La voix presque juvénile de mon nouveau partenaire brisa à nouveau le silence qui s’était instauré après ma tentative de plaisanterie. Ce dernier se montrait en fin de compte fort loquace et semblait finalement apprécier mon dernier trait d’esprit. Dans un contexte différent, je me serais sans doute amusée de la situation. Hélas, en l’état actuel je ne pensais qu’à rejoindre le banc des spectateurs… Et le buffet.

Je pensais m’être débarrassée de l’autre agité à la coiffure hirsute, en lui proposant de me montrer les premiers pas de danse, mais ce dernier s’avérait être bien plus joueur et enjoué que je ne l’aurais cru. Au lieu d'entamer en solitaire ce que j’aurais pu qualifier de parade nuptiale, le butor s’approcha au contraire de moi et m’engagea à le suivre dans sa gestuelle guerrière.

“ Ce n’est pas vraiment ce que j’entendais par là… ”

Trop tard. Le garçon s’était mis à gesticuler au rythme de la musique, suivant une chorégraphie d’apparence primaire, mais finalement plutôt précise. J’aurais voulu le suivre, mais la simple idée de me voir imiter ses mouvements-ci dans mon corps actuel provoquait en moi des frissons d'appréhension. La valse passait encore mais ça, ce serait bien trop humiliant.

À la place, je me contentais d’une très vague et fainéante imitation, me mouvant paresseusement sur la piste en agitant mollement les bras et les jambes. Puis, comme s’il voulait absolument poursuivre la passionnante discussion sur les fruits du dragon, il m’interrogea au sujet du prochain héritier du Reike. Comme je ne m’étais pas particulièrement tenue au courant, je me contentais de hocher les épaules.

“ Ho tu sais moi, la couronne royale je m’en ta… ”

La voix retentit à nouveau dans l’esprit de tous les convives, et une fois encore, le monde autour de moi sembla se dissoudre pour mieux se reconstruire, différemment. Lorsqu’enfin je fus capable d’analyser mon nouvel environnement, je découvrais avec un immense soulagement, et un plaisir non dissimulé, que je me trouvais à côté du buffet. Comble du bonheur, je ne constatais aucun partenaire. Seulement moi, les hors-d’oeuvre et des litres de boisson.

Je fus toutefois brutalement tirée de ma béatitude lorsque j’entendis une voix résonner non loin de moi, comme un appel à l’aide.

“ Hein ? Quoi ? Qui me parle encore ?! ”

Quelques longues secondes me furent nécessaires pour comprendre que mon nouvel interlocuteur faisait en réalité partie de la vaisselle alignée sur la table. En effet, à force de farfouiller le décors du regard, mes pupilles violacées s’étaient finalement posées sur une cruche bien différente des autres, plus sale et surtout… dotée d’un visage.

“ Hou qu’il est moche celui-là ! ”

Je me pinçais les lèvres. Mon exclamation était partie toute seule sans que je puisse la contenir dans ma petite bouche. Faut dire aussi qu’il n’avait pas été gâté par le sortilège. Une mine patibulaire, des sourcils épais et broussailleux et un jus noireatre qui dégoulinait depuis le sommet de son… “crâne” jusque sur les traits sévères de son faciès. Et je ne parlerai pas de ses…

“ Est-ce que ce sont des queues ? ”

Mon regard et mon index interrogeaient la forme très particulière des hanses qui encadraient son étrange anatomie.

“ Bon. Au moins ça règle la question de la danse. Il est hors de question que je touche à ces choses. ”

Je m’accoudais à la table, piochant allègrement dans les petits-fours.

“ ça te va ? “

Je hochais des épaules.

“ Je demande ça mais… Je me fiche de ton avis. Tu n’es qu’un pot après tout ! ”

À ces mots, j’enfournais une pleine poignée de gâteries dans ma bouche.

