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    Verndrick Vindrœkir
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  • Lun 9 Sep - 21:48
    Sa main droite le lançait. Quand il la touchait, il avait l’impression qu’on enfonçait plusieurs aiguilles chauffées à blanc au point de contact. La douleur persistait, néanmoins il pouvait maintenant bouger ses doigts, même s’il devait serrer les dents à chaque mouvement. Il récupéra un linge propre dans sa sacoche et l’enroula autour du membre blessé. Il réduisit la longueur de sa lance. Sous sa forme allongée, c’était une arme à deux mains. Rétractée, il pouvait s’en servir comme une épée avec son bras valide sans perdre en létalité.

    Cette fois-ci, il économisa ses efforts. Mouse devait être en sécurité, et il n’avait aucune raison de faire du zèle alors que les soldats reikois se coordonnaient pour éliminer les loups. De toute façon, il aurait besoin du peu de forces qu’il lui restait si la tovyr décidait de le combattre à nouveau.

    Il bloqua les crocs d’un lycan réanimé qui venait de l'attaquer à l'aide de son bouclier. Le problème de se battre avec un seul bras, c’était qu’il ne pouvait plus se défendre et attaquer avec la lance en même temps. Il repoussa son adversaire d’un coup de pied et fit disparaître son bouclier. Il arma un coup visant le crâne du loup quand il sentit l’air crépiter autour de lui. Il savait ce qui allait suivre.

    "Merde !"

    Il se figea. Rester immobile était la meilleure stratégie pour être une cible facile, mais c’était aussi le moyen d’éviter de se faire frapper accidentellement si la Sénéchale ne comptait pas l’éliminer avec son attaque. Les éléments se déchaînèrent autour de lui. Chaque éclair qui ne le frappait pas était une petite victoire. Une fois la tempête de foudre passée, il remarqua les dégâts. Tous les lycans, vivants ou morts-vivants, qui combattaient avaient été pulvérisés. Les blessés ou ceux qui étaient maîtrisés n’avaient pas été touchés.

    "Toujours en vie !"

    Et il espérait le rester.

    ***

    Pourquoi fallait-il que ça tombe sur lui ? Les relations entre la République et l’Empire du Reike avaient toujours été tendues sans jamais dégénérer en un affrontement. Être posté à la frontière avait ses avantages. C’était déjà mieux que d’être posté directement à Liberty. À ce rythme, l’adjudant Fen commençait à croire que la ville était vraiment maudite. Il pensait sérieusement à demander une affectation pour Courage. Cette partie de la carte portait trop la poisse. Ce qui avait commencé comme de simples rumeurs sur des loups avait fini par attirer l’attention de l’armée reikoise, et pas de n’importe qui ! Non, il fallait que ce soit une tovyr, rien que ça !

    Les éclaireurs étaient clairs dans leur compte-rendu et la fae l’avait confirmé. Le village existait bien et ça se battait là-bas. Il aurait bien aimé traîner des pieds. Rien à foutre d’un village qui était allé aussi loin que de se cacher à l’aide d’arcanes pour ne pas payer ses impôts. Mais c’était Vern qui avait envoyé la fae. Vern, il l’aimait bien. Le bonhomme avait le don de se retrouver dans les situations les plus insolites possibles. Et il se présentait toujours avec les accréditations les plus improbables quand il avait besoin de la collaboration de l’armée. Et dans ces cas-là, il laissait toujours la GAR jouer le bon rôle à l’issue de la mission. Ça ne le gênait pas d’aider un patriote.

    "Messiiiiiire, aidez-nous, notre village est attaqué !"

    Ce genre d’engeance, par contre ! Quand il fallait participer, ça fuyait les cotisations, et maintenant ça venait jouer les victimes et demander de l’aide. Mais c’était sa mission de soldat d’aider. Alors il renifla avec dédain mais ordonna à ses troupes d’augmenter la cadence.

    "Et embarquez le villageois avec vous. Jusqu’à ce que tout ceci soit tiré au clair, vous me mettez tout le monde aux arrêts."

    Après débriefing, il décidera qui parmi les habitants du village était derrière les disparitions, de toute façon, ils étaient tous complices.

