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  • Ven 14 Juin - 1:56

    Les Gorges d’Ildrekyhr
    TOUR 1


    Tout les regards de la pièce sont rivés sur une petite sculpture en papier qui si elle fait un office un peu primitif, a au moins le mérite de présenter un schéma clair et compréhensible de la vallée Mjifilv, au centre de la petite reconstitution figure une maquette en bois de chute un peu plus détaillée qui est sensée représenter un barrage, et les doigts qui viennent de déposer délicatement la reproduction sur la table désignent quelques emplacements marqués au fusain sur les fibres tordues.

    ”Je vous présente, le village de Favjökul.”

    La personne a qui appartient cette voix masculine que tous écoutent religieusement en silence se tient debout entre le bureau qu’il utilise pour exposer la maquette et le mur de pierre dégarni derrière lui. Son auditoire est assidu, buvant ses paroles non seulement parce que leur vie en dépend mais surtout parce que l’avenir de leur pays repose également sur leurs épaules. D’après les dires de leur chef, ils s’apprêtent à faire quelque chose de grand, même si pour l’instant ils sont tous plus ou moins confus sur le quoi, le quand et le comment.

    ”Juste derrière ce village, ce gros morceau de bois là, c’est le Barrage d’Ildrekyhr, et il est très important ce barrage. Quelqu’un peut me dire pourquoi?”

    Les différents membres de l’assistance se concertent du regard, un peu incrédules. Peu d’entre eux parviennent à voir comment ce cours improvisé de géographie a un quelconque rapport avec leurs activités usuelles ni pourquoi est-ce que leur meneur aborde si soudainement le sujet au lieu de procéder à leur habituelle réunion hebdomadaire, mais d’aucun n’oserait remettre en question les intentions de leur chef qui a prouvé à maintes fois sa clairvoyance par le passé, et ils sont encore moins nombreux à pouvoir répondre à la colle qui vient de leur être posée.

    ”Euh… parce qu’il protège quelque chose?” ose s’aventurer un pauvre péquenaud.

    ”Exactement, il protège de l’or. Celui qui tinte dans les bourses, celui qui affole tout les gros poissons qui baignent dans leur jus au chaud dans leurs châteaux. Donc il constitue une superbe cible à abattre. Et nous on adore les cibles.”

    ”Mais monsieur, c’est sacrément dangereux de s’en prendre à un truc pareil non? J’veux dire, je les connais les gorges d’Ildrekyhr j’y ai déjà été, et c’est super grand, le barrage il doit être énorme aussi non? Et super bien surveillé. C’est super risqué quand même.”

    Le meneur se relève pour révéler son visage à la lueur de l’unique lustre qui éclaire la pièce juste au dessus de sa maquette, et le sourire qui orne son visage veut tout dire.

    ”Je sais, c’est pour ça qu’on va devoir être malins. Très malins.”




    Parmi toutes les lettres qui viennent inlassablement s’échouer dans les boîtes de la Mairie de Courage, on trouve d’absolument tout et d’absolument rien. Rien quand il s’agit d’un énième courrier d’une femme au foyer dans une maison de campagne d’un village paumé au milieu d’une des huit circonscriptions qui demande au Maire en personne de trancher une question de divorce parce qu’elle a trouvé son mari ivre mort chez la voisine, comme si le magistrat le plus important de la région n’avait que ça à faire. Tout quand il s’agit d’informer la Mairie de la fin de la construction d’un des chantiers les plus longs et fastidieux qu’a connu Courage sur ces derniers siècles et que son importance allait justement apporter une victoire bien nécessaire pour la cité littorale en ces temps de récession économique. Avec la reconstruction de Liberty qui bat son plein des suites de l’attaque essuyée par la capitale en début d’année, ainsi que les mesures gouvernementales de stabilisation qui drainent une partie considérable du budget normalement alloué au développement national, il faut dire que l’hégémonie économique de la République sur Sekaï bat sérieusement de l’aile et qu’un regain de souffle ne serait pas de tout refus. C’est précisément ce que pourrait commencer à apporter le Barrage des Gorges d’Ildrekyhr au coeur de la vallée Mjifilv, située par delà le massif montagneux qui borde la ville de Courage, à cheval entre les Ruines Maudites du grand nord et les territoires plus usités de la Nation Bleue.

    Il y a un peu moins d’un siècle que les galleries minières de la vallée, autrefois une excellente source de métaux lourds, ont été rendues inutilisables par les sols fragilisés qui ont été infiltrés par les eaux du Bjöönuma, le fleuve qui prend sa source des monts limitrophes pour se jeter dans les mers du nord. C’est donc tout naturellement qu’un projet de construction d’un barrage a été mis sur pieds pour palier à ce problème et permettre le désengorgement de la vallée en espérant pouvoir drainer les galleries, mais les ralentissements s’étaient enchaînés avec infortune pendant toute sa durée et ce qui devait être un chantier d’une quinzaine d’année a finalement dégénéré sur plus de quarante ans. Les Maires de Courage ont ainsi défilé sans pour autant voir la fin du projet, jusqu’à ce qu’aujourd’hui, une lettre se dépose sur le bureau d’Arès B. Wessex, l’informant que la construction a touché à sa fin, et que le barrage est estimé être opérationnel.

    Lorsque l’assistant municipal chargé du tri du courrier a vu le contenu de la lettre pour la première fois, il a dû se rendre lui-même aux archives neuves de la Mairie pour confirmer l’existence du projet, il faut dire que certains employés sont plus jeunes que la première pierre de ce barrage, et peu nombreux sont ceux ayant entendu parlé du chantier qui, comme bon nombre de choses qui trainent trop en longueur, finissent par ne plus faire parler d’eux que dans les livres spécialisés. Le sourcil levé de scepticisme au dessus de la prunelle océanique du Maire témoignait alors de la même interrogation, et il apprit sur le tas de l’existence du barrage, mais ce sont les quelques détails qui suivirent les explications qui attisèrent autant son attention et le poussèrent à répondre présent en personne à l’inauguration: un chantier cent pour cent humain, cent pour cent républicain. Sur toute l’étendue des quarante ans de travail qu’il avait fallu pour mettre le barrage sur pieds, il n’y avait pas eu une seule main reikoise, shoumeïenne, elfique, naine ou autre encore qui avait touché ou même effleuré un seul outil de construction. Ce n’est pas qu’un simple complexe permettant d’assécher des mines, c’est un symbole de l’ingéniosité républicaine et de la supériorité de la race humaine.

    C’est donc dans cette optique que le Maire, escorté par ses Protecteurs d’Ébène et accompagné d’une délégation de la Mairie, avait entamé le trajet sinueux et difficile qui l’a finalement mené au col de la vallée Mjifilv. De là, le groupe d’hommes et femmes avaient une vue imprenable sur les massifs montagneux qui encadraient de part et d’autre la vallée, creusant un lit verdoyant qui perce avec force sur les pourtours enneigés des monts éternels. Le vent souffle puissamment en parcourant les étendues d’herbes et de céréales d’ondulations rythmées, tandis que les rayons d’un soleil qui n’a jamais paru aussi pur abreuvent ce tableau d’une teinte dorée presque divine. Le ciel azuré semble vouloir se confondre avec les sommets des montagnes tandis que ça et là, quelques nuages trônent singulièrement autour des monts, formant des couronnes de légèreté sur ces atlas de la terre qui montent la garde sur cette petite vallée paisible. Mjifilv est un havre qui ferait presque oublier l’horreur innommable des Ruines Maudites à quelques jours de voyage de là, par delà les massifs protecteurs. Depuis ce panorama d’exception, on distingue bien au fond de la vallée, entre l’escarpement de deux montagnes derrière lesquels s’étend une mer bleutée qui réfléchit intensément l’éclat du soleil, un mur géantissime qui paraît avoir été bâti par les Titans à leurs proportion, la silhouette imposante du Barrage des Gorges d’Ildrekyhr, la merveille républicaine que le Maire peut savourer de ses propres yeux.

    En contrebas, le village de Favjökul et ses trois cent cinquante âmes repose tranquillement à l’ombre de la construction, sur le plateau topographique qui le protégeait des flots impétueux du Bjöönuma avant même que le barrage ne le fasse. Le barrage devait être mis en marche le plus tôt possible pour pouvoir permettre non seulement aux travailleurs de ce village de s’atteler à l’assèchement des galleries mais aussi pour pouvoir redonner à la région une irrigation correcte afin de sustenter leurs champs et leur agriculture, sous l’urgence, le Wessex n’avait donc pas eu le temps de glaner bon nombre d’informations sur l’implication de la bourgade dans le chantier si ce n’était que c’était eux qui avaient globalement effectué le gros de la construction sur toutes ces années. Les renforts de la SSG et du génie militaire de la GAR avaient apparemment été irréguliers au mieux, abonnés absents dans les périodes les plus difficiles, et ça n’avait été nullement amélioré par la difficulté d’accès de Favjökul qui se trouvait coupé de Courage par des chemins et des passes montagnardes hasardeuses qui pouvaient devenir impraticables selon les caprices de la météo. Les Protecteurs d’Ébène en profitent pour observer attentivement la vallée, n’ayant que la protection de leur employeur en tête ils sont plus ou moins anxieux de constater la quantité de forêt de conifère qui encadre l’agglomération dont seuls les toitures et les fumées des cheminées trahissent la présence. Plus qu’une heure de route et ils y seront, ils pourront enfin se reposer un peu.



    Bien loin des considérations économiques ou de la gloire de l’architecture républicaine, bien loin même de savoir qu’un barrage vient tout juste d’être achevé dans la vallée où il mène l’enquête, un drakyn accompagné sur son épaule d’un étrange hybride à la fourrure rougeoyante progresse entre les pins et les buissons d’épineux. L’ordre de mission est sans ambigüité, retrouver la trace d’acheteurs massifs de dangereux produits alchimiques illégaux, mais malheureusement à cause de la fin imminente de sa période de Prévôt l’expatrié reikois n’a cette fois pas pu faire équipe avec le Cerbère du Razkaal et a donc dû se rabattre sur un autre ami, bien moins divertissant lors des conversations mais pas moins d’agréable compagnie. Kieran Ryven saisit la salamandre babillante qui repose ses pattes usées sur son épaule, repousse un peu la neige au sol du bout de son pieds pour éviter que la bestiole ne se retrouve mouillée, et dépose Klak-Klak par terre. Après une brève protestation, l’animal commence immédiatement à renifler du bout de son museau à la recherche de la fragrance ténue qu’ils poursuivent ainsi depuis plusieurs jours, mais cette fois il semble que le vent, la neige ou tout simplement le temps aient eu raison de la piste et le drakyn se voit obligé de marquer une halte afin de se recentrer dans sa quête.

    C’est pour cette raison qu’au détour d’un grand if, le duo improbable du Razkaal voit enfin se profiler dans la distance les premiers murs des chaumes de Favjökul, un endroit dont il ignore les us, les coutumes et pour l’instant le nom. Cette dernière partie est cependant rapidement palliée lorsqu’on vient tout de suite le saluer d’un bonjour hésitant, et qu’une blanchisseuse peu confiante lui souhaite la bienvenue dans le village. L’attroupement des ruraux pour venir voir le colossal homme dragon de plusieurs mètres de haut se fait très rapidement et les questions se mettent rapidement à pleuvoir. Sont-ce vraies les cornes? - Tu as vu il a une queue, vous avez une queue, elle se détache? - Vous pouvez soul’ver une maison? - Mire les abdos, il doit avoir froid… Vous avez froid? - ‘L’est bizarre vot’chien. Il est autiste? Un des villageois vient cependant se détacher du lot et accorde un peu d’espace aux deux voyageurs lorsque les curieux se reculent respectueusement, l’homme qui paraît être dans la fleur de l’âge, aux cheveux grisonnants et au regard gris comme l’armure du Limier, arbore sur ses épaules une peau de Kirin dont le cuir tanné et la fourrure bleutée lui donnent un air druidique.

    ”Hestian. Hestian Monsoul. Bienvenue à Favjökul étranger.” L’homme tend une main surprenamment grande au drakyn, et bien qu’il doive peser dans les cent trentes kilos et avoisiner les deux mètres, il doit quand même relever sa tête pour pouvoir dévisager le Limier. ”Le Maire du village est pas là il est parti faire des trucs, y’a des voyageurs qui doivent arriver mais ça a pas l’air d’être vous. Vous êtes qui? Qu’est-ce que vous venez faire ici?”

    Hestian n’accorde qu’un regard secondaire à la grosse bestiole qui se jette à terre et commence à vagabonder entre les pattes des gens, esquivant les enfants trop tactiles pour aller ramper plus loin. C’est surtout le maître de la bête qui l’intéresse.


    Objectifs:
    Arriver à Favjökul: 2/3
    Enquêter: ?/?
    Investiguer l’odeur étrange: 0/1


    PRÉCISIONS:
    CENDRES
    Maire de Courage
    Maire de Courage
    Arès Wessex
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    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t3623-ares-b-wessex-terminehttps://www.rp-cendres.com/t3726-le-carnet-d-ares-chronologie#34928
  • Sam 15 Juin - 12:23
    À peine eut-il appris l’existence de ce prestigieux barrage situé dans Les Gorges d'Ildrekyhr, dont la construction vint tout juste de s’achever, après quarante longues années, que le Maire de la Circonscription de la prestigieuse cité de Courage, se rendit en direction du nouvel édifice. Une construction alliant la perfection humaine et l’architecture républicaine, tout ce qu’Arès prônât sans s’en cacher, était une véritable bénédiction pour le fasciste en puissance, un moyen pour lui de prouver que les valeurs qu’il mît sans cesse en avant, étaient les plus prestigieuses de toute la République, non, de tout le Sekai. Il voyait en cet édifice, un moyen de renforcer ses propres convictions, auprès les habitants de la Circonscription couragéenne, mais aussi auprès du Gouvernement de Falconi Genova. Montrer qu’il avait raison, voilà tout ce qui pouvait intéresser le bâtard des Wessex, qui aimait, sans l’ombre d’un doute, avoir raison.
    Ainsi, ce déplacement n’avait pas pour simple vocation de faire visiter les magnifiques paysages du demi-elfe, les reliefs s’offrant à lui, dormant à l’Est de sa ville, non. Il n’avait pas non plus pour vocation de simplement procurer une inauguration de plus au palmarès d’Arès. Il avait pour vocation de le faire monter en puissance, politiquement, mais aussi personnellement. Visiter les villages de culs-terreux entourant la prestigieuse cité, voilà une chose que ses prédécesseurs n’avaient certainement pas pris le temps de faire, tant qu’il n’était même pas au courant de l’existence du petit village de Favjökul, avant d’avoir reçu le rapport de fin de construction du barrage. Un Maire se déplaçant personnellement dans les petits villages qu’il avait sous son égide, n’était-ce pas une excellente chose, vis-à-vis de l’opinion publique ? Bien sûr que si, encore plus dans les temps qui courent. Il montrait, par ce simple acte, que personne n’était mis de côté, pas même ceux étant perdus au milieu de nulle part, non loin des Ruines Maudites, là où peu osaient s’aventurer.

    Calculateur, le Maire de Courage, élu récemment par la population de la cité éponyme, s’était renseigné sur le fameux petit village de Favjökul. Il s’était personnellement rendu dans les archives du palais municipal pour lire tout ce qu’il y avait sur le village bordant les ruines maudites. Seulement, il ne trouva qu’un vieux recensement datant de cinq longues années. Il savait déjà ce qu’il devait mettre en place dès son retour, mais, passons. Un village de trois cent cinquante habitants, comportant uniquement des humains et, sans la moindre trace de shoumeïen, une excellente chose. Eh bien, non, parce que les réfugiés sont surtout arrivés en masse après la guerre entre la Nation du Dragon : Le Reike et, les Titans, donc, en l’an 1. Bien, il n’avait plus qu’à espérer ne croiser aucune personne susceptible de mettre en danger sa vie ou celle de son peuple, mais s’il doutait sérieusement sur la potentielle présence d’étrangers dans des terres aussi reculées. Le dernier rapport de recensement présent dans les limbes de la Mairie indiquait également que le Maire en place dans ce petit village était un certain : Syhm Jörmund. Admettons. Au moins, il n’y avait pas de nom plus républicain que celui-ci, à part Arès Wessex, bien entendu.

    Haut dans les montagnes, la destination se trouvait en contre-bas, dans la vallée séparant la chaîne montagneuse fendant la République de sa splendeur, aux Ruines Maudites, un lieu dont le nom ne donnait pas très envie. Arès sortit quelques minutes de sa calèche, pour se dégourdir les jambes, notamment. Il était accompagné de l’intégralité des Protecteurs d’Ébène, sa Milice personnelle, laissant la cité de Courage sous la direction du premier adjoint à la Mairie, mais aussi des Officiers Républicains. Cela ne lui plaisait point, tout simplement parce que tous n’étaient pas aussi efficaces que le Capitaine Gunnar Bremer et, l’ancien Capitaine Pancrace Dorian. Un fabuleux duo qu’Arès ne pourrait se permettre de perdre, aussi appelé « Gold Finger » pour le premier et, « Kill Finger » pour le second.
    Le soleil rayonnant de mille feux dans le ciel, Arès se sentit agressé par les puissantes chaleurs, pointant le bout de leur nez dès le mois de Mai. Il aurait bien donné l’ordre à ses agents de mettre le Soleil en prison, mais, ce n’était hélas pas possible. Tant pis, il n’avait plus qu’à le supporter. Non, en réalité, il appréciait cette douce chaleur venant directement caresser sa peau, accompagnée de cet air frais, du vent soufflant dans les hauteurs du massif montagneux. Cela lui rappelait même cette fameuse croisière, les bons comme les mauvais souvenirs. L’air marin et iodé, emplissant ses poumons de cette odeur saline, accompagné d’une puissante chaleur. Ce n’était pas forcément qu’il faisait chaud dans les hauteurs, simplement que le Soleil cognait sévère, comme disaient les culs-terreux des alentours de la ville.

    Soudain, la tranquillité d’Arès fut interrompue par l’arrivée de Lanz, qui occupait le rôle de chef des Forces Spéciales d’Arès, même si, en réalité, ce n’était pas lui. À bout de souffle et, rouge comme un cul de babouin, Lanz s’aspergea un coup de l’eau pure que transportait le Maire dans sa calèche, histoire de se rafraîchir quelque peu. D’où venait-il ? Eh bien, c’était extrêmement simple. Il était parti en avance, pour prendre connaissance du lieu sur lequel se rendait Arès, afin de lui ériger un rapport complet. Bien sûr, il faisait cela en toute discrétion, même si ce n’était pas la plus difficile des missions d’espionnage qu’il dût effectuer durant ses années de service chez les Protecteurs. Après s’être remis d’aplomb, le jeune homme se présenta directement au bâtard des Wessex, s’inclinant bien évidemment face à cet être qui lui était supérieur en tout point.
    « Monsieur le Maire, nous sommes exactement à une heure de marche du petit village de Favjökul. Comme vous nous l’avez expliqué avant le départ, il ne semble pas spécialement grand, je ne saurais cependant pas vous affirmer s’il comporte plus ou moins de cinq cents habitants. Mais, ce qui est sûr, c’est que ses infrastructures sont peu nombreuses. Les remparts entourant Favjökul ne semblent pas solides pour un sou et, semblent aussi comporter bon nombre de failles exploitables par d’éventuels terroristes ou sale race shoumeïenne. Je pense qu’une fois sur place, il serait bon de sécuriser la brèche la plus importante par une escouade complète. L’entrée aussi ne sera pas à laisser de côté, il n’y a absolument personne qui protège la porte principale. » Expliqua le sous-chef des Forces Spéciales, toujours légèrement essoufflé par sa récente course..

    Arès ne s’attendait pas à grand-chose et, il fut tout de même déçu. Il n’y avait personne, d’après les dires de son subordonné, pour garder le village, pas même une poignée de péquenauds armés de fourches, brandissant fièrement leurs armes de fortune à la moindre mouche s’approchant de la porte principale. C’était inacceptable et, pire que tout, cela infligeait une grande déception au Maire Wessex, qui s’attendaient à voir un minimum de sécurité, vis-à-vis des salopards de shoumeïens. Cette déception d’ailleurs, était lisible sur le magnifique visage d’Arès, fendu d’une cicatrice marquant un rude combat passé.
    « Personne, tu dis ? Hmm, je vois. Nous enverrons au moins une escouade veiller sur la brèche durant la nuit et, une seconde aux portes de la ville, s’assurant que personne ne rentre ni ne sorte de Favjökul sans mon autorisation au préalable. Enfin, ne prenez pas ce que je dis pour acquis, bien entendu. Attendons tout d’abord d’être sur place pour établir le parfait plan de défense. Il serait fâcheux que nous subissions une attaque durant la nuit et, même demain. » Répondit le Maire, parlant à la fois à Lanz, mais aussi aux autres Protecteurs, sa voix portante, résonnant en écho dans les hauteurs. Rien que ses paroles démontraient déjà d’une certaine paranoïa vis-à-vis de la population étrangère. Il appuyait beaucoup sur les shoumeïens, mais les reikois n’étaient guère mieux. Surtout après le massacre de Célestia, qu’Arès cautionnait bien entendu. Ce qu’il n’acceptait cependant pas, c’était d’avoir de tels animaux sur son territoire.
    « Lanz. Je pense que nous sommes suffisamment près du village pour mettre à exécution le plan de filature. Les Forces Spéciales et toi allez établir votre campement ici-même. Tout le matériel est dans le convoi, à l’arrière, vous n’avez qu’à vous servir. Vous arriverez demain, juste après l’aube, en vous faisant passer pour des Couragéens venus à Favjökul pour voir de leurs propres yeux l’inauguration du prestigieux barrage des Gorges d'Ildrekyhr. Je veux que vous interrogiez chacun des villageois que vous croiserez pour prendre connaissance de leur avis sur la politique actuelle en place à Courage. Notez chacun des noms de personnes montrant de l’hostilité envers le régime Optimate, cela peut s’avérer utile pour la suite. » Expliqua le bâtard elfique, épiant Lanz du regard, mais aussi chacun des membres des Forces Spéciales, indiquant par cette simple action, l’importance de ses paroles.

