Combattre une tripotée de Géomi, voilà qui n’était pas spécialement originale. Mais, existait-il vraiment d’autres monstres dans la Jungle du Sang ? Certainement, oui. D’ailleurs, le Cerberus se rapprochait dangereusement, le claquement de ses griffes acérées clapotant contre la pierre du sol résonnèrent de plus en plus fort, du tunnel d’où il provint.

Les prunelles écarlates traversant les ténèbres de son voile vinrent s’ancrer sur l’imposant Drakyn, voyant ses orbites s’enflammer sur demande. Intéressant. Kieran était donc, en plus d’être un excellent combattant, un puissant manipulateur de la magie du feu. Le puissant souffle du Drakyn, même s’il était dirigé à l’opposé du Vent, ne manqua pas de propulser une forte vague de chaleur vers lui, ce dernier menant ses bras devant son visage, pour se protéger de la chaleur.

Comme il s’en était douté, Kieran, de son souffle incandescent, ne fit qu’une bouchée de bon nombre de Géomi. Petites, oui, mais bien plus grande que les simples tégénaires habitant dans les demeures reikoises ou républicaines. Enfin, le Drakyn aux écailles reflétant l’océan chargea, puis balaya tous les insectes se trouvant sur son chemin. Il était un guerrier puissant et, sa présence ici ne pouvait qu’être bénéfique, aussi bien pour Orion, que pour l’Ordre des Ombres.

La jeune étudiante en magie noire, elle, usa de ses capacités de corruption pour lancer une violente attaque mentale sur la plus grande des Géomis. Elle ne fit pas mouche, pulvérisant la créature, la faisant souffrir jusqu’à son dernier souffle. Le Vent, en voyant une femme si fine et paraissant si noble, ne s’attendait pas à voir tant de cruauté dans ses actions. Bon, c’était certes, des petites saloperies que personne n’aimât, mais quand même. Toutefois, il ne put s’empêcher de laisser un sourire décorer son visage dissimulé sous ce masque d’acier.

Orion laissa ses prunelles observer l’étudiante, brièvement, avant de laisser ses ombres caresser le sol de la grotte. Trois, elles étaient trois. Chacune se dirigèrent vers les plus grandes Géomis restantes, Kieran et Isolde en ayant déjà exterminé la majorité. Les ombres de l’assassin s’élevèrent dans l’obscurité, dessinant la silhouette de l’invocateur. Elles sautèrent, juste au-dessus des Géomis, ne leur laissant pas même le temps de réagir.

Une.

Deux.

Trois.

Trois têtes décapitées roulèrent au pied d’Orion, qui avait agi rapidement, ne laissant même pas le temps à ses coéquipiers de le voir bouger, alors qu’en vérité, il s’était téléporté sur ses ombres, puis, il avait tranché les araignées.

L’approche du chien se faisait ressentir, à tel point qu’il fût déjà présent dans la caverne. Doucement, d’un saut presque imperceptible et, non brusque, de manière à ne pas affoler la bête, Orion s’approcha de ses comparses. Il écoutait attentivement les conseils d’Isolde, ainsi que ses indications quant à la nature de la créature leur faisant face.

« Restez en retrait Isolde. Reprenez vos forces. » Fit-il, laissant une de ses ombres glisser derrière Isolde, puis se matérialiser dans la silhouette du Vent. « Si jamais la créature tente de s’en prendre à vous, je serai capable de me téléporter vers vous pour vous protéger. N’ayez crainte, Allez-y. Je ne permettrai pas que vous ou Kieran perdiez la vie durant cette mission. Elle est dangereuse, mais je ne compte pas avoir la mort d’une étudiante sur la conscience. » Ajouta-t-il, se rapprochant désormais discrètement de Kieran, qui venait tout juste d’arriver.