    ***

    Les combats étaient finis. Et vu qu’aucun autre villageois ne se transformait en loup, il jugea que c’était aussi le cas du drainage. Les soldats rassemblaient leurs prisonniers lycans et il voyait certains remonter du sous-sol, les bras chargés de butin. Dans le feu de l’action, il n’avait pas eu le temps d’inspecter vraiment ce qui se trouvait dans les profondeurs. Il ne pouvait rien faire pour empêcher ce pillage, pas encore, pas tout seul. Il regrettait la perte de l’opportunité d’étudier l’orbe ; les reikois l’avaient sûrement déjà embarqué dans leurs affaires. Il observa Yamai s’entretenir à quelques mètres de là avec la Sénéchale. Il attendit qu’ils aient fini avant de les rejoindre.

    "J’espère ne rien interrompre. Il y a un petit détail que j’ai oublié de mentionner quand on était en bas. Mouse m’a aussi averti qu’une section de la GAR est en route vers notre position."

    Le déploiement d’un bataillon de l’Empire aussi proche des frontières républicaines avait tendance à provoquer ce genre de réaction.

    "D’ailleurs, Yamai, où se trouve Mouse ?"

    Il espérait que la fae avait réussi à retrouver le tavernier. Il espérait qu’elle était hors de danger. Il se tourna vers Lyra.

    "Sénéchale, j’aimerais éviter un incident si c’est possible. L’exécution de cette mission est un effort commun entre forces reikoises et républicaines."

    Bon, un républicain et un tas de reikois.

    "C’est l’opportunité pour nous de montrer que nos deux patries peuvent toujours entretenir des relations cordiales et même travailler ensemble. Cette victoire est la vôtre, de même que les prisonniers. J’aimerais quand même faire la demande d’un ou deux prisonniers lycans pour qu’ils soient interrogés par des soldats de la GAR. Ils se chargeront aussi d’aider les civils et de faciliter leur réintégration dans la société républicaine."

    Un autre défi : combien de temps avaient-ils passé loin de toute civilisation ?

    "À moins que vous ne décidiez de les intégrer à l’Empire."

    Mais il serait surpris si c’était le cas, cela irait contre une tradition déjà bien établie. Les titans et leur corruption se déchaînaient sur un territoire, la République ignorait la menace ou hésitait à s’impliquer ; l’Empire intervenait et combattait en héros. En prenant soin de bien annexer le territoire libéré derrière, parce qu’un empire, il faut bien l’étendre. Mais il négligeait ensuite la population, que la République récupérait pour dynamiser son économie avec de la main-d'œuvre moins chère ou de riches familles nobles en manque de terres où s’installer.

    "Pour ce qui est du butin, je vous laisserai décider entre soldats quand la section sera sur les lieux."

    L’armée aimerait sauver la face en récupérant une partie de ce qu’ils auront trouvé sur les lieux. Un bruit de cheval au galop se fit justement entendre.

    "Pour ce qui est de notre combat, je propose de le remettre à la prochaine fois que nous nous verrons. Si vous y tenez vraiment, sachez que les Vindrœkir ne sont pas du genre à se défiler."

    Il serra le poing de sa main blessée et grimaça, il n’était pas vraiment en état de combattre. Le bruit des chevaux se rapprocha. Les soldats républicains s'arrêtèrent en formation à quelques mètres du village avant que cinq figures ne se détachent du groupe. Verndrick reconnut celui qui était à la tête du petit cortège quand il les rejoignit.

    "Adjudant Fen."

    "Verndrick, toujours à sauter d’un problème à l’autre, à ce que je vois."

    Il regarda les soldats reikois qui continuaient de transporter de la marchandise depuis les galeries sous le village.

    "Merci, Tovyr, pour votre aide. La République entière vous en sera éternellement reconnaissante."

    Puis il indiqua les soldats et le butin le visage de marbre.

    "Sol républicain, propriété républicaine !"

    Un aussi gros mensonge, proféré avec autant de confiance. Verndrick aurait été fier si la remarque ne risquait de mettre en péril les vies de nombreuses personnes.


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  • Jeu 26 Sep - 10:09
    Le festin des loups
    ft. Lyra Leezen, Verndrick Vindrœkir

    Mes pions soigneusement installés ici et là, je parvenais à la bordure extérieure du village, espérant intérieurement que les deux enfants terribles en avaient terminé avec leur petite joute. Je comprenais que deux guerriers de leurs trempes tenaient à prouver leur valeur en se sautant à la gorge au milieu d’un champ de bataille, qui s’avérait également être une opération secrète. Non, tout compte fait, je ne comprenais définitivement pas ce besoin.

