plus loyaux de notre nation sont sélectionnés pour ce rôle.

    —Qu’entendez vous par là ? avait questionné la souris qui sentait son cœur se serrer.

    —Nous utilisons les mêmes artifices que les traîtres. Eux aussi portent des masques pour monter sur notre scène afin d’y semer la discorde. Là où nous cherchons à sauver la pièce pour que son dénouement s’opère selon la volonté du couple royal, d’autres tentent de saboter les efforts de nos acteurs. Sur scène, ton rôle sera de débusquer les autres porteurs de masque sans perdre le tien. Et parfois, à force de porter des masques, nous finissons par oublier qui nous sommes véritablement. Alors, jeune recrue, lorsque ce sera à ton tour de monter sur la scène et de porter le masque. Peu importe combien de fois tu te tacheras les mains, peu importe combien de fois tu seras confrontée aux horreurs de nos ennemis, peu importe combien il te sera dure de ne jamais pouvoir tisser d’amitié véritable avec quiconque, tu te tiendras fièrement et fixera les embûches qui te feront face sans faillir. Et quand bien même tu te retrouverais à porter plusieurs masques, tu n’oublieras jamais qui tu es, enfant du Reike. La nation repose sur tes épaules autant que sur celle d’un autre reikois. Aucun de nous ne doit faillir. Aussi difficile soit notre tâche.

    —Je comprends.

    —Non tu ne comprends pas, avait rétorqué l’espion avec un visage dur avant qu’il ne s’adoucisse d’un sourire. Tu ne peux pas comprendre tant que tu ne seras pas monté sur scène en portant un masque. Mais tu finiras par le faire. Et à ce moment là, j’espère que tu repenseras à mes conseils. Zéphyr pense que tu as du potentiel et je veux bien le croire. Alors ne lui fais pas défaut.

    —Il en sera fait selon ses ordres, avait répondu l’hybride en gratifiant son mentor du salut reikois. Je ne lui ferais jamais défaut. Ni à lui, ni au Reike. Je m’acquitterai de toutes les basses besognes si ces dernières permettent à notre empire de s’élever par delà les plus hauts sommets. Et lorsque je trouverai un traître sur scène, je l’emporterai avec moi dans les coulisses pour qu’il ne puisse plus jamais se permettre l’outrecuidance de salir notre divine pièce.

    —Je vois que tu apprends vite. Bien passons à quelques échanges de coups, ça fait un moment que nous n’en avons pas fait et j’ai peur que tu ne commences à rouiller.

    C’était ainsi que l’échange s’était terminé et la souris avait tenu parole en se remémorant de ses mots. Aujourd’hui, elle devait accompagner les acteurs en s’assurant que tout se déroule pour le mieux. Point supplémentaire, Zéphyr lui avait confié deux entités à garder à l'œil. De potentiels traîtres envers la glorieuse nation du désert. Elle devait s’assurer de les observer et de déceler la moindre trace de corruption chez ces derniers sans se faire percer à jour. Bien sûr, ils n’étaient pas forcément de perfides traîtres méritant le couperet de la justice, c’était pour cela qu’elle devait continuer de douter jusqu’à ce que tout soupçon ne soit lavé. Sur scène, elle ne serait que Rachelle, simple soldate prometteuse s’étant portée volontaire pour être une paire de bras supplémentaire.

    Après un discours de l’empereur et les directives du Luténi, la souris s’exécuta pour rejoindre la troisième ligne. Un choix qui ne l’arrangeait guère car elle se retrouvait ainsi loin de ses deux cibles. Demander à changer n’aurait eu, cependant, que des conséquences néfastes quant à son rôle d’espionne ou de soldate. La voix du Luténi faisait preuve d’autorité absolue et elle devrait apprendre à composer avec. Elle comprenait peu à peu à quel point il pouvait s’avérer difficile d’être un espion d’excellence. Pour l’heure, elle se contenta d’opiner avec énergie du chef avant d’offrir un sourire aux autres membres de sa ligne. Un petit gobelin troubadour et un homme d’apparence noble. Tout n’était peut être pas catastrophique après tout. Bien qu’elle ne savait pas grand-chose sur la créature verte, l’ambassadeur reikois était loin de lui être inconnu. Il faisait partie des gens à connaître de l’expédition après tout. Entrer dans ses bonnes grâces pouvait potentiellement s’avérer utile pour la suite. Mais pour l’heure, il n’était guère le temps de se lancer dans diverses flagorneries. Le temple sacré ne demandait qu’à être exploré.

    Son groupe s’enfonça à travers la porte de la lune. Et bien vite, le commandant leur ordonna d’allumer torches et lanternes. La souris attrapa la petite lanterne qu’on lui avait confiée avant de venir avant d’en allumer la bougie intérieur avec les outils nécessaires, ne connaissant pas les secrets arcaniques de la magie. Elle pouvait certes voir dans l’obscurité la plus obscure, mais une lumière de plus servirait au reste de l’assemblée. Ils avançaient ainsi unis, portant la même lueur globale, pour les intérêts du Reike. C’était la première fois que l’hybride voyait le Luténi en action et bien qu’elle avait pu entendre nombre de faits d’armes et d’éloges sur ce dernier, il était encore plus remarquable en chair et en os. Ce serait un honneur de servir temporairement sous ses ordres.

    Bien vite, leur communauté se trouva dans une salle aux immenses fresques préservées du passage du temps. Il était difficile de comprendre clairement ce qu’il en était et chacun pouvait y aller de sa petite supposition. Honnêtement, Rachelle n’était pas plus avancée que ses pairs et elle se gratta la joue pensive.

    —Est-ce que la seconde figure aurait remis le paquet à la première dans l’espoir qu’elle puisse le cacher au sein du temple ? Peut-être d’anciens nobles reikois ou d’anciens religieux voués à la cause des astres ?

    Elle ne pouvait pas réellement en dire plus étant loin d’être une érudite en la matière. Heureusement, beaucoup eurent des commentaires plus savants ou qui apportaient des précisions dont était incapable la souris de part sa méconnaissance de toutes les spécificités de l’histoire reikoise.

    Après que tout le monde ait pu rebondir sur les fresques, Tulkas lança l’ordre de reprendre la marche. Mais bien vite, une étrange magie s’opéra. Le bruit des bottes de cuir et de métal se répercutant sur les dalles du temple s’étouffèrent de manière nette et immédiate. La souris tourna la tête aux alentours pour se rendre compte qu’elle était seule. Un souffle chaud lui parvint et elle leva lentement la tête pour en chercher l’origine. Un immense dragon la toisait de toute sa taille. Un simple geste, un simple coup de patte aurait suffit à la démembrer. Quand était-il apparu ? Ou se trouvaient les autres ? Etait-ce la magie ou bien un piège provenant du temple ? Un dragon ne pouvait pas véritablement se tenir ici, non ?

    Ce dernier s’exprima d’une voix forte, n’invitant à aucun mensonge ou silence. Une mise en garde doublée d’une question d’apparence simple mais aux multiples réponses. La souris sentit son cœur s’emballer et serra sa lance contre elle pour se donner la force mentale de ne pas tressaillir.

    La disparition de ses compères ne pouvait signifier qu’une chose. Le temple semblait posséder sa volonté propre. Elle n’était pas spéciale à côté des autres légendes du reike donc cette apparition ne lui était probablement pas destinée. Les autres étaient sans doute plongés devant une illusion semblable, car un dragon ne pouvait pas réellement se tenir ici. Si le temple était disparu depuis des milliers d’années, peu de choses auraient pu y survivre. De toute évidence, le temple voulait être certain du bien fondé des intentions des intrus.

    Rachelle leva la tête pour soutenir son regard. Elle était reikoise et de ce fait, elle ne plierait le genou devant quiconque si ce n’était ses empereurs. Dépossédée de ses alliés, elle pouvait faire chuter son masque momentanément.

    —Je ne suis qu’un simple rouage du tout complexe qu’est le Reike. J’ai pour mission de m’assurer de la pérennité de notre avancée au sein de ce temple sacré. Ce n’est pas une simple question de courage. La pièce doit arriver à la conclusion souhaitée par mes seigneurs. Quel qu’en soit le prix. Si vous souhaitez vous mettre sur le chemin de la sainte volonté du glorieux empire du Reike, sachez, noble créature, que je vous affronterai sans peur. Mon honneur et ma dévotion envers mes souverains et ma nation guident mes pas ! Tant que je serai vivante, je continuerai de m’user pour le bien de notre peuple ! Notre empereur vient récupérer son saint héritage et nous serons la lame qu’il tend vers quiconque osera se mettre en travers de sa noble avancée ! Je n’ai que faire de la gloire et des richesses, je les laisse volontiers aux autres. Mais je n’arrêterai pas d’avancer tant que je n’en aurai pas reçu l’ordre. Et si vous comptez vous dresser face à nous, sachez que chaque reikois possède en lui la force nécessaire pour vous faire face. Les enfants de la nation conquérante qu’est le Reike sont bien trop fiers pour baisser les bras devant le danger. Nous avons déjà soumis les titans et leurs forces non pas une, mais deux fois. Nous avons tous en nous la flamme sacrée du Reike, nos divins empereurs veillent sur nous ! Nos cœurs battent à l’unisson pour la gloire du Reike ! Sur nos épaules, nous ne portons pas seulement les rêves de nos souverains, mais aussi ceux de tous les habitants de notre nation et ceux à venir ! L'échec ne fait tout simplement pas partie de nos options ! Alors, temple sacré, rendez moi aux miens, ou subissez le courroux du Reike !

    Elle le pointa de sa lance prête à se défendre au besoin. Depuis que l’impératrice lui avait rendu ses yeux, sa dévotion envers le Reike en venait parfois à frôler le fanatisme. Et elle ne laisserait personne, même pas un dragon ou encore les dieux en personne, oser venir entraver les objectifs de ses souverains tant que ces derniers continueraient de faire briller le Reike de mille éclats.

    Elle avait été le plus sincère possible. Et si le dragon n’était pas comme elle le pensait une illusion et que ce dernier se retrouvait à vouloir croiser le fer avec elle pour son impudence, alors elle ferait tout pour tenir le temps que les renforts ne lui parviennent. Car la véritable force du Reike reposait dans son unicité, dans sa vision commune.

    Seul le Reike importait.

