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Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
Messages : 240
crédits : 387
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La nomade sous le toit
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La nomade sous le toit
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L’atelier de mademoiselle de Noirvitrail était situé dans la partie la plus isolée du manoir de la famille, dans l’une des ailes qui avait autrefois abrité une branche éloignée du clan. C’était dans cet endroit désaffecté, à l’abri des regards indiscrets – et surtout ceux des branches mineures du clan – qu’elle avait installé son atelier de travail. Fermé à clef et soigneusement défendu par des enchantements de protection, aucun Noirvitrail n’osait y pénétrer sans son accord. C’était probablement le seul espace au monde dans lequel elle pouvait être elle-même. Le seul endroit dans lequel aucun Noirvitrail ne pouvait l’atteindre.
Son atelier était un assemblage de grandes et de petites pièces regroupées en une grappe plus ou moins organique formant un labyrinthe étrange. Il s’agissait d’un espace au sein du manoir qui avait été créé par l’agrégation des pièces des différentes familles depuis que les Noirvitrail avaient mis le pied à Justice. Petit à petit, l’extension de ce qui était désormais le manoir des Noirvitrail avait permis l’apparition d’ailes à l’architecture hybride, fruit des expérimentations progressives d’un peuple qui tentait de préserver sa culture au sein des terres républicaines, puis, de générations en générations, s’était acculturé à la civilisation qui l’avait accueilli.
Athénaïs aimait cet endroit. Il lui ressemblait, du moins, après quelques ajustements ça-et-là. Il était devenu, après des années de travail, un petit cocon douillet plein de matériel et de créations diverses et variées. Tout ce qu’Athénaïs possédait se trouvait dans ce sanctuaire à plusieurs niveaux et aux pièces disparates : des tonneaux remplis de flèches à son plan de travail, en passant par sa forge, ses râteliers, ou même son lit. La grande majorité de ce qu’elle pouvait invoquer se trouvait entre ces murs, soigneusement rangés dans des casiers, organisés sur les étagères ou suspendus à des filets. La demoiselle mettait un point d’honneur à ce que le lieu, bien que fourmillant de petites curiosités, reste agréable à vivre et soit à l’image de son esprit : un temple de sérénité.
Enfin, ça, c’était sans compter ses sœurs et leur fâcheuse tendance à tout réorganiser derrière elle.
Six sœurs jumelles … Six tempêtes dans sa vie et pourtant, elle ne pouvait imaginer son existence sans elles.
Il y avait tout d’abord Eulalie, la courageuse et volontaire. Elle était la première à foncer dans les ennuis et n’avait jamais hésité à faire entendre sa voix face aux injustices. Des six sœurs, elle était la plus téméraire et c’était tout naturellement que le ruban rouge lui était revenu, à l’image de son esprit enflammé. Venait ensuite Augusta, logique, raisonnée et appliquée ; celle qui était capable de tempérer les ardeurs de son ainée. Augusta était peu loquace, mais souriante et aimable, préférant passer sa journée dans les livres et les manuscrits. Des six, elle était la plus érudite et portait avec élégance le ruban vert. Venait Chrysabelle, l’artiste. Probablement la plus douée et la plus inventive de toutes, mais fière comme pas deux et ne supportant pas de perdre son temps en bavardages. Elle portait le ruban violet, comme preuve de sa virtuosité, mais aussi de son caractère changeant. Des six, Nicée était de loin la plus timide. Douce comme un nuage de lait, mais angoissée comme jamais à l’idée d’interagir avec des gens, elle était une petite boule de bonheur dans la vie d’Athénaïs. Elle était de loin la plus douée pour les tâches requérant de la patience et de la délicatesse, quand sa sœur ainée était plutôt dans le jaillissement et l’instant de génie. Elle portait le ruban cyan, preuve de sa douceur et de son tempérament délicat. Venait ensuite Myrthelle, qui a elle seule était un poème. Joueuse, pétillante et incontrôlable, elle était ce grain de folie et d’humour qui égayait les longues soirées d’étude et de travail. Peu portée sur les choses trop sérieuses, elle était clairement la plus douée pour se faire un tas d’amis. Myrthelle portait le ruban orange, eut égard à son tempérament enjoué et tenant plus d’un rayon de soleil dans la vie des gens. Enfin, restait Théodora, qui par sa personnalité, était capable de canaliser les énergies dispersées des sœurs. Fine psychologue, elle connaissait parfaitement ses sœurs et savait les mener par le bout du nez pour les faire avancer dans la bonne direction. De toute, elle avait l’âme d’une commandante et savait parfaitement tenir sous la pression grâce à son attitude affable et mesurée.
Six sœurs … toutes différentes. Et pourtant, si semblables à l’originale …
Lorsque Athénaïs ouvrit la clef de son sanctuaire, c’était peut être … la troisième fois au cours de son existence qu’elle ouvrait la porte de son atelier à une étrangère. La pièce principale sentait bon l’encens au bois de santal, signe qu’Augusta était passée par là il n’y a pas longtemps. La nomade – Parwan – était sur ses talons, l’ayant patiemment suivie jusqu’à chez elle. Durant tout le trajet, la magicienne n’avait que peu parlé. Son esprit était préoccupé, focalisé sur le fait d’imaginer les multiples scénarios qui pouvaient se dérouler une fois la nomade dans son atelier. Qu’en penseraient ses sœurs ? Etaient-elles présentes ? Et si elles lui faisaient mauvais accueil ? Et si la nomade n’aimait pas ses sœurs ? Et si elle posait des questions sur leur nature véritable ? Les questions s’amoncelaient et se bousculaient dans sa tête si bien qu’elle arriva à la conclusion qu’il valait mieux, tout simplement, que ses sœurs ne soient pas là.
Oui … tout simplement …
« Bienvenue chez moi, Palouane Sahriki. dit-elle dans un sourire. Mettez-vous à l’aise, je vais nous préparer du thé. »
Elle n’en avait pas l’air comme cela, mais Athénaïs de Noirvitrail, fière représentante du clan Noirvitrail … cherchait à gagner du temps. Oh, pas grand-chose. Juste le temps de s’assurer que ses sœurs ne trainaient pas dans le coin. La dernière des choses dont elle avait envie, c’était bien de les avoir dans les pattes. Bien entendu, elle les aimait, de tout son cœur … mais pour une fois, elle avait une invitée rien qu’à elle et elle ne se sentait pas l’envie de la partager et …
*Bonk*
Il y eut un bruit de casserole tombant sur le sol. La jeune femme sursauta et s’enfuit vers la cuisine de l’atelier, en agitant les bras et en parlant d’un air prit entre la panique et la panique. Par les étoiles, pourvu que …
« Oh la la ! Par les étoiles, tout est mal rangé ici. Désolée, je vais arranger ça. Ne bougez pas, c’est probablement un plat qui était en équilibre et qui est … hum … tombé. Probablement ! Assurément ! Indubitablement ! Ne bougez pas, laissez-moi faire. Mettez-vous … à l’aise. Touchez à tout et … non, non, ne touchez à rien. Enfin … non ! Pas à rien. Touchez si vous le souhaitez, mais pas trop. Enfin. Faites comme vous voulez et … non, désolée, je ne veux pas vous obliger à quoi que ce soit et … aaaaaaah ! Je reviens ! »
La fière et composée héritière des Noirvitrail s’enfuit vers la cuisine improvisée de son atelier, au fond de son labyrinthe. Traversant les espaces, gravissant les marches et tournant au moins trois fois, elle finit par trouver la cuisine et …
Ses sœurs …
Myrthelle et Chrysabelle, se battant pour une part de tarte. Augusta et Nicée, tentant désespérément de tenir à bout de bras une pile de casseroles à moitié en train de s’effondrer. Augusta et Théodora, les bras chargés de couverts de cuisine.
« Mais qu’est-ce que … ! »s’exclama-t-elle.
Elle n’eut cependant pas le temps de poser la moindre question qu’Augusta laissa tomber de ses bras les couverts, qui se répandirent sur le sol dans des cliquetis sonores et assourdissants. Les bruits furent à peine couverts par le chambardement sonore des casseroles qui se renversèrent au même instant. Les sœurs émirent des cris de panique étouffés. Athénaïs paniqua. Tout le monde paniqua et s’agita dans tous les sens, dans un ballet muet !
Un véritable cauchemar en cuisine.
Son atelier était un assemblage de grandes et de petites pièces regroupées en une grappe plus ou moins organique formant un labyrinthe étrange. Il s’agissait d’un espace au sein du manoir qui avait été créé par l’agrégation des pièces des différentes familles depuis que les Noirvitrail avaient mis le pied à Justice. Petit à petit, l’extension de ce qui était désormais le manoir des Noirvitrail avait permis l’apparition d’ailes à l’architecture hybride, fruit des expérimentations progressives d’un peuple qui tentait de préserver sa culture au sein des terres républicaines, puis, de générations en générations, s’était acculturé à la civilisation qui l’avait accueilli.
Athénaïs aimait cet endroit. Il lui ressemblait, du moins, après quelques ajustements ça-et-là. Il était devenu, après des années de travail, un petit cocon douillet plein de matériel et de créations diverses et variées. Tout ce qu’Athénaïs possédait se trouvait dans ce sanctuaire à plusieurs niveaux et aux pièces disparates : des tonneaux remplis de flèches à son plan de travail, en passant par sa forge, ses râteliers, ou même son lit. La grande majorité de ce qu’elle pouvait invoquer se trouvait entre ces murs, soigneusement rangés dans des casiers, organisés sur les étagères ou suspendus à des filets. La demoiselle mettait un point d’honneur à ce que le lieu, bien que fourmillant de petites curiosités, reste agréable à vivre et soit à l’image de son esprit : un temple de sérénité.
Enfin, ça, c’était sans compter ses sœurs et leur fâcheuse tendance à tout réorganiser derrière elle.
Six sœurs jumelles … Six tempêtes dans sa vie et pourtant, elle ne pouvait imaginer son existence sans elles.
Il y avait tout d’abord Eulalie, la courageuse et volontaire. Elle était la première à foncer dans les ennuis et n’avait jamais hésité à faire entendre sa voix face aux injustices. Des six sœurs, elle était la plus téméraire et c’était tout naturellement que le ruban rouge lui était revenu, à l’image de son esprit enflammé. Venait ensuite Augusta, logique, raisonnée et appliquée ; celle qui était capable de tempérer les ardeurs de son ainée. Augusta était peu loquace, mais souriante et aimable, préférant passer sa journée dans les livres et les manuscrits. Des six, elle était la plus érudite et portait avec élégance le ruban vert. Venait Chrysabelle, l’artiste. Probablement la plus douée et la plus inventive de toutes, mais fière comme pas deux et ne supportant pas de perdre son temps en bavardages. Elle portait le ruban violet, comme preuve de sa virtuosité, mais aussi de son caractère changeant. Des six, Nicée était de loin la plus timide. Douce comme un nuage de lait, mais angoissée comme jamais à l’idée d’interagir avec des gens, elle était une petite boule de bonheur dans la vie d’Athénaïs. Elle était de loin la plus douée pour les tâches requérant de la patience et de la délicatesse, quand sa sœur ainée était plutôt dans le jaillissement et l’instant de génie. Elle portait le ruban cyan, preuve de sa douceur et de son tempérament délicat. Venait ensuite Myrthelle, qui a elle seule était un poème. Joueuse, pétillante et incontrôlable, elle était ce grain de folie et d’humour qui égayait les longues soirées d’étude et de travail. Peu portée sur les choses trop sérieuses, elle était clairement la plus douée pour se faire un tas d’amis. Myrthelle portait le ruban orange, eut égard à son tempérament enjoué et tenant plus d’un rayon de soleil dans la vie des gens. Enfin, restait Théodora, qui par sa personnalité, était capable de canaliser les énergies dispersées des sœurs. Fine psychologue, elle connaissait parfaitement ses sœurs et savait les mener par le bout du nez pour les faire avancer dans la bonne direction. De toute, elle avait l’âme d’une commandante et savait parfaitement tenir sous la pression grâce à son attitude affable et mesurée.
Six sœurs … toutes différentes. Et pourtant, si semblables à l’originale …
Lorsque Athénaïs ouvrit la clef de son sanctuaire, c’était peut être … la troisième fois au cours de son existence qu’elle ouvrait la porte de son atelier à une étrangère. La pièce principale sentait bon l’encens au bois de santal, signe qu’Augusta était passée par là il n’y a pas longtemps. La nomade – Parwan – était sur ses talons, l’ayant patiemment suivie jusqu’à chez elle. Durant tout le trajet, la magicienne n’avait que peu parlé. Son esprit était préoccupé, focalisé sur le fait d’imaginer les multiples scénarios qui pouvaient se dérouler une fois la nomade dans son atelier. Qu’en penseraient ses sœurs ? Etaient-elles présentes ? Et si elles lui faisaient mauvais accueil ? Et si la nomade n’aimait pas ses sœurs ? Et si elle posait des questions sur leur nature véritable ? Les questions s’amoncelaient et se bousculaient dans sa tête si bien qu’elle arriva à la conclusion qu’il valait mieux, tout simplement, que ses sœurs ne soient pas là.
Oui … tout simplement …
« Bienvenue chez moi, Palouane Sahriki. dit-elle dans un sourire. Mettez-vous à l’aise, je vais nous préparer du thé. »
Elle n’en avait pas l’air comme cela, mais Athénaïs de Noirvitrail, fière représentante du clan Noirvitrail … cherchait à gagner du temps. Oh, pas grand-chose. Juste le temps de s’assurer que ses sœurs ne trainaient pas dans le coin. La dernière des choses dont elle avait envie, c’était bien de les avoir dans les pattes. Bien entendu, elle les aimait, de tout son cœur … mais pour une fois, elle avait une invitée rien qu’à elle et elle ne se sentait pas l’envie de la partager et …
*Bonk*
Il y eut un bruit de casserole tombant sur le sol. La jeune femme sursauta et s’enfuit vers la cuisine de l’atelier, en agitant les bras et en parlant d’un air prit entre la panique et la panique. Par les étoiles, pourvu que …
« Oh la la ! Par les étoiles, tout est mal rangé ici. Désolée, je vais arranger ça. Ne bougez pas, c’est probablement un plat qui était en équilibre et qui est … hum … tombé. Probablement ! Assurément ! Indubitablement ! Ne bougez pas, laissez-moi faire. Mettez-vous … à l’aise. Touchez à tout et … non, non, ne touchez à rien. Enfin … non ! Pas à rien. Touchez si vous le souhaitez, mais pas trop. Enfin. Faites comme vous voulez et … non, désolée, je ne veux pas vous obliger à quoi que ce soit et … aaaaaaah ! Je reviens ! »
La fière et composée héritière des Noirvitrail s’enfuit vers la cuisine improvisée de son atelier, au fond de son labyrinthe. Traversant les espaces, gravissant les marches et tournant au moins trois fois, elle finit par trouver la cuisine et …
Ses sœurs …
Myrthelle et Chrysabelle, se battant pour une part de tarte. Augusta et Nicée, tentant désespérément de tenir à bout de bras une pile de casseroles à moitié en train de s’effondrer. Augusta et Théodora, les bras chargés de couverts de cuisine.
« Mais qu’est-ce que … ! »s’exclama-t-elle.
Elle n’eut cependant pas le temps de poser la moindre question qu’Augusta laissa tomber de ses bras les couverts, qui se répandirent sur le sol dans des cliquetis sonores et assourdissants. Les bruits furent à peine couverts par le chambardement sonore des casseroles qui se renversèrent au même instant. Les sœurs émirent des cris de panique étouffés. Athénaïs paniqua. Tout le monde paniqua et s’agita dans tous les sens, dans un ballet muet !
Un véritable cauchemar en cuisine.
Citoyen du Reike
Parwan Sahriki
Messages : 48
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Info personnage
Race: Humaine
Vocation: Combattant assassin
Alignement: Neutre bon
Rang: C
Parwan ne discute pas davantage en remontant les rues vers la demeure Noirvitrail.
Silence n’était pas absence d’échange. Il permettait de déceler les forces invisibles qui habitaient le monde.
Alors qu’elle marche, en effet, Parwan voit la curiosité d’Azher irradier son esprit plus fort que jamais auparavant. A travers elle, son défunt mari comble ce besoin inassouvi de visiter la République. Mais Parwan sent ce regard pourtant bienveillant agripper son âme, comme une intense volonté de réincarnation. Il voudrait si fort être présent, physiquement. Ce sont comme des ongles qui s’enfoncent en vain dans l’essence de son esprit.
La Sahriki doit poser une main sur sa poitrine pour calmer son cœur qui accélère.
Vois ce que je vois, Azher. Sens ce que je sens. Apaise-toi, nous sommes liés pour toujours. Je te le promet.
Le serment renouvelé suffit à alléger son esprit du regard de l’étoile. Les paroles d’une Sahriki étaient puissantes, car elles portaient le poids de la vérité.
Leurs pas s’arrêtent devant une demeure remarquable. Parwan lève le nez vers les hauteurs de la façade, déconcertée par l’étendue du bâtiment. Elle croit se rappeler que le « de » avant Noirvitrail est un symbole de richesse, ici. Athénaïs était une femme de bien ? Ça alors…
Parwan se redresse consciencieusement au bruit du verrou dans la porte.
L’instant était solennel, entrer en invitée dans la demeure d’un sédentaire, dans sa tente permanente, c’était un honneur.
Elle avait, bien sûr, déjà vécu dans une maison, celle de sa famille puis de son second époux, toutes deux des retraites estivales dans un village de montagne.
Mais une maison Sahriki tenait dans un rectangle de briques crues, d’espaces définis par des tapis et des panneaux amovibles. Les chèvres allaient et venaient à loisir à travers les entrées en toile et seules les demeures les plus dignes possédaient une porte en bois. Même la demeure du patriarche se traversait en moins de dix pas.
Rien à voir avec le manoir Noirvitrail.
L’influence de la Lune s’estompe alors qu’elle franchit le perron et qu’elle se dérobe au regard des étoiles.
Les couloirs sont déserts sur leur chemin. Alors qu’elle parcoure les espaces sobrement meublés du manoir, elle se demande distraitement combien de têtes de bétails vaudrait une dot comme celle d’Athénaïs.
Parwan évolue dans une maison comme on se déplace dans une grotte : Consciencieusement, les yeux souvent au plafond, examinant le dessus des linteaux de porte qu’elle traverse comme s’ils pouvaient cacher un péril inconnu.
C’est de ne pas entendre les bruits du dehors qui était le plus frappant. Même dans les cités Reikoises, il était rare d’apposer du verre à ses fenêtres. Tout cela, tous ces murs, ces plafonds offraient un paysage sonore inhabituel à ses oreilles, faisant ressortir le *tok* rythmique de son bâton kerikh contre le sol.