    Cherchant du regard ma collègue au milieu de tout ce foutoir, qui semblait cependant lentement se calmer, les deux compères causaient presque tranquillement, comme si leur altercation n’avait pas existé. Je reconnaissais là ce côté quelque peu inconscient de Verndrick. La Tovyr quant à elle, laissait clairement transparaître sa volonté de l’empaler sur place, mais je ne doute pas qu’elle saura garder la tête froide jusqu’à la fin de cette opération, du moins je l’espère.

    Quelques soldats remontaient de la faille, petit à petit, chargés de butins divers et variés. Ils n’avaient probablement aucune idée de ce que c’était, répondant au crédo du « Si ça brille, ça doit être précieux. ». Deux de mes gars s’étant occupés de la petite souris revinrent sur place, avides de nouveaux ordres. Qu’il était bon de pouvoir compter sur quelques individus qui se cantonnaient au plan.

    « Allez aider nos soldats. » Je baissais volontairement la voix.  « Et sécurisez-moi cet orbe. »

    D’un signe de tête, ils partirent en vitesse s’afférer à leur tâche, sans broncher. Propre et efficace. Il était à présent temps de passer à l’ultime sujet de cette opération : les visiteurs indésirables. L’invitant à me suivre pour gagner un peu de temps, la Tovyr m’emboita le pas, non sans rechigner. Comment amener ce sujet à une personne connue et reconnue pour sa haine notoire de nos voisins républicains ?

    « Sénéchale, je me suis occupé de l’amie de notre compagnon républicain. Elle doit probablement profiter d’un repos bien mérité. »

    Mon regard lui fit rapidement comprendre ce qu’il en était. Il s’agissait d’une femme intelligente. Bourrue, sanguinaire, impassible, mais intelligente.

    « Elle nous a cependant amener par sa venue un contretemps indésirable. Un groupe de soldats républicains approchent. Et si vous voulez mon avis, ce n’est pas pour nous féliciter. Laissez-moi gérer dans un premier temps. Un combat ici ne serait bénéfique pour aucun de nos camps. »

    Je n’avais aucune idée de si j’avais réussi à la convaincre. Son regard noir ne bronchait pas, sa posture non plus. Il me fallait faire avec. Décidément, cette opération m’aura fait porter bien trop de masques.

    Verndrick finit par nous rejoindre, je le remerciais de bien avoir voulu attendre la fin de notre petite discussion. La première question qu’il me posa trahissait ses priorités, aussi voyais-je ici un levier avec lequel je pouvais jouer.

    « Mouse est en sécurité avec quelques-uns de mes gars. Mais comme tu viens de le dire, tes compatriotes approchent rapidement, et toi comme moi aimerions éviter le carnage qui se profile. J’espère donc pouvoir compter sur toi pour désamorcer la situation, dans notre intérêt à tous. »

    Pesant soigneusement chaque intonation et tournure dans mes mots, je percevais dans son regard qu’il m’avait bien compris, non sans serrer les dents.

    « Honnêtement, ça ne me plaît pas d’en arriver là. Là où je suis probablement le seul à pouvoir contenir un temps soit peu la Tovyr, tu es sûrement le seul à être capable de faire la même chose du côté de la République. Donnant donnant, tu vois où je veux en venir ? Le choix est tien. »

    Concernant le sort des villageois, je n’en avais pas grand-chose à faire. Je n’avais besoin que de quelques bouches capables de parler, leur intégration dans un camp comme dans l’autre ne me regardait pas. Le butin par contre…

    « Je te trouve culoté d’oser suggérer que tes amis républicains puissent réclamer quoi que ce soit. Si tu souhaites embarquer quelques babioles, je ne m’y opposerai pas. Mais des rats opportunistes ne toucheront à rien de valeur, je peux te le garantir. De toutes façons, tu les convaincras bien, n’est-ce pas ? »

    Les sons de sabots frappant le sol parvenaient petit à petit à mes oreilles, et il ne s’écoula que quelques minutes avant que le fameux cortège républicain ne nous honorent de sa présence. Un petit groupe quitta leur rang, venant à notre rencontre. Verndrick les salua comme tout bon soldat, et je laissais traîner mes oreilles.

