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[PA] Les bonnes valeurs de la République
Feat Pancrate & Gunnar
L’enquête des républicains eut le mérite de laisser à Alvida suffisamment d’espace pour qu’elle puisse s’organiser de son côté. Non pas que la femme détestait leur compagnie, au contraire elle les trouvaient intéressants et aussi assez distrayants, mais elle restait avant tout une pirate dans l’âme. Peu importe la mission qu’on lui imposait, ses intérêts ainsi que sa sécurité priment quoi qu’il arrive.
Sur le port, son équipage avait déjà commencé à s’activer pour préparer leur départ à venir. La plupart de ses hommes étaient revenus, elle en croisa certains qui chargeaient en vivres le bâtiment. L’escale aurait dû prendre une poignée de jours, le temps de se réapprovisionner, retrouver les familles des uns et des autres et souffler avant de reprendre la mer. Voilà que les projets devaient suspendre leur vol un moment…
Quitte à rester à quai jusqu’à nouvel ordre, la corsaire comptait bien elle aussi mener ses petites enquêtes personnelles. L’avantage d’être la capitaine d’un équipage d’une vingtaine d’hommes et de femmes largement originaires de Kaizoku, et bien c’est qu’ils peuvent avoir des informations complémentaires des miliciens. Leur proches font partie de la population, ils sont directement confrontés aux problèmes sur l'île. Les quartiers à fuir à des horaires cycliques, quelques profils récurrents… Les informations se croisent assez bien avec le travail minutieux des officiers.
Lorsque le moment vint de prendre ces salopards en action, Alvida décida de venir avec du renfort elle aussi. Après tout, quand on a pour ambition de démonter une organisation corrompue, mieux vaut s’en donner les moyens. Le groupe de six pirates aguerris ne sera pas de trop.
Trois d’entre eux sont placés en arrière avec les planqués de l’office républicain. Il s’agit de Garric, un grand costaud qui ouvrirait une pastèque en deux comme on le ferait d’un pincement avec une banane. Il est carré avec des mains massives et malgré son âge vénérable, il n’a rien à envier aux hommes l’entourant qui font pourtant la moitié de son âge. Du groupe, il est sans conteste l’armure vivante chargée de la protection. Le second se nomme Friedrich, il paraît bien fluet en comparaison de la montagne de muscle à ses côtés mais il possède un œil de lynx et précision chirurgicale en combat à distance, ce qui fait de lui un allié tout aussi précieux. Enfin, le dernier renfort est une femme à la chevelure aussi sombre que l’aura qui l’entour. Sarah est muette, elle s'entretient avec ses comparses en langage des signes. Elle semble plus à l’aise dans les hauteurs d’un style de combat sournois et furtif.
Deux autres accompagnent Alvida, il s’agit de la même jeune fille aperçue quelques jours plus tôt aux côtés de la corsaire, nommée Kayleen. Bien qu’elle soit jeune, la fillette possède une grande agilité, sans doute même supérieure à sa capitaine et sa petite taille offre des avantages conséquents. Le second accompagnateur, Bastien, est athlétique, l’esprit vif bien que d’un tempérament bagarreur. Sans conteste, du groupe des pirates, avec Alvida, ces deux-là sont les plus à l’aise dans un combat rapproché.
Alvida avait eu l’idée de se placer avec la jeune Kayleen en appât au point stratégique. C’était sans compter sur les deux hommes prêts à prendre en tenaille les vétérans au premier signe de leurs comparses. L’embuscade avait de grandes chances de fonctionner, elle en était certaine, en étant quatre ils avaient leurs chances de garder l’avantage de la surprise.
Ce semblant de “famille” kaizokienne n’éveilla pas les soupçons de la patrouille mais plutôt son intérêt. Et comme prévu, faire pression sur de pauvres habitants du quartier était une évidence pour ces gars-là. Bien mal leur en prit puisqu’il ne s’agissait pas de simples passantes…
Les hostilités furent rapidement ouvertes quand la jeune fille glissa pour atteindre la cheville de l’un des patrouilleurs, l’entaillant de sa dague recouverte d’une substance aux propriétés paralysantes. Alvida en profita pour lui asséner quelques coups bien sentis avant que Bastien ne prenne à revers l’un des gros costauds, profitant que son attention ne soit tournée vers la rouquine. Quant à Pancrace, la corsaire avait confiance, il s’en sortirait sans problème, elle l’avait vu à l'œuvre quelque temps plus tôt. Elle choisit de disparaître, se parant de son voile d’invisibilité, pour atteindre le dernier homme.