« Kieran, vous vous sentez d’attaque ? D’après les indications de votre amie, le Cerberus serait sensible à votre magie du feu. J’espère que vous avez encore cet impressionnant souffle en réserve, histoire de nous faciliter la chasse. » Avoua-t-il, un léger sourire dissimulé sous ce voile d’acier. « Nous pouvons la tuer. Le Régiment des Animaux Fantastiques ne m’en voudra pas, j’en suis certain. Simplement, essayez de ne pas vous blesser. Je vais essayer de trancher l’une de ses têtes, occupez-vous d’une seconde. Il faut que nous la tenions suffisamment de temps pour qu’Isolde puisse finir le travail avec une attaque mentale. » Continua-t-il, sincèrement.

Les lames rétractables du maître-espion sortir de ses gantelets d’acier, dans un sifflement indiquant le début d’une bataille acharnée. Ce dernier alerta d’ailleurs le Cerberus sur les intentions du groupe, qui, sans plus attendre, chargea à pleine vitesse sur le Vent, qui sauta de quelques pas sur le côté, afin de laisser l’opportunité à Kieran de canaliser sa magie.

Les prunelles écarlates de l’assassin ne quittèrent pas une seule seconde sa cible, qui, dangereusement, se rapprochait de lui. Patiemment, il attendit qu’elle ne fût qu’à un mètre, avant de se servir de ses jambes pour se propulser vers l’avant, surplombant le chien à trois têtes. Il tournoyait sur lui-même, laissant ses lames sorties de chacune de ses extrémités, tailladant le dos de la créature, lui arrachant un cri de douleur atroce.

Le pelage grisâtre du Cerberus se frotta sur le sol, ce dernier chutant lamentablement. Mais, il ne lui fallut que quelques secondes avant de se relever. L’un des trois têtes, celle le plus à droite, fixa de ses prunelles orangées l’assassin, puis, cracha un projectile. Une esquive, puis il se mit à se ruer sur la créature, qui continua.

Arrivant à proximité, Orion bondit dans les airs, esquivant de nouveau un projectile, bien plus incandescent que le dernier, puis s’abattit sur la tête de sa cible, la tranchant, projetant des effluves de sang sur son masque d’acier. Seulement, ce n’était qu’une tête sur trois et, alors qu’il se relevât, il fut surpris par la tête du milieu, qui s’avança brusquement vers lui, saisissant de sa puissante mâchoire, son bras droit. Protégé par son gantelet d’acier, le dessus du bras ne risquait rien. Seulement, le dessous lui, n’était absolument pas protégé.

Les crocs de la vile créature pénétrèrent la chair du guerrier, trouant l’une de ses veines, faisant couler le sang. Un long hurlement déformé s’échappa dans les lèvres d’Orion, qui se retrouva projeté par la puissante créature, à quelques mètres de sa position, un trou dans le bras. Une blessure loin d’être superficielle qui l’handicaperait certainement par la suite.

Ne sachant pas si Isolde était prête, le Vent, voyant la créature courir de nouveau sur lui, se téléporta vers une ombre plus tôt créée à proximité de Kieran, qui lui, était prêt à en découdre. Maintenant, c’était à Kieran de jouer, et d’essayer de limiter les dégâts sur Orion, qui avait déjà tranché l’une des affreuses têtes de la créature.

De ses prunelles écarlates, le Vent du Reike observait attentivement le colosse bleu, qui, une nouvelle fois, montrait ses prouesses martiales. Il ne lui laissait littéralement aucune chance, brûlant le Cerberus à l’aide de ses propres flammes. Orion se demandait même où Kieran avait été formé, tant son aptitude au combat était surprenante. Mais, dans de nombreux cas, la question ne se posait pas, même pour un espion de l’envergure d’Orion. Il n’avait pas à le savoir, tant qu’il faisait du bon travail.
Et du bon travail, ça il en faisait, il n’y avait aucun doute là-dessus. Le pauvre chien à trois têtes, deux après le passage d’Orion, se fit transpercer l’une de ses têtes restantes par la puissance du Drakyn. Même si celui-ci fut éjecté par la suite, il avait fait un excellent travail et cela, l’assassin lui faisait savoir une fois sorti de cette caverne miteuse. Mais pour le moment, la créature n’était pas encore à terre. Plus qu’une tête.

