Le feu de la forge. (Pv- Cyradil)

Cyradil ne connaissait pas la personne mentionnée par Kila mais elle était bien au fait de l’utilisation des enfants dans ce genre de sordide de projet. A vrai dire, la jeune forgeronne avait toujours compris l’indignation des gens ayant vécu ce genre d’expériences. Etant au plus proche du peuple, elle avait appris à comprendre leur insatisfaction et de se mettre à leur place. Pour certains, les hautes instances ne faisaient rien pour lutter contre ce genre d’exactions, ne comprenaient pas toujours que l’on ne pouvait être partout à la fois ni régler tous les maux du monde en un claquement de doigts. Pourtant, chaque jour, des gens comme elle luttait pour améliorer la vie des gens vivant dans la précarité. Rétablir ce genre de personne dans la société après tant de sévices subis était parfois fastidieux. Cela dit, la jeune femme était toujours encline à recevoir et écouter des témoins s’étant réchappés de cette fameuse académie, ne serait-ce que pour écouter leur version de l’histoire.

« Très bien, je m’en souviendrai. » Dit-elle en notant son nom. « Je n’ai pas entrepris moi-même d’action contre cette organisation pour l’instant mais il est vrai qu’il va falloir y songer. Pour être honnête, je suis assez encline à pouvoir y intervenir en personne mais je ne sais pas si cela sera possible avec mes responsabilités et je n’aimerais pas empiéter sur les actions de la couronne au risque de les entraver dans leur enquête, en supposant qu’il y en ait eu une. Je vous promets que j'en réfèrerais au couple royal lors de notre prochaine entrevue pour voir ce qu'il en est et je vous tiendrais au courant le plus vite possible. En attendant, nous ferons tout pour minimiser l'impact de cette organisation sur les FMR et essayerons de faire un maximum pour accueillir les gens qui ont souffert de leurs expériences. »

Une chose à la fois. Il ne fallait pas non plus trop multiplier les tâches au risque de s’en trouver débordée. Pour l’instant, la liche cherchait plutôt à aider l’élémentaire à parfaire son efficacité au sein des FMR et d’apporter des réponses sur sa nature même. Après leurs échanges, Kila semblait encline à ce que Cyradil puisse expérimenter sur ses talents. De par sa main, l’ancienne humaine avait aidé beaucoup de gens à débloquer leur potentiel, les formant aux arcanes de la magie et plus encore. En même temps, l’Esprit pourrait apprendre davantage sur la condition des élémentaires et les affinités avec leurs éléments. En somme, Cyradil était assez satisfaite de cette discussion et elle voyait en Kila quelqu’un de prometteur si elle la « prenait sous son aile ».

« Très bien. Nous avons donc un accord disons. Par le biais de nos entrevues, je pourrais sans doute beaucoup en apprendre des élémentaires et de ce fait…et bien, vous aussi. Et en échange, je serais ravie d’établir une collaboration entre votre fabrique de verre et ma forge afin que nous développions les sujets que nous avons abordés précédemment. Cela vous semble correct ou avez-vous d’autres questions ? » Demanda-t-elle honnêtement.

Elle-même était en pleine phase d’expansion de sa magie d’ombregivre. Avec l’accès à un élémentaire complexe, Cyradil espérait pouvoir en apprendre plus afin de l’appliquer sur son propre apprentissage et de pouvoir repousser ses limites encore davantage. Dans tous les cas, l’Esprit agissait en toute transparence et avait exposé tous les termes du contrat sans aucune entourloupe. Ainsi, malgré son tumultueux passé, la magicienne avait gagné la confiance de Kilaea et les deux femmes pouvaient maintenant sans doute se concentrer sur un objectif commun.

« Ah et vous aurez votre bonbon si vous travaillez bien. » Ajouta-t-elle en souriant.

Message 9

J'avais commencé à raconter une histoire qui n'était pas la mienne. Mais c'était quelque chose que j'avais peut-être laissée trop longtemps de côté. Maintenant, que j'avais une place, une vrai place pour ce que j'étais, peut être pourrais, je revois une partie de mes priorités.

- Merci. Je n'en demande pas plus. Et je me doute qu'une telle organisation doit avoir un réseau. Survivre sans faire parler d'eux. Ils doivent bien avoir des soutiens idéologiques et financiers. Ce n'est pas le genre d'ennemis que l'on affronte tête baissé.

Mon regard interrogeait le vide en se demandant ce qu'était devenue cette jeune femme qui m'avait étonné dans le désert. Et si jamais nos recherches nous emmenaient sur le territoire de cette académie. Peut-être que Kassandre aimerait être à nos côtes. Enfin, d'abord, il fallait les trouver, et qu'ils ne soient pas défendus par quelqu'un de haut placé. Il fallait essayer de trouver toutes les éventualités avant d'ouvertement les attaques.

Ce sujet traité, il était inutile de continuer sans avoir d'autre in formations extérieur. Et j'imaginais sans peine qu tout cela était long.

Nous étions revenues sur un sujet qui nous concernait toutes les deux, et que nous pouvions préparer. Notre soif de connaissance commune, ma limite d'apprentissage était elle personnelle où lier à ma race ?

- Euh, une question, on commence quand ?

Mon sourire s'agrandit quand elle répondit à ma blague. Comme si elle confirmait ma mentalité enfantine.

- Je préfère à la fraise, au cas où.

Je ne pus retenir mon rire, en espérant qu'elle ne prenne pas pour une de ses enfants de nobles devenu capricieuse. Je commençais à reprendre mon sérieux.

- Par quoi voulez-vous commencer ? Vous avez peut-être des questions pour savoir à quoi vous avez affaire.

Je me replaçais sur le fauteuil, essayant de trouver à nouveau une place confortable.

- J'essaierais évidemment de répondre à toutes vos questions, mais je ne suis pas sûr d'avoir toutes les réponses.

J'avais commencé à chercher de mon côté il y a quelque temps, mais il était parfois difficile d'avancer en ne voyant les choses que d'un seul point de vue.

Tout était dit donc. Encore une fois, la force de persuasion de la liche avait convaincu son interlocutrice qui semblait s’être un peu plus ouverte à elle. Comme quoi le dialogue pouvait permettre de résoudre plein de choses si on arrivait à faire preuve d’un peu de bonne foi et qu’on exposait les bons arguments. Cyradil aurait voulu creuser davantage pour cerner l’élémentaire mais les deux femmes auraient tout le temps de se côtoyer. Que ce soit ses compatriotes ou ce que l’on jugeait comme étant des ennemis de l’Empire, la liche n’émettait jamais de jugement hâtif. La parole pouvait émaner du couple royal qu’elle s’octroierait le droit de s’en méfier au moins un peu. Ses années passées à parcourir le monde lui avait appris qu’il y avait des façons bien différentes de le penser et que toutes n’étaient pas destinées à éradiquer celles qui n’allaient pas dans leur sens.

« Cela dépend de vous. L’on peut organiser cela dans les prochains jours si vous le souhaitez. Je me chargerait de dispenser ces séances sur votre temps de travail en argumentant que votre sollicitation pourraient faire avancer la recherche sur la magie élémentaire. Ce n’est pas quelque chose que j’affectionne particulièrement mais je doute que l’on refuse une demande venant de l’Esprit. De cette manière, l’on pourra compter le temps que vous passerez en ma compagnie comme des heures prestées aux FMR et vous ne serez alors pas accablée par une charge de travail trop importante en devant assumer ces…expériences en dehors de vos heures de travail, ça vous va ? »

Toujours s’assurer du bien-être de ceux qui acceptaient de collaborer avec elle. C’est en partie pour cela que la jeune blonde convoitait le poste. Obtenir des facilités qui se répercutent directement sur ceux qui occupaient des rangs moins élevés. Utiliser son pouvoir pour le peuple. En toute sincérité. Dans l’immédiat, la liche n’avait pas de plan d’action bien établi n’ayant jamais eu d’élémentaire (avec une magie avancée qui plus est) qui avait accepté ce genre de partenariat. Son but était donc simplement de partir sur des tests assez basiques pour commencer et d’affiner la direction de sa recherche au fur et à mesure qu’elle avançait. De toute façon, lorsque l’on commençait à chercher dans un domaine, il n’y avait pas de protocole préétabli et l’on était bien obligés de le créer et démarrer quelque part.

