3 participants
Page 1 sur 2 • 1, 2
-38 par une nuit d’Octobre
Quelque part dans la zone maritime
commerciale Républicaine…
Quelque part dans la zone maritime
commerciale Républicaine…
Neuf cent trente-deux… Neuf cent trente-trois…
Plus que quelques instants et il passerait à l’action, ses lèvres desséchées par le sel de mer bougent toutes seules mais aucun son n’en sort, Zelevas d’Élusie Fraternitas compte doucement dans sa tête les secondes qui passent depuis le dernier bruit humain qu’il a entendu en provenance de l’extérieur, égrainant les nombres comme un diviniste son chapelet, le décompte permet aussi au jeune homme de se préparer psychologiquement à ce qui va suivre.
Combien de temps est-il resté en planque dans ce tonneau? Ça lui semble être des heures, de vraies heures à rester recroquevillé en position foetale dans le noir total, enterré sous des kilos de pomme de terre à avoir du mal à respirer entre la mauvaise aération et l’odeur pénétrante d’amidon, à attendre dans l’incertitude d’être découvert, le tout dans l’humidité parce que le tonneau a percé et prend la flotte par le bas. Un calvaire. Une torture. Une blague en comparaison des processus de sélection qu’il a affronté il y a cinq ans pour intégrer les Limiers du Razkaal.
Neuf cent soixante-dix… Neuf cent soixante-et-onze…
Sa main décale des pommes de terre pour longer son corps avec le peu de place qui lui est disponible, à 25 ans tout mouillés Zelevas est un adulte dans la fleur de la jeunesse, son corps a été minutieusement sculpté par deux années de service militaire assidu, cinq années de régime de vie draconien chez les Limiers, mais aussi et surtout par les efforts continuels et religieusement disciplinés, d’un garçon dépourvu de magie et qui ne peut donc compter que sur ses propres efforts de simple humain pour faire honneur aux attentes incombées par son nom de famille. Rares sont les Limiers incapable de recourir à la magie, et Zelevas comme ses quelques comparses dénués de talents surnaturels est obligé de compenser d’une façon ou d’une autre son manque de pouvoirs. Si certains le font au travers de savoir-faires uniques ou d’armes aux propriétés techniques impressionnantes, le jeune Fraternitas l’a fait par un chemin bien plus simple mais tout aussi terrifiant qu’une arbalète à répétition ou une boule de flammes incandescentes. Il possède un acharnement fanatique, ses capacités de traques et sa résilience en combat lui ont progressivement fait obtenir un respect que les autres géôliers de la forteresse maudite ne pensaient pas accorder un jour à quelqu’un manquant aussi cruellement de puissance de feu. Comme tout les autres traqueurs, gardiens et bourreaux de l’île interdite, il représente la persévérance, la fatalité de la Loi et l’élite de la République, mais les méthodes terriblement “humaines” de Zelevas en font un effroi plus cru et plus brutal que la violence irrationnelle des magies.
Enfin, il pouvait toujours compter sur ça et sur l’autre petit coup de pouce bien sûr, un coup de pouce de quinze millilitres dans une fiole translucide dont le rosé similaire à un vin fruité est trompeur. Sous cette apparence alléchante, ce petit rafraîchissement provoque une sensation intense de brûlure dans les veines pendant une bonne heure en échange d’estomper suffisamment les autres sources de douleur pour pouvoir continuer à fonctionner en cas de blessures impressionnantes. L’autre fiole, cette fois ne contenant pas un liquide mais une poudre semblable à s’y méprendre à du sucre fin ou de la cocaïne, est un stimulant hyper-métabolique, une petite merveille qui permet d’augmenter la vitesse de traitement du cerveau. Une sacrée saloperie à consommer sur le long terme, mais de toute façon le jeune homme ne comptait pas moisir éternellement au Razkaal à l’inverse des prisonniers qu’il y envoyait. Les deux produits consommés ensemble augmentaient drastiquement l’efficacité en combat d’un simple humain si tant est que la douleur provoqué par l’anti-choc est gérable, et au delà de leurs effets néfastes sur la santé des preneurs, un dernier inconvénient vient s’ajouter à leur utilisation: leurs coûts. Ces petits amuses-gueules ne se vendent pas dans la première échoppe d’alchimie, mais c’est un sacrifice que Maximilien d’Élusie, en tant que Gouverneur de Justice au comptoir de la SSG de la ville éponyme, est plus que partant à faire si ça permet à son fils d’augmenter ses chances de survie. Zelevas toujours enveloppé par les ténèbres et les féculents resserre donc sa poigne autour des deux fioles avant de déboucher la première tandis qu’il atteint le nombre mille. Dix minutes depuis le dernier signe d’activité, l’équipage doit être couché et les rondes à bord de la grosse frégate de contrebandiers sont donc les seules sentinelles à surveiller le navire. Il porte le bord du tube en verre à ses lèvres et s’apprête à le descendre cul-sec lorsqu’un éclat de voix l’interrompt net dans son geste. Une voix lointaine mais perceptible grâce au hurlement retentit et somme les matelots endormis de se réveiller immédiatement:
”Ennemis à tribord!”
”Bordel mais d’où est-ce qu’ils sortent?”
”Préparez-vous au combat allez vite VITE!”
Tout devient confus, des bruits de pas sur le pont supérieur, des cris paniqués, des portes et des trappes qui s’ouvrent à la volée, le navire est soudainement repris par une agitation énorme et Zelevas rebouche la fiole, planqué à l’intérieur de son tonneau de patates, prenant le temps de suivre l’évolution de la situation. Apparemment un, non des, plusieurs navires viennent de surgir de la brume et s’attaquent à l’imposante embarcation sur laquelle est chargée sa cachette de fortune, bien sa veine. Juste au moment où il comptait sur l’effet de surprise pour faire lui-même du ménage il n’allait peut-être pas avoir besoin de se donner tant de mal que ça. Une oreille attentive collée contre la paroie ronde de sa planque, il tente de glaner quelques informations sur le combat en cours, l’abordage n’a pas encore eu lieu, il y a des échanges de tirs audibles cela dit, des claquements de cordes marquent des tirs de harpons, de balistes et d’arbalètes. Plusieurs hommes hurlent déjà de douleur, les hostilités ont bien commencées mais il n’y a pas eu de secours-
CRAAAAAAC
Zelevas sent soudainement une terriblement éphémère sensation d’apesanteur tandis qu’il vole au milieu des patates, puis la lumière l’attaque soudainement quand le tonneau dans lequel il est enfermé depuis des heures se brise à l'atterrissage. Un peu désorienté et confus par les chocs, il regagne rapidement ses esprits en identifiant le sol et l’origine de la gravité avant de relever l’origine de la gravité de la situation: une proue de bateau éventre actuellement la frégate et a causé l’effondrement du pont intermédiaire, l’embarcation se met lentement à prendre la flotte tandis qu’au dessus, les affrontements deviennent tactiles et les sabres s’entrechoquent. L’orchestre de la bataille est finalisé par le déchirement du tonnerre, il ne l’avait pas remarqué jusque là, coupé du monde depuis ce matin, mais le climat actuel est plutôt furieux. De la brume pendant une tempête, une étrangeté que Zelevas n’a pas le temps ni l’envie de relever puisqu’il a d’autres priorités bien plus importantes à gérer dans l’instant, le navire qui les a encastré porte l’emblème pirate sur sa proue et la bonne nouvelle, c’est qu’ils vont peut-être s’entretuer. La mauvaise, c’est qu’il y a un monde où Zelevas se retrouve donc seul contre des flibustiers en nombre inconnu, en haute mer, sur un bateau qu’il ne peut pas manier seul, en plein orage.
”Une partie de plaisir. Génial.” Maugré-t’il en avalant de suite le contenu rougeâtre de la fiole liquide et en sniffant la poudre dans la foulée.
Le coup de fouet est immédiat, il a l’impression de s’être pris un coup de cravache galvanisant et que son cerveau tournait auparavant au ralenti, dans le même temps, il n’ignore pas la sensation de brûlure qui se répand peu à peu dans son corps, dessinant ses veines avec une précision surprenante s’il en était à son coup d’essai. Maintenant qu’il est sorti, il en profite pour vérifier la tenue de ses armes avant de se lancer dans la mêlée. L’héritier d’Élusie possède un corps visiblement forgé par la difficulté et non par le culturisme, les muscles au repos ne se distinguent pas à l’oeil nu mais chaque mouvement esquissé par le Limier fait apparaître des courbes reconnaissables. Son visage aux yeux bleus aciers est ferme, dur, il semble miraculeusement épargné par les cicatrices qui adornent pourtant par ci par là le reste de son corps, mais la réponse à cette énigme réside dans l’objet attaché à sa taille. Un masque de Limier, forgé dans un acier très particulier et enchanté de diverses manières pour amoindrir les attaques psychiques et résister à la corruption inéluctable du Razkaal, chacun de ces masques est lié à son propriétaire qui ne peut en être que l’unique utilisateur, leurs formes éclipsent les traits des bourreaux, mais dévoilent à la place une facette définie de leur personalité. Celui de Zelevas n’échappe pas à la règle: sa surface est intégralement lisse, réfléchissant la lumière presque comme un miroir dont l’argentine aurait été abîmé par les quelques coups d’épée qui parviennent à outrepasser la défense de son porteur. Un masque uniforme, lisse, dépourvu de toute trace d’humanité, un masque qui ne fait que renvoyer une image honnête de ce qui se trouve en face de lui. Un masque juste. Zelevas sent sa mâchoire se crisper tandis que son sang boue presque littéralement dans ses veines, et avant de porter le masque à son visage et de céder la place du jeune homme de bonne famille à celle de chasseur de la République, il énonce à haute voix comme à chaque fois, la citation inscrite sur l’intérieur du masque sans avoir besoin de la lire.
”Il n’est de justice que dans la vérité, et il n’est de bonheur que dans la justice.”
Beldurande d’Élusie. Pense-t’il intérieurement pour conclure son rituel. L’ancêtre de sa lignée, celui qui s’est séparé de la Famille Fraternitas en premier lieu, celui qui avait compris. Il vérifie que son arbalète de poing est fonctionnelle, que la ceinture de carreaux est bien en place, et il lève les yeux vers la trappe au dessus de lui qui culmine l’escalier vers les restes du pont intermédiaire. Des bruits de lutte se font entendre à l’étage, Zelevas vérifie une dernière fois ses cestes, des brassières en un alliage de bronze et de laiton conçues pour le bon intermédiaire entre résistance et légèreté, qu’il utilise surtout pour dévier les coups. Le ceste gauche possède un gant matelassé en cuir pour pouvoir chopper les lames à main nue, tandis que le droit possède une lame pivotante en plus des phalanges renforcées, qu’il peut saisir à l’endroit ou à l’envers sans devoir lâcher l’arme, un anneau de cuivre permettant de faire pivoter le métal autour du poing simplement en redressant les doigts. Des armes trompeusement simples qui ne sont en réalité que des outils, puisque la vraie arme réside dans le corps même de Zelevas, une arme forgée sur vingt-cinq ans, entraînée, dopée, déterminée.
À l’étage la bataille fait rage, si on percevait plus tôt un orchestre symphonique qui interprète une ode au combat, la réalité est beaucoup moins poétique. Plusieurs pirates du navire attaqué sont regroupés ensemble dans le coin d’un compartiment, parmis eux, Gros Jack le Quartier-Maître, ils échangeant les coups de lame avec les assaillants encore inconnus pour sauver leur peau. Le choc métallique des sabres tient la chair fragile à distance, refus catégorique des deux partis de faire couler leur sang en premier sur les planches du ponton, les cris, le chaos, le feu qui se répand un peu partout dans le navire, les torches brisées et les râles d’agonie forment une tempête infernale dans laquelle se retrouve maintenant piégée ces trois forbans. Chaque coup bloqué fait réverbérer la force de l’impact des lames jusque dans les os comme un avertissement bien plus généreux que la véritable douleur promise par le contact de l’acier avec la peau. C’est tuer ou être tué, ce n’est pas juste une question de pillage, de butin, c’est leur survie qui est sur la table. Jacquie possède tout ses sens en éveil, la moindre faute d’inattention peut-être fatale.
Le sang gicle soudainement, et le chaos s’arrête un instant, surpris.
Un éclair argenté de plus et un des attaquants pousse un cri d’effroi alors qu’un bras apparaît de son dos et se plante à nouveau un peu plus haut dans l’omoplate. Puis encore, dans le deltoïde. Puis encore. Comme si la main qui poignardait le malheureux tentait d’escalader sa victime. Chaque coup était asséné avec une force et une velléité haineuse et viscérale. Les assaillants ne savent pas comment réagir, ils sont pris à revers, la bande se désorganise et les défenseurs en profite pour riposter, mais ils s’arrêtent également en voyant la forme qui émerge du sol comme un rejet du Royaume des Gardiens qui revient hanter les vivants.
Les flammes se reflètent dans le masque, une vision des enfers qui les attend.
”LIMIEEEER”
”UN LIMIER!”
”Y’A UN LIMIER DU RAZKAAL!!”
Gros Jack est tétanisé, La surprise cède sa place à la peur, un des attaquant, maintenant côte à côte avec un des défenseurs contre un ennemi commun, tente de résister, son coup feinté vers l’avant est malin, mais pas assez malin, le Quartier-Maître voit le ceste passer sous l’avant-bras du bandit et s’enfoncer gris dans la peau pour ressortir rouge éclatant. Le deuxième assène un coup mais l’épée s’arrête net sur l’avant-bras du Limier, comme si elle était subitement émoussée, le chien de chasse attrape le camarade du Gros Jack et lui fait une clé de bras de face, passant le sabre du pirate derrière lui pour se retrouver nez à nez avec le Limier. L’autre attaquant tente vainement de rassembler ses forces amenuisées pour continuer de se battre mais un coup de pieds brutal au mollet tord sa jambes dans un angle anormal et il s’effondre en soupirant. Le poignard, enfin le couteau ou quoi qu’il soit, se plante dans les côtes de l’ami du Gros Jack, et en forçant sur la prise nouvellement crée, le bourreau donne un grand coup de tête dans le nez du malheureux. Un de plus. L’acier du masque est recouvert d'éclaboussures vermeilles. Les flammes font luire le sang qui le macule. Gros Jack panique, il tombe à la renverse et recule en se débattant pour mettre le plus de distance possible entre lui et cet esprit de Kaiyo. C’est le Seigneur des Océans lui même qui leur a envoyé ce monstre pour les punir. C’est pas possible autrement. Le Gros Jack se retourne pour se relever et s’enfuir. D’autres craquellements macabres rythment les coups de tête supplémentaire, mais entre l’acier du masque de Limier et le frêle cartilage de son pote, il n’a pas à regarder pour savoir qui gagne. Cul de sac, il est dans la cuisine, l’escalier est de l’autre côté, il peut peut-être repartir par le trou du fourneau s’il parvient à démonter le tube d’échappement, mais le temps lui manque. Il entend les bruits de lutte derrière lui, de nouveaux cris, des bruits de surin, un son lourd d’affaissement de plus. Vite, plus vite. Gros Jack s’acharne sur le tuyau de métal pour le déloger de son conduit dans le bois. Le tuyau cède. Il rampe dedans. C’est trop étroit mais il faut qu’il passe, il doit passer. Sa peau s’écorche contre le pourtour, mais il finit par rentrer. Plus vite. Une douleur aigüe le fait sursauter et pousser un cri des moins virils de sa vie, sa tête se retourne pour regarder la source de la souffrance. Le masque du Limier ne lui renvoie que son propre regard effrayé.
”NAN! NAAAAAAAN!”
Le sifflement de l’air dans sa voix est rapidement remplacé par celui plus strident de l’air qui s’embrase dans ses voies respiratoires, son corps tout entier n’est que douleur, sa peau brûle, la fibre de ses vêtements s’entremêle avec sa chair et ses muqueuses se dessèchent pour ensuite flétrir tandis que le Limier alimente le souffleur avec une des torches brisées pour pomper de l’air ardent dans le tuyau encombré. Il ne peut pas progresser plus loin, l’ergot tranchant du ceste l’attrape à la cheville et il est déjà pris au piège dans le tuyau. Tout ça n’est plus important, il s’arrête simplement d’exister, tout devient noir.
Zelevas relâche la torche au sol et la laisse embraser lentement les planches de la cuisine pleines de poussière, il essuie un peu le sang qui cache les “trous” pour ses yeux, un enchantement de plus sur deux petites zones du métal pour permettre à son porteur d’y voir au travers dans un sens uniquement. La justice est aveugle, mais lui il a encore besoin de voir.
”Pour la République.” murmure-t’il avant de s’aventurer enfin vers l’anarchie totale du pont supérieur.
Citoyen du monde
Altarus Aearon
Messages : 414
crédits : 1474
crédits : 1474
Info personnage
Race: Humain-elfe
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
Le Masqué se tenait fermement à une des cordes du gréement. En position de parfait équilibre sur la rambarde, il fixait la frégate sur laquelle un des trois bricks prenait déjà assaut. Le second voguait juste derrière, tirant déjà une première salve de traits de sa baliste de proue. Tout se passait correctement pour l'instant, malgré les ténèbres d'une nuit ennuagée et une mer peu collaborante. Cette dernière n'était guère d'humeur, offrant une surface mouvante et chaotique. La proue du brick fendait brutalement les vagues, offrant des écumes blanchâtres, à peine discernables. Le vent sifflait aux oreilles de l'équipage qui s'activait à ses rôles, pour que le navire garde une vitesse constante, malgré les mauvaises conditions. Les deux balistes de proues étaient prêtes à lâcher en toute puissance leurs gros traits. Il fallait juste attendre le bon moment, l'instant où ils seront à bâbord, pendant que les deux autres bricks occuperont l'attention des tireurs de la frégate sur tribord. Pour prendre l'adversaire de court, le Masqué poussait le vent magiquement dans les voiles. L'embrun qui venait des vagues fendues par la vitesse déterminante pour l'offensive inondait de quelques gouttes le masque noir qui dissimulait le visage du Capitaine. L'air avec une senteur électrique, presque piquante. Un orage approchait.
À tribord, on discernait les deux autres silhouettes fantomatiques, aux voiles aussi tendues et gonflées par les courants venteux, soutenant la même allure que le Téméraire. Le Masqué les fixait quelques instants. Ils avaient tous l'air de navires spectraux, glissant sur les flots en silence, sur les flots hargneux. Aucun fanal ne signalait leur position respective. Tels des loups, ils s'étaient regroupés pour affronter une proie plus grosse qu'eux. Il n'y avait plus qu'à espérer que chacun suive le plan convenu plusieurs jours auparavant. D'ordinaire, le Capitaine au visage dissimulé agissait seul, jouant d'opportunité pour aborder des navires plus dangereux et plus lourd que son brick. Son équipage était compétent et redoutable, mais une frégate pouvait posséder le triple, voir le quadruple d'hommes, tout aussi expérimentés que les siens. Et d'ordinaire, il choisissait des proies dont il était certain de remporter la victoire en limitant les dégâts. Mais pour cette attaque de nuit, il dérogeait à ses habitudes de piraterie.
Pourquoi d'ailleurs s'était-il allié avec deux autres capitaines pirates ? L'appât du gain ? Une cargaison de contrebande qui était embarquée à bord qui en valait la peine ? Il y avait de cela et c'était avec cet argument qu'Altarus avait pu convaincre ses deux homologues d'unir leurs forces pour choper le commandant de cette frégate. Il était aisé de jouer de puissance à bord de ce genre de vaisseau pour se croire intouchable et faire bon ce qu'il lui semblait, au détriment d'autres forbans et marchands maritimes plus ou moins honnêtes. Le Masqué ne visait pas le profit dans cette offensive dangereuse... Lui, il visait la tête de son adversaire, ce foutu capitaine de frégate qui risquait de compromettre tout ce qu'il avait pu construire depuis tant d'années, qui tuait sans scrupules, faisait couler le sang pour un rien ou tout simplement pour le plaisir et qui commençait à trop attirer l'attention de la SSG dans certains territoires maritimes. Tout cela parce qu'il s'était pris de folie de grandeur ! Et à entendre certaines rumeurs, il viserait la place d'un Frère de Côte...
Plusieurs claquements secs lointains des balistes parvinrent à nouveau à ses oreilles. Les deux autres assaillants ne perdaient pas de temps. Le Téméraire était désormais assez proche pour tirer à son tour. Un maître d'armes brailla un ordre et les deux balistes de proues tirèrent, leurs traits visant les ponts supérieurs de la frégate. Sous ses bottes, il perçut la vibration provoquée par les balistes, avant d'entendre de sinistres craquements de bois et des cris de souffrance émaner du vaisseau. On ordonna de renouveler rapidement un autre tir. Ça hurlait en face, malgré le bruissement rageux d'une mer qui faisait de plus en plus le gros dos. Aborder cette grosse ventrue ne sera pas aisé.
Sa main gantée craqua doucement quand il enserra plus solidement la corde qui l'aidait à ne pas tomber à la mer. Il étudiait déjà la manière dont il devait aborder la frégate, pour limiter les dégâts sur le Téméraire. Sa réflexion coupa court quand un rand fracs venant de tribord l'informa d'une variante non prévue dans le plan. Un des bricks venait d'éperonner la coque de la grosse noix. Bon sang, mais ce que foutait donc Arel ! Ses hommes hurlèrent leur soif de combat en déferlant sur le pont du vaisseau ennemi ! [
b]"Trop tôt ! "[/b] maugréa Altarus, abandonnant son poste d'observation pour se préparer aux conséquences de cet abordage trop précoce ! "Balistes, préparez un dernier tir !" On prépare l'abordage ! Rentrez les vergues, et plus vite que cela ! "ordonna-t-il en amplifiant sa voix. Son Second relayait les ordres aux hommes et, connaissant très bien son Capitaine, enjoignit des injonctions de son côté pour assurer le plus rapidement possible les manœuvres d'abordages. La proue de la frégate était visée, puisque l'autre imbécile avait dérogé au plan initial et avait salement abordé le flanc tribord, en plein milieu en plus !
Les armes de ponts lâchèrent les traits. Juste à temps, les vergues étaient rétractées. La tension montait d'un cran parmi les marins, qui s'étaient déjà armés. Plusieurs autres serraient les dents, concentrés à la tâche importante de lancer les grappins. Altarus lâcha la pression du vent sur les voiles, maintenant qu'ils étaient à bonne hauteur.
"On serre ! Maintenant ! "
Le pilote tourna la barre. La distance se réduisit brutalement. En comparaison du géant flottant, le Téméraire paraissait bien frêle. Il prouva sa robustesse quand sa coque frappa celle de son grand frère. Les grappins sifflèrent dans l'air qui coulait un peu à la peau, tellement il était moite... ou alors était-ce la sueur du stress et de la fébrilité de l'affrontement tout proche ? Les cordes assurées, les pirates grimpèrent pour monter à leur tour sur le pont supérieur, où les combats s'étaient déjà engagés furieusement.
Le Masqué, avec la même agilité que le reste de son équipage, gravit à la force de ses bras les liens de chanvre pour mettre pied sur le pont. Il sortit hors de son fourreau sa rapière, prêt à engager le combat, qui était bordélique, il fallait le dire, sur la partie centrale du pont. Arel et ses hommes, par les Abysses, étaient assurément indisciplinés qu'ils faisaient n'importe quoi ! Et où était le brick de Dorian ? Ah ! il se rapprochait de la poupe... Au moins, lui respectait les étapes de l'attaque comme prévu lui ! Rien n'était encore perdu, malgré le chaos qui s'étalait devant lui. L'air, en plus d'être électrique, salé et pesant... avait une drôle d'odeurs... le feu... et des effluves écœurants d'une chair carbonisée qui continuait à brûler ! Altarus maudit Arel ! Un incendie s'était déclaré à bord, sans doute sous le pont. Le temps jouait contre eux. Et il n'avait toujours pas vu sa proie ! La seule qui comptait à ses yeux.
''Les hommes de Gaidiz, allez soutenir ces crétins d'Arel, les autres, avec le Second Fradar, vers la poupe. Trouvez-moi ce salaud ! "
Un éclair zébra le ciel, puis un autre. La tempête craqua, illuminant les cieux comme s'il était en plein jour. Là, une silhouette sortit d'une des écoutilles, se dressant tel un être venu d'un autre temps, d'un autre monde. Massive, ténébreuse… Sa soudaine apparition provoqua un léger doute chez certains marins du Téméraire. Un éclair dévoila l'apparence de ce qu'on s'attendait à voir chez un homme lambda, si on dépassait outre son imposante carrure qui réveillait quelques frayeurs. Pas d'yeux… pas de bouche... Il n'y avait qu'une surface lisse et miroitante qui lui faisait office de visage. Était-il un messager de la Mort, venant pour apporter la colère des Titans ? Un message même de Kaiyo qui n'approuvait pas cet abordage ?
Un des hommes du Téméraire avait hésité à devancer son Capitaine quand celui-ci avait ordonné l'attaque... Il avait reculé d'un pas devant l'effroyable apparition humaine. D'un regard empli d'incertitude quant à la réussite de ce combat sur la frégate, il avait alors fixé Altarus. Celui-ci ne paraissait pas frémir. Il était droit, sa rapière à moitié dressée, prêt à l'affrontement. Son masque ténébreux, qui ne laissait rien apparaître de ses propres traits, ni même ses yeux bleus acier, était dirigé vers la direction de cet inconnu sorti des entrailles du vaisseau. Lui aussi, il était tel une ombre de mort, bien que plus fin que l'autre redoutable mastodonte. Sa tenue entière n'était qu'obsidienne.
Oui, le Masqué fixait cet autre être, dont la nature ne laissait aucun doute sur sa dangerosité. Son masque l'identifiait comme tel. Un bref instant, le pirate eut l'impression d'avoir été plongé dans un très vieux récit pirate, qui décrivait un homme masqué, qui empestait mort et sang dans son sillage, se battant et tuant pour la gloire de son Roi, à la capacité martiale inégalable, capable de se battre à la seule puissance de ses poings, ayant construit son corps pour qu'ils ne soient que muscles et force... Il avait CA en face de lui. Et pourtant, il ne frémissait pas.
"Limier ! "
Il devait capter son attention. En même temps, en mettant un nom sur cette apparition ombreuse et sans visage, les pirates sauront qui était cet individu. La crainte de cette venue presque infernale prendait une autre forme, désormais. Le capitaine n'avait pas prévu d'avoir ce genre d'énergumène à bord de la frégate ! Sa présence déroutait ses hommes, et les autres pirates de ses renforts.
"Limier ! "Répéta-t-il alors, avec une voix forte ''Je ne sais pas les raisons de votre présence à bord, mais ce n'est pas votre combat ! Je suis venu chercher la tête du Capitaine Zmeï et rien d'autre ! Restez en dehors de tout cela ! Prenez une chaloupe et partez ! "
Il ne savait les raisons de la présence de cet homme à l'imposante carrure à bord de leur proie et bien qui lui laissait une porte de sortie possible, le Masqué ne serait pas surpris d'entendre son refus...Il était déjà une grosse épine mortel dans le flanc de cette frégate...
À tribord, on discernait les deux autres silhouettes fantomatiques, aux voiles aussi tendues et gonflées par les courants venteux, soutenant la même allure que le Téméraire. Le Masqué les fixait quelques instants. Ils avaient tous l'air de navires spectraux, glissant sur les flots en silence, sur les flots hargneux. Aucun fanal ne signalait leur position respective. Tels des loups, ils s'étaient regroupés pour affronter une proie plus grosse qu'eux. Il n'y avait plus qu'à espérer que chacun suive le plan convenu plusieurs jours auparavant. D'ordinaire, le Capitaine au visage dissimulé agissait seul, jouant d'opportunité pour aborder des navires plus dangereux et plus lourd que son brick. Son équipage était compétent et redoutable, mais une frégate pouvait posséder le triple, voir le quadruple d'hommes, tout aussi expérimentés que les siens. Et d'ordinaire, il choisissait des proies dont il était certain de remporter la victoire en limitant les dégâts. Mais pour cette attaque de nuit, il dérogeait à ses habitudes de piraterie.
Pourquoi d'ailleurs s'était-il allié avec deux autres capitaines pirates ? L'appât du gain ? Une cargaison de contrebande qui était embarquée à bord qui en valait la peine ? Il y avait de cela et c'était avec cet argument qu'Altarus avait pu convaincre ses deux homologues d'unir leurs forces pour choper le commandant de cette frégate. Il était aisé de jouer de puissance à bord de ce genre de vaisseau pour se croire intouchable et faire bon ce qu'il lui semblait, au détriment d'autres forbans et marchands maritimes plus ou moins honnêtes. Le Masqué ne visait pas le profit dans cette offensive dangereuse... Lui, il visait la tête de son adversaire, ce foutu capitaine de frégate qui risquait de compromettre tout ce qu'il avait pu construire depuis tant d'années, qui tuait sans scrupules, faisait couler le sang pour un rien ou tout simplement pour le plaisir et qui commençait à trop attirer l'attention de la SSG dans certains territoires maritimes. Tout cela parce qu'il s'était pris de folie de grandeur ! Et à entendre certaines rumeurs, il viserait la place d'un Frère de Côte...
Plusieurs claquements secs lointains des balistes parvinrent à nouveau à ses oreilles. Les deux autres assaillants ne perdaient pas de temps. Le Téméraire était désormais assez proche pour tirer à son tour. Un maître d'armes brailla un ordre et les deux balistes de proues tirèrent, leurs traits visant les ponts supérieurs de la frégate. Sous ses bottes, il perçut la vibration provoquée par les balistes, avant d'entendre de sinistres craquements de bois et des cris de souffrance émaner du vaisseau. On ordonna de renouveler rapidement un autre tir. Ça hurlait en face, malgré le bruissement rageux d'une mer qui faisait de plus en plus le gros dos. Aborder cette grosse ventrue ne sera pas aisé.
Sa main gantée craqua doucement quand il enserra plus solidement la corde qui l'aidait à ne pas tomber à la mer. Il étudiait déjà la manière dont il devait aborder la frégate, pour limiter les dégâts sur le Téméraire. Sa réflexion coupa court quand un rand fracs venant de tribord l'informa d'une variante non prévue dans le plan. Un des bricks venait d'éperonner la coque de la grosse noix. Bon sang, mais ce que foutait donc Arel ! Ses hommes hurlèrent leur soif de combat en déferlant sur le pont du vaisseau ennemi ! [
b]"Trop tôt ! "[/b] maugréa Altarus, abandonnant son poste d'observation pour se préparer aux conséquences de cet abordage trop précoce ! "Balistes, préparez un dernier tir !" On prépare l'abordage ! Rentrez les vergues, et plus vite que cela ! "ordonna-t-il en amplifiant sa voix. Son Second relayait les ordres aux hommes et, connaissant très bien son Capitaine, enjoignit des injonctions de son côté pour assurer le plus rapidement possible les manœuvres d'abordages. La proue de la frégate était visée, puisque l'autre imbécile avait dérogé au plan initial et avait salement abordé le flanc tribord, en plein milieu en plus !
Les armes de ponts lâchèrent les traits. Juste à temps, les vergues étaient rétractées. La tension montait d'un cran parmi les marins, qui s'étaient déjà armés. Plusieurs autres serraient les dents, concentrés à la tâche importante de lancer les grappins. Altarus lâcha la pression du vent sur les voiles, maintenant qu'ils étaient à bonne hauteur.
"On serre ! Maintenant ! "
Le pilote tourna la barre. La distance se réduisit brutalement. En comparaison du géant flottant, le Téméraire paraissait bien frêle. Il prouva sa robustesse quand sa coque frappa celle de son grand frère. Les grappins sifflèrent dans l'air qui coulait un peu à la peau, tellement il était moite... ou alors était-ce la sueur du stress et de la fébrilité de l'affrontement tout proche ? Les cordes assurées, les pirates grimpèrent pour monter à leur tour sur le pont supérieur, où les combats s'étaient déjà engagés furieusement.
Le Masqué, avec la même agilité que le reste de son équipage, gravit à la force de ses bras les liens de chanvre pour mettre pied sur le pont. Il sortit hors de son fourreau sa rapière, prêt à engager le combat, qui était bordélique, il fallait le dire, sur la partie centrale du pont. Arel et ses hommes, par les Abysses, étaient assurément indisciplinés qu'ils faisaient n'importe quoi ! Et où était le brick de Dorian ? Ah ! il se rapprochait de la poupe... Au moins, lui respectait les étapes de l'attaque comme prévu lui ! Rien n'était encore perdu, malgré le chaos qui s'étalait devant lui. L'air, en plus d'être électrique, salé et pesant... avait une drôle d'odeurs... le feu... et des effluves écœurants d'une chair carbonisée qui continuait à brûler ! Altarus maudit Arel ! Un incendie s'était déclaré à bord, sans doute sous le pont. Le temps jouait contre eux. Et il n'avait toujours pas vu sa proie ! La seule qui comptait à ses yeux.
''Les hommes de Gaidiz, allez soutenir ces crétins d'Arel, les autres, avec le Second Fradar, vers la poupe. Trouvez-moi ce salaud ! "
Un éclair zébra le ciel, puis un autre. La tempête craqua, illuminant les cieux comme s'il était en plein jour. Là, une silhouette sortit d'une des écoutilles, se dressant tel un être venu d'un autre temps, d'un autre monde. Massive, ténébreuse… Sa soudaine apparition provoqua un léger doute chez certains marins du Téméraire. Un éclair dévoila l'apparence de ce qu'on s'attendait à voir chez un homme lambda, si on dépassait outre son imposante carrure qui réveillait quelques frayeurs. Pas d'yeux… pas de bouche... Il n'y avait qu'une surface lisse et miroitante qui lui faisait office de visage. Était-il un messager de la Mort, venant pour apporter la colère des Titans ? Un message même de Kaiyo qui n'approuvait pas cet abordage ?
Un des hommes du Téméraire avait hésité à devancer son Capitaine quand celui-ci avait ordonné l'attaque... Il avait reculé d'un pas devant l'effroyable apparition humaine. D'un regard empli d'incertitude quant à la réussite de ce combat sur la frégate, il avait alors fixé Altarus. Celui-ci ne paraissait pas frémir. Il était droit, sa rapière à moitié dressée, prêt à l'affrontement. Son masque ténébreux, qui ne laissait rien apparaître de ses propres traits, ni même ses yeux bleus acier, était dirigé vers la direction de cet inconnu sorti des entrailles du vaisseau. Lui aussi, il était tel une ombre de mort, bien que plus fin que l'autre redoutable mastodonte. Sa tenue entière n'était qu'obsidienne.
Oui, le Masqué fixait cet autre être, dont la nature ne laissait aucun doute sur sa dangerosité. Son masque l'identifiait comme tel. Un bref instant, le pirate eut l'impression d'avoir été plongé dans un très vieux récit pirate, qui décrivait un homme masqué, qui empestait mort et sang dans son sillage, se battant et tuant pour la gloire de son Roi, à la capacité martiale inégalable, capable de se battre à la seule puissance de ses poings, ayant construit son corps pour qu'ils ne soient que muscles et force... Il avait CA en face de lui. Et pourtant, il ne frémissait pas.
"Limier ! "
Il devait capter son attention. En même temps, en mettant un nom sur cette apparition ombreuse et sans visage, les pirates sauront qui était cet individu. La crainte de cette venue presque infernale prendait une autre forme, désormais. Le capitaine n'avait pas prévu d'avoir ce genre d'énergumène à bord de la frégate ! Sa présence déroutait ses hommes, et les autres pirates de ses renforts.
"Limier ! "Répéta-t-il alors, avec une voix forte ''Je ne sais pas les raisons de votre présence à bord, mais ce n'est pas votre combat ! Je suis venu chercher la tête du Capitaine Zmeï et rien d'autre ! Restez en dehors de tout cela ! Prenez une chaloupe et partez ! "
Il ne savait les raisons de la présence de cet homme à l'imposante carrure à bord de leur proie et bien qui lui laissait une porte de sortie possible, le Masqué ne serait pas surpris d'entendre son refus...Il était déjà une grosse épine mortel dans le flanc de cette frégate...
