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- Petites précisions:
- Bienvenue dans cette PA de difficulté facile, qui, si tu réussis, te permettra d'obtenir le fameux Livre des morts. Un artéfact qui te sera utile pour ta transition en tant que liche. J'essayerai de faire le moins de HRP possible et de te faire comprendre les enjeux via la partie RP (D'où le premier post avec un personnage parlant énormément.) Tu es libre de tenter de récupérer l'artéfact que tu convoites de la façon qu'il te siéra. Et si tu as la moindre question, je reste disponible sur discord.
Bon jeu à toi.
—Je vous remercie pour le temps que vous venez de m’accorder, madame la mairesse.
A l’intérieur du bureau de la personne la plus importante au sein de Courage, se trouvait un homme d’un certain âge avec un embonpoint certain. Bien habillé d’une petite veste aux couleurs ternes, l’homme dégarni déposa la tasse de café désormais vide sur le bureau. Derrière ce bureau, du côté important du meuble, se trouvait la seule et l’unique, Koraki Exousia.
—Grâce aux fonds que la ville accorde, nous devrions très bientôt entamer la construction de nouvelles infrastructures. Bientôt, toutes les villes de la République nous jalouseront.
Il affubla son visage joufflu d’un léger sourire sincère. Cet homme se nommait Henry Bluewatch et se trouvait à la tête de plusieurs entreprises du bâtiment œuvrant pour le bien de la République et précisément la ville de Courage. Ayant hérité de l’entreprise de ses parents, il avait pu voir plusieurs maires et mairesses passer au pouvoir. Il est connu comme un homme bon, avec un sens des affaires certain, mais pas un escroc pour autant. Aujourd’hui, lui-même âgé, ne semblait pourtant pas prêt à rendre son tablier bien que ses enfants soient en âge de prendre la relève.
—Je dois vous avouer, reprit-il en commençant à se relever. Que c’est toujours un plaisir de travailler avec vous. Et dire qu’il y a quelques années, certains médisaient votre ascension à ce poste. Vous avez sû montrer aux habitants de Courage que vous étiez faite pour le rôle. Il est rare que nous ne tombions pas d’accord sur les travaux à entreprendre alors j’espère que cette confiance commune qui nous unit saura perdurer.
Il récupéra une canne finement sculptée dans le bois avec un phoenix doré en guise de poignée pour s’appuyer dessus doucement.
—J’aurai continué avec grand plaisir à discuter avec vous comme d’habitude, mais je dois me rendre à une certaine vente aux enchères. En avez vous entendu parler ? (Il la fixa un instant avant de rire.) Suis-je bête. Le propriétaire à certainement dû demander l’accord de la mairie pour mettre en place sa vente. Bien qu’il semble particulièrement aisé, il y a des choses que même tout l’or du monde ne peut pas acheter. N’est-ce pas ? (Son regard se fît légèrement plus affuté quelques secondes avant qu’il ne retrouve son teint naïf.) Lawrence de Montclay. Un riche héritier ayant fait fortune en… ah non ! Il a simplement hérité de la fortune de ses géniteurs et se pavane, écoulant ce qu’ont durement acquis ses parents. J’ai ouïe dire que ses fonds commençaient à s’amenuiser, d’où cette récente idée de vente aux enchères. Ce garçon n’a aucune idée de l’économie, je pense qu’il y a moyen de faire quelques bonnes affaires mais tous les requins de la ville seront présents. Il paraît qu’un article bien particulier sera mis en vente. Le genre d’article qui pourrait faire déplacer toutes les grandes pontes de la République et peut-être même du Reike. Même si entre nous, ces sauvages du désert n’ont ni les moyens, ni l'œil pour s’offrir ce qui compte réellement. Enfin je digresse.
Il reboutonna sa veste en silence avant de s’approcher du porte manteau pour en récupérer un charmant chapeau melon qu’il déposa sur son crâne dégarni. Il se tourna de nouveau vers la mairesse, le ton plus sérieux.
—Une relique provenant de Shoumei. Le genre qui disparaît pendant des années et dont tout le monde souhaiterait mettre la main dessus. Je ne sais pas de quoi il s’agit exactement, je sais simplement ce que certains ont laissé échapper après avoir un peu trop bu à la taverne du coin. Ce serait un écrit, donc un livre ou un parchemin. Le genre unique, écrit de la main d’un grand prêtre. Même en mettant de côté le potentiel savoir qu’il pourrait renfermer, c’est le genre d’objet qui a un tel lien avec l’histoire de notre monde qu’il se revendrait bien trop cher pour le commun des mortels. Je dois bien avouer qu’exposer un article de cette richesse chez soi doit être une certaine marque de statut social, mais personnellement, j’aurai bien trop peur de me faire dévaliser héhé. Mais c’est le genre de petit prestige qui irait parfaitement à une mairesse de votre envergure, non ? Ce que je veux dire par là, c’est que nous devrions y aller ensemble si vous n’avez rien de prévu. (Il marqua une courte pause.) Bien sûr, ma proposition n’est pas totalement désintéressée. Si je viens en compagnie de la mairesse de la ville, ils me laisseront assister aux enchères les plus élevées. Je n’ai pas d’intérêt pour l’article spécial, mais j’aimerai bien mettre la main sur certains livres de comptes de l’époque des parents de Lawrence. Ces gens-là avaient un certain génie pour les affaires dont j'aimerais m’inspirer. Le pauvre garçon est tellement désespéré qu’il est probable qu’il les mette en vente.
Il termina sa phrase par un sourire invitant.
CENDRES
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Alors que s'achevait sa troisième année à la tête de la cité, tout autant que cet entretien, la Mairesse s'autorisa un petit instant de détente alors que son invité continuait de bavasser et de vanter les mérites des deux hôtes. Son sempiternel verre de vin rouge à la main, elle admira les courbes droites et ordonnées des bâtiments et rues de sa cité, à travers l'imposante fenêtre qui seyait son bureau. Une cité qu'elle avait dompté, non sans mal et non un certain nombre d'échec, mais qui, aujourd'hui elle pouvait l'affirmer sans honte, ni crainte, elle dominait.
Tout ce dont elle avait besoin pour parachever son œuvre, c'était d'un peu de temps.
Pourtant une coupe de vermillon à ses lèvres, elle sourit tendrement aux premières phrases de l'agréable ventripotent. Il détonnait tellement avec les habituels magnats dont elle était coutumière. Il y avait une simplicité en lui qui, avec le temps, avait réussi à percer les défenses de la Reine de la Catin. Il était d'ailleurs l'une des rares personnes en cette ville qui puisse s'enorgueillir d'obtenir des sourires réellement sincères de la part de la dirigeante.
- Cessez-dont de m'inonder de vos compliment, Mr Bluewatch,lui répondit-elle, l'air amusé, du coin de l'oeil. Je vais finir par croire que vous préparez en secret un statue à mon effigie en place publique.
Fais-le.
- Le service comptable de la Mairie vous contactera sous-peu pour finaliser les détails de ce contrat. Si Dangshuan le veut, nous pourrons commencer les travaux après les célébrations de la nouvelle année.
Le rendez-vous se termine sur cette dernière phrase et pourtant le magnat de l'immobilier reste présent, commençant à lui parler d'une vente-aux-enchères sur le point de débuter. Si elle avait entendu parler ? Evidemment ! Pour qui la prenait-il ? Il ne se passait rien dans cette cité sans que Koraki n'en soit tenue informée. Ainsi a-t-elle forcément connaissance de cette vente.
Enfin ... Probablement.
Il est possible que certains documents qu'elle valide ne reçoivent pas toute l'attention qu'ils devraient avoir, la faute à une équipe administrative trop réduite d'une part et, il fallait bien l'avouer, au besoin compulsif de la Mairesse de toujours tout contrôler par elle-même d'autre part. Il étaitdonc fort probable que le dossier concernant cette vente ai tout simplement passé outre le regard inquisiteur de la Reine des Catins, qui y apposa son sceau officiel sans s'informer au préalable de la liste des biens qui y serait vendus.
Ou bien il existait la possibilité que Bluewatch la dupait éhontément avec son histoire d'hériter dépensier et stupide et que cette vente était parfaitement illégale.
Toutefois, il n'était jamais de bons tons que de traiter de menteur le propriétaire de la première entreprise de travaux publics. Surtout quand on venait de signer un important contrat.
- Oui, j'ai cru entendre parler de cette histoire, réagit-elle en retournant à son bureau. Une histoire vieille comme le monde, d'ailleurs. Vous savez tout aussi bien que moi que les héritiers sont la principale faiblesse des empires industriels. La première génération bâtit une fortune, la seconde la fait prospérer, la troisième la dilapide. Ceci n'est qu'un énième chapitre à ajouter à l'histoire de la vanité des mortels ...
Les Titans soient-loués, la stérilité que lui avait infligé la nature la privait d'une telle déception. Mieux valait pour l'intégrité physique de ses enfants en non-devenir, d'ailleurs, car étant donné le régime particulier que suivait de temps à autres la Catin, il était fort probable que si elle devait donner naissance, le petit être retournerait inexorablement dans le ventre de la mère, et pas par le même orifice.
Ses pensées vagabondèrent quelques instants, repensant à la Soirée Blanche durant laquelle elle c'était illustrée aux côtés de Mirelda et où elles humilièrent Mikael et l'enfant qu'il avait amené avec lui. Enfant qu'il ne revit jamais, par ailleurs, car il disparut mystérieusement peu de temps après la dites-soirée. Quelle tristesse ... Lui qui venait de recevoir une invitation à travailler aux cuisines personnelles de la Présidente, il avait fini par intégrer le menu. Elle avait d'ailleurs dégusté son foi avec des fèves au beurre et un excellent morillon.
L'entrevue, une nouvelle fois, aurait pu s'arrêter là, sur l'annonce de cette enchère et les agréables souvenirs gastronomiques du mois dernier. Et pourtant, il se tenait toujours devant la porte, prenant tant de temps pour s'habiller que la Reine des Catins eut tout le loisir de reprendre sa place sur son siège municipal et de commencer à classer ses dossiers, disparaissant de temps à autres derrière son imposant bureau alors qu'elle se penchait en direction des tiroirs.
Ce fut d'ailleurs durant un de ces moments où Bluewatch ne pouvait plus admirer le visage fin de la Reine de Courage qu'il prononça les rares mots capable de la surprendre : "relique", "Shoumeï", "livre".
C'était impossible ... Ce ne pouvait être une coïncidence ! Voilà presque trois années qu'elle dépensait des fortunes en informateurs et espions dans l'espoir de dénicher un de ces fameux livres et il suffisait d'une simple conversation pour apprendre inopinément qu'un exemplaire allait être mis en vente ce soir ? Elle ne pouvait croire à la simple chance. Non. Définitivement, quelque chose clochait avec l'histoire d'Henry Bluewatch. Il était fatalement au courant des aspirations de la Catin. Mais comment ?
Pour l'heure, impossible d'obtenir une réponse et impossible d'en exiger de sa part. Le plus prudent serait de continuer à jouer la désintéressée, en attendant qu'il commettent une erreur.
- Une relique de Shoumeï ? Demanda-t-elle en se redressant. Mon cher Henry, je crois que c'est la providence qui vous envoie. Le prestige, je l'ai déjà, rien ne sert de faire prendre la poussière à ce livre sur l'une de mes étagères. Acquérir ce livre sur mes fonds personnels avant de le rendre à ses légitimes propriétaires nous accorderait à coup sur le soutien de la communauté shoumeïenne de Courage. Depuis la Soirée Blanche, il n'y a eu que des paroles pour seuls soutien envers leurs souffrances. Leur restituer, au nom de la République, une partie de leur héritage serait un coup politique absolument parfait !
Il allait sans le dire qu'elle l'accompagnerait.
Sans quitter son avenante attitude à l'égard de Bluewatch, ni sa méfiance devant ses révélations fortuites, elle le rejoignit et ensemble, ils partirent en direction de cette vente-aux-enchères.
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L’espace d’un instant, le visage de ce cher Henry se mit à briller. Ce n’était pas vraiment de la joie que Koraki put déceler sur ce dernier, mais comme un certain soulagement. La seconde suivante, il avait retrouvé son expression joviale. Passant un doigt dans sa moustache, il s'exprima d’un ton léger.
—Allons, allons. De là à dire que c’est la providence. Je suis heureux de savoir que vous allez m’accompagner et je dois bien vous avouer ne pas avoir pensé à rendre cette relique. C’est un coup de génie si l’on peut dire. Que vous le fassiez par bonté de coeur ou non, les shoumeiens verraient tous que la République ne se cache pas simplement derrière de belles paroles. Nous pouvons également agir. Je ne suis pas politicien, mais tous ces shoumeiens, bien que ce soient des bouches à nourrir, sont également une formidable main-d'œuvre. Et puis imaginez le message que cela enverrait à tous. La République agit réellement pour le bien des réfugiés. C’est que… il est de notre devoir de faire honneur à Dangshuan. Je pense que vous avez le pouvoir de briller autant que le fondateur de notre nation. Vous l’avez toujours eu.
(Il s’arrêta un court temps, semblant sur le point d’ajouter quelque chose avant de simplement rire avec candeur.) Quoi qu’il en soit, je devrais arrêter d’autant vous couvrir d’éloges ou la populace va finir par se poser des question quant à ma fidélité envers mon épouse.
Il tint la porte à la maîtresse avant de sortir. Malgré son petit trait d’humour, Henry Bluewatch est connu comme quelqu’un d’entièrement dévoué au mariage qu’il a pu forger avec l’élue de son cœur. Au vu de sa position de pouvoir, il à de nombreuses reprises eu l’occasion de tromper cette dernière. Ce qu’il n’a pourtant jamais fait. Au fil des années et des entrevues avec ce dernier, tu sais que sa famille est sans doute l’une des choses à laquelle il est le plus attaché en ce monde.
Après quelques minutes, vous vous retrouviez en plein jour, arpentant les rues bondées de Courage.
—Regarde Maman ! s’écria une petite en tirant le bras de sa mère, pointant l’hybride la plus importante de la ville de son doigt. C’est madame la maîre !