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  • Jeu 14 Nov - 7:30
    Le Temple du Dragon


    Comme je me doutais, mon collègue était plutôt avenant. Et si partager ce léger trait d'humour eut le mérite de me détendre, j'en fus presque surpris qu'il me montre autant de... sincérité ? Enfin... il plaisantait, hein ? Oui, oui, probablement. Et si la sincérité pure venant d'un ambassadeur, rompu à l'exercice du badinage surprenait, ce n'était pas désagréable. Partageant son rire, je retournais ce souhait d'un simple "Et bien ma foi pareillement, au moins pour le début de vos dires !", par politesse sans arrière pensé. Ma charge de travail doublerait elle en cas d'un destin funeste le fauchant ? Peut importe, il n'était pas temps d'y penser. Nos groupes d'interventions étaient en phase de se regrouper pour intervenir. J'adressais donc un signe de tête à mon camarade brumeux afin de clore cette petite appâtée.  
    Rejoignant le groupe, laissant probablement à ma consœur oni le loisir de se fondre à mon ombre, j'observais un instant notre équipe. Tout d'abord, ce jeune adepte des ombres que je me permis de saluer d'un signe de tête léger en arrivant à son coté. Nous étions tout de même ici pour explorer un temple issue de légendes du Shierak... saluer de trop un confrère cultiste était... très mauvais ton. Mes penchants sombres étaient acceptés, mais je tachais de les garder discrets.  Il y avait forcément mon collègue, comme prévu. Et son... subordonné ? Garde ? Camarade ? Son Kasha Bataivah, enfin probablement. Définir notre relation était... difficile. Alors le faire pour eux l'était bien plus. Cette dernière était donc du nombre. Et je me perdis dans un instant de surprise à remarquer la jeune mercenaire avec laquelle nous eûmes déjà à lutter. Le reste m'était inconnu... même si la vision de cette rongeur me percuta une seconde. Un léger élan d'instinct, comme primal, me poussa à la dévisager une poignet de secondes à peine. Que m'arrivait il ? Détournant le regard pour le poser vers notre chef d'orchestre, je me maudissait d'autant de faiblesse. Ma méfiance envers Herendil n'avait ainsi plus aucune forme de légitimité... Il était peut être bien plus fort que moi en définitive...
    Mais inutile de ruminer de trop : me concentrer sur la mission à venir me permettrait probablement de balayer cette petite ombre au tableau. Et puis, une simple pensée, fugace, ne pouvait me détourner de ma volonté de contribution. Le discours suivant fut clair, aussi encourageant que... prompt à la méfiance pour ma part. Cet homme, dont je n'avais qu'entendu le nom jusqu'alors, semblait dévoué au Shierak... trop pour ne pas me rappeler certaines dévotions excessives... Mais les prémices du fanatisme se trouve aussi dans les plus fervents croyants. C'est cela qui le rend aussi pernicieux. Ne me formalisant pas de trop, je notais tout de même de taire certaines pensées, et peut être une connaissance présente, par simple prudence.

    Finissant donc par entrer dans la position indiquée, je me permis un léger retrait sur ma ligne, pour une raison déjà visible à dire vrai. Ma troisième jambe de bois, logée au creux de ma serre, me rendait parfois plus lent à réagir. Et si l'agilité était notamment le propre des volatiles, je n'étais plus tout jeune. Ainsi, probablement que mes camarades n'auraient aucun désir de se retrouver gênés par un vieil hibou boiteux, au centre de la formation en cas de problème. Pour ce qui était de l'ordre au sujet de la détection, j'hésitais un instant. Mais je préférais finalement ne pas déployer mes ombres, m'économisant un peu en ce début d'exploration. Cependant, mes yeux prirent une légère lueur, comme le reflet d'une lune indiscernable en intérieur. Ou peut être mes globes reflétaient ils les torches que nous allumions, bien que l'éclat soit un brin plus éthéré, froid. Voir dans les recoins les plus sombres des pièces serait peut être utile après tout.
    C'est ainsi que mes yeux luisants se posèrent sur les représentations. Scrutant le moindre sillon dans la roche, je cherchais à en comprendre les détails. J'étais peut être pris d'une curiosité mal placée : si des êtres aux vies bien plus longues que celle du petit hybride que j'étais sentait tout l'âge de ces fresques, j'étais donc plus qu'insignifiant en face. Songeant à mon audace, je fus presque intrigué face à la question de notre meneur. Et ma consœur hybride me retira tout once de culpabilité à l'idée d'oser penser. Un instant hésitant sur mes propos, je finis par me lancer également :
    "Une union, ou une collaboration peut être ? Pour cacher, ou nicher, quelque chose dance ce temple. Du reste, à supposer que ces silhouettes représentent des femmes, je n'arrive pas à cesser de penser à une chose en voyant ce paquet : peut être un nourrisson emmailloté ? Bien que je concède que mener un nourrisson seul dans une bâtisse du genre puisse faire peu de sens... Navré."
    Peut être avais je passé sous silence une théorie plus... liée à un espoir personnel... Si ces femmes étaient dans une "passation de pouvoir" quelconque, pouvait on espérer une Impératrice décisionnaire devant l'Empereur au cœur de nos croyances ? Ma bonne Maitresse était elle légitime à décider de son destin, et ce temple allait lui en offrir possibilité ? Inutile de crier victoire trop vite... Mais ce doux espoir me donnait envie d'avancer, à coté de mes intentions premières.

    Ecoutant les théories, sans attendre mon reste au sujet de la mienne, je suivis la reprise de la marche. Mais l'obscurité s'épaississait... dans des dimensions peu logiques vis à vis de ma vue perçante... Quels maléfices cachait ces pierres ? Confus, je cherchait à retrouver mes camarades, ma consœur oni en première. Mais inutile. C'était peine perdu. A la place, un colosse d'écailles se tenait. J'avais peiné à le remarquer au début : son armure naturelle était aussi noire qu'une nuit sans lune, celles que j'aime le moins... Sidéré un instant, je me figeais sans réellement avoir idée de comment agir. Mon corps tout entier était plus fin qu'une de ses griffes... c'était à me demander s'il voyait ma canne, tellement elle était petite à ses yeux. Ces derniers, d'ailleurs étaient d'un gris froid... Son regard, ses iris... ils me faisaient étonnement penser à un lointain tortionnaire... Comment était ce possible ?
    Ecoutant ses mots, je frémissait à un certain passage. Non celui de la mort -je m'estimais heureux de vivre encore. Mais sa référence au passé me perdit dans ces yeux biens trop familiers à mon gouts... Ce n'était probablement pas un hasard...
    "Je dois ad...mettre que... il... Maitresse..."
    "Du gâchis, tu comptes vraiment perdre tes moyens maintenant ?"
    Les ombres... elles sont encore là... vraiment... Partout... partout...
    "Comment oses tu te dire digne de ta nouvelle Maitresse avec ça !"
    Je... je ne voudrais pas la décevoir... Vraiment pas... Et les ombres, elles, ne m'ont jamais déçues... Ce regard... peut importe ! Prenant une grande inspiration, je m'imaginait presque un fond de flamme se former dans ma gorge... à l'instar de celles me menaçant...
    "Devenir le prédateur ! Noble créature... un dragon m'a un jour dit, de me lever et de lutter, alors même que ce sont ses griffes, à elles, qui m'ont tiré de la mort cette fois là. Je compte devenir le prédateur qu'elle a vu en moi ce jour là, sortir les griffes, hurler à la nuit. Ne plus avoir peur, mais devenir la terreur de mes ennemis. Ses opposants sont mes opposants, sa volonté et mienne tout comme ma vie. Ainsi, je compte bien contribuer à cette expédition, à mon humble échelle, et lui ramener les secrets que renferme ces murs tout en préservant ma vie. Sauf votre respect, je compte bien défendre les biens de ma Maitresse, et mon souffle est sien. Donc je ne laisserais pas ce temple se l'accaparer."
    Malgré tout, mon regard continuait à dévier, évitant le sien... Mes deux serres crispées sur ma canne, je la frappais au sol pour me donner courage. Tout ne serait que veine paroles en l'air en cas contraire.
    "Et si je ne suis pas capable d'affronter ce regard." Je fichais le mien dans le sien. "Tout ses efforts seraient vains. Si ma volonté en entrant n'était autre que servir ma Maitresse avec ferveur, la Lune m'en soit témoin, je refuse ici de ployer sous ce gris glacial, aussi peur ai je. Il ne mérite plus aucune considération de ma part, plus aucune. Je ne suis plus l'oisillon qu'il a déformé, et porte ses séquelles comme une couronne sublimée par ma Maitresse : la seule ayant jamais mérité ce titre, et tous mes efforts."
    Relâchant ma canne d'une serre, je saisissait l'air entre mes griffes à coté de moi, pliant mon ombre -bien là en fait- pour la faire passer devant mon corps. Son visage devant le mien, le trou des yeux laissant les miens fixer de dragon toujours plus intensément.
    "Mon passé moins comme une béante plaie,
    que comme une armure m'ayant renforcé.
    Mon honneur moins dans l'aveugle résignation,
    que dans mon allégeance lunaire en honneur à ses dons.
    Ma force moins dans l'oisiveté en profitant de ma chance
    que dans ma détermination à peser dans cette grande balance."
    Là dessus, un sourire se dessina sur mon ombre. Ses dents affutées étaient là pour montrer ma volonté. Mais sa souplesse étaient message d'une chose : une peur contrôlée me laissant avancer sans sombrer, pour lutter. M'étant tenté à parler avec cette être dans ces coutumes -les vers- j'espérais juste qu'il prenne ça comme une marque de respect, et rien d'autre.

