Ma cavalière n'eut pas l'air d'être réticente à l'idée de se laisser embarquer sur la piste tout en démontrant ses aptitudes qui n'avaient rien d'une novice. C'était notre première danse ensemble et certainement pas la dernière, vu comment nous y avions pris plaisir toutes les deux, ayant la confirmation de la liche quand la musique prit fin. Je ne m'attendais pas par contre à ce qu'elle me fasse cette déclaration, comme quoi ce que nous venions de vivre, dépassé de loin certains de ses périples par ce que cela représentait pour elle.

Je fus incapable de dire quoi que ce soit, mon coeur se serrant autant que je désirais le faire avec mes bras et mes ailes pour l'envelopper tout entière.Mais je ne pus m'y résoudre. Pas avec tous ces regards tournés vers nous, qui ne pouvaient comprendre combien nous chérissons toutes les deux ce qui pouvait paraitre anodin aux communs des habitants du sekai. Un trésor que nous seules étions capables voir sa véritable valeur et ce qu'il renfermait en son fond intérieur.

Nous avions pris le chemin de la tente, une fois que la liche fit preuve d'une grande générosité envers le tenancier de la taverne, n'ayant jamais douté qu'elle le soit. Une fois sous la toile nous séparait de l'extérieur, je m'étais dirigée vers mon lit,ne voulant lui imposer ma présence dans le sien. Quand elle me fit signe de ramener mes ailes auprès d'elle, je ne refusais évidemment pas, convaincue que cela me viendrait naturellement plus tard de la rejoindre dans sa couche, sans avoir peur de la déranger.

Cette fin de soirée fut très calme, la parole se faisant remplacer par des étreintes peau contre peau,d'une douceur incomparable. Ils m'entrainèrent au fil des minutes vers le monde des songes, après avoir semé de petits bisous sur le cou de la liche qui se logea parmi mes plumes. Ce fus ses lèvres fraiches qui me réveillèrent, souriant par leur contact, par ce que ma vue m'offrait aux premières lueurs du matin. Une beauté aux multiples charmes, aux contours et formes qui me donnèrent envie d'épouser avec les miennes. Ce que je fis, sous prétexte que j'émergeais alors qu'à l'accoutumer, je n'aimais trainer au lit.

Après avoir câliné ma moitié sans trop tarder non plus, nous nous sommes préparées, débutant le voyage par des aurevoirs aux habitants que nous étions parvenus à redonner le sourire, l'espoir que plus jamais, ils ne se seraient seuls ou oubliés. C'était pour lire ce bonheur que je m'étais toujours autant investi, désirant maintenant celui d'une personne en particulier,plus que tout le reste. Nous avions accompli le trajet sans encombre,revêtant mon rôle de Shekhikh, jusqu'à ce que nous arrivions à Ikusa.


Je suivis Cyradil qui m'amena à son domaine, n'osant la couper dans son élan, son esprit déjà bien occupé avec tout ce que comportait le convoi qui lui avait demandé une grande attention, que ce soit pour l'organisation que pour le reste. Je préférais attendre le bon moment, quand nous nous retrouverions que toutes les deux pour la prévenir que je devais retourner chez moi. Nous venions tout juste d'entrer dans la grande bâtisse que le personnel était là pour récupérer et ranger les affaires. Je regardais ce petit monde se disperser en emportant tout, observant cette scène que je n'avais pas l'habitude de voir en silence.

Comme cette légère révérence que nous adressa Martha en venant à notre rencontre, portant comme à chaque fois que je l'avais aperçue, cette tenue de soubrette impeccable, les cheveux attachés par deux couettes lui donnant un air presque innocent. Ce qui contrasté complétement avec l'expression de ses orbes bleutés qui vinrent s'ancrer avec assurance dans mes dioptases qui eux eurent du mal à les soutenir tant ce contact visuel était franc et pas seulement.

J'avais redouté de les apercevoir avant même d'arriver à la capitale, par crainte qu'elle soupçonne qu'entre celle qu'elle avait vu grandir et moi, il n'était plus question d'amitié si l'on pouvait appeler notre relation précédente comme telle.À cause de ma timidité, mais aussi d'être jugée par quelqu'un d'aussi proche de ma bien-aimée et de la décevoir. Moi qui pensais avoir une petite chance d'éviter Martha au moins au début, je dus me rendre à l'évidence qu'il n'était pas possible d'échapper à l'élémentaire. Pas sur son territoire du moins. Peut-être en passant par la fenêtre directement et encore.