—Allons, la réprimanda sa génitrice en envoyant un regard désolé à Koraki. Tu sais bien que c’est grossier de pointer du doigt. Veuillez l’excuser Madame. Bonne journée à vous !
La petite qui se faisait tirer par sa mère fit coucou à son tour pour dire au revoir à la dame.
—Ah les enfants… dit alors le compagnon de voyage de la maîresse. Toujours à nous mettre dans tous nos états. Entre leurs bêtises, et leur franc parlé sans retenu, ils ont de quoi nous rendre fous. Dans ma jeunesse, j’ai toujours exécré les bambins des autres qui manquaient de politesse ou de savoir vivre et pourtant, lorsque je suis devenu père, j’ai compris que ce n’était pas si simple. Et que même si mes enfants me rendaient la vie dure, je ferais n’importe quoi pour ces derniers. Je sais que vous ne pouvez pas vous reproduire, dame Exousia, mais vous est-il déjà arrivé l’idée ou l’envie passagère d’avoir quelqu’un sous votre aile ? Sans mauvais jeu de mot bien entendu. (Il se laissa aller à un rire léger avant de lever la main pour pointer un bâtiment un peu plus loin.) Oh ! Je crois que nous sommes arrivés à destination. Vous voilà chanceuse, vous n’aurez plus à écouter mes facéties et vous concentrer sur quelque chose de plus important.
Le bâtiment de roche grise avait légèrement été envahi par la mousse et l’air marin et humide semblait l’avoir érodé à quelques endroits. Trônant derrière un grand jardin au sein duquel, fontaines asséchées et mauvaises herbes avaient érigé un règne sans pareil, le manoir donnait un air abandonné. Il était certain qu’il faisait tâche à côté des autres bâtiments bourgeois et pourtant il restait possible de déceler une certaine noblesse dans ce dernier. Avec les bons travaux, nul ne pouvait douter qu’il se placerait comme un phare dans la nuit au sein du quartier.
—Les parents du bougre se retourneraient dans leur tombe si jamais ils voyaient ce que leur fils a fait de leur manoir, laissa échapper Henry en serrant silencieusement les poings devant cette architecture gâchée. Dame Exousia, n’y a t-il pas une règle pour éjecter ceux qui osent salir à ce point l’image de notre ville ? Si toutes les maisons étaient ainsi, pour quoi passerions nous ? Des brigands sans le sous ? (Il prit le temps de se calmer pour retrouver un ton serein et un visage moins rouge.) Enfin, c’est comme je vous l’avais dit. Le propriétaire est sur la paille, d’où l’organisation de cette vente aux enchères.
—C’est malheureusement exact, se fit entendre une voix masculine d’un certain âge. Monsieur de Montclay n’est malheureusement pas au plus haut de sa forme.
La voix appartenait à un humain qui semblait d’un âge avancé. S’aidant d’une simple canne pour avancer, il arborait un costume du plus bel effet.
—Je suis Arthur, le majordome en chef de monsieur. Bien que j’effectue aussi la cuisine, le jardinage ou encore diverses autres tâches. Du fait que je sois le dernier à encore travailler ici. Venez vous pour la vente aux enchères madame la mairesse ? Si j'avais su, je me serais démené pour tenter de vous offrir une vue plus agréable à l'œil que ce champ sans vie qui nous sert de jardin. (Il s’inclina avec difficulté en se tenant le bas du dos.) Si vous le désirez, je vous guiderai personnellement jusqu’à la salle où se tiendra la vente. Et si vous avez la moindre question, je reste à votre entière disposition.
Il afficha un petit sourire qui fit ressortir un peu plus les cernes qu’il portait sous les yeux.
—Par ici je vous prie.
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Projection d'achat
- Providence, je le redis et le maintiens, mon ami. Entre la Soirée Blanche où de juteux contrats on étés discutés et le retour de cette merveilleuse relique, les fortunes shoumeïennes couleront sans tarir dans les coffres de Courage et, par extension, dans les nôtres.
En République, tout n'est qu'affaire d'image et d'argent. La vertu et les idéaux ne restent que des objectifs secondaires qu'il était certes utiles de cocher, mais pas obligatoire. Seuls les résultats comptaient. Ce grimoire, Koraki entendait effectivement le rendre auprès de ses légitimes possesseurs, mais pas avant d'en avoir fait une copie absolument parfaite et intégrale. Des centaines de possibilités défilaient dans son esprit, alors que l'entrepreneur ne tarissait pas d'éloges sur la Mairesse. Si elle semblait réellement l'écouter, elle ne le faisait que d'une oreille, ses pensées tournant et tourbillonnant autour du livre. Certes, il était toujours plaisant d'être la cible de compliments aussi charmant, et les Titans savaient que Bluewatch était aussi habile de sa bouche que ne l'était la Catin elle-même, mais elle trouvait que ces dites paroles avaient un arrière-goût d'inévitable, comme si elles avaient étés préparés à l'avance avant d'être servies au bon moment.
Ce qui serait, sommes toutes, tout à fait normal dans ce genre de situation, entre ce genre de personnages.
- Ne vous en faites pas pour votre réputation, Mr Bluewatch, je crois que la République entière est au courant pour votre affection envers votre femme.
Que ne fallait-il sortir comme niaiseries pour paraitre agréable ... Enfin, heureusement que la compagnie du ventripotent potentat l'était, sans besoin d'user d'artifices ou d'étiquette hypocrite. Son dévouement à son mariage était par ailleurs une sorte d'anomalie au sein de la pensée libérée de la République. Qu'un homme de pouvoir et de richesse ne s'entiche pas d'une seconde femme était assez rare parmi les élites et, pour ainsi dire, mal vue par une partie d'entre elle. Sa fidélité, en dépit de la "tradition" et des critiques, était louable et faisait partie intégrante de son charme. Ca, sa galanterie et sa conversation durant le voyage qui les mena jusqu'à l'hôtel des ventes.
A la petite créature qui la désigna de son doigt et à sa génitrice, la Mairesse accorda un sourire avenant et une légère révérence, fidèle à l'image qu'elle c'était crée au fil des ans : celle d'une politicienne exigeante, mais restée humble et avenante avec ses obligés.
- La Maternité ... N'est point pour les gens comme moi, je le crains, confia t-elle avec un sourire chaste.Longtemps, j'ai cru qu'elle pourrait apporter un sens à ma vie, mais j'ai rapidement réalisé que notre monde ne l'autoriserais pas, que ce soit par ma simple nature ou par la société dans laquelle nous vivons. Vous mêmes confieriez vous sans hésiter votre progéniture à une nourrice probablement née d'un viol zoophile ? Moi-même je m'abstiendrais. Puis j'ai découvert des enfants qui avaient besoin de moi et que j'ai, pour reprendre votre trait d'esprit, prise sous mon aile.
Les putes, dans un langage bien moins élégant. Malgré toutes les tares que l'on pouvait prêter à la Reine des Catins, pour la plupart sommes toutes véridiques, elle avait réellement œuvré à garantir la sécurité de toute une profession. Sous son règne en tant que Directrice de l'Ambrosiaque, puis sous son mandat de Maire, la prostitution était règlementée et protégée, s'accompagnant d'une véritable campagne sanitaire et sociale. Sans compter tout les avantages politiques et économiques que cette politique lui avait apporté, car les catins de luxe étaient une ressources grandement prisées par les hommes comme Bluewatch.
Enfin ... Pas exactement comme lui, mais l'idée était là.
- Vos "facéties" comme vous dites, sont un plaisir. Enfin un homme d'affaire qui sait être sérieux sans être pompeux. Vous êtes une bouffée d'air frais en cette période bien sinistre, mon cher Mr Bluewatch.
Et elle le pensait vraiment. Cependant, l'heure n'était plus ni aux confidences, ni aux compliments, l'heure était à la licitation. Peut-être par ailleurs que le livre ne serait pas le seul bien qu'elle se permettrait d'acquérir, ce soir. Ce manoir serait en effet un bien des plus utiles à acquérir. Il avait une position adéquate, loin de la mairie, sans en être trop éloigné, semblait spacieux et capable d'accueillir toutes sortes d'évènements, festifs, officiels ou illégaux ... Oui, définitivement elle allait s'informer sur les détails de cette bâtisse qui ne demandait qu'à recouvrer sa gloire d'antan. Henry semblait d'ailleurs du même avis, à en juger par le changement soudain de réaction dont il fit preuve à la vue de cet échec.
- Aucune, malheureusement, répondit-elle à sa question. En République, l'échec reste une possibilité à laquelle il faut se préparer. Lorsqu'il survient, sa gestion n'est plus de notre responsabilité, mais de celle d'autres, plus habiles ou plus intelligents.
"Une aubaine", dirait certains, que l'ont pourrait qualifier de "vautours". Et Koraki, malgré son ascendance de corvidé, en faisait irrémédiablement partie. Cependant, fidèle à sa réputation, elle tendit sa main en direction du majordome qui venait d'intervenir, l'aidant à se relever.
- Mr Arthur, je vous en pris. Je ne suis là que par un heureux hasard. Son regard se tourne vers Henry, qu'elle gratifie d'un nouveau sourire. Être ruiné ne veut nécessairement dire que c'est la fin. Cette vente aux enchères permettra peut-être à Mr de Montclay de revenir sur la scène financière, fort de nouveau capitaux. Une mauvaise passe n'est qu'une passe après tout.
Et ça, en matière de passe, elle s'y connaissait, la Mairesse.
- J'aurais en effet une question, Mr Arthur. Je viens pour une relique, un livre d'origine Shouméïenne, peut-être connu sous le nom de "Livre des Morts". S'il s'agit véritablement de ce grimoire, j'aimerais savoir comme votre Maïtre en a fait l'acquisition.
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Le majordome qui continuait d’avancer à son rythme, visiblement diminué par le temps et le travail, répondit à la mairesse en inclinant légèrement la tête.
—Vous êtes bien avenante madame la mairesse. Monsieur de Montclay risque d’avoir bien du mal à se refaire… enfin, vous comprendrez mieux lorsque vous ferez sa rencontre. Il sera présent lors de la vente, étant le possesseur légal de ces objets.
Il se tût un court instant, faisant pénétrer le duo à l’intérieur du manoir en déperdition. L’intérieur y était relativement propre mais effroyablement vide. En voyant cette insulte, Henry semblait sur le point de s’exprimer avant de se contenir avec difficulté, remarquant que le majordome n’avait pas terminé son discours.
—Pour ce qui est du livre que vous recherchez, continua Arthur d’une voix moins audible. Madame la mairesse, je vous en conjure. Si vous tenez à en faire l’acquisition, prenez toutes les dispositions et sécurités possibles avant d’en lire le contenu. Mon employeur, Monsieur de Montclay n’est plus le même homme depuis qu’il a tenté d’en déchiffrer le contenu.
Henry souleva un sourcil interrogateur.
—Comment ça ? questionna-t-il le majordome. J’espère que vous ne cherchez pas à remettre une quelconque malédiction à madame la mairesse. Cela pourrait être un crime des plus graves.
Le majordome s’arrêta au milieu du couloir pour finalement se retourner et faire face au duo.
—Loin de moi l’idée de commettre une telle infamie, expliqua-t-il. Mais nous sommes en République, monsieur Bluewatch. Tous les dangers du livre seront énoncés avant que ce dernier ne soit mis en vente. Si madame la mairesse désire tout de même en faire l’acquisition en son âme et conscience, mon employeur ne pourra pas être tenu responsable de ce qu’il arrivera après.
—Je ne sais pas trop… rétorqua l’homme au léger surpoids alors qu’il affichait une certaine moue inquiète. Mais d’un autre côté, madame la mairesse est une femme intelligente, je doute qu’elle se fasse avoir par une quelconque magie shoumeienne, n’est-ce pas ?
Il se tourna en direction de Koraki. Presque comme s’il espérait une approbation de cette dernière. Il désirait de toute évidence être rassuré sur le sujet.
Le majordome continua finalement son récit.
—Mon employeur, monsieur de Montclay, l’a récupéré sur un pèlerin qui tentait de fuir Shoumei pendant la guerre. Mon employeur avait une certaine lubie pour l’aventure au détriment de la gestion de sa fortune et de ses biens. Des rêves d’héroïsme tout à fait louable, mais qui n’ont pas leur place chez un homme devant faire prospérer ce qu’ont bâti ses géniteurs. (Il marqua une courte pause avant de se reprendre.) Excusez-moi, je ne devrais pas tenir de tels propos vis-à-vis de mon employeur. Reprenons. Mon employeur l’a récupéré auprès d’un pèlerin. En bon républicain, il lui a offert ce dont l’homme avait le plus besoin à ce moment. De quoi se nourrir et de quoi boire. En somme, il a récupéré ce livre contre la vie de son ancien détenteur. C’est là que les choses ont commencé à tourner dans le mauvais sens. Monsieur de Montclay est devenu… disons particulièrement intéressé par le contenu du livre. Alors que les jours défilaient, il s’enfermait de plus en plus pour tenter de déchiffrer tous les secrets de cet ouvrage. Il est devenu de plus en plus violent et a fini par ne plus vouloir la compagnie de quiconque. Les jours sont finalement devenus des mois, puis des années. Son discours est devenu des plus incohérents. Jusqu’à ce qu’il ne soit plus du tout l’homme qu’il était autrefois. Il semble mort intérieurement. Je ne saurais vous dire ce qui a causé ceci, monsieur est resté très secret de ses recherches sur le livre en question. Mais un jour, je l’ai retrouvé le regard vide. Errant dans le jardin sans le moindre but. Son corps est toujours en bonne santé, les médecins sont formels, mais il semble comme vide. Plus personne ne semble là pour le piloter. J’ai tâché de trouver un mage ou bien un connaisseur pour lui venir en aide, mais mes recherches se sont malheureusement avérées infructueuses. L’argent de la vente me sera utile pour continuer de chercher un remède à mon employeur. C’est le moins que je puisse faire pour la mémoire de ses parents qui étaient des gens d’exception. A présent que vous savez le livre dangereux, nous allons pouvoir procéder à la vente. Il y a déjà quelques personnes présentes et l’heure continue de tourner. Alors tâchons de ne pas vous faire attendre trop longtemps.