    Ce regard affronté, l'endroit n'était pas si terrifiant. L'ombre était calme, et la présence devant moi, aussi imposante qu'un bal karmique dont j'avais accepté n'être qu'une marionnette minuscule. Ironiquement... je m'imaginait bien le Royaume du Crépuscule ainsi, et la forme que les Gardiens prendraient en face de mois, écailleuse. Il me manquait plus qu'un monde s'étalant sous mes pieds de temps à autre, et je me sentais étoile, sous le regard doux de ma Maitresse, et la protection forte des Gardiens. Une mort avec ces attraits ne sera pas si difficile à expérimenter, l'air de rien.
    Mais ce sera pour plus tard.


    résumé:
    Codage par Libella sur Graphiorum


    [Event] Le Temple du Dragon - Page 3 Sailor12
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    Alaric Nordan
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  • Jeu 14 Nov - 11:53
    Une fois qu'il eut terminé de soigner quelques bobos, la préoccupation première d'Alaric ne fut pas de se reposer un peu, mais bien d'achever sa préparation. À tout instant, les composantes des groupes voués à l'exploration du Temple pouvaient être appelées. Et s'il y avait bien une chose qu'il ne voulait pas faire, c'était arriver le dernier. Alors, certes, il était tout en bas de l'échelle, mais ce n'était pas une raison pour agir comme tel. Et puis merde ! Pourquoi cherchait-il à se justifier ? Il serait présent, comme on l'attendait de chacun. Il cessa de maugréer contre lui-même et reprit sa préparation.

    D'une main sûre, il s'assura que son trousseau de soins était complet, que tout était en place, qu'il ne manquait rien. Après quoi, il le remit à sa place à sa ceinture. Puis, il s'assura du reste, comme avant, quand il était Shekhikh. Alors, oui, il ne l'était plus, et tout le refrain qui allait avec... Les voix intérieures moqueuses ou dévalorisantes étaient maintenant trop lointaines pour qu'il les entende. Qu'il ait été FMR, mage d'État, soldat ou rien du tout, il savait qui il était. C'était cela le plus important. Ce n'était pas un titre qui faisait la valeur du cœur et de l'âme.

    Quand il fut certain d'être prêt, il attrapa sa cape, qu'il posa sur ses épaules. Il revêtit sa capuche et posa la main sur le petit pommeau arrondi de la dague qu'il portait à sa ceinture. Quand il avait été déchu, il avait cru l'avoir perdue définitivement. Un de ses vieux amis avait pu la lui faire parvenir avant qu'il ne parte avec sa cohorte vers le Temple du Dragon. Son trousseau, sa dague... Il ne manquait plus que la tenue pour lui rappeler ces moments où les soldats se préparaient à partir en mission... Un peu comme un retour aux sources. Il ne put s'empêcher d'afficher un bien étrange rictus avant de quitter la tente. D'un geste vif, il repoussa la tenture de l'entrée pour en sortir.

    Le temps de rejoindre le point de rassemblement, il fouilla furtivement les environs du campement pour voir s'il reconnaîtrait des visages connus. Avoir la capuche sur la tête lui permettait de passer humblement parmi les plus "grands". Puis, les groupes furent formés. Il aperçut Qwellaana accomplissant ses derniers préparatifs. Il espéra que tout se passerait bien pour elle.

    Puis, le mage rejoignit sa formation et découvrit qui serait à la tête de leur expédition. Il manqua de frémir. Les descriptions qu'il avait entendues suffirent à mettre un nom sur ce visage, avant même qu'il ne se présente. Jamais il n'aurait cru le voir de ses propres yeux. Il déglutit, se sentant étrangement insignifiant. Pour rester concentré, il tourna légèrement la tête pour observer les autres membres de leur formation, qui s'avérait donc être assez hétéroclite.

    *Tiens, mais c'est Kassandra là-bas ?*

    Cela ferait au moins une personne qu'il avait déjà croisée par le passé, même si cela avait été assez... particulier.

    Le Luteni Tulkas donna l'ordre de marche. Alaric ne fut pas choqué d'être en dernière ligne. Cela avait toujours été sa place, tant comme Shekhikh par le passé que comme simple mage de guerre maintenant. Enfin, mage de guerre... Il se retint de ricaner. Juste mage, quoi. Une chose était certaine : Qwellaana, en tant que FMR, aurait au moins une protection assurée par l'avant au sein de son groupe.

    À songer à la Valkyrie, celle-ci aussi avait pensé à lui. L'ancien FMR sentit sa présence télépathique dans son esprit ; il la reconnaîtrait entre mille. Il crut percevoir son inquiétude pour lui. En lui répondant, il espérait lui rassurer.

    Je ferai tout ce qui sera nécessaire pour revenir... Tout se passera bien... Fais également attention à toi, d'accord ?

    Il ne pouvait pas promettre qu'il reviendrait en vie. Toute personne ayant osé pénétrer dans le Temple du Dragon n'en était jamais revenue pour témoigner des mystères qui s'y trouvaient. À y songer, ces simples mortels avaient-ils seulement le droit d'y entrer ? De découvrir ses secrets ? Cette question méritait réflexion. Il était évident qu'il y avait une raison à la présence de cette vénérable infrastructure. Elle ne serait pas remontée des abîmes de la mer sans raison. Seulement, personne n'avait encore été capable d'en percer le secret, ni de comprendre son véritable but. Est-ce que les nouveaux venus y parviendraient ?

    La petite troupe se mit en route vers la Porte de la Lune. Alaric ne put s'empêcher de lever le regard au fur et à mesure que le Temple devenait immense à leur approche. Il était toujours aussi... stupéfiant ! Et quand il posa le pied après les autres, quand sa semelle foula le sol dallé humide, il eut l'impression de... pénétrer en plein cœur du passé. Le Temple du Dragon était lui-même un vestige d'un lointain passé oublié, de cette ère où les elfes dominaient le Sekaï. Ce monument antique était-il vraiment si ancien ? Difficile à dire au premier abord. Et, au fur et à mesure qu'il suivait la cohorte, gardant sa lanterne levée pour contempler l'intérieur, bien des souvenirs de ses études, à ses heures perdues, lui revenaient.

    Les lueurs des torches et des différentes lanternes projetaient un étrange jeu d'ombres sur la fresque qui se dévoilait au retrait des ténèbres. Comme les autres, Alaric la fixait, observant cette scène figée depuis des millénaires. Il était étonné que l'eau de mer n'ait pas érodé les détails.

    *Impressionnant...*

    Le mage déchu étudiait la scène. Deux femmes se faisaient face, l'une tendant quelque chose, un paquet ou un objet indéfinissable à l'autre, tout en se trouvant dans l'immensité du désert. En tournant la tête, Alaric pouvait voir la retranscription peine du Temple et de ses deux portes, menant clairement en son cœur intérieur.

    Chacun y apporta ses propres hypothèses. Alaric les écoutait d'une oreille attentive, tout en gardant ses yeux rivés sur les deux fresques.

    "L'une tend quelque chose à l'autre... C'est quelque chose qui les lie malgré tout... un lien comme l'union éphémère du Soleil et de la Lune pour donner l'éclipse... qui a fait remonter le Temple du Dragon, comme si cette union donnait naissance... Le Temple a deux portes, deux voies, qui se réunissent pour former un tout, qui se trouve au centre du Temple. Un groupe pour chaque porte... devons-nous nous retrouver au cœur de cet endroit, avec quelque chose à nous confier l'un à l'autre ?"

    Il ressassait ses premières idées, qu'il pensait à haute voix.

    "Cette conjonction céleste offrait aussi la vue sur les étoiles, qu'on ne voit qu'en pleine nuit... les étoiles en plein jour, obscurcies le temps de l'éclipse... Nos souverains sont comme la Lune et le Soleil, qui ont engendré les premiers dragons de ce monde... et ces deux femmes qui se passent quelque chose de précieux... les femmes offrent la vie, elles l'engendrent, elle est liée à elles... C'est transmis pour être pérennisé, pour perdurer... ou être protégé ? Hum... pardonnez-moi, je m'égare."

    Chose certaine, tout se liait. Le Temple du Dragon était le centre de tout cela, possiblement. Il aurait pu demeurer ici, à réfléchir longuement à ses deux représentations mystérieuses, qui revêtaient bien des significations possibles, mais la mission d'exploration devait se poursuivre. Il ne s'attarda donc pas plus et suivit le reste du groupe. Puis, ils arrivèrent dans une nouvelle pièce. L'obscurité fut de nouveau refoulée par les lueurs artificielles des explorateurs pour dévoiler les splendeurs intérieures vouées à la Lune.

    Alaric, les yeux écarquillés, se figea, quand il aperçut ce qui se dressait devant lui... La bouche ouverte de stupéfaction, son cœur s'était mis à tambouriner si soudainement qu'il en eut le souffle coupé. Il manqua de lâcher sa lanterne face à l'immense présence reptilienne qui lui faisait face, ses deux orbes luisants dardant sur lui. La créature était si imposante que son corps emplissait toute la pièce.

    *Un dragon !*

    Il avait déjà vu le Fléau des Titans, qui paraissait être d'une taille bien plus supérieure. En même temps, il était difficile d'évaluer la grandeur des deux puissantes créatures, quand on les voit de loin, et là... quand l'une vous fait face de toute sa dangereuse taille.

    Alaric, toujours les yeux ronds, saisi d'une certaine angoisse mais aussi d'une étrange ferveur, tourna la tête à droite et à gauche... Où étaient les autres ? Il était seul, face au dragon. Il braqua son attention sur le saurien, se retenant de frissonner, quand une certaine impression de déjà-vu le saisit dans les tripes. De sa mésaventure avec Lamentation... non, ce n'était pas cette putain d'Entité, même s'il y avait un effet mystérieux et oppressant. Il était bien dans la réalité ! Ce qu'il vivait était exceptionnel, hors norme. C'était un dragon, bordel, pas une de ces reliques malveillantes qui cherchaient par de noirs desseins à repousser l'inéluctable. Un dragon était un enfant de la Lune et du Soleil, et aucun de ces êtres impurs des temps anciens ne pouvaient être aptes à l'imiter, même pour vouvoyer les mortels !

    Convaincu de ce qu'il voyait, les sourcils froncés, il fixa le dragon. Puis, il s'abaissa, mettant un genou à terre. Doucement, comme pour ne pas briser l'instant — ou pour éviter tout geste brusque ? — il déposa la lanterne au sol.

    Le corps féliné du dragon était recouvert d'écailles d'un noir profond, presque indigo, tel un ciel sans lune. À chaque mouvement gracieux, même les plus infimes, ses écailles semblaient scintiller de mille petites lumières, comme si des étoiles s’allumaient et s’éteignaient sur sa peau. Ces éclats lumineux rappelaient l'intensité d'une nuit emplie de diamants célestes, filant en bandes argentées et dorées le long de ses flancs et de sa queue, créant un effet hypnotique.

