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Citoyen du monde
Altarus Aearon
Messages : 414
crédits : 1474
crédits : 1474
Info personnage
Race: Humain-elfe
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
Quand l'élémentaire répondit aux dires courtois du pirate, Altarus eut un très bref instant d'hésitation quant à évoquer son nom. La présence du Limier n'invitait guère à être franc avec la jeune Ironsoul
"Monsieur Iskvar, ma Dame..."
Ne disposant d'aucun élément sur le niveau relationnel entre le chien du Razkaal et elle, il préférait lui mentir, tant pour sa sécurité que pour la sienne. Il n'avait pas tourné la tête vers le Républicain, ne doutant guère que celui-ci aurait remarqué son trouble, même si très léger de quelques secondes. À moins que l'état de Tantale l'inquiétait plus que de savoir le véritable nom du demi-elfe. En effet, le tremblement et les crispations musculaires de Tantale ne lui échappèrent pas. De son état intérieur, il ne pourra jamais l'appréhender ; il ne pourra jamais comprendre à quel point l'esprit et l'âme de la noble étaient profondément blessés. Elle n'en sera jamais réellement guérie... Si elle venait à demeurer dans le silence, il l'acceptera. Elle ne serait pas la première à ne pas réussir à répondre à des interrogations après pareil choc... plus encore qu'elle avait été sévèrement blessée par la sorcière de l'île.
Il ne chercha pas à croiser son regard, prenant patience tout en demeurant silencieux. Si jamais elle préférait rester dans le mutisme, il parerait à une autre solution pour acquérir l'information. L'autre sinistre de pourriture de Zmeï était suffisamment connu à Kaizoku pour que le capitaine arrive à remonter jusqu'à son ou ses fournisseurs... Les pirates esclavagistes n'étaient pas majoritaires au sein de la population insulaire, qu'elle soit terrestre ou marine.
Tantale finit par desserrer les lèvres, trouvant un énorme courage pour répondre à la question de l'alité, narrant sans soubresauts dans sa voix sa tragique aventure. Le regard du vieil homme devint glacial à la description de l'individu qui l'avait capturé. Serait-ce possible que ce soit Bigorneau ? Le Limier l'encouragea à apporter plus de descriptions à son ravisseur et, quand elle réussit à apporter quelques éléments supplémentaires, Altarus put avoir la confirmation du doute qui avait commencé à poindre dans son esprit. Cela était bien Bigorneau. Bordel, mais qu'avait-il foutu cette fois ! Altarus connaissait ses pratiques, mais de là à s'en prendre à une jeune femme sans défense, et qui appartenait à une famille qui avait les moyens de réclamer sa tête pour la mettre comme décoration macabre sur le porche de leur manoir. Mais quel crétin il avait été cette fois ! Plus encore, en revendant la marchandise à Nebjosa. Il se retint de serrer ses poings de dégoûts, mais la tension que provoquait sa colère intérieure provoqua une crispation à son épaule, qui, bien que soignée par les guérisseurs de bord, était encore raide et sensible.
Par les Abysses, quand arrêterait-il ses immoralités celui-là ! Voyant la posture à la fois prostrée et défensive de la jeune femme, comme pour se détacher de la souffrance que provoquait le rappel de sa capture et de son… Altarus se sentit pris de remords. À cause de lui, elle avait dû repasser par ce passage infernal, qui était encore frais dans son esprit... rien qu'à la voir, cela la faisait énormément souffrir. De ses lèvres, elle fit une bien singulière demande... Elle demanda au Capitaine de tuer son agresseur... Parlait-elle de Nebjosa ou de Bigorneau ? Le second était le plus logique, puisqu'il avait été l'instigateur de son enlèvement et donc de tout l'enfer que la jeune femme avait subi. Il acquiesça malgré tout, et en silence, pendant que le Limier posa une main sur l'épaule de la noble, la rapprochant de lui, avant de se diriger avec elle à ses côtés, vers la sortie de l'infirmerie. Le vieil homme croisa le regard du Limier, hochant la tête avec plus de légèreté cette fois, quand le Limier remercia la convalescence de l'effort qu'elle avait apporté en partageant ce qu'elle savait, et ce, malgré le traumatisme subi.
Une fois les deux Républicains hors de l'infirmerie, le demi-elfe ferma les yeux et soupira tout en s'affalant sur l'oreiller. Imbécile de Bigorneau ! Il avait dépassé les limites cette fois... Mais la jeune Ironsoul n'avait pas été très explicite quant à occire Nebjosa, ou l'autre face de poulpe. Par les abysses… Depuis que sa route avait croisé celle du Limier, rien n'était facile. Chose certaine était qu'il était plus empathique qu'il ne cherchait à le faire croire… Sa position vis-à-vis de la jeune élémentaire n'avait pas été de la comédie, mais bien une forme de soutien. Il rouvrit les paupières et soupira à nouveau. Il était loin d'avoir terminé tout ce bordel. Pour l'heure, il ne pouvait qu'attendre.
Le Capitaine était sur le pont avant du navire, fixant l'horizon brumeux. Deux semaines s'étaient écoulées depuis le début de cette histoire quelque peu… particulière, à devoir patienter à bord de ce vaisseau battant pavillon républicain, à se contenter de regarder les journées défiler les unes après les autres, et surtout à ne pas trop croiser le Limier ou un officier de l'équipage... mais qu'étaient ces deux semaines quand on avait déjà vécu plusieurs siècles ? Au moins, Altarus avait eu le temps de réfléchir à tout ce qui s'était passé et une chose le perturbait intérieurement : il était toujours sans nouvelle du Téméraire. Ce ne sera qu'une fois débarqué à Kaizoku qu'il saura si son brick avait survécu à l'attaque de la frégate.
Le navire se redressa un peu brutalement, après avoir croisé une ligne de flots tumultueux. Avec aisance, sans perdre son équilibre, le demi-elfe se retint à une corde proche de sa personne, ne quittant pas du regard le lointain maritime. Nul besoin de lire une carte pour savoir qu'ils se rapprochaient de l'île des Pirates. Dès que le Fieracier II aura franchi cette première frontière d'écueils et de récifs, il embarquera à bord d'un sloop, qui, pour l'instant, suivait le sillage du vaisseau, voguant au bout de plusieurs cordes solides.
L'aube pointait à peine au-dessous de l'horizon marin. D'abord, la nuit avait commencé à se retirer, lentement repoussée par une pâle apparition plus clair, plus lumineuse, avant de prendre des teintes de plus en plus chatoyantes. Là-bas, les contours sombres d'une île brisaient la ligne d'horizon. Quelques mouettes regardaient la petite embarcation, profitant du vent pour planer, et guettant surtout la présence de poissons à choper ou de déchets que le seul bipède visible aurait jetés par-dessus bord.
Une des bestioles brailla d'impatience, comme pour exiger à ce terrestre à deux pattes de faire quelque chose. D'ordinaire, à cette heure, il y avait toujours des déchets de poissons. Sauf que ce navire n'était pas là pour ramener le dur labeur d'une nuit de pêche.
"Limier, réveille-toi. Nous arrivons en vue de Kaizoku.
Tenant la barre du petit sloop, Altarus maintenait un bon cap, dardant régulièrement son regard sur les voiles. Pour l'instant, le vent était avec eux, et ils seront en vue de l'Île avant le calme plat matinal. Au besoin, il emploiera sa magie pour terminer d'arriver à destination.
Cela faisait deux jours qu'ils naviguaient. Le demi-elfe n'avait pas eu trop le choix que d'accorder sa confiance au Limier, le temps qu'ils se reposent à tour de rôle sous la tente improvisée sur le pont avant. Le pirate avait veillé à montrer au jeune humain comment tenir le cap avec la petite boussole se trouvant en face de la barre. Il avait exigé qu'il le réveille si jamais le ciel ou la mer venait à changer de couleur. Heureusement, la mer n'avait été que sérénité depuis qu'ils avaient quitté le Fieracier II.
Le petit navire ne payait pas de mine en apparence, mais la ligne de sa coque permettait une bonne souplesse de navigation sur les flots. Sa petitesse n'était pas une gêne alors qu'ils n'étaient que deux à bord. La tente installée témoignait du petit luxe de confort permis à bord. Certains marins auraient apprécié de se trouver à la place du demi-elfe, qui lui tenait plus à son brick, plus solide, plus noble, plus digne à ses yeux.
Le Capitaine posa son regard bleu acier sur le Républicain qui s'extirpa hors des pans verticaux de la toile de tente
"Si tu es affamé, il reste encore quelques biscuits, des fruits secs et un peu de rhum. Il serait dommage que tu te fasses remarquer avec un estomac grognant..."
Durant ces deux jours, Altarus ne s'était guère montré bavard. Ce ne fut qu'une fois le vaisseau de la République disparu loin derrière la ligne de l'horizon, qu'il s'était permis de faire un point de situation. Hormis avouer sans frayeur qu'il avait usé d'un faux nom pour éviter que la jeune Ironsoul ne vienne à revivre son passé si son véritable nom venait à remonter à ses oreilles, il n'avait pas caché avoir une petite idée de la description de la personne décrite par Tantale. Le but était de retrouver Zmeï, qui était le véritable responsable à ses yeux de tous les malheurs. Si ce vil pirate-là ne répondait pas à l'appel de ce foutu marché, jamais l'Ironsoul et les autres élémentaires n'auraient été épargnés. À l'idée de Bigorneau aurait pu s'impliquer intensément dans ce trafic-là le faisait bouillonner.
"Kaizoku est en vue. "
Il se permit de renforcer le souffle du vent dans les voiles avec un peu de magie, sentant le calme plat du matinal réduire la force naturelle de l'air.
"Dès que nous aurons débarqué, nous nous mettrons à la recherche du Capitaine Bigorneau. Il sera l'homme le plus à même de nous orienter pour mettre la main sur Zmeï. "Le Limier sera de suite qui il aura en face de lui, avec les descriptions faite par la jeune femme. "Et n'oublie pas ton rôle : tu es un mercenaire que j'ai engagé, rien de plus. Donc, il faudra te tenir, même si l'envie d'occire te prend subitement. Si cela ne te convient pas, c'est le moment de le dire et de proposer autre chose. Une fois que nous aurons les semelles sur les pontons, il sera trop tard pour changer de voie"
Il fallut encore une bonne petite heure pour atteindre le port, déjà frénétique en cette belle matinée ensoleillé. D'une main experte, le pirate mena le sloop avec agilité, louvoyant entre divers voiliers, gros ou petits. En même temps, il observa chacun d'entre eux du regard, portant sa recherche plus loin. Quelle ne fut pas sa joie en reconnaissant la coque du Téméraire, qui était amarré non loin des chantiers navals. Un sourire avait pris forme à son visage. Son brick avait réchappé au désastre de la frégate. Sa petite liesse silencieuse passé, il reporta son attention sur un ponton. Vivement, il demanda au Limier d'agir sur quelques cordages qui lui désigna pour abaisser les voiles. Après quoi, le sloop put s'amarrer.
Avec agilité, malgré son apparence de vieillard, Altarus monta sur le ponton. attendant que le Limier le rejoigne. Après quoi, il faudra se mettre en quête de Bigorneau.... il n'avait pas aperçu la présence de son vaisseau... Peut être qu'une de ses connaissances saura quoi lui dire.
"Monsieur Iskvar, ma Dame..."
Ne disposant d'aucun élément sur le niveau relationnel entre le chien du Razkaal et elle, il préférait lui mentir, tant pour sa sécurité que pour la sienne. Il n'avait pas tourné la tête vers le Républicain, ne doutant guère que celui-ci aurait remarqué son trouble, même si très léger de quelques secondes. À moins que l'état de Tantale l'inquiétait plus que de savoir le véritable nom du demi-elfe. En effet, le tremblement et les crispations musculaires de Tantale ne lui échappèrent pas. De son état intérieur, il ne pourra jamais l'appréhender ; il ne pourra jamais comprendre à quel point l'esprit et l'âme de la noble étaient profondément blessés. Elle n'en sera jamais réellement guérie... Si elle venait à demeurer dans le silence, il l'acceptera. Elle ne serait pas la première à ne pas réussir à répondre à des interrogations après pareil choc... plus encore qu'elle avait été sévèrement blessée par la sorcière de l'île.
Il ne chercha pas à croiser son regard, prenant patience tout en demeurant silencieux. Si jamais elle préférait rester dans le mutisme, il parerait à une autre solution pour acquérir l'information. L'autre sinistre de pourriture de Zmeï était suffisamment connu à Kaizoku pour que le capitaine arrive à remonter jusqu'à son ou ses fournisseurs... Les pirates esclavagistes n'étaient pas majoritaires au sein de la population insulaire, qu'elle soit terrestre ou marine.