« Vous êtes membre des FMR alors c’est assez facile de pouvoir se retrouver à n’importe quel moment du coup, je propose simplement de se retrouver dans l’un des complexes d’Ikusa. L’on empruntera l’une des salles pour la durée de nos entrevues. Comme je vous l’ai dit, libre à vous de vous désengager à tout moment si vous sentez que cela va trop loin. Je n’ai ni l’envie de heurter votre intégrité ou de raviver de mauvais souvenirs…et sans doute pas finir rôtie aussi… »

Elle esquissa un sourire avant de se lever et de lui tendre la main. La liche supposait que cette collaboration pourrait éventuellement s’étendre sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Aussi, n’était-il pas nécessaire d’absolument multiplier les rendez-vous, voulant tout de même laisser l’élémentaire faire autre chose de ses journées. Sans compter que Cyradil n’était pas toujours disponible et qu’elle avait surtout d’autres personnes à gérer, notamment Lyra, qui venait régulièrement pour ses cours de magie. Cyradil était satisfaite de toute ces mouvements qui animaient sa vie désormais. C’était bien plus chaleureux que dans son ancienne vie et il était agréable de pouvoir échanger ses connaissances avec autrui, surtout si cela permettait d’aider.

« Alors disons que si vous êtes libre dans la semaine et que je me trouve à Ikusa, nous pourrons commencer ce projet. »

Elle n’avait pas oublié pour la forge bien sûr. Mais d’abord, Cyradil voulait s’assurer que les tests ne soient pas trop éreintants pour l’élémentaire avant d’envisager d’unir leurs franchises dans un projet commun. Non pas que la forgeronne doutait de l’endurance de Kila mais étant liche, la notion de fatigue n’était plus tout à fait la même pour elle et Cyradil était beaucoup plus résistance à celle-ci désormais, parfois même sans s’en rendre compte.

Message 10

L'excitation devait pouvoir se lire sur mon visage. Pouvoir faire des recherches avec l'esprit était quelque chose que je n'avais pas imaginée. Déjà imaginer un ministre avec un esprit aussi ouvert était parfois difficile pour moi, le monde des nobles et du pouvoir était souvent si fermé.

- Oh ! Ce serait parfait. Je pourrais me concentrer sur nos recherches. Mais j'essaierais quand même d'aider les collègues pour ne pas disparaître.

Mon rire s'échappa quelques instants de mes lèvres, et mon sourire ne s'estompait pas. J'essayais vraiment d'estimer l'opportunité qui s'offrait à moi. Je n'imaginais pas que Cyradil ne le fasse que par pure charité. Je me doutais que moi aussi, je lui apportait une opportunité rare, juste parce que j'étais. Une élémentaire secondaire.

Face à son commentaire, mon rire s'éleva à nouveau. J'imaginais rapidement l'état de la salle si nous nous laissions emporter.

- Nous verrons le moment venu, pour le moment, je suis pressé de voir la direction que cela prend. Et promis, j'essaierais de ne faire rôtir personne.

Je pris un instant de réflexion.

- Peut-être juste notre repas. Pour être plus sérieuse, je pense avoir accepté mes erreurs, un mauvais souvenir n'est que passager et si cela est nécessaire pour faire avancer notre compréhension. Ce ne sera pas un gros prix. J'aimerais juste repartir avec mes deux jambes et mes deux bras. Encore attachés sur mon corps.

Mon sourire continuait d'afficher mon humeur. Encore une fois, je referais tout prendre à la légère car je n'avais aucune raison de m'inquiéter. Cyrdail se leva, me tendit la main pour sceller notre accord. Je sautai du siège, évitant de justesse de m'encastrer le tibia dans la table basse. J'avais serré la main de la jeune blonde, lui confirmant ma volonté de découvrir des secrets de la magie.

- Bien, faisons comme ça. Si nous pouvons, commençons cette semaine.

J'hésitais un instant, l'idée d'avoir légèrement abusé du temps de la ministre. Mon regard évité maintenant celui de la blonde.

- Je vais peut-être m'éclipser, pour prendre le temps d'organiser tout cela. Et puis j'imagine que j'ai assez pris de votre temps aujourd'hui.

Je me reculais pour la saluer, tellement excité à l'idée d'apprendre à côté de l'esprit. Je commençais à m'éloigner avant de me rendre compte que j'avais oublié le livre que m'avait confié Cyradil. Je revenais vers le livre, le glissant précautionneusement sous le bras avant de m'éloigner.

******

Dans la semaine, nous avions trouvé un créneau pour commencer les expérimentations, même si ce mot avait de mauvaises connotations. J'étais arrivé devant le complexe de Drakstang. Cela faisait si longtemps que je n'étais pas venu dans ces murs. Depuis que j'avais passé seize ans en tant qu'étudiante. Je déambulai dans les couloirs, replongeant dans les souvenirs de ma formation. On m'avait indiqué la salle qui nous était réservée. Je m'étais équipée léger, mais avais emmené des protections dans un sac au cas où. Je ne savais pas vraiment ce qu'attendraient Cyradil de moi, mais je savais que je ferais au mieux pour avancer.

Il était temps de montrer de quel feu j'étais faite. J'étais arrivé la première, en profitant pour installer mes affaires dans un coin et m'échauffer. Comme un rituel, pour détendre mon esprit, je faisais un enchainement de mouvement lent. Commençant par coller mes poings devant ma poitrine, un de mes poings se plaça devant moi, et l'autre dans une spirale monta au niveau de mon épaule, mes pieds décrire plusieurs arcs de cercles sans jamais lever la pointe des pieds.

Quelques jours plus tard donc, Cyradil avait donné rendez-vous à Kilaea dans le complexe de Drakstrang. Comme promis, elle avait pu louer une salle d’expérimentation. A vrai dire, elle aurait voulu que l’ambiance soit un peu plus chaleureuse mais il est vrai qu’en voyant les outils qui y étaient entreposés, l’on se croirait davantage dans une salle d’opération mais à priori, il n’y avait pas de raison que Cyradil se mette soudainement à vouloir disséquer sa patiente. Cela dit, il était toujours mieux de faire cela dans un environnement qui se voulait le plus stérile possible afin d’éviter tout risque inutile. L’on pouvait certes réparer beaucoup de choses avec la magie mais la prévention était encore le meilleur moyen d’éviter tout désagrément. Conformément au protocole, Cyradil s’était revêtue de sa tenue des FMR. Elle attendit alors patiemment que Kilaea se présente, ce qui ne tarda pas à arriver.

« Je vous en prie, installez-vous. » Fit-elle en indiquant une chaise.

Cyradil faisait en sorte de rassurer l’élémentaire mais c’était davantage une habitude que le fait qu’elle pensait que sa patiente était stressée ou non. Kilaea avait pris l’initiative de s’habiller plus légèrement que lors de leur précédente entrevue, anticipant sans doute que la jeune liche devrait manipuler son corps d’une quelconque manière. En tout cas, Cyradil avait eu juste l’intention de commencer par des tests basiques afin de s’assurer de son état général. Tout d’abord, elle s’approcha d’elle, lui demandant de relever son haut avant de poser une main sur sa poitrine, sondant cette dernière jusqu’à atteindre l’endroit où était disposé son cœur. En effet, la disparité des races sentientes faisait que ces dernières possédaient des attributs légèrement différents des humains qui constituaient une majeure partie de la population du Sekai.

« Je vous demanderais simplement de ne pas trop bouger et continuer de maintenir une respiration régulière. »

Avec son ouïe surdéveloppée et à une distance aussi proche, Cyradil n’eut aucun besoin d’instrument pour ce test. De manière très professionnelle, elle se contenta simplement de compter les battements sur une durée déterminée, recommençant le cycle deux fois pour s’assurer qu’elle ne s’était pas trompée avant de noter les résultats sur une feuille de papier préalablement remplie. Elle ne constata aucune arythmie ou autre potentielle pathologie. La respiration était régulière et ne présentait aucun sifflement. A priori, Kilaea était en bonne santé. La jeune blonde s’occupa ensuite de raccorder une seringue à un tuyau en verre dont l’une des extrémités était plongé dans un tube. Grâce aux progrès de la verrerie et les idées suggérées auparavant, il était maintenant possible de recourir à ce genre d’instruments.

Elle demanda alors à l’élémentaire de lui présenter ses bras et de tourner les paumes de ses mains vers le ciel. Cyradil y jeta un rapide coup d’œil et finit par choisir son bras droit pour y poser un garrot. La jeune femme y inséra alors l’aiguille dans une veine saillante de l’avant-bras de l’élémentaire avant de manipuler la seringue pour que le sang puisse s’écouler dans le tuyau par simple mouvement de gravité. L’opération ne dura guère plus de quelques secondes et la jeune FMR pouvait maintenant se détendre tandis que son sang s’écoulait dans le tube.