    Serrer une main avant de cracher dedans. Il n’y avait pas d’autres façons de décrire les propos de cet adjudant. Menant une main à mon visage, consterné, il fallait encore arrondir les angles de cette situation qu’on pourrait qualifier d’épineuse. Il nous fallait à tout prix éviter une bataille ouverte. Les têtes pensantes sauront qu’il n’y avait aucun intérêt à cela, les assoiffés de combat de leur côté… D’instinct, je me tournais rapidement vers la Tovyr, qui ne semblait guère réceptive aux mots prononcés par l’adjudant républicain. En vitesse, je me dirigeais vers elle pour tenter de la raisonner.

    «Je vous le répète, un combat ici ne nous mènerait à rien. Pire, cela pourrait engendrer un incident diplomatique qui pourrait entacher votre réputation. Celle de redoutable guerrière n’est plus à prouver, mais l’Empire a bien autre chose à gérer actuellement qu’un conflit avec ses voisins. Le butin est actuellement lentement et discrètement sécurisé, tâchons de gagner du temps pour que notre ami républicain résonne les siens. »

    Tout comme je le devinais dans le regard de Verndrick, j’espérais également que mes mots permettraient d’éviter un incident de cette ampleur.


    CENDRES


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  • Sam 28 Sep - 23:00

    Partie 11


    [Challenge] Le festin des loups - Page 3 A-3d-r12

    Une unité de cavalerie légère était en approche, Vraden était au courant et le signala même à la Tovyr avant même que le lancier républicain ne dévoile la venue de ses amis. Au vu de la situation tendue, et surement sur ordre de l'Eau, les troupes en périphérie du village laissèrent passer les soldats républicains, afin qu'ils traitent directement avec les gradés, cela évitera les tensions d'éclater trop vite. Déjà que Lyra se retenait de liquider Verndrick, la voilà qui devait faire face à toute une ribambelle de ces parasites. Enfin, il fallait faire preuve de sang-froid, elle avait déjà été avertie par l'Etat-Major Central qu'elle devait brosser les républicains dans le sens du poil... Mais c'était si compliqué ! Ils prenaient tout le monde de haut, se croyaient tout permis et pensaient que le Sekaï leur appartenait. Et si les reikois correspondaient aussi à cette description, certe, ils avaient au moins de l'honneur. Les républicains, eux, trahissaient du jour au lendemain leurs plus proches alliés.

    Et lorsque l'adjudant démonta et agis comme escompté - en pensant que tout lui était dû - le sang de la Lyra ne fit qu'un tour. Un adjudant face à une Tovyr, c'était un peu comme si une fourmi tombait face à un tamanoir. Autant dire que l'écart de garde était tel qu'il ferait mieux de s'écraser, qui plus est face à une général adverse. Au lieu de quoi, il se fit tout faraud. La Sénéchale bondit alors et lui écrasa le crâne qui craqua sous le mithril de son bâton. L'adjudant tomba comme une chiffe molle et aussitôt un autre soldat derrière lui reçu un coup à l'entrejambe et un second à l'occiput, l'envoyant sur le côté. Et alors qu'un troisième républicain dégaina sa lame, il était déjà trop tard, il avait la pointe du bâton dans le bide, volant en arrière sous la vitesse de l'attaque...

    ... Ah non, c'est vrai, la tempérance, désolé Vraden. Revenez à "faraud", oubliez ce qu'il s'est passé entre-temps, et reprenez votre lecture à partir de là : La Tovyr planta son bâton dans le sol, s'avança - mais pas trop - et répondit d'un ton monocorde au républicain.

    - Comme l'a humblement demandé votre ami ici présent, vous pourrez repartir avec un ou deux prisonniers, dépendant de ce qu'il reste. Et si vous désirez explorer les lieux, vous comprendrez qu'il faudra attendre notre départ, vos soldats comme les miens ont le sang chaud, il pourrait y avoir des altercations regrettables. Evitons les tensions et passons au peigne fin ce village successivement, inutile de se gêner mutuellement. En dessous, vous trouverez une racine de l'Arbre-Monde, source de ce grabuge. Je vous invite en attendant à rallier le campement installé en bordure du lac, et embarquez-moi ce... voyageur, je n'en ai plus aucune utilité. Je ne veux plus le voir sur mes terres. Le problème Verndrick, une autre fois.

