Un camp pour deux -PV Ersa- Terminé

Un camp pour deux

Le drakyn la prévint que la morsure serait difficile à cause de ses écailles, elle lui sourit de toutes ses dents, hésitantes à renchérir ou a tester, mais préféra se retenir. Elle avait essayé de lui montrer un autre chemin que celui qui avait rendu sa vie si compliquée, ce chemin qui n’était que honte aujourd’hui.

- Il y a rien qui peut le changer, comme dit, je ne changerais pas ce que j’ai fait. Le plus dur était de l’accepter.

Elle avait eu les mots pour l’aider, pour une fois. Au moins, se sentait utile, elle espérait juste ne pas l’avoir poussé sur un autre chemin menant à la désillusion. Ersa avait eu peur de lui avoir soufflé le chaud et le froid, lui donnant un nouvel espoir, mais assombrissant l’ambiance. La rousse était même passée au-dessus de sa timidité, juste pour se poser contre lui pour appuyer ses propos. Cela s'était retourné contre elle, il passa un bras par-dessus son corps frêle par rapport à celui de l’homme et commença à lui frotter le dos. Ersa frissonna, se contracta. Elle ne savait pas comment réagir, l’idée de la morsure lui traversa l’esprit, mais la main qui voulait la réchauffer était trop loin, la seule partie accessible était le torse du Drakyn et là s’était sûr qu’elle aller lui laisser une dent. L’impression qu’il se moquait légèrement d’elle ne la quittait pas. C’est vrai que l’air, c’était rafraîchit depuis la tombée de la nuit, suffisamment pour qu’elle ait frais, mais pas suffisamment pour qu’elle cherche l’étreinte de quelqu’un. Il devait autant avoir l’habitude des interactions sociales qu’elle et ce n’était pas une bonne chose. Il lui donnait chaud, surtout au niveau des joues.

- Quand je suis dans l’autre forme, je n’ai… Avais jamais froid. Elle n’a jamais froid.

Elle retint son rire quand il prévint qu’elle l’avait cherché et qu’ils pourraient terrifiaient les autres ensembles, elle devait peut-être au moins éclaircir ce point. Elle traça une petite rune rapide sur la cape pour faire apparaître la sienne.

- Il ne fait pas si froid. Je voulais juste… Te… Réconforter… Mais je ne sais pas vraiment m’i prendre.

Elle avait détourné la tête, même si cela ne servait à rien, elle avait passé plus de la moitié de la discussion le visage aussi rouge que ses cheveux.

- On ira jouer les croques mitaines ensemble alors.

S’ils partaient en mission ensemble, elle espérait juste qu’elle n’aurait pas à se transformer où qu’il ne se passerait rien de regrettable pour lui. Une ombre passa rapidement dans son regard à cette éventualité. Le drakyn la sortie de sa mauvaise idée pour une proposition plutôt étonnante, ils ne se connaissaient pas depuis longtemps, elle lui avait annoncé son problème de contrôle et il était prêt à lui apporter son aide, quitte à se mettre en danger. Elle s’était un peu recroquevillée au fur et à mesure de sa phrase, ne remarquant pas l’arrivé de ce collègue trop bavard. Elle se contracta, prête à se relever d’un bond, mais une douleur dans les tempes la stoppa net, l’obligeant à se relâcher et à s’affaisser contre le drakyn, c’était comme si la louve ne voulait pas qu’elle se lève. Ersa posa ses doigts pour masser ses tempes. Il rigolait à plein poumon sous son regard d’incompréhension.

Il lui expliqua la raison de son hilarité et elle ouvrit la bouche pour répondre, mais rien ne sortit. Son sourire revint sur ses lèvres quand il la prévint qu’il ne ferait rien contre la rumeur qui allait se répandre. Était ce pour la taquiner, par envie, ou par pitié ?

- N’ayez crainte, il n’y a personne pour revendiquer votre nouvelle conquête.

Elle fit mine de réfléchir sérieusement, essayant de ne pas rougir plus.

- Par contre, je me demande jusqu’ou elle se répandra et dans quelle proportion. Il ne va pas dire qu’il nous a seulement vues l’un contre l’autre, si ? Si cela, peut t'arranger, je ne dirais rien et te laisserais le bruit courir.

Elle baissa la tête, la posant contre ses genoux pour dissimuler l’ombre triste qui s’installa sur son visage, s'il ne comptait pas nier cette rumeur, elle s’en moquait éperdument, cela faisait bien longtemps qu’elle ne prêtait plus attention à ce que les autres racontaient sur elle, mais elle devrait peut-être le prévenir sur certains sujets qu’il serait amenés à entendre.

Elle rassembla son courage et releva la tête pour plonger son regard émeraude qui brillait sous les étoiles dans la glace de celui du Drakyn. Son visage était sérieux, ne présentait plus aucune trace de rougeur. Elle pris un air sévère sur la première partie de sa phrase.

- Je te préviens, interdiction de m’interrompre. Tu risques d’entendre des choses pas très glorieuses. Que je me suis rapproché de toi, car je cherche la mort, que je n’ai pas le courage de le faire toute seule, que mon alcoolisme m’a conduite plus bas que terre.

Son sourire revint lentement.

- Enfin, ce genre de chose. Ça fait un moment que ce qu’ils peuvent dire me passe au-dessus. Cela fait peu de temps, mais j’ai l’espoir d’avoir abandonné mes démons derrière moi. De faire ce qu’il faut pour ne pas les revoir, enfin sauf elle.

Elle s’était redressée de sa dépression qui la dégouttait de la vie, de son alcoolisme qui la tenait au fond. De démon, il ne lui en restait qu’un, enfin une, sa louve qui la poussait toujours plus loin. Son sourire devint moqueur, est ce les problèmes qu'elle avaient abandonnés devrait assombrir cette soirée, enfin elle espérer que cela ne donnerait pas envie de fuir au Drakyn.

- Et puis si ça se trouve, c’est de toi qu’ils se moqueront pour t’être retrouvé avec une demi-portion.

Elle souffla, la louve se refaisait une place dans son ventre et son esprit lentement, ttranquillement. Comme si, elle aussi, voulait profiter de la soirée.

- En une soirée, il y a déjà la rumeur que nous sommes un couple, alors que nous n’avons pas pris ce fameux bain, j’espère au moins que tu n’as pas pris de l’avance en m’imaginant nue dans l’eau.

Elle ne s’était pas redressée et était toujours contre Arkanon, sa tête ne dépassait même pas son épaule. Elle se mit à rire, il y a quelques heures, ils ne se connaissaient même pas, et elle lui en avait plus raconté qu’as tout le monde ses deux dernières années. Elle attrapa son bras pour le placer sur ses épaules. Elle continuait de rire, et tourna la tête à l’opposé de celle du drakyn, déroulant sa nuque contre les muscles du guerrier. Son rire se stoppa et elle mordit l’intérieur du coude espérant que l’articulation soit moins écailleuse. Son rire reprit quelques instants avant qu’elle ne se replace contre son collègue.

- Ça c'est pour le câlin et le reste. Ça serait peut-être débile, mais je pourrais t’en vouloir pour tout ça. Cela fait deux ans que j’arpente ses couloirs sous les regards hautains et les jugements de ses gardiens. En moins de trois heures, je t’ai dit tout ce que je cache à tout le monde. Tout ce de quoi je me cache. Sans raison, c’est effrayant.

Son sourire était juste joyeux, ni moqueur ni triste. Elle restait là à regarder les étoiles avec quelqu’un qui au final, elle ne connaissait pas, mais qui connaissait déjà tout ses soucis.

Au moins jusque-là, Ersa n'avait pas réagi avec agressivité lorsque ma main chaude toucha son dos en décrivant des cercles. Elle me confia qu'en fait elle avait agi ainsi pour me soutenir et que sous sa forme à poils, elle n'avait jamais froid. Cette conclusion me fit sentir comme un idiot, ayant vraisemblablement mal interprété le pourquoi d'une telel proximité. Confus, je ne savais pas si je devais arrêter mais en même temps, elle ne m'avait pas demandé de retirer ma patte. N'arrivant à prendre la moindre décision , je me contentais de continuer sans rien ajouter, même lorsqu'elle nous compara à des croque mitaine.

J'eus l'impression que mon engagement visant à être à ses côtés si jamais elle venait à perdre le contrôle de sa transformation la fit réagir. J'eus la sensation qu'elle allait même partir mais d'un seul coup, elle sembla se détendre se reposant plus encore sur moi. Je compris que quelque chose avait dû se passer intérieurement parlant, la voyant répéter le même geste que lorsqu'elle avait pris le dessus sur son autre partie , il y a peu. Mais en lui expliquant l'aspect cocasse de tout ce qu'il se passa ensuite la fit sourire à nouveau, ce qui me rassura. Encore plus par ce qu'elle répondit:

-Me voilà rassuré.Je n'ai plus à craindre d'éventuelle échauffourée en regagnant ma chambre.

Je voyais bien que sous cet air plus rangé, elle dissimulait sans vraiment y parvenir les rougeurs qui ne semblaient plus la quitter depuis un moment déjà. Je grattais l'arrière de l'une de mes cornes en réfléchissant à mon tour, regardant la porte par laquelle le type avait disparu.Je repris en fixant Ersa , voulant dissiper toute forme de malentendu qui serait dégradante , surtout pour elle, en plus qu'elle est une femme dans un empire qui encore du mal à accepter leur place:

-M'arrangeait ? Humm je ne dirai pas ça. Je ne suis pas friand de conquête pour tout vous dire. Je ne comprends pas la fierté de certains hommes à cumuler des partenaires. Alors n'ayez crainte, je ne laisserai pas la place aux propos déplacés dans ces rumeurs. Laisser juste planer un mystère peut être amusant à observer.

Puis suite à cela, une toute autre expression apparut sur le visage de la gardienne, une fois qu'elle s'était refrognée en se cachant le visage. Je me demandais si je n'avais pas été trop maladroit, l'écoutant attentivement comme elle me l'avait demandé s sans détourner mes orbes des siennes. En silence, j'analysais ses dires, attendant qu'elle reprenne une mine plus enjouée. Ce que j'avais cru comprendre c'était avéré vrai, concernant son problème lié à la boisson. Pour le reste, ce fut une partie de plus qu'elle voulut bien me partager, plus sombre que les précédentes. Je pris un instant pour réfléchir puis mes lèvres remuèrent à nouveau:

-Je n'ai que faire des allégations qui pourraient me parvenir. Je n'ai nulle honte de côtoyer une personne qui a sombré par le passé de cette manière. C'est tout à fait légitime d'essayer de noyer certaines peines, mais beaucoup moins d'en provoquer en propageant du commérage sur des personnes que l'on ne connait même pas au lieu de les soutenir.

La sincérité résonnait dans ces mots que j'avais prononcés calmement, prenant très au sérieux tous ce que cela pouvait représenter.

Un combat de chaque instant avait lieu en elle qui ne voulait plus s'adonner à ce genre d'usage. Je n'allais pas la bercer d'illusions en lui disant qu'elle allait y arriver pour sûr. Je préférais lui montrer à ma manière que j'étais présent si jamais elle sentait qu'elle faisait une rechute, en alliant un peu de taquinerie:

-Si jamais vous avez besoin de boire un coup, vous n'aurez qu'a toquer à ma porte et je vous servirai un verre de jus de fruit. Puis je ne vois pas en quoi votre taille serait gênante .

Je riais doucement lorsqu'elle résuma brièvement la globalité de ce qui s'était passé depuis que nous nous sommes rencontré. Ce constat était quelque peu drôle et dénotait une certaine facilité de compréhension entre nous. Un feeling rarement ressentit, surtout dès la première fois que j'interagissais avec une personne. Rapidement j'eus le sourire en coin et du tac au tac, je répondis a sa question qui portait sur un bain qu'un jour peut-être nous prendrons tout en l'épiant faussement de haut en bas.

-Pourquoi se contenter de vous imaginer seulement dans l'eau ? Je lui fis un clin d'oeil en ajoutant:-Fallait pas me lancer là-dessus .