Tantale finit par desserrer les lèvres, trouvant un énorme courage pour répondre à la question de l'alité, narrant sans soubresauts dans sa voix sa tragique aventure. Le regard du vieil homme devint glacial à la description de l'individu qui l'avait capturé. Serait-ce possible que ce soit Bigorneau ? Le Limier l'encouragea à apporter plus de descriptions à son ravisseur et, quand elle réussit à apporter quelques éléments supplémentaires, Altarus put avoir la confirmation du doute qui avait commencé à poindre dans son esprit. Cela était bien Bigorneau. Bordel, mais qu'avait-il foutu cette fois ! Altarus connaissait ses pratiques, mais de là à s'en prendre à une jeune femme sans défense, et qui appartenait à une famille qui avait les moyens de réclamer sa tête pour la mettre comme décoration macabre sur le porche de leur manoir. Mais quel crétin il avait été cette fois ! Plus encore, en revendant la marchandise à Nebjosa. Il se retint de serrer ses poings de dégoûts, mais la tension que provoquait sa colère intérieure provoqua une crispation à son épaule, qui, bien que soignée par les guérisseurs de bord, était encore raide et sensible.
Par les Abysses, quand arrêterait-il ses immoralités celui-là ! Voyant la posture à la fois prostrée et défensive de la jeune femme, comme pour se détacher de la souffrance que provoquait le rappel de sa capture et de son… Altarus se sentit pris de remords. À cause de lui, elle avait dû repasser par ce passage infernal, qui était encore frais dans son esprit... rien qu'à la voir, cela la faisait énormément souffrir. De ses lèvres, elle fit une bien singulière demande... Elle demanda au Capitaine de tuer son agresseur... Parlait-elle de Nebjosa ou de Bigorneau ? Le second était le plus logique, puisqu'il avait été l'instigateur de son enlèvement et donc de tout l'enfer que la jeune femme avait subi. Il acquiesça malgré tout, et en silence, pendant que le Limier posa une main sur l'épaule de la noble, la rapprochant de lui, avant de se diriger avec elle à ses côtés, vers la sortie de l'infirmerie. Le vieil homme croisa le regard du Limier, hochant la tête avec plus de légèreté cette fois, quand le Limier remercia la convalescence de l'effort qu'elle avait apporté en partageant ce qu'elle savait, et ce, malgré le traumatisme subi.
Une fois les deux Républicains hors de l'infirmerie, le demi-elfe ferma les yeux et soupira tout en s'affalant sur l'oreiller. Imbécile de Bigorneau ! Il avait dépassé les limites cette fois... Mais la jeune Ironsoul n'avait pas été très explicite quant à occire Nebjosa, ou l'autre face de poulpe. Par les abysses… Depuis que sa route avait croisé celle du Limier, rien n'était facile. Chose certaine était qu'il était plus empathique qu'il ne cherchait à le faire croire… Sa position vis-à-vis de la jeune élémentaire n'avait pas été de la comédie, mais bien une forme de soutien. Il rouvrit les paupières et soupira à nouveau. Il était loin d'avoir terminé tout ce bordel. Pour l'heure, il ne pouvait qu'attendre.
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Le Capitaine était sur le pont avant du navire, fixant l'horizon brumeux. Deux semaines s'étaient écoulées depuis le début de cette histoire quelque peu… particulière, à devoir patienter à bord de ce vaisseau battant pavillon républicain, à se contenter de regarder les journées défiler les unes après les autres, et surtout à ne pas trop croiser le Limier ou un officier de l'équipage... mais qu'étaient ces deux semaines quand on avait déjà vécu plusieurs siècles ? Au moins, Altarus avait eu le temps de réfléchir à tout ce qui s'était passé et une chose le perturbait intérieurement : il était toujours sans nouvelle du Téméraire. Ce ne sera qu'une fois débarqué à Kaizoku qu'il saura si son brick avait survécu à l'attaque de la frégate.
Le navire se redressa un peu brutalement, après avoir croisé une ligne de flots tumultueux. Avec aisance, sans perdre son équilibre, le demi-elfe se retint à une corde proche de sa personne, ne quittant pas du regard le lointain maritime. Nul besoin de lire une carte pour savoir qu'ils se rapprochaient de l'île des Pirates. Dès que le Fieracier II aura franchi cette première frontière d'écueils et de récifs, il embarquera à bord d'un sloop, qui, pour l'instant, suivait le sillage du vaisseau, voguant au bout de plusieurs cordes solides.
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L'aube pointait à peine au-dessous de l'horizon marin. D'abord, la nuit avait commencé à se retirer, lentement repoussée par une pâle apparition plus clair, plus lumineuse, avant de prendre des teintes de plus en plus chatoyantes. Là-bas, les contours sombres d'une île brisaient la ligne d'horizon. Quelques mouettes regardaient la petite embarcation, profitant du vent pour planer, et guettant surtout la présence de poissons à choper ou de déchets que le seul bipède visible aurait jetés par-dessus bord.
Une des bestioles brailla d'impatience, comme pour exiger à ce terrestre à deux pattes de faire quelque chose. D'ordinaire, à cette heure, il y avait toujours des déchets de poissons. Sauf que ce navire n'était pas là pour ramener le dur labeur d'une nuit de pêche.
"Limier, réveille-toi. Nous arrivons en vue de Kaizoku.
Tenant la barre du petit sloop, Altarus maintenait un bon cap, dardant régulièrement son regard sur les voiles. Pour l'instant, le vent était avec eux, et ils seront en vue de l'Île avant le calme plat matinal. Au besoin, il emploiera sa magie pour terminer d'arriver à destination.
Cela faisait deux jours qu'ils naviguaient. Le demi-elfe n'avait pas eu trop le choix que d'accorder sa confiance au Limier, le temps qu'ils se reposent à tour de rôle sous la tente improvisée sur le pont avant. Le pirate avait veillé à montrer au jeune humain comment tenir le cap avec la petite boussole se trouvant en face de la barre. Il avait exigé qu'il le réveille si jamais le ciel ou la mer venait à changer de couleur. Heureusement, la mer n'avait été que sérénité depuis qu'ils avaient quitté le Fieracier II.
Le petit navire ne payait pas de mine en apparence, mais la ligne de sa coque permettait une bonne souplesse de navigation sur les flots. Sa petitesse n'était pas une gêne alors qu'ils n'étaient que deux à bord. La tente installée témoignait du petit luxe de confort permis à bord. Certains marins auraient apprécié de se trouver à la place du demi-elfe, qui lui tenait plus à son brick, plus solide, plus noble, plus digne à ses yeux.
Le Capitaine posa son regard bleu acier sur le Républicain qui s'extirpa hors des pans verticaux de la toile de tente
"Si tu es affamé, il reste encore quelques biscuits, des fruits secs et un peu de rhum. Il serait dommage que tu te fasses remarquer avec un estomac grognant..."
Durant ces deux jours, Altarus ne s'était guère montré bavard. Ce ne fut qu'une fois le vaisseau de la République disparu loin derrière la ligne de l'horizon, qu'il s'était permis de faire un point de situation. Hormis avouer sans frayeur qu'il avait usé d'un faux nom pour éviter que la jeune Ironsoul ne vienne à revivre son passé si son véritable nom venait à remonter à ses oreilles, il n'avait pas caché avoir une petite idée de la description de la personne décrite par Tantale. Le but était de retrouver Zmeï, qui était le véritable responsable à ses yeux de tous les malheurs. Si ce vil pirate-là ne répondait pas à l'appel de ce foutu marché, jamais l'Ironsoul et les autres élémentaires n'auraient été épargnés. À l'idée de Bigorneau aurait pu s'impliquer intensément dans ce trafic-là le faisait bouillonner.
"Kaizoku est en vue. "
Il se permit de renforcer le souffle du vent dans les voiles avec un peu de magie, sentant le calme plat du matinal réduire la force naturelle de l'air.
"Dès que nous aurons débarqué, nous nous mettrons à la recherche du Capitaine Bigorneau. Il sera l'homme le plus à même de nous orienter pour mettre la main sur Zmeï. "Le Limier sera de suite qui il aura en face de lui, avec les descriptions faite par la jeune femme. "Et n'oublie pas ton rôle : tu es un mercenaire que j'ai engagé, rien de plus. Donc, il faudra te tenir, même si l'envie d'occire te prend subitement. Si cela ne te convient pas, c'est le moment de le dire et de proposer autre chose. Une fois que nous aurons les semelles sur les pontons, il sera trop tard pour changer de voie"
Il fallut encore une bonne petite heure pour atteindre le port, déjà frénétique en cette belle matinée ensoleillé. D'une main experte, le pirate mena le sloop avec agilité, louvoyant entre divers voiliers, gros ou petits. En même temps, il observa chacun d'entre eux du regard, portant sa recherche plus loin. Quelle ne fut pas sa joie en reconnaissant la coque du Téméraire, qui était amarré non loin des chantiers navals. Un sourire avait pris forme à son visage. Son brick avait réchappé au désastre de la frégate. Sa petite liesse silencieuse passé, il reporta son attention sur un ponton. Vivement, il demanda au Limier d'agir sur quelques cordages qui lui désigna pour abaisser les voiles. Après quoi, le sloop put s'amarrer.
Avec agilité, malgré son apparence de vieillard, Altarus monta sur le ponton. attendant que le Limier le rejoigne. Après quoi, il faudra se mettre en quête de Bigorneau.... il n'avait pas aperçu la présence de son vaisseau... Peut être qu'une de ses connaissances saura quoi lui dire.
Zelevas grogna lorsqu’il se fit réveiller par son partenaire de fortune, éveillant ses yeux péniblement il s’extirpa de sa torpeur avec la bouche horriblement sèche, qu’est-ce que l’air marin pouvait être désagréable, et pourtant certains y prenaient tellement goût qu’ils passaient la plupart de leur temps sur les flots, voir pour d’autres ils décidaient d’y consacrer leur vie. Le jeune d’Élusie se redressa sur son séant en regardant le Iskvar mener la barre du sloop vers la rive, si la côte de l’île aux pirates était visible de loin il n’y avait aucun doute qu’il leur restait encore un peu de temps de voyage, les flots aux alentours de la terre étaient si retors que le Limier était déjà surpris qu’ils puissent les gagner à bord de leur si frêle embarcation.
”Hmm?”
Il zieuta les victuailles restantes indiquées par son navigateur, les provisions n’avaient pas été fournies avec abondance pour éviter non seulement les suspicions mais aussi de se faire prendre pour cible avant même de mettre pied à terre, embarquer le minimum c’était non seulement alléger leur bateau pour augmenter leur vitesse, mais aussi paraître le moins intéressant possible pour les rapaces qui pullulent à Kaizoku. Zelevas s’extraya de sous la bache qui servait de tente improvisée vers l’avant du petit navire et rampa jusqu’aux sacs de lin, il sorti une poignée de bananes séchées et des noix de cajou qu’il avala rapidement et regretta immédiatement son geste quand elles se coincèrent dans sa gorge aride. Toussant un peu sous le regard méprisant du demi-elfe, le jeune humain avala une gorgée d’eau pour faire descendre tout ça et passa une main sur son visage pour récupérer un semblant de composition. L’heure fatidique approchait, Zelevas savait que la situation pourrait rapidement dégénérer pour peu que le pirate déciderait de se débarrasser de lui, mais d’ici à ce qu’il en meurt, il y avait peu de chances que ça n’arrive. Merci à Kiki.
Kiki, c’est Kiamin Thorfinden Elesvedra, un Limier qui opérait au Razkaal y’a tellement longtemps que Zelevas n’était même pas sûr que son propre nom de famille existait à l’époque. Quand Kiamin avait mit les pieds à Kaizoku y’a de ça plus d’une centaine d’années pour aller coffrer un gros bras de la flibusterie, il était pas revenu tout à fait le même. Faut dire que les gardes-côte qui l’avaient retrouvé à bord d’un bâteau au gouvernail pété échoué sur un banc de sable, avec le pauvre homme attaché sur le mât de son navire les bras en croix comme un martyr et le dos ouvert avec ses poumons étendus sur les côtés façon aigle de sang, ils l’avaient pas immédiatement reconnu. Les pirates avaient exécuté le type sans plus de cérémonie et l’avaient retourné à l’envoyeur pour bien faire passer un message, le problème, c’est que la République a pas trop aimé ça, et encore moins les Limiers. L’Ordre du Razkaal a encouragé la Nation à répliquer et malheureusement pour les pirates indépendants, lorsqu’il s’agit de faire passer un message, les Limiers sont très forts à ce petit jeu là. En l’espace de quelques mois y’a eu tellement de perquisitions de navire à quai qui se sont finies par des égorgements en place publique que les commerçants n’avaient même plus peur du pavillon noir pendant un temps à tel point les pirates se tenaient à carreau. Ça n’a évidemment pas duré, il a juste suffit qu’un autre loubard plus costaud et plus impitoyable revienne prendre sa place, mais ça avait servi à montrer que justifier la haine de l’opinion publique qui les visait ça déliait les mains de la Maison Bleue de façon vraiment dangereuse pour les hors-la-loi. Depuis si les blessures étaient toujours aussi monnaie courante, y’avait pas eu de mort chez l’ordre depuis près de cent cinquante ou deux cents ans.
