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"L'homme n'est vraiment que parmi d'autres hommes également libres; et comme il n'est libre qu'à titre humain, l'esclavage d'un seul homme sur la terre, étant une offense contre le principe même de l'humanité, est une négation de la liberté de tous."
Mikhaïl Bakounine - 1814-1876 - Catéchisme révolutionnaire, 1866
Briser les chaînes
Un nouveau départ.
Une nouvelle journée commençait au sein de ce village isolé du Reike pas très loin de la jungle. Broken Goat dormait encore en boule, un peu à l’écart des autres esclaves de la grande cage principale où étaient détenus les captifs. Des nouveaux étaient arrivés la veille, mais ils ne risquaient pas grand-chose de la part de ceux qui étaient déjà présents, surtout Broken Goat qui n’était pas vraiment un adepte de la violence gratuite. En tout cas, il avait constaté qu’il était déjà rejeté par les humains arrivés plus récemment. Cela faisait depuis longtemps qu’il se savait rebus pour les humains et les autres races. Hormis une personne qu’il avait connu par le passé, il n’avait jamais vu personne d’autre le regarder autrement qu’avec mépris. Le Cobe avait donc finit par se résigner à un tel sort bien que cet isolement le fasse souffrir. Son instinct de créature grégaire lui faisait comprendre qu’il avait cruellement besoin des autres pour s’en sortir. Mais dans ce monde, le fort dévorait le faible et personne ne bougeait. Ceux qui prônaient la solidarité et la protection des plus vulnérables passaient pour des naïfs, des idiots. Ironique pour des espèces qui comme les humains étaient grégaires et avaient besoin des autres pour survivre.
Quand la porte s’ouvrit, les esclaves levèrent la tête aux aguets. Senmout arrivait et cela signifiait qu’ils auraient leurs rations de nourriture. Au menu, une sorte de bouillie de céréales difficile à identifier et infecte. Juste ce qu’il faut pour maintenir la marchandise un minimum en forme. Surtout que la veille, un des esclaves était mort pendant la nuit. Il avait fallut l’évacuer, mais il était resté suffisamment longtemps pour traumatiser ses camarades. Ce n’était pas la première fois, depuis qu’il était ici que Broken Goat était témoins d’une telle scène. Les esclaves n’étaient que de simples marchandises et si celle-ci était invendable, on s’en débarrassait tout simplement. Et il valait mieux les tuer si on ne voulait pas se faire dénoncer. Car le souci avec cette marchandise, c’était sa capacité de parler et donc prévenir les autorités et leur donner de précieuses informations pouvant faire remonter jusqu’à ceux qui profitaient de ce business de la honte.
Puis Broken Goat et ses camarades furent sortis afin de les vérifier un à un pour ce qui était de leur état de santé général et plus particulièrement leurs tatouages. Ces marques tendaient à se dégrader et il était nécessaire de les entretenir. Une fois les esclaves prêts, ils furent remis dans leur cage en attendant un potentiel client. Le cobe s’était de nouveau blotti au fond de la cellule, à l’écart des autres. Dans la pièce, des cages individuelles vides pour les individus jugés trop dangereux. Comme cet hybride léopard ayant finit par trouver preneur il y a quelques semaines. Malgré sa férocité, quelqu’un avait décidé de se l’offrir malgré les avertissements de Senmout. Il fallait dire que si la marchandise se mettait à attaquer le clients, il y avait des risques pour le marchand. Mais le clients avait su trouver les bons arguments pour convaincre. Il s’avérait que c’était un propriétaire d’arène et que les esclaves étaient bien moins chers que des combattants professionnels et que ce léopard était parfait pour les spectacles qu’il promettait. Broken n’avait pas grand-chose à faire que de regarder les activités de Senmout. Il s’était presque habitué à entendre le marchand tenter de déployer le plus d’arguments pour vendre ses produits. La plupart étaient des zombies parfaitement légaux. Eux, ils étaient à l’avant de la boutique et les esclaves comme le cobe ne les voyaient quasiment jamais.
Puis il entendit les voix des premiers clients arriver dans la boutique, mais ce n’était pas des clients de confiance visiblement vu que Broken Goat n’entendait que leurs voix. Et pour cause, les esclaves avaient ordre de se taire, pour ne pas éveiller les soupçons. Puis Senmout leur avait bien dit que ce n’était pas la peine d’appeler à l’aide. Quelques esclaves discutaient en chuchotant, mais le cobe savait qu’il ne pourrait pas participer à la discussion. Donc tout ce qu’il pouvait faire c’était s’ennuyer. Mais il préférait largement ça à quand un client plus confidentiel de Senmout débarquait et qu’il fallait exposer la marchandise. L’esclave devait se tenir droit comme un piquet et attendre tandis qu’il se faisait tripoter comme on palpait n’importe quel fruit sur l’état d’un marchand. Après tout, ils étaient au même niveau qu’une banane ou une poterie. De simples marchandises à vendre.
La porte de l’arrière boutique se mit à grincer tandis que les voix de Senmout et d’un autre client se faisaient entendre. Un silence s’installa parmi les esclaves. Tous étaient en alerte, comme un troupeau d’antilopes à l’approche d’un prédateur. Broken pouvait constater que malgré le mépris de ses homologues humain pour lui, ils se comportaient exactement comme lui. Puis, ils furent sortis un à un pour être alignés sur un présentoir. Broken fut le dernier. On l’attacha et on mit autour de son cou une pancarte indiquant son prix. Il ne savait pas lire, mais il avait entendu de Senmout qu’il était vendu au rabais parce qu’il ne partait pas. Puis le manège pénible commença, les esclaves se faisaient palper, on vérifiait leur dentition, leur musculature. Tous ne portaient qu’un petit pagne afin que les potentiels clients puissent bien contempler leur corpulence. Bien sûr, Broken fut exclu car trop maigre. A force de rester debout, il sentait des douleurs aux membres, il cherchait à changer régulièrement de membre porteur. Puis le client décida que rien ne l’intéressait dans ce qui était proposé, même les humains. Il voulait des esclaves sexuels et des femmes de préférence et même les hommes présents ne convenaient pas à ce qu’il demandait car trop abîmés selon lui. Donc une fois celui-ci parti, les esclaves furent détachés pour être jetés dans leur cage. Le cobe reprit sa place habituelle, les oreilles baissées, retrouvant avec soulagement l’ennui de l’attente.
Pour les besoins, c’était un tas de paille pour tout le monde et bien sûr, pas d’intimité. Résultat, une odeur nauséabonde émanait de cette cellule sinistre. Semnout faisait nettoyer la prison aux esclaves chaque soir. Il avait bien sûr ses propres esclaves personnels afin d’assurer ses propres besoins. Il baignait dans ce commerce honteux, autant en profiter jusqu’au bout. Puis vint la pause du midi, la boutique était fermée et Senmout fut suffisamment sadique pour venir manger dans l’arrière boutique devant ses esclaves affamés. Et lui avait bien sûr le droit à un vrai repas. Puis il leur fit tous les reproches du fait que son client n’avait prit aucun d’entre eux et qu’heureusement que les zombies étaient présents pour compenser leur incompétence à se vendre correctement. Surtout Broken Goat qui était actuellement le plus ancien esclave présent.
- Toi, si j’te vends pas aujourd’hui, d’main j’te fais abattre ! Tu m’coûtes d’la nourriture, et tu m’rapportes rien !
Le cobe se recula dans son coin et se tassa, se faisant tout petit. Il avait bien trop peu d’espoir que quelqu’un ne vienne l’aider. Puis sa pause terminée, Senmout rouvrit la boutique pour l’après-midi. Désormais, jusqu’à la fin de la journée, l’hybride savait qu’il y avait de fortes chances que ce jour soit le dernier qu’il aurait en ce monde. Et ainsi se terminerait la vie misérable d’un esclave doublé d’un hybride ayant le malheur d’être une proie. Un faible dans un monde où on jaugeait la valeur d’un individu à travers sa violence et sa cruauté. Où les plus violents avaient su imposer leur loi. Ce qui aurait été impossible dans un troupeau nomade où il était possible de fuir les brutes.
CENDRES
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Pendant toute la matinée, Kilanna avait observé, perchée sur un toit voisin. Les humains, en bons idiots qu'ils étaient, ne pensaient jamais à regarder en l'air. Et pourtant, ils devaient savoir que parmi les êtres qui les entouraient, certains pouvaient voler, non ? Enfin, peu importait. En fait, cela l'arrangeait. Si elle restait dans les hauteurs, elle pouvait comploter tranquillement avec elle-même en étant presque certaine de ne pas être dérangée.
Mais que faisait-elle ici ? N'était-elle pas censée s'adonner à son nouvel emploi ? C'était exact, mais il était tout aussi exact que, lorsqu'elle avait entendu parler de ce commerçant contrevenant, elle avait su être assez persuasive pour avoir l'autorisation de venir le traquer. D'accord, à l'origine, elle devait juste l'observer, mais... Elle sortit une fiole de son sac. C'était trop tentant. Depuis le temps qu'elle lorgnait sur ce poison sans pouvoir se l'offrir, à présent qu'elle avait craqué, elle n'allait pas le laisser pourrir. Enfin, façon de parler. Un liquide pouvait-il pourrir ? Elle se poserait la question plus tard. Pour l'instant, sa nouvelle cible fermait boutique... Ce qui voulait dire qu'il était temps pour elle d'agir. Sans se faire voir, elle s'infiltra dans la boutique derrière son propriétaire, puis attendit dans un coin qu'il ait fini de préparer son repas. Tiens, où allait-il ? Il ne mangeait pas dans la pièce principale ? Très bien, cela l'arrangeait. Elle avisa la gourde d'eau qu'elle avait vue à sa ceinture lorsqu'il travaillait. Il l'avait intentionnellement laissée là, où il l'avait oubliée... Grave erreur, dans les deux cas. S'assurant de ne pas faire de bruit, elle se saisit du récipient et y déversa, par précaution, l'ensemble du contenu de son flacon. Puis elle referma correctement le tout, qu'elle secoua, histoire de s'assurait que tout était bien mélangé. Après quoi, elle reposa l'objet là où elle l'avait trouvé et dans sa position initiale, puis retourna se cacher pour quitter les lieux de la même manière qu'elle y était entrée. À présent, il n'y avait plus qu'à attendre. Le poison mettrait un peu de temps à agir, mais elle doutait que qui que ce soit veuille vraiment aider un tel homme, non ? Et si tel était le cas... Elle occuperait les volontaires. Peut-être que la solution à la fois la plus simple et la plus efficace serait de leur parler de tout et de rien. Le but n'était pas d'être intéressante, mais de leur prendre suffisamment de leur temps pour qu'ils ne puissent pas l'aider. Ou alors...
Elle changea d'avis. Il y avait peut-être un moyen de s'en sortir sans témoin. Camouflant ses ailes, elle s'avança, telle une simple cliente.
- Bonjour ! Mon maître aimerait savoir ce que vous avez en stock. Si je lui fais un rapport satisfaisant, il pourrait venir en personne. Et sachez qu'il s'agit de quelqu'un d'important, il pourrait même choisir plusieurs esclaves... Et vous payer un bon prix. Mais il est de ceux qui ne se déplacent pas pour rien, vous avez intérêt à être convaincant.