Le combat… Non, la rouste sévère ne dura pas longtemps. Ils n’avaient pas vraiment le temps de s’étendre dans des combats à rallonge. Il fallait en faire parler, remonter plus loin la source, bref, il y avait encore du travail à faire et mieux valait ne pas être dérangés.
« Celui-là me parait bien vif, tu veux lui montrer qui est le patron ? » questionne-t-elle à l’intention de Pancrace en désignant l’homme qu’elle maintient au sol d’une pression ferme.
CENDRES
Citoyen de La République
Pancrace Dosian
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L’embuscade mérite à peine ce nom : en quelques instants, les voilà tous au sol, dans leurs beaux uniformes, à cracher des insultes et autres menaces peu engageantes. J’ai troqué ma tenue à moi, celle d’officier républicain, pour quelque chose de plus neutre. Sur les carrefours attenants, les copains s’assurent que personne débarque trop tôt, et y’a qu’une poignée de locaux pour nous observer avec méfiance ou, plus largement, de larges sourires.
Contents de voir l’occupant se faire botter les fesses, surtout que c’est eux qui se faisaient pas prélever une dîme de protection, a priori.
Tout a été suffisamment soigneusement préparé pour qu’on pousse la porte d’un immeuble attenant jusqu’à arriver dans une cour intérieure complètement vide si on oublie les quelques déchets qui traînent et dans lesquels on a balancé des coups de pieds un peu plus tôt dans la journée pour les écarter. La longue poutre en bois suffit largement pour qu’on y attache, en rangs d’oignons, notre fière patrouille. J’suis pas mécontent qu’on ait le soutien de l’équipage de la corsaire, surtout qu’une partie se disperse pour constituer un second rideau et servir de guet. Le temps était trop court pour dégoter une cave ou une piaule dans laquelle ranger nos victimes, mais ça va pas nous empêcher de réussir à atteindre notre objectif.
A l’arrière de mon crâne, un sablier commence à laisser filer son sable. On peut pas se permettre de trop traîner. J’lance un coup d’œil à la fenêtre qui surplombe nos victimes du jour, entrouverte pour laisser entrer un peu d’air frais.
Une fois les bâillons placés sur toutes les bouches sauf une, j’colle un doigt vicieux sous la côte du caporal, qui rentre bien dans le foie.
« Salut, toi. Les affaires vont bien ? »
J’essuie négligeamment la salive du glaviot qu’il m’a envoyé sur la joue, avant de lui assener un revers de la main en plein dans la gueule.
« Franchement, ça vaut pas le coup de faire ça, ça fait que retarder l’inévitable. »
J’me tourne vers les autres.
« Vous pensez sans doute qu’on va vous trancher la gorge et abandonner vos cadavres flottants dans le port. Vous vous trompez. On n’est pas du tout là pour ça. Nan, ce qu’on veut savoir, c’est pourquoi vous racketez les habitants et commerces sur vos patrouilles, de combien, et depuis combien de temps.
- Je ne vois pas de quoi vous parlez. »
J’me racle la gorge. Ma botte rencontre la pommette d’un des soldats qui laisse échapper des borborygmes de protestation pasque c’est son caporal qui vient de répondre. Puis j’me penche en avant, et j’attrape dans les poches du gradé, jusqu’à en ressortir plusieurs bourses, toutes remplies de pièces bariolées.
« J’savais pas que caporal, ça payait autant, en monnaie si usée, et si hétéroclite : y’a de l’argent du Reike, du bronze de Liberty, et même un or de Shoumeï. C’est dire à quel point la Grande Armée Républicaine est inclusive, pas vrai ? J’suppose que j’trouverais pas autant chez les petits camarades, évidemment.