Eh bien, il faut être un petit peu fou ou impitoyable pour apprécier la compagnie des Dévoreurs. C’est presque dommage qu’il leur porte un intérêt si certain : peut-être aurait-il été d’une bonne compagnie lors du massacre du Nouvel Ordre. Mais Zéphyr garde naturellement ses réflexions pour lui, alors que de nouveau, le changement de binôme s’opère et que la voix du chef d’orchestre s’élève. Cette fois pour leur raconter un conte sur les dragons. Une histoire qu’Ayshara appréciera probablement, se dit le maître-espion avec l’ombre d’un sourire. Lui, a contrario, n’est pas trop porté sur la « féérie » de tels mythes : l’Oreille est trop terre-à-terre et pragmatique pour cela. Peut-être peut-il juste noter ce récit dans un coin de sa tête, s’il doit un jour amadouer des enfants et s’en faire des alliés. Les jeunes aiment toujours les histoires et sont témoins de bien des choses, sans qu’on y fasse attention, alors il serait dommage de se passer de leur aide et de leur inventivité pour se mêler aux affaires des grands.

Toujours est-il que Zéphyr attend que les lumières deviennent plus raisonnables pour regarder son nouveau partenaire. C’est un homme qui a de la tenue, ainsi qu’un charisme certain. Si on en croit ses vêtements, on pourrait presque le prendre pour un vizir, et un sourire apparaît alors sur les lèvres du maître-espion. D’un ton joueur, il penche légèrement la tête sur le côté avec une mine interrogatrice :

- Dites-moi, ne seriez-vous pas un membre caché du Conseil de la Main ?

Son air malicieux fera naturellement comprendre à son interlocuteur que c’est une blague, et le beau ténébreux s’approchera de son nouveau binôme en lui tendant une main éloquente pour danser avec lui.

- Mon ancien partenaire a cherché à me faire valser contre une table et à électrocuter ceux qui étaient autour de nous. Son ton est désinvolte, et il est clair que le maître-espion n’en est pas traumatisé. S’il en est, il a un sourire presqu’amusé sur les lèvres. J’espère donc que vous serez plus sympathique et que vous ne tenterez pas la même chose ? Une fois, passe encore, mais ensuite, j’apprécie quand même les bonnes manières…

(9ème message)

Hum. Il avait donc en face de lui un Reikois qui savait accepter les compliments, mais qui était suffisamment lucide pour ne pas se laisser aveugler par ceux-ci. Un point que Tensai appréciait sans nul doute.

- Votre position se défend, fit le danseur. A dire vrai, je ne suis pas vraiment fait pour la diplomatie. Bien que je puisse comprendre la valeur des alliances, avant tout dans le cadre d’une stratégie guerrière, je ne suis pas le plus patient, ni le plus délicat. Heureusement, Ayshara était là pour compenser cette faiblesse. S’il en est, peut-être que je suis un peu comme vous, à dire franchement ce qu’il me vient à l’esprit, sans même chercher à trouver quelques détours qui rendraient mes propos plus acceptables. Un sourire appréciateur naquit ensuite sur ses lèvres quand le Drakyn en face de lui lui révèla qu'il rêvait parfois de leur pays en train d'annexer la République. Et bien qu’il n’était pas question de révéler son rôle, le colosse pouvait lui dire ce qu’il en pensait. Nous devons mettre un ordre de priorité à nos ennemis. Il nous faut d’abord éliminer la menace titanide. Ensuite voir l’état de nos forces. Et enfin, prendre des décisions sur les prochaines actions de l’Empire. Si la Conquête devait reprendre – et naturellement, Tensai pensait que oui –, ce serait au Conseil de la Main de décider quelles seraient leur prochaine cible. Néanmoins, la lutte contre les créatures immortelles risquait de prendre des années, et envahir le reste du continent connu n’était donc ni les plans de l’Empereur, ni les plans de la Griffe. Mais cela, le citoyen devant lui n’avait pas à le savoir. Quoi qu’il en soit, je ne peux vous reprocher de vouloir envahir la Nation Bleue, c’est moi-même quelque chose qui me titille, ricane l’homme-dragon.

