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Citoyen de La République
Pancrace Dosian
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Je déteste pas le bateau, mais bordel, qu’est-ce qu’on s’emmerde à bord. Toujours mieux que de devoir naviguer, j’suppose, mais regarder les marins s’agiter partout en glandant sur un p’tit coin du pont ou dans la cale avec les collègues, en jouant aux cartes, aux dés, en discutant vite fait, au bout de quelques jours, ça devient vite lourd. Du coup, quand la vigie crie que la terre est en vue, alors qu’elle l’a plus ou moins toujours été, on comprend bien qu’on arrive enfin, et on en est tous ravi.
Donc on se précipite sur le pont au pire moment pour regarder le paysage et traîner dans les pattes des matelots qui se privent pas de nous insulter et nous bousculer alors qu’on pointe du doigt l’île de Kaizoku qui apparaît petit à petit dans le lointain. On voit le volcan, d’abord, éteint il paraît bien, qui domine l’ensemble du patelin, dans une plaine avec quelques falaises, de ce que j’avais compris. Le port est très occupé, plutôt bien organisé, et j’reconnais les vaisseaux de la République, qui arborent fièrement le drapeau. Y’a toute une flotille beaucoup plus hétéroclite, aussi, mais j’pense que la majorité doit mouiller ailleurs autour de l’île, là c’est le port principal avec la zone franche.
Dès que la planche permet de toucher le sol, on s’précipite après Patoche, en bon ordre cela dit, pour donner une bonne image avec nos uniformes tout neufs, ceux qu’on n’a pas mis du trajet pour avoir la classe quand on retrouve le plancher des vaches. A côté de moi, Gunnar regarde partout, et il a l’air plutôt content. Faut dire qu’après avoir tourné en rond pendant une semaine, même avec les vents cléments, ça fait du bien d’être arrivé.
Pour une raison qui m’échappe un peu, les pontes de la République ont décidé d’envoyer un paquet d’Officiers Républicains, l’élite de leur domaine, que tout le Sekai nous envie, pour assurer l’ordre et créer du lien avec les connards de pirates de Kaizoku. Parce que soi-disant, avoir uniquement la Grande Armée Républicaine pour s’assurer que rien déconne, ça fait trop exception, et qu’il faut davantage intégrer l’île dans notre beau giron. Puis y’a des frictions, aussi, et la GAR a autre chose à foutre que de pourchasser les voleurs de pommes, j’suppose.
Bon, enfin, ça, ça se défend. Le truc bizarre, c’est pourquoi nous, les vaillants de Courage, hein, alors qu’on est ceux qui habitent le plus loin de l’île.
A la réflexion, c’est p’tet pour ça. Ou alors on était au point de départ des navires, pour assurer le renouvellement du régiment de l’armée présent sur place, donc c’était plus simple de nous ramasser en même temps plutôt que faire une escale supplémentaire. Puis y’a une rumeur persistante que le Commissaire Patoche a postulé pour ça, mais impossible de savoir si c’est vrai. Il a l’air vachement content de la mission en tout cas, avec ses grandes dents blanches pour croquer la vie à pleines ratiches.
« N’oubliez pas, vous êtes la fine fleur de l’Office Républicain. »
La fleur seulement si l’abeille a volé tout le miel, alors. Ça doit être pour ça qu’il y tenait tant, pour arriver le premier sur les magouilles. Déjà, y’a la SSG, donc ça triche forcément dans tous les coins. Mais en plus, c’est une île de pirates et de voleurs et d’escrocs, pour peu qu’on soit malin, doit y avoir moyen de se tailler une bonne part de la tarte, et on est pas mal à penser que c’est la motivation principale du commissaire.
Reste qu’on forme un bel ensemble, à marcher au pas jusqu’à la caserne qui nous a été affectée. Quelques habitants nous regardent passer, vu qu’on est arrivé avec la marée mais qu’on repartira pas avec, ou en tout cas pas tout de suite. Les autres doivent être en train de bosser, vu que c’est le milieu d’après-midi, ou en mer pour pêcher ou je sais pas quoi.
On s’installe dans le dortoir, et j’me rappelle à quel point j’aimais pas ça : pas d’intimité, et les gars puent, pètent, ronflent. Mais j’bazarde mes affaires dans le gros coffre que j’verrouille, et j’jette un regard mauvais à celui qu’avait voulu le même lit que moi. Ça a suffi à le convaincre d’en trouver un autre. Manque de bol pour lui, il restait que celui des latrines. Fallait être plus vif, Pablo.
Puis la cloche sonne dans la cour, alors on sort tous et on s’met en rang d’oignons.
« Officiers Républicains ! L’emploi du temps pour les premières rondes va vous être communiqué et affiché dans le couloir, juste là. Profitez-en pour vous familiariser avec la ville. Les premières seront en coordination avec les patrouilles de l’armée, donc tâchez d’être impressionnant. Ce ne sera pas dur, par rapport à eux. »
Quelques sourires dans l’assemblée. C’est qu’on est clairement meilleur qu’eux pour ce qu’on fait, avec toutes nos années d’étude. On pourrait carrément être des pléiades de l’université Magic. Ça serait classe, ça : pléiade en officice républicaine. Hyper intimidant, aussi.
« Pour les autres, faites attention, certains à Kaizoku ne réalisent pas encore la chance qu’ils ont. Tout reste à faire, en tout cas, donc rapprochez-vous de la population, faites-vous des contacts, bref, déployez votre savoir-faire ! »
On rompt les rangs, et j’me rends compte que j’ai pas de patrouille avant le lendemain, avec le collègue Gunnar et une poignée d’autres. Hé, ça me semble être une bonne occasion d’aller se frotter à la populace, non ?
« Hé, Gunnar, un p’tit lever de coude ? »
Invité
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[PA] Les bonnes valeurs de la République
Feat Pancrate & Gunnar
Encore un bateau.
Voilà à quoi en était réduite Kaizoku. Accueillir des étrangers sur ses terres le regard en chien de faillance mais la queue entre les jambes. Bien loin, ouais, il était bien loin le temps où cette île était le fief des pirates, l’oasis des parias, des réfugiés rêvant d’une nouvelle vie libre et sauvage. Tous, maintenant étaient enchaînés à cet oppresseur, fermant les yeux et se mordant la langue jusqu’au sang face à ces crétins prétentieux qui se croyaient tout permis.
Alvida aussi, bien qu’elle vous affirmerait le contraire en vous crachant à la gueule. Corsaire, hein, voilà un blase bien chatoyant pour simplement dire qu’elle était une pirate sous conditions. Piller, chasser ou tuer était permis tant que cela rapportait à l’Etat, c’était ça le deal. La capitaine était libre de ses mouvements ainsi que ses décisions mais ses chaînes se trouvaient ailleurs.
Constat navrant mais réel.
Perchée sur un toit, les jambes balançant lentement, la rouquine avait observé le nouvel arrivage flambant neuf d’Officiers Républicains. Tous en rangs sages, vêtus d’uniformes dépourvus du moindre pli disgracieux. Une bonne fournée qui dénotait avec le paysage, différente des anciennes s’étant accaparées les lieux. A croire que Kaizoku n’était qu’un vaste terrain de jeu où l’on mettait en compétition différentes équipes pour les départager. Beaucoup d’énergie dépensée pour un gain bien aléatoire du point de vue de l’ancienne pirate. Pourquoi cherchent-ils à ce point à dompter des reclus de la société ? C’était comme sauter sur le dos d’un taureau déjà enragé. L'individualisme est une valeur bien plus respectée ici que le conformisme.
D’un autre côté, la jeune femme était fascinée par l'obstination naïve de la République d'essayer de mettre au pas ce genre de population. La pensée-même que l'oppression finirait par venir à bout de la rancœur tenace des habitant était bien mal les connaitre. En toute objectivité dans une situation pareille seuls les opportunistes en tireraient quelque chose d’intéressant… C'était déjà le cas à l'époque et cela perdurait toujours en secret.
A voir ce que donnerait ces nouveaux petits soldats soi-disant propres sur eux… Quels genre de "fine fleur de l’Office Républicain" irait s'enterrer volontairement dans un tel bourbier ? Il devait bien y avoir dans le tas quelques individus ayant des intérêts plus personnels… En tout cas la corsaire comptait bien surveiller de près ce drôle d'arrivage.
CENDRES
Citoyen de La République
Gunnar Bremer
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: C
-Pas qu’un petit.
Faut dire que sur le bateau, l’alcool n’est pas autorisé. C’est que la logistique du continent cherche à optimiser ces trajets et que là où on aurait pu mettre quelques tonneaux d’une bière moyenne, mais toujours agréable quand il faut tuer le temps, ils ont préféré mettre des caisses de matériels divers pour je ne sais quel compagnie de la Grande Armée Républicaine. On pas ouvert lesdites caisses, mais ça m’aurait pas étonné de trouver des bouteilles d’un grand cru pour une huile en mal d’eau-de-vie du terroir. Vous vous imaginez bien qu’une semaine à ce régime, on est prêt à s’abreuver à la moindre flaque de gnôle qui trainerait dans un creux de la route. Heureusement, les races civilisés ont perçu très vite l’intérêt d’ouvrir des débits de boissons. On dit que le vingtième habitant d’une bourgade est toujours celui qui ouvre une taverne. Et il n'y a pas à dire, il aura toujours de la clientèle. Alors, avec les gars, ceux qu’on a l’habitude de côtoyer en mission et souvent entre deux patrouilles dans une tripotée de rades aux qualités diverses de Courage, on compte bien compenser une semaine de privation. Peut-être pour ça que Patoche a mis ses éléments d'Élite au repos le premier soir, pour nous permettre de décompresser afin de partir du bon pied. Même si je me doute que le vieux charognard avait quelques bouteilles de gnôle dans ses extras d’effets personnels et qu’il a pas partagé. J’aurais fait pareil.
Boire des coups et déconner, ça me permet d’avoir la gueule joyeuse et de cacher ce que je ressens vraiment. Même Pancrace, avec qui on a un nombre d’affaires long comme le bras, dont certaines frôlent un peu trop avec la légalité, ne sait absolument rien de mes accointances avec les pirates de Kaizoku. J’en suis pas un. Ma mère est membre d’une des nombreuses familles de pirates. Les Brock. Suffisant pour avoir un navire et des contacts, trop peu nombreux pour être un grand nom de l'île. Mais on s’en fout, c’est ma famille, c’est mes cousins et même si j’ai passé l’essentiel de mon existence sur le continent, ce qui me doit servir d’âme appartient à cette île. Évidemment, l’annexion de Kaizoku par la République, ça ne plaît pas aux cousins et par extension, j’en suis pas satisfait non plus. Autant vous dire que participer à cette opération qui vise principalement à améliorer les relations entre la République et les autochtones, c’est pas le genre de choses qui me font plaisir, même si connaissant une bonne partie des collègues, pas sûr qu’on arrive à faire passer les soldats de la République pour des honnêtes gens.
Même si faire un peu de ménages dans les rangs des pourris de la Grande Armée Républicaine, ça ferait pas de mal. Si on est éloigné avec les cousins, ils me mettent au courant de ce qui se passe sur l'île tout comme je les informe sur des prises pas trop risquées avec mes sources à l’Office. Et une des choses qui en ressort, c’est que les forces armées en garnison, en plus d’avoir une sale réputation de force armée d’occupation, il y’en a qui ont tendance à un peu abusé de leur autorité, protégé par leur immunité de soldat de la Grande Armée. Les habitants de Kaizoku ont une réputation de pirates, certes. Ce ne serait pas les derniers à vous piquer votre bourse si vous gisez au sol, mais comme partout, y’a des gens qui sont honnêtes et qui font avec les moyens qu’ils ont, souvent modestement. Voler ces gens, c’est être de sacré fils de putes. Et j’aime pas trop les voleurs et les fils de putes. Il est pas garantie qu’on nous offre l’opportunité de salir l’image de la GAR, surtout qu’à tous les coups, ça serait les remplacer par des officiers dans le genre Patoche, mais je me rattrape à l’idée qu’il est peut-être bien un sacré connard, il a tout de même un semblant de code moral.
Mais on n'est pas là pour se faire des nœuds à la tête. Ce soir, c’est la fête. Le plaisir de fouler le sol de l'île. Une île que j’ai fréquenté plusieurs mois cumulés au cours de ma vie, même si je fais semblant d’être plutôt novice au milieu de rues et de passages qui ne me sont clairement pas étranger. Serge mène la cadence du haut de sa visite d’une semaine il y a six mois et nous amène dans un bar qu’il a bien aimé. Je fais la grimace en voyant la pancarte branlante au bout de sa chaîne et les carreaux crasseux. “La Vigile cul-de-jatte”. Pas d’une très bonne réputation, mais il est trop tard pour donner l’impression de connaître. On entre. Le principal problème de ce genre d’endroit, c’est qu’on y trouve facilement des gens qui sont prêts à cracher sur la République. Et manque de bol, nos uniformes sont propres. Les regards se tournent dans notre direction et les visages sont fermés. Ils n’aiment pas les étrangers. Encore moins quand ils portent les uniformes de leur oppresseur, selon les mots des plus récalcitrants à la modernité, comme le dit la propagande républicaine. Serge n’avait sûrement pas son uniforme quand il est venu ici et quand il vient payer au comptoir une tournée générale de bière pour la bande d’officiers républicains, il a la chance que le tavernier est économe de mollard.
-Ici, la bière n’est pas pour les connards de républicains.
Et encore, il est plutôt poli. Deux gars commencent à se chauffer à voix basse pour montrer que l’Office Républicain ne courbe pas l’échine contre les citoyens à assimiler. Ca serait une mauvaise idée, surtout que j’ai plutôt soif. Avec l’aide de Pancrace, on convainc les autres de dégager en gardant bonne figure, mais le mal est déjà fait. Comme si la rumeur de notre présence se propageait dans tout le quartier, tel un feu de prairie. L’Officier Républicain ne trouvera pas joie et bonheur dans les établissements de l'île. Subtilement, je dirige le groupe pour rejoindre un endroit plus fréquentable où l’on sera pas emmerdé, avec l’espoir de croiser un Brock ou assimiler, afin de pouvoir partager quelques informations utiles pour notre service actif. On est bien aidé par les mines patibulaires des gars que l’on croise à plusieurs comptoirs, laissant clairement nous informer qu’on est pas le bienvenue. On finit donc par aller où je veux. “Le Cabestan”.
