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Citoyen du monde
Aesgan
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Faire face à la malédiction.
Le Sekai était dangereux. C’était un monde où la mort rôdait à chaque instant, toujours prête à frapper quiconque osait fouler sa terre. Nul n'était à l’abri. Un monde brutal, sans pitié, où le faible n’avait aucune chance de survie, et où même le fort ne trouvait pas toujours son salut. À côté de cela, Lumina’Ombra paraissait presque une bénédiction, une illusion de sécurité. Un cocon d’ombres qui m’avait protégée des créatures cruelles du Sekai. Mais une fois ma formation terminée et ses rivages quittés, je compris que cette protection n’était qu’éphémère. Le chemin vers un abri fut long, dangeureux. Shoumei, ce pays ravagé, n’était plus qu’une plaie béante sur la surface du monde, une terre où même les ombres semblaient trembler. Mais Sancta... Sancta était pire. Une ville brisée, hantée, où les ruines murmuraient des secrets qu’il valait mieux ne jamais entendre. Pour survivre, j'ai dû apprendre à devenir invisible, à me fondre dans les ombres de ce paysage cauchemardesque. J'ai appris à fuir. J’avais fui, je m’étais cachée, j’avais attendu. Mais au fond de moi, une flamme noire n’avait jamais cessé de brûler. Une volonté féroce, presque déchirante, de protéger ceux que le monde voulait détruire. Ce désir était une épée à double tranchant, un appel à la fois noble et dangereux. Il m’avait poussée à chercher plus que la simple fuite. Il m’avait conduite vers l’Ombre elle-même. Car je savais que ceux que je vénérai fut responsable de tout ceci et provoqué chez les Hommes une peur viscérale, une envie irascible de vengeance.
Les enseignements des Gardiens, ces mystérieuses entités qui veillaient sur les âmes, m’avaient appris au travers des ouvrages interdits à utiliser l’Ombre, non pas pour détruire, mais pour guérir. L’Ombre, malgré qu'elle effrayait autrui, pouvait sauver des vies. Et chaque vie que j’avais sauvée me donnait la force de continuer, de persister dans ce monde en ruine. Cela me donné de l'espoir. L'espoir de faire éclore un Amour perdu. >Pourtant, tout cela n’effaçait pas la question qui me hantait jour et nuit : comment en étions-nous arrivés là ? Les anciens textes parlaient d’un équilibre entre les grandes puissances, un équilibre où Shoumei avait un rôle central et fédérateur. Et pourtant, les Titans, ceux que Shoumei vénérait, avaient déchaîné leur courroux. Pourquoi ? Était-ce une punition ? Un acte de cruauté aveugle ? Ou y avait-il un sens caché derrière cette destruction ? Je ne croyais pas aux distinctions simplistes entre le bien et le mal. J’avais vu la lumière dans les ombres, et les ténèbres dans ceux qui prétendaient être purs. Le monde était bien plus complexe que cela. Il y avait des forces en jeu, des forces que peu pouvaient comprendre. Et peut-être que c’était là mon rôle, ici, dans ce Sekai déchu. Trouver un équilibre entre l’Ombre et la Lumière. Restaurer un ordre que les Titans avaient brisé, et comprendre enfin pourquoi tout cela s’était produit. Peut-être étais-je une envoyé des Gardiens ? Je me devais de comprendre mon rôle, mais je ne pouvais croire qu'il était insignifiant. Ce n’était pas une quête de gloire ou de pouvoir. C’était une question de survie, pour moi, pour ceux que j’avais sauvés, et pour ce monde. Je me devais de le protéger.
— Qui va-là ?
Je m'étais cachée dans l'ombre. Ma voix résonnait dans l’abri délabré où j’avais élu domicile. Une demeure abandonnée, vestige des guerres et conflits qui avaient ravagé les Terres du Nord du Reike. Un Reike que je connaissais à peine. Tout ce que j'en savais, c’était que cet empire avait été forgé par la force brute. La force de son empereur, Tensai, et la compassion de son épouse, Ayshara. J’espérais qu’un jour viendrait où je pourrais rencontrer l’impératrice, car j’étais convaincue que son rôle était crucial dans cet équilibre fragile. Mais pour que cela se réalise, je devais d’abord me rapprocher d'Ikusa. Une cité où je n’avais pas encore ma place. Je n’étais pas reikoise. Je n’avais rien prouvé qui justifierait que j’appartienne à cet empire.
Un frémissement me fit réagir. Ce n’était pas le bruit de pas, mais une présence de mana qui me mit en alerte. Les animaux, qui m’avaient acceptée comme l’une des leurs, m’avaient prévenue de l’arrivée de quelqu’un. Instinctivement, j’activai ma détection de mana, une technique qui me permettait de repérer toute présence à moins de dix mètres. Cette compétence m’avait sauvée maintes fois lors de ma traversée de Shoumei. Mais depuis quelques semaines, ce n’était pas rare que des villageois viennent chercher mon aide. "La Sorcière du Lac", c’est ainsi qu’ils m’appelaient. Au début, ils me craignaient, ils murmuraient des prières en me voyant, mais j’avais prouvé ma valeur en soignant leurs blessures et leurs fièvres. Aujourd’hui, ils osaient s’approcher plus facilement. Pourtant, cette fois, le mana que je percevais était différent, plus puissant que celui d’un simple villageois. Quelque chose d’étrange et de dangereux se profilait. Je me devais de rester prudente.
« L'AMOUR EST ÉTERNEL,
TOUT SE MEURT DANS LA RAGE ET LA HAINE.