Bien évidemment , je n'avais aucune arrière-pensée déplacée mais si elle le pensait, cela serait plus amusant qu'autre chose. Je me rendis même pas compte sur le moment qu'elle avait attrapé mon bras à cause de sa toute petite main.Mais très vite , j'englobais ses épaules en me demandant ce qu'il se passait puis son visage se rapprocha de mon coude ou plus précisement , de l'intérieur de celui-ci.Surpris de la voir mordre, sur le coup, la bouche entre ouverte, j'avais cru avoir eu affaire à une illusion mais visiblement, elle venait vraiment de le faire, pour une raison des plus obscures. Enfin, jusqu'à ce qu'elle finisse par m'expliquer:

-Mais c'est que vous sortez vraiment les dents ! Je n'ai presque rien senti de toute manière vengez vous quand vous le voulez. Que ce soit pour cette accolade et ceux à venir ! Au moins , on est deux à avoir eu envie de déballer notre sac ce soir.Je trouve cela tout aussi étrange que vous mais au moins....

Je m'allongeais sur le dos en attrapant les bras d'Ersa, tendant les miens pour la maintenir au-dessus de moi de façon parallèle sans difficulté vue son poids et sa grandeur. Hormis mes mains qui la tenaient à bout de bras, aucune autre partie n'était en contact avec elle. Dans ce face à face étrange où je la voyais avec en arrière-plans les constellations qui nous survolaient depuis un bon moment maintenant, je finis par continuer ma phrase précédente en pesant mes mots:

-Ne dit-on pas qu'il vaut mieux choisir ceux qui nous entourent par rapport leurs défauts plutôt que le contraire ? Sachez donc que tout ce que vous m'avez raconté jusque-là ne me dérange nullement.

Était-ce là le début d'une amitié qui prenait racine ? Seul le temps nous le dirai à travers les épreuves que nous réserve la vie. N'oubliant pas qu'elle m'avait ''attaqué'' de façon peu crédible, j'avais réfléchi durant cette confidence à comment l'ennuyer gentiment comme pour lui rendre la monnaie de sa pièce sans vraiment que cela sois sérieux. Je la reposais au sol doucement et dès que mes mains furent libres, je la chatouillais un tout petit peu au niveau des côtes , pas assez à l'aise pour le faire normalement:

-Puis autant vous prévenir, vous n'aurez pas fini de m'en vouloir .

Un camp pour deux

Ersa ne savait pas si le Drakyn simplement pitié d’elle où s’il était naturellement compatissant. Est-ce que cela était important ? Pas vraiment, elle avait l’impression qu’elle pouvait lui faire confiance et cela lui faisait du bien de pouvoir se livrer en n'ayant pas l’impression d’être jugée.

Même lorsqu’elle lui avait annoncé une partie de ce qu’il pourrait entendre, ce qui aurait pus lui faire émettre légitimement un jugement. Il les balaya comme si ce n’était rien, comme si cela était naturellement compréhensible. Elle écoutait ses réponses, chaque mot la libérer d’un poids qu’elle n’avait plus conscience. La naine renifla à l’invitation de boire un jus de fruit.

- Tu es sûr de ne pas être trop optimiste pour ce coin de l’empire ?

Elle s’esclaffa avant de reprendre.

- Ici, la taille a encore plus d’importance. Pour ses grands guerriers, j’accumule les défauts, une femme, une naine, un penchant pour l’alcool.

Ce n’était pas une plainte, juste une constatation de ce qu’elle avait entendue. Parfois, elle avait l’impression que même la louve lui faisait payer son existence.

Encore une fois, elle avait voulu faire réagir le géant, tenté de le faire rougir en allant un peu plus loin. Encore une fois, c’était l’inverse qui se produisait. Il était beaucoup plus à l’aise qu’elle sur ces sujets. La réponse la fit presque s’étouffer, et elle détourna la tête pour cacher sa gêne, elle avait l’impression qu’elle pourrait briller dans la pénombre. Elle hésita à se cacher plus près de lui, espérant échapper à sa vue en se blottissant contre lui, mais son esprit imagina une scène qu’il lui imposa. L’image des deux gardiens dans l’eau. Elle se demandait si elle oserait croiser à nouveau son regard bleu sans imaginer à nouveau cette scène. Même si elle l’avait mordu pour le premier geste, il se moqua encore d’elle et l’invita même à se venger encore. Elle n’osait pas relever les yeux, écoutant le reste de la phrase qui ne calmait pas son esprit.

Elle sentit les mains de l’homme sur ses bras et elle frissonna, encore une fois, son esprit lui joua un tour en imaginant ce contact sans le tissu de leurs vêtements. Elle ne put réagir quand il la souleva et se retrouva très vite au-dessus de lui, avec juste ses mains comme contact avec le sol. La sensation était étrange, cette impression de n’être qu’une petite chose fragile, de pouvoir tenir dans les mains d’Arkanon sans le moindre effort, de le voir au sol avec le sable en fond de vision. Son regard fuyait celui de l’homme, toujours gêné et elle voulut se débattre. Ce qui n’eut comme seul effet que de faire tomber ses cheveux en cascade autour de la tête du gardien, les isolants du monde extérieur par un rideau roux à l’odeur de plantes. La phrase résonnait dans son esprit, elle savait qu’il avait raison. Elle tenta de poser son regard dans celui du géant, que l’émeraude rencontre la topaze bleue avant de lui adresser un sourire timide.

- J’aurais dû te rencontrer plus tôt. J'aurais du me laisser guider plus tôt par la musique.

Quand il mit fin à ce moment en la reposant au sol, la naine souriait, heureuse de ce moment de libération. L’émotion vira quand il se mit à la chatouiller. Elle ne put retenir son rire en se tortillant comme un ver dans le sable.

Un feu se déclencha dans son ventre pour remonter dans sa poitrine. Ersa se dégagea rapidement et signa de sa main droite. Elle envoya un sort de glace sur les mains du géant pour l’empêcher de continuer, empruntant la vitesse et l’agilité de la louve, elle lui attrapa les bras pour les croiser sur sa poitrine. Elle lui grimpa dessus, s’asseyant sur son ventre en plaçant une jambe de chaque côté de son corps et s’allongea sur les bras croisés. Elle savait qu’il n’aurait aucun mal à se débarrasser d’elle, mais au moins, elle aurait le temps de s’échapper loin de ses mains. L’idée du contact sur sa peau refit surface dans son esprit et son cœur s’emballa. Ersa lâcha toute résistance et se posa entièrement contre le corps chaud du gardien, posant ses mains sur le haut du sternum de l’homme avant d’y poser son menton. S’il levait la tête, leur visage ne serait qu’à quelques centimètres l’un de l’autre, s’il ne se touchait pas. Ersa essaya de capter son regard sans qu’elle ne sache que le sien reflétait son tumulte intérieur. De la gêne, la joie du moment, un léger reflet de sa présence animal.

- Ah non ! Ça, c’est interdit. Je devrais te mordre à nouveau, un endroit plus tendre peut-être.

La naine se mit à glousser avant d’envoyer un filet d’air frais dans le cou du cornu. La louve poussait ses envies sans jamais la forcer. Elle réfléchissait déjà à la prochaine cible de ses dents s’il la cherchait, l’oreille, le nez, le cou… Les lèvres. Un sourire moqueur se dessina sur ses lèvres et elle reprit d’une voix qu’elle espérait sûre d’elle.

- Dis-moi, beau drakyn. Que faire pour que tu rougisses, rien qu’un peu ?

La naine voulait voir si elle pouvait y arriver, plusieurs fois, elle avait tenté des blagues, des gestes pour le faire rougir et cela c’état toujours retourné contre elle, la rapprochant presque d’un tison sortant des flammes.

- Ne me dis pas que tu en as déjà trop imaginé et que mon corps n’a plus de secret pour toi.

Le cœur de la naine battait à tout rompre dans sa poitrine, elle espérait qu’il ne le ressentirait pas dans ses bras croisés sous sa poitrine. Elle espérait aussi ne pas aller trop loin, qu’il ne le prenne pas mal.

Étonnement, la rouquine n'avait pas réellement cherché à se défaire de mes mains qui la tenaient au-dessus de moi, ne faisant que remuer en nous plongeant avec sa cascade dans une zone comme plus restreint. Elle était juste parvenu à éviter au début de cette prise de hauteur d'être dans ma ligne de mire pour finalement s'y stopper, quand j'eus fini de parler . Ma phrase semblait avoir eu un impacte et ce qu'elle dit quand elle s'immobilisa me confirma mes pensées. Je fus touché par cet aveu, me demandant si notre rencontre aurait été aussi fluide si elle s'était produite auparavant.

Nous n'aurions peut-être pas eu ce besoin de nous confier selon la période et l'endroit favoriser une telle légèreté. Il semblait que l'alignement du soleil , de la lune et des étoiles avaient permis que nous nous tenions ainsi l'un en face de l'autre, sans brandir le moindre bouclier ou autre protection. Ce petit jeu nous avait menés par des rires et même des larmes à révéler nos pires aspects, comme pour tenter de repousser l'un l'autre .Après tout, nous avions côtoyé cet facette qui nous tenait fermement la main comme une amie.

Connaissant ce même sentiment de solitude, nous nous sommes presque reconnus à travers l'autre, déviant la donnée de l'inconnu. Du fait de des réactions simples et naturelles, même lorsque je la reposais au sol, elle revint vers moi alors que je la chatouillais pour détendre cette atmosphère à la fois sérieuse et délicate. Elle gesticula , ne m'attendant pas à ce qu'elle réagisse aussi vite, que ce soit à cause de ces rires ou qu'elle recouvre mes mains de glace sans que je ne cherche à m'en débarrasser ni opposer la moindre résistance lorsqu'elle replia mes bras contre mon torse avec une vitesse nouvelle.

-Que faites-vo.....

Déconcerté lorsqu'elle grimpa sur moi pour maintenir mon ''entrave'', je ne pus finir ma phrase. Si j'étais plutôt à l'aise pour tenir des propos cocasses, je l'étais beaucoup moins lors de contacts physique prolongé qui venaient d'une source autre que le combat. Elle ne pesait presque rien et pourtant tout mon corps avait conscience qu'elle était là. Si j'avais au début osé regarder ses traits du visage pour déceler la moindre information qui m'aiderait à comprendre un tel élan, lorsque ses formes avaient épousé les miennes, je ne pus la dévisager plus longtemps.

Les étoiles ne furent d' aucune utilité pour me permettre de prendre la distance nécessaire afin de m'aider à me recentrer intégralement. Le calme m'habitait néanmoins, même lorsque Ersa posa ses mains sur moi et que son souffle effleura mon cou. Bien plus familier a la douleur qu'a toute forme de douceur, mon corps finit par se décontracter peu à peu, n'y voyant aucun danger bien au contraire. Ne sachant comment réagir face à cette configuration , la gardienne parvint à m'enlever ce doute et n'intimant de cesser de la chatouiller , me menaçant de sortir de nouveau les dents.

-Je crains que les Drakyns ne soient pas réputé par cet aspect-là.

Dis-je le sourire en coin, m'obligeant à ne pas penser aux endroits en question qui pourraient peut-être , rencontrer sa bouche. Ces choix, en plus d'être très limité, l'obligeraient à se hisser plus encore sur moi et me perturber davantage. L'air frais qu'elle diffusa sous mon visage ne me fit que du bien, ayant l'impression d'avoir plus chaud qu'a l'accoutumé, certains que je ne tarderais pas si ce n'était pas déjà le cas, d'emprunter les rougeurs de celle qui résidait sur mon torse qui la soulevait au rhytme de ma respiration . Le compliment qui s'en suivit colora enfin mes joues:

-Je crois que vous y êtes parvenue finalement.

Cela me fit érange que quelqu'un me trouve ainsi à ses yeux, n'étant décrit que de façon monstrueuse et sans aucune parcelle de beauté qui soit. Convaincus d'être repoussant sous bien des aspects, physique ou non, ce mot se perdit dans mon esprit tel un échos lointain qui allait relever l'opinion que j'avais à mon propos plus tard peut être. J'étais loin d'être en capacité de réfléchir à ce sujet plus abstrait que ce qu'il se déroulait au moment présent. Sans parler de l'allusion de la jeune femme et ses battements de coeur qui s'accéléré maintenant, boulversant mon propre rythme .