Alors qu’Henry laissa de nouveau échapper un regard inquiet, le groupe fît son entrée dans une large salle éclairée par la lumière du jour, entrant par de nombreuses fenêtres ouvertes ou manquantes se trouvant en hauteur. Plusieurs chaises et bancs discordants étaient placés dans un parallélisme quelque peu malade. Tous en face d’une petite estrade en bois qui semblait montée à la hâte. Quelques personnes se trouvaient déjà sur scène, dont un garde et une femme dont le rôle était de vérifier l’authenticité des objets vendus.
Seuls trois autres potentiels acheteurs semblaient présents. Tout d’abord, un drakyn relativement grand, même pour sa taille. Portant un costume bien trop petit pour lui avec un chapeau n’allant pas du tout avec ce dernier. Portant des lunettes teintées de noir, il s’était assis au fond de la salle. Lisant un journal de la veille sans même relever la tête à votre arrivée.
La seconde personne était une demoiselle humaine aux long cheveux d’un noir de jais. Une silhouette élancée qu’elle mettait en valeur avec une robe faisant ressortir ses yeux améthystes. Elle se leva directement pour s’approcher des nouveaux arrivants.
—Madame la mairesse ! s’exclama-t-elle avec conviction. Quelle agréable surprise de vous voir ici Je suis certainement l’une de vos plus grandes fans. Courtney Seaside. J’aspire à faire de la politique, tout comme vous. Bien que je sois encore loin d’égaler votre talent.
Elle se huma d’un sourire narquois. Son ton était bien discordant de ses mots. Il était possible d’y ressentir comme une certaine animosité.
—Une personne de votre rang ici, continua-t-elle en ignorant royalement le “bonjour” poli que venait de lui prodiguer Henry. J’imagine que vous êtes ici pour le livre ? C’est bien la seule chose qui a de la valeur par ici. Je ne vois pas d’autre raison qui pousserait notre mairesse si prestigieuse jusqu’ici. Il semblerait donc que nous soyons en compétition. J’espère que vous aurez de quoi soutenir vos dépenses.
Alors qu’elle plissait les yeux dans un air de défi direct, une petite voix se fit entendre à vos pieds.
—Ah ça non !
La voix aiguë semblait celle d’une enfant, mais après avoir pris le temps de jeter un coup d'œil à l’origine de cette dernière, il devint évident qu’il s’agissait simplement d’une gobeline. Étonnamment, elle ne portait pas réellement de tenue adaptée à la situation et semblait sortir d’un trou de souris à la vue de la qualité de ses frusques.
—Vous ne pouvez pas vous emparer de ce livre ! J’ai mis toutes mes économies de côté pour en faire l’acquisition. J’en ai vraiment besoin !
La dénommée Courtney ignora à son tour la gobeline, la poussant doucement de la main avant de tendre cette dernière en direction de la mairesse.
—Les ventes aux enchères ont pour habitude d’attirer toutes sortes de personnes hautes en couleur mais là… souffla doucement Henry à l’attention de Koraki avec un sourire moqueur. Je vous souhaite bien du courage madame la mairesse. En tout cas, sachez que je vous soutiens.
Arthur grimpa à ce moment sur la scène et toussa doucement.
—Monsieur de Montclay sera présent d’un moment à l’autre. En attendant, vous pouvez prendre quelques rafraîchissements sur la table à votre droite. Malheureusement, nous n’avons que de l’eau. Je vous prie de nous excuser pour cette incommodité.
Voyant la tension dans l’air, Henry recula un peu.
—Je vais prendre un de ces rafraîchissements si cela ne vous fait rien. Je vous laisse faire connaissance avec votre nouvelle amie.
Il s’écarta finalement en direction des verres d’eau.
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La bataille commence
L'avantage à circuler dans une demeure immense et vide, c'est que lorsque l'on s'aimait autant que Koraki s'aimait elle-même, on avait le plaisir d'entendre résonner ses propres pas avec une acoustique des plus délicate. Le talon de ses chaussures martelant dans un rythme parfaitement maitrisé et une légèreté trahissant la confiance le dallage de marbre était un son qui ravissait l'ouïe de la Mairesse. Ces pas, qui la menait vers la pièce où la bataille des chiffres se déroulerait, n'était pour Koraki que les échos de son triomphe en marche.
Néanmoins, en dépit de son profond amour pour sa propre personne, cela ne l'empêcha pas de prêter une oreille attentive au récit d'Arthur. Le sourcil qu'Henry Bluewatch dressa sitôt la menace que représentait le livre explicité fut accompagné de celui de la Mairesse, offrant certainement au majordome qui venait de se retourner vers eux un spectacle de mime des plus comique. Alors que le ventripotent acolyte de la Mairesse exprimait son inquiétude, cette dernière darda sur lui un regard neutre, cherchant à camoufler la surprise qui la prenait. L'industriel semblait réellement s'inquiéter pour l'intégrité de Koraki et elle devait bien se l'avouer, elle le trouvait sincèrement attachant. Au plus profond d'elle-même, si profond qu'elle-même ne s'en doutait probablement pas, elle espérait que cette affection qu'il semblait lui porter soit vraie et qu'il ne se servait pas d'elle pour acquérir le Livre des Morts sans problème. Car alors, la sentence qu'elle ferait s'abbatre sur lui serait plus terrible encore que la récente guerre contre les Titans.
C'est ainsi que dans un sourire amicale et un léger mouvement de tête, elle le rassura.
Elle n'échouerait pas aussi bêtement que Montclay.
Un seul mot lui vint à l'esprit pour définir par ailleurs le récit d'Arthur : " fascinant". Elle, malgré toutes les recherches préalables qu'elle eut put faire sur cette ouvrage, n'en avait conclu qu'il n'était qu'un simple répertoire de magie blasphématoire et de théologie. Mais cette information sur la destinée du présent propriétaire apportait un éclairage nouveau sur la nature du livre : il était protégé. Pour qu'une malédiction de la sorte soit posée sur ces pages, c'est qu'elles devaient renfermer des connaissances qui méritaient amplement d'en prendre le risque. Monsieur de Montclay n'avait été, en d'autres termes, qu'un génie inconscient. Il avait semble t-il brillamment étudier l'ouvrage, sans prendre les précautions nécessaires à cette étude.
Une leçon parfaitement entendue par la Reine des Catins.
- Je ne compte pas le lire, déclara t-elle d'un ton ferme, marquant cette factice intention. Je veux en faire don aux shouméïens. Je ne vous ferais pas l'affront de vous prendre pour un imbécile en prétendant le faire par charité, car je compte bien en tirer un avantage politique auprès de nos riches immigrés de l'ancienne Fédération. Et puis ... Si ce "Livre des Morts" est aussi dangereux que ne le laisse croire votre histoire, peut-être est-ce plus sage de le faire disparaitre de la circulation Républicaine.
Qu'il la croit ou pas, cela importait peu. Ce qui comptait, c'est qu'elle donne l'impression d'être réellement sincère.
Par ailleurs, tout ce qu'elle avait retenue du discours du Majordome, c'était qu'il était aujourd'hui aux commandes de la maison Montclay et plus son employeur. Il l'avait dit lui-même : c'est lui qui organisait cette mise en vente. Une ascension que tout bons républicains saisirait sans vergogne. Enfin ... Peut-être ses intentions étaient elles réellement louables ? Seul l'avenir le dira.
Puis, enfin, ils pénétrèrent tous dans la salle des ventes, ou en tout cas ce qui allait en tenir lieu.
Koraki ne prononça nuls mots lorsqu'elle y entra, laissant à d'autres le soin de la reconnaitre et de l'annoncer à sa place. Ce qui fut le cas de la dénommée Courtney Seaside, qui commença bien mal sa relation avec la Mairesse, entre son ton, son visage et le mépris flagrant qu'elle témoigna envers M. Bluewatch. Et pourtant, la Mairesse conserva son visage parfaitement avenant et son sourire si cordiale. Elle prenait le temps d'observer chacun des protagonistes présents, les jugeant autant que les jaugeant. Le drakyn feignait l'indifférence pour essayer de déstabiliser ses adversaires, la jeune femme optait pour l'attaque directe et effrontée en ouvrant d'entrée de jeu les hostilités, tandis que la gobeline qui venait d'apparaitre préférait les tentatives d'apitoiements.
Cela allait être des plus amusants.
Une fois le catalogue des assesseurs potentiels achevé, Koraki reporta son attention sur Courney, mais en répondant cette franchement à son regard de défi, lui opposant le même. La différence étant que celui de la patronne de l'Ambrosiaque était celui d'un être qui avait connu l'esclavage, le carnage, la prostitution et qui goutait depuis quelques années à un pouvoir presque absolu. Autant que la simple différence d'âge et de vécu entre les deux femmes jouaient en la faveur de la politicienne.
- Je suis ravie de faire votre connaissance, Mme Seaside. Si vous appréciez autant mes talents, alors permettez moi de vous donner un premier conseil en matière de politique ...
Elle empoigne férocement la main de son interlocutrice, d'une poigne bien plus dur que son apparence ne le prétait à croire, comme pour lui interdire de retirer sa main tant qu'elle ne l'aurait pas décidée.
- Maitrisez le sens du spectacle.
Dans un bruit sec et un mouvement vif, ses ailes s'étirèrent soudainement, grandioses et sombres, démultipliant l'aura et la silhouette de la Mairesse. Durant un court instant, les deux femmes disparurent au regard des autres derrières ce rideau de plume. Ce fut dans cet intervalle que l'un des doigts de Koraki se transforma subrepticement en serre, piquant la paume de la femme aux cheveux de jais et prélevant une dime de sang sous la forme d'une simple gouttelette, serre qui redevint aussi rapidement un index tout à fait normal. La piqure ne devrait laisser qu'une très légère marque, rien qui ne permette réellement d'affirmer que c'était là l'œuvre de la Catin. Aux yeux de celle aux yeux d'améthystes, cela ne devrait ressembler qu'à une vulgaire violence, semblable à celles que deux gamines qui se détestaient pouvaient se faire dans une cour d'école.
La Politicienne relâcha dès lors la main de son interlocutrice, serrant sa paume pour dissimuler la gouttelette de sang qu'elle contenait, avant de sortir un mouchoir de son bustier et de l'essuyer, comme si elle cherchait à nettoyer la crasse que le contact avec Courtney avait posé sur sa peau. Tout cela sous les yeux de la dites Courtney, qu'elle espérait se sentir bien insulté.
- Deuxième conseil : la politesse est le meilleur allié de politicien.
Elle accompagna cette phrase par un mouvement de tête envers Henry, qui se trouvait à présent près des verres d'eau. Le regard que la jeune allait certainement porté en direction de Bluewatch permettrait à Koraki se ranger le mouchoir, désormais porteur d'une possibilité de la maudire.
Puis, aussi royalement que possible, elle se détourna superbement de mademoiselle Seaside, ses ailes suivants un ample mouvement qui, malencontreusement, vinrent frapper le journal du Drakyn. Dans un petit cri de honte, la Mairesse se précipita vers "l'homme" tout en se confondant en excuses. Elle se pencha en avant, ramassant le papier tombé au sol, avant de le tendre au drakyn et, profitant de cette situation, de plonger ses yeux dans les siens avant de dire :
- J'espère que vous ne me porterez pas préjudice pour cela ...
- Utilisation de magie:
- Utilisation de magie Transformation, sur un seul doigt, pendant un très court instant.
Utilisation de Magie de Séduction - Palier I, à l'adresse du Drakyn, sur les mots "vous ne me porterez pas préjudice".
crédits : 1755
Alors que les deux femmes se fixaient après le coup théâtral de la maîtresse, nul spectateur n’osait prononcer le moindre mot. Koraki Exousia venait de s’imposer et de remporter ce duel. Un duel qui n’avait certes rien de physique, mais un duel tout de même impressionnant.
La jeune Courtney continuait de fixer l’hybride qui venait de lui rappeler qu’elle avait tout de même en face d’elle la personne à la tête de Courage et qu’il n’était pas de bon ton de se prendre pour une étoile montante devant cette dernière. La jeune femme semblait se faire violence devant Koraki pour ne pas laisser libre court à sa colère. Elle était humiliée, ni plus ni moins. Mais dans un contexte comme celui de la République le paraître était bien plus important que sa propre vie pour beaucoup.
Koraki, suffisamment proche de celle qui s’était brûlée les ailes à force de danser trop proche du soleil, pu distinguer chez cette dernière un léger spasme de colère. Se mordant doucement l’intérieur de la joue, elle fulminait intérieurement bien qu’elle n’en laisse que peu transparaître.
Lorsqu’enfin la maîtresse se détourna victorieuse, Seaside retrouva l’usage de la parole. Jusqu’alors pétrifiée par la prestance de Koraki.
—Je vais donc accepter cette leçon, laissa-t-elle alors entendre. Mais ne vous en faites pas. J’apprends vite. (Elle laissa couler une courte pause avant d’annoncer en plissant légèrement les yeux.) Je trouve que vous avez des ailes absolument magnifiques. Je suis certaine que beaucoup vous les jalouse et que vous devez en tirer une certaine fierté. Beaucoup seraient prêts à se les arracher si elles se vendaient au marché.
Elle se concentra alors sur sa main en grimaçant. Avait-elle compris le stratagème derrière l’action de la mairesse ? Nul ne le savait. Quoi qu’il en fût, elle se montrait à présent bien plus silencieuse, blessée dans son égo.
Pendant ce temps, l’hybride continuait de mettre en place son plan d’action. Le drakyn plongea son regard un long moment dans les yeux de la dame corbeau. Puis il plissa lentement les sourcils. Les drakyns étaient connus pour leur grande ténacité mentale ou plutôt comme certains aimaient à le dire, pour leur tête de mule. D’ailleurs, les drakyns n’étaient pas forcément monnaie courante au sein de la république. Quoi qu’il en fût, ce dernier hocha un peu de la tête en grognant un peu.
—Je laisse couler, dit-il de manière abrupte.
Le sort avait-il fonctionné ? Seul le futur nous en témoignerait.
Henry s’approcha alors. Un verre d’eau à la main, il en proposa un autre à la mairesse.