MÊME L'IMMORTEL N'ÉCHAPPE PAS À SA FIN.
LES TITANS RÉCLAMENT NOS VIES,
LES GARDIENS NOUS ACCUEILLENT DANS L'OMBRE.
QUE NOTRE FOI GUIDE NOS ÂMES VERS L'ABSOLUTION ET LE PARDON. »
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Hiraeth
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Race: Humain
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique neutre
Rang: D
- narration:
- Oko Jero est le narrateur
J'ai beau être habitué à crapahuter seul avec mon presque-neveu, il me fout la trouille ces derniers temps. Depuis qu'il avait paumé sa famille et son bateau, c'était déjà pas jojo. La perte de l’œil (ou son gain?) ça lui avait mis un coup grave dans le ciboulot. Mais là...
Je l'ai cru mort lors de la dernière crise. On a cru que c'était fini. Mes potions ne sont plus assez puissantes, et Astuce s'est mangé un vilain coup au passage. Ça devient difficile de cacher au reste de la bande que notre chef... Je sais pas trop.
Est-ce qu'il perd la raison ? Est-ce la souffrance ? L'accumulation de tout ce merdier en l'espace de deux ans ? Cette putain de malédiction ? La totale ?
Par un indic de passage, on a appris à Kyouji qu'une guérisseuse se faisant appeler la Sorcière du Lac aurait des accointances avec la magie de l'Ombre. Le mec serait passé dans un vague village qu'il nous a situé sur une carte d'un doigt crasseux, c'est pas une info de première main mais il y a été, ça laisse donc à penser qu'il y a bien quelque chose. J'ai retourné le truc dans tous les sens, dans ma caboche de mage vagabond, mais Hir avait déjà pris sa décision, comme souvent.
Voilà pourquoi je me retrouve dans cette forêt marécageuse, à éclater des diptères sur mes bras, un soir au crépuscule beaucoup trop loin des routes habituelles.
On a laissé la Caravane à Kyouji y'a six jours, avec pour consigne de vider les stocks. Astuce voulait venir, mais je l'en ai dissuadée. Selon ce que notre protégé recevra comme soins, j'ai peur que personne ne le regarde plus de la même manière. Moi je suis habitué, elle non.
Et puis, il faut quelqu'un pour tenir la bride aux zouaves. Elle m'en voudra à mort quelques lunes et puis ça ira mieux.
Si nous revenons.
Après tout, rencontrer une sombre puissance inconnue au fond d'un bois, qu'est-ce qu'on risque ?
La dernière fois qu'on a fait ça... brrrr, je ne veux même plus y penser.
Je l'ai cru mort lors de la dernière crise. On a cru que c'était fini. Mes potions ne sont plus assez puissantes, et Astuce s'est mangé un vilain coup au passage. Ça devient difficile de cacher au reste de la bande que notre chef... Je sais pas trop.
Est-ce qu'il perd la raison ? Est-ce la souffrance ? L'accumulation de tout ce merdier en l'espace de deux ans ? Cette putain de malédiction ? La totale ?
Par un indic de passage, on a appris à Kyouji qu'une guérisseuse se faisant appeler la Sorcière du Lac aurait des accointances avec la magie de l'Ombre. Le mec serait passé dans un vague village qu'il nous a situé sur une carte d'un doigt crasseux, c'est pas une info de première main mais il y a été, ça laisse donc à penser qu'il y a bien quelque chose. J'ai retourné le truc dans tous les sens, dans ma caboche de mage vagabond, mais Hir avait déjà pris sa décision, comme souvent.
Voilà pourquoi je me retrouve dans cette forêt marécageuse, à éclater des diptères sur mes bras, un soir au crépuscule beaucoup trop loin des routes habituelles.
On a laissé la Caravane à Kyouji y'a six jours, avec pour consigne de vider les stocks. Astuce voulait venir, mais je l'en ai dissuadée. Selon ce que notre protégé recevra comme soins, j'ai peur que personne ne le regarde plus de la même manière. Moi je suis habitué, elle non.
Et puis, il faut quelqu'un pour tenir la bride aux zouaves. Elle m'en voudra à mort quelques lunes et puis ça ira mieux.
Si nous revenons.
Après tout, rencontrer une sombre puissance inconnue au fond d'un bois, qu'est-ce qu'on risque ?
La dernière fois qu'on a fait ça... brrrr, je ne veux même plus y penser.
Bref, le village tout ce qu'il y a de plus normal nous a indiqué un chemin ensauvagé dans la cambrousse. On a laissé nos chevaux et nos bagages avec quelques pièces, et on s'est engagés dans ce bras de terre entre la mer des anciens et ce grand lac, tout étiré, nous séparant des terres du Nord. L'ambiance bien lugubre de ce bois sombre allait de pair avec l'humeur de mon protégé. J'ai dû plus ou moins le forcer à s'alimenter et à dormir pendant le voyage, et il m'a questionné longuement sur la magie sombre dont je fais étalage, depuis qu'il me connaît. Malheureusement, mes apprentissages se sont terminés trop précipitamment pour que je puisse le renseigner comme je voudrais. Pour la première fois, je le regrette.
Depuis Taisen, c'est à peine s'il a lâché un mot. On a effectué un large détour pour éviter Ikusa et toute vie aux alentours. Il ne manquerait plus qu'on reconnaisse la tête de son père sur ses épaules. Je ne sais si c'est la vision de la ville prospère qui l'a enfermé dans ce silence, ou la proximité de notre arrivée, mais il m'a contaminé. Aussi, mes pensées sombres tournent en boucle alors que la canopée ténébreuse au-dessus de nos têtes résonne du stridulement des insectes et du hululement monotone d'un oiseau de nuit.