-Je dirais plutôt...

Je me redressais sans même lui laisser une chance d'anticiper mes actions, libérant mes mains mouillées par la glace fondue au passage, l'une se posant sur son dos et l'autre sur sa hanche pour qu'elle ne bascule pas en arrière par ce changement de position soudain. Ainsi assise sur moi, la tension était encore plus palpable sans que je n'y succombe. Doucement, mes doigts frôlèrent sa joue jusqu'à rencontrer sa peau douce, relevant son visage pour que l'on soutienne ensemble ce trouble silencieux qui nous agitait et pour que je puisse m'adresser à celle qui déciderait de me faire face.Cette ardeur qui semblait luire dans ses yeux , mettait à mal la pureté des desseins qui prirent forme dans mon esprit, luttant pour ne pas céder à ces images grâce au respect et la sagesse qui m'était naturellement revenus.

-Que je me refuse de telles pensées , pour laisser les aléas de la vie me les offrir en temps voulu, sans que le brasier intérieur qui habite en chacun de nous ne précipite cette découverte...

Je me penchais et posais mon front contre le sien, fermant les yeux un bref instant en inspirant profondément l'air plus frais de cette soirée particulière par bien des nuances . Cependant, je ne voulais qu'elle finisse par cet appel que l'on pouvait avoir du mal à refuser.J'avais beaucoup d'estime pour Ersa et en venir à agir ainsi vener à bafouer en quelque sorte ce sentiment. Puis, je ne saurai faire ce genre de chose si je n'étais pas sûr d'être lié à la personne concernée . Nous nous connaissions à peine et j'avais la sensation du contraire à la fois.

-Laissons le temps éclaircir ce voile de mystère . Je l'étreignis dans mes bras en douceur, sentant encore plus son odeur qui me rappelait le printemps.-N'en profitez pas pour me mordre.

Dis-je en espérant qu'elle ne m'en voudrait pas . Je n'étais pas fait pour des amourettes de passage et je voulais , si cela arrive, débuter sur des bases solides et construire quelque chose au lieu de juste profiter . J'avais besoin que cela se fasse en douceur et non , quand bien même tout s'était bien déroulé, dès ce premier rapprochement. Mon inexpérience dans ce domaine affirmait encore plus mon besoin de ressentir un amour véritable. Une naïveté de plus certaine mais qui me tenait à coeur, comme de ne pas faire n'importe quoi avec la gardienne.

-De toute ma vie,je n'ai jamais eu autant de câlin que ce soir. Je me mis à rire doucement me rendant compte que je venais peut-être indirectement de lui dévoiler que je n'avais jamais rien fait avec personne: -D'ailleurs j'ai remarqué que vous étiez plus à l'aise pour me grimper dessus que d'écouter certains de mes propos.

Un camp pour deux

La naine avait réussi à le prendre par surprise, où alors il s’était laissé faire. Il avait juste essayé de poser une question, mais l’audace nouvelle de la louve l’empêcha de la finir. Elle y était presque, il commençait à imiter ce qu’Ersa ressentait à chaque fois que la situation lui avait échappé, même s'il essayait toujours de se moquer de sa morsure.

- Fait attention, j’ai déjà quelques idées.

Son petit jeu et le compliment le firent virer au rouge. Son sourire moqueur se forma lentement avant qu’elle n’émette un petit rire. La naine satisfaite de ce léger rééquilibre voulut poser sa tête sur le côté, écouter son cœur, même si elle n’avait pas besoin d’être aussi proche pour entendre qu’il avait suivi le rythme du sien.

Il se redressa, changeant ses mains de places. Automatiquement, les images qu’elle avait imaginées refirent surface et son bassin se décala pour presser un peu plus celui du Drakyn, comme une invitation qu’il n’avait pas voulu saisir. La louve la poussait, alimentait ses pulsions les plus primaires.

La naine se retrouva assise contre lui, blottit contre son torse, ses jambes plaqués de chaque côté de son flanc. Chacune de ses respirations lui faisait sentir son odeur. Elle avait fermé les yeux dans un premier temps, attendant le prochain geste de l’homme. Les doigts rudes vinrent caresser sa joue et guidèrent son visage pour que leur regard se croise. La tension de leurs corps était palpable et un petit espoir venait caresser son esprit. Elle remarqua le tiraillement interne du gardien dans le cyan de ses yeux.

Elle tourna plusieurs fois la phrase dans sa tête pour l’assimiler, il posa son front contre le sien. Cela fit reculer légèrement la prise de la louve, acceptant de ne pas avoir ce qu’elle désirait. Il y avait peut-être une autre raison et son manque de confiance refit surface, sa taille ou ses problèmes l’avaient peut-être bloqué plus qu’il ne l’avait laissé penser. Ersa ouvrit la bouche dans un souffle, aucun son ne sortait, elle ne savait pas quoi répondre à ses mots. Elle voulut passer ses bras frêles comparés au corps d’Arkanon autour de lui, mais en fut empêché par son cœur qui fut piqué par le regret. Elle avait été trop loin, s’était laissée emportée par son impulsivité. Elle ne voulait pas perdre ce qu’il avait partagé jusque-là, pas pour ça. Le seul son qui sortit d’entre ses lèvres fut si faible qu’elle ne savait pas s'il l’avait entendu.

- Désolé.

Grâce à lui, elle avait quand même réussi à vider une partie de son sac et trouver quelqu’un qui partageait quelques points communs. Son jeu, son instinct l’avait emporté, mais il reprit et cela calma légèrement sa tourmente. Il voulait laisser faire le temps, la serra un peu plus contre lui. Elle passa enfin ses bras autour de lui, lui rendant son étreinte. Elle se nicha dans son cou, renifla avant de répliquer.

- Non pas cette fois, je n’en ai pas envie.

Elle profita de la chaleur de l’étreinte, prisonnière de ses bras et prise dans son combat intérieur. Elle essayait de faire le tri dans ses pensées, essayant de ne pas penser aux images, a ce qu’elle avait fait. Elle devait essayer de rattraper le pas, qu’il ne la juge pas pour ce débordement et comme à son habitude la louve se retira pour la laisser seule avec ses regrets.

- Merci.

Elle ne lui souffla que ce simple mot au cas où tout devrait s’arrêter. Merci de l’avoir aidé, écouté. Merci de ne pas l’avoir jugé au départ. Même si jusque-là, elle avait l’impression qu’il la comprenait, elle avait peut-être brisé ce moment qu’ils avaient partagés. Elle se disait que parfois une simple rencontre pouvait une ampleur inattendue. Ce soir en était le parfait exemple, elle ne s’était pas attendue à ressentir tout cela après sa journée déprimante, en suivant simplement quelques notes de musique. Une musique qui avait illuminé bien plus que sa soirée, enfin elle l’espérait, qui lui avait fait rencontrer une âme qui partageait ses peines. Tout cela pour finalement, voler en éclats par sa faute.

Elle entendit sa phrase sans vraiment la comprendre dans un premier temps, c’est son rire qui remit les mots dans le bon ordre. Elle commença à appliquer ses dents sur la peau de son cou, mais un éclair la figea, elle avait l’impression que cet aveu caché autre chose qu’il la confortait dans ses doutes.

Il reprit et toute la scène repassa dans sa tête, son petit jeu de chatte en chaleur. Elle voulut disparaître, se faire toute petite, mais son esprit en décida autrement. La position qu’il partageait devenait trop lourde à supporter et elle se dégagea de ses bras, sautant sur ses pieds rapidement. Elle n’osait pas regarder le Drakyn, était ce encore une façon de se moquer ou un jugement ? Son regard se dirigea sur la forteresse, prise dans le doute de s’enfuir et si cela servirait à quelque chose. Elle inspira pour reprendre un peu d’assurance, de contenance pour essayer au moins d’éclaircir son comportement. Elle commença à faire les cent pas devant lui, les mots sortaient de sa bouche à un rythme effréné, remuant les mains et les bras nerveusement dans ses paroles à la limite du monologue.

- Je ne sais pas ce qui m’a pris. Enfin Si. C’est Elle. Qui me pousse. Enfin, non. Elle ne me force pas. Pas que je n’ai pas env… Pas que je ne te trouve pas be… Enfin tu… Je ne mentais pas. Mais j’ai été trop loin. Elle attise mes pulsions, mes sensations. Mais elle ne me force pas ou ne me fait pas mentir.

La naine se figea, se perdant dans ses mots, ses pensées. Ersa se rapprocha penaude. Avant d’essayer de s’asseoir contre lui, son dos contre le torse du géant, elle espérait qu’il ne la repousserait pas, qu’il la reprenne dans ses bras, mais elle n’oserait pas lui demander.

- Je rougis à chaque phrase, car je suis seule pour y réagir, j’ai voulu m’aider d’un peu son assurance pour ne par être la seule à perdre ce jeu de couleur.

Elle leva la main pour symboliser le « un peu » en écartant légèrement son pouce et son index.

- Mais j’ai été trop loin, je ne sais pas su me contrôler. Excuse-moi.

Elle renifla et remonta ses genoux contre sa poitrine, ses mains jouaient nerveusement sur ses jambes.

- J’espère que je n’ai pas brisé ce qui commence. Ce moment spécial. Tu trouveras peut-être cela ridicule, mais je ne veux pas te perdre. J’ai enfin l’impression d’avoir trouvé un ami qui me comprend et je ne veux pas le perdre, parce que je suis…

Elle ne put finir sa phrase, ne sachant même pas comment elle voulait la finir. Elle joua rapidement avec ses doigts pour faire apparaître sa flasque de métal, elle commença à jouer avec le bouchon du récipient qui ne contenait qu’un simple jus de pomme, remplaçant l’alcool qu’elle avait contenu jadis.

Elle avait voulu me dire quelque chose mais s'était tu sur le coup. Puis ce fut une excuse à peine audible qui a mon sens , n'avait pas sa place dans la conversation .Je e ne voyais pas en quoi elle m'en devait alors que la faute me revenait de droit, si tenté qu'il y en ait une. Mais heureusement, elle ne refusa pas l'étreinte que je lui avais faite, se posant tout contre moi , comme si cela n'était pas la première fois que nous avions ce genre de comportement l'un envers l'autre. Elle me serra à son tour dans ses bras , sentant son doux visage contre mon cou, comme son souffle qui caressait mes écailles à cet endroit plus vulnérable que beaucoup d'autres.

-Ce n'est pas à vous de vous excuser . Je détournais légèrement mon regard , éprouvant un sentiment de culpabilité :-Veuillez pardonnez ma retenue, je n'ai pas l'habitude de tout ça a vrai dire...J'espère ne pas être trop maladroit.

Dis-je conscient en l'écoutant qu'elle aurait préféré que nous laissions le trouble s'installer plus encore entre nous qui avions eu ce besoin inexplicable d'un rapprochement si tactile. C'était même perturbant comment tout s'était enchainé sans que nous nous rendions compte qu'inextricablement, nous voulions toujours un peu plus nous rapprocher l'un de l'autre. Je ne savais pas vraiment si c'était normal ni c'était ainsi que cela se passer lorsque l'on rencontrait une personne avec qui l'on s'entendait bien, n'ayant jamais eu l'occasion d'être face à ce genre de cas . Inconsciemment,j'avais fait en sorte que cela n'arrive pas de peur qu'un destin funeste n'attende ladite personne concernée. Cette hypothèse comme son merci qui me laissa pensif, me demandant pourquoi elle m'avait dit cela, jusqu'à ce que ses dents se posent à peine sur ma peau pour ensuite , comme d'un geste interdit, se retirer aussitôt, faisant disparaitre le frisson qu'il avait provoqué.

-Ersa...