« Ca va ? vous tenez le coup pour l’instant ? » S’enquit-ellle pendant que le sang était récolté. « Vous avez déjà subi une prise de sang auparavant ? Je veux dire, vous deviez bien passer par des contrôles médicaux quand vous étiez dans l’armée non ? »

De par son expérience et selon les zones de déploiement, Cyradil savait que certains endroits étaient de véritables déserts médicaux et que tout le monde n’avait pas la chance d’avoir accès à des soins appropriés. Elle ne serait pas étonnée d’apprendre que certains n’ont jamais vu un seul médecin de leur vie, ni subi le moindre diagnostic, ne serait-ce que pour savoir s’ils se portaient bien…

Message 11

Les étirements m'avaient surtout servi à me vider la tête. Je savais qu'il fallait passer par des tests. Un instant, je m'étais figé en entrant dans la salle. Sans vouloir l'avouer cela faisait bizarre de passer de l'autre côte de la table. La dernière fois que j'avais passé sur une table, cela remonte à ma chute. Quand mon corps et notre défense s'était fait démolir par notre empereur actuel. Mon corps émit un frisson à ce souvenir, à cette douleur physique, morale. D'avoir échoué, d'avoir été découverte, rejeté, condamnée à tout perdre, même ceux qui m'avaient suivit sans la savoir.

Je secouais la tête pour revenir à l'instant présent. Je n'étais plus au combat, plus à l'armée, mais chez les FMR avec l'esprit à essayer de comprendre ce que j'étais. J'avais pris une inspiration pour chasser cette sensation, avant de me parer de mon sourire.

Cyradil s'était vêtue comme j'aurais dû l'être. Même si je n'étais pas là comme médecin, mais comme patient. J'avais repris ma confiance. Je m'étais installé sur la chaise, et quand elle me demanda de relever mon haut. Mon sourire se crispa légèrement autant dévoilé, l'avant de mon corps ne me dérangeait pas, enfin quand il pouvait s'agir de quelqu'un comme Cyradil. Enfin un médecin qui ne faisait que son travail. Mais c'était l'autre côté qui me dérangeait.

Comme une lettre à l'eau de rose écrite sur le verso d'un billet d'exécution. C'était cette partie que j'avais du mal à accepter, les marques laissées sur mon dos, plus que le reste. Ils avaient ruiné mon grade, ma réputation, et mon corps. Il m'avait accusé de m'être fait passer pour un homme à raison, mais m'avait ainsi refuser d'être une femme.

Toutes ces pensées qui s'étaient bousculé juste l'espace d'un instant, l'espace d'une hésitation.

J'avais fini par ôter le tissu, dévoilant ma peau et son teint naturellement halé. La main de la médecin se posa, effleurant mon terme pour trouver le bon endroit. Écoutant mon cœur. J'avais presque envie de briser le silence de poser une question bête, celle que l'on pose quand on ne sait pas quoi dire. Est-ce qu'avant de devenir l'esprit, il lui avait donné une promotion chez les FMR ? Est-ce qu'elle voyait quelque chose avec ce bandeau ? Où alors senseur magique, ouie ? Avait-elle quelqu'un dans sa vie ?

Enfin, le genre de question idiote qui ne servait qu'à combler le silence. Je m'étais retenue pour ne pas perturber l'examen. Comprenant les deux côtés de cet examen. J'avais l'impression d'être une enfant ayant constamment envie de bouger. Je la laissais faire. L'observant noté. Puis quand elle sortit la seringue, je me calai au fond du fauteuil. Re posant mes bras sur les accoudoirs en lui présentant l'intérieur. Après un rapide coup d'œil, la médecin choisit sa cible.

J'avais fermé les yeux, expirant pour aider mon corps à se détendre pour recevoir l'aiguille. J'imagine que mon teint avait du palir ou alors c'était pour être sur, comme une habitude. Mon sourire revint tordre mes lèvres.

- ça va. J'ai connu pire.

Je regardais le sang s'écoulais dans le tube en essayant de faire appel à ma mémoire.

- Je dois en avoir subit une ou deux après la guerre. Il faut dire que j'évitais les médecins comme la peste. Et puis le peu que j'ai croisé ne préféré ne pas s'occuper de moi et de mon mauvais caractère.

J'en avais profité pour fouiller un peu plus mes souvenirs. J'avais beau les fuir, je n'en avais pas croisé beaucoup.

- En fait, cela reflète notre discussion de l'autre jour. J'étais dans des coins tellement pendu que je n'ai quasiment pas croisé de médecin durant ces dix ans.

À ces mots, je m'étais tortillé légèrement sur la chaise. Dérangée par une sensation désagréable

- Après, il y à eu les guerres. En fait, je pense que j'ai subit plus d'examen depuis que je suis médecin qu'avant.

Un léger rire s'éleva pendant que je regardais mon sang dans le verre.

- Je suis presque déçu. Du sang presque classique, pas luisant, pas aussi chaud que de la lave. Qu'est-ce qui nous attend pour la suite ?

Mon regard passa sur les outils disponibles.

- Rien qui ne devrait nécessiter de m'ouvrir, j'espère. J'aimerais revoir certaines personnes entières. Si possible.

Je ne pus m'empêcher de pouffer devant le ridicule de mon commentaire.

Cyradil était très minutieuse lorsqu’elle traitait ses patients. Puisqu’on ne savait jamais vraiment à quel genre de réaction à laquelle l’on pouvait s’attendre, il valait mieux commencer par une approche rassurante. A vrai dire, Kilaea était plutôt docile et semblait comprendre ce que la liche lui faisait subir. Elle n’en demandait pas tant lorsque sa patiente ôta son haut mais d’une certaine manière, il lui était maintenant plus facile de la détailler de plus près. Son corps semblait assez semblable à celui des êtres humains en beaucoup de points et Cyradil formula alors l’hypothèse que la transition élémentaire devait se faire au niveau cellulaire. Que ces dites cellules puissent ensuite reprendre leurs formes humaines était plutôt assez incroyable et l’expérience lui en apprendrait sans doute davantage.

Durant son premier examen, Cyradil avait bien évidemment aperçu les marques qui couvraient le dos de l’ancienne soldate. Puisqu’elle avait lu son dossier, la liche savait ce que Kila avait traversé, sans compter que sa propre compagne possédait également des marques qui cachaient un triste pan de son passé. Comme pour Qwellaana donc, la jeune blonde se demandait si elle devait pas y faire quelque chose comme y appliquer un baume apaisant afin de faire en sorte que Kilaea puisse y associer un semblant de souvenir agréable. L’autre solution était de les faire disparaitre mais sans doute que l’élémentaire ne désirait pas s’en séparer totalement, ayant peut-être depuis, accepté de vivre avec. Et puis, en rejoignant les FMR, si elle avait voulu s’en débarrasser, ce n’était pas les opportunités qui manquaient.

« Les soldats sont des citoyens comme les autres. Enfin…la plupart d’entre eux en tout cas. Je ne suis pas très friande de la guerre mais dans la mesure où ce sont les personnes qui nous défendent, j’aime mieux à les savoir dans le meilleur de leur forme. Je crois que, à terme, tout le monde au Reike devrait avoir accès à un minimum de couverture médicale. »

La jeune blonde finit alors par retirer l’aiguille de son bras, tandis qu’elle posa un doigt délicatement à l’endroit de la piqûre. Une lueur glacée émana de ce dernier et l’instant d’après, c’est comme s’il n’y avait jamais rien eu à cet endroit. Cyradil observa ce teint naturellement hâlé, évocateur d’un puissant feu intérieur. Elle se demandait si certaines caractéristiques physiques définissaient la nature même d’un élémentaire. Avec un seul individu, difficile de dégager une tendance mais ce n’était là qu’un paramètre mineur. Cette réflexion lui donna alors l’idée d’établir une comparaison avec les standards de températures humaines. Elle se demandait alors s’il y avait des différences notables simplement en effectuant des mesures qualitatives. Cyradil sourit alors au commentaire de Kilaea tandis qu’elle récoltait le précieux liquide et posa le récipient sur une table éclairée d’une lumière vive.