Un angle anormal dans la végétation nous informe de la présence d'une construction, au bout du chemin que nous suivons depuis bientôt une heure. Une bicoque délabrée, qui n'a pas vraiment l'air habitée, et pourtant, lorsque nous approchons, une voix se fait entendre.
« Qui va là ? »
Hiraeth s'arrête, cherche mon regard. Le bruit des grillons s'est arrêté autour de nous, comme si la clairière entière retenait son souffle dans l'attente de notre réponse. Il a l'air terrifié, ce qui me poigne les tripes violemment. Je le saisis par l'épaule, et nous avançons vers la porte.
« Allez, fiston. On a pas fait tout ce chemin pour rien. Allons chercher des réponses. »
Je toque à la porte, et m'exprime à voix haute et claire.
« Nous sommes venus de loin pour quérir votre aide. Mon neveu souffre d'une sorte de malédiction. On nous a dit que vous pourriez nous aider ? »
Ma voix se brise sur la fin, et Hir tourne la tête vers moi, étonné. Oui, petit con. Je me fais grave de souci pour ta gueule, c'est pas du chiqué.
Les grillons recommencent à striduler, alors que le silence retombe.
« Allez, fiston. On a pas fait tout ce chemin pour rien. Allons chercher des réponses. »
Je toque à la porte, et m'exprime à voix haute et claire.
« Nous sommes venus de loin pour quérir votre aide. Mon neveu souffre d'une sorte de malédiction. On nous a dit que vous pourriez nous aider ? »
Ma voix se brise sur la fin, et Hir tourne la tête vers moi, étonné. Oui, petit con. Je me fais grave de souci pour ta gueule, c'est pas du chiqué.
Les grillons recommencent à striduler, alors que le silence retombe.
Citoyen du monde
Aesgan
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Ils n’étaient pas seuls, il y en avait deux. J’avais échoué dans ma détection. Mon erreur me glaça l’échine, mais je n’avais pas le luxe de l’analyse à cet instant. Sans un bruit, je me téléportai derrière eux, devenant une ombre parmi les ombres. L’homme qui avait frappé à ma porte était voûté, un vieil homme dont l’âge se devinait à la courbe fatiguée de son dos et à la lenteur de ses mouvements. C’était probablement lui que je n'avais pas réussi à sentir, sa présence éteinte par les années, presque imperceptible dans l'atmosphère saturée de mana. Mais le deuxième homme… Il tenait lui aussi une canne, et pourtant il était plus jeune. Pas encore vieux, mais son corps semblait accablé d’un poids que je ne pouvais qu'effleurer du bout de ma compréhension. Il y avait chez lui une lourdeur, comme si le monde entier reposait sur ses épaules fragiles. Ou peut-être était-ce la malédiction que je percevais, s'infiltrant dans chaque fibre de son être comme une brume suffocante.
Je les observai un moment, les jaugeant, avant de briser le silence de ma voix assurée, chargée d'autorité. C'était le masque que je devais porter. La détection, la téléportation, toutes ses astuces permettaient de donner l'impression que je maitrisais mon environnement. Mais à dire vrai, c'était une façade que j'adoptais pour paraître dangereuse. Pour éviter que l'on abuse de moi.
— Une malédiction… Je vais voir ce que je peux faire. dis-je en me déplaçant afin de me rapprocher. Mes mots raisonnait dans l’air lourd comme une promesse. Mais je ne garantis rien. Les malédictions sont des forces capricieuses, souvent hors de portée, même pour les plus grands adeptes de l’Ombre.
— Cependant, résultat ou non, je vous préviens, je vais demander un prix. Un équilibre doit toujours être maintenu, même dans les ténèbres. Aussi j'aimerais savoir ce que vous avez à m'offrir, pour que j'examine l'oeil de votre ami.
Ma détection ne s’y trompait pas. Une source de magie démoniaque émanait de cet œil, un œil que je ne pouvais ignorer malgré qu'il fut masqué d'un bandeau. L’obscurité de ce marais, avec son ciel gris et lourd, enveloppait ma cabane dans une atmosphère pesante. Les lentilles d’eau du lac reflétaient des teintes sombres, comme si elles portaient le poids des âmes perdues qui avaient erré ici avant moi. Les ombres des arbres tordus, drapés de lianes et de mousse, semblaient se pencher, attentives, comme si elles écoutaient chaque murmure du vent. Lorsque je posai mon regard sur l'œil en question, j’assumai le statut que l’on me donnait. Je savais que je ne devais pas laisser transparaître la moindre faiblesse.
Les bruits de la nature s’étaient tus, comme si le monde retenait son souffle. Même le chant des grenouilles, habituellement incessant, avait cédé la place à un silence solennel. Ce moment, dans le seuil de ma cabane des marais, était à la fois une épreuve et une révélation. Je pouvais ainsi rassurer les autres sur mes compétences, sachant que l'énergie qui pulsait de cet œil était à la fois une menace et une opportunité. Le savoir que j'avais accumulé sur les arcanes sombres me donnait une confiance fragile, mais palpable. Je n’étais pas simplement une Ombra ; j’étais aussi une prêtresse de l'ombre et le savoir des maléfices m'intéressait.
Je les observai un moment, les jaugeant, avant de briser le silence de ma voix assurée, chargée d'autorité. C'était le masque que je devais porter. La détection, la téléportation, toutes ses astuces permettaient de donner l'impression que je maitrisais mon environnement. Mais à dire vrai, c'était une façade que j'adoptais pour paraître dangereuse. Pour éviter que l'on abuse de moi.