C’est le chaos total, lorsqu’il émerge de l’escalier du pont intermédiaire après l’avoir correctement ‘nettoyé’, Zelevas prend connaissance de la situation dans laquelle il se retrouve. La frégate est assaillie par trois autres navires plus petits mais dont le nombre a l’air de suffire pour compenser leur taille, l’équipage de Zmeï ne sait plus où donner de la tête, mais heureusement pour eux l’anarchie ne joue pas unilatéralement contre eux. Entre le manque de luminosité, l’intempérie impitoyable qui secoue les vaisseaux, la pluie battante qui réduit grandement la visibilité de tous et le mélange de trois équipages différents parmi les attaquants, la coordination n’étant pas non plus le point fort des pirates contrairement à des soldats militaires, le chaos environnant est omniprésent. Difficile également de se repérer dans le vacarme crescendo des lames, des hurlements de douleur, de surprise, de peur, de combat, des éclairs, du vent… La plupart des pirates ne remarquent pas immédiatement la présence d’un Limier à bord du bateau jusqu’à ce que l’un d’entre eux hurle plus fort que les autres pour que sa voix supplante le capharnaum. Il a un peu de mal à bien distinguer celui qui l’interpelle à cause de ses habits noirs en pleine nuit, mais il voit bien un petit nombre de silhouettes hésitantes être sur le qui-vive en le remarquant, puis se montrer encore plus méfiantes lorsque le mot magique est prononcé. Limier.
Le type est apparemment l’instigateur de l’attaque puisqu’il dit être là pour la tête du capitaine, le fameux fils de pute que Zelevas traque depuis deux mois et demi, le discours qu’on lui tient ainsi que la demande qui lui est faite est plutôt cocasse. Demande oui, parce qu’il refuse de qualifier cette pitoyable vocalise d’ultimatum, il a beau être seul contre trois équipages, le Limier dopé jusqu’à la moelle n’est chimiquement pas habilité à ressentir de peur en ce moment même. Qu’ils viennent, il peut se battre jusqu’à l’aube et plus s’il le faudra. Gueulant aussi le plus fort possible pour se faire entendre, Zelevas répond du tac au tac au grand gaillard un peu naïf:
”EN QUALITÉ DE LIMIER DU RAZKAAL, JE CLASSIFIE DÉSORMAIS CE BÂTIMENT COMME ZONE D’ENQUÊTE RÉPUBLICAINE. TOUTE RÉSISTANCE SERA CONSIDÉRÉE COMME UNE ENTRAVE À LA LOI...” Les cestes du bourreau s’entrechoquent pour faire ressortir les lames à l’endroit, et le Limier monte sa garde. ”...ET PASSIBLE DE MORT!”
Faisant quelques pas vers l’avant pour se rapprocher du leader des pirates, Zelevas voit les quelques silhouettes qui l’encadrent montrer de plus en plus de signes d’incertitude, certains ont les appuis chancelants, d’autres ne sont pas sûr de devoir passer immédiatement à l’attaque ou d’attendre le signal de leur chef, mais la menace se rapproche encore, prenant une nouvelle fois la parole, moins fort, maintenant que la distance est plus petite:
”Zmeï Nebojsa est condamné à mort par la cour de grande instance de Liberty, butez le et vous serez coupables d’obstruction à la justice. Quant au cargo que ce navire transporte, sa nature fait que rien qu’en foutant le pieds ici ça me suffit pour me permettre de vous coffrer.” Il hausse les épaules, son sourire moqueur caché par son masque, invisible de ses interlocuteur mais pourtant bien audible dans sa voix.”Alors prenez une chaloupe et partez HAHAHA!”
La réponse ne se fait pas attendre, mais elle ne vient pas sous la forme de mots, c’est à la place un carreau de douze centimètres en bois qui s’enfonce dans l’épaule de Zelevas juste en dessous de sa clavicule gauche qui lui explique patiemment et avec tact que c’est non. Subissant un léger mouvement de recul, Zelevas pousse un cri soudain mêlant surprise et douleur, mais cette dernière s’estompe aussi rapidement que la première grâce au cocktail qui coule dans ses veines, et maintenant aussi un peu sur sa poitrine. Ce tir parti de quelque part en face de lui, qu’il soit intentionnel, paniqué ou destiné à quelqu’un d’autre, écarte tout doute de l’esprit des pirates. L’hostilité n’est plus que la seule issue possible. Les corps se ruent vers Zelevas avec la détermination du fatalisme, mais leur volonté d’en découdre prend un sale coup quand les flibustiers voient le Limier briser le carreau à la main, laissant la pointe enfoncée dans son épaule pour ensuite utiliser le bout de bois brisé comme un pieu. Le premier type a portée en fais malheureusement les frais, les échardes du carreau, après avoir esquinté la chair de Zelevas, déchirent maintenant la gorge du forban sans cérémonie, le geste était soudain, rapide, tout le corps du lutteur s’est brusquement mis en action pour contribuer à l’esquive du sabre de la victime et se torsionner ensuite pour frapper décisivement quelque part dans la pomme d’adam. Un deuxième carreau fuse dans les airs au dessus des combattants. Le Limier se meut ensuite sans interruption sur les trois autres pirates qui tentent de l’encercler et se jette tout de suite sur un d’entre eux, déviant son arme de son avant-bras renforcé pour porter le deuxième poing dans sa gueule. La puissance du coup n’est pas ordinaire, et pourtant aucune magie n’est utilisée, la simple rage du combat aidée par le stimulant métabolique fracasse dents, cartilages et arcade sourcilière dans un uppercut remontant pour pulvériser le visage. Deux coupes rappellent Zelevas à l’ordre, une dans le dos et l’autre vers le bassin, moins profonde, mais le berserker ne semble pas ralentir pour autant. Il fait volte face et dans un geste imprévisible, fonce droit vers un des deux assaillants restants pendant que le troisième tatone par terre pour retrouver ses chicots égarés. Ça ou faire un petit somme. Ou il est mort. Le Limier s’en branle. Une frappe directement dans la lame de son adversaire fait voler le sabre dans la nuit et la distance rétrécit tellement que Zelevas pourrait embrasser son adversaire s’il ne portait pas le masque. C’est d’ailleurs justement le masque qui embrasse la boîte crânienne du type, et le Limier n’arrête pas sa charge au simple contact, une première chope au col du vêtement, la deuxième à la ceinture, et le lutteur soulève son ennemi en continuant de courir jusqu’à le plaquer brutalement contre le bastingage, sous la violence du choc, le bois craque, le pauvre type passe au travers, le Limier s’arrête juste avant et se retourne, prêt à poursuivre le combat maintenant qu’il s’est repositionné quelque part d’où il ne pourra pas être prit en étau. Son poing gauche effectue un petit mouvement de rotation et la lame de son ceste clique pour se positionner à l’envers, lui offrant deux prises différentes pour une garde asymétrique. Aller les fils de putes, ramenez-vous.
Il voit la découpe noire du capitaine des attaquants se rapprocher de lui avec l’autre pirate restant, ailleurs sur le bateau le combat continue sa symphonie mais les fausses notes commencent à se faire plus distinctes, l’orchestre fatigue et c’est normal. Aucune trace de Zmeï pour le moment et Zelevas commence même à se demander si ce connard de trafiquant est même à bord du rafiot, mais il s’occupera de ça une fois qu’il aura régler les autres problèmes plus immédiats. En parlant de problème, un autre vient justement se rajouter à la liste alors qu’il s’apprête à croiser le fer avec le capitaine en noir, la structure de la frégate souffrant des dégâts cumulés de l’empalement, du feu déclenché en bas par Zelevas et des pressions multiples des vagues tumultueuses s’étiole de plus en plus, et le point de rupture vient tout juste d’être atteint. Le pont supérieur s’éventre subitement le long d’une grande faille, et la proue maintenant scindée en deux pivote abruptement, les planches se dérobent sous ses pieds tandis que le pont se retrouve à la verticale et qu’ils tombent tous vers la surface criblée de l’océan. Chacun se rattrape à ce qu’il peut, dans le cas de Zelevas, c’est à rien. Incapable d’atteindre quoi que ce soit pour se freiner dans sa chute il fonce s’écraser sur le mur d’eau en contrebas et disparaît momentanément dans la flotte d’encre de la nuit. Son souffle est coupé par la force de l’impact, il peine à se réorienter, l’eau est froide, ses blessures le lancent, l’anti-douleur fait son effet mais a ses limites. Il se débat, les flammes déformées par la réfraction de l’eau lui indiquent la direction vers la surface. En nageant il touche quelque chose et l’attrape pour s’aider, mais quand le quelque chose se débat aussi il comprend que ce n’était peut-être pas l’idée du siècle. Un coup de pieds dans sa poitrine chasse le peu d’air qu’il avait encore dans ses poumons. Son adversaire s’échappe vers le haut, il va le faire noyer. Dans un éclair de réflexion qui, à défaut d’être intelligent est instinctif et rapide, le Limier porte sa main à sa taille et saisi la menotte pour attacher son propre poignet à la main de son ennemi.
T’es baisé connard, on s’en tire tout les deux ou on crève à deux, ton choix.
Citoyen du monde
Altarus Aearon
Messages : 414
crédits : 1474
crédits : 1474
Info personnage
Race: Humain-elfe
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
La réponse du Limier ne surprit guère le Capitaine. Qu'avait-il espéré attendre d'autres de sa part, sérieusement ? Rien, absolument rien. Juste la confirmation qu'il avait affaire à un de ses chiens du Razkaal, qui étaient tels des requins bouledogues, implacables et délaissant leur proie une fois qu'ils avaient fini de s'en repaître ou de jouer avec elle. Sa main droite gantée serra sa prise sur le poignet de sa lame. Nul besoin d'injonction, nul besoin de geste pour qu'un de ses marins tire un carreau à la tronche de cet homme. Ils connaissaient assez le demi-elfe pour savoir que cette réponse négative de cet adversaire n'était pas du tout acceptable. Le retour de ce refus ne s'était donc pas fait attendre. Le trait toucha, mais s'était planté dans l'épaule. Altarus aurait préféré un tir mortel, pour être débarrassé de l'importun. Il ne pourrait reprocher au tireur d'avoir manqué de concentration face à un individu à la carrure impressionnable et qui était Limier. Leur sinistre réputation imposait de la crainte, faisant battre les cœurs d'effroi dans les poitrines à la respiration rapide et sifflante. Ce qui aurait pu redonner un semblant de courage aurait été de voir que s'il pouvait être blessé, il pouvait saigner et donc crever... Mais de le voir retirer la hampe de bois de son articulation et la tenir dans sa main comme un pieu acéré de dents de bois erratiques refroidit les premiers assaillants.
Altarus avait senti son propre cœur accélérer son rythme en observant la scène, lorsque ces premiers hommes prirent décision de partir à l'assaut. Ce n'était pas de la crainte qui envahit ses veines, pendant qu'il détaillait déjà la manière et la vitesse de déplacement du Limier, de la vivacité de ses gestes, de sa manière de se battre. Par les abysses, ce n'était pas un Limier, c'était d'un démon déchaîné ! À chaque pulsation, il se préparait déjà à l'affrontement. Voir ses hommes se faire occire avec une telle facilité et avec férocité renforçait sa volonté de se défaire vivement de cet abject être. Il serra les dents en abaissant son regard, juste le temps de fixer les quelques corps étalés au pied du servant du Razkaal. Il paiera pour leur mort ! D'un premier pas, il s'avança vers le Limier, un autre marin l'imita une seconde après. Il fixait sa cible, se mettant déjà en garde. Il venait de faire un autre pas. Autour de lui, les pirates s'affrontaient entre eux. Les cris de rage ou les gémissements des blessés et des mourants se joignaient aux fracas du fer se croisant. L'air empestait le bois brûlé et d'un début de relan de sang et peut-être de tripes à l'air. De tout cela, Altarus s'en était coupé, demeurant dans le silence qu'il s'imposait à lui-même. Il n'entendait que son cœur battre à ses tempes, comme un tambour donnant le rythme pour la sentence à offrir... Encore un pas, puis un autre... et.... Il cesse de marcher quand il sentit sous ses bottes les vibrations typiques du bois qui s'éventre, qui cède... Il écarquilla des yeux quand le pont s'entrouvre brutalement. Un gouffre s'élargit, jusqu'à trancher la proue. Une partie, totalement libérée du navire, bascula déjà vers la mer, tout en se redressant. Les cordes claquèrent et fouettèrent les airs, tranchant net le corps ou la tête des forbans se trouvant au mauvais endroit. Des cris, des hurlements couvrirent à peine le gémissement d'un vaisseau éventré voué à mourir sous les flots.
Quand le plancher céda sous ses pieds, Altarus avait bondi en arrière avant de s'étaler sur ce qui restait du pont. Juste à temps, il planta sa rapière dans le bois du plancher et, à deux mains, serrant la poignée de son arme de toutes ses forces, essaya de se retenir pour ne pas glisser... enfin tomber dans les flots, qui se trouvaient désormais sous lui. Par les abysses, ce n'était pas bon du tout ! Il évalua rapidement la situation, en même temps que ses bras trempaient sous le poids de son propre corps. Un lourd craquement retentit sur l'autre pont. Le mât de misaine avait cédé, les cordes du gréement n'étant plus présent pour le soutenir. Il bascula vers ce qui restait de la proue. Altarus s'était tendu dans l'incertitude de sa direction de chute. Heureusement, ce n'était pas côté bâbord, là où se trouvait son brick. Il ne voyait pas son navire, mais espérait de tout cœur qu'il avait dégagé.
Essayant de voir comment il pourrait remonter, où dégager d là avant de tomber et d'être emporté par l'aspiration de ce morceau de frégate qu'était une épave désormais, il tendit son regard vers ce qui restait de la poupe. Lentement, la partie centrale s'enfonçait doucement dans les eaux sombres, illuminées de manière chaotique par le feu qui dévorait le navire plus loin que les cuisines à présent, s'exilant par les flancs pour mieux gravir sa gourmandise enflammée par l'extérieur. Le mât central gémissait de plus en plus sous son propre, maintenant qu'il inclinait vers la mer. Des cordes pendaient. Le Masqué tendit son bras gauche, ramena la corde à lui, s'y accrocha le plus vivement possible en enroulant ses bottes autour de la corde de façon à se créer un point d'appui en la calant entre sa cheville et son pied droit, laissant le pied gauche s'appuyer contre et laisser un peu de répit. Les muscles tendus, Altarus reprit son souffle. Mais il ne pourra pas rester là... A nouveau, il regarda autour de lui. Le brick pirate qui avait éperonné la frégate avait presque fini de sombrer. Plus de traces de ses marins. La mer projetait ses vagues furieuses sur les restes de la frégate, comme voulant faire disparaître cette scène de bataille hors de sa surface. Par les Abysses, il devait trouver un canot !
Il tendit son regard en bas et en même temps, vit deux têtes émerger. Il serra des dents en voyant une tête masquée. Le Limier n'avait pas péri dans sa chute. Il était tenace ! Le second homme, qui devait être un homme de la frégate, démenait son bras comme un forcené, pour se libérer des entraves métalliques qui le liait à l'ennemi. A cause de ce Limier, sa chasse avait été anéantie ! Une partie de ses hommes massacrés et son navire potentiellement englouti, en plus d'un des deux bricks des capitaines alliés ; il n'avait pas aperçu le troisième, qui s'était peut être sauvé à temps.... Tout à cause de ce Limier, qui voulait la tête de Zmeï... où était cette enflure d'ailleurs ? Lui qui avait eu trop d'avidité en s'en prenant à des navires de la SSG, en trop grand nombre ! Et qui sait ce qu'il avait pu commettre comme autre crime pour avoir un Limier à bord de son propre navire ! Quand il lui mettra la main dessus, il le tuera de ses propres mains. Mais avant, y avait l'autre l'enfoiré du Razkaal à pourfendre.
Le regardant avec une haine qui lui était peu commune, il commença à appeler le vent à sa volonté. Il se prépara à employer sa magie quand un mouvement attira son attention. Il reconnut aussitôt Zmeï qui peinait à gravir le gaillard arrière, pour échapper à l'approche des flots qui emplissaient l'intérieur de ce qui restait de sa frégate. Altarus oublia complètement sa cible qui surnageait plus bas. Il en avait eu bien plus important à ses yeux.
"Zmeï ! Fils de chien ! Tu ne paies rien pour attendre ! "
L'autre s'était retourné en entendant son nom et avait grimacé, avant de reprendre son escalade besogneuse. Le lâche ! Il ne songeait qu'à fuir... Toujours égal à lui-même ! Il jouait de sa grande gueule, mais était le premier à fuir les affrontements ! À le voir se hâter de la sorte, c'est qu'une chaloupe devait toujours être accrochée à l'arrière du gaillard, derrière la cabine du capitaine de bord. Voulant se lancer à sa poursuite, malgré l'épave coulant toujours de plus en plus, Altarus chercha comment descendre de sa corde. Ses bras commençaient à le faire souffrir, à force de s'y retenir. Il opta pour le plancher du pont, bien qu'incliné, devrait encore lui permettre d'être sur ses deux jambes et de rattraper l'autre fuyard. Zmeï ! Tu n'as pas m'échapper ! , pensa fort le demi-elfe, pendant qu'il usa de sa magie pour provoquer une poussée d'air et se balancer vers son point de chute. Malheureusement, il sous-estimait ses forces. Ses mains le trahirent, cédant à la fatigue. Il chuta, essayant de rattraper la corde, qui lui échappa totalement. Il rencontra brutalement l'eau de mer. Sa froideur fut mordante. D'abord étourdi par le choc, il se ressaisit en n'oubliant pas que sa proie cherchait à lui échapper. Mais avant, il palpa ses flancs pour trouver les noeuds qui liaient sa cotte de maille, qu'il portait sous sa tunique. Son poids l'entraînaient lntement vers les profondeurs. Il tira d'un coup sur les liens, qui défirent le lassage de sa protection de maille de chaque côté de son torse. Après quoi, il la retira en deux pièces et nagea vers la surface. Il fendit la surface, inspirant l'air salvateur, bien que puant le feu et la mort. Un nouveau craquement lui fit lever sa tête masquée vers le mât. Les vergues, elles étaient en train de lâcher ! Le tangage sur la carcasse, provoqué par les vagues de la mer haineuse, le vent qui soufflait dans les voiles encore présentes et la poupe se levant de plus en plus dans les airs brisaient le fragile équilibre du mât et de ses différents éléments. Les cordes du gréement gémirent de plus en plus.
Ni une ni deux, Altarus opta pour s'écarter le plus possible du danger imminent. À entendre les cordes se tendre, à en vibrer comme un son de mort dans l'air venteux et salin, il plongea, pour évoluer sous la surface, vers le côté babord, espérant se mettre le plus à l'abri possible de la chute des vergues, des voiles, du mât et réchapper au fouet des cordes à la tension extrême, tout en rejoignant la dunette. Zmeï ne pouvait pas lui échapper !
Altarus avait senti son propre cœur accélérer son rythme en observant la scène, lorsque ces premiers hommes prirent décision de partir à l'assaut. Ce n'était pas de la crainte qui envahit ses veines, pendant qu'il détaillait déjà la manière et la vitesse de déplacement du Limier, de la vivacité de ses gestes, de sa manière de se battre. Par les abysses, ce n'était pas un Limier, c'était d'un démon déchaîné ! À chaque pulsation, il se préparait déjà à l'affrontement. Voir ses hommes se faire occire avec une telle facilité et avec férocité renforçait sa volonté de se défaire vivement de cet abject être. Il serra les dents en abaissant son regard, juste le temps de fixer les quelques corps étalés au pied du servant du Razkaal. Il paiera pour leur mort ! D'un premier pas, il s'avança vers le Limier, un autre marin l'imita une seconde après. Il fixait sa cible, se mettant déjà en garde. Il venait de faire un autre pas. Autour de lui, les pirates s'affrontaient entre eux. Les cris de rage ou les gémissements des blessés et des mourants se joignaient aux fracas du fer se croisant. L'air empestait le bois brûlé et d'un début de relan de sang et peut-être de tripes à l'air. De tout cela, Altarus s'en était coupé, demeurant dans le silence qu'il s'imposait à lui-même. Il n'entendait que son cœur battre à ses tempes, comme un tambour donnant le rythme pour la sentence à offrir... Encore un pas, puis un autre... et.... Il cesse de marcher quand il sentit sous ses bottes les vibrations typiques du bois qui s'éventre, qui cède... Il écarquilla des yeux quand le pont s'entrouvre brutalement. Un gouffre s'élargit, jusqu'à trancher la proue. Une partie, totalement libérée du navire, bascula déjà vers la mer, tout en se redressant. Les cordes claquèrent et fouettèrent les airs, tranchant net le corps ou la tête des forbans se trouvant au mauvais endroit. Des cris, des hurlements couvrirent à peine le gémissement d'un vaisseau éventré voué à mourir sous les flots.
Quand le plancher céda sous ses pieds, Altarus avait bondi en arrière avant de s'étaler sur ce qui restait du pont. Juste à temps, il planta sa rapière dans le bois du plancher et, à deux mains, serrant la poignée de son arme de toutes ses forces, essaya de se retenir pour ne pas glisser... enfin tomber dans les flots, qui se trouvaient désormais sous lui. Par les abysses, ce n'était pas bon du tout ! Il évalua rapidement la situation, en même temps que ses bras trempaient sous le poids de son propre corps. Un lourd craquement retentit sur l'autre pont. Le mât de misaine avait cédé, les cordes du gréement n'étant plus présent pour le soutenir. Il bascula vers ce qui restait de la proue. Altarus s'était tendu dans l'incertitude de sa direction de chute. Heureusement, ce n'était pas côté bâbord, là où se trouvait son brick. Il ne voyait pas son navire, mais espérait de tout cœur qu'il avait dégagé.
Essayant de voir comment il pourrait remonter, où dégager d là avant de tomber et d'être emporté par l'aspiration de ce morceau de frégate qu'était une épave désormais, il tendit son regard vers ce qui restait de la poupe. Lentement, la partie centrale s'enfonçait doucement dans les eaux sombres, illuminées de manière chaotique par le feu qui dévorait le navire plus loin que les cuisines à présent, s'exilant par les flancs pour mieux gravir sa gourmandise enflammée par l'extérieur. Le mât central gémissait de plus en plus sous son propre, maintenant qu'il inclinait vers la mer. Des cordes pendaient. Le Masqué tendit son bras gauche, ramena la corde à lui, s'y accrocha le plus vivement possible en enroulant ses bottes autour de la corde de façon à se créer un point d'appui en la calant entre sa cheville et son pied droit, laissant le pied gauche s'appuyer contre et laisser un peu de répit. Les muscles tendus, Altarus reprit son souffle. Mais il ne pourra pas rester là... A nouveau, il regarda autour de lui. Le brick pirate qui avait éperonné la frégate avait presque fini de sombrer. Plus de traces de ses marins. La mer projetait ses vagues furieuses sur les restes de la frégate, comme voulant faire disparaître cette scène de bataille hors de sa surface. Par les Abysses, il devait trouver un canot !
Il tendit son regard en bas et en même temps, vit deux têtes émerger. Il serra des dents en voyant une tête masquée. Le Limier n'avait pas péri dans sa chute. Il était tenace ! Le second homme, qui devait être un homme de la frégate, démenait son bras comme un forcené, pour se libérer des entraves métalliques qui le liait à l'ennemi. A cause de ce Limier, sa chasse avait été anéantie ! Une partie de ses hommes massacrés et son navire potentiellement englouti, en plus d'un des deux bricks des capitaines alliés ; il n'avait pas aperçu le troisième, qui s'était peut être sauvé à temps.... Tout à cause de ce Limier, qui voulait la tête de Zmeï... où était cette enflure d'ailleurs ? Lui qui avait eu trop d'avidité en s'en prenant à des navires de la SSG, en trop grand nombre ! Et qui sait ce qu'il avait pu commettre comme autre crime pour avoir un Limier à bord de son propre navire ! Quand il lui mettra la main dessus, il le tuera de ses propres mains. Mais avant, y avait l'autre l'enfoiré du Razkaal à pourfendre.
Le regardant avec une haine qui lui était peu commune, il commença à appeler le vent à sa volonté. Il se prépara à employer sa magie quand un mouvement attira son attention. Il reconnut aussitôt Zmeï qui peinait à gravir le gaillard arrière, pour échapper à l'approche des flots qui emplissaient l'intérieur de ce qui restait de sa frégate. Altarus oublia complètement sa cible qui surnageait plus bas. Il en avait eu bien plus important à ses yeux.
"Zmeï ! Fils de chien ! Tu ne paies rien pour attendre ! "
L'autre s'était retourné en entendant son nom et avait grimacé, avant de reprendre son escalade besogneuse. Le lâche ! Il ne songeait qu'à fuir... Toujours égal à lui-même ! Il jouait de sa grande gueule, mais était le premier à fuir les affrontements ! À le voir se hâter de la sorte, c'est qu'une chaloupe devait toujours être accrochée à l'arrière du gaillard, derrière la cabine du capitaine de bord. Voulant se lancer à sa poursuite, malgré l'épave coulant toujours de plus en plus, Altarus chercha comment descendre de sa corde. Ses bras commençaient à le faire souffrir, à force de s'y retenir. Il opta pour le plancher du pont, bien qu'incliné, devrait encore lui permettre d'être sur ses deux jambes et de rattraper l'autre fuyard. Zmeï ! Tu n'as pas m'échapper ! , pensa fort le demi-elfe, pendant qu'il usa de sa magie pour provoquer une poussée d'air et se balancer vers son point de chute. Malheureusement, il sous-estimait ses forces. Ses mains le trahirent, cédant à la fatigue. Il chuta, essayant de rattraper la corde, qui lui échappa totalement. Il rencontra brutalement l'eau de mer. Sa froideur fut mordante. D'abord étourdi par le choc, il se ressaisit en n'oubliant pas que sa proie cherchait à lui échapper. Mais avant, il palpa ses flancs pour trouver les noeuds qui liaient sa cotte de maille, qu'il portait sous sa tunique. Son poids l'entraînaient lntement vers les profondeurs. Il tira d'un coup sur les liens, qui défirent le lassage de sa protection de maille de chaque côté de son torse. Après quoi, il la retira en deux pièces et nagea vers la surface. Il fendit la surface, inspirant l'air salvateur, bien que puant le feu et la mort. Un nouveau craquement lui fit lever sa tête masquée vers le mât. Les vergues, elles étaient en train de lâcher ! Le tangage sur la carcasse, provoqué par les vagues de la mer haineuse, le vent qui soufflait dans les voiles encore présentes et la poupe se levant de plus en plus dans les airs brisaient le fragile équilibre du mât et de ses différents éléments. Les cordes du gréement gémirent de plus en plus.
Ni une ni deux, Altarus opta pour s'écarter le plus possible du danger imminent. À entendre les cordes se tendre, à en vibrer comme un son de mort dans l'air venteux et salin, il plongea, pour évoluer sous la surface, vers le côté babord, espérant se mettre le plus à l'abri possible de la chute des vergues, des voiles, du mât et réchapper au fouet des cordes à la tension extrême, tout en rejoignant la dunette. Zmeï ne pouvait pas lui échapper !
Sous la surface de l’océan impitoyable, Zelevas et son adversaires se battent non seulement pour vaincre les remous des vagues qui les maintiennent sous l’eau, mais aussi pour tenter de s’éliminer l’un l’autre. Les cestes fusent, les lames s’enfoncent dans la chair sans que le Limier ne puisse distinguer où et la lumière qui leur parvient depuis l’air libre se teinte de rouge à l’instar de l’eau dans laquelle ils se battent. Ils parviennent tout juste à récupérer un semblant de souffle en crevant la surface brièvement avant de redisparaître. L’obscurité, la nuit, les eaux ténébreuses du grand bleu, le vermeille épais qui se diffuse dedans, la rage dominante qui supplante les sens, l’afflux stimulant des décoctions dans son sang, l’adrénaline de ses blessures. Toutes ces perceptions s’entremêlent dans un instant de pure existence pendant laquelle le combattant ne pense pas, il ne réfléchit pas, il agit par instinct. Plus rien n’existe, ni son nom de famille bâtard, ni la perversité des Sept Grandes, ni l’imposante institution républicaine corrompue jusqu’à la souche, seul le moment présent importe, c’est vivre ou mourir, tuer ou être tuer, c’est aussi simple que ça. La morale, les principes et l’éthique n’ont juste plus leur place alors que les doigts de Zelevas se referment autour de la gorge de son ennemi et écrasent une pomme d’adam dans un larynx cassé. Le corps submergé auquel il est attaché devient soudainement inerte, se laissant couler vers les fonds insondables tandis que le Limier au bord de l’asphyxie cherche frénétiquement la clé de ses menottes pour se débarrasser du poids littéralement mort qui le leste. Un quart de tour plus tard et le Limier retire carrément son masque en sortant pour éviter que l’eau y reste coincée et achève de l’étouffer, il ne l’arrache pas tout à fait, mais se contente juste de l’écarter très légèrement de son visage histoire que sa bouche puisse profiter des grandes goulées d’air frais qu’il happe avidement.
En regardant autour de lui Zelevas ne peut même plus dire que le chaos est total à bord du navire, puisque justement ce même navire tombe en miette. Engouffré par les flammes, déchiré par les bricks, dévoré par les flots, la frégate n’était désormais qu’une épave, un amas de planche glorifié dont les derniers vestiges pouvaient à peine être qualifiés d’embarcation alors qu’elles perdaient inexorablement en flottaison pour s’enfoncer dans l’encre de l’océan nocturne.
”Merde! Putain de merde! Le cargo!”
Pris d’un bref éclair de lucidité, le Limier se rend compte qu’avec la tournure du combat il est entrain de perdre certaines de ses cibles prioritaires, mais au diable Zmeï, tant pis s’il meurt des mains des pirates ou des siennes, il pourra toujours détourner légèrement son rapport pour dire qu’il a donné le coup fatal l’histoire ne s’en souviendra pas. Par contre c’est le destin du cargo principal qui était enfermé dans la putain de frégate qui préoccupe un peu plus le Zelevas tout mouillé, qu’est-ce qu’il était devenu? Cherchant obstinément la surface des flots du regard en quête du moindre indice, c’est en tournant la tête vers l’arrière du bâtiment entrain de couler qu’il trouve une réponse. Là, à moitié calé dans le pont inférieur éventré juste en dessous du gaillard arrière encore à flot, Zelevas repère tout juste le haut du conteneur entrain de crever la surface. Il n’est sans doute pas étanche pour pouvoir laisser passer un peu d’air, donc il n’y a que peu de doutes pour le Limier que le caisson en bois de dix mètres par trois soit actuellement entrain de se remplir d’eau.
”Merde… Ça craint…”
Au moment où Zelevas s’apprête à nager de toutes ses forces vers le conteneur dont la ligne d’eau s’abaisse lentement à l’inverse de l’anxiété montante du Limier, il s’aperçoit que le capitaine d’un des bricks d’abordage, celui avec un masque sombre qu’il n’avait pas eu le temps d’affronter tantôt, le dévisage depuis une des cordes de bastingage du tas de bois encore debout. Il ne se serait pas arrêté là en perdant de précieuses secondes si ce n’était pour le bras tendu du type dans sa direction, paume déployée. Qu’est-ce qu’il branle? De la magie? Pas la première fois que le Z se serait retrouvé en désavantage de puissance face à un adversaire doué de talents surnaturels, mais c’est quand il vit le gaillard, le type cette fois pas la partie du bateau, détourner son attention du Fraternitas nageant pour regarder le capitaine Zmeï plus loin, et entamer ensuite un bond à la balistique bien étrange, qu’il comprend plus particulièrement quel type de magie ce forban manipule.
De l’air! Le type maîtrise un peu de magie d’air!
S’élançant dans un crawl ininterrompu pour aller dans la même direction que lui, Zelevas se bat maintenant à la fois contre les flibustiers, les assaillants de la frégate, les vagues impétueuses de la tempête et la montre. Ça fait beaucoup là non? Ce n’est pas cette adversité qui va l’arrêter, mais il admet que l’échec commence à un peu trop profiler le bout de son nez pour le goût du jeune homme. Il prend le temps, entre deux battements de bras dans sa nage furieuse, de suivre du regard le magicien pour être sûr de ne pas le perdre de vue. Dans le même temps le Capitaine Nebojsa semble avoir disparu derrière les vestiges de la frégate, là où repose sans doute une chaloupe individuelle ou quelque chose dans le genre, sinon pourquoi se ruer à l’arrière de cette sorte. Pour l’instant ce petit fils de pute est pourtant le dernier des soucis du Limier, il pourra toujours retrouver et crever le hors-la-loi plus tard pour compléter son ordre de mission, mais ce qui est le plus important c’est surtout l’urgence de la situation du cargo. Par chance, pour une fois ce soir que celle-ci semble sourir au Fraternitas, l’homme qu’il pourchasse tombe à son tour à l’eau. Par malchance il n’est pas tout seul, les mats et l’ensemble de la structure du navire maintenant complètement détruit s’affalent dans les vagues, s’écrasant dans un fracas terrible et assourdissant et éventrant l’océan l’espace d’un instant, avant que les lames d’eau ne se referment de nouveau pour avaler la carcasse. Ce qui reste d’un formidable vaisseau n’est désormais plus qu’une dispersion de débris divers, de morceaux de bâtiment disparates s’enfonçant lentement par le fond et de voiles enchevêtrantes qui se transforment en pièges redoutables pour les infortunés coincés dessous ou dedans. Prenant garde de ne pas s’empêtrer dans les cordages à la dérive, Zelevas se maintient tant bien que mal en surface, peinant à rester en dehors de l’eau. Il ne comprend pas immédiatement pourquoi il semble avoir du mal à nager, et une idée terrifiante lui traverse subitement l’esprit: est-ce qu’il vient de perdre un membre sans s’en rendre compte? Est-il en état de choc? Il se palpe prestement le corps, s’assurant que tout soit encore là, buvant presque la tasse, est-ce qu’il fatigue déjà? Il manque de passer à nouveau sous la surface, ses mouvements se font moins précis. Il se connait, il a plus de cardio que ça, ce n’est pas non plus une malédiction et les blessures ne devraient pas…
Le froid, c’est le froid et la flotte. L’effet de l’eau sur ses plaies doit sûrement y être un petit peu pour quelque chose mais c’est le froid, plongé dans l’océan glacial de la nuit, bien trop au large pour que la surface soit réchauffée, en plein mois d’Octobre, ses muscles s’engourdissent parce qu’il est gelé mais il ne le ressent pas à cause des stimulants, c’est encore plus dangereux que d’habitude. Fais chier.
Une fois la panique passée, Zelevas se reconcentre sur son environnement, les pirates sont entrain de couler, de se battre, de tenter de sauver leur peau en grimpant sur quoi que ce soit, les débris continuent de brûler en flottant à la surface, les éclairs déchirent le ciel, Zmeï n’est nul part à l’horizon, le conteneur… Le conteneur coule! Il n’y a plus qu’un grand coin de la caisse en bois surdimensionnée qui ne perce l’eau, s’enfonçant toujours un peu plus. Jurant une fois de plus, Zelevas cherche à nouveau des yeux le capitaine du brick. Où t’es bordel?
Là!
Plus qu’à cinq ou six mètres de lui, il paraît être aux prises avec un autre pirate. Zelevas se rue aussi vite que possible derrière l’adversaire du Capitaine et profite qu’ils soient occupés entre eux pour sécher le premier d’un coup de ceste dans la tempe, faisant faire un violent cent vingt degré à sa tête alors que le Limier utilise son propre poids pour faire rotation. Il s’agrippe ensuite à une planche pour s’aider à rester d’aplomb et brandit son ceste en direction de… l’elfe? Ce sont des oreilles pointues qu’il voit poindre de la capuche trempée à la lueur des flammes? Quelle importances, mais il reste un peu surpris. Son poing n’est cependant pas fermé, la lame de combat pendouille sur le côté du ceste alors que sa paume est dépliée pour ne pas paraître menaçant.