Je tins bon quand même, me sentant soulagée quand elle reporta son attention vers Cyradil, pensant être passée entre les mailles du filet pour cette fois-ci. J'étais en train de remettre une mèche rebelle derrière mon oreille quand Martha posa une question qui allait par le silence qui suivit, dévoiler le vrai lien qui nous unissait avec la porteuse du bandeau sans qu'aucun mot n'eut besoin d'être prononcé. Avait-elle deviné ce qui s'était tissé de façon invisible avec Cyradil ? Vraisemblablement oui.

Mes joues se colorèrent et instinctivement, aux paroles suivantes de Martha,je reportais mon regard vers la liche pour ensuite le poser vers mes mains plus bas qui s'étaient joint par la géne.L'élémentaire s'en saisit d'une doucement et je relevais mon visage pour scruter le sien, m'attendant à diverses remontrances ou mises en garde. Ce fut tout le contraire, trouvant sa demande tout à fait touchante,montrant une nouvelle fois à quel point elle tenait à la liche et voulait son bien, tout comme moi. J'étais sur le point de répondre quand ce clin d'oeil et ce qu'il signifiait finit par désarmer totalement,confuse:

-Je.........je vous le promets.Mais elle était déjà partie, ma dextre toujours suspendue dans le vide quand je finis par dire, un convoi en retard:- Merci...

Quelques secondes de flottement plus tard, je posais mes mains sur mon visage en secouant ma tête de gauche a droite,me tournant après m'être ressaisi vers Cyradil qui à son tour me fixa. Elle comprendrait rapidement que j'avais ressenti une certaine pression et que je n'étais pas très à l'aise de discuter,d'exposer ces sentiments que j'avais pour elle devant d'autres. Parce qu'ils venaient d'éclore et que j'avais encore un peu de mal à le réaliser,ma timidité ne m'aidant pas non plus.

-C'est vrai, elle est effrayante...Je posais mes doigts sur mes lèvres en me rendant compte que j'avais réfléchi à voix haute, riant doucement :-Ne lui dit surtout pas. J'écoutais la forgeronne aimant par quoi elle avait fini, me rapprochant d'elle,retrouvant mon calme :-J'en dis que cela me ferait énormément plaisir. Je passais mes bras autour sa taille, maintenant que nous étions seules:-Profitons avant que nos responsabilités nous appellent ailleurs. Je caressais sa joue, la contemplant en laissant transparaitre dans mes dioptases ce que je ressentais pour elle puis je déposais un baiser sur son autre joue, lui faisant face:

-Je dois juste m'assurer avant, que tout soit en ordre et que durant mon absence, il n'y ait pas eu de complication pour certains patients que je dois suivre de près. Je l'enserrais tendrement dans mes bras en fermant les yeux, le rouvrant en me reculant légèrement-Il me tarde de te retrouver Cyradil. Je rapprochais sa main froide pour poser mes lèvres sur le dos de celle-ci, lui adressant un dernier sourire en disant:-A très bientot mon petit flocon de neige.

Je ne parvins pas à lui transmettre avec d'autres mots ce que je ressentais pour elle, souhaitant prendre le temps de les voir grandir, s'épanouir, de m'enivrer de leur parfum unique. On ne sentait pas une fleur avant qu'elle n'ait éclos,révélant la couleur de ses pétales et son coeur tout entier. Je ne voulais pas d'une relation passionnelle qui avait tendance à précipiter toutes ces étapes pourtant nécessaires dans ce jardin que je désirais cultiver à notre propre rythme avec Cyradil. L'attente et l'écoute étaient les meilleures amies du jardinier,de l'amour qui naissait.Je ne désirais pas y faire pousser des centaines de roses éphémères mais bien une seule.Immortelle.

Je détachais ma main de la sienne en ressentant un petit pincement à l'intérieur de moi, me tournant avant qu'elle s'aperçoit qu'une larme coulait sur mon visage. Je m'empressais de rejoindre l'extérieur, déployant mes ailes pour retrouver le ciel et ces horizons, que je ne regarderais plus seule désormais. Si nous voguions tous vers un avenir incertain, il y avait bien une chose dont j'étais sure à présent. Je me sentais heureuse.