— Une malédiction… Je vais voir ce que je peux faire. dis-je en me déplaçant afin de me rapprocher. Mes mots raisonnait dans l’air lourd comme une promesse. Mais je ne garantis rien. Les malédictions sont des forces capricieuses, souvent hors de portée, même pour les plus grands adeptes de l’Ombre.
— Cependant, résultat ou non, je vous préviens, je vais demander un prix. Un équilibre doit toujours être maintenu, même dans les ténèbres. Aussi j'aimerais savoir ce que vous avez à m'offrir, pour que j'examine l'oeil de votre ami.
Ma détection ne s’y trompait pas. Une source de magie démoniaque émanait de cet œil, un œil que je ne pouvais ignorer malgré qu'il fut masqué d'un bandeau. L’obscurité de ce marais, avec son ciel gris et lourd, enveloppait ma cabane dans une atmosphère pesante. Les lentilles d’eau du lac reflétaient des teintes sombres, comme si elles portaient le poids des âmes perdues qui avaient erré ici avant moi. Les ombres des arbres tordus, drapés de lianes et de mousse, semblaient se pencher, attentives, comme si elles écoutaient chaque murmure du vent. Lorsque je posai mon regard sur l'œil en question, j’assumai le statut que l’on me donnait. Je savais que je ne devais pas laisser transparaître la moindre faiblesse.
Les bruits de la nature s’étaient tus, comme si le monde retenait son souffle. Même le chant des grenouilles, habituellement incessant, avait cédé la place à un silence solennel. Ce moment, dans le seuil de ma cabane des marais, était à la fois une épreuve et une révélation. Je pouvais ainsi rassurer les autres sur mes compétences, sachant que l'énergie qui pulsait de cet œil était à la fois une menace et une opportunité. Le savoir que j'avais accumulé sur les arcanes sombres me donnait une confiance fragile, mais palpable. Je n’étais pas simplement une Ombra ; j’étais aussi une prêtresse de l'ombre et le savoir des maléfices m'intéressait.
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Hiraeth
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La voix venant de derrière nous nous fit sursauter. Était-ce notre état d'esprit, ou bien avait-elle caché sa présence par magie ? Furieux de m'être fait surprendre, je fronçais le sourcil, bâton abaissé, prêt à répliquer. Hiraeth avait porté le poing à son épée, sa dague cachée sous son manteau avait glissé dans sa main gauche, prête à l'emploi.
La femme derrière nous... Mazette. Une déesse de l'ombre, que j'aurais volontiers adulée lors de mes jeunes années d'apprentissages sombres. Que dis-je, je me serais sans doute prosterné à ses pieds en la pressant de me prodiguer sa sapience ténébreuse. Eh oui, j'étais ce genre d'homme.
Le suis-je encore aujourd'hui ? Disons qu'elle me fait un effet certain.
Hiraeth n'est pas fait du même bois que moi. Lorsqu'elle s'avance et réclame son paiement, il se détend légèrement, replace discrètement sa dague dans l'ourlet de son vêtement et effectue une courbette de salut poli. Il a repris sa mine impassible de Caravanier-à-qui-on-ne-la-fait-pas. Tout au plus tressaille-t-il lorsqu'elle évoque son œil, devinant d'entrée où se situe le problème. C'est... Encourageant ?
Le regard sans pupille, opaque, de la dame, sa vêture exotique et très ajourée, sa peau diaphane, ses cheveux lisses comme plume de corbeau... crient son statut d'être non humain. Y'a de quoi tomber la face. Deux cornes de Drakyn ajustées autour de sa tête, ornées de breloques, ne font qu'ajouter à sa majesté. Ne serait-ce ses mains noires, comme encrées, qui déparent son apparence royale tout en ajoutant la touche de mystère adéquate, on ne croirait pas avoir affaire à... simplement la Sorcière du Lac de ce petit coin paumé.
Je dois avoir la tête correspondant à mes viles pensées car un regard en coin de mon presque neveu me permet de lire une vague consternation guindée à mon endroit. Bon, fermons la bouche.
Hiraeth : « Je vous remercie de nous accueillir dans votre domaine, ma Dame. J'espère avoir choisi des présents à la hauteur de vos attentes : si toutefois ils ne vous convenaient pas, libre à vous de m'imposer un service ou de nous indiquer si vous avez un souhait quelconque que nous serions en mesure de combler. »
Pendant qu'il débite son galimatias, je délivre du sac qu'il portait sur l'épaule nos « présents » : difficile de savoir ce qui pourrait plaire à une guérisseuse de l'ombre perdue au fond d'un bois ! Clairement, je ne m'attendais pas à... à ça.
Quelques aunes d'un tissu en coton de nuage de Kyouji, dans les tons bleus et verts qu'adopte la mer changeante. Quelques aunes d'un velours gris de la République élégant et plus chaud.
Des herbes, poudres, épices diverses, réunies au gré de nos voyages entre Courage et Kyouji : il est facile pour nous de glaner le meilleur de ce monde en négociant sur les deux cités commerciales les plus prospères actuellement du Sekai. Nous misions surtout sur les denrées rares pour rendre notre cadeau précieux : de la millefeuille séchée, du maggi en poudre, un petit pot de miel de belle-de-jour et quelques daturas du désert. Et, le clou du spectacle, un sachet de champis séchés et un autre de Potentiel des Oies !
J'ai un peu pleuré quand Hir a fait son choix. Y'a pour pas mal de clinquants là-dedans, et puis des matières premières cruciales pour mes mixtures apothicaires. Avec un peu de chance, la Dame les utilisera à meilleur escient que moi. En rendant son œil à mon Chef, par exemple.