Ici, on est un peu mieux accueilli. Les gueules sont pas plus avenantes, mais on nous sert à boire. On se rend compte bien vite qu’il y a une escouade de la fameuse Grande Armée Républicaine qui prend du bon temps non loin. La piétaille a peut-être pris pour habitude de venir dépenser sa solde ici, normal vu comment on accueille l’officier républicain ailleurs. Et pour tout vous dire, je suis pas particulièrement serein, en rapport avec les œillades que certains soldats nous envoient depuis qu’on est arrivé, riant pas mal sur certains sujets, dont la propreté étonnante de nos uniformes. Le sentiment de supériorité crasse de la soldature couplé à l’alcool, ça ne fait pas bon ménage. Les bagarres de taverne font partie de la culture des pirates, cela dit. Et dans cette hypothèse, je serais bien intrigué par quelle alliance on pourrait voir apparaître. Les autochtones préfèrent taper sur qui ? Moi, j’ai ma petite idée.
Faut dire que sur le bateau, l’alcool n’est pas autorisé. C’est que la logistique du continent cherche à optimiser ces trajets et que là où on aurait pu mettre quelques tonneaux d’une bière moyenne, mais toujours agréable quand il faut tuer le temps, ils ont préféré mettre des caisses de matériels divers pour je ne sais quel compagnie de la Grande Armée Républicaine. On pas ouvert lesdites caisses, mais ça m’aurait pas étonné de trouver des bouteilles d’un grand cru pour une huile en mal d’eau-de-vie du terroir. Vous vous imaginez bien qu’une semaine à ce régime, on est prêt à s’abreuver à la moindre flaque de gnôle qui trainerait dans un creux de la route. Heureusement, les races civilisés ont perçu très vite l’intérêt d’ouvrir des débits de boissons. On dit que le vingtième habitant d’une bourgade est toujours celui qui ouvre une taverne. Et il n'y a pas à dire, il aura toujours de la clientèle. Alors, avec les gars, ceux qu’on a l’habitude de côtoyer en mission et souvent entre deux patrouilles dans une tripotée de rades aux qualités diverses de Courage, on compte bien compenser une semaine de privation. Peut-être pour ça que Patoche a mis ses éléments d'Élite au repos le premier soir, pour nous permettre de décompresser afin de partir du bon pied. Même si je me doute que le vieux charognard avait quelques bouteilles de gnôle dans ses extras d’effets personnels et qu’il a pas partagé. J’aurais fait pareil.
Boire des coups et déconner, ça me permet d’avoir la gueule joyeuse et de cacher ce que je ressens vraiment. Même Pancrace, avec qui on a un nombre d’affaires long comme le bras, dont certaines frôlent un peu trop avec la légalité, ne sait absolument rien de mes accointances avec les pirates de Kaizoku. J’en suis pas un. Ma mère est membre d’une des nombreuses familles de pirates. Les Brock. Suffisant pour avoir un navire et des contacts, trop peu nombreux pour être un grand nom de l'île. Mais on s’en fout, c’est ma famille, c’est mes cousins et même si j’ai passé l’essentiel de mon existence sur le continent, ce qui me doit servir d’âme appartient à cette île. Évidemment, l’annexion de Kaizoku par la République, ça ne plaît pas aux cousins et par extension, j’en suis pas satisfait non plus. Autant vous dire que participer à cette opération qui vise principalement à améliorer les relations entre la République et les autochtones, c’est pas le genre de choses qui me font plaisir, même si connaissant une bonne partie des collègues, pas sûr qu’on arrive à faire passer les soldats de la République pour des honnêtes gens.
Même si faire un peu de ménages dans les rangs des pourris de la Grande Armée Républicaine, ça ferait pas de mal. Si on est éloigné avec les cousins, ils me mettent au courant de ce qui se passe sur l'île tout comme je les informe sur des prises pas trop risquées avec mes sources à l’Office. Et une des choses qui en ressort, c’est que les forces armées en garnison, en plus d’avoir une sale réputation de force armée d’occupation, il y’en a qui ont tendance à un peu abusé de leur autorité, protégé par leur immunité de soldat de la Grande Armée. Les habitants de Kaizoku ont une réputation de pirates, certes. Ce ne serait pas les derniers à vous piquer votre bourse si vous gisez au sol, mais comme partout, y’a des gens qui sont honnêtes et qui font avec les moyens qu’ils ont, souvent modestement. Voler ces gens, c’est être de sacré fils de putes. Et j’aime pas trop les voleurs et les fils de putes. Il est pas garantie qu’on nous offre l’opportunité de salir l’image de la GAR, surtout qu’à tous les coups, ça serait les remplacer par des officiers dans le genre Patoche, mais je me rattrape à l’idée qu’il est peut-être bien un sacré connard, il a tout de même un semblant de code moral.
Mais on n'est pas là pour se faire des nœuds à la tête. Ce soir, c’est la fête. Le plaisir de fouler le sol de l'île. Une île que j’ai fréquenté plusieurs mois cumulés au cours de ma vie, même si je fais semblant d’être plutôt novice au milieu de rues et de passages qui ne me sont clairement pas étranger. Serge mène la cadence du haut de sa visite d’une semaine il y a six mois et nous amène dans un bar qu’il a bien aimé. Je fais la grimace en voyant la pancarte branlante au bout de sa chaîne et les carreaux crasseux. “La Vigile cul-de-jatte”. Pas d’une très bonne réputation, mais il est trop tard pour donner l’impression de connaître. On entre. Le principal problème de ce genre d’endroit, c’est qu’on y trouve facilement des gens qui sont prêts à cracher sur la République. Et manque de bol, nos uniformes sont propres. Les regards se tournent dans notre direction et les visages sont fermés. Ils n’aiment pas les étrangers. Encore moins quand ils portent les uniformes de leur oppresseur, selon les mots des plus récalcitrants à la modernité, comme le dit la propagande républicaine. Serge n’avait sûrement pas son uniforme quand il est venu ici et quand il vient payer au comptoir une tournée générale de bière pour la bande d’officiers républicains, il a la chance que le tavernier est économe de mollard.
-Ici, la bière n’est pas pour les connards de républicains.
Et encore, il est plutôt poli. Deux gars commencent à se chauffer à voix basse pour montrer que l’Office Républicain ne courbe pas l’échine contre les citoyens à assimiler. Ca serait une mauvaise idée, surtout que j’ai plutôt soif. Avec l’aide de Pancrace, on convainc les autres de dégager en gardant bonne figure, mais le mal est déjà fait. Comme si la rumeur de notre présence se propageait dans tout le quartier, tel un feu de prairie. L’Officier Républicain ne trouvera pas joie et bonheur dans les établissements de l'île. Subtilement, je dirige le groupe pour rejoindre un endroit plus fréquentable où l’on sera pas emmerdé, avec l’espoir de croiser un Brock ou assimiler, afin de pouvoir partager quelques informations utiles pour notre service actif. On est bien aidé par les mines patibulaires des gars que l’on croise à plusieurs comptoirs, laissant clairement nous informer qu’on est pas le bienvenue. On finit donc par aller où je veux. “Le Cabestan”.
Ici, on est un peu mieux accueilli. Les gueules sont pas plus avenantes, mais on nous sert à boire. On se rend compte bien vite qu’il y a une escouade de la fameuse Grande Armée Républicaine qui prend du bon temps non loin. La piétaille a peut-être pris pour habitude de venir dépenser sa solde ici, normal vu comment on accueille l’officier républicain ailleurs. Et pour tout vous dire, je suis pas particulièrement serein, en rapport avec les œillades que certains soldats nous envoient depuis qu’on est arrivé, riant pas mal sur certains sujets, dont la propreté étonnante de nos uniformes. Le sentiment de supériorité crasse de la soldature couplé à l’alcool, ça ne fait pas bon ménage. Les bagarres de taverne font partie de la culture des pirates, cela dit. Et dans cette hypothèse, je serais bien intrigué par quelle alliance on pourrait voir apparaître. Les autochtones préfèrent taper sur qui ? Moi, j’ai ma petite idée.
Citoyen de La République
Pancrace Dosian
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Y’a pas à dire, y’a du taf si on veut se faire apprécier. Pas que ça soit ma préoccupation principale, mais si j’pouvais marcher en ville sans craindre un coup de couteau dans le dos à chaque fois que je traverse la rue, ça serait un bon début pour mettre une bonne ambiance, et surtout s’assurer de revenir en vie à Courage, une fois que notre promenade à Kaizoku sera finie. En tout cas, j’me note de rester prudent, et de pas trop abuser de la bibine.
On verra dans quelques mois ou quelques années quand la zone sera pacifiée.
Toujours est-il que le Cabestan est une taverne de marins à l’ancienne, pas trop pouilleuse cela dit, un peu plus haut de gamme que certains des bouges dans lesquels on a été particulièrement mal reçu. On capte vite que c’est pasque l’occupant vient se mouiller les amygdales régulièrement, à voir la clientèle, mais y’a aussi pas mal de locaux qu’ont l’air pas franchement ravis de partager l’espace. Pourtant, le balais a l’air d’être passé tous les jours, et si la bière est un peu molle et que j’ose pas regarder la propreté des verres, on a l’avantage d’être servis et assis.
J’vérifie juste si y’a pas un mollard qui surnage, mais c’est bon, malgré le regard pas très amène de la serveuse.
« Hé bah, grosse ambiance, hé ?
- M’en parle pas, ils nous accueillent pas hyper bien… »
Gunnar fait signe de baisser d’un ton, que la table d’à côté nous entende pas même s’ils sont quasiment sur nos genoux à cause de la proximité des tables. On s’penche en avant et on trinque un coup, pour le principe.
« A Kaizoku !
- Et aux missions tordues des chefs.
- Et aux rondes de mort.
- Et aux filles du port d’ici et d’ailleurs. »
Aux sons de « Bien dit ! Bien dit ! », on prend une grande lampée avant que notre attention soit attirée par nos collègues de la GAR, des cousins un peu éloignés. On a parfois, au sein de l’office républicain, qu’ils sont les membres de famille un peu attardés restés cultiver des patates au village pendant qu’on est parti monter une boutique en ville, et y’a pas à dire, cette métaphore est drôlement proche de la réalité.
« ‘Sont beaux, vos uniformes. C’est la première fois que vous les mettez, je suppose ? nous apostrophe un des soldats.
- Non, on utilise le savon, vous en aurez peut-être d’ici quelques mois, rétorque Serge.
- Faut bien vous occuper avec une tâche à votre mesure, c’est ça ? »
Changement d’ambiance dans la taverne : on constitue, faut bien l’admettre, le meilleur spectacle de la soirée. Y’avait pas grand-chose d’autre pour nous faire concurrence, mais le climat commence à changer et tout le monde le sent. Puis les nez rougis de nos petits camarades fournissent un indice sur le temps qu’ils ont déjà passé ici-bas.
Tarot fait signe de laisser pisser, et sort un paquet de cartes écornées d’une poche pour essayer de nous distraire. C’est de là que vient son surnom. On grogne un peu, mais on n’a pas envie de se cogner les autres, en tout cas pour ma part. J’veux bien être plein d’énergie nerveuse après la longue traversée en bateau, mais j’m’imaginais pas forcément la vider avec les collègues. Encore, avec des pirates en maraude ou des civils peu sympathiques qui nous agressent gratuitement, passe encore, mais…
« Bah alors, z’avez les jetons ? C’est toutes vos années d’étude qui vous rendent incapables de lever le cul de vos chaises ? Fallait mieux aller à Magic directement, vous auriez gagné du temps et pas sali l’uniforme.
- Les années d’étude, c’est pas ce qui vous manque pour réussir à aligner trois lettres ? Hésitez pas si vous voulez qu’on vous apprenne à lire et écrire.
- Les intellos de l’office, ils en font pas un peu trop juste pour patrouiller et retrouver le chat perdu de madame Michu ?
- On peut pas vous demander de comprendre ce qu’on fait, mais en gros, quand on visite vos mamans… »
Le geste qui suit est sans équivoque, et la première choppe vole dans la foulée et m’arrive en pleine gueule, avec un fond de bière tiède et éventée.
« Oh putain ! »
Il en faut pas beaucoup plus pour qu’on se lève tous, et qu’on se colle nez à nez dans une posture d’intimidation classique.
« Répète un peu pour voir ?
- Tu veux que j’répète ? T’as pas compris la première fois ?
- Ouais, vas-y. Vas-y. Vas-y.
- Ta. Mère. La. Pute. »
Le coup de poing me cueille à la pommette, et j’tombe sur le cul, en arrière, alors que les deux groupes se mêlent et commencent à se fracasser tout ce qu’ils trouvent l’un sur l’autre. J’crois que les autres clients ont l’air surpris, et gueulent pour encourager un camp ou l’autre, plus probablement pour attiser les flammes et s’assurer que les cognes en sortent pas indemnes.
J’attrape un tabouret, et j’le lance dans par-dessus la mêlée, pour qu’il tombe au milieu des habitants de Kaizoku, pour leur faire les pieds.
Pas de raison qu’on soit les seuls à s’amuser, hein ?
Bordel, je voulais juste picoler un coup.
Invité
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Feat Pancrate & Gunnar
Quelques regards glissèrent sur la corsaire lorsqu'elle pénétra la taverne le Cabestan mais ils se détournèrent bien rapidement. Ce chapeau vissé sur la tête rousse n'était pas inconnu des habitués. La capitaine s'y rendait régulièrement, à chaque fois que son navire mouillait les terres de Kaisoku. Comme auparavant, lorsque l'île était encore indépendante. C'était un rituel, le moment où l'équipage pouvait retrouver leurs proches et se détendre. Pour la corsaire cela signifiait surtout une énième déception. La seule personne qu'elle souhaitait retrouver n'y serait sans doute jamais.