    Après avoir observé chacun de ses espions, le regard océanique du Maire se porta en direction de la vallée, qu’il observait attentivement. Les Ruines Maudites étaient presque visibles depuis sa position, presque. Il était époustouflé face à cette vue qu’offraient les hauteurs du massif montagneux mais, cela n’égalait en rien la superbe de l’horizon océanique. Enfin, tant de belle parole, mais il fallait penser à se remettre en route. Ce n’était pas tout mais, le Maire et sa Milice avait encore pas mal de route à faire avant d’arriver enfin à Favjökul. Il observa chacun des Protecteurs de son regard intense. Les Forces Spéciales frappèrent le cœur de la main droite, puis serrèrent les pieds, en guise de salue envers celui qui les payait. Déterminé, le Maire fit un signe à Marcus Armfiel, l’homme étant non seulement aux commandes de la Milice, mais aussi aux commandes du convoi municipal. Il attendit qu’Arès monta dans sa calèche de jais ornée d’or pour donner l’ordre d’avancer. Les cheveux au pelage sombre laissaient leur sabot claquer contre le sol rocailleux, puis ils avancèrent en direction de la destination du bâtard des Wessex. Un convoi de près de quarante personnes se mit en route, tandis que six autres restèrent sur place, établissant un campement, prêts à passer la nuit ici.

    - - -

    Le temps s’écoulait petit à petit, doucement, tandis que le convoi municipal continuait son avancée en direction du village frontalier aux Ruines Maudite. Une trentaine de minutes étaient passées depuis le dernier arrêt des Protecteurs d’Ébène et leurs chefs et, ce dernier se prélassait tranquillement dans sa calèche, à l’abri des fortes chaleurs, qui s’intensifiaient au fur et à mesure qu’ils continuaient leurs avancées. En tête du convoi, Marcus Armfiel, chef des Protecteurs, qui fut rejoint par l’un des plus anciens membres en poste, Hélios Blazewhril. De dernier, la crinière d’or au vent, surveillait l’arrière du convoi, mais, il se permit de quitter son poste pour rejoindre son chef, afin de tuer le temps comme il le pouvait. Car oui, même si ce n’était qu’une pauvre heure depuis le dernier arrêt, cette dernière paraissait interminable, tant il s’ennuyait. Le manque d’action peut-être ? Non, simplement qu’Hélios n’était pas l’homme le plus fan des voyages, de longue ou de courte durée, peu d’importance.

    « Alors, Marcus. T’appréhendes un peu cette visite dans ce village de péquenauds ? Je veux dire, c’est bien la première fois qu’on escorte le chef dans ce genre d’endroit. J’suis pas spécialement à l’aise en l’instant, tu vois ? » Demanda-t-il, laissant son unique œil d’azur venir croiser le regard de son supérieur direct.

    « Il n’y a pas vraiment de raison de s’inquiéter. Arès a l’air plutôt sûr de lui. Je le connais, fais-moi confiance, nous devons nous fier à son instinct. Et puis, même si le paysage est relativement différent de ce que l’on connaît, nous sommes suffisamment entraînés pour ne pas faire d’erreurs, même sur un terrain qu’on ne connaît pas. T’es pas d’accord ? Enfin, je veux dire, on s’en fout qu’on soit en ville ou non, on doit protéger le Maire, c’est pour ça qu’il nous paie. » Répondit Marcus, observant droit devant lui, sans tourner les yeux. « Et puis, en vrai, il n’y a pas de risque. Le village est sans doute peuplé de péquenauds dont le quotient intellectuel ne dépasse pas celui d’une huître et, en plus de ça, personne n’était au courant de ce projet de barrage. Pas même le Maire en personne. Alors, j’ai grand mal à croire que des terroristes en sachent quelque chose. Même les shoumeïens. » Ajouta-t-il, un bref sourire décorant son visage, surplombant cette lourde cicatrice qui brisait son menton en deux.

    « Ouais, t’as raison. En tout cas, on n’oublie pas ce qu’il a dit t’à l’heure à Lanz. Si on voit un mec au comportement étrange, on le surveille. Comme d’hab. Puis, en vrai, je pense que la majorité de la Circonscription de Courage est favorable à Monsieur Wessex et au Courant Optimate. Je veux dire, personne n’aime les shoumeïens, les reikois et ces saloperies d’hybrides. » Fit Hélios, ne recevant comme réponse qu’un simple soufflement de nez. Les minutes passèrent alors, tandis qu’ils continuèrent de s’approcher de la destination, puis la discussion reprit son court.

    « Ah ! Tu vois, quand on y réfléchit, on est quand même dans une belle planque. Je veux dire, quand j’étais au SCAR, ce n’était pas aussi strict, certes, mais le salaire n’était pas le même. Là, on peut littéralement tabasser ces fumiers de shoumeïens, sans avoir le moindre risque de se faire punir par notre supérieur, parce que c’est lui qui nous le demande. Tu vois ? Déjà à l’époque du SCAR, j’étais envoyé à l’étranger et, putain de merde, le Shoumeï c’était bien pire que le Reike, crois-moi. Enfin, les deux se valaient en vrai, mais, à l’époque, c’étaient encore les Draknys au pouvoir. Ils étaient beaucoup moins… comment dire… totalitaires ? Ouais, c’est le bon mot. Ils étaient beaucoup moins totalitaires que le Tensai. » Argumenta-t-il, tout en marmonnant brièvement dans sa barbe.
    « Ouais, mais tu vois. Le Shoumeï, c’était tout simplement horrible. Ces idiots pensent sérieusement que les Titans sont des dieux. En fait, quand j’étais là-bas, j’ai pu assister à un Conclave, tu vois le genre ? Mais, ce n’était pas le pire. Non. J’ai été envoyé en mission non loin de Bénédictus, la capitale d’antan. Un petit village, tranquille, on était en filature avec les gars et, d’un coup, le chef du village a vrillé et, il s’est mis à attacher des femmes sur des piquets, pour y mettre le feu. Bizarre non ? Et, tu sais pourquoi ? Parce qu’elles étaient des hérétiques, selon lui. Elles ne priaient pas suffisamment les dieux. J’ai pas pu m’en empêcher, je suis intervenu et, ça m’a coûté deux de mes gars, mais aussi une belle cicatrice sous le menton. » Continua Marcus, montrant de sa main droite, la fente sous son menton.
    « Enfin, tu vois. Depuis ce jour, je haïs particulièrement cette bande de sale race sans foi ni loi. J’ai préféré quitter le SCAR, qui ne voulait pas bouger le petit doigt pour mettre en péril les fanatiques Divinistes et, j’ai préféré rejoindre le fils Blaiddyd, qui se construisait une garde personnelle, avec l’argent de son paternel bien sûr. Mais tu vois, avec Arès, j’ai trouvé un objectif, un sens à ma vie. J’ai trouvé un moyen de me venger. Je n’attends qu’une chose, que ces fils de putes d’assassins se pointent à Courage. » Conclut-il, sur cette merveilleuse histoire, ses mots accompagnés des claquements des sabots de son cheval, contre le sol rocailleux, qui semblait recouvert d’une fiche toison d’herbe.

    Le blondinet n’avait pas manqué une seule parole de son interlocuteur, tant son histoire semblait passionnante. Lui aussi, se devait de raconter le pourquoi du comment, il avait rejoint les Protecteurs d’Ébène. Pourquoi lui, comme les autres membres de cette Milice, haïssait purement et simplement les étrangers, ne partageant pas le sang des citoyens de la Nation Bleue. Ainsi, il prit une grande bouffée d’air frais, profitant de l’oxygène bien plus pur des montagnes. Enfin, bien plus pur, oui, mais bien plus pauvre aussi. N’oublions pas que, plus on est haut en altitude, plus il est difficile de s’oxygéner.
    « Pour ma part, je n'ai pas spécialement eu d’expérience négative avec ces gens. Par contre, j’ai eu une éducation très Optimate, endoctriné directement par mes parents, dans le berceau. Enfin, je te dis ça hein, mais je suis quand même vachement content d’avoir été pris chez les Protecteurs. Ça va faire dix ans cette année, d’ailleurs. Putain, c’est vieux. Dix ans qu’on se connaît, mon vieux. On en a vécu des aventures ensemble, hein. Tu te souviens de cette sal… » S’exclama le guerrier, avant d’être coupé par son interlocuteur.

    « Oui, je m’en souviens, Hélios. Bref, retourne donc surveiller l’arrière. Non pas que ta présence m’insupporte, mais on approche dangereusement de Favjökul. Alors, fais ton travail et va surveiller les arrières du Maire, dépêche-toi. » Cracha le chef des Protecteurs. Des paroles tranchantes, des ordres directs, c’était bien cela qui caractérisait la force de Marcus, son efficacité en tant que chef de la Milice mais, aussi, en tant que proche d’Arès Wessex. Hélios s’exécuta aussitôt, tirant sur le harnachement pour indiquer à sa monture de faire demi-tour. Ainsi, il reprit sa position initiale et reforma la formation érigée par l’intellect du Maire de Courage. Il ne restait désormais plus qu’une dizaine de minutes avant l’arrivée du convoi à Favjökul. Le Soleil, astre divin, rayonnait encore de mille feux dans le ciel d’azur, tandis que les premières formes du village se dessinaient devant les Protecteurs d’Ébène. Arès sortit même brièvement la tête du toit de sa calèche pour observer le spectacle s’offrant à lui. Enfin, spectacle, ça restait un petit village, ce n’était pas le barrage non plus. C’était surtout cela, qu’Arès voulait voir. C’était cela qu’il était venu voir, qu’il était venu inaugurer. Le barrage des Gorges d'Ildrekyhr, censé permettre une irrigation correcte de l’eau potable dans le petit village situé en contre-bas. Parfait.

    - - -

    Lanz avait raison, finalement, il n’y avait pas un seul péquenaud qui gardait l’entrée du village, même pas un animal pour les prévenir d’une éventuelle arrivée. De toute façon, il fallait être fou, ou puissant, pour arrêter le convoi de quarante personnes qui, une à une, passait les remparts du village. Certaines étaient à dos de monture, notamment à l’avant pour Marcus et, à l’arrière pour Hélios. D’autres, pour ne pas perdre de temps, étaient dans des charrettes et, bien entendu, le Maire lui, était dans sa magnifique calèche. Devant les yeux ébahis des villageois, dont la plupart suivaient le mouvement, le convoi des Protecteurs s’avança jusqu’à la place centrale de Favjökul. C’était certainement la première fois pour certains d’entre eux, qu’une personne de ce rang se présentait devant elle. En tout cas, c’était ce que le Maire lui-même en déduisait, tout du moins.
    Le Convoi s’arrêta finalement sur la place centrale du village, non loin de la Mairie. Bon nombre d’habitants étaient présents, dont l’un semblant être le Maire de Favjökul. Pourquoi pensait-on cela ? Eh bien, c’était le seul qui n’était pas fringué comme un clochard et qui possédait un semblant de garde du corps. Bon, il y a un peu d’exagération, mais voilà. Les Protecteurs se mirent en formation autour de la sortie de la calèche, formant un couloir, pour permettre au Maire de sortir en toute sécurité. Malgré tout cela, le bâtard elfique riait légèrement, bien au frais dans sa voiture. Il n’était pas du genre à faire de telle simagrée, mais bon, on lui avait conseillé de faire bonne figure, quand on occupait un tel poste.

    La poignée de la porte s’actionna, le cliquetis du mécanisme accompagnant les chants des quelques oiseaux qui étaient posés dans les arbres entourant la place. Puis, dans un faible grincement, à peine désagréable pour l’oreille, la porte s’ouvrit, dévoilant les traits physiques et physionomiques du chef de la Circonscription Couragéenne. Un Humain, non, un demi-Humain mais, cela, ce n’était pas une évidence, surtout pour des personnes n’ayant jamais vu autre chose qu’un Humain de toute leur vie. Enfin, sans le moindre sourire, Arès descendit de sa calèche, puis leva le bras pour rompre les rangs, alors qu’il n’avait pas encore emprunté le couloir. Dans une démarche assurée, le bâtard des Wessex s’avança, calmement, tout en laissant son regard océanique observer les alentours. Les différents villageois, tous semblaient être de bons Humains et, de bons républicains, ce qui put faire brièvement sourire Arès. Pas un shoumeïen ni reikois en vue, une excellente chose !

    Enfin, Arès arriva devant celui qu’il supposât être le Maire de Favjökul. Pas un sourire, rien. Il lui annonçait son nom. Khala Asmondur, voici comment son vis-à-vis se présenta à lui. Contre toute attente, ce n’était pas le même nom qui figurait dans le recensement trouvé par Arès à la Mairie. Il se permit tout de même de lever un sourcil, face à cette révélation, puis porta sa main devant sa bouche, se raclant rapidement la gorge. À vrai dire, il ne savait même pas si son interlocuteur connaissait le nom du Maire de Courage, même si, cela pouvait paraître étonnant. Enfin, si, il le connaissait sûrement.
    « Bien, monsieur Asmondur. J’ai cru comprendre qu’un barrage venait tout juste de finir sa construction dans les Gorges d’Ildrekyhr. Je tiens à l’inaugurer personnellement, alors, avez-vous prévu une date ou, nous pouvons y aller dès demain ? » Demanda le chef de la Circonscription Couragéenne, sans tergiverser ni perdre de temps dans tes présentations trop pompeuses desquelles il n’était de toute façon pas fan.

    « Monsieur le Maire, nous sommes heureux de voir que vous avez répondu présent à notre invitation. Nous ne savions pas si vous escomptiez bien venir ! Eh bien, je ne voudrais pas vous faire perdre votre temps, vous devez être un homme occupé, donc nous pourrons lancer l'inauguration du barrage dès demain. Je viens tout juste de m'occuper des derniers préparatifs pour le banquet que nous espérions dresser en votre honneur ! » Répondit le Maire de Favjökul, le sourire aux lèvres. En effet, lui semblait plutôt ravi de voir une telle personnalité lui faire face. En même temps, il s’agissait d’Arès Wessex, membre éminent de l’une des Grandes Familles de la République, directeur de Wessex Maritime et, bien d’autres. Sans plus attendre, le Maire tendit sa main gauche au fasciste, avec son plus beau sourire vert. Sans plus attendre, Arès saisit cette main de cul-terreux et, esquissa son plus beau sourire fasciste.

    « Un banquet en mon honneur ? Eh bien, je ne pensais pas être si bien accueilli dans un si petit village. Il sera donné quand ? Cependant, je dois admettre que le cadre est charmant, ça change de la ville. D'ailleurs, où vais-je loger cette nuit ? J'espère que vous avez une auberge digne de ma personne. » Questionna Arès, s’inquiétant en l’instant, plus de l’endroit où il allait loger que du reste.

    « Eh bien, point d'auberges, nous n'avons que trop rarement de voyageurs, mais nous avons des alcools maison, et j'espère que la Mairie saura vous être un lieu de repos favorable. Nous l'avons aménagé en prévision de votre venue. Pour le banquet comme il n'est pas trop tard dans l'après-midi je crois bien qu'il sera prêt pour ce soir ! » Rétorqua son interlocuteur, l’air gêné. Enfin, il avait l’air gêné mais, il amena tout de même le Wessex jusqu’à la Mairie, laissant l’occasion à son interlocuteur d’admirer le bâtiment à l’architecture purement républicaine, même si plus coquet que ce que l’on trouvât en plein centre de Courage. De son regard océanique, le Maire détailla chacun des bâtiments entourant la place centrale du village. Bon, il n’y en avait vraiment pas beaucoup, mais tout de même. Une attira particulièrement l’œil de l’Optimate et, elle fut justement désignée par son confrère Maire, du bout des doigts.
    « Vos hommes pourront également loger dans l'ancienne caserne, depuis qu'on n'a plus d'OR elle sert d'entrepôt, mais on l'a remise au goût du jour. » Expliqua Khala, fier de lui.

    Plus d’Officiers Républicains sur place ?  C’était une véritable honte mais, le Maire se garda de lui faire comprendre pour le moment. L’un des villages de la Circonscription Couragéenne n’allait pas dans son sens et, cela l’agaçait légèrement. Après avoir arqué un sourcil, le Maire prit la parole, sans pour autant détacher son regard de la vieille baraque pointée du doigt.
    « Soit, je me contenterai de la Mairie. Ce n'est pas pour très longtemps, après tout. Pour ce qui est du banquet, cela me sied. Cela me permettra de goûter la nourriture locale, au moins. » Répondit le bâtard, en premier lieu, avant de reporter son regard sur son interlocuteur, toujours affichant cette mine étonnée, ce sourcil arqué.
    « Vous n'avez plus d'Officier ? Depuis quand ? Où sont-ils ? » Appuya Arès, le regard déterminé. Il n’était pas pensable pour lui que l’un des villages sous sa protection fût à ce point-là exclu.

    « Eh bien, ceux qu'on avait ont atteint le vénérable âge de la retraite il y a plus de quinze ans, on devait en recevoir de nouveaux, mais ça ne s'est jamais fait. Comme on arrive à se débrouiller sans -vous savez, c'est paisible par ici-, ça n'a jamais été urgent je suppose. » Expliqua Khala, sans voir le problème qu’il y avait dans ses paroles. Décidément, les prédécesseurs d’Arès étaient tous des incompétents finis, déloyales à cette belle Nation. Pour Exousia, c’était compréhensible, elle servait d’abord ses intérêts. Compréhensible, mais pas excusable, attention.

    « C'est inacceptable, vous êtes un con. » Avait eu envie de dire le bâtard elfique, mais il n’en fit rien.
    « Eh bien, ce n'est pas parce que vous êtes assez tranquille que vous ne devez avoir personne pour vous défendre en cas d'attaques shoumeïennes. Y'a-t-il des shoumeïens d'ailleurs dans les environs ? Des réfugiés peut-être qui auraient élu domicile à Favjökul ? Le dernier recensement date de cinq ans, alors, s'il y a des étrangers ici, j'aimerais être mis au courant, comme vous vous en doutez. Et, même s'ils ont acquis la perle de vote affirmant qu'ils sont devenus citoyens de la Nation Bleue. » Demanda Arès, tout fièrement, tentant, comme à son habitude, de débusquer la racaille étrangère.

    Face à cette demande, le Maire de Favjökul afficha un air un peu confus, se targuant que Favjökul était un village « bien de chez nous » d’après ses dires. Seulement, un autre villageois, présent à ses côtés et, qu’Arès avait à peine remarqué, prit à son tour la parole, regardant le Wessex avec un regard assez… mauvais.
    « En fait Monsieur le Maire, si on n’a pas d'Officiers c'est parce qu'on a déjà fait les demandes plusieurs fois, mais la Mairie de Courage n'a jamais donné suite. On est un peu coupés du monde ici et y' a plein de trucs qu'on aurait dû avoir et… » Expliqua le villageois, avant d’être coupé par le Maire.

    « Ce qu'Horeliur veut dire, c'est que pendant la construction du barrage il y a beaucoup d'aides logistiques qui ne sont jamais arrivées jusqu'ici, c'est pour ça que le chantier s'est autant rallongé. La présence de la SSG et de la GAR a été très disparate et ça a fini par porter préjudice au village, mais surtout aux travaux. » Ajouta Khala, aux paroles de ce villageois un peu trop enthousiaste. Allez mon con, ton nom apparaît sur la liste des ennemis du régime fasciste.

    « Je vois. C'est inacceptable et croyez-moi, j'en suis véritablement navré. Je ne comprends pas comment mes prédécesseurs aient pu être aussi... aussi... bref. Si j'avais eu vent plus tôt de ce projet, croyez-moi que les choses auraient été radicalement différentes, surtout pour une telle œuvre architecturale cent pour cent républicaines et humaines. » Fit Arès, marquant une première pause. « Dès mon retour à Courage, je ferai mon possible pour vous envoyer une escouade d'Officier dans les plus brefs délais, accompagnée d'un Protecteur d'Ébène, ça m'assurera un bon fonctionnement de votre caserne locale et permettra à votre village d'être un minimum sécurisé. » Continua-t-il, marquant une nouvelle pause. « J'inspecterai même chacune des demandes en provenance de Favjökul, afin de les satisfaire dans les plus brefs délais. Il est hors de question que le moindre des petits villages de la circonscription de Courage soient laissés à l'écart. » Finit-il par promettre à ses interlocuteurs. C’était un noble projet que de vouloir sacrifier ses effectifs de la ville pour les mettre dans le trou de balle de la République. Allait-il vraiment le faire ? Seul l’avenir nous le dira.

    Le regard d’Arès balaya de nouveau les environs, tandis qu’il vît bon nombre de villageois esquisser un sourire face à cette annonce. Rien que pour cela, il pouvait éventuellement faire un effort et, au pire, il n’avait qu’à militariser un peu les villages de la Circonscription Couragéenne pour qu’ils fussent capables de se défendre seuls en cas d’attaque. Mais, pour un simple village comme Favjökul, une quinzaine d’Officiers serait bien suffisants, peut-être même dix ou cinq. Ni une ni deux, Arès salue les villageois en levant le bras, puis rentre à l’intérieur de la Mairie. Il se tourne alors vers Khala, tout sourire.
    « Avez-vous quelques choses dont vous voulez me faire part avant que je m’installe dans mes appartements du jour ? » Demanda Arès.

    « Euh... Bon séjour à Favjökul ? » Répondit Khala, avant de partir, en saluant bien évidemment son interlocuteur.

    - - -

    Après s’être convenablement installé dans la Mairie qui, somme toute, restait bien loin des standards de la ville, Arès se rendit en direction de la caserne des Officers Républicains, là où il avait convié les chefs d’escouade, par voie télépathique, pendant que les autres patrouillaient dans la ville. Sans plus tarder, il rassembla tous les membres présents dans la caserne, qui servait désormais d’entrepôt, dans l’arrière salle qui devait à l’époque être le bureau du Capitaine. De son regard océanique, Arès balaya l’assemblée. Les sept chefs d’escouade avaient fait acte de présence, comme demandé. De toute façon, ils n’avaient guère le choix, quand Arès donnait un ordre, ils s’exécutaient. Marcus Armfiel et Hélios Blazewhril étaient tous deux présents aussi. Le chef des Protecteurs d’Ébène et, celui qui le succéderait certainement, le moment venu. Deux des hommes les plus fidèles d’Arès, même si, globalement, ils l’étaient tous.