”Rempli le cargo d’air et je t’aide à buter Zmeï!” Il va au plus vite pour s’assurer d’être écouté. ”T’as de la magie d'air non? Hein? Fais flotter le caisson là bas et Zmeï est à toi, voir je t’aide à le descendre.”
Tentant de faire au maximum patte blanche, puisqu’il est à la mercie du bon vouloir de celui qu’il essayait de tuer deux minutes avant, Zelevas cale le chevron de bois auquel il s’accroche en dessous de son aisselle, sa main droite toujours tendue en signe de cessez-le-feu, et de sa main gauche il vient retirer le masque de Limier pour montrer quelque chose qu’il n’est pas sensé ressentir en ce moment même, quelque chose que sa profession lui interdit d’avoir.
Des émotions.
Ses joues rougies par les stimulants, un filet de sang s’échappant de son front là où un choc d’un coup de boule a tuméfié la peau, ses lèvres bleuies par le froid, son visage n’exprime pas grand chose mais ses yeux paniqués qui alternent entre le cargo et le pirate voilé trahissent par contre toute la sincérité de sa demande.
”Y’a des dizaines de vie là dedans qui peuvent pas vraiment attendre, Nebojsa par contre il s’envolera jamais plus loin que ce que je peux le traquer.” Les yeux bleus aciers du jeune homme, encadrés par ses cheveux châtains trempés, s’enfoncent dans la noirceur du masque de sa seule solution. ”Ton choix.”
Citoyen du monde
Altarus Aearon
Messages : 414
crédits : 1474
crédits : 1474
Info personnage
Race: Humain-elfe
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
Des sons diffus de craquement de coque sombrant et agonisant, à moitié étouffés par la densité des eaux liquides, résonnaient en chants funestes, venant de partout et de nulle part à la fois. Même le bruissement des vagues soulevées par le mauvais temps ne pouvaient couvrir cet éloge émis par la mer même.
Altarus nageait toujours sous la surface, luttant contre les remous en provenance de cette dernière, contre l'obscurité à peine repoussée par le rougeoiement des flammes qui survivaient sur des débris flottants, de l'engourdissement de ses membres par l'eau glacée et du début de manque d'air. Remonter maintenant serait courir le risque de s'empêtrer dans les cordes ou de se retrouver coincer sous une voile qui lui barrerait l'accès à l'air. Estimant pouvant tenir encore un peu, il battit plus fortement de ses jambes et brassa plus vivement l'eau de ses bras, pour gagner un peu en vitesse. Un lourd bruit percutant frappa la surface, le faisant sursauter. Nul besoin de se retourner vers le haut pour comprendre que le mât avait fini cédé et s'engouffrait dans la mer. Il nagea plus frénétiquement encore, espérant se retrouver assez loin des cordes et des voiles qui lui barreraient la route quand il n'aura pas d'autres choix que de remonter. L'asphyxie se faisait d'ailleurs sentir, en serrant un peu plus sa poigne sur ses poumons.
Le demi-elfe se tourna sur le côté pour que son regard tente de cerner la surface. À part une vague rougeoyante provoquée par l'incendie qui perdurait encore sur les restes de l'épave, il ne put déterminer si l'accès est libre. Il ne pouvait plus attendre. Il devait remonter, ce qu'il fit sans attendre, même si c'était besogneux. Il lâcha quelques bulles pour confondre ses poumons, pour leur faire croire à un semblant de réaction respiratoire et les contraindre à tenir encore un peu. Une ombre lui arriva dessus. Il s'arqua subitement pour s'écarter, et juste à temps, avant de sentir une main qui cherchait à s'agripper à sa tunique. Des bulles, un cri, un homme gesticulant pour s'accrocher désespérément à quelque chose, avant de disparaître dans l'obscurité abyssale, tiré vers le fond par une lourde corde et sa poulie emmêlées dans ses jambes. Le capitaine ne s'en préoccupa pas. Il ne tenait pas à faire partie des victimes réclamées par la mer en cette nuit sordide. La mer était une terrible maîtresse, soumettant les hommes à son caractère, à sa rage, ou à sa sérénité. Quand venait le temps de la tempête, les malchanceux payaient le tribut de leur inconscience. Altarus ne doutait pas qu'un jour son tour viendrait. Mais pas en ce jour, même si la situation était des plus critiques.
Il creva la surface, avalant difficilement l'air si cher à des êtres foulant les terres fermes. Son masque noir entravait son besoin de respirer et au moment où il allait le retirer, un marin avait réussi à trouver une voie hors d'une voile qui l'emprisonnait depuis tantôt sous l'eau. La panique enflait ses yeux et se débattait pour trouver quelque chose qui flottait, pour ne pas couler. Voyant en Altarus pour une planche de salut, il se jeta sur lui de toutes ses forces, imposant son poids et ses gesticulations désespérées au demi-elfe. Il essaya de monter sur ses épaules, de s'accrocher à lui pour rester à la surface. Le pirate ne put que subir la force décuplée par la peur du paniqué. Serrant les dents, sentant l'asphyxie s'intensifier dans sa poitrine en lui broyant les poumons, Altarus se démena à son tour pour se libérer et se contorsionna pour décocher un coup de pied, avant de faire surface et reculer en nageant comme il put, le souffle écourté à cause de son propre masque détrempé. L'autre pirate gémissait de voir ce qu'il prenait pour son seul moyen de réchapper à la mort s'éloigner de lui. Une terrifiante silhouette arriva subitement derrière l'agresseur, envahi de crainte au point d'en être devenu fou. Altarus ne put s'empêcher d'écarquiller des yeux en reconnaissant le Limier, qui après avoir frappé à la tête le désespéré et abandonné son corps aux remuants flots, s'accrocha à une planche toute proche. Par les abysses ! Il était encore en vie celui-là. Haletant, il essaya de rajouter un peu de distance entre lui et cet ennemi tenace, retirant d'une main le bas de son masque, pour répondre au besoin de son corps de mieux respirer. Il manqua de s'étourdir en percutant une vergue qui flottait derrière lui. Ni une ni deux, il s'y accrocha de toutes ses forces. Il ne sentait presque plus ses doigts, engourdis par le froid. Le souffle saccadé, sans perdre de vue l'ennemi républicain, il observa sa posture. À croire qu'il se mettait en demi-défensif. Et quand il l'entendit s'exprimer, le sang du Capitaine ne fit qu'un tour, grinçant des dents. Mais pour qui, osait-il se prendre ! Sa proposition de l'aider à attraper Zmeï ne le convainc guère... d'ailleurs, le demi-elfe maudissait Zmeï. Il maudissait ce perfide humain devenu trop gourmand et qui avait fini par attirer l'attention des autorités de la République sur sa sale gueule. Et le pire de tout était qu'un Limier avait réussi à monter à son bord ! En plus d'être devenu totalement avide de richesses et de pillage, il avait manqué de prudence, ne prenant même pas le temps de surveiller sa cargaison ! Un Limier du Razkaal et d'une bonne carrure avait réussi à se planquer dans ses cales, aux yeux et à la barde de son équipage d'incompétents ! Et par ses actes, à cause de lui, des marins étaient morts, un brick terminait de rejoindre les sombres profondeurs, devenant par la même occasion la sépulture des marins qui avaient suivi l'un des capitaines alliés... en même temps, si celui-ci s'était montré moins empressé ! Et le le Téméraire, son navire, avait-il subi le même sort ? Par les abysses ! En peu de temps, tout avait viré au chaos ! Ses mâchoires se crispèrent, chassant hors de son esprit l'amertume de cette chasse réduire à néant. La colère prit doucement sa place. De sa magie de l'air, il l'aura, mais pas pour sa foutue cargaison en train de s'enfoncer millimètre par millimètres !
Quand le Limier retira étrangement son masque, essayant encore d'appeler l'aide du Capitaine pour éviter le naufrage du cargo, Altarus perçut de la détresse dans le regard de son ennemi, tout en sourcillant en découvrant la jeunesse du combattant. Quelle entourloupe était-ce là ? Son esprit se mit à réfléchir au plus vite. Un Limier était voué à sa mission, envers et contre tout, pire qu'un requin bouledogue qui mordait à ne plus en lâcher sa proie, jusqu'à ce qu'elle crève. Serait-il donc aussi dévoué pour de la simple marchandise ? Zmeï commerçait de tout et de n'importe quoi... et de n'importe qui... Des dizaines de vies se trouveraient donc à l'intérieur de ce qui importait le plus au Limier. Son choix hein !
Ne soufflant mot, après avoir retiré son masque qui était devenu une gêne plus qu'autre chose, Altarus entreprit de nager vers le conteneur, imposant sa volonté à ses muscles à moitié frigorifiés. De nombreux débris flottaient de part et d'autre de sa cible. Un reste de vergue flottait tout prêt. Elle parut à ses yeux bien plus salvatrice que la précédente, avec sa voile encore repliée et tenue par ses cordes. Désormais tout proche de la grande caisse, il se concentra pour appeler à lui. Repousser l'eau qui avait empli l'intérieur du cargo ne sera pas aisé. Il ferma les yeux, orienta l'air pour que l'eau soit repoussée de manière efficace, en ajustant la pression pour épargner ses occupants comme sa structure. Doucement, le conteneur remontait, sa flottaison grandement améliorée. Quand Altarus rouvrit les paupières, il n'eut aucune satisfaction. Son intervention n'était qu'une solution temporaire. Et le Limier ne pouvait pas l'ignorer.
Le terrible chasseur républicain pourra croiser le regard bleu acier glacial d'un homme marqué par le temps, à la barbe et la chevelure courte et argentée. Lui aussi commençait à avoir les lèvres bleuies par la froideur de l'eau.
"Mon choix est fait, Limier ! Mais un choix avec des conséquences que je n'omets pas. As-tu déjà oublié tes mots quant à Nebojsa ? Renierais-tu tes propres prêches et tes obligations envers la République ? "
Il cala son bras autour du restant de vergue, et remua ses doigts pour chasser l'engourdissement brûlant qui les envahissait.
"Je doute que tu aideras le hors la loi que je suis, à attraper et occire cette enflure. Et de l'autre côté, tu ne peux pas me tuer, car moi seul peux, pour le moment, permettre à ce cargo de rester à la surface."
Même si la tempête était en train de se calmer, rendant la surface plus sereine, il était quand même dans de sales draps. Si son navire avait réellement sombré
dans le naufrage de la frégate, il risquait de dériver longtemps parmi ces débris et ce foutu Limier. Le froid aura eu raison de sa conscience bien avant... Il maudit plus intensément Zmeï encore. S'il y avait des êtres humains dans cette prison de bois et de clous, il ne pourrait se résoudre à les abandonner à leur funeste sort.
"Quelle garantie m'offres-tu pour l'après, Limier ? Sachant que tu as provoqué la mort de plusieurs de mes hommes, et en plus d'avoir possiblement contribué à la perdition de mon navire. "Son regard se durcit, prenant le gris d'une mer en furie. "Je serai en droit d'en réclamer ta tête pour cet affront..."
S'il le souhaitait, là tout de suite, il pourrait l'attaquer pour le neutraliser et laisser la mer récupérer son dû. Mais il n'oubliait pas l'acte du Limier quand il s'était retrouvé en prise avec un paniqué. S'il l'avait fait, c'était pour que le Capitaine ait recours à sa magie et préserver le conteneur d'une coulée définitive sous les eaux. Le donnant-donnant en somme... Mais après ? Cette inconnue n'était pas plaisante, mais pas du tout, pour Altarus. Pour l'instant, il veillait à ce que le cargo ne ressombre pas, se tenant prêt à remployer sa magie comme tantôt.... et en espérant que le Téméraire soit encore de ce monde, pour venir porter secours...
Altarus nageait toujours sous la surface, luttant contre les remous en provenance de cette dernière, contre l'obscurité à peine repoussée par le rougeoiement des flammes qui survivaient sur des débris flottants, de l'engourdissement de ses membres par l'eau glacée et du début de manque d'air. Remonter maintenant serait courir le risque de s'empêtrer dans les cordes ou de se retrouver coincer sous une voile qui lui barrerait l'accès à l'air. Estimant pouvant tenir encore un peu, il battit plus fortement de ses jambes et brassa plus vivement l'eau de ses bras, pour gagner un peu en vitesse. Un lourd bruit percutant frappa la surface, le faisant sursauter. Nul besoin de se retourner vers le haut pour comprendre que le mât avait fini cédé et s'engouffrait dans la mer. Il nagea plus frénétiquement encore, espérant se retrouver assez loin des cordes et des voiles qui lui barreraient la route quand il n'aura pas d'autres choix que de remonter. L'asphyxie se faisait d'ailleurs sentir, en serrant un peu plus sa poigne sur ses poumons.
Le demi-elfe se tourna sur le côté pour que son regard tente de cerner la surface. À part une vague rougeoyante provoquée par l'incendie qui perdurait encore sur les restes de l'épave, il ne put déterminer si l'accès est libre. Il ne pouvait plus attendre. Il devait remonter, ce qu'il fit sans attendre, même si c'était besogneux. Il lâcha quelques bulles pour confondre ses poumons, pour leur faire croire à un semblant de réaction respiratoire et les contraindre à tenir encore un peu. Une ombre lui arriva dessus. Il s'arqua subitement pour s'écarter, et juste à temps, avant de sentir une main qui cherchait à s'agripper à sa tunique. Des bulles, un cri, un homme gesticulant pour s'accrocher désespérément à quelque chose, avant de disparaître dans l'obscurité abyssale, tiré vers le fond par une lourde corde et sa poulie emmêlées dans ses jambes. Le capitaine ne s'en préoccupa pas. Il ne tenait pas à faire partie des victimes réclamées par la mer en cette nuit sordide. La mer était une terrible maîtresse, soumettant les hommes à son caractère, à sa rage, ou à sa sérénité. Quand venait le temps de la tempête, les malchanceux payaient le tribut de leur inconscience. Altarus ne doutait pas qu'un jour son tour viendrait. Mais pas en ce jour, même si la situation était des plus critiques.
Il creva la surface, avalant difficilement l'air si cher à des êtres foulant les terres fermes. Son masque noir entravait son besoin de respirer et au moment où il allait le retirer, un marin avait réussi à trouver une voie hors d'une voile qui l'emprisonnait depuis tantôt sous l'eau. La panique enflait ses yeux et se débattait pour trouver quelque chose qui flottait, pour ne pas couler. Voyant en Altarus pour une planche de salut, il se jeta sur lui de toutes ses forces, imposant son poids et ses gesticulations désespérées au demi-elfe. Il essaya de monter sur ses épaules, de s'accrocher à lui pour rester à la surface. Le pirate ne put que subir la force décuplée par la peur du paniqué. Serrant les dents, sentant l'asphyxie s'intensifier dans sa poitrine en lui broyant les poumons, Altarus se démena à son tour pour se libérer et se contorsionna pour décocher un coup de pied, avant de faire surface et reculer en nageant comme il put, le souffle écourté à cause de son propre masque détrempé. L'autre pirate gémissait de voir ce qu'il prenait pour son seul moyen de réchapper à la mort s'éloigner de lui. Une terrifiante silhouette arriva subitement derrière l'agresseur, envahi de crainte au point d'en être devenu fou. Altarus ne put s'empêcher d'écarquiller des yeux en reconnaissant le Limier, qui après avoir frappé à la tête le désespéré et abandonné son corps aux remuants flots, s'accrocha à une planche toute proche. Par les abysses ! Il était encore en vie celui-là. Haletant, il essaya de rajouter un peu de distance entre lui et cet ennemi tenace, retirant d'une main le bas de son masque, pour répondre au besoin de son corps de mieux respirer. Il manqua de s'étourdir en percutant une vergue qui flottait derrière lui. Ni une ni deux, il s'y accrocha de toutes ses forces. Il ne sentait presque plus ses doigts, engourdis par le froid. Le souffle saccadé, sans perdre de vue l'ennemi républicain, il observa sa posture. À croire qu'il se mettait en demi-défensif. Et quand il l'entendit s'exprimer, le sang du Capitaine ne fit qu'un tour, grinçant des dents. Mais pour qui, osait-il se prendre ! Sa proposition de l'aider à attraper Zmeï ne le convainc guère... d'ailleurs, le demi-elfe maudissait Zmeï. Il maudissait ce perfide humain devenu trop gourmand et qui avait fini par attirer l'attention des autorités de la République sur sa sale gueule. Et le pire de tout était qu'un Limier avait réussi à monter à son bord ! En plus d'être devenu totalement avide de richesses et de pillage, il avait manqué de prudence, ne prenant même pas le temps de surveiller sa cargaison ! Un Limier du Razkaal et d'une bonne carrure avait réussi à se planquer dans ses cales, aux yeux et à la barde de son équipage d'incompétents ! Et par ses actes, à cause de lui, des marins étaient morts, un brick terminait de rejoindre les sombres profondeurs, devenant par la même occasion la sépulture des marins qui avaient suivi l'un des capitaines alliés... en même temps, si celui-ci s'était montré moins empressé ! Et le le Téméraire, son navire, avait-il subi le même sort ? Par les abysses ! En peu de temps, tout avait viré au chaos ! Ses mâchoires se crispèrent, chassant hors de son esprit l'amertume de cette chasse réduire à néant. La colère prit doucement sa place. De sa magie de l'air, il l'aura, mais pas pour sa foutue cargaison en train de s'enfoncer millimètre par millimètres !
Quand le Limier retira étrangement son masque, essayant encore d'appeler l'aide du Capitaine pour éviter le naufrage du cargo, Altarus perçut de la détresse dans le regard de son ennemi, tout en sourcillant en découvrant la jeunesse du combattant. Quelle entourloupe était-ce là ? Son esprit se mit à réfléchir au plus vite. Un Limier était voué à sa mission, envers et contre tout, pire qu'un requin bouledogue qui mordait à ne plus en lâcher sa proie, jusqu'à ce qu'elle crève. Serait-il donc aussi dévoué pour de la simple marchandise ? Zmeï commerçait de tout et de n'importe quoi... et de n'importe qui... Des dizaines de vies se trouveraient donc à l'intérieur de ce qui importait le plus au Limier. Son choix hein !
Ne soufflant mot, après avoir retiré son masque qui était devenu une gêne plus qu'autre chose, Altarus entreprit de nager vers le conteneur, imposant sa volonté à ses muscles à moitié frigorifiés. De nombreux débris flottaient de part et d'autre de sa cible. Un reste de vergue flottait tout prêt. Elle parut à ses yeux bien plus salvatrice que la précédente, avec sa voile encore repliée et tenue par ses cordes. Désormais tout proche de la grande caisse, il se concentra pour appeler à lui. Repousser l'eau qui avait empli l'intérieur du cargo ne sera pas aisé. Il ferma les yeux, orienta l'air pour que l'eau soit repoussée de manière efficace, en ajustant la pression pour épargner ses occupants comme sa structure. Doucement, le conteneur remontait, sa flottaison grandement améliorée. Quand Altarus rouvrit les paupières, il n'eut aucune satisfaction. Son intervention n'était qu'une solution temporaire. Et le Limier ne pouvait pas l'ignorer.
Le terrible chasseur républicain pourra croiser le regard bleu acier glacial d'un homme marqué par le temps, à la barbe et la chevelure courte et argentée. Lui aussi commençait à avoir les lèvres bleuies par la froideur de l'eau.
"Mon choix est fait, Limier ! Mais un choix avec des conséquences que je n'omets pas. As-tu déjà oublié tes mots quant à Nebojsa ? Renierais-tu tes propres prêches et tes obligations envers la République ? "
Il cala son bras autour du restant de vergue, et remua ses doigts pour chasser l'engourdissement brûlant qui les envahissait.
"Je doute que tu aideras le hors la loi que je suis, à attraper et occire cette enflure. Et de l'autre côté, tu ne peux pas me tuer, car moi seul peux, pour le moment, permettre à ce cargo de rester à la surface."
Même si la tempête était en train de se calmer, rendant la surface plus sereine, il était quand même dans de sales draps. Si son navire avait réellement sombré
dans le naufrage de la frégate, il risquait de dériver longtemps parmi ces débris et ce foutu Limier. Le froid aura eu raison de sa conscience bien avant... Il maudit plus intensément Zmeï encore. S'il y avait des êtres humains dans cette prison de bois et de clous, il ne pourrait se résoudre à les abandonner à leur funeste sort.
"Quelle garantie m'offres-tu pour l'après, Limier ? Sachant que tu as provoqué la mort de plusieurs de mes hommes, et en plus d'avoir possiblement contribué à la perdition de mon navire. "Son regard se durcit, prenant le gris d'une mer en furie. "Je serai en droit d'en réclamer ta tête pour cet affront..."
S'il le souhaitait, là tout de suite, il pourrait l'attaquer pour le neutraliser et laisser la mer récupérer son dû. Mais il n'oubliait pas l'acte du Limier quand il s'était retrouvé en prise avec un paniqué. S'il l'avait fait, c'était pour que le Capitaine ait recours à sa magie et préserver le conteneur d'une coulée définitive sous les eaux. Le donnant-donnant en somme... Mais après ? Cette inconnue n'était pas plaisante, mais pas du tout, pour Altarus. Pour l'instant, il veillait à ce que le cargo ne ressombre pas, se tenant prêt à remployer sa magie comme tantôt.... et en espérant que le Téméraire soit encore de ce monde, pour venir porter secours...
Momentanément sauvé. Le vent de soulagement qui parcours l’esprit de Zelevas en voyant le cargo inverser sa descente et commencer à refaire surface est bien plus agréable que celui qui s’essouffle peu à peu alors que la tempête se calme progressivement. Plantant son ceste dans le côté de l’énorme conteneur, le Limier se hisse péniblement hors de l’eau pour s’affaler sur la partie émergée du caisson, profitant d’une seule et unique seconde pour souffler avant de se retourner, ventre à plat contre le haut du conteneur, bras tendu vers le bas de la flotte pour offrir une main ouverte à celui qui venait de faire preuve non pas que de bon sens, mais surtout d’humanité. Avant que celui ci ne saisisse sa poigne pourtant, le Capitaine pirate émet des doutes plus que biens fondés au vu du propriétaire de ladite main, restant pour l’instant en contrebas dans la flotte glacée. Zelevas remet son masque sur son visage, et répond de façon peu convaincante parce que c’est malheureusement le mieux qu’il puisse faire:
”Est-ce que ça a l’air d’être le moment ou l’endroit d’en parler?”
Il pourrait bien apporter une réponse positive pour rassurer le pirate, mais étrangement en pleine tempête au milieu de l’océan, avec les flots, les cieux et la destinée qui semble s’acharner sur eux, mêlant à leur fatigue le froid et les saignements du combat, Zelevas n’avait pas vraiment l’envie de se perdre en explications là tout de suite maintenant. Il est cependant naturel que le pirate hésite à se jeter à bras ouvert sur le coup de main que lui propose le Limier, la nature de leur professions respective n’aurait pas pu être plus opposée, mais dans les situations désespérées, face à des gestes inattendus, il fallait savoir faire exception.
”Bon alors, tu préfères la trempette? T’es un triton peut-être?” Bien évidemment faux, sinon le pirate n’aurait eu aucune difficulté à se débarrasser de l’adversaire tantôt.
Quelques secondes de plus et Zelevas se serait presque résigné à se relever, mais finalement, après une longue attente pendant laquelle il aurait au final pu apporter réponse aux questions et méfiances, la main du pirate saisit la poigne du jeune homme au dessus. Tirant contre le toit du conteneur pour s’aider, le Limier grogne fortement en soulevant ce qui s’avère être un elfe, à bord du radeau improvisé. Sous le poids surprenamment lourd du marin, le Fraternitas épuisé manque presque de céder mais se met à hurler sous l’effort, jusqu’à ce que le Capitaine parvienne à accrocher le bord du toit et à finir de monter par lui même. Vidé, les deux hommes s’affalent sur le toit du conteneur en respirant à grosses goulées, le jeune soldat quant à lui peut presque sentir ses muscles abandonner toute envie de continuer maintenant que son cerveau est persuadé que le plus gros est passé. Mais ce n’est pas fini. Toujours plaqué contre le toit du conteneur, balancé par le tangage des vagues désormais plus apaisées, le Limier s’exprime avec difficulté en exhalant du mieux qu’il le peu à travers son masque:
”Mes obligations à la République… heuf… sont de remplir mon ordre de mission. Je dois ramener le pu-... … putain de cargo… Arrrr, ahhhh.” La déglutition est laborieuse, sa gorge est séchée par l’effort, la respiration et le sel de mer. ”Nebojsa doit crever, mais s’il faut que ce ne soit pas par moi, en échange du cargo alors… alors la République… fermera volontier un oeil… ouufh” Il est tenté de se relever, l’espace d’un instant, et de défoncer quelques planches du conteneur pour jeter un coup d’oeil à l’intérieur, mais s’il le fait il les condamne tous à couler à pic. ”Tu pe-... tu peux douter ouais. Je ne peux pas te donner, autre chose, que ma parole, mais sache que les Limiers ne mentent pas… on laisse ça aux pourriture qu’on chope.”
Parvenant enfin à se retourner et à se mettre sur ses quatre pattes pour finir de récupérer son souffle, le chien du Razkaal tourne sa tête masquée vers le Capitaine pour lui dire enfin:
”Et franchement, t’as eu un avertissement avec sommation, vous avez ouvert le feu sur un Limier, tes hommes et ton bateau c’est pas cher payé, certains sont plus là pour te dire que tu t’en tire bien.” Caressant le bois du conteneur avec une certaine inquiétude dans ses arrières pensées, il ajoute. ”T’as déjà eu ma tête en plus, t’es pas mal non plus sans ton masque!” Un unique éclat de rire forcé quitte la gorge de Zelevas avant qu’il ne se mette en position assise, ses épaules se soulevant et s’abaissant au rythme travaillé de sa respiration. ”On est pas dans la merde par contre, j’ai aucune idée d’où on est, tu peux tenir le cargo en flottaison combien de temps tu penses?”
Leur meilleure option reste très largement de se faire secourir par un navire de la Societas Septum Gardianorum, la République ne possédant pas de flotte maritime conséquente à l’instar du Reike et du Shoumeï, leur meilleur chance de se faire repêcher reste donc ou bien un autre bateau pirate s’ils ne sont pas très loin de Kaizoku, ou bien les vaisseaux de la GAR qui devaient récupérer le cargo après le ménage du Limier. Zelevas doit avouer que la première option ne lui sied guère, il n’avait pas sauvé le cargo pour qu’il tombe entre les mains d’autres hors-la-loi qui pourraient tout aussi bien perpétuer ce que Zmeï avait commencé que rendre le contenu aux autorités contre récompense. Le problème de la deuxième option est l’incertitude pareillement présente dans la première, dépendamment d’où ils se trouvent sur les mers, la GAR pourrait très bien passer dans quelques heures que dans quelques jours, problématique, mais il n’avait pas beaucoup d’autres options. Avec le Capitaine occupé à garder le conteneur en surface, et le Limier qui en profite pour déchirer sa chemise et commencer à panser ses plaies, les deux comparses passent quelques temps sur le cargo sans être capable d’évaluer avec précision l’écoulement du temps. La fatigue joue à a fois avec leur perception et leurs nerfs, et s’ils ont décidé de coopérer pour l’instant, il n’y a aucune raison qui les pousse à faire plus ample connaissance, Zelevas en bon toutou de l’île maudite n’est de toute façon pas très avenant au contact avec l’ennemi quand ce n’est pas via ses cestes ou ses couteaux. Le soleil finit par se lever, et avec les premiers rayons salvateurs de l’aurore qui s’étalent sur un océan maintenant tout à fait tranquille, la brume qui les entourait et avait facilité l’approche des bricks du pirate se dissipe, laissant voir une apparition bienvenue.
C’est le Capitaine pirate qui la voit en premier, une île au loin, en apparence pas bien grande mais tout de même pourvue de quelques végétations, d’un massif rocheux montant et de ce qui ressemble quand même à une sorte de phare ou de construction sur la hauteur de la falaise. Il pourrait bien y avoir âme qui vive avec un peu de chance, et de quoi subsister en attendant qu’on ne les trouve, après que l’elfe s’exprime et use de sa magie pour les rapprocher de la terre ferme, Zelevas commente:
”Y’a deux bateaux de la Societas Septum Gardianorum réquisitionnés par la GAR qui devraient venir chercher le cargo ce matin, ils vont tomber sur l’épave, ils devraient faire deux et deux et ne pas mettre trop de temps à nous retrouver.”
Quelques dizaines de minutes de navigation magique plus tard, ils échouent enfin tant bien que mal le conteneur sur un banc de plage de la petite île sans trop de pertes et fracas. Zelevas est épuisé, il n’en peut plus, ses forces lui hurlent de s’arrêter, de lâcher prise, de fermer les yeux en s’allongeant sur le sable et de se laisser aller au pays des songes, mais il n’en a pas le droit. Son devoir le lui interdit, son devoir se fiche de savoir à quel point il crache ses poumons ni à quel point ça le brûle au moindre mouvement, il n’ont pas fini. Maintenant qu’ils sont hors de danger immédiat, il faut qu’il vérifie l’intégrité de la cargaison. Malgré les stimulants qui commencent enfin à perdre leurs effets et la douleur naissante qu’il ressent dans son dos, sa clavicule et son flanc, il se met donc en mouvement. Prêtant assez peu d’attention à ce que fait le pirate dès qu’ils s’échouent, Zelevas descend du toit, les pieds dans l’eau qui commence à peine à se réchauffer aux rayons timides du matin, et agrippe les tenants des portes du conteneur pour le tirer le plus possible vers la terre ferme. Une fois que le caisson est bien calé sur les langues de sables, il remonte s’accrocher au toit, et envoie violemment son poing contre le haut de la porte verrouillée.
”HIYAAA!” Un nouveau coup de ceste fracasse une planche. ”HRAAA!!” Il sort la lame de combat du ceste et commence à attaquer le bois avec pour faire voler uniquement le haut de la porte, afin que l’eau ne s’engouffre par à l’intérieur. ”DAA GAA GNAAA!”
Lorsqu’enfin le passage est suffisamment libéré pour qu’il puisse opérer correctement, mais sans que l’eau n'inonde l’intérieur, Zelevas prend une petite seconde, encore une, pour cette fois contempler l’horreur de son métier. La colère qu’il ressent devant cette vision est coupée par la désensibilisation qu’il a développé à force de servir le Rakzaal. L’injustice. La douleur. La haine. Des sentiments qui viennent nourrir sa détermination à écraser ce qui gangrène le pays. Entendant se rapprocher le pirate dans son dos pendant qu’il occupe toujours l’entrée du conteneur, le Limier ne daigne pas faire face à son interlocuteur, il se contente de murmurer entre ses dents et sous son masque:
”T’as dit que t’étais un hors-la-loi et que je t’aiderai pas. Quand un Limier chasse, il s’en branle des menus fretins qu’il croise, parce que les ordures qu’on traque vous mettent minable en comparaison de cruauté.”
S’il s’approche suffisamment, le Capitaine pourra tendre son cou par dessus l’épaule de Zelevas ou se pencher sous son aisselle pour jeter un coup d’oeil dans le sombre caisson de transport. Il sentira d’abord l’odeur âcre de pisse et de merde avant même de voir quoi que ce soit, des prisonniers qu’on a gardé sans considération en les laissant dans leur crasse, mais c’est ce qu’il verra ensuite qui sera pourtant le plus amer. Une vingtaine de corps d’élémentaires, nus, allongés en vrac dans le conteneur à même le bois, les peaux rougies et irritées par les frottements et les abcès dus au sel, à l’humidité, à la maltraitance. Tous inertes. Certains possèdent des cheveux d’apparence spéciale, reflétant leur ascendant élémentaire. Il y a de tout, eau, feu, nature, sable, métal… Tous immobiles et apparemment sans vie, certains portant des marques de coups, d’autres des griffures au niveau des parties génitales ou des cuisses. Zelevas soupire, la flamme qui bouillonne à l’intérieur de son âme balaye sa fatigue et ce regain d’énergie le fait sauter à l’intérieur du cargo, repliant ses lames de combat dans ses cestes sous son poignet, il se penche sur le premier corps venu et l’inspecte rapidement, posant deux doigts sur le cou et se concentrant un instant. Une pulsation faible, irrégulière. Deux, six, sept… faible, c’est faible mais ça a le mérite d’exister. Il se relève et parcours le reste du caisson, vérifiant les corps des élémentaires un par un.
”Ils sont pas encore morts. Sauf celui là.” Un élémentaire de foudre gît au sol, son ventre ne bouge plus, légèrement gonflé, ses tissus sont rosés malgré sa mort, la plupart de ses veines sont étrangement apparentes en surface. Déployant la lame à son poing droit, Zelevas replie les jambes du défunt sur son ventre, s’asseoit dessus pour comprimer son cadavre et dessine une très large entaille sur l’arcade sourcilière tuméfiée du malheureux. Le sang coule abondamment et le Limier trempe ses doigts dans le liquide visqueux, avant de le porter à ses lèvres en soulevant légèrement son masque. ”Dongshuan soit loué, ça a le goût de sang.”
Le masque d’acier blanc se retourne vers le Capitaine pirate pour enfin lui apporter des explications à l’ignominie dont il est témoin:
”Y’a un cocktail de drogues que les fils de crevures comme Nebojsa s’amusent à utiliser, sur les gens normaux ça fait juste planner, en piquouse dans des élémentaires ça fait quelque chose de bizarre, on ne sait pas trop comment ça se fait, mais ça fermente leur sang dans leurs veines.” Il essuie ses doigts sur son pantalon détrempé. ”Ça fait de l’alcool, de l’alcool d’élém’. Le goût varie en fonction de l’élément, le feu est plus épicé, l’eau est plus rafraîchissante, tu vois le truc. C’est bien sûr hautement illégal, mais ça se vend très bien pour les riches raclures et les barons du crime. La prime, c’est qu’ils sont vivants pendant que leur sang se transforme en liqueur, la drogue est réinjectée régulièrement dans leur corps pour éviter que leur organisme ne la filtre, et ils comattent en souffrant jusqu’à ce qu’ils crèvent. Après c’est l’heure de la vendange. Si celui-ci est mort et que son sang a encore le goût de fer sans éthanol, c’est que les autres sont encore sauvable, faut juste s’occuper un peu d’eux et les laisser redescendre du septième ciel…” Pendant qu’il parle, Zelevas récupère un des corps allongés qu’il apporte à la lumière du soleil, juste à la sortie du cargo. ”Alors à moins que tu fabriques du vin de gens dans ton temps libre, j’en ai rien à foutre si t’es hors-la-loi ou pas.”