Vint ensuite le tour d’Isolde et, si Kieran et Orion étaient des guerriers sanguinaires, elle se rapprochait plus de la psychopathe avide de souffrances. Là où le Drakyn et le Vent s’étaient battus pour finalement lui trancher une tête sans que le Cerberus se tordît dans la souffrance, l’étudiante elle, s’était acharnée sur lui avec sa puissance psychique. La pauvre créature se tordait dans la souffrance, ce n’était plus des hurlements, mais des aboiements, une prière pour se faire abattre.
L’assassin mirait attentivement Isolde, son visage, le plaisir qu’elle prît à infliger de telles souffrances et, si certains pouvaient trouver cela horrible, ce n’était pas le cas d’Orion. Il n’était pas le dernier à devoir faire souffrir pour obtenir des résultats et, en plus, la cause des animaux fantastiques, il n’en avait rien à foutre. Il était à la fois impressionnant et terrifiant de voir le regard de la belle, ses prunelles émeraudes semblant assassiner la créature de leur simple éclat.
Mais, si ce n’était qu’ici que la soif de souffrance d’Isolde s’arrêtait. Bien sûr que non. À peine la créature à terre, souffrante d’avoir vu sa psyché se désintégrer sous la puissance d’Isolde, cette dernière prit la peine de l’achever de ses mains. De nouveau, une déferlante de violence, couvrant la belle de ce sang.

Se tenant le bras, qui était en train de se régénérer grâce au pouvoir d’Orion, ce dernier s’avança vers la créature morte et l’étudiante. Il restait silencieux pendant quelques secondes, observant le cadavre du Cerberus, le visage d’Isolde et celui de Kieran. Sous son masque, il restait froid, imperturbable.
« Je compte sur vous et votre discrétion pour que jamais la Paume de l’Empereur ne l’apprenne. Ce serait, je le pense, un véritable désastre. » Déclara-t-il, sa voix déformée résonna dans la grandeur de cette caverne, désormais sans vie monstrueuse.
« Vous avez tous deux fait de l’excellent travail. Je tiens à vous féliciter et, à vrai dire, je suis même surpris par vos capacités, vous m’impressionnez. Kieran, votre puissance naturelle est extraordinaire. Isolde, vos pouvoirs psychiques sont extrêmement puissants. » Continua Orion, coupant court à la discussion.

Il était temps de partir d’ici et, de continuer cette aventure, cette traque à la sorcière. Même légèrement blessé, Orion ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin. Et puis, il est avec deux personnes possédant des capacités qui le dépassait à n’en point douter, alors pourquoi faire demi-tour maintenant ? Ainsi, les aventuriers reprirent leur marche dans cette grotte et, après quelques minutes, arrivèrent enfin à la sortie.
« Pour tout vous dire, je ne le sais pas encore. Je pense que nous sommes à une heure de marche du village, peut-être deux, mais pas plus. » Répondit l’assassin, mirant Isolde de ses prunelles écarlates.

Puis, il sortit de la grotte, prenant les devants. Il leva la tête vers le ciel, puis constata des conditions météorologiques qui, malheureusement, ne semblait pas arrangeante. Proche du Lac Rebirth, la chaleur mélangée à l’humidité montrait un ciel noir. L’orage menaçait de frapper à tout instant. C’était ainsi, en s’avançant de quelques pas, qu’Orion se retourna pour capter l’attention de ses deux comparses.
« Un orage. Nous ferions mieux de nous dépêcher. On avance encore une petite heure puis, nous trouverons un abri pour laisser la tempête passer et, idéalement, la nuit. Venez. » Indiqua Orion, tout en se remettant en marche. Le pas pressant.

Ils n’eurent le temps de marcher qu’une heure, avant que les premières gouttes commençassent à tomber du ciel. Fort heureusement, il y avait de quoi s’abriter, sous une petite grotte ouverte, formée dans la roche. Tous s’avancèrent pour s’abriter, puis l’attention du Vent se tourna sur le Drakyn. Un léger sourire dissimulé sous le voile d’acier, le Vent prit la parole.
« Kieran ! Pouvez-vous nous faire du feu, s’il vous plaît ? Ça nous permettra de rester au chaud, mais aussi d’éloigner les monstres les plus dangereux. Je ne sais pas vraiment ce qui rôde ici la nuit, alors mieux faut-il y faire attention. » Demanda l’assassin, dissimulant un bref sourire.