« Vous savez, il serait mal avisé de profaner les rares échantillons que constituent votre espèce. Si je suis effectivement curieuse de savoir ce que vous pouvez potentiellement cacher à l’intérieur, j’ai quand même de l’estime pour la vie. De plus, l’on préfère, à priori endormir les patients avant de pratiquer la moindre intervention et si j’étais douée de mauvaises intentions, vous seriez déjà en train de roupiller à l’heure qu’il est puisque j’aurais profité du tube raccordé à votre bras pour vous injecter n’importe quelle substance que je voulais. »

Elle se tourna ensuite vers la table, observant le sang récolté. Elle sépara ce dernier en plusieurs échantillons. L’un d’entre eux fut simplement utilisé pour se rendre compte de la vitesse de coagulation tandis que les autres étaient réservés à des examens ultérieurs. A première vue et comme Kilaea l’avait souligné, il n’y avait rien d’impressionnant. Mais en y regardant de plus près (en poussant sa vue grâce à sa magie), Cyradil put en détailler toutes les complexités microscopiques. Comme attendu, les cellules possédaient globalement les mêmes caractéristiques que les humains mais certains détails attirèrent tout de même l’attention de liche. A côté d’elle, tandis qu’elle détaillait les cellules élémentaires, la forgeronne tentait d’en reproduire un schéma qui décrivait au mieux la situation qu’elle observait. Au sein même des cellules, Cyradil notifia une structure qu’elle ne reconnaissait pas. Quant à sa fonction, elle n’en connaissait pas davantage.

Les échantillons furent alors soumis à différentes substances, allant d’anticoagulants à base de plantes naturels aux effets connus, à des expositions de chaleur ou de froid pour essayer de susciter une réaction de la part de cet organite inconnu. Les réactions furent alors tout à fait normales mis à part peut-être pour le froid qui avait tendance à avoir un effet accru de part sa nature élémentaire. Pendant ce temps, Kila était bien sûr libre de venir jeter un coup d’œil si elle était curieuse. Elle verrait simplement la jeune blonde s’émerveiller en se demandant sans doute ce que l’Esprit pouvait trouver de fascinant à observer du sang qui barbotait dans un récipient en verre. Puis, la forgeronne demanderait simplement à l’ancienne soldate de se rasseoir pour lui expliquer.

« Votre sang ne présente pas de caractéristique spéciale ou du moins, comme je le pense, pas dans cet état. Il y a quelque chose dans vos cellules que je ne reconnais pas alors il faudra que j’observe ce phénomène en condition réelle. Et comme je n’ai pas envie de vous disséquer, il faudra que vous me montriez comment vous transiter dans votre forme élémentaire. Commencez localement et intensifiez votre magie par la suite. »

Cyradil l’invita ensuite à la suivre, passant une porte pour atterrir dans une autre pièce plus spacieuse. Il s’agissait à priori d’une salle de confinement dans lesquelles on entreposait les patients ou les cas non-identifiables en attente de traitement et surtout pour éviter qu’ils ne contaminent les autres. La pièce était évidemment vide et les murs étaient essentiellement fait de verre renforcé de barrières magiques pour éviter toute évasion éventuelle. En fait, le seul moyen de sortir était la porte par laquelle les deux femmes étaient entrées. Aux quatre coins de la pièce, l’on pouvait voir que les murs avaient été creusés, sans doute pour permettre une aération continue ou alors pour administrer des substances gazeuses aux patients les plus récalcitrants. Mais ce qui était important aujourd’hui, c’était surtout que la pièce était suffisamment résistante pour supporter tout excès de zèle tant qu’il n’excédait pas un certain degré de magie. Evidemment que n’importe quelle magie de niveau expert ou davantage briserait les structures. Après tout, l’on était dans un milieu hospitalier, pas une prison. Cyradil pourrait éventuellement contenir une partie du désastre mais comme avec Lyra, elle était loin d’avoir retrouvé son pic de performance et les magies de haut rang lui étaient encore inaccessibles à cause de son verrou magique du à sa réincarnation.

« Allez-y doucement par contre. Je n’ai pas envie que vous ayez des problèmes pour avoir fait sauter une partie du complexe. » Dit-elle en souriant.

C’était donc à l’élémentaire qui avait donc le champ libre pour sa démonstration. Avec sa vue surdéveloppée d’activée, Cyradil était sûre de ne rien rater malgré la charge mentale que ce sort infligeait à ses yeux. Si Qwellaana était là, sans doute que sa petite valkyrie lui ferait la moue en lui disant qu’elle poussait un peu trop ses limites pour les besoins de la connaissance.

Message 12

Cyradil était méthodique et professionnelle, trahissant son expérience. Cela était rassurant, presqu'agréable de se laisser guider par quelqu'un qui connaissait ce qu'elle faisait. Peut-être qu'un jour, je pourrais prétendre à ce genre de comportement.

- Vous avez raison, même si une partie des soldats s'estiment trop durs pour avoir besoin de nous pour plus que les recoudrent après une bataille.

Quand la jeune blonde eu assez de sang pour ses examens, elle retira l'aiguille. Je ne fis pas attention au doigt qu'elle posa, jusqu'à la lueur qui s'en échappa. Machinalement, j'avais serré les dents, détestant par-dessus tout le froid. Avant de me plaindre, j'avais tourné la tête, légèrement honteuse. J'avais beau faire la fière, cette tenue et la jeune femme qui me détaillait suffisait à réchauffer mes joues. Elle avait répondu à ma touche d'humour.

- C'est noté, pas d'injection. Du coup, il faut aussi que je me méfie de la sucette. Je pourrais me retrouver dans une cage à oiseaux rares. Mon chant n'est pas très beau par contre.

Comme à mon habitude, je continuais de tout prendre avec légèreté. J'avais confiance dans cette femme, même si je ne la connaissais pas en vrai. Je la regardais commencer à étudier le sang récolté. Elle devait voir des choses que je ne voyais pas. Je m'étais levé pour voir, par respect, j'avais remis mon haut, peut être aussi un peu par pudeur. Mais il me manquait quelque chose pour voir la même chose que Cyradil, à moins qu'elle est une passion pour le sang. Cela me fit sourire, mais je ne retenu pas cette idée. C'était frustrant, peut-être que je pourrais jouer avec le verre des loupes pour obtenir quelque chose.

Je m'étais retenue de poser mille questions sur ce qu'elle voyait, sur la magie qu'elle utilisait, sur tout en fait. Elle m'invita à m'asseoir à nouveau pour me donner les détails de ses observations. J'imaginais qu'elle était aussi déçue que moi que ce sang ne soit pas plus diffèrent. Cyradil confirmant sa non envie de me disséquer telle une souris de laboratoire. Heureusement, elle eut une autre idée pour essayer de voir un peu plus sur ma condition.

Je m'étais langé à sa suite, changeant de pièce, passant du simple examen médical à une apparente mise en quarantaine. Cette pièce austère qui avait du voir des cas aussi intéressants que dangereux. Peut-être même de cette peste qui avait frappé l'année dernière. Aujourd'hui, elle servirait de pièce pour retenir mon énergie. Une sorte de stérilisation extrême. Cyrdail me conseillent de j'allait doucement en souriant.

Je m'avançais jusqu'au milieu de la pièce, souriante. Ce jeu me plaisait, l'enjeu de faire avancer ma race. Je me plaçais au milieu de la pièce, me tournant pour lui faire face, lui faisant une petite révérence.

- J'ai juste besoin de concentrer ma magie, heureusement pas de la laisser s'échapper. Je ferais attention à juste vous en mettre plein la vue.

Mes mains se posèrent à nouveau sur mon haut et je me figeai un instant faisant le lien avec ce que je venais de dire.

- Euh, je voulais parler de ma forme... Élémentaire, mais je ne suis pas sûre qu'il apprécie ma forme la plus pure. Pas que j'aime me déshabiller devant vous.

Je pris une inspiration pour me calmer, être au centre de l'attention ne me réussissait toujours pas. En fermant les yeux, je retirais le haut pour à nouveau exposer mon buste, les muscles qui se dessinaient par mon entraînement.

Je gardais les yeux fermés, concentrant ma magie dans ma main droite. Le teint de mon bras changea, se rapprochant du gris poussière, des craquelures le parcoururent comme de la porcelaine brisé. Une lueur rougeoyante, rappelant le feu d'une forge, s'échappa de ma main et mes iris prirent la teinte de braises incandescentes. C'était étonnant comme cette forme répondait autant à ma magie qu'à mes émotions. Que la colère me faisait apparaître comme un volcan en éruption alors que la tristesse avait tendance à étouffer mes flammes. C'était la conséquence de la concentration d'un sort de base, il m'avait suffi d'imaginer tenir une boule de lave dans la main. J'ouvrais à nouveau les yeux, concentrant mon regard sur ma main.

- La concentration d'un sort de base n'est pas très impressionnante. Par contre, les autres sont plus lumineux

J'attendais que la forgeronne note ses observations avant de poursuivre. Ma concentration s'intensifia entre mes doigts. La lueur rouge s'illumina encore plus, laissant s'échapper des voluptés de chaleur, comme un lingot qui sortait du feu. Cette teinte poussière s'étendit remplaçant ma peau bronzée sur quasiment tout le torse. Les craquelures suivirent cette poussière zébrant mon buste, mon visage, rehaussant un peu plus le feu de mes iris. Enfin, la lueur s'échappa de ma main longeant et agrandissant les fissures comme les veines d'un volcan en éruption. La peau noircissait au contact de cette lave qui parcourait mon corps. On pouvait ressentir la chaleur qui se dégageait de mon corps, commençant à réchauffer légèrement la pièce.