- Dites rien, aboie le chef de la patrouille.
- Oh mais je comptais pas sur eux pour parler. C’est ton boulot à toi. Eux, ils sont juste là pour prendre des gnons tant que tu causes pas. »
Joignant le geste à la parole, et l’acte à la menace, J’balance un gauche-droite dans les côtes du garde le plus proche, qui bave dans le tissu moisi qui lui sert de bâillon. Comme ça les émeut pas suffisamment, j’recommence aussi pour celui juste à côté. J’sens que j’vais vite avoir mal aux phalanges, à ce rythme. Heureusement, on sait s’équiper.
« P’tet qu’à force, ils en auront marre, et même si t’as rien dit, ils t’en voudront. Moi, j’sais qu’à leur place, je l’aurais mauvaise : me décarcasser pour des fifrelins, me faire tabasser pendant que mon chef regarde tranquille, y’a pas à tortiller, ça fout les boules.
- Il essaie de nous monter les uns contre les autres.
- Ouais. »
Quand j’ressors mes mains de mes poches, elles sont couvertes par des gants en cuir, épais, dont les phalanges sont renforcées par des barres métalliques. Un des gars déglutit visiblement, et j’lui adresse un clin d’œil. Puis j’trouve son diaphragme d’un coup sec. La vérité, c’est que ça me fait presque pas plaisir, de taper sur ce qui est, quoi qu’on en dise, des collègues et des compatriotes. Pasque l’armée, j’y ai fait mes deux piges, et que même si les gens y sont cons, tout comme ce qu’on y fait, ben c’est un peu la famille.
Mais faut rien laisser paraître : pour eux, j’dois être un p’tit merdeux de Kaizoku, rien de plus, ni de moins.
Et, toujours, le temps qui défile. J’espère que Gunnar et les copains sont pas dans la merde.
« Allez, c’est reparti pour un tour. »
Il faut une bonne demi-heure pour que le caporal, quasiment indemne, ne commence à parler. Les regards furieux de reproche de ses sous-fifres finissent par le convaincre, et c’est tant mieux pasque je souffle comme un bœuf, avec la sueur qui me dégouline le long de la colonne vertébrale.
« J’ai eu l’information par un sergent, qui la tient du capitaine Frey. Il a assuré qu’il fallait juste s’assurer que le haut du panier de la Compagnie du Loup touchait sa part, et que y’aurait pas de problèmes, qu’ils gèreraient les retombées tant que ça débordait pas trop. Donc on s’arrange pour pas faire trop de vagues et… »
J’grogne. Puis, à voix haute, en direction de la fenêtre entrouverte, j’gueule.
« C’est bon ? »
Patoche, notre chef, s’accoude au rebord, un verre de cognac à la main.
« Cela fera l’affaire, je pense. N’est-ce pas ? »
Le cadre de la SSG juste à côté de lui opine du chef, les traits figés par la colère. Si y’a bien un truc qui peut faire bouger l’armée, c’est le pognon, et les commanditaires de toute l’opération, à savoir la corporation formée par les grands patrons de la République elle-même.
Citoyen de La République
Gunnar Bremer
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: C
Malgré les inquiétudes des collègues, le contrôle du périmètre s’est déroulé sans accroc. La plus grande menace a été de devoir disperser des locaux souhaitant prendre le relais de Pancrace, le tout sans trop les énerver. Une tâche facilitée par les corsaires d’Alvida, notamment Garric qui a la carrure suffisante pour peser lourdement sur son grognement désapprobateur. Même moi, à côté, je faisais pas le malin, m’attendant à chaque minute d’en prendre une gratos juste parce que le démangeait. Avec Sarah dans les hauteurs, on a pu prévoir les éventuels problèmes d’importances comme d’autres patrouilles qui auraient pu avoir des soupçons. L’information relayé promptement, Serge et Tarot nous ont offert de la tranquillité, au point que l’on commençait à faire connaissance avec les corsaires. Pas grand chose, hein, je compte pas dorénavant les inviter à une petite sauterie entre adultes responsables, mais juste de quoi échanger quelques traits d’humour sur les rumeurs de ce qu’on entendait du côté de la patrouille. Un humour peu subtile, il faut l’avouer.