Le Limier sécurise le corps inerte de l’élémentaire sur son épaule et enjambe le rebord du conteneur avant de se diriger sur la plage, où il allonge avec précaution le corps inanimé d’une jeune femme, une élémentaire de métal, sur le sable. Ses cheveux blonds descendaient en grandes tresses le long de ses flancs, ses yeux clos semblaient être reposés, mais les veines saillantes qui commencent à poindre le long de ses tempes indiquent pourtant la progression pernicieuse de la drogue dans son sang. Les veines rosées sont présentent un peu partout où la peau est plus fine ou la chair est plus riche en vaisseaux, sur les jarrets de ses cuisses, le creux de ses reins, ses avants bras, la peau de ses seins, son sternum maladif. Elle est en vie, et dans un état suffisant pour que ça continue ainsi, mais elle ne se réveillera pas de si tôt. Cette femme là, est la seule et unique raison pour laquelle la République s’est donnée la peine de dépêcher une équipe de Limiers pour mettre fin au trafic de Nebojsa. La nièce d’une des personnes les plus influentes du pays, le patriarche d’une des Sept Grandes Familles de la nation, une petite gamine qui s’est faite enlevée au détour d’une soirée, sans sa garde rapprochée: Tantale Ironsoul. Ce n’est qu’une fois que les Sept Grandes sont touchées que le Razkaal a envoyé un trio de ses chiens à la poursuite de Nebojsa, deux d’entre eux sont occupés à démanteler le réseau à la racine, ailleurs, Zelevas est chargé de récupérer Tantale et de zigouiller Zmeï. Au moins un des deux objectifs est déjà accompli, au grand soulagement du Limier. Il fait demi-tour pour continuer de décharger les autres élémentaires assez fortunés pour s’être retrouvés dans le même caisson que Tantale, et lance à l’adresse du pirate assez infortuné pour s’être retrouvé dans le même bateau que lui:
”Va falloir trouver de l’eau et un peu de nourriture, pour nous et pour eux, en attendant qu’on vienne nous chercher. Une fois qu’on revient à la terre ferme, je te lâche pas, on retrouve Nebojsa ensemble, et tu fumes ce fils de pute.”
Citoyen du monde
Altarus Aearon
Messages : 414
crédits : 1474
crédits : 1474
Info personnage
Race: Humain-elfe
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
Altarus suivit de son regard le Limier se hissant laborieusement sur le cargo. S'étalant sur la partie émergée de la grosse masse flottante, Altarus s'assura avant tout que ce poids supplémentaire ne venait pas mettre à mal l'effort magique qu'il avait employé. Il soupira de soulagement en voyant que tout tenait bon pour l'instant, avant de se crisper face à la main ouverte qui se tendit dans sa direction. Le Républicain lui tenait une accroche possible pour sortir de l'eau. Méfiant, Altarus regarda ce membre avant de fixer son propriétaire non sans une profonde froideur. Où était l'entourloupe ? Non, le Limier ne serait pas assez stupide pour son seul recours à préserver son caisson d'une totale submersion. Le demi-elfe revoyait encore la lueur inquiète et paniquée qui avait voilé le ferme regard de son adversaire. Pourtant, il restait accroché à sa vergue flottante, fixant le Limier. Il était difficile de croire que ce chasseur sans vergogne de la République, ce chien tueur du Razkaal jouait le bon samaritain ! La sinistre réputation de ces êtres était telle que quiconque avait le malheur de les croiser, quand leur tête était recherchée à n'importe quel prix, mourait, disparaissait ou se retrouvait prisonnier dans leur lieu de vie, cette prison qui avait contribué à les former pour devenir des outils inflexibles, et de parfaits toutous obéissants.
"Et ma garantie, Limier ?"
Quelle garantie aura-t-il réellement ? La réplique de l'être lui donna l'envie soudaine de le propulser dans la flotte. Jouer d'autorité en remettant son sinistre masque n'aidait pas à accepter l'impensable. Il y avait cela, mais il y avait aussi le fait que cette enflure de servant républicain avait raison : l'heure n'était pas à la discutaille.
Le Capitaine pirate avait sa fierté. Fierté qui était devenue de l'orgueil et qui lui serrait les tripes ! Des décennies à naviguer sur la mer, à accepter de subir ses courroux, à apprécier et à respecter cette maîtresse versatile aux sauts d'humeurs imprévisibles. À cela, on rajoutait qu'il a toujours été le seul maître à bord de ses navires. Il était l'autorité. On ne lui imposait pas celle des autres ! Et il y avait cette main ouverte, qui n'attendait qu'à être attrapée, la main d'un Limier, qui avait pourfendu la plupart de ses hommes, provoqué sans certitude la perte de son brick et qui lui avait volé sa chasse ! Un chien qu'on avait conditionné à tuer. Il revoyait sa réaction quand il lui avait offert une voie de fuite. Ses dents grincèrent tellement il les serra. Par les abysses, il détestait perdre le contrôle de la sorte ! Il ne pourra pas revenir en arrière. Ce qui était fait était fait. Et là, il était encore à barboter dans cette eau gelée. Le froid refroidira son sang, s'imposera à son esprit pour le rendre moins alerte, plus épuisé... avant d'inviter son corps à céder à un sommeil glacé. Quel embarras ! Se faire sauver de la froideur marine par un Limier ! Et puis, il y avait les êtres vivants dans ce caisson, qui dépendait entièrement de son contrôle de l'air. Même s'il ne savait pas qui ou quoi se trouvait à l'intérieur, il ne pouvait pas les "abandonner".
"Bon alors, tu préfères la trempette ? T'es un triton peut-être ? "
Le demi-elfe ravala une sale réplique. Sa main droite gantée de cuir noir, imbibé de flotte salée, saisit fermement le poignet du Limier, contraignant ses doigts à serrer de toutes les forces, ne les sentant presque plus, tellement ils étaient engourdis. Ceux du jeune homme l'imitèrent, déployant une grande fermeté. Altarus fut tiré hors des flots et dès qu'il put, libérant sa main, gravit la pente boisée du caisson du mieux qu'il put. Une fois assuré d'être sur un recoin stable de cette embarcation de fortune et surtout de mettre un semblant de distance entre lui et le Limier, du moins qu'on peut sur ce cargo bien entendu, il s'affala sur le dos, reprenant son souffle, essayant de pas prêter attention à ses jambes et ses bras qui se contractaient sporadiquement pour retrouver un semblant de chaleur. Par les abysses, il ne devait pas être loin d'un début d'hypothermie. S'il n'y prenait pas garde, les problèmes qui en découleraient pourraient être fatals. En pleine mer, même si la tempête déforçait, il savait d'office qu'il peinerait à se réchauffer. La seule solution possible dans l'immédiat était de se coller à l'autre enflure. Et ça, jamais ! Autant sombrer dans l'inconscience que de faire cela !
Les dents serrées pour qu'elles ne claquent pas, il entreprit de respirer plus longuement. Chaque souffle expirait un brin de chaleur. Elle était bien trop précieuse pour être brûlée par la colère sourde qui battait encore dans son cœur. En entendant les paroles hachées du Limier, pendant qu'il reprenait une respiration plus posée non loin de lui, Altarus manqua d'être acerbe.
"Que vaut réellement la parole d'un Limier ? Elle a de la valeur, tant que toi et moi, on y trouve notre compte..."
À l'interrogation du jeune humain quant à sa capacité à maintenir le cargo à flot, il prit le temps de réfléchir. Il s'assura que sa flottabilité se maintenait, avant de lui répondre.
"La mer se calme. Si les parois demeurent ce qu'elles sont et qu'aucun imprévu ne vient perturber notre situation actuelle... une demi-journée, tout au plus. "
Moins peut-être... l'épuisement pouvait être traître. Il devait tenir bon, il n'avait pas le choix. Pas le choix pour lui, mais surtout pour que les vies emprisonnées là-dedans, sous son céans. La taille du cargo, l'importance qu'il revêtait pour le Limier... le fait qu'il s'était trouvé à bord de la frégate de cet enfoiré de Zmeï... cette cargaison vivante, cela ne pouvait être que des êtres humains. Ou d'une race proche. Quoi d'autres sinon ? La République n'aurait pas envoyé un Limier à ses trousses pour des bestioles des Îles Paradisiaques. À cette évidente, il grimaça de dégoût. Zmeï... il crèvera. Point de sentence, de duel ou de jugement par la mer. Il le tuera sur place dès qu'il le verra ! Fourbe qu'il était, il aura su déjouer les bras de la mort lors du naufrage. Un rat ! il était tel un nuisible qu'il faut éradiquer. Il ferma les yeux et entreprit de se calmer. Il se redresse péniblement et se frotta énergiquement les bras puis les jambes.
"Je te conseille de respirer plus lentement... ça retardera l'hypothermie. "
Voilà qu'il donnait des conseils pour le Limier maintenant. Non, mais vraiment ! Il leva le nez pour essayer de voir à travers la brume épaisse qui les environnait. Le temps orageux se dissipait, mais il ne pouvait voir l'état des cieux. Si les nuages demeuraient, et que si la pluie venait à entrer en scène... Il préféra ne pas y songer. Il tourna son regard grisé de vigilance et de prudence vers son compagnon d'infortune. Il y avait des mots qu'il ne pouvait laisser passer.
"Ne me fais pas regretter d'accepter de te laisser en vie..."
Qu'il aurait voulu lui jeter à la figure toute la hargne d'avoir perdu ses hommes et son brick. Pas cher payé qu'il disait… C'était insultant d'entendre pareils mots ! Il mordit sur sa chique. Plus tard, il sera en droit de réclamer sa tête. Pour l'heure, il devait se préoccuper de la situation actuelle. Leur position était plus qu'incertaine. Depuis l'attaque menée sur la frégate, ils avaient dérivé Sans les cieux étoilés, il ne pouvait garantir d'être proche des îles éparses qui composaient l'archipel des Îles Paradisiaques. Il demeura alors silencieux, pour ne pas s'accrocher à de faux espoirs.
Le temps suivait son cours normal, s'égrainant minute par minute, puis heure par heure. Les deux rescapés demeuraient dans leur coin, silencieux et s'occupant de leurs priorités. Le Limier en avait profité pour soigner ses blessures. Altarus veillait à maintenir doublement sa vigilance. Il avait le conteneur à maintenir à la surface, usant régulièrement de sa magie dans cet objectif. Et il avait le Limier, non loin de lui, qui pourrait décider de se débarrasser de lui, comme cela, d'un coup. Que savait-il de cet homme ? Pas grand-chose, si ce n'était qu'il remballait temporairement ses obligations de Limier pour préserver la précieuse marchandise... les nerfs du marin se tendront d'heures en heures, à n'en point douter.
Plusieurs heures passèrent, pendant que tous flottaient à la surface d'une mer plane d'une étrange sérénité. La brume donnait l'impression d'être entre deux mondes, d'être en transition entre le monde des vivants et des morts... Cette image avait de quoi faire frémir et rajouter de la tension, mais heureusement, le brouillard s'étiola, en même temps que l'air se réchauffait à l'arrivée d'un soleil naissant. Altarus se mit sur ses deux jambes et commença à scruter l'horizon. Il tendit son bras vers une apparition qui donna un véritable baume de soulagement. Une île et elle n'était pas loin. Le Capitaine analysa son approche. Le courant était avec eux ! Une chance.
"La mer accepte de nous offrir un répit. Le courant nous rapprochait de cette île depuis un moment et il nous y mène toujours, ce qui est une bonne nouvelle. Je vais appeler le vent pour naviguer plus vite. Tout ce que je te demande, c'est de rester en place. Ce cargo n'est point un navire. La moindre gêne à notre équilibre pourrait compromettre notre approche. "
Et surtout de faire couler leur grosse bouée de sauvetage. S'assurer que l'air maintenait le caisson à la surface, tout en le faisant pousser par le même élément... L'effort à fournir sera conséquent. Il n'avait pas le droit à l'erreur. Et l'autre qui dévoila une information des plus déplaisantes sur l'instant. Il s'était bien gardé d'énoncer cela, le Limier ! Il fronça les sourcils et fixa l'île, leur but salvateur. Après quelques dizaines de minutes éprouvantes, le conteneur racla le fond sableux de la plage insulaire. Altarus en descendit et manqua de s'écrouler dans l'eau, ses jambes manquant de céder sous son poids. Il tituba jusqu'à la plage et se laissa tomber à genoux, savourant l'odeur du sable et de sa timide chaleur qu'il avait commencé à prendre au soleil matinal. Son corps entier tremblait d'épuisement. Il suffirait de s'allonger et de fermer les yeux... s'il avait été seul ! Bien qu'haletant et fatigué par l'effott magique qu'il avait fourni, il tourna sa tête vers le Limier, qui ahana bruyamment à chaque coup de ceste porté sur les verrous supérieurs des portes du cargo. Poussé par une vive curiosité,
Et surtout de faire couler leur grosse bouée de sauvetage. S'assurer que l'air maintenait le caisson à la surface, tout en le faisant pousser par le même élément... L'effort à fournir sera conséquent. Il n'avait pas le droit à l'erreur. Et l'autre qui dévoila une information des plus déplaisantes sur l'instant. Il s'était bien gardé d'énoncer cela, le Limier ! Il fronça les sourcils et fixa l'île, leur but salvateur. Après quelques dizaines de minutes éprouvantes, le conteneur racla le fond sableux de la plage insulaire. Altarus en descendit et manqua de s'écrouler dans l'eau, ses jambes manquant de céder sous son poids. Il tituba jusqu'à la plage et se laissa tomber à genoux, savourant l'odeur du sable et de sa timide chaleur qu'il avait commencé à prendre au soleil matinal. Son corps entier tremblait d'épuisement. Il suffirait de s'allonger et de fermer les yeux... s'il avait été seul ! Bien que haletant et fatigué par l'effort magique qu'il avait fourni, il tourna sa tête vers le Limier, qui ahana bruyamment à chaque coup de ceste porté sur les verrous supérieurs des portes du cargo. Poussé par une vive curiosité, le demi-elfe se remit debout, s'approcha d'un pas avant de s'arrêter. Le Limier était toujours un chien de la République. D'une main, le pirate s'assura que sa dague était toujours présente et qu'elle sortait sans trop de difficulté de son fourreau. Assuré de pouvoir se défendre avec sa courte lame au besoin, il se rapprocha prudemment du cargo désormais grand ouvert et du jeune homme masqué, immobile à son entrée. Il n'eut à faire un dernier pas pour voir toute l'horreur qui se trouvait à l'intérieur.
Les yeux écarquillés devant un spectacle aussi inhumain, il ne put s'empêcher de porter le dos de sa main ganté à ses narines agressées par les effluves immondes qui s'échappaient des corps inaminés. Ses oreilles captaient les paroles du Limier, tout aussi horrifié de ce qu'il venait de sauver et mener à l'air libre, mais lui-même ne pouvait se détourner du macabre spectacle. La colère fit qu'il serra les poings à s'en faire souffrir les phalanges. Nebojsa ! Infâme être qu'il était ! Ce n'était pas que du simple trafic d'esclaves qu'il y avait là, sous ses yeux. Bien que crasseux, amaigris... les détails physiques ne trompaient pas : c'étaient des élémentaires. Il n'y avait que des élémentaires. Le Limier pénétra à l'intérieur et commença à manipuler un malheureux qui ne reverra plus jamais la lumière du jour. Après quoi, il se tourna vers le pirate, apportant un début d'explications à toute cette folie innommable étendue à ses pieds. Altarus ne put s'empêcher d'être plus dégoûté encore, en devenant légèrement blême... Comment un pirate pouvait accepter de commettre pareille indignité ? Comment pouvait-il agir... Comment les hommes devenaient perfides et monstrueux pour rechercher des saveurs et des sensations à base d'êtres élémentaux vivants… Comment… Il frémissait d'une rage sourde. Si Zmeï s'était retrouvé présent, là maintenant, Altarus l'aurait fait imposer de l'intérieur...
À la dernière réflexion du Limier, Altarus recula de quelques pas, pour lui laisser le champ libre, encore choqué de ce qu'il avait appris. Son esprit tourbillonnait à plein régime de toutes les informations entendues ou vues depuis que le Limier avait croisé son regard sur le pont de la frégate. Le Limier n'avait pas été envoyé à la poursuite de Nebojsa uniquement pour cet immonde trafic...
Ses yeux bleu acier se fixèrent sur le Limier quand il l'interpella à nouveau, une fois qu'il eut terminé de surtout tous les malheureux inconscients hors du conteneur. Son esprit avait cessé son maelstrom de réflexion.
"Je vais m'en occuper. Je connais cette île. Là-haut, une vieille Sirène vivait en ermite, il y a quelques décennies. Cette construction là-haut, c'était son "temple", comme elle se plaisait à la nommer ainsi. Avec de la chance, je trouverai de quoi revenir avec de l'eau. Toi, en attendant, veille à mettre ces malheureux à l'ombre. Le soleil monte dans les cieux et sera plus mordant en termes de chaleur. Et il y a des cocotiers. Quelques-uns de leurs fruits feront l'affaire. Avant de les alimenter, il faudra d'abord les réhydrater, lentement..."
Il cessa quelques instants de parler, regardant les élémentaires, avant de reporter son regard sur le Limier.
''Ces femmes et ces hommes ne sont pas n'importe qui, n'est-ce pas ? Il n'y a pas que cette histoire de drogue distillée dans leurs sangs qui a poussé la République à te lâcher. Deux navires de la SSG prévus à la récupération à bord d'une frégate entièrement nettoyée de son équipage... qui ne vont pas lâcher l'affaire tant qu'elles ne se seront pas assurées de la disparition de vous tous... Je suis devenu un témoin de tout ceci, vais-je rester qu'un simple hors la loi, du menu fretin, dis-moi ? "demanda-t-il avec sérieux. "Je ne serais pas surpris qu'une fois arrivé à la vieille tour, j'aperçoive les voiles de tes deux navires. Quelle garantie aurais-je de ne pas me retrouver poings et mains liés par les tiens, Limier ? Ils s'attendent à te retrouver que toi et les prisonniers, pas une âme vivante de plus. Car, avant d'affirmer qu'une fois les pieds sur le continent et que tu me colleras la semelle de mes bottes jusqu'à ce que je tue Nebojsa pour tous ces crimes sans nom, il faudra résoudre les petits problèmes que j'ai relevé..."
Il ne lui laissa pas le temps de lui répondre.
''Je vais chercher de l'eau, c'est ce qui est le plus important pour l'instant, pour eux avant tout. Cela te laissera le temps de réfléchir, Limier. "
"Et ma garantie, Limier ?"
Quelle garantie aura-t-il réellement ? La réplique de l'être lui donna l'envie soudaine de le propulser dans la flotte. Jouer d'autorité en remettant son sinistre masque n'aidait pas à accepter l'impensable. Il y avait cela, mais il y avait aussi le fait que cette enflure de servant républicain avait raison : l'heure n'était pas à la discutaille.
Le Capitaine pirate avait sa fierté. Fierté qui était devenue de l'orgueil et qui lui serrait les tripes ! Des décennies à naviguer sur la mer, à accepter de subir ses courroux, à apprécier et à respecter cette maîtresse versatile aux sauts d'humeurs imprévisibles. À cela, on rajoutait qu'il a toujours été le seul maître à bord de ses navires. Il était l'autorité. On ne lui imposait pas celle des autres ! Et il y avait cette main ouverte, qui n'attendait qu'à être attrapée, la main d'un Limier, qui avait pourfendu la plupart de ses hommes, provoqué sans certitude la perte de son brick et qui lui avait volé sa chasse ! Un chien qu'on avait conditionné à tuer. Il revoyait sa réaction quand il lui avait offert une voie de fuite. Ses dents grincèrent tellement il les serra. Par les abysses, il détestait perdre le contrôle de la sorte ! Il ne pourra pas revenir en arrière. Ce qui était fait était fait. Et là, il était encore à barboter dans cette eau gelée. Le froid refroidira son sang, s'imposera à son esprit pour le rendre moins alerte, plus épuisé... avant d'inviter son corps à céder à un sommeil glacé. Quel embarras ! Se faire sauver de la froideur marine par un Limier ! Et puis, il y avait les êtres vivants dans ce caisson, qui dépendait entièrement de son contrôle de l'air. Même s'il ne savait pas qui ou quoi se trouvait à l'intérieur, il ne pouvait pas les "abandonner".
"Bon alors, tu préfères la trempette ? T'es un triton peut-être ? "
Le demi-elfe ravala une sale réplique. Sa main droite gantée de cuir noir, imbibé de flotte salée, saisit fermement le poignet du Limier, contraignant ses doigts à serrer de toutes les forces, ne les sentant presque plus, tellement ils étaient engourdis. Ceux du jeune homme l'imitèrent, déployant une grande fermeté. Altarus fut tiré hors des flots et dès qu'il put, libérant sa main, gravit la pente boisée du caisson du mieux qu'il put. Une fois assuré d'être sur un recoin stable de cette embarcation de fortune et surtout de mettre un semblant de distance entre lui et le Limier, du moins qu'on peut sur ce cargo bien entendu, il s'affala sur le dos, reprenant son souffle, essayant de pas prêter attention à ses jambes et ses bras qui se contractaient sporadiquement pour retrouver un semblant de chaleur. Par les abysses, il ne devait pas être loin d'un début d'hypothermie. S'il n'y prenait pas garde, les problèmes qui en découleraient pourraient être fatals. En pleine mer, même si la tempête déforçait, il savait d'office qu'il peinerait à se réchauffer. La seule solution possible dans l'immédiat était de se coller à l'autre enflure. Et ça, jamais ! Autant sombrer dans l'inconscience que de faire cela !
Les dents serrées pour qu'elles ne claquent pas, il entreprit de respirer plus longuement. Chaque souffle expirait un brin de chaleur. Elle était bien trop précieuse pour être brûlée par la colère sourde qui battait encore dans son cœur. En entendant les paroles hachées du Limier, pendant qu'il reprenait une respiration plus posée non loin de lui, Altarus manqua d'être acerbe.
"Que vaut réellement la parole d'un Limier ? Elle a de la valeur, tant que toi et moi, on y trouve notre compte..."
À l'interrogation du jeune humain quant à sa capacité à maintenir le cargo à flot, il prit le temps de réfléchir. Il s'assura que sa flottabilité se maintenait, avant de lui répondre.
"La mer se calme. Si les parois demeurent ce qu'elles sont et qu'aucun imprévu ne vient perturber notre situation actuelle... une demi-journée, tout au plus. "
Moins peut-être... l'épuisement pouvait être traître. Il devait tenir bon, il n'avait pas le choix. Pas le choix pour lui, mais surtout pour que les vies emprisonnées là-dedans, sous son céans. La taille du cargo, l'importance qu'il revêtait pour le Limier... le fait qu'il s'était trouvé à bord de la frégate de cet enfoiré de Zmeï... cette cargaison vivante, cela ne pouvait être que des êtres humains. Ou d'une race proche. Quoi d'autres sinon ? La République n'aurait pas envoyé un Limier à ses trousses pour des bestioles des Îles Paradisiaques. À cette évidente, il grimaça de dégoût. Zmeï... il crèvera. Point de sentence, de duel ou de jugement par la mer. Il le tuera sur place dès qu'il le verra ! Fourbe qu'il était, il aura su déjouer les bras de la mort lors du naufrage. Un rat ! il était tel un nuisible qu'il faut éradiquer. Il ferma les yeux et entreprit de se calmer. Il se redresse péniblement et se frotta énergiquement les bras puis les jambes.
"Je te conseille de respirer plus lentement... ça retardera l'hypothermie. "
Voilà qu'il donnait des conseils pour le Limier maintenant. Non, mais vraiment ! Il leva le nez pour essayer de voir à travers la brume épaisse qui les environnait. Le temps orageux se dissipait, mais il ne pouvait voir l'état des cieux. Si les nuages demeuraient, et que si la pluie venait à entrer en scène... Il préféra ne pas y songer. Il tourna son regard grisé de vigilance et de prudence vers son compagnon d'infortune. Il y avait des mots qu'il ne pouvait laisser passer.
"Ne me fais pas regretter d'accepter de te laisser en vie..."
Qu'il aurait voulu lui jeter à la figure toute la hargne d'avoir perdu ses hommes et son brick. Pas cher payé qu'il disait… C'était insultant d'entendre pareils mots ! Il mordit sur sa chique. Plus tard, il sera en droit de réclamer sa tête. Pour l'heure, il devait se préoccuper de la situation actuelle. Leur position était plus qu'incertaine. Depuis l'attaque menée sur la frégate, ils avaient dérivé Sans les cieux étoilés, il ne pouvait garantir d'être proche des îles éparses qui composaient l'archipel des Îles Paradisiaques. Il demeura alors silencieux, pour ne pas s'accrocher à de faux espoirs.
Le temps suivait son cours normal, s'égrainant minute par minute, puis heure par heure. Les deux rescapés demeuraient dans leur coin, silencieux et s'occupant de leurs priorités. Le Limier en avait profité pour soigner ses blessures. Altarus veillait à maintenir doublement sa vigilance. Il avait le conteneur à maintenir à la surface, usant régulièrement de sa magie dans cet objectif. Et il avait le Limier, non loin de lui, qui pourrait décider de se débarrasser de lui, comme cela, d'un coup. Que savait-il de cet homme ? Pas grand-chose, si ce n'était qu'il remballait temporairement ses obligations de Limier pour préserver la précieuse marchandise... les nerfs du marin se tendront d'heures en heures, à n'en point douter.
Plusieurs heures passèrent, pendant que tous flottaient à la surface d'une mer plane d'une étrange sérénité. La brume donnait l'impression d'être entre deux mondes, d'être en transition entre le monde des vivants et des morts... Cette image avait de quoi faire frémir et rajouter de la tension, mais heureusement, le brouillard s'étiola, en même temps que l'air se réchauffait à l'arrivée d'un soleil naissant. Altarus se mit sur ses deux jambes et commença à scruter l'horizon. Il tendit son bras vers une apparition qui donna un véritable baume de soulagement. Une île et elle n'était pas loin. Le Capitaine analysa son approche. Le courant était avec eux ! Une chance.
"La mer accepte de nous offrir un répit. Le courant nous rapprochait de cette île depuis un moment et il nous y mène toujours, ce qui est une bonne nouvelle. Je vais appeler le vent pour naviguer plus vite. Tout ce que je te demande, c'est de rester en place. Ce cargo n'est point un navire. La moindre gêne à notre équilibre pourrait compromettre notre approche. "
Et surtout de faire couler leur grosse bouée de sauvetage. S'assurer que l'air maintenait le caisson à la surface, tout en le faisant pousser par le même élément... L'effort à fournir sera conséquent. Il n'avait pas le droit à l'erreur. Et l'autre qui dévoila une information des plus déplaisantes sur l'instant. Il s'était bien gardé d'énoncer cela, le Limier ! Il fronça les sourcils et fixa l'île, leur but salvateur. Après quelques dizaines de minutes éprouvantes, le conteneur racla le fond sableux de la plage insulaire. Altarus en descendit et manqua de s'écrouler dans l'eau, ses jambes manquant de céder sous son poids. Il tituba jusqu'à la plage et se laissa tomber à genoux, savourant l'odeur du sable et de sa timide chaleur qu'il avait commencé à prendre au soleil matinal. Son corps entier tremblait d'épuisement. Il suffirait de s'allonger et de fermer les yeux... s'il avait été seul ! Bien qu'haletant et fatigué par l'effott magique qu'il avait fourni, il tourna sa tête vers le Limier, qui ahana bruyamment à chaque coup de ceste porté sur les verrous supérieurs des portes du cargo. Poussé par une vive curiosité,
Et surtout de faire couler leur grosse bouée de sauvetage. S'assurer que l'air maintenait le caisson à la surface, tout en le faisant pousser par le même élément... L'effort à fournir sera conséquent. Il n'avait pas le droit à l'erreur. Et l'autre qui dévoila une information des plus déplaisantes sur l'instant. Il s'était bien gardé d'énoncer cela, le Limier ! Il fronça les sourcils et fixa l'île, leur but salvateur. Après quelques dizaines de minutes éprouvantes, le conteneur racla le fond sableux de la plage insulaire. Altarus en descendit et manqua de s'écrouler dans l'eau, ses jambes manquant de céder sous son poids. Il tituba jusqu'à la plage et se laissa tomber à genoux, savourant l'odeur du sable et de sa timide chaleur qu'il avait commencé à prendre au soleil matinal. Son corps entier tremblait d'épuisement. Il suffirait de s'allonger et de fermer les yeux... s'il avait été seul ! Bien que haletant et fatigué par l'effort magique qu'il avait fourni, il tourna sa tête vers le Limier, qui ahana bruyamment à chaque coup de ceste porté sur les verrous supérieurs des portes du cargo. Poussé par une vive curiosité, le demi-elfe se remit debout, s'approcha d'un pas avant de s'arrêter. Le Limier était toujours un chien de la République. D'une main, le pirate s'assura que sa dague était toujours présente et qu'elle sortait sans trop de difficulté de son fourreau. Assuré de pouvoir se défendre avec sa courte lame au besoin, il se rapprocha prudemment du cargo désormais grand ouvert et du jeune homme masqué, immobile à son entrée. Il n'eut à faire un dernier pas pour voir toute l'horreur qui se trouvait à l'intérieur.
Les yeux écarquillés devant un spectacle aussi inhumain, il ne put s'empêcher de porter le dos de sa main ganté à ses narines agressées par les effluves immondes qui s'échappaient des corps inaminés. Ses oreilles captaient les paroles du Limier, tout aussi horrifié de ce qu'il venait de sauver et mener à l'air libre, mais lui-même ne pouvait se détourner du macabre spectacle. La colère fit qu'il serra les poings à s'en faire souffrir les phalanges. Nebojsa ! Infâme être qu'il était ! Ce n'était pas que du simple trafic d'esclaves qu'il y avait là, sous ses yeux. Bien que crasseux, amaigris... les détails physiques ne trompaient pas : c'étaient des élémentaires. Il n'y avait que des élémentaires. Le Limier pénétra à l'intérieur et commença à manipuler un malheureux qui ne reverra plus jamais la lumière du jour. Après quoi, il se tourna vers le pirate, apportant un début d'explications à toute cette folie innommable étendue à ses pieds. Altarus ne put s'empêcher d'être plus dégoûté encore, en devenant légèrement blême... Comment un pirate pouvait accepter de commettre pareille indignité ? Comment pouvait-il agir... Comment les hommes devenaient perfides et monstrueux pour rechercher des saveurs et des sensations à base d'êtres élémentaux vivants… Comment… Il frémissait d'une rage sourde. Si Zmeï s'était retrouvé présent, là maintenant, Altarus l'aurait fait imposer de l'intérieur...
À la dernière réflexion du Limier, Altarus recula de quelques pas, pour lui laisser le champ libre, encore choqué de ce qu'il avait appris. Son esprit tourbillonnait à plein régime de toutes les informations entendues ou vues depuis que le Limier avait croisé son regard sur le pont de la frégate. Le Limier n'avait pas été envoyé à la poursuite de Nebojsa uniquement pour cet immonde trafic...
Ses yeux bleu acier se fixèrent sur le Limier quand il l'interpella à nouveau, une fois qu'il eut terminé de surtout tous les malheureux inconscients hors du conteneur. Son esprit avait cessé son maelstrom de réflexion.
"Je vais m'en occuper. Je connais cette île. Là-haut, une vieille Sirène vivait en ermite, il y a quelques décennies. Cette construction là-haut, c'était son "temple", comme elle se plaisait à la nommer ainsi. Avec de la chance, je trouverai de quoi revenir avec de l'eau. Toi, en attendant, veille à mettre ces malheureux à l'ombre. Le soleil monte dans les cieux et sera plus mordant en termes de chaleur. Et il y a des cocotiers. Quelques-uns de leurs fruits feront l'affaire. Avant de les alimenter, il faudra d'abord les réhydrater, lentement..."
Il cessa quelques instants de parler, regardant les élémentaires, avant de reporter son regard sur le Limier.
''Ces femmes et ces hommes ne sont pas n'importe qui, n'est-ce pas ? Il n'y a pas que cette histoire de drogue distillée dans leurs sangs qui a poussé la République à te lâcher. Deux navires de la SSG prévus à la récupération à bord d'une frégate entièrement nettoyée de son équipage... qui ne vont pas lâcher l'affaire tant qu'elles ne se seront pas assurées de la disparition de vous tous... Je suis devenu un témoin de tout ceci, vais-je rester qu'un simple hors la loi, du menu fretin, dis-moi ? "demanda-t-il avec sérieux. "Je ne serais pas surpris qu'une fois arrivé à la vieille tour, j'aperçoive les voiles de tes deux navires. Quelle garantie aurais-je de ne pas me retrouver poings et mains liés par les tiens, Limier ? Ils s'attendent à te retrouver que toi et les prisonniers, pas une âme vivante de plus. Car, avant d'affirmer qu'une fois les pieds sur le continent et que tu me colleras la semelle de mes bottes jusqu'à ce que je tue Nebojsa pour tous ces crimes sans nom, il faudra résoudre les petits problèmes que j'ai relevé..."
Il ne lui laissa pas le temps de lui répondre.
''Je vais chercher de l'eau, c'est ce qui est le plus important pour l'instant, pour eux avant tout. Cela te laissera le temps de réfléchir, Limier. "
Quand le dernier corps fut allongé sur le sable et que le conteneur cargo n’était rien de plus qu’une boîte vide et malodorante, Zelevas poussa un soupir de fatigue avant de tomber à terre sur les genoux, crachant sa toux à travers son masque. Il écoute sans se retourner le pirate lui raconter l’histoire de l’île. Que les informations qu’il détient ne soient qu’un conte que les mécréants se transmettent pour rajouter un peu de piment à leur vie désenchantée de malfrats ou que tout cela soit réel lui est bien égal, la construction en haut de la falaise pouvait aussi bien être l’ancien temple d’une sirène ermite que la cabane d’un connard de pêcheur qu’il n’en a rien à foutre. En ce qui concerne Zelevas la seule chose qui lui importe c’est que la guirlande d’élémentaires liquoreux sur la plage ne leur clamse pas entre les doigts. Les deux hommes restent ainsi quelques secondes à regarder les victimes, les corps alignés rigoureusement de la sorte évoquent un peu l’après-coup d’une bataille, il ne manque plus que les linceuls sur les visages pour parachever une ambiance… mortifère. Le silence contemplatif est cependant rompu par le Capitaine, dont la prise de parole fait se retourner le Limier dès la première phrase.
Le con. Les méninges de Zelevas tournent à pleine vitesse devant les redoutablement perspicaces propos du pirate, il voit juste, c’est vrai, la République n’aurait malheureusement pas agit sur la matière et ce n’est que parce que l’une des Sept Grande s’est retrouvée prise dans le collimateur de cette affaire que les forces d’élites du pouvoir exécutif et judiciaire se sont mises sur le coup. Sans l’implication de Tantale Ironsoul dans ces kidnapping, il se peut très bien que Nebojsa n’aurait même jamais été condamné par la cour de Liberty, et encore moins par une quelconque instance judiciaire tout court. L’espace d’un instant, sous le coup de l’impulsivité, le Limier est tenté de refaire jaillir la lame du ceste d’en dessous de son avant-bras et de saigner le pirate pour simplifier les problèmes, mais… il est beaucoup trop faible pour pouvoir s’assurer d’une victoire, sans parler de rapidité, le type a l’air de s’y connaître en survie sur ces îles ce qui est actuellement un atout vital pour tout le monde présent, et enfin il avait donné une parole. En théorie elle ne valait rien, un Limier est un chien obéissant et aveugle envers non pas la République mais le Razkaal, mais ce Limier là n’est pas n’importe lequel, il a un nom de famille qui l’oblige à tirer un compromis entre son honneur et son devoir. Le nom d’Élusie bien sûr, car l’honneur d’un Fraternitas ne vaut guère mieux que celui des criminels qu’il pourchasse quotidiennement. Serrant donc simplement son poing tout en rongeant son frein, le jeune homme se tait en regardant le pirate continuer son laïus. Il ne dit rien tandis que le pirate exige de lui une garantie, il ne dit pas plus quand il se retourne et part en direction du massif rocheux qui surplombe l’île. Ce n’est qu’une fois seul avec les drogués que ses dents crispées se desserrent et qu’il murmure dans son masque:
”C’est quand même incroyable, sale petit fils de pute, que t’aies suffisamment de caboche pour additionner deux et deux et comprendre ça, mais pas assez pour te rendre compte qu’en le disant tu te mets un peu plus dans la merde. Pauvre con.” Pauvre con oui, mais un pauvre con dont il a terriblement besoin actuellement. Hors de question pour le Limier de le sécher ou de le trahir, du moins pas tout de suite. Il allait donc se résigner à l’alternative de sérieusement considérer sa demande, enfin, son exigence.