Elle craignait qu'il lui demande qui était le maître en question. Elle ne pourrait pas citer son véritable employeur, qui, si elle le connaissait bien, n'approuvait pas ce genre de pratique. D'ailleurs, elle espérait qu'il lui pardonne si, un jour, il apprenait qu'elle avait créé un personnage en s'inspirant de lui... Mais c'était un simple personnage, qui n'existait pas et n'avait même pas de nom. Oui, cela devrait passer. Elle l'espérait. Pour son propre bien.
Contrairement à ce qu'elle craignait, le propriétaire des lieux la précéda dans la boutique. Elle ne put retenir un sourire carnassier. Décidemment, l'appât du gain était une valeur sûre...
Il l'introduisit donc face aux esclaves, dont les traitements subis faillirent lui faire perdre le contrôle. Mais, patience. Leur heure viendrait. Et plus tôt qu'ils ne le pensaient... C'est alors qu'elle commença à entendre le contrevenant se plaindre. Oh, ainsi, il avait bu... Bien plus tôt que prévu. Tant mieux.
- Oh, votre eau serait-elle trop acide ? Ou alors... Je vous déconseille de laisser votre boisson sans surveillance en présence d'un ancien assassin !
Se retournant alors vers lui, elle lui montra sa fiole vide.
- Personne ne viendra vous aider. Je pourrais vous achever, mais vous ne le mértiez même pas. Faites-moi juste le plaisir de mourir en silence.
Puis, tranquillement, elle alla libérer les esclaves, avec un mot de réconfort pour chacun, n'accordant plus aucune attention au malfrat. Oui, elle devrait s'en débarrasser. Mais plus tard. Lorsque les lieux seraient vides. Ce n'était pas comme si qui que ce soit ici se souciait de son sort, de toutes façons.
Mais que faisait-elle ici ? N'était-elle pas censée s'adonner à son nouvel emploi ? C'était exact, mais il était tout aussi exact que, lorsqu'elle avait entendu parler de ce commerçant contrevenant, elle avait su être assez persuasive pour avoir l'autorisation de venir le traquer. D'accord, à l'origine, elle devait juste l'observer, mais... Elle sortit une fiole de son sac. C'était trop tentant. Depuis le temps qu'elle lorgnait sur ce poison sans pouvoir se l'offrir, à présent qu'elle avait craqué, elle n'allait pas le laisser pourrir. Enfin, façon de parler. Un liquide pouvait-il pourrir ? Elle se poserait la question plus tard. Pour l'instant, sa nouvelle cible fermait boutique... Ce qui voulait dire qu'il était temps pour elle d'agir. Sans se faire voir, elle s'infiltra dans la boutique derrière son propriétaire, puis attendit dans un coin qu'il ait fini de préparer son repas. Tiens, où allait-il ? Il ne mangeait pas dans la pièce principale ? Très bien, cela l'arrangeait. Elle avisa la gourde d'eau qu'elle avait vue à sa ceinture lorsqu'il travaillait. Il l'avait intentionnellement laissée là, où il l'avait oubliée... Grave erreur, dans les deux cas. S'assurant de ne pas faire de bruit, elle se saisit du récipient et y déversa, par précaution, l'ensemble du contenu de son flacon. Puis elle referma correctement le tout, qu'elle secoua, histoire de s'assurait que tout était bien mélangé. Après quoi, elle reposa l'objet là où elle l'avait trouvé et dans sa position initiale, puis retourna se cacher pour quitter les lieux de la même manière qu'elle y était entrée. À présent, il n'y avait plus qu'à attendre. Le poison mettrait un peu de temps à agir, mais elle doutait que qui que ce soit veuille vraiment aider un tel homme, non ? Et si tel était le cas... Elle occuperait les volontaires. Peut-être que la solution à la fois la plus simple et la plus efficace serait de leur parler de tout et de rien. Le but n'était pas d'être intéressante, mais de leur prendre suffisamment de leur temps pour qu'ils ne puissent pas l'aider. Ou alors...
Elle changea d'avis. Il y avait peut-être un moyen de s'en sortir sans témoin. Camouflant ses ailes, elle s'avança, telle une simple cliente.
- Bonjour ! Mon maître aimerait savoir ce que vous avez en stock. Si je lui fais un rapport satisfaisant, il pourrait venir en personne. Et sachez qu'il s'agit de quelqu'un d'important, il pourrait même choisir plusieurs esclaves... Et vous payer un bon prix. Mais il est de ceux qui ne se déplacent pas pour rien, vous avez intérêt à être convaincant.
Elle craignait qu'il lui demande qui était le maître en question. Elle ne pourrait pas citer son véritable employeur, qui, si elle le connaissait bien, n'approuvait pas ce genre de pratique. D'ailleurs, elle espérait qu'il lui pardonne si, un jour, il apprenait qu'elle avait créé un personnage en s'inspirant de lui... Mais c'était un simple personnage, qui n'existait pas et n'avait même pas de nom. Oui, cela devrait passer. Elle l'espérait. Pour son propre bien.
Contrairement à ce qu'elle craignait, le propriétaire des lieux la précéda dans la boutique. Elle ne put retenir un sourire carnassier. Décidemment, l'appât du gain était une valeur sûre...
Il l'introduisit donc face aux esclaves, dont les traitements subis faillirent lui faire perdre le contrôle. Mais, patience. Leur heure viendrait. Et plus tôt qu'ils ne le pensaient... C'est alors qu'elle commença à entendre le contrevenant se plaindre. Oh, ainsi, il avait bu... Bien plus tôt que prévu. Tant mieux.
- Oh, votre eau serait-elle trop acide ? Ou alors... Je vous déconseille de laisser votre boisson sans surveillance en présence d'un ancien assassin !
Se retournant alors vers lui, elle lui montra sa fiole vide.
- Personne ne viendra vous aider. Je pourrais vous achever, mais vous ne le mértiez même pas. Faites-moi juste le plaisir de mourir en silence.
Puis, tranquillement, elle alla libérer les esclaves, avec un mot de réconfort pour chacun, n'accordant plus aucune attention au malfrat. Oui, elle devrait s'en débarrasser. Mais plus tard. Lorsque les lieux seraient vides. Ce n'était pas comme si qui que ce soit ici se souciait de son sort, de toutes façons.
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Briser les chaînes
Un nouveau départ.
L’après-midi repris son cours, les esclaves continuaient à attendre, terrés dans leur cellule puante. Broken Goat restait distant des quatre autres esclaves. L’un d’eux parlait de sa vie avant les chaînes. Il avait été un mendiant. Et c’était lors de sa capture qu’il avait compris pourquoi les indigents de sa ville disparaissaient bien trop vite pour que les causes ne soient que liées à leur statut. Et bien sûr, personne ne s’inquiétaient de la disparition des mendiants et les autorités avaient tendance à ne pas trop prendre au sérieux ce genre d’affaire tant leur mode de vie était considéré à risques. Bien sûr, ils n’auraient pas la même réaction si la victime était issue de la bonne noblesse bien installée. Broken Goat, personne ne connaissait son existence avant qu’il ne soit vendu à Senmout. Il avait toujours connu cette vie d’esclave et visiblement, ce n’était pas prêt de changer. Le cobe se gratta un peu derrière l’oreille tout en continuant d’écouter ce que les autres esclaves se disaient à voix-basse. Il n’avait rien d’autre à faire après tout. Mais tant qu’on ne le tripotait pas. Il avait encore en travers de la gorge ce type venu dans la matinée qui cherchait des esclaves pour son bordel et qui n’y était pas allé de main morte avec lui pour ce genre de choses. Le cobe aurait bien eu envie de lui donner un coup de tête ou de sabot, mais non, il se devait de jouer l’esclave docile.
Des voix se firent de nouveau entendre en direction de la porte, cette-fois-ci, Broken Goat distingua une voix féminine. Il ne l’avait jamais entendu, peut-être que c’était une cliente que Senmout avait connu bien avant que le cobe ne fasse son entrée dans cet endroit sinistre où il n’avait même pas d’eau pour ses baignades qu’il adorait tant. Au moins, chez son ancien maître, il pouvait toujours se prélasser en douce dans son bassin. En plus de pouvoir se laver.
Senmout ouvrit la porte de l’arrière boutique et précéda une jeune femme aux cheveux rouges. Puis il ouvrit la cage pour prendre ses esclaves un à un afin de les attacher au présentoir. Bien sûr Broken Goat fut le dernier. Le marchand lui adressa un sourire sadique et lui glissa.
- Dernière chance… Demain c’est terminé pour toi.
Le cobe se raidit. Le marchand introduisit ses esclaves en insistant sur l’hybride. Pour une fois, Broken Goat avait vraiment envie que quelqu’un l’achète tant il était bien trop craintif face à la mort. Sans doutes que cette femme ne serait pas pire que son ancien maître. Peut-être que si son commanditaire était assez riche, il aurait un bassin pour se baigner.
- Celui-ci est vraiment pas cher, et c’est le jour de chance de votre maître, s’il en prend un autre, l’hybride sera encore moins cher. Il est un peu maigre, mais son premier maître, il se mit à tousser, mais une mauvaise toux, s’en est pas trop plaint…
Puis le marchand se mit à transpirer abondamment tandis qu’il se demandait ce qui lui arrivait, c’est alors que sa cliente offrit un retournement de situation à laquelle Broken Goat n’était pas du tout préparé. Elle l’avait assassiné. Mais elle ne lui offrit pas une mort rapide, mais lente et douloureuse. Tandis que le marchand agonisait, son assassin était déjà passé à autre chose et libérait les captifs en commençant par les quatre humains. Chacun avait eu le droit à des mots réconfortants, que désormais la liberté leur tendait les bras. Broken Goat fut le dernier. Et on lui annonça également qu’il était libre. Tandis que les humains avaient aussitôt quitté la boutique après avoir remercié leur bienfaitrice, comme s’ils savaient où aller et quoi faire, l’hybride était resté, hésitant. La liberté, il ne savait pas ce que c’était. Depuis sa naissance, il avait été un esclave. Il ignorait où aller. Mais sentant qu’il devait partir, il prit lui aussi le départ pour la sortie, mais d’un pas plus hésitant, les oreilles baissées, la queue rentrée entre les jambes. Il avait tout de même pris la peine de remercier sa sauveuse comme les autres. Un merci sincère, car grâce à elle, il ne mourrait pas demain. Il contourna Senmout qui émettait un râle indiquant qu’il n’en avait plus pour très longtemps.
Ironiquement, ce fut pour lui que le dernier jour en ce monde vint. Et lui qui se vantait d’avoir des contacts, était désormais seul, et n’avait pas put compter sur ses esclaves, ni-même les zombies qui étaient de toutes manières emprisonnés comme les captifs vivants. Le cobe passa pour la première fois depuis des mois cette porte qui menait vers l’avant de la boutique. Il était entouré de morts-vivants qui tentaient de se libérer de leur cage comme pour sauter sur l’hybride. Puis Broken Goat passa enfin la porte et dehors, il fut aveuglé par la lumière de l’astre diurne à laquelle il n’était plus du tout habitué après avoir été confiné dans l’arrière boutique seulement éclairée par la lueur des lampes à huile. Maintenant il était libre. Il sentit une légère brise caresser son corps. Les autres esclaves étaient déjà partis. Il ne restait plus que lui devant la boutique. Des badauds passèrent devant lui, lui adressant des regards de mépris pour certains avant de reprendre leurs occupations. L’un d’eux se demanda ce que faisait cet hybride en pagne devant chez le marchand avant de reprendre sa route. Sans doutes pour éviter les ennuis en ne se mêlant pas de ce qu’il ne le regardait pas. Le cobe se demandait ce qu’il allait faire maintenant. Il ne savait pas où aller, quoi faire. Broken Goat ignorait ce qu’était la liberté et cela le terrifiait malgré sa reconnaissance envers sa libératrice.