- ça, c'est pour un sort de puissance intermédiaire, il ne restera que celle pour la puissance d'un sort expert, je n'arrive pas à aller plus loin.

Le feu de la forge. (Pv- Cyradil) - Page 2 Jl60

J'espérais déjà que cela puisse aider Cyradil, que la jeune blonde trouve de quoi nous faire avancer. À ce moment, je regrettais de ne pas maîtriser mon élément à la puissance de certains maîtres. Peut-être que cela m'aidera pour débloquer cette maîtrise qui me faisait défaut.

Dans cet espace confiné, la liche eut de nouveau l’opportunité de voir l’élémentaire en action. Et pour le coup, sa condition de liche lui était très avantageuse car elle ne risquait même pas d’être importunée par les fumées provoquées par la magie ou de s’exposer à un risque de s’asphyxier. Pour son interlocutrice, la jeune blonde devait supposer que, comme souvent, elle était immunisée à sa propre magie surtout qu’elle semblait ne faire qu’un avec elle. En retirant son haut à nouveau, la jeune blonde sourit à la boutade, lui assurant qu’elle était de toute façon bien insensible à ce genre d’exhibitions. Et puis, en tant que médecin, ce n’était pas le premier corps qu’elle voyait et l’honnêteté de sa profession faisait que Cyradil ne lui demandait sincèrement de le faire que pour les besoins de l’expérience.

« Ne vous en faites pas, je comprends tout à fait. En plus, je me suis engagée envers quelqu’un et je ne me permettrait jamais de trahir sa confiance. Soyez rassurés, l’on est ici que pour comprendre. » Réitéra-t-elle sincèrement.

Cyradil alors se contenta d’abord d’observer le phénomène dans sa globalité, notant les changements physiques que cette magie opérait sur le corps de l’ancienne soldate. Puis, avec sa vue, la liche plongea au plus profond de ses tissus pour observer ses cellules. Contrairement à ce qu’elle avait pu observer dans le sang, ces dernières s’agitaient intensément et le petit organite inconnu se mit alors à vibrer, dévoilant sa fonction. Elle y reconnut des lignes de magies s’apparentant au feu et à la terre mais celles-ci semblaient harmonieusement fusionner en un nouvel élément que la liche n’avait que trop peu rencontrer. Ce qu’elle avait identifié comme inconnu était en fait une sorte de mécanisme qui permettait alors aux élémentaires de modifier leurs cellules afin que celles-ci transitent de leur forme humaine à leur forme élémentaire. Cela pouvait se faire localement et évidemment, le phénomène était parfaitement réversible. C’était…tout bonnement fascinant et même dans les sorts de métamorphoses les plus complexes, la liche n’avait jamais vu de polymorphisme aussi bien réalisé. Cela semblait être une seconde nature chez les élémentaires, presque indissociable de leur être, ce qui expliquait pourquoi les cellules extraites perdaient toutes leurs propriétés une fois qu’elles avaient quitté le corps de Kila. Et également, pourquoi les élémentaires étaient les seuls capables de maitriser ces magies uniques. Leur corps était l’élément. Ils ne le généraient pas. Il était en eux.

« Maintenez-cela un petit instant, je reviens. » Dit Cyradil après s’être assurée que Kila n’allait pas tout détruire autour.

Elle retourna alors dans la pièce principale, cherchant quelques outils avant de revenir voir l’élémentaire. La liche concentra son regard sur les lignes qui zébraient le corps de Kila, pensant qu’elle avait peut-être fait un rapprochement. La jeune femme s’avança, lui demanda de baisser l’intensité de son feu avant d’approcher avec l’un de ses outils. Il s’agissait simplement d’un pinceau qu’elle trempa dans une mixture avant de l’apposer sur le corps de l’élémentaire. En réalité, la liche du en sacrifier plusieurs puisque ceux-ci résistaient difficilement au feu après quelques tracés malgré que l’on ait tenté de les ignifuger. Néanmoins, la liche arriva à ses fins puisque le but était de suivre les lignes magmatiques et de les marquer. Ensuite, elle s’éloigna puis s’empara d’une feuille afin de mettre sur papier ce qu’elle voyait. L’on avait du mal à comprendre ce qui avait de médical dans cette expérience mais la liche ne manquait pas d’idées pour arriver à ses fins. Ses dessins étaient plutôt précis, ayant écrit des tas de livres durant son ancienne vie.

« Je vais vous extraire quelques cellules de surface juste pour m’assurer de ce que j’ai vu dans le sang tout à l’heure. »

A l’aide d’un scalpel, la liche s’approcha à nouveau et elle commença à gratter délicatement la peau, récoltant la poussière créée dans un petit bocal. La liche estima alors que c’était suffisant pour l’instant.

« C’est bon, vous pouvez vous détendre. Je vous demanderais juste de rester encore un peu dans cette position, j’ai une dernière chose à faire. »

Cyradil s’empara d’un autre papier et se lança dans un autre dessin, représentant cette fois-ci Kila mais dans sa forme humaine. Cyradil y incorpora tous les traits qu’elle avait dessiné sur son corps et fit en sorte de respecter les mêmes proportions que le dessin précédent. La forgeronne était reconnaissante de l’investissement de l’élémentaire dans cet exercice. La jeune blonde revint ensuite dans la salle principale avec ses échantillons et ses dessins. Elle s’occupa alors de superposer les deux croquis et ceux-ci semblaient parfaitement corroborer en certains endroits des lignes tracées. La jeune femme sourit alors, contente de son idée.

« Regardez. Il semblerait que, lorsque vous vous transformez, vos lignes de magies semblent suivre naturellement votre système vasculaire. Comme je le pensais, vous vivez votre élément au point où celui-ci est encré en vous. Il faudrait voir si mon hypothèse se vérifie lorsque vous vous y assimilez complètement. Mais prenez-votre temps, la recherche ne se réalise pas en un jour. » Dit-elle en souriant.

La jeune blonde porta le bocal rempli de « peaux » mortes et analysa son contenu. A l’intérieur, les cellules semblaient lentement reprendre leur état normal, comme si la magie qui y était s’estompait lentement. Il semblerait que ces dernières maintenaient leur forme à la seule condition que Kila y insufflait sciemment sa magie et qu’elle décidait elle-même de les détacher de son corps. Une extraction forcée comme Cyradil venait de le faire semblait les affecter au point qu’elles finirent par redevenir de la peau tout à fait normale. Cela rendait plus complexe l’étude mais la liche n’était pas contre un peu de l’adversité.

« Vous me ferez parvenir vos observations au fur et à mesure que vous développez votre magie. Pas qu’en terme de sortilèges mais aussi en terme de sensations. Si vous sentez quelques changements dans votre physiologie ou tout autre remarque que vous jugerez pertinentes. »

Cyradil s’occupa ensuite d’essuyer les marques sur le corps de l’élémentaire qui lui faisait ironiquement penser aux teintures tribales de certaines tribus du nord alors même qu’elle en était l’instigatrice. Finalement, contrairement à ce que le dossier qu’elle avait lu en amont lui suggérait, Kila avait été plutôt sage.

Message 13

La réponse de Cyradil aida à me calmer, j'avais préféré clarifier la situation, mais ma réaction ne lavait pas fait.

- Merci. C'est juste que je n'ai pas l'habitude d'être de ce côté de l'aiguille.

Un sourire s'installait sur mes lèvres, pensant ne pas avoir entendu de rumeur de la part de mes cousines. Elle m'épuisait à toujours courir après la moindre information sur les personnalités de l'empire. Et évidemment, ce n'est pas moi qui allais leur révéler. Même si cela était tentant de dire qu'elle n'était pas au courant de tout.

Elle avait passé un moment à observer l'évolution de ma peau. Cela avait l'air d'une nouveauté d'être intéressant pour l'esprit, alors que je ne voyais que les reines de feu sur mon propre corps. C'était d'un frustrant. Ou alors ce n'était que la découverte d'un spectacle dont j'avais oublié la beauté. Comme tous ses réveils dans la nature. Au bout d'un moment, on se lasse de n'importe quel joyau. Je referais se garder Cyradil étudié, cela me donnait l'impression de faire quelque chose d'exceptionnelle de faire avancer la recherche dans le bon sens.