Pour l’instant il met ce problème de côté et reporte son attention sur les cocotiers dont le Capitaine a fait mention. Non, d’abord mettre à l’ombre les corps. C’est ce qui est le plus important non? Zelevas regarde le ciel pour évaluer le climat du haut de ses connaissances pointues en météorologies qui se résument à “si des gouttes tombent, alors il pleut”, et pour l’instant le soleil d’Octobre n’a pas l’air très menaçant. Il réfléchit cinq secondes, le type s’y connait sans doute plus que lui vu son âge et sa profession, donc il ne devrait peut-être pas chercher à penser par lui-même et juste lui obéir, il sous-estime peut-être la singularité du climat océanique. S’exécutant donc péniblement, il traine cette fois sans plus de précaution les corps en les faisant glisser sur le sable jusqu’à l’orée de la jungle et les dissimule à l’ombre des palmiers.Une fois fait, après quelques minutes de plus pour récupérer, il se dirige enfin dans la direction indiquée par le pirate pour aller chercher des noix de coco.
Les arbres sont grands mais leurs troncs sont vraiment très maigres, est-ce qu’il peut réellement y grimper pour aller chercher les fruits? Peut-être qu’en secouant simplement le frêle arbre il pourrait les faire tomber? Il plaque deux mains sur l’écorce, recule un pieds en appuis derrière lui, lève la tête pour veiller à ce que les fruits ne lui arrivent pas dessus et commence à exercer des poussées en rythme avec le va-et-vient du tronc pour avoir le plus d’amplitude possible en haut de l’arbre, mais à son grand désarroi, les fruits tiennent bon. Il retente sa chance une fois de plus, puis une autre fois sur un autre arbre, sans succès. Ce n’est peut-être pas la saison? Et en même temps avec la journée qui approche toujours inexorablement du zénith et la météo il ne peut pas s’empêcher de penser que les saisons n’existent pas sur ces îles de merde, il a l’impression d’être en été au milieu du mois d’Octobre. Au final il a bien fait de ne pas s’écouter et de suivre les directives du Capitaine hein. Fixant toujours les noix de coco perchées en hauteur comme un chien qui zieute le jambon sur l’esse du boucher, Zelevas se résout à grimper, ça va être dangereux, plus qu’il n’est confortable avec le risque, entre le fait que c’est la première fois qu’il monte à un tel arbre, le risque que le tronc casse sous son poids et sa fatigue extrême, il a de grandes chances de se casser la gueule par terre, et il ne sait pas vraiment si ça ne signifierait pas la fin pour lui. Il n’a nullement confiance dans le pirate qui séjourne avec lui sur l’île, il a peut-être sauvé le cargo dans le feu de l’action, mais le Limier n’a aucune idée d’à quel point le forban peut-être trompeur. Si la situation en avait été autrement il aurait très bien pu récupérer le vin rare pour lui et en faire commerce à son profit, ou exercer un chantage s’il savait seulement l’identité de Tantale… Tantale. Tantale? Toujours en bas de son cocotier, Zelevas repense à la demande de garantie du pirate. Tantale est la clé! Bien sûr. Tout ce qu’il a à faire c’est de prendre Tantale comme témoin que le pirate est leur sauveur, après ça il sera impossible pour le Limier de liquider le Capitaine, les Ironsouls ne lui pardonneront jamais d’avoir fait du mal au sauveur de leur petite chérie. Il grimace, il lui sera d’ailleurs impossible de lui faire quoi que ce soit, ce sera peut-être même le Capitaine qui aura l’ascendant sur lui… mais il n’a pas vraiment le choix si? Si les navires de la SSG arrivent, il pourrait tout simplement tenir sa parole sans avoir besoin d’apporter de garantie oui? Mais en attendant il a quand même bes... Les navires… Les navires! Le connard avait dit qu’il apercevrait très probablement les bâtiments de la Societas, mais qu’est-ce qui lui disait que si c’était le cas il leur ferait signe? Bordel de merde il a été con, ils auraient dû inverser les tâches, il s’est fait enflé!!!
La panique et l’urgence lui redonnant un second souffle, il trottine aussi vite qu’il le peut jusqu’à rejoindre le massif rocheux escarpé qui monte abruptement vers la falaise. Zelevas entreprend sans plus attendre l’ascension de la paroi rocheuse mais s’arrête à mi-chemin en croyant entendre quelque chose de singulier, est-ce le vent qui lui joue des tours, ou est-ce qu’il entend des voix discuter? Il reprend la montée, et au fur et à mesure qu’il se rapproche du haut du plateau, il se rend compte qu’il entend bien des voix, celle du Capitaine, discuter avec véhémence avec une voix plus féminine… Si la teneur de la conversation lui échappe encore à cause de la distance, il peut quand même capter le ton montant et l’hostilité de l’échange, et c’est quand il parvient au sommet de la falaise qu’il voit effectivement le flibustier aux abois avec une femme de robuste carrure. Prêt à le rejoindre, le Limier concentré sur les deux personnes, exténué par la fatigue et distrait par le vent, n’entends pas venir les pas feutré dans l’herbe derrière lui, il ne sent que la frappe sans vergogne à l’arrière de sa tête, sa vision qui se noircit temporairement et ladite herbe qui lui fonce droit au visage.
Citoyen du monde
Altarus Aearon
Messages : 414
crédits : 1474
crédits : 1474
Info personnage
Race: Humain-elfe
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
Qu'elle ne fut pas la stupéfaction du demi-elfe en découvrant que la vieille tour, ce "temple" de la Sirène Ermite, avait une nouvelle occupante. Dans ses derniers souvenirs, qui remontaient à plus de trois décennies, la vieille Sirène était déjà d'un certain âge, le crépuscule de la mort prêt à l'envahir tel un dernier coucher de soleil sur la longue ligne de sa vie. Là, en face de lui, assise sur une vieille paillasse tressée en feuilles de palmier, ce n'était pas la vieille Sirène. L'inconnue avait tout d'une personne que la vieillesse marquait, mais les traits étaient très différents. Point de cicatrices héritées de rudes combats sous les flots contre des prédateurs naturels ou contre des nagas, point de peau marbrée par de longues années à rester à la surface. La vieille femme qui lui faisait face, qui lui adressa un bien étrange sourire, avaient les rides nombreuses et profondes, signe inéluctable du temps qui la dévorait lentement. Étrangement, sa longue chevelure nattée avait tout de la noirceur des ailes d'un corbeau. Pas une seule ligne de blancheur ne se voyait. Ce n'était pas une Sirène, il en était certain. Une humaine, tout au plus, car elle n'avait pas la carrure d'une Aquarienne. Ou alors c'était une naine au sein de son espèce !
Depuis combien de temps avait-elle investi les lieux ? Au premier regard, son appropriation des lieux apparaissait récent. À voir comment l'habitat était dégradé et laissé à l'abandon. Quelques variétés végétales grimpantes recouvraient l'intérieur, s'étalant à bien des endroits des murs intérieurs, profitant de la moindre craquelure du vieux torchis pour y investir leurs petites racines. Des lianes perçaient le plafond, tombant comme des tentacules verdâtres inertes. Mais est-ce que les lieux étaient si abandonnés que cela ? Altarus n'avait pas quitté des yeux la nouvelle habitante, mais autour d'elle, le modeste intérieur était rangé. Quelques étagères des plus basiques... des calebasses ; celles qu'il recherchait justement, quelques denrées pour l'instant inconnus...Une petite lanterne de cabine, récupérée possiblement sur la plage, émettait une pâle et douce flammèche. Ce qui manqua de troubler son attention était la myriade de fleurs, toutes ouvertes, aux couleurs vives et chatoyantes. Aucun parfum n'alourdissait l'air ambiant. Cette luxuriance pourrait passer pour naturel, mais la taille des plantes, la finesse de leurs tiges... il n'était pas un spécialiste, mais était-ce vraiment la nature de l'île qui avait repris ses droits ? Ou l'emploi de la mague ?
*Pas vraiment*Songea-t-il, redoutant déjà un quelconque piège. Un tel environnement végétal était voulu… Il en était certain. La tour n'était pas délaissée, la vielle inconnue avait sans aucun doute repris l'ermitage de la Sirène pour profiter pleinement de son isolement. Lentement, Altarus glissa sa main vers la poignée de sa courte lame.
"Mi ne pensait pas avoir de la visite. Mi n'aime pas ton attitude, homme. Mi souhaite que tu laisses ta lame en place..."
''Je pensais la tour abandonnée… Qui êtes-vous ? "
"Mi te retourne la question."
"Mon nom est Beryth"
Altarus n'aimait guère le mensonge, mais sa situation actuelle était hors norme. Déjà d'avoir réchappé à un naufrage avec un Limier, de se retrouver échouer avec lui sans aucune certitude de ne pas se faire étriper de ses mains, avec un lot d'élémentaires inconscients en piteux état... ce n'était rien.
"Mi estime que tu es un peu loin de chez toi... pirate Beryth"
"Je le suis, c'est vrai. Je n'ai pas choisi d'aborder sur cette île...."
"Île de Mi, c'est son Île à elle. "
"... sur l'île de Mi, pardonnez-moi cet oubli" se corrigea le demi-elfe, serrant les dents pour essayer de demeurer neutre. Sans savoir pourquoi, il sut qu'il marchait sur des oeufs avec cette femme. Il reprit : "J'ai fait naufrage… j'ai d'autres rescapés avec moi, que j'ai laissés sur la plage. J'étais venu à cette tour pour chercher des calebasses et leur apporter de l'eau. "
La vieille femme perdit un peu son sourire, fronçant de ses sourcils noirs.
"Tu es venu voler Mi ? "
"Nullement... Mais ces blessés ont besoin d'eux. Me permettez-vous de ne prendre que deux calebasses et de les remplir d'eau ? Je vous les ramène après. "
"Mi a peine à te croire... Si Mi Mi a choisi cette île pour remplacer la précédente Prêtresse-Temple; c'est pour fuir les voleurs et les menteurs. Mi cherche la solitude. Mi cherchait la beauté naturelle, sans que personne la trouble. Mi a redonné la véritable beauté à cet endroit. Et toi, tu arrives et tu perturbes tout. Mi te demande de partir ! "
''Laissez-moi amener de l'eau ! Vous seriez prête à laisser des gens mourir alors qu'ils n'ont pas demandé à subir le malheur ? "
"Ce n'est pas le problème de Mi ! "
"La Sirène avait plus de cœur et d'âme ! "
"Mi n'est pas la Sirène justement..."[/b]
Par les abysses, il était décidément mal tombé avec cette harpie ! Bien décidé à ne pas partir sans calebasse et de faire une approche plus diplomatique, un bruit sourd retentit derrière lui. Se retournant vivement, le Limier venait de terminer de vautrer par terre, assommé. Qu'est-ce qu'il était venu foutre ici, celui-là ! Du Républicain inanimé étalé sur le sol, son regard se porta sur l'individu qui l'avait assommé. À peine plus grand et tout aussi fin qu'un adolescent humain, un hybride à tête de babouin grimaça en direction du pirate, dévoilant des canines toute aussi impressionnante que l'animal qui composait la moitié de son sang. Il tenait qu'un banal gourdin, mais à voir le résultat à ses pieds, il savait en faire usage. Altarus avait aussitôt sorti sa dague, arme bien dérisoire vu l'allonge qu'offrait l'arme de l'individu à moitié simiesque.
"Mi est sidérée ! Un Limier ! Tu es avec le Razkaal ! Tu veux la mort de Mi"
"Je ne souhaite la mort de personne ! Je ne cherche qu'à préserver celles qui sont menacées justement ! Et toi, le babouin ! tente quoi que ce soit sur le limier et tu verras ce que se prendre un coup de tranchant dans le museau veut dire ! "
L'hybride grogna. Altarus, estimant avoir assez perdu de temps, se prépara à choper deux calebasses avec l'aide de sa magie. Il se figea de surprise quand les lianes se mirent soudainement en mouvement, s'enroulant autour de son torse et ses bras. Par les Abysses ! Qu'il avait été négligeant ! Pire encore quand il avait commencé à se méfier avant de s'accrocher à la raison première de sa venue ici. Il tenta bien de trancher les liens qui se mouvaient aussi vivement que des serpents, mais ce fut peine perdue. Il fut rapidement neutralisé. L'un d'eux serra avec force son poignet pour le contraindre à lâcher sa courte lame. Le capitaine pirate ne put que céder. Son arme se planta mollement dans le sol tassé. Le Limier ne fut pas oublié, ligoté à son tour et bien plus solidement que le demi-elfe.
"Mi demande à Drote de faire le guet. Mi pense que d'autres vont venir nous voler ! "
L'hybride-babouin jappa et se précipita dehors.
"Mi voulait la tranquillité ! Mi s'en fiche de tes naufragés ! Mi va les trouver et les jeter à la mer. Les poissons se régaleront. Mais avant, Mi va régler votre sort à tous les deux ! "
"Par les Abysses, ce n'est pa.... "
Avoir le sifflet coupé prit tout son sens quand des lianes l'étranglèrent violemment. Le demi-elfe écarquilla les yeux en même temps qu'il se débattit. Il n'avait pas survécu au naufrage et au chien du Raskaal pour périr étouffé par ces maudites plantes. S'il avait pu, il aurait pu songer qu'il n'était pas le seul à subir pareil sort. Le limier, toujours dans les vapes, subissait lui aussi un lynchage végétal.
Déjà en train de suffoquer, Altarus se sentit défaillir. Les lianes ne lui enserraient pas que la trachée, elle lui comprimait bien plus. Appeler la magie... elle lui échappa. Il lutta pour s'y raccrocher. Il devait... il devait faire lâcher prise à cette sale sorcière !
L'hybride babouin aboya de l'extérieur, en forts grognements gutturaux. La dénommée Mi, qui fixait ses deux proies agonisant lentement, se tourna vers l'origine des cris. Sa concentration n'en fut pas réduite pour autant.
"Drote dit voir des voiles ? Mi n'y croit pas ! "
Des voiles.... l'obscurité envahissait la vision du Capitaine, son esprit asphyxié peinait à agir… Des voiles... Des navires… La Tour était haute...La petite flamme dans sa lanterne dansait joyeusement, comme pour se moquer du suffocant. Elle, elle avait de l'air. Allez… juste un mouvement... La lanterne reçut un léger coup de vent, suffisamment pour la faire pivoter. À moitié en équilibre sur l'étagère, elle oscilla dangereusement... avant de tomber par terre et se fracasser en des dizaines de morceaux de verre, sur la vieille paillasse. L'huile qui alimentait la mèche se répandit dessus, et la flammèche devint feu, s'embrassant gaiement, et pas qu'un peu, dans les fibres sèches du tapis en fibres végétales, s'élançant à l'assaut des fripes portées par la vieille garce. Altarus n'entendit pas son hurlement de douleur et de surprise. Tout n'était qu'obscurité et silence. Même quand il rencontra le sol, libéré des lianes, il ne perçut rien. Mais la nature était magnifiquement bien faite, pour ce qui était de la survie des êtres vivants. D'un violent spasme, la poitrine du pirate se gonfla d'un coup, avant qu'il ne tousse, reprenant enfin son souffle.
Par les abysses, où était-il..... . La vision trouble, il voyait le feu, croissant et qui commençait à prendre avec gourmandise le mur de torchis. Les plantes grimpantes se ratatinaient en sifflant une seconde à peine, sous l'effet de l'ardente chaleur ou par le passage de la langue enflammée. Haletant, Altarus ne saisit pas immédiatement que l'incendie représentait un nouveau danger. La harpie... où était-elle... bon sang, le feu... Il peina à se remettre debout, et en titubant d'un pas ou deux en arrière, tomba sur le corp du Limier... Qu'est ce que... ah oui... il avait ramené sa carcasse ici.. Il avait gémi ? Au moins il respirait. Le demi-elfe grimaça... La fumée commençait à envahir l'intérieur de la Tour.... où était la saloperie d'humaine... et son babouin ? Bon sang, la tête lui tournait. Le vertige lui donna des nausées. Il se sentit mal... La fumée... les voiles.... il leva la tête et la fumée, épaisse et un peu grisée, montait par le plafond... Les trous des lianes... La fumée sera visible des navires. Les navires de l'autre imbécile...
Il réussit à mettre sur le dos le Limier. Il respirait encore... Il lui tapota le côté du crâne, là où on devinait la ligne extérieurre de la joue.
"Limier...."
Voyant qu'on ne réagissait pas, il lui décocha une bonne gifle. Il grimaça sous le coup de la douleur, une fois sa main ayant percuté le masque du Républicain. Au moins, cela secoua son esprit à moitié comateux.
''Réveille toi, Limier ! Sauf si tu veux que ton céans grille comme un porcelet sur la braise ! "
Au moins, le capitaine n'aura pas besoin de se demander de comment attirer l'attention des navires du SSG à la recherche des respacés élémentaires. Au moins, ces derneirs seront vite secourus. Mais lui, il était mal barré.... Aurait-il tenter de se signaler ? Pour les élémentaires, oui. Il était certes un pirate, mais il avait sa conscience et ses convictions. Il se frotta la gorge, encore douloureux de l'ensserrage végétal. Bon, et l'autre, il se remuait oui ?
"Allez, debout ! "fit-il en toussant et essayant de se remettr debout avec l'autre imbécile
Depuis combien de temps avait-elle investi les lieux ? Au premier regard, son appropriation des lieux apparaissait récent. À voir comment l'habitat était dégradé et laissé à l'abandon. Quelques variétés végétales grimpantes recouvraient l'intérieur, s'étalant à bien des endroits des murs intérieurs, profitant de la moindre craquelure du vieux torchis pour y investir leurs petites racines. Des lianes perçaient le plafond, tombant comme des tentacules verdâtres inertes. Mais est-ce que les lieux étaient si abandonnés que cela ? Altarus n'avait pas quitté des yeux la nouvelle habitante, mais autour d'elle, le modeste intérieur était rangé. Quelques étagères des plus basiques... des calebasses ; celles qu'il recherchait justement, quelques denrées pour l'instant inconnus...Une petite lanterne de cabine, récupérée possiblement sur la plage, émettait une pâle et douce flammèche. Ce qui manqua de troubler son attention était la myriade de fleurs, toutes ouvertes, aux couleurs vives et chatoyantes. Aucun parfum n'alourdissait l'air ambiant. Cette luxuriance pourrait passer pour naturel, mais la taille des plantes, la finesse de leurs tiges... il n'était pas un spécialiste, mais était-ce vraiment la nature de l'île qui avait repris ses droits ? Ou l'emploi de la mague ?
*Pas vraiment*Songea-t-il, redoutant déjà un quelconque piège. Un tel environnement végétal était voulu… Il en était certain. La tour n'était pas délaissée, la vielle inconnue avait sans aucun doute repris l'ermitage de la Sirène pour profiter pleinement de son isolement. Lentement, Altarus glissa sa main vers la poignée de sa courte lame.
"Mi ne pensait pas avoir de la visite. Mi n'aime pas ton attitude, homme. Mi souhaite que tu laisses ta lame en place..."
''Je pensais la tour abandonnée… Qui êtes-vous ? "
"Mi te retourne la question."
"Mon nom est Beryth"
Altarus n'aimait guère le mensonge, mais sa situation actuelle était hors norme. Déjà d'avoir réchappé à un naufrage avec un Limier, de se retrouver échouer avec lui sans aucune certitude de ne pas se faire étriper de ses mains, avec un lot d'élémentaires inconscients en piteux état... ce n'était rien.
"Mi estime que tu es un peu loin de chez toi... pirate Beryth"
"Je le suis, c'est vrai. Je n'ai pas choisi d'aborder sur cette île...."
"Île de Mi, c'est son Île à elle. "
"... sur l'île de Mi, pardonnez-moi cet oubli" se corrigea le demi-elfe, serrant les dents pour essayer de demeurer neutre. Sans savoir pourquoi, il sut qu'il marchait sur des oeufs avec cette femme. Il reprit : "J'ai fait naufrage… j'ai d'autres rescapés avec moi, que j'ai laissés sur la plage. J'étais venu à cette tour pour chercher des calebasses et leur apporter de l'eau. "
La vieille femme perdit un peu son sourire, fronçant de ses sourcils noirs.
"Tu es venu voler Mi ? "
"Nullement... Mais ces blessés ont besoin d'eux. Me permettez-vous de ne prendre que deux calebasses et de les remplir d'eau ? Je vous les ramène après. "
"Mi a peine à te croire... Si Mi Mi a choisi cette île pour remplacer la précédente Prêtresse-Temple; c'est pour fuir les voleurs et les menteurs. Mi cherche la solitude. Mi cherchait la beauté naturelle, sans que personne la trouble. Mi a redonné la véritable beauté à cet endroit. Et toi, tu arrives et tu perturbes tout. Mi te demande de partir ! "
''Laissez-moi amener de l'eau ! Vous seriez prête à laisser des gens mourir alors qu'ils n'ont pas demandé à subir le malheur ? "
"Ce n'est pas le problème de Mi ! "
"La Sirène avait plus de cœur et d'âme ! "
"Mi n'est pas la Sirène justement..."[/b]
Par les abysses, il était décidément mal tombé avec cette harpie ! Bien décidé à ne pas partir sans calebasse et de faire une approche plus diplomatique, un bruit sourd retentit derrière lui. Se retournant vivement, le Limier venait de terminer de vautrer par terre, assommé. Qu'est-ce qu'il était venu foutre ici, celui-là ! Du Républicain inanimé étalé sur le sol, son regard se porta sur l'individu qui l'avait assommé. À peine plus grand et tout aussi fin qu'un adolescent humain, un hybride à tête de babouin grimaça en direction du pirate, dévoilant des canines toute aussi impressionnante que l'animal qui composait la moitié de son sang. Il tenait qu'un banal gourdin, mais à voir le résultat à ses pieds, il savait en faire usage. Altarus avait aussitôt sorti sa dague, arme bien dérisoire vu l'allonge qu'offrait l'arme de l'individu à moitié simiesque.
"Mi est sidérée ! Un Limier ! Tu es avec le Razkaal ! Tu veux la mort de Mi"
"Je ne souhaite la mort de personne ! Je ne cherche qu'à préserver celles qui sont menacées justement ! Et toi, le babouin ! tente quoi que ce soit sur le limier et tu verras ce que se prendre un coup de tranchant dans le museau veut dire ! "
L'hybride grogna. Altarus, estimant avoir assez perdu de temps, se prépara à choper deux calebasses avec l'aide de sa magie. Il se figea de surprise quand les lianes se mirent soudainement en mouvement, s'enroulant autour de son torse et ses bras. Par les Abysses ! Qu'il avait été négligeant ! Pire encore quand il avait commencé à se méfier avant de s'accrocher à la raison première de sa venue ici. Il tenta bien de trancher les liens qui se mouvaient aussi vivement que des serpents, mais ce fut peine perdue. Il fut rapidement neutralisé. L'un d'eux serra avec force son poignet pour le contraindre à lâcher sa courte lame. Le capitaine pirate ne put que céder. Son arme se planta mollement dans le sol tassé. Le Limier ne fut pas oublié, ligoté à son tour et bien plus solidement que le demi-elfe.
"Mi demande à Drote de faire le guet. Mi pense que d'autres vont venir nous voler ! "
L'hybride-babouin jappa et se précipita dehors.
"Mi voulait la tranquillité ! Mi s'en fiche de tes naufragés ! Mi va les trouver et les jeter à la mer. Les poissons se régaleront. Mais avant, Mi va régler votre sort à tous les deux ! "
"Par les Abysses, ce n'est pa.... "
Avoir le sifflet coupé prit tout son sens quand des lianes l'étranglèrent violemment. Le demi-elfe écarquilla les yeux en même temps qu'il se débattit. Il n'avait pas survécu au naufrage et au chien du Raskaal pour périr étouffé par ces maudites plantes. S'il avait pu, il aurait pu songer qu'il n'était pas le seul à subir pareil sort. Le limier, toujours dans les vapes, subissait lui aussi un lynchage végétal.
Déjà en train de suffoquer, Altarus se sentit défaillir. Les lianes ne lui enserraient pas que la trachée, elle lui comprimait bien plus. Appeler la magie... elle lui échappa. Il lutta pour s'y raccrocher. Il devait... il devait faire lâcher prise à cette sale sorcière !
L'hybride babouin aboya de l'extérieur, en forts grognements gutturaux. La dénommée Mi, qui fixait ses deux proies agonisant lentement, se tourna vers l'origine des cris. Sa concentration n'en fut pas réduite pour autant.
"Drote dit voir des voiles ? Mi n'y croit pas ! "
Des voiles.... l'obscurité envahissait la vision du Capitaine, son esprit asphyxié peinait à agir… Des voiles... Des navires… La Tour était haute...La petite flamme dans sa lanterne dansait joyeusement, comme pour se moquer du suffocant. Elle, elle avait de l'air. Allez… juste un mouvement... La lanterne reçut un léger coup de vent, suffisamment pour la faire pivoter. À moitié en équilibre sur l'étagère, elle oscilla dangereusement... avant de tomber par terre et se fracasser en des dizaines de morceaux de verre, sur la vieille paillasse. L'huile qui alimentait la mèche se répandit dessus, et la flammèche devint feu, s'embrassant gaiement, et pas qu'un peu, dans les fibres sèches du tapis en fibres végétales, s'élançant à l'assaut des fripes portées par la vieille garce. Altarus n'entendit pas son hurlement de douleur et de surprise. Tout n'était qu'obscurité et silence. Même quand il rencontra le sol, libéré des lianes, il ne perçut rien. Mais la nature était magnifiquement bien faite, pour ce qui était de la survie des êtres vivants. D'un violent spasme, la poitrine du pirate se gonfla d'un coup, avant qu'il ne tousse, reprenant enfin son souffle.
Par les abysses, où était-il..... . La vision trouble, il voyait le feu, croissant et qui commençait à prendre avec gourmandise le mur de torchis. Les plantes grimpantes se ratatinaient en sifflant une seconde à peine, sous l'effet de l'ardente chaleur ou par le passage de la langue enflammée. Haletant, Altarus ne saisit pas immédiatement que l'incendie représentait un nouveau danger. La harpie... où était-elle... bon sang, le feu... Il peina à se remettre debout, et en titubant d'un pas ou deux en arrière, tomba sur le corp du Limier... Qu'est ce que... ah oui... il avait ramené sa carcasse ici.. Il avait gémi ? Au moins il respirait. Le demi-elfe grimaça... La fumée commençait à envahir l'intérieur de la Tour.... où était la saloperie d'humaine... et son babouin ? Bon sang, la tête lui tournait. Le vertige lui donna des nausées. Il se sentit mal... La fumée... les voiles.... il leva la tête et la fumée, épaisse et un peu grisée, montait par le plafond... Les trous des lianes... La fumée sera visible des navires. Les navires de l'autre imbécile...
Il réussit à mettre sur le dos le Limier. Il respirait encore... Il lui tapota le côté du crâne, là où on devinait la ligne extérieurre de la joue.
"Limier...."
Voyant qu'on ne réagissait pas, il lui décocha une bonne gifle. Il grimaça sous le coup de la douleur, une fois sa main ayant percuté le masque du Républicain. Au moins, cela secoua son esprit à moitié comateux.
''Réveille toi, Limier ! Sauf si tu veux que ton céans grille comme un porcelet sur la braise ! "
Au moins, le capitaine n'aura pas besoin de se demander de comment attirer l'attention des navires du SSG à la recherche des respacés élémentaires. Au moins, ces derneirs seront vite secourus. Mais lui, il était mal barré.... Aurait-il tenter de se signaler ? Pour les élémentaires, oui. Il était certes un pirate, mais il avait sa conscience et ses convictions. Il se frotta la gorge, encore douloureux de l'ensserrage végétal. Bon, et l'autre, il se remuait oui ?
"Allez, debout ! "fit-il en toussant et essayant de se remettr debout avec l'autre imbécile
”Erzebeth?”
Le petit Zelevas, la pinzée de Zel comme les domestiques du Manoir d’Élusie s’amusaient à le surnommer, fouille les couloirs à la recherche de sa camérière préférée. Jeune homme de dix ans sans le moindre poil au torse, il cours pieds nus de porte en porte en dérangeant tout les serviteurs de la maison pour leur poser la même question: “avez-vous vu Erzebeth?”, mais d’aucun ne lui apportent une réponse et il enchaîne les hochements de tête navrés en commençant à paniquer. Depuis ce matin il ne l’a toujours pas vue une seule fois, et il sait très bien que le Mardi c’est Madame Keysse qui sort en ville, donc à priori Erzebeth devait être à la maison. Peut-être est-elle malade?
Arrivé au dernier étage, celui réservé aux quartiers des domestiques, le jeune enfant ouvre la porte de la chambre d’Erzebeth, et en voyant celle ci parfaitement vidée et nettoyée, il reste interdit dans le cadre de la porte. Sa main toujours crispée contre la poignée de la porte blanchie à vue d’oeil, il peut sentir sa gorge se nouer alors que sa vue se trouble, prêt à éclater en sanglots devant sa première pensée, elle est partie?
”Ewebef?” sa voix tremblote intensément.
Une main se pose sur son épaule et lui fait faire subitement volte-face, le petit Z se retrouve nez-à-hanches avec la grande jeune femme en habits de servante, et l’espace d’un instant ses pleurs s’accentuent du soulagement de la retrouver. Ces cheveux noirs qui tombent en boucle sur les côtés de sa tête, tranchant singulièrement avec la découpe un peu plus rigide de sa mâchoire et de ses joues saillantes, trônent sur la mince silhouette de la camérière. Erzebeth pas de nom de famille est une jolie jeune fille tout juste majeure et qui s’est toujours occupée de très près du petit d’Élusie, le garçon lui conférait cet amour pur et innocent des gamins qui veulent marier tout le monde plus tard et faire comme les grands, parlant souvent avec elle jusqu’à s’endormir lorsqu’elle vient à son chevet pour le coucher, elle n’est pour la graine d’homme pas qu’une simple intendante. La jeune fille lève cependant une main devant le petit confus, les doigts tendus, la paume ferme, elle semble s’apprêter à le frapper.
Pourquoi?
Elle est un peu froide envers les autres membres du personnels, parfois même envers ses Maîtres d’Élusie, mais jamais ne l’avait-elle été envers Zelevas, raison supplémentaire pour laquelle le gamin se sentait bien avec elle, elle lui donnait une importance d’un type bien différent qu’il était impossible pour le gosse d’obtenir en brillant simplement en société. Pourtant la gifle part et s’abat sans ménagement sur la joue du petit. Trahis. Perdu. Son coeur brisé. Il fixe les deux yeux émeraudes d’Erzebeth dont la couleur intense font fuir bien des regards, mais il n’y trouve aucune réponse, aucune explication, puis la femme s’évanouie, tout fond au noir et il se retrouve peu à peu esseulé.
”Erzebeth?”
Quand il prononce ce nom, il se rend compte que sa voix a changé, elle est devenue plus grave, plus mature, et surtout plus lassive comme s’il se sentait soudainement fatigué. Il ne lui faut pas longtemps pour se rendre compte que ce n’était qu’un souvenir et qu’il revient à lui, il lui faut par contre un moment bien plus long pour se rappeler d’où il est et de ce qu’il est sensé faire. Il commence par tousser, le Limier ne respire pas bien comme si l’air est plus âcre, et quand il ouvre ses yeux il voit bien des flammes mais son cerveau ne parvient pas à faire la jonction logique entre les deux faits. Oui il y a des flammes d’accord mais est-ce que ça pourrait arrêter de le brûler? Entre sa gorge qui l’irrite à outrance et ses yeux qui commencent à pleurer, -à moins qu’ils ne continuent?- il se sent vertigineux et trop faible pour son goût. Il décèle la présence de quelqu’un à ses côtés, mais n’a aucune idée de qui il s’agit.
”Erze…beth?” fait-il inaudible à travers son masque au milieu de l’incendie.
Bordel! Le Limier se ressaisit en sentant que le Capitaine le soulève, le Capitaine, Tantale, la putain de Sirène! L’incendie? Tandis que le pirate l’aide à se redresser il tousse violemment en reprenant enfin pleinement possession de ses moyens, il peut sentir les légères brûlures l’irradier de toute part alors que sa peau est entrain de cuire comme un boeuf en croûte. Ensemble ils parviennent à s’extirper de l’ancien “temple” en proie aux flammes, et tandis que le cabanon de merde finit de partir en fumée, le Limier attrape le pirate par le col, il titube légèrement à cause de la sensation persistante de désorientation mais il a appris à passer outre. “T’occupes, ça partira tout seul, contente toi juste d’ordonner à ton corps et n’écoute pas ce qu’il te renvoie”, les conseils de Slawomir ricochent dans ses pensées.
”Où est-elle? La Sirène là…” Il se rend compte qu’il n’a aucune idée du temps qu’il a bien pu passer évanoui, les corps! Tantale! ”Les élém? Qu’est-ce qu’il s’est passé? Où sont-ils?”
Alors que le Capitaine lui apporte une réponse très peu rassurante, Zelevas s’élance dans la direction de la falaise en hurlant qu’il n’y a pas de temps à perdre. Ses bottes rebondissent presque sur la pierre tant il dévale vite la pente et en approchant dangereusement vite du sol il déballe les deux lames de ses cestes pour freiner sa descente qui s’avère tout de même brutale. Il s’affale dans un cri de douleur supplémentaire contre le sol rocheux à la base de la falaise et se soulève à la force de ses bras pour regarder en direction du banc de sable où ils s’étaient échoués tantôt. Les élémentaires sont encore en vie, planqués sous les premiers palmiers. Alors qu’il se remet debout, la cheville du Limier lui envoie un signal d’alarme un peu trop strident pour que ce soit bon signe, Zelvas grimace derrière son masque en posant le pieds au sol. Il n’a pas le choix, il y a une présence adverse sur cette île et ses pupilles sont encore à une centaine de mètre de sa position, il doit les protéger. Il se met en marche, péniblement, pour rejoindre les corps étalés à l’ombre sous le soleil ardent qui finit sur sa peau le travail que l’incendie du temple avait commencé. La fatigue, les blessures, la perte de sang, l’état de faiblesse du Limier s’accroit de minute en minute, mais il continue d’avancer, il lui est impossible de s’arrêter après tout, si lui ne le fais pas, alors qui? Qui va s’en charger? Qui d’autres que lui?
Lorsque le Limier aperçoit deux silhouettes émerger de la jungle pour débouler sur la plage, ses yeux s’écarquillent.
Non.
Il les voit s'approcher des corps.
Non.
Il regarde impuissant une des deux silhouettes abattre un premier élémentaire inerte.
”NON!”
En dépit de sa cheville torpillée, il se rue en avant, mu par la haine profonde de ses adversaires.
Le petit Zelevas, la pinzée de Zel comme les domestiques du Manoir d’Élusie s’amusaient à le surnommer, fouille les couloirs à la recherche de sa camérière préférée. Jeune homme de dix ans sans le moindre poil au torse, il cours pieds nus de porte en porte en dérangeant tout les serviteurs de la maison pour leur poser la même question: “avez-vous vu Erzebeth?”, mais d’aucun ne lui apportent une réponse et il enchaîne les hochements de tête navrés en commençant à paniquer. Depuis ce matin il ne l’a toujours pas vue une seule fois, et il sait très bien que le Mardi c’est Madame Keysse qui sort en ville, donc à priori Erzebeth devait être à la maison. Peut-être est-elle malade?
Arrivé au dernier étage, celui réservé aux quartiers des domestiques, le jeune enfant ouvre la porte de la chambre d’Erzebeth, et en voyant celle ci parfaitement vidée et nettoyée, il reste interdit dans le cadre de la porte. Sa main toujours crispée contre la poignée de la porte blanchie à vue d’oeil, il peut sentir sa gorge se nouer alors que sa vue se trouble, prêt à éclater en sanglots devant sa première pensée, elle est partie?