Puis il repensa à son envie de se baigner. Voilà qu’il avait enfin des objectifs, se baigner, boire et se nourrir comme pour appuyer ces besoins, son estomac gargouilla. Oui, il avait faim, mais la grande question était de savoir où trouver un tel endroit. Quand il avait fait le voyage jusqu’à chez Senmout, ça s’était fait dans un fourgon où peu de lumière passait. Personne ne devait voir cette marchandise. Donc Broken, n’avait aucune idée sur ce à quoi pouvait ressembler le village et ses alentours. Peut-être que la femme pourrait le renseigner, mais il se disait qu’elle avait sans doutes autre chose à faire. Pendant qu’il réfléchissait devant la boutique, il ignorait ce que faisait la responsable du meurtre du marchand.
CENDRES
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Une fois tous les esclaves partis, son regard croisa celui de sa victime, qui avait enfin terminé d'agoniser. À présent, il lui fallait trouver le moyen de se débarrasser du corps encore chaud. Elle pourrait l'enterrer dans un coin, mais un tel être méritait-il seulement un tel traitement ? Elle préfèrerait largement le laisser pourrir ou se faire dévorer par les vautours... Oh, d'ailleurs, le désert n'était pas trop loin. Si elle l'abandonnait là-bas, le soleil et les bêtes sauvages se chargeraient de faire disparaître toute trace. D'un autre côté... Il avait été empoisonné. Et si le poison agissait aussi contre la créature qui le consommerait ? Non, elle ne pouvait pas prendre ce risque. Elle devait brûler le corps. Ainsi, il n'en resterait pas de traces, mais elle ne tuerait pas non plus, même indirectement, de créature innocente. Elle aimait beaucoup les animaux, son coeur d'hybride battant pour eux probablement bien plus que celui de n'importe quel être "pur" ne le pourrait jamais. Mais pourquoi ne se sentait-elle pas de la même manière vis-à-vis des humains ? Peut-être parce que les animaux, eux, ne perdaient pas de temps et d'énergie à s'adonner à la moindre discrimination. Trouver de la nourriture et un abri était bien plus important. Et la sélection naturelle s'occupait de s'assurer de la survie de l'espèce. Il n'y avait que les humains pour s'autodétruire de manière aussi inconsidérée...
Enfin, tout cela ne résolvait pas son problème. Il lui faudrait du combustible. Et dans le désert, c'était difficile à trouver. Néanmoins, elle pouvait toujours sortir le corps de la boutique.
Quelques instants plus tard, une étrange créature aux ailes de dragon quitta les lieux par la voie des airs. Kilanna attendit de se trouver au milieu de nulle part pour simplement lâcher son fardeau, sans même prendre la peine de perdre de l'altitude. Garder le corps en bon état n'importait pas, compte tenu du sort qu'elle lui réservait. Au lieu de quoi, elle partit en quête d'une oasis pour y prélever un peu de bois. Une fois le lieu trouvé, sa dague à tête de dragon fit des merveilles pour sa récolte. Puis elle revint, et ne perdit pas de temps à créer son feu. Qu'elle abandonna rapidement. Après tout, au milieu du sable, il ne pouvait pas créer d'incendie. Il brûlerait jusqu'à avoir épuisé son combustible. Puis, tel un être vivant, une fois à court de nourriture, il n'aurait d'autre choix que de mourir. En parlant d'être vivant en manque de nurriture... Elle ne pouvait cesser de penser à ce dernier esclave, bien plus maigre et moins assuré que les autres. Depuis combien de temps n'avait-il pas mangé, exactement ? Elle décida donc de revenir vers le village. S'il s'y trouvait toujours, elle prendrait soin de lui jusqu'à ce qu'il soit capable de s'en sortir sans elle.
Aussitôt pensé, aussitôt fait. Elle reprit son envol et revint sur ses "pas". Elle ne tarda pas à remarquer la petite silhouette visiblement perdue, même depuis les yeux. Alors, elle atterrit avec grâce devant lui. Elle l'observa un moment, avant de lancer :
- Rebonjour. Je ne vais pas y aller par quatre chemins, il faut que quelqu'un s'occupe de toi. Depuis combien de temps n'as-tu pas mangé, exactement ? Un homme est censé être plus fort qu'une femme, tu sais. Mais là, je suis sûre que je pourrais facilement te casser en deux, ça ne va pas. Il va falloir arranger ça.
Le premier besoin essentiel pour un être vivant, c'était boire. L'oasis repérée plus tôt serait plus que capable de résoudre ce problème. Alors, elle lui ouvrit les bras :
- Au moins, un avantage, c'est que tu n'es probablement pas lourd. Il y a de l'eau, plus loin. Mais il sera plus facile d'y aller en volant, alors... Si tu veux utiliser mes ailes, viens.
Ce serait à lui de choisir s'ils voleraient ou s'il préférait se débrouiller seul. Après tout, elle avait toujours un ministre à protéger, et chaque minute qu'elle passait loin de lui lui faisait craindre de ne pas le retrouver à son retour...
Enfin, tout cela ne résolvait pas son problème. Il lui faudrait du combustible. Et dans le désert, c'était difficile à trouver. Néanmoins, elle pouvait toujours sortir le corps de la boutique.
Quelques instants plus tard, une étrange créature aux ailes de dragon quitta les lieux par la voie des airs. Kilanna attendit de se trouver au milieu de nulle part pour simplement lâcher son fardeau, sans même prendre la peine de perdre de l'altitude. Garder le corps en bon état n'importait pas, compte tenu du sort qu'elle lui réservait. Au lieu de quoi, elle partit en quête d'une oasis pour y prélever un peu de bois. Une fois le lieu trouvé, sa dague à tête de dragon fit des merveilles pour sa récolte. Puis elle revint, et ne perdit pas de temps à créer son feu. Qu'elle abandonna rapidement. Après tout, au milieu du sable, il ne pouvait pas créer d'incendie. Il brûlerait jusqu'à avoir épuisé son combustible. Puis, tel un être vivant, une fois à court de nourriture, il n'aurait d'autre choix que de mourir. En parlant d'être vivant en manque de nurriture... Elle ne pouvait cesser de penser à ce dernier esclave, bien plus maigre et moins assuré que les autres. Depuis combien de temps n'avait-il pas mangé, exactement ? Elle décida donc de revenir vers le village. S'il s'y trouvait toujours, elle prendrait soin de lui jusqu'à ce qu'il soit capable de s'en sortir sans elle.
Aussitôt pensé, aussitôt fait. Elle reprit son envol et revint sur ses "pas". Elle ne tarda pas à remarquer la petite silhouette visiblement perdue, même depuis les yeux. Alors, elle atterrit avec grâce devant lui. Elle l'observa un moment, avant de lancer :
- Rebonjour. Je ne vais pas y aller par quatre chemins, il faut que quelqu'un s'occupe de toi. Depuis combien de temps n'as-tu pas mangé, exactement ? Un homme est censé être plus fort qu'une femme, tu sais. Mais là, je suis sûre que je pourrais facilement te casser en deux, ça ne va pas. Il va falloir arranger ça.
Le premier besoin essentiel pour un être vivant, c'était boire. L'oasis repérée plus tôt serait plus que capable de résoudre ce problème. Alors, elle lui ouvrit les bras :
- Au moins, un avantage, c'est que tu n'es probablement pas lourd. Il y a de l'eau, plus loin. Mais il sera plus facile d'y aller en volant, alors... Si tu veux utiliser mes ailes, viens.
Ce serait à lui de choisir s'ils voleraient ou s'il préférait se débrouiller seul. Après tout, elle avait toujours un ministre à protéger, et chaque minute qu'elle passait loin de lui lui faisait craindre de ne pas le retrouver à son retour...
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Briser les chaînes
Un nouveau départ.
Perdu, c’était ce qui définissait le mieux l’esclave à ce moment-là. Il regardait autour de lui, incapable de savoir faire quoique ce soit. Il lui fallait de l’eau, absolument. C’était sa priorité. Mais où en trouver ? La plupart des gourdes qu’il voyait, des fontaines, rien ne lui appartenait et les voler était un coup à s’attirer des ennuis. Et c’était bien la dernière chose dont l’esclave avait besoin. Dans ses errances à la recherche de quoi se rassasier, il avait commencé à s’éloigner de la boutique, toujours les oreilles baissées. Il restait à distance le plus possibles des passants. En tant qu’hybride rejeté, il avait bien compris qu’il n’obtiendrait rien des humains, nains et autres elfes qui vaquaient à leurs occupations. Il passa devant l’échoppe d’un potier, il vit l’homme mettre ses mains dans un récipient d’eau afin de mouiller l’argile pour faciliter le façonnage de ses poteries. Il avait terriblement soif.
En passant près de la demeure d’individus mieux lotis, il entendit les sons d’une personne se baignant, tandis que lui mourrait de soif et avait tant envie de se baigner. L’eau lui offrait tout ce dont il avait besoin. Mais ce bassin ne lui appartenait pas. S’il venait dans cette maison, il lui arriverait des ennuis. Cela lui rappelait la demeure de son maître et son grand bassin où l’esclave allait parfois s’y baigner et manger des plantes aquatiques en catimini. Il était conscient que ce n’était pas bien, mais il avait absolument besoin d’eau.
Pendant ses errances, il n’avait pas revu les autres esclaves qui l’accompagnaient. Ils étaient déjà partis sans demander leur reste. Sans doutes avaient-ils déjà quitté le village. Broken Goat l’ignorait. Et bien sûr, il savait qu’il ne pourrait pas compter sur eux, vu comme ils le méprisaient. Même les nouveaux venus l’avaient rapidement rejeté. Pourquoi cette haine, pourquoi était-il ainsi ? Il n’avait pas choisi d’être ainsi. Pourtant, il reçu un discret regard de pitié de la part d’une femme âgée avant que celle-ci ne se détourne comme si elle craignait la réaction de ses pairs d’avoir eu de l’empathie pour un être qui ne le méritait pas selon leurs standards. Les humains avaient appris à haïr ce qui était différent, peut-être parce que ça en arrangeait certains.
En attendant, Broken Goat était toujours perdu. Il n’avait jamais appris à se débrouiller par lui-même. Pour ne pas qu’il se révolte, on en avait fait un être faible et terriblement dépendant. Car sa faiblesse arrangeait d’autres. Dans ce monde, on ne protégeait pas les faibles, on les écrasait. Et ceux qui profitaient du sort des plus vulnérables oubliaient à quel point ils l’étaient tout autant. Mais Broken Goat avait d’autres priorités actuellement. Il voulait à tout prix de l’eau. Depuis combien de temps, il n’avait pas put manger et boire à sa faim. Depuis toujours visiblement vu qu’il avait été esclave depuis sa naissance. Et on contrôlait sans cesse ce qu’il devait manger et boire ainsi que leurs quantités. Et à chaque fois, ça devait-être le minimum, aussi bien en quantité qu’en qualité. Il n’avait quasiment connu que le foin jauni ou la bouillie de céréales immonde dans laquelle il ne savait même pas ce qu’il y avait. Mais fallait la manger parce qu’ils n’auraient que ça. Cela faisait depuis le début de matinée qu’il n’avait rien bu et rien mangé. Ils n’avaient eu que leurs rations quotidiennes données le matin et après, ils devaient patienter jusqu’au lendemain. Et parce qu’il ne se vendait pas, et que Senmout se plaignait qu’il lui coûtait de l’argent en nourriture et en eau, Broken Goat avait dû se contenter de rations de plus en plus petites, au point qu’il commençait à être tenté par la paille servant pour les latrines des esclaves. Il en était arrivé à ce point où manger de la paille puant l'urine et la merde était une option envisageable. Et on lui demandait de travailler le soir avec si peu de nourriture. Cela expliquait sa maigreur par rapport aux autres.