En tous les cas, son partenaire lui promit d’ouvrir un œil si jamais il voyait une femme qui ressemblait au caractère d’Ayshara et Tensai hocha la tête en signe d’appréciation de sa bonne volonté. D’ailleurs, le roi de la nation le remercia sobrement, mais de manière sincère. Puis, ce fut au Conquérant de faire une remarque, peut-être tranchante, sur sa cécité. Son vis-à-vis sembla dès lors surprit, mais il ne chercha pas à nier. Quand il lui demanda ensuite d’où l’époux d’Ayshara avait tiré ses capacités d’observation, le concerné haussa les épaules.

- Des champs de bataille. Des stratégies à opérer. De la Conquête, auquel j’ai participé comme bien d’autres. Il y avait presque quelque chose d’amusant à se faire passer pour un soldat quelconque, alors que c’était lui qui avait mis à feu et à sang le pays. Mais peut-être ai-je aussi affiné ma vigilance en restant sur les bancs, comme vous dites. J’ai eu de bons professeurs, au travers de sa bien-aimée, et j’ai également de bons subordonnés et amis qui m’aident à diversifier mes points de vue. Mais votre cécité ?

Son interlocuteur avoua alors qu’il avait pris les armes pour sa nation – un fait approuvé par Tensai d’un signe de tête – mais que ses ennemis lui avaient retiré ses globes oculaires. Un fait horrible. Que le souverain aurait bien été capable de faire à d’autres, malheureusement.

- Vous avez eu la force de tenir, estima le colosse, ignorant tout de son parcours véritable. Regardez, vous êtes ici, devant moi. Tout le monde ne l’aurait pas fait, d’autres se seraient laissé aller, en s’abandonnant aux aides de l’Etat.  Une pause. J’ignore qui vous êtes mais, tant que vous aurez cette détermination que je lis dans votre regard, votre pays et vos officiers seront fiers de vous, soldat.

Quand la brume réapparut, Tensai se sépara de son partenaire et l’écouta reprendre la parole une dernière fois. Le plaisir avait été partagé, évidemment, mais l’homme ne put s’empêcher de reprendre un air plus indéchiffrable quand son vis-à-vis lui déclara qu’il n’y avait rien de mal à exprimer les sentiments de son cœur. Le Conquérant ne serait jamais un sentimentaliste et un extraverti, il avait donc plus de mal à suivre ce conseil. Cela dit, personne n’était parfait… Et le roi du Reike ne prétendait absolument pas l’être.

Restait désormais à changer de partenaire. Avant, cependant, tous les danseurs eurent droit à un conte. Cela attira un grognement sur le visage du guerrier, qui, pour la forme, écouta quand même les propos du maître de cérémonie. Il n’aimait pas perdre son temps à de telles velléités, mais, puisque cette histoire parlait des dragons, et que peut-être il pourrait la redire à son fils, pourquoi pas, cela pouvait encore être pardonné. Sans compter qu’Ayshara elle-même apprécierait l’entendre. D’ailleurs, il avait cru voir une jeune femme à la chevelure ébène et aux yeux dorés. Peut-être était-ce elle ?

Malheureusement, il n’eut pas la chance d’être avec la belle qu’il avait entre-aperçue de loin. A la place il tomba sur… une autre Drakyn et cela lui fit avoir un très léger sourire. Décidément, il les enchainait, ce soir. La jolie rousse, évidemment, le salua, mais son sourire se figea et elle osa finalement lui parler de la présence de l’Empereur, au bal. Ce qui – contre-toute attente – suscita une certaine forme d’amusement dans son regard. Pour autant, son ton naturellement sérieux reprit le dessus alors qu’il s’approchait de sa partenaire de danse.