Elles entrent dans le domaine d’Athénaïs. Parwan peut le ressentir, le sentir, ce soudain changement d’atmosphère et d’odeur dans l’espace qu’elle pénètre. Tous ces dessins aux murs, ces étagères pleines d’outils, ces maquettes, ces filets au plafond…
Un confort diffus l’envahit. Les quartiers d’Athénaïs infusent dans son cœur un sentiment d’aise.
« Bienvenue chez moi, Palouane Sahriki. Mettez-vous à l’aise, je vais nous préparer du thé. »
« Soit bénie, ma soeur, c’est très beau chez toi, très grand ! Merci ! » répond Parwan, tout sourire.
Elle tient son kerikh à deux mains, embouteillant toute effusion de reconnaissance qui pourrait passer pour inconvenante. Elle veut se montrer digne de l’honneur qui lui est fait.
Les deux pigeons qui pendaient plus tôt à l’extrémité de son bâton s’étaient mystérieusement volatilisés.
Quand soudain : *bonk*
Le bruit de casserole interpelle Parwan avec la même force qu’Athénaïs. Mais celle-ci fronce les sourcils et tourne la tête comme le général Bruss Weyn à la vue du Bahat Signal. On ne plaisante pas avec la cuisine !
Mais Athénaïs se confond en excuses et part s’en charger. Parwan hoche la tête avec circonspection mais fermeté. Ses instructions manquaient de clarté, mais au moins elle se chargeait du plus important.
Elle compatissait. Une cuisine en désordre était une vraie source d’embarras pour une femme mariée.
Une fois la jeune femme disparue, Parwan décide qu’elle toucherait tout ce qu’elle comprenait. Et vu que la pièce où elle se tenait était jonchée de mystères, elle ne toucherait à rien. Quant à se mettre à l’aise…
La Sahriki observe autour d’elle et pince son index entre ses lèvres, la mine grave. C’était l’occasion d'ôter son voile et ses bottes. Elle était bien masquée au regard des Astres, comme le voulait la règle...
Mais si l’époux d’Athénaïs ou un autre homme survenait ? Rien dans cet endroit n’indiquait qu’il était réservé aux femmes. Pas question de passer pour une personne de moeurs légères, même auprès d’un étranger.
Quand soudain, une apocalypse domestique se déchaine à quelques pièces de là ! Des casseroles encore ! Quelqu’un doit faire quelque chose !
Parwan s’approche en hâte de la porte où elle avait vu Athénaïs disparaitre mais ne quitte pas la pièce. Elle lui avait bien instruit deux fois de ne pas bouger. Alors Parwan reste là. Agrippée au montant, elle choisit de demander :
« Athénaïs, Tu es consciente ?! Est-ce que… Je peux t’aider si tu veux ! Je sais servir le thé ?»
Son ton instable trahit sa bougeotte interne. Parwan voulait vraiment aider. La simple idée d’une cuisine en péril alarmait tous ses sens. Au risque de le répéter, on ne plaisantait pas avec la cuisine ! Si elle n'entendait pas de réponse dans les trois secondes, elle interviendrait malgré tout !
Silence n’était pas absence d’échange. Il permettait de déceler les forces invisibles qui habitaient le monde.
Alors qu’elle marche, en effet, Parwan voit la curiosité d’Azher irradier son esprit plus fort que jamais auparavant. A travers elle, son défunt mari comble ce besoin inassouvi de visiter la République. Mais Parwan sent ce regard pourtant bienveillant agripper son âme, comme une intense volonté de réincarnation. Il voudrait si fort être présent, physiquement. Ce sont comme des ongles qui s’enfoncent en vain dans l’essence de son esprit.
La Sahriki doit poser une main sur sa poitrine pour calmer son cœur qui accélère.
Vois ce que je vois, Azher. Sens ce que je sens. Apaise-toi, nous sommes liés pour toujours. Je te le promet.
Le serment renouvelé suffit à alléger son esprit du regard de l’étoile. Les paroles d’une Sahriki étaient puissantes, car elles portaient le poids de la vérité.
Leurs pas s’arrêtent devant une demeure remarquable. Parwan lève le nez vers les hauteurs de la façade, déconcertée par l’étendue du bâtiment. Elle croit se rappeler que le « de » avant Noirvitrail est un symbole de richesse, ici. Athénaïs était une femme de bien ? Ça alors…
Parwan se redresse consciencieusement au bruit du verrou dans la porte.
L’instant était solennel, entrer en invitée dans la demeure d’un sédentaire, dans sa tente permanente, c’était un honneur.
Elle avait, bien sûr, déjà vécu dans une maison, celle de sa famille puis de son second époux, toutes deux des retraites estivales dans un village de montagne.
Mais une maison Sahriki tenait dans un rectangle de briques crues, d’espaces définis par des tapis et des panneaux amovibles. Les chèvres allaient et venaient à loisir à travers les entrées en toile et seules les demeures les plus dignes possédaient une porte en bois. Même la demeure du patriarche se traversait en moins de dix pas.
Rien à voir avec le manoir Noirvitrail.
L’influence de la Lune s’estompe alors qu’elle franchit le perron et qu’elle se dérobe au regard des étoiles.
Les couloirs sont déserts sur leur chemin. Alors qu’elle parcoure les espaces sobrement meublés du manoir, elle se demande distraitement combien de têtes de bétails vaudrait une dot comme celle d’Athénaïs.
Parwan évolue dans une maison comme on se déplace dans une grotte : Consciencieusement, les yeux souvent au plafond, examinant le dessus des linteaux de porte qu’elle traverse comme s’ils pouvaient cacher un péril inconnu.
C’est de ne pas entendre les bruits du dehors qui était le plus frappant. Même dans les cités Reikoises, il était rare d’apposer du verre à ses fenêtres. Tout cela, tous ces murs, ces plafonds offraient un paysage sonore inhabituel à ses oreilles, faisant ressortir le *tok* rythmique de son bâton kerikh contre le sol.
Elles entrent dans le domaine d’Athénaïs. Parwan peut le ressentir, le sentir, ce soudain changement d’atmosphère et d’odeur dans l’espace qu’elle pénètre. Tous ces dessins aux murs, ces étagères pleines d’outils, ces maquettes, ces filets au plafond…
Un confort diffus l’envahit. Les quartiers d’Athénaïs infusent dans son cœur un sentiment d’aise.
« Bienvenue chez moi, Palouane Sahriki. Mettez-vous à l’aise, je vais nous préparer du thé. »
« Soit bénie, ma soeur, c’est très beau chez toi, très grand ! Merci ! » répond Parwan, tout sourire.
Elle tient son kerikh à deux mains, embouteillant toute effusion de reconnaissance qui pourrait passer pour inconvenante. Elle veut se montrer digne de l’honneur qui lui est fait.
Les deux pigeons qui pendaient plus tôt à l’extrémité de son bâton s’étaient mystérieusement volatilisés.
Quand soudain : *bonk*
Le bruit de casserole interpelle Parwan avec la même force qu’Athénaïs. Mais celle-ci fronce les sourcils et tourne la tête comme le général Bruss Weyn à la vue du Bahat Signal. On ne plaisante pas avec la cuisine !
Mais Athénaïs se confond en excuses et part s’en charger. Parwan hoche la tête avec circonspection mais fermeté. Ses instructions manquaient de clarté, mais au moins elle se chargeait du plus important.
Elle compatissait. Une cuisine en désordre était une vraie source d’embarras pour une femme mariée.
Une fois la jeune femme disparue, Parwan décide qu’elle toucherait tout ce qu’elle comprenait. Et vu que la pièce où elle se tenait était jonchée de mystères, elle ne toucherait à rien. Quant à se mettre à l’aise…
La Sahriki observe autour d’elle et pince son index entre ses lèvres, la mine grave. C’était l’occasion d'ôter son voile et ses bottes. Elle était bien masquée au regard des Astres, comme le voulait la règle...
Mais si l’époux d’Athénaïs ou un autre homme survenait ? Rien dans cet endroit n’indiquait qu’il était réservé aux femmes. Pas question de passer pour une personne de moeurs légères, même auprès d’un étranger.
Quand soudain, une apocalypse domestique se déchaine à quelques pièces de là ! Des casseroles encore ! Quelqu’un doit faire quelque chose !
Parwan s’approche en hâte de la porte où elle avait vu Athénaïs disparaitre mais ne quitte pas la pièce. Elle lui avait bien instruit deux fois de ne pas bouger. Alors Parwan reste là. Agrippée au montant, elle choisit de demander :
« Athénaïs, Tu es consciente ?! Est-ce que… Je peux t’aider si tu veux ! Je sais servir le thé ?»
Son ton instable trahit sa bougeotte interne. Parwan voulait vraiment aider. La simple idée d’une cuisine en péril alarmait tous ses sens. Au risque de le répéter, on ne plaisantait pas avec la cuisine ! Si elle n'entendait pas de réponse dans les trois secondes, elle interviendrait malgré tout !
- Parwan parle Shierak qiya en italique et Commun en bold color=#ffcc00 -
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
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Les sœurs tournèrent immédiatement leurs yeux médusés vers Athénaïs. Un immense sourire illumina le visage déjà recouvert de tarte à la myrtille de la sœur au ruban orange.
Oh toi …
Athénaïs tenta de reculer et d’appeler à l’aide, mais les sœurs agirent comme une seule et même entité. Saisissant la jeune femme par les bras et l’emmenant séance tenante au fond de la cuisine, elles la bâillonnèrent avec un torchon de grosse toile et la saucissonnèrent comme un jambon. Manu militari, elles flanquèrent l’originale dans le vieux placard à balais et refermèrent la porte d’un coup sec, cassant au passage quelques ustensiles de fortune. Chrysabelle bloqua la porte avec une table d’appoint en acajou et s’assit dessus. Immédiatement, elle sortit d’un vieux pot de terre six baguettes de bois de tailles diverses, qu’elle tendit aux sœurs.
Chacune d’entre elles tira le plus vite possible une des baguettes tandis que Myrthelle répondait à l’étrange voix au fond de l’atelier. Pendant ce temps, les sœurs étaient assaillies de phrases assassines par le biais du lien télépathique qui existait entre elles et l’originale. Rapidement, elles coupèrent la communication avec Athénaïs.
« Tout va bien ! Ne vous inquiétez pas mademoiselle ! Je m’occupe de tout ! » cria-t-elle à l’autre bout de l’atelier.
Six baguettes … une chance sur six. Au milieu du chaos régnant dans la cuisine, chaque sœur tira une baguette. Ce fut Nicée qui tira la plus petite … laissant comme un flottement dans l’air. Les autres sœurs se regardèrent, avec un air … concerné, tandis que la jeune fille se mettait à contempler le bout de ses ballerines, en bredouillant maladroitement. Chrysabelle descendit de la table et posa ses deux mains sur les épaules de la plus timide des sœurs en soupirant. Eulalie se pinça les lèvres. Myrthelle avala un morceau de tarte.
« Ma chère sœur … C’est à toi de jouer.déclara-t-elle sans grande conviction sur les capacités sociales Nicée. Ne nous déçois pas. »
Elle souhaita rajouter une remarque acerbe, mais sentit qu’à la mine déconfite de sa petite sœur, il n’était pas nécessaire de lui donner une pelle pour faciliter le trou qu’elle était en train de se creuser. Nicée était timide, anxieuse et ne regardait jamais les gens dans les yeux. Il n’en restait pas moins qu’elle était la plus douce des sœurs et une véritable petite touche de chantilly.
Théodora et Augusta poussèrent Nicée en-dehors de la cuisine en lui murmurant des paroles rassurantes avant de fermer la porte. La jeune fille se retrouva dans le couloir, avec un plateau de thé et des biscuits, complètement terrorisée à l’idée d’avoir une interaction sociale avec une inconnue pour … pour faire quoi exactement ? Soudain, le lien télépathique entre les sœurs et Nicée s’activa et la jeune fille put obtenir de précieux renseignements sur ce qu’il fallait exactement faire. Cela tenait en quelques questions : Qui était cette invitée ? Etait-elle gentille ? Où Athénaïs l’avait-elle rencontrée ? … et tant d’autres questions qui arrivaient au compte-goutte dans l’esprit de la timide Nicée tandis que ses sœurs rangeaient discrètement la cuisine et surveillaient l’originale dans son placard.
Incertaine de la marche à suivre et totalement terrorisée, la jeune fille se rendit à pas feutrés vers la pièce principale. C’est là qu’elle vit pour la première fois la nomade. Elle trembla, ne sachant pas quoi dire à cet instant précis, la théière tremblant sur le plateau de bois. Elle ne sut dire pourquoi à cet instant, mais son cœur loupa un demi-battement.
« Ce …. Ce … ce n’est rien … Je … J’ai … préparé le thé. bredouilla-t-elle en évitant soigneusement le regard de la nomade.
Passant devant elle à toute vitesse, elle alla poser le plateau de thé sur une petite table circulaire en bois autour de laquelle étaient disposés de moelleux coussins dans une alcôve. Ne sachant trop quoi faire, elle resta debout, à gigoter quelques instants sur place, avant de s’assoir maladroitement, tremblante. C’est alors qu’elle remarqua que dans sa main se trouvait un petit papier avec les questions qu’elle devait poser : un pense-bête d’Augusta. Mais quand allait-elle bien pouvoir poser ces questions ? Devait-elle le faire avant le thé ? Pendant le thé ? Après le thé ? Pourquoi ces instructions étaient aussi peu claires ?! Elle massa son bras gauche et jeta des regards inquiets sur la théière dont le fumet délicat emplissait l’air.
Prenant son courage à deux mains, elle émit un petit couinement et se massa les joues avant de secouer sa chevelure au ruban cyan. Il fallait qu’elle se ressaisisse avant de paraître suspecte !
« V-venez … Asseyez-vous … je … je vais servir le … le thé … »
Si Myrthelle avait été capable de rougir, elle aurait donné à voir le visage d’une tomate cramoisie en cet instant. La nomade semblait sévère … allait-elle la gronder ? Elle sentait si bon. Ce devait être une bonne personne dans le fond. Si ça n’avait pas été le cas, Athénaïs ne l’aurait jamais amené ici. Non ?
Pas rassurée pour autant, elle versa le breuvage dans deux tasses et se mit à triturer machinalement le pan de sa robe or et azur.
Oh toi …
Athénaïs tenta de reculer et d’appeler à l’aide, mais les sœurs agirent comme une seule et même entité. Saisissant la jeune femme par les bras et l’emmenant séance tenante au fond de la cuisine, elles la bâillonnèrent avec un torchon de grosse toile et la saucissonnèrent comme un jambon. Manu militari, elles flanquèrent l’originale dans le vieux placard à balais et refermèrent la porte d’un coup sec, cassant au passage quelques ustensiles de fortune. Chrysabelle bloqua la porte avec une table d’appoint en acajou et s’assit dessus. Immédiatement, elle sortit d’un vieux pot de terre six baguettes de bois de tailles diverses, qu’elle tendit aux sœurs.
Chacune d’entre elles tira le plus vite possible une des baguettes tandis que Myrthelle répondait à l’étrange voix au fond de l’atelier. Pendant ce temps, les sœurs étaient assaillies de phrases assassines par le biais du lien télépathique qui existait entre elles et l’originale. Rapidement, elles coupèrent la communication avec Athénaïs.
« Tout va bien ! Ne vous inquiétez pas mademoiselle ! Je m’occupe de tout ! » cria-t-elle à l’autre bout de l’atelier.
Six baguettes … une chance sur six. Au milieu du chaos régnant dans la cuisine, chaque sœur tira une baguette. Ce fut Nicée qui tira la plus petite … laissant comme un flottement dans l’air. Les autres sœurs se regardèrent, avec un air … concerné, tandis que la jeune fille se mettait à contempler le bout de ses ballerines, en bredouillant maladroitement. Chrysabelle descendit de la table et posa ses deux mains sur les épaules de la plus timide des sœurs en soupirant. Eulalie se pinça les lèvres. Myrthelle avala un morceau de tarte.
« Ma chère sœur … C’est à toi de jouer.déclara-t-elle sans grande conviction sur les capacités sociales Nicée. Ne nous déçois pas. »
Elle souhaita rajouter une remarque acerbe, mais sentit qu’à la mine déconfite de sa petite sœur, il n’était pas nécessaire de lui donner une pelle pour faciliter le trou qu’elle était en train de se creuser. Nicée était timide, anxieuse et ne regardait jamais les gens dans les yeux. Il n’en restait pas moins qu’elle était la plus douce des sœurs et une véritable petite touche de chantilly.
Théodora et Augusta poussèrent Nicée en-dehors de la cuisine en lui murmurant des paroles rassurantes avant de fermer la porte. La jeune fille se retrouva dans le couloir, avec un plateau de thé et des biscuits, complètement terrorisée à l’idée d’avoir une interaction sociale avec une inconnue pour … pour faire quoi exactement ? Soudain, le lien télépathique entre les sœurs et Nicée s’activa et la jeune fille put obtenir de précieux renseignements sur ce qu’il fallait exactement faire. Cela tenait en quelques questions : Qui était cette invitée ? Etait-elle gentille ? Où Athénaïs l’avait-elle rencontrée ? … et tant d’autres questions qui arrivaient au compte-goutte dans l’esprit de la timide Nicée tandis que ses sœurs rangeaient discrètement la cuisine et surveillaient l’originale dans son placard.
Incertaine de la marche à suivre et totalement terrorisée, la jeune fille se rendit à pas feutrés vers la pièce principale. C’est là qu’elle vit pour la première fois la nomade. Elle trembla, ne sachant pas quoi dire à cet instant précis, la théière tremblant sur le plateau de bois. Elle ne sut dire pourquoi à cet instant, mais son cœur loupa un demi-battement.
« Ce …. Ce … ce n’est rien … Je … J’ai … préparé le thé. bredouilla-t-elle en évitant soigneusement le regard de la nomade.
Passant devant elle à toute vitesse, elle alla poser le plateau de thé sur une petite table circulaire en bois autour de laquelle étaient disposés de moelleux coussins dans une alcôve. Ne sachant trop quoi faire, elle resta debout, à gigoter quelques instants sur place, avant de s’assoir maladroitement, tremblante. C’est alors qu’elle remarqua que dans sa main se trouvait un petit papier avec les questions qu’elle devait poser : un pense-bête d’Augusta. Mais quand allait-elle bien pouvoir poser ces questions ? Devait-elle le faire avant le thé ? Pendant le thé ? Après le thé ? Pourquoi ces instructions étaient aussi peu claires ?! Elle massa son bras gauche et jeta des regards inquiets sur la théière dont le fumet délicat emplissait l’air.
Prenant son courage à deux mains, elle émit un petit couinement et se massa les joues avant de secouer sa chevelure au ruban cyan. Il fallait qu’elle se ressaisisse avant de paraître suspecte !