Tandis qu’il errait sans but dans les rues désertes, Broken Goat vit soudain une silhouette ailée se poser devant lui et il recula d’effroi, manquant de tomber à la renverse. Mais il y reconnut aussitôt la femme qui avait assassiné Senmout et libéré les esclaves. Que lui voulait-elle, le cobe l’ignorait. Il espérait ne pas subir le même sort que le marchand, enfin, si elle l’avait libéré, ça serait un peu stupide de le tuer ensuite. Elle fit le constat qu’il était bien maigre, chose vraie et qu’il manquait cruellement de force et qu’effectivement chez les cobes, les mâles étaient bien plus costauds que les femelles. En plus de posséder des cornes.
A la question de savoir depuis combien de temps il avait le ventre vide, il savait que c’était depuis le matin. Ainsi que soif. Elle lui proposa alors de remédier au problème en lui proposant ses services. Pas en tant qu’assassin, mais grâce aux ailes qu’elle avait su dissimuler quand ils étaient encore chez Senmout. Toujours les oreilles baissées et un air soumis, l’esclave hocha la tête affirmativement, même si l’idée de voler le terrifiait, il n’avait pas envie de contrarier cette personne de peur de finir comme le marchand. Il n’avait jamais envisagé de prendre les airs, peut-être parce qu’il était une créature faite pour marcher et nager, pas pour voler. Après tout, Broken Goat était un trouillard qui ne savait pas vraiment dire non. Pour ça, son premier maître l’avait parfaitement bien dressé. L’hybride s’approcha donc d’un pas toujours craintif. Il se disait que la jeune femme allait le porter, donc il leva un peu les bras afin de faciliter la prise tout en inspirant nerveusement et il ferma les yeux refusant de voir le sol se dérober à ses pieds. Mais si c'était le seul moyen d'avoir accès à l'eau, autant le tenter.
CENDRES
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Elle lui avait fait peur ? D'un autre côté, ce n'était pas si surprenant que cela. Après tout, il n'avait pas d'ailes. Et les siennes n'étaient pas des plus discrètes.Après tout, elle était la première à se plaindre de l'étroitesse des rues des grandes villes. Alors, oui, elle s'en rendait compte à présent, cela pouvait être impressionnant. D'autant plus qu'il avait assisté à l'empoisonnement...
Ce fut d'une voix plus douce qu'elle commenta, lorsqu'elle remarqua les oreilles baissées :
- Tu n'as rien à craindre. Tu peux le voir, je suis une hybride aussi, et je me bats pour nos droits. Tu as le droit de refuser une proposition de ma part, tu sais. On pourrait aussi rejoindre l'oasis à pied, mais la traversée du désert n'en serait que plus dure. Et je pourrais aussi trouver une boutique pour t'acheter quelque chose, mais à en juger par la manière dont on te regarde, je pense qu'il sera plus sage de nous débrouiller seuls. Je sais ce que ça fait de se sentir pestiféré, et je ne souhaite ça à personne... Hormis à nos tortionnaires, évidemment.
Enfin, quoi qu'il en soit, elle n'allait pas le laisser ainsi les bras en l'air. Elle le prit dans ses bras, le tenant fermement, puis déploya de nouveau ses ailes.
- Attention, accroche-toi !
Elle attendit qu'il s'exécute avant de décoller. L'opération fut plus compliquée que prévu. Finalement, peut-être l'avait-elle jugé un peu vite. Il ne devait pas être autant une coquille vide qu'elle l'avait d'abord cru. Mais elle raffermit sa prise et augmenta sa vitesse, afin de diminuer les chances de le lâcher. Non, elle ne le lâcherait pas, il ne fallait pas parler de probabilité. Elle ne tuait pas les siens.
Cependant, à présent qu'elle savait où aller, elle s'autorisa à évoluer à plus faible altitude que précédemment. En effet, à présent, elle n'avait plus besoin d'une vue d'ensemble. Seulement de s'assurer qu'elle ne se perdait pas.
Ils finirent par arriver à destination. Elle se posa doucement avant de libérer son passager.
- Air Kilanna vous remercie de votre fidélité et espère que vous avez passé un bon voyage !
Puis elle rit. Non, décidemment, l'humour, ce n'était pas son fort. Elle dégaina son arme ordinaire avant de déclarer :
- Je te laisse profiter de l'eau, je vais voir s'il y a quelque chose à chasser dans le coin. Après l'eau, c'est la nourriture qu'il te faut !
Puis elle prit les airs pour la troisième fois consécutive. Mais, cette fois, elle volait bien moins haut qu'auparavant, puisqu'il lui fallait étudier le sol. Et principalement ce qui bougeait au sol. Elle n'était même pas certaine de trouver un animal qui vaudrait le coup, mais elle n'avait pas le choix. Elle avait un protégé à nourrir. Il pourrait survivre quelques jours, avec cette eau à volonté, mais il lui faudrait néanmoins manger le plus tôt possible. Aussi, elle ne s'accorderait aucune pause tant qu'elle n'aurait rien trouvé. Et puis, elle non plus n'avait pas mangé, ce midi-là, trop concentrée sur sa tâche. Elle pourrait en profiter également.
Ce fut d'une voix plus douce qu'elle commenta, lorsqu'elle remarqua les oreilles baissées :
- Tu n'as rien à craindre. Tu peux le voir, je suis une hybride aussi, et je me bats pour nos droits. Tu as le droit de refuser une proposition de ma part, tu sais. On pourrait aussi rejoindre l'oasis à pied, mais la traversée du désert n'en serait que plus dure. Et je pourrais aussi trouver une boutique pour t'acheter quelque chose, mais à en juger par la manière dont on te regarde, je pense qu'il sera plus sage de nous débrouiller seuls. Je sais ce que ça fait de se sentir pestiféré, et je ne souhaite ça à personne... Hormis à nos tortionnaires, évidemment.
Enfin, quoi qu'il en soit, elle n'allait pas le laisser ainsi les bras en l'air. Elle le prit dans ses bras, le tenant fermement, puis déploya de nouveau ses ailes.
- Attention, accroche-toi !
Elle attendit qu'il s'exécute avant de décoller. L'opération fut plus compliquée que prévu. Finalement, peut-être l'avait-elle jugé un peu vite. Il ne devait pas être autant une coquille vide qu'elle l'avait d'abord cru. Mais elle raffermit sa prise et augmenta sa vitesse, afin de diminuer les chances de le lâcher. Non, elle ne le lâcherait pas, il ne fallait pas parler de probabilité. Elle ne tuait pas les siens.
Cependant, à présent qu'elle savait où aller, elle s'autorisa à évoluer à plus faible altitude que précédemment. En effet, à présent, elle n'avait plus besoin d'une vue d'ensemble. Seulement de s'assurer qu'elle ne se perdait pas.
Ils finirent par arriver à destination. Elle se posa doucement avant de libérer son passager.
- Air Kilanna vous remercie de votre fidélité et espère que vous avez passé un bon voyage !
Puis elle rit. Non, décidemment, l'humour, ce n'était pas son fort. Elle dégaina son arme ordinaire avant de déclarer :
- Je te laisse profiter de l'eau, je vais voir s'il y a quelque chose à chasser dans le coin. Après l'eau, c'est la nourriture qu'il te faut !
Puis elle prit les airs pour la troisième fois consécutive. Mais, cette fois, elle volait bien moins haut qu'auparavant, puisqu'il lui fallait étudier le sol. Et principalement ce qui bougeait au sol. Elle n'était même pas certaine de trouver un animal qui vaudrait le coup, mais elle n'avait pas le choix. Elle avait un protégé à nourrir. Il pourrait survivre quelques jours, avec cette eau à volonté, mais il lui faudrait néanmoins manger le plus tôt possible. Aussi, elle ne s'accorderait aucune pause tant qu'elle n'aurait rien trouvé. Et puis, elle non plus n'avait pas mangé, ce midi-là, trop concentrée sur sa tâche. Elle pourrait en profiter également.
Invité
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Briser les chaînes
Un nouveau départ.
Après quelques mots rassurants envers Broken Goat qui était surpris d’un tel égard, mais au fond un peu rassuré par des paroles pleines de sens et semblant parfaitement comprendre ce qu’il ressentait en tant qu’hybride. Et ainsi donc cette femme était comme lui, même si physiquement, ils n’avaient rien à voir. Le cobe ne savait pas vraiment quel genre d’hybride elle était, mais peu lui importait pour le moment. Puis il se laissa porter dans les airs. Le fait de ne plus sentir le sol sous ses pieds le rendit mal à l’aise, bien plus qu’il ne l’était déjà. En tout cas, pas question de se débattre, cela risquerait de déséquilibrer sa sauveuse et conduire à une chute mortelle ce qui n’était guère souhaitable. Au contraire, il se crispait et s’accrochait du mieux qu’il pouvait à l’hybride aux ailes de dragon. Lâcher pourrait avoir des conséquences tragiques. Après quelques instants qui parurent être une éternité pour l’esclave qui avait gardé les yeux clos, elle se posa enfin et il sentit de nouveau avec soulagement ses sabots toucher le sol. Il fut enfin lâché et il ouvrit les yeux. Sa sauveuse, dont le nom était visiblement Kilanna, riait à ce qui était une blague selon elle. Enfin pour Broken Goat, il ne comprenait pas vraiment, il fit mine de rire, mais une certaine gêne se faisait toujours sentir. Il avait l’impression de ne pas bien comprendre les autres. EN tout les cas, le décor avait changé, ce n’était plus le village, non, une oasis luxuriante et en son centre, de l’eau !
Sa bienfaitrice lui indiqua qu’elle allait chercher quelque chose à chasser, sans doutes pour se nourrir. Broken Goat la remercia et se tourna rapidement vers l’eau. Elle lui manquait tellement, il mourrait de soif et de faim et n’avait pas pu se baigner depuis des mois. Une fois Kilanna partie, le cobe se dirigea vers l’oasis tant désirée. Il commença à boire quelques gorgées et il se sentait son corps plus léger. Sa gorge avait été terriblement brulante jusqu’à maintenant. Désormais, il savourait le précieux liquide. Puis il entra peu à peu dans l’eau et s’immergea totalement. Il se sentait dans son élément et commença à nager un peu en surface avant de plonger pour chercher quelques plantes aquatiques. Autour de lui, un poisson-chat et des tilapias nageaient paresseusement avant de s’éloigner sur son passage. Il n’était pas un poisson, mais gardait une grande aisance en milieu aquatique.