    « Bien, il est temps d’établir le plan de déploiement pour notre séjour dans le village de Favjökul. » Son regard alla directement se loger dans l’azurite d’Hélios. « T’as suivi les indications de Lanz ? T’as pu localiser l’importante brèche dans les remparts de la cité ? » Demanda Arès, froidement. Il était le chef, il le faisait comprendre rien que par ses prises de parole et l’intonation de sa voix. Surtout, il ne voulait pas qu’il y ait le moindre problème durant ce séjour au fin fond de la République. Surtout avec la présence des Ruines Maudites non loin du village, il ne savait pas réellement à quoi s’attendre. Lui, comme ses Protecteurs les plus paranoïaques.

    « Oui, Monsieur le Maire. Alors, il y a bel et bien un trou dans le mur, à l’est. Le trou semble tout à fait naturel à vrai dire, mais il est suffisamment large pour qu’un homme de plus de deux mètres puisse s’y glisser sans le moindre problème. Je pense qu’il est un point stratégique à surveiller durant la nuit, on ne sait jamais. Mis à part cette brèche, je n’ai rien vu d’autre qui pourrait paraître alarmant. » Expliqua Hélios, ne détachant pas son unique azurite du regard de son chef.

    « Très bien. » Répondit Arès, dirigeant son regard sur Erik, puis sur Björn, deux chefs d’escouade. « Erik, Björn, vous vous passerez le relais pour surveiller la brèche. Vous fonctionnerez par tours de garde de trois heures. Rassemblez vos hommes et allez-y, maintenant. Le plus tôt sera le mieux. » Ordonna-t-il, levant le bras pour indiquer à ses hommes, la sortie du bureau. Ce n’était pas tout, son regard alla en direction des autres chefs d’escouade, les cinq restants. Il s’agissait de s’organiser d’une manière optimale pour que rien ne soit laissé au hasard, pour que jamais la vie du Maire ne soit mise en danger.
    « Vous autres. Je veux une escouade autour des remparts du village. Je veux que la moindre présence me soit rapportée dans les plus brefs délais. Ensuite, je veux deux escouades à l’intérieur de Favjökul. Et pour finir, les deux autres, vous fonctionnerez par roulement, est-ce que c’est clair ? Je veux qu’il y ait en permanence le nombre indiqué de Protecteurs en patrouille. Exécution ! » Ordonna-t-il de nouveau, laissant les cinq autres chefs d’escouade partir.

    Le regard océanique du bâtard des Wessex jongla ensuite entre celui de Marcus et, celui d’Hélios. Il prit quelques secondes pour s’assoir sur l’une des chaises qui trainait ici, de mauvaises factures à l’évidence. Il laissa les formes de son dos épouser le dossier de l’assise, qui grinçait bruyamment sous le poids du bâtard elfique.
    « Quant à vous, vous serez ma garde rapprochée pour les jours à venir. Vous ne me quitterez pas une seule seconde, sauf si je vous le demande. Aussi, rendez-vous présentable pour le banquet de ce soir, vous allez venir avec moi. J’ai envie que le peuple voie de ses propres yeux que les Protecteurs d’Ébène fonctionnent en symbiose avec moi. Peut-être que cela donnera envie à un ou deux culs-terreux de venir travailler avec vous. Allez vaquer à vos occupations, je vais rentrer à la Mairie. » Conclut Arès, sur cet échange avec ses soldats.

    À peine Arès eut le temps de sortir sous le soleil brûlant surplombant le village du nord, qu’un des Protecteurs d’Ébène s’approcha de lui en courant à toute vitesse. En l’instant, il ne comprit pas bien pourquoi et, pire que cela, il lui lança un regard menaçant. C’était n’importe quoi, de se montrer en spectacle ainsi. Bref, il attendit que son vis-à-vis prît la parole en premier, tandis qu’il le dévisageât, de ses prunelles océaniques. Le Protecteur reprit quelques secondes son souffle, avant de lever la tête, pour faire face à son chef. La main droite sur le cœur, les pieds qui claquaient, le menton relevé.
    « Monsieur le Maire ! Le Dragon du Razkaal souhaite vous voir, il est sur la place centrale du village ! » Hurla-t-il. Arès, en entendant le titre d’un Drakyn qu’il pouvait certainement considérer comme un ami, malgré tout, esquissa un bien large sourire, puis se mit en route en direction de la place centrale.
    Dragon du Razkaal
    Dragon du Razkaal
    Kieran Ryven
    Kieran Ryven
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    qui suis-je ?:
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  • Sam 15 Juin - 12:38
    Le Nord.

    Pas le Nord gentillet. Non. Ici, la nature veut vous en faire baver à chaque pas. Les montagnes, des géants de pierre et de glace, se dressaient comme des sentinelles silencieuses, leurs sommets disparaissant dans un ciel perpétuellement gris. La neige tombait en tourbillons aveuglants, recouvrant le monde d’un manteau blanc qui cachait autant d'emmerdes que de beautés. Un endroit où seuls les forts survivent. Je continuais ma marche, mes pensées flottant comme des flocons dans le vent. La vallée Mjifilv n'était pas qu’un endroit, c’était un jugement. Je connais personne qui y voudrait y glisser pour sa retraite, demandant à se faire masser l'oignon, les pieds en éventail. Chaque ascension, chaque descente était un pari contre la mort. Et les montagnes, toujours impassibles, regardaient vos efforts avec une indifférence glaciale.

    Mes prunelles glissent sur le petit Hybride qui m'accompagne. De près il est mignon, mais dans les alentours, je dois être le seul à saisir pleinement toute la puissance qu'il peut dégager. Les rapports que j'ai pu lire à son sujet m'ont toujours sidéré, et le voir à l'œuvre est d'autant plus déroutant. C'était comme si on avait prit le soleil, qu'on l'avait rétréci, avant de l'enfoncer dans le bide d'un ratel avec des écailles qu'il peut utiliser sur commande. Aussi impressionnant que catastrophique. Sur mon épaule, j'ai espoir de ne pas le perdre durant le voyage à cause du froid, de l'eau gelé ou de la neige. Aussi curieux que ça puisse paraître, un Drakyn bleu et une peluche rouge incandescente représentent le Razkaal aujourd'hui.

    Les sentiers sinueux, à peine visibles sous la neige épaisse, ressemblaient à des rubans blancs serpentant à travers des forêts de conifères sombres et inquiétantes. Les arbres, alourdis par le givre et la glace, se pliaient sous le poids du froid, leurs branches craquant comme des os sous la pression. Dans ce décor glacé et poétique à regarder, même le silence semblait pesant, presque tangible. Je resserrai ma cape autour de moi, sentant le froid s’insinuer dans mes os et dans mon cuir épais. Mes écailles vont à peine suffire j'ai l'impression. Une buée s'échappe régulièrement de ma bouche tandis que je fais la rétrospective de la mission, ce qui explique pourquoi mes miches sont dans les environs, avec pour seul compagnie une petite créature aussi surprenante et attachante, qu'imprévisible. J'en profite d'ailleurs dégager un peu de neige, le saisir, et lui laisser tout le loisir de se dégourdir les pattes dans un geste doux et rassurant.

    - T'as compris l'ordre de mission, hein mon grand.

    Non, il n'a pas pigé un broc du merdier écrit dans ce papelard. Mais, qui sait, finalement ? La mission s'annonçait comme une de ces vieilles histoires, où chaque coin de rue cachait un piège, chaque sourire une connerie. Le genre d'affaire où les ténèbres semblaient plus profondes que l'ombre elle-même. Le nitrate, le salpêtre et le soufre, ces trois ingrédients étaient la recette d'un cauchemar en préparation, une bombe à retardement cachée dans le ventre de la République.

    L'Ordre de la Chouette, c'était une bande de fanatiques qui avaient commencé par des pamphlets et des discours, mais qui avaient rapidement pris goût à la violence. Les rues de Courage avaient déjà vu leur lot d'affrontements, et ces types n'étaient pas là pour jouer les enfants de chœur. Leur radicalisation suite à la guerre des Titans et l'influx de Shoumeïens avait créé une poudrière prête à exploser.

    Et ils n'aimaient pas le nouveau Maire, pas du tout. Pour ma part, je me suis surpris à apprécier sa compagnie, peut-être parce qu'il m'a toujours bien zyeuter, comme une personne, qui n'a pas que des cornes et des muscles. Mais, y'a un truc qui cloche dans cette affaire. L'ampleur de l'opération. Ces fanatiques n'avaient pas les moyens de monter un coup de cette envergure. Quelqu'un les finançait, les soutenait dans l'ombre. Mon boulot, c'était de découvrir qui, et pourquoi. J'avais suivi les premiers indices, traqué les membres de l'Ordre hors de la ville, dans les terres gelées du nord. C'est là que l'odeur des composés alchimiques m'avait guidé, comme un chien de chasse, jusqu'à la vallée de Mjifilv. Une vallée froide et inhospitalière, où la neige et la glace pouvaient cacher bien des choses, des hommes, des secrets, des cadavres. Et certainement des connards.

    J'arrive, pour la purge.

    Des chaumes commencent à s'ériger devant nos museaux, et si l'idée de croiser du monde ne m'enchante pas des masses, une autre partie de moi me dit que ça peut être intéressant d'avoir des informations. Une investigation nécessaire pour une traque complexe. Les habitants, des durs à cuire aux visages tannés par le froid, nous jaugeaient avec des yeux méfiants. Puis, curieux, trop curieux. J'hausse un sourcil sur les remarques qui commencent à s'agglutiner dans notre direction, que ça soit sur mon abdomen, ma queue, Klak, et je ne sais quel poésie nous concernant. Je me contenterais d'étirer un sourire, long d'un demi-centimètre à peu près, en levant une main amicale. Sans approuver, ni condamner leur propos et leurs questions, je comprends.

    Comprendre, accepter, pardonner, et se concentrer.

    Je dois être le premier Drakyn dans le périmètre à respirer devant eux, et Klak n'est pas le genre de bestiau qu'on croise tous les trois buissons. Parmi tout ce beau monde, un homme se détache. Taillé directement dans la roche des montagnes environnantes, il était grand, avec des épaules larges comme une porte de grange. Chaque muscle semblait prêt à éclater sous la peau. Son regard, d'un gris d'acier, vous perçait comme une lame bien aiguisée. Ce n'était pas le regard d'un homme qui se laissait impressionner facilement. Il portait une peau de Kirin sur ses épaules, qui n'était pas là pour décorer. Sa paluche humaine n'avait presque rien à envier à la mienne. Le surplombant de toute ma masse, j'incline doucement le buste après une poignée de main, franche et d'une familiarité calculée.

    « Enchanté, Hestian. Je suis Kieran. Kieran Ryven. Limier du Razkaal. Merci pour votre accueil. »

    En partant du principe que de se faire toiser comme une bête de foire en est un. J'hausse un sourcil sur son histoire de maire et de voyageurs dans les parages. Mais peut-être que créer du lien avant de m'occuper des affaires qui ne me regardent pas en premier lieu est plus intelligent. Sauf si...

    « Des invités de marque pour intéresser votre propre maire ? »

    Le loustic a l'air extrêmement surpris, il bafouille un peu :

    « Lilm... Li, limier? »

    Il se retourne vers les autres pour les concerter du regard et les villageois se regardent avec des airs inquiets. Quand Hestian reprend la parole, il a l'air un peu penaud, un air qui lui colle pas vraiment à la peau :

    « Euuuh, ça existe vraiment ça, Limier? Et le Razkaal? Aussi? C'est qu'une histoire pour faire peur aux gosses, ça non?
    - Je n'ai rien contre vous, très chers habitants. Je voyage simplement dans l'idée de trouver des personnes qui peuvent nuire à votre vallée. Les Limiers ne sont pas des dévoreurs assoiffés de sang, mais des gardiens qui veulent que vos journées soient aussi paisibles que celle d'aujourd'hui. Est-ce que je peux boire quelque chose de chaud, pour moi et mon compagnon ? »

    Encore une fois, Hestian marque d'abord un moment d'hésitation tandis que les villageois autour de lui semblent retenir leur souffle, et quand le gaillard dit finalement :

    « Ouais. Ouais bien sûr ouais, y'a pas de soucis, v'nez chez moi je vais vous servir un thé. »

    La tension ne semble pas redescendre chez les autres péons.

    Hestian pointe du doigt une petite bicoque en bordure du village derrière moi, avant d'ouvrir le chemin pour m'y mener. Il entre et me laisse m'asseoir. L'intérieur est rustique, minimaliste comme l'exige la vie ici et Hestian commence à fouiller les placards à la recherche d'ustensiles pour faire le thé, peinant à trouver ce dont il a besoin.

    Talonnant mon nouvel hôte, je réfléchis davantage à ces histoires de voyageurs, et me dis que c'est soit une piste à écarter, soit à creuser.

    « Sympa, par chez vous. Vous ne recevez pas souvent des invités j'imagine? Marcher jusqu'ici ne relève pas du premier petit randonneur pas averti.
    - Mouais.
    - Hm? Je suis dans quel village, exactement?
    - Favjökul, j'vous l'ai dit tout à l'heure. »

    Il trouve enfin de quoi faire chauffer l'eau sur le feu, remplit une casserole de flotte en puisant dans une barrique et met le tout à bouillir. Il continue à chercher les placards en ouvrant des sachets et des boîtes. Il s'arrête soudainement, pris d'un doute après quelques secondes, légitimes, pour le coup.

    « Vous êtes sûr que vous êtes Limier?
    - Ah, oui. Favj-Favjo...Fav, ouais. Ça me revient. Aussi curieux que ça puisse paraître, oui, je suis Limier. Parlez-moi de votre patelin, vous êtes juste là, paumés et plantés comme des gadins perdus dans une vallée ou vous êtes en lien avec la République? S'arrêter aux rumeurs du Razkaal, comme de vilaines histoires qu'on raconte aux chiards, soit vous avez le séant tranquille soit il y a bien longtemps qu'un criminel n'a pas été traqué par chez vous.
    - Parle mieux de ce que tu connais pas, Kieran. Fav c'est plus notre terre que la République, pour beaucoup d'entre nous si ce n'est tous. Y'a que deux choses ici, les bêtes... et le barrage. Y'a des gens d'ici qui sont nés alors que le barrage était déjà en construction, ils ont atteint l'âge de travailler et ils ont commencé au barrage, et y'en a qui sont morts en le construisant. Moi, je m'occupe des bêtes. Alors ouais on est ptêt paumés pour vous autres, mais c'est comme ça. On se débrouille, sans les aides qu'on devait toucher, sans la GAR, sans la SSG, juste nous, la montagne et la nature. »

    Il s'arrête un instant, alors qu'il te tourne le dos avec une boîte ouverte dans une main et qu'il en regarde le contenu, il semble pensif pendant quelques secondes avant de se tourner vers toi et de dire :

    « Y'a plus de thé. Du lait chaud ça te va? »

    Mes traits se durcissent à sa première réplique. Mais en aucun cas je ne désire entrer dans un conflit inutile, et je pense qu'il a l'air d'être le pécore qui a besoin d'avoir non seulement le contrôle, mais qui défend sa terre face à un inconnu. À l'écouter, la République les a laissés seuls face à eux-mêmes. Je finis par soupirer avant de me trouver une place, sous lequel le bois couine sous mon poids. Il toise sa boîte avant de s'échapper dans ses pensées, je fronce les sourcils.

    « Navré de l'apprendre, c'est terrible de pouvoir se dire qu'on est seul quand on nous promet des choses. Je suis étonné que vous ayez poursuivi sa construction. Pour ma part, je digère mal le lait. Et ce barrage alors? Il est fini? Comment se fait-il que personne ne soit venu vous prêter main-forte? »

    J'observe la fenêtre afin de voir si Klak est toujours dans les parages, quelque chose me dit qu'il va falloir que je le retrouve avant qu'il ne transforme ce village en tas de cendres.

    « Des évènements inhabituels ces derniers temps? Des étrangers? Des voyageurs? »

    Je me penche doucement dans sa direction.

    « Si vous n'aimez pas le changement et que je suis un inconnu que vous voulez revoir partir aussi vite qu'il est arrivé, il me faudra des réponses. »

    Il se rassied, me servant une eau chaude avec un peu de miel.

    « Il est fini ouais. On a enfin achevé le chantier y'a trois semaines. Ça nous aura pris quarante ans. Plus ou moins, j'me souviens plus vraiment quand il a commencé. Je compte plus les années. »

    Ses yeux gris ne me regardent plus vraiment avec méfiance mais avec un certain désintérêt.

    « Quand le chantier a commencé, on devait avoir l'aide de la SSG. La GAR devait venir avec le génie aussi mais ils sont pas venus, du coup la SSG est ptêt restée trois semaines... ptêt quatre. Je sais plus. Ils sont jamais revenus. Enfin si, ils se sont repointés comme des fleurs dix ans après avec du matériel de carrière et ils sont restés encore moins de temps que la première fois en disant qu'ils reviendraient. Sont jamais revenus, pour de vrai cette fois. Nous on a continué, tant que c'était pas fini on pouvait plus cultiver nos terres, c'pour ça qu'il nous reste que les bêtes maintenant. »

    Il regarde à travers une fenêtre rudimentaire, et il retourne la tête vers moi :

    « Ça fait bizarre de parler du barrage au passé maintenant. Mouais, y'a bien un étranger, il ressemble à rien et il a un chien bizarre. »

    Il esquisse un sourire camarade d'humour beauf, avant de continuer.

    « Blague à part, rien. On attend qu'le Maire de Courage vienne inaugurer le barrage. C'tout. »

    Je saisis le verre, un signe de tête pour un remerciement silencieux. Le miel est bon, le témoignage amère. Dégueulasse à vrai dire. Difficile d'imaginer que nous levons nos épées quand ça ne bouge pas le petit doigt pour son peuple. Toutes ses cultures, perdues, pour un barrage. Je finis par sourire à sa boutade, avant que ce sourire ne disparaisse.

    « Le Maire de Courage? Bah tiens donc. »

    Arès Wessex. Est-ce qu'il est au courant de tout ça? Va savoir.

    « Il aura lieu quand?
    - J'sais pas, c'est le maire qui sait.
    - Tu peux m'emmener jusqu'à lui?
    - J'sais pas non plus quand il revient, j'm'occupe pas d'lui.
    - Génial. Je suppose qu'il va falloir attendre. »

    Maintenant il s'agirait de trouver un Dragonneau qui balade sa truffe un peu partout. Qui sait, peut-être que ça sentira la nitrate ou le souffre dans le coin. Une fois ma boisson terminée, je sors pour explorer le village. Favjökul n'est pas grand, quelques chaumières disséminées en rond. Les villageois me jettent des regards furtifs, mélange de curiosité et de méfiance. Klak, quant à lui, semble introuvable. Après des heures de recherches infructueuses, je retrouve enfin Klak-Klak sur la place centrale du village. Il traîne dans les parages, sa truffe reniflant le sol. En m'approchant avec une pomme à la main, je remarque une troupe de soldats qui occupe l'endroit. Leur uniforme ne laisse pas de place au doute : ce sont les Protecteurs d'Ébène. Le Maire est là. Notre troisième rencontre jusqu'à présent, le destin est joueur. Je finis par donner le fruit aux mâchoires ardentes de mon camarade, avant d'interpeller un des hommes.

    « Protecteur d'Ebène, prévenez le Maire que le Dragon du Razkaal le cherche. »

    Le temps d'aviser les soldats, et piger qu'on est loin de la première classe qui surveille le stock de flèches, une silhouette, souriante, se dessine devant moi, difficile de le confondre avec quelqu'un d'autre. Je me surprends également à étirer un léger sourire sur mon flegme de porte de prison, tendant une main franche. Il y a peut-être quelque chose à faire à Courage, et j'espère qu'il est la personne dont le peuple a besoin, et non redoute.

    « Ryven ! Je t'avoue que je ne m'attendais pas à te voir ici aujourd'hui, dans ce... trou paumé ! Ahaha ! Mais du coup, je suis curieux, qu'est-ce que vous venez faire ici, vous deux ? Il y a un problème ?
    - Si un Limier est dans les parages, tu dois savoir que je cherche à remplir notre prison. J'enquête ici, je prendrais le temps de t'en parler. De ton côté, j'ai appris pour l'inauguration. Un barrage, construit par ces habitants... »

    J'avise le village, empathique.

    « On les a laissé seuls, Arès. »

    Il suit mon regard perdu dans ces chaumes.

    « Oui, oui... Je le sais. J'ai appris l'existence de ce village et surtout, de cette construction, il n'y a que très peu de temps. Crois-moi, lorsque je serai de retour à Courage, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour remettre d'aplomb ce village, à commencer par un recensement de la population locale. »

    Il finit par me fixer.

    « Une enquête ? Penses-tu que l'inauguration peut être mise en danger par des terroristes ou, je ne sais quoi ? »

    Mes traits se renforcent, en posant une main sur son épaule, l'oeil déterminé.

    « Ils vont compter sur toi, alors. Pour ma part, je m'attends à tout et à rien. Je traque ses personnes depuis des jours et pour le moment je n'ai rien détecté ici. Toujours est-il que beaucoup de ressources dangereuses ont été acheté, et, à moins d'ouvrir un restaurant toxique, quelque chose de gros et dangereux pour la population se prépare. »

    Je fronce les sourcils.

    « Il faudra faire vite.
    - Sans doute des shoumeïens. »  Qu'il rétorque avant de se racler la gorge, comme s'il venait de se rappeler que j'étais un lézard bleu. « Compte sur mes Protecteurs d'Ébène pour t'aider. J'ai déjà élaborer le plan de protection du village durant ces quelques jours. Mais, je pense que nous pourrons en reparler plus tard, quand tu me parleras de cette enquête plus en détail, n'est-ce pas. »

    J'hausse un sourcil avant de croiser les bras sous  le torse.