« V-venez … Asseyez-vous … je … je vais servir le … le thé … »
Si Myrthelle avait été capable de rougir, elle aurait donné à voir le visage d’une tomate cramoisie en cet instant. La nomade semblait sévère … allait-elle la gronder ? Elle sentait si bon. Ce devait être une bonne personne dans le fond. Si ça n’avait pas été le cas, Athénaïs ne l’aurait jamais amené ici. Non ?
Pas rassurée pour autant, elle versa le breuvage dans deux tasses et se mit à triturer machinalement le pan de sa robe or et azur.
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Parwan Sahriki
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Info personnage
Race: Humaine
Vocation: Combattant assassin
Alignement: Neutre bon
Rang: C
Un nouveau fracas étouffé s’échappe des profondeurs de l’atelier et Parwan doit se crisper toute entière, au risque d’arracher le montant de porte auquel elle se tenait, pour ne pas bondir à la rescousse.
Heureusement, la voix familière lui répond avec assurance que la situation est maîtrisée, mettant fin à cette angoisse intenable. Mademoiselle ? La nomade relâche sa prise et pousse un grand soupir. Elle s’ébroue afin de reprendre contenance et s’éloigne un peu.
« Je n’en sais rien et je n’ai rien à savoir, je n’en sais rien et je n’ai rien à savoir … » répète-t-elle. Un mantra que sa mère Merhya lui avait fait intégrer durant son enfance trop pleine de curiosité.
Pour guérir sa bougeotte coupable, qu’elle-même trouve indigne de quelqu’un de son âge, Parwan se rend au centre de la pièce et s’assied sur ses talons.
« Voilà qui est mieux. Assied-toi, femme.» déclare Parwan intérieurement, se fendant d’un petit sourire satisfait, petite montagne qu’elle était au milieu de la pièce.
Votre corps est un outil au service des vôtres et de votre époux. Mais plus que tout, c’est la coquille, don de Shekh Tout Puissant, que l’Astre absolu façonna pour vous. Entretenez-le, de crainte de l’offenser. Gardez le sain, de crainte de provoquer son ire. Soyez en maîtresses, et peut-être il vous sourira.
Ainsi parlaient les matriarches Sahrikis en leur maison, Okra Krista.
Parwan était maîtresse de son corps. Replié au sol comme maintenant, ses muscles se détendaient dans ses jambes et dans ses bras, prêts à méditer ou à rester immobiles des heures durant.
Voilà comment Nicée découvre la nomade en entrant dans la pièce, les mains couvrant sagement ses genoux posés au sol, comme sa longue canne en bois. La joie d’apercevoir la fumerolle transparente de la théière est de courte durée, car il ne faut qu’un instant à la nomade pour voir que quelque chose ne va pas. Et ne va pas du-tout-du-tout.
Les jambes de la jeune femme semblaient prêtes à lâcher son corps, ses bras prêts à lâcher le plateau, et les tasses elles-mêmes tremblaient en voyant les biscuits s’émietter sous les secousses.
« Ce …. Ce … ce n’est rien … Je … J’ai … préparé le thé. »
Le cœur de Parwan chute d’un étage sur le coup de l’effroi. Athénaïs… On l’avait brisée. Un drame sépulcral était parvenu à briser la jeune femme pleine d’entrain qui l’avait accompagnée jusqu’alors ! Elle, toute étrange et gesticulante en la quittant, lui revenait figée et hésitante.
Ce n’était pas « rien ». Mensonge, mensonge, mensonge, mensonge ! entend-t-elle aboyer entre ses oreilles. Un tel changement d’entrain ne pouvait qu’augurer de la gravité du fracas entendu juste avant. Mensonge ! « C’est un drame, j’ai préparé le thé. » Voilà ce que Parwan aurait voulu entendre !
La Sahriki se relève prudemment au passage de Nicée qui file droit vers l’alcôve meublée. Elle la rejoint à pas lent, fixant avec inquiétude et précaution la jeune Républicaine comme si elle était une statue de cristal fissurée.
Pauvre Athénaïs, pauvre hôtesse en détresse ! Elle restait debout face au plateau qu’elle venait de poser, envahie de petits gestes inachevés et nerveux. Son regard la fuyait, hors d’atteinte. L’expression de Parwan se contrit de condoléances silencieuses, debout à ses côtés. Elle venait de trop loin pour deviner avec certitude la nature de la catastrophe. Une poterie transmise par sa bisaïeule réduite en morceaux ? Une faïence familiale brisée au sol ? Une statuette de pèlerinage décapitée ?
Elle l’observe s’installer maladroitement et l’encourage d’un hochement de tête quand elle passe ses mains sur son visage et dans ses cheveux, créant un déplacement charmant pour l’œil. Oui, il fallait se ressaisir.
Parwan s’assied en face de Nicée, à son invitation. Quel étrange sentiment, lorsque votre postérieur se prélasse d’aise, que le thé est prêt mais que le cœur est chagrin ! Parwan partage le deuil mystérieux d’Athénaïs et sa tête n’est pas au thé qui assombrit le fond de sa tasse. Tentant sans succès d’accrocher son regard, la nomade se penche et demande doucement :
« Athénaïs. Qu’est ce qui s’est passé ? Est… Est-ce que ton mari est présent ? »
Son ton a la chaleur d'une confidente de toujours, les graves d'une voix familière, comme un écho d'une existence passée. Et les iris de Parwan, comme deux coulées de lave au pied du mont Kazan, interrogent l'âme de Nicée.
Si d’aventure la jeune femme devait recevoir une correction, elle serait là pour soutenir son hôtesse. Elle savait ce que c’était.
Au final, l’absence d’homme serait une heureuse nouvelle, pour sa camarade comme pour ses propres aspirations à se déchausser...
Heureusement, la voix familière lui répond avec assurance que la situation est maîtrisée, mettant fin à cette angoisse intenable. Mademoiselle ? La nomade relâche sa prise et pousse un grand soupir. Elle s’ébroue afin de reprendre contenance et s’éloigne un peu.
« Je n’en sais rien et je n’ai rien à savoir, je n’en sais rien et je n’ai rien à savoir … » répète-t-elle. Un mantra que sa mère Merhya lui avait fait intégrer durant son enfance trop pleine de curiosité.
Pour guérir sa bougeotte coupable, qu’elle-même trouve indigne de quelqu’un de son âge, Parwan se rend au centre de la pièce et s’assied sur ses talons.
« Voilà qui est mieux. Assied-toi, femme.» déclare Parwan intérieurement, se fendant d’un petit sourire satisfait, petite montagne qu’elle était au milieu de la pièce.
Votre corps est un outil au service des vôtres et de votre époux. Mais plus que tout, c’est la coquille, don de Shekh Tout Puissant, que l’Astre absolu façonna pour vous. Entretenez-le, de crainte de l’offenser. Gardez le sain, de crainte de provoquer son ire. Soyez en maîtresses, et peut-être il vous sourira.
Ainsi parlaient les matriarches Sahrikis en leur maison, Okra Krista.
Parwan était maîtresse de son corps. Replié au sol comme maintenant, ses muscles se détendaient dans ses jambes et dans ses bras, prêts à méditer ou à rester immobiles des heures durant.
Voilà comment Nicée découvre la nomade en entrant dans la pièce, les mains couvrant sagement ses genoux posés au sol, comme sa longue canne en bois. La joie d’apercevoir la fumerolle transparente de la théière est de courte durée, car il ne faut qu’un instant à la nomade pour voir que quelque chose ne va pas. Et ne va pas du-tout-du-tout.
Les jambes de la jeune femme semblaient prêtes à lâcher son corps, ses bras prêts à lâcher le plateau, et les tasses elles-mêmes tremblaient en voyant les biscuits s’émietter sous les secousses.
« Ce …. Ce … ce n’est rien … Je … J’ai … préparé le thé. »
Le cœur de Parwan chute d’un étage sur le coup de l’effroi. Athénaïs… On l’avait brisée. Un drame sépulcral était parvenu à briser la jeune femme pleine d’entrain qui l’avait accompagnée jusqu’alors ! Elle, toute étrange et gesticulante en la quittant, lui revenait figée et hésitante.
Ce n’était pas « rien ». Mensonge, mensonge, mensonge, mensonge ! entend-t-elle aboyer entre ses oreilles. Un tel changement d’entrain ne pouvait qu’augurer de la gravité du fracas entendu juste avant. Mensonge ! « C’est un drame, j’ai préparé le thé. » Voilà ce que Parwan aurait voulu entendre !
La Sahriki se relève prudemment au passage de Nicée qui file droit vers l’alcôve meublée. Elle la rejoint à pas lent, fixant avec inquiétude et précaution la jeune Républicaine comme si elle était une statue de cristal fissurée.
Pauvre Athénaïs, pauvre hôtesse en détresse ! Elle restait debout face au plateau qu’elle venait de poser, envahie de petits gestes inachevés et nerveux. Son regard la fuyait, hors d’atteinte. L’expression de Parwan se contrit de condoléances silencieuses, debout à ses côtés. Elle venait de trop loin pour deviner avec certitude la nature de la catastrophe. Une poterie transmise par sa bisaïeule réduite en morceaux ? Une faïence familiale brisée au sol ? Une statuette de pèlerinage décapitée ?
Elle l’observe s’installer maladroitement et l’encourage d’un hochement de tête quand elle passe ses mains sur son visage et dans ses cheveux, créant un déplacement charmant pour l’œil. Oui, il fallait se ressaisir.
Parwan s’assied en face de Nicée, à son invitation. Quel étrange sentiment, lorsque votre postérieur se prélasse d’aise, que le thé est prêt mais que le cœur est chagrin ! Parwan partage le deuil mystérieux d’Athénaïs et sa tête n’est pas au thé qui assombrit le fond de sa tasse. Tentant sans succès d’accrocher son regard, la nomade se penche et demande doucement :
« Athénaïs. Qu’est ce qui s’est passé ? Est… Est-ce que ton mari est présent ? »
Son ton a la chaleur d'une confidente de toujours, les graves d'une voix familière, comme un écho d'une existence passée. Et les iris de Parwan, comme deux coulées de lave au pied du mont Kazan, interrogent l'âme de Nicée.
Si d’aventure la jeune femme devait recevoir une correction, elle serait là pour soutenir son hôtesse. Elle savait ce que c’était.
Au final, l’absence d’homme serait une heureuse nouvelle, pour sa camarade comme pour ses propres aspirations à se déchausser...
- Parwan parle Shierak qiya en italique et Commun en bold color=#ffcc00 -
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
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Lorsque la nomade se pencha vers elle, Nicée, transie de peur, en eut le hoquet. La demoiselle sursauta, désarçonnée par le ton doux et grave de son invitée. Ses yeux cherchèrent une échappatoire, mais devant elle se tenait une montagne, fière et sereine, dont l’ampleur dominait tout l’espace de l’alcôve. La demoiselle se sentit prise au piège, captivée et terrifiée par cette inconnue que ses sœurs cherchaient à sonder. Des dizaines de questions affluèrent dans son esprit, portées essentiellement par une Myrthelle surexcitée dont la curiosité n’avait d’égale que sa propension à engloutir des parts de tartes.
C’en était trop pour la pauvre Nicée. Elle n’était vraiment pas taillée pour mener de telles conversations. Elle aimait la lecture, les siestes et le silence ; elle ! La chantilly qu’elle était fondait comme neige au soleil tandis qu’elle essayait de ne pas croiser les prunelles perçantes de la nomade. Nicée était totalement coincée, incapable d’échapper à son regard inquisiteur. Elle aurait été Chrisabelle, elle n’aurait eu aucune difficulté à se tirer de ce mauvais pas. Mais Nicée était telle que les étoiles l’avaient faite … Et elle était loin d’égaler sa sœur sur ce domaine.
hic
Nicée était en panique. L’invitée commençait à lui poser des questions, trop de questions ! Que devait-elle répondre ? Immédiatement, le contact télépathique de ses sœurs la bombarda de conseils, tous plus inutiles les uns que les autres. Elle se mit à trembler de plus belle, cherchant des yeux une échappatoire. Ce fut malheureusement à ce moment-là que la pauvre clone craqua.
« Je … je … »
Ses yeux s’emplirent de larmes. Son visage se crispa tandis qu’un nouveau hoquet la fit sursauter. Elle essaya vainement d’essuyer ses larmes avec les manches de sa robe.
« Je … je … je voulais pas … Elles *hic* … elles m’ont obligé ! Je … je voulais pas tirer la courte-paille … »
La jeune fille au ruban cyan fondait sur son coussin, dégoulinante de larmes. Le thé était toujours chaud, mais dans cette situation, c’était bien le moindre de ses soucis. Il ne fallut pas longtemps pour que du vacarme retentisse à nouveau dans la cuisine. Au moment où Nicée était en train de vendre la mèche, Athénaïs était en train de se libérer dans le réduit où ses sœurs l’avaient enfermé. Des bruits sourds se firent entendre plus loin, avec les cris étouffés des sœurs en train de colmater les brèches créées par la magicienne avec divers ustensiles de cuisine et des meubles.
Le plan des demoiselles était en train de prendre l’eau, et de manière assez stupéfiante. Nicée en avait conscience, au vu de la panique mentale qui s’emparait des télépathes, ce qui ne fit qu’accentuer ses larmes. Elle enfouit son visage entre ses mains et se prostra, incapable de faire quoi que ce soit, honteuse de présenter une telle disgrâce à son invitée. Dans le même temps, la porte du réduit commençait à céder, et Athénaïs, ligotée comme un gigot, se démenait tant bien que mal face à ses clones bien décidées à mener leur plan à bout, même si celui-ci était déjà au fond des océans.
C’en était trop pour la pauvre Nicée. Elle n’était vraiment pas taillée pour mener de telles conversations. Elle aimait la lecture, les siestes et le silence ; elle ! La chantilly qu’elle était fondait comme neige au soleil tandis qu’elle essayait de ne pas croiser les prunelles perçantes de la nomade. Nicée était totalement coincée, incapable d’échapper à son regard inquisiteur. Elle aurait été Chrisabelle, elle n’aurait eu aucune difficulté à se tirer de ce mauvais pas. Mais Nicée était telle que les étoiles l’avaient faite … Et elle était loin d’égaler sa sœur sur ce domaine.
hic
Nicée était en panique. L’invitée commençait à lui poser des questions, trop de questions ! Que devait-elle répondre ? Immédiatement, le contact télépathique de ses sœurs la bombarda de conseils, tous plus inutiles les uns que les autres. Elle se mit à trembler de plus belle, cherchant des yeux une échappatoire. Ce fut malheureusement à ce moment-là que la pauvre clone craqua.
« Je … je … »
Ses yeux s’emplirent de larmes. Son visage se crispa tandis qu’un nouveau hoquet la fit sursauter. Elle essaya vainement d’essuyer ses larmes avec les manches de sa robe.
« Je … je … je voulais pas … Elles *hic* … elles m’ont obligé ! Je … je voulais pas tirer la courte-paille … »
La jeune fille au ruban cyan fondait sur son coussin, dégoulinante de larmes. Le thé était toujours chaud, mais dans cette situation, c’était bien le moindre de ses soucis. Il ne fallut pas longtemps pour que du vacarme retentisse à nouveau dans la cuisine. Au moment où Nicée était en train de vendre la mèche, Athénaïs était en train de se libérer dans le réduit où ses sœurs l’avaient enfermé. Des bruits sourds se firent entendre plus loin, avec les cris étouffés des sœurs en train de colmater les brèches créées par la magicienne avec divers ustensiles de cuisine et des meubles.
Le plan des demoiselles était en train de prendre l’eau, et de manière assez stupéfiante. Nicée en avait conscience, au vu de la panique mentale qui s’emparait des télépathes, ce qui ne fit qu’accentuer ses larmes. Elle enfouit son visage entre ses mains et se prostra, incapable de faire quoi que ce soit, honteuse de présenter une telle disgrâce à son invitée. Dans le même temps, la porte du réduit commençait à céder, et Athénaïs, ligotée comme un gigot, se démenait tant bien que mal face à ses clones bien décidées à mener leur plan à bout, même si celui-ci était déjà au fond des océans.
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Parwan Sahriki
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Race: Humaine
Vocation: Combattant assassin
Alignement: Neutre bon
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Nicée signe avec ses larmes la gravité de la situation. Les certitudes de Parwan s’étayent autour de ce « elles m’ont obligé » inquiétant qui crispe Parwan. Mais sa détermination, cristallisée par la détresse de son hôtesse, se fissure avec cette histoire de courte paille.
L’instant est grave, pourtant la nomade ne sait sur quel pied danser ! Les choses lui échappent pour agir avec discernement, une vertu de la plus haute importance.
Son instinct lui crie d’enlacer cette délicate inconnue et d’étouffer sa tristesse entre ses bras. D’où lui vient ce besoin inédit et pressant ? La Sahriki s’y serait abandonnée si de nouveaux bruits ne provenaient pas de la cuisine au même moment.
Des éclats de voix. A nouveau, les certitudes reviennent dans ses yeux, fixés vers l’espace la séparant de la cuisine. Ses oreilles se dressent sous les draperies de son voile. Ces voix, les mystérieuses « Elles », obligatrices, tireuses de courte paille…
Trop de mystères ! Le premier, cet instinct consolatoire, provient d’elle-même et réclame méditation, le second est concret, bruyant et à quelques pièces de là.
En agissant sur le second, elle résoudrait peut-être le premier ! La rumeur s’accentue ; il y a bien plusieurs personnes dans cette cuisine. Elles luttent et le tumulte fait se recroqueviller son hôtesse sur son assise.
Assez. Il faut agir. Sans mot dire, Parwan se redresse hors de son coussin mais, au passage, saisit doucement le poignet de la jeune femme. L’espace d’une seconde, ses doigts viennent conforter le dos de sa main et la pulpe rugueuse de son pouce presse contre la naissance de sa paume. Le geste respecte l’écran de pudeur que forment les mains de Nicée devant son visage.
Pudeur, autre vertu d'importance !
Laissant là son geste de réconfort pour combler son absence, la Sahriki empoigne son bâton resté au sol et quitte la pièce à pas vifs.
Allait-elle trouver dans la cuisine la raison initiale pour laquelle Athénaïs l’avait abordée devant cette fontaine ? Un stratagème pour mener dans sa maison quelqu’un qui puisse lui venir en aide ? Parwan avait en horreur les stratagèmes ; son amour pour la Vérité la destinait à toujours se faire prendre dans ceux qu’on inventait pour elle.
Trop de zones d’ombres. Vérité s’exige ! Cette Naar… Noirvitrail la lui devait autant qu’une autre femme ! Un instant, elle s’imagine attraper son visage éploré afin d’arracher à ses yeux fuyants la clé du mystère. Mais elle est déjà trop loin pour cela. Parwan serre un instant les poings. Au diable ces pensées tactiles à répétition ! Son pouce est encore humide de ses larmes…
C’est une véritable mêlée dont elle se rapproche à grands pas. Des femmes qui se tirent, se bousculent, qui pestent et se poussent, leurs chaussures tapant et frottant contre le sol pour conserver l’équilibre. Une chamaillerie ! Il n’y a pas d’hommes présents. A moins qu’ils restent immobiles.