Finalement, la patrouille aura quatre heures de retard sur son planning, ce jour-là. Et les administratifs de la compagnie n’en prendront note qu’au bout de trois, démontrant un certain laisser–aller peu professionnel quand il est question de soldats patrouillant dans un territoire récemment conquis où l’agression de soldats par des autochtones revanchards, ou des officiers républicains taquins en ce qui concerne le retour d’expérience récent, est fortement plausible. Ainsi, quand il se met à tambouriner à la porte de la caserne où la Compagnie du Loup a pris ses quartiers, une sorte d'hôtel particulier de luxe ayant probablement appartenu à un capitaine pirate qui a surement pris une carte d’abonnements aux soutes des navires marchands de la République par le passé, les deux plantons de services n’hésitent à pas une seule seconde à ouvrir la porte, pestant contre les retardataires.
-Putain, mais qu’est que vous vous foutiez ?! ça fait une heure que le capitaine attend votre rapport !
Accompagné d’une bordée d’insultes plus ou moins élégantes qui se tarient bien vite à la vue du comité d’accueil de l’autre côté. Car si l’escouade de soldats est bien visible, à l’arrière, les deux portiers font face à un Commissaire Patoche tout sourire et un représentant de la SSG à la mine patibulaire. La trentaine d’officiers républicains en carré autour des soldats est plutôt impressionnante, surtout quand la plupart vous envoient des sourires goguenards. Patoche fait alors preuve d’une politesse rare, le ton mielleux, qui m’aurait rendu jaloux si je savais pas que c’était pour mieux les enfoncer.
-Excusez moi, messieurs, mais nous devons nous entretenir avec vos officiers supérieures.
-Séances tenantes.
Le gars du SSG est beaucoup moins agréable.
-Euh… nous allons les prévenir de votre….
-Sans façon. Nous allons nous annoncer nous même.
Bousculant l’un des factionnaires au passage, le représentant du SSG s’engouffre dans le passage, suivi par Patoche et par le reste des officiers républicains. La demeure est plutôt vaste. L’histoire ne retient pas si le propriétaire des lieux était un sanguinaire brutal, mais il savait s’occuper de ses hommes, ayant construit plusieurs bâtiments autour d’une place centrale, accolé à une typique demeure de riche habitant de Kaizoku. Les structures servant de dortoir à des soldats de la Compagnie et le remue-ménage n'ayant pas aidé, la place se remplit rapidement de monde. D’un côté, en rang d’oignons, il y a nous, les officiers républicains. Les soldats sont un peu planqués derrière, pour ménager le suspens tandis que les deux leaders de notre contingent font face à la maison de maître où il est fort probable que les officiers de la Compagnie s’y sont installés. Autour, les soldats de la Grande Armée Républicaine s’agglutinent, nous lançant des regards noirs. Comme vous avez déjà pu vous en apercevoir auparavant, l’amour n’est pas fou entre les deux unités et notre petite baston de taverne d’il y a quelque temps n’a rien aidé. Des soldats nous reconnaissent et c’est uniquement parce qu’il y a un gars de la SSG qu’ils se sont pas encore décidés à savater la gueule de ceux qu’ils ont reconnus.
Nous, en face, on les nargue comme des clébards de petits vieux derrière notre barrière d’officiels, jouissant de notre supériorité à venir. En d’autres termes, on est exécrable et j’aurais été soldat de la GAR à se moment là, en face de moi, je me serais collé une beigne depuis longtemps. On est comme ces chats à se pavaner la queue dressée, nonchalant, devant un enclos ou s’excitent une meute de chiens pas trop éloignés du loup. La tension grimpe en flèche, surtout que les gueules avoinées des soldats de la patrouille, ça finit par se voir et une rumeur de règlement de compte commence à se répandre. A se demander si on en fait pas trop, mais heureusement, le colonel finit par faire son apparition. Solide gaillard au regard dur et à la moustache fine et élégante, il est accompagné de ses centurions ainsi que de plusieurs capitaines. Visiblement, on les dérange en pleine réunion comme les gradés aiment tant en faire. Le colonel descend les quelques marches les séparant de Patoche et du gars du SSG, un sourcil froncé, son regard dévisageant Patoche toujours tout sourire.