    « Hm. On a des suspicions sur un groupe, et aux dernières nouvelles, il nous vient de Courage, navré de le noter.
    - Un groupe de Courage... je vois.
    - Tu as raison, je viens tout juste d'arriver et je n'ai pas pris la voie des airs pour venir jusqu'ici. Ravi d'apprendre que tes soldats soient dans les environs, ils en auront besoin, autant que nous. Je suppose que tu as levé un camp ?
    - Non, je n'ai pas de camp. À vrai dire, le Maire du village laisse la caserne des Officiers libre pour mes Protecteurs. Parce que, oui, il n'y a pas un seul Officier ici, c'est fou non ? Quant à moi, je vais loger dans la Mairie. Et vous, où serez-vous ?
    - Tout à fait. Je suis très admiratif envers ces habitants. Personne pour les aider, ils ont tombés un barrage et se sont protégés en plus de ça. Je suis d'accord, c'est totalement fou. Je ferais un camp de fortune pour ma part, j'ai bien vu que les habitants ont des réticences avec les... Etrangers. » Que je termine, en le fixant.

    Je pouvais déceler un peu de fierté dans ses yeux, ça fait partie de lui, et faute de mieux, je vais devoir faire avec.

    « Dans un sens, oui. Ils sont assez admirable, rien que pour la construction du Barrage que j'ai hâte de voir. Restez donc dans le Village, avec ton animal de compagnie. Loger dans la caserne avec les Protecteurs, c'est pas un drame. Et puis, j'ai appris qu'il y aurait un banquet ce soir... en mon honneur. Vous allez venir ? »

    Difficile de connecter le banquet en son honneur et les péons qui ne peuvent plus blairer personne. Mais peut-être qu'on en saura plus pour ce soir. Je lui fait un signe de tête pour accepter évidemment son invitation.

    « Je te dis à ce soir, et merci, je me ferais tout petit dans la caserne. Aussi petit que Klak-Klak.
    - Vous aurez de la place, il y aura à minima trois escouade de sortie durant la nuit ! À ce soir, Kieran, Klak-Klak. »

    Alors que j'observe la scène, Klak-Klak se met à tousser violemment. Je me penche vers lui, inquiet. Il s'étouffe sur quelque chose. Finalement, alors que je pose une main rassurante sur son dos, il crache une grosse boule de poils avant de lever les yeux vers moi, son regard emplit de ce quelque chose qui caractérise cette créature. Je soupire, amusé malgré moi. Des fois, j'oublie que c'est une catastrophe naturelle incendiaire. Et pourtant...

    Toujours est-il que c'est ici que les choses vont commencer.

    Alors, au boulot.
    Citoyen de La République
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    Klak-Klak Boom
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  • Lun 17 Juin - 20:20


    "Kieban bada'goherr del'heghar !"

    Voilà quels furent les sages paroles prononcées par Klak-Klak avant de partir en chasse.

    Le cul en l'air et la truffe au sol, la bête pourpre du Razkaal explorait les ruelles avec la méticuleuse attention d'un prédateur en pleine traque. Sa bizarrerie couplée à son immense capital sympathie suscitaient de nombreux sourires ainsi qu'une foule de doigts pointés en sa direction mais ce dernier, trop occupé par la tâche auto-attribuée qui lui incombait; se voyait bien indifférent face aux quolibets et moqueries qui lui étaient directement adressés. Klak-Klak, le petit dragonnet de Kieran, avait flairé un truc particulièrement déplaisant et s'il n'avait strictement rien pigé à l'ordre de mission, il avait compris néanmoins que flairer les étrangetés avaient tendance à lui offrir une alimentaire contrepartie, un jeu d'esprit qui lui plaisait particulièrement.

    S'éloignant petit à petit du brouhaha, il parvint jusqu'à une zone moins peuplée et s'intéressa en remontant son actuelle piste à une fosse creusée à la hâte. Au cœur de celle-ci se trouvait un corps en début de décomposition, celui d'un cochon bien malmené dont l'odeur laissait présager un sort plus que funeste. Penchant ses pattes griffues par dessus le trou en flairant de plus belle, Klak-Klak plissa légèrement les yeux lorsque le fumet ignoble se fit trop poignant mais décela dans l'analyse un aspect curieux à l'état de cette victime porcine.

    Les dépouilles sentaient rarement bons, plus encore lorsqu'elles étaient abandonnées à l'air libre en plein soleil, mais celle-ci refoulait comme nulle autre. Les remugles conféraient à son enveloppe quelque chose d'angoissant et surtout, de bien peu naturel. Serait-il mort d'une maladie inconnue ou plutôt d'une forme d'empoisonnement ? C'était fort curieux.

    Ce qui était plus curieux encore, c'était Klak-Klak lui-même. L'odeur ancrée dans sa petite cervelle le mena ailleurs et, avec cette même intensité, il continua à renifler le sol bruyamment tout en se redirigeant instinctivement vers le centre du village, seulement pour rencontrer au fil de son évolution un os. Pas un os à proprement parler d'ailleurs, mais plutôt un ensemble d'étalages commerciaux aux parfums trop innombrables pour que son odorat, bien qu'affuté, puisse discerner dans tout ce bazar la piste initiale ou la suivante. Klak-Klak gonfla les joues d'agacement, tombe sur son postérieur et croise les bras pour ensuite exprimer sa frustration en se griffant rageusement  la truffe. Assis par terre, les pattes écartées, il mira d'un œil mauvais les alentours et c'est là qu'un nouveau fil olfactif l'attire.

    Incapable de se concentrer plus de trois secondes, il fut subitement hypnotisé par une senteur nouvelle. Ses narines s'agitèrent et son museau se dirigea vers sa nouvelle source d'intérêt. Se repostant sur ses quatre pattes dans un mouvement de bascule, il s'élança sur cette trace formidable aux parfums particulièrement épicés et se retrouva face à une fenêtre entrouverte dont émanait justement le gourmand fumet. Ni une ni deux, Klak-Klak agita son popotin en prenant son élan puis bondit sur le rebord avant de s'infiltrer son demander l'avis de qui que ce fut dans ce qui apparaissait désormais comme étant une cuisine.

    Loin d'être accueilli avec un quelconque attendrissement, l'animal à poils rouges se retrouva dans un océan de cris, les marmitons affolés croyant voir là apparaître un prédateur inconnu. Certains vinrent s'enfuir de la pièce en abandonnant leurs ateliers tout en poussant des jappements paniqués alors que d'autres, plus courageux, s'emparaient de hachoirs et d'autres ustensiles pointus pour s'en prendre au petit monstre qui rétorqua bien sûr par un feulement désapprobateur. A moitié investi dans ses recherches, il comprit enfin que la source de l'odeur épicée provenait indubitablement d'une paire d'énormes marmites dans lesquelles bouillaient des ragouts probablement succulents mais un poil trop "liquides" à son goût. L'odeur de victuaille cuisinée, bien qu'alléchante, était surtout si forte et poignante qu'elle dissimulait toute autre source d'intérêt. Bien peu arrangeant, dans l'actuel contexte...

    Viré à coup de pied aux fesses, Klak-Klak ne demanda pas son reste et se carapata en zigzag aussi vite que possible pour ensuite plonger tête la première vers la fenêtre par laquelle il était entré à la base. Maudissant ses "agresseurs" dans son langage parfaitement incompréhensible, il se retrouva donc une seconde fois à bouder en plein milieu d'une ruelle, ce qui ne manqua pas d'attirer l'intérêt d'étranges personnages dont l'attitude se démarquait notablement de celle des habitants du coin. Tandis qu'il babillait dans son coin, Klak-Klak vit sa curiosité s'éveiller lorsque l'un des anonymes posa un genou à terre en tendant une paume en sa direction et, sans l'ombre d'un soupçon d'inquiétude, l'hybride se dressa sur ses pattes arrières et posa ses petites paluches dans le creux de la main offerte avant de conter l'ensemble de ses mésaventures avec entrain :

    "Bé'chou A'hidika Pouzine essekké Klak-Klak adissé Kieban lé vouyad'ji mé pop'séki lékessé va pah adim' !"

    Malgré la dureté de son opinion, Klak-Klak se désintéressa de cet épineux sujet qu'il venait d'aborder lorsqu'un attroupement au centre du village s'accapara toute son attention. Galopant sans dire au revoir, il partit vers les bruissements générés par la foule et glissa entre les jambes des badauds jusqu'à retrouver l'énorme silhouette de Kieran. Plus important encore, une pomme située dans la main de Kieran ! Gloire et joie, Klak-Klak en oublia ses soucis et engloutit le fruit après l'avoir secoué comme l'aurait fait un petit crocodile portant à sa gueule une cuisse d'agneau. Ce fut à ce moment que le maire se présenta et que la Salamandre, tout en finissant d'avaler son met, lui fit un signe de main pour le saluer avec entrain avant de bafouiller :

    "Bloughi be'fil."

    A l'issue de la conversation entre adultes responsables, Klak-Klak s'étrangla tout naturellement sur une boule de poils mélangée à des pépins et lorsqu'il parvint à cracher le bouchon velu et baveux pour finalement reprendre son souffle, il fut aussitôt gratifié par la bienveillance de Kieran qui l'invita à nouveau à reprendre position -loin du sol boueux et dégoutant- sur ses épaules. Sans demander son reste, la Salamandre flanqua ses griffes dans le cuir du géant et se nicha contre son cou tout en mirant d'un air idiot les alentours.
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  • Mar 18 Juin - 1:01

    Les Gorges d’Ildrekyhr
    TOUR 2


    ”Roro, t’as toujours pas répondu à ma question. Quel intérêt on a réellement à aller saboter ce barrage au juste? Nan mais parce que, je veux dire, c’est un chouette projet et tout, mais pourquoi on irait sortir de Courage pour aller aussi loin?”

    Dans la pièce obscure où trône la réplique de la vallée de Mjifilv, le coordinateur du plan est semi-assis sur le bureau central de l’estrade, écoutant avec un grand sourire les doutes et les questionnements de ses pions sur l’échiquier. Le dénommé Roro, un homme aux traits déformés dont les yeux aux iris de jade se cachent derrière de petites lunettes rondes aux verres fumés, lève un doigt en l’air en le faisant joueusement tournoyer. Son visage aurait autrefois eu du succès auprès des femmes s’il n’était pas horrifiquement asymétrique, la moitié droite de son faciès est parsemé de mosaïques brunes et blanches sur une peau flasque voir même trouée par endroits au niveau de la joue, laissant apercevoir des gencives atrophiées au travers. La sclère du côté extérieur de son oeil droit est d’un blanc laiteux dépourvue de veines capillaires, tandis qu’une partie de la même pupille est couverte d’une tâche ivoire similaire. Le sourire qu’il esquisse désormais en regardant ses comparses est la raison exacte pour laquelle il est parvenu à monter son propre groupe et à lui faire prendre autant d’ampleur en seulement quelques années: si son apparence terrifie souvent les concurrents au premier regard, c’est son intellect qui terrorise ceux qui ne s’enfuient pas.

    ”Parce que… le Barrage n’est pas notre première cible. C’est ce qu’il va attirer qui le sera.”

    Quelques regards interrogateurs s’échangent tandis que certains commencent à comprendre là où leur meneur veut en venir.

    ”Arès Wessex. Ce petit bâtard facho de fils de putain va accourir tout feu tout flamme à Favjökul pour inaugurer ce barrage, et il sera trèèèèès très loin de tout ses petits OR.”

    À la confirmation de la véritable cible de leur cabale, les membres du groupe s’agitent un petit peu jusqu’à ce qu’un des gros bras ne se risque à prendre la parole:

    ”Mais monsieur, avec tout le respect que je vous dois, erm… y’aura pas les OR mais y’aura quand même les Protecteurs d’Ébène non? Comment on va faire? On peut pas vraiment faire grand chose contre eux non?”

    ”Débile va. On va l’assassiner, ils auront même pas le temps d’y voir.”

    Le meneur du groupe rappelle au silence l’ensemble des activistes et commence à faire les cents pas entre le bureau et les sièges sur lesquels sont assis ses camarades, répondant avec de plus en plus d’enjouement qui commence à faire peur à certains:

    ”C’est vrai, il y aura les Protecteurs, et c’est pour ça qu’on ne va pas miser sur notre force, mais sur la vitesse. Comment on va s’y prendre? C’est très simple.”

    Son sourire carnassier diabolique s’accroit un peu plus alors qu’il vient donner une pichenette dans le petit cube de bois qui représente Favjökul sur la maquette.

    ”En une nuit, tout sera déjà terminé. On va faire disparaître le village en une nuit.”




    À Favjökul, le ciel commence déjà à s’assombrir alors que le soleil se fait de plus en plus petit derrière les montagnes, disparaissant complètement lorsqu’il atteint l’horizon artificiel dessiné par le haut du barrage à l’ouest, en plongeant les nuages lenticulaires dans des farandoles de rose et d’orange bariolées. La vie du village se poursuit tandis que tout les hommes et femmes qui vont et viennent dehors depuis des heures commencent à graviter de plus en plus autour des chaumes, et que les dernières mises en place du banquet se font plus hâtives. Dans les cuisines de la cantine les feux sont vifs, les quelques préposés aux fourneaux s’affairent sur les deux grandes marmites de bouillon de porc, sur les ballotins d’asperges montagnardes et les assortiments de fromages locaux et de venaisons séchées. Déployant tout leur grand jeu culinaire pour faire honneur à leur invité on ne peut plus spécial, les habitants travaillent pourtant assez nerveusement sous l’oeil occasionnel des intimidants Protecteurs d’Ébène qui passent de temps en temps surveiller les alentours de la Mairi de Fav. À l’intérieur de la grande salle communale, on a pas attendu que le soleil ne s’éclipse pour déjà commencer à dresser de grandes tables en U afin de pouvoir accueillir un maximum de personne ainsi que l’Optimates et ses bras droits.

    Tandis que les villageois endimanchés de leurs tenues festives traditionnelles commencent à affluer, un défilé de chemises noires et de dentelles épaisses se met à virevolter sous les rythmes des quelques mains battant les farandoles sur les peaux de chèvres et des bouches moins nombreuses encore soufflant les airs sur les cors. Ceux qui ne dansent pas restent en retrait sur les côtés de la salle en marquant la mesure avec des applaudissements. La dizaine de paire de danseurs se met à faire une farandole typique de Courage, alternant les partenaires toutes les seize mesures pendant que des cris enjoués et des encouragements fusent pour les accompagner. Et pourtant, malgré tout les efforts des habitants de Favjökul, on est loin du prestige millimétrique auquel sont habitués les représentants des hautes sphères politiques de la République: les pas de danse sont parfois hasardeux, certaines fausses notes ne semblent pas agacer les oreilles des villageois mais ne manquent certainement pas de gâcher la mélodie auprès des couragéens et même les vêtements des habitants sont mal taillés, sans doute passés de parent à enfant sans réelle coupe sur mesure.

    Fort heureusement, la nourriture se révèle être d’un bien meilleur calibre que les célébrations des traditions républicaines montagnardes… enfin pour n’importe qui qui ne serait pas habitué aux festins des diners mondains et des restaurants gastronomiques des centres des grandes villes. Le fumet des bouillons dont les épices embaument immédiatement l’air de la soirée, parvient néanmoins à attiser les appétîts et à provoquer des humements envieux au fur et à mesure que le service se fait et que la soirée continue. Les liqueurs distillées de gentianes et les bouteilles d’absinthes commencent progressivement à tourner entre les villageois et après un discours d’inauguration de la part du Maire de Courage, l’assemblée procède au reste du repas.



    À l’extérieur de la Mairie, les clameurs de la fête s’élèvent dans le ciel nocturne pendant que les patrouilles des Protecteurs d’Ébène poursuivent inlassablement leur office, marchant le long des remparts de bois rudimentaires à la lueur de leurs torches. Les troupes personnelles d’Arès Wessex suivent les indications qui leur ont été données, effectuant des roulements tout au long de la nuit pour garantir une surveillance des environs permanente bien que les risques se soient légèrement atténués depuis que les miliciens sont au courant de la présence du Dragon du Razkaal parmi eux. Les discussions entre les soldats vont de bon train pour meubler un peu la solitude nocturne et alors que certains retournent à la caserne pour passer le relais à leurs collègues et profiter d’une sieste, ils aperçoivent justement un trio de jeunes femmes nubiles s’approcher du bâtiment, casseroles fumantes portées à bout de bras, de larges sourires sur leurs minois.

    ”Messieurs, notre Maire nous a dit de vous traiter avec autant d’attention que votre Maire, j’espère que la ronde vous a creusé l’appétit!” fait la première

    ”Les règles de l’hospitalité veulent d’ailleurs que vous fassiez attention à nous aussi, vous ne voudriez pas que nous prenions froid n’est-ce pas?” enchaîne la seconde avec un petit rire.

    L’engouement général gagnant petit à petit chaque âme qui demeurait ce soir à Favjökul, la soirée se termina néanmoins à une heure raisonnable en vue de la marche qui devait se faire le lendemain pour aller jusqu’au Barrage des Gorges d’Ildrekyhr. Le Maire de Favjökul Khala Asmondur congédia lui-même une partie des villageois, en particulier le chasseur Hestian Monsoul qui serait chargé d’escorter les troupes le lendemain, laissant le soin au Maire Wessex de mettre un terme aux festivités quand bon lui semblerait.

    Ce n’est que quelques heures plus tard, au milieu de la nuit, que les premiers cris de douleur commencèrent à retentir dans le village, semblant s’élever de plusieurs chaumières à la fois et réveillant les habitants à peine endormis. Un vent de panique commença à se lever dans le village alors qu’une colonne de flamme s’éleva au niveau de la porte ouest en bravant l’insondable nappe de la nuit, et la réaction des Protecteurs d’Ébène ne se fit pas attendre lorsque plusieurs d’entre eux surgirent de la Caserne désaffectée en finissant de s’équiper à la volée. Leur élan fut cependant coupé net quand ils se rendirent compte que leurs collègues miliciens en patrouille commençaient à poindre depuis différentes rues, certains se pliant en deux, d’autres portant carrément des mercenaires incapacités alors que les appels à l’aide se font plus généraux.


    Objectifs:
    Arriver à Favjökul: 3/3
    Investiguer l’odeur étrange: 1/1

    Enquêter: ?/?
    Investiguer les cris: 0/1
    Protéger le village: 0/1
    Protéger Arès: 0/1


    CARTE:

    PRÉCISIONS:
    CENDRES
    Maire de Courage
    Maire de Courage
    Arès Wessex
    Arès Wessex
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    Info personnage
    Race: Humain - Elfe
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    qui suis-je ?:
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  • Mer 19 Juin - 20:06
    Absorbées par les massifs montagneux, les lueurs du Soleil disparurent complètement, laissant place à l’étincelante de la Lune, cet Astre Divin qui répand délicatement sa lueur argentée dans le ciel surplombant le village de Favjökul. Les Protecteurs d’Ébène, arrivés en même temps que le Maire en charge de la Circonscription Couragéenne, veillaient au pas dans chacune des artères du village, bien qu’il ne soit pas forcément construit à l’image des villes telles que Justice ou Courage. Autour du village perdu dans la vallée, rôdaient une escouade entière, dirigée par un certain Magnus, fils d’artisans provenant d’un village proche de Justice. Il n’était pas particulièrement grand, moins d’un mètre soixante-quinze et, pourtant, il parvenait à représenter une présence imposante. Ce soir, il était en charge de la sécurité extérieure du village, en roulement toujours, bien entendu. En califourchon sur sa jument au pelage immaculé, le brun observait les alentours, pourtant, il ne remarqua rien de bien gênant. Tout allait pour le mieux, il n’y avait aucune raison apparente de s’inquiéter.
    « Hé, Magnus, on devrait peut-être aller retrouver les autres. La nuit est tombée, c’est au tour de Solveig de prendre le relais cette fois. Puis, j’ai vachement faim, moi. » Exprima l’un des membres de son escouade. Un ancien pirate, sans le moindre doute, vu sa manière de parler et, son non-respect des ordres d’Arès. Enfin, ce n’était pas du non-respect à proprement parler, simplement une envie de partir d’ici au plus vite.

    Arquant un sourcil face à cette remarque, Magnus tira d’un coup sec sur le harnais de sa jument, cette dernière hennissant, prise par surprise. Le chef d’escouade porta alors son regard ambré en direction du pirate, tout en le regardant avec un regard pouvant paraître comme étant légèrement agacé. Oui, Magnus aimait énormément se sentir libre et, c’était bien pour cela qu’il avait pris la décision de quitter les Casques Noirs pour rejoindre les Protecteurs d’Ébène. Arès était, certes, un Wessex, il laissait tout de même une certaine liberté à ses hommes. Une liberté d’agir. Les chefs d’escouade, en poste à Courage, étaient relativement indépendants les uns des autres, exécutant la volonté du Maire, mais comme ils le souhaitaient.
    « Du calme. On attend la corne de Solveig avant de rentrer au village. » Répondit le cavalier, froidement, sans laisser la moindre expression transiter par le son de sa voix. Malgré sa bonne bouille, il était un homme froid et, possédant une grande reconnaissance envers le bâtard elfique. C’était d’ailleurs bien pour cela que, même s’il devait être en train de se reposer, il attendait que Solveig sonne sa corne. Non seulement par respect envers le Maire, qui souhaitait avoir une escouade en permanence autour des remparts de bois de la ville, mais aussi par principe. Même s’il faut prendre sur son temps, son travail devait toujours être soigné et bien fait. Une véritable mentalité d’artisan.

    « Mais, chef… » Insista l’ancien pirate.

    « J’ai dit non, un point c’est tout. On attend. » Affirma Magnus, de la manière la plus froide possible. Ce n’était qu’au bout de quelques minutes que la corne de Solveig retentit enfin, perçant les murs de bois censés protéger un minimum le village. De nouveau, il tira d’un coup sec sur le harnais de sa jument, lui indiquant qu’il était temps de faire un demi-tour.