Loin de se reposer entièrement sur la fragile protection d’un status quo qui n’a rien de frais dans les mémoires des pirates, parce que de toute façon y’a pas grand chose de frais dans leurs têtes tout court, Zelevas inspecta quand même que son équipement fonctionne bien, que ses fioles dopantes étaient bien accrochées dans le ceinturon qu’il porte sous sa chemise, et que son sac ne comportait rien de compromettant qui pourrait trahir sa couverture. Il ébouriffa ses cheveux un petit coup, les trempa dans l’eau salée pour s’assurer d’avoir l’air le plus poisseux possible et attendit qu’ils puissent enfin débarquer. Il écouta attentivement les directives du Capitaine concernant le plan une fois au sol, et il réprima une pique en réponse.
”Je n’en ai qu’après Zmeï, le reste d’entre vous peuvent bien s’adonner à coeur joie à ce que vous voulez, tant que les noms ne figurent pas sur un ordre de mission et qu’ils ne font pas d’obstruction à la justice, il n’y a aucune raison de s’exciter.” Il n’y croit que moyennement lui-même, mais il est nécessaire de rassurer le pirate demi-elfe s’il voulait assurer leur collaboration à tout les deux.
Pendant que le sloop approche des quais de la cité clandestine, le Limier suivit les quelques directives du Capitaine pour aider à la navigation tandis que leur embarcation voguait entre les imposants bâtiments stationnés dans la marina. Le bois de leur sloop rencontra enfin un ballot de paille contre la passerelle et dans un petit choc amorti, leur périple toucha à sa fin. Zelevas descendit de leur petit navire avec bien moins de panache que l’agilité de l’elfe ne lui permit, et ils se retrouvèrent ainsi à terre. En parcourant des yeux l’immense fourmilière de criminels en tout genre, d’acheteurs illégaux et de commerçants peu scrupuleux, Zelevas eu subitement l’impression d’être tout nu sans son masque pour lui couvrir le visage, une sensation qui n’avait pourtant pas de fondement puisque d’aucun sauf Iskvar ne savaient qu’il était ici en qualité de Limier. Peu de chances que qui que ce soit ne reconnaisse le fils de Maximilian ici non plus, encore moins le fils adoptif des Fraternitas. Zelevas se tourna donc vers le pirate pour le consulter sur la démarche à suivre.
”Alors? Et maintenant?” Son indic lui répondit qu’il n’avait pas vu le navire de Bigorneau accosté au port, mais sans se démonter le d’Élusie lui demande donc, ”Et à qui est-ce qu’on va demander des renseignements? Il peut avoir accosté ailleurs sur l’île non?”
Il n’a de toute façon pas d’autre alternative que de suivre Iskvar tant qu’il n’a pas idée d’où trouver le fameux Bigorneaux, c’était pas la peine de commencer à s’attirer des ennuis en secouant quelques cocotiers pour parvenir à ses fins si son coéquipier involontaire pouvait tirer des vers du nez sans frapper du poing sur la table.
”Merde, je fais quand même un peu tache non?”
Il avait sous-estimé le niveau d’insécurité de l’île, ou plutôt il avait mal jugé son accoutrement. Qu’importe sur qui ses yeux se posaient il pouvait toujours voir une arme apparente, des lanières de cuir bardées de poches d’artifices ou des sabres qui pendaient à la ceinture. Tirant sur les manches de sa chemise pour dévoiler les deux cestes et leurs lames pivotantes, Zelevas passa ensuite une petite minute à fourrer le tissus sous les lanières de ses poings pour les laisser apparents en toute circonstance, s’il était un mercenaire il n’était pas déconnant qu’il soit toujours armé et intimidant n’est-ce pas?
”C’est charmant chez toi Iskvar.”
Tandis qu’il prononça le nom du Capitaine, un des hommes poissons qui passait à côté d’eux sur le dock pour remonter la passerelle vers une chaloupe postée plus loin lui adressa un regard étrange, le type arqua ce qui s’apparentait à un semblant de sourcil et Zelevas lui rendit un toisement de ses iris bleu aciers qui portait toute la méfiance et la haine qu’il pouvait y mettre. Un semblant de ‘quoi qu’est-ce que tu veux’ se lisait sur son visage alors qu’il laissa l’espèce de demi-triton s’éloigner sans esclandre.
”Et hospitalier.” Il se tourna ensuite vers Iskvar. ”Je te suis. Par où? Et qui?”
Citoyen du monde
Altarus Aearon
Messages : 414
crédits : 1474
crédits : 1474
Info personnage
Race: Humain-elfe
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
Le Capitaine s'était contenté de garder le silence, pendant que son allié du moment, si ce n'était pas pour dire de circonstances, paraissait s'impatienter. Était-ce du stress ? De la peur ? Le Limier se retrouvait dans la tanière même des ennemis de la république, sans la possibilité d'exfiltration de la part de ses pairs. Il était seul, devant confier sa vie à la bonne volonté d'un pirate qui voulait la même chose que lui : la tête de Zmeï. Mais est-ce que cette cible commune était-elle suffisamment solide pour que le jeune Républicain puisse refouler les terres de sa nation après cette rude mission. Cela pourrait expliquer son côté quelque peu fébrile...
Altarus le regarda un instant. Non, cet humain n'avait pas peur, même si cela devait être sa toute première venue à Kaizoku, dans ce grand nœud de nid de vipère. Il le revoyait encore sur la frégate, s'étant amené seul à son bord pour choper sa cible. Du courage né d'un grain de folie, sans doute. Le propre de tous les Limiers ? Il en doutait. Celui-ci avait quelque chose de plus. Un Limier moins intelligent, moins stratégique, aurait visé à le pourfendre, au lieu de se lier à lui. Lui aussi n'avait aucune certitude de comment cette alliance se terminerait. Chaque chose viendra en son temps.
"Tu feras tache si tu crois que tu dépeins totalement dans ce qui t'environne"finit-il par dire en toute simplicité, réussissant sans peine à ne pas le surnommer "Limier".
Il détourna son regard quelques instants vers son brick, qui était ancré là-bas. Il était tiraillé entre son désir de s'assurer de l'état de son équipage et sa soif d'occire Zmeï. Au moment de répondre à une autre de ses interrogations pressantes, il observa l'échange oculaire qui se fit entre le Limier et un hybride qu'on pourrait aisément prendre pour un triton. Le pirate sourcilla à cette montée de tension, avant de voir le pirate à la peau squameuse partir sans demander son reste. Les yeux et les oreilles des Frères de Côte et de bien des capitaines ne manquent pas ici. Cet écailleux poiscailleux pourrait très bien en être un... ou pas. Là aussi, il verra comment les choses évolueront. Et le Républicain qui jouait de sarcasme sur l'hospitalité locale...
"Chaque chose en son temps. N'oublie pas notre contrat, ou tu ne t'auras pas ta paie, le merco' " fit-il en haussant le ton, tout en portant un regard des plus insistants dans celui de son compagnon, pour qu'il saisisse son rôle du moment. On n'était pas à l'abri d'oreilles indiscrètes, même si l'autre poisqueux s'était éloigné. À un moment ou un autre, le fort désir d'Altarus d'occire Zmeï deviendra rapidement une rumeur, qui enflera comme la marée, avant de se fracasser dans la cité portuaire en une histoire véridique. Altarus comprenait l'envie du Limier d'en finir avec ce sale forban, mais à trop précipiter les choses, c'est la mort qui pouvait lever sa bannière pour acquérir leur vie.
"Avant, je vais m'enquérir de l'état de mes hommes, et de l'état de mon brick. Suis moi et surtout, évite les provocations. Un rien suffira à justifier qu'un pirate, enivré ou sobre, souhaite t'offrir un second sourire parce que tu l'auras regardé une seconde de trop. Les ignorer suffira amplement "
Il ne fallut guère de temps pour le Capitaine et son "acolyte" pour rejoindre la plage où se trouvaient ses marins, qui squattaient un vieux baraquement de pêcheurs. Certains jouaient aux cartes en rigolant, un autre changeait les pansements d'un bras ou d'une jambe. À sa première observation, l'échec de leur attaque ne semblait pas avoir ruiné le moral de ses hommes, comme d'avoir anéanti de leur nombre.
Un humain d'une cinquantaine d'années s'approcha du duo hétéroclite d'un pas déterminé. Sa chevelure poivre-sel donnait l'impression qu'il était plus vieux et plus ridé que le demi-elfe lui-même. Une fois devant son capitaine, il écarta ses bras comme pour se préparer à offrir une chaleureuse accolade.
"Capitaine ! On s'inquiétait ! Vous êtes vivant !"
Devant le stoïcisme de son chef, il rabaissa ses bras, un peu penaud.
"Hum, pardon. La joie de vous revoir, tout cela quoi… Ravi de vous revoir en tout cas"
"Le ressenti est partagé, Teurnik. J'ai redouté que tous aient rejoint le fond des mets. "
"On est trop indigeste pour elle, pour l'instant" Ricana le quinquagénaire.
Altarus se retint d'avoir un léger rictus souriant à ses lèvres.
"Hum... C'est qui ce gugusse ? "
Ah oui, le Limier.
"Un mercenaire que j'ai recruté... après avoir été récupéré par un navire marchant neutre. "
"Neutre ? Ca existe ? " Teurnik ricana. " Désolé Capitaine, les nerfs, vous savez quoi... T'es pas un peu jeunot pour être merco toi , "
"Ne te fie pas aux apparences..."
"Evid'mment ! Sinon, vous ne l'auriez pas recruté. Suis-je stupide... " Le vieillot regarda Zelevas. "Bon bon... bienvenue à bord alors ? "
"Le temps qu'on retrouve Zmeï... Compte rendu ? "
"Y a que nous qui avons pu nous en sortir sur les trois navires prévus pour la frégate" le ton était devenu sérieux". J'ai déploré plusieurs pertes durant l'abordage. Nous avons perdu cinq valeureux marins, principalement avec le naufrage de cette frégate pourrie ! Retrouvez Zmeï et faites lui sentir qu'un navire, ca se respecte... et pour les hommes aussi... ! "
"Bien entendu... Et le navire ? "
"La mer a été clémente. Il n'est pas trop abîmé... "
"Bien. Je te laisse organiser les réparations. Je veux reprendre la mer au plus tôt. Veille aussi au ravitaillement. "
"Vous connaissant, Capitaine, vous allez chercher cet enflure ? Prenez quelques hommes et...."
"Je ne suis pas seul, merci de ta sollicitude. "
"Mais c'est qu'un gamin ! " balança Teurnik en fixant froidement le Limier.
"Qui en aurait à t'apprendre... et surtout auprès des femmes.... "
Teurnik piqua un fard bien rouge et comprit qu'il ne pouvait pas plus insister.
"Faites attention quand même, Capitaine ! "
Altarus hocha de la tête, fit signe silencieusement au Limier de le suivre et il prit la direction de la suite de la côte qui s'éloignait plus encore de la cité pirate, vers les bordures un peu plus sauvages de l'île.
Une fois certain d'être assez éloigné de toute présence humaine, Altarus reprit la parole.
"Il y a un recoin isolé, un peu loin encore. Un manoir en ruine un peu plus loin, qu'un frère de Côte a fait construire il y a quelques décennies. Et qu'il a fini par négliger pour d'obscures raisons. Mais passons les détails. Il peut y mener ses petites affaires sans être emmerdé par la concurrence... S'il est là, le pirate que je cherche se nomme Bigorneau. Je te demanderai qu'une seule chose..."
Il darda ses yeux bleu acier sur Zelevas
"Evite de jouer les héros...Si tu sens la colère, la rage ou tout semblant d'émotions de ce genre te prendre en voyant Bigorneau, serres les dents et patiente.... "
Les descriptions de la jeune élémentaire de métal n'avaient fait aucun doute. Maintenant, restait à voir comment aborder la problématique avec ce foutu pirate tentaculaire. Il n'avait jamais réellement été en bons termes avec Bigorneau, qui avait SA vision de la piraterie. Il avait surtout des manies de pirate qui déplaisaient à Altarus, comme l'esclavage. Et de couvrir des êtres immondes comme Zmeï. Si le mollusque à deux pattes n'était pas présent, peut-être qu'un de ses sbires pourrait leur apprendre où trouver ce sale rat de Zmeï.