« Salut Gatsby. » lança-t-elle en se penchant sur le comptoir.
« Hey, pt'iote ! Ça f'sait un bail. »
« Ouais. J'ai été pas mal occupée. »
Prenant place sur un tabouret, l'ancienne pirate commanda un bon repas et une boisson chaude. La cuisine n'avait rien d'exceptionnel ici mais elle avait au moins le mérite de tenir au corps.
« Il s'est passé quoi pendant mon absence ? » questionne-t-elle machinalement en croquant dans un pilon de volaille.
Le tavernier hausse les épaules, son regard empli de lassitude alors qu'il balaye la salle du bras. Quelques habitués mais de plus en plus d'étrangers faisaient son fond de commerce.
« Comme tu peux l'voir, rien d'nouveau, rien d'folichon. On dirait juste qui'se multiplient comme des lapins d'six semaines. Et y prennent la confiance d'plus en d'plus. »
Le battant de la porte s'ouvrit à la volée à la fin de sa tirade, et en parfaite illustration de ses propos un groupe de républicains fit son entrée. La rouquine jeta un coup d'œil par-dessus l'épaule, constatant les uniformes impeccables.
« Ceux-là viennent de débarquer. J'les ai vu sur les quais. »
« Pire qu'des lapins. Pire… »
Devant la mine désabusée de Gatsby, la rouquine ne put masquer son amusement. Son rire franc retentit dans le silence malaisé qui régnait dans la pièce. Elle ignora volontairement les pairs d'yeux plissés fixant sa nuque, croquant à pleines dents dans un nouveau pilon.
Le nouveau groupe s'était installé à quelques tables de là, et une fois servis ils ne mirent pas bien longtemps à délier leurs langues. Bruyants, joyeux… presque innocents à leur manière. Mais à Kaizoku il y avait des coqs bien installés et peu partageurs. Évidemment, ils ne tardèrent pas à chercher des poux aux nouveaux arrivants, insistant tant et si bien que les voix s'élevèrent et les bustes se gonflèrent d'orgueil.
Littéralement au spectacle, Alvida s'était saisie de la chope, buvant tout en observant les deux équipes qui avaient commencé à s'envoyer des beignes a bon entendeur. On se mit à gueuler, encourager tout autour de la bagarre, Alvida s'en donnant à coeur joie elle aussi jusqu'à ce qu'un tabouret vienne s'écraser à quelques pas. La corsaire sauta de son siège, empoigna celui-ci et l'écrasa dans le dos d'un des républicain, un de ceux qui se croyait chez lui depuis des mois.
« Pour Kaisoku ! » scanda-t-elle avec défi.
Le républicain se retourna, la gueule mauvaise, prêt à en découdre avec son agresseur féminin mais ce fut un autre poing serré qui vint le cueillir à l'estomac. Alvida tourna la tête vers le gaillard robuste qui lui était venu en soutien.
« Pour Kaisoku ! » tonna le grand rouquin, très vite suivi par d'autres.
Il en fallait peu pour chauffer un peuple réprimé. Une bonne bagarre, ça devait leur déranger les entrailles depuis un moment. Et puisqu’ils se trouvaient autour des Républicains, ils prirent au dépourvu les continentaux, leur assénant des coups que l’on pourrait aisément juger traîtres.
CENDRES
Citoyen de La République
Gunnar Bremer
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Alignement: Chaotique Neutre
Rang: C
Je vous avoue que les détails de la baston sont un un peu confus de mon côté, en rapport avec le fait que j’ai pris en grippe un cousin de l’armée qui a tenté de me neutraliser en visant le point faible de toute homme, enfreignant ainsi l’une des règles tacites dans les combats entre mecs, parce que ça fait sacrément mal. Ce genre de gus qui savent pas respecter les règles élémentaires, ça explique leur présence dans la Grande Armée Républicaine et surement pas dans l’Office Républicain. Nous, on sait respecter les règles. Et on les fait respecter. On a peut-être une interprétation un peu large des lois, mais c’est justement notre rôle de les expliquer aux citoyens. Ils n’ont pas à connaître les lois par cœur, ils doivent juste appliquer ce qu’on leur dit. Bref, alors que les locaux ont commencé à avoiner autour de nous pour nous accueillir fièrement, j’avais déjà roulé au sol avec mon opposant, un sale type avec un oeil qui dit merde à l’autre, le sourire narquois du type près à te poinçonner dans le dos après dix d’amitiés pour une bourse. Clairement pas le même niveau de qualité de l’Office, vous en conviendrez. Un moment, il parvient à se dégager et tente de fuir en traversant les lignes, rampant rapidement ; c’est que je lui mets plutôt sa misère. Je le suis, quitte à envoyer une beigne dans un gars du coin qui me barre le chemin, et je viens lui refaire le portrait contre le comptoir. Je reçois des coups de pieds et de poings des voisins qui pensent, dans le feu de l’action, que je viens porter l’agression de leur côté alors que je pourrais leur dire que je suis un peu de leur côté, mais bon, c’est le genre de détail qu’on oublie de dire et qu’on écoute pas sereinement dans ce genre de situation.
Évidemment, une baston de taverne impliquant des membres de la république, c’est le genre d’incident qui appelle à une intervention rapide et musclée. Le fait que le Cabestan soit dans la sphère de divertissement de l’armée indique qu’on sait ce qui se passe dans le quartier, assez rapidement. Et pendant qu’on se fout sur la gueule pour des raisons tout ce qu’il y a de plus honorables, ça s’agite à l’extérieur. Habitué à maintenir l’ordre d’une façon bienveillante mais ferme, la Grande Armée Républicaine déploie des troupes en factions à l’extérieur. C’est sans compter sur le Commissaire Patoche qui s’est dit que ce genre d’incident, c’était un bon avant goût pour les gars du premier quart. Tout ce beau monde, à l’extérieur, arrive un peu en même temps et se regarde en chien de faillance. Les soldats, habitués à rentrer dans le lard sans s’attendre à avoir du républicain en face, sont un peu désarçonnés par la présence de l’élite de l’Office Républicain, les docteurs du maintien de l’ordre. Alors que nous, ça nous arrive de croiser du soldat. On sait s’en accommoder. Du coup, de cette rencontre, vous devinez ce qui en découle ?
Bien sûr que non, ils ne vont pas se foutre sur la gueule. Sous le regard de Patoche, ça file droit. Et en bonne intelligence, il fait entrer les officiers républicains et les soldats de concert dans une belle opération commune entre les deux formations. On pourra pas dire qu’il a pas le nez creux, le Patoche.
Autant vous dire qu’à l’intérieur, quand le maintien de l’ordre, ça s’arrête rapidement de se foutre des gnons dans la gueule, autant pour les officiers républicains que les soldats qui se retrouvent rapidement en face de collègues en service, ce qui a tendance à refroidir vos envies d’en découdre, surtout quand vous devinez la présence de supérieurs hiérarchiques pas trop loin. Pour les locaux, ils se font un peu bousculés, un peu plus par la soldature, par habitude, un peu par l’office, parce que c’est ce que le protocole conseille dans ce genre de cas. On est séparé et placé en rang. On ne nous fait pas l’outrage de nous lier les poings, l’envie de se taper a disparu. Le résultat est plutôt glorieux. Les soldats ont plutôt des sales gueules ; enfin, plus que d’habitude. Et ma cible n'a pas réussi à se relever. De notre côté, on a des belles gueules d’enfoirés bien comptant d’avoir gagné la bataille de l’honneur, mais qui s’attendent à prendre un méchant savon. On tire carrément la gueule quand Patoche vient pointer le bout de son nez, les mains dans le dos, avec un petit sourire pernicieux au coin des lèvres, ce qui n’annonce rien de bon.
-Tiens donc, mais ce ne serait pas des visages familiers dans des uniformes qui étaient pourtant si propres. Tarot. Serge. Gunnar, évidemment. Pancrace, logique. Je vois que vous avez de l'énergie à revendre, je pense que vous ne direz pas non à ce que je modifie légèrement votre emploi du temps pour vous priver de quelques jours de repos et de mettre cette énergie à profit pour ramener l’ordre, plutôt que l’inverse. On dit merci qui ?
-Mergi cobbizaire Patoze.
ça fait mal de parler. Moins mal que ce que le commissaire va nous faire dans les semaines à venir. Ça ne va pas être des vacances. De l’autre côté, l’officier de l’armée arrivait sur place enguirlande ses hommes avec un peu plus de bienveillance, preuve s’il en est que ça manque un peu de discipline, mais on est mal placé pour parler sur ce point. Patoche continue à faire le tour des civils et son regard s’arrête sur un femme.
-Mais ça ne serait pas l'insaisissable Delahaye ? Vous tombez bien, je comptais vous faire mander demain, le destin est bien aimable. La république a besoin de vos services, il est tout à fait naturel que vous les fournissiez, comme on peut s’y attendre d’une corsaire. Puisque vous avez déjà fait la connaissance avec ce qui se fait de plus talentueux et de plus chaotique dans l’office, je n’ai aucun doute sur votre capacité à leur faire obtenir des résultats rapides. Je compte sur votre présence demain matin, huit heures, madame.
Les corsaires. Un nom que peu de gens apprécient. Les gens de Kaizoku les considèrent comme des traîtres. Les républicains les voient toujours comme des pirates, encore moins dignes de confiance. S’il est indéniable que ce genre d’éléments sont des atouts dans la manche de la république pour obtenir la paix à Kaizoku, ils sont aussi totalement imprévisibles. Mais pour les faire filer droits, les autorités ont bien des leviers. Et celui de perdre un statut qui offre une certaine tranquillité est particulièrement retors. Je ne sais pas si ça m’enchante de devoir bosser avec un corsaire, une de surcroît. Tout ce que je sais, c’est que je vais pioncer en cellule ce soir avant de devoir turbiner pendant un sacré bout de temps, et c’est pas ce que j’avais espéré.
Enfin, on fait ce qu’on peut avec les cartes que le destin nous donne, comme dirait Tarot.
Évidemment, une baston de taverne impliquant des membres de la république, c’est le genre d’incident qui appelle à une intervention rapide et musclée. Le fait que le Cabestan soit dans la sphère de divertissement de l’armée indique qu’on sait ce qui se passe dans le quartier, assez rapidement. Et pendant qu’on se fout sur la gueule pour des raisons tout ce qu’il y a de plus honorables, ça s’agite à l’extérieur. Habitué à maintenir l’ordre d’une façon bienveillante mais ferme, la Grande Armée Républicaine déploie des troupes en factions à l’extérieur. C’est sans compter sur le Commissaire Patoche qui s’est dit que ce genre d’incident, c’était un bon avant goût pour les gars du premier quart. Tout ce beau monde, à l’extérieur, arrive un peu en même temps et se regarde en chien de faillance. Les soldats, habitués à rentrer dans le lard sans s’attendre à avoir du républicain en face, sont un peu désarçonnés par la présence de l’élite de l’Office Républicain, les docteurs du maintien de l’ordre. Alors que nous, ça nous arrive de croiser du soldat. On sait s’en accommoder. Du coup, de cette rencontre, vous devinez ce qui en découle ?
Bien sûr que non, ils ne vont pas se foutre sur la gueule. Sous le regard de Patoche, ça file droit. Et en bonne intelligence, il fait entrer les officiers républicains et les soldats de concert dans une belle opération commune entre les deux formations. On pourra pas dire qu’il a pas le nez creux, le Patoche.
Autant vous dire qu’à l’intérieur, quand le maintien de l’ordre, ça s’arrête rapidement de se foutre des gnons dans la gueule, autant pour les officiers républicains que les soldats qui se retrouvent rapidement en face de collègues en service, ce qui a tendance à refroidir vos envies d’en découdre, surtout quand vous devinez la présence de supérieurs hiérarchiques pas trop loin. Pour les locaux, ils se font un peu bousculés, un peu plus par la soldature, par habitude, un peu par l’office, parce que c’est ce que le protocole conseille dans ce genre de cas. On est séparé et placé en rang. On ne nous fait pas l’outrage de nous lier les poings, l’envie de se taper a disparu. Le résultat est plutôt glorieux. Les soldats ont plutôt des sales gueules ; enfin, plus que d’habitude. Et ma cible n'a pas réussi à se relever. De notre côté, on a des belles gueules d’enfoirés bien comptant d’avoir gagné la bataille de l’honneur, mais qui s’attendent à prendre un méchant savon. On tire carrément la gueule quand Patoche vient pointer le bout de son nez, les mains dans le dos, avec un petit sourire pernicieux au coin des lèvres, ce qui n’annonce rien de bon.
-Tiens donc, mais ce ne serait pas des visages familiers dans des uniformes qui étaient pourtant si propres. Tarot. Serge. Gunnar, évidemment. Pancrace, logique. Je vois que vous avez de l'énergie à revendre, je pense que vous ne direz pas non à ce que je modifie légèrement votre emploi du temps pour vous priver de quelques jours de repos et de mettre cette énergie à profit pour ramener l’ordre, plutôt que l’inverse. On dit merci qui ?
-Mergi cobbizaire Patoze.
ça fait mal de parler. Moins mal que ce que le commissaire va nous faire dans les semaines à venir. Ça ne va pas être des vacances. De l’autre côté, l’officier de l’armée arrivait sur place enguirlande ses hommes avec un peu plus de bienveillance, preuve s’il en est que ça manque un peu de discipline, mais on est mal placé pour parler sur ce point. Patoche continue à faire le tour des civils et son regard s’arrête sur un femme.
-Mais ça ne serait pas l'insaisissable Delahaye ? Vous tombez bien, je comptais vous faire mander demain, le destin est bien aimable. La république a besoin de vos services, il est tout à fait naturel que vous les fournissiez, comme on peut s’y attendre d’une corsaire. Puisque vous avez déjà fait la connaissance avec ce qui se fait de plus talentueux et de plus chaotique dans l’office, je n’ai aucun doute sur votre capacité à leur faire obtenir des résultats rapides. Je compte sur votre présence demain matin, huit heures, madame.