—On peut dire que vous savez faire effet madame la mairesse, dit-il avec un faible sourire. Et vous mon brave ? Qu’est-ce qui vous mène en ce- (Sa voix s’amenuisa de plus en plus jusqu’à se couper devant le regard noir du drakyn.) Ahahah… eh bien nous sommes entourés de gens charmants. Oh ! Je crois que la vente va commencer !
Le majordome était prêt à présider la vente sous la supervision de toutes les personnes nécessaires au bon déroulement d’une vente aux enchères.
Il s'éclaircit tout d’abord la voix.
—Je déclare officiellement la vente aux enchères, au nom de monsieur de Montclay, ouverte.
Une certaine tension s’installa dans la salle. Henry ne put s’empêcher de laisser échapper un petit commentaire pour évacuer la tension.
—Eh bien, je crois que je n’ai jamais vu de vente aux enchères aussi sérieuse.
Le majordome tapota sur le bureau qui lui faisait face avant de présenter avant de se faire couper par la gobeline.
—Est-ce qu’il s’agit du livre shoumeien ? demanda-t-elle.
—Eh bien non, répondit calmement le majordome qui ne perdait pas contenance. Il s’agit en quelque sorte du clou du spectacle. Donc ne vous attendez pas à ce qu’il soit présenté tout de suite.
—Et ainsi vous nous obligez tous à subir la vente dans son intégralité pour faire un maximum de bénéfices, laissa entendre Courtney qui venait de s’asseoir sur un banc, verre à la main. Malin. Mais vous n’avez pas peur que nous n’achetions rien dans le but de garder nos richesses pour le dit livre ?
Le majordome baissa les yeux l’espace d’un instant. Se plongeant dans ses pensées. Finalement il répondit :
—Vous pourriez, après tout, rien ne vous en empêche. Mais est-ce que vous souhaitez vraiment montrer que vos fonds ne sont pas aussi importants que vous ne souhaiteriez le faire croire ? (Il remonta ses gants en toisant de haut la jeune Seaside.) J’ai fait appel à un ami de longue date. Un écrivain qui se chargera de mettre sur papier tout ce qui se passera et se dira entre ses murs. Je suis certain que beaucoup de monde auront hâte d’estimer les fortunes des quelques plus aisés de Courage. De plus, je tenais à vous faire part d’une petite règle maison. Douze articles seront vendus au cours de cette vente aux enchères. Les dits articles ne seront pas annoncés en avance. Vous découvrirez de quoi il s’agit lorsque j’en donnerai le prix de départ. Une fois les dix articles vendus, et non avant, le fameux livre des morts sera mis en vente. Attention tout de même. Seules les personnes ayant acheté au moins trois articles avant ça, auront l’immense chance de pouvoir participer à cette ultime vente.
Seaside ne pu s’empêcher de lui lancer un regard noir. Elle venait de prendre une seconde humiliation en si peu de temps.
Henry fronça légèrement les sourcils.
—Ce n’est pas très honnête. Beaucoup de rapiats n’ont qu’une envie, c’est bien d’estimer le pouvoir monétaire de madame la mairesse pour mieux tenter d’exercer un contrôle sur elle, vous le savez bien. Et puis, ce n’est pas correct de forcer à acheter ce dont nous ne voulons pas.
—Tout ceci est parfaitement légal. Je ne fais qu’exercer les droits que m’offrent ma chère nation pour remettre sur pied la maison de mon employeur. Vous n’avez qu’à voir cela comme un lot, comme vous pouvez le voir couramment au marché.
Son ton se fit instantanément plus clair, plus droit. Ce n’était plus un vieil homme diminué qui se tenait face à l’assemblé. Mais un esprit qui avait pris le temps de mettre en place un système pour tenter de vendre le plus possible.
De toute évidence, cette vente aux enchères serait pleine de rebondissements.
Henry grimaça un peu, le visage sombre. Il fit un bref exposé récapitulatif à la mairesse.
—C’est moche d’agir ainsi. Mais il a raison sur un point, il a le droit d’opérer la vente ainsi. Nous sommes cinq acheteurs potentiels. Seulement dix articles en vente. Et il faut à minima trois achats pour espérer mettre la main sur le livre. On se rend rapidement compte que seulement trois personnes au maximum pourront participer à l’ultime vente. Bien sûr, je dis au maximum car s' il prenait l’envie à une personne d’acheter six voire neuf articles, elle remporterait le livre par défaut si elle est en mesure d’acheter le prix de base. Je sais que vous avez de l’argent madame la mairesse, mais n’oubliez pas que trop en jeter pourrait vous mettre dans une situation relativement embêtante par la suite. Sachez que je suis prêt à vous aider à mettre la main sur le livre bien que mes fonds soient plus limités que les vôtres. Je sais que vous parviendrez à n’en ressortir que du bon pour Courage qui a bien besoin d’un bon coup à l’économie et à son prestige. Ceci étant dit, je doute que la gobeline soit particulièrement aisée, contrairement à mademoiselle Seaside qui de ce que j’ai entendu, a quelques cartes dans sa manche. Il nous reste donc de drakyn. Je ne l’ai jamais vu et je ne suis absolument pas au fait de sa richesse. Quoi qu’il en soit, je suis avec vous !
Il tenta de faire un petit sourire encourageant.
La gobeline quant à elle, semblait retenir des larmes de crocodiles.
—Mais comment vais-je pouvoir acheter tant de choses ? demanda-t-elle sans vraiment attendre de réponses. V-vous ne pouvez pas prendre notre trésor national de la sorte. C-c’est injuste.
L’ignorant, le majordome présenta alors le premier objet. Il s’agissait d’un terrain vierge et particulièrement vaste déténue par la famille de Montclay. Malheureusement, ils n’avaient pas encore eu le temps de construire la moindre chose dessus. Pourtant proche de la mer, un tel terrain pourrait être un bon investissement. Ainsi, le prix de départ fut assez élevé.
Et c’est ainsi que commença la lutte de la vente aux enchères dans l’espoir d’obtenir le livre des morts.
CENDRES
crédits : 8503
Info personnage
Race: Hybride (Femme/Corbeau)
Vocation: Mage Noire
Alignement: Neutre Mauvais
Rang: D
Message 4
La salle d'enchères était animée, les murmures et les chuchotements remplissant l'espace tandis que le majordome devenue le temps d'un soir commissaire-priseur annonçait les modalités de ventes. A cela, la Mairesse resta parfaitement stoique. Quand bien même elle epprouve quelques agacements, elle ne désirait pas le montrer ouvertement, gardant cette image de femme avenante qui avait été le vecteur de son succès ces dernieres années. Elle rassura Henry, lui garantissant qu'elle obtiendrait satisfaction.
Ainsi fut présenté le premier lot de la soirée : un vaste ensemble de terrains prometteurs. Aussitôt, les yeux de la Reine des Catins pétillèrent d'intérêt.
Seaside et le drakyn semblaient tous deux intéressés par l'offre, également, mais le drakyn restait prudent quant au montant qu'il était prêt à investir. Alors que chacun estimait l'intérêt ou non d'une telle acquisition, Bluefield se pencha vers Koraki, saisiSSANt l'occasion pour LUI exposer son idée. Avec ses collaborateurs, il avait en tête un projet ambitieux pour transformer cet endroit en une entreprise économiquement rentable dans quelques années, que ce soit par la construction d'hôtels luxueux ou d'autres infrastructures. Devant cet enthousiasmant projet immobilier, elle ne pouvait que sourire et acquiesser. Elle voyait le potentiel lucratif de l'entreprise et comprenait que son camarade pouvait réussir à créer quelque chose de grand. Cependant, elle savait aussi que Bluefield pouvait rencontrer des difficultés lors de l'enchère, au vu de sa bourse un brin plus limité que les autres, sans compter que cela le ferait récupérer la vente, au dépend de la politicienne.
Aussi, elle décida d'acheter le terrain elle-même, lui proposant de le lui offrir par la suite. Evidemment, elle ne ferait pas cela sans un accord mutuellement bénéfique, aussi le lui proposa t-elle en échange de 49% des actions de la future entreprise. Un sourire éclaira le visage de Bluefield face à cette proposition. Toutefois, il souhaitait aussi contribuer financièrement, épargnant ainsi en partie la trésorerie de la Mairesse. Il offrit alors de payer la moitié du prix d'achat du terrain en échange d'un soutien financier pendant les travaux. Aussi, elle n'obtiendrait que 30% des parts.
Koraki, jouant son rôle de politicienne, contre-attaqua en proposant que 35% des actions, et son engagement, en tant que maire, de promouvoir le lieu pour attirer le tourisme.
Finalement, après quelques allers-retours, un accord fut conclu. Bluefield accepta de payer une partie du prix d'achat et Koraki acquis le terrain avec succès, scellant au passage un partenariat prometteur avec son désormais coactionnaire. Ce fut une victoire pour les deux parties. Bluefield avait l'opportunité de réaliser son rêve de développer un lieu touristique prospère, tandis que Koraki avait acquis une position stratégique dans un projet potentiellement lucratif. Cette vente débutait bien.
Alors que le marteau tombait pour officialiser la vente aux enchères, un sentiment de satisfaction emplit la Putain. Que la suite arrive au plus vite !
Le deuxième lot était une paire de boucles d'oreilles magnifiques, incrustées de plusieurs pierres précieuses, étincelant sous les lumières de la salle d'enchères. Le majordome chargé de les présenter commença à raconter leur histoire fascinante.
- Mesdames et Messieurs, ces boucles d'oreilles ont traversé les âges, témoins d'un passé glorieux. Elles furent autrefois portées par une reine elfe, bien avant la fin de leur royaume.
Seaside était visiblement sous le charme des boucles d'oreilles, prête à débourser une somme considérable pour les ajouter à sa collection. En revanche, le drakyn paraissait plus réticent, hésitant à investir une somme importante dans ces bijoux. Koraki, quant à elle, sentait son intérêt grandir. Si le majordome disait vrai et que ces boucles d'oreilles avaient vraiment appartenu à une reine elfe, leur valeur historique pourrait les rendre inestimables. Elle décida de participer à la vente, bien plus agressivement que précédemment.
Les enchères débutèrent, les montants augmentant rapidement, alors que Seaside et Koraki se livraient une bataille acharnée pour remporter le lot. Finalement, l'hybride fit une offre qui fit taire la salle. Le marteau tomba et elle remporta les boucles d'oreilles. Elle les contempla un instant dans sa main, se réjouissain de cette acquisition, quand bien-même cela avait été une erreur stratégique que ne manquerait sûrement pas de relever Bluefield. Cependant, leur valeur esthétique et historique représentaient à eux-seuls les raisons de cet écart dans la prudence qu'elle c'était promise d'observer au court de cette vente aux enchères. Elle savait de plus que parfois, un simple bijou pouvait renfermer bien plus qu'une simple beauté.
Et puis ... S'ils avaient bel et bien appartenus à une reine, alors il était logique qu'ils ornent à nouveau celle d'une souveraine.
La tension montait alors que le troisième lot était dévoilé : une peinture d'histoire, un témoignage brutal des événements passés. Le majordome expliqua que cette toile avait été peinte lors de l'unification du reike par Tensai, lorsqu'il avait chargé sur la capitale. Une peinture sanglante, rappelant les jours sombres de l'histoire. Seaside, fidèle à la personnalité qu'elle avait dévoilée jusqu'à présent, afficha immédiatement son désintérêt pour ce qu'elle qualifia de "preuve du barbarisme de ces idiots de reikois". Malgré cela, elle décida de gonfler les prix pour ce lot, prenant plaisir à faire monter les enchères, même si elle n'avait pas l'intention de l'emporter. Le drakyn, quant à lui, semblait déterminé à récupérer cette peinture chargée d'histoire. Aussi, Koraki s'approcha de lui et lui proposa son aide. Il semblait méfiant au départ, mais face aux enchères orchestrées par Seaside, il finit par accepter l'aide étonamment désintéressée de la politicienne.
Oh, elle était bien consciente que Seaside cherchait à jouer avec les nerfs du drakyn et à augmenter le prix sans raison valable, mais elle avait ses raisons pour intervenir, souhaitant offrir son soutien à un riche dignitaires étrangers. On ne savait jamais lorsque ce genre de petites anecdotes pouvaient se révéler utile, même si l'évoquer lors d'un diner mondain à Ikusa semblait être la solution la plus évidente. Si elle doutait de s'attirer de s'attirer la sympa du reikois ici présent, elle ne doutait aucunement de ses propres capacités à en tirer partie lorsqu'elle serait à la cour de l'Impératrice. Les enchères se poursuivirent, et grâce à l'aide subtile de Koraki, le drakyn réussit finalement à obtenir la peinture, bien qu'à un prix plus élevé qu'il ne l'aurait souhaité.
Le quatrième lot fut ensuite dévoilé, un lot important de mobiliers coûteux. Seaside était de nouveau déterminée à l'obtenir, mais elle c'était attiré l'inimité de la Catin, et cette dernière ne comptait pas la laisser faire sans réagir. Elle savait que les meubles n'étaient pas de simples babioles républicaines, mais des pièces de grande valeur. Décidée à emmerder l'emmerdeuse, elle fit elle-même grimper les enchères, utilisant tant sa ruse que son sang-froid pour augmenter le prix à chaque offre, faisant monter la tension dans la salle d'enchères, alors que Seaside se révela visiblement agacée par cette compétition. Elle continuait à surenchérir après la Mairesse, proposition après proposition.
Finalement, le prix des meubles atteignit des sommets inattendus, mettant à rude épreuve la détermination de la jeune femme. Elle semblait hésiter, mais l'orgueil et la volonté de ne pas être défaite prirent le dessus, et elle remporta finalement le lot, bien qu'à un prix élevé pour de simples meubles, ne provoquant qu'un sourire vainqueur de la part de la Putain. Cela avait été amusant.
Et enfin ... Le cinquième lot. Une boîte mystère, petite mais intrigante, suscitant une curiosité presque palpable parmi les enchérisseurs. Le majordome avait pris soin de ne révéler aucun détail sur son contenu, laissant place à l'imagination et à l'espoir de quelque chose de précieux à l'intérieur.
Koraki, toujours adepte de stratégies originales, proposa une vente à la bougie. La salle fut alors plongée dans une ambiance mystérieuse, la flamme de la bougie dansant au rythme des mises. Seaside, semblant possédée par l'envie de découvrir ce que renfermait la boîte et fit une entrée fracassante en proposant un prix élevé dès le départ, ce à quoi répondit la Mairesse, elle-même fortement intriguée. Les enchères montèrent rapidement, les concurrents ne connaissant pourtant pas la nature du lot. Le drakyn, fidèle à sa prudence, refusa de s'embarquer dans cette incertitude et se retira de la course. Seaside, quant à elle, était déterminée à l'emporter, sans doute pour montrer sa détermination à Koraki et au autres concurrents ou pour satisfaire sa propre curiosité. Au fur et à mesure que la bougie s'amenuisait, les mises devenaient plus audacieuses. Seaside semblait prête à tout pour s'assurer d'avoir cette boîte entre les mains. Mais peut-être prise par l'excitation du jeu, elle fit une erreur tactique majeure en surenchérissant beaucoup trop à la fin.
Quand la flamme de la bougie vacilla et s'éteignit, signe de la fin de cette vente, l'humaine aux cheveux noir de jais était en effet l'heureuse gagnante du lot mystère. Cependant, son sourire triomphant s'atténua légèrement, car elle réalisa qu'elle avait dépensé beaucoup trop pour une boîte dont le contenu restait inconnu.
Koraki, observatrice, nota cette faiblesse momentanée chez sa principale concurrente, gageant que cette faute la mettrait en très grande difficulté pour la suite, mettant un frein à ses ambitions pour les prochains achats. Seaside fut ainsi mise hors-course. Ne restait plus que le Drakyn et la gobeline, qui c'était montrée particulièrement discrète et en retrait tout au long des enchères. Elle avait tenté quelques mises ici et là, mais avait rapidement abandonné, ne voulant pas prendre de risques inconsidérés. Au final, tout lui était passé sous le nez, mais elle semblait garder son calme, consciente que les opportunités se présenteraient de nouveau.
Ainsi s'acheva la première partie de cette vente aux enchères.
crédits : 1755
Après une courte pause durant laquelle de nouveaux rafraîchissements furent offerts aux invités et refusés par Courtney qui semblait légèrement perdue dans ses pensées. La dernière enchère semblait lui avoir infligé un sérieux coup au moral. Elle avait certes remporté le lot, mais s’était laissée prendre dans le petit tour de la mairesse. L’excitation de l’enchère, l’envie de sortir victorieuse. Finalement, elle avait perdu une somme rondelette. La curiosité de découvrir ce que cachait le lot mystère l’avait emporté sur tout bon sens. Aurait-elle seulement suffisamment de fonds pour parvenir jusqu’au bout ? Quoi qu’il en fût, elle avait ouvert la boite contenant le lot avant de la refermer sans le moindre mot. Le mystère derrière ce lot resterait donc total.
—Ca n’a pas l’air si mal parti que ça, laissa entendre Henry avec un sourire satisfait alors qu’il croqua à pleine dents un petit pain aux olives. Vous menez les enchères d’une main de maître. A cette vitesse, nous serons rentrés pour l’heure du dîner. D’ailleurs, je vous aurai bien invité à prendre une coupe de champagne, preuve de votre réussite, mais j’ai quelques obligations familiales ce soir.
Pendant cette courte pause, le drakyn s’approcha de la maîresse. Il lui expliqua brièvement qu’il lui était reconnaissant pour son aide de plus tôt.
—Je suis un peu un passionné d’histoire, expliqua-t-il d’un ton un peu bourru. Le fameux livre, je vous le laisserai. De toute manière, je n’ai pas les moyens de me l’approprier. La somme de l’enchère finale sera au-delà de mes espérances. Mais si je ne peux que l’admirer, ne serait-ce que de loin, j’en serai déjà heureux. Pour la peinture, elle m’était importante, je suis actuellement sur une thèse de l’histoire reikoise et je pense qu’elle me sera fort utile par la suite. Quoi qu’il en soit, encore merci.
Et finalement, le majordome s’approcha de la scène. Une fois tout le monde en place, il s’éclaircit la voix.
—Bien. Nous allons à présent poursuivre avec la suite de ces enchères. Puisque vous semblez tous prêts, voici le lot suivant.
On lui apporta un petit panier d’osier à l’intérieur duquel un petit ours en peluche rapiécé à plusieurs endroits semblait dormir paisiblement.
—Un ours en peluche ?! s’écria Courtney qui semblait se réveiller. Qui va payer pour une peluche ? Ou alors j’imagine que le prix de départ sera risible. C’est fourbe de votre part de compter sur notre affrontement pour gonfler les prix d’un objet si commun.
—Détrompez vous mademoiselle Seaside, répondit le majordome avec patience alors qu’il posait sa main sur le ventre de l’ourson. Parfois, les choses ont bien plus à nous offrir que leurs apparences. Allez mon grand, réveille toi.
Il secoua très doucement l’ours qui commença à s’étirer avant de se frotter les yeux de ses pattes. Un air triste sur le visage, il fixa la pièce avant de baisser de nouveau la tête.
—Un ours enchanté ? s’étonna Henry. C’est quel genre de magie ? Il vit vraiment ?
D’un hochement de tête, le majordome répondit.
—Il appartient à la famille depuis longtemps, mon maître l’a hérité de son père qui lui-même l’avait hérité de sa mère. Nous ne savons pas vraiment qui l’a conçu ni depuis quand il appartient à la famille, mais une chose est certaine. Il est bien vivant. Bien sûr, il possède une intelligence toute relative, semblable à celle d’un animal. Il peut se mouvoir de son propre arbitre et réclame des câlins. Il a toujours eu cet air un peu triste, mais il est très doux et saura combler le coeur de n’importe quel enfant. Ou alors, il pourrait servir à la recherche. Qui sait ce que l’on pourrait y trouver en le décousant.
A ces mots, l’ourson écarquilla légèrement les yeux et tenta de faire quelques pas pour s’écarter du majordome qui le rattrapa bien vite.
C’est ainsi que les enchères avaient débutés. Le prix de départ était relativement correct et après quelques mises, ce fût Koraki qui récupéra l’ourson à modeste prix. Une fois l’ourson entre ses bras ce dernier lui fît un câlin avec ses petites pattes toutes douces, ce qui ne manqua pas de laisser la mairesse sans voix quelques instants.
Ainsi, Koraki venait de récupérer suffisamment de lots pour participer à l’enchère la plus importante. Possédant son passe droit, elle assista au reste des enchères sans rien acheter de plus. Préservant ses ressources pour le combat final qui se tiendrait lieu le lendemain. Elle eut néanmoins la chance d’assister à une nouvelle déboire de Seaside. L’enchère suivante se révéla être des pièces d’or. Parmi les toutes premières frappées en République. Un véritable trésor national. Leur prix de départ était élevé, mais un tel trésor était de ceux qui prenait de la valeur au fil des années. Un véritable investissement.
Seaside s’empressa d’enchérir. Mais ce fût, à l’étonnement de tous, Henry qui leva la main. Proposant un prix défiant le sens commun.
—Mais quelle mouche vous a piqué ? laissa échapper l’humaine entre ses dents. De votre vivant, vous n’aurez jamais le luxe de les voir prendre suffisamment de valeur pour en tirer un bénéfice conséquent.
—Voyez vous mademoiselle Seaside, répondit avec calme l’homme. Bien que tous les deux aisés financièrement, pour rester humble, un immense fossé nous sépare. Je ne suis pas de ceux qui utilisent la République comme tremplin au profit de mes propres ambitions. Ce que je suis aujourd’hui, le patrimoine que je possède et la famille qui m’entoure, je le dois à notre nation. Notre glorieuse république. Je ne compte pas tirer de bénéfices de mon vivant de ces pièces. Elles rejoindront un musée avec d’autres reliques de notre passionnante histoire. Bien que certains aient oublié les enseignements de notre fondateur, ce n’est pas mon cas. J'œuvre pour une nation qui de par son commerce, son attractivité, son tourisme et j’en passe, rendra bien médiocre le Reike en comparaison. J’agis pour mes descendants, pour le futur de la République. Elle m’a vu naître et elle me verra m’éteindre dans ses bras. Mais j’aurai apporté ma pierre à l’édifice.
—Alors vous êtes un idiot.
Henry la coupa avant qu’elle n’eut le temps de continuer.
—Peut-être. Mais ne perdons pas de temps à débattre sur le sujet. La seule chose que vous avez besoin de savoir, c’est que les pièces sont à moi désormais. Vous ne pouvez vous permettre de dépenser autant pour les acquérir, auquel cas vous vous retrouveriez hors jeu face à notre mairesse adorée pour le livre. Mais ne vous en faites pas, si vous êtes polie et que vous arrivez à dire bonjour à l’entrée du musée, vous aurez tout le loisir de pouvoir les admirer. Avec les yeux uniquement.
Il se laissa aller à un petit sourire provocateur, lui enlevant au moins une dizaine d’années. Il se tourna ensuite vers Koraki avec un sourire plus sincère tandis que Seaside, livide, s’était figée sans le moindre mot.
—Je me suis peut-être laissé un peu emporter. Il faudra que je fasse attention à mes dépenses pour quelques temps mais je ne pouvais pas laisser passer cette occasion d’une première part. Mais surtout, je me refuse à savoir ce patrimoine de notre histoire entre les mains de cette harpie. J’espère que vous pourrez donner un peu de visibilité au musée, même si j’en demande beaucoup après ce petit caprice. Vous m’en voyez désolé.
Les enchères continuèrent et Koraki put asséner un dernier petit coup à son ennemie. Gonflant légèrement le prix de la dernière acquisition de l’humaine, Seaside n’eut d’autre choix que de dépenser plus que prévu.
Après ça, le drakyn acheta les deux derniers objets à bas prix alors que plus personne ne voulait s’opposer à lui.
Le majordome remercia alors les participants et les convia le lendemain à l’aube au même endroit pour l’enchère la plus importante de l’année. Le livre des morts. Sans plus de cérémonie, Seaside quitta les lieux.
Quelques minutes plus tard, sur le chemin du retour, Henry félicita de nouveau Koraki.
—Quel dommage que les spectateurs soient interdits. J’aurai bien aimé être présent pour vous voir clouer le bec une bonne fois pour toute à cette Seaside. Quoi qu’il en soit, madame la mairesse. (Il s’inclina avec un sourire.) Je m’en vais rejoindre ma famille. J’espère que vous me tiendrez au courant de ce qu’il se passera demain bien que je ne doute pas un seul instant de votre réussite. Quoi qu’il en soit, vous pouvez être sûr que je vous attendrais demain devant la maison où prendra vie l’enchère. Je suis bien trop curieux de savoir comment toute cette aventure va se conclure. Prenez soin de vous mademoiselle Exousia, et à demain !
Il la salua de nouveau et après quelques échanges de politesse, s’en alla d’un pas léger. Laissant à la mairesse le loisir de prendre un peu de repos avant la confrontation fatidique du lendemain.
CENDRES
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Un soupir de soulagement.
C'est bien là le seul geste de faiblesse que s'octroya la Mairesse lorsque, enfin, elle quitta le manoir des Montclay et qu'elle se retrouva seule. Cette enchère avait été des plus divertissante, sinon des plus stressante. Oh elle n'en avait rien montré, fidèle à elle-même, mais elle savait qu'elle avait commis quelques fautes de stratégie. Si elles ne concernaient pas l'argent, après tout elle avait des fonds suffisamment vastes pour lui permettre quelques folies de temps à autres, elle c'était par moment laissée aller à la passion grisante du jeu, se surprenant elle-même à se prêter à ce petit jeu de surenchère dont l'unique bût n'était que la satisfaction de la victoire. Elle comprenait mieux les dérives que pouvaient engendrer les jeux d'argent et la passion qu'ils pouvaient susciter. L'heure était néanmoins au bilan.
Elle avait acquis un terrain vaste et constructible sur lequel Bluefield viendrait aménager un complexe hôteliers qui allait dynamiser le tourisme et dont elle possèderait de 35% des actions. Pas assez pour être l'actionnaire majeure, mais elle en serait probablement l'actionnaire majoritaire. D'ici un an, les bénéfices se feraient sentir.
Elle avait acquis une paire de boucle d'oreille ayant jadis appartenu à une ancienne Reine Elfe. Un caprice autant qu'un message, pourrions nous dire pour qualifier cet achat. L'important serait avant tout de définir quelle Reine, exactement.
Elle avait aidé le Drakyn à acquérir cette peinture. Evidemment, là n'était pas une preuve éventuelle de sa générosité, même si elle le présenterait ainsi, mais bien un calcul politique. Un dignitaire reikois faisant le voyage jusqu' à Courage dans le bût de ramener au sein de la nation une portion de son histoire ne pouvait être n'importe qui au sein de l'Empire. Koraki n'avait aucun doute sur le fait que l'aide qu'elle lui avait apporté allait la servir lorsqu'elle se rendrait elle-même au Reike, d'ici quelques mois. Ce n'était pas quelque chose de commun que de voir ainsi une dignitaire républicaine porter assistance à un étranger reikois, aussi gageait elle que ce simple geste serait bien perçue par les autorités impériales.
Enfin, elle avait acquis un ours en peluche. Phrase qu'elle n'aurait jamais crut penser prononcer un dans sa vie. Un ours en peluche qui bouge ... Mais que lui était il passée par la tête ? Outre le fait qu'il s'agissait avant tout d'une acquisition facile lui permettant d'atteindre la seconde partie des enchères, elle avait, elle devait bien se l'avouer, pensé à Aviculo. Son cher enfant qui, peu à peu, semblait s'éloigner d'elle au profit d'une vulgaire putain domestique. Peut-être ce cadeau si singulier lui permettrait elle de récupérer la première place dans le cœur de son enfant ? Après tout, combien d'enfant pouvait se targuer d'avoir un tel objet en leur possession ? Et dans le cas contraire, alors cette petite garce ne perdrait rien pour attendre et il faudrait tout simplement régler le problème à la source.
Bluefiled c'était montré étonnamment bénéfique, ce soir. Ses conseils, son aide financière et ses quelques mouvements bien placés durant l'enchère avaient étés cruciaux. Aussi la Mairesse commença t-elle à éprouver une certaine forme de ... Sympathie. C'était un homme simple, mais intelligent, ne semblant rechercher que la sécurité des siens et le bien de la République. En soi, son tempérament prouvait qu'il ne serait jamais une menace pour Koraki, aussi pouvait elle se permettre de relâcher la paranoïa qu'elle ressentait d'ordinaire à l'égard d'autrui. Du moins, le concernant.
Que penser des autres participants ? Bien peu de chose, en vérité. La gobeline avait brillée par son absence, aussi son simple souvenir était un compliment que la Reine des Catins lui offrait. Le Drakyn lui avait assuré son soutien, prouvant qu'un brin de charité dispensé au bon moment ouvrait les portes du succès. En repensant avec quelle facilité elle avait obtenue son soutien, l'auguste dirigeante de Courage se serait sentit bien stupide d'avoir été jusqu'à user de sa magie contre lui. Ne restait donc que Seaside. Cette ... Petite effronté imbue d'elle-même et insupportable. Oh que oui, ce serait avec un plaisir malsain qu'elle l'écraserait dès l'aube suivante, elle le certifia à Bluefield. Et une fois qu'elle en aurait terminé avec elle, la présomptueuse brune n'oserait même plus porter son regard en direction de celle qui l'avait si aisément vaincue, en plus de toujours se rappeler que la politesse était une arme politique. Peut-être était ce là un mouvement bien inutile, cruel et imprudent, mais la Grande Putain s'en moquait. L'humaine lui avait fortement déplu, c'était aussi simple que cela.
Ainsi fini t-elle par rentrer chez elle, dans la Mairie qui dominait la cité tout comme elle-même dominait les âmes et les vies de ses habitants. Elle offrit l'ourson à son fils, qui ne se révéla pas être aussi enthousiaste qu'elle l'aurait souhaité, non sans la remercier sincèrement pour autant, scellant ainsi définitivement le destin de la domestique. Elle retourna dans le bureau qu'elle avait quitté en début de soirée et prit le temps de ranger les quelques documents concernant le terrain qu'elle venait d'acquérir, avant de les tendre à l'un de ses secrétaires. Tout serait fait dès les lendemain pour que les titres de propriétés soient transmis officiellement de Claymont à Koraki, puis d'elle-même à Bluefield, comme convenu. Elle passa ensuite plus d'une heure à achever les dossiers qu'elle avait abandonné pour suivre le ventripotent entrepreneur, avant de finalement se décider à aller se coucher. Après tout, elle aurait besoin de toute son énergie demain pour acquérir le précieux Livre des Morts et les quelques heures de sommeil qu'il lui restait seraient bien insuffisante. Autant ne pas les gaspiller à boucler des problèmes qui n'était pas urgent.
C'est ainsi qu'elle alla dans sa chambre.
Les lourds rideaux de soie encadraient les fenêtres, filtrant doucement la lueur de la lune qui pénétrait la pièce. À chaque pas, le tapis moelleux sous ses pieds semblait l'accueillir avec un confort indulgent. Une table délicate, couverte de bijoux étincelants et de parfums exquis, attendait près d'un grand miroir à cadre doré, sur lequel elle déposa le coffret contenant les inestimables boucles d'oreilles régaliennes. D'un geste élégant, elle fit glisser le collier en diamants autour de son cou, chaque gemme capturant la lueur tamisée et la renvoyant en mille éclats. L'effluve envoûtant d'un parfum rare imprégnait l'air alors qu'elle le vaporisait avec une délicatesse presque rituelle. Elle prenait le temps de chaque geste, appréciant le rituel apaisant qui précédait sa nuit.
Elle s'approcha de sa coiffeuse qui, les années passant, glissant lentement du statut d'alliée à celui d'ennemi, alors que les marques du temps s'imprégnait chaque jour un peu plus ce corps pourtant si parfait. Sa silhouette élégante se reflétait dans le miroir, ses yeux souhaitant exprimer la détermination et la satisfaction qui venaient d'ordinaire avec sa routine nocturne. Seulement, cela faisait déjà quelques semaines que cette routine était perturbée. Elle passait de plus en plus de temps à observer son reflet, à la recherche des ignominieux signe du vieillissement, rappels impitoyables de sa mortalité prochaine. Quelques soupirs s'échappèrent de sa bouche, mais pour une fois elle garda son calme. Dès demain, elle aurait en sa possession ce qui l'immuniserait totalement aux affres du temps. Paisiblement, elle commença donc par glisser lentement les épingles en diamants hors de ses cheveux, libérant les boucles argentés qui retombèrent en cascade sur ses épaules. Chaque mèche semblait briller à la lumière, encadrant son visage avec une grâce presque irréelle. Avec une concentration calme, elle attrapa une brosse en ivoire incrustée de pierres précieuses et commença à démêler doucement ses cheveux. Les gestes étaient minutieux, presque méditatifs, comme si chaque coup de brosse était un moyen de se détacher du tumulte de la journée et de se recentrer sur elle-même. Cette beauté avait été sa principale arme durant près de deux décennies. Sans elle, elle n'était plus rien. Et pourtant, cette dite beauté était fausse. C'était une image qu'elle avait crée pour tromper le monde autant qu'elle se trompait elle-même, oubliant parfois la véritable et monstrueuse apparence que l'univers lui avait donné à la naissance.
Une fois ses cheveux parfaitement lisses, elle se tourna vers les flacons de parfum exquis qui occupaient un coin de la coiffeuse. Elle prit le flacon en cristal taillé, déposant une goutte du liquide précieux sur ses poignets et derrière ses oreilles. L'arôme enivrant enveloppa son être, créant une aura de mystère et de raffinement qui la suivrait jusque dans ses rêves. Avec des gestes gracieux, elle ouvrit une boîte de bijoux en argent ciselé et en or incrusté de pierres précieuses. Elle choisit délibérément une paire de boucles d'oreilles étincelantes et un collier assorti, savourant le poids de chaque gemme alors qu'elle les disposait avec soin sur sa peau. Ce n'était pas recommandé que de s'endormir ainsi chargée, mais c'était une habitude qu'elle avait prise depuis longtemps et ne souhaitait pas en changer.
Finalement, elle prit un petit pot de crème pour le visage, massant doucement le produit sur sa peau avec des mouvements circulaires apaisants. Elle observa son propre reflet pendant ce rituel, ses yeux se verrouillant sur les détails de ses traits, ses lèvres s'étirant légèrement dans une expression de contentement. Bientôt, tout ces petits défauts qu'elle repérait ne seront que de l'histoire ancienne.
Avec une satisfaction évidente, elle se leva de la coiffeuse, ses ailes, larges et majestueuses, s'étendaient derrière elle, un spectacle d'une beauté presque surnaturelle.
Avec une grâce infinie, elle en caressa délicatement les plumes soyeuses, ses doigts effleurant chaque brin avec une tendresse respectueuse. Elles aussi avait grandement contribuées à son ascension, à l'époque où elle prétendait être un ange plutôt qu'un hybride. Nul doute que si la vérité avait éclaté au grand jour, les stupides habitants de cette cité n'auraient jamais voté pour elle, quand bien même la matriarche des Goldheart lui aurait apporté son soutien. Chaque plume était une œuvre d'art en soi, une symphonie de nuances de noir et d'ébène qui s'entremêlaient pour créer un tableau d'une beauté envoûtante. Elle les ajustait avec une précision méticuleuse, veillant à ce que chaque courbe et chaque angle s'alignent parfaitement, reflétant la perfection qui était inhérente à son être. Alors qu'elle s'occupait de ses ailes, une lueur d'orgueil dansait dans ses yeux dorés. Elle était consciente de la magnificence qu'elle incarnait, de la grâce divine qui se déployait à travers chacune de ses plumes. C'était là la seule beauté réelle qui habitait ce corps factice. L'éclat sombre qui s' en dégageait avait longtemps trompée les sens de interlocuteurs, beaucoup y voyant la preuve de sa nature angélique.
Les étoiles semblaient briller encore plus intensément alors qu'elle continuait son rituel nocturne. Ses mouvements étaient fluides, presque chorégraphiés, comme si elle dansait avec les cieux eux-mêmes. Finalement, elle acheva son travail, ses ailes s'étendant à leur pleine envergure, créant une toile de plumes sombres et brillantes qui semblaient prêtes à la porter vers les hauteurs les plus élevées. Un sourire léger flotta sur ses lèvres, une expression d'épanouissement et de contentement.
Finalement, ses pas légers traversèrent la pièce jusqu'à son lit à baldaquin richement décoré. Elle glissa entre les draps en satin, laissant la douceur du tissu la réconforter. Tout en fermant les yeux, elle laissait ses pensées errer entre les moments de la journée écoulée et les préoccupations qui l'attendaient demain. Malgré le luxe de sa chambre et la grâce de sa routine, elle portait le fardeau de son rang et de ses responsabilités. Mais pour l'instant, dans cet espace de tranquillité, elle trouvait un répit, se préparant à trouver le repos dans le doux enchevêtrement des rêves qui l'emporteraient loin de la réalité.
Demain, oui, demain elle aurait un immense pas en direction de l'immortalité.
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Dans la chambre de l’hybride la plus fortunée de Courage régnait un calme absolu. Le silence n’était brisé que lors de rares et brefs soupirs de la belle endormie. A rythme régulier, tel un engrenage éternel dont rien ne disposait à rencontrer sa fin. Dormant à poings fermés, Koraki Exousia, bien installée dans son lit au confort salvateur, ne se doutait pas le moindre instant de l’ombre qui, figée dans un coin de la pièce, la fixait avec un intérêt malsain. Encore quelques minutes, et elle agirait. Encore quelques minutes, et elle se laisserait aller à ses pulsions les plus enfouies. Peut-être devrait-elle prendre un peu d’avance ? Commencer avant le signal ? Elle en mourrait d’envie. Voir l’expression de cette femme qui se montrait si supérieure, si hautaine. Ce ne serait que juste rétribution. Une punition divine qui allait lui tomber dessus. Alors pourquoi ne devrait-elle pas en profiter un peu ?
L’ombre frissonna d’excitation, s’imaginant déjà en train de passer à l’action et ce ne fût qu’au prix d’une longue supplique intérieure qu’elle parvint à retrouver le contrôle de son esprit. Elle ne pouvait se permettre de se comporter de manière si peu réfléchie. Il y avait un temps pour les jeux et un temps pour le travail. Se laisser aller au plaisir immédiat la conduirait à subir un courroux qui n’en valait clairement pas le jeu. De toute manière, ce n’était l’histoire que de quelques minutes supplémentaires. Elle devait se montrer patiente. Encore un peu. Juste un tout petit peu. Il n’avait pas été chose aisée d’entrer au sein de la demeure la mieux gardée de la ville, et encore moins de cacher sa présence à la femme corbeau tout ce temps. Heureusement, le coup de pouce qu’elle avait reçu avait rendu la mission réalisable. Et maintenant, plus rien ne pouvait protéger la proie qui dormait avec son méprisable sourire d’assurance.
Une très fine lueur parvint aux yeux de l’ombre depuis la vitre. C’était le signal. Pour les trente prochaines minutes, aucun son ne pourrait sortir de cette pièce. L’ombre ne comprenait pas quel maléfice se trouvait derrière pareille aubaine, mais elle ne s’en souciait finalement guère. Tout ce qu’elle avait besoin de savoir, c’était que personne ne pourrait entendre les cris d’agonie de la mairesse. Elle serait son jouet pour les prochaines minutes. L’ombre n’avait aucune vue sur le corps de l’hybride, non, si elle était devenue chasseuse pour cette nuit, c’était pour deux raisons. La première était de lui ôter ce sourire de supériorité. Définitivement. La seconde, bien que cela lui déplaisait, était de suivre les ordres de la personne ayant commandité la récupération de ce maudit livre des morts. Elle lui avait demandé de dissuader l’hybride de s’en approcher. L’ombre détestait recevoir des ordres, mais même elle savait que son employeur ne laisserait pas passer le moindre échec.
Dans tous les cas, l’aiguille tournait et il ne tenait qu’à elle de se mettre en mouvement. D’un pas léger, l’ombre glissa en direction du lit de la maîresse. L’observant de toute sa hauteur, profitant de ce dernier instant jubilatoire, l’ombre fondit finalement sur elle. Elle sortit tout d’abord de sa veste une fiole contenant un liquide violacé qu’elle laissa couler le long des lèvres de sa proie. Cette mixture magique empêcherait Koraki de se défendre, rendant son corps amorphe et ses sens embrouillés. Elle ne serait pas en mesure d’utiliser sa magie ou de prendre la fuite. Ne perdant pas de temps supplémentaire, l’ombre noua les mains de l’hybride, la hissant à des accroches qu’elle avait préalablement cloué au plafond. Laissant ainsi Koraki à genoux sur son lit, les bras écartés, retenus par des cordes. Cette dernière entama alors son réveil tandis que l’ombre lui attrapa le visage par les joues. La forçant à soutenir son regard. Quel dommage que la potion l’empêcherait de tenir un discours cohérent. Elle allait devoir se contenter des cris de douleur. Une voix se fit entendre en provenance de l’ombre. Koraki avait l’esprit bien trop engourdi pour l’entendre clairement. Toutefois, c’était une voix familière.
—Vous vous êtes approchée de forces qui vous dépassent, madame la mairesse. Vous vous pensez invincible du haut de votre mairie, prenant les autres de haut. Regardez là. Si intelligente, si supérieure. Toujours un coup d’avance. Et celle-là, vous l’aviez vu venir ?
Une brûlure se fit sentir sur la joue de l’hybride. Visiblement, elle venait d’être giflée avec force.
—Ne vous approchez pas du livre des morts. Vous ne feriez qu’y laisser des plumes. Bien sûr, ce n’est pas seulement une métaphore. Je me demande combien je pourrais tirer d’un tel trésor, ce n’est pas tous les jours que l’on peut mettre la main sur de si belles plumes.
Une main passa sur les ailes de l’hybride. Les caressant du bout des doigts.
—Vous saviez, j’étais fan de vous il y a quelques années. Vous avez réussi malgré le trou dont vous sortiez. Peut-être le suis-je toujours. Ou peut-être est-ce la jalousie qui parle.
Une plume fût arrachée.
—Ou peut-être me suis-je simplement entouré de mauvaises personnes.
Une seconde plume fût arrachée.
—Ou tout simplement, je me cherche des excuses. Alors je cherche des responsables. Mais une chose est sûre madame la mairesse. Vous avez attiré le regard des mauvaises personnes.
Une troisième plume fût arrachée.
—Chantez pour moi, maître corbeau.
Et finalement, une aile fut empoignée à pleines mains alors qu’une dague frappa à la pousse de cette dernière. Une fois. Puis deux. Puis trois. Et rapidement, le nombre de coups fut impossible à comptabiliser. Seul subsistait la douleur. La sensation de se faire arracher une partie de soi. Comme un lien indéfectible qui se rompait progressivement. Et lorsque l’aile ne fût retenue que par quelques débris d’os, l’ombre l’empoigna fièrement, posant l’un de ses pieds sur le dos de Koraki. Avant de tirer d’un coup sec. Le crac sonore était de ceux qui pouvaient donner des envies de nausées. Du moins, si la douleur n’entravaient pas la totalité des pensées de la mairesse.
—Un véritable travail de boucher. Vous m’en voyez peiné. Je suis loin d’avoir la main sur ce genre de chirurgie. Vous aimeriez que ça s’arrête mais malheureusement, je dois encore récupérer sa soeur jumelle.
Le calvaire reprit alors. Sans laisser la moindre once de répit à la victime, le boucher recommença. Frappant tout d’abord de sa dague pour fragiliser les racines avant de tirer sa prise. Des gerbes de sang maquillèrent les murs de la pièce.
Koraki qui s’attendait alors à au moins un instant de répit, sentit un liquide couler le long de son dos. Ce dernier, aussi agréable que de la lave en fusion, lui arracha une douleur nouvelle.
—Pour éviter qu’il ne vous vienne l’idée saugrenue de chercher un guérisseur capable de vous rendre vos ailes qui font pourtant votre fierté. Cette douce mixture va empêcher totalement la moindre régénération. Bien sûr, vous allez en sentir les effets pour encore quelques jours, ce ne sera pas agréable. A présent, qu’est-ce que vous êtes ? Vous allez mourir comme un animal dans quelques années, sans même profiter de ce qui faisait votre caractère unique. Vous n’êtes pas humaine, pas non plus vraiment hybride. Vous n’êtes rien. Rien de plus qu’une pauvre femme esseulée. Une pauvre femme, qui restera loin du livre des morts.
Adieu. Koraki Exousia.
L’ombre se déplaça alors vers la fenêtre, avant de sortir prestement. Le maléfice se dissipa et la voix de Koraki pu se faire entendre au sein des différentes pièces de la demeure. Brisée, la mairesse de courage aurait-elle la force de s’en relever ?
Elle pouvait néanmoins trouver cette force dans un sentiment. Celui de la vengeance. Car bien vite, alors que la drogue commençait à disparaître, laissant également une part plus importante à la douleur, la mairesse de Courage put ressentir un étrange lien qu’elle tissait jusqu’à son agresseur. Après tout, elle s’en rendit compte, elle avait utilisé de sa magie pour la maudire un peu plus tôt dans la journée…
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Figée dans une réalité cauchemardesque et prise dans l'étau implacable de la douleur. Telle était la réalité qui s'imposa rapidement à son esprit engourdis, alors que chaque fibre de son être semblait en feu, torturée par une souffrance intense et insoutenable qui vrillait tant son esprit et son corps. Son souffle se brisait en sanglots rauques, alors que sa poitrine se soulevait dans des spasmes irréguliers, cherchant désespérément de l'air dans un monde qui semblait se rétrécir autour d'elle. Ou était-elle, exactement ? Elle pouvait encore sentir la douceur de son matelas et de la soie fine qui le recouvrait sous ses jambes nues, aussi ne devait elle pas avoir quitté sa chambre. Cependant, ses sens inhibés ne lui permettait pas de s'en assurer. Peut-être cela l'aurait-il rassurée que de se savoir encore dans un espace qu'elle était censé contrôlée, alors même qu'elle se trouvait dans une position des plus humiliantes, à la merci de celui qui l'avait drogué.
Comment était-ce possible ? Comment était-il entré dans sa chambre ? Si seulement elle était capable de réfléchir correctement, peut-être trouverait-elle la réponse. Seulement, en cette nuit, en cette heure, en cet état, il lui était tout simplement impossible d'aligner correctement ses pensées pour répondre à cette énigme. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était ressentir. Et ce qu'elle ressentait en ce moment, c'était la terreur. Elle la submergeait, dans un torrent de panique glacée qui gelait chaque parcelle de son être. Ses yeux, jadis vifs et pleins de détermination, étaient maintenant écarquillés d'effroi, reflétant la terreur insondable qui la submergeait, brumeux comme ceux de ses badauds qui pullulaient dans le port, à la tombée de la nuit. Les ténèbres de l'inconnu se resserraient autour d'elle, créant un abîme de désespoir dans lequel elle se sentait engloutie.
Chaque instant de torture lui arrachait des cris étouffés, des gémissements d'agonie qui s'échappaient de ses lèvres crispées. Son corps était pris dans des convulsions incontrôlables, une danse macabre orchestrée par la douleur dévorante qui la tourmentait sans pitié. Chaque battement de son cœur semblait être un rappel brutal de sa vulnérabilité, une preuve tangible de sa condition de victime impuissante. Le souffle difficile, elle gémissait à chaque plume qui lui était ôtée.
Impuissante.
Soumise.
Un vulgaire pion duquel en se servait, comme à l'époque où elle n'était qu'une simple et vulgaire trainée.
Des éclairs de souvenirs datant de cette époque pourtant pas si lointaine lui apparaissait avec fracas, son esprit vacillant entre la réalité et le chaos. Elle luttait pourtant pour rester ancré dans la réalité, pour rester consciente alors que sa perception se dissolvait lentement. Des pensées confuses se bousculaient dans sa tête, fragmentées par la douleur et le désespoir qui les entouraient. Les souvenirs s'entremêlaient, des images de jours plus lumineux semblant se dissoudre dans l'obscurité de l'instant présent. Son habituel sentiment de puissance s'étiolait, inexorablement, alors que les reliquat de sa beauté aviaire lui étaient arrachés, les uns après les autres.
La torture était une danse sadique qui pulvérisait ses défenses mentales, brisant sa volonté avec une cruauté déconcertante, alors que sa race, comme seul avantage que la nature avait accepter d'offrir, était censé être insensible à la douleur. Or, ici, ce n'était pas le cas. Elle ressentait tout, comme un nouveau né n'ayant jamais rien vécu. Les larmes ruisselaient sur ses joues, mêlant les larmes de douleur à celles de désespoir. Sa voix, autrefois forte et fière, était maintenant réduite à un murmure frêle et brisé, psalmodiant avec difficulté une vague prière désespérée pour que cela prenne fin. La notion du temps s'était effondrée, chaque seconde semblant une éternité, chaque instant devenant une souffrance infinie. Koraki était piégée dans une spirale descendante, une chute sans fin dans l'abîme de la douleur et de la terreur. Chaque pensée de résistance ou d'évasion était engloutie par la réalité implacable de son supplice. Le simple fait de vouloir tirer sur ses liens pour s'en défaire lui était impossible, elle était tout simplement trop faible pour cela.
Tout ce qui lui restait était la douleur, l'effroi et le désespoir. Chaque fibre de son être criait pour que cela cesse, pour qu'elle soit libérée de cette torture insensée. Mais dans l'obscurité suffocante de sa captivité, Koraki ne pouvait que se laisser submerger par le tourbillon de douleur et d'angoisse, en espérant désespérément que la fin viendrait bientôt.
Et elle le fut.
Enfin libre de ses liens, seule dans le sanctuaire de sa chambre.
Les larmes coulaient sans retenue sur ses joues, témoins silencieux de ce qui la consumait de l'intérieur. Sa respiration était saccadée, ses épaules tremblaient sous le poids du traumatisme qu'elle venait de subir. Savait-elle réellement, d'ailleurs, ce qu'elle venait de subir ? En réalité, non. Tout n'était plus qu'un vague brouillon d'images flou et de ressenti abstrait, le tout se tordant dans une danse qui manqua presque de la faire vomir. Heureusement, elle était trop faible pour cela. Mieux valait éviter de rajouter de l'humiliation sur l'humiliation. Elle tenta d'appeller au secours, mais aucun son de sortie de sa bouche, hormis un vague et ridicule souffle rauque plaintif. Elle était là, étendue sur le bord de son lit, comme la petite créature fragile et brisée qu'elle était. Son visage, autrefois empreint d'assurance, était maintenant voilé par une tristesse inconsolable. Ses yeux, autrefois vifs et énigmatiques, étaient embués de larmes et reflétaient une vulnérabilité qu'elle avait jusqu'alors dissimulée.
La douleur dans son dos était une constante, une sensation lancinante qui réveillait les souvenirs douloureux de son calvaire. Hésitante, elle tendit ses bras vers cette zone, explorant le terrain meurtri par les sévices qu'elle avait endurés. Un cri étouffé de douleur lui échappa alors qu'elle découvrait avec horreur que ce qui avait été la source de sa beauté et de son identité avait été arraché de son être. Ses ailes, autrefois majestueuses et gracieuses, n'étaient plus qu'un souvenir cruel, comme en témoignaient les plumes qui jonchaient le sol, alors que quelques heures avant elles étincelaient dans la lumière. A présent, il n'y avait plus qu'un vide, une absence qui la frappait comme une blessure.
Un hurlement de douleur et de désespoir s'échappa de ses lèvres, brisant le silence oppressant de la chambre. Koraki s'effondra sur le lit, ses sanglots secouant tout son être. Elle était perdue, déchirée entre la douleur physique et la souffrance émotionnelle qui la submergeait. Les images de son passé défilaient dans son esprit, chaque instant où ses ailes l'avaient portée vers le ciel, où elle avait ressenti la liberté de s'élever au-dessus des contraintes du monde. Maintenant, tout était parti. Elle n'était plus une véritable hybride, mais n'en était pas plus humaine pour autant. Elle n'était qu'une diminuée.
Une faible.
Le charme qui retenait ses cris s'estompa, alertant les quelques gardes et domestiques qui se trouvaient non-loin.
Dans un état second, elle sentit des mains douces la toucher, des voix familières tentant de la réconforter et de la soigner. Ses domestiques et ses gardes étaient là, à ses côtés, essayant de calmer les tourbillons d'émotions qui la tourmentaient. Leurs paroles résonnaient comme des murmures lointains, difficilement audibles à travers le tumulte qui régnait dans son esprit. Comment pouvait-il en être autrement, d'ailleurs ? Elle avait été meurtri de la plus cruelle des façons, dans le lieu le plus sécurisé de Courage. Ces ... Gardes inutiles, ces domestiques imbéciles ... Peut-être étaient-ils de mèches ? Peut-être que la confusion de leurs réactions, entre assistance et recherche actives du coupable à travers le palais municipal, n'étaient qu'une abjecte farce qu'ils continuaient de jouer pour tromper sa vigilance. Encore.
Des traitres ... Elle n'était entouré que de traitres.
Un médecin finit par arriver, sa présence flottant à la lisière de sa conscience ensevelit sous la rage la plus primale. Il fallut que quelques hommes se joignent à lui pour la maitriser, alors qu'on lui appliqua les premiers soins, nettoyant tant que faire ce peu les quelques plaies qui balafraient son dos. Il s'efforça de soigner les mutilations, tentant de refermer les plaies béantes qui étaient devenues les ultimes vestiges de ses ailes perdues. Chaque toucher était une souffrance, chaque point de suture semblait être une cruelle ironie qui marquait à jamais sa peau de cicatrices. Elle devait à nouveau rester là à subir, alors qu'on la contraignait par la force.
Les larmes continuaient de couler sur ses joues, inarrêtables, son cri de douleur mêlé à un cri de désespoir. Les questions qui lui étaient posées n'obtinrent aucune réponse, ce n'était que des mots indistincts qui atteignaient à peine son esprit brisé. Elle était incapable de répondre, emprisonnée dans un état de tourment qui semblait ne jamais vouloir la libérer. Ses subalternes tentèrent de la faire manger, de la faire boire, essayant désespérément de lui offrir un réconfort, une ancre dans cette tempête, mais tout ce qu'elle pouvait faire était de fixer le vide, perdue dans le labyrinthe de sa propre douleur.
Une heure, peut-être deux, passèrent dans un flou confus, le monde extérieur semblant se mélanger avec le tumulte intérieur de son esprit. Cependant, la rage ne la quitta pas. La fatigue ne réussissait pas à avoir raison d'elle. Les larmes avaient beau s'être tarie depuis un moment, son regard bouffie portait toujours en lui les traces d'une incommensurable rage, alors que son esprit se remettait doucement de l'expérience, parvenant peu à peu à réfléchir correctement. Lentement, elle se leva, les jambes encore tremblote et les membres faisant de même, se dirigeant avec difficulté vers la porte.
- Envoyez un message à la Maison Bleue. Que les Cents-Dorés se tiennent prêt ... Ordonna t-elle. Si la Mairesse de Courage avait put être atteinte, alors la Présidente pourrait aussi être une cible. Cela aura au moins le mérite de la mettre au courant.
- Madame, que faites-vous ? Vous devez ... Commença le médecin en s'interposant entre elle et la sortie. Cependant, il fut bientôt figé sur place lorsque Koraki, semblant commencer à perdre le contrôle, lui hurla dessus tel une bête enragé, le visage défiguré par une métamorphose qu'elle n'était plus en état de diriger correctement. Ses lèvres n'étaient rien de plus qu'un amas de chair, de bec à moitié formé et de dents acérés, surmontés d'yeux disproportionnés. Il lui semblait d'un coup bien inutile de cacher sa véritable apparence. En réalité, plus ne comptait à présent. Plus rien hormis ... Seaside. Car c'est bien elle qu'elle sentait.
- Elle à voulue goûter au pouvoir ... Déclara la mairesse d'une voix anormalement rauque. Alors je vais le lui faire goûter.
Ainsi quitta t-elle sa chambre, traversant le palais, ignorant tout ceux qui tentait de l'interpeller, avançant inexorablement en direction de sa cible.
Lorsqu'elle arriva finalement devant la villa de Seaside, il était évident que quelque chose avait radicalement changé en elle. Ses traits autrefois calmes et contrôlés semblaient désormais hantés, illuminés par un douce et glacial folie et qu'accompagnait un regard malsain qui aurait fait frémir même les plus braves. Elle se tenait là, immobile, devant cette demeure grandiose plongée dans le noir le plus complet, ne sachant pas elle-même ce qu'elle comptait véritablement faire.
Puis elle éclata de rire.
C'était tout sauf rassurant, tant il était dépourvu de la moindre trace d'humanité. Il résonnait comme une écho lugubre, un son qui aurait pu faire écho dans les cauchemars les plus sombres et les plus sinistres. C'était un rire qui défiait toute logique, qui semblait annoncer une folie insondable et une rage meurtrière. Toujours en riant, elle reprit sa course, franchissant les portes de la villa dans un déchainement de magie décomplexé, faisant éclater en un nuage de poussière et de débris les quelques passages qui lui était barré. Son rire glacé résonna dans l'air, se mêlant au grondement sinistre de sa magie noire qui dansait autour d'elle comme une ombre maléfique.
À l'intérieur, l'obscurité l'enveloppa, laissant seulement entrevoir la lueur malveillante de ses yeux. Son rire résonnait dans les murs, dans une cacophonie dérangeante qui semblait distordre la réalité elle-même. Elle se dirigea inexorablement vers la cave, où des voix semblaient murmurer dans l'ombre.
- SEASIDE ! Hurla t-elle en éclatant de rire.
Ce n'était plus la Koraki froide, manipulatrice et prudente que le monde avait prit l'habitude de voir. Ce n'était plus qu' une ombre, une bête sauvage. Son rire, froid et déformé, semblait un reflet parfait de son âme brisée. D'une âme qui ne souhaitait qu'une seule chose : la vengeance la plus cruelle et la plus brutale qui soit.
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C’était dans la douleur et avec bien des difficultés qu’Henry Bluewatch ouvrit les yeux ce soir-là. Assis sur un sofa de cuir sombre qu’il ne reconnaissait pas, il remarqua qu’il portait toujours son fidèle pyjama à rayures qu’il avait enfilé avant d’aller au lit. Dans ses souvenirs un brun troubles, il se voyait rejoindre sa compagne pour profiter d’une longue nuit de sommeil bien mérité mais de toute évidence, s’il se retrouvait ici, dans un environnement inconnu avec une migraine pareille, pouvait-il réellement garder une confiance aveugle envers ses souvenirs ? Glissant une main à l’arrière de son crâne, il y sentit une belle bosse. Preuve qu’il avait certainement dû faire face à un contretemps avant de se rendre au lit.
Pourtant, le fier maître des travaux ne sembla pas réagir avec la panique adéquate à pareille situation. Après tout, ce n’était pas la première fois qu’il se retrouvait en pareille situation. Et à moins que la sénilité de l’âge ne l’ait déjà rattrapé, l’homme était certain que ce ne serait pas la dernière fois qu’il se retrouverait en pareille difficulté. Tout avait commencé il y a quelques jours de cela, lorsque, en rentrant d’une longue journée de travail à construire le futur de Courage, il s’était retrouvé nez à nez avec une étrange enveloppe sur le pas de sa porte scellée par un sceau violacé. Henry n’était pas dupe, il savait qu’il avait quelques concurrents mais il savait également jouer ses cartes de manière suffisamment planifiée pour n’avoir aucun ennemi mortel. Ou du moins, aucun ennemi en mesure de l’atteindre. Et pourtant, cette enveloppe ne lui avait fait ressentir qu’effroi. Quelque chose clochait avec cette dernière et ce n’était qu’après l’avoir ouverte qu’il avait pu y trouver le doigt de son fils couplé à une lettre d’avertissement.
Revenant au présent, Bluewatch inspecta la pièce dans laquelle il se trouvait. Les tapis de velours ne le trompèrent pas, l’absence de vitres avec l’humidité et le frais qu’il ressentait lui avait tout de suite fait comprendre qu’il se trouvait dans une cave. Quant à laquelle, le mystère restait complet. Son regard parcourut la pièce et s’attella tout d’abord sur un simple bureau sur lequel jonchait quelques documents ici et là. A droite de ce dernier se trouvait l’unique porte de sortie dont il ne prit même pas la peine d’en tester le verrou. De toute manière, il était bien trop diminué pour se relever totalement. Et puis, il aurait été bien mal avisé d’ignorer plus longtemps son hôte. Soupirant longuement, il fit face à une femme, assise derrière une table à l’opposée du sofa. A moitié dans l’ombre, elle agitait une cuillère argentée sur les rebords de la tasse qu’elle tenait. Probablement du thé. Mais Henry n’était pas prêt à mettre sa main au feu sur la question.
—J’ai fait ce que vous aviez demandé, dit-il alors encore nauséeux. Je ne vois pas dans quel monde Koraki ne mettra pas la main sur le livre des morts maintenant qu’elle a un avantage financier sur les autres participants. Alors finissons en et rendez moi mon fils à présent.
—Vous ne vous sentez pas mal à l’idée d’avoir emmené votre fameuse idole de Courage droit dans un piège ? demanda alors la femme alors qu’un large sourire dévoilait des dents d’un blanc éclatant. Trop blanc pour être naturel.
Un juron parcourut l’esprit de l’homme qui parvint finalement à se contenir. Fermant les yeux, il lutta contre la douleur pour sourire.
—Un piège ? Qu’est ce que vous vous imaginez là ? S’il y a bien une républicaine qui peut dompter ce maudit livre, c’est Koraki Exousia. Je ne me fais pas trop d’inquiétude à son sujet. Elle a su prouvé au fil des années qu’elle avait largement plus que la tête sur les épaules. Si vous pensez qu’un pauvre petit livre shoumeien va lui faire perdre la boule, vous êtes complètement perdue pauvre femme. Je savais que ce n’était pas un mal et puis lorsque madame la mairesse a une idée derrière la tête, rien ne peut l’en dissuader. Avec mon aide ou non, elle aurait terminé par mettre la main dessus.
—Je vois. Vous semblez la tenir en haute estime. Si seulement vous saviez le quart de ce que je sais à son sujet, elle est loin d’être la mairesse sans reproche que vous semblez vous imaginer.
—Je vous arrête tout de suite, sorcière, la coupa l’homme d'affaires en fronçant légèrement les sourcils. Je vous prierai de ne pas me prendre pour plus bête que je ne suis. Je suis un idéaliste certes, je n’en reste pas moins un républicain. Évidemment que madame Exousia a quelques affaires louches qui la suivent. Tout comme chaque politicien. Et oui, ça se voit qu’elle en veut, Courage n’est pas seulement son objectif à long terme. Sa propre réussite lui importe également beaucoup. Mais, eh. A qui pourrait-on jeter la pierre pour ça ? Lorsque j’ai fondé mon empire à la sueur de mon front, en commençant à travailler moi même sur les chantiers, je rêvais moi aussi de m’élever comme tout bon républicain. Koraki n’est pas si différente et je sais qu’elle est partie de très bas. C’est pour ça que j’ai un immense respect pour elle et qu’elle pourra toujours compter sur mon soutien. Oui, elle trempe certainement dans des affaires louches dont je n’ai pas connaissance, oui elle a peut-être un plan derrière la tête avec le livre shoumeien. La belle affaire. La réalité, c’est que tant que la femme que je respecte en tant que mairesse continue de faire prospérer ma ville de coeur, je me contrefiche qu’elle fasse quelques poignées de mains obscurs sous la cape. Je vous le redis, ici vous êtes en République. Vous êtes trop jeune d’au moins cent ans pour m’apprendre comment fonctionne les complots et pots de vins. (Il lui lança un regard perçant.) J’ai fait ce que vous attendiez de moi. Un accord est un accord. Rendez-moi mon fils. Oh et un dernier petit conseil. Vous feriez bien de ne pas sous-estimer la mairesse de cette ville. Vous pourriez tomber de très haut.
La femme se pinça les lèvres. Comment cette vermine si insignifiante, si dépourvue de pouvoir, du vrai pouvoir, pouvait oser la remettre en question ? Les larves irréfléchies méritaient d’être punies. Serrant doucement la cuillère entre ses mains, la femme se stoppa alors que la porte s’ouvrit. Il s’agissait de Seaside qui venait de rentrer. Elle semblait sortir de la douche et son expression était pour le moins caverneuse.
—J’ai fait comme vous aviez demandé, dit alors l’humaine d’une petite voix. Évitant le regard de celle qui semblait être la commanditaire de sa petite sortie nocturne.
—Bien. Délicieux. A-t-elle crié ? S’est-elle tordue de douleur ? A t-elle pleuré ?
—Un peu… répondit Courtney d’un ton évasif. Etait-ce nécessaire d’en arriver là ? Si vous vouliez la mettre hors course pour le livre, avec vos pouvoirs, vous auriez pu l’endormir pour longtemps. Ou juste voler le livre à la famille Montclay.
La sorcière secoua son doigt doucement.
—Allons. Allons. N’es-tu pas heureuse d’avoir pu rabattre son sourire ?
—Je ne sais plus trop, répondit Seaside en déglutissant. Je la déteste. Oui c’est ça. Donc c’était une bonne chose qu’elle paye.
Henry secoua doucement la tête.
—Je ne sais pas ce que vous lui avez fait Seaside. Mais je sens le regret dans votre ton. Si vous avez fait du mal à la mairesse, vous ne serez plus en sûreté nulle part en République. Vous n’êtes pas un ange, mais vous n’êtes pas non plus une criminelle de bas étage. Qu’est-ce qu’il vous est passé par la tête ?
Le regard de Seaside se posa sur la sorcière avec terreur avant de tourner la tête.
Elle ne trouva pas de raison à donner à Henry. Et alors que ce dernier allait la presser, la porte vola en éclat avec un cri à glacer le sang.
La véritable sorcière de Courage venait d’arriver.
Courtney commença à être prise de panique. Elle venait de comprendre que sa fin approchait à grand pas. Elle supplia directement la femme qui buvait toujours son thé.
V-vous aviez dit que vous me prendriez sous mon aile si je lui arrachais les siennes ! F-faites quelque chose !
La femme n’eut pour seule réponse qu’une longue gorgée de thé. Puis finalement, alors qu’un délicieux sourire se dessina sur ses lèvres :
—L’actrice principale vient d’entrer sur la scène. Enchantée mademoiselle Exousia. Votre proie vous attendait. Faites vous plaisir.
Trahie, Seaside fixa longuement la sorcière. Les mots ne venaient plus. Il n’y avait plus rien. Lentement, les larmes lui montèrent alors qu’elle tomba à genoux. Impuissante. Prête à se faire dévorer.
Henry qui voyait bien ce qui allait se passer, ferma les yeux en détournant le regard. Peiné par Seaside, il comprenait néanmoins que ce n’était que juste retour des choses.
Koraki allait pouvoir laisser déverser sa colère.
CENDRES
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Info personnage
Race: Hybride (Femme/Corbeau)
Vocation: Mage Noire
Alignement: Neutre Mauvais
Rang: D
Et cette colère, elle se deversait sans aucune pitié.
Faisant fit de la présence de cette étrange femme et de Bluewatch, la Reine des Catins, habituellement si calme et maîtrisée, se laissait submergée par une rage brûlante et primitive lorsque ses yeux se posèrent sur Seaside. Ses yeux, jadis empreints de détermination, étaient désormais obscurcis par la colère pure, ses pensées inondés par le doux et puissant désir de vengeance. Elle fixa sa proie, son ennemi juré, avec une détermination féroce. Dans un élan d'une force bestiale, elle se lança en avant, ses pouvoirs déferlant autour d'elle comme une tempête dévastatrice. Chaque parcelle de sa puissance fut invoquée, libérée dans un déchaînement sauvage et sans retenue.
La décence, la retenue, toute notion de limites semblaient s'évanouir dans ce tourbillon de fureur. Il n'y avait plus que l'instinct primaire de la vengeance, le besoin impérieux de voir justice rendue. Ses pouvoirs rugissaient, éclatant en énergie brute, déchirant l'espace autour d'elle, tandis que sa propre voix suivait le même chemin. Des éclairs de pure magie noire dansaient autour de ses mains, où chaque mouvement était une ode à sa propre puissance et chaque éclair de magie une manifestation de sa rage incontrôlable. La scène semblait figée dans un tourbillon temporel, un instant où tout autre sentiment ou considération était anéanti par cette force brute, cet ouragan d'émotions tourmentées.des tourbillons d'énergie céleste s'enroulaient autour de son corps en une aura flamboyante.
Rien d'autre ne comptait à cet instant. Il n'y avait ni pitié, ni hésitation. Seule la nécessité inébranlable de punir, de réclamer justice, de faire souffrir cette garce, dominait son esprit.
Puis, tout aussi soudainement qu'elle était entrée dans cet état de frénésie, Koraki sembla retrouver un semblant de calme. Ses pouvoirs diminuèrent, laissant derrière eux un silence lourd et tendu. Elle se tint là, respirant profondément, ses traits crispés se relâchant lentement alors que la tempête de sa colère s'apaisait enfin. Du corps de la petite garce, il ne restait qu'une flaque sanguinolente d'organes éparpillés et de de chair démembrée.
La respiration saccadée, ses yeux ignomineux se tournèrent enfin vers la véritable responsable de tout ses évènements. Tendant en sa direction l'un de ses doigts anormalement tordu, elle exigea d'une voix que sa métamorphose imparfaite autant que son esprit dérangé rendait difficile à intelectualiser avec des mots :
- Toi ... Nom ... Et pourquoi Bluewatch être là ?
Décidemment, cette soirée était interminable. Allait-on enfin assister au dernier soubresaut de cette farce ?
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