Il resta un bon moment dans l’eau, assez pour profiter des sensations agréables que lui procuraient la baignade sur son corps endolori par des mois enfermée dans une cellule puante. En plus il avait également l’impression de purifier son corps de la crasse de ce lieu maudit. Puis cette oasis ne contenait pas seulement de quoi se désaltérer. Il y avait aussi de quoi étancher sa faim. Ainsi l’esclave trouva plusieurs plantes diverses aquatiques d’abord qu’il s’empressa de cueillir avant de remonter à la surface pour respirer et les manger. Elles étaient savoureuses. Au moins Broken Goat savait ce qu’il mangeait et ce n’était pas de la bouillie immonde ou du foin sec et jauni qui avait d’avantage sa place pour bourrer un matelas qu’en guise de nourriture. Après un moment passé dans l’eau, il ressorti avec des plantes à la main. Il s’ébroua un coup en sortant. L’eau lui avait fait un bien fou. Quelque chose qui lui avait tant manqué depuis des mois. Le cobe ne se contenta pas seulement de ce qu’il avait trouvé dans l’eau, il n’hésita pas à aller se servir dans les diverses plantes composant la végétation terrestre poussant sur les rives de l’oasis. Il pouvait manger et boire autant qu’il le désirait. Chose qu’il n’avait jamais connu auparavant. Lui qui avait toujours été contraint d’obéir sans discuter. Et même pour manger, tout était contrôlé.
En plus de racines et jeunes pousses de papyrus, il trouva des dattes, ainsi que diverses baies afin de varier un peu des graminés. Il avait également une autre idée en tête. Il se devait de remercier Kilanna pour l’avoir sauvé. Il mit de côté des fruits. Il en avait vu régulièrement sur les étals de marchands et son ancien maître en mangeait. Ne connaissant pas le régime alimentaire de cet hybride, il se disait qu’au moins, les fruits étaient ce qu’il y avait de plus acceptable. Il l’avait entendu dire qu’elle irait chasser, donc elle devait manger de la viande. Mais était-elle omnivore ?! Car dans ce cas, les fruits restaient des options. Puis il retourna brouter juste à côté. Il se mettait à genoux et arrachait des touffes avec ses mains tandis que sa tête restait levée, en alerte. Sa bipédie, ainsi que des mains préhensiles lui offraient des avantages que d’autres ruminants n’avaient pas. Cela lui permettait de surveiller le retour de sa bienfaitrice. Il ne pouvait pas lui offrir grand-chose, hormis une partie du fruit de sa cueillette. Après tout, il lui devait la liberté, ainsi que la vie. Car Senmout avait promis à son esclave qu’il serait mort le lendemain s’il ne se vendait pas. Mais Broken Goat était bien vivant et profitait actuellement de son meilleur repas depuis des années, voire depuis toujours.
Finalement, malgré l'appréhension, cette ballade dans les airs en avait valu la peine !
CENDRES
Invité
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Décidemment, peu étaient les animaux assez imprudents pour s'aventurer sur le cable du désert en début d'après-midi. Elle vit quelques scorpions, mais élimina aussitôt cette option : premièrement, il n'y avait pas grand-chose à manger là-dessus. Et puis, elle n'avait jamais cuisiné : durant son enfance, sa mère se chargeait des repas. Adulte, elle vivait à l'auberge. Et à présent qu'elle travaillait pour le Coeur, les repas lui étaient fournis, probablement tout comme ceux de son patron. Autrement dit, elle ne savait pas si elle serait capable de cuisiner. Mais elle savait faire un feu, elle l'avait prouvé un peu plus tôt. Faire rôtir de la viande sur ce feu ne devrait pas être très compliqué, non ? Il suffirait de la retirer avant qu'elle brûle... Sans compter qu'un scorpion possédait un dard empoisonné. Mal cuisiné, il risquait de devenir lui-même un poison...
Il lui fallait donc trouver autre chose. Mais quoi ? Soudain, elle perçut un mouvement à la limite de son champ de vision. Un fennec. Probablement attiré par le bruit et les mouvements inhabituels provoqués par la présence de l'hybride, il avait passé la tête hors de son terrier. Avant qu'il n'aie eu le temps de la rentrer à nouveau, la dague fusa, droit vers son coeur, que la lançeuse ne voyait pas, mais qu'elle devinait. Après tout, la morphologie d'un fennec était proche de celle d'un chien, non ?
Dans tous les cas, elle avait réussi son coup. Alors qu'elle déterrait le reste du corps de sa dernière victime, elle lui fit une promesse.
- Tu es un prédateur, comme moi. Je ne t'aurais pas attaqué si j'avais trouvé un autre animal. Pour me faire pardonner, je ne te laisserai pas pourrir. Nous mangerons ta viande, et je ferai utiliser ta peau à un artisan. Je pense même que tes griffes et tes crocs pourront être utiles aussi.
Seuls les yeux n'auraient aucune utilité à son avis. Mais qui sait, elle pourrait peut-être trouver quelqu'un qui saurait quoi en faire...
Dans tous les cas, elle avait ce qu'elle voulait. Et, efficace comme à son habitude, elle n'avait pas fait couler de sang. Seule sa lame souillée prouvait que la chasse avait bien eu lieu. Elle reprit rapidement son envol, la proie dans une main, la dague dans l'autre. Elle ne la rengainerait pas tant qu'elle ne serait pas nettoyée. Et l'eau de l'oasis serait parfaite pour cette tâche.
Lorsqu'elle fut se retour, elle n'en crut pas ses yeux. Son protégé mangeait de l'herbe ?
- Eh, mais tu aurais pu attendre, je t'avais dit que je ramènerais de la vraie nourriture ! D'accord, je suis certainement loin d'être la meilleure cuisinière, mais quand même !
Néanmoins, il fallait se mettre à la tâche. Concentrée, elle dépeça de son mieux sa prise. Evidemment, elle n'était pas non plus chasseresse et lorsqu'elle commettait un meurtre, elle se débarrassait du corps sans chercher à le dépecer de telle manière. Mais elle savait que la peau et les organes n'étaient pas comestibles. Tout comme elle se doutait qu'une peau trop abîmée ne serait d'aucune utilité au tanneur qu'elle prévoyait de payer plus tard. Alors, lentement, parfaitement concentrée sur sa tâche, elle fit de son mieux, salivant d'avance à la pensé de la viande qu'elle pourrait bientôt goûter. Elle était d'ailleurs tentée de la manger crue. Mais elle devait faire des efforts pour son protégé. Quelque chose lui disait que sa vie jusqu'alors n'avait pas été très positive. Alors, elle lui offrirait la meilleure expérience possible.
Il lui fallait donc trouver autre chose. Mais quoi ? Soudain, elle perçut un mouvement à la limite de son champ de vision. Un fennec. Probablement attiré par le bruit et les mouvements inhabituels provoqués par la présence de l'hybride, il avait passé la tête hors de son terrier. Avant qu'il n'aie eu le temps de la rentrer à nouveau, la dague fusa, droit vers son coeur, que la lançeuse ne voyait pas, mais qu'elle devinait. Après tout, la morphologie d'un fennec était proche de celle d'un chien, non ?
Dans tous les cas, elle avait réussi son coup. Alors qu'elle déterrait le reste du corps de sa dernière victime, elle lui fit une promesse.
- Tu es un prédateur, comme moi. Je ne t'aurais pas attaqué si j'avais trouvé un autre animal. Pour me faire pardonner, je ne te laisserai pas pourrir. Nous mangerons ta viande, et je ferai utiliser ta peau à un artisan. Je pense même que tes griffes et tes crocs pourront être utiles aussi.
Seuls les yeux n'auraient aucune utilité à son avis. Mais qui sait, elle pourrait peut-être trouver quelqu'un qui saurait quoi en faire...
Dans tous les cas, elle avait ce qu'elle voulait. Et, efficace comme à son habitude, elle n'avait pas fait couler de sang. Seule sa lame souillée prouvait que la chasse avait bien eu lieu. Elle reprit rapidement son envol, la proie dans une main, la dague dans l'autre. Elle ne la rengainerait pas tant qu'elle ne serait pas nettoyée. Et l'eau de l'oasis serait parfaite pour cette tâche.
Lorsqu'elle fut se retour, elle n'en crut pas ses yeux. Son protégé mangeait de l'herbe ?
- Eh, mais tu aurais pu attendre, je t'avais dit que je ramènerais de la vraie nourriture ! D'accord, je suis certainement loin d'être la meilleure cuisinière, mais quand même !
Néanmoins, il fallait se mettre à la tâche. Concentrée, elle dépeça de son mieux sa prise. Evidemment, elle n'était pas non plus chasseresse et lorsqu'elle commettait un meurtre, elle se débarrassait du corps sans chercher à le dépecer de telle manière. Mais elle savait que la peau et les organes n'étaient pas comestibles. Tout comme elle se doutait qu'une peau trop abîmée ne serait d'aucune utilité au tanneur qu'elle prévoyait de payer plus tard. Alors, lentement, parfaitement concentrée sur sa tâche, elle fit de son mieux, salivant d'avance à la pensé de la viande qu'elle pourrait bientôt goûter. Elle était d'ailleurs tentée de la manger crue. Mais elle devait faire des efforts pour son protégé. Quelque chose lui disait que sa vie jusqu'alors n'avait pas été très positive. Alors, elle lui offrirait la meilleure expérience possible.
Invité
Invité
Briser les chaînes
Un nouveau départ.
Enfin un vrai repas digne de ce nom, où il pouvait manger à sa faim. Cela faisait depuis des années que le cobe n’avait pas eu le droit à un tel privilège. Si ce n’était depuis toujours. Il ressentait un immense bonheur de pouvoir manger autant et des aliments si savoureux. Jusqu’à maintenant, il avait eu à se contenter d’un repas sommaire. Mais par contre, il se devait d’assister à celui de ses maîtres. Pour son premier propriétaire, il était non-seulement là pour aider en cuisine, mais également pour être à disposition du maître s’il avait besoin de quelque chose. Il se chargeait aussi de débarrasser les plats ou de les amener et malheur aux esclaves s’ils osaient prendre discrètement des morceaux. Et le gaspillage y allait de bon train devant des êtres avaient juste de quoi les maintenir en état de travailler. Puis, il fut contraint de supporter les repas de Senmout prenant un malin plaisir de les savourer devant des esclaves affamés s’étant contenté de nourriture infecte. Mais grâce à Kilanna, le foin jauni et sec bon à rembourrer un matelas c’était terminé. A moins que sa bienfaitrice ait une autre idée en tête, mais cela ne semblait pas être le cas. Elle avait bien dit qu’elle supportait pas de voir des hybrides souffrir et avait une empathie sincère envers les hybrides. Après tout, elle en était une. Mais existait-il des hybrides adeptes de l’esclavage, voilà une bonne question tant ils étaient méprisés et avaient plus de chances de devenir des bêtes de foire.
Finalement, la jeune femme fut de retour et avec la carcasse d’un fennec. Peut-être son repas. Broken Goat n’avait jamais vu d’humains manger un tel animal. La plupart du temps, c’était des volailles, bovins, moutons, porcs et également du gibier pour les plus riches. Et chez son maître, il avait vu de nombreuses antilopes au menu, dont des cobes. Et il avait été contraint de les cuisiner. Inutile de dire que pour lui, c’était très inconfortable. Même d’autres espèces plus éloignées comme des oryx ou des gazelles, c’était difficile pour lui. Il se souvenait que ça lui arrivait régulièrement de vomir après avoir été contraint de cuisiner des antilopes, surtout des cobes. Pour lui, c’était comme si un humain était contraint de cuisiner de la chair humaine. Heureusement que Kilanna n’avait pas tué une antilope.