Les corsaires. Un nom que peu de gens apprécient. Les gens de Kaizoku les considèrent comme des traîtres. Les républicains les voient toujours comme des pirates, encore moins dignes de confiance. S’il est indéniable que ce genre d’éléments sont des atouts dans la manche de la république pour obtenir la paix à Kaizoku, ils sont aussi totalement imprévisibles. Mais pour les faire filer droits, les autorités ont bien des leviers. Et celui de perdre un statut qui offre une certaine tranquillité est particulièrement retors. Je ne sais pas si ça m’enchante de devoir bosser avec un corsaire, une de surcroît. Tout ce que je sais, c’est que je vais pioncer en cellule ce soir avant de devoir turbiner pendant un sacré bout de temps, et c’est pas ce que j’avais espéré.
Enfin, on fait ce qu’on peut avec les cartes que le destin nous donne, comme dirait Tarot.
Citoyen de La République
Pancrace Dosian
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On a l'air fin, au petit matin. J'ai même pas envie de dire le lendemain, tellement c'est qu'une poignée d'heures plus tard. J'ai mal aux côtes, le nez gonflé à cause du bourre-pif que j'ai pris, et une coupure à l'arcade. Mais, comme on répond habituellement aux questions moqueuses des collègues, t'aurais vu le gars d'en face, hein ?
Pas besoin de raconter que j'ai pas eu de bol et que j'suis tombé sur le mastar qui faisait semblant de pas voir Gunnar alors qu'ils avaient le même gabarit à occulter la lune.
Patoche a dû salement bicher, lui : on s'en est mieux sorti que les soldats, à l'exercice du maintien musclé de l'ordre, et il a pu d'emblée montrer que c'était lui qui prenait le contrôle des affaires sur place, sans compter qu'un rapide interrogatoire des témoins aura montré que c'était la Grande Armée Républicaine qui avait... commencé.
Hé oui, parfois, les affaires de chef, ça ressemble beaucoup à la cour de récré, mais il faut ce qu'il faut.
J'pense que c'est pour ça que la punition est anecdotique : s'il nous en avait vraiment voulu, on serait déjà à récurer les chiottes pour les trois prochains mois. Là, on arborera plus ou moins fièrement nos séquelles de la veille, et on aura montré qu'on se sera pas dégonflé devant la soldature de base. J'suppose que ça peut jouer en notre faveur, et qu'en nous filant une permission, c'était p'tet même ce qu'il escomptait. Quoique nan, j'lui donne trop de crédit.
Reste qu'il fait nuit, qu'il fait froid et brumeux vu qu'on est pas loin du port, et qu'on a l'air bien con, debouts au garde à vous dans la cour. Patoche est pas là, évidemment : il dort du sommeil du juste, et c'est un de ses assistants, gueule renfrognée, qui nous surveille en se réchauffant les mains à un brasero pour lequel on serait prêt à faire pas mal de choses, si on en avait l'occasion. Pas que j'veuille parler pour mes p'tits camarades, mais on a tous l'oeil humide et les genoux qui tremblent, alors...
Et pendant qu'on attend, j'me demande quand est-ce que Delahaye va se radiner. On n'attend plus qu'elle après tout. Puis la République marche bien, vu que le patron la connaissait déjà, et l'a même reconnue. M'étonnerait pas que les services secrets soient passés dans le coin pour cataloguer tout le monde, prendre leurs jolies trognes sur parchemin, et faire tourner ça chez les huiles.
Puis afficher devant tout le monde que c'est une corsaire, c'est un coup de génie et de pute du genre qui rend admiratif. Avec ça, on montre clairement son allégeance, et on la fout au pied du mur : soit elle se radine quand on la siffle, et elle participe, soit elle disparaît, et son statut devient subitement beaucoup moins trouble. Nan, on la grille bien avec ses potes, à moins qu'elle la joue agent double, mais m'est avis que c'est aussi notre rôle de nous en assurer.
« Putain, on s'les gèle, que j'râle dans ma barbe.
- Quelqu'un a dit quelque chose ? Demande Selmy.
- Non, Chef ! »
On forme un bel ensemble, d'une voix forte et assurée, et ça réveille presqu'un peu, d'avoir dû gueuler.
« Bon, en fait, j'ai mieux à faire que vous regarder vous les geler, donc pour l'instant, c'est facile : vous profitez de la corsaire pour visiter les coins chauds de l'île, pour peu qu'elle vous y emmène. C'est pour ça que vous êtes en effectifs réduits par rapport à une patrouille normale. Essayez de la cuisiner, subtilement si tant est que vous en soyiez capables, et tâchez d'être visiblement utiles à la population. C'est pour ça qu'on est là. »
Il crache par terre, montrant tout ce qu'il en pense réellement, puis se barre. Avant de claquer la porte derrière lui, il lâche un dernier "Et inutile de rester plantés là, réchauffez-vous un peu.".
Quel fils de sa mère, alors. Mais il a pas fallu nous le dire deux fois pour qu'on se masse autour des braises.
« Vous pensez qu'elle va venir, Delahaye ? Questionne Tarot.
- Ca changerait quelque chose ? Contre Gunnar.
- On ferait des rues pépères sans elle.
- Bien vu. Tu veux pas croiser d'ennuis ?
- J'veux mettre de la pommade et dormir jusqu'à demain.
- J'veux hériter et plus jamais travailler, que j'propose.
- Hériter de qui ?
- C'est bien ça le problème, y'a personne. »
Pendant qu'on s'envoit des fions pour passer le temps, notre corsaire préférée fait enfin son entrée parmi nous, et on s'retourne, notre p'tit groupe de quatre. Pas de salut républicain qui tienne, on s'contente de hocher la tête en la regardant.
« Alors, c'est toi qui nous fais visiter ? On rêverait de rendre service à la population, c'est notre raison d'être. »
Enfin, c'est ce qui est écrit sur les affiches de recrutement, en tout cas.
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[PA] Les bonnes valeurs de la République
Feat Pancrate & Gunnar
Une bonne bagarre, il n’y a rien de plus festif dans une taverne. Ce sont les risques du métier des gérants et Gatsby avait prévu le coup d’ailleurs. Un regard en arrière suffit à témoigner du fait… qu’il n’était tout simplement plus dans la pièce depuis des lustres. Quant à la corsaire, elle s’était bien amusée à souffler sur les braises et trônait à présent sur le comptoir, les jambes croisées avec désinvolture. Deux hommes avaient quitté le groupe dans un face à face attrayant, le plus mignon des deux - et de loin - venant fracasser le faciès déjà peu flatteur de l’autre à une longueur de tabouret de la rousse. Elle siffle avec approbation mais sans plus, son attention est portée ailleurs. Et dans toute cette agitation, le dernier geste de l’ex-pirate avant que des troubles fêtes viennent mettre un terme à cette joyeuse agitation avait été de fracasser un pichet sur le crâne d’un pauvre hère ayant tenté de passer par dessous la barrière formée par les natifs de l'île.
Tous s’étaient immobilisés, rentrant bien malgré eux dans le rang. Les locaux ont grogné, leur haine affichée sur leur face aussi solidement que des étendards mais ils se ravissant bien vite avant de prendre de mauvaises décisions. Quant aux autres, ils ont l’air de gamins pris en flag’ comme on dit. Avec nonchalance, la rousse se permet de récupérer son assiette encore remplie de nourriture, venant croquer à pleines dents un aileron tandis que les gardes se font sermonner par leur patron. Cela dit, ça ne dure pas, voilà que l’un des gradés décide de planter son regard sur elle. Évidement, il la reconnaît et s’offre le luxe de lui imposer un rendez-vous au matin. La corsaire grince des dents, il sait exactement quoi dire pour que sa pseudo liberté se retrouve au creux de sa grassouillette main.
« Quel plaisir de vous rencontrer, une si charmante surprise ce rendez-vous. » raille-t-elle en retour.
***
Huit heures tapantes, hein ? C’est qu’il ne connaît pas les femmes.
Bien sûr, Alvida n’est pas une petite diva de pacotille, c’est juste qu’elle veut se faire une idée d’abord, avant que les regards ne se posent sur elle. Arrivée bien en avance, la rousse s’était parée sous un voile d’invisibilité, et s’était perchée non loin, juste histoire d’observer les gus qu’on lui avait si gentiment demandé d’accompagner. Ils avaient l’air spécialement avenant avec leurs gueules cassées mais malgré leur posture inconfortable, les nouveaux venus avaient tous ce petit air suffisant de ceux qui s’en sont bien sortis. Bref, finalement elle en tire un léger avantage. Le surveillant lâche quelques informations avant de partir réchauffer ses miches ailleurs. La cuisine hein ?… Qu’il viennent la chauffer, on verra bien se retrouvera avec une broche dans le cul, tss. Cela dit, pas dit qu’elle leur offre ce qu’ils attendent d’elle, faut dire qu’ils ne préfèreraient pas l’avoir dans leur pattes non plus au vu des échanges qui s’ensuivent. Est-ce que vraiment il en attendent grand-chose, eux ?
Bien, il est temps qu’elle se présente en bonne et due forme. La miss saute de son perchoir, abaisse son voile et s’avance vers le groupe, apparaissant dans la brume de sa démarche féline. Malgré le froid ambiant, celle-ci n’est vêtue que d’un pantalon de cuir surmonté d’une paire de bottes sombres et d’un chemisier au lacet peu stable tout juste rehaussé d’un corset et d’une veste courte brodée aux armoiries de son navire. Son tricorne toujours vissé sur la tête, elle n’a cette fois-ci pas les cheveux lâchés mais les a nattés, ce qui donne à son minois une apparence plus avenante. Elle penche la tête, en retour, histoire de saluer. Elle est corsaire, pas mal élevée pour autant faut pas pousser.
« Alors, c'est toi qui nous fais visiter ? On rêverait de rendre service à la population, c'est notre raison d'être. »
« C’est évident, ça s'voit tout de suite au premier regard. Le p’tit fard violet sur la pommette, tout d’suite ça engage la confiance. » rétorque-t-elle avec un demi-sourire qui en dit long sur sa pensée.
Avec leurs blessures d’ivrognes ils auraient au moins le mérite d’attirer l’attention des passants. Pas certain en revanche que leur crédibilité en ressorte. Celui qui avait décidé que ce serait eux le beau visage d’officiers à exhiber aux locaux était soit un génie incompris soit un imbécile fini. En tout cas, ça a le mérite d’amuser leur guide imposé.
« En avant. » les enjoint-elle avec autant de passion que ses interlocuteurs, ce qui équivalait à pas grand grand chose. « J’vous préviens tout d’suite, si votre but c’est d’éclairer la populace d’vos bonnes ondes, vous êtes pas prêts. Les gars avant vous ont bien remué la merde planqué sous les paillasses, vous aurez beau agiter vos eaux de toilettes ça sentira toujours le crottin. »
La rouquine hausse les épaules, faisant voleter une tresse. Elle passe rapidement les quais, après tout c’est là d’où ils viennent et à part quelques badauds aux regards en coin à cette heure matinale, y en aurait rien à tirer. En revanche, dans les quartiers commerçants ça s’agite généralement plus… Ils s’en rendront vite compte en chemin.
« J’suppose que si on vous a envoyé c’est qu’les hauts se rendent compte qu’ils ont chié en envoyant des gredins faire la loi sur une région d’jà hostile à l’autorité. Pour l’instant les gens s’tiennent mais y sont pas cons sur s’qui se passe et à force de pousser… Eh, c’est comme si vous agitiez une bouteille de champagne avant de l’ouvrir. Pof ! » argue-t-elle en mimant l’effet.
CENDRES
Citoyen de La République
Gunnar Bremer
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: C
-Et dès que c’est ouvert, on arrose les copains. Enfin, je ferais ça si je buvais du champagne.
Serge a un sourire en coin. On sait tous qu’il a un penchant parfois exagéré pour les alcools plutôt étranges, surtout ceux concoctés par Gégé, l’expert en distillation bizarre du fond de son jardin. Si ça passe le gosier de Serge, c’est que c’est à peu près propre à la consommation. il en faut, des goûteurs et même si on peut critiquer Serge sur pas mal de trucs qu’un officier républicain est censé faire, on peut pas lui retirer qu’il goûte à merveille. L’autre souci, c’est que le collègue n’a pas ce qu’il faut pour se payer du champagne. Si au demeurant, il paraît plus propre sur lui que la plupart des gars de l’office, c’est de l’esbrouffe. Ça vaut juste pour impressionner les bleusailles et les filles en fleurs.
Clairement, la corsaire, faudra se mettre le doigt bien profond dans l'œil pour penser l’impressionner. C’est un pirate. Corsaire, c’est juste un mot qui change, le fond reste le même. Et je sais de quoi je parle. Sur la mer, hommes et femmes, on est tous égaux. ça partage autant les succès que les emmerdes. Dans la Grande Armée Républicaine, à l’inverse, il faut se l’avouer, on est assez loin des critères de parité. C’est que ça sent tellement la masculinité depuis des siècles que c’est bien difficile d’y creuser son trou sans en avoir assez des gros lourds qu’on peut être, quand l’essentiel de ce qu’il y a à mater, c’est le visage rouge du sergent instructeur ou les amygdales du supérieur hiérarchique en train de vous postillonner à la figure. Faut nous comprendre. On est qu’humain. Je dis pas qu'il n'y a pas de femmes dans l’armée, c’est même celles qui parviennent souvent à de grosses responsabilités, comme quoi, ça vous forge un esprit d’acier et ça accumule des compétences bien plus utiles que de pouvoir roter pendant plusieurs secondes.
Après, on est pas les spécimens les plus dégénérés de la Grande Armée Républicaine. Déjà, on est officier républicain. Et puis, on est nous.
-Le pourquoi du comment, je m’en moque pas mal. La hiérarchie ne nous met pas au parfum concernant leur motivation. On se contente de faire ce qu’on fait de mieux.