Altarus le regarda un instant. Non, cet humain n'avait pas peur, même si cela devait être sa toute première venue à Kaizoku, dans ce grand nœud de nid de vipère. Il le revoyait encore sur la frégate, s'étant amené seul à son bord pour choper sa cible. Du courage né d'un grain de folie, sans doute. Le propre de tous les Limiers ? Il en doutait. Celui-ci avait quelque chose de plus. Un Limier moins intelligent, moins stratégique, aurait visé à le pourfendre, au lieu de se lier à lui. Lui aussi n'avait aucune certitude de comment cette alliance se terminerait. Chaque chose viendra en son temps.
"Tu feras tache si tu crois que tu dépeins totalement dans ce qui t'environne"finit-il par dire en toute simplicité, réussissant sans peine à ne pas le surnommer "Limier".
Il détourna son regard quelques instants vers son brick, qui était ancré là-bas. Il était tiraillé entre son désir de s'assurer de l'état de son équipage et sa soif d'occire Zmeï. Au moment de répondre à une autre de ses interrogations pressantes, il observa l'échange oculaire qui se fit entre le Limier et un hybride qu'on pourrait aisément prendre pour un triton. Le pirate sourcilla à cette montée de tension, avant de voir le pirate à la peau squameuse partir sans demander son reste. Les yeux et les oreilles des Frères de Côte et de bien des capitaines ne manquent pas ici. Cet écailleux poiscailleux pourrait très bien en être un... ou pas. Là aussi, il verra comment les choses évolueront. Et le Républicain qui jouait de sarcasme sur l'hospitalité locale...
"Chaque chose en son temps. N'oublie pas notre contrat, ou tu ne t'auras pas ta paie, le merco' " fit-il en haussant le ton, tout en portant un regard des plus insistants dans celui de son compagnon, pour qu'il saisisse son rôle du moment. On n'était pas à l'abri d'oreilles indiscrètes, même si l'autre poisqueux s'était éloigné. À un moment ou un autre, le fort désir d'Altarus d'occire Zmeï deviendra rapidement une rumeur, qui enflera comme la marée, avant de se fracasser dans la cité portuaire en une histoire véridique. Altarus comprenait l'envie du Limier d'en finir avec ce sale forban, mais à trop précipiter les choses, c'est la mort qui pouvait lever sa bannière pour acquérir leur vie.
"Avant, je vais m'enquérir de l'état de mes hommes, et de l'état de mon brick. Suis moi et surtout, évite les provocations. Un rien suffira à justifier qu'un pirate, enivré ou sobre, souhaite t'offrir un second sourire parce que tu l'auras regardé une seconde de trop. Les ignorer suffira amplement "
Il ne fallut guère de temps pour le Capitaine et son "acolyte" pour rejoindre la plage où se trouvaient ses marins, qui squattaient un vieux baraquement de pêcheurs. Certains jouaient aux cartes en rigolant, un autre changeait les pansements d'un bras ou d'une jambe. À sa première observation, l'échec de leur attaque ne semblait pas avoir ruiné le moral de ses hommes, comme d'avoir anéanti de leur nombre.
Un humain d'une cinquantaine d'années s'approcha du duo hétéroclite d'un pas déterminé. Sa chevelure poivre-sel donnait l'impression qu'il était plus vieux et plus ridé que le demi-elfe lui-même. Une fois devant son capitaine, il écarta ses bras comme pour se préparer à offrir une chaleureuse accolade.
"Capitaine ! On s'inquiétait ! Vous êtes vivant !"
Devant le stoïcisme de son chef, il rabaissa ses bras, un peu penaud.
"Hum, pardon. La joie de vous revoir, tout cela quoi… Ravi de vous revoir en tout cas"
"Le ressenti est partagé, Teurnik. J'ai redouté que tous aient rejoint le fond des mets. "
"On est trop indigeste pour elle, pour l'instant" Ricana le quinquagénaire.
Altarus se retint d'avoir un léger rictus souriant à ses lèvres.
"Hum... C'est qui ce gugusse ? "
Ah oui, le Limier.
"Un mercenaire que j'ai recruté... après avoir été récupéré par un navire marchant neutre. "
"Neutre ? Ca existe ? " Teurnik ricana. " Désolé Capitaine, les nerfs, vous savez quoi... T'es pas un peu jeunot pour être merco toi , "
"Ne te fie pas aux apparences..."
"Evid'mment ! Sinon, vous ne l'auriez pas recruté. Suis-je stupide... " Le vieillot regarda Zelevas. "Bon bon... bienvenue à bord alors ? "
"Le temps qu'on retrouve Zmeï... Compte rendu ? "
"Y a que nous qui avons pu nous en sortir sur les trois navires prévus pour la frégate" le ton était devenu sérieux". J'ai déploré plusieurs pertes durant l'abordage. Nous avons perdu cinq valeureux marins, principalement avec le naufrage de cette frégate pourrie ! Retrouvez Zmeï et faites lui sentir qu'un navire, ca se respecte... et pour les hommes aussi... ! "
"Bien entendu... Et le navire ? "
"La mer a été clémente. Il n'est pas trop abîmé... "
"Bien. Je te laisse organiser les réparations. Je veux reprendre la mer au plus tôt. Veille aussi au ravitaillement. "
"Vous connaissant, Capitaine, vous allez chercher cet enflure ? Prenez quelques hommes et...."
"Je ne suis pas seul, merci de ta sollicitude. "
"Mais c'est qu'un gamin ! " balança Teurnik en fixant froidement le Limier.
"Qui en aurait à t'apprendre... et surtout auprès des femmes.... "
Teurnik piqua un fard bien rouge et comprit qu'il ne pouvait pas plus insister.
"Faites attention quand même, Capitaine ! "
Altarus hocha de la tête, fit signe silencieusement au Limier de le suivre et il prit la direction de la suite de la côte qui s'éloignait plus encore de la cité pirate, vers les bordures un peu plus sauvages de l'île.
Une fois certain d'être assez éloigné de toute présence humaine, Altarus reprit la parole.
"Il y a un recoin isolé, un peu loin encore. Un manoir en ruine un peu plus loin, qu'un frère de Côte a fait construire il y a quelques décennies. Et qu'il a fini par négliger pour d'obscures raisons. Mais passons les détails. Il peut y mener ses petites affaires sans être emmerdé par la concurrence... S'il est là, le pirate que je cherche se nomme Bigorneau. Je te demanderai qu'une seule chose..."
Il darda ses yeux bleu acier sur Zelevas
"Evite de jouer les héros...Si tu sens la colère, la rage ou tout semblant d'émotions de ce genre te prendre en voyant Bigorneau, serres les dents et patiente.... "
Les descriptions de la jeune élémentaire de métal n'avaient fait aucun doute. Maintenant, restait à voir comment aborder la problématique avec ce foutu pirate tentaculaire. Il n'avait jamais réellement été en bons termes avec Bigorneau, qui avait SA vision de la piraterie. Il avait surtout des manies de pirate qui déplaisaient à Altarus, comme l'esclavage. Et de couvrir des êtres immondes comme Zmeï. Si le mollusque à deux pattes n'était pas présent, peut-être qu'un de ses sbires pourrait leur apprendre où trouver ce sale rat de Zmeï.
Zelevas sourit en retroussant sa lèvre supérieure en entendant Iskvar recaler son matelot devant lui, les bras croisés, les mains sur les coudes et la chemise tendue contre sa peau à cause des lanières de ses cestes, le pseudo-mercenaire prétend n’en avoir absolument rien à foutre en rigolant moqueusement de l’âpreté bien placée du membre d’équipage du Capitaine. Il regarde machinalement l’agitation du port pour éviter de trop se focaliser sur la conversation à côté de lui et attend patiemment comme le bon garde du corps qu’il incarne désormais. Le d’Élusie peut sentir sa mâchoire commencer à le démanger tandis qu’une certaine nervosité s’installe par manque de tabac, son pieds en témoigne en commençant doucement à battre une rapide mesure contre le plancher du dock. Un dernier sourire en coin et un regard espiègle attrapent l’attention du matelot congédié par le pirate grâce à l’ultime remarque sur ses prouesses auprès de la gente féminine, et Zelevas profite de la perche tendue pour enfoncer un peu plus le clou.
”Mais si tu sais, les femmes, tu vois ce que c’est?” glisse-t’il doucement avec une moue rieuse tout en mimant des seins avec ses mains. Le républicain conclu sa pique par un rire franc tandis qu’il se retourne pour suivre Iskvar en laissant le marin repartir la queue entre ses jambes à défaut d’entre celles d’une gonzesse.
Les deux traqueurs de Nebojsa s’éloignent un peu de l'ambiance effervescente de la marina pour rejoindre une ruelle bien plus calme et Zelevas en profite pour attarder son regard sur l’architecture de l’île. Très peu de pierre dans les constructions, le bois prédomine partout où ses yeux peuvent se poser, composant majoritairement les murs, les toitures, les colonnes de soutènement et les passerelles parfois aériennes qui relient les divers pontons de promenade. Il est intéressant pour le jeune Limier de voir à quel point une cité pourtant clandestine comme Kaizoku a été capable de développer une telle verticalité. Certaines des maisons s’élevant parfois sur trois à quatre grands étages paraissent être des reliquats de section de navire, on y voit clairement les divisions des ponts, les formes ressemblant à des quilles, des proues, des cabines, comme si des navires étaient venus s’échouer ici lors de marées cataclysmiques et qu’on les avait transformé en résidences. Certaines passerelles relient les étages de différents bâtiments, passant en ponts suspendus d’un côté à l’autre de la rue en un croisement méli-mélo qui donne au quartier des apparences de véritable jungle urbaine. Pas étonnant que la République ait autant de mal à conduire des opérations militaires dans la cité, si tout les quartiers s’articulaient de façon aussi alambiquée, l’avantage du terrain qu’auraient les pirates en cas de guérilla ne faisait aucun doute.
Malgré la froideur et la brutalité dont il a pu faire preuve auparavant, le Limier observe avec un mélange de curiosité et d’intérêt les différents passants aux apparences hétéroclites naviguer ces dédales superposés de pontons et de chemins de cordages, chacun paraît occupé à ses petites affaires, il peut en voir tanner du cuir, dépecer des bêtes aquatiques, faire sécher de la graisse… une vie dure et laborieuse pour laquelle Zelevas ressent tout de même un certain respect, mais il ne peut s’empêcher de se faire la remarque que tout ces gens ont forcément quelque chose à se reprocher pour avoir élu domicile ici. En marchant aux côtés d’Iskvar, il se plaît à imaginer les inculpations potentielles selon les têtes des clients, et si pour certains l’usage de drogues ou les combats menés se lisent littéralement sur leurs corps, il voit tout de même bon nombre de simples civils qui ont l’air tout droit sortis d’un village côtier républicain. Des gens avec des apparences d’honnêtes citoyens. Au fur et à mesure qu’ils s’éloignaient du port l’activité des rues se fait de plus en plus paisible et le Capitaine vient bientôt murmurer à l’oreille du Limier pour tout de même l’informer qu’il sait où ils se rendent. Zelevas hausse un sourcil interrogateur en entendant le pirate préciser cette fois un détail important:
”Attend, Bigorneau c’est son prénom? Je croyais que c’était toi qui le raillait, mais c’est pas un crustacé ça? Ou un coquillage?” Et puis surtout, un bigorneau c’est ridicule, ça n’a rien d’intimidant. Soit c’est une petite frappe de rien du tout atteint du syndrôme des os de verres, soit… ”Ça marche.” … c’est un sacré fils de pute qui fait passer le savon d’un petit nom mignon sur la crasse de sa sale gueule, et à en croire l’ultime mise en garde d’Iskvar, ça ressemble plus à la deuxième option. Ils continuent d’avancer mais le Limier voit l’air dubitatif que son meneur lui adresse. ”Ça va, on dirait pas mais je sais me tenir.”
Il vient de la noblesse après tout, mais ça il se garde bien d’en informer le pirate. Il y a déjà suffisamment de motif pour que celui-ci soit certainement tenté de l’abandonner sur le bas côté d’une ruelle sombre pour le laisser se faire suriner par toute la ville, pas la peine d’en rajouter. Si jamais il se fait capturer et que sa couverture aura sauté ce sera en revanche un détail peut-être salvateur au cas où il espère se faire rançonner plutôt qu’égorger.