Parwan pénètre dans la cuisine, son grand bâton de marche dressé devant elle pour créer une distance.
« Assez d… » Son ordre vient mourir dans sa gorge, pétrifiée, comme le reste. Hormis peut-être sa mâchoire inférieure qui se laisse légèrement tomber pour découvrir l’émail au bout de ses dents. Son cerveau pourtant riche d’expériences ne parvient pas à traiter la vision qui s’offre à elle.
Six jeunes femmes de tailles, de teints, de traits, de chevelures et de robes identiques s’écharpent et tentent d’immobiliser l’une d’entre elle, ficelée de cordes mais luttant furieusement pour rester hors du réduit dont elle s’est extirpée.
Parwan n’a pas le loisir de se pincer pour juger de son propre état. Elle se croit peut-être victime d’un sortilège, d’une créature unique prenant des traits humains. Se retrouver dans une cuisine est de mauvais augure si c’est la faim qui motive ses actions. Mais l’état de la pièce suffit à provoquer ses instincts de Sahriki. Le chaos qui y règne la démange entre les omoplates. Des casseroles et des pots de cuivre éparpillés au sol, des ustensiles brisés, comme de vulgaires verrous de placard. En quelques instants, son esprit reconstitue la chute de chacun des objets encore intact et conjure l’endroit ou chacun devait être rangé dans cette cuisine. Sur le carrelage gisent les restes d’une tarte au fruits noirs. Du sureau ? Qu’importe ! Car cette vision lui provoque une douleur différente. Cette lutte de femmes-miroirs pouvait-elle justifier de tels dégâts ? Les pleurs d’Athénaïs ? Athén… Attendez un instant.
Etait-ce bien Athénaïs qu’elle avait laissé derrière elle ? Un frisson lui secoue les avant-bras et elle réaffirme la prise sur son bâton.
« Où se trouve Athénaïs !? » s’exclame Parwan dont le ton ne s’était pas encore départi du choc initial.
Ses yeux passent d’un clone à un autre, également attentif à ce qui pourrait surgir dans son angle mort. C’était le regard de quelqu’un qui n’hésiterait pas à distribuer des coups tant qu’elle ne comprendrait pas la situation dans laquelle elle se trouvait.
L’instant est grave, pourtant la nomade ne sait sur quel pied danser ! Les choses lui échappent pour agir avec discernement, une vertu de la plus haute importance.
Son instinct lui crie d’enlacer cette délicate inconnue et d’étouffer sa tristesse entre ses bras. D’où lui vient ce besoin inédit et pressant ? La Sahriki s’y serait abandonnée si de nouveaux bruits ne provenaient pas de la cuisine au même moment.
Des éclats de voix. A nouveau, les certitudes reviennent dans ses yeux, fixés vers l’espace la séparant de la cuisine. Ses oreilles se dressent sous les draperies de son voile. Ces voix, les mystérieuses « Elles », obligatrices, tireuses de courte paille…
Trop de mystères ! Le premier, cet instinct consolatoire, provient d’elle-même et réclame méditation, le second est concret, bruyant et à quelques pièces de là.
En agissant sur le second, elle résoudrait peut-être le premier ! La rumeur s’accentue ; il y a bien plusieurs personnes dans cette cuisine. Elles luttent et le tumulte fait se recroqueviller son hôtesse sur son assise.
Assez. Il faut agir. Sans mot dire, Parwan se redresse hors de son coussin mais, au passage, saisit doucement le poignet de la jeune femme. L’espace d’une seconde, ses doigts viennent conforter le dos de sa main et la pulpe rugueuse de son pouce presse contre la naissance de sa paume. Le geste respecte l’écran de pudeur que forment les mains de Nicée devant son visage.
Pudeur, autre vertu d'importance !
Laissant là son geste de réconfort pour combler son absence, la Sahriki empoigne son bâton resté au sol et quitte la pièce à pas vifs.
Allait-elle trouver dans la cuisine la raison initiale pour laquelle Athénaïs l’avait abordée devant cette fontaine ? Un stratagème pour mener dans sa maison quelqu’un qui puisse lui venir en aide ? Parwan avait en horreur les stratagèmes ; son amour pour la Vérité la destinait à toujours se faire prendre dans ceux qu’on inventait pour elle.
Trop de zones d’ombres. Vérité s’exige ! Cette Naar… Noirvitrail la lui devait autant qu’une autre femme ! Un instant, elle s’imagine attraper son visage éploré afin d’arracher à ses yeux fuyants la clé du mystère. Mais elle est déjà trop loin pour cela. Parwan serre un instant les poings. Au diable ces pensées tactiles à répétition ! Son pouce est encore humide de ses larmes…
C’est une véritable mêlée dont elle se rapproche à grands pas. Des femmes qui se tirent, se bousculent, qui pestent et se poussent, leurs chaussures tapant et frottant contre le sol pour conserver l’équilibre. Une chamaillerie ! Il n’y a pas d’hommes présents. A moins qu’ils restent immobiles.
Parwan pénètre dans la cuisine, son grand bâton de marche dressé devant elle pour créer une distance.
« Assez d… » Son ordre vient mourir dans sa gorge, pétrifiée, comme le reste. Hormis peut-être sa mâchoire inférieure qui se laisse légèrement tomber pour découvrir l’émail au bout de ses dents. Son cerveau pourtant riche d’expériences ne parvient pas à traiter la vision qui s’offre à elle.
Six jeunes femmes de tailles, de teints, de traits, de chevelures et de robes identiques s’écharpent et tentent d’immobiliser l’une d’entre elle, ficelée de cordes mais luttant furieusement pour rester hors du réduit dont elle s’est extirpée.
Parwan n’a pas le loisir de se pincer pour juger de son propre état. Elle se croit peut-être victime d’un sortilège, d’une créature unique prenant des traits humains. Se retrouver dans une cuisine est de mauvais augure si c’est la faim qui motive ses actions. Mais l’état de la pièce suffit à provoquer ses instincts de Sahriki. Le chaos qui y règne la démange entre les omoplates. Des casseroles et des pots de cuivre éparpillés au sol, des ustensiles brisés, comme de vulgaires verrous de placard. En quelques instants, son esprit reconstitue la chute de chacun des objets encore intact et conjure l’endroit ou chacun devait être rangé dans cette cuisine. Sur le carrelage gisent les restes d’une tarte au fruits noirs. Du sureau ? Qu’importe ! Car cette vision lui provoque une douleur différente. Cette lutte de femmes-miroirs pouvait-elle justifier de tels dégâts ? Les pleurs d’Athénaïs ? Athén… Attendez un instant.
Etait-ce bien Athénaïs qu’elle avait laissé derrière elle ? Un frisson lui secoue les avant-bras et elle réaffirme la prise sur son bâton.
« Où se trouve Athénaïs !? » s’exclame Parwan dont le ton ne s’était pas encore départi du choc initial.
Ses yeux passent d’un clone à un autre, également attentif à ce qui pourrait surgir dans son angle mort. C’était le regard de quelqu’un qui n’hésiterait pas à distribuer des coups tant qu’elle ne comprendrait pas la situation dans laquelle elle se trouvait.
- Parwan parle Shierak qiya en italique et Commun en bold color=#ffcc00 -
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
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« Mmmmmh ! Mmmmmh !!! cria Athénaïs au travers de son bâillon en chiffon. »
Ses sœurs, choquées par l’apparition soudaine de la nomade, se figèrent quelques instants. Assez pour qu’Athénaïs leur échappe, glisse sur une casserole renversée et s’écrase la tête la première sur la part de tarte aux fruits étalée sur le sol. La honte se mêla au jus noir qui recouvrait désormais son visage.
Myrthelle éclata de rire tandis que l’originale se tortillait sur le sol comme un vulgaire rôti. Les autres pouffèrent, malgré la gravité de la situation. Athénaïs, honteuse, maudit ses idiotes de sœurs par télépathie, qui le lui rendirent bien. Roulant sur le côté, l’ainée des sœurs se cogna contre le pied de la table, qui chancela quelques instants, avant de déverser le contenu d’un sac de farine mal refermé sur sa tête, provoquant à nouveau l’hilarité de la sœur au ruban orange, qui pointa du doigt l’infortunée magicienne.
« C’est la part de tarte qui se dandine sur le sol, dit-elle hilare. »
Chrisabelle se retourna pour étouffer un rire. Les autres ne purent se contenir et s’esclaffèrent. Parfois … les sœurs Noirvitrail pouvaient se révéler être de vraies petites démones. Ce fut à ce moment que Nicée surgit dans la cuisine, les yeux encore rougit par les larmes. Lorsqu’elle remarqua sa sœur ainée s’agiter sur le sol, elle glapit avec un tremolo de tristesse dans sa voix :
« Vous êtes horribles ! Jouer des tours comme ça, vous devriez avoir honte ! Oh Athénaïs, je suis désolée, je ne voulais pas … mais elles m’ont forcé. »
La plus douce se porta au secours de sa sœur, dépassant la nomade en la bousculant légèrement. Elle redressa une Athénaïs à moitié sonnée, la figure recouverte de myrtille et les cheveux enveloppés dans un voile de farine. Un maquillage qui aurait pu faire fureur dans la haute société républicaine … Attrapant un chiffon, elle nettoya le visage de sa sœur avant de lui enlever son bâillon, tout en lançant son regard courroucé de crème chantilly à ses sœurs, qui sentirent que leur heure allait bientôt arriver.
Adossée contre le pied de la table de la cuisine, l’enfarinée sentit la colère monter en elle.
« Vous … Alors vous !!! Dans notre maison ... devant MON invitée !!!
- Sauve qui peut, cria Eulalie !
- Courrez pour vos vies, ajouta Théodora en se précipitant vers la sortie.
Les sœurs Noirvitrail, Myrthelle – hilare – et Nicée exceptées, s’élancèrent dans un chaos d’ustensiles et de produits ménagers au travers de la cuisine de l’atelier. Le fracas se répercuta sur les murs de pierre, créant l’illusion d’un brouhaha monstrueux. Quatre sœurs se mirent à courir vers la sortie … cette même sortie bloquée par la nomade. Les casseroles, les plats et les ustensiles volèrent dans la pièce, rebondissant sur le sol et les meubles comme autant de projectiles dangereux. La farine fut projetée dans tous les sens, se répandant telle une trainée de poudre dans ce capharnaüm improbable.
« Poussez-vous !!! s’écria Chrisabelle à l’encontre de Parwan. »
L’heure n’était pas à la discussion. La vengeance d’Athénaïs serait terrible ! Les demoiselles devaient fuir.
Ses sœurs, choquées par l’apparition soudaine de la nomade, se figèrent quelques instants. Assez pour qu’Athénaïs leur échappe, glisse sur une casserole renversée et s’écrase la tête la première sur la part de tarte aux fruits étalée sur le sol. La honte se mêla au jus noir qui recouvrait désormais son visage.
Myrthelle éclata de rire tandis que l’originale se tortillait sur le sol comme un vulgaire rôti. Les autres pouffèrent, malgré la gravité de la situation. Athénaïs, honteuse, maudit ses idiotes de sœurs par télépathie, qui le lui rendirent bien. Roulant sur le côté, l’ainée des sœurs se cogna contre le pied de la table, qui chancela quelques instants, avant de déverser le contenu d’un sac de farine mal refermé sur sa tête, provoquant à nouveau l’hilarité de la sœur au ruban orange, qui pointa du doigt l’infortunée magicienne.
« C’est la part de tarte qui se dandine sur le sol, dit-elle hilare. »
Chrisabelle se retourna pour étouffer un rire. Les autres ne purent se contenir et s’esclaffèrent. Parfois … les sœurs Noirvitrail pouvaient se révéler être de vraies petites démones. Ce fut à ce moment que Nicée surgit dans la cuisine, les yeux encore rougit par les larmes. Lorsqu’elle remarqua sa sœur ainée s’agiter sur le sol, elle glapit avec un tremolo de tristesse dans sa voix :
« Vous êtes horribles ! Jouer des tours comme ça, vous devriez avoir honte ! Oh Athénaïs, je suis désolée, je ne voulais pas … mais elles m’ont forcé. »
La plus douce se porta au secours de sa sœur, dépassant la nomade en la bousculant légèrement. Elle redressa une Athénaïs à moitié sonnée, la figure recouverte de myrtille et les cheveux enveloppés dans un voile de farine. Un maquillage qui aurait pu faire fureur dans la haute société républicaine … Attrapant un chiffon, elle nettoya le visage de sa sœur avant de lui enlever son bâillon, tout en lançant son regard courroucé de crème chantilly à ses sœurs, qui sentirent que leur heure allait bientôt arriver.
Adossée contre le pied de la table de la cuisine, l’enfarinée sentit la colère monter en elle.
« Vous … Alors vous !!! Dans notre maison ... devant MON invitée !!!
- Sauve qui peut, cria Eulalie !
- Courrez pour vos vies, ajouta Théodora en se précipitant vers la sortie.
Les sœurs Noirvitrail, Myrthelle – hilare – et Nicée exceptées, s’élancèrent dans un chaos d’ustensiles et de produits ménagers au travers de la cuisine de l’atelier. Le fracas se répercuta sur les murs de pierre, créant l’illusion d’un brouhaha monstrueux. Quatre sœurs se mirent à courir vers la sortie … cette même sortie bloquée par la nomade. Les casseroles, les plats et les ustensiles volèrent dans la pièce, rebondissant sur le sol et les meubles comme autant de projectiles dangereux. La farine fut projetée dans tous les sens, se répandant telle une trainée de poudre dans ce capharnaüm improbable.
« Poussez-vous !!! s’écria Chrisabelle à l’encontre de Parwan. »
L’heure n’était pas à la discussion. La vengeance d’Athénaïs serait terrible ! Les demoiselles devaient fuir.
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Parwan Sahriki
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Info personnage
Race: Humaine
Vocation: Combattant assassin
Alignement: Neutre bon
Rang: C
La silhouette de Parwan se tient ferme dans l’encadrement de la porte de cuisine. Face au chaos, un déferlement inattendu peut toujours survenir à vos dépends ! Mais, se tenant dans un entonnoir, la Sahriki s’y expose en connaissance de cause, son kerikh dressé par devant elle. Seules des réponses à ses questions la verraient s’écarter désormais.
La sévère nomade redouble d'attention et de silence vis-à-vis de ces êtres, possiblement surnaturels, qu’elle suspecte d’être des sorcières. Elle guette un signe de duplicité nouvelle – terme à-propos – de sournoiserie ou autre mensonge, elle qui avait échoué à déceler les précédents.
C’est à peine si la chute dramatique de la captive lui arrache une grimace, et bien malin qui saurait dire si elle s’adressait à l’infortunée prisonnière ou à la part de tarte qui venait de la réceptionner, ajoutant la blessure à l’injure d’avoir été ainsi gâchée sur le carrelage.
Au risque de le répéter, on ne plaisantait pas avec la cuisine.
Mais quand la jeune femme bute dans la table et déverse sur elle une cascade de farine, la nomade ne peut s’empêcher d’admirer l’ampleur de la catastrophe, confinant presque au rituel mystique. Cette Athénaïs fardée de poudre blanche aurait des allures de shaman si elle ne subissait pas l’infamie des rires de ses reflets et la grande honte d’être attachée ainsi.
« C’est la part de tarte qui se dandine sur le sol » S’esclaffe la copie qui s’amusait le plus bruyamment du triste spectacle.
C’est en considérant un instant la joyeuse luronne que Parwan discerne la seule chose qui différenciait une Athénaïs des autres : La couleur de son ruban.
Un instant… La PART DE TARTE !? Toujours fort dépassée par les évènements, bien qu’elle s’en cache avec adresse, Parwan prend Myrthelle au mot et contemple en silence la trainée de tarte fruitée étalée au sol. Il faut l’intervention de Nicée, la dépassant par la droite et revenue de l’alcôve, pour que la nomade réalise que l’Athénaïs originale n’avait pas été transformée en dessert, et que la copie au ruban orange venait simplement d’employer une figure de style. Que voulait dire "dandine" en Qiya, déjà ?
Qu’importe ! La délicate ruban-bleu-clair vient porter secours à Athénaïs, prétendument celle qu’elle avait vu disparaître vers la cuisine à leur arrivée. Les voilà toutes dans la même pièce, à présent, et il est hors de question que cela change sans explications de leur part !
Le fossé entre leur parfaite ressemblance et l’attitude unique dont chacune fait preuve défie la capacité de Parwan à saisir la situation. Elle n’y comprend rien ! Même la clique qui s’amuse du malheur de la prisonnière manifeste sa joie de manière fort différente.
Sont-ce des rires de pure méchanceté ou de simples moqueries que des sœurs pourraient avoir entre elle ?
Parwan n'a pas le début d'une réponse et pour tout dire, cela commence à l'agacer.
Ruban Cyan fustige le groupe susmentionné et l’Athénaïs originale s’emporte :
« Vous … Alors vous !!! Dans notre maison ... devant MON invitée !!! »
« Sauve qui peut ! » s’exclame l’une d’elles, suivie du reste du groupe qui s’élance vers la sortie.
Le voilà ! Le déferlement inattendu ! Une éruption de poudre blanche et de récipients métalliques précipités contre toutes les surfaces ! Le chaos est tel qu'il arrête le temps et fait surgir chez Parwan un souvenir lointain ; un jour, au souk d’hiver de Taisen, il y a vingt ans de cela : Un empilement de cages à champas s’était effondré sur lui-même, provoquant dans le souk la course folle d’un groupe de créatures cornues, avides de liberté, renversant tout et tout le monde dans les ruelles étroites de la ville fortifiée.
Ces agitées étaient des champas réincarnées dans des corps humains ! Et ce chaos appelait à être circonscrit ! Alors si Parwan devait en devenir le sceau vivant, ainsi soit-il !
« Poussez-vous !!! » Enjoint l’une d’elle. Pas question !
Pour freiner leur élan, Parwan frappe devant elle d’un revers de bâton. L’air chuinte face au visage des demoiselles, dans le sillage horizontal du coup. Alors que le kerikh change habilement de main et rejoint son dos, se muant en vortex inquiétant, la nomade saisit un des pigeons qui pendait secrètement derrière sa ceinture et le brandit à hauteur de regard.
Le mouvement est d’une grande fluidité et ne dure qu’un instant.
« Arrière ! Pigeon sans tête !» s’exclame Parwan, comme pour préciser la nature du cadavre qui pendait sous leur nez, la (‘bsence de) tête en bas. « Vous ne quitterez pas cette pièce sans m’avoir donné la raison de tout cela, pourquoi ces mensonges, ces pleurs et ces saucissonnages ! Expliquez vous ! » poursuit-elle en shierak qiya car c’était une phrase longue et rapide, mais aussi car les ordres vibraient différemment dans cette langue.