-Te faire refaire le portrait, Pancrace ?
-Tu ne devrais pas l’ouvrir, Gunnar. T’es encore plus moche que moi.
On ricane. Personne n’a l’air fameux. Je cogite un peu derrière les conneries des autres. L'interprétation du niveau de colère des locaux est assez subjectifs. J’aurais pas dit que ça pressait trop. Peut-être que la corsaire met un peu trop la charrue avant les bœufs et que ça ne va pas partir en guerre civile de sitôt. Le problème, c’est qu’il suffit d’une connerie pour en provoquer d’autres et que ça devient incontrôlable. Et autant le dire tout de suite :
-Si ça pète, je plains plus les locaux que les républicains. Les tueurs de l’armée ont autant envie de nettoyer l'île par le sang que les bourrins du Reike de nous envahir. Quand tu rejoins l’armée, c’est pas pour faire du maintien de l’ordre, mais davantage pour pacifier de sorte qu’il n’y ait plus personne pour foutre le merdier.
-ça te pose problème ?
-Non. Tant que ça ne se passe pas pendant mon service.
Ça me pose souci, quand même. Je suis pas aussi pourri que ce que je montre. Dans le tas, il y a beaucoup de gens qui ne sont pas d’accord de ce qui se passe, mais qui ne méritent pas de voir leur maison cramer ou de se faire suriner dans une ruelle juste parce qu’une minorité préfère en venir aux armes. C’est peut-être parce que je suis pas un vrai de Kaizoku, mais ça me ferait mal au cul si les faubourgs dans lesquels j’ai grandi étaient mis à feu à et sang à cause d’une minorité. La violence est peut-être une solution globale, mais seulement quand on est sûr de gagner. Et vu comment Kaizoku était déjà une épine dans le pied du trafic maritime de la république, s’il faut raser l'île, ça sera déjà bénéfique par rapport à avant.
Mais bref, on s’égare.
On est mobile et on se plonge déjà dans les rues et recoins de la ville. Il est tôt pour l’officier républicain en manque de sommeil, mais c’est l’heure normale pour bien des bougres qui ont ça en commun avec ceux du continent. Partout, il y a besoin de gens pour démarrer la journée et qui doivent se lever tôt. C’est comme ça. Si on nous regarde salement, on ne cherche pas à nous emmerder. S’il fallait emmerder tous les républicains qui se promènent, ça occuperait bien la journée. Surtout quand on finit en cellule. Évidemment, il y a toujours des emmerdes, qu’importe l’heure de la journée. Et v’là que je bloque la rue avec ma charrette et tout le monde s’engueule. Et machin a bousculé untel. Ou bidule a mal regardé un gars. Classique. Le genre de petits événements de la vie de tous les jours que l’officier républicain se doit de résoudre de la manière la plus conviviale possible, ce qu’on appelle l’office de proximité. L’avantage ici, c’est que tout le monde ferme rapidement sa gueule en nous voyant et les querelles du matin disparaissent. toute l’animosité est redirigée vers nous et on ne doit notre salut qu’à l’autorité qu’on arbore sur nos uniformes à défaut de nos gueules.
Je capte aussi que l’animosité est partagée avec Delahaye. On peut pas nous confondre avec autre chose qu’un républicain, mais elle, difficile d’en faire une républicaine. A nous mener nous autres, ça parle beaucoup sous le manteau. On aime pas beaucoup ceux qui fricotent trop avec la république. Normal. Ce qui devait arriver ce produit et un gars balance ce qu’il a sur le cœur.
-Traîtresse !
D’instinct, on a un mouvement de réactions, nous autres de l’office, comme pour protéger l’un des nôtres, mais la corsaire nous fait un geste qu’elle peut se débrouiller sans nous. Ou qu’elle s’en fout. L’habitude, peut-être. Sauf que ça motive d’autres grandes gueules qui se permettent d’autres commentaires, à notre adresse. ça s’échauffe. J’ai un instant l’impression qu’on va devoir se battre une deuxième fois en moins de douze heures et qu’on pourra alors demander une demi-journée de repos supplémentaire. Jusqu’à ce qu’un type grand et massif nous pointe du doigt, les sourcils froncés, alors qu’il venait d’arriver dans le coin.
-Attendez, vous êtes pas les nouveaux connards de la république qui se sont battus avec les connards de la Grande Armée Républicaine ?
-Ah ouai… j’ai entendu cette histoire.
On passe rapidement sur les adjectifs peu à notre avantage, puisque l’intervention semble apaiser un poil les esprits. Pancrace hoche la tête et lui répond avec son sourire de canaille.
-La Grande Armée Républicaine ? De ce que je me souviens, on a seulement avoiner des bleus bites si tu veux mon avis.
L’autre écarquille les yeux avant de partir dans un grand rire.
-Il y avait dans le tas une petite raclure qui m’a fait une sale crasse il y a deux semaines. On lui a explosé la figure sur un comptoir, ça refait mon mois.
-Celui-là, c’est Gunnar qui s’en est occupé.
-Présent !
-Merci gars. Et hésite pas si l’occasion se représente. Je t’offre un verre à chaque fois.
-Pas cher payé.
-Tu restes un connard de républicain.
Indéniable. Mais les rumeurs de notre bagarre de la veille ont cette effet sur les locaux de nous passer de la catégorie “envahisseurs indésirables” à “envahisseurs supportables”. Ca retourne à ses affaires sans qu’ils se préoccupent de nous. Peut-être qu’en laissant décanter un peu, on pourra faire notre trou à force d’envoyer du bourre-pif dans les soldats les moins appréciés. Je profite du calme revenu pour ramener mon attention sur la rousse.
-Comment qu’on devient corsaire ? C’est un choix de carrière qui faut savoir assumer, j’ai l’impression.
Serge a un sourire en coin. On sait tous qu’il a un penchant parfois exagéré pour les alcools plutôt étranges, surtout ceux concoctés par Gégé, l’expert en distillation bizarre du fond de son jardin. Si ça passe le gosier de Serge, c’est que c’est à peu près propre à la consommation. il en faut, des goûteurs et même si on peut critiquer Serge sur pas mal de trucs qu’un officier républicain est censé faire, on peut pas lui retirer qu’il goûte à merveille. L’autre souci, c’est que le collègue n’a pas ce qu’il faut pour se payer du champagne. Si au demeurant, il paraît plus propre sur lui que la plupart des gars de l’office, c’est de l’esbrouffe. Ça vaut juste pour impressionner les bleusailles et les filles en fleurs.
Clairement, la corsaire, faudra se mettre le doigt bien profond dans l'œil pour penser l’impressionner. C’est un pirate. Corsaire, c’est juste un mot qui change, le fond reste le même. Et je sais de quoi je parle. Sur la mer, hommes et femmes, on est tous égaux. ça partage autant les succès que les emmerdes. Dans la Grande Armée Républicaine, à l’inverse, il faut se l’avouer, on est assez loin des critères de parité. C’est que ça sent tellement la masculinité depuis des siècles que c’est bien difficile d’y creuser son trou sans en avoir assez des gros lourds qu’on peut être, quand l’essentiel de ce qu’il y a à mater, c’est le visage rouge du sergent instructeur ou les amygdales du supérieur hiérarchique en train de vous postillonner à la figure. Faut nous comprendre. On est qu’humain. Je dis pas qu'il n'y a pas de femmes dans l’armée, c’est même celles qui parviennent souvent à de grosses responsabilités, comme quoi, ça vous forge un esprit d’acier et ça accumule des compétences bien plus utiles que de pouvoir roter pendant plusieurs secondes.
Après, on est pas les spécimens les plus dégénérés de la Grande Armée Républicaine. Déjà, on est officier républicain. Et puis, on est nous.
-Le pourquoi du comment, je m’en moque pas mal. La hiérarchie ne nous met pas au parfum concernant leur motivation. On se contente de faire ce qu’on fait de mieux.
-Te faire refaire le portrait, Pancrace ?
-Tu ne devrais pas l’ouvrir, Gunnar. T’es encore plus moche que moi.
On ricane. Personne n’a l’air fameux. Je cogite un peu derrière les conneries des autres. L'interprétation du niveau de colère des locaux est assez subjectifs. J’aurais pas dit que ça pressait trop. Peut-être que la corsaire met un peu trop la charrue avant les bœufs et que ça ne va pas partir en guerre civile de sitôt. Le problème, c’est qu’il suffit d’une connerie pour en provoquer d’autres et que ça devient incontrôlable. Et autant le dire tout de suite :
-Si ça pète, je plains plus les locaux que les républicains. Les tueurs de l’armée ont autant envie de nettoyer l'île par le sang que les bourrins du Reike de nous envahir. Quand tu rejoins l’armée, c’est pas pour faire du maintien de l’ordre, mais davantage pour pacifier de sorte qu’il n’y ait plus personne pour foutre le merdier.
-ça te pose problème ?
-Non. Tant que ça ne se passe pas pendant mon service.
Ça me pose souci, quand même. Je suis pas aussi pourri que ce que je montre. Dans le tas, il y a beaucoup de gens qui ne sont pas d’accord de ce qui se passe, mais qui ne méritent pas de voir leur maison cramer ou de se faire suriner dans une ruelle juste parce qu’une minorité préfère en venir aux armes. C’est peut-être parce que je suis pas un vrai de Kaizoku, mais ça me ferait mal au cul si les faubourgs dans lesquels j’ai grandi étaient mis à feu à et sang à cause d’une minorité. La violence est peut-être une solution globale, mais seulement quand on est sûr de gagner. Et vu comment Kaizoku était déjà une épine dans le pied du trafic maritime de la république, s’il faut raser l'île, ça sera déjà bénéfique par rapport à avant.
Mais bref, on s’égare.
On est mobile et on se plonge déjà dans les rues et recoins de la ville. Il est tôt pour l’officier républicain en manque de sommeil, mais c’est l’heure normale pour bien des bougres qui ont ça en commun avec ceux du continent. Partout, il y a besoin de gens pour démarrer la journée et qui doivent se lever tôt. C’est comme ça. Si on nous regarde salement, on ne cherche pas à nous emmerder. S’il fallait emmerder tous les républicains qui se promènent, ça occuperait bien la journée. Surtout quand on finit en cellule. Évidemment, il y a toujours des emmerdes, qu’importe l’heure de la journée. Et v’là que je bloque la rue avec ma charrette et tout le monde s’engueule. Et machin a bousculé untel. Ou bidule a mal regardé un gars. Classique. Le genre de petits événements de la vie de tous les jours que l’officier républicain se doit de résoudre de la manière la plus conviviale possible, ce qu’on appelle l’office de proximité. L’avantage ici, c’est que tout le monde ferme rapidement sa gueule en nous voyant et les querelles du matin disparaissent. toute l’animosité est redirigée vers nous et on ne doit notre salut qu’à l’autorité qu’on arbore sur nos uniformes à défaut de nos gueules.
Je capte aussi que l’animosité est partagée avec Delahaye. On peut pas nous confondre avec autre chose qu’un républicain, mais elle, difficile d’en faire une républicaine. A nous mener nous autres, ça parle beaucoup sous le manteau. On aime pas beaucoup ceux qui fricotent trop avec la république. Normal. Ce qui devait arriver ce produit et un gars balance ce qu’il a sur le cœur.
-Traîtresse !
D’instinct, on a un mouvement de réactions, nous autres de l’office, comme pour protéger l’un des nôtres, mais la corsaire nous fait un geste qu’elle peut se débrouiller sans nous. Ou qu’elle s’en fout. L’habitude, peut-être. Sauf que ça motive d’autres grandes gueules qui se permettent d’autres commentaires, à notre adresse. ça s’échauffe. J’ai un instant l’impression qu’on va devoir se battre une deuxième fois en moins de douze heures et qu’on pourra alors demander une demi-journée de repos supplémentaire. Jusqu’à ce qu’un type grand et massif nous pointe du doigt, les sourcils froncés, alors qu’il venait d’arriver dans le coin.
-Attendez, vous êtes pas les nouveaux connards de la république qui se sont battus avec les connards de la Grande Armée Républicaine ?
-Ah ouai… j’ai entendu cette histoire.
On passe rapidement sur les adjectifs peu à notre avantage, puisque l’intervention semble apaiser un poil les esprits. Pancrace hoche la tête et lui répond avec son sourire de canaille.
-La Grande Armée Républicaine ? De ce que je me souviens, on a seulement avoiner des bleus bites si tu veux mon avis.
L’autre écarquille les yeux avant de partir dans un grand rire.
-Il y avait dans le tas une petite raclure qui m’a fait une sale crasse il y a deux semaines. On lui a explosé la figure sur un comptoir, ça refait mon mois.
-Celui-là, c’est Gunnar qui s’en est occupé.
-Présent !
-Merci gars. Et hésite pas si l’occasion se représente. Je t’offre un verre à chaque fois.
-Pas cher payé.
-Tu restes un connard de républicain.
Indéniable. Mais les rumeurs de notre bagarre de la veille ont cette effet sur les locaux de nous passer de la catégorie “envahisseurs indésirables” à “envahisseurs supportables”. Ca retourne à ses affaires sans qu’ils se préoccupent de nous. Peut-être qu’en laissant décanter un peu, on pourra faire notre trou à force d’envoyer du bourre-pif dans les soldats les moins appréciés. Je profite du calme revenu pour ramener mon attention sur la rousse.
-Comment qu’on devient corsaire ? C’est un choix de carrière qui faut savoir assumer, j’ai l’impression.
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[PA] Les bonnes valeurs de la République
Feat Pancrate & Gunnar
Un sourire en coin, mi-amusé mi-désabusé, il n’en tirerait pas plus de sa blague. De toute façon, elle passait inaperçue dans la discussion qui n’avait pas vraiment le mérite de voler très haut dans son ensemble. Bah, après tout ça ne lui faisait pas de mal à la pirate d’être entourée d’hommes ayant aussi peu de liberté dans leurs choix. Alvida obéissait aux ordres, eux aussi. Ca leur faisait un point commun. Mal, dans toute cette masse de réflexion vaseuses, la jeune femme avait ferré quelque chose d’intéressant, une remarque sérieuse, presque fataliste.