La forgeronne s'absenta un instant, juste assez longtemps pour que mon esprit divague. Mon regard se perdait sur ma main, essayant de deviner ce qu'elle pouvait contenir comme secret. Et elle revint, avant que mon esprit décide de changer de sujet. Cette fois, Cyradil ne resta pas sur le pas de la porte. Elle s'approcha près de moi, armée d'un pinceau.

Sans sourciller, je suivais ses demandes, la sensation du pinceau était étrange, de légère chatouille sur ce terme transformée qui aurait pu être beaucoup plus agréable dans d'autres conditions. Je me pinçais les lèvres pour ne pas rire et faire rater le tracée de cet artisan si sûr. Mon corps n'était déjà pas coopérant, à cause, de la chaleur. Après être venu à bout de plusieurs pinceaux. La jeune blonde expliqua la prochaine étape, et comme depuis le début, comme pour faire mentir mon mauvais caractère, je ne bougeais pas. Peut-être aussi parce qu'en plus de mon tempérament, j'étais aussi très curieuse.

Je m'étais relâché, laissant l'humaine me dessiner à nouveau. Je ne pus retenir mon sourire.

- Au final, je vais peut-être prendre goût à me faire dessiner.

Évidemment, c'était une blague, n'aimant cet exercice juste pour ce qu'il apportait, une avancée sur ma condition. Nous étions revenues dans la salle principale, me couvrant à nouveau. Elle me montra les dessins qu'elle avait réalisés. Mes yeux suivirent chaque ligne, sous les explications de Cyradil. Dans sa bouche, tout paraît si logique, si naturel. Et elle me parla que la prochaine étape serrait quand je pourrais complétement fusionner avec mon élément. Une légère frustration put se lire dans mon regard, je n'avais pas accès à ce niveau de puissance, pas la maîtrise de mon propre élément et surtout pas la moindre idée de comment m'améliorer.

- Cela pourrait être logique, la magie pourrait choisir les chemins déjà tracés par nos veines ou nos nerfs. Je vais chercher un moyen d'améliorer la symbiose avec mon élément. Voir s'il peut résonner à travers moi, pour mieux comprendre.

Elle regardait les cellules de peau qu'elle avait récupérée, pendant ce temps, je continuais de regarder les deux dessins. Elle parlait que l'élément, que la lave se cachait en moi, qu'il était moi. Je réalisais alors que ma quête, de maîtriser les autres éléments serait peut-être impossible. Une légère tristesse voilà mon regard.

- Si l'élément est en moi à ce niveau. Vous pensez que je pourrais maîtriser les autres éléments ?

Mon regard suivait ses lignes traçaient sur le croquis, sur mon corps. Est-ce que mon corps réagissait par rapport à la magie que j'utilisais où alors je ne pouvais utiliser que les magies mère parce que mon corps était un catalyseur unique ? Une idée venait éclairer mes pensées, me redonnant pas une lueur d'espoir.

- Je vais donner ma priorité à améliorer ma maîtrise de la lave, mais j'avais pour espoir de maîtriser d'autres éléments. Est ce que vous pensez qu'en plaçant des concentration d'éléments pour pirater le circuit de diffusion pourrait m'aider ? Me donner un coup de pouce ?

Elle efface les traces sur mon corps, dans un demi-sourire, mes yeux refusant de quitter ses schémas, mes doigts redessinait ce qu'elle effaçait.

- Vous savez, j'aurais pu les effacer toute seule.

Cyradil continua d’essuyer les traces, souriant aux répliques de l’ancienne soldate. La liche était assez douée pour les dessins, sachant qu’elle avait elle-même dessiné les motifs qui ornaient son corps, même s’ils avaient évolués de leur propre volonté depuis à cause de la magie propre qu’elle leur avait insufflée. A vrai dire, la jeune blonde était assez respectueuse des protocoles et elle faisait cela davantage par formalité que par souci de laisser ces marques sur le corps de sa patiente.

« Je sais bien mais je vous dois bien cela après m’avoir écoutée aussi docilement. » Dit-elle en souriant.

En tout cas, l’anatomie des élémentaires était assez fascinante et Cyradil avait hâte d’en découvrir davantage à leur sujet. L’hypothèse de Kila était assez intéressante mais la jeune blonde ignorait si cela était applicable chez les élémentaires. Cela serait peut-être l’occasion d’essayer pour comprendre si leur lien si fort avec leur élément était une restriction quant à l’apprentissage d’un autre. La liche savait de source sûre que chaque élément additionnel était plus difficile à apprendre que le précédent sauf pour quelques personnes qui ne se dédient quasi-exclusivement qu’à l’étude de cette branche de magie. Dès lors, ces gens peuvent maitriser une panoplie d’éléments divers et variés tout en gardant un degré d’apprentissage et de perfection raisonnable. Cela fermait beaucoup de portes mais c’était une voie qui avait le mérite d’exister cependant.

« Je vous recommande effectivement de pousser jusqu’à maitriser votre élément totalement. Vous avez fait le plus gros du chemin même si la perfection est difficile à atteindre. Vous savez, il faut quasiment autant de temps pour arriver à la maitrise que pour les trois niveaux précédents. Une sorte d’exponentielle si vous préférez. »

Dans l’idéal, Cyradil voudrait sans doute confirmer ses hypothèses concernant les lignes magiques qu’elle avait observé précédemment, savoir si le phénomène s’étendait sur l’entièreté du corps de l’élémentaire où s’il y avait des zones non parcourues. Cela dit, il serait très désobligeant de demander à Kila de se déshabiller complètement alors qu’elle était déjà assez gênée dans l’immédiat. De plus, la forgeronne avait estimé qu’ils avaient assez progressé pour ne pas importuner davantage son interlocutrice. Malgré ce que Cyradil lui avait promis, la jeune blonde ne voulait pas que cela se transforme en expériences sur cobaye.

« Ce n’est pas impossible de maitriser d’autres éléments mais ceux-ci ont tendance à établir une sorte de relation conflictuelle entre eux. Chacun possède sa propre compréhension de la magie mais pour ma part, je pense que plus on en maitrise et plus c’est difficile d’en acquérir d’autres. Je peux vous livrer ma méthode mais je ne garantis pas sa réussite avec vous. Selon l’élément, il vous faudra commencer par le visualiser et de l’appréhender. Essayez d’avoir un point d’ancrage quitte à utiliser quelque chose s’en approchant pour commencer. Par exemple, pour l’eau, vous pouvez essayez de la déplacer dans un bol. Vous en saisiriez peut-être l’essence de cette façon. Pour d’autres, cela sera difficile comme la foudre car je vois mal comment l’on pourrait se procurer un éclair aussi facilement. A moins d’attendre les orages mais bon, au Reike, c’est assez rare. »

Elle rit un instant avant de continuer.

« Enfin, l’important c’est que vous vous déchargiez de vos autres éléments. Mettez à profit les moments de calme pour mettre votre élément principal de côté pour quelques jours, voire quelques semaines. De ce fait, votre corps et votre esprit saura que vous essayez à un nouvel élément sans qu’ils ne soient parasités par la lave. »

Demander à un élémentaire de se séparer de son élément était sans doute l’une des pires suggestions à lui proposer mais il était assez évident que Cyradil savait de quoi elle parlait. Si Kila était désireuse d’apprendre, il lui faudra alors mettre à profit toutes les méthodes (en restant dans le cadre de la loi bien sûr). Cyradil l’invita ensuite à s’allonger sur une table d’examen. Depuis le début de l’expérience, ces marques l’intriguaient et tout comme pour Qwellaana, son sens de l’altruisme faisait que la jeune blonde voulait se rendre utile. Elle sortit alors un pot confectionné par ses soins et dont le contenu était un onguent que la jeune liche avait développé avec sa propre magie de glace. Dans l’absolu, il était toujours considéré en développement mais le but ultime était d’avoir une sorte d’onguent portatif à la manière des potions de soin mais qui puissent durer dans le temps sans risquer de casser une fiole ou le besoin de faire une injection.

De plus, c’était surtout la dimension psychologique qui importait. En effet, l’application de celui-ci pouvait permettre d’associer au moins une sensation agréable à une blessure qui ne susciterait que des émotions négatives. Bien sûr, vu que cela était constitué de sa propre magie de glace, l’élémentaire ne risquerait pas d’apprécier le contact initial mais passé ce petit frisson, cela devrait aider à la détendre. Evidemment, tout cela se ferait avec l’accord de sa patiente, Cyradil ne voulant aucunement l’y forcer. Dans tous les cas, Cyradil lui proposerait une alternative.