Quelque part, nous remboursions à présent en numéraire ce que nous n'avions pu à cette époque où Hiraeth a payé de sa personne pour sauver nos misérables vies à tous... mais à ce rythme, nous n'aurons jamais les fonds nécessaires pour armer un navire.
Enfin, nous avons disposé tout ce que recelait notre petit trésor sur une planche dotée de pieds branlants à proximité, qui devait être une table autrefois. Puis nous nous sommes reculés à distance respectueuse, laissant la Dame approcher pour juger de notre crédibilité.
Citoyen du monde
Aesgan
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Je fixai le sac avec une curiosité maîtrisée, mais mon regard trahissait un certain émerveillement. Jamais encore, je n'avais vu de tels tissus, aussi fin et raffiné, ni senti des épices au parfum aussi riche et exotique. Ces matières semblaient venir d'un monde bien éloigné du mien. D'où pouvaient-elles provenir ? À dire vrai, mes voyages avaient été jusqu'ici limités. Je venais de Lumina'Ombra avant que le "Passeur" ne m'amène à Shoumei. De là, mon périple m'avait menée à Mael, puis Sancta, avant que je ne traverse le fleuve pour finalement atteindre les Terres du Nord reikoises. Chaque endroit visité était unique, mais ce que j'avais sous les yeux provenait d'un ailleurs encore plus lointain, d’un endroit que je ne connaissais pas. On aurait dit un autre monde, même. Le Sekai me semblait désormais infiniment plus vaste, rempli de trésors que je n'avais encore jamais découverts. Il regorgeait de mystères, des choses fascinantes à offrir, et cette simple offrande éveillait en moi un désir insatiable d'explorer davantage. Après un moment de contemplation, je refermai doucement le sac, comme si je scellais temporairement le mystère qu'il contenait, puis le rendis à son propriétaire avec une certaine solennité.
— Pourriez-vous me parler de la provenance de ces produits ? C'est là le cadeau que je choisis.
Je laissai mes hôtes pantois en leur rendant le sac de présents, un geste qui devait sans doute les déstabiliser. Il fallait dire que je n'étais pas familière avec les dus et coutumes de ces terres, mais à mes yeux, une information avait bien plus de valeur qu’un simple objet matériel. L’instruction était une arme, une puissance que je ne pouvais sous-estimer. Et en cet instant, je me sentais partiellement démunie. Comprendre ce monde, ses mécanismes, ses secrets, était essentiel si je voulais, un jour, participer à son avenir et contribuer à son salut. D'un geste léger, j’indiquai la porte de ma demeure. À cet instant, une ombre fluide rampa le long du sol, jusqu’à atteindre le loquet qu’elle souleva délicatement. La porte s’ouvrit avec un grincement presque imperceptible, dévoilant l'intérieur modeste, mais mystérieux de ma demeure.
— Entrez, je vais allumer un feu. Il créera des ombres plus dansantes qui me permettront d'examiner votre œil en profondeur. Pendant que je procède aux soins, vous me raconterez vos aventures.
Un léger sourire effleura la commissure de mes lèvres, un geste rare, éphémère, presque une prouesse venant de moi, alors que je les invitais à pénétrer dans mon monde, à partager leur histoire sous la danse des flammes qui animeraient bientôt la pièce. À l'intérieur de ma demeure, l'atmosphère contrastait avec l'extérieur rude et austère du marais. Loin de l'image d'une cabane délabrée, l'endroit était soigneusement aménagé, révélant une certaine attention aux détails. Face à nous, trônait une imposante cheminée en pierre, véritable cœur battant de l'habitation, où les flammes, une fois allumées, projetteraient leurs ombres mouvantes sur les murs. Sur la droite, sous une fenêtre laissant filtrer une lumière douce, se trouvait un lit simple, mais méticuleusement préparé, de propres draps pliés avec soin. À gauche, une petite table ronde en bois portait les marques du temps, ses écorchures racontant une histoire, lui conférant un charme rustique et authentique. Le long du mur de gauche, des étagères de bois clair, manifestement taillées à partir des arbres robustes des Terres du Nord reikoises. Ceux-ci s'étendaient, supportant des bocaux soigneusement étiquetés, chacun contenant des herbes, des potions ou des ingrédients mystérieux récoltés au fil de mes voyages. À droite de l'entrée, un escalier de bois usé menait à l'étage supérieur, où l’on pouvait entrevoir une bibliothèque improvisée, emplie de parchemins, de grimoires et de livres rares. Enfin, à l’entrée, une large rune tracée à la craie s’imposait sur le sol. Un symbole de protection ou d'incantation, tandis que de nombreux osselets flottaient çà et là dans l’air, légers et suspendus comme animés d’une volonté propre, ajoutant une touche mystique à l’ambiance de la pièce. En regardant cette pièce, on pouvait presque parvenir à comprendre ma volonté chaleureuse, calme et sérieuse de ce qu'on qualifie aujourd'hui de guérisseuse.
— Pourriez-vous me parler de la provenance de ces produits ? C'est là le cadeau que je choisis.
Je laissai mes hôtes pantois en leur rendant le sac de présents, un geste qui devait sans doute les déstabiliser. Il fallait dire que je n'étais pas familière avec les dus et coutumes de ces terres, mais à mes yeux, une information avait bien plus de valeur qu’un simple objet matériel. L’instruction était une arme, une puissance que je ne pouvais sous-estimer. Et en cet instant, je me sentais partiellement démunie. Comprendre ce monde, ses mécanismes, ses secrets, était essentiel si je voulais, un jour, participer à son avenir et contribuer à son salut. D'un geste léger, j’indiquai la porte de ma demeure. À cet instant, une ombre fluide rampa le long du sol, jusqu’à atteindre le loquet qu’elle souleva délicatement. La porte s’ouvrit avec un grincement presque imperceptible, dévoilant l'intérieur modeste, mais mystérieux de ma demeure.