- Il n’y a pas d’Empereur ce soir. Ni même d’Impératrice. N’était-ce pas ce que lui avait dit son épouse ? Qu’ils seraient libres de leurs responsabilités royales l’espace d’une soirée… Tous deux sont sous une autre apparence, et s’ils ne sont pas reconnaissables et qu’on les traite mal, c’est de leur faute, ricane-t-il. Ils n’avaient qu’à ne pas participer s’ils voulaient recevoir toute forme d’honneur de la part de leurs sujets. Un silence. De plus, en termes d’apparats et de cérémonials, grommela-t-il, je crois qu’ils en ont plus qu’assez tout au long de l’année. Pourquoi, vous avez peur de rencontrer l’Empereur ? demanda-t-il. Pour quelle raison ? Ce soir, il n’a aucune raison de faire peur à personne…  Tensai esquissa dans tous les cas un geste pour clôturer le sujet. Jusque-là, c’était les autres qui l’avaient invité à danser et qui avaient entamé la danse : pour une fois, ce fut le roi lui-même qui saisit la main de son binôme pour initier la danse. Ayshara aurait certainement été fière. Vous êtes la deuxième Drakyn de la soirée que je rencontre, fait-il avec un léger sourire, avant d’esquisser – avec sa permission – les premiers pas de danse. Je me demande s’il y en a un troisième dans la salle, auquel cas je risque de tomber dessus, ricana-t-il. Pour revenir à mon apparence, puisque je suppose que c’est ça qui vous a fait penser à la royauté, j’ai été le premier surpris de ce… choix magique. Et je reste toujours autant dubitatif, mais ce n’est malheureusement pas quelque chose de mon ressort, dit-il. Quelle est l’apparence qui vous a le plus intriguée jusqu’ici ?

Quand Zéphyr pose les yeux sur son binôme, l’homme croit voir passer une pointe d’exaspération, qui s’évanouit instantanément grâce à un sourire enjôleur. Hum, peut-être ne voulait-il pas être séparé de son ancien partenaire ? En tout cas, son vis-à-vis semble rapidement s’en remettre, puisqu’il le saisit à la taille sans répondre au début, et qu’il entame même une danse des plus harmonieuses avec la mélodie du bal. Le maître-espion en est surpris, mais il décide bien vite de se prendre au jeu. Lui aussi sait danser avec grâce, héritage naturel de son entraînement d’espion, si bien qu’Afosios se rendra vite compte qu’il n’a pas affaire à un débutant, au contraire. Un léger rire sort des lèvres du bellâtre lorsque son interlocuteur lui informe qu’il serait un bien piètre membre de la Main s’il venait à lui révéler une telle information.

- C’est bien vrai, déclare-t-il. Encore que, vous auriez pu me répondre oui avec le plus grand des aplombs, que je n’aurais pas su le vérifier. Ce soir, nous pouvons être tout et n’importe quoi.

Ayant laissé Afosios mener la danse dans un premier temps, Zéphyr se permet également d’ajouter sa propre contribution à leur ritournelle, en faisant des pas, peut-être plus compliqués, que pourtant son homologue arrivera sans mal à suivre. Il a donc la confirmation qu’il est bien issu d’un milieu noble et aristocrate, ce qui leur permet de former un très bon durant le bal.

- Vu nos compétences, fait remarquer l’Oreille avec une mine appréciatrice, pourquoi n’en profiterions-nous pas pour montrer ce que nous valons ? Tout en grâce et en beauté, évidemment. Zéphyr a en tout cas l’intuition que, même s’ils s’embarquent dans une danse plus raffinée encore, ils auront chacun le doigté de se guider mutuellement. Puis, il s’agit là d’un petit défi, qu’ils peuvent relever l’esprit léger.

D’ailleurs, leurs arabesques se passent tout en finesse, sans écraser les autres groupes du bal pour autant. Leurs gestes sont harmonieux, plein d’équilibre et de charmes, et puisque son interlocuteur le met dans certains mouvements en avant, l’ami de la Griffe lui renvoie la pareille. Enfin, il lui répond avec un sourire sur les lèvres :

- Je crains malheureusement n’avoir pas vu notre souveraine. S’il pouvait être curieux et se demander à quoi elle ressemblait, il n’était pas triste pour autant de ne pas la croiser. Tous deux se voyaient régulièrement : qu’elle en profitât donc pour voir de nouvelles têtes ! J’ai par contre dansé avec une belle drakyn, qui avait une queue un peu chatouilleuse, et avec un forcené qui avait davantage sa place chez les Dévoreurs. Enfin, ça a mis un peu de piment à la fête, ricana-t-il. Apparemment, il y a aussi un participant qui a juste un nœud papillon et un sous-vêtement. Qui sait, peut-être qu’un de nous tombera sur lui au prochain tour ? Une pause. En tout cas, je constate que vous êtes un excellent danseur. Où avez-vous appris cela ?