”Ewebef?” sa voix tremblote intensément.
Une main se pose sur son épaule et lui fait faire subitement volte-face, le petit Z se retrouve nez-à-hanches avec la grande jeune femme en habits de servante, et l’espace d’un instant ses pleurs s’accentuent du soulagement de la retrouver. Ces cheveux noirs qui tombent en boucle sur les côtés de sa tête, tranchant singulièrement avec la découpe un peu plus rigide de sa mâchoire et de ses joues saillantes, trônent sur la mince silhouette de la camérière. Erzebeth pas de nom de famille est une jolie jeune fille tout juste majeure et qui s’est toujours occupée de très près du petit d’Élusie, le garçon lui conférait cet amour pur et innocent des gamins qui veulent marier tout le monde plus tard et faire comme les grands, parlant souvent avec elle jusqu’à s’endormir lorsqu’elle vient à son chevet pour le coucher, elle n’est pour la graine d’homme pas qu’une simple intendante. La jeune fille lève cependant une main devant le petit confus, les doigts tendus, la paume ferme, elle semble s’apprêter à le frapper.
Pourquoi?
Elle est un peu froide envers les autres membres du personnels, parfois même envers ses Maîtres d’Élusie, mais jamais ne l’avait-elle été envers Zelevas, raison supplémentaire pour laquelle le gamin se sentait bien avec elle, elle lui donnait une importance d’un type bien différent qu’il était impossible pour le gosse d’obtenir en brillant simplement en société. Pourtant la gifle part et s’abat sans ménagement sur la joue du petit. Trahis. Perdu. Son coeur brisé. Il fixe les deux yeux émeraudes d’Erzebeth dont la couleur intense font fuir bien des regards, mais il n’y trouve aucune réponse, aucune explication, puis la femme s’évanouie, tout fond au noir et il se retrouve peu à peu esseulé.
”Erzebeth?”
Quand il prononce ce nom, il se rend compte que sa voix a changé, elle est devenue plus grave, plus mature, et surtout plus lassive comme s’il se sentait soudainement fatigué. Il ne lui faut pas longtemps pour se rendre compte que ce n’était qu’un souvenir et qu’il revient à lui, il lui faut par contre un moment bien plus long pour se rappeler d’où il est et de ce qu’il est sensé faire. Il commence par tousser, le Limier ne respire pas bien comme si l’air est plus âcre, et quand il ouvre ses yeux il voit bien des flammes mais son cerveau ne parvient pas à faire la jonction logique entre les deux faits. Oui il y a des flammes d’accord mais est-ce que ça pourrait arrêter de le brûler? Entre sa gorge qui l’irrite à outrance et ses yeux qui commencent à pleurer, -à moins qu’ils ne continuent?- il se sent vertigineux et trop faible pour son goût. Il décèle la présence de quelqu’un à ses côtés, mais n’a aucune idée de qui il s’agit.
”Erze…beth?” fait-il inaudible à travers son masque au milieu de l’incendie.
Bordel! Le Limier se ressaisit en sentant que le Capitaine le soulève, le Capitaine, Tantale, la putain de Sirène! L’incendie? Tandis que le pirate l’aide à se redresser il tousse violemment en reprenant enfin pleinement possession de ses moyens, il peut sentir les légères brûlures l’irradier de toute part alors que sa peau est entrain de cuire comme un boeuf en croûte. Ensemble ils parviennent à s’extirper de l’ancien “temple” en proie aux flammes, et tandis que le cabanon de merde finit de partir en fumée, le Limier attrape le pirate par le col, il titube légèrement à cause de la sensation persistante de désorientation mais il a appris à passer outre. “T’occupes, ça partira tout seul, contente toi juste d’ordonner à ton corps et n’écoute pas ce qu’il te renvoie”, les conseils de Slawomir ricochent dans ses pensées.
”Où est-elle? La Sirène là…” Il se rend compte qu’il n’a aucune idée du temps qu’il a bien pu passer évanoui, les corps! Tantale! ”Les élém? Qu’est-ce qu’il s’est passé? Où sont-ils?”
Alors que le Capitaine lui apporte une réponse très peu rassurante, Zelevas s’élance dans la direction de la falaise en hurlant qu’il n’y a pas de temps à perdre. Ses bottes rebondissent presque sur la pierre tant il dévale vite la pente et en approchant dangereusement vite du sol il déballe les deux lames de ses cestes pour freiner sa descente qui s’avère tout de même brutale. Il s’affale dans un cri de douleur supplémentaire contre le sol rocheux à la base de la falaise et se soulève à la force de ses bras pour regarder en direction du banc de sable où ils s’étaient échoués tantôt. Les élémentaires sont encore en vie, planqués sous les premiers palmiers. Alors qu’il se remet debout, la cheville du Limier lui envoie un signal d’alarme un peu trop strident pour que ce soit bon signe, Zelvas grimace derrière son masque en posant le pieds au sol. Il n’a pas le choix, il y a une présence adverse sur cette île et ses pupilles sont encore à une centaine de mètre de sa position, il doit les protéger. Il se met en marche, péniblement, pour rejoindre les corps étalés à l’ombre sous le soleil ardent qui finit sur sa peau le travail que l’incendie du temple avait commencé. La fatigue, les blessures, la perte de sang, l’état de faiblesse du Limier s’accroit de minute en minute, mais il continue d’avancer, il lui est impossible de s’arrêter après tout, si lui ne le fais pas, alors qui? Qui va s’en charger? Qui d’autres que lui?
Lorsque le Limier aperçoit deux silhouettes émerger de la jungle pour débouler sur la plage, ses yeux s’écarquillent.
Non.
Il les voit s'approcher des corps.
Non.
Il regarde impuissant une des deux silhouettes abattre un premier élémentaire inerte.
”NON!”
En dépit de sa cheville torpillée, il se rue en avant, mu par la haine profonde de ses adversaires.
Citoyen du monde
Altarus Aearon
Messages : 414
crédits : 1474
crédits : 1474
Info personnage
Race: Humain-elfe
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
Si ce lourdaud ne se décidait pas rapidement à reprendre conscience, jamais Altarus n'arriverait à le soulever assez pour se sortir hors de la vieille tour qui se faisait de plus dévorer par le brasier. L'intensité de la chaleur était telle que les flammes n'avaient pas besoin de mordre physiquement la peau pour la marquer, à en rendre intenable la position actuelle des deux seuls être vivants qui traînassaient encore. En fait non, il n'y en avait qu'un qui traînait là, qui n'arrivait pas à sortir des brumes de son inconscience. Par les abysses, il pourrait décider de l'abandonner là ! Et pourtant, il ne pouvait s'y résigner ! Ce serait tellement plus simple, plus facile... Il n'oubliait pas les élémentaires et ces deux insulaires qui ermitaient ici avant leur échouage, devenus des ennemis mortels ; quoi d'autres avec la folie qui avait pris l'esprit de cette vieille humaine ?
Le bras du Limier passé sur le dessus de ses épaules, le demi-elfe peinait à redresser ce poids mort. Le chien du Raazkal n'était pas bien épais, ce n'était non plus pas un mastodonte à soulever. ! Mais la fatigue sapait sa volonté de faire l'effort escompté. Ah ! Il se réveillait enfin, en balbutiant un nom.
"Ce n'est pas le moment, par les abysses ! remue-toi, Limier ! "
Il ahana quand il contraignit ses jambes à obéir pour se redresser avec le demi-réveillé. Ses muscles éreintés protestèrent à l'effort. Le Républicain fut moins lourd à soutenir et tous deux s'évadèrent de ce qui aurait pu devenir une prison mortelle s'ils étaient encore demeurés là-dedans une minute de plus. Imitant le limier, Altarus toussa, crachant l'air vicié qui avait commencé à emplir ses poumons. Il jeta presque le bras ballant de son compagnon d'infortune. Il n'eut pas le temps de reprendre son souffle qu'il se sentit saisir avec force par le col. Et l'autre qui était en train de tituber. Hors de question de chuter avec lui ! Sa main se posa aussitôt sur le poignet du Limier, prêt à se défendre, malgré sa poitrine tressautant de toux et ses yeux embués de larmes, pour laver l'agression de la fumée de l'incendie.
Son vis-à-vis ne voulait pas en découdre. Ayant retrouvé ses esprits, il n'avait qu'en tête les élémentaires, redoutant déjà pour leur vie avec l'humaine et son sale acolyte d'hybride qui avait pris la tangente dès que le feu s'était propagé dans la tour abîmée par le temps et la végétation.
"Elle a fui avec son hybride... hors de la tour... Elle se fiche de ce qui peut arriver aux élémentaires... Vu que c'est une cinglée, elle cherchera vengeance sur eux..."
À peine eut-il répondu à l'inquiétante interrogation du Limier, Altarus chancela de quelques quand le Limier le lâcha soudainement, s'élançant en direction de la plage. Celui-ci s'époumona en même temps qu'il n'y avait pas de temps à perdre. Le pirate, encore haletant, les yeux écarquillés, n'en revenait pas de le voir détalé aussi vite. Par les abysses, il va plus se rompre le cou s'il n'y prenait pas garde que de réussir à rejoindre ses précieux élémentaires en un seul morceau. Le demi-elfe serra les dents. Il pourrait le laisser se démerder, une fois de plus... il revoyait l'image des inconscients allongés sur la plage, à l'ombre des palmiers... des cibles sans défense, des proies pour les deux autres fous à lier de cette île. Non, il ne pouvait pas laisser cet imbécile de Limier tout seul. Avoir encore la force de se précipiter vers eux ne signifiait pas qu'il aurait encore la force d'affronter deux adversaires en pleine possession de leurs moyens. Et de magie surtout, en n'oubliant pas la garce de sorcière.
Il ne perdit pas plus de temps que cela, s'élançant à son tour à la suite du Limier. Plusieurs fois, il manqua de chuter dangereusement. Il pourrait faire appel à la magie pour se préserver et rendre plus efficace sa course effrénée. Mais à entendre son cœur battre à tout rompre et sourdement à ses tempes, d'être littéralement à bout de souffle... il était exténué. Pourtant, il refusait d'abandonner. Déjà, si le limier, bien plus éreinté que lui, et notamment blessé, tenait encore debout, alors lui aussi ! Hors de question de se rendre ! Et il y avait des vies à sauver.
Une fois arrivé en bas de la falaise, la pointe de sa botte se prit dans un léger affleurement rocher et il chuta assez brutalement sur le sable. Ses bras tremblèrent quand il lutta pour se remettre debout. La vision troublée et étrécie par le sur-effort, il avait l'écœurante impression d'être qu'en apnée, alors que sa poitrine était à la limite de la convulsion tellement il respirait par saccade. Allez, par les Abysses ! L'autre était là-bas et il n'était pas tout seul ! Ce n'était pas net, mais il sut que les deux silhouettes qui se rapprochaient des naufragés étaient l'humaine et son chien d'hybride. Et quand il entendit hurler le Limier, dans un cri désespoir, il sut...
Il sut qu'au moins une vie avait été prise ! Ces vils tuaient de sang-froid des êtres incapables de se défendre ! Une telle vilénie était à vomir. Il n'y avait qu'une centaine de mètres, mais tout paraissait si lointain !
*Je ne vais jamais y arriver...*En même temps, s'accrocher à ce genre de songer était d'un défaitisme immoral ! Jamais il n'avait renoncé, même face aux plus puissantes tourmentes offertes par la mer dans la pire de ses humeurs ! *ces fils de chiens... *Il devait les empêcher, avec l'aide du Limier bien plus proche d'eux, de continuer leur soif de tuerie. Tout cela pour l'égo de folie de cette satanée sorcière !
Courant comme il put, trébuchant à plusieurs reprises, il s'arrêta quand il fut à assez bonne distance.
"Sale enfant de putain ! "cria-t-il en amplifiant alors sa voix pour se faire entendre des deux enflures. "Es-tu si lâche au point de tuer des êtres évanouis ? C'est moi qui ai mis le feu à ta masure, tellement qu'elle était puante… Même la Sirène avait plus de pouvoir et de mérite que... toi ! "
La provocation était des plus puériles. Elle fit mouche à l'esprit de la sorcière. Un instant, son regard se braqua sur l'autre humain qui se rapprochait rapidement en boitillant. Il paraissait être une proie plus proche et plus aisée pour elle. L'autre employait comme elle la magie.
"Drute ! Mi veut que tu tues le blanchi ! "
L'hybride babouin se retourna vers Altarus, grogna et s'élança tout comme à la manière de son ascendant animal. Il bouscula sans vergogne le Limier qui se trouvait sur son chemin, jappant une sorte d'insultes à son encontre avant de se focaliser sur sa cible. Le pirate, totalement épuisé, peinant à reprendre son souffle, avait son regard braqué sur l'adversaire qui se précipitait vers lui. Il n'avait pas droit à l'erreur. Comme dans le cœur palpitant d'un maelstrom, la moindre décision mal prise et ce sera l'échec fatal. Il serra les poings, attendit... attendit que le babouin hybride soit à bonne distance. Drute bondit, sa masse levée pour frapper le crâne du demi-elfe. Il reçut un coup violent dans l'abdomen, avant d'écarquiller les yeux en découvrant que son élan se transforma en un court vol, dépassant la position de son adversaire de quelques mètres derrière lui. Il percuta violemment le sol sableux et ne remua plus.
Altarus reporta alors toute son attention sur la sorcière. Il serra les dents devant l'effort qu'il dut déployer pour appeler la magie à lui, qui devenait de plus en plus difficile à saisir. Il était à bout, il le sentait, mais tant que cette dégénérée ne sera pas pourfendue... Au limier de profiter de ce qu'il jeta sur cette sorcière ! Un tourbillon d'air souleva les fripes de la femme ridée, qui beugla des insultes, en sentant que les grains de sable se joignirent à la danse de l'air tourbillonnant et vinrent concentrer leur ballet à son visage. Elle hurla devant cette agression, battant des mains en tous sens pour chasser la multitude de ces petits agresseurs telluriques, porté par l'air que commandait Altarus.
Le pirate tremblait de plus en plus à l'effort que lui demandait cet appel magique. Il ferma ses paupières pour s'aider à mieux focaliser ses efforts. Soudain, un coup violent le percuta dans le dos, le projetant à terre. Il ne put émettre un gémissement de douleur, le souffle coupé net par la brutalité de ce qui l'avait frappé. Encore à moitié assommé, il essaya de se ressaisir. Une main puissante lui attrapa le bras et le retourna sans ménagement. Il grimaça et se figea presque quand il contempla avec horreur ce qui se trouvait dans son champ de vision embrumé. Là, au-dessus de lui, se dressa une silhouette floue et ténébreuse, qui levait quelque chose au-dessus de sa tête difforme. L'hybride ! Il ne l'avait pas occis ! Drute abattit son gourdin vers la tête de sa cible. Son arme rencontra la résistance d'un mur invisible. Altarus avait eu le réflexe de l'invoquer, le temps d'une seconde. Drute, jappant sa surprise comme sa frustration, se débarrassa de son arme contondante et se jeta sur le pirate, sa gueule bavante ouverte et emplie de longues canines acérées. Il la referma dans l'articulation de l'épaule droite du demi elfe. Altarus hurla, tout en se cambrant à cet assaut bestial.
Un raz de marée de souffrance emplit à leur paroxysme les nerfs des chairs où s'enfoncèrent les crocs du babouin humanoïde. La saveur du sang emplit la langue de Drute, qui serra plus fortement sa prise. Des craquements osseux sinistres se firent entendre... Ce fut la dernière chose qu'entendra Drute. Figé, ses yeux écarquillés se voilèrent en même temps que la vie le quitta. Mollement, il s'affaissa sur le corps du capitaine, qui gémit au dernier mouvement corporel de son ennemi. Le crâne de l'hybride avait une tempe enfoncée, comme si un coup de poing s'était marqué dedans, comme cela n'avait été que de la boue.
Chaque inspiration était douloureuse pour Altarus, tant par le coup de gourdin que la morsure de ce sale... macaque. Et maintenant son poids mort sur lui. Par les abysses… Il se sentait partir. Il se mordit la lèvre pour ne pas perdre conscience. Comme si les autres souffrances n'étaient pas suffisantes... Il tenta de se relever, avant d'abandonner. Le moindre mouvement était une torture. Et il avait toujours les canines de l'autre enfoiré dans son épaule... S'il tentait de les retirer, il était bon pour saigner un bon coup... Il essaya de capter la magie....Il était trop épuisé, il avait tapé dans ses ultimes ressources. Par les Abysses... tout cela à cause de cet imbécile de Limier, qui avait embarqué sur la frégate... Où était-il celui-là... avait-il réussi à préserver la vie les élémentaires ?
Lentement, il tourna la tête vers la gauche. La vision de la mer sereine et bleutée fut comme un doux réconfort... étaient-ce des voiles là-bas ? Un instant, il crut avec une demi-joie qu'il s'agissait de son brick, avant de comprendre en apercevant un second navire, puis un énième. Il laissa échapper cette espérance dans un bref soupir. Des vaisseaux de la SSG... Fuir ? Il était sur une île... et il n'en avait plus la force et ne devait plus être en état de quoi que ce soit... Il ferma les paupières pour se laisser emporter dans les sons apaisants du doux ressac de la mer qui, à chacune de ses vagues, caressait la plage de sable fin.
Le bras du Limier passé sur le dessus de ses épaules, le demi-elfe peinait à redresser ce poids mort. Le chien du Raazkal n'était pas bien épais, ce n'était non plus pas un mastodonte à soulever. ! Mais la fatigue sapait sa volonté de faire l'effort escompté. Ah ! Il se réveillait enfin, en balbutiant un nom.
"Ce n'est pas le moment, par les abysses ! remue-toi, Limier ! "
Il ahana quand il contraignit ses jambes à obéir pour se redresser avec le demi-réveillé. Ses muscles éreintés protestèrent à l'effort. Le Républicain fut moins lourd à soutenir et tous deux s'évadèrent de ce qui aurait pu devenir une prison mortelle s'ils étaient encore demeurés là-dedans une minute de plus. Imitant le limier, Altarus toussa, crachant l'air vicié qui avait commencé à emplir ses poumons. Il jeta presque le bras ballant de son compagnon d'infortune. Il n'eut pas le temps de reprendre son souffle qu'il se sentit saisir avec force par le col. Et l'autre qui était en train de tituber. Hors de question de chuter avec lui ! Sa main se posa aussitôt sur le poignet du Limier, prêt à se défendre, malgré sa poitrine tressautant de toux et ses yeux embués de larmes, pour laver l'agression de la fumée de l'incendie.
Son vis-à-vis ne voulait pas en découdre. Ayant retrouvé ses esprits, il n'avait qu'en tête les élémentaires, redoutant déjà pour leur vie avec l'humaine et son sale acolyte d'hybride qui avait pris la tangente dès que le feu s'était propagé dans la tour abîmée par le temps et la végétation.
"Elle a fui avec son hybride... hors de la tour... Elle se fiche de ce qui peut arriver aux élémentaires... Vu que c'est une cinglée, elle cherchera vengeance sur eux..."
À peine eut-il répondu à l'inquiétante interrogation du Limier, Altarus chancela de quelques quand le Limier le lâcha soudainement, s'élançant en direction de la plage. Celui-ci s'époumona en même temps qu'il n'y avait pas de temps à perdre. Le pirate, encore haletant, les yeux écarquillés, n'en revenait pas de le voir détalé aussi vite. Par les abysses, il va plus se rompre le cou s'il n'y prenait pas garde que de réussir à rejoindre ses précieux élémentaires en un seul morceau. Le demi-elfe serra les dents. Il pourrait le laisser se démerder, une fois de plus... il revoyait l'image des inconscients allongés sur la plage, à l'ombre des palmiers... des cibles sans défense, des proies pour les deux autres fous à lier de cette île. Non, il ne pouvait pas laisser cet imbécile de Limier tout seul. Avoir encore la force de se précipiter vers eux ne signifiait pas qu'il aurait encore la force d'affronter deux adversaires en pleine possession de leurs moyens. Et de magie surtout, en n'oubliant pas la garce de sorcière.
Il ne perdit pas plus de temps que cela, s'élançant à son tour à la suite du Limier. Plusieurs fois, il manqua de chuter dangereusement. Il pourrait faire appel à la magie pour se préserver et rendre plus efficace sa course effrénée. Mais à entendre son cœur battre à tout rompre et sourdement à ses tempes, d'être littéralement à bout de souffle... il était exténué. Pourtant, il refusait d'abandonner. Déjà, si le limier, bien plus éreinté que lui, et notamment blessé, tenait encore debout, alors lui aussi ! Hors de question de se rendre ! Et il y avait des vies à sauver.
Une fois arrivé en bas de la falaise, la pointe de sa botte se prit dans un léger affleurement rocher et il chuta assez brutalement sur le sable. Ses bras tremblèrent quand il lutta pour se remettre debout. La vision troublée et étrécie par le sur-effort, il avait l'écœurante impression d'être qu'en apnée, alors que sa poitrine était à la limite de la convulsion tellement il respirait par saccade. Allez, par les Abysses ! L'autre était là-bas et il n'était pas tout seul ! Ce n'était pas net, mais il sut que les deux silhouettes qui se rapprochaient des naufragés étaient l'humaine et son chien d'hybride. Et quand il entendit hurler le Limier, dans un cri désespoir, il sut...
Il sut qu'au moins une vie avait été prise ! Ces vils tuaient de sang-froid des êtres incapables de se défendre ! Une telle vilénie était à vomir. Il n'y avait qu'une centaine de mètres, mais tout paraissait si lointain !
*Je ne vais jamais y arriver...*En même temps, s'accrocher à ce genre de songer était d'un défaitisme immoral ! Jamais il n'avait renoncé, même face aux plus puissantes tourmentes offertes par la mer dans la pire de ses humeurs ! *ces fils de chiens... *Il devait les empêcher, avec l'aide du Limier bien plus proche d'eux, de continuer leur soif de tuerie. Tout cela pour l'égo de folie de cette satanée sorcière !
Courant comme il put, trébuchant à plusieurs reprises, il s'arrêta quand il fut à assez bonne distance.
"Sale enfant de putain ! "cria-t-il en amplifiant alors sa voix pour se faire entendre des deux enflures. "Es-tu si lâche au point de tuer des êtres évanouis ? C'est moi qui ai mis le feu à ta masure, tellement qu'elle était puante… Même la Sirène avait plus de pouvoir et de mérite que... toi ! "
La provocation était des plus puériles. Elle fit mouche à l'esprit de la sorcière. Un instant, son regard se braqua sur l'autre humain qui se rapprochait rapidement en boitillant. Il paraissait être une proie plus proche et plus aisée pour elle. L'autre employait comme elle la magie.
"Drute ! Mi veut que tu tues le blanchi ! "
L'hybride babouin se retourna vers Altarus, grogna et s'élança tout comme à la manière de son ascendant animal. Il bouscula sans vergogne le Limier qui se trouvait sur son chemin, jappant une sorte d'insultes à son encontre avant de se focaliser sur sa cible. Le pirate, totalement épuisé, peinant à reprendre son souffle, avait son regard braqué sur l'adversaire qui se précipitait vers lui. Il n'avait pas droit à l'erreur. Comme dans le cœur palpitant d'un maelstrom, la moindre décision mal prise et ce sera l'échec fatal. Il serra les poings, attendit... attendit que le babouin hybride soit à bonne distance. Drute bondit, sa masse levée pour frapper le crâne du demi-elfe. Il reçut un coup violent dans l'abdomen, avant d'écarquiller les yeux en découvrant que son élan se transforma en un court vol, dépassant la position de son adversaire de quelques mètres derrière lui. Il percuta violemment le sol sableux et ne remua plus.
Altarus reporta alors toute son attention sur la sorcière. Il serra les dents devant l'effort qu'il dut déployer pour appeler la magie à lui, qui devenait de plus en plus difficile à saisir. Il était à bout, il le sentait, mais tant que cette dégénérée ne sera pas pourfendue... Au limier de profiter de ce qu'il jeta sur cette sorcière ! Un tourbillon d'air souleva les fripes de la femme ridée, qui beugla des insultes, en sentant que les grains de sable se joignirent à la danse de l'air tourbillonnant et vinrent concentrer leur ballet à son visage. Elle hurla devant cette agression, battant des mains en tous sens pour chasser la multitude de ces petits agresseurs telluriques, porté par l'air que commandait Altarus.
Le pirate tremblait de plus en plus à l'effort que lui demandait cet appel magique. Il ferma ses paupières pour s'aider à mieux focaliser ses efforts. Soudain, un coup violent le percuta dans le dos, le projetant à terre. Il ne put émettre un gémissement de douleur, le souffle coupé net par la brutalité de ce qui l'avait frappé. Encore à moitié assommé, il essaya de se ressaisir. Une main puissante lui attrapa le bras et le retourna sans ménagement. Il grimaça et se figea presque quand il contempla avec horreur ce qui se trouvait dans son champ de vision embrumé. Là, au-dessus de lui, se dressa une silhouette floue et ténébreuse, qui levait quelque chose au-dessus de sa tête difforme. L'hybride ! Il ne l'avait pas occis ! Drute abattit son gourdin vers la tête de sa cible. Son arme rencontra la résistance d'un mur invisible. Altarus avait eu le réflexe de l'invoquer, le temps d'une seconde. Drute, jappant sa surprise comme sa frustration, se débarrassa de son arme contondante et se jeta sur le pirate, sa gueule bavante ouverte et emplie de longues canines acérées. Il la referma dans l'articulation de l'épaule droite du demi elfe. Altarus hurla, tout en se cambrant à cet assaut bestial.
Un raz de marée de souffrance emplit à leur paroxysme les nerfs des chairs où s'enfoncèrent les crocs du babouin humanoïde. La saveur du sang emplit la langue de Drute, qui serra plus fortement sa prise. Des craquements osseux sinistres se firent entendre... Ce fut la dernière chose qu'entendra Drute. Figé, ses yeux écarquillés se voilèrent en même temps que la vie le quitta. Mollement, il s'affaissa sur le corps du capitaine, qui gémit au dernier mouvement corporel de son ennemi. Le crâne de l'hybride avait une tempe enfoncée, comme si un coup de poing s'était marqué dedans, comme cela n'avait été que de la boue.
Chaque inspiration était douloureuse pour Altarus, tant par le coup de gourdin que la morsure de ce sale... macaque. Et maintenant son poids mort sur lui. Par les abysses… Il se sentait partir. Il se mordit la lèvre pour ne pas perdre conscience. Comme si les autres souffrances n'étaient pas suffisantes... Il tenta de se relever, avant d'abandonner. Le moindre mouvement était une torture. Et il avait toujours les canines de l'autre enfoiré dans son épaule... S'il tentait de les retirer, il était bon pour saigner un bon coup... Il essaya de capter la magie....Il était trop épuisé, il avait tapé dans ses ultimes ressources. Par les Abysses... tout cela à cause de cet imbécile de Limier, qui avait embarqué sur la frégate... Où était-il celui-là... avait-il réussi à préserver la vie les élémentaires ?
Lentement, il tourna la tête vers la gauche. La vision de la mer sereine et bleutée fut comme un doux réconfort... étaient-ce des voiles là-bas ? Un instant, il crut avec une demi-joie qu'il s'agissait de son brick, avant de comprendre en apercevant un second navire, puis un énième. Il laissa échapper cette espérance dans un bref soupir. Des vaisseaux de la SSG... Fuir ? Il était sur une île... et il n'en avait plus la force et ne devait plus être en état de quoi que ce soit... Il ferma les paupières pour se laisser emporter dans les sons apaisants du doux ressac de la mer qui, à chacune de ses vagues, caressait la plage de sable fin.
Sa cheville hurle presque aussi fort que sa voix tandis qu’il cavale à l’encontre du duo infernal, le sable meuble n’arrange rien et l’appui de Zelevas dans sa course est suffisamment bancal pour le ralentir un peu plus.
Tchac.
Un deuxième, puis un troisième coup de pieu vient blesser les élémentaires endormis, ponctués par les cris de rage sourde de Zelevas, cette sale pute! Au moment où il rattrape enfin la distance, le Limier perçoit la voix du Capitaine pirate derrière lui, ainsi il l’avait directement suivi dans son élan, bien. Malgré qu’il déteste travailler en équipe avec autre chose que des collègues Limiers, Zelevas n’a pas vraiment l’occasion d’y réfléchir ici, seul le gain de confiance de ne pas être en désavantage numérique contre une mage a le temps de lui traverser l’esprit. Les pirates de la frégate c'est une chose, cette putain de harpie… brandissant les lames de ses cestes dans des cliquetis condamnateurs, le Fraternitas est pris de cours lorsque l’hybride macaque le bouscule hors de son chemin pour l’envoyer sur le côté et continuer vers l’autre pirate. Un moment de questionnement, un bref regard vers la sorcière puis vers le pieux ensanglanté qu’elle tient en main et la décision est faite. Chacun pour sa pomme.
Zelevas profite donc d’être seul à seul avec la sorcière pour lui foncer dessus, et cette fois le sable joue en sa faveur, les mouvements des grains qui s'écartent lui permettent de prédire les éruptions de racines et de lianes pour slalomer entre elle en découpant au passage les protubérances végétales. En même temps qu’il avance vers l’ermite, celle ci recule maladroitement. Une lame file devant son visage sans la trouver, une liane fuse vers la cheville blessée de Zelevas, nouveau coup de couteau, nouvelle attaque d’une plante. La chorégraphie se joue sur le fil du rasoir, une entaille superficielle parvient à se frayer un chemin sur la clavicule de la sorcière et celle-ci titube en arrière sous la douleur, surprise et en colère. Sa main griffue se pose sur le tronc d’un palmier, et Zelevas relève la tête, réalisant qu’en reculant encore et encore ils ont atteint l’orée de la jungle, attends, ça veut dire que- BLAM. Le Limier n’a pas le temps de réagir, une des lianes qui pendait en haut d’un palmier vient claquer comme un fouet au dessus de sa tête, le bruit est assourdissant, il se retrouve désorienté l’espace d’une petite seconde et c’est tout ce dont la sorcière a besoin. Une tentacule végétale s’enroule autour du pieds amoché de Zelevas et enserre sa proie avec force, arrachant déjà une plainte furibonde, mais maintenant qu’il est cloué sur place c'est là que d’autres ronces jaillissent du sol et lacèrent d’Élusie aux jambes à répétition. Le jeune homme a beau se débattre, la tentacule est pareille à un serpent constricteur, continuant d’écraser l’articulation dans un crissement douloureux, il tranche les autres racines qui cherchent à s’aventurer plus haut, à l'immobilier totalement. La situation devient rapidement insupportable, s’il ne trouve pas un moyen de très vite sortir de là il ne tiendra plus longtemps. Il goûte malgré lui à un festival de douleur, sa volonté vacille sous l'acharnement des coupures. Putain, il est dans la merde! Soudain c'est à son tour d’avoir droit à une diversion inattendue, la jupe vulgaire de cette vieille catin se soulève comme emportée par un courant d’air providentiel, et Zelevas ne perd pas de temps. Il profite du moment de répit pour cisailler directement la racine à son pied, et il se rue sur la harpie empêtrée dans ses hailles. Empoignant fermement le haut de la jupe envolée, il referme le tout autour de la tête de la sorcière comme un ballotin.
”T’es finie sale pute.” La haine transperçante dans sa voix n'est pas due aux blessures qu’elle lui a infligées non, parce qu'il va lui coller bien pire, mais à cause de ce qu’elle a osé faire contre ses protégés.
Faisant un tour sur son poignet pour assurer sa prise sur le sac improvisé qui contient la tête de la harpie, Zelevas fauche d’un coup de pieds brutal les mollets de son ennemie devenue proie, et avec le peu d’équilibre qui lui reste, il la fait tourner autour de lui pour la désorienter. Les racines claquent dans les airs, elles s’affolent en gesticulant vainement pour tenter de trouver l’ennemi que la sorcière peut sentir mais pas situer, et Zelevas ne va pas s’arrêter là. D’une main, il continue de faire tournoyer sa victime comme un parent qui fait l’avion avec son enfant, mais son deuxième poing rencontre brutalement la forme sphérique dans le sac. Un gémissement étouffé s’extirpe du tissu. Le Limier profite du laps de temps d’étourdissement pour enchaîner, il force la silhouette à se redresser avant de l’abattre férocement vers le bas, mais la chute est interceptée par le genou remontant de Zelevas. Un bruit cartilagineux lugubre se fait entendre, les jambes de la harpie ploient. Ce n’est pas fini. Zelevas, le chien du Razkaal, saisi la base d’une des ailes de la harpie, et il envoie violemment le corps de la femme contre le tronc du palmier. Encore. Encore. Il lâche la jupe ensanglantée et le visage tuméfié de la sorcière se dévoile. Le Limier empoigne l’oreille et une touffe de cheveux ébouriffés, et de l’autre main le tronc. Chaque fois que la tête méconnaissable de la harpie fracasse un peu plus le bois, le Limier lâche un hurlement de colère exténué. Une noix de coco tombe à leurs côtés. Un demi-tour de la main, une lame apparaît, un coup de poing la gorge, il remonte son poing, la lame traverse le menton. La harpie est déjà inerte depuis un petit moment, mais c'était l’énervement de Zelevas qui avait besoin d'un point final, pas la vie de son adversaire.
Haletant, il se retourne subitement, et il remarque que le calme tranquille de la plage est revenu. Le murmure continuel du vent littoral et la valse des vagues sont les seuls bruits qui accompagnent la respiration pantoise du Limier. Le soleil brille dans le ciel, diffusant ses rayons dans les poussières étincelantes d’eau qui s’envolent de l’écume. Les mouettes couinent. Le sable est chaud. Altarus se vide de son sang. La mer est paisible. Merde! Le pirate!
Zelevas trébuche jusqu'aux cadavres des deux autres combattants, l’hybride est clairement refroidi, son crâne qui avait déjà de base la forme de quelque chose qui n’excède pas les 40 de QI, affiche maintenant la même marque défoncée que le tronc du palmier sur lequel il avait martelé la sorcière. Par contre le Limier grimace quand ses yeux se portent ensuite sur le Capitaine, il ne bouge pas.
”Pas de chance.” Le Limier est froidement placide, il n’a de toute façon aucun moyen de sauver le type, qu’il soit encore en vie ou pas. Autant le laisser pour mort et se concentrer sur ses propres bless-
Les yeux de Zelevas qui avaient déjà quitté le corps du pirate condamné s’écarquillent lorsqu’il voit les deux navires mouiller l’ancre à une centaine de mètres et les chaloupes être larguées. Comment ne les avait-il pas vues plus tôt? Il n’avait juste pas regardé l’horizon. Putain, ça change tout. Il se jette immédiatement à genoux devant l’elfe et ses deux doigts plongent dans son cou pour trouver un poul inexistant. Fait chier. Fait chier fait chier, fait chier! Lorsqu’il se rend compte que le vieillard s’exsangue par l’épaule à cause de la morsure du babouin, il reprend cette fois le poul du gaillard au niveau du poing, et il est soulagé pendant une seconde de trouver un battement.
”Allez le vioque, tient bon.”
Il déchire ce qui lui reste de chemise et soulève les canines du singe avant de dégager l’hybride complètement, enfin il applique le linge qui vire au rouge à une vitesse effrayante et fait pression pour ralentir le saignement. Malheureusement il n’y a rien de plus qu’il ne puisse faire.
”Allez tiens bon bordel, juste un petit peu.”
Il regarde désespérément les chaloupes approcher, il ne peut que miser sur la présence à bord d’un soigneur sinon l’elfe canera avant d’atteindre les galions. Zelevas aperçoit les paires de fanions qui oscillent en haut des mâts, et il plisse les yeux pour les distinguer à travers son masque. Le premier porte le symbole de la SSG, le deuxième les armoiries du capitaine du navire: deux têtes de Kirin qui encadrent un pavois bleuté.
”Journée de merde.” murmure t-il.