    Ses yeux, posés sur l'humain devant lui, étaient deux orbes de lumière blanche, presque éthérées. Alaric se retint de trembler. Il avait l'impression d'être transpercé par ce regard perçant. Il respirait même lentement, presque imperceptiblement, pour ne pas perturber celle du grand saurien, qui était lourde et régulière. Chaque aspiration de l'air ambiant enflait son torse carapaçonné.

    Sa respiration, lourde et régulière, faisait onduler les flammes qui veillaient aux coins de sa gueule armée de longues dents tranchantes, n'attendant que l'appel de son souffle pour embraser l'air ambiant. En même temps, au rythme de l'air qu'il inspirait et expirait, les étoiles de son corps brillaient plus vivement.

    Puis, une voix tonitruante se fit entendre, vibrant jusqu'aux tréfonds des os du géomancien. Alaric réussit à ne pas baisser la tête, gardant ses yeux bruns rivés dans ceux immaculés du dragon. Il porta sa main droite à son cœur, ne sachant quoi dire. Bordel, il n'allait pas flancher maintenant ! Si ? Il était face à un dragon, ce n'était pas rien quand même !

    "Il y a tellement de raisons à ma venue en ces lieux, noble gardien. Au début, je pensais que ce n'était que pour redorer mon honneur, que j'ai souillé en ne suivant pas la voie que je pensais être mienne à ce moment-là..."

    Et puis, en posant le pied sur la terre émergée du Temple, il avait compris qu'il n'était pas venu pour cela. Si Zephyr l'avait abordé pour lui suggérer cette raison-là, ce n'était pas celle qui l'avait réellement motivé au plus profond de son être.

    "... avant de réaliser que ce que je souhaitais : savoir pourquoi... pourquoi le Temple du Dragon a fait surface au moment de l'union du Soleil et de la Lune, comme autrefois. Comprendre pourquoi, jusqu'ici, tout être vivant qui a pénétré ces lieux a échoué... Comprendre pourquoi nous n'avons pas droit à l'échec. Comprendre pour protéger des proches personnes qui participent à la découverte de ce que vous protégez... Comprendre son rôle au sein du Sekaï. Vous, ce Temple... c'est lié à la Lune et au Soleil. Ce lien a quelque chose d'important..."

    À savoir s'ils seront dignes de saisir toutes ces énigmes. De saisir ce que le Temple cherchait à dévoiler à celles et ceux qui étaient destinés à découvrir ce qui se cachait ici-même.

    Il retira sa main portée et se releva, pour faire face, debout devant le grand dragon.

    "J'ai déjà affronté mon passé... et je m'en suis relevé avec l'aide d'âmes qui ne visaient qu'à aider mon esprit en perdition. Et si je dois chuter, alors je ferai en sorte de me relever encore, pour soutenir ces mêmes âmes, pour d'autres."

    Il avait tellement d'interrogations à l'esprit, qui appelaient à avoir des réponses. La vie n'était-elle pas ainsi faite ? N'était-elle pas une recherche perpétuelle pour trouver ces réponses, certaines devenant des quêtes de toute une vie ?

    "Bien des réponses qu'on cherche durant des années, voire des décennies, sont souvent si proches de nous... qu'on s'aveugle soi-même à les croire plus lointaines, n'est-ce pas ?"

    Il déglutit.

    "J'ai tellement d'interrogations... mais d'aucune ne sortira de ma bouche, noble gardien. Ma venue, comme celle de mes compagnons d'armes, de mes amis... est possiblement déjà un premier pas vers ce qu'on cherche réellement. La trouver aidera à les garder en vie... Je ne souhaite pas que leur sang se rajoute à celui des précédents..."




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  • Jeu 14 Nov - 23:09
    Le Temple du Dragon


    Devant l'immensité de ce temple, je me sentais si petit. Je contemplais le bâtiment, une merveille de pierre et d'ombre, où la fascination se mêlait à une crainte écrasante. Tant de mystères, enfouis dans ses entrailles froides, semblaient appelés à être révélés, et le nombre de volontaires rassemblés ici témoignait de la quête insatiable de l'âme pour percer l'inaccessible.

    Le brouhaha des participant contrastait avec ma recherche de paix intérieure, en effet je préférais me recueillir, offrant à la Déesse de la Lune mes prières murmurées. Dans un souffle chargé d’espoir, je l'implorai de me protéger, de me guider, comme elle l'avait fait lors de ces jours obscurs où la fatalité menaçait de me dévorer. Souvenirs d'un temps révolu : sa lumière me sauva des griffes d'un chasseur, impitoyable dans son désir de capturer l'anomalie, et m'affranchit des chaînes d'un esclavagiste, m'arrachant aux combats d'un tigre dans une cage. Mon regard se posa sur le tatouage lunaire, ornement de l'une de mes pattes avant, témoin silencieux de ces épreuves et de sa grâce.

    Il était temps.
    Je m'avançais, discret tel une ombre, vers mon groupe. La porte du soleil, promesse d'un destin incertain, se dressait à quelques encablures. Avant de franchir ce seuil, l’Empereur me dédia quelques mots. Surprise et appréhension se mêlaient en moi. Ce qu’il disait ne laissait guère présager de répit ; une intrigue des plus périlleuses se profilait. J’avais ouï parler de cette histoire où un renard appartenait à Maîtresse Ayshara, et je mesurais le poids de ce passé sur mes épaules. Je me refusais à ce que pour elle, l'histoire se répète.

    Causer le moindre chagrin à ma Maîtresse était une pensée insupportable. Dans ce tumulte d’émotions, une résolution se dessinait : il me fallait vivre, coûte que coûte. L’ombre de l’Empereur, bien que teintée d’une menace latente causé par ce l'aventure qui nous attendait, se muait en une motivation. Peut-être se présenterait une opportunité de lui démontrer ma valeur, de lui démontrer que je suis bien plus qu'un animal de compagnie. Les cieux, avaient peut-être orchestré cette rencontre pour que, dans l’ombre des temples les pensées de l'Empereur à mon égard changent.

    -" Vos mots me touchent mon seigneur. Ma foi me protège j'en suis certain. Je sortirai vivant, je vous en fait le serment ! Annonçai-je d'un ton solennel, oubliant pour un temps mes sentiments à son égard. D'un geste souple j'inclinai mon buste poliment.
    Le groupe était en formation. L'Empereur avait donné ses consignes, quant à moi, je me tenais en retrait, laissant Brak, et Nazg se tenir prêt proche du dirigeant.

    Dans l’ombre vénérable du temple ancien, où les pierres murmuraient des histoires oubliées, je m’avançais, le cœur à la fois palpitant et troublé. Le groupe se tenait là, en formation sous l’autorité de l’Empereur qui orchestrait l'avancé. Je me tenais en retrait, laissant Brak et Nazg s’approcher du dirigeant, tandis que l’angoisse et la curiosité s’entremêlaient dans nos esprits.

    Le moment tant redouté et souhaité était enfin arrivé. La sacoche serrée contre moi, je pénétrais dans ce sanctuaire de pierre, où la pénombre dansait. À ma grande surprise, l’endroit conservait une certaine dignité malgré le poids des siècles. Mes pupilles, douées d’une acuité particulière, scrutaient chaque recoin.

    Les dalles résonnaient sous nos pas. Les éclaireurs avançaient prudemment, je me laissais séduire par le charme austère des murs ornés de fresques. Mes yeux s’attardèrent sur ces guerriers, la tête haute, et leurs oreilles pointues trahissant une lignée elfique. Une nature semblable à Nyrlis, cela créa une vive discussion que je me contentais d'écouter, en lui prêtant silencieusement mon soutien.
    Leurs visages racontaient une guerre, un affrontement où se trouvait également des mages à en croire l'illustration. De l’autre côté, le désastre s’étalait, un incendie dévorant les vestiges d’un monde. Un frisson me parcourut ; si je revenais sain et sauf à Ikusa, j’explorerais ces récits historiques, effaçant mon ignorance sur le Reike.

    Mais alors, alors que j'entrai avec la troupe vers une autre salle, une irrationnelle solitude m’assaillit. Mes compagnons avaient disparu, laissant place à une angoisse sourde qui me tordait les entrailles. Mon corps se courbait dans un réflexe inné, mon pelage roux s'hérissait sous l’emprise de la peur et de la surprise, lorsque mes yeux croisèrent ceux d’une créature titanesque, un dragon. Je me disais qu'il était bien plus grand que Draknys, et qu'il serait étonnant que lui me prenne en amitié. Il était immense. Effrayant.

    Sa présence était à la fois majestueuse et terrifiante. Ses écailles, sombres et scintillantes, captaient la lumière avec une splendeur inquiétante. Mes griffes s’enfonçaient dans le sol, tandis que je me retrouvais, à quatre pattes, face à ce regard pénétrant, ardent comme le feu. Mes pensées se tournaient vers Maîtresse Ayshara, implorant son aide dans ce moment de doute. Le ventre plaqué au sol, j'écoutais la prise de parole de l'immense Dragon, et poussé par la sincérité je répondis non sans un temps de panique, et d'une recherche vaine de comprendre le pourquoi de tout cela.

    - C'est un honneur de vous rencontrer, balbutiai-je, ma voix tremblante résonnant dans le vide. Ô puissant dragon je suis Herendil, humble hybride sous la forme d’un renard, je suis ici guidé par la volonté divine de Maîtresse Ayshara, incarnation de la Déesse de la Lune, celle qui a engendré un être de votre espèce. J’accomplis ici un devoir sacré, j'accomplis l'ordre divin qu'elle m'a donné : accompagner son époux l’Empereur du Reike qui cherche à découvrir le mystère de ce temple et, si le sort m’est favorable, lui délivrer le récit de ce que j’ai vu, de ces mystères enfouis.

    Mon cœur battait la chamade, mais lentement, comme apaisé, mon pelage retrouva sa normalité. Je puisai dans le courage que m’offrait la lune, et je trouvai du réconfort dans les prières que je récitais intérieurement dans lesquelles je demandais l'aide de l'avatar de la  Déesse de la Lune, de celle qui guide mon existence. Que la lune soit témoin, que son incarnation me donne la force d'avancer...

    - Que va-t-il se passer désormais ? demandai-je, ma voix tremblante, tout en scrutant la réaction de cette majestueuse créature. Je n'avais rien d'autre à dire de plus. Je restais tout simplement ainsi, au sol, les yeux rivés vers le Dragon me préparant à toutes les éventualités que je pouvais imaginer.