Mais il n’avait pas été seulement contraint de préparer les victimes, il lui était arrivé d’assister à des mises à mort lors de chasses où la proie était enfermée dans un enclos. Même en se mettant à la place d’un prédateur, il peinait à voir quel fierté on pouvait tirer de tuer un être qui ne pouvait se défendre. Et en quoi cela pouvait-être une marque de force. Il n’en voyait que de la lâcheté. Des mauvais souvenirs parmi d’autres que Broken Goat retenait de son maître. Il avait bien vu Kilanna s’en prendre à Senmout et vu en elle une certaine satisfaction, mais ce dernier n’était pas vraiment une âme innocente. Il profitait de l’exploitation de malheureux qui avait pas eu beaucoup de chance en croisant les mauvaises personnes.
Elle lui fit la remarque qu’il aurait dû l’attendre afin d’avoir de la vraie nourriture. Pour Broken Goat, l’herbe était de la vraie nourriture. Cela lui confirmait qu’elle n’avait pas le même régime alimentaire que lui. Même si le cobe pouvait consommer de la viande, c’était assez rare, et sur les animaux, il recherchait plutôt les os riches en calcium qu’il mâchait. Une pratique fréquente chez les ruminants. De ce fennec, le cobe prendrait sûrement les os et laisserait la viande à sa bienfaitrice. Le fennec n’était pas très gros. Pour se faire pardonner et constatant que Kilanna n’était pas la meilleure cuisinière, il proposa donc son aide après s’être excusé.
- Moi désolé … Moi pouvoir aider à cuisiner ? Moi savoir cuisiner un peu … Moi pas aimer et manger viande… Mais moi mâcher os… Moi manger herbe et plantes… Herbe être nourriture... Mais foin jaune et sec ... non... ça être pour rembourrer matelas !
Comme ça, elle n’aurait pas chassé cette bête pour rien et Broken Goat n’aurait pas à se forcer. Car il ignorait comment serait pris le fait qu’il grimace en mangeant, surtout qu’elle avait fait des efforts pour chasser cette bête. L’esclave prit quelques herbes aromatiques afin de parfumer la viande. Il les avait déjà utilisé pour cuisiner de la viande à son maître. Les humains aimaient mettre des herbes sur la viande quand ils la faisaient cuire, parfois des fruits et divers légumes. Dommage qu’il n’ait pas de récipient pour que ça mijote. Mais il faudrait beaucoup de temps, la cuisson devait-être lente. Si ce n’était pas lui qui préparait la plupart des plats, il était souvent en train d’aider et tout ce qui était service, vaisselle, découpe de la viande, il faisait. Après tout, il était un esclave fait pour satisfaire les besoins de son maître.
Il réalisa que c’était bien la première fois depuis longtemps qu’il pensait à lui, à ses envies. Et surtout qu’il les exprimait à quelqu’un. Jusqu’à maintenant, Broken Goat devait s’effacer, uniquement satisfaire les envies de ceux qui le possédaient. Obéir aux moindres caprices sans discuter. Il ne pouvait pas écouter son corps, ses propres envies. Il avait commencé à expérimenter cela en cachette d’abord avec ses baignades nocturnes, puis avec son amant, un autre esclave, un humain qui ne traitait pas comme un monstre. Mais chaque fois, cela devait être caché, comme si ses désirs étaient honteux et qu’il ne devait pas en avoir. Juste être une coquille vide. Un peu comme un zombie, mais contrairement à ces derniers, Broken Goat était bien vivant. Mais il n’avait jamais vraiment compris quels plaisirs offraient le fait de dominer et écraser autrui.
Puis alors qu’il préparait un morceau de papyrus pour accompagner la viande, il réalisa que s’il connaissait le nom de sa sauveuse, elle devait sans doutes ignorer son nom. Avant de se demander si c’était vraiment nécessaire vu qu’il n’était qu’une chose. Et la plupart du temps, se faisait appeler avec des insultes.
- Moi…Broken Goat… Enfin… pas important…
CENDRES
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Pourquoi s'excusait-il ? Il n'avait rien fait de mal... Enfin, s'il voulait aider, elle ne pouvait pas refuser.
- C'est si évident que je n'ai jamais cuisiné ?
Néanmoins, elle finit par s'écarter du feu pour lui laisser la place, en profitant pour observer le moindre de ses gestes, afin d'en apprendre le plus possible. Après tout, elle ne devait perdre aucune occasion de s'améliorer. Il voulait les os ? Très bien, c'était une partie à laquelle elle n'avait de toutes façons pas trouvé d'utilité. L'herbe était de la nourriture ? Ah... Pour les herbivores, peut-être, oui...
Il la surprit soudain en lui donnant son nom. Ah. C'était vrai qu'elle ne le connaissait pas. En effet, il pourrait être utile de savoir comment l'appeler, si, un jour hypothétique, ils étaient amenés à se revoir.
- Comment ça, pas important ? Et comment voudrais-tu que je t'appelle si on se revoit ? Je suis désolée de ne pas te l'avoir demandé moi-même, d'ailleurs...
D'un autre côté... La politesse ne venait qu'en interagissant avec autrui, ce qui n'avait jamais été sa spécialité...
- C'est si évident que je n'ai jamais cuisiné ?
Néanmoins, elle finit par s'écarter du feu pour lui laisser la place, en profitant pour observer le moindre de ses gestes, afin d'en apprendre le plus possible. Après tout, elle ne devait perdre aucune occasion de s'améliorer. Il voulait les os ? Très bien, c'était une partie à laquelle elle n'avait de toutes façons pas trouvé d'utilité. L'herbe était de la nourriture ? Ah... Pour les herbivores, peut-être, oui...
Il la surprit soudain en lui donnant son nom. Ah. C'était vrai qu'elle ne le connaissait pas. En effet, il pourrait être utile de savoir comment l'appeler, si, un jour hypothétique, ils étaient amenés à se revoir.
- Comment ça, pas important ? Et comment voudrais-tu que je t'appelle si on se revoit ? Je suis désolée de ne pas te l'avoir demandé moi-même, d'ailleurs...
D'un autre côté... La politesse ne venait qu'en interagissant avec autrui, ce qui n'avait jamais été sa spécialité...
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Briser les chaînes
Un nouveau départ.
La cuisine, hormis quand cela rapportait de l’argent et du prestige, avait toujours été une affaire d’esclave ou de domestique. Il ignorait le rang de Kilanna, mais il n’avait pas de mal à deviner qu’elle était mieux placée que lui, donc ce n’était pas à elle de s’abaisser à une telle tâche. Pas étonnant qu’elle ne soit pas une grande cuisinière. Broken Goat avait beau ne pas être le meilleur en la matière, il n’en était pas non plus à son coup d’essai. D’autant plus que la demoiselle venait de confirmer que c’était bien la première fois qu’elle s’y mettait.
- Cuisine…être travail de...esclave…Toi valoir mieux que esclave…
L’esclave dépeça l’animal et sépara avec application les os de la chair et emballa la viande dans des feuilles sous forme de papillotes avec des herbes qu’il avait trouvé, ainsi que des dattes. Elles donneraient un goût sucré et marineraient dans le jus de la viande. Les os, il pourrait ainsi les mâcher et avoir des nutriments. Il surveillait la cuisson de la viande concentré. Il n’avait pas autant d’outils et d’épice que quand il était encore chez son maître, mais il espérait pouvoir faire quelque chose d’acceptable. Il devait bien ça à Kilanna pour l’avoir libéré des griffes de Senmout.
Kilanna ne semblait pas habituée à avoir un esclave soumis, réduit à l’état de chose, quand il lui indiqua que son nom n’avait aucune importance. Elle lui rappela que c’était une bonne chose de connaître son nom s’ils se revoyaient dans le futur. L’esclave avait tellement eu l’habitude qu’on l’interpelle avec diverses insultes et termes dégradants. Même son nom était dévalorisant, le ramenant à un être inférieur ne valant pas mieux qu’un meuble. Même une bête avait plus de valeur que lui. Il se souvenait encore des égards de son maître vis-à-vis de ses animaux de compagnie et ses chevaux ayant le droit à bien plus de respect que les esclaves qui n’étaient que de simples outils interchangeables.
- Moi…être juste esclave… Moi pouvoir être appelé n’importe comment… nom de moi être insulte… Mais ça… normal…Moi rien valoir…
Son nom n’était pas vraiment un nom, juste une insulte. Au final, il réalisait qu’il n’avait pas vraiment de nom. Le seul qu’il connaissait lui rappelait constamment qu’il n’était rien. Depuis qu’il savait marcher, il avait toujours été une chose sans valeur. Et des années à intégrer qu’il n’était rien n’allaient pas disparaître comme ça. La reconstruction serait très longue.
- Toi…pas avoir à être désolé…Normal… Moi juste être esclave…
Le cobe ouvrit la feuille de palmier dans laquelle était emballé le repas afin de surveiller la tournure de la viande qui cuisait à l’étouffé. Quelques instants plus tard, il retira la viande du feu, son plat était prêt. La chair du fennec baignait dans du jus mariné aux herbes et aux dattes. Il espérait que ça soit satisfaisant pour Kilanna. Puis il lui présenta la feuille de palmier et tout son contenu.
- Moi avoir fait manger… pour toi…
Une fois la viande cuisinée donnée à Kilanna, il alla s’assoir un peu plus loin et prit les os et commença à les mastiquer tranquillement en espérant que le repas convienne à sa sauveuse.
CENDRES
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La cuisine était un travail d'esclave ? Non, elle ne pouvait pas l'accepter.
- Ah oui ? Et dans ce cas, qu'est-ce que tu fais de ceux qui travaillent seuls ? Et puis... Quand je travaillais comme mercenaire, je vivais à l'auberge. Là-bas, le patron lu-même n'hésitait pas à participer à toutes les tâches, cuisine comprise. Et pourtant, il était loin d'être un esclave, c'était même lui le chef de son établissement.
Un chef qui savait faire le travail de ses employés, au moins suffisamment pour les aider, ça, c'était un bon chef. Quelqu'un qui savait sur qui il "régnait" et qui, ayant lui-même un minimum d'expérience dans leur domaine, savait les considérer à leur juste valeur.
- Je pense même que n'importe quel aubergiste digne de ce nom est capable de faire tourner son établissement seul, et qu'il n'emploie d'autres personnes que pour pouvoir gérer une entreprise qui a pris trop d'importance pour continuer à s'en sortir seul sans se tuer à la tâche. D'ailleurs, je me dis, si tu veux un travail, tu auras peut-être un avenir dans ce domaine, au moins au début. J'imagine que les personnes avec plusieurs talents, ça doit leur plaire.
Enfin, quelque chose lui disait que là n'était pas son rôle. Elle lui avait mis cette idée dans la tête, à lui de voir s'il voulait alimenter cette graine ou juste la laisser mourir.
- D'ailleurs, j'aimerais bien apprendre la cuisine. Honnêtement, je ne suis pas à l'aise avec tout ce que m'offre le Coeur. Si au moins je pouvais préparer mes propres repas...
Puis le voilà qui lui reparlait de son ancien statut. Il semblait avoir subi un lavage de cerveau, être aussi convaincu de ne rien valoir. Elle enrageait. Alors, s'approchant, elle lui saisit le menton pour le forcer à la regarder.