Le bois de la cabine grince avec la protestation du navire contre le tangage, et le silence religieux de la petite infirmerie surchargée observe la convalescence de ses patients pendant que le médecin et le soigneur œuvrent sans un mot sur leurs nouveaux invités. Le d’Élusie est le seul du lot à être conscient, et avec le calme après une telle tempête ce n’est vraiment pas un privilège dont il est content de jouir, la totalité de son corps n’est que douleur. Sa cheville est enflée comme une vache morte, ses jambes sont striées de coupures plus ou moins moches, sa tête le lance s’il la bouge trop vite, ses muscles sont en feu au moindre mouvement et il se demande si son corps n’est pas actuellement plus raide que la charpente du vaisseau. Les deux employés de la Societas ont réussi à stabiliser la situation de l’elfe, un premier soin magique sommaire avait arrêté le saignement sur la berge et des attentions supplémentaires ont mis son pronostic vital hors de danger, pourtant il n’a toujours pas rouvert les yeux. Le médecin s'est ensuite tourné vers Zelevas lui-même, toujours affublé de son masque de Limier pour préserver l’anonymat, tandis que le soigneur est allé s’occuper des élémentaires.
”Elle va s’en sortir?”
Le soigneur demeure concentré sur la tâche, se contentant simplement d’un hochement de tête approbateur pour confirmer que oui tout en restant penché par-dessus le corps ensanglanté de Tantale Ironsoul. Un énorme trou béant se résorbant dans sa poitrine au fur et à mesure que la magie du soigneur faisait son office. Le médecin qui continue de bander les jambes du Limier est celui qui lui répond.
”Elle a eu beaucoup de chance, la blessure a perforé un poumon sans toucher les bronches. Ça reste conséquent mais quelques millimètres ailleurs et ça aurait pu être bien plus dramatique.”
”Il faut qu’elle vive.”
”Oui oui, comme tout le monde d’ailleurs.”
Un élan de douleur empêche Zelevas de répliquer, il grogne alors que le médecin inspecte sans précaution l’arrière de son crâne.
”Et lui? Qui est-il?”
”Un… un allié.”
Il ne pouvait pas vraiment se permettre d’être mauvaise langue, et puis, il avait encore besoin du pirate.
”Vous avez bien abusé cette fois Limier. Ça va laisser des traces.”
”Occupez-vous de vos affAÏE.” Le salaud de docteur lui a déplacé la tête sans prévenir pour le punir.
”C’est justement ce que je fais. Arrêtez de jacqueter ça fera moins travailler vos poumons.”
Les soins continuent à être administrés quelques heures de plus, toujours dans le même silence rituel et pesant, pesant parce que Zelevas sait très bien ce qui va lui tomber dessus, il ne sait juste pas quand. Le soigneur maintenant tout aussi fatigué que lui, l’aide à s’extirper de l’infirmerie pour regagner une vraie chambre, et quand le Limier effleure seulement le matelas de la couche, tel un signal de connivence à son cerveau, il s’endort instantanément.
L’odeur âcre du tabac rustre n’est pas ce qui l’a réveillé, mais c'est bien la première chose qu’il sent en revenant à lui. Zelevas ouvre lentement les yeux pour fixer le plafond, il n’y a pas de fumée, mais l’odeur est bien présente. Il sort une main de la couverture grossière pour gratter ses yeux encore mal réveillés, et ses doigts se heurtent contre le métal enchanté de son masque, sa vision se précise lentement alors qu’il râle en grognant. À son geste, il entend des pas se lever discrètement et sortir, la lumière envahit la pièce et meurt d’un coup quand la porte s’ouvre et se ferme. Une dizaine de minutes plus tard, plusieurs personnes entrent à nouveau dans la pièce en discutant, Zelevas lui n’a toujours pas décollé de son lit. Son corps est encore en trop piteux état pour qu’il ne souhaite bouger s’il n’y est pas forcé. Le médecin et le soigneur, encore eux, se chargent de faire le suivi médical du Limier dès son réveil, et alors qu’ils aident le jeune convalescent à se redresser dans son plumard, le sifflement du phosphore contre le bois trahit la présence d’une troisième personne avant même que d’Élusie ne l’aperçoive enfin en se mettant assis. Des bottes montantes impeccables, des vêtements trop chics pour le travail salissants de la mer, un manteau dont les manches inutilisées pendent balantes sur les côtés, le visage à moitié enfoui sous un tricorne de capitaine, le propriétaire du vaisseau allume une pipe avant d’en tirer quelques bouffées avec un air contrarié. Lorsqu’il prend la parole, sa voix est clairement agacée:
”Vous êtes enfin réveillés Limier. Je vous souhaite la bienvenue à bord.”
”Merci bien.”
Le ton est également hostile de la part du servant du Razkaal. S’ensuit un moment de silence dérangeant pendant lequel les deux employés finissent de contrôler l’état de Zelevas.
”Nous n’avons reçu que l’ordre de vous récupérer, les soins extra pour les autres vont coûter bien plus cher que prévu, surtout que vous ne les avez pas exactement ramené dans leurs meilleures formes.”
”Le… le Razkaal dédommagera les frais supplémentaires.”
”Mhm. Alors?”
”Du repos principalement. À ce stade on a déjà traité le gros, le reste c’est surtout de se reposer.”
”Merci, vous pouvez nous laisser.”
”Oui Capitaine.”
Pendant que les deux guérisseurs quittent la pièce, Zelevas et le Capitaine restent immobiles, défiants. L’instant même où la porte de la cabine se referme, ce dernier prend la parole, furibond:
”J’attends des explications, et elles ont intérêt à être très bonnes.”
”J’ai fait mon travail.”
”Non, si tu avais fait ton travail, on t’aurait récupéré sain et sauf sur la frégate de Nebojsa avec Strase et Gunguir, pas à moitié mort sur une plage paumée je ne sais où avec une pléthore de gens encore plus morts.”
”Arrête…” Le tricorne du Capitaine se redresse alors pour dévoiler le reste d’un visage aux traits durs, au nez taillé et aux yeux bleus aciers perçants teintés de colère.
”Arrête, moi arrête? C’EST À…” Il jette un coup d'œil vers la porte, l’isolation sonore de la cabine a ses limites alors il poursuit à voix basse mais en poussant quand-même dessus. ”C’est à moi qu’il d’arrêter, je n’en reviens pas. Je récupère mon fils à deux doigts de mourir et il me dit d’arrêter?!? Mais on est où? Pour qui tu te prends jeune homme?” ”...” ”Et où est-ce qu’ils sont passés tes collègues ?”
”Nebojsa a fait partir un deuxième navire en leurre depuis le port. C'était pas prévu parce qu’il n’avait jamais fait ça avant, on avait aucun moyen de savoir lequel contenait la cargaison donc il a fallu qu’on se sépare.”
”Ah oui, et naturellement comme c’est toi qui ne possède pas de magie c'est toi qui t’es retrouvé tout seul n’est-ce pas? Je vois bien votre grande logique, ou alors c'est peut-être que le Razkaal commence à trop taper sur votre crâne à tous!”
”Je suis le meilleur combattant du lot, c'est normal que ce soit moi qui aille seul.”
La botte de Maximilian d’Élusie frappe le plancher avec force.
”Ah oui, aaaah oui OUI! Ça s’est bien vu d’ailleurs hein, tu es en excellente forme là! Non mais sérieusement, Zelevas, il est hors de question qu’un jour j’ouvre ma petite porte sur un petit officier de la GAR en noir avec une petite enveloppe où c’est écrit en petites lettres que mon fils a fait une petite mort!” ”...” ”Si on n'avait pas été là, si on ne t’avait pas retrouvé, tu serais mort. Tu te rends compte? Mort. Mort!”
Zelevas se force à tousser pour racler le fond de sa gorge et regagner un peu de constance, les propos de son père lui glissent dessus comme l’eau sur le dos d’un canard et s’il ne dit rien c'est pour écourter le sermon, mais il doit admettre qu’il y a du vrai dans ce qu’il dit. Il n’a aucune idée de s’il aurait survécu sans l’arrivée express de la SSG, ni d’ailleurs sans l’aide du pirate.
”MAIS DIS QUELQUE CHOSE AU MOINS PUTAIN.”
”Il n’y a rien à dire.” Zelevas soutient le regard stupéfait de son père. ” C'est arrivé, c'est tout. Je ne suis pas mort et je vais m'en remettre. La vie continue. Je fais ce que je dois faire.”
Maximilian est ébahi, il amorce plusieurs fois des gestes de ses mains en s’apprêtant à répondre, mais à chaque fois nul son ne finit par sortir de sa bouche et il se résigne pendant que la colère quitte son regard pour n’y laisser qu’une tristesse résignée. Au bout de quelques minutes de silence entre les deux hommes, l’ancien finit par hocher lentement la tête, incapable de comprendre comment son fils peut aller au devant de tant de risque pour une cause aussi abstraite. Il porte alors une main dans la poche intérieure de son manteau et en ressort deux tubes rouges et violets qu’il dépose sur la table de chevet, il se lève, puis au moment de sortir il se retourne vers le Limier et dit:
”Tu sais fiston il n’est de bonheur que dans la justice, et il n’est de justice que dans la vérité, mais il n’est rien, si ce n’est l’oubli, dans la mort.” Et il sort.
Zelevas toque délicatement à la porte devant lui.
”Qui est-ce?”
”Le Limier.”
Après quelques secondes d’attente, la réponse vient sur un ton morose.
”Entrez.”
Ne se faisant pas prier deux fois, d’Élusie referme derrière lui et regarde l’élémentaire de métal allongée dans son lit, emmitouflée dans sa couette comme une huître, le dos tourné vers la porte.
”Madame Ironsoul…”
”Vous ne pouvez pas me laisser tranquille n'est-ce pas?”
”Je crains bien que non. J’ai des questions à vous poser, à moins que vous ne préféreriez que l’Office s’en occupe.”
La proposition si elle peut paraître rhétorique est en fait sincère, l’Office a beau être moins discret que l’Ordre du Razkaal, il présente l'avantage d’être disponible une fois seulement que la victime y sera prête, contrairement aux Limiers qui n’ont pas vraiment le luxe d’attendre que les victimes fassent déclarations et témoignages quand ça leur chante.
”Et je dois vous demander de vous habiller, j’ai besoin que vous rencontriez quelqu’un.”
Lentement, lascivement, Tantale se retourne dans la couette jusqu’à faire face au Limier masqué, elle se glisse sur le lit, laisse ses jambes pendre sans conviction devant elle. Plaquant la couverture contre sa poitrine, d’une main, l’Ironsoul se relève doucement en s’appuyant contre le mur. Elle ne paraît pas faible, mais simplement dénuée d’énergie et de volonté. Zelevas ne peut la blâmer en sachant ce qu’elle a traversé. La femme enfin debout, marche lentement vers la malle déposée dans un coin de la chambre et l’ouvre d’une main nonchalante. Elle reste plantée là quelques instants, immobile devant la caisse de vêtements, le regard éteint. Zelevas réalise qu’elle attend qu’il quitte la pièce et va pour reculer, mais alors qu’il se retourne elle dit distraitement:
”Vous m’avez déjà vu nue de toute façon, alors quelle importance…”
Devant d’Élusie choqué, elle laisse tomber la couette à ses pieds, dévoilant son corps subjuguant une fois de plus. C’est pour le jeune homme très différent que de l’avoir retrouvée inerte comme un macabé, sale et meurtrie dans le cargo, enfin meurtrie elle l’est toujours. Les traces rougeoyantes d’abus au niveau des cuisses et du ventre sont encore présentes et la blessure du pieu de la harpie a laissé une infâme cicatrice juste au dessus de son sein gauche en forme de cratère auréolé. Alors que ses yeux sont rivés sur la marque sinistre, une goutte d’eau vient s’écraser dessus, mais ce n’est pas de la pluie qui perle à travers le plafond. Zelevas remonte son regard pour fixer Tantale qui commence à sangloter.
”Je… je me sens si… souillée. Regardez Limier. Regardez ce qu’ils m’ont fait.” L’élémentaire dépose ses mains sur les marques de griffures qui parsèment son ventre et le stigmate sous sa clavicule. ”J’ai envie de mourir.”
Zelevas déglutit péniblement, pas tout à fait serein.
”Je voulais justement vous emmener voir celui qui vous a sauvé la vie, mais je suppose que ce n’es”
”Si. Ce n’était qu’une façon de parler. Enfin… Allons-y.”
Le Limier ressort de la cabine et attend patiemment que l’Ironsoul ne finisse de s’habiller. Quand elle ouvre enfin la porte les yeux rougis et un air abattu collé au visage, il se contente simplement d’acquiescer et de la mener jusqu’à l’infirmerie. La plupart des élémentaires ont quitté les lits maintenant, et seul l’elfe est désormais le dernier habitant de la pièce. Quand le Limier déplace le rideau pour rentrer à l’intérieur du compartiment, il constate que le pirate est réveillé.
”Bon retour parmis les vivants. Tu reviens de loin. Tient, tu me parlais d’assurance, je te présente Tantale Ironsoul, une des victimes que nous avons sauvé, la Famille Ironsoul n’acceptera jamais que je fasse du mal ni même que je trahisse celui qui a sauvé la vie de leur chère Tantale, donc considère la comme ton ange gardien.”
La principale intéressée toussote à côté du Limier, légèrement agacée qu’on parle en son nom en sa présence alors même qu’elle n’a pas envie d’être ici.
”Je croyais que vous aviez des questions à me poser?”
”Exact, lui et moi souhaiterions en savoir plus sur la situation qui vous a mené à être capturée par Nebojsa, on vous a sauvé la mise maintenant il faut qu’on retrouve cet enfoiré. On va certainement commencer par enquêter à Kaizoku, et je vais avoir besoin de toi pour évoluer dans ce bourbier.”
L’élémentaire dévisage tour à tour le Limier et le demi-elfe et se résigne à son sort.
”Je vous écoute, que souhaitez-vous savoir?”
Tchac.
Un deuxième, puis un troisième coup de pieu vient blesser les élémentaires endormis, ponctués par les cris de rage sourde de Zelevas, cette sale pute! Au moment où il rattrape enfin la distance, le Limier perçoit la voix du Capitaine pirate derrière lui, ainsi il l’avait directement suivi dans son élan, bien. Malgré qu’il déteste travailler en équipe avec autre chose que des collègues Limiers, Zelevas n’a pas vraiment l’occasion d’y réfléchir ici, seul le gain de confiance de ne pas être en désavantage numérique contre une mage a le temps de lui traverser l’esprit. Les pirates de la frégate c'est une chose, cette putain de harpie… brandissant les lames de ses cestes dans des cliquetis condamnateurs, le Fraternitas est pris de cours lorsque l’hybride macaque le bouscule hors de son chemin pour l’envoyer sur le côté et continuer vers l’autre pirate. Un moment de questionnement, un bref regard vers la sorcière puis vers le pieux ensanglanté qu’elle tient en main et la décision est faite. Chacun pour sa pomme.
Zelevas profite donc d’être seul à seul avec la sorcière pour lui foncer dessus, et cette fois le sable joue en sa faveur, les mouvements des grains qui s'écartent lui permettent de prédire les éruptions de racines et de lianes pour slalomer entre elle en découpant au passage les protubérances végétales. En même temps qu’il avance vers l’ermite, celle ci recule maladroitement. Une lame file devant son visage sans la trouver, une liane fuse vers la cheville blessée de Zelevas, nouveau coup de couteau, nouvelle attaque d’une plante. La chorégraphie se joue sur le fil du rasoir, une entaille superficielle parvient à se frayer un chemin sur la clavicule de la sorcière et celle-ci titube en arrière sous la douleur, surprise et en colère. Sa main griffue se pose sur le tronc d’un palmier, et Zelevas relève la tête, réalisant qu’en reculant encore et encore ils ont atteint l’orée de la jungle, attends, ça veut dire que- BLAM. Le Limier n’a pas le temps de réagir, une des lianes qui pendait en haut d’un palmier vient claquer comme un fouet au dessus de sa tête, le bruit est assourdissant, il se retrouve désorienté l’espace d’une petite seconde et c’est tout ce dont la sorcière a besoin. Une tentacule végétale s’enroule autour du pieds amoché de Zelevas et enserre sa proie avec force, arrachant déjà une plainte furibonde, mais maintenant qu’il est cloué sur place c'est là que d’autres ronces jaillissent du sol et lacèrent d’Élusie aux jambes à répétition. Le jeune homme a beau se débattre, la tentacule est pareille à un serpent constricteur, continuant d’écraser l’articulation dans un crissement douloureux, il tranche les autres racines qui cherchent à s’aventurer plus haut, à l'immobilier totalement. La situation devient rapidement insupportable, s’il ne trouve pas un moyen de très vite sortir de là il ne tiendra plus longtemps. Il goûte malgré lui à un festival de douleur, sa volonté vacille sous l'acharnement des coupures. Putain, il est dans la merde! Soudain c'est à son tour d’avoir droit à une diversion inattendue, la jupe vulgaire de cette vieille catin se soulève comme emportée par un courant d’air providentiel, et Zelevas ne perd pas de temps. Il profite du moment de répit pour cisailler directement la racine à son pied, et il se rue sur la harpie empêtrée dans ses hailles. Empoignant fermement le haut de la jupe envolée, il referme le tout autour de la tête de la sorcière comme un ballotin.
”T’es finie sale pute.” La haine transperçante dans sa voix n'est pas due aux blessures qu’elle lui a infligées non, parce qu'il va lui coller bien pire, mais à cause de ce qu’elle a osé faire contre ses protégés.
Faisant un tour sur son poignet pour assurer sa prise sur le sac improvisé qui contient la tête de la harpie, Zelevas fauche d’un coup de pieds brutal les mollets de son ennemie devenue proie, et avec le peu d’équilibre qui lui reste, il la fait tourner autour de lui pour la désorienter. Les racines claquent dans les airs, elles s’affolent en gesticulant vainement pour tenter de trouver l’ennemi que la sorcière peut sentir mais pas situer, et Zelevas ne va pas s’arrêter là. D’une main, il continue de faire tournoyer sa victime comme un parent qui fait l’avion avec son enfant, mais son deuxième poing rencontre brutalement la forme sphérique dans le sac. Un gémissement étouffé s’extirpe du tissu. Le Limier profite du laps de temps d’étourdissement pour enchaîner, il force la silhouette à se redresser avant de l’abattre férocement vers le bas, mais la chute est interceptée par le genou remontant de Zelevas. Un bruit cartilagineux lugubre se fait entendre, les jambes de la harpie ploient. Ce n’est pas fini. Zelevas, le chien du Razkaal, saisi la base d’une des ailes de la harpie, et il envoie violemment le corps de la femme contre le tronc du palmier. Encore. Encore. Il lâche la jupe ensanglantée et le visage tuméfié de la sorcière se dévoile. Le Limier empoigne l’oreille et une touffe de cheveux ébouriffés, et de l’autre main le tronc. Chaque fois que la tête méconnaissable de la harpie fracasse un peu plus le bois, le Limier lâche un hurlement de colère exténué. Une noix de coco tombe à leurs côtés. Un demi-tour de la main, une lame apparaît, un coup de poing la gorge, il remonte son poing, la lame traverse le menton. La harpie est déjà inerte depuis un petit moment, mais c'était l’énervement de Zelevas qui avait besoin d'un point final, pas la vie de son adversaire.
Haletant, il se retourne subitement, et il remarque que le calme tranquille de la plage est revenu. Le murmure continuel du vent littoral et la valse des vagues sont les seuls bruits qui accompagnent la respiration pantoise du Limier. Le soleil brille dans le ciel, diffusant ses rayons dans les poussières étincelantes d’eau qui s’envolent de l’écume. Les mouettes couinent. Le sable est chaud. Altarus se vide de son sang. La mer est paisible. Merde! Le pirate!
Zelevas trébuche jusqu'aux cadavres des deux autres combattants, l’hybride est clairement refroidi, son crâne qui avait déjà de base la forme de quelque chose qui n’excède pas les 40 de QI, affiche maintenant la même marque défoncée que le tronc du palmier sur lequel il avait martelé la sorcière. Par contre le Limier grimace quand ses yeux se portent ensuite sur le Capitaine, il ne bouge pas.
”Pas de chance.” Le Limier est froidement placide, il n’a de toute façon aucun moyen de sauver le type, qu’il soit encore en vie ou pas. Autant le laisser pour mort et se concentrer sur ses propres bless-
Les yeux de Zelevas qui avaient déjà quitté le corps du pirate condamné s’écarquillent lorsqu’il voit les deux navires mouiller l’ancre à une centaine de mètres et les chaloupes être larguées. Comment ne les avait-il pas vues plus tôt? Il n’avait juste pas regardé l’horizon. Putain, ça change tout. Il se jette immédiatement à genoux devant l’elfe et ses deux doigts plongent dans son cou pour trouver un poul inexistant. Fait chier. Fait chier fait chier, fait chier! Lorsqu’il se rend compte que le vieillard s’exsangue par l’épaule à cause de la morsure du babouin, il reprend cette fois le poul du gaillard au niveau du poing, et il est soulagé pendant une seconde de trouver un battement.
”Allez le vioque, tient bon.”
Il déchire ce qui lui reste de chemise et soulève les canines du singe avant de dégager l’hybride complètement, enfin il applique le linge qui vire au rouge à une vitesse effrayante et fait pression pour ralentir le saignement. Malheureusement il n’y a rien de plus qu’il ne puisse faire.
”Allez tiens bon bordel, juste un petit peu.”
Il regarde désespérément les chaloupes approcher, il ne peut que miser sur la présence à bord d’un soigneur sinon l’elfe canera avant d’atteindre les galions. Zelevas aperçoit les paires de fanions qui oscillent en haut des mâts, et il plisse les yeux pour les distinguer à travers son masque. Le premier porte le symbole de la SSG, le deuxième les armoiries du capitaine du navire: deux têtes de Kirin qui encadrent un pavois bleuté.
”Journée de merde.” murmure t-il.
***
Le bois de la cabine grince avec la protestation du navire contre le tangage, et le silence religieux de la petite infirmerie surchargée observe la convalescence de ses patients pendant que le médecin et le soigneur œuvrent sans un mot sur leurs nouveaux invités. Le d’Élusie est le seul du lot à être conscient, et avec le calme après une telle tempête ce n’est vraiment pas un privilège dont il est content de jouir, la totalité de son corps n’est que douleur. Sa cheville est enflée comme une vache morte, ses jambes sont striées de coupures plus ou moins moches, sa tête le lance s’il la bouge trop vite, ses muscles sont en feu au moindre mouvement et il se demande si son corps n’est pas actuellement plus raide que la charpente du vaisseau. Les deux employés de la Societas ont réussi à stabiliser la situation de l’elfe, un premier soin magique sommaire avait arrêté le saignement sur la berge et des attentions supplémentaires ont mis son pronostic vital hors de danger, pourtant il n’a toujours pas rouvert les yeux. Le médecin s'est ensuite tourné vers Zelevas lui-même, toujours affublé de son masque de Limier pour préserver l’anonymat, tandis que le soigneur est allé s’occuper des élémentaires.
”Elle va s’en sortir?”
Le soigneur demeure concentré sur la tâche, se contentant simplement d’un hochement de tête approbateur pour confirmer que oui tout en restant penché par-dessus le corps ensanglanté de Tantale Ironsoul. Un énorme trou béant se résorbant dans sa poitrine au fur et à mesure que la magie du soigneur faisait son office. Le médecin qui continue de bander les jambes du Limier est celui qui lui répond.
”Elle a eu beaucoup de chance, la blessure a perforé un poumon sans toucher les bronches. Ça reste conséquent mais quelques millimètres ailleurs et ça aurait pu être bien plus dramatique.”
”Il faut qu’elle vive.”
”Oui oui, comme tout le monde d’ailleurs.”
Un élan de douleur empêche Zelevas de répliquer, il grogne alors que le médecin inspecte sans précaution l’arrière de son crâne.
”Et lui? Qui est-il?”
”Un… un allié.”
Il ne pouvait pas vraiment se permettre d’être mauvaise langue, et puis, il avait encore besoin du pirate.
”Vous avez bien abusé cette fois Limier. Ça va laisser des traces.”
”Occupez-vous de vos affAÏE.” Le salaud de docteur lui a déplacé la tête sans prévenir pour le punir.
”C’est justement ce que je fais. Arrêtez de jacqueter ça fera moins travailler vos poumons.”
Les soins continuent à être administrés quelques heures de plus, toujours dans le même silence rituel et pesant, pesant parce que Zelevas sait très bien ce qui va lui tomber dessus, il ne sait juste pas quand. Le soigneur maintenant tout aussi fatigué que lui, l’aide à s’extirper de l’infirmerie pour regagner une vraie chambre, et quand le Limier effleure seulement le matelas de la couche, tel un signal de connivence à son cerveau, il s’endort instantanément.
L’odeur âcre du tabac rustre n’est pas ce qui l’a réveillé, mais c'est bien la première chose qu’il sent en revenant à lui. Zelevas ouvre lentement les yeux pour fixer le plafond, il n’y a pas de fumée, mais l’odeur est bien présente. Il sort une main de la couverture grossière pour gratter ses yeux encore mal réveillés, et ses doigts se heurtent contre le métal enchanté de son masque, sa vision se précise lentement alors qu’il râle en grognant. À son geste, il entend des pas se lever discrètement et sortir, la lumière envahit la pièce et meurt d’un coup quand la porte s’ouvre et se ferme. Une dizaine de minutes plus tard, plusieurs personnes entrent à nouveau dans la pièce en discutant, Zelevas lui n’a toujours pas décollé de son lit. Son corps est encore en trop piteux état pour qu’il ne souhaite bouger s’il n’y est pas forcé. Le médecin et le soigneur, encore eux, se chargent de faire le suivi médical du Limier dès son réveil, et alors qu’ils aident le jeune convalescent à se redresser dans son plumard, le sifflement du phosphore contre le bois trahit la présence d’une troisième personne avant même que d’Élusie ne l’aperçoive enfin en se mettant assis. Des bottes montantes impeccables, des vêtements trop chics pour le travail salissants de la mer, un manteau dont les manches inutilisées pendent balantes sur les côtés, le visage à moitié enfoui sous un tricorne de capitaine, le propriétaire du vaisseau allume une pipe avant d’en tirer quelques bouffées avec un air contrarié. Lorsqu’il prend la parole, sa voix est clairement agacée:
”Vous êtes enfin réveillés Limier. Je vous souhaite la bienvenue à bord.”
”Merci bien.”
Le ton est également hostile de la part du servant du Razkaal. S’ensuit un moment de silence dérangeant pendant lequel les deux employés finissent de contrôler l’état de Zelevas.
”Nous n’avons reçu que l’ordre de vous récupérer, les soins extra pour les autres vont coûter bien plus cher que prévu, surtout que vous ne les avez pas exactement ramené dans leurs meilleures formes.”
”Le… le Razkaal dédommagera les frais supplémentaires.”
”Mhm. Alors?”
”Du repos principalement. À ce stade on a déjà traité le gros, le reste c’est surtout de se reposer.”
”Merci, vous pouvez nous laisser.”
”Oui Capitaine.”
Pendant que les deux guérisseurs quittent la pièce, Zelevas et le Capitaine restent immobiles, défiants. L’instant même où la porte de la cabine se referme, ce dernier prend la parole, furibond:
”J’attends des explications, et elles ont intérêt à être très bonnes.”
”J’ai fait mon travail.”
”Non, si tu avais fait ton travail, on t’aurait récupéré sain et sauf sur la frégate de Nebojsa avec Strase et Gunguir, pas à moitié mort sur une plage paumée je ne sais où avec une pléthore de gens encore plus morts.”
”Arrête…” Le tricorne du Capitaine se redresse alors pour dévoiler le reste d’un visage aux traits durs, au nez taillé et aux yeux bleus aciers perçants teintés de colère.
”Arrête, moi arrête? C’EST À…” Il jette un coup d'œil vers la porte, l’isolation sonore de la cabine a ses limites alors il poursuit à voix basse mais en poussant quand-même dessus. ”C’est à moi qu’il d’arrêter, je n’en reviens pas. Je récupère mon fils à deux doigts de mourir et il me dit d’arrêter?!? Mais on est où? Pour qui tu te prends jeune homme?” ”...” ”Et où est-ce qu’ils sont passés tes collègues ?”
”Nebojsa a fait partir un deuxième navire en leurre depuis le port. C'était pas prévu parce qu’il n’avait jamais fait ça avant, on avait aucun moyen de savoir lequel contenait la cargaison donc il a fallu qu’on se sépare.”
”Ah oui, et naturellement comme c’est toi qui ne possède pas de magie c'est toi qui t’es retrouvé tout seul n’est-ce pas? Je vois bien votre grande logique, ou alors c'est peut-être que le Razkaal commence à trop taper sur votre crâne à tous!”
”Je suis le meilleur combattant du lot, c'est normal que ce soit moi qui aille seul.”
La botte de Maximilian d’Élusie frappe le plancher avec force.
”Ah oui, aaaah oui OUI! Ça s’est bien vu d’ailleurs hein, tu es en excellente forme là! Non mais sérieusement, Zelevas, il est hors de question qu’un jour j’ouvre ma petite porte sur un petit officier de la GAR en noir avec une petite enveloppe où c’est écrit en petites lettres que mon fils a fait une petite mort!” ”...” ”Si on n'avait pas été là, si on ne t’avait pas retrouvé, tu serais mort. Tu te rends compte? Mort. Mort!”
Zelevas se force à tousser pour racler le fond de sa gorge et regagner un peu de constance, les propos de son père lui glissent dessus comme l’eau sur le dos d’un canard et s’il ne dit rien c'est pour écourter le sermon, mais il doit admettre qu’il y a du vrai dans ce qu’il dit. Il n’a aucune idée de s’il aurait survécu sans l’arrivée express de la SSG, ni d’ailleurs sans l’aide du pirate.
”MAIS DIS QUELQUE CHOSE AU MOINS PUTAIN.”
”Il n’y a rien à dire.” Zelevas soutient le regard stupéfait de son père. ” C'est arrivé, c'est tout. Je ne suis pas mort et je vais m'en remettre. La vie continue. Je fais ce que je dois faire.”
Maximilian est ébahi, il amorce plusieurs fois des gestes de ses mains en s’apprêtant à répondre, mais à chaque fois nul son ne finit par sortir de sa bouche et il se résigne pendant que la colère quitte son regard pour n’y laisser qu’une tristesse résignée. Au bout de quelques minutes de silence entre les deux hommes, l’ancien finit par hocher lentement la tête, incapable de comprendre comment son fils peut aller au devant de tant de risque pour une cause aussi abstraite. Il porte alors une main dans la poche intérieure de son manteau et en ressort deux tubes rouges et violets qu’il dépose sur la table de chevet, il se lève, puis au moment de sortir il se retourne vers le Limier et dit:
”Tu sais fiston il n’est de bonheur que dans la justice, et il n’est de justice que dans la vérité, mais il n’est rien, si ce n’est l’oubli, dans la mort.” Et il sort.
***
Zelevas toque délicatement à la porte devant lui.
”Qui est-ce?”
”Le Limier.”
Après quelques secondes d’attente, la réponse vient sur un ton morose.
”Entrez.”
Ne se faisant pas prier deux fois, d’Élusie referme derrière lui et regarde l’élémentaire de métal allongée dans son lit, emmitouflée dans sa couette comme une huître, le dos tourné vers la porte.
”Madame Ironsoul…”
”Vous ne pouvez pas me laisser tranquille n'est-ce pas?”
”Je crains bien que non. J’ai des questions à vous poser, à moins que vous ne préféreriez que l’Office s’en occupe.”
La proposition si elle peut paraître rhétorique est en fait sincère, l’Office a beau être moins discret que l’Ordre du Razkaal, il présente l'avantage d’être disponible une fois seulement que la victime y sera prête, contrairement aux Limiers qui n’ont pas vraiment le luxe d’attendre que les victimes fassent déclarations et témoignages quand ça leur chante.
”Et je dois vous demander de vous habiller, j’ai besoin que vous rencontriez quelqu’un.”
Lentement, lascivement, Tantale se retourne dans la couette jusqu’à faire face au Limier masqué, elle se glisse sur le lit, laisse ses jambes pendre sans conviction devant elle. Plaquant la couverture contre sa poitrine, d’une main, l’Ironsoul se relève doucement en s’appuyant contre le mur. Elle ne paraît pas faible, mais simplement dénuée d’énergie et de volonté. Zelevas ne peut la blâmer en sachant ce qu’elle a traversé. La femme enfin debout, marche lentement vers la malle déposée dans un coin de la chambre et l’ouvre d’une main nonchalante. Elle reste plantée là quelques instants, immobile devant la caisse de vêtements, le regard éteint. Zelevas réalise qu’elle attend qu’il quitte la pièce et va pour reculer, mais alors qu’il se retourne elle dit distraitement:
”Vous m’avez déjà vu nue de toute façon, alors quelle importance…”
Devant d’Élusie choqué, elle laisse tomber la couette à ses pieds, dévoilant son corps subjuguant une fois de plus. C’est pour le jeune homme très différent que de l’avoir retrouvée inerte comme un macabé, sale et meurtrie dans le cargo, enfin meurtrie elle l’est toujours. Les traces rougeoyantes d’abus au niveau des cuisses et du ventre sont encore présentes et la blessure du pieu de la harpie a laissé une infâme cicatrice juste au dessus de son sein gauche en forme de cratère auréolé. Alors que ses yeux sont rivés sur la marque sinistre, une goutte d’eau vient s’écraser dessus, mais ce n’est pas de la pluie qui perle à travers le plafond. Zelevas remonte son regard pour fixer Tantale qui commence à sangloter.
”Je… je me sens si… souillée. Regardez Limier. Regardez ce qu’ils m’ont fait.” L’élémentaire dépose ses mains sur les marques de griffures qui parsèment son ventre et le stigmate sous sa clavicule. ”J’ai envie de mourir.”
Zelevas déglutit péniblement, pas tout à fait serein.
”Je voulais justement vous emmener voir celui qui vous a sauvé la vie, mais je suppose que ce n’es”
”Si. Ce n’était qu’une façon de parler. Enfin… Allons-y.”
Le Limier ressort de la cabine et attend patiemment que l’Ironsoul ne finisse de s’habiller. Quand elle ouvre enfin la porte les yeux rougis et un air abattu collé au visage, il se contente simplement d’acquiescer et de la mener jusqu’à l’infirmerie. La plupart des élémentaires ont quitté les lits maintenant, et seul l’elfe est désormais le dernier habitant de la pièce. Quand le Limier déplace le rideau pour rentrer à l’intérieur du compartiment, il constate que le pirate est réveillé.
”Bon retour parmis les vivants. Tu reviens de loin. Tient, tu me parlais d’assurance, je te présente Tantale Ironsoul, une des victimes que nous avons sauvé, la Famille Ironsoul n’acceptera jamais que je fasse du mal ni même que je trahisse celui qui a sauvé la vie de leur chère Tantale, donc considère la comme ton ange gardien.”
La principale intéressée toussote à côté du Limier, légèrement agacée qu’on parle en son nom en sa présence alors même qu’elle n’a pas envie d’être ici.
”Je croyais que vous aviez des questions à me poser?”
”Exact, lui et moi souhaiterions en savoir plus sur la situation qui vous a mené à être capturée par Nebojsa, on vous a sauvé la mise maintenant il faut qu’on retrouve cet enfoiré. On va certainement commencer par enquêter à Kaizoku, et je vais avoir besoin de toi pour évoluer dans ce bourbier.”
L’élémentaire dévisage tour à tour le Limier et le demi-elfe et se résigne à son sort.
”Je vous écoute, que souhaitez-vous savoir?”