« J’sais. » contredit-elle. « J’tiens pas à ce que ça arrive, j’ai d’ja trop vu d’massacres. J’dis juste que ça n’m'étonnerait pas. »
C’est pessimiste. La rouquine n’était pas le genre de femme à vouloir peindre le monde de sa naiveté rose bonbon. Il n’y avait pas grand chose d’heureux dans sa vie, parce que la vie, eh, c’est une connasse, elle est sadique et un brin mauvaise. Mais paradoxalement la capitaine s’en est accommodée depuis bien longtemps et accueille parfois sa mesquinerie avec nonchalance.
C'est de la même façon qu’elle réagit lorsque leur balade commence à poser problème. Les mauvais regards, Alvida les connaît bien. Emplis de défiance et de haine mêlées. Y en a pour les nouveaux venus mais la corsaire n’y échappe pas non plus. Le venin qui en sort la blesse toujours, pourtant, même si elle ne laisse rien transparaître. Ca, c’est sa carapace. Autant crever la bouche ouverte que d’en sortir. Alors quand les gars commencèrent à s'agiter, elle leva simplement la main en signe d'apaisement.
Évidemment, ça n'alla pas en s'arrangeant, bien au contraire. Alvida était une cible facile ainsi entourée de la "vermine". Le moindre de ses mot se retournerait inévitablement contre elle. Elle se tut, ses mâchoires solidement serrées… jusqu'à ce qu'une distraction calme les esprits et finisse par dissiper l'attroupement.
C'est alors que Gunnar vint aborder la corsaire, semblant réellement intrigué. La question était pertinente, d'autant plus quand on est témoin d'un linchage public.
« On l'devient le couteau sous la gorge. » répond-elle en soutenant son regard sans ciller. « J'étais pas capitaine quand y a eu la chasse aux pirates mais il a foutu l'camp quand le navire s'est fait prendre en grippe. Alors qu'on alignait mes comparses sur l'pont l'arme en joue, j'leur ai fait une proposition. »
Comme certains diraient, c'était soit couillu soit désespéré. Pour Alvida ça relevait plus d'un compromis, un délai qui lui permettrait de mettre les voiles le moment venu. Et puis, ce n'était pas un équipage à ses yeux mais sa famille, celle qui l'avait accueillie môme, vu grandir. Elle n'aurait jamais permis qu'on y touche.
« Vous feriez quoi si on vous laissait le choix entre résister et voir son équipage se faire descendre ou s'adapter pour sauver leur vie ? En tant que second, j'ai pris la décision qui s'imposait. Corsaire, c'était le moindre mal. » Elle hausse les épaules. « Alors ouais, j'me suis vendue et tout le monde me déteste. En attendant, j'ai une paie, un équipage en sûreté et la liberté de naviguer… Alors ils peuvent bien me cracher à la gueule, j'm’en cogne. »
CENDRES
Citoyen de La République
Pancrace Dosian
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Sale ambiance, en ville.
Faut dire, on n'est pas les bienvenus, et on n'est pas non plus en charmante compagnie aux yeux des locaux. Nous, c'est bien normal, et quelqu'un qu'a retourné sa veste au moindre souffle de vent, ça fait pas très sérieux. D'un autre côté, c'est pas l'apanage des marins de tourner la voile dans le sens du vent, s'adapter à la mer et la furie des éléments, tout ça ? A méditer, comme diraient certains.
J'me contente d'un grognement quand Alvida explique comment elle a pu se retrouver corsaire. Vrai que le capitaine qui abandonne son navire et ses gars à la première contrariété, ça ressemble pas trop aux habitudes des kaizokiens, et m'est avis qu'il a eu du mal à trouver une nouvelle croisière, si tant est qu'il ait survécu à son plongeon pour s'échapper.
Tout ça me fait dire qu'elle va pas être super investie dans toute cette affaire, et que les huiles le savent forcément.
On avance dans les méandres de la ville, et si les alentours du port et de la zone franche sont à peu près propres, quadrillés et qu'on peut circuler, ne serait-ce que pour que les marchandises puissent aller des cales des bateaux jusqu'aux différents marchés, hangars et autres boutiques. La majorité des biens mal acquis repart de toute façon avec la marée suivante pour être écoulée dans un autre port du continent, moyennant une plus-value confortable. C'était bien le souci, et une des raisons pour lesquelles la République s'est dit qu'il était temps d'arrêter les conneries.
Mais ces belles rues, donc, commencent à être sérieusement derrière nous pour laisser la place à un dédale de ruelles dans lesquelles j'commence à me sentir perdu. Au début, j'comptais regarder le ciel et le soleil pour retrouver la direction approximative du port, au besoin, mais les étages des immeubles décatis qu'on longe penchent tellement qu'on voit rapidement plus qu'une étroite bande bleue, souvent obstruée par des cordes à linge.
Mais ouais, les chefs, donc, qui nous ont mis Alvida dans les pattes alors que, manifestement, personne peut la blairer et qu'il est probable qu'elle est plus trop de contacts avec les Frères de la Côte, nos principals opposants, il paraît, sur place. De ce que j'ai compris, c'est une organisation nostalgique du bon vieux temps de l'année dernière, qu'avait pas mal de pouvoir et qui voit d'un mauvais oeil de se faire piquer sa place, comme partout, comme tout le temps.
« Hé, mais les gars... et Alvida... que j'commence. »
J'crois que j'ai été un peu lent à la détente, pasque grouper tout ce que l'île déteste et les envoyer en promenade dans les coins mal famés, ça peut répondre qu'à un objectif. On serait pas plus voyant si on avait une grosse cible peinte sur le dos, et faut croire que les dix blaireaux qui viennent de sortir de rues perpendiculaires pensent pareil que nous. Cinq devant, cinq derrière, contre la fine fleur de l'Office Républicain ? Ils ne le savent pas encore, mais ils n'ont aucune chance.
Enfin, j'espère.
« Visiblement, le message n'a pas été assez clair jusqu'à présent, balance leur meneur. »
C'est un grand balafré, au visage bien bronzé et buriné par les années en mer, et ses potes sont tous dans le même registre. Il reprend :
« Alors, il faut cinq républicains pour approcher la vaillance d'un kaizokien, Alvida ? »
L'insulte graveleuse perd vachement de sa superbe quand on sait qu'ils sont deux fois plus nombreux que nous, et entre couilles en plus. Gunnar pose la main sur l'épaule de Tarot, qu'était prêt à faire un pas en avant, histoire de voir si on peut pas résoudre ça par la discussion. Gunnar prend la parole, il a toujours été fort en diplomatie.
« On essaie simplement de patrouiller la ville pour s'assurer que tout se passe bien pour les petites gens.
- Les petites gens se portaient mieux avant votre arrivée, crache Balafre.
- Les petites gens, ou les pirates ?
- La propriété, c'est le vol ! Nous sommes plus forts en mer, alors on se servait pour redistribuer. »
Ca redistribuait pas tant que ça, à voir là où les gens vivent ici, par rapport aux villas et autres manoirs qui surplombent la baie. Et ils étaient pas tant plus forts que ça, vu la pilée qu'on leur a mis. Mais j'ferme ma gueule, c'est pas le moment de faire de la sémantique, surtout qu'il a l'air con comme ses pieds.
« Je pense qu'il est possible de trouver un juste milieu, un terrain d'entente, où chacun vaque à ses occupations et les poules sont bien gardées. Et tout le monde en ressort avec les poches confortablement alourdies.
- Le seul terrain d'entente, c'est celui où la République fout le camp de chez nous, et on va commencer par vous, ça fera un joli message ! »
Ils sortent des couteaux, et deux ont même des sabres d'abordage. Moi, j'ai juste encore mal d'hier nuit, et la perspective de devoir se castagner à nouveau m'enjaille pas particulièrement. J'souffle tout bas, pour les collègues :
« Faut chopper le balafré vivant, il aura sûrement des trucs à raconter en zonzon. »
Et si y'a besoin, on l'y aidera. Mais d'abord, faut sortir de cette épineuse situation, surtout si y'en a trois-quatre dans les étages pour nous canarder.
Citoyen de La République
Gunnar Bremer
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
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Ils n’apprendront jamais. ça fait des lustres que l’île a été annexée et que la république envoie des gars faire la loi sur ce bout d'îles. Ces gars croient vraiment que les huiles vont trembler de peur quand on leur apprend qu’une demi-douzaine d’officiers républicains se sont fait suriner dans une ruelle sordide de Kaizoku ? Qu’ils vont décider d’abandonner l'île et de retourner à la situation précédente où la piraterie faisait plus de trous dans les citoyens de la République qu’ils ne le font actuellement ? Bien sûr que non. Aussi compétent que l’on peut être, on est que des numéros pour ceux qui décident. Et s’il faut envoyer cinq gugusses remplacer cinq macchabées, ils les enverront. Si seulement la piétaille pouvait reflechir deux secondes, on éviterait ce genre d’affrontement cousus de files blanc. Ils pensent peut-être qu’on est amoché avec ce qu’on a tabassé hier, mais les baffes contre la Grande Armée Républicaine, c’était rien. il y avait des règles. On restait entre soldats. Là, ces idiots, on a aucun conseil de discipline qui viendra nous chier dans les bottes si on en amoche certains un peu trop violemment. Légitime défense. Ils se croient être des durs et qu’on ait en sucre avec nos uniformes refaits à neuf, mais notre cuir est épais et nos couteaux sont aiguisés. On a les mêmes crétins à la maison.
Avec les camarades, on fait cercle. pas d’angle mort. L’esprit de corps des Officiers Républicains. On laisse la corsaire se joindre à la formation. Même si dans son discours, ça ne transpirait pas un amour fou de la république, ça serait suicidaire de nous la foutre à l’envers quand elle arrive à être moins aimé que nous dans les parages. Évidemment qu’on gardera un œil ou deux sur elle, en tout bien tout honneur, hein.
Je ne m'abaisserais pas à vous raconter comment on les marave. Je vais plutôt vous parler des collègues. Si Pancrace et moi-même, vous visualisez, vous vous demandez peut-être les talents des autres. Tarot, pour commencer. Grand joueur, très habile de ses doigts. Il a une tête de fouine, le sourire en coin révélant une canine. Il prétend qu’il a du sang de lycanthrope. On pense tous que c’est des conneries. Mais le gaillard est toujours partant quand il s’agit de vérifier la couleur du sang. Sous son manteau, en plus de divers paquets de cartes plus ou moins biseautés, il y a toute une ribambelle de dagues et couteaux qu’il sait tenir parfaitement entre deux doigts avant de les envoyer exactement là où il veut. Il envisage même de se faire un paquet de cartes métalliques pour joindre ses deux passions en un. Un peu fou, mais très sympathique, Tarot. C’est lui engage qui le premier.
En deuxième, on a Serge. Un sourcil toujours haussé, l’air de tout savoir, il a l’air plutôt pédant, mais il fait surtout ça pour énerver les gens. ça fait belle lurette qu’on ne tombe plus dans le panneau. Sauf quand ça nous amuse de s’envoyer des insultes. Plutôt grand, un collier de barbe et assez commun pour le reste, Serge est un bon camarade, curieux, mais plutôt flemmard, même pour nous. La baston, ce n'est pas forcément ce qui l’adore, mais à force de faire enrager des types en étant exécrable, il faut bien se rendre à l’évidence que les gnons sont indispensables au point final d’une bonne argumentation. Son arme de prédilection ? des tonfas. Serge ne fait pas saigner. Il casse. Il casse les couilles aussi. Rapide, il adore multiplier les touches sans mettre hors d’état de nuire son adversaire, juste pour voir la rage dans son regard. ça lui vaut des mauvais coups de temps en temps, mais pour ça, il peut compter sur Krugor.
Krugor, c’est le cinquième. Krugor est discret, c’est peut-être pour ça qu’on en a pas causé. il parle peu, mais souvent, il parle bien. Krugor est massif, on dit qu’il a les os épais, mais c’est qu’il aime bien bouffer. Il sait s’entretenir par contre et je ne ferais pas le malin s’il devait me coller des claques de ses massives mains. Krugor a toujours les sourcils froncés comme si quelque chose le dérangeait. On dit qu’il a toujours faim et parfois, on se dit qu’on a peut-être pas tort. Pas plus foudre de travail que nous autres, il est inarrêtable quand on s’interpose entre lui et la pause déjeuner. Équipé d’un marteau massif qu’il manie avec une dextérité qu’on imaginerait pas chez lui, il vous fracasse sans fioriture, comme si la moindre débauche d'énergie était prohibée.
A ces trois gaillards, on ajoute Pancrace, Alvida et votre serviteur et vous vous rendez bien compte qu’il n’y a pas lieu de parler de combats. Mais plutôt d’une débâcle.
Il faut deux bonnes minutes pour annihiler toutes velléités de nous refaire le portrait chez nos opposants et il faut toute mon attention pour qu'on ne fasse pas des victimes dans notre élan. Une belle brochette de crapules sous les verrous, ça nous lavera un peu l’ardoise de ce qui s’est passé hier. Comme vous vous en doutez, le balafré s’est fait chopé illico presto, en sandwich entre Pancrace et Krugor. Ce dernier assis sur lui, l’autre gueule. La corsaire a aussi bien bossé, comme si certains ont crû que c’était elle le point faible du groupe. Je ne mettrais pas ma main à couper, mais je la mettrais au niveau de Pancrace. Extrêmement rapide et agile. Raison de plus de garder un œil sur elle, mais revenons à nos garnements. Serge est d’humeur taquine.
-Il vous avait dit qu’il était préférable de trouver un terrain d’entente. Dommage que vous n’ayez pas compris ce message pourtant très simple.
-Ta gueule ! Attends que je me libère et ça sera pas la même.
-Oui, car cette fois, on aura pas d’autres choix que de te zigouiller.
-Tu lui as fait les poches, Serge ?