- Regarde-moi dans les yeux. Tu n'es pas un esclave, compris ? Enfin, tu ne l'es plus. Tu ne m'es pas inférieur. Honnêtement, c'est plutôt l'inverse. Je me suis moi-même mise au service de tous les hybrides, je suis prête à mourir pour vous. Alors, tu vas me faire le plaisir de te sortir ces idioties de la tête. Avance fièrement, tu vaux autant que n'importe qui d'autre, voire plus. Nous avons des privilèges qu'aucun humain ne connaîtra jamais. Nous sommes tous différents, et pourtant, nous pouvons nous unir. Là réside notre force. Sois fier de toi, de nous. Tu fais partie d'une race qui mérite bien plus d'égards que ce qu'on lui accorde aujourd'hui. Et je suis bien décidée à nous offrir cette vie.
Elle le relâcha et poursuivit, lui tendant une main accueillante :
- Nous sommes déjà deux dans ce combat. Ce n'est pas beaucoup, mais c'est un début. Rejoins-nous. Aide-nous à montrer au monde la vraie valeur de la diversité. Nous sommes un peuple fier qui pourra faire de la différence une force. Montrons au reste du monde ce que nous valons vraiment. Ne laissons plus les humains nous martyriser. Mettons peut-être même en valeur ceux d'entre eux qui ont su nous comprendre, pour leur prouver que c'est possible.
Quant aux autres races... Elle ne savait pas encore comment les traiter. Mais quelque chose lui disait que si les humains finissaient par être capables d'ouvrir les yeux, les autres seraient plus faciles à convaincre.
Lorsqu'il lui dévoila le résultat de sa cuisine, elle ouvrit de grands yeux. Rien que l'odeur lui mettait l'eau à la bouche. Cet herbivore avait un réel talent. Le couvant d'un regard chaleureux, elle lança :
- Franchement, aie confiance en toi. Tu as du talent, ce n'est plus à prouver. Il ne te manque plus qu'à le reconnaître toi-même, et des portes s'ouvriront, j'en suis sûre ! Tu es sûre que tu ne veux pas goûter ?
Quelle que soit sa réponse, elle vint s'installer, à ses côtés s'il l'acceptait, puis se trouva un moment embêtée. Il n'y avait pas de couverts. D'un autre côté... On n'était pas à l'auberge, ici. Avec un soupir, elle se fit violence et se résolut à manger avec les mains. Décidemment, elle n'en avait pas l'habitude... Voici une preuve qu'elle était bien une citadine. C'était bien meilleur que les plats uniques des auberges, faits à la va-vite.
- Ouais, non, je corrige. Ne va pas chercher du travail dans une auberge, tu y gâcherais tes compétences. Tu as les moyens de chercher mieux. Un vrai restaurant, peut-être ?
Et puis, il y obtiendrait plus de reconnaissance, ce qui ne pourrait pas lui faire de mal. Dans les restaurants, il arrivait que des clients particulièrement satisfaits tiennent à aller féliciter le cuisinier. Cela lui permettrait de se rendre compte de sa valeur. Une reconnaissance qu'il n'aurait certainement pas dans une auberge. Néanmoins, si elle voulait qu'il trouve un travail... Son regard se posa sur la peau du fennec. Peut-être qu'elle pourrait en tirer des vêtements à offrir à son protégé ? Elle voulait qu'il tente de trouver un emploi qui saurait mettre en valeur ses compétences, mais jamais il ne pourrait être accepté en ville s'il se baladait en pagne. Mais cette peau suffirait-elle ? Après tout, un fennec, ce n'était pas particulièrement grand... Et si elle se contentait plutôt de lui acheter des vêtements normaux en demandant de les personnaliser avec cette peau ? Ou s'en servir pour décorer un objet qu'elle pourrait lui offrir pour décorer son futur logement ? Oh d'ailleurs, il faudrait peut-être qu'elle y pense pour elle-même aussi, maintenant qu'elle avait un lieu fixe où vivre... Mais ça, elle pourrait y penser lorsqu'elle serait seule.
- Ah oui ? Et dans ce cas, qu'est-ce que tu fais de ceux qui travaillent seuls ? Et puis... Quand je travaillais comme mercenaire, je vivais à l'auberge. Là-bas, le patron lu-même n'hésitait pas à participer à toutes les tâches, cuisine comprise. Et pourtant, il était loin d'être un esclave, c'était même lui le chef de son établissement.
Un chef qui savait faire le travail de ses employés, au moins suffisamment pour les aider, ça, c'était un bon chef. Quelqu'un qui savait sur qui il "régnait" et qui, ayant lui-même un minimum d'expérience dans leur domaine, savait les considérer à leur juste valeur.
- Je pense même que n'importe quel aubergiste digne de ce nom est capable de faire tourner son établissement seul, et qu'il n'emploie d'autres personnes que pour pouvoir gérer une entreprise qui a pris trop d'importance pour continuer à s'en sortir seul sans se tuer à la tâche. D'ailleurs, je me dis, si tu veux un travail, tu auras peut-être un avenir dans ce domaine, au moins au début. J'imagine que les personnes avec plusieurs talents, ça doit leur plaire.
Enfin, quelque chose lui disait que là n'était pas son rôle. Elle lui avait mis cette idée dans la tête, à lui de voir s'il voulait alimenter cette graine ou juste la laisser mourir.
- D'ailleurs, j'aimerais bien apprendre la cuisine. Honnêtement, je ne suis pas à l'aise avec tout ce que m'offre le Coeur. Si au moins je pouvais préparer mes propres repas...
Puis le voilà qui lui reparlait de son ancien statut. Il semblait avoir subi un lavage de cerveau, être aussi convaincu de ne rien valoir. Elle enrageait. Alors, s'approchant, elle lui saisit le menton pour le forcer à la regarder.
- Regarde-moi dans les yeux. Tu n'es pas un esclave, compris ? Enfin, tu ne l'es plus. Tu ne m'es pas inférieur. Honnêtement, c'est plutôt l'inverse. Je me suis moi-même mise au service de tous les hybrides, je suis prête à mourir pour vous. Alors, tu vas me faire le plaisir de te sortir ces idioties de la tête. Avance fièrement, tu vaux autant que n'importe qui d'autre, voire plus. Nous avons des privilèges qu'aucun humain ne connaîtra jamais. Nous sommes tous différents, et pourtant, nous pouvons nous unir. Là réside notre force. Sois fier de toi, de nous. Tu fais partie d'une race qui mérite bien plus d'égards que ce qu'on lui accorde aujourd'hui. Et je suis bien décidée à nous offrir cette vie.
Elle le relâcha et poursuivit, lui tendant une main accueillante :
- Nous sommes déjà deux dans ce combat. Ce n'est pas beaucoup, mais c'est un début. Rejoins-nous. Aide-nous à montrer au monde la vraie valeur de la diversité. Nous sommes un peuple fier qui pourra faire de la différence une force. Montrons au reste du monde ce que nous valons vraiment. Ne laissons plus les humains nous martyriser. Mettons peut-être même en valeur ceux d'entre eux qui ont su nous comprendre, pour leur prouver que c'est possible.
Quant aux autres races... Elle ne savait pas encore comment les traiter. Mais quelque chose lui disait que si les humains finissaient par être capables d'ouvrir les yeux, les autres seraient plus faciles à convaincre.
Lorsqu'il lui dévoila le résultat de sa cuisine, elle ouvrit de grands yeux. Rien que l'odeur lui mettait l'eau à la bouche. Cet herbivore avait un réel talent. Le couvant d'un regard chaleureux, elle lança :
- Franchement, aie confiance en toi. Tu as du talent, ce n'est plus à prouver. Il ne te manque plus qu'à le reconnaître toi-même, et des portes s'ouvriront, j'en suis sûre ! Tu es sûre que tu ne veux pas goûter ?
Quelle que soit sa réponse, elle vint s'installer, à ses côtés s'il l'acceptait, puis se trouva un moment embêtée. Il n'y avait pas de couverts. D'un autre côté... On n'était pas à l'auberge, ici. Avec un soupir, elle se fit violence et se résolut à manger avec les mains. Décidemment, elle n'en avait pas l'habitude... Voici une preuve qu'elle était bien une citadine. C'était bien meilleur que les plats uniques des auberges, faits à la va-vite.
- Ouais, non, je corrige. Ne va pas chercher du travail dans une auberge, tu y gâcherais tes compétences. Tu as les moyens de chercher mieux. Un vrai restaurant, peut-être ?
Et puis, il y obtiendrait plus de reconnaissance, ce qui ne pourrait pas lui faire de mal. Dans les restaurants, il arrivait que des clients particulièrement satisfaits tiennent à aller féliciter le cuisinier. Cela lui permettrait de se rendre compte de sa valeur. Une reconnaissance qu'il n'aurait certainement pas dans une auberge. Néanmoins, si elle voulait qu'il trouve un travail... Son regard se posa sur la peau du fennec. Peut-être qu'elle pourrait en tirer des vêtements à offrir à son protégé ? Elle voulait qu'il tente de trouver un emploi qui saurait mettre en valeur ses compétences, mais jamais il ne pourrait être accepté en ville s'il se baladait en pagne. Mais cette peau suffirait-elle ? Après tout, un fennec, ce n'était pas particulièrement grand... Et si elle se contentait plutôt de lui acheter des vêtements normaux en demandant de les personnaliser avec cette peau ? Ou s'en servir pour décorer un objet qu'elle pourrait lui offrir pour décorer son futur logement ? Oh d'ailleurs, il faudrait peut-être qu'elle y pense pour elle-même aussi, maintenant qu'elle avait un lieu fixe où vivre... Mais ça, elle pourrait y penser lorsqu'elle serait seule.
Invité
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Briser les chaînes
Un nouveau départ.
Ainsi, la cuisine n’était pas qu’un truc d’esclave ?! Décidément, Broken Goat avait énormément à apprendre sur un monde qu’il ne connaissait que très peu finalement. Après tout, il avait été contraint de se cacher tout ce temps. Comme s’il était une honte. Et qu’il ne valait rien, au point qu’il devait-être caché. Ainsi, il était devenu un être dépendant rabaissé au plus bas, afin qu’un autre puisse se valoriser sur son dos. Car tout ce temps, Arkugal, s’était présenté à ses esclaves comme un être exceptionnel, une perle de pureté là où ces derniers n’étaient que des êtres vil, sales, habités par les pires vices. Ainsi, leur place d’êtres ne valant moins que des bêtes était totalement justifié. Surtout quand historiquement, l’esclavage au Reike avait été souvent une punition pour crime. Arkugal disait que Broken Goat avait eu le malheur d’être le fruit d’une union immonde entre une esclave et un gibier de chasse. Deux êtres inférieurs ne pouvaient donner qu’un enfant valant encore moins qu’eux. Puis les gens qui n’avaient personne, qui vivaient seuls, Arkugal disait qu’ils valaient à peine plus que des esclaves, car ils s’abaissaient à leurs tâches car trop pauvres pour s’en payer. Car des gens comme son maître ne s'abaissaient pas à une quelconque tâche s'apparentant à une corvée. Pour eux, c'était une vie uniquement faite de plaisirs et d'oisiveté.
Mais Kilanna lui montrait une autre vision des choses. Que son activité n’avait rien de honteux. Elle voulait même qu’il lui apprenne à cuisiner. Une telle attention, Broken Goat n’y était guère habitué. En tant qu’esclave, il n’avait toujours été qu’un élément du décor. Il devait s’effacer, juste obéir. L’espace et la parole étaient réservés aux maîtres.