-Monsieur. Commissaire. Je suis surpris de vous voir ici.
-C’est une raison d’importance qui me fait vous visiter, Colonel. Et elle ne me plait guère.
Le représentant du SSG fait un signe de la main et l’on fait avancer les gars de la patrouille qui ont les têtes basses de ceux qui regrettent d’être là. Les officiers de l’armée froncent les sourcils, mais on explique rapidement ce qui se passe.
-Colonel. J’ai noté la déposition de ses hommes mentionnant la complicité partielle, ou totale cela reste à définir, de la hiérarchie militaire de votre compagnie à des actions de chantage, de rackets et d’extorsions de fonds envers les populations autochtones. C’est pourquoi je vous prie de vous mettre à disposition du Commissaire Patoche et ses hommes afin d’évaluer les responsables dans cette affaire.
Le colonel s’étrangle à moitié. Patoche ajoute dans un sourire.
-Votre caserne fait l’objet d’une perquisition, évidemment. Je vous prie de ne pas interférer.
C’est évidemment tout le contraire de ce qui se passe. Ça fait l’effet d’une bombe. Littéralement. Tout le monde se met à parler en même temps. A gueuler même. Entre ceux qui ne veulent pas y croire, ceux qui sont choqués par les accusations et ceux qui, dans la masse, semblent soudainement inquiétés, personne n’est indifférent. On en vient pas aux mains, mais Patoche hausse le ton.
-Toute entrave à cette enquête sera notifiée et fera l’objet d’une enquête !
Il y a un mouvement de foule. Les soldats présents font bloc, mais certains commencent déjà à se faire la malle, ébranlant la détermination des ignorants. Des soldats. Un capitaine. ils désertent l’endroit, probablement suite à un excès de peur, bien certains qu’il sera difficile de justifier les multiples devises cachés sous leur matelas. Devant les fuyards, Patoche ne se presse pas. À juste titre.
Car une trentaine d’officiers républicains, c’est peut-être bien pour mener à bien une perquisition, mais ce n’est pas assez pour boucler une caserne. Et il y a à l’extérieur des officiers républicains talentueux et des corsaires habiles qui bouclent les issus pour que personne ne s’échappe. Nul n’esquive la justice implacable.
Finalement, la patrouille aura quatre heures de retard sur son planning, ce jour-là. Et les administratifs de la compagnie n’en prendront note qu’au bout de trois, démontrant un certain laisser–aller peu professionnel quand il est question de soldats patrouillant dans un territoire récemment conquis où l’agression de soldats par des autochtones revanchards, ou des officiers républicains taquins en ce qui concerne le retour d’expérience récent, est fortement plausible. Ainsi, quand il se met à tambouriner à la porte de la caserne où la Compagnie du Loup a pris ses quartiers, une sorte d'hôtel particulier de luxe ayant probablement appartenu à un capitaine pirate qui a surement pris une carte d’abonnements aux soutes des navires marchands de la République par le passé, les deux plantons de services n’hésitent à pas une seule seconde à ouvrir la porte, pestant contre les retardataires.
-Putain, mais qu’est que vous vous foutiez ?! ça fait une heure que le capitaine attend votre rapport !
Accompagné d’une bordée d’insultes plus ou moins élégantes qui se tarient bien vite à la vue du comité d’accueil de l’autre côté. Car si l’escouade de soldats est bien visible, à l’arrière, les deux portiers font face à un Commissaire Patoche tout sourire et un représentant de la SSG à la mine patibulaire. La trentaine d’officiers républicains en carré autour des soldats est plutôt impressionnante, surtout quand la plupart vous envoient des sourires goguenards. Patoche fait alors preuve d’une politesse rare, le ton mielleux, qui m’aurait rendu jaloux si je savais pas que c’était pour mieux les enfoncer.
-Excusez moi, messieurs, mais nous devons nous entretenir avec vos officiers supérieures.
-Séances tenantes.
Le gars du SSG est beaucoup moins agréable.