Encore une tête de lard ! En voilà un qui avait bien mérité sa métamorphose en pot de fleur… ou je ne sais quoi. Il semblerait que tous les éléments se soient alliés contre moi afin que je passe une soirée exécrable. À présent, même mon dernier refuge, mon ilôt de gourmandise et de plaisir (le buffet donc), était envahi, pris d’assaut par tous les originaux de la terre. D’abord un nudiste, à présent une cruche, ce sera quoi la prochaine fois, une chèvre ?! Comble de l’effronterie, l’affreux petit personnage osait répondre alors que, de toute évidence, de nous deux c’était lui le plus mal placé pour parler de caractère. J’en prenais à témoin les organisateurs de cette mascarade qui avaient décidé de le doter de cette tronche…. à moins que son faciès n’ait été conservé à l’identique, qui sait.

“ Moi ? Vipère ? C’est le FMR qui se fout de la charité là ! ”

Alors qu’il était sur le point d’achever une boutade au sujet de mon diadème qui était, et je ne pouvais que m’accorder avec lui sur ce point, ridicule, il s’arrêta net dans sa tirade, comme hypnotisé par une chose en particulier. Je n’eus qu’à suivre son regard pour deviner la cause de son émoi. Un sourire carnassier me scia le visage en deux, dans l’attente de sa prochaine supplique.

“ Pourriez quoi ? Je ne suis pas certaine de bien comprendre… ”

Évidemment que j’avais bien compris. Mais jouer le jeu de cette vaisselle parlante serait bien trop simple et surtout… bien moins distrayant. Et je ne fus pas déçu, car l’entièreté de sa demande était au moins aussi pathétique et désolante que son apparence. J’adoptais un air faussement choqué, allant jusqu’à déposer une main devant ma bouche de laquelle s’échappait un petit “Oh !” de sainte nitouche.

“ Que voulez-vous que je vous enfourne ? ”

Questionnais-je bien haut alors que quelques curieux prêtaient déjà une oreille sans gêne à notre conversation.

“ Je ne suis pas certaine d’avoir bien saisi le sens de votre demande… ”

Je me sentais garce, chipie et mijaurée et je devais admettre que j’adorais ça, sur le moment. J’appréhendais enfin ce nectar malicieux dont aimaient se repaître tous ceux qui ceux qui appréciaient s’en prendre à plus faible ou plus miséreux que soi. C’était délicieux, presque grisant, et ce fut à coup de grands efforts que je parvenais à m’en délivrer. Il était des travers dans lesquels je préférais ne pas sombrer. Un peu comme la mixture immonde qui goutait du crâne de mon interlocuteur.

De plus, sa proposition était alléchante et la perspective de pouvoir enfin noyer mes soucis dans de l’alcool de grande qualité le fut tout autant.

“ Allons, ne faites pas cette tête, vostre majesté dansante. ”

Je gloussais de satisfaction.

“ Je veux bien vous rendre ce service, en échange de vos… conseils en matière de boisson. ”

Comme j’approchais de lui le plateau de pâtisseries, le profitais qu’il baisse sa garde pour lui attraper une de ses horribles hampes à la forme plus que suspicieuse, dans l’esprit de vouloir lui tirer l’oreille, faute de mieux.

“ Mais attention j’te préviens… ”

Je faisais tomber la barrière de la politesse et des apparences.

“ … Si t’essaies de me duper ou que les bouteilles que tu me recommandes ne sont pas à ma goût, je fais de toi mon pot de chambre personnel jusqu’à la fin de la soirée. Compris ? ”

Et avant qu’il n’ait eu le temps de répliquer quoi que ce soit, je lui enfournais un fondant au chocolat dans l'orifice qui lui servait de bouche.

“ C’est ma tournée ! ”