Briser les chaînes [PV Kilanna]

Il voulait un maître ? Non, ça, elle ne le pouvait pas. Elle voulait l'aider, c'était vrai... Mais pas lui donner des ordres. Personne ne méritait un tel traitement. Sauf peut-être ceux qui soutenaient l'esclavage, afin de leur faire réaliser ce qu'ils soutenaient vraiment. Oui, retourner les rôles, ce serait un bon moyen de leur ouvrir les yeux. Du moins, elle l'espérait. Mais pour le moment, il était encore trop tôt pour penser à cela.

- Non. Je ne te servirai pas de "maître". Parce que tu dois apprendre à écouter et surtout satisfaire tes propres désirs, et eux uniquement. Peut-être même te trouver un idéal et tout faire pour l'atteindre, comme moi. Voilà qui te permettra aussi de donner un sens à ta vie.

Puis le voilà qui réfléchissait à voix haute. Lorsqu'il mentionna l'inutilité de son maître, elle sourit.

- C'est un noble, non ? C'est vrai que la plupart des nobles ne servent pas à grand-chose... Peut-être même que leur but est de noyer ceux qui valent vraiment le coup. Tu sais, il m'a fallu être employée par l'un d'eux pour ouvrir les yeux. Lui mérite qu'on se batte pour lui. Mais au milieu de tant d'inutiles... Quelque part, j'envie sa patience. À sa place, ça fait lontemps que je les aurais flanqués à la porte ! Avoir tout le temps quelqu'un qui t'observe, l'horreur !

Enfin. Lui savait probablement mieux qu'elle de quoi elle parlait. Après tout, de ce qu'elle avait vu, chez les esclaves, la promiscuité semblait être omniprésente. Tagar, lui, au moins, était entouré de personnes qui le respectaient et, même s'ils se trouvaient dans la même pièce que lui, il gardait son espace vital. D'ailleurs... Elle revit leur premier entretien après son embauche. Avant qu'elle n'arrive, il était seul dans son bureau. Donc oui, c'était possible. Il pouvait se ménager des moments rien que pour lui. Oh, d'ailleurs...

- J'ai une idée ! Je pourrais te le présenter ! Mon employeur, je veux dire. Je ne sais pas quel poste tu pourrais avoir auprès de lui, je ne veux pas que tu sois domestique, même s'il leur donne un salaire, ça ressemblera trop à ta vie d'avant. Mais il a des relations, il connaît du monde, peut-être qu'il sera un meilleur intermédiaire que moi !

Elle se leva, déjà prête à prendre son envol pour aller le chercher. Si elle maniait les mots correctement, elle pourrait le convaincre au moins de venir voir. Ensuite, il jugerait de lui-même de ce qu'il voudrait faire. Mais, évidemment, Kila plaiderait en la faveur de son nouvel ami.