Elle ne tarda pas à s'éloigner de moi, à la manière d'une personne qui avait fauté sans que je puisse la rattraper par cet élan soudain. Je l'avais certainement blessé d'une façon ou d'une autre, au point qu'elle se dirigea à première vue vers l'une des seules issues qui permettaient de quitter le camp d'entrainement. Mais elle se ravisa à mon grand soulagement, ne désirant que cela se finisse de cette manière. Au lieu de cela, elle se mit à marcher de gauche à droite, pour remettre de l'ordre dans ses idées , tout en m'exposant ses pensées sur ce qu'il venait de se produire entre nous, cette alchimie que j'avais contenue et qui avait trouvé sa source aux deux côtés de la gardienne.

Je ne pouvais nier que ce qu'elle me dévoila me fit ressentir un certain gène, mais pas celle qui était désagréable. Je grattais l'arrière de l'une de mes cornes pour tenter de dissimuler cet état, voyant à quel point ses propos étaient sincères, comme le compliment qu'elle m'avait faits plus tôt. Puis me rendre compte qu'en fait je faisais face à deux Ersa me rendit un peu timide sur le coup, encore plus lorsqu'elle avait fini sa phrase d'une confession assez intime. Je reposais immédiatement mes mains sur la cape au sol lorsqu'elle s'avança vers moi, m'attendant à ce qu'elle me réprimande d'avoir ainsi provoqué autant de tumulte avec elle-même. Je tendis par réflexe ma joue en pensant me prendre un coup.

Au lieu de cela, elle s'installa doucement contre moi, ne pouvant refuser un contact qui avait coloré mon visage malgré moi sans qu'elle puisse le voir. Je me trouvais ridicule de réagir ainsi pour si peu mais je n'y pouvais rien. À force, cela finirait par ne plus m'atteindre autant . Me dis-je intérieurement, sans parvenir à me convaincre moi-même. Je profitais de cet angle de vue pour regarder ses cheveux d'une couleur qui contrastait à merveille avec ses yeux couleur d'une canopée sauvage .J'eus presque envi d'y glisser mes doigts dessus mais je reteins mon geste lorsqu'elle en fit un avec sa main , écartant un peu plus son pouce et son index en souriant, en voyant la différence de taille de nos mains maintenant l'une effleurant l'autre.

-Même ainsi, je suis désolé de vous dire que vous avez peu de chances de gagner ,à ce jeu-là du moins.

Dis-je sur un ton taquin même si je le pensais en partie, car il était assez facile de la faire empourprer. Elle se recroquevilla ensuite en me présentant encore une fois des excuses, alors que j'étais le seul coupable de cette situation. Je voulus l'entourer de mes bras mais n'étais-ce pas mal venu après avoir fait le souhait de calmer cette agitation quasi invisible ? Je me sentais stupide de l'avoir mise dans cet état, de ne pas avoir répondu à cet appel que seuls nos corps pouvait tenir ce langage. Mais je ne pouvais me résoudre d'agir autrement, quitte à faire de la peine à celle qui pressait ses mains sur ses jambes en me faisant part de ses craintes, sans même finir sa phrase. Je ne pouvais rester plus longtemps sans rien faire et posais les miennes sur ses bras, avançant légèrement mon visage sur le côté pour pouvoir la regarder:

-Pleine de fougue ? Dis-je dans un premier temps le sourire en coin, ajoutant en regardant au loin:- A ma connaissance, cela n'a jamais fait de mal à personne et si cela devait défaire une amitié naissante, je serai un sombre idiot qui ne mériterait pas de vous côtoyer. Je me reculais légèrement, n'osant la regarder pour lui dire le reste de mes pensées , tout en soulevant doucement ses cheveux qui glissaient entre mes doigts:-Puis je dois vous avouer que c'est déconcertant d'avoir une jolie gardienne dans ses bras.

Même intimidant me dis-je à moi-même, ne sachant si j'avais fait preuve d'assez de tact en choisissant ces mots. J'avais beau dégager une certaine sérénité, je ne restais pas moins qu'un simple drakyn qui faisait face à l'inconnue, dans tous les sens du terme qui soit. Je ne pouvais envisager de me laisser emporter par des pulsions qui certes, n'avaient rien de désagréable au contraire. Cependant, je ne parvenais pas à agir de la sorte, sans penser au lendemain . J'avais peut-être trop lu de roman et eu de ce fait, eu une idée biaisée de tout ce qui touchée de près ou de loin à l'amour. Mais je savais qu'au fond, je possédais un puits passionnel d'une profondeur sans fin. Pas comme ce qui venait de nous rejoindre.

Cet alors qu'elle fit apparaître d'un simple geste une flasque . Étonné, je ne pus m'empêcher de me rappeler à ce qu'elle m'avait dit auparavant ,vis-à-vis de son problème lié à la boisson. Avais-je blessé la lycanthrope , assez pour qu'elle veuille retomber dans cette impasse ? Je balayais cette simple idée, ne voulant tirer des conclusions hâtives ni mon montrer grossié en lui demandant ce qu'il contenait. Je l'avais déjà mis à mal par un comportement que la plupart n'auraient jamais eu face à cette tentation qui essayé malgré ma résignation de percer mon esprit d'image plus charnel, je n'allais pas en rajouter davantage. Au lieu de cela, avec le sourire, j'attrapais le récipient d'un geste rapide pour le chiper, sans me rendre compte qu'elle avait joué avec le bouchon de celui-ci juste avant. J'avais brandi la bouteille au-dessus de ma tête et la penchais , comme pour verser son contenu à une distance grotesque de ma bouche qui s'ouvrit en grand après avoir dit ces quelques paroles:

-Vous avez pensé à to......

Le bouchon tomba en rebondissant sur ma tête, déversant le contenu sans que je m'y attende. J'écartais la flasque bien trop tard, empêchant de justesse que le reste atterrisse sur Ersa. Les yeux écarquillés, je m'étais immobilisé, comme paralysé. C'était bien le cas, sentant le jus de fruit dans ma bouche entre ouvert sans parvenir à déglutir comme toute personne normale, faisant abstraction au fait qu'une partie avait trempé le bas de mon visage et mes vêtements. Tétanisé par ma peur du poison et ma paranoïa qui amplifiait ce ressenti, je restais là, telle une statue, tandis que mon corps crispé n'arrivait pas à se détendre. Je suppliais intérieurement que la gardienne me donne un coup de coude dans le thorax pour me faire réagir et expulsé , ce qui me mettait dans cet état pitoyable . Je serrais de plus en plus fort la flasque, tandis que des petits crépitements rouges entouraient ma main qui sous l'effet de la pression,n'allait pas tarder à tordre le récipient à mesure que refaissais surface ces bribes d'un passé douloureux.

Un camp pour deux

La façon dont il avait prononcé son prénom avait aidé son esprit à se réveiller à partir dans ses élucubrations. Son esprit partait dans tous les sens, elle avait vu la réaction du Drakyn qui était resté assis, près à recevoir un coup. C’était comme ça qu’il la voyait, prêter à exploser ? Même si c’était la réputation des lycans d’être explosifs, mais elle avait espéré qu’il la voit autrement. Au moins, quand elle s’était assise près de lui, il n’avait pas fui, il ne l’avait pas repoussé. Même s’il ne se rapprocha pas comme elle l’aurait voulu. Au lieu de la prendre dans ses bras, il répondit à une de ses lamentations par… Une blague. Elle aurait voulu répondre, mais son cœur était trop lourd pour le moment.

Tout ce qu’elle trouva à répondre, finalement était une nouvelle excuse sur son comportement. Devant sa détresse, il l’avait reprise dans ses bras, sans la regarder, enfin, elle espérait. Même si elle ne sentait pas rougir, même si plus aucune idée ne lui traversait l’esprit tellement la culpabilité la rongeait. Même le frisson qui aurait dû parcourir sa peau ne fut pas aussi puissant qu’il l’avait été. Était-ce dû au fait que la louve n’emplissait plus ses réactions, où sa déprime qui bridait tout ? Elle avait repris pour éclaircir la situation, briser le tabou de ce qu’elle avait ruiné. Sa voix s’était étranglée et c’est lui qui avait fini cette phrase en rapprochant son visage du sien. Elle aurait pu imaginer tellement de façons de continuer cette phrase, mais elle n’aurait pas pensé qu’il l’aurait fait aussi positivement.

Elle ne put s’empêcher de sourire, peut être un peu bêtement. Elle haussa les épaules quand il continua sur l’amitié naissante, elle repensait à ce qu’elle lui avait dit plus tôt. Il était vraiment trop optimiste, et elle, l’exacte opposée. Elle le sentit jouer avec ses cheveux, la sensation était étrange. Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait pas eu le droit à un geste aussi simple, aussi doux. Elle ferma les yeux pour se détendre et profiter de cet instant loin de tout. Mais quand il reprit, la naine faillit s’étouffer, pas du tout préparée à ce genre d’aveux de la part du géant. Elle essaya de cacher son visage rougissant, mais ne put résister à l’idée d’essayer de voir le sien qui devait être dans le même état. Cela avait au moins le mérite de rassurer la naine sur les raisons de son refus, il n’avait pas forcément un problème avec elle. Elle s’éclaircit la voix.

- Le côté déconcertant, c’est au cas où je suivrais de mauvais poil ? Pour la jolie gardienne, il faudra me la présenter, elle pourra peut-être me donner des conseils sur ce qui va avec le tacheté.

Un peu d’humour sur son autre forme pourrait faire du bien, il devrait peut-être la rencontrer un jour, s'il partait en mission ensemble, et elle devrait peut-être lui dire que s'il s’attend à voir un loup sur deux pattes, il serait déçu. Elle n’eut pas le temps de répliquer qu’il s’était intéressé à sa flasque, elle avait senti un peu de curiosité et avait un peu honte d’avoir fait appel à cette relique du passé. Peu de temps après lui avoir annoncé qu’elle avait eu un problème avec ce même objet. Elle s’attendait à ce qu’il lui pose des questions, lui fasse une remarque taquine, quelque chose. Au lieu de cela, il lui avait saisi des mains et voulut mimer un service artistique. La naine commençait à sourire, elle se doutait que sous ce trait se dissimuler la taquinerie, que c’était pour se rattraper de quelque chose, comme elle essayait de le faire à chacun de ses faux pas.

Il commença à essayer de détendre l’atmosphère, mais manque de chance le bouchon sauta, rebondissant sur sa tête dans une trajectoire farfelue. Il arriva de justesse à éviter d’arroser la propriétaire hilare de la flasque. Ersa riait jusqu'à se faire mal aux abdos, prise dans un fou rire, elle n’avait pas réagi immédiatement à la détresse réelle du Drakyn. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Tout son corps s’était tendu. Ersa se retourna pour lui faire complétement face. Ses yeux cyans la suppliaient d’intervenir, de faire quelque chose, contre ce qu’il l’assaillait, contre ce qu’elle ne comprenait pas. Son regard passa sur le gardien en totalité pour voir qu’il serrait la flasque de plus en plus fort. Les fameux éclairs rouges qu’Arkanon lui avait parlés, mais il lui avait aussi parlé qu’il attirait la mort. Un éclair de douleur vrilla ses tempes, la louve se méfiait et voulait prendre le relais, comme à chaque fois. Ersa grimaça tout en restant concentré sur le Drakyn, Il avait besoin d’elle et elle ne laisserait pas cela à la louve. La rousse ne put s’empêcher de se poser la question s’il y avait réellement un lien entre les éclairs et les morts ? Si ce n’était qu’une croyance ? Que pouvait-elle faire ? Plusieurs idées lui traversèrent l’esprit, elle opta pour la plus simple. Sa main partie pour lui attraper le col et essayer de le secouer, mais sa jambe glissa et la louve changea immédiatement son plan, elle tira sur le col d’Arkanon. Au lieu de lui le secouer ou de lui mettre une claque, elle se retrouva coller à lui pour l’embrasser. Les lèvres douces de la naine rencontrèrent les plus rudes du Drakyn. La louve profita des ses quelque secondes de contact, pour essayer de passer outre le gout de pomme qui submergeait ses sens. Et dans la précipitation elle emporta le Drakyn, ils basculèrent tous les deux sur le dos. Celui d’Arkanon frappa le sol et Ersa roula sur le dos à côté du gardien. La tunique trempé d'Arkanon avait en parti mouillé celle d'Ersa. Elle leva son bras pour abattre son poing sur la poitrine de l’homme, petit geste gratuit.