« Ce n’est pas aussi puissant que des sorts de soins mais cela a le mérite de détendre. Ne vous en faites pas, je n’ai pas besoin que vous me racontiez. » Anticipa-t-elle. « Je peux vous donner la recette si vous le souhaiter. Peut-être que vous arriverez à l’améliorer ou à y infuser votre élément ? Ensuite vous n’aurez qu’à l’appliquer pour…je ne sais pas, les douleurs fantômes ? Puis c’est toujours bien d’avoir un souvenir agréable à associer à un évènement douloureux n’est-ce pas ? » Dit-elle en souriant. « Si vous souhaitez, je peux faire en sorte de garder votre dossier médical afin que vous puissiez m’avoir comme médecin traitant. Je veux dire, pour n’importe quel examen. Ca vous évitera sans doute d’en changer tout le temps ou de tout réexpliquer à chaque fois. Qu’en dites-vous ? » Finit-elle, d’un air innocent, voulant simplement bien faire.

Message 14

Cyrasil effacé les traces sur ma peau, dans une série de gestes doux, mais professionnels. Elle répondit en souriant, me remerciant et je me mis à sourire.

- Le sujet m'intéresse, ça aide à rester concentré. Et puis, il y'à eu la promesse d'un bonbon.

J'avais ri un instant, comme si le simple fait d'avoir un bonbon me motivait à aider dans ces tests. Cela n'était pas que par pur altruisme, je ne m'en étais pas caché. Au départ, je profitais de la curiosité pour pousser les connaissances sur ma race, pour apprendre mes possibilités. J'avais expos ce que je pensais faire pour le faire dans le bon sens. Elle m'expliqua sa façon de voir cet apprentissage, me rassurant ou non sur le temps qu'il fallait pour maîtriser un élément.

- Je comprends. Je ne sais pas si cela doit me rassurer. J'ai peur que la patience ne soit pas ma plus grande patience.

Nous avions abordé le sujet de la maîtrise de plusieurs éléments. Un sujet qui m'intéressait, cela faisait partie des questions que je voulais essayer d'étudier et que je voulais voir, repousser ma condition d'élémentaire. J'écoutais sagement, buvant presque les paroles de la mage sur les façons qu'elle utilisait pour apprivoiser les éléments. J'essayais d'imaginer quel serait l'élément le plus proche de ce que je maîtrisais déjà.

- Je comprends, commencer par un élément physique, facilement manipulable. Il faudra que je voie avec lequel j'ai de l'affinité. Étant d'un élément chaud, l'eau, la glace ne seront peut-être pas les plus simples. Il faudra peut-être que je joue avec des éléments non "naturels". J'essaierais avec d'autres éléments, mais peut-être qu'avec de la roche ombrale, de la lumithrite, de l'electrum où de la carbonite pourraient aider à maîtriser leurs éléments associés.

Je continuais de réfléchir ce qui pourrait être les prochaines étapes de ma vie. Une fait la lave maîtrisée. Puis le conseil de me séparer de mes autres éléments me fit rire.

- Je note, mais je pense que ce conseil, je vous serais l'adapter. Où peut-être que je devrais apprendre à abandonner mon corps. Mais je devrais peut-être trouver quelqu'un pour le surveiller. Éviter les surprises.

J'avais rigolé un instant imaginant la scène.

- Mais je comprends la logique. Il faudrait que j'apprenne à limiter le lien naturel avec mon élément, l'éloigner de la surface de ma vie en fait. Je vous remercie du conseil.

Cela ouvrait tellement de voies pour mon futur, est ce que cela m'ouvrirait d'autre pouvoirs. Tout cela m'excitait, me motiver à apprendre, me motiver à tout cherché pour faire avancer les choses, ma curiosité où même laisser une trace pour la postérité. Et puis comme si un autre sujet avait retenu son l'attention de la forgeronne. Ce sujet qui m'avait mise mal à l'aise. Elle m'invita à m'allonger sur la table pour découvrir ce que j'avais voulu dissimuler. J'avais préféré dévoiler ma poitrine que c'est marques qui parcouraient mon dos. Je relevais à nouveau mon vêtement, exposant ce bout de peau que je ne montrais jamais.

Je dissimulais mon visage dans mes bras croisés sur la table médicale. J'essayais d'écouter ce qu'elle préparée sans lui montrer mon visage. Puis, les premières sensations me firent frissonner, parcoururent par une série de vague de froid. Au départ, presque désagréable par cette origine de glace. J'avais posé mes dents sur mon bras et rapidement, je puis me concentrer sur le reste. Sur mes muscles qui se détendaient au passage du baume.

Cyradil reprit la parole, me disant que je n'avais pas besoin de lui raconter. Me proposa des choses plus ou moins étonnantes la recette du baume. Jusqu'à devenir mon médecin traitant. Au départ, j'avais gardé le silence.

- Après, il n'y a pas grand-chose à dire. J'ai joué avec le doute. J'ai payé. Ce n'est qu'un rappel.

Évidemment, ce n'était pas faux, mais je durcissais le trait. Essayant de montrer un côté plus dur de ce que j'étais.

- C'est surtout le montrer à quelqu'un qui pourrait me juger. Vous êtes l'esprit, une femme brillante qui n'a pas eu besoin de ce genre de mensonge. Et c'est ça, qui est plus dur.

Je ne tournais pas la tête, laissant ma tête dans mes bras, faisant résonner ma voix. Puis je posais ma joue sur mon bras.

- Je veux bien la recette. Le froid doit être agréable, pour quelqu'un qui ne le craint pas. Je ne vais pas vous prendre votre temps pour ça. Votre rôle n'est pas de suivre une FMR pour un rhume élémentaire et j'ai déjà l'impression d'abuser de cette ressource.

J'hésitais encore un instant, mais un sourire revint finalement sur mon visage.

- Au moins, ça a le mérite d'éloigner les prétendant qui ne pense qu'à leur image. Vous devez savoir ce que c'est : les vautours qui veulent juste une place bien vu sans trop d'effort.

Les conseils de Cyradil étaient toujours avisés. Jadis, nombre de ses élèves avaient trouvé en cette femme de nouvelles façons d’enseigner et des méthodes qui leur permettaient de mieux appréhender la magie. Si cette dernière interagissait différemment en fonction de la personne et de la race, il n’en demeurait pas moins qu’il y avait là quelques généralités qui, par expérience, avaient toujours bien fonctionné quand on ne savait pas par où commencer.

« La patience vient avec la pratique, ne vous en faites pas. A mes débuts, j’étais tout aussi enthousiaste d’apprendre tout, tout de suite. Mais avec le temps, on s’assagit et on se rend compte qu’il est inutile de se presser plus que de raison. Quand vous passerez à ma forge, je vous fournirai les minerais dont vous avez besoin. Les intrications magiques qu’ils contiennent vous aideront effectivement à mieux comprendre comment maitriser les éléments qu’ils contiennent. Quant à la projection astrale, il faudrait effectivement faire cela en lieu sûr sans quoi vous risquerez de ne plus jamais retourner dans votre corps si celui-ci s’en retrouve endommagé. C’est le cas de tous les pouvoirs qui projettent votre esprit dans d’autres plans. C’est puissant mais une mauvaise utilisation peut les rendre très dangereux. »

En ce qui concernait ses marques qu’elle était en train de parcourir avec délicatesse, Cyradil n’avait pas tellement d’opinion là-dessus. Elle savait pourquoi elles étaient là même si la forgeronne avait trouvé que la punition avait été excessive puisque doublée d’une humiliation. Était-on vraiment obligé d’en arriver à de telles extrémités ? La liche n’en était pas très sûre. En tout cas, elle avait surtout compris que Kilaea n’avait jamais vraiment eu l’opportunité d’exprimer sa féminité et qu’elle avait toujours du la brider en raison de son ancienne fonction. La jeune blonde espérait alors que son interlocutrice puisse le faire désormais sans craindre ses démons du passé.

« Cela ne me dérange pas, vous savez. L’une des conditions qui font que j’ai accepté ce poste est que je puisse conserver mes anciennes fonctions. Autrement, j’aurais refusé catégoriquement de me dédier uniquement à un ministère dédié à la magie. »

Cyradil rigola ensuite à la remarque de Kila. Oui, elle ne le savait que trop bien, surtout durant sa jeunesse. Fille d’une bonne famille, jolie et pleine de talents. Qui ne rêverait pas d’avoir une telle épouse pour porter ses enfants ? Pourtant, la forgeronne ne s’y était jamais résolue. A l’époque, il n’y avait que l’étude des arcanes qui l’intéressait.