    Elle pouvait bien laisser quelques prisonniers aux républicains, ils auront l'impression de revenir avec quelque chose d'exploitable au moins. Mais Lyra savait bien qu'ils ne tireront pas grand chose de ces siphonnés de la Volonté des Titans, une secte plutôt facile à cerner en définitive. La racine, elle, ne pouvait être emportée et demeurait en territoire reikois dans tous les cas. Lyra et Vraden verront plus tard avec l'Esprit s'ils devaient l'exploiter ou la sectionner. En attendant les républicains pourraient l'observer tout leur saoul. Comme demandé par l'Eau, elle avait fait gagner un peu de temps à ses hommes pour qu'ils exfiltrent l'Orbe magique.

    Un peu plus loin, en retrait, un homme et une femme venaient d'apparaitre face aux hommes de l'Eau. Ils portaient tous d'eux l'uniforme des récolteurs, cette unité spéciale chargé de récupérer tous les artefacts notables et de les étudier. Nouvellement crée, ce régiment était pour le moins efficace, les voilà déjà sur place, et par téléportation de surcroit. Inutile de déclamer leur motif, on leur remis l'orbe qu'ils placèrent dans un caisson totalement noir. Ils hochèrent la tête et demandèrent deux montures, apparemment il était strictement interdit de se téléporter en possession d'un artefact inconnu, ne sachant pas si l'orbe pouvait réagir à un tel sort. Et ce fut ainsi que les récolteurs repartirent avec cet objet du monde des titans.

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    Thème musical de la Sénéchale
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  • Mer 9 Oct - 14:00
    Malgré ses efforts pour en faire plus qu’une alliée de circonstance, il savait depuis le début qu’il n’avait aucune chance avec la Sénéchale. Son mépris pour la nation bleue n’était pas vraiment un secret. Yamai, par contre, il l’aimait bien. Le tavernier avait de la ressource et s’était montré extrêmement utile pendant toute cette aventure. Et il était suffisamment important pour l’empire pour obtenir ce qui se rapprochait le plus du respect, de la tovyr. Elle l’écoutait, et Verndrick commençait à comprendre pourquoi. Les compétences de Yamai, couplées à ses affinités avec l’armée reikoise, ne pouvaient correspondre qu’à un corps de métier qu’il connaissait beaucoup trop bien.

    Ils évoluaient dans le même milieu, mais travaillaient pour des factions qui, à défaut d’être opposées, étaient différentes. Il n’en appréciait pas moins le tavernier. C’était pour cela qu’il lui avait confié son amie fae. Ou plutôt, il l’appréciait jusqu’à ce qu’il essaie de l’utiliser comme moyen de pression sur lui. Le chantage était monnaie courante dans leur domaine, il aurait dû s’y attendre.

    Il inspira longuement et laissa couler la première menace. Mais lorsque la question du butin fut mentionnée et qu’il entendit Yamai utiliser à nouveau la vie de son amie comme moyen de pression, il se sentit obligé d’apporter quelques clarifications pour conserver des rapports cordiaux avec le tavernier.

    "Déjà, je ne suggère rien du tout, je ne fais qu’énoncer des faits. Mes amis républicains, comme tu aimes si bien les appeler, sont des soldats. Et si l’armée a bien une chose en commun avec une horde de brigands, c’est leur goût du pillage. Ma mission à moi, elle est terminée. J’ai identifié la source des disparitions et participé à arrêter la malédiction du village. Le reste, comme je le disais, sera géré entre soldats.

    Contrairement à toi qui as l’oreille de la Sénéchale, moi, je ne suis au plus qu’un mercenaire, un consultant que l’armée emploie pour ses compétences et sa flexibilité. Ils le prendraient pour un manque de respect si je leur disais comment faire leur boulot. À moins que je ne procure un document prouvant que les ordres viennent d’en haut, ce que je n’ai pas.
    "

    Il arrivait à la partie qui importait le plus pour lui.