-Non Gunnar, je vais m’y mettre.
-Salaud !
-Allons allons, la propriété, c’est le vol, n’est ce pas ? Ces gains seront distribués, soyez rassuré.
On ricane. Il y a pas de quoi faire bombance, mais vaut mieux que ça tombe dans nos escarcelles que de laisser la garde des cellules en profiter.
-C’est tout ce que vous savez faire, enfoirés de républicains. Nous voler. Nous racketter. Nous piller. Vous êtes comme les soldats.
-Les soldats rackettent ?
-Et pas qu’un peu !
On sait bien que la Grande Armée Républicaine peut avoir des méthodes discutables autant que les nôtres, mais ce qui est sûr, c’est pas de cette façon que l’idée même de devenir républicain va passer dans la tête des gens du coin. Le seul racket autorisé, c’est celui des impôts. Officiellement. Et les huiles n’aiment pas trop l’idée d’un prélèvement individuel avant la source. On essaie d’en tirer quelque chose, mais la haine le submerge pas mal et puis, il a l’air surtout de rapporter des rumeurs. C’est pas chez lui qu’on va en savoir plus. Déjà, il va falloir les ramener à la caserne pour faire bonne figure, mais après, on pourrait penser à voir plus grand.
-Hé, tu dois bien connaitre des endroits ou l’on pourrait se renseigner ?
Faut bien que ça serve, une corsaire.
Avec les camarades, on fait cercle. pas d’angle mort. L’esprit de corps des Officiers Républicains. On laisse la corsaire se joindre à la formation. Même si dans son discours, ça ne transpirait pas un amour fou de la république, ça serait suicidaire de nous la foutre à l’envers quand elle arrive à être moins aimé que nous dans les parages. Évidemment qu’on gardera un œil ou deux sur elle, en tout bien tout honneur, hein.
Je ne m'abaisserais pas à vous raconter comment on les marave. Je vais plutôt vous parler des collègues. Si Pancrace et moi-même, vous visualisez, vous vous demandez peut-être les talents des autres. Tarot, pour commencer. Grand joueur, très habile de ses doigts. Il a une tête de fouine, le sourire en coin révélant une canine. Il prétend qu’il a du sang de lycanthrope. On pense tous que c’est des conneries. Mais le gaillard est toujours partant quand il s’agit de vérifier la couleur du sang. Sous son manteau, en plus de divers paquets de cartes plus ou moins biseautés, il y a toute une ribambelle de dagues et couteaux qu’il sait tenir parfaitement entre deux doigts avant de les envoyer exactement là où il veut. Il envisage même de se faire un paquet de cartes métalliques pour joindre ses deux passions en un. Un peu fou, mais très sympathique, Tarot. C’est lui engage qui le premier.
En deuxième, on a Serge. Un sourcil toujours haussé, l’air de tout savoir, il a l’air plutôt pédant, mais il fait surtout ça pour énerver les gens. ça fait belle lurette qu’on ne tombe plus dans le panneau. Sauf quand ça nous amuse de s’envoyer des insultes. Plutôt grand, un collier de barbe et assez commun pour le reste, Serge est un bon camarade, curieux, mais plutôt flemmard, même pour nous. La baston, ce n'est pas forcément ce qui l’adore, mais à force de faire enrager des types en étant exécrable, il faut bien se rendre à l’évidence que les gnons sont indispensables au point final d’une bonne argumentation. Son arme de prédilection ? des tonfas. Serge ne fait pas saigner. Il casse. Il casse les couilles aussi. Rapide, il adore multiplier les touches sans mettre hors d’état de nuire son adversaire, juste pour voir la rage dans son regard. ça lui vaut des mauvais coups de temps en temps, mais pour ça, il peut compter sur Krugor.
Krugor, c’est le cinquième. Krugor est discret, c’est peut-être pour ça qu’on en a pas causé. il parle peu, mais souvent, il parle bien. Krugor est massif, on dit qu’il a les os épais, mais c’est qu’il aime bien bouffer. Il sait s’entretenir par contre et je ne ferais pas le malin s’il devait me coller des claques de ses massives mains. Krugor a toujours les sourcils froncés comme si quelque chose le dérangeait. On dit qu’il a toujours faim et parfois, on se dit qu’on a peut-être pas tort. Pas plus foudre de travail que nous autres, il est inarrêtable quand on s’interpose entre lui et la pause déjeuner. Équipé d’un marteau massif qu’il manie avec une dextérité qu’on imaginerait pas chez lui, il vous fracasse sans fioriture, comme si la moindre débauche d'énergie était prohibée.
A ces trois gaillards, on ajoute Pancrace, Alvida et votre serviteur et vous vous rendez bien compte qu’il n’y a pas lieu de parler de combats. Mais plutôt d’une débâcle.
Il faut deux bonnes minutes pour annihiler toutes velléités de nous refaire le portrait chez nos opposants et il faut toute mon attention pour qu'on ne fasse pas des victimes dans notre élan. Une belle brochette de crapules sous les verrous, ça nous lavera un peu l’ardoise de ce qui s’est passé hier. Comme vous vous en doutez, le balafré s’est fait chopé illico presto, en sandwich entre Pancrace et Krugor. Ce dernier assis sur lui, l’autre gueule. La corsaire a aussi bien bossé, comme si certains ont crû que c’était elle le point faible du groupe. Je ne mettrais pas ma main à couper, mais je la mettrais au niveau de Pancrace. Extrêmement rapide et agile. Raison de plus de garder un œil sur elle, mais revenons à nos garnements. Serge est d’humeur taquine.
-Il vous avait dit qu’il était préférable de trouver un terrain d’entente. Dommage que vous n’ayez pas compris ce message pourtant très simple.
-Ta gueule ! Attends que je me libère et ça sera pas la même.
-Oui, car cette fois, on aura pas d’autres choix que de te zigouiller.
-Tu lui as fait les poches, Serge ?
-Non Gunnar, je vais m’y mettre.
-Salaud !
-Allons allons, la propriété, c’est le vol, n’est ce pas ? Ces gains seront distribués, soyez rassuré.
On ricane. Il y a pas de quoi faire bombance, mais vaut mieux que ça tombe dans nos escarcelles que de laisser la garde des cellules en profiter.
-C’est tout ce que vous savez faire, enfoirés de républicains. Nous voler. Nous racketter. Nous piller. Vous êtes comme les soldats.
-Les soldats rackettent ?
-Et pas qu’un peu !
On sait bien que la Grande Armée Républicaine peut avoir des méthodes discutables autant que les nôtres, mais ce qui est sûr, c’est pas de cette façon que l’idée même de devenir républicain va passer dans la tête des gens du coin. Le seul racket autorisé, c’est celui des impôts. Officiellement. Et les huiles n’aiment pas trop l’idée d’un prélèvement individuel avant la source. On essaie d’en tirer quelque chose, mais la haine le submerge pas mal et puis, il a l’air surtout de rapporter des rumeurs. C’est pas chez lui qu’on va en savoir plus. Déjà, il va falloir les ramener à la caserne pour faire bonne figure, mais après, on pourrait penser à voir plus grand.
-Hé, tu dois bien connaitre des endroits ou l’on pourrait se renseigner ?
Faut bien que ça serve, une corsaire.
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[PA] Les bonnes valeurs de la République
Feat Pancrate & Gunnar
On ne peut pas dire que la ballade enchante particulièrement la corsaire. C’est qu’elle n’avait pas amarré l'île pour se retrouver en bête de foire qu’on dévisage à chaque coin de rue. D’ordinaire, la rouquine préfère arborer un visage illusoire et se fondre dans la masse mais ça serait sans pour cette fois.Heureusement, tout de même, que qu’une bonne partie du trajet se fait dans de grandes allées où les badauds ont quelque chose d’autre à faire de plus intéressant.
Lorsque les bâtiments se firent moins propres, les pavés grossiers et les rues étroites, la population commença à se raréfier. Pourtant, la tête rousse semblait bien moins visible sous son tricorne et ses pas se firent plus pressants. Ces dédales sombres étaient parfaits pour servir de coupe-gorge et la pirate regrettait amèrement que son équipage soit de quartier libre pendant deux jours. Si elle avait su qu’on irait la faire chier, elle aurait bien gardé quelques uns sous le coude garder ses arrières, juste au cas où les choses tourneraient mal et que cette joyeuse bande fraîchement débarquée ne s’en sorte pas.
Et justement… Ils venaient de se faire hameçonner. Bon, pas par la fine fleur du coin. Dix gaillards dont une belle grosse tête de pioche qu’elle avait déjà eu le déplaisir de rencontrer.
« Alors, il faut cinq républicains pour approcher la vaillance d'un kaizokien, Alvida ? »
« Ah… Pourtant vous êtes deux fois plus, c’est pour compenser non ? » réplique-t-elle en haussant un sourcil.
Bras croisés, elle laisse les soldats tenter une approche pendant qu’elle scrute les environs avec suspicion. Le temps d’analyser qu’il ne se cachait pas d’autres lourdeaux que les hostilités avaient été déclarées pour de bon. Alvida se saisit elle aussi de son sabre, rejoignant les rangs des républicains avec plus d’engouement qu’elle ne pourrait se l'avouer. L’idée de voir de quoi ces gars-là étaient capables tout en leur faisant une démonstration de sa maîtrise avait un côté grisant.
Insaisissable, la pirate n’avait pas volé son surnom. Ce n’était pas parce qu’elle était une femme qu’Alvida ne savait pas manier une arme, bien au contraire. Agile dans ses mouvements, fluide dans ses gestes, la pirate avait suffisamment de retenue pour savoir quand agir et anticiper les actions de ses opposants. Rapide et souple, telle une acrobate, son style de combat étonne, surprend. Lorsque l’on pose le regard sur elle, on pourrait croire que le combat n’est que la succession d'enchaînements d’une chorégraphie.
La victoire fut écrasante. Il faut dire que ces petits républicains sont plutôt doués. Chacun sa spécialité et ils se complètent bien. Alvida, elle, se retrouvait de meilleure humeur, satisfaite d’avoir pu extérioriser la frustration qu’elle emmagasine depuis le début de la balade sur des tronches d’abrutis. Elle se prit même le luxe de faire les poches de deux gus qu’elle avait mis au tapis un peu plus tôt, écoutant d’une oreille ce qu’il se disait plus loin.
« Hé, tu dois bien connaitre des endroits ou l’on pourrait se renseigner ? »
« Ouais. » soupira-t-elle en se redressant. « J’sais où vous pourrez trouver des infos. Ou plutôt, qui vous les donnera. »
Peut-être bien que la corsaire n’était pas dans les faveurs de tout le monde mais ça n’a pas toujours été le cas et cela ne l’empêchait pas d’avoir des contacts fiables malgré tout. Tous ici ne lui vouaient pas une haine sans bornes… Et très certainement pas celui qui lui servait régulièrement d’informateur.
« Faut contacter Reis Jugular. Il est réglo’ et s’fou pas mal de qui vous êtes tant qu’vous alignez les pièces. Info contre paiement et c’est toujours lui qui fixe le lieu du rendez-vous, ce sont ses conditions sinon il ne s'mouillera jamais. Si ça vous convient, j’vais faire en sorte qu’il soit au courant qu’on veut faire affaire pendant que vous vous occupez de ces gus-là et j’vous tiens au courant quand j’ai sa réponse. »
C’était à prendre ou à laisser mais dans l’immédiat la corsaire n’aurait pas de meilleure offre. On en trouve pas partout des Kaizokiens prêts à donner des informations aux soldats venus envahir l’île mais Reis à toujours été une personne neutre. Il délivre n’importe quelle information à qui voudra lui payer pour l’obtenir et tout ça avec une certaine dose de secret professionnel, si l’on puis dire.
Quoi qu’il en soit cette proposition mettra fin à cette excursion désagréable, la rouquine prenant congé rapidement du groupe.
***
Il aura fallu attendre deux jours entiers avant que Reis Jugular ne daigne apporter une réponse à la demande. Comme toujours en passant par un chemin détourné : Un parchemin contenant l’heure et le lieu du rendez-vous délivré par un garçon de course, dûment récompensé d’une pièce mal acquise de la rouquine.
Cette fois-ci, la jeune femme revint pointer le bout de son nez chez les républicains, une petite frimousse aux tâches de rousseur d’une quinzaine d’années collée à ses basques. La gamine, dont les cheveux châtains étaient coiffés en couronne de tresse sous un épais chapeau, suivait la corsaire comme une ombre discrète, observant les adultes avec une moue revêches à chaque fois que la corsaire échangea quelques mots avec eux expliquant sa venue. Ses grands yeux noisettes se fixèrent un peu partout sur le chemin jusqu’à se poser sur un grand gaillard barbu auquel Alvida s’adressa.
« Bien l’bonjour messieurs, j’vous ai manqué ? » entame-t-elle avec un sourire taquin avant de tendre le parchemin. « Comme promis, la réponse qu’on attendait. Et on à un timing serré, il faut qu’on y soit à dix heure précise. C’est bon pour vous ? »
CENDRES
Citoyen de La République
Pancrace Dosian
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La routine est rompue par l'arrivée de la rouquine. C'est qu'on a fait les plantons, surveillé des bâtiments vides et certains remplis, et fait des rondes dans les quartiers sécurisés de la zone franche. Les chefs ont dû se dire qu'après deux escarmouches, fallait p'tet ranger nos sales tronches dans un coin qui incommoderait moins les locaux, et on allait pas s'en plaindre.
C'est notre service, donc, quand elle se radine avec le parchemin de son informateur. Tarot laisse un message au patron qui nous dit de rapporter de bonnes nouvelles, pour une fois, on salue dans un bel ensemble et on se tourne vers notre guide.
« C'est surtout les festivités autour de ta présence qui nous ont manqué, rétorque Tarot.
- C'est clair qu'on s'ennuie pas, commente Gunnar.
- C'est les gens d'ici qui semblent avoir trop de temps libre, ajoute Krugor.
- De là à faire un commentaire généralisant à l'ensemble des habitants de l'île, et leurs soeurs qui sont leurs mères... que j'ajoute.