Ainsi se dresse Parwan, devant la porte, son bâton brassant l’air comme un moulin dans son dos, à une vitesse formidable au demeurant ! Et ce, bien qu’elle ne le tienne qu’à une main et hors de sa vue. Parwan a le sourcil froncé et le regard résolu. Plus qu’autre chose, elle semble agacée qu’on lui fasse des mystères et qu’on méprise l’art de la cuisine… dans une cuisine !
Elle présente le volatile au fuyardes, tour à tour, comme un talisman pour conjurer des êtres surnaturels. Ses yeux ne s’adoucissent pas lorsqu’ils croisent ceux d’Athénaïs ou de Nicée. Après tout, si elle devait obtenir des explications, c’était de leur part avant tout ! Mais Athénaïs peut y déceler aussi l'éclat discret d'un encouragement, comme l'incitant à aller jusqu'au bout de sa colère. Celles dont elle bloque la fuite méritent une leçon mémorable que la nomade, en parfaite inconnue, ne s'estime pas légitime de donner elle-même.
La sévère nomade redouble d'attention et de silence vis-à-vis de ces êtres, possiblement surnaturels, qu’elle suspecte d’être des sorcières. Elle guette un signe de duplicité nouvelle – terme à-propos – de sournoiserie ou autre mensonge, elle qui avait échoué à déceler les précédents.
C’est à peine si la chute dramatique de la captive lui arrache une grimace, et bien malin qui saurait dire si elle s’adressait à l’infortunée prisonnière ou à la part de tarte qui venait de la réceptionner, ajoutant la blessure à l’injure d’avoir été ainsi gâchée sur le carrelage.
Au risque de le répéter, on ne plaisantait pas avec la cuisine.
Mais quand la jeune femme bute dans la table et déverse sur elle une cascade de farine, la nomade ne peut s’empêcher d’admirer l’ampleur de la catastrophe, confinant presque au rituel mystique. Cette Athénaïs fardée de poudre blanche aurait des allures de shaman si elle ne subissait pas l’infamie des rires de ses reflets et la grande honte d’être attachée ainsi.
« C’est la part de tarte qui se dandine sur le sol » S’esclaffe la copie qui s’amusait le plus bruyamment du triste spectacle.
C’est en considérant un instant la joyeuse luronne que Parwan discerne la seule chose qui différenciait une Athénaïs des autres : La couleur de son ruban.
Un instant… La PART DE TARTE !? Toujours fort dépassée par les évènements, bien qu’elle s’en cache avec adresse, Parwan prend Myrthelle au mot et contemple en silence la trainée de tarte fruitée étalée au sol. Il faut l’intervention de Nicée, la dépassant par la droite et revenue de l’alcôve, pour que la nomade réalise que l’Athénaïs originale n’avait pas été transformée en dessert, et que la copie au ruban orange venait simplement d’employer une figure de style. Que voulait dire "dandine" en Qiya, déjà ?
Qu’importe ! La délicate ruban-bleu-clair vient porter secours à Athénaïs, prétendument celle qu’elle avait vu disparaître vers la cuisine à leur arrivée. Les voilà toutes dans la même pièce, à présent, et il est hors de question que cela change sans explications de leur part !
Le fossé entre leur parfaite ressemblance et l’attitude unique dont chacune fait preuve défie la capacité de Parwan à saisir la situation. Elle n’y comprend rien ! Même la clique qui s’amuse du malheur de la prisonnière manifeste sa joie de manière fort différente.
Sont-ce des rires de pure méchanceté ou de simples moqueries que des sœurs pourraient avoir entre elle ?
Parwan n'a pas le début d'une réponse et pour tout dire, cela commence à l'agacer.
Ruban Cyan fustige le groupe susmentionné et l’Athénaïs originale s’emporte :
« Vous … Alors vous !!! Dans notre maison ... devant MON invitée !!! »
« Sauve qui peut ! » s’exclame l’une d’elles, suivie du reste du groupe qui s’élance vers la sortie.
Le voilà ! Le déferlement inattendu ! Une éruption de poudre blanche et de récipients métalliques précipités contre toutes les surfaces ! Le chaos est tel qu'il arrête le temps et fait surgir chez Parwan un souvenir lointain ; un jour, au souk d’hiver de Taisen, il y a vingt ans de cela : Un empilement de cages à champas s’était effondré sur lui-même, provoquant dans le souk la course folle d’un groupe de créatures cornues, avides de liberté, renversant tout et tout le monde dans les ruelles étroites de la ville fortifiée.
Ces agitées étaient des champas réincarnées dans des corps humains ! Et ce chaos appelait à être circonscrit ! Alors si Parwan devait en devenir le sceau vivant, ainsi soit-il !
« Poussez-vous !!! » Enjoint l’une d’elle. Pas question !
Pour freiner leur élan, Parwan frappe devant elle d’un revers de bâton. L’air chuinte face au visage des demoiselles, dans le sillage horizontal du coup. Alors que le kerikh change habilement de main et rejoint son dos, se muant en vortex inquiétant, la nomade saisit un des pigeons qui pendait secrètement derrière sa ceinture et le brandit à hauteur de regard.
Le mouvement est d’une grande fluidité et ne dure qu’un instant.
« Arrière ! Pigeon sans tête !» s’exclame Parwan, comme pour préciser la nature du cadavre qui pendait sous leur nez, la (‘bsence de) tête en bas. « Vous ne quitterez pas cette pièce sans m’avoir donné la raison de tout cela, pourquoi ces mensonges, ces pleurs et ces saucissonnages ! Expliquez vous ! » poursuit-elle en shierak qiya car c’était une phrase longue et rapide, mais aussi car les ordres vibraient différemment dans cette langue.
Ainsi se dresse Parwan, devant la porte, son bâton brassant l’air comme un moulin dans son dos, à une vitesse formidable au demeurant ! Et ce, bien qu’elle ne le tienne qu’à une main et hors de sa vue. Parwan a le sourcil froncé et le regard résolu. Plus qu’autre chose, elle semble agacée qu’on lui fasse des mystères et qu’on méprise l’art de la cuisine… dans une cuisine !
Elle présente le volatile au fuyardes, tour à tour, comme un talisman pour conjurer des êtres surnaturels. Ses yeux ne s’adoucissent pas lorsqu’ils croisent ceux d’Athénaïs ou de Nicée. Après tout, si elle devait obtenir des explications, c’était de leur part avant tout ! Mais Athénaïs peut y déceler aussi l'éclat discret d'un encouragement, comme l'incitant à aller jusqu'au bout de sa colère. Celles dont elle bloque la fuite méritent une leçon mémorable que la nomade, en parfaite inconnue, ne s'estime pas légitime de donner elle-même.
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Athénaïs de Noirvitrail
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Le bâton chuinta et se fit menaçant, stoppant les demoiselles dans leur fuite. Eulalie se cambra en arrière, évitant de peu le bout de l’arme, mais fut bousculée par Chrysabelle qui venait à peine de lui emboiter le pas. Elles se stoppèrent net ! Non pas que le pigeon sans tête fut particulièrement efficace pour les freiner dans leur course, mais la perspective de se prendre un bon coup de bâton sur le crâne ne leur semblait pas des plus plaisantes. Elles levèrent les mains, cherchant à repousser la bestiole, et reculèrent comme une seule femme vers l’âtre froid de la cuisine, renversant au passage de nouveaux ustensiles, qui accompagnèrent leurs mouvements dans un bruit effrayant.
Ce fut Eulalie qui brisa en premier le vacarme :
« Doucement ! Baissez ces pigeons décapités, nomade !
- C’est dégoutant ! cria Chrysabelle.
- Arrête un peu toi … la rabroua Théodora en lui donnant un coup de coude. »
Les sœurs contemplèrent d’un air inquiet la nomade aux sourcils froncés, mais ce qui les terrifiaient le plus était le regard d’Athénaïs, qui, venait de se relever, accompagnée dans son mouvement par Nicée. La magicienne, toujours recouverte de farine, était furibonde. Ses petits poings serrés, la magie affluait en elle, soulevant dans les airs les pots, casseroles et couverts par la simple force de sa colère. La table trembla, les sœurs aussi. Elles déglutirent, terrifiées.
Une fourchette fusa et se planta dans les briques de l’âtre, à quelques centimètres du visage d’Eulalie, qui, si elle avait pu, serait devenue blanche de peur. La jeune sœur se figea, tandis que les ustensiles et les plates, menaçants et vibrants de colère, continuaient de tenir en joue les sœurs.
« Ahahah, vous verriez vos têtes les filles, c’est parfait ! »
Myrthelle continuait de pleurer de rire, mais celui-ci fut de courte durée. Son rire fut cueilli dans l’instant par une marmite en cuivre sur sa tête, l’assommant à moitié. La jeune fille hilare, mais sonnée, tomba sur le sol, la tête la première, le son de la marmite se répercutant sur le dallage de pierre.
« Théna … C’était une blague … On ne pensait pas à mal tu sais … osa Augusta.
- SILENCE ! hurla Athénaïs, rouge de colère, malgré son teint enfariné. »
La jeune femme s’avança, acculant les sœurs contre le mur. Elle posa son pied sur le corps inerte de Myrthelle et celle-ci disparut dans une explosion de bulles colorées. Athénaïs venait de la rappeler en elle, et elle ne sortirait pas tant qu’elle n’aurait pas fait amende honorable. Les autres sœurs, horrifiées, cherchèrent une échappatoire, mais entre une Athénaïs furibonde et la menace de la nomade aux pigeons crevés et au bâton bien manié, elles ne pouvaient pas s’enfuir. Théodora tenta sa chance, peu disposée à finir comme Myrthelle, mais elle fut ceinturée par la magicienne dans l’instant avant de disparaître, laissant derrière elle des bulles de couleurs. Puis ce fut le tour de Chrysabelle, Augusta et d’Eulalie. Cette dernière adressa un regard en coin à la nomade avant de disparaître, un regard à la fois désolé et honteux. Elle lâcha un « désolée », avant de disparaître elle-aussi.
Il ne restait plus que Parwan, Nicée et Athénaïs.
Les ustensiles de cuisine se déposèrent délicatement sur le sol, la colère d’Athénaïs aussi. Elle se retourna vers sa jeune sœur et la toisa de toute sa hauteur avant de se pencher vers elle et de lui murmurer.
« Ne te laisse plus jamais faire par elles, c’est compris … ? »
Nicée renifla bruyamment, ne sachant plus où se mettre. Sans rien ajouter, Athénaïs lui fit une pichenette sur le nez et la fit disparaître à son tour.
Le calme retomba dans la petite cuisine. Athénaïs inspira longuement et profondément, cherchant à canaliser ses pensées et sa colère. Elle murmura quelques paroles dans sa langue natale, comme si elle égrainait un chapelet de prières avant de se retourner vers son invitée. Par les étoiles, elle avait tellement honte d’elle-même !
« Je … je vous présente mes excuses … D’ordinaire, elles ne font pas ça … »
Athénaïs inspira, mais les larmes lui montèrent aux yeux. Instinctivement, elle enfouit son visage entre ses mains, essayant de contenir sa honte et se larmes. Ses sœurs avaient tout gâché …
Ce fut Eulalie qui brisa en premier le vacarme :
« Doucement ! Baissez ces pigeons décapités, nomade !
- C’est dégoutant ! cria Chrysabelle.
- Arrête un peu toi … la rabroua Théodora en lui donnant un coup de coude. »
Les sœurs contemplèrent d’un air inquiet la nomade aux sourcils froncés, mais ce qui les terrifiaient le plus était le regard d’Athénaïs, qui, venait de se relever, accompagnée dans son mouvement par Nicée. La magicienne, toujours recouverte de farine, était furibonde. Ses petits poings serrés, la magie affluait en elle, soulevant dans les airs les pots, casseroles et couverts par la simple force de sa colère. La table trembla, les sœurs aussi. Elles déglutirent, terrifiées.
Une fourchette fusa et se planta dans les briques de l’âtre, à quelques centimètres du visage d’Eulalie, qui, si elle avait pu, serait devenue blanche de peur. La jeune sœur se figea, tandis que les ustensiles et les plates, menaçants et vibrants de colère, continuaient de tenir en joue les sœurs.
« Ahahah, vous verriez vos têtes les filles, c’est parfait ! »
Myrthelle continuait de pleurer de rire, mais celui-ci fut de courte durée. Son rire fut cueilli dans l’instant par une marmite en cuivre sur sa tête, l’assommant à moitié. La jeune fille hilare, mais sonnée, tomba sur le sol, la tête la première, le son de la marmite se répercutant sur le dallage de pierre.
« Théna … C’était une blague … On ne pensait pas à mal tu sais … osa Augusta.
- SILENCE ! hurla Athénaïs, rouge de colère, malgré son teint enfariné. »
La jeune femme s’avança, acculant les sœurs contre le mur. Elle posa son pied sur le corps inerte de Myrthelle et celle-ci disparut dans une explosion de bulles colorées. Athénaïs venait de la rappeler en elle, et elle ne sortirait pas tant qu’elle n’aurait pas fait amende honorable. Les autres sœurs, horrifiées, cherchèrent une échappatoire, mais entre une Athénaïs furibonde et la menace de la nomade aux pigeons crevés et au bâton bien manié, elles ne pouvaient pas s’enfuir. Théodora tenta sa chance, peu disposée à finir comme Myrthelle, mais elle fut ceinturée par la magicienne dans l’instant avant de disparaître, laissant derrière elle des bulles de couleurs. Puis ce fut le tour de Chrysabelle, Augusta et d’Eulalie. Cette dernière adressa un regard en coin à la nomade avant de disparaître, un regard à la fois désolé et honteux. Elle lâcha un « désolée », avant de disparaître elle-aussi.
Il ne restait plus que Parwan, Nicée et Athénaïs.
Les ustensiles de cuisine se déposèrent délicatement sur le sol, la colère d’Athénaïs aussi. Elle se retourna vers sa jeune sœur et la toisa de toute sa hauteur avant de se pencher vers elle et de lui murmurer.
« Ne te laisse plus jamais faire par elles, c’est compris … ? »
Nicée renifla bruyamment, ne sachant plus où se mettre. Sans rien ajouter, Athénaïs lui fit une pichenette sur le nez et la fit disparaître à son tour.
Le calme retomba dans la petite cuisine. Athénaïs inspira longuement et profondément, cherchant à canaliser ses pensées et sa colère. Elle murmura quelques paroles dans sa langue natale, comme si elle égrainait un chapelet de prières avant de se retourner vers son invitée. Par les étoiles, elle avait tellement honte d’elle-même !
« Je … je vous présente mes excuses … D’ordinaire, elles ne font pas ça … »
Athénaïs inspira, mais les larmes lui montèrent aux yeux. Instinctivement, elle enfouit son visage entre ses mains, essayant de contenir sa honte et se larmes. Ses sœurs avaient tout gâché …
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Parwan Sahriki
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Info personnage
Race: Humaine
Vocation: Combattant assassin
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Rang: C
Parwan stoppe la rotation de son bâton quand le groupe de jeunes femmes recule jusqu'à l'âtre. En substance, elle avait l'impression de faire son travail de bergère mais avec un troupeau humain.
Et voilà que le fantastique revient au galop. Les casseroles dans la pièce se mettent à léviter. Quoi encore ? La nomade comprend bien vite que ce sont des arcanes qui sont à l’œuvre, celles d'Athénaïs. Elle sent la tension monter dans l'air avec les ustensiles.
Une magicienne !? Parwan est fascinée par la maîtrise de la jeune femme. Tant d'objets soulevés en même temps ! Quelle adresse !
Le coup de la fourchette met un point final à son compliment. « Oh ! », fait sa bouche.
Les meubles les plus lourds tremblent sur leurs pieds. La puissance de l'instant émeut Parwan qui serre plus fort la hampe de son kerikh, partageant les émotions d'Athénaïs dans sa quête de rétribution.
...Puis, la plus hilare des sept s'effondre dans un bang cuivré qui parvient à peine à calmer son fou rire communicatif. Parwan doit se mordre les lèvres pour mater le grand sourire qui lui chatouille le visage. Quel phénomène, celle là...
Heureusement, Athénaïs ne rit pas, et son cri de colère rappelle à toutes qu'elles n'assistent pas à une comédie mais à un drame. Drame au cœur duquel Parwan se réjouit d'être aux côtés du bras vengeur s'abattant durant l'acte final.
Et quel bras vengeur ! Parwan partage la stupéfaction des copies lorsque Myrthelle s'évapore dans une explosion de bulles de couleurs. Une nouvelle prouesse ! La nomade se doutait que ces doubles n'étaient pas naturels...
La jeune républicaine s'empresse de faire subir le même sort au reste des contrevenantes, acculées contre l'âtre. La nomade n'en revient pas. Certaines tentent d'y échapper, d'autres, comme la dernière au ruban rouge, s'y résignent avec dignité. Son regard repentant n'échappe pas à Parwan. Qu'était-elle ? Que voulait-elle ?
Athénaïs agit avec plus de douceur envers ruban-bleu-clair. Son chagrin était donc bien réel. Parwan est soulagée de voir que ses pulsions de réconfort étaient fondées. Elle regarde la dernière copie se faire bannir, et attend patiemment qu'Athénaïs se ressaisisse.
« Je … je vous présente mes excuses … D’ordinaire, elles ne font pas ça … »
Son geste d'embarras est drôlement similaire à celui qu'avait eut son clone dans l'alcôve. Elle semble au bord des larmes.
Dans le calme après la tempête, c'est sa propre agitation que Parwan ne parvient plus à contenir. Elle pose son kerikh et son pigeon contre le mur et rejoint Athénaïs avec hâte, les deux main sur le cœur.
« Oh, Athénaïs, ma soeur ! Je n'y comprend rien mais c'était formidable ! Tu es une magicienne ! Combien d'objets peux-tu faire flotter en même temps comme ça ? Est-ce tu peux faire du feu avec tes mains ? » Elle s'éloigne, récupère un torchon de cuisine par terre, et revient devant elle, écartant ses poignets pour débarrasser vigoureusement son visage des taches de myrtille.
Son autre main parcoure ses cheveux avec énergie pour les débarrasser de leur farine. Elle parle sans discontinuer, avec l'enthousiasme d'une jeune fille ou d'une tante très joviale. « Ça me rappelle, plus jeune, je n'ai jamais réussi à soulever la plus petite cuillère en bois ! Mes sœurs de clan s'envolaient toutes seules, allumaient des torches avec leurs doigts, soignaient des bleus juste en les regardant ! Je suis trop sotte pour tout ça, mon mari avait raison. Je ne suis bonne qu'à garder des chèvres, donner des coups de bâton et en recevoir, mhmh ! »
Elle manipule le menton et les joues d'Athénaïs, pivotant son visage de droite à gauche pour ne manquer aucune saleté.