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  • Ven 15 Nov - 10:56
     
    Le Temple du Dragon
    Feat. Les payeurs d'impôts

    Plusieurs dizaines de milliers d’épées et boucliers, certainement forgés avec les robustes matériaux que l’on pouvait trouver dans les Terres du Nord. A cela se rajoutaient le matériel d’entretien et les réserves en cas de casse ou de perte sur le champ de bataille.

    TCHAK

    Plusieurs dizaines de milliers d’amures, certainement forgées avec un matériau robuste mais léger, si l’on en croyait les coutumes elfiques. Du mithril, probablement.

    TCHAK

    Ben le Bouc était plongé dans sa contemplation de la fresque murale sur laquelle venait de tomber le groupe du Soleil. Pas pour émettre des hypothèses cependant, comme le faisaient ses compagnons, mais pour tenir les comptes. Eh bien oui, cette antique armée elfique n’était pas sortie de nulle part, et même si leur empire avait disparu il y a bien longtemps, les ressources dont ils avaient eu besoin pour tenir une telle force militaire étaient maintenant perdues. Des ressources prises sur les terres actuelles de l’Empire, qui aurait pu les utiliser à meilleur escient !

    Cette fois, les plaintes officielles ne se limiteraient pas aux membres du Conseil de la Main. Le Conseil de Melorn allait devoir répondre des agissements de leurs prétentieux ancêtres, et Ben le Bouc ne se gênerait pas pour y joindre l’amende faramineuse qu’il venait de calculer. Aux dernières nouvelles, la cité elfique avait récemment été le théâtre de troubles. Une occasion parfaite pour effectuer des revendications auprès de ce peuple arrogant et pédant au possible.

    L’officier impérial se détourna de la fresque pour continuer à avancer avec le groupe, dont plusieurs éléments lui étaient familiers : La Tovyr qui avait honteusement réquisitionné son aide en faisant jouer ses relations, la monstruosité verte à la gentillesse ridicule, et la FRM responsable du décès du Cœur. Le fait que cette incapable fasse encore partie de l’armée était un véritable affront aux yeux du contrôleur, une injustice qui réclamait réparation. Le logothète au bouc grisonnant s’avança vers la valkyrie, une lueur sauvage dans son regard, comme s’il était sur le point de franchir … un point de non-retour.

    Soudain, la FRM disparut de son champ de vision. Comme tous ses compagnons, en fait ! A leur place, un gigantesque dragon toisait l’officier impérial de son regard mauvais. A peine la créature entonnait son terrible discours que le Contrôleur Royal s’était mis en position, à genoux, menton baissé, mains jointes sur le front. A l’évidence, Ben le Bouc était décidemment le plus chanceux des Stellaires, car c’était la deuxième fois qu’il se tenait en présence d’un dieu !

    Sans se départir de sa posture, l’officier impérial répondit à la créature divine :

    « L’appel de l’Empire a retenti dans le Désert tout entier, par-delà les Terres du Nord et jusqu’au confins de Mael. Je me suis levé en ce jour, car mon devoir est de m’assurer que la machine impériale continue de tourner quoi qu’il arrive »

    Après une légère pause, le logothète au bouc grisonnant, reprit la parole, sa voix ayant pris une intonation légèrement plus … passionnée :

    « Les suppliques des Stellaires ont retenti dans tout l’Empire ! Les véritables croyants, menés par la Prima Stella, désireux de servir leurs dieux ! Je me suis levé en ce jour, car mon devoir et de venir me prosterner devant nos dieux au sein de leur temple sacré »

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  • Ven 15 Nov - 12:24
    Alors qu’il venait de terminer sa jolie petite chansonnette, le maître barde –titre acquis grâce aux civils de la Marche d’Acier- constata comme les personnes qui avaient constitué un petit attroupement autour de lui –des fans-, qu’il y avait de l’animation vers la tente de commandement où se trouvait bien évidemment l’Empereur, l’Oreille et tous les assez hauts gradés qui avaient leurs accès. Déçu de ne pas pouvoir continuer son petit concert improvisé, le ménestrel replaça son luth sur son dos puis suivit la foule des soldats et autres aventuriers reikois pour se rendre là où on avait commencé à répartir les héros en plusieurs groupes.

    Le petit homme vert se faufila, comme à son habitude, entre les jambes des grands gaillards pour se rendre au premier rang : être petit a aussi ses avantages parfois. Bien, il avait réussi à se pointer avant que la composition des groupes soient énoncés ! Beaucoup de noms lui étaient étrangers et d’autres plus familiers. Tulkas était devenu Intendant de Maël ? Et il prenait la tête d’un des deux groupes ??? Pourtant c’était bien “son” sexy luteni qu’il avait connu dans le Grand Nord ! C’est qu’il en avait fait du chemin depuis les arènes de Taisen : les gros biscottos étaient une valeur sure de l’ascenseur social reikois, il en était la preuve vivante. Ecoutant les indiscrétions des soldats autour de lui ou plutôt au-dessus de lui pour être exact, Tulkas avait également mené une mission avec brio à Melorn et c’était certainement pour cette raison que le tout nouveau Seigneur avait été nommé pour diriger le groupe qui se présenterait à la Porte de la Lune et dont le barde faisait partie.

    Quoi ??? Mais je suis l’Epée...  

    Oui il était l’Epée-lige de Tensaï et Ayshara Ryssen, pourtant il n’aurait pas l’honneur et l’immense privilège d’accompagner son suzerain dans cette quête suicidaire. Son attitude de ces derniers mois l’avait certainement déçu et c’était là sa punition peut-être ? A moins qu’il le suspectât d’être un traître, maintenant qu’il s’était dévoilé -en parti – à ses bourreaux de la pègre ? Non... Ce n’était pas sa manière de procéder : il l’aurait exécuté de ses propres mains s’il avait eu le moindre doute. Alors pourquoi le placer dans l’autre groupe ? Peut-être pour augmenter les chances de survie du groupe hétéroclite qui le composait ? Peut-être que l’Empereur avait assez confiance en lui et en ses capacités pour réussir là où il ne pouvait se trouver ?

    Voilà toutes les questions qui tourmentaient le jeune gobelin alors qu’il prenait place au milieu de la troupe. Position idéale pour avoir un œil sur tout ce petit monde tout en restant au plus loin des éventuels dangers : c’était la situation préférée de l’archer où il pourrait certainement tirer profit au maximum de sa précision chirurgicale.

    Maintenant loin du campement et au-devant du temple, personne ne mouftait, même pas lui le Maître barde célèbre dans la Marche du Vents d’Acier pour être le trublion de service. Non, le gobelin était perdu dans ses pensées, en proie au doute et à savoir ce qu’il pouvait bien faire ici. Les fresques magnifiques qui défilaient devant ses yeux ne lui évoquaient rien, elles racontaient certainement des histoires d’êtres grands et forts, courageux et loyaux à qui tout leur réussissaient... Bref, des histoires qu’il aurait adoré enfant mais en qui désormais il ne se retrouvait plus vraiment, d’ailleurs un sentiment de honte l’envahie soudainement : ce demi-être amputé qu’il était n’avait décidément rien à faire ici.  

    Lorsqu’enfin la petite troupe s’arrêta net, le petit être vert qui était en train de regarder ses pieds releva la tête et s’aperçu qu’un immense dragon lui faisait face. Les murmures des autres aventuriers avaient disparu et à bien y regarder, il était désormais tout seul face à l’immense créature qui, tout en le transperçant du regard, lui fit sa tirade. Impressionné, il l’était. Mais pas du tout désarçonné, c’est que Stadzank avait fait quelques entretiens avec “Le Conquérant” donc il avait de l'expérience dans ce genre d’attitude “peu diplomatique”.

    Ma motivation... Hum bonne question, celle-là même que j’étais en train de me poser en venant jusqu’ici. Je crois que les mots ne suffiront pas à traduire ce que je ressens...  

    Le ménestrel bascula alors son luth qui se trouvait dans son dos pour s’en saisir de ses 8 doigts, il gratta les cordes puis stoppa net la musique.

    J’espère que cette petite chanson saura vous distraire tout en répondant à vos interrogations, Maître Dragon.  

    Air de la chanson:

    Depuis quelques temps déjà
    Je n’arrive plus à me regarder dans une glace
    J’me sens comme un paria
    Ma trahison me ronge, je suis dans l’impasse
    Je rêve de retrouver mon monde

    Et j'aimerais être spécial
    Etre quelqu’un de tellement spécial, mais je suis un sale type, je suis un lâche.
    Qu'est-ce que je fais ici ?
    Je n'ai pas ma place ici, je m'en fiche si j’dois en crever

    Je veux avoir le contrôle
    Je veux retrouver mes doigts
    Je veux laver mon âme, je veux qu’Ils le sachent
    Leur montrer c'qu je vaux
     
    Vous z’êtes tellement t’ain de spécial !
    J'aurais aimé être spécial, mais je suis un sale type, je suis un lâche.
    Qu'est-ce que je fais ici ?
    Je n'ai pas ma place ici, Mais on m’a p’t’être donné une chance

    Surement la dernière
    La der’ der’ der’ der’. J’ferais de mon mieux
    Tout ce que vous voudrez

    Vous z’êtes tellement t’ain de spécial !
    J'aurais aimé être spécial, mais je suis un sale type, je suis un lâche.
    Qu'est-ce que je fais ici ?
    Je n'ai pas ma place ici.
    Je n'ai pas ma place ici.  

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  • Ven 15 Nov - 17:26
     
    Expédition dans le Temple du Dragon
    Feat. Groupe Lunaire

    Le campement

    Baalthazar se tenait droit, ombre massive au sein de la troupe, son armure noire comme la nuit absorbant la lumière dans un silence imposant. À ses côtés, Rachelle s'approcha, sa voix douce tentant d'entamer une conversation, peut-être espérant briser le mutisme implacable du démon en armure. Mais ce dernier resta muet, tournant lentement la tête pour fixer l'hybride souris à travers les fentes de son casque, qui demeurait aussi sombre et insondable que la nuit. Aucune lueur ne s’en échappait, comme si un vide l’habitait.