Les habitations de Kaizoku se font de plus en plus espacées au fil de leur progression, Zelevas remarque ainsi la présence de petits jardins, certains sont plus ou moins fleuris, d’autres complètement laissés à l’abandon, quelques alambiques de distillation sont visibles ça et là et chaque jardin possède un coquet stock de fût là où en République, une pile de bois en prévision de l’hiver trônerait plutôt fièrement. Il se retint de poser des questions à Iskvar, il aurait aimé savoir si les saisons froides étaient plutôt rudes sur l’île pour assouvir la simple soif de connaissance puisqu’il découvrait inévitablement les coutumes de l’île, mais étrangement des questions aussi basiques se révélaient terriblement dangereuses. Il est censé être un mercenaire, potentiellement quelqu’un d’habitué à Kaizoku et ce genre d’informations constitueraient normalement des trivialités pour le jeune Limier. C’est donc plutôt en compagnie d’Iskvar et de ce bon vieux silence fidèle et fiable qu’il poursuit sa route.
Ils arrivent bientôt à un carrefour assez imposant et en suivant le doigt tendu par le Capitaine, Zelevas tourne sa tête pour écarquiller ses yeux et lâcher un ”Ça?” peut-être un brin condescendant. Quand le pirate avait parlé de Manoir, le d’Élusie forcément habitué aux immenses domaines des Six Grandes Familles de la République et du milieu noble visualisait quelque chose aux proportions bien plus dantesques que ce qui se présentait à eux au bout du sentier périphérique de la ville. En même temps, maintenant qu’il le voit, Zelevas se demande bien à quoi il s’attendait. Rien que la logistique pour faire importer la pierre jusqu’ici, quand bien même il existerait une carrière sur l’archipel, restait un défi technique et contraignant pour les activités douteuses d’un Frère des Côtes. C’est en soi déjà assez impressionnant que la construction soit en pierre et non en bois comme tout le reste de la cité pirate, et même si la bâtisse pâlit inévitablement en comparaison des standards irréalistes du Fraternitas, ce qui s’avère plutôt être un grand pavillon de plusieurs boisselées, peut-être trois voir trois et demi, se dresse fièrement en contrastant avec le reste des habitations. Les fenêtres à croisillons imitent ironiquement le style républicain, barrant ici les vitraux en diagonale contrairement à la droiture de la métropole, les tuiles bleues sont indubitablement de la pierre républicaine, certainement achetée sous le manteau directement à la source. Le domaine autour est en revanche bien moins prestigieux que la bâtisse, en plus des hautes herbes qui encerclent le pavillon de part en part, des tonnes de déchets jonchent le sentier et affaissent par endroit le gazon sous des piles de verre brisé, de tuiles cassées, de reste de sable de chantier, de planches fracassées ou de cadavres de bouteille d’alcool.
Zelevas ne dit rien, se contentant de suivre Iskvar parce que sa vie en dépend de plus en plus alors qu’ils approchent de la tanière du loup, et en arrivant à portée d’oreille, ils s’aperçoivent que la porte d’entrée est entrouverte et laisse s’échapper les clameurs égayées d’hommes entrain de passer le temps… et d’autres grondements de ceux qui préfèrent plutôt se jeter à la gorge l’un de l’autre. À entendre les beuglements qui émanent de l’intérieur, les rires, les insultes qui fusent et le grabuge de quelques bagarres ainsi que les encouragements de spectateurs, le d’Élusie sent clairement que tout le monde passe un bon moment.
Les deux compères s’approchent de la porte après avoir monté les quelques marches du perron pavillonnaire et alors que le Capitaine tend sa main en direction de la poignée, la porte explose soudainement en lambeaux, tandis qu’un bougre enguirlandé dans des foulards en satin qui ne lui vont pas le moins du monde vole au travers. Percutant la gauche du tronc de Zelevas, le Limier redirige le projectile humain comme il le peut pour éviter de s’envoyer à terre avec lui et laisse sans considération l’ivrogne aller s’écraser un peu plus loin après s’être vautré dans les escaliers. Il retourne sa tête vers l’intérieur fraîchement dévoilé du pavillon pour voir qu’un oni aux traits découpés au couteau prend tout le cadre de la défunte porte et se retourne en maugréant, alors que de l’autre côté de la pièce à l’entrée un groupe de pirates jubile de la victoire de leur camarade. Le républicain regarde Iskvar enjamber les débris de la porte sans plus d’état d’âme et son supposé garde du corps lui emboîte le pas, découvrant pleinement le bordel monstrueux qui s’étale partout sur ce qui lui est donné de voir. Des espèces de tokage se balancent dangereusement aux lustres dont les bougies vacillantes menacent de tomber à tout moment, projetant des gouttes de cire chaude sur des ivrognes en contrebas déjà bien éméchés pour l’heure de la journée. Les matelots répartis en différents groupes dont Zelevas ne saurait dire s’ils viennent ou non du même équipage sont assis autour de tables lourdement garnies, certaines débordant de pains, de fruits pour la plupart à moitié mangés mais surtout d’alcool. Chopines, carafes, gobelets, bouteilles et même fûts parsèment les tablées et les informent rapidement sur la principale préoccupation des occupants de ces lieux. Le Limier note que l’intérieur du pavillon a subit une légère transformation pour accommoder ses nouveaux propriétaires puisque le sol porte les stigmates des cloisons abattues pour ne former qu’une grande salle d’entrée, tandis que plus loin des escaliers et des couloirs trahissent l’accès à l’étage. En haut du bar improvisé en face de la porte principale, une rambarde en bois indique l’existence d’une mezzanine où on devine également la présence d’autres pirates.
Le jeune homme soupire à la fois pour marquer un détachement ostensible, mais aussi pour évacuer subrepticement sa nervosité, et il jette lentement un regard à Iskvar pour voir si celui-ci trouve son Capitaine Bulot parmis les personnes peuplant le pavillon. Les bouilles des gaillards se retournent naturellement vers les deux nouveaux venus et Zelevas constate aux railleries qui s’élèvent toutes seules qu’Iskvar a sa petite réputation dans le coin, mais le sobriquet qu’il entend ne correspond cependant pas à ce que le demi-elfe lui avait renseigné. Il détourne ses yeux bleus acier des allumés pour sourire au Capitaine et lui dit:
”Et maintenant Altarus?” Pas le moins du monde énervé par le fait que le pirate lui aurait caché son identité jusqu’à présent, Zelevas en profite simplement pour faire un pieds de nez, il se doutait que le nom serait un faux, ça ou bien Altarus était une sorte de nom de scène comme il l’avait initialement cru dans le cas de… de Bigorneau, pas de Bulot. Ça n’a rien à voir.
Quand une voix hagarde au grain râpeux interrompt cependant les esclaffements et les parties de dés pour tonitruer à travers la pièce, le Limier et le Capitaine redressent la tête en direction de la rambarde à l’étage, regardant un bien étrange personnage faire irruption à l’approche des deux nouveaux arrivants.
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L'Amiral Bigorneau
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Info personnage
Race: Elémentaire (Eau)
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Chaotique Mauvais
Rang: B
"ALTARUS... AEARON !"
La voix aussi rauque que tonitruante d'un pirate éméché comme pas deux fusa par dessus celle des autres. S'apparentant davantage au son du goéland étranglé qu'autre chose, la sonorité désagréable hérissa le poil de bon nombre de marins mais suscita tout de même les ricanements de certains. Les pognes cramponnées contre une rambarde de bois, Bigorneau le terrible se révéla au grand jour, sa barbe tentaculaire s'agitant alors que croissait son excitation. D'autres forbans l'imitèrent, s'accoudant eux aussi contre le bois sans doute entretenu pour la dernière fois une décennie plus tôt. Des sourires carnassières apparurent aux quatre coins de la pièce et les rires de hyènes se multiplièrent. On avait flairé l'odeur de l'ennemi.
L'Elémentaire connu notamment pour son appétit pour la chair fraîche effectua un bond félin, s'élevant par dessus la rambarde avec vivacité, espérant bondir dans l'allégresse et l'élégance de l'acrobate expert. Ayant visiblement négligé la distance du saut pour privilégier l'aspect théâtral de son entrée en scène, il réalisa néanmoins lorsque ses semelles entrèrent en contact avec le sol qu'il valait mieux éviter une manœuvre pareille sans s'aider de magie. Le sang lui remonta des gambettes jusqu'aux couilles, serrant son ventre pour lui arracher une grimace de souffrance qu'il maquilla tant bien que mal en se pinçant les lèvres. Le temps que cela passe et qu'il puisse reprendre son souffle, il jeta donc un regard qui se voulait noir au demi-elfe ainsi qu'à son compagnon, ce en luttant comme un beau diable pour se prémunir de la coulée d'une larme de souffrance.
Le pic finit par s'effacer légèrement et le vil gredin, tout en portant instinctivement une main au pommeau de son sabre, soupira un grand coup pour faire passer le contrecoup de sa précédente erreur de calcul. Cela fait, il bomba le torse face à celui qu'il considérait comme un véritable rival et lui offrit une risette malveillante, ce avant d'ouvrir la conversation :
"Que me vaut le déplaisir de ta visite, face de moule ?"
Les relations entre Altarus et Bigorneau étaient pour le moins aussi houleuses que les vagues qu'ils domptaient à bord de leurs navires respectifs. Il y avait du bien mauvais sang entre eux et s'ils étaient souvent amenés à collaborer ou à s'attabler ensemble, on se demandait tout de même systématiquement qui des deux allait finir par poignarder l'autre. Les yeux filous du Fléau des Océans dardèrent ceux du jeune inconnu et, après avoir passé sa langue grisâtre contre ses crocs supérieurs, Bigorneau reporta son attention sur Altarus tout en pointant l'étranger du menton :
"Tu m'amènes de la viande neuve pour le bordel ? Il vaudra pas un clou, il est bien trop laid l'animal."
Les gloussements de baleine s'élevèrent à nouveau dans toute la pièce et Bigorneau s'en amusa, lançant à l'assistance devenue public de son arrogant spectacle des coups d'œil semblant quérir une quelconque validation. Grossier et provocateur, il l'avait toujours été. Sa mine enthousiaste fut brusquement troquée pour une grimace patibulaire et, dans un marmonnement assimilable au grognement d'un vieux mâtin pas jojo, il ajouta en passant d'un extrême à l'autre :
"Assez plaisanté. Qu'est-ce tu m'veux, Altarus ?"
Le changement de ton, comme un signal d'alarme, plomba le cadre général et réinstaura une ambiance profondément tendue. A couteaux tirés, au sens propre comme figuré, les pirates du coin se préparaient à tout.
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Altarus Aearon
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Info personnage
Race: Humain-elfe
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
Teurnik avait été piqué au vif par la réplique moqueuse du prétendu mercenaire. Il avait commencé à voir rouge, mais pas de gêne cette fois... juste de cette colère qui vous donne envie de foutre un gros pain dans le pif d'un homme un peu trop sûr de lui. Mais pour son Capitaine, il ne cherchera pas querelle auprès de ce stupide merco. Son égo avait été mis à mal, c'était vrai. Des femmes, il en avait connu quelques-unes et de belles sauvages aussi. L'autre jeunot en aurait eu à apprendre, tiens, quoiqu'en ait pu dire le Capitaine ! Heureusement que ce dernier se préoccupait plus de la valeur de ses hommes en tant que marin et pirate que de leur performance au lit !
Altarus, pris dans de profondes réflexions, ne s'était pas interposé sur le bête duel d'égo masculin des deux hommes. D'une, parce qu'il avait des priorités plus importantes. Et de deux, son second savait taire son amour-propre en sa présence. Au pire, les deux humains en seraient venus aux insultes, il les aurait tous les deux jetés à la flotte du port pour leur rafraîchir leurs ardeurs. Maintenant, il marchait d'un bon pas, le Limier le suivant de près. Une ou deux fois, il avait accordé un coup d'œil discret dans sa direction, pour l'observer. Le jeune homme paraissait admirer les différentes bâtisses qui composaient le quartier qu'ils étaient en train de franchir ; de quitter même, pour rejoindre les faubourgs extérieurs, un peu plus clairsemés en termes de densité de population et de masures. Il était certain que le décor urbain de Kaizoku, fait de bric, de broc, de récupération en tout genre, devait le changer de l'ordre architectural et de la droiture citadine de sa si chère République. Au moins, arrivait-il à ne pas trop passer pour un étranger du coin, vu qu'il restait sur le qui-vive. Redoutait-il de croiser des têtes recherchées ? Il ne portait pas son masque de Limier, donc il n'avait aucune crainte à se faire reconnaître de certains forbans. Non, il était vigilant, car il était en territoire ennemi. Il n'avait que le demi-elfe comme garant de sa survie en ce milieu hostile.