En réalité, ce qui l’inquiétait le plus, était le fait d’être sur le territoire du Consul. Si les ses informations sur lui étaient vraies, il était un véritable chasseur, aussi bien pour la survie de son peuple que pour son bien personnel. Des… Trophées. Voilà ce que représentait le groupe d’aventuriers à ses yeux. Mais, Orion ne permettrait pas qu’Isolde ou Kieran ne sortissent blessés de cette aventure. Même s’ils étaient tous deux au courant des risques, il ne se le pardonnerait pas.
Enfin, l’heure n’était pas à penser à l’avenir, mais plutôt à assurer la sécurité de ses partenaires. Ainsi, le feu désormais en marche, tous s’installèrent autour de ce-dernier. Bien entendu, les derniers rayons du soleil parvenant à se frayer un chemin entre les nuages commencèrent à disparaître, laissant place à la nuit, à l’ombre éternelle.

« Profitez de la nuit pour vous reposer, je vais m’assurer de la sécurité du campement. Je ne serai pas vers vous alors, si jamais il vous arrive quelque chose, un détail m’ayant échappé, n’hésitez pas à hurler pour me le faire savoir. » Fit-il, tout en se relevant.
De sa silhouette s’échappa une ombre, qui vint se poster proche des deux étudiants, au cas où la nécessité de la téléportation se faisait savoir.

Quelques heures plus tard, alors que les étudiants devaient être en train de dormir, Orion était poster au-dessus de la grotte. Il observait, de ses prunelles écarlates, le ciel orageux, les magnifiques éclairs fendant le ciel. Bien entendu, pour éviter de suffoquer, il avait dispersé son masque dans un nuage d’ombre, laissant les traits de son visage à découvert.
Seulement, son ouïe surhumaine lui indiquait une activité étrange et, certainement animalière. De ce fait, Orion n’y prêta pas plus attention. Mais ça, c’était avant d’entendre le sifflement de l’acier fendant les airs à pleine vitesse. Par réflexe, le Vent fit un bond en arrière, usant de ses mains pour se propulser. Dans la seconde qui suivit, une lance se planta devant lui.
Il n’eut pas le temps de le réaliser, qu’un impressionnante silhouette fondit sur lui, à pleine vitesse. L’assassin essayait de se débattre, mais il n’était clairement pas en avantage, non seulement du terrain, mais en plus de la surprise. L’homme appuya sur la blessure d’Orion, puis sentit les formes des crocs du Cerberus.
« Alors, c’était vous. » Murmura-t-il.
Un violent coup de poing le fit trébucher, puis Orion tomba de son perchoir, de quelques mètres alors.
En pleine chute, il parvint à canaliser sa magie pour se téléporter proche de Kieran et Isolde, qui semblait encore être en train de dormir. Du moins, leurs yeux étaient fermés. Rapidement, il fit réapparaître son masque, puis se retourna, vers la seconde ouverture de la grotte.

La silhouette fit son apparition, les quelques flammes éclairant brièvement son visage. Simplement, Orion pouvait sans mal discerner un sourire mauvais sur le visage de son vis-à-vis.
« Je vais vous laisser en vie pour cette fois. Mais, qui que tu sois, ne t’avise pas de venir jusqu’à destination, sinon, vous périrez tous, de la plus horrible des façons. Vous savez, comme le Cerberus que vous avez tué dans d’horribles souffrances, dans cette caverne. » Pesta le mystérieux individu, à l’encontre des héros de cette histoire.
« Adieux. » Conclut-il, avant de disparaître dans les ténèbres de la nuit. Sa silhouette brièvement éclairée par un éclair, permettant à Orion de véritablement discerner un ennemi le surpassant en taille.
Pourquoi le chasseur avait-il laissé Orion en vie ? Simplement pour le traquer.
La Traque Sauvage commence.