    - - -

    Le Soleil désormais couché, Arès, escorté par Marcus et Hélios, se rendit en direction de la salle festive. Vêtu d’une chemise en lin blanche et d’un pantalon brun, le Maire de Courage marcha d’un pas assuré dans le village de Favjökul, trouvant parfois les cailloux sortant de la terre gênante. Ses subordonnés eux, étaient tous deux vêtus intégralement de noir, que ce soit la chemise ou le pantalon, pas une couleur ne se faisait voir. Dissimulées entre leur ceinture et leur bassin, des dagues faites d’un acier extrêmement résistant et tranchant étaient prêtes à virevolter en direction d’une potentielle menace, à n’importe quel moment. Même entouré de bon nombre de villageois, le Maire de la cité Couragéenne était des plus parano. Les ordres donnés au chef et sous-chef des unités de terrain étaient clairs : Immobiliser la moindre personne proférant des menaces envers le bâtard elfique.
    Le feraient-ils réellement ? Sans l’ombre d’un doute. Après tout, c’était bien pour assurer la protection du Maire qu’ils étaient si grassement payés, après tout. Pourtant, ils ne blesseraient pas une personne sans raison, ils attendraient toujours le bon moment. Enfin, il n’y avait pas forcément de raison que quoi que ce soit ne se passe mal ce soir, durant le banquet, non ?

    Arrivant finalement dans la grande salle communale, le Maire salua les quelques villageois déjà présents sur place, leur accordant la chance de serrer la dextre du bâtard des Wessex. Puis, après quelques poignées de main, Arès alla directement prendre place aux côtés du Maire locale : Khala Asmondur. Ils s’adressèrent tous deux un bref sourire, l’un par simple sympathie, l’autre par le plus grand des respects. Marcus et Hélios, eux, s’installèrent une chaise plus loin, laissant la place aux côtés de leur chef pour le Dragon du Razkaal. Ce dernier d’ailleurs, accompagné de sa petite bestiole rougeâtre, arriva quelques minutes après Arès et, enfin, les festivités pouvaient commencer. Mais, avant cela, Arès offrit une grande poignée de main à Kieran et, cette fois-ci, ce n’est pas par pure formalité, mais bien par grande sympathie. Oui, ses Protecteurs d’Ébène lui suffisaient, mais la présence de deux Limiers du Razkaal à ses côtés était extrêmement rassurante. Enfin, non, parce que, fatalement, s’ils sont là, c’est bien parce que quelque chose de sombre se trame.
    Sous les clappements de main de l’Assemblée des villageois de Favjökul, les conversations entre le Maire de Courage et Khala débutèrent. Ensemble, il parlait de nombreux sujets, personnels ou non, l’atmosphère était à même de détendre au mieux le bâtard des Wessex et, en plus de cela, avec la bonne liqueur locale, extrêmement forte, il était difficile de ne pas se lâcher. Enfin, c’est un ancien marin et pirate, d’un certain point de vue, il a donc une bonne descente.

    Le premier plat arriva après une trentaine de minutes et, chacun avait regagné sa table. Tessa, tel était le nom de celle qui était en charge d’apporter les plats aux Maires présents dans la salle, mais aussi aux chefs des Protecteurs d’Ébène et aux Dragons du Razkaal. Le sourire aux lèvres, la belle blonde, au teint étrangement pâle, commençait à s’approcher, avec les plats, puis commença par les Protecteurs. Arès et son faible grammage d’alcool, étaient absorbés par tant de beauté. Cependant, il jeta un bref regard à l’assemblée, tout en plissant les yeux et, il remarqua un point de la plus haute importance. Tous les habitants du village avaient un teint de peau similaire à celui des Couragéens. De ses quarante-sept ans d’expertise en racisme, le Maire put remarquer ce détail tout aussi absurde qu’inutile, que peu serait capable de retrouver. Mais ça avait toute son importance, étant donné qu'ils n'étaient pas aussi bronzés que des montagnards classique. Il se pencha alors discrètement en direction de Kieran, qui attendait son repas avec impatience, certainement, puis laissa un léger rire lui échapper.
    « T’as vu Kieran, ils sont tous blancs comme des culs. C'est plutôt inhabituel pour des montagnards. Penses-tu qu'ils seraient malades ? » Murmura Arès, avant de se redresser. Bon, ce n’était pas le genre de chose qu’on disait habituellement, sauf pour le Maire de Courage, qui n’en avait absolument rien à branler. Tonton Arès devait être un sacré comique aux Repas de famille. Fort heureusement, il n’en avait pas.

    Enfin, Tessa apporta le premier plat et, certainement le seul, mais pas des moindres. Une magnifique pièce de viande, accompagnée d’une sauce brunâtre et, d’une corbeille de pain, semblant provenir de la veille, si ce n’était plus tôt. Arrivée au niveau d’Arès, la belle serveuse laissa son regard azur dévorer celui du Maire, puis se pencha légèrement pour servir l’Optimate. Ce dernier resta stoïque, n’attendant qu’une seule chose : sa nourriture. Cependant, il rendit tout de même un bref sourire à cette cul-terreuse.
    « Voici pour vous, Monsieur le Maire. J’espère que ce plat vous plaira. Ce sont mes parents qui les ont préparés, sans doute les meilleurs cuisiniers de Favjökul. Pour ce qui est du pain, c’est également mon père qui l’a fabriqué, il est excellent. Je vous souhaite un excellent appétit. » Déclara Tessa, déposant délicatement le plat sur la table, devant Arès. Puis, elle continua son avancée, servant par la suite le Maire local.

    Doucement et, après avoir fini un énième verre, Arès dirigea sa dextre directement dans la corbeille de pain, saisissant un morceau qu’il trouva tout de même bien rigide. Enfin, qu’importe. Il le trempa rapidement dans la sauce, puis, il le mit en bouche. Lorsqu’il croqua, il crut être à deux doigts de se briser une dent, tant la croûte du pain était rassie, contrairement à Arès qui était raciste. Pris de rage, il balança le morceau sur la table, puis tapa un grand coup du poing. Son regard glissa furtivement en direction de Tessa, qui venait tout juste de sursauter. Ses azurites allèrent donc directement croiser celles du chef de la Circonscription Couragéenne. Puis là, le drame arriva.
    « Bordel de merde, il est aussi sec qu’un vagin de nonne, votre pain. » Gueula-t-il un bon coup, avant de rire aux éclats. Les culs-terreux présents dans la salle ne comprirent tout simplement pas les paroles du Maire, eux qui ne savaient sans doute pas ce qu’était une nonne. Par chance, effectivement, car la religion n’était certainement pas arrivée jusqu’aux frontières de Favjökul. Un coup de coude gentil à Kieran, en mode « Tu l’as ? », puis tout reprit son court. Enfin, c’était bien ce qu’il espérait. Mais, rien que par le visage des villageois, il avait compris qu’ils n’étaient pas plus choqués que cela.

    « Qu’est-ce qu’une nonne, Monsieur Wessex ? » Demanda Tessa et, rien que cela lui confirma ses paroles. Arès lui fit un sourire, puis elle se mit à rire comme une niaise.

    Après quelques heures de festivités, le Maire de Courage décréta qu’il fût temps pour tout le monde de regagner son lit. Il n’était pas tard, non, simplement, il était temps pour tous d’aller se reposer, avant cette longue journée qui attendait les habitants de Favjökul. Instantanément, Arès se leva puis, fit un signe de la tête au grand Drakyn, lui intiment qu’il était temps de le suivre. Ainsi, il se rendit en extérieur, loin des oreilles indiscrètes, puis eurent une conversation, concernant les informations que chacun avait de l’état actuel des choses. Une fois la conversation terminée, chacun regagna sa chambre et, s’endormit pour une nuit paisible. Les Protecteurs d’Ébène présents dans la caserne, eux, avaient la chance d’avoir reçu la visite de femmes relativement séduisantes en apparence et, surtout, très avenantes. Au moins, tout le monde, même ceux travaillant et œuvrant pour le bien du bâtard elfique, avaient passé une excellente soirée. Tellement excellente que Falconi Genova aurait pu jalouser Arès.

    - - -

    Les cris de douleur provenant de l’extérieur du village vinrent violemment tirer le Maire de Courage de ses doux songes. Ses prunelles océaniques s’ouvrirent brusquement tandis qu’il se releva rapidement, en position assise dans son lit. Il éparpilla rapidement les draps recouvrant son corps, puis posa pieds à terre, sur le plancher de l’étage de la Mairie. Il enfila directement ses habits, laissés sur le côté avant de se coucher, puis se dirigea vers la fenêtre, pour constater de la situation. Il balaya rapidement l’ensemble de son champ de vision et, vit en premier lieu Hélios et Marcus, qui se dépêchèrent de le rejoindre, sortant de la caserne. Enfin, son regard s’arrêta sur une maison, en feu. Cela l’agace bien largement, tellement qu’il soufflât longuement du nez, en passant sa main droite entre les poils qui composaient sa barbe et, en lançant un regard assassin sur la petite bâtisse en flammes. Quel genre d’abruti fout le feu à sa baraque en pleine nuit ?

    « Dépêche-toi, Blazewhril, le Maire court peut-être un grave danger, il est de notre devoir de le rejoindre dans les plus brefs délais. Il avait raison, les shoumeïens sont délibérément prêts à tout pour nuire à sa réputation. » Déclara Marcus, tout en enfilant rapidement ses bottes puis, en se précipitant vers la sortie de la caserne.

    « Bordel, Marcus, Arrête avec les shoumeïens, tu vois bien qu’on est dans le fion de la République. Cette bande de sale race n’est pas venue jusqu’ici, alors déstresse un peu. C’est juste un blaireau qui a foutu le feu à sa baraque. » Répondit Hélios, lui aussi se précipitant vers la sortie. Non, il le savait, ce n’était pas un feu délibérément allumé. Comment il le savait ? Bah, les villageois et, même ses confrères, qui semblaient avoir été amochés par cet incendie.

    Marcus, suivi de très près par Hélios, enfonça la porte de la Mairie, scellée par Arès au préalable, d’un simple coup de pied. Les deux hommes se ruèrent en direction de leur chef. Il ne restait plus que quelques marches avant qu’enfin, les deux Protecteurs fussent auprès de celui qu’ils protégeaient. Chacune des secondes paraissait interminable tandis qu’ils n’avaient pas la moindre idée de l’état réel du bâtard elfique à l’heure actuelle. S’il lui arrivait quoi que ce soit, c’en serait fini d’eux et, ils le savaient aussi bien l’un que l’autre.
    Les deux hommes furent tout de même rassurés de voir que le Maire se tenait devant la fenêtre, indemne, en train d’observer attentivement l’extérieur. Mais, alors que son regard ne se détacha pas une seule seconde de la fenêtre lui faisant face, la voix d’Arès résonna intensément dans leur tête.
    « Vous en avez mis du temps. Vous êtes des incapables. Tâchez de faire mieux la prochaine fois. 123 secondes… Savez-vous ce qu’un intrus pourrait me faire en 123 pauvres secondes, en me surprenant durant mon sommeil ? Il pourrait sans le moindre doute m’éviscérer et planter ma tête sur un pic, comme les parents Draknys, à Ikusa. Est-ce cela que vous voulez ? » Demanda Arès, par voie télépathique, ce dernier semblant se préoccuper davantage des performances de ses hommes plutôt que de sa propre sécurité ou de celle d’autrui. Mais, le demi Wessex était ainsi, il aimait à ce que sa Milice soit parfaite, en toute circonstance. En plus de cela, ils pouvaient agir en situation réelle, aujourd’hui.
    Marcus et Hélios, surpris d’entendre Arès communiquer par voie télépathique, ne dirent pas un mot. Ils se contentèrent de simplement ployer le genou, puis d’ouvrir la marche une fois que le Maire leva le bras.

    Une fois à l’extérieur, le bâtard elfique porta une de ses mains contre son crâne, puis ferma les yeux quelques instants. Il se concentrait, une concentration extrême pour communiquer avec Lanz, qui se trouvait alors à plus d’une heure de marche du village de Favjökul, entouré des Forces Spéciales des Protecteurs d’Ébène. Marcus et Hélios eux, étaient aux aguets, pour prévenir de toutes sortes de dangers menaçant le bâtard. Ce dernier, lui, restait relativement tranquille. Des problèmes d’incendie, ce n’était pas la première fois et, surtout, il avait déjà été confronté à une explosion, en direct, au Port Blaiddyd. Alors, un péquenaud qui fout le feu à sa baraque, il n’en ressentait pas spécialement le besoin de s’inquiéter.
    « Lanz ! On a un problème au village, un incendie. Les Protecteurs vont enquêter sur le problème et vont tenter de stopper les flammes. Vous, restez sur place, ne faites rien sans que je vous donne mon accord au préalable. Nous en rediscuterons une fois le brasier éteint et la situation mise à plat avec les Limiers. » Exprima Arès, à destination de Lanz, sans en dire plus. Ce dernier savait que, dans ce genre de situation, il ne fallait pas répondre, il ne fallait point dire de mot et simplement obéir au supérieur.

    L’escouade habituellement menée par Björn avait quitté la caserne en vitesse, elle aussi. La preuve d’une excellente organisation, même en ce genre de moment troublé, chacun des chefs d’escouade savait quoi faire. Pour ce qui était de Björn et ses hommes, ils étaient chargés de contenir le feu et, si possible, de l’éteindre complètement. Ainsi, tels des corbeaux chassant leur proie, les sept hommes composant l’escouade de Björn fondaient dans la nappe sombre de la nuit, faisant des allers-retours entre la maison en feu et les différents puits dispersés un peu partout dans Favjökul. Avec des seaux remplis d’eau, tous s’attelaient à combattre l’incendie. C’était comme s’ils avaient été formés pour ce genre d’incidents. En plus de cela, les seaux étaient tellement remplis, que chacun laissait derrière lui, une traînée d’eau très clairement visible sur le sol. Le chef, Björn, fit un signe de la main au Maire, de loin.

    Tandis que les protagonistes continuèrent d’évoluer en direction des flammes, ils croisèrent la route Magnus, qui courut littéralement dans leur direction. Pas le temps pour les salutations respectueuses, se disait-il. Mais, il savait aussi que cela aurait été une grave erreur de ne rien faire. Ainsi, arrivant devant le chef de la Circonscription Couragéenne, Magnus porta sa main droite sur son cœur et, leva le menton, avant de rompre les salutations quelques secondes plus tard. Des gouttes de sueur s’écoulaient cependant de son front, comme s’il avait trop chaud ou, s’il était stressé. En tout cas, rien de bien suffisant pour alarmer Arès. De ses yeux ambrés, le chef d’escouade épia Hélios, puis Marcus et enfin Arès, avant de prendre la parole.
    « Monsieur Wessex, j’ai des informations de la part des habitants de la maison en flammes, sortis blessés. Apparemment, le mari s’est réveillé en plein milieu de la nuit, malade. Je ne connais pas encore la raison de la maladie cependant. Il a voulu faire chauffer de l’eau mais, il a perdu connaissance quand il a allumé le feu. C’est sa femme qui les a extraits de cette situation périlleuse. Je ne suis cependant pas en capacité de vous dire s’il y a eu un mort. » Expliqua Magnus, essoufflé de sa récente course.

    Les explications firent bien largement grincer des dents le Maire de Courage, qui convia gentiment Solveig à le rejoindre dans les plus brefs délais. En attendant son arrivée, Arès fixa intensément le regard ambré du fils d’artisan.
    « Va les aider et, reviens me voir quand tu en sauras plus. Ne perds pas de temps, Magnus. » Cracha-t-il, vulgairement, avant de se mettre en marche en direction de l’entrée du village, par là où devrait arriver Solveig.

    À dos de sa monture, Solveig se présenta devant le Maire, qui se trouvait à ce moment-là à la porte sud de Favjökul. Il n’avait pas une seule seconde à perdre. Si cela était bel et bien de nature terroriste, comme il le soupçonnait et, d’après les informations que Kieran lui avait fournies, alors il fallait retrouver le coupable. D’ailleurs, il se demandait bien où était Kieran en l’instant.
    « Solveig ! Toi et tes hommes partez en direction de la porte Ouest et, fouillez tout le périmètre, je veux que vous me trouviez le coupable. Aller, plus vite que ça ! » Ordonna le Maire, d’un ton sec.

    « Bien, monsieur le Maire. » Répondit Solveig, avant de faire demi-tour pour retrouver ses hommes, puis de partir vers l’ouest, sur les traces d’un éventuel coupable.
    Dragon du Razkaal
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    Kieran Ryven
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    qui suis-je ?:
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  • Lun 24 Juin - 23:09
    Avant les festivités

    Alors que le maire se barre, moi, je fronce les sourcils.

    Réfléchir, non seulement à l'enquête, mais à ce qu'il se trame ici.

    C'est pas un secret, les personnes qui vivent en autarcie ont leurs particularités culturelles qui peuvent surprendre quand on a pas l'habitude, pire, si on est citadin, pire, si on est raciste. Mais alors, qu'en est-il du reste ?

    « On y va, Klak, on ira becter avec monsieur toute à l'heure. »

    A commencer par les membres de cet ordre qui sont venus jusqu'ici. Pas besoin d'être un spécialiste pour savoir que ce barrage à quelque chose à voir avec la volonté de venir dans ce bled. L'arrivée du Maire en plus de ça, qui m'a déjà bien l'air lassé d'y être, me donne également la couleur sur l'importance de ce qu'il se joue, non seulement à la République mais particulièrement à Courage. Un mouvement dans l'échiquier politique qui a l'air d'être une aubaine pour lui, mais c'est également un risque de se faire refroidir, et sans mauvais jeux de mots avec le climat actuel.

    Je refais la rétrospective de ce que j'ai pu faire en me baladant pour chercher Klak, et... Hm. C'est étrange.

    Cette rambarde en bois toute neuve autour de l'enclos des cochons près des cantines du village. Le bois avait encore cette odeur fraîche de sève coupée récemment, tâchée de boue et légèrement humide. Pas le genre de chose qu'on remarque au premier coup d'œil, mais pour quelqu'un qui sait observer, ça crie "travaux récents". Dans un patelin comme celui-ci, où chaque bout de bois compte, pourquoi réparer ou remplacer une rambarde d'enclos à cochons en premier lieu ? La gestion des ressources semble prioritaire, mais là, ça sent le travail de dernière minute, comme s'ils essayaient de cacher quelque chose ou d'effacer des traces. Pourquoi ? Des cochons Reikois musclés qui adorent se la donner contre les enclos ? Ou autre chose ?

    Et puis, il y avait ce silence étrange qui planait sur le village. Un silence qu'on ne rencontre pas souvent. Pas un seul gamin à l'horizon depuis que j'avais posé le pied ici. D'habitude, les gamins, ça court partout, ça fait du bruit, ça se cache dans les recoins en espérant échapper aux corvées. Mais là, rien. Pas un rire, pas un cri, pas une silhouette fugace. Juste des adultes, tous trop occupés ou trop nerveux pour se détendre. C'était comme si les mômes avaient disparu de la surface de la terre, ou peut-être qu'on les avait planqués quelque part.

    Ce village avait quelque chose de pourri, et ce n'était pas les cochons qui me faisaient penser ça. Il y avait une tension, une peur sous-jacente. Les gens ici semblaient se terrer dans leurs routines, comme des rats craignant le retour d'un matou enragé. On n'en saura peut-être davantage plus tard. Il est peut-être trop tôt pour voir ce qu'il se casse dans ce village.

    Pendant les festivités

    La lune nous toise comme un œil qui ne cligne pas, dans son firmament étoilé. On a pu poser nos affaires dans la caserne avant de rejoindre la grande salle pour le fameux banquet qui s'annonce haut en couleurs et lumières. L'odeur de la bouffe, l'ambiance chaleureuse au rendez-vous, je n'en demandais pas tant. Arès, posté là-bas comme un bon maire doit l'être, était à côté d'une personne, dégageant effectivement une aura d'une caste différente. Je devine sans mal que ça doit être le maire de ce village si singulier. Une nouvelle poignée de main, presque familiale, j'en oublierais presque que je m'adresse techniquement au patron de Courage. Je ne me serais jamais permis un contact de la sorte, mais faut croire que les rencontres et les relations font parfois des entorses aux courbettes obligatoires.

    Niveau vêtement, j'arbore mon uniforme de Limier, le masque en exergue. Portecendres sur le dos, Luciole à la taille et le ceste au poing, si banquet il y a, je suis pour ma part toujours en mission. Scrutant la moindre mouche, la moindre expiration de chacun ou regard suspect dans chaque recoin de ce bled. Je retire le visage de Vouivre de mon faciès, l'accroche à la taille, mes cornes reprennent une forme normale dans une cacophonie de craquement discrets, laissant à Klak, le soin de me rejoindre. M'assurant qu'il aie son plat, au sol, pour éviter un carnage sur la nappe du banquet, je garde le silence tandis que les deux maires taille la bavette sur des salamalecs difficile à paner, avant qu'une jouvencelle viennent apporter la pitance. Nos assiettes posées, il ne faudra pas longtemps avant que Klak décide de bondir sur la table, toiser ma bouffe, taper dedans, regarder la nourriture étalée au sol alors que l'assiette tourne sur elle-même, le tout, dans un horrible moment de solitude. Belle pièce de viande qui va finir certainement dans son gosier.

    Mes yeux le foudroient dans un regard sinistre.

    « Après tous ces kilos de pommes, espèce de chaussette rouge. J'vais te bouffer. Que je gronde, intimidant, alors qu'il s'en tamponne les écailles.
    - T’as vu Kieran, ils sont tous blancs comme des culs. C'est plutôt inhabituel pour des montagnards. Penses-tu qu'ils seraient malades ?
    - Hm ? »

    Haussant un sourcil, je m'arrête sur l'assemblée, et effectivement, que des peaux crayeux, blafardes, fadasse, et ternes, comme s'ils étaient effectivement malades. Même topo pour les serveuses qui ont ramené les victuailles. Je lance d'ailleurs un regard navré avec mon plat foutu en l'air et me dit que je mangerais quelque chose plus tard. Arès, lui, envoie des fions sur la gueule du pain. Quand j'ai mordu dedans, mes canines ont déchiré la mie avec un certain bonheur, c'est là que je me suis rendu compte que nous n'avions définitivement pas les mêmes standards. Sa vanne envoyée, son rire déployé, son regard vient me chercher pour suivre la note, ce à quoi je finis par hausser les épaules.