Pouvoir enfin réparer ce bazar semble un vrai soulagement pour la Sahriki. Quand la frimousse d'Athénaïs est de nouveau présentable, Parwan se met en tête de ramasser un par un les ustensiles tombés par terre.
« Ces doubles, c'est une malédiction ? Ma sœur, je te plains. Ma mère disait : On est jamais mieux servie que par soit-même. Divins bien-aimés, ça n'a pas l'air d'être ton cas ! Ton mari est-il là ? C'est une chance qu'il n'assiste pas à ce désastre. Moi, ce n'est pas grave, Soleil sacré, j'ai vu pire ! » Elle ne laisse pas son hôte en placer une. C'est sa façon de changer de sujet pour lui faire oublier sa gêne. Ses exigences de réponses s'étaient volatilisées ; comme si l'efficacité d'Athénaïs a bannir ses copies l'avait convaincue que le mystère était moins retors qu'il n'y paraissait. Elle aurait ses explications, tôt ou tard.
Chaque fois qu'elle se baisse sur une casserole, l'air qu'elle déplace soulève de fines particules blanches, comme les poussières sur les ailes d'un papillon. Penchée sur ses genoux, elle jette un œil dans la marmite en cuivre, curieuse de voir si elle contenait des restes de Myrthelle. « Veux-tu qu'on nettoie la cuisine maintenant ? Le... thé est encore chaud. » s'interrompt-elle enfin.
La nomade repose une pile de récipients sur le comptoir de la cuisine. Son regard vers la jeune femme insiste sur l'importance cornélienne de sa question. Le thé était comme un ami qu'on laissait attendre, la cuisine, une potentielle source d'embarras.
Et voilà que le fantastique revient au galop. Les casseroles dans la pièce se mettent à léviter. Quoi encore ? La nomade comprend bien vite que ce sont des arcanes qui sont à l’œuvre, celles d'Athénaïs. Elle sent la tension monter dans l'air avec les ustensiles.
Une magicienne !? Parwan est fascinée par la maîtrise de la jeune femme. Tant d'objets soulevés en même temps ! Quelle adresse !
Le coup de la fourchette met un point final à son compliment. « Oh ! », fait sa bouche.
Les meubles les plus lourds tremblent sur leurs pieds. La puissance de l'instant émeut Parwan qui serre plus fort la hampe de son kerikh, partageant les émotions d'Athénaïs dans sa quête de rétribution.
...Puis, la plus hilare des sept s'effondre dans un bang cuivré qui parvient à peine à calmer son fou rire communicatif. Parwan doit se mordre les lèvres pour mater le grand sourire qui lui chatouille le visage. Quel phénomène, celle là...
Heureusement, Athénaïs ne rit pas, et son cri de colère rappelle à toutes qu'elles n'assistent pas à une comédie mais à un drame. Drame au cœur duquel Parwan se réjouit d'être aux côtés du bras vengeur s'abattant durant l'acte final.
Et quel bras vengeur ! Parwan partage la stupéfaction des copies lorsque Myrthelle s'évapore dans une explosion de bulles de couleurs. Une nouvelle prouesse ! La nomade se doutait que ces doubles n'étaient pas naturels...
La jeune républicaine s'empresse de faire subir le même sort au reste des contrevenantes, acculées contre l'âtre. La nomade n'en revient pas. Certaines tentent d'y échapper, d'autres, comme la dernière au ruban rouge, s'y résignent avec dignité. Son regard repentant n'échappe pas à Parwan. Qu'était-elle ? Que voulait-elle ?
Athénaïs agit avec plus de douceur envers ruban-bleu-clair. Son chagrin était donc bien réel. Parwan est soulagée de voir que ses pulsions de réconfort étaient fondées. Elle regarde la dernière copie se faire bannir, et attend patiemment qu'Athénaïs se ressaisisse.
« Je … je vous présente mes excuses … D’ordinaire, elles ne font pas ça … »
Son geste d'embarras est drôlement similaire à celui qu'avait eut son clone dans l'alcôve. Elle semble au bord des larmes.
Dans le calme après la tempête, c'est sa propre agitation que Parwan ne parvient plus à contenir. Elle pose son kerikh et son pigeon contre le mur et rejoint Athénaïs avec hâte, les deux main sur le cœur.
« Oh, Athénaïs, ma soeur ! Je n'y comprend rien mais c'était formidable ! Tu es une magicienne ! Combien d'objets peux-tu faire flotter en même temps comme ça ? Est-ce tu peux faire du feu avec tes mains ? » Elle s'éloigne, récupère un torchon de cuisine par terre, et revient devant elle, écartant ses poignets pour débarrasser vigoureusement son visage des taches de myrtille.
Son autre main parcoure ses cheveux avec énergie pour les débarrasser de leur farine. Elle parle sans discontinuer, avec l'enthousiasme d'une jeune fille ou d'une tante très joviale. « Ça me rappelle, plus jeune, je n'ai jamais réussi à soulever la plus petite cuillère en bois ! Mes sœurs de clan s'envolaient toutes seules, allumaient des torches avec leurs doigts, soignaient des bleus juste en les regardant ! Je suis trop sotte pour tout ça, mon mari avait raison. Je ne suis bonne qu'à garder des chèvres, donner des coups de bâton et en recevoir, mhmh ! »
Elle manipule le menton et les joues d'Athénaïs, pivotant son visage de droite à gauche pour ne manquer aucune saleté.
Pouvoir enfin réparer ce bazar semble un vrai soulagement pour la Sahriki. Quand la frimousse d'Athénaïs est de nouveau présentable, Parwan se met en tête de ramasser un par un les ustensiles tombés par terre.
« Ces doubles, c'est une malédiction ? Ma sœur, je te plains. Ma mère disait : On est jamais mieux servie que par soit-même. Divins bien-aimés, ça n'a pas l'air d'être ton cas ! Ton mari est-il là ? C'est une chance qu'il n'assiste pas à ce désastre. Moi, ce n'est pas grave, Soleil sacré, j'ai vu pire ! » Elle ne laisse pas son hôte en placer une. C'est sa façon de changer de sujet pour lui faire oublier sa gêne. Ses exigences de réponses s'étaient volatilisées ; comme si l'efficacité d'Athénaïs a bannir ses copies l'avait convaincue que le mystère était moins retors qu'il n'y paraissait. Elle aurait ses explications, tôt ou tard.
Chaque fois qu'elle se baisse sur une casserole, l'air qu'elle déplace soulève de fines particules blanches, comme les poussières sur les ailes d'un papillon. Penchée sur ses genoux, elle jette un œil dans la marmite en cuivre, curieuse de voir si elle contenait des restes de Myrthelle. « Veux-tu qu'on nettoie la cuisine maintenant ? Le... thé est encore chaud. » s'interrompt-elle enfin.
La nomade repose une pile de récipients sur le comptoir de la cuisine. Son regard vers la jeune femme insiste sur l'importance cornélienne de sa question. Le thé était comme un ami qu'on laissait attendre, la cuisine, une potentielle source d'embarras.
- Parwan parle Shierak qiya en italique et Commun en bold color=#ffcc00 -
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
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Athénaïs n’eut même pas le temps de ravaler ses larmes qu’elle fut assaillie par les questions de Palouane. Cette dernière, visiblement étonnée – mais qui ne l’aurait pas été ? – par la présence de ses sœurs, n’en finissait pas de la noyer sous diverses anecdotes. La jeune fille fut quelque peu désarçonnée par ce comportement, mais finit par comprendre que derrière cette attitude bavarde se cachait la volonté de désactiver le drame de cette situation ubuesque dans laquelle les sœurs Noirvitrail avaient plongé Athénaïs.
N'ayant aucune chance de rattraper la multitude de questions de son invitée, mademoiselle de Noirvitrail passa ses mains dans ses cheveux, tripotant son long ruban bleu avec gène. D’ordinaire, les gens auraient fui en apprenant qu’elle partageait son âme avec six autres personnes … Elle voulut se fendre d’un mot savant ou d’une formule bien sentie, mais elle n’eut pas le temps de dire le moindre mot que déjà, la nomade s’emparait de ses joues, de ses cheveux et de son visage pour la rendre présentable.
Athénaïs écarquilla les yeux. Si elle avait pu rougir … elle aurait probablement offert à cet instant un visage rouge pivoine … mâtiné de farine de blé.
Ceci dit … ce n’est pas désagréable …
Il y avait dans les gestes de la nomade une incroyable douceur, cette douceur qui manquait à ses parents … et à sa famille en général. Elle laissa retomber ses bras et se laissa faire tranquillement, sans dire un mot. Moui … ce n’était absolument pas désagréable.
Son invitée ne cessait de pépier, mais Parwan avait une voix à la fois douce et mature, bien loin des greluches qui trainaient du côté des Embruns ou sur les bancs de l’université. Il y avait dans sa manière de raconter, dans l’accent qu’elle avait et dans ses expressions la sagesse d’une femme qui avait eu une vie. Lorsqu’elle s’enquit de la présence de son mari, Parwan agitait déjà une cuillère en bois dans sa main gauche, et une casserole dans la droite. Athénaïs sourit …
« Palouane, ma sœur … concernant mon mari je … Oh … le thé ! Il va refroidir ! Lâchez ces ustensiles ! Non, pas de mais ! J’insiste. Quant à la cuisine … »
La jeune femme se concentra et soudainement, se dédoubla, laissant à ses côtés une copie conforme, au ruban orange. Lorsque celle-ci apparut à côté d’elle, elle recula de deux pas, visiblement terrifiée par l’originale.
« Oh non !
- Oh que si ! Tu vas ranger toute cette cuisine, immédiatement ! Et si tu penses que ta punition est sévère, attend de voir ce que je vais faire aux autres ! dit-elle l’index levé et d’un ton ne souffrant d’aucune contradiction ! »
Myrthelle n’eut pour seule réponse qu’un hoquet, donc le son fit quelque chose comme « hiiiip ». C’était un beau « hiiiip », selon les témoins de cette scène. Elle gonfla les joues, prit un air effronté, et se mit à ramasser les objets éparpillés dans la cuisine.
Athénaïs, quant à elle, reprit sa contenance et son air affable afin de donner le change à son invitée. Elle passa son bras autour de celui de Parwan et la guida hors de la cuisine, avec un sourire voulant certainement dire « il ne s’est rien passé ici ». Elle claqua ses doigts et le bâton de la nomade les suivit en flottant gaiement dans les airs. En sortant de la pièce, elle passa sa main libre sur ses joues d’un air rêveur.
Ce n’était vraiment pas désagréable …
Reprenant ses esprits, elle secoua la tête afin de chasser ses vilaines pensées. Revenues dans le petit salon, les deux femmes purent apercevoir que la théière montait toujours la garde sur le plateau. De délicates fumées montaient des tasses. Prenant la place occupée par Nicée il y a quelques minutes, la jeune femme présenta à nouveau ses excuses à la nomade ... et quelques explications.
« Je vous présente à nouveau mes excuses, Palouane Sahriki. Je suis en effet une magicienne … Et non, je ne peux malheureusement pas faire de feu avec mes mains. Mes professeurs n’ont jamais réussi à me faire maîtriser la moindre énergie élémentaire, à leur grand regret et celui de mes parents. Ma spécialité … ce sont les objets magiques … quelques tours de passe-passe et … ces fieffées gourgandines de clones que je nomme affectueusement mes sœurs, mais qui mériteraient d’être pendues par les pieds aux murailles de Justice pour leurs vilains tours. »
Elle remua délicatement le thé à l’intérieur de sa tasse avec la petite cuillère esseulée qui y flottait.
« Je manque à tous mes devoirs … voulez-vous dire une prière avant que nous commencions à boire ?
N'ayant aucune chance de rattraper la multitude de questions de son invitée, mademoiselle de Noirvitrail passa ses mains dans ses cheveux, tripotant son long ruban bleu avec gène. D’ordinaire, les gens auraient fui en apprenant qu’elle partageait son âme avec six autres personnes … Elle voulut se fendre d’un mot savant ou d’une formule bien sentie, mais elle n’eut pas le temps de dire le moindre mot que déjà, la nomade s’emparait de ses joues, de ses cheveux et de son visage pour la rendre présentable.
Athénaïs écarquilla les yeux. Si elle avait pu rougir … elle aurait probablement offert à cet instant un visage rouge pivoine … mâtiné de farine de blé.
Ceci dit … ce n’est pas désagréable …
Il y avait dans les gestes de la nomade une incroyable douceur, cette douceur qui manquait à ses parents … et à sa famille en général. Elle laissa retomber ses bras et se laissa faire tranquillement, sans dire un mot. Moui … ce n’était absolument pas désagréable.
Son invitée ne cessait de pépier, mais Parwan avait une voix à la fois douce et mature, bien loin des greluches qui trainaient du côté des Embruns ou sur les bancs de l’université. Il y avait dans sa manière de raconter, dans l’accent qu’elle avait et dans ses expressions la sagesse d’une femme qui avait eu une vie. Lorsqu’elle s’enquit de la présence de son mari, Parwan agitait déjà une cuillère en bois dans sa main gauche, et une casserole dans la droite. Athénaïs sourit …
« Palouane, ma sœur … concernant mon mari je … Oh … le thé ! Il va refroidir ! Lâchez ces ustensiles ! Non, pas de mais ! J’insiste. Quant à la cuisine … »
La jeune femme se concentra et soudainement, se dédoubla, laissant à ses côtés une copie conforme, au ruban orange. Lorsque celle-ci apparut à côté d’elle, elle recula de deux pas, visiblement terrifiée par l’originale.
« Oh non !
- Oh que si ! Tu vas ranger toute cette cuisine, immédiatement ! Et si tu penses que ta punition est sévère, attend de voir ce que je vais faire aux autres ! dit-elle l’index levé et d’un ton ne souffrant d’aucune contradiction ! »
Myrthelle n’eut pour seule réponse qu’un hoquet, donc le son fit quelque chose comme « hiiiip ». C’était un beau « hiiiip », selon les témoins de cette scène. Elle gonfla les joues, prit un air effronté, et se mit à ramasser les objets éparpillés dans la cuisine.
Athénaïs, quant à elle, reprit sa contenance et son air affable afin de donner le change à son invitée. Elle passa son bras autour de celui de Parwan et la guida hors de la cuisine, avec un sourire voulant certainement dire « il ne s’est rien passé ici ». Elle claqua ses doigts et le bâton de la nomade les suivit en flottant gaiement dans les airs. En sortant de la pièce, elle passa sa main libre sur ses joues d’un air rêveur.
Ce n’était vraiment pas désagréable …
Reprenant ses esprits, elle secoua la tête afin de chasser ses vilaines pensées. Revenues dans le petit salon, les deux femmes purent apercevoir que la théière montait toujours la garde sur le plateau. De délicates fumées montaient des tasses. Prenant la place occupée par Nicée il y a quelques minutes, la jeune femme présenta à nouveau ses excuses à la nomade ... et quelques explications.
« Je vous présente à nouveau mes excuses, Palouane Sahriki. Je suis en effet une magicienne … Et non, je ne peux malheureusement pas faire de feu avec mes mains. Mes professeurs n’ont jamais réussi à me faire maîtriser la moindre énergie élémentaire, à leur grand regret et celui de mes parents. Ma spécialité … ce sont les objets magiques … quelques tours de passe-passe et … ces fieffées gourgandines de clones que je nomme affectueusement mes sœurs, mais qui mériteraient d’être pendues par les pieds aux murailles de Justice pour leurs vilains tours. »
Elle remua délicatement le thé à l’intérieur de sa tasse avec la petite cuillère esseulée qui y flottait.
« Je manque à tous mes devoirs … voulez-vous dire une prière avant que nous commencions à boire ?
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Parwan Sahriki
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Info personnage
Race: Humaine
Vocation: Combattant assassin
Alignement: Neutre bon
Rang: C
Parwan fait un pas en arrière, très surprise de voir surgir Ruban Orange à nouveau. Elle a un regard pour son kerikh contre le mur mais reste à sa place en voyant Athénaïs maîtresse de sa... création.
En retrait, la nomade étudie Myrthelle du regard comme une créature animée plutôt qu'un être humain. Quelque chose dans la nature même de cette duplication la perturbe secrètement. Un trouble de nature religieuse.
Une fois son alter ego matée, Athénaïs passe son invitée à son bras et l'emporte hors de la cuisine. Parwan est troublée par ce nouveau geste d'intimité physique.
Elle repense à ses derniers jours en République et réalise que c'était commun d'emmener une personne à un endroit souhaité en la tenant physiquement. Plus encore que lorsqu'elle lui avait tenu la main, c'était un geste plein de justesse qu'elle se voyait volontiers reproduire. Elle se sent importante au bras de cette jeune femme mais la raison lui échappe.
Elle fait de grand yeux et pousse un nouveau « Oh ! » silencieux quand son bâton la suit en flottant. Entrainée par le bras d'Athénaïs, elle se retourne plusieurs fois maladroitement pour voir son arme la suivre sans toucher le sol. Elle semble ravie de voir son fidèle kerikh comme animé d'une volonté propre.
Retour dans la salle d'accueil décorée d'inventions oscillant des murs au plafond.
La nomade n'est pas mécontente de se glisser a nouveau derrière sa tasse, l'atmosphère enfin propice à partager sa boisson préférée. A la voir installée ainsi, toute couverte d'étoffes larges et tombantes, le coussin sous ses fesses semble presque redondant. L'épaisseur combinée de sa cape, de sa robe et de son pantalon semblaient offrir un amorti agréable aux surfaces les moins accueillantes
Elle écoute Athénaïs avec attention, hochant beaucoup la tête comme la passagère d'une charrette sur un chemin de montagne, d'abord pour valider son hôtesse dans ses difficultés avec les arcanes élémentaires, puis pour montrer qu'elle comprennait bien de quels objets magiques elle parlait. Elle se figurait les lampes à cristaux que certains marchands de guilde accrochaient à leurs dromadaires pour afficher leur statut. Enfin elle hoche la tête pour approuver le châtiment qu'elle envisage pour ses clones, l'exagération de la Républicaine lui échappant tout à fait. Ce genre de punitions physiques faisait partie du paysage au Reike.
« Je manque à tous mes devoirs … voulez-vous dire une prière avant que nous commencions à boire ? »
« Une prière pour le thé !.. » s'étonne Parwan avant de s'interrompre avec les mains, échouant à contenir son intérêt brûlant pour les coutumes Shierak étrangères. Mais son regard se perd, trop occupée qu'elle était à archiver mentalement cette découverte ...et sans doute la comparer à toutes ses connaissances dévotes. Si le Shierak était par essence un culte sans texte sacré, Parwan aurait pu en rédiger une somme très complète de ses rituels et leurs nombreuses variations.