    Après un long silence, il lâcha finalement d'une voix grave, sèche, tranchante :

    — Celui dont vous parlez était faible. Son devoir de protection l'a conduit six pieds sous terre. Il n'était qu'un simple fardeau.

    Sans un mot de plus, le garde détourna son casque, rompant ainsi le lien naissant avec une froide indifférence. Il se redressa, imposant comme une ombre sur un champ de bataille, avant de rejoindre les rangs du groupe qui allait être commandé par Tulkas, ses mouvements rythmés avec précision, son armée silencieuse à sa suite, une force sinistre prête à se plier aux ordres dans l'instant. Son indifférence se lit à travers son armure et par l'absence de toute trace de peau. Telle une statue, il était présent, écoutant les paroles du commandant. Et avant de se placer pour démarrer l'expédition, il tourne son casque une dernière fois vers la souris.

    — Tâchez de ne pas reproduire la même erreur

    Le Temple



    À l'intérieur du temple, Baalthazar observait les fresques anciennes, mais ses lèvres restaient scellées. Contrairement aux murmures de ses compagnons, il ne prononça pas un mot face aux symboles étranges gravés dans la pierre millénaire. À ses côtés, ses guerriers s’étaient positionnés, flanquant le groupe dans une formation rigoureuse, offrant une protection stratégique tout en prévoyant déjà une possible contre-attaque. L'armée du démon camouflé, sombre et disciplinée sous ses ordres, se tenait en sentinelle autour de la cohorte, ses membres enveloppés dans le silence.

    Puis soudain, il réalisa qu'il se trouvait seul. La cohorte, les guerriers, Tulkas, Mirage et les autres… tous avaient disparu. Baalthazar tourna la tête, regardant derrière lui, lui qui était en première ligne, sondant les ombres de l’espace sacré, mais même son ouïe surdéveloppée ne capta rien. Tout était étrangement muet, un silence surnaturel, lourd de signification. Puis, devant lui, une silhouette familière prit forme. Le démon reconnut immédiatement les yeux enflammés, ainsi que l’aura imposante se dressant devant lui : Valeryon, le Fléau des Titans, dragon millénaire, ancien et allié du Reike, celui avec qui il avait combattu dans des âges oubliés, lorsque le Sekai tout entier semblait voué à sombrer sous la domination des titans.

    — Yer vos mae Valeryon. Vosma anha jin azhofak, mae anhaan.

    D'un dialecte destiné aux dragons et aux valeureux guerrier, les mots du démon s'échappe comme un objectif qu'il se donnait de retrouver une certaine créature.

    CEUX QUI ENTRENT DANS CE TEMPLE SANS ETRE PRÊTS NE PEUVENT QUE MOURIR.

    Il ne parle pas le Shierak qiya ? Suprenant, Bélial ne s'attendait pas à ça.

    SI VOUS CONTINUEZ A AVANCER,
    VOTRE HONNEUR SERA TESTE
    VOTRE FORCE SERA EPROUVEE
    ET IL FAUDRA MONTRER VOTRE COURAGE FACE A VOTRE PASSE.

    Son honneur ? Il s'est imprégné de la culture Reikoise, et ceux depuis déjà plus de 5000ans.
    Sa force ?   Il l'a perdu, détruite, et humilié par une race perfide et vu comme angélique par certains.
    Son courage ? ....

    Quel courage ?

    En effet, il avance sans crainte, sans doute, avec une assurance qui n’est ni le fruit d’une réflexion ni d’une volonté de surpasser une faiblesse. Bélial est une entité pour laquelle l’hésitation n’a jamais existé, et où l’idée de surmonter un obstacle est aussi inconcevable qu’inutile. Sa marche est celle d’un être absolu, imperméable à la notion même de résistance ou de défi. Pour lui, chaque geste est une fatalité, chaque massacre une évidence, et chaque cri une simple note dans la symphonie du chaos. Ceux qui croisent son chemin parlent de détermination ou de puissance, mais ils se trompent.

    Car en lui, il n'y a ni bravoure, ni surpassement de soi. Puis qu'en lui...

    Le Courage n’existe pas.

    DITES-MOI LA RAISON QUI VOUS POUSSENT A VOUS LEVER
    ET A AFFRONTER SES MURS QUI ONT VU TANT DE SANG COULE.

    Dans un murmure rauque, Baalthazar s'adressa au dragon, sa voix vibrante d'une rage ancestrale, comme un grondement de tempête.

    — Des millénaires durant, j’ai abattu tout espoir chez les mortels, et rien, pas même les serments des dragons, la puissance des anges, la colère des titans ou les alliances des héros, n’a pu me détourner de ma nature. Tu sais qui je suis, ce que je représente : l'ombre dans la lumière, le feu dans la glace. Ici, encore, je ferai céder les murs de ce sanctuaire sacré, je ferai tomber ce qui doit tomber, car rien n’est sacré, et les serments ne sont que des chaînes !

    Le voile se déchire, cet espace où seul lui se tient en présence de l'entité draconique, majestueuse au trait du fléau des titans, à la gueule enflammée.

    — Ce temple a vu couler le sang, comme la terre où je suis né. Tu veux savoir ce qui me pousse ici, moi, Sss'Bélialzss, Thu'raaakss del Ksss'haosss y'Krassz ? C’est le goût du chaos, le souvenir des Titans vaincus et des royaumes dévastés. C’est ma propre nature que je porte en moi, et je ne viens que pour l'alimenter. Ni pour la lune, ni pour les étoiles, ni pour mon Ambassadeur, ni pour l’Empereur ou son honneur.

    Le voile tombe, le casque du garde s'estompe, s'évaporant sous la volonté de ce dernier, ne laissant qu'un visage apparaître, une chevelure rouge coloré par le sang de ses victimes sur les milliers d'année, le regard perçant, et les dents serrés prête à se briser, la colère contenu de Bélial frappe les parois de son corps, encore et encore.

    — Seulement pour récupérer ce qui m'a été volé !

    Jusqu'à exploser dans une langue maléfique, terrifiante qu'est le bas-parlé proclamant haut et fort, son existence, sa raison d'être.


    Sss'Nazsh Kraa'zzk !

    Sss'Nazsh Hiss'thra !



    Ainsi, le démon se présente au Seigneur-Dragon, laissant son armure envelopper toute sa rage, changeant son casque dans un design bien plus effrayant, laissant l'acier des miséreux répondre à sa volonté.


    Casque de Baalthazar:

    Résumé:

    CENDRES


     

    Bélial

    Là où je passe, je laisse naître le chaos sur mon sillage.



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  • Ven 15 Nov - 19:16
    J’aurais apprécié avoir plus de temps pour me remettre de mon voyage. Le coin que je m’étais trouvé était relativement à l’abri des trouble-fêtes et des gros braillards de l’armée et on y avait un bon point de vue sur l’ensemble de l’opération. Hélas, on ne tarda pas à faire rapatrier tout le monde vers leur lieu de rassemblement respectif. Ce fut non sans un grognement mécontent que je descendais de ma caisse avant de me rendre sur place à mon tour. Un certain nombre de personnes étaient déjà amassées au point de rendez-vous et je dus jouer des épaules pour me frayer un chemin au milieu des soldats, mercenaires et autres individualités telles que moi.

    Au centre de la foule, le leader de notre groupe. Je fus d’ailleurs étonnée de reconnaître le visage barbu et bourru dudit chef d’expédition…

    “ …Tulkas. ”

    En un sens, c’était presque ironique de le retrouver ici après nos mésaventures lors de la campagne du vent d’acier, où nous avions combattu ensemble contre la volonté des Titans et leurs sbires. C’était un combattant valeureux et je craignais moins avec lui d’être envoyé à la mort dans une offensive suicidaire qu’avec d’autres de ses pairs de la Griffe. Toutefois, il restait un sujet du Reike, de la Couronne, et on ne savait jamais dire quand leur foi pour le couple impérial les pousserait à commettre des actes que tout le monde ici pourrait regretter. Il sembla me reconnaître à son tour, mais il n’y avait nul besoin de s’étendre en poignantes retrouvailles. En dehors du champ de bataille, nous étions de parfaits inconnus l’un pour l’autre.

    Comme à mon habitude, j’écoutais d’une oreille distraite le rapport du Luteni, ne retenant que le principal. Je me foutais bien de leurs histoires de dragons et de sanctuaire sacré. Tout ce qui importait, en fin de compte, c’était de revenir en vie. Car pour nous, humble piétaille, il n’y aurait pas de temple titanesque dédié à notre mémoire. Cela dit, je me tiendrai bien de toucher à quoi que ce soit. Je laissais les pillages aux militaires qui marcheraient dans notre sillage.

    Après un bref rappel à l’ordre sur la nature de notre mission, il nous donna l’ordre de marche et nous pûmes enfin nous mettre en marche. Evidemment, je fus mise à la tête du cortège aux côtés du porte-bannière et de deux ou trois autres gros bras.

    - Eh merde… - Pestais je intérieurement.

    Il n’aurait pu en être autrement, en vérité, mais la perspective d’être en tête de file et de potentiellement recevoir dans la tronche tout ce que le temple aurait à nous lancer ne m’enchantait guère. Malgré tout, je m’exécutais bien sagement. Il était inutile de faire des vagues inutilement car je ne tenais pas particulièrement à m’attirer les foudres de notre commandant. Rester en vie, c’est tout ce qui compte. Je me ressassais cette rengaine en boucle à mesure que nous nous approchions de l’entrée colossale du monument.

    Bientôt, le soleil disparut, avalé dans son entièreté par la silhouette massive et ses entrailles béantes plongées dans l’obscurité. Après quelques dizaines de pas derrière les colonnes de l’entrée, mes pauvres yeux d’humaine n’y voyaient déjà pas plus loin que dans le cul d’un dragon et je fus presque surprise à envier les hybrides qui nous accompagnaient, réputés pour leurs sens aiguisés. Heureusement, Tulkas ne tarda pas à ordonner qu’on allume les torches et la cohorte s’anima de dizaines de petits flambeaux qui déchirèrent l’obscurité, repoussant les ténèbres jusqu’à l’orée de leur radiance.

    J’eus pour ma part un peu de mal à atteindre et allumer la mienne. En effet, imaginant que nous aurions à évoluer dans des espaces relativement étroits, j’avais abandonné mon habituelle lance de cavalerie, trop longue et lourde. Je l’avais refondue et remaniée en une pique plus courte et maniable. Le reste servant à confectionner une targe ronde et légère. Peu habituée à ce genre d’équipement, je jonglais maladroitement entre mes différents accessoires en pestant et jurant à l’encontre de toutes les divinités du Sekai jusqu’à finalement parvenir à embraser mon brandon.