    « Ouais, je l'ai. J'espère qu'ils ne le prendront pas trop mal. »

    Mais j'ai le sentiment qu'il n'en a pas quelque chose à faire. Y'a un truc, en tout cas, entre notre Maire de Courage et la donzelle qui rigole sans trop comprendre pourquoi. Je finirais par soupirer en traînant un sourire qui en disait long. Même si là, aussi, je me méfie. Isolde Malkyn m'a clairement fait comprendre que la Femme avait une puissance extraordinaire sur les Hommes.

    Des monstres avec des corps de filles. Sur un regard entendu, on fait un interlude en sortant pour se mettre d'accord sur nos informations mutuelles. Il serait peut-être temps de discuter davantage de ce qui pourrait lui tomber dessus. Et, certainement sur moi également.

    « Je commence à croire que tu es possiblement en danger. » Que j'aborde, préoccupé.

    La bouche embêtée par le pain un peu trop sec pour lui, il se met à boire de la flotte dans un godet qu'il tenait avant de m'aviser.

    « Je m'en suis douté à la seconde où j'ai su que vous étiez dans ce village, toi et le petit ! Que se passe-t-il ?
    - Je cherche des personnes, dangereuses, qui appartiennent à un groupe, en tout cas mon enquête m'a amené à ces types. "L'Ordre de la Chouette", si c'est eux.  Plusieurs centaines de kilo d'agents alchimiques dont notamment du nitrate, de la salpêtre et du soufre, ont été achetés à des pirates par des "inconnus." J'ai traqué ces personnes jusqu'ici. Selon mes sources, ils ne peuvent vraiment pas te blairer. Un groupuscule extrémiste de Courage, ça te parle ?
    - Oh que oui, ça me parle. Ces salauds ont déjà attenté à ma vie lors d'une cérémonie d'inauguration d'une caserne d'Officiers Républicains. Enfin, ils font leurs intéressants, sans l'ombre d'un doute. Ce n'est qu'une question de mois avant que l'on ne se débarrasse d'eux une bonne fois pour toute. »

    Il fit une légère pause, buvant de nouveau un coup d'eau. J'étais partagé entre le fait qu'il soit dans le déni ou bien qu'il se donne de la motivation pour les décaniller.  

    « S'ils sont là, alors nous sommes tous en grand danger. J'imagine qu'ils comptent faire quelque chose de ce soufre, non ? S'en prendre au barrage ? »

    Je fronce les sourcils, acquiesçant doucement, en déplorant la situation.

    « Il se sont rapidement radicalisés suite à la guerre des Titans et à l'influx de Shoumeïens en République. Ils sont d'extrême gauche, pro immigration et ils se revendiquent "anti-optimate". J'en ai pas grand chose à cirer, mais c'est probablement pour ça qu'ils veulent te chercher des noises. »

    J'imite mon vis à vis en buvant avec ma gourde.

    « Quand j'ai entendu parlé de ce barrage, ton arrivée, avec leurs desseins en tête, tout à l'air de concorder. On sait ce que le barrage peut apporter en République, et il vient tout juste d'être terminé. Mais, ce n'est pas fini. L'Ordre n'a pas agis seul, j'en suis convaincu. Trop de ressources et de moyens sont déployés, reste à savoir qui chapote tout ce merdier pour rendre les actions de l'Ordre possible. »

    Je pousse un soupir.

    « Ajoute à ça cet étrange village, dépourvu de gosses, pâle comme des liches, et un enclos à cochons tout juste refait... »

    Arès se penche en avant, portant ses mains devant sa bouche.

    « Ouais, des connards de gauchiste, je connais. Qu'ils aillent tous se faire enculer. »

    Puis il fronce un sourcil, un court instant.

    « C'est forcément un noble, pour posséder une telle somme d'argent. L'une des Sept Grande, comme les Wessex, par exemple ? M'enfin, nul doute qu'il faudrait très vite le savoir une fois de retour. Dans tous les cas, pour financer un projet de destruction de barrage, il faut, de un : être sacrément con, sachant que cela pourrait tuer plusieurs personnes. De deux : En avoir rien à branler de la République et donc, par définition, être un extrême gauche, n'est-ce pas. »

    Tout comme moi, il pousse un long soupir. Tout en zyeutant une nouvelle fois l'assemblée.

    « Putain ouais, ça n'a rien de bon. Tu penses qu'ils auraient pu les empoisonner ?
    - L'extrême tue, peu importe le côté. J'en prends note en tout cas, je n'ai pas encore réfléchi aux potentielles familles qui en voudraient à ce parti. »

    Mes traits se durcissent, suspicieux, plus que jamais.

    « Si c'est le cas, surveille ta viande. Même si je suis bien déçu d'avoir perdu mon plat... »

    Arès finit par emboîter le pas, un peu plus loin.

    « Tu peux la prendre si tu veux, j'ai pas faim et, il faut que j'aille prendre l'air.
    - Arès, je suis désolé, je ne voulais pas te... »

    Et il se barre. J'ai bien vu que j'avais mis le doigt où il ne fallait pas, mais je ne pouvais lui mentir. Il me fait comprendre qu'elle est son positionnement, je lui fait savoir le mien, reste à savoir s'il est possible pour lui de construire un lien. Il n'est jamais agréable de parler de choses qui fâchent avec des personnes qu'on estime. Lorsqu'il part, je fais demi-tour, je regarde son assiette, puis Klak-Klak. Vrai que de l'extérieur, ce plat avait l'air franchement délicieux, et si finalement il se passe quelque chose ?

    « Est-ce que tu m'as tout dit, toi ?... »

    Posant un genou à terre, je m'approche de son niveau, pour en aviser ce grand regard curieux. Klak-Klak tape dans la flaque de ragoût avec le plat de sa main, puis me regarde avec insistance.  Pas son genre de mettre les mains dans le plat sans tout eviscérer comme il l'a l'habitude de le faire avec mes pommes. Mais il fallait que je teste quelque chose pour en être sûr. Plongeant mon index dans la sauce, je commence, doucement, en lui laissant toute la fenêtre du monde d'intervenir, à porter mon doigt à la bouche.

    « Aide-moi, mon grand. Montre moi que c'est une idée à expédier loin d'entre nos cornes. Ca, pas bon ? »

    Il attrape mon doigt en piaillant, et l'empêche de le mettre à ma bouche avant de lancer d'un ton paniqué :

    «  Sapabon, sapabon ! »

    Puis il se redresse sur ses pattes arrière et rajoute :

    « Emwa mon'gran. »

    Mes traits se durcissent. En regardant l'assemblée, j'étais partagé entre tout dégommer ou torturer le premier venu pour arracher des réponses avant de poser ses propres poumons sur ses épaules, pour cramer le tout. Mais peut-être qu'on a pas tout et qu'il manque des éléments avant de poser une accusation hâtive et aussi collective.

    « On va savoir d'où ça vient Klak, et ensuite, on punit. Merci, mon'gran. »

    Je finis par lui serrer sa patoune, avant de lui offrir mon épaule. Il grimpe, tout en tirant la langue. Je me redresse de toute ma masse, avant de chercher la sortie, non sans toiser tout ce beau monde, l'iris méfiant, plus que jamais.  

    « On dégage. »

    Après les festivités

    Impossible de fermer l'œil. Trop de choses m’intriguaient, qui ne collaient pas ensemble, du moins, sans des parties complètes d'explications. Pas d'informations particulières durant la fin de la soirée, si ce n'est que le maire du village congédie Hestian, le loubard d'hier, chasseur de ce que je comprends et qui va escorter les troupes. Arès brillera une nouvelle fois lors de la clôture du banquet et moi, voilà un moment que j'erre entre les chaumières en quête de réponse.  

    La nuit était noire et froide, le genre de nuit où même les loups hésitent à sortir. Je marchais lentement, mes bottes s'enfonçant dans la boue et la neige, quand je remarquai quelque chose d'étrange. L'enclos des porcs était trop récent, comme un gamin qui se cache encore derrière les jupes de sa mère. Le sol était à peine creusé, les piquets tout neufs et mal enfoncés. Les porcs semblaient sains mais amorphes, comme s'ils avaient perdu toute énergie. Aucune trace suspecte, juste les empreintes des paysans sur les sentiers principaux qui bordaient l'endroit. Les chaumières résidentielles alentours semblaient tranquilles, et l'abreuvoir ainsi que la nourriture des porcs étaient en bon état. Quelque chose clochait, mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus.

    Puis, un feu.

    C'est alors que les cris ont commencé à résonner dans la nuit, perçant le silence comme une lame aiguisée. Je me suis retourné pour voir une colonne de flammes s'élever à la porte ouest du village. Pas le temps de réfléchir, juste agir. Je m'élance à travers le village, mes bottes glissant sur le sol boueux et enneigé. Chaque pas semblait me rapprocher de l'enfer, la chaleur des flammes se faisant plus intense à mesure que j'approchais. Les maisons aux alentours semblaient soudainement minuscules face à la fureur de l'incendie. Je lève la main, sentant l'énergie brûlante se rassembler en moi. Les flammes rugissent, défiant mon contrôle. Je serre les dents, concentrant toute ma volonté sur l'incendie. À distance, j'envoie une vague d'énergie pour étouffer les flammes, les pressant de toutes parts comme une main gigantesque qui écrase une luciole. Le feu se bat, se contorsionne dans un dernier effort désespéré, puis se résigne finalement, mourant avec un ultime crépitement.

    Je baisse la main, sentant l'épuisement me rattraper. Le danger immédiat est passé, mais il reste encore tant à faire. Les cris de douleur résonnent toujours, et une sinistre vérité attend d'être découverte.

    Je fonce vers les maisons d'où viennent les cris, le cœur battant comme un tambour de guerre. La porte d'une chaumière s'ouvre en grinçant sous ma main. Dedans, c'est le chaos. Les villageois sont pliés en deux, leurs mains agrippant leurs ventres comme si quelque chose les rongeait de l'intérieur. Ils gémissent, leurs visages tordus par la douleur. Des Protecteurs d'Ébène, les villageois, tout le monde est touché. Quelqu'un veut nuire à tout ce beau monde. Je questionne les villageois, cherchant à comprendre ce qui avait bien pu provoquer cette calamité. Ils étaient tous d'accord sur un point : ils n'avaient rien mangé d'autre que ce qui leur avait été servi au banquet de ce soir. Ils me parlèrent des cuisines, de la cantine communale à côté de la Mairie, où plusieurs personnes avaient préparé les plats cet après-midi. Les pièces du puzzle commençaient à se rassembler, formant une image sombre et inquiétante.

    Ma course s'achève en rejoignant Arès, Klak à l'épaule, pensant à tout et à rien. Est-ce qu'il a tout mangé ? Est-ce qu'il est lui aussi au sol en train de souffrir d'un mal ? Tout se bouscule entre mes cornes, mais pas le temps de poser une réflexion, rendre malade tout ce monde, avec l'arrivée de l'incendie, quelque chose se prépare, ça me semble bien idéal pour le début d'une embuscade.

    Peu importe qui radine dans le périmètre, ils retourneront à la poussière.

    Courage, ou dégage.
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  • Mar 25 Juin - 22:07


    Au gré des souhaits du maître d'orchestre, les mugissements du brasier se turent sous les yeux ébahis d'un Klak-Klak qui, comme à son habitude, sombrait lorsqu'il était confronté à une telle flamboyance soit dans un profond mutisme ou soit dans des exultations endiablées. La gueule fermée et les mirettes attentives, le petit fauve velu avait semblait il décidé de choisir la première option. Niché sur les épaules de Kieran qui faisait pour lui office de poste de vigie improvisée, le monstre sentit l'urgence ainsi que la panique de l'instant et s'il n'en comprit pas tout à fait les rouages ni les subtilités, il sut néanmoins que le village avait été victime d'une attaque pernicieuse.

    Sa truffe s'agita à la recherche d'une précieuse donnée à exploiter pour mettre la patte sur d'éventuels assaillants mais au beau milieu de cet océan de cendres virevoltantes et de fumée noire, le flair de l'animal fut inefficient. Loin d'abandonner, il usa d'un tout autre stratagème sensoriel. Ses oreilles se dressèrent dans un battement unique et, par magie, elles se mirent à capter l'ensemble des sons ambiants. Les pleurs de villageois apeurés, les cris nés de leur empressement et les innombrables conversations rendirent difficiles les quelconques observations qu'auraient pu effectuer l'hybride poilu et, d'agacement, il se mit à bougonner tout en se restreignant non sans mal de mâchonner les longs cheveux de son porteur.

    "Bachi'Ehmlehbem. Day'gah olyr ni fniff. Klak-Klak isshi del' goh. Bouah."

    Après ces indications toujours débordantes d'une limpide clarté, la Salamandre dévala la pente de la montagne qu'était l'épaule du Limier, puis se laissa glisser -sans griffer- le long du bras de ce dernier, ce avant de bondir jusqu'au sol boueux et de se carapater. Le sauvageon avait une idée en tête et il paraissait bien décidé à la mener à bien quoi qu'il advienne, peu lui importaient ses précédents échecs.

    Gambadant en direction de l'ouest tout en zigzaguant avec agilité entre les gambettes des badauds, il octroya une inattentive oreille aux complaintes de quelques souffrants mais ne montra qu'une bien faiblarde compassion face au mal qui les assaillaient. Ils n'avaient qu'à avoir les naseaux aussi délicats que l'étaient les siens, après tout.

    Quittant le village pour retourner à cette nature sauvage qui l'avait vu naître et grandir, Klak-Klak s'enfonça dans les broussailles en longeant des chemins visiblement peu empruntés par l'Homme, ce pour tomber après quelques minutes d'exploration sur un bruissement certes léger, mais suffisamment peu commun pour attirer son attention. Le tintement d'un grelot agité par le vent lui était parvenu et s'il y avait une chose que le petit monstre savait différencier, c'était bel et bien les sons émis par les bêtes et ceux libérés par les créations des civilisés.

    Apercevant en bordure d'une piste la silhouette discrète de la clochette d'argent reliée à un ruban rouge, Klak-Klak s'en approcha avec toutes les précautions du monde, ce avant d'y risquer son odorat une fois encore. Par réflexe, il usa de son camouflage surnaturelle et lorsqu'une vague de magie parcourut sa toison parsemée d'écailles, les poils rouges parurent s'épaissir pour venir adopter la teinte immaculée de la neige qu'il abhorrait tant. Une fois à proximité de l'objet mystérieux, il reconnut un parfum de bête légèrement capté lors de sa première maraude mais passablement ignoré néanmoins; ainsi que celle d'un être humain. Trop de mélanges, pas assez de souvenirs, il n'avait malheureusement pas de quoi associer cette senteur  à un quelconque individu notable.  

    Levant le museau lorsqu'un flocon vint s'y déposer, Klak-Klak constata non sans frustration qu'un début de tempête commençait à se lever et puisqu'il n'avait aucunement envie d'y être confronté sans pouvoir se cacher dans les fripes de son compagnon, l'hybride furtif décida qu'il était temps de faire marche arrière. Alors qu'il amorçait son retour, il fut néanmoins surpris par un son violent que son ouïe capta. Le bruit, sourd et répétitif, résonnait par delà les bois dans une impulsion sèche et rythmée.

    Les yeux plissés d'intérêt, Klak-Klak usa une nouvelle fois de magie; cette fois-ci pour se conférer une vitesse extraordinaire et ainsi échapper aux tumultueuses bourrasques glacées qui se faisaient de plus en plus oppressantes. Se carapatant à une allure surprenante, le traqueur miniature s'enfuit prestement seulement pour retrouver, une dizaine de minutes plus tard, Kieran ainsi que le Maire qui ne souffrait visiblement d'aucune forme d'empoisonnement.

    Escaladant à nouveau l'épaule du Drakyn sans se faire prier, Klak-Klak s'ébroua pour chasser la neige parasitant son beau manteau tout en levant le camouflage afin de reprendre sa teinte traditionnelle. Voyant que son allié lui accordait un regard en biais, il lui donna un signal supposé traduire une menace. S'ils avaient toujours des difficultés en matière de communication, il y avait néanmoins quelques petits tours que les Limiers étaient parvenus à faire rentrer dans la caboche du monstre. Un coup pour un hostile potentiel, deux lorsque la présence de l'ennemie était confirmée, trois avant de passer à l'attaque.

    Bruyamment, les mâchoires de l'animal claquèrent et lorsque ses crocs charbonneux entrèrent en contact une unique fois dans un tintement puissant, Kieran sut immédiatement que son acolyte voulait lui montrer quelque chose. La trogne de la bête se dirigea vers le barrage et, avec un sérieux curieux, la Salamandre murmura :

    "Po'Eldarrr. Ven'hek achi Boom-Boom."
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  • Mer 26 Juin - 17:29

    Les Gorges d’Ildrekyhr
    TOUR 3


    Une main plaquée contre le tableau noir où un dessin d’une vue en coupe du barrage est esquissée à la craie, le visage atrophié de Roro parcours le rassemblement de l’Ordre de la Chouette d’un regard interrogateur, personne ne semble avoir la réponse à sa dernière question. S’il n’était pas aussi content de présenter son plan à ses camarades, il aurait volontier lâché un soupir de frustration. Les Républicains sont vraiment trop simplets derrière leurs façades de culture et leur mœurs prônant l’élitisme intellectuel, et pourtant il n’y en a vraisemblablement pas un pour rattraper l’autre.

    ”Alors? Comment est-ce qu’on va se débarrasser des Protecteurs d’Ébène sans les alerter? Sans leur faire comprendre qu’on en veut à leur vie?”

    Les militants anti-opti campent dans leur silence débile en réfléchissant, ou du moins en faisant semblant de le faire. Roro finit par perdre patience et pose ses deux mains sur le bureau à côté de la maquette, se penchant en avant pour révéler la première réponse mais avant qu’il ne puisse le faire une autre voix intervient:

    ”La nourriture? On peut empoisonner leur bouffe?”

    ”Qui a dit ça? Exactement Jérémiah, une intoxication. Si c’est accidentel ça n’a pas de raison d’éveiller plus de soupçons que nécessaire, mais ça aura le mérite d’incapaciter la milice pendant quelques jours.”

    ”Mais monsieur, les maux de ventre ça dure pas forcément longtemps, faudra agir très vite non?”

    ”Non.” D’un doigt, Roro redresse les petites lunettes rondes pour cacher ses yeux hétérochromes derrière les lentilles noirâtres, ses gencives apparentes à travers la joue trouée et la peau à l’aspect cartonné se tordent dans un simulacre de sourire. ”On va à la place s’assurer que leur intoxication sera sévère pour qu’on puisse s’acheter du temps. À la montagne ils n’élèvent généralement que des chèvres et des troupeaux de cervidés, mais ces viandes là ne sont pas assez sensibles. On va empoisonner du porc. Question à dix mille pièces d’or: qu’est-ce qui est extrêmement toxique, achetable à un prix bon marché et qui n’a pas de goût…”

    ”-La mère de Jérémiah-”

    ”... ni d’odeur.”

    ”Ah bah non, ça peut pas être ça alors.” fait le petit malin derrière le susnommé. Après les rires des autres activistes et le chapelet d'insultes du concerné, leur leader reprend tout seul pour ne pas perdre plus de temps.

    ”Le plomb.” Le sourire morbide de Roro se fait plus large encore, étirant hideusement les cicatrices de son faciès de grand brûlé. ”On va plomber le cochon les enfants.”

    Les hochements de tête respectueusement impressionnés des chouetteux remplis leur meneur de fierté, et continuant dans la lancée tant qu’il avait l’attention de tout le monde il reporte un doigt tendu en direction du dessin au tableau.

    ”Et pour le Barrage? Quelqu’un peut-il me dire comment on va s’y prendre?”




    Pendant que le vent emporte les cendres encore fumantes de la maison qui est partie en fumée à Favjökul, il hurle sur les arbres de la forêt qui borde le village et le sépare du Barrage des Gorges d’Ildrekyhr. Il souffle sur les cimes des pins, les faisant osciller dans une danse majestueuse au rythme des bourrasques, il souffle sur la neige, emportant quelques paillettes scintillantes de poudreuse fraîchement tombée, et il souffle dans les grelots attachés à quelques endroits de la forêt pour dessiner un cercle autour d’un plateau clairsemé. Au milieu de la clairière, les torches de flammes noires et bleus se consument lentement dans leurs piquets, tandis qu’elles n’écartent que faiblement le voile de la nuit pour illuminer uniquement la petite scène entrain de prendre place parmi le secret des conifères. Les grelots tintent en rythme avec le vent, le bruissement des arbres va et vient, les vapeurs de souffre remplissent l’air de la clairière, des décorations et des instruments de musique disséminés au pieds des arbres agrémentent le tableau et l’homme assis en tailleur entièrement nu au centre du tout ne bouge pas. Les yeux fermés, le shaman Øomlin Hsausten est concentré, il fait abstraction du froid qui dévore ses cuisses contre la neige, de la morsure des bises contre son torse, de la sensation d’humidité qui croit sur ses poils alors que le givre commence tout juste à s’y former. Sans regarder, il déroge a sa position méditative pour tendre la main vers un de la demi-douzaine d’écuelles en bois posée devant lui, il y trempe deux doigts tendus dans une pâte jaune et appose sur sa poitrine gauche un dessin géométrique triangulaire: le souffre. symbole de l’âme et du feu. Il essuie ses doigts contre le sol et applique une deuxième pâte argentée contre front sous la forme d’un cercle à corne, puis il répète une dernière fois le marquage avec un troisième mélange laiteux et odorant qu’il badigeonne sur son ventre: un cercle dont la barre diamétrale passe par son nombril. Il boit enfin les trois dernières écuelles et reprend sa posture, en silence.

    Les poings fermés et serrés contre son ventre, il maîtrise sa respiration, absorbant l’air souffreteux dans ses narines, il est pleinement conscient des sensations intérieures de son corps et de son âme, ses pupilles se révulsent derrière ses paupières closes, son coeur ralentit lentement jusqu’à s’arrêter complètement, laissant place à l’harmonieuse mélodie de la nature et le shaman sent son esprit se délivrer. Quand il rouvre les yeux, la lueur bleuté qui les habite témoigne de la réussite de sa communion, et le symbole sur son front s’évapore sans laisser de trace. Soudain, un bruit de percussion assourdissant retentit dans les airs et à travers la vallée, comme si quelque chose venait de frapper les tambours pourtant inanimés au pieds des sapins, et dans le même instant Hsausten se relève d’un seul geste. Son corps est guidé par le Divin, son coeur au poul imperceptible a frappé contre la paroi de sa poitrine à l’unisson avec les instruments. De nouveau, une percussion résonne dans la forêt, de nouveau, le palpitant d’Øomlin explose avec la mesure battue par le surnaturel, et de nouveau, le corps du shaman bouge subitement avec les sons synchrones pour esquisser les premiers pas d’une danse rituelle. Un autre battement, puis un autre, le rythme des pas s’accélère tandis que le poul du shaman s’emballe et qu’il se plonge dans une transe mystique.