- Ça, c’est au cas où la chute ne t’as pas remis les idées en place. Mais je n’imaginais pas que tes lèvres ont le goût de pomme.

La naine se plaça sur le côté et se suréleva en plaça son coude au sol. Son menton vint se placer dans sa paume, encadré par deux doigts rehaussé par le retour de son sourire moqueur.

- Tu peux me dire ce qui t’a pris ? Après moi qui joue au marcassin, tu nous fais la statue.

Le sourire d’Ersa s’était retiré pour laisser l’éclat de l’inquiétude dans ses émeraudes et un peu de culpabilité. Discrètement la lueur jaune était présente à de bref moment, comme si la louve n’était pas prête de laisser ses deux la tranquille. Cependant, elle repris d'une voix un peu plus calme.

- Enfin, j’espère que c’est pas trop personnel. Et je te rassure il n'ya pas d'alcool dedans.

Ersa attrapa la flasque pour la glisser jusqu'à ses lèvres pour en boire une gorgée. Enfin du peux qu'il restait.

Ersa avait été confuse lorsque je l'avais flatté indirectement, cherchant du regard ma propre réaction, moi qui jusque-là, avait été assez avare en compliment. J'avais beau pensé ce que je disais, j'avais du mal à l'exprimer à haute voix pour des raisons assez simples. L'une d'entre elles était que je n'étais pas fait pour tenir des propos que beaucoup employé pour charmer et désarmer son interlocuteur à es fins plus ou moins liés. j'avais beau être une personne assez directe, je préférais garder certaines de mes pensées en cage, verrouillé par une pondération que je jugeais bien souvent nécessaire, de crainte de contrarier autrui. J'étais bien plus éloquent lorsqu'il s'agissait de plaisanterie , la louve devant moi pouvait témoigner.

En évoquant la bête à poils qui faisait partie de sa malédiction, je levais un sourcil , ayant l'impression que les fameuses ''taches '' dont elle me parlait avaient un lien avec la fourrure qu'elle arborait en se transformant. J'imaginais un instant à quoi ressemblait la bête qui me ferait face peut être un jour, attrapant mon menton avec mon index et mon pouce, pensif. Serait elle aussi grande que moi ? quelle serait sa robe ? Foncé? clair?tacheté dans tous les cas. J'eus un petit rire en l'imaginant toute petite, comme ces peluches que les enfants adoraient tant. Je préférai garder ces idées farfelues pour moi car encore une fois, cela n'attirerait que des représailles ou pires encore, une mauvaise appréciation de sa part.

Laissant de côté cette représentation attendrissante, la suite le fut beaucoup moins. j'entendais au loin les rire de la gardienne resonner telle une cloche lointaine qui annonçait un rassemblement, un écho qui me paraissait à des kilomètres loin de moi, du Berceau, du Sekai tout entier. Absorbé par ce retour dans le passé,parce qu'il était arrivé à la troupe que j'accompagnais lors de la guerre, j'eus l'impression d'être en plein milieu d'un cauchemar éveillé. Je revis ces visages, surtout un en particulier , fermant ses paupières pour l'éternité, un poison lui arrachant toutes ces années de vie sans que je puisse rien y faire. Sauf garder ces souvenirs précieux de son sourire.

Je vis par moments ce visage familier , cette chevelure d'ambre passé au travers de cette frontière qui me tétanisait, n'arrivant à me défaire de cette rigidité qui n'appartenait pas qu'aux morts que j'avais mainte fois foulé . Je luttais intérieurement pour relativiser, ancrer dans mon esprit qu'il ne s'agissait que d'un simple jus sans identifier de quel fruit il était issu par une panique qui altérait mon jugement et mes sensations . Mais pas au point d'être complétement totalement. Imperméable . Ce fut d'abord à peine perceptible, comme si on m'attirait en dehors de cette sphère sombre pour en rejoindre une autre plus réconfortante par bien des aspects.

Le premier fut la chaleur de son buste contre le mien, une secousse qui me fit remonter à la surface, apercevant les contours de cette silhouette qui me rappela à la réalité, plus encore par la douceur de ses lèvres qui vinrent se poser contre les miennes. Le brouillard du champ de bataille s'estompa complétement, tant mon esprit s'était focalisé par cet échange silencieux, recouvrant chaque sensation que la vie nous prodiguait,contrairement aux crépitements qui eux avaient cessé.Je perçus plus que jamais auparavant l'embarras qui m'empêcha de réagir tant ce qu'il venait de ce passé était inattendu. Sans m'en apercevoir ,j'avais finalement dégluti mais pas pour une seule raison, posant la flasque lorsque mes bras rejoignirent lentement le sol, enfin détendus.

Dans cet élan, nous avions perdu l'équilibre, basculant tous deux en arrière, l'un à côté de l'autre. Je pris une grande inspiration, n'osant dévier mes pupilles des étoiles jusqu'à que je sentis quelque chose me percuter, me rappelant que c'était entièrement ma faute si nous en étions venu à nous allonger une nouvelle fois. Une conclusion que m'affirma la louve lorsque j'osais tourner la tête vers elle pour ensuite , quand elle évoqua le gout de cet échange, poser mes orbes sur cette partie qui avait rejoint la mienne avant que mon regard ne devienne à nouveau fuyant.Avec maladresse , je tentais de répondre parfois sans terminer mes phrases:

- Je...je vous remercie de m'avoir aidé et je...J'inspirais profondément ,reprenant en pesant chaque mot:-Je suis navré de vous avoir mise dans cette posture... je veux dire, que vous ayez dû...vous voyez...pour que je reprenne mes esprits.

Je grattais l'arrière de l'une de mes cornes en me répétant intérieurement qu'au lieu de me comporter comme un idiot je devais me reprendre ne serais ce pour Ersa qui n'avait dû guère apprécier ce moment qui bien sûr apporta son lot de question, exposé de façon amusante je devais l'avouer, reprenant même la description que j'avais faite d'elle lorsque sa transformation avait voulu prendre le dessus. Je m'étais muet dans le silence, contemplant l'horizon obscur qui je le savais, n'allais pas tarder à m'étreinte comme chaque nuit. Ce n'était pas un sujet que je partageais compte tenu du dégout qu'il m'infligeait. Celui de ma faiblesse accablante que je luttais chaque jour pour reprendre le dessus. Encore une fois, j'avais l'impression que nos combats intérieurs bien que différent, avait dû jouer un rôle ce soir entre la louve et moi.

-Disons pour faire simple que...Je me redressais pour m'assoir, regardant la pierre à mes pieds, serrant à l'aide de mes paumes mes genoux en exerçant une pression qui m'aidait à dire ces paroles que j'eus du mal à sortir ,le visage assombri par la colère :-J'ai une aversion, une peur incommensurable d'ingérer quoi que ce soit de peur que cela ne soit empoisonné. J'écrasais encore plus fort mes mains , faisant crisser le tissu sur mes écailles qui devenues douloureuses: -C'est complétement stupide et ridicule mais à chaque fois, surtout quand c'est inattendu ,je me fige complétement. J'avais omis les raisons profondes car je me trouvais assez pitoyable en y repensant, d'être pris de ce mal alors qu'Ersa avait une lutte bien plus profonde que ma peur absurde du poison. Je la fixais alors et me calmais en décidant de ne pas nourrir la bête de la haine qui se tenait derrière chacun de nous ,adressant un sourire radieux à la gardienne, en respect pour elle et de la défunte qui avait indirectement fait surgir cette phobie. -Je vous en dois une d'ailleurs de m'avoir sortir de ce mauvais pas. Vous pouvez me demander n'importe quoi, je ferai de mon mieux pour répondre à vos attentes.

Je crus percevoir dans les émeraudes qui avaient laissaient place à une certaine inquiétude, la lueur du fait de sa dorure accentuait plus encore ce que je pensais à son égard. Si j'avais eu envie de briser les murs de la forteresse au début de cette confidence, je ne ressentais dès à présent plus l'envie de laisser éclater cette rage,bien au contraire. Plus encore lorsque je m'aperçus qu'elle avait, par ses actions, ses vêtements tout aussi trempé que les miens. Un sourire naquit de nouveau sur mon visage détendu, pointant du doigt l'origine métallique qui m'avait tétanisé:

-Heureusement qu'il n'y a pas d'alcool, je n'ai pour ainsi dire, pas l'habitude d'en boire. Qui sait de quoi je serai capable? Dis-je en ne préférant pas imaginer dans quelle façon déplorable cela m'affecterait. -Il n'y a pas que mes lèvres qui ont le gout de la pomme. Je bougeais mon doigt vers les vêtements concernés:-Il y en a plus sur nous que dans votre flasque. j'espère que vous en aurez assez. D'ailleurs...

Je soulevais ma cape qui avait été épargné car l'incident s'était produit à côté. Pendant qu'elle buvait, je tamponnais légèrement les quelques gouttes qui trainaient ci et là sur son cou et ses avant-bras, refusant de m'occuper du reste qui portant était le plus tremper. Je posais le tissu écarlate à côté d'elle, me rappelant qu'elle pourrait tout à fait réagir comme , lorsque j'avais voulu la lui mettre sur les épaules. L'ascenseur émotionnel nous avait déjà bien malmenés pour ce soir.

-Nous devrions rentrer pour prendre un bon bain afin de nettoyer tout ça. Je m'en voudrais terriblement si vous attrapez froids par ma faute.

Un camp pour deux

Ersa avait remarqué que son allusion avait fait réfléchir le gardien, est ce qu’il repensait à la louve miniature équipée de griffes à confitures ? Un jour, il devrait peut-être la voir à poils, comme elle aimait en plaisanter avant toute cette histoire. Elle avait été témoin de toute la douleur du Drakyn, ne comprenant pas ce qu’il lui arrivait, mais pouvant « admirer » les effets. La solution de la louve avait eu l’air de marcher, peut-être que la sienne n’aurait pas suffi, peut-être que sa jambe n’avait pas fui comme elle l’avait pensé au départ. Elle avait hésité à rester au sol, partagé entre l’envie de regarder sa réaction et la gêne qui se faisait moins pressante, peut être grâce à celle qui restait tapis. Mais il reprit d’une voix peu assuré et cela la força à lui faire face, a le voir détailler ses lèvres. Elle avait voulu le reprendre, mais la rousse se retint, retint la réponse de la louve, préférant demander ce qu’il s’était passée pendant qu’il semblait prêt à s’ouvrir. Bon la louve avait un peu changé le ton qu’elle voulait mettre, mais cela n’avait pas semblait déranger son camarade.

Il lui expliqua ce qu’il avait eu, elle se doutait que derrière cette peur se cachait une histoire sombre. Il avait emprunté la position qu’elle avait déjà prise plusieurs fois ce soir et elle s’en voulait de ne pas avoir mis les formes. Elle ne savait pas quoi faire, comment aider ce géant mal à l’aise. Peut-être comme lui avait tenté de le faire. Elle se redressa, se rapprocha pour coller son flanc contre le sien et sa main sur les siennes. Essayant de lui montrer qu’elle comprenait.

- Tu sais, il n’y a pas de peur ridicule. Souvent, derrière une peur, se cache quelque chose de sombre. Je ne te jugerais pas. Nous avons tous peur de quelque chose. Tu m'as proposé de m'aider si je n'arrivais plus à me contrôler. Si tu veux je peux essayer de t'aider sur ta peur, être ta gouteuse si il le faut.

Il lui adressa un sourire, reprenant d’un ton plus léger. Elle éclata de rire. Malgré ce que venait de faire la louve, il ne lui en avait pas tenu rigueur. Elle se disait qu'elle pouvait peut-être se laisser un peu guider par cette louve qui se soir n'avait pas d'agressivité.

- Tu ne crains pas que je la laisse te sauter dessus pour ses paroles ? Qu’elle me remette dans une mauvaise posture. Ou que je te demande de m’embrasser pour voir ce que cela fait sans que je ne te le vol ?