    Cette lumière vacillante et toute nouvelle-née, en plus de guider nos pas, nous permit en même temps d’illuminer les parois poisseuses de la pièce où nous nous trouvions. Sur ces dernières s’étendaient sur plusieurs mètres des fresques et des pictogrammes détaillant différentes scènes et personnages. Il y avait bien longtemps que j’avais laissé derrière-moi mes enseignements historiographiques et religieux, aussi je ne leur prêtais pas plus d’attention que ça. J’étais d’ailleurs presque agacée de voir les érudits et gratte-papier nous accompagnant s’arrêter et s’extasier devant le moindre relief.

    “ Foutues têtes d’ampoules… À ce rythme-là nous serons morts de vieillesse avant d’avoir atteint le fond du temple.  ” Ruminais-je dans ma barbe.

    Si le groupe commençait déjà à se disperser pour si peu, je craignais pour l’intégrité de notre mission. Les dangers étaient sans doute nombreux et rien ne saurait nous préparer aux pièges qu’auraient pu nous préparer nos prédécesseurs. La suite, mais je l’ignorais encore, me donnerai bien vite raison.

    Il fut finalement ordonné que l’on se remette en route et nous poursuivîmes ainsi notre cheminement vers les tréfonds du sanctuaire. Nos pas nous conduisirent jusque dans une nouvelle salle, dont l’arche était décorée d’une lune. Ne faisant pas plus attention que ça au reste de la troupe, je m’avançais encore davantage avant d’être stoppée nette par la vision d’horreur qui s'offrait à moi. En effet, au centre de l'alcôve se trouvait un dragon. La bête était immense, imposante et menaçante. Sa présence envahissait l’entièreté de l’espace, physiquement évidemment, mais aussi de par son aura écrasante, dominante et absolue. En comparaison, nous n’étions que des insectes.

    “ D-DRAGOOON !! ”

    Je donnais l’alerte, bien consciente que tout le monde aurait déjà pu l'apercevoir tant il était massif. J’étais évidemment tétanisée par une peur primitive et instinctive. Celle qui prend qui paralyse les membres. Celle que ressent une proie face à un prédateur. Heureusement, mes réflexes de combattante me permirent malgré tout d’adopter une posture défensive, bouclier en avant, aussi frêle que futile. Je remarquais subitement que personne n’avait réagi, ni répondu, et lorsque je me retournais, je constatais avec stupeur que j’étais seule. Les ténèbres s’étaient refermés sur moi et il n’y avait plus personne à mes côtés pour affronter cet énorme fardeau.

    “ Ils… Ils m’ont a-abandonnée… ? ”

    Le cycle se répète. Encore.

    Soudainement, une voix retentit. Son timbre est rauque, puissant. Il résonne et vibre dans le temple, les murs, ma tête. C’est ce genre de présence qui fait fi des convenances. Elle brise les barrières de l’esprit, viole l’intimité de l’âme et prend aux tripes. Je vacille, je hurle de douleur, les mains sur les tempes. Je hais ce genre d’intrusion, lorsque l’on est écrasé par une volonté tellement forte que l’on ne peut que s’incliner. Je ne connaissais que trop bien ce genre de sensation.

    Il n’y a plus que la pénombre, le dragon, moi.

    Chaque nouvelle phrase est autant une menace qu’un constat. Le dragon balaie les certitudes pour ne les remplacer que par une seule certitude : La mort attend les faibles.

    Je SUIS faible.

    Dans l’instant, je suis misérable même. Broyée, brisée et seule. Une situation déjà vécue auparavant, imposée par une stature qui, dans le temps, me terrifiait autant que la créature mythique qui me faisait face. Dans un sens, elles se ressemblaient toutes deux. Puissantes, hautaines, accablantes. Les ombres dansaient au rythme de la seule source de lumière que je cramponnais de toutes mes forces. Elles se projetaient sur les écailles du colosse et prenaient peu à peu une forme que je ne connaissais que trop bien.

    “ Non… ”

    Je crus un instant que mon cœur s’était arrêté et je me sentis blêmir encore davantage.

    “ N-Non… Arrête ! ”

    Je fauchais le vide de ma torche pour balayer ma vision, mais sa présence ne pouvait être effacée. Elle grandissait, inexorablement, inéluctablement et bientôt, les deux silhouettes se superposaient.

    “ Tu… Tu devrais être MORTE ! JE T’AI TUÉE ! TU ES MORTE !!! ”

    Je hurlais à m’en déchirer les cordes vocales tandis qu’une bouffée de rage réchauffait mes veines. Je reprenais des couleurs et recouvrais un peu de mon courage. Au même moment, une énième tirade énigmatique porta le souffle sulfureux du gardien jusqu’à moi.

    “ Une… Une raison… ”

    Avec cette nouvelle force, cette colère qui m’était propre et qui pulsait en moi, me revinrent en tête de récents souvenirs. Moi aussi, j’avais désormais une raison d’être, quelque chose à chérir, à protéger et que j’espérais revoir. Moi aussi, j’avais quelque chose à gagner et à prouver ici, dans les tréfonds du monde. Il était hors de question que je recule.

    “ La force… ”

    Malgré les larmes qui roulaient le long de mes joues, je m’étais ragaillardie et je me tenais désormais droite. J’étais prête à affronter le danger, quitte à être oblitérée par les flammes d’un de ces foutus cracheurs de feu.

    “ Je suis là pour arracher des entrailles de ce temple la force nécessaire pour grandir. Je la prendrai et la ferai mienne. Je ne reculerai devant rien, même pas toi, pour y parvenir… ”

    Je sentis une chaude présence m’envelopper et je sus alors que je ne regretterai rien. Je n’étais pas seule. Je n’étais PLUS seule.

    “ Si tu n’es pas satisfait, tu n’as qu’à essayer de te mettre en travers de Notre chemin, pour voir. ”

    Je m’adressais autant au dragon qu’à l’ombre le recouvrant et dont le rictus satisfait s’estompait peu à peu.


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  • Sam 16 Nov - 11:23

    Partie 2


    [Event] Le Temple du Dragon - Page 3 Jama-j10

    Si l'Empereur gardait Brak près de lui c'était surement car il était efficace, rien de plus. Parce que sans ça, il n'avait rien pour lui. Entre cette taille désavantageuse, cette frimousse d'empaffé et ces manies de flagorneur, il n'avait rien d'un garde impérial, et s'il était plus grand que Tensai en taille, il n'était qu'un moucheron aux côtés de l'Empereur, tant son tempérament le diminuait. Enfin, Lyra ne l'avait jamais rencontré et avait entendu que des bribes peu flatteuses à son sujet. Et lorsqu'elle lui lança un trait, elle eut la confirmation qu'elle attendait puisqu'il répondit au premier degré, affirmant qu'il ferait attention de ne pas se cogner la tête. Pour ce qui est de son questionnement sur le déploiement des forces pour l'expédition, elle ne lui lâcha qu'un :

    - La stratégie établie par l'Etat-major sera dévoilé en temps et en heure.

    Avant de retourner à l'intérieur de la tente de commandement, juste au moment où Tulkas la quittait, fort des ordres directs de l'Empereur. Elle emboita alors le pas à ce dernier, suivant Tensai de près, faisant flotter sa cape brodée de son emblème derrière elle. A l'extérieur, l'armure de la Tovyr étincelait sous le soleil reikois, et si elle était minuscule aux cotés de l'Empereur, elle n'en demeurait pas moins intimidante.  Tensai s'adressa donc d'une voix qui se voulait chuchotement à la Sénéchale pour lui dire qu'elle devrait prendre le commandement si jamais il venait à ne plus pouvoir l'assurer. Ce qui bien évidemment était impossible et inenvisageable, mais selon son devoir, elle répondit par l'affirmative.

    - Il en sera fait selon votre volonté, Votre Altesse.

    Quelques instant plus tard, une fois passé les immenses vantaux du temple, Lyra Leezen se tenait à la gauche de l'Empereur, succédant aux éclaireurs et à Brak'Trarg qui ouvrait la marche. La Tovyr ne préta pas la moindre attention aux fresques peintes sur les parois, tant son regard noir comme la nuit scrutait les ombres des colonnades, à l'affut. La trille de son bâton de combat tapant contre le sol alternait avec le claquement de ses bottes de cavalerie contre le pavé. Elle avait surement bien fait d'emporter ce bâton anti-magie dans un lieu qui puait la magie noire à plein nez. En parallèle, elle portait en travers de son buste son arc et un carquois pendu à sa ceinture, en cas d'embuscade. Enfin, au niveau invisible, elle avait emmagasiné en elle tant d'électricité que lorsqu'on s'approchait trop près d'elle, nos poils se hérissaient. À la moindre menace, la foudre déferlerait. Quant aux flaques d'eau dû à l'infiltration, elles lui seraient bien utiles, elles aussi.

    Elle fit bien de se concentrer sur la pénombre, plutôt que sur ces dessins prophétiques, car les ombres - vaincues par les brandons - dévoilèrent une masse gigantesque trônant au centre de cette antichambre. Un dragon ! Mais alors que Lyra relevait la tête pour sonder la réaction de Tensai, elle n'y vit rien. C'était comme si les environs s'étaient troublés, baignés dans un flou mêlant ombres et distorsions. Ses deux orbes noires se reconcentrèrent alors sur le dragon qui s'adressa comme directement à elle et à tout le monde en même temps. Une chance qu'elle ait son bâton de barre noire du roi, ce lieu sourdait de magie... Une illusion. Il ne pouvait y avoir de dragon en ces lieux, Lyra n'était pas obtus à ce point. Mais dans l'état actuel des choses, valait mieux jouer le jeu.

    - Je suis parée à tout, c'est dans ma nature profonde.
    Mon Honneur, lui, est sans craquelure.
    Ma Force, attend un peu que je te la montre.
    Quant à mon Courage, je ne te crains pas, qui que tu sois.

    Mon passé est forgé dans la souffrance, la peur et l'échec. Mon futur n'est que victoire, grandeur et puissance.