« Ne m’en parlez pas, j’en suis encore parfois victimes. Et n’imaginez pas que certains renonceront pour si peu. Même avec vos marques, il y en a qui voudront quand même vous faire des avances. Je veux dire, je ne compte plus le nombre de tatouages encrés sur mon corps, sans compter que certains me prennent pour une aveugle mais il n’en demeure pas moins que certains sont très insistants ! »

Finissant son massage, elle aida la jeune femme à se relever délicatement puis lui indiqua qu’elle pouvait se rhabiller. En observant son corps, la forgeronne se fit une petite réflexion, ayant une idée pour aider davantage l’élémentaire dans sa quête de pouvoir en lui offrant un certain confort.

« Dites, cela vous dirait que je vous confectionne une légère armure capable de résister à vos flammes ? Avec de la Justice Solide par exemple. Je doute que ça puisse résister à une assimilation élémentaire de haut niveau mais je me dis que ce serait bien d’avoir quelque chose de suffisamment solide pour ne pas finir la poitrine à l’air à chaque fois que vous utilisez votre pouvoir un peu trop intensément. » Finit-elle en souriant d’un air un peu moqueur.

Message 15

Cyradil était compréhensible, me proposant de me fournir les minéraux pour mes expériences. Elle me prit au sérieux sur la projection astrale. Je frissonnais un instant en imaginant ce pouvoir.

- Je ne sais pas si je serais très à l'aise avec ce genre de pouvoir. L'idée d'être complètement à la merci du monde. Je vais rester sur les éléments, je pense que ce sera plus sûr pour moi.

Je laissais la blonde parcoururent mes cicatrices, appréciant la sensation. Enfin, une fois que j'avais réussi à passer au-dessus de ce froid. Il fallait vraiment que j'adapte la recette pour ne plus avoir cette sensation désagréable, enfin pour moi. Je fermais les yeux pour me concentrer sur la partie agréable. Cyradil me confiait que cela ne la dérange pas de devenir mon médecin. Cela pouvait peut-être aussi aider nos recherches en même temps que cela pouvait me rassurer.

- D'accord, je veux bien. J'essaierais de ne pas abuser de votre temps.

Le rire de Cyradil m'aide à me détendre un peu plus. Cela traduisait qu'elle connaissait ce genre de situation. Je ne pus retenir mon rire.

- Ils doivent penser qu'ils pourraient vous manipuler aussi facilement que vous guidez. Mais cela prouve d'entrée de jeu qu'ils ne sont même pas intéressés à vous une seconde.

Un sourire malin s'afficha sur mes lèvres.

- J'ai une arme secrète que vous ne sembliez pas avoir.

J'avais baissé la voix, comme pour avoué un secret.

- J'ai très mauvais caractère.

Je m'étais mis à rire sur cette semi-blague. Le peu de prétendant que mes parents avaient trouvé s'était enfui devant mon caractère explosif. Je ne m'en plaignais pas pour le moment. La pause bien être se terminait, et la forgeronne m'aida à me redresser. J'enfilai à nouveau lentement mon vêtement. Le regard perdu dans le vide, me perdant dans mes pensées. Le tissu recouvrit rapidement ma peau et mes cicatrices. Est-ce que ce caractère n'était pas un défaut plus grand que je ne pensais ?

La voix de la blonde me ramena à la réalité. La proposition qu'elle me fit ravira ma réflexion. C'est vrai que l'utilisation de mes pouvoirs mettait à mal mes protections. La confection d'une armure spéciale serait peut-être à réfléchir sérieusement. De la justice solide ? Ce minerai qui avait la même origine que ma magie, mais qui était aussi accompagné d'une rumeur étrange. Je me retournais pour faire face à Cyradil

- Hmm. Il est vrai que je dois renouveler mon armure régulièrement, quand je dois utiliser trop mes pouvoirs. J'arrive à la faire ignifuger, mais elle vieillit plus vite que la normale. Les vêtements, c'est une autre histoire. J'évite de m'énerver de trop. Mais ma famille n'a pas ce genre de soucis.

Je m'étais arrêté repensant au minerai proposé. Est-ce qu'il m'accepterait ?

- Pour le choix des matériaux. J'ai peur que mon mauvais caractère cause des interférences avec ce matériel ou que je n'en soit tout simplement digne. Mais j'y réfléchirais.

Dans mon esprit, il fallait être irréprochable pour porter cette matière. Ou alors il re agissait sur les remords. Ce que je traînais trop derrière moi.

Dans ce moment d'intimité et de légèreté, Cyradil avait réussi à faire en sorte que Kila s'ouvre un peu plus à elle. La forgeronne était à peu près sûre en arrivant ici que la personnalité de l'ancienne soldate s'étendait au-delà de ce que disait les rapports et qu'elle préférait établir un contact humain avant de juger la personne en face. Au fur et à mesure de leurs entrevues, les deux femmes finiront par se connaître davantage et Cyradil était certaine que Kila serait une alliée fiable à l'avenir. La majorité des gens, peu importe leur race savaient, un tant soit peu exprimer une forme de reconnaissance et la liche, même si elle ne s'attendait rien en retour, savait que ses petites attentions finiront par payer un jour. Si elle était gênée que les gens lui soient redevables, la magicienne était heureuse de reconnaître que cela avait du bon d'avoir des gens sur qui compter.

“Oui. Je crois que les gens confondent gentillesse avec naïveté. J'essaie au mieux de satisfaire le plus grand nombre mais j'abhorre ceux qui trahissent ma confiance. À ceux-là, je n'accorde généralement aucune clémence.”

Bien sûr, certains cas pouvaient être défendus si réalisés sous ma contrainte ou la coercition mais globalement, la liche était intransigeante avec les hypocrites et ceux qui n'honoraient pas leur parole. Beaucoup en avaient fait les frais dans le passé jusqu'à très récemment même où certaines de ces pourritures ont payé de leur vie pour s'être égarés de la promesse qu'ils avaient faite de défendre les plus démunis. Dans l'idée, son interlocutrice semblait visiblement du même avis à la différence que son capital patience devait être bien plus mince que celui de la liche.

“Je sais, Kila. C'est pour cela qu'il faut que je garde un oeil sur vous. Autrement, vous pourriez refaire des bêtises.” Dit-elle en plaisantant.

L'élémentaire l'avait dit elle-même. Son tempérament était de nature explosive. Au moins, en la gardant près d'elle, Cyradil pourrait à minima tempérer ses humeurs au fil de leurs rencontres, que ce soit en distrayant son esprit sur des considérations magiques ou en lui offrant des sessions de bien-être comme elle venait de la faire par exemple. En tout cas, Kila pouvait faire preuve d'humour et derrière cette couche d'obsidienne, il se cachait sans doute un grand cœur.

"Nous irons progressivement. La prochaine fois, nous ferons d'autres tests sur d'autres performances. Il faudra que j'analyse votre esprit pour tenter de comprendre comment se manifeste votre pouvoir. Sur le plan physique, je crois que j'aurais juste besoin de quelques données anatomiques et biométriques. Dans un cadre plus large, les recherches que nous faisons aideront à compléter les différents livres renseignant sur l'étude des races qui foulent le Sekai.”

Une étude plus ou moins complète du corps de la jeune élémentaire. Pour certains paramètres, ce ne sera pas possible puisqu'il lui faudrait un cadavre pour une étude approfondie des organes et à priori, Cyradil n'était pas prête à commettre un meurtre pour faire avancer la science dans le Reike. Les arguments de l'ancienne soldate la firent sourire lorsqu'elle évoqua la justice solide. L'on constatait qu'une partie du passé de l'élémentaire la hantait sans doute toujours un petit peu, même inconsciemment. Pour Cyradil qui pratiquait le métier de la forge depuis si longtemps, elle était quasiment sûre qu'il n'aurait pas de problème. Elle s'approcha doucement de Kila et approcha son index de la poitrine de l'élémentaire, appuyant au centre de celle-ci, légèrement vers la gauche.

"C'est ce qu'il y a ici qui compte, Kila. Votre caractère ne change en rien ce qu'il y a ici. C'est ça que la justice solide juge.”

Elle marqua une pause avant de continuer :

“Et puis, ne vous inquiétez pas, à mes côtés, vous apprendrez à vous énerver moins vite. Je suis plutôt douée pour calmer les enfants récalcitrants” lança-t-elle en plaisantant
“Mais plus sérieusement, lorsque que vous passerez à ma forge, je ferais en sorte que je prenne vos mesures à même le corps. De cette manière, vous aurez une pièce d'armure où vous serez sûre de vous y sentir confortable, ça vous va? Et pour la justice solide, quoi de mieux que d'embarquer une élémentaire de magma pour en trouver?”

Oui, c'était sans doute mieux ainsi. Cyradil n'avait aucune envie qu'un de ces forgerons se retrouve incinéré parce que ses mains s'étaient égarés sur des sentiers interdits.