En venir à collaborer avec un chien du Razkaal pour atteindre son objectif... Qui l'aurait cru ! Si les circonstances s'étaient présentées différentes, aurait-il accepté d'aider ce cul-bleu ? Rien n'était certain. Le passé était le passé, avec ses actes pris, et d'où en découlaient maintenant des effets et des conséquences, qu'ils soient bons ou mauvais. Jusqu'ici, elles n'avaient été que positives. Le Limier tenait sa parole. Altarus tiendrait la sienne. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'il ne fasse pas de conneries. D'ailleurs, il n'y avait que le silence autour, et plus guère de gugusses en aptitude de les écouter ou de les espionner, l'humain paraissait dubitatif sur le nom du pirate qu'ils recherchaient.
"Un nom reste un nom…"Lâcha simplement Altarus.
Pour les oreilles d'un Républicain, un nom comme celui de Bigorneau sonnait plus comme un sobriquet ridiculisant qu'un véritable prénom. Des appellations de ce genre ne manquaient pas parmi les pirates, appréciant à leur manière la simplicité... ou parce que pour certains, le nom correspondait à ce qu'ils étaient. Sauf que pour Bigorneau, on était loin de voir un individu à l'image du mollusque discret, demeurant dans son coin et appréciant la simplicité de la vie comme elle se présentait avec la patience qui lui sied en attendant le retour de la marée haute. L'ironie était que l'élémentaire était plus son contraire.
À la nouvelle réplique du Limier, Altarus l'avait regardé en silence, non sans une certaine insistance. Il était vrai que jusqu'ici, il avait su rester tranquille. S'il affirmait de vive voix qu'il saura se tenir, qu'il en avait fait la démonstration jusqu'ici, alors Altarus concéda à le croire.
Au fur et à mesure de leur progression, on remarqua qu'on était vraiment dans les limites des "faubourgs" de Kaizoku. Le Limier scrutait les environs, comme tantôt. Quand le Capitaine tendit son index pour faire une énorme bâtisse, ce fut pour rajouter à son geste :
"Nous y sommes. "
Le Limier le fixa, incrédule. Le demi-elfe tourna légèrement la tête dans sa direction.
"Oui, ça."
Il n'avait rien d'autre à rajouter. Il prit les devants pour rejoindre la demeure, qui manquait clairement d'entretien. Allez demander à un mollusque d'entretenir un minimum un jardin ou d'engager une femme de ménage pour avoir un environnement propre. Les lieux étaient à l'image de son propriétaire actuel.
En arrivant à hauteur de la porte entrouverte, des rires gras, des clameurs et quelques autres indescriptibles parvenaient aux oreilles des deux arrivants. Ce qui aurait pu être un petit bijou de tranquillité était devenu un repaire d'ivrognes et d'imbéciles, en plus d'être un dépotoir. Altarus tendit sa main gantée vers la poignée de la porte quand cette dernière connut définitivement une fin tragique en s'explosant au passage fulgurant d'un drôle d'endimanché composé de quantité de foulards en satin... Le demi-elfe eut heureusement le temps de faire un pas de côté. Le Limier, lui aussi très réactif, sut attraper le projectile vivant pour lui prolonger son vol chaotique, avant de le laisser s'étaler de tout son long sur les marches de l'escalier extérieur. Le pirate oni présent, se fichant totalement de la présence des deux visiteurs, s'occupa de ce qui restait du cadre de la porte, avant de s'en retourner à l'intérieur, sous les vivas de ses autres compères.
Altarus n'adressa point de regard à l'autre abruti qui gémissait dans son coin. Il enjamba les restes de la porte et pénétra à l'intérieur du manoir. Son regard bleu acier balaya le hall qui était plus un taudis crasseux d'une taverne pour des enivrés sans scrupules, se contrefoutant de la bienséance et de la propreté. Tout ici n'était que chaos, version liberté totale pour des pirates qui agissaient comme bon leur semblait tant que l'alcool était disponible à foison. Altarus n'eut pas besoin d'étudier les lieux pour voir la profusion des bouteilles, de tonnelets et de tout récipient en tout genre apte à être rempli d'alcool. Le demi-elfe cherchait déjà Bigorneau dans cette foule remuante et glapissante.
Il fouilla chaque tablée, pour trouver la lourde silhouette familière de Bigorneau, se fichant éperdument du regard des énergumènes qui s'étaient retournés pour fixer les deux nouveaux venus. Les plus imbibés se plurent à railler le demi-elfe. Altarus les ignora superbement, ses deux mains jointes dans le dos, affichant une posture droite et dédaigneuse à l'égard de ces imbéciles. Les moqueries fusaient ici et là. Quoi de plus étonnant quand on savait que le Capitaine Aearon suivait une voie qui était à l'opposé de celle de celui qu'il était venu chercher ?
Quand le Limier l'interpella sous son vrai prénom, il ne fut point offusqué. Il aurait fini par l'apprendre de toute façon. Et il était loin d'être bête, ce républicain.
"Et maintenant ? Regarde, tu as ta réponse…"
Le demi-elfe leva la tête en même temps que son nom éclata puissamment dans la bouche à la moiteur éthylique de l'élémentaire recherché. Rien que d'entendre le timbre tempétueux et raclant de Bigorneau, Altarus sut qu'il était bien éméché, à l'égal de lui-même et de ses hommes. Parfaitement impavide, il le fixa sur son perchoir de mezzanine, attendant qu'il termine son entrée. Car ce foutu tentaculaire aimait se donner en spectacle. Amuser la galerie était l'une de ses principales compétences. Ses sbires ricanaient déjà de la suite à venir.
Bigorneau sauta sans grande élégance par-dessus la rambarde, qui grinça sous l'effort. Les semelles de ses bottes claquèrent sur le plancher, tellement son atterrissage fut foireux. À voir son faciès qui se tordait, il y aurait eu de quoi en rire, tant les traits de douleur qu'il retenait tordait sa trogne de poulpe. Le demi-elfe se contentait de le regarder, dans un lourd silence. Il n'était pas pirate à se moquer infantilement face à ce comportement puéril. Quelle perte d'énergie, surtout que l'élémentaire la déployait juste pour épater ses hommes. Ça, on ne pourra jamais le nier : il savait captiver les foules !
Après avoir fini avec le jeu de ses grimaces, le poulpeux reprit la parole, cherchant à connaître la raison de la venue d'Altarus. Le demi-elfe affronta son regard, sourcillant à peine. Bigorneau était un redoutable pirate, un fléau des mers, il ne l'avait jamais nié. Cette rivalité existait depuis longtemps et jusqu'ici, les deux capitaines avaient su s'accorder mutuellement une certaine forme de distance. Était-ce une forme de respect ? Possiblement. Mais aujourd'hui, il ne pourra pas laisser couler l'histoire avec les élémentaires qui s'étaient retrouvés enfermés à bord du container sur la frégate de Zmeï Nebjosa. Ses immondes activités avaient été trop loin et avaient empiété sa route.
Quand Bigorneau désigna le Limier dans une plaisanterie au goût douteux, seuls les soudards et autres crétins occupant les lieux ricanèrent grassement. Ils eurent trop fait de vite cesser quand la voix de Bigorneau devint plus dure, plus menaçante. Ce fut là qu'Altarus réduisit la distance entre lui et le tentaculaire. Et cela sans détourner une seule fois le regard, sans marquer la moindre hésitation. Aucune crainte ne luisait à la surface de ses deux yeux qui avaient pris la teinte grisâtre d'une mer qui se préparait à la tempête.
"On dirait que tu fêtes la réussite d'une belle prise, à ce que je constate... "
Quelques secondes de silence.
"Ce que je veux ? "
Il tendit légèrement la tête vers le Limier, qui aurait perçu la pression monter d'un cran avec tous ces bourrés de pirates qui s'étaient tus, certains portant leur main proche de leur dague ou de leur épée.
"Où est Nebjosa ? C'est lui que je veux et je sais qu'il travaille encore pour toi... "
Ses sourcils grisonnants se froncèrent légèrement.
"Ton petit chien a dérapé une fois de trop, Bigorneau. Que tu joues de trafics en tout genre, cela ne regarde que toi ! Mais quand cela commence à menacer mes activités et mes hommes, "
Ses mâchoires se crispèrent.
"Si tu veux t'amuser à t'envoyer en l'air avec de l'alcool d'élémentaire, c'est ton problème. Fais-lee avec ton propre sang visqueux, celui de tes marins ou de leurs conquêtes, peu m'importe. Ce n'est que folie que de capturer des élémentaires républicains. À moins que tu commences à trop t'ennuyer et que tu souhaites voir plus de navires de la SSG patrouiller dans les parages ? "
Et là, son ton se durcit.
"Donne-moi Zmeï et cesse ce trafic inhumain. Ah et j'omettais... ce que tu nommes de la viande neuve n'est pas pour ton bordel personnel. C'est un de mes hommes. Lui aussi a un compte personnel à régler avec cet enfoiré..."
Et connaissant très bien Bigorneau, il anticipa sa réaction.
"Refuse de me le livrer, et je réglerai les comptes directement avec toi"
Citoyen du monde
L'Amiral Bigorneau
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Info personnage
Race: Elémentaire (Eau)
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Chaotique Mauvais
Rang: B
La grimace sinistre de Bigorneau ne fit que s'affirmer lorsqu'Altarus, avec une considérable audace, jugea bon de provoquer directement l'Elémentaire en s'en prenant à son petit commerce. Jetant des regards en biais furtifs à ses hommes de main, l'Amiral cherchait peu distraitement le concerné, l'objet des désirs du demi-elfe borgne ainsi que de son jeune camarade. Il y avait toujours eu, ou du moins depuis si longtemps que le vieux briscard peinait à se souvenir des prémices, une violente rivalité entre le gaillard au cœur trop noble pour être pirate et le damné dont la folie n'avait d'égale que son bellicisme.
"Zmeï... ZmeïZmeïZmeï. C'est agaçant, comme nom. A prononcer j'veux dire. Zmeï... Ca pique la langue, presque."
L'Elémentaire se mit à marcher, faisant les cent pas autour des deux intrus tel un requin décrivant des cercles autour d'une proie. Les abîmés du bocal faisant office d'entourage pour le marin possédé faisaient mine de rien mais, dans leurs mines patibulaires et dans leur attitude de carnassier se lisait une furieuse envie de fondre à l'unisson sur le duo ayant eu la déraison de fouler le sol de l'établissement corrompu jusqu'aux fondations. Altarus n'avait qu'un œil, mais celui-ci était bien assez perçant pour apercevoir la main de l'Amiral qui venait de glisser d'un ceinturon jusqu'au pommeau d'un sabre magnifiquement orné d'émeraude et d'or. Nonchalant, voir moqueur, Bigorneau renchérit :
"Il est vrai que certains de mes p'tiots ont tendance à se montrer trop entreprenants, un poil filous même. Il n'empêche que..."
Avec une vivacité dépassant de loin l'aptitude du commun des mortels, l'Amiral effectua une rotation si abrupte que ses mouvements se firent difficilement lisible. Filant si vite que lorsqu'il s'arrêta, son manteau fut agité par une violente bourrasque; le pirate se trouva nez-à-nez avec son colérique interlocuteur. Le sabre, tiré à son fourreau dans un sifflement aigu, vibrait désormais juste en dessous du menton d'Altarus. Ce dernier n'avait pas bougé d'un pouce et son inaction, de toute évidence, n'était du fait de la faiblesse et encore moins de la surprise. Le borgne avait laissé l'autre forban faire car il savait mieux que quiconque qu'il n'était pas dans l'intérêt de Bigorneau de déclencher si violemment une guerre fratricide. Menaçant au possible, l'Amiral appliqua la pointe de son arme contre la peau de son rival et se pencha lentement en avant, ce pour ensuite vociférer :
"Méfie toi de l'eau qui dort, Altarus. La surface a l'air calme, mais les courants ont tôt fait d'emporter les audacieux."
Loin de s'apaiser, Bigorneau esquissa un bref geste du menton pour pointer la rambarde séparant le rez-de-chaussée de l'étage supérieur. Une poignée de brigands se sentirent concernés et se rapprochèrent naturellement pour s'assurer d'entendre la directive qui n'allait pas manquer de suivre. Ce fut, au contraire de toute attente, la cible des recherches qui fut interpelée :
"Nebosja, descend."
Tous échangèrent des œillades appuyées et surtout bien interloquées, ne sachant pas ce qu'allait accomplir l'Amiral en faisant intervenir celui que voulait emporter leur adversaire. A la surprise générale, celui-ci apparut en repoussant la foule de crapules puis s'exécuta posément, dévalant les marches à un rythme tout à fait mesuré. Une dague dans la patte, l'air tranquille ou goguenard, Zmeï vint normalement se poster sur les flancs de son seul supérieur hiérarchique et attendit le signal, espérant sans doute que Bigorneau allait l'autoriser à écorcher les deux énergumènes :
"Tu pars avec eux."
Qu'il lança arbitrairement, ce sur un ton qui ne laissait aucune place à l'humour et encore moins à toute forme de négociation. Le concerné, médusé, cessa de jongler avec son arme et s'orienta vers l'Amiral; tout à fait confus :
"Hein ?"
"Tu m'as entendu, jeune."
"Mais Amira..."
Il n'eut pas la moindre seconde pour se défendre. Sans retirer la pointe de son sabre du cou d'Altarus, Bigorneau tendit son autre main en direction de Zmeï et d'un seul coup, un immense tentacule aqueux se manifesta du vide pour venir enserrer la gorge de Nebosja, le verrouillant sur place brutalement tout en l'étouffant dans une irrespirable masse d'eau mouvante. Soutenant l'œil du borgne avec un air de profonde colère, Bigorneau n'accorda aucune attention aux gargouillements de sa victime en devenir et reprit son discours avec cruauté :
"Trafiquer, c'est l'métier. Il serait temps que tu l'apprennes, Altarus. Le faire dans l'dos de son Capitaine en taisant les détails juteux, en revanche; ça s'appelle de l'idiotie. Tu vas servir d'exemple, garçon. J'te souhaite de survivre, au moins assez longtemps pour assimiler l'importance d'une telle leçon."
Les gémissements à peine audibles se changèrent en grognements rauques et Bigorneau, finalement, leva le sort pour laisser le gaillard s'écrouler dans une douloureuse tentative de retrouver un peu d'air, non sans avoir au préalable vomi une belle quantité d'eau salée. A quatre pattes, à deux doigts du malaise, le pauvre Nebosja allait servir une ultime fois pour l'Amiral :
"J'te le donne, Altarus. Mais y'a pas d'cadeau entre nous."
Il rangea avec la vivacité du tigre son sabre trop affuté, puis remplaça la menace par une main tendue amicalement ainsi qu'un vil sourire aux lèvres :
"Une âme... contre un service. J'ai votre parole, Cap'taine ?"
"Zmeï... ZmeïZmeïZmeï. C'est agaçant, comme nom. A prononcer j'veux dire. Zmeï... Ca pique la langue, presque."
L'Elémentaire se mit à marcher, faisant les cent pas autour des deux intrus tel un requin décrivant des cercles autour d'une proie. Les abîmés du bocal faisant office d'entourage pour le marin possédé faisaient mine de rien mais, dans leurs mines patibulaires et dans leur attitude de carnassier se lisait une furieuse envie de fondre à l'unisson sur le duo ayant eu la déraison de fouler le sol de l'établissement corrompu jusqu'aux fondations. Altarus n'avait qu'un œil, mais celui-ci était bien assez perçant pour apercevoir la main de l'Amiral qui venait de glisser d'un ceinturon jusqu'au pommeau d'un sabre magnifiquement orné d'émeraude et d'or. Nonchalant, voir moqueur, Bigorneau renchérit :
"Il est vrai que certains de mes p'tiots ont tendance à se montrer trop entreprenants, un poil filous même. Il n'empêche que..."
Avec une vivacité dépassant de loin l'aptitude du commun des mortels, l'Amiral effectua une rotation si abrupte que ses mouvements se firent difficilement lisible. Filant si vite que lorsqu'il s'arrêta, son manteau fut agité par une violente bourrasque; le pirate se trouva nez-à-nez avec son colérique interlocuteur. Le sabre, tiré à son fourreau dans un sifflement aigu, vibrait désormais juste en dessous du menton d'Altarus. Ce dernier n'avait pas bougé d'un pouce et son inaction, de toute évidence, n'était du fait de la faiblesse et encore moins de la surprise. Le borgne avait laissé l'autre forban faire car il savait mieux que quiconque qu'il n'était pas dans l'intérêt de Bigorneau de déclencher si violemment une guerre fratricide. Menaçant au possible, l'Amiral appliqua la pointe de son arme contre la peau de son rival et se pencha lentement en avant, ce pour ensuite vociférer :
"Méfie toi de l'eau qui dort, Altarus. La surface a l'air calme, mais les courants ont tôt fait d'emporter les audacieux."
Loin de s'apaiser, Bigorneau esquissa un bref geste du menton pour pointer la rambarde séparant le rez-de-chaussée de l'étage supérieur. Une poignée de brigands se sentirent concernés et se rapprochèrent naturellement pour s'assurer d'entendre la directive qui n'allait pas manquer de suivre. Ce fut, au contraire de toute attente, la cible des recherches qui fut interpelée :
"Nebosja, descend."
Tous échangèrent des œillades appuyées et surtout bien interloquées, ne sachant pas ce qu'allait accomplir l'Amiral en faisant intervenir celui que voulait emporter leur adversaire. A la surprise générale, celui-ci apparut en repoussant la foule de crapules puis s'exécuta posément, dévalant les marches à un rythme tout à fait mesuré. Une dague dans la patte, l'air tranquille ou goguenard, Zmeï vint normalement se poster sur les flancs de son seul supérieur hiérarchique et attendit le signal, espérant sans doute que Bigorneau allait l'autoriser à écorcher les deux énergumènes :
"Tu pars avec eux."
Qu'il lança arbitrairement, ce sur un ton qui ne laissait aucune place à l'humour et encore moins à toute forme de négociation. Le concerné, médusé, cessa de jongler avec son arme et s'orienta vers l'Amiral; tout à fait confus :
"Hein ?"
"Tu m'as entendu, jeune."
"Mais Amira..."
Il n'eut pas la moindre seconde pour se défendre. Sans retirer la pointe de son sabre du cou d'Altarus, Bigorneau tendit son autre main en direction de Zmeï et d'un seul coup, un immense tentacule aqueux se manifesta du vide pour venir enserrer la gorge de Nebosja, le verrouillant sur place brutalement tout en l'étouffant dans une irrespirable masse d'eau mouvante. Soutenant l'œil du borgne avec un air de profonde colère, Bigorneau n'accorda aucune attention aux gargouillements de sa victime en devenir et reprit son discours avec cruauté :
"Trafiquer, c'est l'métier. Il serait temps que tu l'apprennes, Altarus. Le faire dans l'dos de son Capitaine en taisant les détails juteux, en revanche; ça s'appelle de l'idiotie. Tu vas servir d'exemple, garçon. J'te souhaite de survivre, au moins assez longtemps pour assimiler l'importance d'une telle leçon."
Les gémissements à peine audibles se changèrent en grognements rauques et Bigorneau, finalement, leva le sort pour laisser le gaillard s'écrouler dans une douloureuse tentative de retrouver un peu d'air, non sans avoir au préalable vomi une belle quantité d'eau salée. A quatre pattes, à deux doigts du malaise, le pauvre Nebosja allait servir une ultime fois pour l'Amiral :
"J'te le donne, Altarus. Mais y'a pas d'cadeau entre nous."
Il rangea avec la vivacité du tigre son sabre trop affuté, puis remplaça la menace par une main tendue amicalement ainsi qu'un vil sourire aux lèvres :
"Une âme... contre un service. J'ai votre parole, Cap'taine ?"
La tension est palpable quand Zelevas pénètre à l’intérieur du gourbi en compagnie d’Altarus, les pirates qui vaquent à leurs occupations sont tours à cran après leur arrivée et le Limier voit bien l’hostilité palpable que suscite le Capitaine en ces lieux. Sa considération à son égard augmente cependant d’un écran lorsqu’il voit venir le pitre ambulant à moitié éméché qu’est le Capitaine Bigorneau, la comparaison de stature et de prestance entre les deux est plus que flagrante, mais le jeune homme sait que se fier simplement aux apparences et aux manières lorsqu’on cause des dégénérés de hors la loi revient à enfiler une paire d’oeillères et à avancer droit vers l’abattoir. À la fois plongé dans son rôle de garde du corps mais aussi très investi dans le noble but de sortir d’ici en vie, le Limier respecte sagement l’instruction du Capitaine et reste muet comme une tombe pendant que les deux forbans “discutent” plus ou moins calmement. Le chien du Razkaal dirige son regard sur les différents flibustiers qui sont clairement aux aguets, certains prêt à réagir au quart de tour à la moindre injonction de leur Capitaine élémentaire aussi pourri que ses chicots. En voyant les mains se porter sur les gardes des sabres et des cimeterres, Zelevas décroise nonchalamment les bras et joue de ses poignets avec un air absent pour faire tournoyer les lames de ses cestes comme les pales d’un moulin. Bien qu’ils soient en infériorité numérique, ils ne vont pas se laisser faire pour autant, la vermine a quand même l’air de reconnaître le demi-elfe donc ils doivent sans doute être au courant qu’il maîtrise de la magie, et si un type comme lui récupère un mercenaire au lieu de faire appel à un de ses membres d’équipage c’est que le gaillard doit nécessairement être un peu costaud. Ils ne se laisseront pas faire.
Ce n’est qu’à l’instant d’après quand l’élémentaire fou comme un Drakyn sans prozac se jette sur Altarus le sabre au clair que la situation s’escalade d’un gros cran, Zelevas réagit sur l’instant en verrouillant les lames de ses cestes dans ses poignes, brandissant ses mains armées en opposition aux pirates qui se lèvent brusquement de leur chaise en dégainant eux-aussi. L’ambiance est tellement lourde qu’on pourrait se la prendre sur le pieds, et si les hostilités sont maintenant affichées franchement il demeure toujours une attente bizarre alors que les piétailles criminelles attendent le feu définitif de leur chef. Zelevas, même si l’envie ne lui manque pas de se lancer dans un affrontement contre cette racaille des mers qu’il aimerait voir voguer dans leur propre sang, se retient encore une fois tant que le combat n’éclate pas pour de bon. Il alterne son regard alerte et ses sourcils froncés entre les autres forbans tendus et la figure d’Altarus qui reste miraculeusement stoïque devant la menace qui lui est proférée. Quelque part derrière l’air combattif et concentré du Limier il y a une lueur d’incompréhension qui luit, c’est qui exactement ce type? Iskvar, Altarus, le Capitaine, qu’importe le blaze dont il finit par s’affubler, comment peut-il être aussi serein? Visiblement il s’agit ou bien de quelqu’un qui connait bien le boug-orneau, ou bien d’un pirate beaucoup plus influent au sein de l’île que ce que ne l’avait d’abord cru Zelevas, sinon impensable pour le républicain qu’il puisse sereinement rester là et continuer à négocier avec le mollusque mal léché mais éméché.
À deux doigts, ils sont tous à deux doigts de s’étriper les uns les autres et le Limier dévisage les pirates en face de lui avec un regard de tueur, aucun n’ose approcher, un seul pas vers l’avant et c’est un casus belli évident qui déclencherai un coupe-gorge sordide, mais les deux meneurs des partis à côté du Limier restent impassibles sous la tension. Les postures se relâchent drastiquement lorsque le monsieur tout bleu bleu demande à ce qu’on amène plutôt Nebojsa et les instincts de traqueur de Zelevas reprennent le dessus en voyant le type se pointer doucement jusqu’en bas des marches, d’une façon moins panachée que son Capitaine mais bien plus ridicule lorsque l’arrogance de son visage laisse place à une soudaine incompréhension quand tous se rendent compte que Bigorneau l’a appelé pour le livrer. Le type vire ensuite à un bleu relativement similaire à celui de l’élémentaire quand il se fait étouffer par le tentacule aqueux, et devant un Zelevas qui s’efforce de ne pas sourire pour conserver sa couverture, il s’écroule au sol en vomissant de la bile. Vomi Nebojsa, vomi la bile noire de tes tripes parce que bientôt t’auras même plus ce luxe. Alors que Bigorneau offre un marché à Altarus en échange de sa coopération, le Limier range ses cestes sous ses poignets et vient jusqu’au misérable qui se tortille péniblement sur le sol pour se relever, avant de lui décocher un fort pied-bouche qui fait pivoter son crâne d’un coup et envoie son cerveau ricocher dans sa boîte, si tant est qu’il en ait un. Une fois le mécréant au dodo, Zelevas l’attrape par le col et commence à sortir sous le regard toujours aussi médusé des autres flibustiers qui viennent d’apprendre une leçon de vie de la part de leur Capitaine.
”Je vous attend dehors patron.”