    "Je leur proposerai des suggestions pour que tout se passe pour le mieux. Mais ce ne sera que cela, des suggestions. Concernant Mouse, je dois t’avouer que j’ai tendance à prendre très personnellement les menaces, qu’elles soient voilées ou non. Je mettrai donc mon interprétation de tes paroles sur une mauvaise compréhension de ma part."

    Il sourit.

    "Je te remercie d’avoir pris soin d’elle. Maintenant, j'aimerais bien la revoir. J’ai deux mots à lui dire sur ce que je pense de son intervention."

    Après l’arrivée de Fen et ses paroles… audacieuses, à défaut d’un meilleur adjectif, Verndrick sentit une soudaine pulsion meurtrière. Son corps réagit d’instinct et il se tourna vers la tovyr, la lance au clair et le bouclier complètement formé sur son bras gauche. Le temps se figea et il attendit plusieurs secondes une attaque qui ne vint jamais. Quand Lyra planta son bâton dans le sol, il émit un soupir de soulagement en s’excusant.

    "J’ai cru voir l’un des cadavres bouger. Affronter des lycans capables de revenir à la vie a mis mes nerfs un peu à cran. Désolé pour cet écart de ma part."

    Il hocha la tête en direction des deux chefs d’unité puis écouta leurs échanges. La proposition de Lyra était bien sûr à l’avantage des reikois. Il ne resterait rien de valeur pour les soldats républicains après leur passage. L’adjudant Fen l’avait aussi très bien compris et était sur le point de répondre quand l’aventurier toussa pour se faire remarquer.

    "Désolé de vous interrompre à nouveau."

    Il fit une pause et attendit l’approbation du soldat avant de continuer.

    "Il est sage de la part de la Sénéchale de suggérer une fouille du village après leur départ, pour éviter tout conflit. Par contre, ça renverrait une mauvaise image de la GAR d’avoir tout un bataillon sur la touche pendant que les soldats reikois poursuivent leurs opérations."

    Fen approuva d’un hochement de tête.

    "Je suggère que vos soldats s’occupent de rapatrier les civils ainsi que les prisonniers promis vers le campement indiqué par la tovyr, pendant que ses troupes se chargent du village. Un recensement doit être fait pour identifier les citoyens ayant survécu à leur enlèvement et réfléchir à comment intégrer le reste des villageois."

    Il restait l’épineuse question du loot.

    "Tout objet ou artefact magique trouvé par les reikois sera confié aux récolteurs. Après nos rapports, Adjudant, nous contacterons Magic afin qu’elle envoie une demande officielle à l’empire pour consulter ce qu’ils auront trouvé et les résultats de leurs analyses. Kaiyo et ses disciples ont fait des ravages à Liberty. La lutte contre les titans est un problème commun à nos deux nations, c’est l’occasion de collaborer dans ce sens."

    Même si la demande revenait sans suite, ce serait la responsabilité de l’université, l’armée aura fait sa part. Et s’il y a bien une chose qu’on aimait faire chez les bleus, c’était déléguer. Fen se tapota le menton en réfléchissant aux paroles du mercenaire.

    "Hum, ce sont des paroles sensées. Je vais envoyer sur le champ des émissaires à Liberty. La Mairie sera informée de la situation et nous attendrons leurs instructions sur la marche à suivre. Magic sera aussi informée que nous contacterons bientôt pour leur demander conseils. Du reste, on fera comme tu l’as suggéré."

    Il se tourna vers Lyra.

    "Dîtes à vos hommes de se dépêcher. Après avoir récupéré les civils, nous aimerions pouvoir explorer à notre tour au plus vite."

    Les ordres furent donnés et un détachement de soldats républicains pénétra le village pour s’occuper des réfugiés. Verndrick leur parla des clochers qui devraient contenir le plus de monde et les laissa faire. Il se dirigea ensuite vers Yamai et Lyra.

    "Je récupère Mouse et je disparais. Enfin, j’attendrai votre départ pour explorer le village plus en détail avec la GAR, mais jusque-là, vous n’aurez plus à supporter ma présence. J’espère que nous nous reverrons."

    Cette dernière remarque était adressée à la Sénéchale. Il savait qu’il recroiserait Yamai, c’était normal pour un « aventurier » et un « tavernier ».

    "Nous reprendrons notre danse là où nous nous sommes arrêtés."


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