« C'est amusant. Les miens diraient : Tu bois du thé à longueur de journée, ma sœur, qu'importe aux Astres ce que tu ingurgites et que tu les en remercie. Tu les assommerais d'ennui.» Son air sévère se transforme en sourire de connivence qui dit en silence : « ...moi, je trouve ça fascinant. »
D'un air inspiré, les lèvres pincées, Parwan trace un croissant de Lune à la surface de son thé avec son annulaire puis dessine six rayons de Soleil autour de la tasse avec son doigt humide. Elle porte ses paumes ouverte à hauteur de visage et fait la grimace un instant, ne sachant trop que dire. Les Sahrikis ne priaient visiblement pas pour le thé, en effet, mais ça n'interdisait pas à Parwan d'inventer. Quelques mots suffiraient. Finalement, elle prie en Qiya, la richesse de son vocabulaire contrastant avec son Commun plus rustique.
« Bergère Céleste, louange aux boissons qu'on partage entre gens de bon cœur. Ait grâce de celles aux enveloppes multiples, puisse leur esprit rester uni et maître dans cette division. Bénie soit-tu, déesse immaculée. »
C'était la beauté du culte des Astres : Même improvisé comme à l'instant, il n'existait pas de mauvais rituel tant que le geste était pieux et sincère. Bien sûr, plus le rituel était connu et reproduit, plus il possédait de force, et c'est ainsi que beaucoup de fidèles rejoignaient un culte et l'embrassaient plutôt que de créer le leur de toute pièce.
Pour consommer sa prière, Parwan boit une gorgée de thé, puis une deuxième immédiatement car la richesse du parfum dans sa bouche la surprend. Elle hoche la tête à l'attention de la façonneuse.
Son existence frugale et la maigreur proverbiale de sa bourse lui interdisaient ce genre de raffinements, ce qui expliquait son enchantement lorsqu'elle y avait accès et le sourire chaleureux à l'adresse de son hôtesse.
Parwan ne dit plus rien. Les questions qu'elle avait, elle les avait déjà posées dans la cuisine et se trouverait grossière de les répeter ou d'en poser de nouvelles. Alors elle se tait et regarde Athénaïs en silence. Peut-être était-elle curieuse, elle aussi?
En retrait, la nomade étudie Myrthelle du regard comme une créature animée plutôt qu'un être humain. Quelque chose dans la nature même de cette duplication la perturbe secrètement. Un trouble de nature religieuse.
Une fois son alter ego matée, Athénaïs passe son invitée à son bras et l'emporte hors de la cuisine. Parwan est troublée par ce nouveau geste d'intimité physique.
Elle repense à ses derniers jours en République et réalise que c'était commun d'emmener une personne à un endroit souhaité en la tenant physiquement. Plus encore que lorsqu'elle lui avait tenu la main, c'était un geste plein de justesse qu'elle se voyait volontiers reproduire. Elle se sent importante au bras de cette jeune femme mais la raison lui échappe.
Elle fait de grand yeux et pousse un nouveau « Oh ! » silencieux quand son bâton la suit en flottant. Entrainée par le bras d'Athénaïs, elle se retourne plusieurs fois maladroitement pour voir son arme la suivre sans toucher le sol. Elle semble ravie de voir son fidèle kerikh comme animé d'une volonté propre.
Retour dans la salle d'accueil décorée d'inventions oscillant des murs au plafond.
La nomade n'est pas mécontente de se glisser a nouveau derrière sa tasse, l'atmosphère enfin propice à partager sa boisson préférée. A la voir installée ainsi, toute couverte d'étoffes larges et tombantes, le coussin sous ses fesses semble presque redondant. L'épaisseur combinée de sa cape, de sa robe et de son pantalon semblaient offrir un amorti agréable aux surfaces les moins accueillantes
Elle écoute Athénaïs avec attention, hochant beaucoup la tête comme la passagère d'une charrette sur un chemin de montagne, d'abord pour valider son hôtesse dans ses difficultés avec les arcanes élémentaires, puis pour montrer qu'elle comprennait bien de quels objets magiques elle parlait. Elle se figurait les lampes à cristaux que certains marchands de guilde accrochaient à leurs dromadaires pour afficher leur statut. Enfin elle hoche la tête pour approuver le châtiment qu'elle envisage pour ses clones, l'exagération de la Républicaine lui échappant tout à fait. Ce genre de punitions physiques faisait partie du paysage au Reike.
« Je manque à tous mes devoirs … voulez-vous dire une prière avant que nous commencions à boire ? »
« Une prière pour le thé !.. » s'étonne Parwan avant de s'interrompre avec les mains, échouant à contenir son intérêt brûlant pour les coutumes Shierak étrangères. Mais son regard se perd, trop occupée qu'elle était à archiver mentalement cette découverte ...et sans doute la comparer à toutes ses connaissances dévotes. Si le Shierak était par essence un culte sans texte sacré, Parwan aurait pu en rédiger une somme très complète de ses rituels et leurs nombreuses variations.
« C'est amusant. Les miens diraient : Tu bois du thé à longueur de journée, ma sœur, qu'importe aux Astres ce que tu ingurgites et que tu les en remercie. Tu les assommerais d'ennui.» Son air sévère se transforme en sourire de connivence qui dit en silence : « ...moi, je trouve ça fascinant. »
D'un air inspiré, les lèvres pincées, Parwan trace un croissant de Lune à la surface de son thé avec son annulaire puis dessine six rayons de Soleil autour de la tasse avec son doigt humide. Elle porte ses paumes ouverte à hauteur de visage et fait la grimace un instant, ne sachant trop que dire. Les Sahrikis ne priaient visiblement pas pour le thé, en effet, mais ça n'interdisait pas à Parwan d'inventer. Quelques mots suffiraient. Finalement, elle prie en Qiya, la richesse de son vocabulaire contrastant avec son Commun plus rustique.
« Bergère Céleste, louange aux boissons qu'on partage entre gens de bon cœur. Ait grâce de celles aux enveloppes multiples, puisse leur esprit rester uni et maître dans cette division. Bénie soit-tu, déesse immaculée. »
C'était la beauté du culte des Astres : Même improvisé comme à l'instant, il n'existait pas de mauvais rituel tant que le geste était pieux et sincère. Bien sûr, plus le rituel était connu et reproduit, plus il possédait de force, et c'est ainsi que beaucoup de fidèles rejoignaient un culte et l'embrassaient plutôt que de créer le leur de toute pièce.
Pour consommer sa prière, Parwan boit une gorgée de thé, puis une deuxième immédiatement car la richesse du parfum dans sa bouche la surprend. Elle hoche la tête à l'attention de la façonneuse.
Son existence frugale et la maigreur proverbiale de sa bourse lui interdisaient ce genre de raffinements, ce qui expliquait son enchantement lorsqu'elle y avait accès et le sourire chaleureux à l'adresse de son hôtesse.
Parwan ne dit plus rien. Les questions qu'elle avait, elle les avait déjà posées dans la cuisine et se trouverait grossière de les répeter ou d'en poser de nouvelles. Alors elle se tait et regarde Athénaïs en silence. Peut-être était-elle curieuse, elle aussi?
- Parwan parle Shierak qiya en italique et Commun en bold color=#ffcc00 -
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
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La nomade esquissa un sourire et Athénaïs s’en trouva fort ravie. Cette prière improvisée avait eu le don de détendre l’atmosphère et d’instaurer un petit cocon de sérénité autour des deux femmes et de leur boisson fumante. La façonneuse soupira d’aise après avoir reproduit avec sérieux les gestes de la nomade. Ses pairs ne réalisaient pas de tels gestes. Tout au plus récitaient-ils de simples louanges à l’égard des figures célestes en guise de politesse, mais c’était la première fois que mademoiselle de Noirvitrail voyait un tel cérémoniel.
Et son accent Qiya était délicieux.
A mesure que le thé était consommé dans les jolies tasses, Athénaïs ne pouvait s’empêcher de détailler avec attention son invitée sous toute les coutures. Etant donné que c’était la première fois qu’elle voyait une nomade du nord autrement que dans les livres et les récits des anciens, elle ne pouvait que rester émerveillée par la grâce et la sérénité qui se dégageait de cette femme dont elle ne parvenait à saisir l’âge exact. Elle avait bien dit qu’elle était mariée non ?
Athénaïs pencha la tête sur le côté, laissant sa longue chevelure bouclée retomber en large cascade sur ses épaules. Ses grands yeux continuaient à décortiquer chaque centimètres carrés du physique de Palouane, cherchant à percer les innombrables couches de vêtements qui enveloppaient la nomade. La façonneuse était troublée par cette succession de tissus colorés et de voiles savamment agencés qui maintenaient le corps de la nomade inaccessible. Ces choses-là attiraient inévitablement l’œil : il y avait dans les motifs des vêtements de la nomade des arabesques abstraites qu’Athénaïs avait déjà vu auparavant. Ces symboles, tissés à même le vêtement, constituaient la base du symbolisme shierak et empruntait beaucoup aux traditions reikoises. Il n’était donc pas étonnant qu’Athénaïs ressente une certaine familiarité : cet agencement de couleurs et de motifs, elle avait grandi avec, sous d’autres formes et d’autres aspects. Les Reikois installés depuis des générations en République les répétaient, les modifiaient et les appliquaient sur nombre de leurs créations, mais peu se souvenaient de leurs origines véritables. Là, sur l’assemblage vestimentaire complexe de Parwan, Athénaïs croyait déceler une vérité que les immigrés avaient perdu … une sorte d’origine de tout cet imaginaire symbolique qui peuplait leur univers.
Les questions affluèrent dans l’esprit d’Athénaïs de Noirvitrail, mais elle se faisait force pour les contenir. Pourtant, plus elle détaillait l’intrication complexe de lin et de soie qui maintenait la nomade hors de sa portée, plus elle se sentait émerveillée par l’océan de sérénité qu’elle semblait être. La magicienne, toujours assise s’approcha alors de Parwan, les yeux grands ouverts, remplis de curiosité et brillants de milles feux. Ses longues boucles brunes dansaient autour de son visage.
« J’ai des milliers de questions, Palouane Sahriki ! J’ai tellement de questions que je ne saurai même pas par lesquelles commencer ! Des simples, des modestes, des intrusives, des privées, des grandioses, des discrètes, des murmurées, des hurlées, … mais j’ai peur qu’en formuler une ne mette en péril la suivante … »
Le problème d’avoir un esprit curieux et fragmenté en sept personnalités différentes, c’était que son esprit foisonnait de milliers de réflexions et de questions. Là où Parwan semblait être une montagne de calme et de paix, Athénaïs, elle, flottait dans une mer déchainée par la curiosité qui l’habitait. Les rituels quotidiens du Shierak auraient dû l’aider, mais les connaissances des immigrés en la matière restaient limitées. La spiritualité shierak de la République, fragmentaire et fragmentée, ne parvenait pas à répondre à son désir de calme et de sérénité. Les Shieraks de la République connaissaient une partie des rites et de la philosophie de leurs ancêtres, mais il manquait quelque chose, une sorte de liant qui donnerait une cohérence à une série d’us et de coutumes disparates, teintés par le souvenir d’un pays les ayant chassés.
Il y avait dans le Shierak de la République, un ressentiment … un malaise qui lui avait fait perdre son objectif premier. Le Shierak républicain était teinté du sceau de l’exil et de la perte … Une bien mauvaise façon d’honorer les Astres tandis que les gestes et les paroles, mêmes répétées, se vidaient progressivement de leur sens.
« Palouane Sahriki, ma demande va vous paraître égoïste et faire de moi une bien mauvaise hôte à vos yeux … Je n’arrive pas à comprendre comment vous pouvez dégager une telle quiétude et une telle assurance. Le Shierak de mes pairs n’arrive pas à m’apporter cette paix intérieure qui semble vous habiter. Il y a dans vos pratiques un sens qui ne transparait plus dans nos us et coutumes. Pouvez-vous me l’apprendre ? »
Sans s’en rendre compte, elle avait pris les mains de Parwan dans les siennes et la regardait avec intensité. Parwan Sahriki pourrait-elle répondre à la quête de sens et de spiritualité d’Athénaïs de Noirvitrail ?
Et son accent Qiya était délicieux.
A mesure que le thé était consommé dans les jolies tasses, Athénaïs ne pouvait s’empêcher de détailler avec attention son invitée sous toute les coutures. Etant donné que c’était la première fois qu’elle voyait une nomade du nord autrement que dans les livres et les récits des anciens, elle ne pouvait que rester émerveillée par la grâce et la sérénité qui se dégageait de cette femme dont elle ne parvenait à saisir l’âge exact. Elle avait bien dit qu’elle était mariée non ?
Athénaïs pencha la tête sur le côté, laissant sa longue chevelure bouclée retomber en large cascade sur ses épaules. Ses grands yeux continuaient à décortiquer chaque centimètres carrés du physique de Palouane, cherchant à percer les innombrables couches de vêtements qui enveloppaient la nomade. La façonneuse était troublée par cette succession de tissus colorés et de voiles savamment agencés qui maintenaient le corps de la nomade inaccessible. Ces choses-là attiraient inévitablement l’œil : il y avait dans les motifs des vêtements de la nomade des arabesques abstraites qu’Athénaïs avait déjà vu auparavant. Ces symboles, tissés à même le vêtement, constituaient la base du symbolisme shierak et empruntait beaucoup aux traditions reikoises. Il n’était donc pas étonnant qu’Athénaïs ressente une certaine familiarité : cet agencement de couleurs et de motifs, elle avait grandi avec, sous d’autres formes et d’autres aspects. Les Reikois installés depuis des générations en République les répétaient, les modifiaient et les appliquaient sur nombre de leurs créations, mais peu se souvenaient de leurs origines véritables. Là, sur l’assemblage vestimentaire complexe de Parwan, Athénaïs croyait déceler une vérité que les immigrés avaient perdu … une sorte d’origine de tout cet imaginaire symbolique qui peuplait leur univers.
Les questions affluèrent dans l’esprit d’Athénaïs de Noirvitrail, mais elle se faisait force pour les contenir. Pourtant, plus elle détaillait l’intrication complexe de lin et de soie qui maintenait la nomade hors de sa portée, plus elle se sentait émerveillée par l’océan de sérénité qu’elle semblait être. La magicienne, toujours assise s’approcha alors de Parwan, les yeux grands ouverts, remplis de curiosité et brillants de milles feux. Ses longues boucles brunes dansaient autour de son visage.
« J’ai des milliers de questions, Palouane Sahriki ! J’ai tellement de questions que je ne saurai même pas par lesquelles commencer ! Des simples, des modestes, des intrusives, des privées, des grandioses, des discrètes, des murmurées, des hurlées, … mais j’ai peur qu’en formuler une ne mette en péril la suivante … »
Le problème d’avoir un esprit curieux et fragmenté en sept personnalités différentes, c’était que son esprit foisonnait de milliers de réflexions et de questions. Là où Parwan semblait être une montagne de calme et de paix, Athénaïs, elle, flottait dans une mer déchainée par la curiosité qui l’habitait. Les rituels quotidiens du Shierak auraient dû l’aider, mais les connaissances des immigrés en la matière restaient limitées. La spiritualité shierak de la République, fragmentaire et fragmentée, ne parvenait pas à répondre à son désir de calme et de sérénité. Les Shieraks de la République connaissaient une partie des rites et de la philosophie de leurs ancêtres, mais il manquait quelque chose, une sorte de liant qui donnerait une cohérence à une série d’us et de coutumes disparates, teintés par le souvenir d’un pays les ayant chassés.
Il y avait dans le Shierak de la République, un ressentiment … un malaise qui lui avait fait perdre son objectif premier. Le Shierak républicain était teinté du sceau de l’exil et de la perte … Une bien mauvaise façon d’honorer les Astres tandis que les gestes et les paroles, mêmes répétées, se vidaient progressivement de leur sens.
« Palouane Sahriki, ma demande va vous paraître égoïste et faire de moi une bien mauvaise hôte à vos yeux … Je n’arrive pas à comprendre comment vous pouvez dégager une telle quiétude et une telle assurance. Le Shierak de mes pairs n’arrive pas à m’apporter cette paix intérieure qui semble vous habiter. Il y a dans vos pratiques un sens qui ne transparait plus dans nos us et coutumes. Pouvez-vous me l’apprendre ? »
Sans s’en rendre compte, elle avait pris les mains de Parwan dans les siennes et la regardait avec intensité. Parwan Sahriki pourrait-elle répondre à la quête de sens et de spiritualité d’Athénaïs de Noirvitrail ?
Citoyen du Reike
Parwan Sahriki
Messages : 48
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Info personnage
Race: Humaine
Vocation: Combattant assassin
Alignement: Neutre bon
Rang: C
Parwan est très à l'aise sous les yeux curieux d'Athénaïs. Plus encore, elle se laisse aller à une expression de fierté retenue qu'elle dissimule derrière sa tasse, buvant à petit traits.
C’est son travail et l'héritage de ses aïeules qu'elle porte sur elle. Elle est satisfaite de voir sa tenue traditionnelle remplir son rôle premier : Égarer l’œil pour qu'il s'en écarte ou qu'il revienne à l'essentiel : Son regard à elle. Seul le regard comptait vraiment. Même si celui de la Républicaine semble prendre plaisir dans l’égarement…
Seul le regard compte... Parwan repense à ses cousines germaines, cachant leurs mains sous de longues manches et voilant leur visage jusqu'au-dessus du nez. L'image de ces forteresses de modestie lui apparaît en surimpression, assises dans l’alcôve, toutes trois aux côtés d'Athénaïs. Les bédouines la détaillent de bas en haut avec politesse, non sans une pointe d'inquiétude pour le salut de son âme.
Parwan regarde aussi les mains d'Athénaïs, audacieusement nues au-delà du poignet, puis elle considère les siennes, enveloppant sa tasse. La jeune femme communiquait autant par la parole que par le toucher, elle commençait à le comprendre. La pratique lui était étrangère, intimidante même. Pourtant il semblait insensible de lui refuser ce contact. L'image mentale de ses cousines disparaît de l'alcôve et Parwan masque instinctivement une de ses mains derrière sa paume. Peut-être était-on toujours l’impudique de quelqu’un d’autre ?
___
Devant elle, Parwan voit la bulle de curiosité d’Athénaïs gonfler à force de la regarder, gonfler, gonfler puis éclater. La Sahriki s’amuse de son excitation attachante. Elle se compose un air plein de vertu et de modestie, digne d’une grande dame de la belle société :
« Pose, pose tes questions, Athénaïs, je suis là tant que tu en as. Une Sahriki préfère la mort au mensonge, tu peux tout me demander.»
« Palouane Sahriki, ma demande va vous paraître égoïste et faire de moi une bien mauvaise hôte à vos yeux … Je n’arrive pas à comprendre comment vous pouvez dégager une telle quiétude et une telle assurance. Le Shierak de mes pairs n’arrive pas à m’apporter cette paix intérieure qui semble vous habiter. Il y a dans vos pratiques un sens qui ne transparait plus dans nos us et coutumes. Pouvez-vous me l’apprendre ? »
Parwan ne sourit plus. Son sourcil inquiet est intégralement consacré aux doutes d’Athénaïs et son regard traduit l’intensité de sa préoccupation. Ce qu’exprime la jeune femme semble grave à ses yeux. Elle la sent cueillir ses poignets, elle la sent communiquer son inquiétude à travers son épiderme. Elle inspire.