Citoyen du monde
Altarus Aearon
Messages : 414
crédits : 1474
crédits : 1474
Info personnage
Race: Humain-elfe
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
Après avoir clos ses paupières, son esprit dérivait lentement vers l'obscurité. Il se raccrocha à la mélodie de la mer. Les grains de sable se frottaient les uns contre les autres, émettaient un bruissement à chaque vague paresseuse qui s'enroulait sur elle-même pour devenir écume et s'étaler dans un doux clapotis sur la plage. Cette mélopée était apaisante pour son esprit épuisé. Il n'y avait plus qu'elle qui le berçait pour apaiser ses craintes et ses doutes. Il n'avait plus de raison de lutter et de souffrir.
Elle n'était qu'un témoin impassible. Pourtant, elle le hélait dans ses doux murmures. Mer douce comme implacable, elle avait été sa compagne de toujours, une maîtresse aimante comme coléreuse au cours de son existence. Par ses chuchotements sereins et réguliers, elle chassait ses souffrances. Ce qui étreignait horriblement à son épaule s'éteignait, ne devenant qu'un vague souvenir de son dernier affrontement. De cette invitation au repos, son cœur s'accordait au rythme du doux ressac qui s'écrasait sur la berge sableuse. Son souffle se raccrochait à l'imperceptible brise marine. Sous lui, le sable tiède absorbait la chaleur de sa vie.
Dans cette symphonie marine réconfortante, plus rien d'autre ne comptait, sauf de s'offrir à son dernier voyage. Une hésitation s'accrochait, malgré les brumes croissantes des ténèbres, quelque chose qui retenait sa volonté de céder définitivement au chant langoureux de la mer. Un son lointain brisa le fragile équilibre entre son départ vers les abysses et le besoin de rester enveloppé dans un bien étrange havre. Une voix retentit à nouveau, plus proche... indéfinissable.
Une soudaine souffrance acheva de détruire cette paix désirable qui s'était distillée en lui avant de le conforter à quitter ce monde. Une vague de douleur déferla à la suite, avec une impression de poids énorme, comme pour faire barrage à tout souhait de départ. Une énième injonction, avec des mots incompréhensibles, retentit plus fortement. Des émotions qu'il avait crues perdues refirent surface, se bousculant, se percutant dans un étrange chaos.
Un bref instant, ses paupières s'entrouvrirent, discernant un monde embrumé de bleu et d'ombres... S'y accrocher, s'y essaya-t-il ? Au plus profond de son âme, quelque chose lui souffla qu'il n'était pas encore prêt pour son ultime voyage... Il perdit totalement conscience, accueilli dans des abîmes froids.
Il se crut perdu, égaré. Il n'y avait que noirceur et vide. En cherchant, il crut percevoir un effluve qui ne lui était pas inconnu. La mer… Il sentait la mer. Elle était toute proche. L'odeur saline se fit plus marquante, se mêlant à d'autres senteurs familières. L'odeur du bois de charpente... l'humidité marine... cela se mouvait lentement sous lui... ou autour de lui ? Où se trouvait-il ?
La réponse vint à lui quand ses paupières s'ouvrirent. Le monde d'abord flou se précisa un petit à chaque fois, laissant apparaître l'intérieur d'un navire. Son brick ? Non, pas son brick. Des flots de souvenirs refirent surface : le Limier, des élémentaires... de l'île avec cette vieille salope de sorcière et de son sbire à sale gueule de babouin. Il se rappela les voiles... Les vaisseaux de la SSG. Son cœur cogna durement dans sa poitrine. En observant plus les lieux, il comprit qu'il se trouvait dans une sorte d'infirmerie et non dans une geôle de fond de cale. Bien des questions fusèrent à son esprit, mais ce fut la fatigue qui le cueillit avant la recherche de réponses.
Il ne sut pas combien de temps il avait dormi, mais en s'éveillant, il faisait jour à l'extérieur. Un guérisseur républicain était venu s'assurer de son état et de la guérison de sa blessure à l'épaule, puis lui avait ramené un repas composé d'une soupe épaisse accompagnée de tranches de pain beurrées. Altarus estima qu'il avait dormi deux longues journées à la crise affamée de son estomac. Le repas, bien que simple, était un véritable délice.
Reposé et repu, il évalua sa situation. Il n'était pas enchaîné, on ne l'avait pas laissé périr sur la plage... Il tourna la tête en direction de la tenture qui le séparait de la porte d'entrée du compartiment. Celle-ci fut écartée d'une main ferme. Le demi-elfe ne put s'empêcher de sourciller en reconnaissant l'individu se dressant en face de lui. Le Limier... À ses côtés se tenait une jeune femme, qu'il reconnut s'être retrouvée parmi les captifs du container. Le chien du Razkaal avait donc réussi à sauver les élémentaires des actes infâmes de cette salope de sorcière.
Le Républicain prit la parole, confirmant certains des soupçons du pirate sur la nature de sa mission. En prime, il eut droit à cette garantie qu'il avait exigée de sa part : la gamine rescapée était une membre d'une des plus puissantes familles républicaines. Le limier jouait finement… Il avait tenu à rassurer le pirate en premier lieu, et ainsi, le garder comme allié, le temps de retrouver l'autre enflure de Nebojsa. Il fixa le Limier, comme s'il cherchait à le sonder.
*Rusé...*
Il veillera à demeurer prudent, malgré tout. Il était pirate et lui, un limier. Cette alliance de circonstances, même si l'adolescente élémentaire connaissait le visage de son sauveur, se terminera une fois Zmeï retrouvé et mis hors d'état de nuire.
Ses yeux bleu acier se posèrent sur la jeune élémentaire.
"Dame Ironsoul, en premier lieu, sachez que je suis heureux de voir que vous vous portez mieux. Je regrette que votre vie ait été mise en danger en croisant la route de Nebojsa. Des éléments qu'a apportés le Limier sur votre personne et votre famille ne changeront en rien ma volonté de le retrouver. "
Ainsi, le Limier sera rassuré de son côté qu'il était toujours décidé à mettre la main...
"Quand le navire dans lequel vous étiez prisonnière avec d'autres était en train de sombrer, je n'avais pas connaissance de votre rang. Le Limier voulait de l'aide, je l'ai apporté. Ce qui importait le plus à ce moment-là était de sauver des vies innocentes, rien d'autre. "
... avec un rappel des circonstances de leur rencontre incongrue. Il était fort possible que lui-même soit encore en vie, pour les besoins de missions du Limier. Est-ce que cela aurait été différent si les navires de la SSG n'étaient pas venus ? Il ne doutait pas de la réponse. Il se retint de jeter un bien étrange regard au républicain.
" Les questions que nous allons vous poser risquent d'être de douloureux souvenirs, mais elles sont nécessaires pour trouver cet être infect et l'occire..."
Il prit le temps de trouver les bonnes formulations, pour ne pas trop remuer les souvenirs des atrocités de sa captivité.
"Où vous trouviez-vous quand vous avez été faite prisonnière ? Et dans quelles circonstances ? Si vous étiez à Kaizoku, quelles étaient les raisons de votre présence là-bas ? "
Il serra les lèvres. Lui qui voulait éviter des questions enchaînées, c'était râpé. Mais il avait besoin de ces réponses pour déjà trouver une voie exploitable pour trouver et arrêter Zmeï. Il était assez cinglé pour réitérer son méfait et ce, rapidement.
Elle n'était qu'un témoin impassible. Pourtant, elle le hélait dans ses doux murmures. Mer douce comme implacable, elle avait été sa compagne de toujours, une maîtresse aimante comme coléreuse au cours de son existence. Par ses chuchotements sereins et réguliers, elle chassait ses souffrances. Ce qui étreignait horriblement à son épaule s'éteignait, ne devenant qu'un vague souvenir de son dernier affrontement. De cette invitation au repos, son cœur s'accordait au rythme du doux ressac qui s'écrasait sur la berge sableuse. Son souffle se raccrochait à l'imperceptible brise marine. Sous lui, le sable tiède absorbait la chaleur de sa vie.
Dans cette symphonie marine réconfortante, plus rien d'autre ne comptait, sauf de s'offrir à son dernier voyage. Une hésitation s'accrochait, malgré les brumes croissantes des ténèbres, quelque chose qui retenait sa volonté de céder définitivement au chant langoureux de la mer. Un son lointain brisa le fragile équilibre entre son départ vers les abysses et le besoin de rester enveloppé dans un bien étrange havre. Une voix retentit à nouveau, plus proche... indéfinissable.
Une soudaine souffrance acheva de détruire cette paix désirable qui s'était distillée en lui avant de le conforter à quitter ce monde. Une vague de douleur déferla à la suite, avec une impression de poids énorme, comme pour faire barrage à tout souhait de départ. Une énième injonction, avec des mots incompréhensibles, retentit plus fortement. Des émotions qu'il avait crues perdues refirent surface, se bousculant, se percutant dans un étrange chaos.
Un bref instant, ses paupières s'entrouvrirent, discernant un monde embrumé de bleu et d'ombres... S'y accrocher, s'y essaya-t-il ? Au plus profond de son âme, quelque chose lui souffla qu'il n'était pas encore prêt pour son ultime voyage... Il perdit totalement conscience, accueilli dans des abîmes froids.
Il se crut perdu, égaré. Il n'y avait que noirceur et vide. En cherchant, il crut percevoir un effluve qui ne lui était pas inconnu. La mer… Il sentait la mer. Elle était toute proche. L'odeur saline se fit plus marquante, se mêlant à d'autres senteurs familières. L'odeur du bois de charpente... l'humidité marine... cela se mouvait lentement sous lui... ou autour de lui ? Où se trouvait-il ?
La réponse vint à lui quand ses paupières s'ouvrirent. Le monde d'abord flou se précisa un petit à chaque fois, laissant apparaître l'intérieur d'un navire. Son brick ? Non, pas son brick. Des flots de souvenirs refirent surface : le Limier, des élémentaires... de l'île avec cette vieille salope de sorcière et de son sbire à sale gueule de babouin. Il se rappela les voiles... Les vaisseaux de la SSG. Son cœur cogna durement dans sa poitrine. En observant plus les lieux, il comprit qu'il se trouvait dans une sorte d'infirmerie et non dans une geôle de fond de cale. Bien des questions fusèrent à son esprit, mais ce fut la fatigue qui le cueillit avant la recherche de réponses.
Il ne sut pas combien de temps il avait dormi, mais en s'éveillant, il faisait jour à l'extérieur. Un guérisseur républicain était venu s'assurer de son état et de la guérison de sa blessure à l'épaule, puis lui avait ramené un repas composé d'une soupe épaisse accompagnée de tranches de pain beurrées. Altarus estima qu'il avait dormi deux longues journées à la crise affamée de son estomac. Le repas, bien que simple, était un véritable délice.
Reposé et repu, il évalua sa situation. Il n'était pas enchaîné, on ne l'avait pas laissé périr sur la plage... Il tourna la tête en direction de la tenture qui le séparait de la porte d'entrée du compartiment. Celle-ci fut écartée d'une main ferme. Le demi-elfe ne put s'empêcher de sourciller en reconnaissant l'individu se dressant en face de lui. Le Limier... À ses côtés se tenait une jeune femme, qu'il reconnut s'être retrouvée parmi les captifs du container. Le chien du Razkaal avait donc réussi à sauver les élémentaires des actes infâmes de cette salope de sorcière.
Le Républicain prit la parole, confirmant certains des soupçons du pirate sur la nature de sa mission. En prime, il eut droit à cette garantie qu'il avait exigée de sa part : la gamine rescapée était une membre d'une des plus puissantes familles républicaines. Le limier jouait finement… Il avait tenu à rassurer le pirate en premier lieu, et ainsi, le garder comme allié, le temps de retrouver l'autre enflure de Nebojsa. Il fixa le Limier, comme s'il cherchait à le sonder.
*Rusé...*
Il veillera à demeurer prudent, malgré tout. Il était pirate et lui, un limier. Cette alliance de circonstances, même si l'adolescente élémentaire connaissait le visage de son sauveur, se terminera une fois Zmeï retrouvé et mis hors d'état de nuire.
Ses yeux bleu acier se posèrent sur la jeune élémentaire.
"Dame Ironsoul, en premier lieu, sachez que je suis heureux de voir que vous vous portez mieux. Je regrette que votre vie ait été mise en danger en croisant la route de Nebojsa. Des éléments qu'a apportés le Limier sur votre personne et votre famille ne changeront en rien ma volonté de le retrouver. "
Ainsi, le Limier sera rassuré de son côté qu'il était toujours décidé à mettre la main...
"Quand le navire dans lequel vous étiez prisonnière avec d'autres était en train de sombrer, je n'avais pas connaissance de votre rang. Le Limier voulait de l'aide, je l'ai apporté. Ce qui importait le plus à ce moment-là était de sauver des vies innocentes, rien d'autre. "
... avec un rappel des circonstances de leur rencontre incongrue. Il était fort possible que lui-même soit encore en vie, pour les besoins de missions du Limier. Est-ce que cela aurait été différent si les navires de la SSG n'étaient pas venus ? Il ne doutait pas de la réponse. Il se retint de jeter un bien étrange regard au républicain.
" Les questions que nous allons vous poser risquent d'être de douloureux souvenirs, mais elles sont nécessaires pour trouver cet être infect et l'occire..."
Il prit le temps de trouver les bonnes formulations, pour ne pas trop remuer les souvenirs des atrocités de sa captivité.
"Où vous trouviez-vous quand vous avez été faite prisonnière ? Et dans quelles circonstances ? Si vous étiez à Kaizoku, quelles étaient les raisons de votre présence là-bas ? "
Il serra les lèvres. Lui qui voulait éviter des questions enchaînées, c'était râpé. Mais il avait besoin de ces réponses pour déjà trouver une voie exploitable pour trouver et arrêter Zmeï. Il était assez cinglé pour réitérer son méfait et ce, rapidement.
L’élémentaire de métal reste stoïque en écoutant le pirate alité. Zelevas l’observe attentivement depuis son masque de Limier, les propos du capitaine flibustier n’ont pas l’air de déstabiliser Tantale et en même temps, il serait difficile pour elle que son moral ne tombe plus bas.
”Alors sachez que la noblesse de mon rang n’a d’égal que celle de votre coeur pour avoir porté votre secours à d’innocentes âmes que rien ne vous engageait de protéger. Je vous exprime toute ma gratitude Monsieur… ?”
Devant la question intrusive mais nécessaire du demi-elfe, le corps de Tantale trésaille, un frémissement perceptible qui n’échappe ni à Zelevas, ni sans doute au Capitaine. Il ne peut comprendre dans quel état d’esprit la femme se trouve en ce moment même, il n’a jamais été à sa place et n’a jamais expérimenté quoi que ce soit de similaire. L’Ironsoul est une combattante, de façon bien plus figurative que ne l’est le Limier certes mais à toutes les occasions qui lui ont été données de la voir lors de dîners ou de visites de la haute, il a toujours eu cette image d’une ‘jeune’ élémentaire refusant de se plier aux conventions, jouant selon ses propres règles et se relevant toujours des coups durs qui se dressent sur sa route. S’il devait faire un pari, il miserait sur un sentiment de profonde colère et une volonté vengeresse de voir la tête de Nebojsa loin de son corps. Les paroles qui franchissent la bouche de Tantale semblent lui donner raison:
”Je devais me rendre à Courage depuis Liberty pour une visite culturelle, je me suis arrêtée dans un petit village portuaire où je croyais avoir trouvé l’hospitalité, mais les tenanciers de l’établissement m’ont dénoncée à un pirate local qui est venue me constituer sa prisonnière. Une personne ignoble et répugnante tant d’esprit que d’apparence, avec un nom de coquillage à coucher dehors. C’est lui qui m’a amené à Kaizoku. Là bas j’ai été vendue en tant qu’esclave de premier choix à Nebojsa… Je suis navrée de ne pas pouvoir vous être plus utile que ça.”
”C’est déjà beaucoup. Pourriez-vous nous décrire un peu plus le… ”
L’élémentaire semble déglutir péniblement, elle a de plus en plus de mal à prendre la parole, sa gorge nouée par l’émotion sourde qui s’empare de sa voix.
”Physique de ce monstre? Bleu, avec des dents acérées et une barbe tentaculaires, il n’avait rien d’humain. Pas même l’âme.”
Tantale laisse un sanglot s’échapper, mais cette fois ses dents serrées et sa mâchoire crispée indiquent sa haine plus que son désespoir. Sa posture est fermée, les deux jambes jointes comme un piquet et les bras croisés, resserrés autour de son ventre avec sa main droite remontée sur sa poitrine, dessinant le pourtour de la fraîche cicatrice au dessus du décolleté.
”Je vous en prie…”
Sa voix faillit. Elle inspire un coup avant de marmonner entre deux pleurs colériques:
”Tuez ce fumier. Tuez le. Retrouvez le. Et. Tuez. Le.”
Les deux hommes observent un silence un peu solennel, Zelevas en qualité de Limier se retrouve un peu bloqué, ne sachant trop que faire. Il se permet de passer une main derrière l’épaule de l’Ironsoul pour la resserrer légèrement contre lui et commence à l’escorter vers la sortie. Le masque d’acier se retourne une dernière fois en direction d’Iskvar en disant:
”Nous vous remercions de votre contribution Madame Ironsoul, nous vous promettons de faire notre possible pour vous rendre justice et honorer le décret de la Cour.”
Le Limier ressort avec l’élémentaire de l’infirmerie. Celle-ci essuie ses larmes sous le silence observateur d’un Zelevas embarrassé. Tantale chancelle, prise d’un moment de faiblesse, elle s’affale contre le mur et le jeune homme se précipite à son soutien, mais elle le repousse en posant sa main sur son bras pour l’empêcher de la porter.
”Non. Non je vais bien, ça ira…”
Elle n’en donne pas l’air, une expression contrie derrière son masque, le Limier ouvre le chemin en invitant la dame à le suivre, ils progressent en silence jusqu’à la porte de la cabine qui lui est dédiée et Zelevas lui ouvre la porte pour la laisser passer, elle entre, promène son regard vide sur le lit un instant, immobile.
”Est-ce que ça ira Madame Ironsoul?”
Elle prend quelques instants pour lui répondre d’une voix plaintive.
”Je ne veux pas être seule. Puis-je vous demander votre compagnie quelques instants?”
”Je ne crois pas qu’il sied à mon rang de remplir ce rôle Madame.”
”Cessez de m’appeler Madame, je crois bien que nous étions plus familier que cela la dernière fois que vous étiez venus au Manoir Ironsoul.” Les yeux de Zelevas s’écarquillent derrière son masque. Non. Pitié non, ne le dites pas Tantale. Il se sent soudainement pris au piège dans le cadre de cette porte qu’il ne peut plus quitter. ”Je ne veux pas être seule, la compagnie d’un Limier sera bien assez surtout que vous n’êtes pas n’importe quel Limier…” Non… ”Zelevas.”
Le d’Élusie referme lentement la porte de la chambre derrière lui, après avoir fait un dernier pas à l’intérieur.
”Tantale.”
”Je me disais bien que votre voix me disait quelque chose, mais c’est avec les cheveux châtains que ça m’est revenu dans le couloir.”
Zelevas déglutit. Et maintenant?
”Je me souviens de la dernière fois que vous êtes venu, c’était…”
”Pour les cent cinquante ans d’Athys.”
La femme se contente d’un oui silencieux, murmuré avec la forme de ses lèvres tandis qu’elle s’asseye sur le lit, intimant au jeune homme de venir en faire de même. Le Limier s’avance de quelques pas, debout devant le lit, sa respiration est profonde, chaque bouffée d’air alimente le flot infernal de ses pensées. S’il cède et qu’il s’asseoit, c’est fini. D’un autre côté, c’est peut-être le début de quelque chose. De quoi? Est-ce qu’il peut utiliser les Ironsouls à son profit? Il s’attaque à bien plus gros que lui de penser ainsi. Ce n’est pas lui plutôt qui est entrain d’être utilisé?
Et merde.
Avant qu’il n’ait eu le temps d’aller au bout de ses réflexions il se retrouve déjà installé sur la couche aux côtés de Tantale. Cuisse contre cuisse.
”Je vous avais trouvé très charmant alors. Je veux dire, vous aviez l’air de quelqu’un de bon. Il transpirait de vous une réelle humanité que je n’aurai su trouver chez Junior ou Vigent.” Ses fines mains sont croisées entre ses jambes, enfouies dans le creux de ses cuisses.
”C’est l’éducation de mon père qui parlait le plus à ce moment là…”
”Oui c’est ce que j’allais dire. Haha” Ils échangent tout deux un petit rire gêné. ”Il avait l’air de quelqu’un de profondément gentil votre père.”
”Oui il l’est. Il peut parfois être un peu… envahissant, mais il ne veut surtout que le bien des gens autour de lui. C’est quelqu’un de réellement inspirant.”
”Que cela doit être agréable.” L’élémentaire affiche un sourire triste sur son visage. Elle semble prête à refondre en larmes mais elle réhausse son regard et renifle un peu en pinçant ses lèvres. ”Le fardeau des Grandes Familles est moins clément à porter.”
”Ça se lisait sur le visage d’Athys, votre frère n’avait pas l’air enchanté d’être sur les devants de la scène.” sa remarque arrache un gloussement nostalgique chez Tantale.
”Oh ça n’avait rien à voir avec mon père. Athys est d’un naturel très timide et introverti, le pauvre ne savait tout simplement pas où se mettre parce qu’il recevait trop d’attention à son goût. Hahaha je le revois encore se précipiter dans sa chambre le moment où Père a eu le dos tourné et qu’il s’est demandé où son fils s’était volatilisé.”
”Toute la salle avait éclaté de rire.”
Un moment de silence recouvre leur conversation, Tantale tourne sa tête vers Zelevas et son regard ne rencontre que le reflet de ses propres yeux bouffis de souffrance dans l’acier miroitant.
”Quel est votre nom de Limier Zelevas?”
”Ekvicitis. Justice?” disent-ils à l’unisson. ”Et le masque est le miroir impartial de celle-ci.”
”Je n’aime pas ce que j’y vois.” Elle porte ses mains jusqu’aux bords de l’ornement enchanté. ”Je peux?”
”...”
Délicatement, doigts de métal contre masque d’acier, elle tire progressivement sur l’objet pour l’ôter de la tête de Zelevas, dévoilant le visage d’Élusie. Dans ce moment de contemplation, elle parcours ses traits une fois de plus de ses yeux, et Zelevas ne peut que la regarder faire, ensorcelé par les deux perles bleutées qui imitent les siennes, mais alors que celle du d’Élusie sont d’un froid glacial à l’effigie du masque qui les recouvre, celles de Tantales possèdent la couleur plus légère et aérienne de l’azur du ciel. Azur, un si joli mot. Le ton pastel de ses iris se marie magnifiquement bien avec le rose pâle de ses lèvres, le jeune homme se sent happé par la beauté éternelle de l’élémentaire. C’est aussi pour ça qu’il avait fait pression auprès de son collègue pour lui récupérer cet ordre de mission, parce que Tantale.
Leurs bouches se rencontrent dans un moment d’oubli formidable de ce qui les entourent.
Dans une tentative vaine d’abstraction, l’élémentaire essaie désespérément de noyer son chagrin, sa souffrance, Nebojsa, la drogue, le viol, l’héritage, la honte, l’honneur, la Famille, ses blessures et tout le reste encore dans ce baiser. Le contact des lèvres de la jeune femme contre les siennes, la sensation froide au toucher de la peau de Tantale, Zelevas sent ses mains bouger à l’instinct dans le dos de l’élémentaire qui pivote pour s’asseoir sur ses jambes en l’enlaçant de ses bras. Le coup de fouet de fraîcheur des mains métalliques qui se baladent dans son dos ne font que renforcer la vigueur du jeune homme, Zelevas embrasse son corps, son cou, sa poitrine dénudée par leurs mouvements désordonnés. La chemise du Limier descend le long de ses bras pour imiter celle de Tantale. Les doigts fermes du chien du Razkaal explorent la rondeur du sein de l’élémentaire, la douceur polie de sa peau, du téton, ils parcourent sa chair, remontent sur sa clavicule et trouvent la moiteur fragile de sa cicatrice. Elle gémit plaintivement en saisissant de ses doigts fins la main. Il referme son poing dans le sien, rappelé brutalement à la réalité par cette brève douleur qu’il lui a causé.
”Tanta-.”
”Ssshhh.” Elle coupe court à sa protestation en mêlant ses lèvres aux siennes.
Après deux semaines de navigation, l’équipage du Fieracier II s’affaire activement à faire avancer le grand bâtiment à travers les flots, le bateau de la Societas Septum Gardianorum n’avait pas chômé ces derniers jours, entre le détour par le port affilié à Liberty pour déposer saine et sauve Dame Ironsoul, le réapprovisionnement et le rapport intermédiaire de mission au Prévôt de liaison du Razkaal, le vaisseau avait déjà bien travaillé. Il fend maintenant une mer tumultueuse et féroce, mais nullement à cause d’une tempête cette fois, plus simplement à cause des récifs impétueux qui bordent…
”Alors sachez que la noblesse de mon rang n’a d’égal que celle de votre coeur pour avoir porté votre secours à d’innocentes âmes que rien ne vous engageait de protéger. Je vous exprime toute ma gratitude Monsieur… ?”
Devant la question intrusive mais nécessaire du demi-elfe, le corps de Tantale trésaille, un frémissement perceptible qui n’échappe ni à Zelevas, ni sans doute au Capitaine. Il ne peut comprendre dans quel état d’esprit la femme se trouve en ce moment même, il n’a jamais été à sa place et n’a jamais expérimenté quoi que ce soit de similaire. L’Ironsoul est une combattante, de façon bien plus figurative que ne l’est le Limier certes mais à toutes les occasions qui lui ont été données de la voir lors de dîners ou de visites de la haute, il a toujours eu cette image d’une ‘jeune’ élémentaire refusant de se plier aux conventions, jouant selon ses propres règles et se relevant toujours des coups durs qui se dressent sur sa route. S’il devait faire un pari, il miserait sur un sentiment de profonde colère et une volonté vengeresse de voir la tête de Nebojsa loin de son corps. Les paroles qui franchissent la bouche de Tantale semblent lui donner raison:
”Je devais me rendre à Courage depuis Liberty pour une visite culturelle, je me suis arrêtée dans un petit village portuaire où je croyais avoir trouvé l’hospitalité, mais les tenanciers de l’établissement m’ont dénoncée à un pirate local qui est venue me constituer sa prisonnière. Une personne ignoble et répugnante tant d’esprit que d’apparence, avec un nom de coquillage à coucher dehors. C’est lui qui m’a amené à Kaizoku. Là bas j’ai été vendue en tant qu’esclave de premier choix à Nebojsa… Je suis navrée de ne pas pouvoir vous être plus utile que ça.”
”C’est déjà beaucoup. Pourriez-vous nous décrire un peu plus le… ”
L’élémentaire semble déglutir péniblement, elle a de plus en plus de mal à prendre la parole, sa gorge nouée par l’émotion sourde qui s’empare de sa voix.
”Physique de ce monstre? Bleu, avec des dents acérées et une barbe tentaculaires, il n’avait rien d’humain. Pas même l’âme.”
Tantale laisse un sanglot s’échapper, mais cette fois ses dents serrées et sa mâchoire crispée indiquent sa haine plus que son désespoir. Sa posture est fermée, les deux jambes jointes comme un piquet et les bras croisés, resserrés autour de son ventre avec sa main droite remontée sur sa poitrine, dessinant le pourtour de la fraîche cicatrice au dessus du décolleté.
”Je vous en prie…”
Sa voix faillit. Elle inspire un coup avant de marmonner entre deux pleurs colériques:
”Tuez ce fumier. Tuez le. Retrouvez le. Et. Tuez. Le.”
Les deux hommes observent un silence un peu solennel, Zelevas en qualité de Limier se retrouve un peu bloqué, ne sachant trop que faire. Il se permet de passer une main derrière l’épaule de l’Ironsoul pour la resserrer légèrement contre lui et commence à l’escorter vers la sortie. Le masque d’acier se retourne une dernière fois en direction d’Iskvar en disant:
”Nous vous remercions de votre contribution Madame Ironsoul, nous vous promettons de faire notre possible pour vous rendre justice et honorer le décret de la Cour.”
Le Limier ressort avec l’élémentaire de l’infirmerie. Celle-ci essuie ses larmes sous le silence observateur d’un Zelevas embarrassé. Tantale chancelle, prise d’un moment de faiblesse, elle s’affale contre le mur et le jeune homme se précipite à son soutien, mais elle le repousse en posant sa main sur son bras pour l’empêcher de la porter.
”Non. Non je vais bien, ça ira…”
Elle n’en donne pas l’air, une expression contrie derrière son masque, le Limier ouvre le chemin en invitant la dame à le suivre, ils progressent en silence jusqu’à la porte de la cabine qui lui est dédiée et Zelevas lui ouvre la porte pour la laisser passer, elle entre, promène son regard vide sur le lit un instant, immobile.
”Est-ce que ça ira Madame Ironsoul?”
Elle prend quelques instants pour lui répondre d’une voix plaintive.
”Je ne veux pas être seule. Puis-je vous demander votre compagnie quelques instants?”
”Je ne crois pas qu’il sied à mon rang de remplir ce rôle Madame.”
”Cessez de m’appeler Madame, je crois bien que nous étions plus familier que cela la dernière fois que vous étiez venus au Manoir Ironsoul.” Les yeux de Zelevas s’écarquillent derrière son masque. Non. Pitié non, ne le dites pas Tantale. Il se sent soudainement pris au piège dans le cadre de cette porte qu’il ne peut plus quitter. ”Je ne veux pas être seule, la compagnie d’un Limier sera bien assez surtout que vous n’êtes pas n’importe quel Limier…” Non… ”Zelevas.”
Le d’Élusie referme lentement la porte de la chambre derrière lui, après avoir fait un dernier pas à l’intérieur.
”Tantale.”
”Je me disais bien que votre voix me disait quelque chose, mais c’est avec les cheveux châtains que ça m’est revenu dans le couloir.”
Zelevas déglutit. Et maintenant?
”Je me souviens de la dernière fois que vous êtes venu, c’était…”
”Pour les cent cinquante ans d’Athys.”
La femme se contente d’un oui silencieux, murmuré avec la forme de ses lèvres tandis qu’elle s’asseye sur le lit, intimant au jeune homme de venir en faire de même. Le Limier s’avance de quelques pas, debout devant le lit, sa respiration est profonde, chaque bouffée d’air alimente le flot infernal de ses pensées. S’il cède et qu’il s’asseoit, c’est fini. D’un autre côté, c’est peut-être le début de quelque chose. De quoi? Est-ce qu’il peut utiliser les Ironsouls à son profit? Il s’attaque à bien plus gros que lui de penser ainsi. Ce n’est pas lui plutôt qui est entrain d’être utilisé?
Et merde.
Avant qu’il n’ait eu le temps d’aller au bout de ses réflexions il se retrouve déjà installé sur la couche aux côtés de Tantale. Cuisse contre cuisse.
”Je vous avais trouvé très charmant alors. Je veux dire, vous aviez l’air de quelqu’un de bon. Il transpirait de vous une réelle humanité que je n’aurai su trouver chez Junior ou Vigent.” Ses fines mains sont croisées entre ses jambes, enfouies dans le creux de ses cuisses.
”C’est l’éducation de mon père qui parlait le plus à ce moment là…”
”Oui c’est ce que j’allais dire. Haha” Ils échangent tout deux un petit rire gêné. ”Il avait l’air de quelqu’un de profondément gentil votre père.”
”Oui il l’est. Il peut parfois être un peu… envahissant, mais il ne veut surtout que le bien des gens autour de lui. C’est quelqu’un de réellement inspirant.”
”Que cela doit être agréable.” L’élémentaire affiche un sourire triste sur son visage. Elle semble prête à refondre en larmes mais elle réhausse son regard et renifle un peu en pinçant ses lèvres. ”Le fardeau des Grandes Familles est moins clément à porter.”
”Ça se lisait sur le visage d’Athys, votre frère n’avait pas l’air enchanté d’être sur les devants de la scène.” sa remarque arrache un gloussement nostalgique chez Tantale.
”Oh ça n’avait rien à voir avec mon père. Athys est d’un naturel très timide et introverti, le pauvre ne savait tout simplement pas où se mettre parce qu’il recevait trop d’attention à son goût. Hahaha je le revois encore se précipiter dans sa chambre le moment où Père a eu le dos tourné et qu’il s’est demandé où son fils s’était volatilisé.”
”Toute la salle avait éclaté de rire.”
Un moment de silence recouvre leur conversation, Tantale tourne sa tête vers Zelevas et son regard ne rencontre que le reflet de ses propres yeux bouffis de souffrance dans l’acier miroitant.
”Quel est votre nom de Limier Zelevas?”
”Ekvicitis. Justice?” disent-ils à l’unisson. ”Et le masque est le miroir impartial de celle-ci.”
”Je n’aime pas ce que j’y vois.” Elle porte ses mains jusqu’aux bords de l’ornement enchanté. ”Je peux?”
”...”
Délicatement, doigts de métal contre masque d’acier, elle tire progressivement sur l’objet pour l’ôter de la tête de Zelevas, dévoilant le visage d’Élusie. Dans ce moment de contemplation, elle parcours ses traits une fois de plus de ses yeux, et Zelevas ne peut que la regarder faire, ensorcelé par les deux perles bleutées qui imitent les siennes, mais alors que celle du d’Élusie sont d’un froid glacial à l’effigie du masque qui les recouvre, celles de Tantales possèdent la couleur plus légère et aérienne de l’azur du ciel. Azur, un si joli mot. Le ton pastel de ses iris se marie magnifiquement bien avec le rose pâle de ses lèvres, le jeune homme se sent happé par la beauté éternelle de l’élémentaire. C’est aussi pour ça qu’il avait fait pression auprès de son collègue pour lui récupérer cet ordre de mission, parce que Tantale.
Leurs bouches se rencontrent dans un moment d’oubli formidable de ce qui les entourent.
Dans une tentative vaine d’abstraction, l’élémentaire essaie désespérément de noyer son chagrin, sa souffrance, Nebojsa, la drogue, le viol, l’héritage, la honte, l’honneur, la Famille, ses blessures et tout le reste encore dans ce baiser. Le contact des lèvres de la jeune femme contre les siennes, la sensation froide au toucher de la peau de Tantale, Zelevas sent ses mains bouger à l’instinct dans le dos de l’élémentaire qui pivote pour s’asseoir sur ses jambes en l’enlaçant de ses bras. Le coup de fouet de fraîcheur des mains métalliques qui se baladent dans son dos ne font que renforcer la vigueur du jeune homme, Zelevas embrasse son corps, son cou, sa poitrine dénudée par leurs mouvements désordonnés. La chemise du Limier descend le long de ses bras pour imiter celle de Tantale. Les doigts fermes du chien du Razkaal explorent la rondeur du sein de l’élémentaire, la douceur polie de sa peau, du téton, ils parcourent sa chair, remontent sur sa clavicule et trouvent la moiteur fragile de sa cicatrice. Elle gémit plaintivement en saisissant de ses doigts fins la main. Il referme son poing dans le sien, rappelé brutalement à la réalité par cette brève douleur qu’il lui a causé.
”Tanta-.”
”Ssshhh.” Elle coupe court à sa protestation en mêlant ses lèvres aux siennes.
***
Après deux semaines de navigation, l’équipage du Fieracier II s’affaire activement à faire avancer le grand bâtiment à travers les flots, le bateau de la Societas Septum Gardianorum n’avait pas chômé ces derniers jours, entre le détour par le port affilié à Liberty pour déposer saine et sauve Dame Ironsoul, le réapprovisionnement et le rapport intermédiaire de mission au Prévôt de liaison du Razkaal, le vaisseau avait déjà bien travaillé. Il fend maintenant une mer tumultueuse et féroce, mais nullement à cause d’une tempête cette fois, plus simplement à cause des récifs impétueux qui bordent…
Page 1 sur 2 • 1, 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum