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Citoyen du monde
Louise Aubépine
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Assise sur un simple banc de pierre, Louise Aubépine fixait ses mains avec un sourire figé. Elle se sentait idiote et hésitait grandement à se taper le front de son poing. Heureusement pour son intégrité, il y avait quelques passants qui traversaient la rue ou qui discutaient devant l’entrée de l’auberge qui lui faisait face de l’autre côté de la route de terre. Arrivée il y a quelques heures au sein de ce petit village aux abords du mont Kazan, elle avait remercié le couple qui l’avait emmené jusqu’ici. Ces derniers comptaient rejoindre la République et la démone était descendue de leur charrette pour rejoindre la capitale du Reike. En quête de réponses, la jeune femme souhaitait prendre contact avec le pouvoir établi. Le couple avait pu lui narrer à quel point les légendes s’écrivaient en ce moment sur le roi guerrier qui avait pu vaincre un titan ou comment le Reike avait pu emprisonner Zeï la chuchoteuse. Louise savait que pour commencer son entreprise visant à protéger le Sekai, elle devait commencer par en apprendre plus sur le monde actuel. Elle devait prendre contact avec les dirigeants du Reike et de la République, leur montrer le grimoire qui lui était lié et peut-être, ces derniers pourraient la conseiller sur la marche à suivre. Ou au moins, seraient au courant de son existence. Si une catastrophe venait à arriver, il lui faudrait joindre rapidement la nation la plus proche pour les en avertir, ce qui serait bien compliqué si le pouvoir en place n’avait cure de sa personne. C’était donc ainsi, que pleine de bonne volonté, elle était descendue de la charrette ! Prête à entamer un voyage vers Ikusa ! Malheureusement, ce n’est qu’après que ses nouveaux amis aient quitté le village, qu’elle se souvint n’avoir pas la moindre pièce d’or sur elle. Ainsi, elle n’avait aucune possibilité de payer le voyage à un marchand qui ferait éventuellement le trajet. Elle avait essayé d’en convaincre un, lui disant que le destin du Sekai reposait peut-être sur ce voyage mais ce dernier l’avait traité de folle à lier avant de partir.
Et c’est ainsi que Louise se retrouva assise sur ce banc de pierre à réfléchir à ses options en se maudissant intérieurement. Trop d’entrain, trop de volonté de bien faire l’avait conduit à ce faux départ. Bien sûr, tout n’était pas perdu, elle avait encore ses jambes et ses bottes. Après tout, la seule chose qui pourrait la séparer d’Ikusa était la distance. Elle n’avait qu’à marcher. Même si ce serait sans doute diablement loin. Dans son malheur, elle se rassura en se souvenant être un démon. Heureusement, son espèce n’avait pas besoin de s’alimenter bien que Louise, particulièrement gourmande, déplorait de ne pas pouvoir profiter d’une belle assiette bien pleine.
Elle plongea sa tête entre ses mains en soupirant longuement. Bien qu’elle ne se l’avouait pas, Louise n’avait pas envie de marcher si longtemps. Elle finit par se tapoter les joues doucement.
—Allons, se dit-elle doucement. Pas de caprice. Tu as beaucoup à faire et tu as promis de bien faire. Même si c’est difficile, même si c’est effrayant. (Elle fixa la sortie du village ou le sable semblait s’éterniser à longueur de vue.) Même si c’est effroyablement long…
Elle se leva finalement et commença à marcher vers le désert avant de se stopper en grimaçant légèrement. Les titans soient loués, elle n’avait pas besoin de s’hydrater, mais quand même. Elle priait pour que la chaleur ne soit pas trop accablante. Peut-être pourrait-elle même longer les montagnes entourant le mont Kazan ? Elle pourrait y trouver de l’ombre.
Son regard se posa alors sur l’imposant mont et son cœur se serra dans le creux de sa poitrine.
Elle se souvenait avoir parcouru cette montagne avec ses amis à la recherche d’artéfacts, il y a de cela presque cinq mille ans. Un sourire mélancolique se dessina finalement sur son visage. Elle se souvenait des châteaux de sable qu’ils avaient fait ensemble. Bien sûr, il était impossible qu’ils aient survécu au passage du temps, mais peut-être pourrait-elle retrouver le lieu de leur construction ? Juste pour voir. Par curiosité.
Elle s’engagea donc dans le désert, restant proche des monts. Les heures défilaient peu à peu et le soleil commença à décliner au grand plaisir de la voyageuse qui s’épongeait le front sous la chaleur.
—J’ai mal aux pieds… se plaignit-elle à sa propre attention avant de se répondre à elle-même.
-Eh bien tu n’avais qu’à demander un peu d’or au couple.
-Je ne pouvais décemment pas leur demander plus après tout ce qu’ils ont fait pour moi.
-Alors marche et arrête de râler. Ça te fera du bien de te muscler un peu.
-Je suis bien meilleure quand il s’agit de se muscler la tête.
-Ou de te muscler la langue vu comment tu n’arrêtes pas de parler.
Louise se tourna alors les mains sur les hanches avec un sourire.
—Très très drôle Ak- (Elle se tût en remarquant qu’elle était seule.)
Son regard se baissa légèrement alors qu’un sourire triste apparut sur ses lèvres. Elle était certes pleine de bonne volonté, prête à se battre pour le Sekai. Il n’en était pas moins difficile d’être seule.
—Vous me manquez, murmura-t-elle avant de se remettre en route d’un pas plus rapide.
Elle continua sa longue marche avant d’arriver à flanc de colline. Le fameux endroit qu’elle cherchait. Bien évidemment, le temps avait fait son œuvre et les châteaux éphémères avaient disparu. Le soleil n’ayant pas encore totalement disparu derrière l’horizon, Louise posa machinalement le genou au sol pour commencer à rassembler du sable. Dans le but de faire le plus beau des châteaux de sable. Elle était concentrée à la tâche. C’était un besoin vital qui lui venait du plus profond de ses tripes. Quelque chose qu’elle devait accomplir à tout prix même si ce n’était qu’une lubie sans doute passagère.
Elle était si concentrée, qu’elle ne remarqua pas que la lumière s’était pratiquement envolée et qu’elle avait créé une source de lumière magique qui flottait doucement autour d’elle pour qu’elle puisse s’éclairer.
Elle ne remarqua non plus pas l’immense bête qui s’était faufilé dans son dos. Du moins jusqu’à ce qu’un léger flot de bave ne lui tombe sur l’arrière de la tête. La démone sursauta sous le coup et se tourna pour se retrouver nez à nez avec un magnifique cerberus. Il claqua de la langue alors qu’une petite gerbe de flamme sortit de sa gueule centrale. Le loup à trois têtes devait bien faire la taille de deux hommes.
—Un véritable cerberus ! s’écria Louise ravie d’en voir un. Ils ne se sont donc pas éteints ! Quel plaisir d’en voir un de mes propres yeux !
Elle commença à se relever pour mieux l’inspecter avant de réaliser.
—Un véritable cerberus ! s’écria Louise d’un tout autre ton. A l’aide !
Elle commença à prendre ses jambes à son cou devant la peur que lui infligeait la bête. Elle n’avait pas encore bien assimilé le fait que les connaissances acquises dans le grimoire auraient pu l’aider et inconsciemment, elle se pensait de nouveau sans défense. Comme il y a longtemps.
La bête qui semblait joueuse lui laissa trois secondes avant de grogner et de partir à sa traque. Piétinant au passage le château de sable.
Il bondit sur la démone qui se mit en boule, se recouvrant d’une lumière protectrice pour ne pas se faire mordre. Illuminant le désert dans la nuit alors qu’elle appela une nouvelle fois à l’aide.
L’animal frappait sa barrière magique de tout son poids, s’embrasant pour tenter d’y mettre feu.
Sous lui, Louise tremblait comme une feuille. Elle avait du mal à se concentrer avec la bête si proche d’elle. Décidément, ce voyage commençait bien.
Et c’est ainsi que Louise se retrouva assise sur ce banc de pierre à réfléchir à ses options en se maudissant intérieurement. Trop d’entrain, trop de volonté de bien faire l’avait conduit à ce faux départ. Bien sûr, tout n’était pas perdu, elle avait encore ses jambes et ses bottes. Après tout, la seule chose qui pourrait la séparer d’Ikusa était la distance. Elle n’avait qu’à marcher. Même si ce serait sans doute diablement loin. Dans son malheur, elle se rassura en se souvenant être un démon. Heureusement, son espèce n’avait pas besoin de s’alimenter bien que Louise, particulièrement gourmande, déplorait de ne pas pouvoir profiter d’une belle assiette bien pleine.
Elle plongea sa tête entre ses mains en soupirant longuement. Bien qu’elle ne se l’avouait pas, Louise n’avait pas envie de marcher si longtemps. Elle finit par se tapoter les joues doucement.
—Allons, se dit-elle doucement. Pas de caprice. Tu as beaucoup à faire et tu as promis de bien faire. Même si c’est difficile, même si c’est effrayant. (Elle fixa la sortie du village ou le sable semblait s’éterniser à longueur de vue.) Même si c’est effroyablement long…
Elle se leva finalement et commença à marcher vers le désert avant de se stopper en grimaçant légèrement. Les titans soient loués, elle n’avait pas besoin de s’hydrater, mais quand même. Elle priait pour que la chaleur ne soit pas trop accablante. Peut-être pourrait-elle même longer les montagnes entourant le mont Kazan ? Elle pourrait y trouver de l’ombre.
Son regard se posa alors sur l’imposant mont et son cœur se serra dans le creux de sa poitrine.
Elle se souvenait avoir parcouru cette montagne avec ses amis à la recherche d’artéfacts, il y a de cela presque cinq mille ans. Un sourire mélancolique se dessina finalement sur son visage. Elle se souvenait des châteaux de sable qu’ils avaient fait ensemble. Bien sûr, il était impossible qu’ils aient survécu au passage du temps, mais peut-être pourrait-elle retrouver le lieu de leur construction ? Juste pour voir. Par curiosité.
Elle s’engagea donc dans le désert, restant proche des monts. Les heures défilaient peu à peu et le soleil commença à décliner au grand plaisir de la voyageuse qui s’épongeait le front sous la chaleur.
—J’ai mal aux pieds… se plaignit-elle à sa propre attention avant de se répondre à elle-même.
-Eh bien tu n’avais qu’à demander un peu d’or au couple.
-Je ne pouvais décemment pas leur demander plus après tout ce qu’ils ont fait pour moi.
-Alors marche et arrête de râler. Ça te fera du bien de te muscler un peu.
-Je suis bien meilleure quand il s’agit de se muscler la tête.
-Ou de te muscler la langue vu comment tu n’arrêtes pas de parler.
Louise se tourna alors les mains sur les hanches avec un sourire.
—Très très drôle Ak- (Elle se tût en remarquant qu’elle était seule.)
Son regard se baissa légèrement alors qu’un sourire triste apparut sur ses lèvres. Elle était certes pleine de bonne volonté, prête à se battre pour le Sekai. Il n’en était pas moins difficile d’être seule.
—Vous me manquez, murmura-t-elle avant de se remettre en route d’un pas plus rapide.
Elle continua sa longue marche avant d’arriver à flanc de colline. Le fameux endroit qu’elle cherchait. Bien évidemment, le temps avait fait son œuvre et les châteaux éphémères avaient disparu. Le soleil n’ayant pas encore totalement disparu derrière l’horizon, Louise posa machinalement le genou au sol pour commencer à rassembler du sable. Dans le but de faire le plus beau des châteaux de sable. Elle était concentrée à la tâche. C’était un besoin vital qui lui venait du plus profond de ses tripes. Quelque chose qu’elle devait accomplir à tout prix même si ce n’était qu’une lubie sans doute passagère.
Elle était si concentrée, qu’elle ne remarqua pas que la lumière s’était pratiquement envolée et qu’elle avait créé une source de lumière magique qui flottait doucement autour d’elle pour qu’elle puisse s’éclairer.
Elle ne remarqua non plus pas l’immense bête qui s’était faufilé dans son dos. Du moins jusqu’à ce qu’un léger flot de bave ne lui tombe sur l’arrière de la tête. La démone sursauta sous le coup et se tourna pour se retrouver nez à nez avec un magnifique cerberus. Il claqua de la langue alors qu’une petite gerbe de flamme sortit de sa gueule centrale. Le loup à trois têtes devait bien faire la taille de deux hommes.
—Un véritable cerberus ! s’écria Louise ravie d’en voir un. Ils ne se sont donc pas éteints ! Quel plaisir d’en voir un de mes propres yeux !
Elle commença à se relever pour mieux l’inspecter avant de réaliser.
—Un véritable cerberus ! s’écria Louise d’un tout autre ton. A l’aide !
Elle commença à prendre ses jambes à son cou devant la peur que lui infligeait la bête. Elle n’avait pas encore bien assimilé le fait que les connaissances acquises dans le grimoire auraient pu l’aider et inconsciemment, elle se pensait de nouveau sans défense. Comme il y a longtemps.
La bête qui semblait joueuse lui laissa trois secondes avant de grogner et de partir à sa traque. Piétinant au passage le château de sable.
Il bondit sur la démone qui se mit en boule, se recouvrant d’une lumière protectrice pour ne pas se faire mordre. Illuminant le désert dans la nuit alors qu’elle appela une nouvelle fois à l’aide.
L’animal frappait sa barrière magique de tout son poids, s’embrasant pour tenter d’y mettre feu.
Sous lui, Louise tremblait comme une feuille. Elle avait du mal à se concentrer avec la bête si proche d’elle. Décidément, ce voyage commençait bien.
Citoyen du monde
Louise Aubépine
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La bête cessa ses assauts sur la couverture de lumière qui recouvrait la démone pour se tourner vers un homme qui venait d’entrer en scène. Le pauvre se retrouva sur son arrière train alors que sa monture prenait la fuite à vue d'œil.
—Non ! cria Louise véritablement inquiète alors que la bête commença à charger le jeune homme avec hargne.
Terrifiée à l’idée que le monstre prenne une vie, elle se releva titubante. Trop engourdie par la peur pour agir. Heureusement, le cavalier sans monture révéla une carte dans sa manche. Il prit même le temps de se moquer de la bête avant de faire apparaître un large mur de métal devant lui. Le canidé s’écrasa de toutes ses forces sur le métal dans un bruit assourdissant.
Surpris et complètement sonné, il fit pleuvoir une gerbe de feu autour de lui alors qu’il battait en retraite, ne marchant plus vraiment droit alors que sa tête centrale semblait totalement assommée.
Ce fut avec un grand sourire de soulagement que Louise fît la rencontre de celui qui se nommait Tagar Reys.
Elle ne put s’empêcher de rebondir sur ce qu’elle venait de voir emportée sous le coup de l’émotion.
—Une très belle démonstration de métallomancie monsieur Reys ! Ce vilain cerbère n’a rien vu venir ! Et bien fait pour lui ! Il n’aura qu’à essayer de se trouver un autre repas. Je dois avouer avoir eu peur lorsque j’ai vu votre monture prendre la fuite, heureusement, vous avez renversé la situation à votre avantage ! Vous avez vu ce cerbère d’ailleurs ? Avant, ils n’auraient jamais eu le courage de quitter les hauteurs de la montagne pour une simple proie. C’est amusant comme le temps peut changer le comportement des animaux. Est-ce parce qu’il y a moins de passage par nous autres, peuples civilisés ? Il y avait tout de même bien plus de mouvement avant, et les villages étaient nettement plus sécurisés. Il faut se dire qu’il y a peut-être moins d’hommes attribués à la sécurité depuis la lutte contre les titans, tout simplement par manque de personnel. (Elle commença à croiser les bras pensive.) En tout cas, bien qu’il fût très effrayant, notre ami à trois têtes n’abandonnera pas ainsi. Ces créatures sont malignes, et si nous ne faisons pas attention, elle risque fort de revenir à nos trousses.
Elle releva la tête pour regarder l’homme avant de réaliser qu’elle s’était laissée portée par la surprise de tout ce qu’il venait de se produire.
—J’en oublie la politesse ! se reprit-elle finalement avec un sourire désolé. Je vous prie de bien vouloir m’en excuser monsieur Reys. Je me nomme Louise Aubépine et sans votre aide, je serais encore avec cette belle épine dans le pied. Votre courage vous honore et cela me conforte dans l’idée que le Sekai est encore peuplé de gens dont le cœur pur, irradie d’un courage sans précédent. Sachez que si je peux faire quoi que ce soit pour vous aider à mon tour, ce sera avec le plus grand des plaisir.
Elle fermit les yeux un instant avant de réaliser leur situation. Clignant doucement des yeux, elle fixa Tagar un moment.
—Et… du coup, commença-t-elle à demander incertaine. Monsieur Reys, votre monture va revenir ? Car nous sommes au beau milieu de nulle part. J’ai fait l’erreur tactique de vouloir joindre Ikusa à pied. Ou du moins, j’ai été contrainte de la faire. Vous êtes reikois ? Peut-être connaîtriez-vous mieux la région que moi. Nous devrions nous mettre à l’abri. Le cerbère pourrait revenir. Je propose que nous nous rendions sans plus tarder au village le plus proche.
Elle tapota sa grosse sacoche dans laquelle reposait son précieux grimoire avant de se concentrer pour former une petite source de lumière qui prit la forme d’une fée. Elle la fit danser rapidement dans les airs avant de voleter à côté de Tagar.
—Je vous suis monsieur Reys.
—Non ! cria Louise véritablement inquiète alors que la bête commença à charger le jeune homme avec hargne.
Terrifiée à l’idée que le monstre prenne une vie, elle se releva titubante. Trop engourdie par la peur pour agir. Heureusement, le cavalier sans monture révéla une carte dans sa manche. Il prit même le temps de se moquer de la bête avant de faire apparaître un large mur de métal devant lui. Le canidé s’écrasa de toutes ses forces sur le métal dans un bruit assourdissant.
Surpris et complètement sonné, il fit pleuvoir une gerbe de feu autour de lui alors qu’il battait en retraite, ne marchant plus vraiment droit alors que sa tête centrale semblait totalement assommée.
Ce fut avec un grand sourire de soulagement que Louise fît la rencontre de celui qui se nommait Tagar Reys.
Elle ne put s’empêcher de rebondir sur ce qu’elle venait de voir emportée sous le coup de l’émotion.
—Une très belle démonstration de métallomancie monsieur Reys ! Ce vilain cerbère n’a rien vu venir ! Et bien fait pour lui ! Il n’aura qu’à essayer de se trouver un autre repas. Je dois avouer avoir eu peur lorsque j’ai vu votre monture prendre la fuite, heureusement, vous avez renversé la situation à votre avantage ! Vous avez vu ce cerbère d’ailleurs ? Avant, ils n’auraient jamais eu le courage de quitter les hauteurs de la montagne pour une simple proie. C’est amusant comme le temps peut changer le comportement des animaux. Est-ce parce qu’il y a moins de passage par nous autres, peuples civilisés ? Il y avait tout de même bien plus de mouvement avant, et les villages étaient nettement plus sécurisés. Il faut se dire qu’il y a peut-être moins d’hommes attribués à la sécurité depuis la lutte contre les titans, tout simplement par manque de personnel. (Elle commença à croiser les bras pensive.) En tout cas, bien qu’il fût très effrayant, notre ami à trois têtes n’abandonnera pas ainsi. Ces créatures sont malignes, et si nous ne faisons pas attention, elle risque fort de revenir à nos trousses.
Elle releva la tête pour regarder l’homme avant de réaliser qu’elle s’était laissée portée par la surprise de tout ce qu’il venait de se produire.
—J’en oublie la politesse ! se reprit-elle finalement avec un sourire désolé. Je vous prie de bien vouloir m’en excuser monsieur Reys. Je me nomme Louise Aubépine et sans votre aide, je serais encore avec cette belle épine dans le pied. Votre courage vous honore et cela me conforte dans l’idée que le Sekai est encore peuplé de gens dont le cœur pur, irradie d’un courage sans précédent. Sachez que si je peux faire quoi que ce soit pour vous aider à mon tour, ce sera avec le plus grand des plaisir.
Elle fermit les yeux un instant avant de réaliser leur situation. Clignant doucement des yeux, elle fixa Tagar un moment.
—Et… du coup, commença-t-elle à demander incertaine. Monsieur Reys, votre monture va revenir ? Car nous sommes au beau milieu de nulle part. J’ai fait l’erreur tactique de vouloir joindre Ikusa à pied. Ou du moins, j’ai été contrainte de la faire. Vous êtes reikois ? Peut-être connaîtriez-vous mieux la région que moi. Nous devrions nous mettre à l’abri. Le cerbère pourrait revenir. Je propose que nous nous rendions sans plus tarder au village le plus proche.
Elle tapota sa grosse sacoche dans laquelle reposait son précieux grimoire avant de se concentrer pour former une petite source de lumière qui prit la forme d’une fée. Elle la fit danser rapidement dans les airs avant de voleter à côté de Tagar.
—Je vous suis monsieur Reys.
Citoyen du monde
Louise Aubépine
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Châteaux embrasés
Loués soient les divins ! L’héroïque Reys venait d’annoncer à la démone qu’il voyageait en compagnie d’une caravane. Peut-être pourrait-elle lui demander de l’escorter jusqu’à la ville la plus proche du palais ? Elle n’avait certes rien pour le rémunérer pour le moment, mais elle espérait bien pouvoir lui rétribuer son dû plus tard lorsqu’elle serait en capacité de le faire. Elle croisait également les doigts pour que la monture de l’homme ait rejoint la caravane. Elle se sentirait coupable si jamais il venait à perdre sa monture de sa faute.
—Je prie pour que votre monture vous y attende monsieur Reys, lui annonça Louise avec un petit sourire. Je me sentirai mal si jamais vous veniez à la perdre de ma faute. Vous avez beaucoup risqué pour me venir en aide, même si vous avez finalement géré la situation d’une main de maître.
Il lui demanda alors si elle était seule et si elle avait marché tout ce temps dans le désert. Honteuse, la femme sentit ses joues s’empourprer alors qu’elle tapota ses index ensemble avec un sourire gêné.
—Ce n’est certainement pas ma plus brillante idée, déclara-t-elle finalement avant de le regarder plus sérieusement. Mais je dois me rendre au palais séance tenante. Cela relève d’une importance capitale ! Malheureusement, je n’ai pu trouver personne capable de me tendre une main charitable dans le petit village d’où ma marche dans le désert a débuté. Donc j’étais prête à marcher même si cela devait me prendre plusieurs jours. Cela dit, je ne m’attendais pas à me faire attaquer de la sorte. Le monde n’est plus aussi sûr qu'autrefois.
Ils se mirent en route, Louise emboitant le pas à Tagar qui semblait capable de remonter la piste de la caravane. Ce dernier lui demanda s’il était une lumina et elle lui offrit un sourire en réponse.
—Les êtres de lumière ? Non je n’en suis pas une même si j’ai eu le luxe d’en rencontrer une il y a fort longtemps. C’est à cause de ma magie que vous demandez cela ? Seriez vous un élémentaire de métal dans ce cas ? Après tout, vous avez une grande maîtrise de cet élément. A moins que vous ne soyez un élève studieux, tout comme moi. Car au risque de vous décevoir, je ne suis pas une lumina. Lorsque j’ai commencé à apprendre les bases de la magie, je me suis naturellement tournée vers la lumière. Je voulais pouvoir protéger ceux qui m’étaient chers et puis la lumière à ce quelque chose de si paisible et réconfortant. Ca, et peut-être le fait que j’ai eu peur du noir jusqu’à mes six ans ! Mais ça reste entre nous. (Elle se mit à rire doucement. Cela lui faisait du bien de parler avec quelqu’un pour oublier sa solitude.) Non, pour répondre plus correctement à votre question, je suis une démone.
Elle n’avait pas honte de ce qu’elle était. Pour elle, les actes comptaient plus que l’origine.
Après quelques secondes, Tagar lui proposa une affaire qu’elle ne pouvait décemment pas refuser. Il payerait pour son voyage en échange d’un petit service ? Louise le fixa avec des étoiles dans les yeux.
—Vous êtes un véritable héros monsieur Reys ! s’écria-t-elle sous le coup de l’émotion. Vous ne savez pas à quel point c'est important pour moi. Merci mille fois. Je ferais ce que vous voulez si vous me permettez de rejoindre le palais au plus vite ! Je ne suis certes pas une experte en animaux, je n’en ai jamais possédé à dire vrai. Mais je connais beaucoup de choses à leur sujet. Je devrais pouvoir me débrouiller je pense. Et puis, je pourrais même vous rembourser le voyage lorsque je serai en mesure de le faire, vous avez ma promesse.
Elle courba légèrement l’échine en guise de remerciement. Elle était vraiment chanceuse d’avoir fait sa rencontre. Peut-être était-ce là de nouveau un signe. Un signe qu’elle était sur le bon chemin. Il lui fallait rejoindre le palais au plus vite.
Ils continuèrent de marcher un moment avant de pouvoir apercevoir aux loin quelques torches en mouvement.
—Serait-ce la caravane dont vous m’aviez parlé ? Nous devrions leur faire signe dans ce cas.
Elle leva la main pour que la petite fée s’envole dans les airs avant d’éclater tel un feu d’artifice miniature. Les torches semblaient s’être arrêtées de se déplacer.
—Parfait ! Vos amis semblent nous avoir vu ! Hâtons nous monsieur Reys !
Elle lui prit la main avant de marcher plus rapidement vers les torches.
CENDRES
—Je prie pour que votre monture vous y attende monsieur Reys, lui annonça Louise avec un petit sourire. Je me sentirai mal si jamais vous veniez à la perdre de ma faute. Vous avez beaucoup risqué pour me venir en aide, même si vous avez finalement géré la situation d’une main de maître.
Il lui demanda alors si elle était seule et si elle avait marché tout ce temps dans le désert. Honteuse, la femme sentit ses joues s’empourprer alors qu’elle tapota ses index ensemble avec un sourire gêné.
—Ce n’est certainement pas ma plus brillante idée, déclara-t-elle finalement avant de le regarder plus sérieusement. Mais je dois me rendre au palais séance tenante. Cela relève d’une importance capitale ! Malheureusement, je n’ai pu trouver personne capable de me tendre une main charitable dans le petit village d’où ma marche dans le désert a débuté. Donc j’étais prête à marcher même si cela devait me prendre plusieurs jours. Cela dit, je ne m’attendais pas à me faire attaquer de la sorte. Le monde n’est plus aussi sûr qu'autrefois.
Ils se mirent en route, Louise emboitant le pas à Tagar qui semblait capable de remonter la piste de la caravane. Ce dernier lui demanda s’il était une lumina et elle lui offrit un sourire en réponse.
—Les êtres de lumière ? Non je n’en suis pas une même si j’ai eu le luxe d’en rencontrer une il y a fort longtemps. C’est à cause de ma magie que vous demandez cela ? Seriez vous un élémentaire de métal dans ce cas ? Après tout, vous avez une grande maîtrise de cet élément. A moins que vous ne soyez un élève studieux, tout comme moi. Car au risque de vous décevoir, je ne suis pas une lumina. Lorsque j’ai commencé à apprendre les bases de la magie, je me suis naturellement tournée vers la lumière. Je voulais pouvoir protéger ceux qui m’étaient chers et puis la lumière à ce quelque chose de si paisible et réconfortant. Ca, et peut-être le fait que j’ai eu peur du noir jusqu’à mes six ans ! Mais ça reste entre nous. (Elle se mit à rire doucement. Cela lui faisait du bien de parler avec quelqu’un pour oublier sa solitude.) Non, pour répondre plus correctement à votre question, je suis une démone.
Elle n’avait pas honte de ce qu’elle était. Pour elle, les actes comptaient plus que l’origine.
Après quelques secondes, Tagar lui proposa une affaire qu’elle ne pouvait décemment pas refuser. Il payerait pour son voyage en échange d’un petit service ? Louise le fixa avec des étoiles dans les yeux.
—Vous êtes un véritable héros monsieur Reys ! s’écria-t-elle sous le coup de l’émotion. Vous ne savez pas à quel point c'est important pour moi. Merci mille fois. Je ferais ce que vous voulez si vous me permettez de rejoindre le palais au plus vite ! Je ne suis certes pas une experte en animaux, je n’en ai jamais possédé à dire vrai. Mais je connais beaucoup de choses à leur sujet. Je devrais pouvoir me débrouiller je pense. Et puis, je pourrais même vous rembourser le voyage lorsque je serai en mesure de le faire, vous avez ma promesse.
Elle courba légèrement l’échine en guise de remerciement. Elle était vraiment chanceuse d’avoir fait sa rencontre. Peut-être était-ce là de nouveau un signe. Un signe qu’elle était sur le bon chemin. Il lui fallait rejoindre le palais au plus vite.
Ils continuèrent de marcher un moment avant de pouvoir apercevoir aux loin quelques torches en mouvement.
—Serait-ce la caravane dont vous m’aviez parlé ? Nous devrions leur faire signe dans ce cas.
Elle leva la main pour que la petite fée s’envole dans les airs avant d’éclater tel un feu d’artifice miniature. Les torches semblaient s’être arrêtées de se déplacer.
—Parfait ! Vos amis semblent nous avoir vu ! Hâtons nous monsieur Reys !
Elle lui prit la main avant de marcher plus rapidement vers les torches.
CENDRES
Citoyen du monde
Louise Aubépine
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Châteaux embrasés
Celui qui semblait être le chef de convoi ne cacha pas son mécontentement quant au retour du contrôleur qui ramenait en plus avec lui une nouvelle bouche à nourrir. Mais il décida finalement de prendre sur lui et de continuer la marche.
Louise se tourna vers Tagar avec un sourire, pouvant continuer la discussion de plus tôt.
—Votre père était un homme sage, déclara-t-elle avec un réel respect. Ce n’est pas grave de se tromper ou de se questionner. Même si sur le moment, ce n’est jamais vraiment plaisant, si l’on prend compte de l’enseignement apporté nous pouvons faire en sorte de ne pas retracer les mêmes erreurs. Alors questionnons nous, doutons et trompons nous, passons même pour des idiots, les gens peuvent bien se moquer. Au final, du moment que nous en tirons les bons enseignements et que nous ne nous trompons plus sur le sujet, au final c’est nous qui sortons victorieux. Attention tout de même Tagar, si l’homme malin apprend de ses erreurs, le sage quant à lui peut apprendre de celles des autres. C’est aussi pour ça que le savoir de nos aînés nous est si précieux et c’est aussi pour cela, je pense, que vous avez de la chance de posséder un père comme le vôtre.
Elle remarqua qu’elle avait un peu dévié du sujet initial mais ne s’en offusqua pas. Elle se concentra un instant pour se souvenir de ce qu’était la religion Shierak. Elle avait pu l’apprendre du grimoire lors de son enfermement.
Bien sûr, elle était diviniste, tels étaient les enseignements de son propre père, mais sa curiosité intellectuelle la poussa à se renseigner un peu plus sur cette religion qui concernait les astres.
—Le Shierak, demanda-t-elle alors. C’est bien cette religion qui prie l’astre solaire et lunaire n’est-ce pas ? Toute ma vie, je n’ai prié que les titans et gardiens. (Elle ne remarqua pas qu’en avouant cela, un léger silence gênant s’était levé au sein du convoi. La personne à la tête du convoi lui lança un regard légèrement mauvais qu’elle ne remarqua pas.) Par conséquent, j’ai encore quelques trous à combler concernant votre religion. Bien que mes croyances ne changeront pas, j’aimerai en savoir plus sur vos coutumes et prières. Pour en revenir au dicton de votre père, je me dis que je serais bien bornée de ne pas me questionner sur vos croyances. Les valeurs d’égalité sont nobles par exemple. (Elle marqua une courte pause.) Mais peut-être que je vous embête avec toutes mes questions. Si vous voulez, dites moi simplement ce que je peux faire pour vous qui concerne les animaux. Comme prévenue, je ne suis pas une experte dans le domaine, mais j’ai quelques connaissances sur certaines espèces.
Elle tenta alors de paraître plus sérieuse. Il y avait un détail que la démone avait pu remarquer quelques secondes plus tôt. Un détail qui pourrait peut-être jouer en sa faveur.
—Tagar, continua t-elle finalement. J’ai cru comprendre que vous étiez contrôleur impérial lorsque vous nous avez annoncé un peu plus tôt. Est-ce que cela signifie, à tout hasard, que vous possédez un lien avec le palais ? Est-ce que vous pourriez me mettre en contact avec ceux qui dirigent le Reike ? S’il vous plaît. Je sais que ça parait fou dit ainsi. Mais c’est d’une importance capitale que je les rencont-
Elle se coupa alors que la personne à l’arrière du convoi cria.
—Qu’est-ce que c’est que ça !?
Il pointait derrière lui trois pair d’yeux qui luisaient d’une aura maléfique au loin. Une faible lueur s’embrasait parfois autour de ce regard inquiétant de prédateur.
—Le cerbère ! sursauta Louise en le pointant du doigt. Il n’a pas du bien prendre la façon dont vous l’avez fait fuir Tagar. Il vient certainement réclamer vengeance mais… je crois qu’il n’ose pas attaquer. Ces bêtes sont certes fortes, elles sont également particulièrement malignes. Il sait que nous avons la supériorité numérique et il a vu de quoi vous étiez capable. Néanmoins, je doute qu’il abandonne si facilement. Il va certainement nous suivre de loin pour nous intimider et nous pousser à la faute. A la moindre occasion, il passera à l’offensive. Nous devons à tout prix rester ensemble et garder un œil sur lui.
Le maître de voyage s’emporta alors sur Tagar.
—Tout d’abord vous filez comme ça sur un coup de tête pour nous ramener une inconnue diviniste, mais par-dessus le marché on se coltine une engeance du diable qui veut notre peau ? Je ne vous remercie pas !
Louise fronça légèrement les sourcils mais même ainsi, elle semblait avoir du mal à montrer son agacement.
—Tagar a fait preuve d’un héroïsme sans précédent pour me venir en aide. Sans lui, je serais encore dans de beaux draps et peut-être dans le ventre de cette bête. Vous ne pouvez pas lui reprocher d’avoir sauvé une vie.
—Et combien en a-t-il mis en danger ? rétorqua le chef de caravane.
—Peu importe. Puisqu’aucun de nous n’aura à se retrouver dans la gueule de la bête si nous faisons attention. Ensemble, nous sommes forts. Si nous commençons à porter la faute sur quelqu’un, alors la bête sera la seule à sortir victorieuse.
Devant l’homme qui ne semblait guère d’accord avec elle, Louise se leva finalement. Les jambes légèrement tremblantes. Elle ferait ce qui devait être fait même si cela lui déplaisait fortement et que la peur lui dévorait les entrailles.
—Tagar, j’ai vu de quoi vous étiez capables. Je pense qu’ensemble nous devrions être en mesure de faire fuir cette bête pour de bon. Je refuse d’entendre cet odieux personnage vous accuser de m’avoir sauvé. Le Sekai a besoin de plus de gens comme vous, prêts à venir en aide à leur prochain sans chercher rétribution. C’est grâce à des gens comme vous que j’ai bon espoir de protéger ce monde qui est le mien, qui est le notre. Comme je l’ai dit, c’est ensemble que le peuple de Sekai est fort. Et je compte bien le prouver aujourd’hui !
Elle sauta de la charrette pour se retrouver sur le sable frais. Enorgueillie par un sursaut de courage, elle se sentit rapidement déchanter à chacun de ses pas vers la bête. Lorsque le molosse grogna, la démone blêmit rapidement reconsidérant ses choix. Elle se tourna pour voir si le contrôleur l’avait suivi. Si tel était le cas, elle saurait retrouver la force de faire face à l’imposant monstre qui menaçait désormais le convoi.
Elle attrapa son bouclier en main.
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Louise Aubépine
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La démone remarqua l’agacement subtil qu’elle faisait éprouver au jeune homme et lui offrit un sourire désolé. Il se fourvoyait sur quelques points mais elle aurait le temps de lui expliquer comment et pourquoi juste un peu plus tard.
—Techniquement, commença-t-elle par lui rappeler. Je suis un démon donc j’étais déjà adulte dès ma naissance. C’était donc facile pour moi d’arriver à l’âge adulte, non ?
Elle se gardait de lui expliquer comment elle avait vécu comme une enfant et comment elle s’était retrouvée enfermée dans son grimoire divin alors âgée de sept ans. C’était une histoire bien trop longue et la connaissant, elle se serait perdue en anecdotes diverses, ce qui était loin d’être très malin alors qu’une bête sanguinaire se trouvait à quelques mètres d’eux.
Elle prit une profonde inspiration avant de continuer en plongeant son regard dans celui du contrôleur impérial.
—Son avis, bien qu’il fût odieux avec vous m’importe. Tout comme l’avis de chaque citoyen du Sekai m’importe. Peut-être ne l’avez vous pas remarqué, mais il n’est pas simplement en colère. Il est terrifié. Lorsque vous l’avez laissé seul pour me venir en aide, il a dû le prendre comme une trahison. Je sais désormais que le désert est loin d’être sûr et l’homme qui a levé le ton a peur pour sa vie. Sa vie, et celle de ses hommes. Ils sont tous effrayés par la bête. Le cerbère sait exactement ce qu’il fait, il veut nous pousser à la faute, dès que l’un des membres du convoi partira au galop de peur, la bête le rattrapera. D’autres partiront dans d’autres sens, tout le monde s’éparpillera et ce sera alors le chaos le plus total. Je serais incapable de venir en aide à tout le monde et vous non plus. Ce n’est pas par plaisir que je me rends face à ce monstre, je suis moi même terrifiée de ce qu’il pourrait me faire ! Mais il est hors de question que je fasse de nouveau l’erreur de l’inaction ! (Les larmes lui étaient montées aux yeux. Parlant à cœur ouvert, elle s’était promis il y a quelques jours de ne plus jamais laisser le destin se jouer d’elle. Même devant la peur, même devant la mort, elle ne resterait plus simple spectatrice de ce monde. Aujourd’hui, elle avait l’occasion d’accompagner ses dires par des actes.) Surtout que nous sommes fautifs de l’avoir emmené ici. S’il arrive quoi que ce soit aux membres de la caravane, je ne me le pardonnerai jamais. Tout à l’heure, vous m’avez parlé de votre père. Un homme d’une grande sagesse. Nous pouvons nous questionner autant que nous voulons dans notre coin, mais si nous n’agissons jamais, alors toutes nos précautions, tout notre savoir n’est finalement que simple futilité. Aujourd’hui nous avons la chance de posséder le savoir et les compétences pour venir en aide à nos prochains. Pouvez vous réellement me regarder dans les yeux et me dire que vous préférez prendre le risque de perdre l’intégralité du convoi ?
Elle baissa légèrement la tête. Elle détestait la confrontation. Elle détestait se battre. Si seulement Tagar était au courant de la petite fille terrifiée qui sommeillait en elle, il comprendrait à quel point l’effort qu’elle faisait actuellement pour ne pas prendre ses jambes à son cou était important.
—De plus, continua-t-elle en relevant la tête. Si vous répétez les mots que j’ai employés, je n’ai jamais parlé de faire couler le sang. (Elle frissonna légèrement. Après tout, la vue du sang la mettait vraiment dans tous ses états. Ce liquide carmin la terrifiait plus que tout, elle avait le plus grand des maux à le fixer sans se mettre à vomir son dernier repas.) Non, j’ai dit que nous allions la faire fuir. Pour de bon. Les cerbères sont cruels, mais ils sont toutefois malins. Si nous lui prouvons qu’il n’a pas la moindre chance de nous faire du mal ou que nous lui faisons suffisamment peur, il ne mettra pas sa vie en jeu pour des proies si compliquées. Nous devons lui prouver que nous n’avons pas peur de lui, et le surprendre lorsqu’il passera à l’offensive. La question n’est pas de chercher la praticité, nous devons l’impressionner !
La bête chargea et la démone leva une main en fronçant les sourcils pour l’éblouir d’un trait lumineux. Le molosse aboya et secoua la tête pour se revigorer avant de s’embraser de colère.
Louise posa une dernière fois son regard sur Tagar.
—Si vous le désirez… vous pouvez rejoindre la caravane. Je trouverai bien un moyen de rejoindre la capitale seule. Et puis, même si je suis blessée, au moins j’aurai pu sauver de nombreuses personnes. Alors ne craignez pas pour moi si vraiment vous êtes en désaccord avec mes actions.
Elle passa derrière Tagar en plissant le regard à l’attention de la bête. Son cœur continuait de battre la chamade, mais sa promesse de venir en aide au Sekai faite à feu son père résonnait dans son esprit. Il était hors de question de prendre la fuite à présent. Ce n’était que l’un des nombreux dangers auxquels elle aurait à se confronter et si elle échouait ici, alors elle n’aurait jamais la force d’assumer son rôle de protectrice du Sekai qu’elle s’était donné.
Elle toisa la bête un moment qui cracha une gerbe de flammes en sa direction. Louise plaça son bouclier devant elle et fût surprise par l’impact. Elle s’envola d’un bon mètre en arrière pour se retrouver sur le sable avec de grands yeux de surprise.
Finalement, c’était peut-être plus difficile à dire qu’à faire. Mais ses convictions étaient trop fortes pour abandonner. Elle se releva et posa une main sur sa sacoche contenant son grimoire magique, la présence magique de ce dernier l’aidait à se concentrer. Elle leva une main pour se préparer au nouvel assaut de la bête. Elle n’attaquerait pas. Elle était certaine qu’impressionner la bête serait suffisant pour la voir fuir pour de bon. Quitte à dépenser énormément de ressources magiques dans le vent.
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Voyant la bête filer à toute allure suite à l’astucieux assaut de projectiles fomenté par le jeune homme, Louise en profita pour abandonner sa posture, reprenant son souffle. Maintenant que tout danger était écarté, elle pouvait se laisser aller et ses jambes recommencèrent à trembler rapidement sous le coup de l’émotion. Toutefois, un large sourire ornait désormais son visage. Laissant le contrôleur la soigner, elle ne put s’empêcher de sautiller finalement, telle une enfant.
—Nous l’avons fait ! s’écria-t-elle joyeusement. Enfin, vous l’avez fait. Moi j’ai simplement volé en arrière. Et bien que je dois avouer n’avoir jamais eu aussi peur de ma vie ! Sauf peut être la fois ou un dinosaure carnivore s’est retrouvé nez à nez avec moi, mais c’est une autre histoire. Bref, bien que j’étais terrifiée, j’ai l’impression que nous avons fait une bonne action. Nous avons probablement sauvé des vies ! Ce qui est une excellente chose ! J’espère que le cerbère se remettra même si… je prie les titans pour qu’il ne s’attaque pas de nouveau à de pauvres voyageurs égarés et qu’il se cantonne à d’autres animaux. Elle a du avoir une sacré frayeur en tout cas, elle ne quittera pas sa tanière avant un moment.
Elle ne put s’empêcher de se sentir exploser de fierté lorsque Tagar la qualifia de personne héroïque. Elle en bomba presque le torse en devenant écarlate.
Père, pensa-t-elle. M’avez vous depuis l’autre monde ? Pour la première fois, j’ai eu le courage de faire face à un terrible danger pour sauver des vies. J’espère que vous êtes fier de moi même si je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin.
Après une courte prière silencieuse à l’attention du gardien des âmes pour que ce dernier veille sur son père, elle se tourna de nouveau vers Tagar.
—Vous aider avec votre monture ? demanda-t-elle curieuse. Je veux bien oui. Pourquoi ça ? Elle ne vous écoute pas ?
Elle se tourna prestement pour regarder le reste du convoi. Les hommes qui composaient ce dernier semblaient les attendre au loin. Finalement, ils n’avaient pas pris la fuite alors que le duo faisait face à la bête. Cela réconforta la démone.
—Ils ne nous ont pas abandonné et je crois que vous les avez impressionné. Je prédis quelques acclamations à votre encontre lors de notre retour. Ils ont confiance en vous Tagar, ne les laissez pas tomber.
Elle se tut finalement, un doigt sur les lèvres alors qu’elle hésitait à ajouter une information capitale. Elle estima finalement que Tagar avait largement gagné sa confiance et continua alors plus sérieusement, baissant la voix pour être certaine que le convoi ne l’entende pas au loin.
—Et pour me faire rencontrer le couple royal ? demanda-t-elle alors. Serait-ce possible ? C’est le moment ou jamais d’en discuter. Je pense que je vous dois quelques explications sur mon besoin de les rencontrer. (Elle ouvrit avec précaution sa sacoche pour en sortir un gros libre blanc et azur qu’elle présenta à Tagar.) Il s’agit d’un grimoire rédigé par la titanide Zeï. La venue des titans y était prédit ainsi que bon nombre de catastrophes passées et je présume que leur prochaine venue ainsi que de futures catastrophes s’y trouvent également. Pour le moment, j’ai encore du mal à dompter la magie du grimoire mais lorsque cela sera fait, je devrais pouvoir prévoir quand les titans attaqueront de nouveau. Je veux me faire connaître du couple royal pour les prévenir mais également pour leur demander de l’aide. Le Sekai m’est trop important pour le voir disparaître. J’ai besoin de leur aide et de leur confiance pour protéger notre monde. En échange de quoi, je les préviendrai de toutes les catastrophes que je pourrais découvrir au sein de mon grimoire. Vous comprenez à quel point il est important que je les rencontre n’est-ce pas ? Ne pourriez vous pas faire quelque chose pour m’y aider ?
Elle lui avait fait un résumé rapide, espérant qu'il la croit sur parole. Après tout, une des grandes peurs de la démone était d'être prise pour une folle, étant la seule à comprendre le grimoire de Zeï.
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