« Ce n’est pas égoïste, ma sœur. Tout le monde peut s’égarer. »
Les mains de Parwan s’échappent avec fermeté de celles d’Athénaïs pour mieux les saisir elle-même. Ce n’est plus le rôle de la jeune femme de les lui tenir mais l’inverse. Parwan regroupe les mains d’Athénaïs l’une contre l’autre et les couvre maternellement contre la surface de la table. Si le toucher d’Athénaïs transmettait ses doutes, celui de Parwan l’imprégnait de réconfort et de chaleur.
« Tu dis vrai, ma sœur. C’est de ta foi que naît la paix intérieure. Mais cet endroit… » Elle s’arrête, se reprend, ne voulant pas encore médire sur son peuple par ignorance. « *soupir* Tu vis loin du regard des dieux. Par loin, je veux di… Louange aux Très-hauts, ils nous regardent, ils te regardent, comme partout sur Sekai mais… je le ressens ; un filtre brumeux prive ce pays et ses gens de leur pleine présence. Les Astres brillent au pays de ceux qui leur sont fidèles. Elle lève doctement son index au plafond le temps de citer avant de retourner couvrir les mains de la jeune femme. Elle s’approche d’Athénaïs comme Athénaïs s’est approchée d’elle. Sa voix est douce comme un lait au miel. Je l’ai vu, Athénaïs, ton amour pour notre Mère Eternelle est sincère. Pourtant tu lui chantes comme une enfant séparée d’elle à la naissance, comme une lettre que tu lui écrirais d’un pays lointain. Tu dis “Le shierak de mes pairs” comme si ce n’était pas le tien. Comme si tes prières se perdaient avec celles des autres sans atteindre les Astres. Comme ça, comme la fumée d’une pipe.
Ce n’est pas bon, Athénaïs. On ne prie pas avec la foi des autres. Si tu n’arrives pas à parler de “ton shierak”, tu dois l’étudier plus fort ou trouver le tien. C’est une prêcheuse qui parle maintenant, adamante dans la certitude de ses paroles. On jurerait que la couleur et les réflexions d’ambre dans ses iris fluctuent avec le ton de sa voix. Déshabille ton âme de sa timidité, ma sœur, de ses hésitations, de ses craintes, de son orgueil. Ton âme doit être à nu sous Leur regard.
Les Astres voient toutes les choses qui marchent dans leur lumière mais ils ne cherchent pas les âmes qui se cachent d’eux. Tout leur appartient, tout leur est dû et tout leur revient éventuellement.
Tu n’es qu’une poussière au pied de leur trône, Athénaïs, dans l’infini de leur création ; c’est à toi de t’élever des ombres et de te rendre digne de te prosterner sous leurs yeux. De leur dire enfin ta soumission et ton amour pour eux. Alors seulement tu connaîtras la paix et ma quiétude.
Elle sourit et laisse planer un court silence. La nomade replie les doigts d’Athénaïs dans leurs paumes comme pour lui faire tenir quelque chose d’invisible et retourne envelopper sa tasse.
Bien sûr, c'est aussi une façon de vivre et... Ah ! Ne fais rien sans l’accord de ton père et de ton homme, d'ailleurs ! Tu salirais leur nom à courir une foi différente de celle qu'ils suivent sans leur bénédiction. Hmhm !
Ses yeux s’égarent dans une réflexion qui lui semble improbable.
Je pourrais te guider, t’apprendre… mais ça ferait de toi ma disciple et de moi ton maître. J’ai rarement entendu parler d’élèves vieux de plus de quinze ans. L’apprentissage se fait mieux quand le cerveau est jeune.
C’est un chemin long et studieux après tout... Et je ne suis pas sûre que tu souhaites entendre une vieille étrangère comme moi prêcher en tailleur à longueur de journée, ahaha !
C’est son travail et l'héritage de ses aïeules qu'elle porte sur elle. Elle est satisfaite de voir sa tenue traditionnelle remplir son rôle premier : Égarer l’œil pour qu'il s'en écarte ou qu'il revienne à l'essentiel : Son regard à elle. Seul le regard comptait vraiment. Même si celui de la Républicaine semble prendre plaisir dans l’égarement…
Seul le regard compte... Parwan repense à ses cousines germaines, cachant leurs mains sous de longues manches et voilant leur visage jusqu'au-dessus du nez. L'image de ces forteresses de modestie lui apparaît en surimpression, assises dans l’alcôve, toutes trois aux côtés d'Athénaïs. Les bédouines la détaillent de bas en haut avec politesse, non sans une pointe d'inquiétude pour le salut de son âme.
Parwan regarde aussi les mains d'Athénaïs, audacieusement nues au-delà du poignet, puis elle considère les siennes, enveloppant sa tasse. La jeune femme communiquait autant par la parole que par le toucher, elle commençait à le comprendre. La pratique lui était étrangère, intimidante même. Pourtant il semblait insensible de lui refuser ce contact. L'image mentale de ses cousines disparaît de l'alcôve et Parwan masque instinctivement une de ses mains derrière sa paume. Peut-être était-on toujours l’impudique de quelqu’un d’autre ?
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Devant elle, Parwan voit la bulle de curiosité d’Athénaïs gonfler à force de la regarder, gonfler, gonfler puis éclater. La Sahriki s’amuse de son excitation attachante. Elle se compose un air plein de vertu et de modestie, digne d’une grande dame de la belle société :
« Pose, pose tes questions, Athénaïs, je suis là tant que tu en as. Une Sahriki préfère la mort au mensonge, tu peux tout me demander.»
« Palouane Sahriki, ma demande va vous paraître égoïste et faire de moi une bien mauvaise hôte à vos yeux … Je n’arrive pas à comprendre comment vous pouvez dégager une telle quiétude et une telle assurance. Le Shierak de mes pairs n’arrive pas à m’apporter cette paix intérieure qui semble vous habiter. Il y a dans vos pratiques un sens qui ne transparait plus dans nos us et coutumes. Pouvez-vous me l’apprendre ? »
Parwan ne sourit plus. Son sourcil inquiet est intégralement consacré aux doutes d’Athénaïs et son regard traduit l’intensité de sa préoccupation. Ce qu’exprime la jeune femme semble grave à ses yeux. Elle la sent cueillir ses poignets, elle la sent communiquer son inquiétude à travers son épiderme. Elle inspire.
« Ce n’est pas égoïste, ma sœur. Tout le monde peut s’égarer. »
Les mains de Parwan s’échappent avec fermeté de celles d’Athénaïs pour mieux les saisir elle-même. Ce n’est plus le rôle de la jeune femme de les lui tenir mais l’inverse. Parwan regroupe les mains d’Athénaïs l’une contre l’autre et les couvre maternellement contre la surface de la table. Si le toucher d’Athénaïs transmettait ses doutes, celui de Parwan l’imprégnait de réconfort et de chaleur.
« Tu dis vrai, ma sœur. C’est de ta foi que naît la paix intérieure. Mais cet endroit… » Elle s’arrête, se reprend, ne voulant pas encore médire sur son peuple par ignorance. « *soupir* Tu vis loin du regard des dieux. Par loin, je veux di… Louange aux Très-hauts, ils nous regardent, ils te regardent, comme partout sur Sekai mais… je le ressens ; un filtre brumeux prive ce pays et ses gens de leur pleine présence. Les Astres brillent au pays de ceux qui leur sont fidèles. Elle lève doctement son index au plafond le temps de citer avant de retourner couvrir les mains de la jeune femme. Elle s’approche d’Athénaïs comme Athénaïs s’est approchée d’elle. Sa voix est douce comme un lait au miel. Je l’ai vu, Athénaïs, ton amour pour notre Mère Eternelle est sincère. Pourtant tu lui chantes comme une enfant séparée d’elle à la naissance, comme une lettre que tu lui écrirais d’un pays lointain. Tu dis “Le shierak de mes pairs” comme si ce n’était pas le tien. Comme si tes prières se perdaient avec celles des autres sans atteindre les Astres. Comme ça, comme la fumée d’une pipe.
Ce n’est pas bon, Athénaïs. On ne prie pas avec la foi des autres. Si tu n’arrives pas à parler de “ton shierak”, tu dois l’étudier plus fort ou trouver le tien. C’est une prêcheuse qui parle maintenant, adamante dans la certitude de ses paroles. On jurerait que la couleur et les réflexions d’ambre dans ses iris fluctuent avec le ton de sa voix. Déshabille ton âme de sa timidité, ma sœur, de ses hésitations, de ses craintes, de son orgueil. Ton âme doit être à nu sous Leur regard.
Les Astres voient toutes les choses qui marchent dans leur lumière mais ils ne cherchent pas les âmes qui se cachent d’eux. Tout leur appartient, tout leur est dû et tout leur revient éventuellement.
Tu n’es qu’une poussière au pied de leur trône, Athénaïs, dans l’infini de leur création ; c’est à toi de t’élever des ombres et de te rendre digne de te prosterner sous leurs yeux. De leur dire enfin ta soumission et ton amour pour eux. Alors seulement tu connaîtras la paix et ma quiétude.
Elle sourit et laisse planer un court silence. La nomade replie les doigts d’Athénaïs dans leurs paumes comme pour lui faire tenir quelque chose d’invisible et retourne envelopper sa tasse.
Bien sûr, c'est aussi une façon de vivre et... Ah ! Ne fais rien sans l’accord de ton père et de ton homme, d'ailleurs ! Tu salirais leur nom à courir une foi différente de celle qu'ils suivent sans leur bénédiction. Hmhm !
Ses yeux s’égarent dans une réflexion qui lui semble improbable.
Je pourrais te guider, t’apprendre… mais ça ferait de toi ma disciple et de moi ton maître. J’ai rarement entendu parler d’élèves vieux de plus de quinze ans. L’apprentissage se fait mieux quand le cerveau est jeune.
C’est un chemin long et studieux après tout... Et je ne suis pas sûre que tu souhaites entendre une vieille étrangère comme moi prêcher en tailleur à longueur de journée, ahaha !
- Parwan parle Shierak qiya en italique et Commun en bold color=#ffcc00 -
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
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Athénaïs écouta avec attention et gravité les sermons de la nomade. Ses mains dans les siennes, Athénaïs sentait que la pièce était baignée d’une douce chaleur, qui lui rappelait celle du sable chaud que l’on faisait reposer dans les verreries Noirvitrail. Un sable chaud, mais au repos, apaisé. Athénaïs reconnaissait ce toucher et cette manière de se comporter. Les aînées des grandes familles se comportaient ainsi lorsqu’elles cherchaient à apaiser les troubles des enfants.
Elle ferma les yeux quelques instants, essayant de se rappeler de la dernière fois que quelqu’un lui avait tenu la main comme ça et avait pris le temps de l’écouter confesser ses doutes et ses questions. Athénaïs de Noirvitrail n’avait pas souvent l’occasion de rencontrer des personnes de ce genre et elle entendait bien profiter au maximum de cette opportunité unique. Le visage de la nomade, encadré par son voile aux broderies raffinées, trahissait l’inquiétude, mais aussi une empathie sincère pour la jeune femme, si bien que la magicienne sentit immédiatement qu’elle pouvait se confier sans crainte.
Le sermon de Parwan recelait une part de vérité. Elle avait beau repousser l’idée au fond de son esprit, la magicienne pratiquait le Shierak essentiellement par mimétisme. Ses parents, des aïeux, ses frères, ses sœurs, ses cousins, … tout son entourage le pratiquait dans sa version républicaine. Elle était née dedans et n’avait jamais véritablement songé à questionner en profondeur cette pratique. Elle était née dans cette religion, avait grandi avec. Elle était un fait, une donnée de l’existence, mais sa pratique restait en surface. Ici, à Justice, au sein de l’ancien ghetto, on était Shierak, mais cette identité était en surface, comme un verni que l’on agitait au visage des autres Républicains pour marquer un certain exotisme, une différence, mais sans relief.
Les pratiques étaient restées, mais le sens s’était progressivement effacé. Au lieu d’être une spiritualité vécue et intérieure, sa religion s’était dirigée vers la réitération de gestes et de bénédictions sans en saisir le sens profond. Les mains posées sur la table, elle sentait la douce lueur – fictive – de la spiritualité de Parwan entre ses mains : un fragment de sagesse qui réchauffait son cœur. Il y avait du sens dans ses pratiques, un sens qu’elle pourrait peut-être introduire dans sa propre religion et ainsi la vivre autrement qu’au travers du respect et de la reproduction de traditions dont le sens s’effaçait progressivement. Si l’orthodoxie de Parwan tranchait avec l’approche plus profane d’Athénaïs, il n’en restait pas moins que la nomade pouvait réintroduire de la clarté dans des us et coutumes que la magicienne pratiquait sans en savoir le véritable sens … C’était un peu comme un regard d’anthropologue, ou de théologien, dont Athénaïs avait besoin.
Mais plus que tout, c’était cette sérénité et cette quiétude dans les yeux de la nomade qu’elle enviait. Un regard d’une intensité telle qu’elle aurait pu y tomber comme dans un puits sans fond …
Elle fut tirée de ses réflexions par les dernières recommandations de Parwan … qui était si drôle qu’elle faillit éclater de rire. Elle eut un grand sourire.
« Palouane, voyons ! Nous sommes en République ici. Les femmes font ce que bon leur semble, sans que les hommes trouvent quoi que ce soit à y redire. Il n’est pas dans nos coutumes d’être sous la tutelle de quelqu’un. »
La différence culturelle se sentait immédiatement dans cet échange. La République et les nomades du Reike ne partageaient ni le même espace, ni la même culture. Le seul point commun était ce mince espace de spiritualité que l’on nommait Shierak, une forme de langage commun dont il convenait de rebâtir les fondations pour créer un pont entre ces deux femmes.
Elle serra ses mains et les posa sur sa poitrine d’un air apaisé. Ses yeux, curieux, dévisageaient toujours Parwan. Athénaïs sentait le bouillonnement des idées en elle, ce mélange auquel ses sœurs l’avaient habitué et qui l’accompagnait depuis son enfance. Poussées elles-aussi par la curiosité, elles voulaient ardemment savoir où cette expérience spirituelle les mèneraient. Athénaïs ferma les yeux et prit une gorgée de thé avant de déclarer ses intentions à Parwan.
« J’écouterai vos sermons avec la plus grande des attentions, Palouane Sahriki. Cela serait un honneur d’être votre disciple, si toutefois vous consentez à ce que je vous bombarde de questions et que mes sœurs testent votre patience. »
Toujours en tailleur, elle s’inclina respectueusement vers la nomade, jusqu’à ne sentir que son odeur de sable chaud et d’encens froid.
Elle ferma les yeux quelques instants, essayant de se rappeler de la dernière fois que quelqu’un lui avait tenu la main comme ça et avait pris le temps de l’écouter confesser ses doutes et ses questions. Athénaïs de Noirvitrail n’avait pas souvent l’occasion de rencontrer des personnes de ce genre et elle entendait bien profiter au maximum de cette opportunité unique. Le visage de la nomade, encadré par son voile aux broderies raffinées, trahissait l’inquiétude, mais aussi une empathie sincère pour la jeune femme, si bien que la magicienne sentit immédiatement qu’elle pouvait se confier sans crainte.
Le sermon de Parwan recelait une part de vérité. Elle avait beau repousser l’idée au fond de son esprit, la magicienne pratiquait le Shierak essentiellement par mimétisme. Ses parents, des aïeux, ses frères, ses sœurs, ses cousins, … tout son entourage le pratiquait dans sa version républicaine. Elle était née dedans et n’avait jamais véritablement songé à questionner en profondeur cette pratique. Elle était née dans cette religion, avait grandi avec. Elle était un fait, une donnée de l’existence, mais sa pratique restait en surface. Ici, à Justice, au sein de l’ancien ghetto, on était Shierak, mais cette identité était en surface, comme un verni que l’on agitait au visage des autres Républicains pour marquer un certain exotisme, une différence, mais sans relief.
Les pratiques étaient restées, mais le sens s’était progressivement effacé. Au lieu d’être une spiritualité vécue et intérieure, sa religion s’était dirigée vers la réitération de gestes et de bénédictions sans en saisir le sens profond. Les mains posées sur la table, elle sentait la douce lueur – fictive – de la spiritualité de Parwan entre ses mains : un fragment de sagesse qui réchauffait son cœur. Il y avait du sens dans ses pratiques, un sens qu’elle pourrait peut-être introduire dans sa propre religion et ainsi la vivre autrement qu’au travers du respect et de la reproduction de traditions dont le sens s’effaçait progressivement. Si l’orthodoxie de Parwan tranchait avec l’approche plus profane d’Athénaïs, il n’en restait pas moins que la nomade pouvait réintroduire de la clarté dans des us et coutumes que la magicienne pratiquait sans en savoir le véritable sens … C’était un peu comme un regard d’anthropologue, ou de théologien, dont Athénaïs avait besoin.
Mais plus que tout, c’était cette sérénité et cette quiétude dans les yeux de la nomade qu’elle enviait. Un regard d’une intensité telle qu’elle aurait pu y tomber comme dans un puits sans fond …
Elle fut tirée de ses réflexions par les dernières recommandations de Parwan … qui était si drôle qu’elle faillit éclater de rire. Elle eut un grand sourire.
« Palouane, voyons ! Nous sommes en République ici. Les femmes font ce que bon leur semble, sans que les hommes trouvent quoi que ce soit à y redire. Il n’est pas dans nos coutumes d’être sous la tutelle de quelqu’un. »
La différence culturelle se sentait immédiatement dans cet échange. La République et les nomades du Reike ne partageaient ni le même espace, ni la même culture. Le seul point commun était ce mince espace de spiritualité que l’on nommait Shierak, une forme de langage commun dont il convenait de rebâtir les fondations pour créer un pont entre ces deux femmes.
Elle serra ses mains et les posa sur sa poitrine d’un air apaisé. Ses yeux, curieux, dévisageaient toujours Parwan. Athénaïs sentait le bouillonnement des idées en elle, ce mélange auquel ses sœurs l’avaient habitué et qui l’accompagnait depuis son enfance. Poussées elles-aussi par la curiosité, elles voulaient ardemment savoir où cette expérience spirituelle les mèneraient. Athénaïs ferma les yeux et prit une gorgée de thé avant de déclarer ses intentions à Parwan.
« J’écouterai vos sermons avec la plus grande des attentions, Palouane Sahriki. Cela serait un honneur d’être votre disciple, si toutefois vous consentez à ce que je vous bombarde de questions et que mes sœurs testent votre patience. »
Toujours en tailleur, elle s’inclina respectueusement vers la nomade, jusqu’à ne sentir que son odeur de sable chaud et d’encens froid.
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