— Entrez, je vais allumer un feu. Il créera des ombres plus dansantes qui me permettront d'examiner votre œil en profondeur. Pendant que je procède aux soins, vous me raconterez vos aventures.
Un léger sourire effleura la commissure de mes lèvres, un geste rare, éphémère, presque une prouesse venant de moi, alors que je les invitais à pénétrer dans mon monde, à partager leur histoire sous la danse des flammes qui animeraient bientôt la pièce. À l'intérieur de ma demeure, l'atmosphère contrastait avec l'extérieur rude et austère du marais. Loin de l'image d'une cabane délabrée, l'endroit était soigneusement aménagé, révélant une certaine attention aux détails. Face à nous, trônait une imposante cheminée en pierre, véritable cœur battant de l'habitation, où les flammes, une fois allumées, projetteraient leurs ombres mouvantes sur les murs. Sur la droite, sous une fenêtre laissant filtrer une lumière douce, se trouvait un lit simple, mais méticuleusement préparé, de propres draps pliés avec soin. À gauche, une petite table ronde en bois portait les marques du temps, ses écorchures racontant une histoire, lui conférant un charme rustique et authentique. Le long du mur de gauche, des étagères de bois clair, manifestement taillées à partir des arbres robustes des Terres du Nord reikoises. Ceux-ci s'étendaient, supportant des bocaux soigneusement étiquetés, chacun contenant des herbes, des potions ou des ingrédients mystérieux récoltés au fil de mes voyages. À droite de l'entrée, un escalier de bois usé menait à l'étage supérieur, où l’on pouvait entrevoir une bibliothèque improvisée, emplie de parchemins, de grimoires et de livres rares. Enfin, à l’entrée, une large rune tracée à la craie s’imposait sur le sol. Un symbole de protection ou d'incantation, tandis que de nombreux osselets flottaient çà et là dans l’air, légers et suspendus comme animés d’une volonté propre, ajoutant une touche mystique à l’ambiance de la pièce. En regardant cette pièce, on pouvait presque parvenir à comprendre ma volonté chaleureuse, calme et sérieuse de ce qu'on qualifie aujourd'hui de guérisseuse.
« L'AMOUR EST ÉTERNEL,
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MÊME L'IMMORTEL N'ÉCHAPPE PAS À SA FIN.
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Eberlué, Hir me passe le sac et m'interroge du regard. Je hausse les épaules. Elle avait eu l'air... pourtant intéressée. Une sorte de fébrilité s'était emparée de ses gestes alors qu'elle touchait les tissus, humait les épices. Elle n'avait pas l'air plus attirée par un objet ou un autre, mais la globalité appelait son contact. Etait-ce une sorte de code ? Devions-nous proposer l'offrande plusieurs fois avant qu'un accord soit acceptable ? C'était bien le cas dans certaines peuplades.
Mais elle nous proposa aussitôt d'entrer dans sa demeure. Je sentis avant de la voir l'ombre se glisser entre nous et ouvrir la porte. C'est la classe ça, je devrais essayer, je réussirais peut-être ce tour de passe-passe avant de mourir.
L'intérieur me souffle encore. Ne serait-ce la rune à l'entrée ou les osselets se baladant joyeusement dans l'air, j'aurais plutôt vu évoluer dans cet espace une bonne femme en tablier... pas cette apparition altière semblant venue d'un autre Sekai.
Je vois Hir porter un regard dehors, puis dedans, aussi surpris que moi, puis il entre résolument et hésite avant de déposer son manteau et son galure sur une chaise. Mon grand échalas de presque-neveu resta ensuite là les bras ballants, quelques instants, visiblement réticent à l'idée de s'asseoir sur le lit.
Il finit par s'y résoudre, dans une attitude rigide. Le connaissant, je le sens sur ses gardes, prêt à fuir. Pourtant, il aspire vraiment à cette guérison... Et il côtoie mon art sombre tous les jours. De quoi a-t-il peur ? Il faut croire que le traumatisme, « ce » traumatisme, est toujours aussi présent.
Je m'approche et pose la main sur son épaule, inquiet.
Oko Jero (à voix basse) : « Ca va aller ? On dirait que tu ne veux plus. »
Hiraeth (avale sa salive) : « Il le faut. J'ai peur... de la douleur mais j'ai surtout la trouille... que ça le réveille. »
Je grimace. Encore une évocation de « lui ». Je n'avais pas pensé à une éventualité de ce genre... je ne comprends pas ce qu'Hiraeth vit, malheureusement.
Oko Jero : « Tu veux raconter, ça t'aidera à tenir ? »
Il hésite, lui l'impassible Caravanier. Purin, j'ai l'impression de le voir à nouveau tout minaud.
Hiraeth : « Tu racontes mieux. »
Oko Jero : « Tu as un meilleur vocabulaire que moi. Tu sais raconter tous ces trucs sur la géopolitique et les cultures. Moi je suis jamais qu'un gueux à l'argot malhabile. »
Hiraeth : « Tu mens. »
Il me sourit, je lui fais un clin d'oeil. Légèrement plus détendu, il s'adresse à notre hôte en attachant ses cheveux en arrière pour dégager son visage.