Zelevas ressort du gourbi en traînant la vermine sans pincettes, et dès que la porte de la bâtisse s’est refermée, il le lâche par terre et s’assied sur le dos du corps inerte en s’en servant comme d’un banc. Il regarde le paysage intérieur de l’île en attendant qu’Altarus ne finisse de conclure son marché avec le bleuet alcoolisé, et il doit reconnaître que c’est bien dommage que cette île soit infestée de misérables du sommet de son volcan jusqu’aux profondeurs de ses côtes, parce qu’elle possède tout de même un chouette paysage. Les pâturages laissés à l’abandon étalent une étendue fleurie et bariolée qui mélange pêle mêle les coquelicots bleus, les grandes marguerittes et les tournesols, même les chardons fleuris ajoutent un certain charme à la scène. Le panorama offert par la position surélevée du manoir volé permet en plus de profiter d’une vue ininterrompue qui descend bien plus bas, et c’est justement en regardant la pente descendante et en attrapant du coin de l’oeil la présence d’une charette remplie de tonneaux que Zelevas redresse la tête. Il prête l’oreille à la taverne, regarde la porte qui ne s’ouvre pas, redirige son regard vers le corps sur lequel il est assis… il avait besoin d’Altarus pour retrouver Zmeï et naviguer à l’intérieur de Kaizoku certes… mais en sortir? En sortir c’est facile. Très vite une idée farfelue germe dans l’esprit du Limier et il se précipite sans plus attendre sur un des barils dont il fait sauter le couvercle, vide. Parfait. L’intérieur est poisseux et puant le rhum mais ça c’est pas son problème, il fait rouler la barrique jusqu’à Zmeï et plie le corps du trafiquant en quatre en l’enfonçant dans le baril, puis il brise tout les autres tonneaux sauf un, rembourre le dernier avec la bâche de couverture de la charette et brise les rayons d’une des roues avec son ceste. Lorsqu’il pousse enfin le baril contenant Zmeï dans le chemin en descente, il entend la porte s’ouvrir et se retourne pour voir Altarus franchir le perron.
”Désolé pirate, y’a pas de loi sur cette île, c’est tes mots pas les miens.”
Et sur ce il prend son élan et saute à pieds joint dans le baril en prenant soin d’en saisir les parois aussi fermement que possible, les deux tonneaux dévalent la pente à toute vitesse, celui de Zelevas quelques peu amortis par le matelassage rudimentaire qu’il a confectionné à la va-vite, et le monde se met à tourbillonner en balotant le Limier sans dessus dessous. Les chocs plus ou moins violent le malmènent et il pousse des grognements à chaque fois que le baril fait des bonds sur son passage pour atterrir lourdement contre le sol et continuer sa cavalcade folle. L’arrivée est signée abruptement par un premier fracas de bois qui fait comprendre à Zelevas que Nebojsa a rencontré un obstacle, et en s’enveloppant dans la bâche pour se protéger, il pousse sur ses pieds pour sortir du tonneau et laisser son véhicule improvisé s’éclater plus loin. Il roule, cahute et s’écrase sur le sol jusqu’à s’immobiliser, son corps est endoloris, son visage bien moins fière qu’il n’y a encore quelques instants lorsqu’il se soustrayait à Altarus. S’aidant de la sensation de ses mains sur le sol pour déterminer où est le haut et le bas, le Limier se couche à plat ventre et ferme les yeux pour attendre patiemment que la sensation de tournis intense diminue. Il n’a pas le temps de tergiverser plus que ça et il ne résiste pas non plus à l’envie de gerber au sol, mais il se relève maladroitement sur ses coudes pour chercher Zmeï du regard, une masse informe de planches de bois déchirées git contre la base d’un puit à quelques dizaines de mètres de là, alors en se remettant plus ou moins debout, le jeune d’Élusie navigue gauche gauche jusqu’à lui. Zmeï est dans un sacré sale état, des contusions parsèment son visage et ses membres, ses vêtements sont un peu déchirés et il a surtout une grande quantité de sang qui se déverse de son arcade sourcilière, mais ça c’est comme l’odeur du rhum, c’est pas le problème de Zelevas. Dans l’instant il se préoccupe surtout de ne pas se faire rattraper par le Capitaine de qui il vient de se faire la belle avec son butin. Traînant donc le corps de Zmeï qu’il finit par charger sur son épaule comme un sac de pomme de terre, le républicain avance le long du sentier et parvient jusqu’à un précipice côtier. La falaise surplombe une plage de galet et en la parcourant du regard, le Limier voit la ville pirate s’étendre à sa droite à un peu plus d’un kilomètre, tandis qu’à sa gauche des échafaudages sont montés sur ce qui s’apparente à une sorte de carrière. Bingo.
En approchant de l’installation, Zelevas regarde les tailleurs de pierre qui s’affairent en contrebas, le chien du Razkaal fourre donc son précieux butin sanguinolent dans un sac de toile après l’avoir vidé de ses gravats et le dépose sur le monte charge qui est construit tout en haut de la falaise, il prend également place à l’intérieur et siffle les travailleurs en bas en brandissant une petite bourse. Les ouvriers le font descendre, et leur mine enjouées deviennent soudainement plus sérieuses en découvrant les tâches de sang et la poussière qui maculent la chemise blanche de Zelevas, un silence lourd s’impose parce qu’ici on sait ne pas poser de questions, et c’est finalement le Limier qui brise le mutisme:
”Oi. Je peux vous emprunter une brouette?” fait-il en agitant une pièce d’argent sous leur nez, et quand ils se révèlent être ravis de pouvoir lui rendre ‘service’, Zelevas pousse sa chance un peu plus loin. ”Et toi là, y’a moyen que je t’empruntes aussi ta chemise? Je te donne la mienne si tu veux.”
Un échange de bons procédés et de pièces plus tard, un simple ouvrier de carrière ramène un chargement aux formes suggestives dans une brouette en longeant la plage. La tâche lui est rendue difficile à cause de la roue sur les galets mais après plus d’une heure à forcer, il finit par rejoindre la cité pirate à la nuit tombée. Zelevas ne souhaite pas non plus s’éterniser, s’extraire de l’île avec Nebojsa vivant risque de bien lui compliqué la tâche, alors entrer dans la cité avec lui est hors de question, la périphérie et les docks en revanche…
Il tourne sa brouette en direction des passerelles de bois qui délimitent d’anciens quais, de ce qu’il voit, certaines des bâtisses servent d’entrepôt et d’abattoir pour les grosses prises marines, Seedra, Yagim, Aboleth, des carcasses désossées et de grandes gueules squelettiques jonchent le sable entre les entrepôts. Les yeux bleu aciers de Zelevas s’attardent sur les silhouettes obscures de ces bâtiments délaissés et constatent avec plaisir qu’ils ne sont pas très usités, à l’exception d’une d’entre elle où une faible lueur point à travers une fenêtre trouble.
”C’est là qu’on va mon gros jambon.” fait-il en réorientant la brouette vers la source de la lumière.
Il laisse le chargement inerte et avance doucement en direction des portes de l’entrepôt pour s’apercevoir que l’endroit est bel et bien occupé. Il entend une, deux… trois voix. Deux? Deux oui, un des deux a chuchoté puis a parlé à haute voix, donc ils ne sont que deux. Zelevas glisse un coup d’oeil à travers un carreau cassé et épie la conversation discrètement.
”...ante pour toi et quarante pour moi, c’est logique.” L’espion regarde un gobelin à la peau tirant sur le bleu-vert partager des pièces sur une petite caisse qui leur sert de table. En face de lui un grand Oni avec un air de champion est penché par dessus, assis sur un seau qui fait un siège bien trop petit pour lui.
”Ou-ou-ouais c’est logique Moc, c’est carré. C’est c-c-carré comme cochon.” Un champion de compète note Zelevas.
”C’pas ça l’expression abruti.”
”Ou-ou-ouais mais c’est m-m-mon expression M-M-Moc.”
Moc le gobelin puisque tel semble être son prénom vient donc déplacer deux blocs noirs et luisants devant l’Oni, avant d’en ajouter trois de plus à côté.
”Aller, t’apporteras deux pains à Dimitri et trois à Grisha, d’accord? Et soit discret, te les fait pas piquer sinon t’auras par les sous.”
Il n’en faut pas plus pour Zelevas qui se retire du cadre de fenêtre d’où il les épiait, lentement il revient devant l’entrepôt et regarde le côté exposé à la mer: il y a une cale mouillée qui passe sous le mur et lui permet un accès humide mais facile. Il commence alors à se submerger et passe sous la grande porte et à l’intérieur du désossoir, nageant le plus possible vers l’endroit où se trouve les deux bandits sans une fois se remonter à l’air libre, et parvenu à destination il agite sa main contre la surface pour faire un peu de bruit.
”Laisse c’est une bestiole.” La voix parvient à peine aux oreilles de Zelevas sous la flotte, mais il entend les pas de l’Oni s’approcher par résonance. ”Adrian laisse je t’ai dis.”
”N-N-Nan je veux voir quelle b-b-bestiole c’est. J’aime bien les b-b-bestioles M-M-Moc.”
Une perche vient sonder doucement sous l’eau et rencontre l’épaule de Zelevas tandis que ce dernier peut voir la silhouette géante obstruer la lueur de la bougie à la surface. D’un coup d’un seul, le Limier tape au fond de l’eau avec ses pieds et se hisse à la perche que fait l’erreur de tenir l’Oni, son bras et son ceste fusent aussi rapidement qu’il grimpe sur le corps du grand gaillard un peu trop benet et il envoie le grand garçon à la gorge tranchée se vider de son sang dans la flotte. Zelevas ne perds pas une seconde de plus, saute du corps tombant de l’Oni sur le sol et se rue sur la caisse d’un coup d’épaule, envoyant valser les pains de haschisch, les pièces d’argent et comprimant le gobelin paniqué contre le bois et le mur. Il donne une série de coups d’épaule contre la caisse pour sonner sa victime qui glapit à chaque pression, et il écarte subitement l’objet pour libérer le gobelin qui n’a que le temps de porter une main à son ceinturon avant que les phalanges de bronze ne rencontrent sa gorge puis son bas-ventre. Le souffle coupé, Moc désespère de retrouver de l’air dans ses poumons mais Zelevas dans sa grande bonté d’âme lui propose plutôt de les remplir de sang quand il le poignarde de ses deux lames et qu’il le hisse contre le mur pour le placarder comme un martyr. À hauteur de la tête du razkaalien, le gobelin crachotte du sang en étant au bord de l’inconscience lorsqu’un violent coup de boule vient le sécher pour de bon en écrasant son nez pointu. Son corps vient rejoindre la flotte de la cale et teinte l’eau salée d’un rouge carmin, pendant que les deux cadavres flottent inertes au milieu de la vase.
”Aller, maintenant à mon poisson.”
Haletant lourdement sous l’effort soudain qu’il vient de fournir, Zelevas ouvre la porte de l’entrepôt de l’intérieur et amène la brouette et son précieux chargement à l’intérieur du désossoir, il ouvre les sacs de la carrière et extirpe un Zmeï qui reprend lentement ses connaissances à force de se faire balader. Tandis que le Limier installe le corps du trafiquant contre une caisse, il est distrait par un phénomène singulier. L’eau pleine de sang de la cale se met à bouillir. Le jeune homme approche la bougie de la flotte avec prudence et se rend compte qu’il se méprend: sur ces quais d’équarissage, alors que les bouchers dépeçaient auparavant régulièrement des monstres marins dans ces grands désossoirs, il y avait toute un éco-système florissant mais carnassier qui s’était développé sur les côtes des docks, et l’afflut de sang des deux énergumènes venait justement de réveiller l’intérêts de la myriade de prédateurs sous-marins qui sommeillaient là. L’eau ne bout pas, elle s’agite à cause des nageoirs des poissons qui se battent pour les cadavres de Débile et Stupide. Zelevas se retourne alors vers Zmeï, zieute les crochets suspendus au plafond qui servaient à sécuriser les carcasses géantes des Yagim et autres Seedra sur lesquels les poissoniers travaillaient, et il esquisse un sourire.
Il noue un noeud bien serré autour des chevilles de Nebojsa, approche le corps du bord de la cale grouillante de prédateurs et descend un des crochets auquel il accroche les chevilles de sa victime. Soulevant le trafiquant dans les airs, il retire ensuite un pan de sa chemise pendant que Nebojsa reprend conscience:
”Ah… je… hugh, huuuuaain, quoi? Qu’esjze… qu’est-ce qu’il- t’es qui toi? On est où là?”
Zelevas va chercher la bougie et allume un brasero sur lequel il fait chauffer la lame de son ceste, avant de se retourner, il soupire et récupère le masque de Limier glissé sous son pantalon.
”Je crois pas que tu te rendes vraiment compte Nebojsa…”
En se retournant, le trafiquant écarquille grand les yeux à la vue de la lame rougeoyante et du reflet écarlate qu’elle projette sur un masque d’acier parfaitement lisse. Il cherche à se débattre, à se défaire de ses liens, mais entre la menace des monstres marins en dessous et celle du taré du Razkaal qui s’approche de lui c’est la peste ou le choléra. La voix du Limier résonne sous le masque et Zmeï, pendu la tête en bas, se sent céder à la panique.
”...d’à quel point t’es baisé.”
C’est l’heure de passer à table avant de partir de cette île, et Zelevas va s’assurer que sa peine soit double. Il doit bien ça à Tantale.
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