Elle souriait gentiment, sans trace de moquerie, sans l'ombre qui l'habitait toujours. Sa demande était moqueuse, mais ou se trouvait réellement la limite de l'humour. Il lui montra la flasque avec un sourire et reprit sur son ton habituel. Elle ne put s’empêcher de rire doucement en léchant ses lèvres à la phrase sur le goût du jus.

- S'il m’en manque, je vais devoir venir le chercher ou il en reste le plus.

Elle gloussa en lui mettant un petit coup d’épaule avant de reprendre.

- Je traîne encore cette flasque, en souvenir de ce que j’étais. Aussi, car parfois, quand la pression est trop forte, le geste calme encore mes craintes peu importe ce qu’elle contient. Au final, c’est peut-être ma plus vielle amie.

Elle finissait sa flasque en jetant un œil au fond pour vérifier les dernières gouttes. Il commença à l’essuyer lentement, presque tendrement. Elle ferma les yeux pour ne pas frissonner ou rougir. La louve restait en fond dans son esprit pour aider à ce qu’elle ne se perde pas dans sa réserve. Pour une fois, elle pouvait juste essayer de profiter. Il évita soigneusement sa tunique, pendant que le regard de la rousse évitait de croiser le sien. Il posa sa cape à ses côtés au cas où, évitant de reproduire ce qui avait mise la louve hors d’elle au début de la soirée, à ce moment elle n’aurait rien dit, même s'il avait refusé les avances de celle qui deviendrais Nora. Elle avait compris que l’homme ne le faisait pas parce qu’il avait pitié. Il reprit et la mine de la rouquine repris son côté moqueur.

- C’est l’invitation officielle à notre premier bain ? Ou c’est juste par peur que je finisse par sentir le chien mouillé ?

Elle le fixa dans les yeux plus sérieusement.

- Si cela tient toujours, j’ai peut-être une autre demande que tu pourrais faire pour moi. Peux-tu laisser le vouvoiement pour d’autres. Après tout, j’ai l’impression de faire partie d’un autre monde.

Ersa se redressa, prête à se relever. Il était peut-être temps de rejoindre un endroit plus chaud que le terrain d’entraînement.

La sérénité retrouvée, grâce au soutien qu'apportait la gardienne , que ce soit de façon tactile, posant sa main sur la mienne ou sa proposition de me venir en aide , ne tarda pas à me faire oublier cette colère injustifiée. Je me détendis, me rendant compte à quel point cela m'avait manqué de pouvoir discuter autant avec quelqu'un, sur autre chose que la pluie et le beau temps. Nous avions chacun à notre tour ouvert ce livre que l'on tenait si fermement fermé ,qu'il avait fini par se froisser. Mettre à nouveau des mots sur ce qui nous tourmentait et sentir que l'on été compris rendaient ces pages plus légères à lire. Comme ses dernières paroles qui me firent sourire:

-L'idée est tentante mais, je craindrais à force que vous jouez les gouteuses, il ne vous arrive quelque chose.

J'avais déjà eu cette idée mais je me refusais de mettre en ''danger'' quelqu'un d'autre que moi, même s'il ne s'agissait là que de manger et boire en ma compagnie. Puis je n'allais pas lui demander son aide à chaque moment de la journée ou je devais me nourrir. Le rire d'Ersa balaya ces options qui n'étaient pas viables, ne comprenant pas en quoi ma proposition l'avait tant amusé. Quand elle m'expliqua les risques que j'encourais a vouloir lui rendre la pareille, je l'avais fixé, lâchant un petit rire avant de reprendre un air plus sérieux. D'une voix calme et posée, je répondis avec une profonde sincérité:

-J'ai confiance en vous. Je marquais le ''vous'', qui s'adressait à ses deux facettes, scrutant tour à tour ses yeux aux nuances animales:-Je ne doute pas que vous soyez raisonnables toutes deux quand il le faut. Je posais mon index sur le bout de nez de la gardienne pour ensuite le retirer:-Puis si cela avait été le cas, je vous aurai répondu que je ne sais pas faire ce genre de chose sans y mettre des sentiments.

Je ne parvenais pas, dans le moindre de mes songes,à embrasser qui que ce soit sans qu'il n'y ait une véritable passion pour la personne concernée. Si beaucoup d'entre nous profitaient sans s'engager dans la moindre façon, je n'ai jamais pu m'y résoudre, en plus que cette opportunité n'est jamais croisé mon chemin. Enfin, à une exception près et malheureusement, elle avait péri dans mes bras avant que je ne lui dise ce que je ressentais pour elle. Mais là n'était pas le sujet, contrairement à ce qu'elle brandissait devant moi . J'eus un mouvement de recul à peine perceptible de surprise lorsqu'elle insinua qu'elle allait récupérer le reste du jus sur moi, ne pouvant cacher mon étonnement. Mais heureusement, elle me bouscula pour m'enlever le doute.

-J'ai bien cru un instant que vous alliez le faire.

Je riais, grattant l'arrière de l'une de mes cornes, me trouvant si naïf et bête d'y avoir songé ne serait-ce une seconde. Surtout après tout ce que je venais de lui dire. Elle enchaina sur la symbolique de la flasque, cette histoire sombre et cet attrait qui, même ne contenant plus ce qui l'avait fait plonger, la calmait. J'espérais au fond ,que moi aussi je saurai la réconforter à ma manière, du moins assez pour qu'elle n'ait plus besoin de cet objet qui pourrait à nouveau la noyer , telle une ancre la raccrochant au fond des eaux troubles. Mais je ne pouvais prétendre de tenir ce rôle pour l'instant du moins, ne la connaissant que depuis quelques heures.

Elle s'était laissé éponger sans rien dire, ne réagissant qu'après que j'ai évoqué un bain pour que l'on lave cette maladresse de ma part. Ses questions déroutantes ne parvinrent pas à me déstabiliser complétement, grâce à l'allusion de son odeur qui n'était pas du tout celle d'un canidé , de près ou de loin. La taquinerie me vint naturellement, me penchant légèrement comme pour la renifler, attrapant mon menton avec doigt pensif, déclarant avec un large sourire:

-Je dirai plutôt que vous sentez la tarte aux pommes ,sans la cannelle, ce qui est loin d'être désagréable. Je me mis à genoux, songeur, sans aucune arrière pensée au sujet de cette baignade que je voyais tout autrement :-Je dirais plutôt que c'est une invitation à ce que l'on se revoit à nouveau . Qu'en dites vous ?

Je me levais à la suite de cela, sans détacher mes orbes de siennes , me demandant de quelle nature pouvait être sa requête soudaine. Ne m'attendant pas à une telle demande qui était à la fois si simple et si étrange, je gardais le silence. Ce n'était pas dans mes habitudes de tutoyer brisant ainsi cette distance maintes fois foulées en sa compagnie. Il était vrai qu'au vu de tout ce qu'il s'était produit, cela devait semblait évident que cette familiarité se crée entre nous. Plus que tous ces gestes que nous avions eu l'un pour l'autre. J'attrapais ses petites mains douces lorsqu'elle se redressa, pour l'aider à se relever :

-Avec plaisir Ersa. Mais je compte sur toi pour qu'un de ces jours,tu me demandes quelque chose qui me permettra réellement de te renvoyer l'échelle.

Je ne la pressais en rien, mais je tenais à honorer mes promesses, quelle qu'elle soit. Si certaines attendaient d'être accomplies, ce n'était , car elle demandait toute une vie et une volonté inébranlable. Je possédais ce dernier mais le premier , seuls les astres en détenaient la réponse.
Réalisant que je n'avais toujours pas relâché ses doigts, je me reculais d'un pas , un peu confus de ne pas avoir percuté auparavant, ramassant ma cape en faisant comme si de rien n'était. Je fis quelques pas en direction de mon armure, que je replaçais sur moi, préférant accrocher mon arme sur mon dos au dernier moment . Je me tournais vers elle, tendant ma main en lui demandant:

-Je te raccompagne ?

Un camp pour deux

Le vous appuyé du Drakyn provoqua un frisson chez la naine, il était le deuxième à qui elle en avait parlé. Le seul à comprendre, à l'aider. Elle n’en avait jamais dévoilé autant, on lui en avait jamais laissé la possibilité. C’était étrange comme sensation. Elle arrivait presque à oublier la pression qu’elle subissait tous les jours par cette cohabitation. Il avait renchéri sur le côté raisonnable de ses personnalités. Elle n’avait pu que sourire, la louve n’était pas ce que l’on pouvait appeler raisonnable. Elle fut assez surprise par ce contact, cette peau rude contre son nez et son regard ne put s’empêcher de suivre le doigt jusqu’à loucher.

Elle se mit à réfléchir à ses paroles, et cela réveilla une ancienne douleur en elle. A une époque, elle était seule à bord et partageait ce principe. Aujourd’hui, la louve avait malmené sa façon de penser et sa façon d’être. Elle ne préféra pas relever, de peur de faire resurgir encore plus ce souvenir ou de faire replonger ce moment. Elle préféra rebondir sur de ses phrases et il se recula sous la surprise.

- Je commence à savoir où t'embêter au final.

Il s’était joint à son rire avant de revenir sérieux. Elle avait l’impression que quelque chose pesait sur les pensées du Drakyn pendant qu’elle lui expliquait ce que représentait sa flasque, a y réfléchir, c’était ridicule. Garder un lien avec cet objet d’une période malsaine pour se rassurer, pour s’en servir de garde-fou. Ersa avait commencé à rire sur l’odeur de la tarte aux pommes, mais se stoppa quand il se mit à genoux. Elle ne sut comment réagir, surprise à son tour. Elle se remit à sourire à la déclaration du géant.

- Ça me va, on évitera la pomme cette fois, et on vérifiera que le parcours est terminé avant de se lancer. A moins que l’on considère que ce soit une égalité ?

Il se leva et encore une fois Ersa se retrouva face à leur différence de taille qui les séparait. Elle l’avait regardé réfléchir face à cette demande, si simple, mais qui avait de l’importance. Avant de lui répondre, il lui avait saisi les mains pour l’aider, ses doigts recouvraient presque totalement les mains. Elle ressent la chaleur de sa peau sur la sienne pendant qu’il répondait à sa requête.

-Je ne sais pas vraiment si tu me dois quelque chose. C’est moi qui t’ai mise dans cette position. Mais je te demanderais si j’ai besoin, et j’espère que tu pourras répondre parce que tu en as envie plus que par obligation.

Elle rougit légèrement à ce contact rapproché et à cette demande. Ce n’était peut être rien, mais c’était une première pour elle, de demander qu’on la considère comme une amie. Même si la soirée avait découlé dans ce sens. Il avait lâché ses mains pour reculer et ramasser sa cape. Elle le regarda remettre son armure même si cela signifiait la fin de ce moment particulier. Elle renifla avant de se remettre à sourire, c'était peut-être la fin de ce moment en particulier, mais sûrement le début d'autres. Elle attrapa sa cape qui était toujours plier sur le sol et décida de tenter de lui jouer un dernier tour.

Elle fit mine de se trémousser sous sa cape, et signa pour changer de tunique, la sensation du tissu sec sur sa peau l’aida à se réchauffer. Quand Arkanon se dirigea vers elle, pour lui tendre la main, elle laissa tomber le vêtement mouillé au sol avant de lui sauter dessus pour le prendre dans ses bras. Son corps heurta l’armure et provoqua un léger pique de douleur qu’elle n’avait pas pris en compte dans sa précipitation. La louve revenait peu à peu dans son esprit, rallumant la flamme dorée qui dansait sur l’émeraude. Elle déposa un baiser sur sa joue avant de lui souffler.

- merci pour ce moment. J’aurais bien évité de te sauter dans les bras, mais je me suis dit qu’avec notre différence de taille cela aurait été encore plus gênant et sans vérifier je suis sur que j'arrive à te faire rougir.

Elle se laissa tomber au sol quasiment sans un bruit, sa cape se prit dans l’armure du Drakyn et s’ouvrit, laissant apparaître sa tunique sèche. Elle s’éloigna lentement.

-Je veux bien de la compagnie sur le retour, mais cela ne va qu’amplifier cette rumeur qui à déjà du faire le tour du Berceau. Si elle ne te fait toujours pas peur.