-Euh… nous allons les prévenir de votre….
-Sans façon. Nous allons nous annoncer nous même.
Bousculant l’un des factionnaires au passage, le représentant du SSG s’engouffre dans le passage, suivi par Patoche et par le reste des officiers républicains. La demeure est plutôt vaste. L’histoire ne retient pas si le propriétaire des lieux était un sanguinaire brutal, mais il savait s’occuper de ses hommes, ayant construit plusieurs bâtiments autour d’une place centrale, accolé à une typique demeure de riche habitant de Kaizoku. Les structures servant de dortoir à des soldats de la Compagnie et le remue-ménage n'ayant pas aidé, la place se remplit rapidement de monde. D’un côté, en rang d’oignons, il y a nous, les officiers républicains. Les soldats sont un peu planqués derrière, pour ménager le suspens tandis que les deux leaders de notre contingent font face à la maison de maître où il est fort probable que les officiers de la Compagnie s’y sont installés. Autour, les soldats de la Grande Armée Républicaine s’agglutinent, nous lançant des regards noirs. Comme vous avez déjà pu vous en apercevoir auparavant, l’amour n’est pas fou entre les deux unités et notre petite baston de taverne d’il y a quelque temps n’a rien aidé. Des soldats nous reconnaissent et c’est uniquement parce qu’il y a un gars de la SSG qu’ils se sont pas encore décidés à savater la gueule de ceux qu’ils ont reconnus.
Nous, en face, on les nargue comme des clébards de petits vieux derrière notre barrière d’officiels, jouissant de notre supériorité à venir. En d’autres termes, on est exécrable et j’aurais été soldat de la GAR à se moment là, en face de moi, je me serais collé une beigne depuis longtemps. On est comme ces chats à se pavaner la queue dressée, nonchalant, devant un enclos ou s’excitent une meute de chiens pas trop éloignés du loup. La tension grimpe en flèche, surtout que les gueules avoinées des soldats de la patrouille, ça finit par se voir et une rumeur de règlement de compte commence à se répandre. A se demander si on en fait pas trop, mais heureusement, le colonel finit par faire son apparition. Solide gaillard au regard dur et à la moustache fine et élégante, il est accompagné de ses centurions ainsi que de plusieurs capitaines. Visiblement, on les dérange en pleine réunion comme les gradés aiment tant en faire. Le colonel descend les quelques marches les séparant de Patoche et du gars du SSG, un sourcil froncé, son regard dévisageant Patoche toujours tout sourire.
-Monsieur. Commissaire. Je suis surpris de vous voir ici.
-C’est une raison d’importance qui me fait vous visiter, Colonel. Et elle ne me plait guère.
Le représentant du SSG fait un signe de la main et l’on fait avancer les gars de la patrouille qui ont les têtes basses de ceux qui regrettent d’être là. Les officiers de l’armée froncent les sourcils, mais on explique rapidement ce qui se passe.
-Colonel. J’ai noté la déposition de ses hommes mentionnant la complicité partielle, ou totale cela reste à définir, de la hiérarchie militaire de votre compagnie à des actions de chantage, de rackets et d’extorsions de fonds envers les populations autochtones. C’est pourquoi je vous prie de vous mettre à disposition du Commissaire Patoche et ses hommes afin d’évaluer les responsables dans cette affaire.
Le colonel s’étrangle à moitié. Patoche ajoute dans un sourire.
-Votre caserne fait l’objet d’une perquisition, évidemment. Je vous prie de ne pas interférer.
C’est évidemment tout le contraire de ce qui se passe. Ça fait l’effet d’une bombe. Littéralement. Tout le monde se met à parler en même temps. A gueuler même. Entre ceux qui ne veulent pas y croire, ceux qui sont choqués par les accusations et ceux qui, dans la masse, semblent soudainement inquiétés, personne n’est indifférent. On en vient pas aux mains, mais Patoche hausse le ton.
-Toute entrave à cette enquête sera notifiée et fera l’objet d’une enquête !