« Nous sommes des marchands. Nous avons la chance (ou le malheur) de ne pas posséder de terre, de maison, de famille. Alors, notre petit groupe va de ville en ville, achète des biens, échange, troque ou vend d'autres biens, inlassablement, pour gagner notre vie. »
Il tripote son cache-œil, s'y reprend à deux fois avant de réussir à l'ôter, le serrant dans son poing.
J'ai beau être habitué, voir cet orbe orangé et malsain sur la face du bambin que j'ai en partie élevé continue de me hérisser au plus haut point.
La cicatrice sous l’œil d'Hiraeth est ancienne, vestige d'une première mission.
La cicatrice verticale, elle, est profonde et plus récente. Et là, sous une paupière lourde, une lueur se révèle.
La pupille est fendue horizontalement, rectangulaire, aux angles dérangeants, semblable à celles des chèvres ou de certains batraciens dont on a du mal à soutenir le regard.
L'iris englobe le reste, oscillant entre l'or et l'ambre foncé, diffusant la lueur d'une flamme sourde. Lorsque notre hôte allume son feu, il s'y reflète comme si une parcelle s'était déportée de l'âtre jusque dans le crâne de mon neveu.
Je me crispe, et la colère monte. Les ombres, mes ombres cette fois, se rassemblent, et je ressens aussitôt qu'en ce lieu je ne suis pas le maître. C'est instinctif, je n'ai pu m'en empêcher, et je relâche ma mana à grand-peine, respirant profondément, en espérant ne pas avoir froissé l'Ombra, puisque visiblement elle en est une.
Je jette un regard coupable en sa direction, prêt à m'excuser.
Hiraeth poursuit, un peu éteint comme à chaque fois qu'il découvre son visage.
« Nous venons peu dans cette partie de ce monde. Mais du côté des Îles et de la République, nous avons pas mal roulé notre bosse.
Des cités, des coupoles, des clochers s'élevant au-dessus des plaines. Des marchés grouillants de monde, des étals foisonnants épices, fruits, légumes, tissus, bois précieux, camelote en tout genre... Des ports, où les navires vont et viennent, dans la cacophonie des oiseaux de mer, leurs voiles colorées claquant au vent... Et la pourriture de la société, partout inlassablement, derrière chaque tableau rutilant... »
Je le sens qui dérive vers ses ruminations amères et je prends le relais, ouvrant le sac pour en sortir les différents trésors, les exposant à la lumière.
« Que voulez-vous savoir ? Je peux vous expliquer d'où provient chacun de ces objets. »
Mais elle nous proposa aussitôt d'entrer dans sa demeure. Je sentis avant de la voir l'ombre se glisser entre nous et ouvrir la porte. C'est la classe ça, je devrais essayer, je réussirais peut-être ce tour de passe-passe avant de mourir.
L'intérieur me souffle encore. Ne serait-ce la rune à l'entrée ou les osselets se baladant joyeusement dans l'air, j'aurais plutôt vu évoluer dans cet espace une bonne femme en tablier... pas cette apparition altière semblant venue d'un autre Sekai.
Je vois Hir porter un regard dehors, puis dedans, aussi surpris que moi, puis il entre résolument et hésite avant de déposer son manteau et son galure sur une chaise. Mon grand échalas de presque-neveu resta ensuite là les bras ballants, quelques instants, visiblement réticent à l'idée de s'asseoir sur le lit.
Il finit par s'y résoudre, dans une attitude rigide. Le connaissant, je le sens sur ses gardes, prêt à fuir. Pourtant, il aspire vraiment à cette guérison... Et il côtoie mon art sombre tous les jours. De quoi a-t-il peur ? Il faut croire que le traumatisme, « ce » traumatisme, est toujours aussi présent.
Je m'approche et pose la main sur son épaule, inquiet.
Oko Jero (à voix basse) : « Ca va aller ? On dirait que tu ne veux plus. »
Hiraeth (avale sa salive) : « Il le faut. J'ai peur... de la douleur mais j'ai surtout la trouille... que ça le réveille. »
Je grimace. Encore une évocation de « lui ». Je n'avais pas pensé à une éventualité de ce genre... je ne comprends pas ce qu'Hiraeth vit, malheureusement.
Oko Jero : « Tu veux raconter, ça t'aidera à tenir ? »
Il hésite, lui l'impassible Caravanier. Purin, j'ai l'impression de le voir à nouveau tout minaud.
Hiraeth : « Tu racontes mieux. »
Oko Jero : « Tu as un meilleur vocabulaire que moi. Tu sais raconter tous ces trucs sur la géopolitique et les cultures. Moi je suis jamais qu'un gueux à l'argot malhabile. »
Hiraeth : « Tu mens. »
Il me sourit, je lui fais un clin d'oeil. Légèrement plus détendu, il s'adresse à notre hôte en attachant ses cheveux en arrière pour dégager son visage.
« Nous sommes des marchands. Nous avons la chance (ou le malheur) de ne pas posséder de terre, de maison, de famille. Alors, notre petit groupe va de ville en ville, achète des biens, échange, troque ou vend d'autres biens, inlassablement, pour gagner notre vie. »
Il tripote son cache-œil, s'y reprend à deux fois avant de réussir à l'ôter, le serrant dans son poing.
J'ai beau être habitué, voir cet orbe orangé et malsain sur la face du bambin que j'ai en partie élevé continue de me hérisser au plus haut point.
La cicatrice sous l’œil d'Hiraeth est ancienne, vestige d'une première mission.
La cicatrice verticale, elle, est profonde et plus récente. Et là, sous une paupière lourde, une lueur se révèle.