Son sourire redevenu moqueur, comme à leur rencontre, se réinstalla. Ce soir, Ersa arrivait à cohabiter avec la louve qui l’habitait. Cela ne durerait sûrement pas, est ce que c’était dû à la présence de l’autre gardien ou juste une soirée différente des autres. Elle passa son regard sur l'horizon pour la dernière fois de la soirée avant de commencer à se diriger vers la forteresse aux côtés du Drakyn.

Je n'étais plus maintenant le seul à savoir faire empourpré l'autre, hochant la tête pour lui avouer qu'elle avait raison. Elle accepta même cette invitation , celle qu'un futur nous permettra de nous revoir. Si aucune ligne n'était écrite, j'étais certain que tout se passerait aussi bien que cette fin de journée qui n'était pas encore totalement fini. Comme ce jeu ou finalement, nous avions tous les deux gagné comme elle disait, même si l'exercice pour moi n'était pas celui auquel nous avions commencé. Mais cette égalité me convenait, poussant à ce que l'on veuille faire la différence un de ces jours:

-Un partout pour le moment. Je suis sûr que l'un de nous ne tardera pas prochainement à prendre la tête.

Je ne pouvais pas mieux dire d'une certaine manière, sans savoir ce qu'il se passerait par la suite. Avant cela néanmoins notre face à face et ce cet échange ne put rester sans réponse. Si j'accordais beaucoup d'importance aux promesses, c'est tout simplement parce que je ne les accepter pas juste par principe, loi de là. D'ailleurs, c'était entre autres pour cette raison que , jamais je ne les abandonnais, y mettant tout le coeur à l'ouvrage sans jamais faillir, alors que les lunes passaient. Décidant d'écarter ces moindres doutes qu'elle avait en ressentant mon besoin de l'aider quoiqu'il en coute, j'avais pris le temps de lui dire avant de relâcher mes mains des siennes:

-Si, j'insiste. Sache que c'est avec plaisir que j'accéderai à ta demande, qu'importe sa nature et non par obligation.

Tout en remettant mon armure, j'avais jeté des rapides coups d'oeil vers la gardienne, ajustant mes épaulières en remarquant qu'elle se dandinait étrangement dans la cape, trouvant cela original sa manière se balader avec. Une fois que j'eus fini d'assembler la dernière pièce de cette défense qui m'accompagnait partout où j'allais , je fis quelques pas vers elle et fus surpris de voir quelque chose tomber à ses petits pieds, me laissant ben évidemment dans la perplexité. Quand je reconnus cet habit qui n'était nul autre que celui qu'elle portait, je clignais une première fois les yeux, certain d'avoir mal vu. Rien ne changea et face à cette évidence , plusieurs questions se bousculèrent, mais pas que.

Avec cet élan soudain de la louve aux lueurs dorées, son saut qui la mena tout contre moi, mon coeur rata un battement, me rendant compte que seule la cape me séparait de ces images inavouables que j'avais les secondes d'avants. Mes bras, à demi ouvert par la surprise, s'étaient instinctivement mis à vouloir l'entouré mais cette pudeur, celle d'être en contact avec ses cuisses s'était imposée , tandis que ma bouche à demi ouverte ne put émettre le moindre son, habité par le doute et la gène. La gardienne avait conscience de ce que cela provoquerait, sentant son souffle atteindre mon visage ainsi qu'un baiser qui termina de me faire rejoindre la teinte d'un crépuscule qui ne finissait pas.

En effet, cette remarque sur notre taille finit par me mettre en lumière cette réalité bien plus gênante si elle aurait voulu m'enlacer sans prendre de la hauteur. Mais ce bisou , pourquoi me l'avait elle fait ? Juste pour me taquiner ou pour que son remerciement soit plus palpable ? Un mystère que je n'osais vouloir réclamer la réponse, désirant d'abord reprendre pleine possession de mes moyens. Ce qui fut le cas lorsqu'elle se laissa glisser , sans un bruit, pour rejoindre la pierre froide du sol.

-Je te remercie d'avoir été aussi prévoyante. Je marquais une courte pause, hésitant:-Mais pourquoi ce bis....Attends ne bouge pas !

Je voulus la rattraper en voyant la cape se coincer sous un des angles de mon armure, mais je fus hélas,bien trop lent pour la retirer. Le tissu s'écarta, laissant entrevoir une autre tunique à la place de la nudité que je m'apprêtais à voir à la place. Par réflexe, je remis correctement la cape, soupirant d'apaisement de ne pas avoir dû faire face à une situation qui aurait certainement fait réagir la jeune femme et pas en bien. En plus de cela, j'aurais certainement rajouté une couche en faisant un trait d'humour si jamais j'avais aperçu ses courbes féminines. J'ajustais l'étoffe en y faisant allusion avec un sourire en coin:

-Voilà elle est bien mieux comme ça. Autant éviter que tout prenne l'air par inadvertance.

Je la suivis comme si de rien, me grattant l'arrière de la corne en faisant un détour pour récupérer son haut qu'elle avait oublié sur le sol, le posant sur l' épaule opposée à celle qui se tenait près de la gardienne. Je la fixais, pivotant ma tête de gauche à droite en signe de négation, craignant nullement de la raccompagner au risque que la rumeur paraisse plus vraie que jamais. Je trouvais cela même amusant en sa compagnie, me sentant plutôt à l'aise avec elle malgré ce qu'elle réussissait à provoquer avec de simples contacts.

-En aucun cas cela ne me pose problème . Je lui tendis mon avant-bras avant que l'on passe la porte en lui faisant un clin d'oeil . -Tu peux même me prendre le bras si tu veux.

J'étais presque certain qu'elle ne le ferait pas, lui ouvrant la porte pour qu'elle entre en première comme veut la galanterie. Je la suivis de près, non sans que la plupart des regards soient dirigé vers nous , sauf que cette fois-ci, ils étaient animé par la curiosité ou par autre chose.J'avais complétement oublié que je portais l'un des vêtements d'Ersa et que ceux s'en apercevant devaient s'être imaginé de tas de choses. Je n'y accordais aucune importance, dévalant des escaliers qui menaient vers les dortoirs qui n'étaient pas loin. Je vis à de multiples reprises des têtes se pencher pour nous épier avant que chacun reprenne son poste ou sa trajectoire. Enfin , nous arrivâmes près d'un couloir menant à e multiples portes, m'arrêtant en m'y engouffrant de quelques mètres seulement:

-Je saurai à quelle porte toquer dorénavant si l'on m'accorde du temps libre.

Dis-je, intrigué de savoir où elle se trouvait , me demandant si elle avait décoré sa chambre ou l'avait laissé telle quelle. Je pencherais plutôt pour la deuxième option, mais elle pourrait me surprendre comme elle l'avait fait à de nombreuses reprises . Je sortis ensuite ma flûte de derrière mon dos, la posant sur mes lèvres en mimant les gestes lorsque j'en joue pour ne pas déranger ceux qui dorment déjà tout en lui expliquant pourquoi j'avais agi ainsi:

-Dans tous les cas, sache que si je ne te trouve pas, je jouerais la même mélodie qui nous a permis de nous rencontrer. C'est alors que sa tunique tomba de mon épaule. Je me penchais pour la récupérer et lui tendre en me relevant, affichant un grand sourire:-J'ai failli emporter ton habit. Il me serait allé trop petit, je le crains.

Un camp pour deux

Ersa était rassuré que si elle avait besoin, elle pourrait compter sur lui et pas par obligation. C’est à peu près tout ce qu’il comptait à ce moment. Le dernier tour qu’elle avait voulu mettre en place avait vraiment marché, mieux qu’elle ne l’avait espéré. Il n’avait presque pas osé la prendre dans ses bras pendant qu’elle se tenait à son armure. Le baiser qu’elle déposa sur sa joue autant pour le remercier que pour le faire rougir lui donna l’impression qu’il allait s’embraser. Et elle souriait en essayant d’imaginer ce qu’il pouvait penser, elle ce qu’il avait imaginé comme elle voulait qu’elle s’était déshabillée avant de lui sauter dessus.

Il n’avait pas osé bouger, même réagir à ce geste qui était nouveau pour eux et surtout qui était naît de l’envie de jouer un tour et de cette louve qui avait envie de jouer. Il remercia le fait qu’elle est pensée à leur différence de hauteur, évitant tout malentendu et geste mal placé et demanda une explication qu’il n’eut le temps de finir. Ce pan de tissu accroché perturba ses pensées et ses actions. Il essaya de la retenir, de ne pas voir ce qui se cachait en dessous et les doutes de la rousse s’envolèrent. Il l’avait vraiment imaginé nue sous ce pan de tissu, elle s’était mise à sourire pendant qu’il replaçait sa cape, dissimulant à nouveau son corps et ses habits. Le sourire du Drakyn et sa phrase trahissaient un peu du tourment qu’elle lui avait fait vivre.

- Cette tenue me va si mal ? Ou alors tu as imaginé autre chose ?

Son ton était moqueur, profitant qu’elle avait l’avantage sur lui pour une fois. Il la raccompagna, d’abord jusqu’à la porte de la forteresse et lui tendit son bras. Elle le regarda, réfléchissant à sa proposition. Elle savait qu’il le faisait en espérant qu’elle ne le fasse pas, qu’il serait aussi gêné qu’elle si elle l’attrapait.

- C’est assez tentant, mais j’aurais peur de devoir ouvrir ma cape, ou que mes pieds ne touchent plus par terre.

Elle se mit à rire en imaginant la scène avant d’entrée pour traverser une partie de la forteresse sous le regard curieux de leurs collègues. Même si la naine avait pris l’habitude de ne pas y prêter attention, mais il était vrai que ceux qu’ils généraient sur leur passage avait un côté drôle. Cela la gênait un peu, heureusement qu’elle n’était pas seule pour gérer ses émotions. Est-ce que la curiosité était due à ce que les deux maudits rentraient ensemble, le vêtement de la naine qui trônait sur l’épaule du géant alors que la cape d’Ersa cachait son corps, ou la rumeur avait déjà fait le tour de cette salle ? Arrivé dans le couloir, ils croisèrent un homme brun, l’air un peu renfrogné. Il leva les yeux et commença à sourire. Elle ne savait pas si elle était heureuse de croiser le seul visage qu’elle appréciait avant ce soir, Declan, le seul gardien qui connaissait une petite partie de son histoire et qui ne s’était pas arrêté au préjugé. Elle savait qu’il se moquerait d’elle la prochaine qu’elle le croiserait, mais là où il avait été témoin de la scène. Elle la guida jusqu’à sa porte, Ersa s’était arrêté devant l’embrasure, devait, elle l’invitait à entrer ? Est-ce que la louve reprendrait le dessus si elle le faisait ? En aurait-il envie ?

- Si je suis là, tu seras toujours le bienvenu.

Il avait porté sa flûte à ses lèvres, faisant mine d’en jouer avant de lui expliquer qu’il en jouerait, s’il ne la trouvait pas. Il lui tendit la tunique qu’elle avait oubliée sur le sable pour lui rendre avec une petite touche d’humour.

- Je pensais que tu voulais la garder comme nouveau doudou. À chaque fois que je l’entendrais et que je pourrais, je te rejoindrais.

Elle poussa la porte trop grande pour elle, et se retourna vers lui, le regard légèrement fuyant.

- Tu veux rentrer un peu? Que je ne te jette pas dehors. Par contre, je ne sais pas… Comment… Elle réagira si nous ne sommes que tous les deux.