    Une fois que la musique tribale est engagée, ce sont les flammes de souffre des torches qui deviennent à leur tour touchées par la grâce divine et commencent à s’élever déraisonnablement haut en léchant les cimes des arbres, et alors qu’Øomlin arque et tord son corps dans une chorégraphie possédée, le feu bleu se met à accompagner le shaman dans sa danse. Les flammes se déchaînent, filant comme des rubans pour magnifier les gestes des bras, des jambes du croyant, les éléments s’emportent aussi alors que l’orage éclate dans le ciel de la vallée de Mjifilv le tonnerre déchire les nuages, la neige se met à tomber, la voix du shaman brave la furie de la nature pour hurler, perdue dans le vent comme un message vain:

    APÔTRE DE LA TEMPÊTE!PRÊTE MOI TA FORCE!

    Et pourtant son message trouve une oreille attentive alors qu’en réponse, la foudre, la glace et les flammes bleus convergent devant le shaman au centre de la plaine, catalysés par la puissance titanide pour frapper le sol et y laisser un amas de magie luisant. L’éclair fourche juste avant de toucher la terre pour également fuser sur le shaman et embraser le symbole sur sa poitrine, brûlant de la même teinte que les torches qui s’éteignent toutes subitement comme si on les avait couvertes. Le cri de Hsausten se perd dans les hurlements du vent qui semble partager sa douleur alors que les arbres craquent à l’unisson pour le soutenir, et la masse élémentaire qui git sur le sol commence à bouger, à s’élever pour prendre une forme de plus en plus matérielle. Les effluves magiques se calment pour prendre une enveloppe physique, des organes apparaissent du néant, des yeux émergent à leur tour… Le shaman contemple son oeuvre avec un air grave, nulle satisfaction, seulement le respect pour ses déités qui lui permettent de participer à leur dessein. Il ne doit pas rester là, le fervent balaye la suie sur sa poitrine, efface sommairement le symbole restant sur ses abdominaux et fait demi-tour pour s’en aller, n’attendant pas que la bête finisse de s’invoquer alors que ses grondements menaçant commencent déjà à se faire entendre.




    À Favjökul, le chaos passager commence à s’estomper peu à peu quand les villageois, les Protecteurs encore debout et le duo républicain se rendent progressivement compte de l’absence d’assaut ou d’attaque immédiate sur le hameau. Les gentillets de Fav s’organisent peu à peu pour commencer à faire de la place dans un de leurs entrepôt et y amasser non seulement les quelques blessés de l’incendie mais aussi les malades qui affluent de toutes les directions. Le Maire Asmondur ne tarde pas à arriver, le regard à la fois inquiet mais en colère, escorté par deux autres villageois à la mine grave.

    ”Monsieur le Maire! Par Dangshuan vous allez bien, c’est le banquet Monsieur le Maire, je crois qu’un des bouillons ou le gâteau n’a pas dû être assez cuit ou… ou alors les ingrédients n’étaient peut-être pas assez frais… ou mal stockés… je, je vous prie de nous excuser, nous ne savons pas encore ce qu’il s’est passé. Mes gars sont entrain de questionner les gens qui ont assisté aux préparations pour obtenir une réponse mais il semble qu’un bon tier du village soit touché. Et cette maison qui part en fumée c’est une catastrophe…” Khala semble peiné. ”Vous me voyez couvert de honte que mon hospitalité soit souillée par ces évènements, Monsieur le Maire.”

    Lorsque le Wessex s’apprête à répondre, il est cependant interrompu par le retour d’une petite bestiole blanche qui grimpe à l’épaule du Limier à ses côtés, manifestant cette fois une demande explicite qui suffit à alarmer les deux républicains. Jurant donc de résoudre cette sombre histoire d’intoxication plus tard, Arès et Kieran se jettent sur la piste désignée par un Klak-Klak niché dans les frippes du Drakyn, protégé de la neige qui lui est pernicieuse. Accompagnés par Solveig et ses hommes, ils s’enfoncent peu à peu dans la forêt sombre où la lune timide peine à éclairer leur voie et les torches qu’ils ont emmenées faiblissent lentement dans la tempête. Alors que le drap nocturne se referme inexorablement autour d’eux et que seul les cris du vent glacial rompt la tension du silence, Kieran qui mène la marche avec la bestiole sur ses épaules marque une pause quand l’hybride ratel tend l’oreille pour remonter la piste. Un instant d’hésitation alors que les bruits se sont évanouis, mais c’est le flair des deux Limiers qui s’excite soudainement quand ils reconnaissent une odeur bien particulière, une de celles qui les avait amené ici en premier lieu, loin de la civilisation, loin de Courage, loin de la Forteresse Maudite. L’odeur du souffre.

    Le Drakyn se tourne vers les Protecteurs d’Ébène pour leur signaler la trace olfactive qu’il vient de relever, mais alors qu’il amorce son geste un sifflement strident se fraye un chemin à travers l’air pour vriller les tympans du Limier, suivi d’un ‘tchoc’ caractéristique dans le tronc d’un arbre non loin.

    Une flèche avec une empenne plumée est fichée dans le bois, ayant fusé là où se trouvait la tête du Limier il y a encore une fraction de seconde.

    L’escouade se précipite en prévision d’un combat tandis que les Protecteurs du détachement de Solveig assure la protection du Maire, et à peine commencent-ils à se positionner qu’une voix caverneuse s’extirpe des ombres, précédant une silhouette imposante qui se dessine à la faible lueur des torches.

    ”Avec tes cornes dans le noir on dirait du gibier, je t’ai pris pour un cerf Keilan.”

    Le chasseur du village, Hestian Monsoul, avance de quelques pas de plus, son visage joufflu caché derrière la peau de Kirin qui trône sur ses épaule et son crâne, la gueule de l’animal rabattue sur sa tête pour dissimuler ses traits tandis qu’il tient à la main un arc court à la corde si épaisse et tendue qu’elle pourrait craquer à tout moment, et arborant à sa ceinture un perdreaux et un renard abattus. Les épais vêtements de cuir rembourrés qu’il porte sont pleins de neige et d’aiguilles de pins qu’il époussette en s’avançant sans la moindre précaution. Voyant les réactions que son arrivée suscite, le chasseur voit la nécessité d’élaborer un peu plus sur sa présence:

    ”Khala m’a dit de dormir, mais j’y arrivais pas, y’avait une odeur dans l’air, quelque chose de malsain, de dangereux. Une odeur annonciatrice, du coup je suis allé voir.” Il pointe du doigt la direction de laquelle il vient, et reprend d’un air lugubre. ”Y’a un élan éventré là bas à plus d'un kilomètre au nord, et ça pour le coup c’est pas moi.” fait-il en désignant le gibier qui pend à son froc. ”Il faut qu’on rentre, c’est dangereux ici. La venue de l’étranger a réveillé le Gamlaälgen, le village doit le savoir.”

    Hestian voit bien qu’il y a autre chose qui dérange fortement le Limier que son avertissement concernant des créatures folkloriques aux noms alambiqués, il renifle de mécontentement tandis que les deux razkaaliens reniflent eux aussi, mais pour des raisons bien différentes.

    Quand un bramement bestial retentit dans la nuit, semblant venir d'un gros prédateur, le chasseur se répète:

    ”Vous voulez rentrer, ou on va rester ici à se regarder comme des amoureux?”

    Objectifs:
    Enquêter: ?/?
    Rentrer à Favjökul: 0/1
    Protéger Arès: 0.2/1
    Ne pas se faire repérer par ???: 0/1

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    Kieran Ryven
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  • Dim 7 Juil - 18:30
    Faire confiance à Klak n'a jamais été et ne sera jamais une mauvaise idée pour moi. Il a prouvé beaucoup trop de fois ses capacités et son intuition à repérer des éléments qui peuvent changer une situation et même l'a mettre à notre avantage. Tout restait dans la langue, malheureusement. Impossible de nous dire ce qui nous attend, si ce n'est voir par nous même, et renforcer notre esprit à n'importe quoi. Le fait qu'il ait utilisé ses capacités de camouflage m'inquiète pas mal, mais je préfère ne pas faire de plan sur la comète.

    Tout allait bien. Hormis cette odeur, la flèche d'Hestian qui me rase les cornes, le fait que je me suis fait passé pour une future venaison à ses yeux.

    Et puis, y'a eu ce cri. Un rugissement puissant. Comme le fruit d'un coït entre un titan et un cerf. Le genre de scène que j'aimerais éviter de penser, pire, de visualiser. Le Gamlaälgen, nom difficile de dire vite et en une fois, a l'air de correspondre au folklore du village, si on est encore vivant d'ici là, on prendra tout le temps du monde pour investiguer sur sa légende, et au vu du museau d'Hestian, je n'ai pas l'impression qu'on a affaire avec un sanglier avec une bave rageuse aux lèvres. Mais là, c'est pas le moment des questions.

    Il s'agirait effectivement de décarrer d'ici, et vite.

    Une partie de moi, tout comme Klak, certainement, m'encourage à aller voir ce qu'il se passe. Mais le Maire de Courage est avec nous. Une mauvaise manœuvre, et c'est l'incident diplomatique et comme je connais plutôt bien le Razkaal, c'est pas encore ce soir que j'ai envie d'y passer le reste de mes jours mais du mauvais côté de la cellule. Le mettre en sécurité, d'abord.

    « T'as raison, les amourettes seront pour une autre fois. »

    On avance dans les bois, les ombres se font menaçantes et l'odeur du soufre imprègne l'air, on entend soudainement du bruit derrière nous, de multiples grognements lupins, des aboiements apeurés, suivi par le bruit de course d'une meute qui se rapproche. Je fronce les sourcils, une question me brûle les lèvres, tiraillée entre deux pensées.

    « Ils arrivent sur nous, ou ils fuient quelque chose ? » Que je gronde, en dégainant Portecendres.

    Hestian garde le silence et nous indique de faire profil bas. Les protecteurs d'Ebène et Arès se coordonnent également et nous voilà terrés, attendant que ça arrive, j'ignore si c'est une bonne idée, mais nous sommes trop nombreux pour partir en courant sans nous faire repérer. Ma claymore dégainée , par-dessus ma tête, la concentration est au maximum.

    Klak, sur mon épaule, claque ses mâchoires à trois reprises, tandis que ses oreilles ont l'air tendues dans une direction.  

    « D'accord, la bagarre. »

    Quelques instants après, un ramassis de sangliers et de marcassins débouchent sur notre position, courant bruyamment à travers nous tandis qu'une meute de loups émergent à leur tour de la forêt, mais la lueur magique bleutée dans leurs yeux et la folie pure qui les habite, se manifeste dans la bave à leur babine, et les arcs électriques dans leurs fourrure annonce clairement quelque chose qui ne tourne pas rond. Trop petit pour que ça soit ça soit le Gamla-truc, trop nombreux également.  

    On n'a malheureusement toujours pas le temps de réfléchir. Les loups se ruent sur les cibles les plus isolées à savoir Klak-Klak et moi-même, certains émettent des gerbes de foudre crépitantes tandis que tous s'essaient à vous mordre. C'est à ce moment-là que les deux dragons du Razkaal, déchaînent les enfers. Nos mâchoires ouvertes, le flux de flammes combiné par nos deux attaques se déverse sur nos cibles dans un vrombissement sourd qui réchauffe la température ambiante. Le brasier engouffre la plupart des loups et bientôt une odeur de viande carbonisée envahit l'espace et se mêle à celle du soufre. Les quelques loups restants qui sont ceux qui s'approchent d'Arès et des Protecteurs continuent d'avancer pas à pas, jusqu'au moment où un rugissement bestial et lointain déchire la nuit, les loups déguerpissent en piaillant avec la peur aux tripes. Hestian se redresse et hurle :

    « COUREZ ! »

    Partir, vite. Sortir tout le monde de là, et faire en sorte que ça ne soit pas la dernière soirée. Dans la cavalcade, on pouvait entendre des craquements sourds se rapprocher alors que quelque chose de massif déchire les arbres sur son passage, ça se rapproche de plus en plus. Ce n'est pas naturel.

    Et ça veut nous faire mal.
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  • Lun 8 Juil - 17:25
    Les sons de ruade parvinrent aux petites oreilles du dragon sournois en un tambourinage sourd et irrégulier trahissant la présence de multiples assaillants. Montrant immédiatement ses crocs noirs dans un grognement aigu, Klak-Klak reprit sa position en enserrant la chevelure de Kieran dans ses doigts crochus puis il lui donna le signal par trois claquements maxillaires. Les créatures hostiles s'extirpèrent du bois givré par des ruades sauvages mais les guerriers draconiques, l'un comme l'autre, traitèrent les menaces avec une étonnante synchronisation témoignant sans mal de l'efficacité de leur entraînement en commun.

    Surnaturellement agiles et dotées d'arcanes leur permettant de manier la foudre, les animaux monstrueux furent néanmoins frappés par un véritable barrage de feu, une riposte balistique si violente qu'elle annihila une part des adversaires et vint contraindre les autres à un repli stratégique. Loin d'en avoir terminé, Klak-Klak recracha un épais filet de fumée noire à l'issue de cette première attaque, juste à temps pour recouvrer une part de ses facultés olfactives et ainsi percevoir, par delà l'odeur de son propre brasier, celle de la chair calcinée des opposants. Exultant par un roucoulement malveillant, l'hybride velu entendit à nouveau les pas lourds qui avaient précédemment éveillé sa curiosité prédatrice et, de façon préventive, il projeta une nouvelle gerbe de sphères enflammées en rafales.

    Les projectiles incandescents se heurtèrent à des arbres, dévorant leurs troncs tout en illuminant brièvement la zone pour révéler la présence de l'immense goliath cornu qui approchait à grands pas. Véritable esprit de la forêt né de légendes, le colosse qui leur fonçait dessus détruisait tout sur son passage, au point d'ailleurs d'engloutir le son des cris d'Hestian qui intimait à la troupe de s'échapper le plus rapidement possible. Kieran esquissa un faux mouvement, manquant de faire basculer la petite bête incendiaire qu'il transportait mais, par un réflexe salvateur créé par l'habitude d'un mode de transport si atypique, Klak-Klak s'agrippa sans mal au crâne de son porteur et suivit du museau les mouvements agiles du géant aux cornes électrifiées qui prenait soin de contourner ses proies.

    Un nouveau cri aigu se fit entendre et les mâchoires de la Salamandre s'ouvrirent pour déployer l'équivalent de plusieurs douzaines de flèches enflammées, des projectiles magiques fusant à toute allure pour supposément endiguer l'avancée du monstre jeté à leurs trousses. Debout sur la tête du Dragon du Razkaal -le plus grand des deux, du coup- Klak-Klak pivota sur lui-même pour épouser les gestes de Kieran et suivre au mieux la trajectoire du cervidé titanesque, lui barrant la route afin de l'empêcher au mieux de se rapprocher d'eux. Coutumier des combats à distance, Klak-Klak jouissait perpétuellement lors des affrontements avec les mastodontes forestiers de l'avantage non négligeable de la portée. Rares étaient les animaux, même monstrueux, qui étaient capables de faire face à un tel déchaînement de puissance magique.

    L'adversaire du jour ne fit visiblement pas exception car après une longue tentative de contournement, il bifurqua en dérapant sur ses lourds sabots et disparut à nouveau; offrant une temporaire victoire aux fuyards ainsi qu'une grande montée d'adrénaline pour le petit être aux poils hérissés par l'excès de nervosité. Avec agilité, Klak-Klak retourna se loger sur l'épaule droite de Kieran et écarquilla ses grands yeux noirs à la recherche d'un éventuel retour du colosse.

    La course folle continua, puis ceux qui étaient les plus à même de communiquer dictèrent la suite des évènements. Se jetant au sol, les poursuivis prirent soin lorsqu'ils entendirent à nouveau les bruits émis par le monstre de se dissimuler du mieux qu'ils le pouvaient. Klak-Klak, bien qu'encore animé par une furieuse volonté d'en découdre, sut qu'il valait mieux de pas contrevenir aux plans de ses compagnons et s'aplatit donc sur le dos de Kieran. Son petit cœur affolé par l'effort, il sentait sa poitrine s'élever et s'abaisser rapidement mais ne dit mot.

    La bête était revenu et alors que d'autres bipèdes, sans doute des alliés, se manifestaient; plus rien ne bougea et tous choisirent de faire les morts. La tension communicative parvint à l'intellect limité de l'hybride, doté fort heureusement d'assez de jugeotte pour savoir qu'il valait mieux éviter de jouer aux héros. Les combattants silencieux s'échangeaient des signes de main sans un bruit et Klak-Klak, sur le qui-vive, se contenta de suivre sans même plisser les paupières les mouvements de l'énorme béhémoth qui faisait ployer des arbres centenaires par de simples mouvements de tête. Ils étaient faits comme des rats, mais la Salamandre n'avait jusqu'à présent jamais essuyé la moindre défaite au combat et ne comptait pas connaître la première en ce jour.

    Le chasseur, bientôt; redeviendrait le chassé.
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  • Lun 8 Juil - 20:24
    À en croire les lueurs dansantes au travers de cette épaisse brume, le village de Favjökul n’était plus si loin. Mais, soyons honnêtes, même une distance, si courte était-elle à première vue, pouvait paraître infinie, tant la situation était tendue, aussi bien pour le Maire de Courage, que pour ses protecteurs d’Ébène ou encore, les deux Dragons du Razkaal et le chasseur. Arès n’avait, en l’instant, qu’une seule envie : mettre au clair cette histoire qui lui paraissait bien étrange, mais encore fallait-il rentrer en vie et, oui, il pouvait simplement utiliser ses pouvoirs de téléportation, mais ça serait bien mal le connaître. Ce n’est pas parce qu’il était un homme politique, qu’il n’avait pas envie de vivre d’intenses aventures comme celle qui semblait se profiler sur son avenir, non.
    Ce n’était pas tant le fait d’abandonner ses compagnons qui le faisait rester ici, parce qu’honnêtement, il n’en avait pas mal rien à branler. Non, c’était bien cette soif d’adrénaline qui habitait le bâtard elfique, qui faisait qu’il n’usait d’aucune magie de téléportation, en l’instant. Sacré loustique, ce Arès Wessex.

    Rapidement, le silence retombe sur les bois, tandis que les protagonistes se trouvaient toujours submergés par cette brume enneigée aussi épaisse qu’effrayante. Subitement, Hestian posa un genou à terre, puis fit de nombreux signes de main aux Protecteurs d’Ébène, qui firent un premier pas pour exécuter les indications du chasseur. Ce dernier attrapa le plus grand Dragon du Razkaal, tout en déposant délicatement son doigt devant sa bouche, signe qu’il ne fallait plus émettre le moindre son. La raison de ce geste ne tarda alors pas à se révéler, lorsque les craquements de la neige retentirent bruyamment, animant quelque peu cette atmosphère pesante. En réalité, c’était Solveig, chef d’Escouade des Protecteurs, qui venait purement et simplement de rompre cet infernal silence. Malheureusement pour les protagonistes de cette merveilleuse histoire, Solveig eut le plaisir de recevoir une réponse, le bramement du Monstre.
    Alors, naturellement, le groupe réalisa deux choses et pas des moindres. Premièrement, le monstre était extrêmement proche de ces derniers. Deuxièmement, bah, il était juste là, en fait. En premier lieu, c’étaient les bois qui surgirent de l’épaisse nappe de neige et, enfin, la tête décharnée de la créature vint percer le brouillard.

    Le monstre qui les poursuivait, une légende locale, semblait-il, venait tout simplement d’apparaître devant les Dragons du Razkaal, mais aussi devant Arès et ses Protecteurs. Pas de bol. Sans adresser le moindre regard à qui que ce soit, le Goliath continua son avancée, d’un pas lent. Une fois suffisamment proche, le regard océanique du chef de la circonscription Couragéenne se porta dans celui de la créature. Des orbites vides, sans vie. Son crâne était apparent. Ses naseaux, auxquels pendaient encore des restes de viande putréfiée, apparurent devant le regard surpris du bâtard elfique. Le monstre semblait aux aguets, plaçant un sabot devant l’autre, avant de faire une pause au milieu du groupe, entre Kieran et les Protecteurs précisément.

    Personne ne bougea alors, tandis que l’immense créature continua de s’avancer. Les lueurs émises par les crépitements électriques qui émanaient occasionnellement de son corps permettaient de détailler un peu plus les traits décharnés de cette créature qui, visiblement, possédait un aspect plus que colossal. Sa peau, bien trop flasque, reposait sur ses côtes saillantes. Les reflets bleuets de la foudre crépitante le long de son corps se reflétaient sur le blanc ivoire des os apparents. Les bois, terriblement majestueux, écartaient les branches des arbres -qui n’avaient pas encore été balayés-, dans des craquements lents, sourds et sinistres, trahissant de la force surnaturelle du monstre qui ployait les arbres comme s’ils étaient de simples brindilles. Inutile de dire qu’il casserait facilement en deux n’importe quelle personne composant ce fantastique groupe, même le grand cornu. Sa gueule écorchée était inexpressive en l’absence d’un simple visage.
    Sa démarche atrocement lente continuait, sa tête pendante semblait renifler le sol à tâtons, comme si elle cherchait quelque chose, ou quelqu’un. Chaque respiration de la bête crachait l’air brusquement de ses poumons imaginaires, soulevant brusquement les gerbes de poudreuse sans pour autant créer de vapeur. Chacune de ses respirations, démesurées, accéléraient les battements de cœur des hommes présents, qui savaient qu’au moindre faux-pas, leur vie, ainsi que celles de leurs compagnons, prendraient fin.