Puis sans prévenir, Kilanna l’attrapé par le menton et planta son regard dans le sien avec cette fois une certaine colère doublée de fermeté. Les oreilles du cobe se plaquèrent en arrière et il se mit à respirer nerveusement. Elle lui répéta qu’il n’était pas un esclave. Il n’était aucunement un être inférieur. Il avait des compétences, des talents. Broken Goat allait devoir retirer de sa caboche des années à n’avoir été qu’un esclave qui ne valait rien. Puis elle mentionna le mépris dont les hybrides étaient victimes. Il n’était pas le seul à le subir, c’était le cas des autres hybrides. Et ils devaient s’unir afin de faire valoir leurs droits et qu’ils n’étaient pas des créatures inférieures.
Enfin, elle le relâcha et reprit son discours, mais cette fois-ci, elle se montra plus avenante. Elle invitait l’esclave à les rejoindre pour défendre les droits des hybrides. Qu’ils soient enfin respectés et reconnus à leur juste valeur. Broken Goat n’avait pas vraiment grand-chose à opposer à un tel discours qu’il trouvait même séduisant. Enfin, pour le moment, ils étaient bien trop peu pour faire pencher la balance. Mais qui sait, l’avenir pourrait leur donner raison. Même si on ne défaisait pas des années d’oppression comme ça. Comme on ne changeait pas aussi facilement la mentalité d’un être qui avait été conditionné à être un esclave docile, sans aucune fierté et soumis depuis sa naissance.
- Désolé…Moi être esclave… depuis moi petit enfant…
Puis il se redressa et lui fit face et se montra du doigt.
- Mais moi… vouloir devenir homme libre…
Une franchise se dégageait de ces paroles. L’idée le séduisait sincèrement l’hybride. Mais il savait aussi que la route serait très longue. Tout cela ne partirait pas en un clin d’œil. Mais il espérait que des gens bienveillants puissent l’aider à trouver une nouvelle place dans ce monde qu’il commençait à découvrir. Pas de doutes, il allait devoir réapprendre à vivre après l’esclavage.
A la proposition de goûter le plat, Broken Goat se contenta d’accepter au moins pour les dattes. Elles avaient mariné dans le même jus que la viande après tout. Kilanna se mit aux côté du cobe afin qu’ils partagent ce repas improvisé. Il constata que sa camarade était bien embêtée, puis il comprit que comme son maître, elle mangeait avec des couverts. L’esclave avait l’habitude de manger avec les doigts ou au mieux avec une cuillère. Mais ils ne valaient pas mieux que des bêtes, pourquoi s’embêter à leur donner des couverts. Cependant, la gêne de l’hybride ailée se dissipa pour laisser place à un air de satisfaction alors qu’elle savourait son plat. Le cobe prit à son tour des dates et les mangea. Il en avait l’autorisation, alors pourquoi se priver. Et elles étaient sucrées, juteuses et savoureuses. Jamais, il n'avait put goûter les plats qu'il servait à son maître. Apparemment, c'était trop bon pour lui. Mais un instant, il n’était plus un esclave ?! Pourquoi il devait attendre une quelconque autorisation de la part de qui que ce soit.
Quand Kilanna lui vanta ses talents de cuisine, une amertume se fit sentir chez Broken Goat. Cette compétence, il l’avait acquise dans la contrainte, à renforts de divers châtiments corporels. Arkugal ne demandait que la perfection, donc pas étonnant que son esclave ait obtenu de telles compétences culinaires.
- Merci…Mais quand pas bien cuisiner, moi avoir fouet… Moi être escla…
Il se tut en se rappelant de l’image de son museau dans la main de Kilanna. Oui il n’était plus un esclave.
- Moi désolé… Moi pas esclave…
Le cobe soupira. Des années à être convaincu d’être un esclave n’allaient pas partir en un clin d’œil. Mais s’il pouvait prendre un nouveau départ, il allait quand-même réfléchir à cette proposition pour le restaurant. Il pourrait toujours aller se baigner hors du temps de travail, maintenant qu’il était libre.
CENDRES
Invité
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Esclave... Depusi toujours ? Etait-ce seulement possible ? Elle n'en revenait pas. Ce monde était encore plus pourri que ce qu'elle avait pensé. Et cette fois, elle se savait soutenue. Elle avait rencontré de nombreuses personnes opposées à l'esclavage. Ce nouveau combat complèterait à merveille celui qu'elle menait depuis qu'elle avait eu le droit de quitter la maison de sa mère. Cet être était la preuve que ces deux causes pouvaient même se retrouver entremêlées. Lorsqu'il lui affirma vouloir être libre, en revanche, elle reporta son attention sur lui, ne dissimulant pas sa fierté.
- Bien ! C'est comme ça qu'il faut penser ! Maintenant, écoute. Depuis la mort du vendeur, tu ES libre. Tu peux même partir si tu ne veux pas rester avec moi, tu sais. Mène ta vie comme tu l'entends, et ne me parle plus de soumission ou quoi que ce soit. Tu as des besoins, des envies. Je doute que tout ça soit illégal, alors vas-y, fais-toi plaisir ! Profite de la vie !
Elle l'observa apprécier les dattes. Bon, c'était au moins ça. Visiblement, elle ne pouvait pas changer son régime alimentaire. Mais s'il lui convenait, qui était-elle pour tenter de le changer, d'abord ? Il ne voulait pas de viande, tant pis. Ou tant mieux. Cela en faisait plus pour elle !
Puis le voilà qui la choquait une fois de plus. Comment ça, on le châtiait s'il ne travillait pas bien ?
- Il serait temps que tu découvres le monde du travail, du vrai travail, je veux dire. Si tu ne fais pas bien ton travail, tu reçois moins d'argent, voire pas du tout, mais jamais un patron ne se permettra de te battre. La pire sanction qu'on peut infliger à son employé, c'est le renvoyer.
- Ne t'excuse pas. Je t'en demande peut-être trop d'un coup. Mais que veux-tu, ce que tu me racontes me révolte.
- Bien ! C'est comme ça qu'il faut penser ! Maintenant, écoute. Depuis la mort du vendeur, tu ES libre. Tu peux même partir si tu ne veux pas rester avec moi, tu sais. Mène ta vie comme tu l'entends, et ne me parle plus de soumission ou quoi que ce soit. Tu as des besoins, des envies. Je doute que tout ça soit illégal, alors vas-y, fais-toi plaisir ! Profite de la vie !
Elle l'observa apprécier les dattes. Bon, c'était au moins ça. Visiblement, elle ne pouvait pas changer son régime alimentaire. Mais s'il lui convenait, qui était-elle pour tenter de le changer, d'abord ? Il ne voulait pas de viande, tant pis. Ou tant mieux. Cela en faisait plus pour elle !
Puis le voilà qui la choquait une fois de plus. Comment ça, on le châtiait s'il ne travillait pas bien ?
- Il serait temps que tu découvres le monde du travail, du vrai travail, je veux dire. Si tu ne fais pas bien ton travail, tu reçois moins d'argent, voire pas du tout, mais jamais un patron ne se permettra de te battre. La pire sanction qu'on peut infliger à son employé, c'est le renvoyer.
- Ne t'excuse pas. Je t'en demande peut-être trop d'un coup. Mais que veux-tu, ce que tu me racontes me révolte.
Invité
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Briser les chaînes
Un nouveau départ.
Ainsi, le cobe pouvait partir s’il le désirait. Mais pour aller où. Il ne savait pas vraiment se débrouiller seul. Chose paradoxale pour un être qu’on avait voulu isoler, mais en le rendant terriblement dépendant et incapable de se démener seul. Il allait devoir se faire une place dans un monde qu’il découvrait à peine après des années à avoir été enfermé dans le monde de l’esclavage devenu parallèle depuis que les édits de l’Impératrice avaient été promulgués. Car il était devenu illicite, mais les traditions avaient la vie dure et il était compliqué pour certains de se séparer d’une main d’œuvre corvéable à merci et privée du moindre droit. Même l’alternative des morts-vivants ne suffisait pas à endiguer ce commerce indigne. Seuls le temps et avec lui, l’arrivée de nouvelles générations avec de nouvelles mentalités mettraient sans doutes un terme à cette pratique destructrice.
- Moi… pas trop savoir comment faire sans maître… Moi avoir besoin d’aide. Mais toi être libre aussi dire non…
Car Broken Goat n’avait pas vraiment non plus envie d’être un fardeau pour sa sauveuse et elle-aussi était libre de refuser de l’aider dans cette nouvelle tâche. Elle en avait déjà fait beaucoup pour lui en le libérant de Senmout. Puis en lui offrant nourriture et eau. Il avait encore des souvenirs d’être qualifié de poids mort ou d’être inutile par Arkugal puis Senmout. Mais en y réfléchissant, alors qu’il écoutait Kilanna lui expliquer que le travail était bien différent de ce qu’il avait fait jusqu’à maintenant, au final, il en avait fait beaucoup pour ces hommes, mais sans aucune récompense. Là Kilanna lui parlait qu’il recevrait un salaire, de l’argent pour son travail et que le mieux que son patron puisse faire s’il travaillait mal, c’était de le renvoyer, donc de s’en séparer, mais pas de le refiler à un marchand. Il serait reconnu pour ce qu’il faisait.
Puis Kilanna s’excusa pour son comportement avant de se justifier par le fait que le témoignage de l’esclave la révoltait tant ce qu’il avait subi était jugé indigne. Et de ce qu’elle avait raconté du travail, il comprenait parfaitement en quoi elle était révolté. Et pourtant, jusqu’à maintenant, il avait finit par se faire à l’idée que sa situation était tout à fait normale, que les choses étaient ainsi. Pendant des années, on lui avait dit que les choses étaient comme telles et que personne ne le sortirait de sa condition. Mais grâce à Kilanna, il réalisait que jusqu’à maintenant, on l’avait maintenu dans un monde de mensonges. Ainsi, il n’avait eu d’autres choix que de rester un serviteur docile.
- Toi pas t’excuser… Toi me faire comprendre que moi… vivre depuis toujours dans mensonges…
Le cobe avala une date, comme pour savourer sa nouvelle liberté. En parlant de mensonges, il repensait encore à son maître le qualifiant d’être inutile, avec tout ce que Kilanna lui avait appris, il réalisait que c’était bien différent.
- Moi réaliser que moi… pas être inutile… Maître dire que moi inutile, incapable… Mais moi… faire tout travail et lui rien faire… En fait, maître être inutile…
Dire cela faisait du bien au cobe de confronter cette vie de mensonges au monde réel. Mais il avait encore peur de devoir affronter cette nouvelle réalité.
- Mais moi… avoir encore peur… Moi pas connaître vrai monde…
Puis ce qui l’effrayait également, était clairement la colossale tâche d’écrire une nouvelle histoire depuis le début. Une page se tournait pour Broken Goat. Mais au final, même si ce nouveau monde l’effrayait autant, il ne regrettait aucunement d’être sorti de l’esclavage.
- Moi avoir besoin de… aide. Moi… vouloir connaître monde… Moi vouloir apprendre… Moi vouloir travail… Mais toi avoir droit de pas vouloir aider…
Car Broken Goat se doutait bien que cela demanderait beaucoup de temps à Kilanna et il ne voulait pas être un boulet pour elle. Mais s’il pouvait avoir les bases pour survivre, il pourrait prendre plus facilement ce nouveau départ.
CENDRES
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