- ... Nous ne nous y risquerons évidemment pas, achève Serge. »
Une vraie petite troupe de rigolos, c'est tout nous, venez nous acclamer et nous jeter des piécettes dans tous les débits de boisson de Kaizoku, et nous payer des coups à boire.
Bref, on lui emboîte le pas. C'est que les patrouilles et les plans, ça aide pas à connaître vicéralement un bled : pour ça, faut discuter avec le poissonier, picorer dans les bouibouis, et picoler dans les tavernes mal famées. Mais on s'y attache aussi, évidemment, juste que ça prend du temps.
A ma surprise toute personnelle, on se dirige pas vers les coins moisis du port, mais plutôt dans les quartiers proches de la zone franche, avec ses militaires et sa sécurité toute martiale et artificielle. C'est là que les gros négociants qui appartiennent pas à la SSG et qui n'ont pas forcément leur faveur se sont établis : suffisamment en hauteur et loin de la crasse pour pas sentir la tripaille des poissons qu'on évide, assez proche du port pour pouvoir regarder et surveiller tout ce bel argent qui circule, et bien entendu loin des pouilleux qui font docker, marin, ou petit artisan, pour ne pas dire purement criminel.
La taverne est de bon aloi, même doublée d'un hotel, et au premier regard, tout semble propre. Le gars à l'accueil adresse un signe de tête à Alvida et ne fait pas de commentaire sur notre présence, mais j'suppose que la corsaire accompagnée de la fine fleur de l'ordre et de la justice, ça doit faire jaser, dans les milieux qui vont bien.
« La salle sera un peu petite pour votre groupe. Trois ? »
On se regarde. Traquenard ? Peu probable. Puis on a dit où on allait, alors à la place du patron, j'éviterais tout ce qui pourrait rendre l'occupant chafouin. D'un coup de coude, Gunnar se retrouve à faire un pas en avant, et j'suis. J'suis le plus maigrichon de nous deux, et c'est pas plus mal pour passer pour des gens sérieux, même si vu les lieux, j'suppose que la bataille sera plutôt intellectuelle. C'est bien pour ça que personne a désigné Tarot, d'ailleurs. Il est retors au jeu, mais en dehors de ça, j'lui ferais pas confiance pour défaire un noeud sans une épée.
Une serveuse ouvre une porte sur un p'tit couloir au parquet soigneusement verni, puis une seconde ouverture sur un petit salon privatif avec de beaux fauteuils en velours et une table en acajou. Quelques bougies fournissent un éclairage un peu trouble, heureusement complété par les deux fenêtres qui servent davantage de puit de lumière, et auxquelles on espionne aucun visage.
Reis Jugular, c'est un homme d'une trentaine d'années, comme nous, à la barbe bien taillée et aux yeux très clairs dans son visage un peu buriné mais pas trop. Faut croire que les balades en bateau, c'est devenu plus rare, désormais, et qu'il fait ses affaires autrement. Surtout, faut croire qu'elles marchent bien, à voir ses deux colliers en or, les bagues serties de pierres précieuses ou semi-précieuses, et son sourire confiant quand on entre. Il nous fait signe de nous asseoir.
« Alvida, messieurs les officiers. Un plaisir de vous rencontrer. Vous me pardonnerez les précautions, question de principe. Certaines personnes malavisées pourrait m'en vouloir, après tout, de discuter avec vous, alors que nous ne sommes attachés qu'à certains principes communs, finalement. »
Voix chaude et grave, charismatique, y'a pas de doute, ç'aurait été du gâchis qu'il soit à déplier des voiles et tirer des cordages. Et les principes dont il parle, c'est l'amour du pognon, certainement pas le bien-être des habitants de l'île.
« Oui, bien sûr. Notre objectif est que les kaizokiens soient heureux au sein de la République.
- Evidemment, répond-il avec un sourire poli.
- Et nous avons justement entendu une rumeur selon laquelle certains membres de la Grande Armée Républicaine laissaient libre cours à de bas instincts qui sont vus d'un assez mauvais oeil, reprend Gunnar. »
Pas que je leur jette la pierre, on est certainement pas exempt de ce genre de comportements, ça fait partie du métier. Juste, il y a un temps et un lieu pour tout, et c'est clairement pas trop la situation à Kaizoku. Mais on peut pas trop leur en vouloir, ils ont pas fait cinq ans d'études pour savoir prendre la température de la population et doser savamment ce qu'il est possible ou non de faire.
« Oui, une série de rumeurs tout à fait fascinantes. Je n'ai pas pu m'empêcher de creuser le sujet, occasionnant par là même des coûts considérables qui, s'ils ont été provoqués par le souhait de servir la République et Kaizoku, me laissent une situation difficile. »
La bourse qui atterrit sur la table avec un son sourd et clinquant l'empêchent de sortir les mouchoirs alors même qu'il arrivait à la partie la plus émouvante de son argumentaire. J'suis à peu près sûr que ça couvre pas la moitié des bagues qu'il a aux doigts, mais peu importe : il l'empoche prestement et se penche en avant.
« Le principal coupable semble être la Compagnie du Loup, dirigée par le Colonel Ruddh. Ses hommes sont ceux qui sont le plus vus en train de commettre des exactions, mais pas les seuls. Impossible de savoir si c'est au sein de ses centuries que ça a commencé, ou s'il a mis en place le système, mais vous pourrez également creuser du côté des Centurions Paya et Camille. Pour les hommes du rang... Hé bien, vous trouverez leurs noms plus facilement que moi, je pense. »
Les noms sont pas tombés dans l'oreille de sourds, mais on se contente de hocher la tête. Ca méritera enquête plus approfondie, et surtout, d'en parler aux chefs, mais la justice saura être implacable, ou pas, c'est selon. Reste que j'les connais pas, personnellement, mais p'tet que les gars, si, sans même parler d'à la base.
« Je vois que je vous ai donné à réfléchir. Dans tous les cas, n'hésitez pas à me recontacter pour que nous puissions continuer une collaboration qui me semble à la fois nécessaire et fructueuse.
- J'ai quand même une autre question. On pourrait dégoter des Frères de la Côte ? J'ai l'impression que discuter avec eux permettrait de résoudre pleins de différents. »
On te foutrait tout ça au trou, sur le continent, ça les calmerait bien.
« Il le faudrait du temps pour me renseigner. Commencez donc par Ruddh et nous aviserons, n'est-ce pas ? »
Comprendre : occupez-vous de vos problèmes et peut-être que je vous donnerai autre chose ensuite. C'est capté, on salue sèchement et on ressort, d'abord de la salle, ensuite de la taverne, puis on se met à marcher. Pas forcément de destination en tête, mais ça nous permet de mettre les collègues au courant pendant les détours avant de rentrer à la base.
M'est avis qu'il va falloir rentrer quelques soldats du rang pour discuter de façon républicaine.
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Gunnar Bremer
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Info personnage
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Pendant que les deux autres rapportent les informations transmises gracieusement par Reis Jugular, je jette des regards en coin à Pancrace, cherchant à capter un regard en coin dans ma direction. Qui ne vient pas. Peut-être qu’il sait que je l’observe et il n’en fait rien paraître. Ou peut-être qu’il ne sait finalement rien de ce qui me turlupine. C’est que sa question sur les Frères de la Côtes a eu le don de me surprendre autant que de me filer une sueur froide. Rien d’étonnant quand on sait que j’ai réussi à croiser l’un de mes cousins pirates la veille, après deux jours à ne pas réussir à en croiser un seul. C’est tout de même con d’avoir de la famille bien implanté dans la localité et de ne pas pouvoir profiter de leurs lumières. Et le fait qu’il en cause, ça m’a fait dire qu’il m’avait vu faire cette rencontre et que le fait de rien avoir raconter aux autres l’a titillé. Evidemment, les cousins Brock ne sont pas des Frères de la Côtes, mais aux yeux d’un Républicain, c’est la même engeance. Ça joue aux pirates et ça met les huiles en rogne, comme s’ils pensaient qu’annexer l'île suffirait à calmer des siècles de culture de la piraterie.
Faute d’indications, je vais partir du principe qu’il n’en sait rien. Normalement, il devait être en pleine partie avec Tarot et des bleus d’une autre escouade à ce moment là, employant une stratégie éprouvée laissant croire que les deux sont nuls au jeu, que le partenaire de tarot perd pitoyablement avant que Tarot ne vienne les plumer avant de faire cinquante cinquante. Une activité lucrative. Et à ceux qui diraient que plumer les collègues, c’est mal, on leur répondra que ça leur apprend à connaître leurs limites. On apprend pas à truander aux cartes pendant les cinq années d’études. Les novices devraient rester dans leur domaines de compétences.
Pour en revenir à mon cousin ; Ouragan qu’il se fait appeler ; on a bavardé une vingtaine de minutes, le temps d’échanger quelques informations et d’expliquer ce que je fais ici. A mon profit, j’ai posé quelques questions sur ce Reis Jugular qui, d’après le cousin, s'est fait une place dans le choix dans le milieu. Une ascension fulgurante qui a fait des victimes, favorisée par le chaos de l’annexion. Quand les lignes bougent aussi vite, on peut s’accaparer de formidables parts de marchés. De l’ensemble, je garde deux informations. La première, c’est que le gus n’hésite pas à diriger un petit peu les informations qu’il donne dans l’objectif d’obtenir quelque chose des conséquences qui s’ensuivent. En d’autres termes dans notre cas, peut-être bien qu’il sent qu’on va mettre notre nez dans les affaires de la Compagnie du Loup, mais sûrement que leur chercher des noises, ça va lui être profitable. De quelle façon ? J’en sais foutrement rien. L’autre indic’, c'est que depuis qu’il a fait son trou, il se dit qu’il diversifie ses sources de profits. Rien ne permet de remonter jusqu’à lui. Il doit avoir des épouvantails pour dissimuler le véritable chef qui tire les ficelles, mais Ouragan m’a glissé que si des soldats arrêtaient de s’adonner au racket, un autre pourrait prendre la place bien chaude.
Je garde ça pour moi. On a déjà fort à faire et si ça permet d’éviter de me justifier quant aux circonstances dans lesquelles j’ai obtenu ces informations, ça m’arrangerait. Plus ça reste inconnu que j’ai la quasi-totalité de ma famille vivant dans la piraterie, je vivrais plus longtemps. Le sujet reviendra peut-être plus tard. En tout cas, si Alvida nous a mis le pied à l’étrier, elle va pouvoir constater qu’on est pas les derniers pour obtenir des informations autrement que par nos poings. On se partage les tâches. Tarot part faire ce qu’il sait faire de mieux : jouer aux cartes dans les tavernes bordant la caserne pour choper des histoires sur la Compagnie du Loup et les deux autres centurions.
Moi, je vais m’occuper des chemins de patrouille. Il y a de fortes chances que nos cibles aient leur petites habitudes dont ils ont l’exclusivité et quoi de mieux que de le faire en patrouille pour ne pas attirer l’attention ? Pour trouver les coupables, mieux vaut encore des preuves, même si quelques bastonnades seront tout aussi riches en informations. Mais pour contenter Patoche quand il apprendra qu’on tabasse à nouveau des soldats, faudra avoir de quoi nous éviter le trou en plein cagnard pour un mois. On ne croirait pas, mais ça communique entre les services administratifs de l’Office et de la Grande Armée Républicaine. L’universalité de l’administration. ça nous file un sacré coup de main. On y trouve facilement les zones d’attributions de chaque unité, histoire de couvrir le plus d’espaces. Et s’il me faut plus de temps pour détailler l’ensemble des patrouilles et les repérer sur un plan, j’en obtiens rapidement quelques-unes que je transmets aux autres. Là, Krugor et Serge entrent en scène. Discret et adepte du moindre effort, le premier est talentueux pour rester sur un chaise à l’ombre et observer en se faisant oublier. On lui déniche les carrefours les plus prometteurs et il fait le compte des patrouilles, des temps de passage et de que les soldats peuvent bien baver, se sentant pas du tout observer. Dans les parages, il y a Serge, suivant les patrouilles, notant les endroits où ils pourraient s’arrêter plus que de raisons, puis posant les questions avec son tact tout naturel, arrachant des témoignages au compte goutte.
Assez pour probablement convaincre Patoche d’organiser un flagrant délit quand on lui exposera le truandage. A parole de militaire contre parole de Kaizokoïte et d’officier républicain, on ne gagnera pas et on finira avec un surin planté entre les deux omoplates pour avoir osé salir la réputation de la Grande Armée. Mais on n'en est pas encore là, car il nous faut des informations au plus proches des responsables. Si Reis Jugular prétend que la Compagnie du Loup est impliquée, à quel niveau ? Est-ce que la compagnie entière s’adonne au racket sous la férule de de Ruddh ? Il y a une nette différence entre quelques patrouilles récidivistes et une compagnie entièrement institutionnalisée en bande criminelle. C’est là que Alvida et Pancrace vont entrer en jeu. La première parce qu’elle n’est pas républicaine, alors on la rapprochera moins rapidement à l’office. Le deuxième, c’est parce qu’il a certains talents pour se faire discret tout en obtenant ce qu’il veut.
Des informations croisées de Krugor, Serge et Tarot, on a mis l'œil sur une patrouille de cinq soldats avec un profil général qui semble prometteur. Trois vétérans bourrus et peu subtiles, ce qui laisse supposer que le trafic touche même les plus expérimentés de la compagnie. Un caporal d’une trentaine d'années, l’air malin et aux poches souvent pleines, représentant d’une génération de sous-officiers peu enclins dans l’accomplissement de leurs devoir.. Une bleusaille tellement habituée à jouer aux patrons dans la ville qu’il suffirait de détruire brutalement son assurance pour le faire geindre. On avise d’un lieu d’embuscade et alors que les deux offensifs iront donner des gnons et poser des questions, nous autres, on fera en sorte qu’ils ne soient pas déranger. ça ferait mauvais genre si une autre patrouille de la Grande Armée Républicaine leur tombait sur le râble.
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