    Le monstre avance, dans la nuit, dépassant enfin les Protecteurs et continuant son chemin plus loin. Après un moment qui parut interminable, sa queue balayante disparaît dans la nappe de brouillard et, après une attente supplémentaire paraissant insupportable, Hestian se redressa puis, fit un signe de la main. Courir. Trois. Vite. Ainsi, tous ensembles, les protagonistes de cette histoire se ruèrent en direction du village, en espérant bien entendu ne pas réveiller les instincts primaires du monstre. Les Protecteurs, eux, étaient en rang autour d’Arès, permettant une protection optimale en cas d’attaque inopinée. Voici qui était une sacrée aventure. C’était ce que pensait le Maire de Courage de ces quelques instants qui lui parurent interminable. Il ne pensait pas voir de telle créature de toute sa vie ou, du moins, pas si proche des habitations. Ça lui paraissait même… étrange.
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  • Mer 10 Juil - 20:25

    Les Gorges d’Ildrekyhr
    TOUR 1


    À Favjökul, bien loin de l’agitation qui sévit dans les bois enneigés, des monstres ésotériques tirés de légendes douteuses et des animaux rendus fous pour des raisons obscures, le Maire local, Khala Asmondur, entre dans le bâtiment communal où s’activent les habitants à l’organisation d’une infirmerie d’urgence pour faire face à l’épidémie d’intoxications qui a pris d’assaut le village. Il traverse la grande salle d’une démarche rapide tout en profitant de son passage pour sommer deux ou trois consignes:

    ”Remettez de la neige à bouillir, aller, et surtout faites vraiment attention au feu n’est-ce pas, on a eu assez d’incendie pour ce soir. Vous deux là bas, mesdames, tirez un peu plus les draps regardez, que les convalescents soient bien confortables, comme ça voilà.” Il circule au milieu des alités, que ce soient des brûlés qui avaient luté contre les flammes avant l’arrivée des Limiers ou des villageois et Protecteurs d’Ébène qui se tordent le ventre de douleur en esquissant de terribles grimaces. Arrivé au fond de la pièce où se dresse un rideau en peau de bête accroché à la va vite aux poutres du plafond, Khala écarte le cuir pour entrer dans la petite séparation où figure une paillasse et un homme bardé de bandages comme une bobine de tissus. La jeune fille qui finit de placer les dernières touches sur les cataplasmes se relève à l’arrivée du Maire et s’éclipse en lui adressant un regard respectueux. ”C’est correct.” fait-il en inspectant les soins. ”Franchement correct.”

    ”Il y a un problème dehors?”

    L’homme enturbané dans les linges gras est celui que les hommes du village avaient extirpé de la maison en proie aux flammes un peu plus tôt dans la soirée. La soignante l’a tellement enroulé dans les pansements qu’il n’y a bien que la partie gauche de son visage qui soit visible avec ses yeux, son regard alerte se pose sur le Maire qui vient le voir et il a posé sa question d’une voix claire, se demandant bien pourquoi Khala vient lui rendre visite maintenant. Ce dernier a l’air un peu soucieux quand il lui dit à voix basse:

    ”C’est Øomlin, il a invoqué sa bestiole.”

    Derrière la foule de bandage et le tulle, les yeux hétérochrome du blessé se froncent singulièrement de surprise d’abord, puis de consternation:

    ”Il a fait ça à cause du Limier?”

    ”Je pense que oui… Ça fait chier qu’il ne soit pas venu t’en parler avant, ou qu’il n’ait pas communiqué avec qui que ce soit. Le Limier était pas prévu mais c’était pas une raison pour faire ça, merde quoi. Maintenant le bâtard risque de se barrer. Je le sentais mal ce gars du Culte. Je le savais qu’on aurait pas dû accepter leur ai-”

    ”C’est pas grave, ça ne change rien de toute façon, on continue le plan.”

    ”Et pour le Limier, on fait qu-”

    ”On continue.” Le sourire de Roro derrière ses bandages factices suffit à faire taire Khala.



    Courant parce que leurs vies en dépendent, les Protecteur d’Ébène qui escortent le Maire Wessex, Kieran, Klak-Klak perché dessus et Hestian sortent en trombes du bois et parviennent enfin au plateau de Favjökul, alors qu’ils passent l’orée de la forêt et laissent les derniers conifères derrière eux, le chasseur ralentit la cadence en posant ses mains sur ses genoux pour souffler à grands poumons.

    ”C’est bon, ça y est… huff. Huff. Il peut pas… ah… il ne peut pas sortir des bois, son esprit y est lié.” Le grand bonhomme se redresse péniblement alors que des portes du village un groupe d’hommes apparaît et vient à leur rencontre en accourant. ”C’pour ça qu’il arrive jamais rien ici, parce qu’il veille… mais j’l’avais jamais vu d’aussi prêt, le Gamlaälgen.” Hestian regarde le visage de Kieran et comprend qu’il va devoir en dire un peu plus, il soulève la peau de Kirin qui repose sur sa tête, dévoilant des tatouages tribaux sous la forme de lignes bleutées qui courent sur les courbes de son crâne et de sa nuque, afin de passer une main sur ses cheveux gris. ”C’est l’esprit de cette forêt, le fantôme du premier cerf à être mort dans la vallée. D’habitude il dort et on le voit pas, mais quand il sent que quelque chose menace Mjifilv, il se réveille. Quelque chose de pas normal.” Hestian adresse un regard méfiant au Limier draconique et à l’animal tout aussi étrange sur ses épaules. ”M’est avis que si t’es la bienvenue chez nous tu l’es pas dans c’te forêt. M’enfin, je suis pas son pote, donc je saurai pas te dire si c’est ça ou pas.” Il se retourne vers Arès avant de faire quelques pas en direction des hommes qui se rapprochent. ”L’est complètement miraud, y voit plus rien mais il entend sacrément bien. La traversée demain sera toujours possible, on va juste l’attirer de l’aut’ côté de la vallée avec du bruit et on passera du not’. C’est pas dangereux tant qu’on fait comme j’dis.”

    Quelques secondes de plus et ils sont rejoints par une dizaine de villageois de Favjökul qui les accueillent avec un air paniqué et confus, parmi eux le Maire Asmondur s’avance vers les voyageurs:

    ”Qu’est-ce qu’il s’est passé? On a entendu un bruit terrible venant de la forêt, on a eu peur qu’il vous soit arrivé quelque chose. On a fini d’installer les malades et de s’occuper des retombées de l’incendie.” Il marque une pause en attendant que le Maire haletant lui réponde mais écarquille les yeux en se souvenant de quelque chose. ”Oh, et pour cette épidémie, je crains que ce ne soit un des porcs qui ne soit tombé malade, ils se sont enfuis récemment et l’éleveur pensait que ça s’était arrêté là, mais visiblement un d’entre eux a dû manger quelque chose de bizarre. Je suis encore sincèrement désolé pour ce fiasco, d’abord la viande, ensuite l’incendie, je suis le pire hôte que la République ait connu. Je n’ai aucun autre mot pour décrire ma honte.”

    Le Maire a un air peiné jusqu’à ce qu’Hestian reprenne la parole:

    ”Le bruit c’était le Gamlaälgen. Il est réveillé. Va falloir se lever tôt demain et se coordonner.”

    ”Oh.” Asmondur zieute nerveusement le Limier, retourne son regard sur le chasseur avant de perdre ses yeux dans le vide. ”Oh.”



    Objectifs:
    Enquêter: ?/?
    Préparer l’expédition de demain OU retarder l'expédition OU annuler l'expédition: 0/1
    Protéger Arès: 0.3/1


    CARTE:

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  • Mer 17 Juil - 14:13
    Inspiration, expiration.

    Bordel.

    Retrouver le village ne m'a jamais paru comme une aussi bonne nouvelle, même si une part de moi aimerait être encore dans cette forêt pour décaniller du cerf géant. Est-ce que j'en suis capable ? C'est le souci avec les bestioles, impossible de savoir de quoi ils sont exactement capables, ajouté à ça leur imprévisibilité, il faudra se préparer et envisager toutes les possibilités. Se battre en fera partie pour moi. Reprenant doucement mon souffle avec les mains posées sur les genoux, je me redresse pour écouter un petit peu l'histoire si attachante du Gamlatruc.

    Premier cerf canné, devenu esprit de la forêt, noté. Le plus intéressant c'est qu'il a repéré quelque chose de menaçant.

    « Il est comme une espèce de gardien, dans la façon dont tu le décris. »

    Si c'est une entité gardienne qui s'arrête uniquement sur la mission de garder ce coin tranquille et paisible, alors il n'est pas un ennemi. Sinon, il pourrait très bien être invoqué et corrompu dans l'ombre, le tout en dirigeant son courroux sur nos museaux. Plus le temps passe dans ce village, plus les questions se multiplient. Il est bon, voire excitant d'investiguer dans cet amoncellement de mystères, mais c'est avant de savoir également que des vies sont en jeu.

    Hestian a l'air de connaître la manœuvre, il sera nécessaire de l'avoir à nos côtés. Je suis Limier, mais je ne suis pas prétentieux. Le chemin de la prétention mène à la fin de l'apprentissage.

    « On fera comme tu dis. Rassure-toi. »

    Ça s'agglutine rapidement après par plusieurs villageois avec notre cher maire dans la brochette. En sauveur-meneur, il nous fait le tableau de l'état des lieux, rapidement rassuré de savoir les malades pris en charge et l'incendie totalement neutralisé. Je suis particulièrement étonné de ce qu'il raconte concernant les porcs. Je me suis rapproché de l'enclos, récemment fait, de la bouffe, de l'abreuvoir et j'ai rien remarqué. Mon flair non plus. Je ne suis pourtant pas le dernier à échantillonner des éléments sur place pour me faire mon avis, mais là rien. Seulement "quelque chose de bizarre." Je fronce les sourcils, garde mon silence. Il faudra probablement garder en mémoire l'identité de l'éleveur.  Pour le moment, je suis très calme.

    Mais les choses iront plus vite si je sors mes outils, dans le cas où les réponses ne viennent pas plus vite.

    La viande, on sait qu'il y a quelque chose de louche, reste à savoir quoi. Par contre pour cet incendie... Les deux protagonistes me coupent dans ma réflexion quand le Gamla- putain, je ne vais pas y arriver. Le non verbal pour lui, les œillades veulent tout et rien dire. Mais quelque chose me dit que Hestian sera plus bavard.

    On prendra tout le temps du monde pour tailler la bavette. Le regard d'Asmondur sur moi trahit quelque chose, et en parler ici peut potentiellement créer du mouvement, voire des frictions. Et corriger tout le monde n'est pas ma politique. Rester précis, juste, et sans dommages collatéraux. Et en parlant de dommages collatéraux....

    « Klak, allons voir cette histoire d'incendie. Arès, je te laisse quelque temps. Sans vouloir te commander, il serait intéressant de jeter un œil sur les préparatifs de l'expédition, tes Protecteurs seront un atout majeur à n'en nul douter. »

    Un salut de la tête plus tard, Klak à l'épaule, on rebrousse chemin vers ce feu qui s'affiche comme un point d'interrogation dans tout ce bazar. Le bâtiment n'était plus qu'une carcasse noircie par les flammes. La neige fondue formait des flaques sombres, suintant entre les débris. Des personnes étaient encore sur place, probablement pour sécuriser l'endroit et s'assurer qu'aucun départ de feu ne repartirait. Probablement des habitants voisins qui ont eu chaud aux fesses également.

    Le moment de poser des questions.

    « Où étiez-vous? »
    Les gens étaient globalement tous chez eux, les réponses varient seulement entre "ma chambre" "mon lit" et "devant la porte".

    « Avez-vous vu l'incendie commencer? »
    Un seul me répondra que oui, il a vu les premières flammes quand elles s'élevaient déjà à l'intérieur de la maison et commençaient à brûler. Il dit que le départ a été très rapide.

    « Pouvez-vous décrire les activités qui se sont déroulées ici avant l'incendie? »
    Ce qui ressort, c'est que les gens ont rien vu d'anormal dans la soirée, ils sont rentrés chez eux après le banquet et ils sont partis se pieuter, ils se sont globalement réveillés dans les mêmes heures avec des proches qui souffraient de maux de ventres ou les cris des voisins.

    « Y'avait-il une odeur étrange ou des sons? »
    Personne ne semble avoir relevé une telle chose.

    « Une liste des personnes présentes? »
    "Bah euh... tout le monde nan?" Globalement ils ne sauraient pas me dire si qui que ce soit manquait à l'appel mais ils disent également qu'avec les patrouilles de Protecteurs, c'était pas évident de s'éclipser.

    « Comportements suspects? »
    Les trois interrogés nient.

    « Est-ce que c'est déjà arrivé? »
    Deux me répondent que non, le troisième - pourtant pas foncièrement plus vieux que les autres - dit que oui, y'avait déjà eu un incendie y'a longtemps quand une des commères avait laissé sa lanterne au lavoir et qu'elle avait foutu le feu au linge.  Grosso modo, on a que dalle. Je pousse un soupir. On va devoir changer d'axe. On a essayé de voir, on a essayé d'écouter, maintenant on va essayer de sentir. Je renifle à plusieurs reprises à côté du pourpre, lui intimant de mimer mon geste.

    « Klak ? »

    J'ai du flair, mais pas autant que le Dragonnet écarlate du Razkaal. Il s'y met, remue la queue. Il y a quelque chose. En posant un genou à terre pour me concentrer, il me faudra le double du temps de Klak pour discerner quatre odeurs distinctes, une femme dans le lot. Je me place derrière le camarade en posant une main délicate sur son dos.

    « Mon grand, je te suis. »

    Je m'enfonce dans les bois, à l'opposé de là où le Gamlaälgen m'avait pris en chasse tantôt. La piste devient de plus en plus ténue, les fragrances forestières se mêlant et l'ancienneté de plusieurs jours rendant le tout confus. Là où ça devient vraiment étrange, c'est que la trace se mêle à d'autres. Ça ne sent plus les odeurs distinctes qui m'avaient conduit ici en premier lieu, ça sent juste l'Homme, de manière générale. La piste se perd au bout de plusieurs centaines de mètres.

    À force de pister, je finis par relever quelques détails : des branches brisées, des monticules de neige suspects ça et là, et des irrégularités dans la hauteur de la poudreuse. Il a beaucoup neigé ces derniers jours et rien n'est certain, mais je suis sûr que quelque chose est passé ici. Quant à savoir quoi, ou qui, et quand... C'est un mystère qui ne demande qu'à être élucidé.

    Encore.

    J'entends les frissons de mon partenaire qui a les pattes embêtées par la neige et lui offre mon épaule qu'il saisit en vitesse, avant de reculer. Faire le pas de côté, prendre du recul.

    « Prendre du recul... Accroche-toi, Klak. »

    Mes ailes se déploient dans un claquement avant de pousser d'un bon dans les cieux. Aviser le panorama, voir ce que le chemin peut me dire vu d'en haut. Prendre le recul nécessaire pour voir le trésor dans le tas de ferraille, le bijou dans la poubelle, la tâche noire dans la soie. Ma vue augmentée activée, je toise mon environnement comme un prédateur qui ne sait pas ce qu'il traque.

    Mais je vais y arriver.

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  • Dim 21 Juil - 10:43
    Tandis que le Maire du village s’approchait du groupe, Arès regardait ce dernier avec un regard éteint et totalement désintéressé, accentuant ses dires sur « le pire hôte de la République ». Bon, ils n’étaient peut-être pas arrivés dans la meilleure des périodes, mais tout de même. Un tel manque de compétence devrait être puni mais, bref, le Maire de Courage n’était pas ici pour ce genre de bêtise. « Qu’on inaugure ce barrage de merde au plus vite. » Pensait-il intérieurement. Ouais, cette petite course poursuite avec le magnifique Gamlaälgen l’avait légèrement énervé. Son regard se reporta ensuite sur Kieran, qui donnait les directives pour la suite. Le regard océanique du batard elfique se porta droit dans celui du Dragon du Razkaal, toujours sans aucun sourire.
    « C’est toi le Limier, Kieran. Tu as toute ma confiance et, dans l’état actuel, tu es certainement celui qui prendra les meilleures décisions. Bien, je vais de ce pas voir mes Protecteurs, mais avant, je vais m’assurer que… » Répondit le Maire de Courage, marquant une légère pause et détournant son regard sur Asmondur. Un léger sourire de connard fendit alors son visage parcouru d’une cicatrice.
    « Le village ait le nécessaire pour assurer une expédition et pour continuer à survivre ici le temps de cette dernière. » Conclut-il, emboîtant directement le pas.

    Après seulement quelques pas, le bâtard des Wessex s’arrêta brusquement, pour zieuter du coin de l’œil, le Maire local. Il tourna légèrement la tête, de manière à ce que ce dernier pût distinguer son regard, puis il porta ses mains dans son dos, joignant ses dextres.
    « Asmondur, suivez-moi, je vous prie. » Lança-t-il, d’un ton tout aussi autoritaire que sa posture. Son regard revint devant lui, puis il parla une nouvelle fois.
    « Solveig, rassemble tous les Protecteurs en état de pouvoir partir à l’expédition, je te rejoins dans quelques minutes à la caserne. » Continua Arès, tout en se remettant en marche, en direction de la Mairie de Favjökul. Il n’y avait pas une seule seconde à perdre et, surtout, dans ce genre de situation, le Maire de Courage savait se montrer extrêmement minutieux. Il ferait en sorte qu’il ne manque rien pour l’expédition du lendemain, aucun vivre, aucun outil, rien. Après tout, il était de sa responsabilité d’assurer le bon déroulement de cette inauguration qui s’annonçait… dangereuse.
    Oui, il avait une grande envie de rentrer chez lui, de retrouver sa magnifique villa bordant l’océan, sur les côtes Couragéennes. Mais, parfois, le métier de Maire nécessite de se mettre en danger.

    Une fois devant la Mairie, Arès s’arrêta, puis se retourna, pour se mettre face au Maire local. Il le regarda, de ses prunelles océaniques, puis il le jaugea durant de longs instants. Il ne savait pas spécialement pourquoi il faisait cela, mais il le faisait. Quoi qu’il en soit, il n’était pas venu en compagnie de son hôte, jusqu’ici, pour enfiler des perles. Après avoir laissé son visage se fendre d’un modeste sourire, loin d’être amical, le bâtard elfique prit la parole.
    « Le village a-t-il les ressources nécessaires pour organiser ce genre d’expédition ? Je veux dire, avez-vous ce qu’il faut, en termes d’outil, mais aussi en termes de vivre. Si l’on prend le strict nécessaire pour assurer le bon déroulement de l’expédition et de tous les hommes qui y participeront, Favjökul aura-t-il de quoi survivre jusqu’à notre retour ? Personne n’aura faim ou soif ? » Demanda Arès, attendant une réponse pertinente.
    Et sa réponse, il l’eut assez rapidement. Son interlocuteur affirma sans broncher que le village avait tout le nécessaire pour assurer le bon déroulement de leur voyage jusqu’au barrage. Ce qui, n’étonna pas spécialement Arès en réalité. Après quarante longues années à construire ce barrage, il n’était que très peu étonnant que les villageois eurent l’habitude de s’y rendre. Asmondur affirma que le village disposait de manteaux, de traineaux, de chiens de trait appropriés et certainement en bonne santé, de bâches, de piolets, de cordes, de raquettes, du nécessaire de campement en extérieur, de nourriture sèche et de biscuits de graisse et de céréales et enfin, de quoi faire du feu. Après cela, Arès tapa deux fois sur l’épaule de son interlocuteur.
    « Merci, brave homme. Faites donc venir ce qu’il faut pour mes Protecteurs dans l’ancienne caserne de vos Officiers. » Fit le Maire de Courage, avant de quitter les lieux, pour se rendre directement en direction de la caserne, là où étaient logés les membres des Protecteurs d’Ébène.

    Une fois sur place, Arès alla directement en direction de Solveig, chef de la dernière escouade restante et en capacité de mener à bien l’expédition, le reste des Protecteurs étant tombé malade après avoir mangé la viande dégueulasse.
    « Solveig, tout est bon pour demain ? Tu as pu rassembler les hommes restants ? » Demanda Arès, sans laisser la moindre expression lui échapper. Après tout, il savait que l’expédition du lendemain n’allait pas être simple à mener, surtout avec le climat actuel.

    « Oui Monsieur le Maire. Avec tout le respect que je vous dois, êtes-vous sûr que c’est encore une bonne idée… je veux dire. Déjà, il y a l’intoxication et après, on se fait poursuivre par un monstre dans la forêt. Vous ne trouvez pas ça étrange ? » Demanda Solveig, l’air penau.

    « Dans un sens oui. Mais on est venu pour que j’inaugure ce putain de barrage, alors, je vais inaugurer ce putain de barrage. Après ça, on rentre à Courage. » Répondit Arès, sans détourner une seule fois le regard.

    « Mais Monsieur… je suis ici pour assurer votre sécurité et, je vous le dis, le meilleur moyen de l’assurer serait de… » Continua Solveig.

    « Non. Tu vas l’assurer en pleine montagne, c’est très bien aussi. » Ajouta le Maire, marquant une légère pause, alors que son interlocuteur ne répondit pas. « Qu’est-ce que t’as à me regarder comme ça ? Tu crois que je te paye pour respirer ? Aller, du balai, va préparer ton escouade. » Ordonna Arès, avant de tourner les talons pour ressortir de la caserne.

    Une fois à l’extérieur, il se concentra afin de communiquer sans plus attendre avec le chef des Forces Spéciales des Protecteurs d’Ébène, Lanz.
    « Lanz, venez tout de suite au village. On part en expédition, direction le barrage, dans quelques heures et, j’ai besoin de vous, la majorité de vos camarades étant cloués au lit. » Annonça Arès, par voix télépathique. Il ne s’attendait pas spécialement à recevoir de réponse, mais pourtant, Lanz lui répondit.

    « Je me suis permis de nous rapprocher du village, nous serons là dans une vingtaine de minutes. » Répondit le chef des Forces Spéciales, avant de couper la communication avec son chef. Vingt minutes plus tard, les Forces Spéciales, au nombre de six, arrivèrent sur place et allèrent directement se préparer avec l’escouade de Solveig.
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