Il y a un mouvement de foule. Les soldats présents font bloc, mais certains commencent déjà à se faire la malle, ébranlant la détermination des ignorants. Des soldats. Un capitaine. ils désertent l’endroit, probablement suite à un excès de peur, bien certains qu’il sera difficile de justifier les multiples devises cachés sous leur matelas. Devant les fuyards, Patoche ne se presse pas. À juste titre.
Car une trentaine d’officiers républicains, c’est peut-être bien pour mener à bien une perquisition, mais ce n’est pas assez pour boucler une caserne. Et il y a à l’extérieur des officiers républicains talentueux et des corsaires habiles qui bouclent les issus pour que personne ne s’échappe. Nul n’esquive la justice implacable.
Invité
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[PA] Les bonnes valeurs de la République
Feat Pancrate & Gunnar
S’enfuir. Un acte prévisible pour des raclures de leur genre. Alvida était de ceux qui préfèrent ne se mêler d’aucun conflit et fureté dans l’ombre, mettant les voiles avant-même les problèmes. Ca ne l’empêchait pas d’avoir une dent bien acérée contre ces types qui s'enrichissent en exploitant son pays d’adoption et puisqu’on ne lui avait pas laissé le choix de s’en mêler… Eh bien autant qu’elle s’y mette de tout son cœur, n’est-ce pas ? C'est une taloche bien cavalière suivie d'un poing dans la mâchoire qui cueillit l'un des premiers déserteurs.
« Où tu crois aller mon mignon ? » siffla la rouquine d’un ton bien trop satisfait pour laisser planer un doute sur ses intentions.
La corsaire était bien entourée. Pirates et officiers faisaient front ensemble pour bloquer l’échappée des fugitifs, chacun avec ses propres motivations. Celles des camarades de la rouquine étaient, il faut être réalistes, purement personnelles. L’équipage de la jeune femme était attaché à l’île. Certains étaient natifs, d’autres y avaient de la famille, des amis… Et puis il y avait aussi ce besoin revanchard de s’en prendre à ceux qui leur avaient fait plier le genoux.
Garric, par exemple, faisait partie de l’ancien équipage, celui qui avait accueilli Alvida quand elle était adolescente et vu partir son capitaine sous la menace. Cette occasion de se venger, au moins un peu, c’était jouissif. Vous souvenez-vous de l’anecdote de la pastèque ? Les deux têtes qu’il venait de saisir par la tignasse pour les faire se rencontrer frontalement se souviendront longtemps de ne plus croiser sa route. A ses côtés se trouvait Kayleen, toute droite telle une vigie elle signalait au grand costaud les cibles à ne pas manquer.
Du coin de l'œil, la capitaine repéra difficilement Sarah et Friedrich derrière les lignes républicaines, prêts à saisir entre leurs griffes les rares chanceux qui parvenaient à esquiver par miracle les officiers à l'affût eux aussi du moindre mouvement. Il se mouvaient tous les deux tel deux prédateurs, l'œil vif et prêts à bondir.
Bastien, lui, était bien en dehors du champ de vision. Il s’était placé avec certains soldats à l’arrière du bâtiment, où une porte dérobée avait de grandes chances de voir quelques malins tenter de quitter les lieux avec discrétion… et constater qu’ils étaient déjà fait comme des rats.
***
Quand la situation s’apaise parce qu’il ne reste plus d’autre solution à ces crapules que de coopérer, les arrestations vont bon train. L’équipage de corsaire y met moins de forme, se contentant d’attacher en serrant bien fort les liens et de surveiller que personne n'ait l'idée de se faire la malle une deuxième fois, quitte à les inciter à bien garder la face contre le sol le temps de se faire récupérer par des agents compétents.
Faut dire que c’est moins amusant maintenant qu’il n’y a plus besoin de cogner. La tension est redescendue, les nerfs ont bien lâché. La seule satisfaction maintenant c’est de se convaincre que ça ira mieux maintenant que des gens compétents reprennent la situation en main. Ce qui est ridicule en un sens… Un envahisseur, ça reste un envahisseur. Qu’il ait l’air plus éthique n’y change pas grand-chose.