Ses mains jouaient lentement sur la poignée de la porte. S’il entrait, il pourrait découvrir l’antre de la louve, ou l’ambiance était assez austère, elle retirerait alors sa cape pour la jeter sur le lit. Sur la gauche son lit, bien trop grand pour la naine et dans le coin de la pièce un simple tabouret ou trônait une bouteille de verre remplie d’un liquide ambré. En face de la porte, se trouvaient deux mannequins ou reposaient la même armure, une a la taille de la naine et l’autre à la taille de la louve. Plus grande, plus complète, et plus marqué. Le cuir paraissait plus usé, les bandes d’acier qui la renforcé était marqué de plusieurs coups, encore légèrement huilés de son dernier entretien. Juste à côté se trouvait un petit râtelier, ou trônait ses quelques armes qu’elle avait amassé, son arc, son épée bâtarde et son marteau qui était presque trop grand pour la naine. Plus a sa taille se trouvait son glaive et sa paire de dagues. Quelques reliquats de ses différentes missions qu’elle avait essayé de maîtriser. Sur la droite de la pièce, se trouvait un bureau adapté à la taille standard des gardiens, donc loin de la sienne et une petite armoire pour ses affaires. Tout la pièce à peu près rangée sauf le bureau, dessus, se trouvait un cahier de croquis et quelque crayons, une esquisse de gnoll était commencée sur un coin du plateau et de l’autre côté était posé son carquois remplis. Quelques tas de fûts de pointe et de plume étaient disséminés sur l’autre partie du bureau en préparation de ses futures flèches. Au pied du meuble, on pouvait voir un paquet de feuilles non classées ou l’on pouvait remarquer différentes créatures qu’elle avait dessinées, chassé sûrement. Elle avait essayé de commencer un petit recueil des créatures qu’elles avaient rencontrées, des plantes ou des minéraux qui pouvaient avaient put lui être utile dans son ancienne vie de chasseuse, pendant que sur le mur au dessus était attaché quelque partition de musique qu'elle avait essayé d'apprendre à la flûte. Le reste des murs étaient restés vides sans décoration, seulement un paysage irréaliste trônait près de la fenêtre, elle avait essayé de reproduire une partie de Luxuriance comme dans son souvenir, sans infrastructures ni autre point sensible, seulement la partie nature. Peut-être ce qui lui manquait le plus depuis son intégration au berceau.

-Imaginer, c'est un faible mot. N'aie crainte, elle te va à merveille.

Dis-je du tac au tac, mis sur le fait qu'elle était bien à l'origine de cette mascarade visant à me perturber plus encore. Après tout ,elle me rendait la monnaie de ma pièce, l'ayant menée à maintes reprises à rougir. C'était pour cette même raison qu'elle déclina ma demande, en plus pour une histoire de taille qui décidément, n'arrivait pas à rentrer dans mon crâne. Comme le fait qu'un homme et une femme marchant côte à côte attisaient toute sorte de rumeur, sans que rien ne se soit passé, la tunique sur mon épaule pouvait en attester si ce n'est quelques écarts .

Proche de notre destination, Ersa s'arrêta en croisant un homme avec qui elle échange un sourire. J'inclinais légèrement ma tête en guise de salutation, me demandant de qui , il pouvait s'agir, surtout aux yeux de la rouquine. N'étant un gardien que depuis quelques années, je n'avais pas encore eu la chance de tous les croisés, surtout que la bâtisse où nous nous tenions était vaste. Autant la gentillesse de la louve qui m'indiqua que je serai toujours le bienvenu . Son allusion visant son haut me fit rire, n'ayant jamais eu de doudou même enfant car ceux qui m'avaient élevé interdisaient ce genre d'affection qui ne révélait qu'une forme de faiblesse.

-Quitte à choisir,j'en préférerais un où tu as dormi dedans .

Reprenant de plus belle ce jeu non sans une pointe de malice, histoire que nous sommes un peu plus sur le même pied d'égalité . Une vengeance pour avoir voulu me mettre dans le plus grand des embarras qu'il soit avec ce bisou sur ma joue qui avait repris sa teinte normale. Ce qui était certain, c'était qu'elle viendrait à moi si jamais elle entendait la mélodie que j'espérais ne pas avoir recours, préférant qu'elle soit à sa chambre si jamais je voulais la voir. D'ailleurs, elle s'arrêta en ouvrant la porte de celle -ci, avec une étrange expression, comme si elle n'osait me regarder. Je penchais légèrement ma tête sur le côté, tout en l'écoutant non sans froncer légèrement les sourcils.

Bien entendu, je voulais bien entrer, à la fois curieux et souhaitant que notre conversation ne se termine pas dans un couloir. Je n'étais par contre pas certain de l'interprétation que je devais avoir face à sa formulation des plus intrigante. Je grattais l'arrière de ma corne, hésitant, sentant que je ne voyais que la partie immergée de l'iceberg,qui visiblement,affecté le comportement de la gardienne. Je fis un rapide retour en arrière et me rappelais de ces lueurs dorées, de cette agitation manifeste qu'il en découlait.

Mais pas seulement. En entrant, j'allais aller dans sa tanière, un endroit des plus personnel où elle n'accepterait pas forcément ma présence et aurait certainement envie de m'y déloger en se montrant agressive. Est-ce que cela valait le coup de faire ces quelques pas alors qu'un risque conséquent, celui de réveiller la louve qui sommeillait en elle, n'attendait qu'un seul de mes gestes ne lui convienne pas pour montrer les crocs ? Vu l'alignement des étoiles lorsque nous étions rentré dans la forteresse, il était tard alors je répondis sur le ton de l'amusement sans me rendre compte que je m'étais fourvoyé.

-Avec plaisir et je ferai en sorte de ne rien casser. Lancais-je en voyant par-dessus son épaule la taille des meubles à l'échelle d'un humain et non d'une naine ou d'un Drakyn.Sa seconde nature risquant de se dévoiler plus encore en comité restraint d'après ce qu'elle disait, me fit lâcher ces dernières paroles avant d'entrer à sa suite le sourire en coin sans arrière pensée:-Nous verrons bien, du moment qu'elle ne fait pas trop de bruit.

Je m'approchais d'abord des deux mannequins, impressionnés par la taille de la seconde armure qui avait bien vécu. Alors comme ça, elle en portait une sous sa forme bestiale ? Intéressant . Je continuais à poser mes regards un peu partout, m'arrêtant parfois vers les armes , ses fournitures et même sur les partitions de note qui me donna presque envie de les reproduire avec mon instrument. Je me retins car ce ni l'heure ni le moment de jouer les musciciens.Ce fut son bureau qui reteint mon attention, soulevant l'un de ces croquis qui représentait un Gnoll. Il était rare d'en voir, même en dessin:

-Je ne savais pas que tu étais aussi douées en illustration . On dirait que tu l'as vue en vrai.

Je me rendais pas compte si je paraissais envahissant ou si je me comportais sans aucune forme de politesse non plus. Je caressais les plumes de ma dextre libre ,servant à la confection de flèche tandis que mes pupilles finirent par se détacher du croquis pour rejoindre les émeraudes de la jeune femme , sans savoir par quelle question commencer. Je posais la feuille là où elle trônait avant que je ne l'attrape, parcourant ce meuble qui n'avait visiblement pas qu'une seule fonction ,concluais-je avec mes orbes cyans scrutant tout ce qui y était posé dessus.

-C'était qui d'ailleurs ce gardien que l'on a croisé ?....Je ne sais pas pourquoi je te demande cela à vrai dire, cela ne me concerne pas.

Un camp pour deux

Ersa ne put s’empêcher de rougir quand il la complimenta après sa petite blague, ou sur le fait qu’il confirmait l’avoir imaginé, mais est ce que cela faisait partie de la blague ou il y avait autre chose ? Elle essaierait de le découvrir plus tard, peut-être. Elle avait cru remarquer une légère réflexion quand ils croisèrent Declan, mais c’était dit qu’elle avait sûrement mal interprété.

Elle ne put que sourire quand il parla de choisir un autre doudou, elle avait senti ses joues chauffer légèrement avec le jeu qu’il avait instauré leur rencontre. Il avait accepté d’entrer dans son monde, ses pensées avaient refait les derniers moments pour savoir si elle n’avait pas laissé traîner quelque chose de gênant, ses affaires ? Normalement non. Le commentaire qu’il lança en entrant la fit s’arrêter un instant la naine, est ce qu’il jouait avec ce qu’elle venait de lui dire ? Où n’avait-il tout simplement pas compris ce qu’elle voulait insinuer, elle craignait légèrement qu’elle reprenne le contrôle pour se faire pressante, reprenant son jeu de petite chatte avec le Drakyn. Elle hésita à répondre, a précisé que ce n’était pas du bruit qu’elle avait peur, qu’elle n’aurait besoin que de geste pour rendre la situation gênante.

Il avait commencé par s’intéresser par ses armures, directement face à la porte, elle le suivit pour se placer entre les mannequins, l’armure de la naine était à sa hauteur, facilement imaginable sur elle. Mais sa tête atteignait difficilement la poitrine de l’autre armure, elle passa ses doigts sur une des bandes métalliques abîmées, pensives.

- Je devrais peut-être les faire remplacer pendant que je n’en ai plus besoin.

Elle secoua la tête, avant de se concentrer sur le Drakyn.

- C’est l’armure que je portais quand je contrôlais vraiment mes transformations, je pouvais l’adapter à mes deux tailles. Mais aujourd’hui, disons qu’elle est moins pudique que moi.

Elle le laissa fureter en se mordant la lèvre, elle ne regrettait pas de l’avoir laissé entrer, mais il l’était le premier à passer cette porte. Enfin, le premier qu’elle laissait entrer dans cette pièce qui n’était qu’à elle. Elle se retourna, le temps qu’il aille au bureau, pour retirer ses bottes et poser ses pieds nus sur la pierre. Elle s’assit sur le lit, en tailleur face au géant qui avait levé son esquisse.

- Je vais devoir te rappeler qu’on ne se connaît pas.

Elle se mit à rire gentiment, cela la peinait presque de dire cette vérité à voix haute. Ils se comprenaient depuis le début de cette soirée, mais ils ne connaissaient pas grand-chose l’un de l’autre.

- C’est par ce que j’en ai vu, chassé et capturé, dans le meilleur des cas. C’était avant la guerre, quand je faisais partie du RSAF.

Il passait son regard sur le bureau, observant ce que la naine avait commencé, mais jamais fini, comme une métaphore de sa vie. Cela lui paraissait toujours irréel, d’avoir laissé un homme entré, le laissait regarder ses parties de sa vie que personne ne connaissait. Elle souriait à ses pensées, ses yeux dérivèrent sur la bouteille dans le coin opposé, devaient, elle la cachait ? Poserait-il des questions dessus ? Elle verrait bien. Elle se concentra à nouveau sur lui qui détaillait le croquis en caressant les plumes sur le bureau avant qu’il ne lève les yeux pour croiser les siens. Elle attendait une question en silence, souriant timidement, et la question arriva, mais aucune de celles qu’elles s’étaient attendues. Elle se retint de rire et son sourire se fit plus moqueur.

- Ce pourrait t il que mon beau Drakyn soit jaloux ?

Elle avait insisté sur le compliment déjà dit plus tôt dans la soirée. Elle s’installa contre la tête de lit, laissant planer le moment avant de reprendre.

- C’est Declan, le seul ami… Autre ami que j’ai ici. On est parti en mission une fois ensemble et il ne m’a pas pris de haut. Depuis, on a continué de parler un peu ensemble, il est au courant de certains de mes soucis. Je te rassure, tu en sais plus que lui, et tu es le seul à être entré ici.

Elle pouffa avant de reprendre.

- Et je ne lui ai jamais fait de compliment non plus. Votre plus gros point commun est votre passion pour me charrier.

Elle lui fit signe de venir s’asseoir sur le lit et se décala au cas où.

- Si tu veux, c’est le moment où l’on peut faire plus connaissance.

Elle essayait de garder son sérieux, la flamme de son regard rehaussait l’invitation et elle lui fit un clin d’œil pour finir de se moquer.

- Si tu préfères, tu peux enlever les livres qui sont sur la chaise pour t’asseoir. Tu n'en auras pas besoin pour être à la hauteur du bureau. Comme je te l’ai dit, nous ne nous connaissons pas. Tu as une partie de mes passions, de ma vie sous les yeux. Si tu veux apprendre à me connaître, c’est peut-être le meilleur moment. Dis-moi ce que tu veux savoir, je suis toute à toi.

Ses yeux quittèrent ceux du Drakyn pour balayer sa pièce, le sourire aux lèvres de son dernier sous-entendu. La naine avait assez confiance dans le géant pour penser que les questions ne soient pas gênantes, enfin, elle l’espérait vraiment.