    Et alors qu'elle répondait froidement et sans quitter du regard la bête majestueuse, de fins arcs électriques sillonnaient sa chevelure d'ébènes, dansaient le long de son cou, s'enroulaient autour de son bras, descendaient subrepticement jusqu'à ses pieds. Elle était prête, et si l'illusion qui la coupait de ses comparses ne se volatilisait pas, elle serait forcée de la briser par la force.

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  • Sam 16 Nov - 17:24

    Le Temple du Dragon

    @"Groupe Lune"

    Écoutant avec les autres les recommandations de notre commandant, je crache au sol pour relâcher la tension. Tulkas, le chef de Maël. C'est pour lui que j'ai chauffé la place au moment où la ville ne ressemblait à rien. Au moins, il ressemble à un soldat et ses mots font sens. Je ne peux pas en dire autant de notre troupe.

    L'escorte de l'Empereur est composée de FMR, de mages d'état, d'officiers et de nobles de haut rang. Notre groupe est plus... hétéroclite ? Des hybrides, des mercenaires, un barde... Ne serait notre chef, cela ressemblerait à une mission suicide. Plus probablement, une partie va nous trahir, l'autre partie est composée d'espion.Les gros bras doivent prendre les devants, parfait. Je me cale en fin de cortège, deux pas derrière Noctalys, la filature simplifiée par son handicap.

    "Veillez à ne pas vous éloigner de moi, maître Dremur." Je m'adresse avec hargne à mon supérieur. Il est encore ce qui ressemble le plus à un frère d'arme au milieu de ce ramassis de voyous.

    Nous pénétrons dans la bâtisse alors que je tire l'épée, par précaution. Je retiens mon souffle quelques secondes quand nous passons l'arche. J'ai la vague sensation que je devrais admirer les alentours, laisser la charge d'histoire et de sacré du lieu me pénétrer. Mais l'habitude ne me le permet pas : je suis tendue comme un arc, j'épie les coins d'ombre plutôt que les zones éclairées.

    Un arrêt, j'allume ma lanterne, je surprends quelques conversations au sujet des gravures. L'emplumé disserte - il fallait s'y attendre. Quand il a finit, je me remets en route derrière son pas claudiquant et... plus rien.

    Ou plutôt si, un courant d'air chargé comme une respiration souffle ma lanterne. Un grondement terrible. Mes yeux s'habituant à la pénombre, je discerne enfin, désorientée, la colossale silhouette d'un dragon qui semble luire légèrement de l'intérieur. Mon mana réagit presque malgré moi, sondant les alentours sans rien y trouver du nez ni de l'oreille...

    Alors j'entends la créature me parler. Ou du moins je le crois. Je sens sa voix qui résonne dans mes os, ne pouvant dire si elle provient de la gorge de la bête ou de mon propre corps. Je tombe à genoux, sidérée, en proie à une sensation violente qui part de mon ventre et rayonne dans toute ma chair. C'est un dieu qui se dresse devant moi et qui me fait le privilège de m'adresser la parole.

    Relevant humblement les yeux vers la gueule gigantesque, je murmure à peine mais je sais qu'il m'entend.

    "Je suis ici pour laver mes fautes. Je suis ici pour servir le Soleil et la Lune. Je suis ici pour la plus grande gloire du Reike." Et au moment où ces mots franchissent ma bouche, je me déteste de les prononcer.

    La sensation me suffoque. Je n'ai fait que déblatérer ce que je raconte tout les jours - aux autres et à moi-même. L'évidence que je me suis inventée. Mais où que je sois, ce n'est plus dans le monde des hommes et la créature face à moi ne s'intéresse pas à nos jeux et à nos dissimulations. Baissant le visage, je me force former d'autres mots - plus sincères. Je n'ai plus l'âge de croire à mes propres chimères. Et c'est un blasphème de les servir au Dragon.

    "Je suis ici pour qu'on reconnaisse ma valeur."

    Mon visage est couvert de larmes de rage. La douleur quitte mon ventre.



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  • Sam 16 Nov - 23:23
    Le Temple du Dragon
    A l’entrée du Temple…


    Un instant le regard de Mirage divergea envers la petite souris un peu trop bavarde. Que cherchait-elle donc à tirer de son garde du corps ? La réponse de Noctalys ne provoquera pas de suite se sa part. Une simple pensée. Est-ce que les hybrides conservaient leurs instincts animaux ? Voir le hiboux tenter de dévorer le rongeur l’amuserait bien. Enfin il était l’heure.

    Le Luteni Tulkas ? Au moins il semblait compétent. Mirage , sans commentaire, prit position, alluma sa torche, et s’engouffrera avec sa cohorte de soldats.


    Ses pas résonnaient, comme ceux de chacune des âmes engagées dans cette mission suicide. Le tapotement des talons contre la roche résonnait en ce qui devrait être un brouhaha infernal, mais se trouvait, par miracle ou sorcellerie, plutôt sonner comme un orchestre, orchestre dont chaque instrument pourrait se voir réduit au silence à tout instant. La mine de l’élémentaire se relaxera légèrement, ses muscles se délectant dans l’un de ces races moments de relaxation. Mirage avait passé des heures, si ce n’est des jours à mettre en place des préparations, sélectionner les hommes qui l'accompagneraient dans les entrailles de ce temple maudit. Ses nerfs n’ayant jamais été autant sollicités auparavant, alors pourquoi, une fois au cœur du danger semblait-il enfin se sentir détendu ?

    L'œil du cyclone peut-être.

    Poser pied ici c’était accepter les risques, accepter la douleur, accepter la mort. Mirage se trouvait dans la gueule du loup. Ici, ni ses élégants mots, ni ses flatteries, ni ses cadeaux, ni sa fortune ne seraient son salut. Ici, fuir n’était pas une option. Il n’était plus possible d’éviter le danger, le bon choix, selon sa propre ligne de conduite, aurait été de ne jamais participer à cette expédition. Rester dans une de ses luxueuses demeures, probablement une Républicaine, un cigare à la main. Mais il avait déjà dérogé à cela. Entre autres…

    Il était déjà mort.

    Ou tout du moins c’était son point de vue, il n’avait plus à aveuglément chercher d’où le danger viendrait, s’il se ferait trahir ou non. Il n’avait probablement jamais été autant en danger qu’au moment présent alors. Techniquement, il n’avait plus rien à craindre non ?

    “Quel raisonnement stupide.”

    Commenta l’ambassadeur sous sa barbe suite à son propre cheminement de pensée sous le regard interrogateur du soldat à sa droite. Un cliquetis mécanique viendra se mêler à l’orchestre de pas, tandis que le crochet de l’élémentaire se fera absorber par sa prothèse, remplacée quelques secondes plus tard par une arbalète de poing déjà chargée et prête à tirer. Le regard du diplomate cependant n’ira pas à son propre armement, mais bien aux fresques murales qui insufflaient un étrange sens de vie aux murs gigantesques du Temple. Des têtes couronnées. Un présent. Le Temple. La famille royale possédait-elle encore tant de secrets ?

    Enfin, son regard retournera face à lui, après tout il se devait de progresse-

    CEUX QUI ENTRENT DANS CE TEMPLE SANS ETRE PRÊTS NE PEUVENT QUE MOURIR.

    SI VOUS CONTINUEZ A AVANCER,
    VOTRE HONNEUR SERA TESTE
    VOTRE FORCE SERA EPROUVEE
    ET IL FAUDRA MONTRER VOTRE COURAGE FACE A VOTRE PASSE.

    DITES-MOI LA RAISON QUI VOUS POUSSENT A VOUS LEVER
    ET A AFFRONTER SES MURS QUI ONT VU TANT DE SANG COULE.



    Et le temps et l’espace perdirent leur sens. La bête massive, non, l’imposante divinité draconique se tenait désormais face à lui. Le monde n’existait plus autour de Mirage, et à vrai dire, pendant l’espace d’un instant il n’était pas sûr qu’il ait déjà même existé hors de son propre esprit. Le Temple “du Dragon” , il aurait dû s’en douter. Évidemment qu’un foutu dragon serait là. Ils n’étaient pas en République, les reikois n’avaient pas l’habitude de faire dans les métaphores.

    “Euh, je..”

    Le choc, la stupeur, l’hésitation face à un être tenant plus de la légende que du réel, son corps lui hurlait de tourner les talons et fuir en courant, mais son esprit lui laisser deviner que les flammes du dragons seraient moins douces que celles de sa mère. Alors il faudrait éviter de le provoquer. Pourquoi était-il ici ? Pourquoi ?

    “Je suis ici pour..”

    Me prouver à l’Empereur. Son manque de confiance en moi , en mes compétences, risque de bloquer toute réelle avancée en grade dans le climat Reikois actuel. Je ne peux pas continuer à être vu comme un lâche par la Couronne. Ce risque est calculé , non ? Pour m’assurer la pérennité.

    “Je suis ici pour..;”

    Je pense à mentir l’espace d’un instant. Les intrigues politiques du pays, mes machinations, cette créature ne doit pas en avoir grand chose à faire, voire, doit les haïr. Non ? Pire. Elle sait. Elle souhaite me confronter à mon passé, me confronter à mes péchés ? Alors soit. Je ne peux pas mentir. Mais chaque chose que j’ai fait pour arriver là où j’en suis , je n’en regrette aucune. Chaque mort. Chaque  souffrance. Chaque cruauté. C’est la loi du plus fort non ?

    “Je suis ici pour…”

    Une raison trés simple au final. Je suis ici pour la même raison que celle pour laquelle j’iai amassé mes richesses. Ai réduit tant à la condition d’esclave. Ai pris ce rôle en République. Je suis ici pour la même raison que je me lève chaque jour, que je mange, que je bois, que je respire. Je suis ici pour la même raison que le gamin défavorisé vole sa bourse au marchant, pour la même raison que certains animaux tueunt leurs fréres et soeurs de portée dés le berceau. Je suis ici pour la même raison pour laquelle le Courage et la Force existe. Je suis ici pour accomplir la lutte éternelle de l’existence dont même les divins ne sont pas épargnés, je suis ici pour…

    “...Survivre.”


    Résumé:
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    "La pensée sans action est un vain mirage, l'action sans pensée un vain effort."
    [Event] Le Temple du Dragon - Page 3 QZRStAd
    Aphorismes du temps présent - Gustave Le Bon
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