« J’suppose que vous n’avez plus b’soin de nous pour mettre de l’ordre là-dedans. » s’hasarde Alvida. « Si vous voyez pas d’inconvénient, j’met les voiles, on a fait notre part. Vous savez où me trouver de toute façon. »
Si ça pouvait clore sa participation à tout de foutoir, Alvida pourrait enfin quitter l'île et reprendre ses affaires. La corsaire n’était pas certaine que son image ait pu évoluer positivement pendant son séjour même si les envahisseurs avec lesquels il lui avait été imposé de traîner avait fait une belle tentative pour arranger les choses sur le terrain.
CENDRES
Citoyen de La République
Pancrace Dosian
Messages : 472
crédits : 2612
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Ah ça, on a bien fait les malins, j'bombais tellement le torse que j'en avais mal aux côtes qu'ils m'avaient abîmées pendant la bagarre quelques jours plus tôt. Y'a que Patoche qu'est resté calme et neutre, une grande marque de professionnalisme qui brillait d'autant plus au milieu de nous autres, carrément odieux. Il sait comment faire pour que les chefs soient impressionnés, y'a pas à en doute, puisque c'est lui qui nous a dit qu'on pouvait les faire bisquer.
Et la suggestion avait une saveur d'ordre. Certes, qu'on suivait avec une joie non-dissimulée, mais ça n'en restait pas moins qu'on s'est arrêté quelques mauvais regards à force de faire les matadors, jusqu'à ce que les ronds-de-cuir décident de s'enfuir comme ils pouvaient, sans savoir que les collègues les attendraient à la sortie, histoire de fouiller un peu tout ça. Quelques-uns sont restés plantés là, à observer.
Sans m'avancer à dire qu'aucun n'était honnête, y'a ceux qu'étaient déjà enferrés trop profondément et qui pouvaient qu'escompter la protection du chef, et ceux qui avait été trop à la marge pour avoir le droit de se renflouer les poches, et manqueraient pas de cracher tout ce qu'ils savaient pour régler leurs comptes, contrebalancer un peu l'ardoise. Puis ils demanderaient une mutation dans un coin un peu lointain pour se faire oublier. Personne aime ceux qui bavent sur les confrères, après tout.
Ca serait mentir que de dire que j'ai la moindre idée de ce qui s'est passé ensuite.
J'pense que même Patoche en sait pas tellement, au-delà des bribes que ses chefs à lui ont dû lui lâcher. C'est le genre d'affaires qui se règlent dans des salons obscurs avec des fauteuils en velours, des cigares et des verres d'alcool fort, et p'tet une signature sur une bout de parchemin si on décide d'aller jusque-là. Enfin, j'suppose.
Toujours est-il que moins de vingt-quatre heures plus tard, la Compagnie prenait ses cliques et ses claques, montait sur le premier galion à destination de la République, et devait être remplacée incessamment sous peu pour continuer à renforcer l'action de l'Office Républicain, couronnée de succès, afin de s'assurer que l'île finisse par entrer dans le giron de la Nation.
On a eu des jours de repos, cela dit.
Les chefs ont estimé qu'on l'avait bien mérité, après nos oeuvres héroïques, et surtout que ça serait mieux si, d'une part, les autres soldats nous croisaient pas de suite, et d'autre part, que les locaux devaient soit pas trop s'attacher à nous, soit nous dézinguer pour nous faire comprendre que la GAR ou nous, c'était du pareil au même, pour eux. J'étais curieux, quand même, de savoir s'ils nous auraient à la bonne, et si on nous paierait des coups dans les débits de boisson du côté du port.
Puis Alvida a disparu aussi. Elle a dû estimer qu'elle avait fait son taf en ramassant les soldats qui tentaient de se faire discret, et qu'il valait mieux s'esquiver avant que Patoche lui refile une autre mission à la con, dont elle voulait pas du tout. Résultat, on s'est fait chier comme des rats crevés dans nos dortoirs, et si au début, c'était rigolo de boire notre ration de rhum et de jouer aux cartes, on s'est vite mis à tourner en rond. Même pas moyen de s'esquiver magiquement, les sentinelles avaient ordre de vérifier qu'on était bien dans nos plumards.
« Bordel, ce qu'on s'emmerde. »
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