La pupille est fendue horizontalement, rectangulaire, aux angles dérangeants, semblable à celles des chèvres ou de certains batraciens dont on a du mal à soutenir le regard.
L'iris englobe le reste, oscillant entre l'or et l'ambre foncé, diffusant la lueur d'une flamme sourde. Lorsque notre hôte allume son feu, il s'y reflète comme si une parcelle s'était déportée de l'âtre jusque dans le crâne de mon neveu.
Je me crispe, et la colère monte. Les ombres, mes ombres cette fois, se rassemblent, et je ressens aussitôt qu'en ce lieu je ne suis pas le maître. C'est instinctif, je n'ai pu m'en empêcher, et je relâche ma mana à grand-peine, respirant profondément, en espérant ne pas avoir froissé l'Ombra, puisque visiblement elle en est une.
Je jette un regard coupable en sa direction, prêt à m'excuser.
Hiraeth poursuit, un peu éteint comme à chaque fois qu'il découvre son visage.
« Nous venons peu dans cette partie de ce monde. Mais du côté des Îles et de la République, nous avons pas mal roulé notre bosse.
Des cités, des coupoles, des clochers s'élevant au-dessus des plaines. Des marchés grouillants de monde, des étals foisonnants épices, fruits, légumes, tissus, bois précieux, camelote en tout genre... Des ports, où les navires vont et viennent, dans la cacophonie des oiseaux de mer, leurs voiles colorées claquant au vent... Et la pourriture de la société, partout inlassablement, derrière chaque tableau rutilant... »
Je le sens qui dérive vers ses ruminations amères et je prends le relais, ouvrant le sac pour en sortir les différents trésors, les exposant à la lumière.
« Que voulez-vous savoir ? Je peux vous expliquer d'où provient chacun de ces objets. »
Citoyen du monde
Aesgan
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La pièce était maintenant baignée dans l'ombre dansante des osselets suspendus au plafond, leurs contours mystérieux se dessinant faiblement sous la lumière tremblotante. Les flammes vacillantes que j'avais allumées dans l'imposante cheminée en pierre projetaient des ombres qui semblaient s'animer d'une vie propre, glissant le long des murs de ma demeure comme des esprits en veille. L'atmosphère était lourde, presque envoûtante, emplie de la présence silencieuse des talismans et des runes inscrites à même le sol. Chaque détail renforçait l'impression que cet endroit était un sanctuaire d’anciennes magies, un lieu où même les ombres prenaient part à la cérémonie. Hiraeth, le plus jeune des deux hommes, restait figé près du lit, son regard fuyant examinant la pièce avec prudence. Ses yeux semblaient constamment attirés par les gris-gris flottants, comme s'il cherchait à comprendre leur fonction ou s'ils cachaient quelque danger. À chaque mouvement que je faisais, il se tendait légèrement, partagé entre sa curiosité et une méfiance palpable. Il hésitait à s'asseoir, comme s'il redoutait que l'endroit où il poserait ses épaules devienne le point de non-retour. Peut-être craignait-il non seulement la douleur, mais que j’aggrave sa malédiction par un faux geste, ou que mon intervention réveille une force encore plus obscure. Le silence s'étirait entre nous, seulement interrompu par le crépitement des premières braises. Pourtant, au fond de moi, je savais que je devais dissiper ses craintes. Je n'avais aucunement l'intention de lui faire du mal. Mon rôle était de guérir, de comprendre, d'observer les forces invisibles qui opéraient dans l'ombre.
Je me dirigeai vers la cheminée, mes gestes mesurés et fluides, déposant une vieille marmite de fer noire remplie d'eau au-dessus des braises naissantes. La chaleur s’intensifia doucement, et bientôt une fine vapeur s'échappa du liquide, montant en volutes paresseuses dans l'air lourd et mystique de la pièce. Le parfum du bois brûlé se mêlait à celui des herbes sèches accrochées aux étagères, emplissant l'atmosphère d'une odeur apaisante, presque ensorcelante. Sans un mot, je préparais des linges propres, chacun soigneusement plié avec la même attention qu'une prêtresse offrirait à ses rituels. Mes gestes étaient lents, précis, et délibérés, presque cérémoniels. Chaque action avait une intention claire, une signification qui allait au-delà de la simple pratique médicale. Je savais que dans ce genre de moment, la patience et le contrôle étaient mes alliés les plus puissants.
Hiraeth discutait avec son acolyte. Mon silence était volontaire, et dans cette absence de parole, je laissais l'ambiance mystique de la pièce opérer lentement sur lui. Le feu, les ombres, le rituel que je préparais... tout cela contribuait à lui montrer que j'étais une guérisseuse, mais une guérisseuse des ombres, de ce qui échappe aux regards ordinaires. Je sentais que le vieil homme partageait le pouvoir des ombres.
— Vous n'avez rien à craindre ici, disais-je sans lever les yeux de ma tâche, ma voix tranchant doucement à travers l’atmosphère tendue. Je ne vous veux aucun mal, ni à vous ni à votre maître.
Je levai finalement mon regard vers lui, mes yeux vitreux le fixant avec une intensité implacable, une ombre d’autorité perçant le voile de mon apparente tranquillité. Ce regard suffit à le dissuader de tenter d'utiliser ses pouvoirs à nouveau. Il serait sage de se tenir tranquille, semblait dire la froideur de mon expression. Ses épaules s'affaissèrent légèrement, et après une brève hésitation, il finit par s'asseoir lentement sur une chaise, ses mains tordant nerveusement les bords de son manteau usé. Hiraeth, lui, s'était laissé convaincre de s'assoir sur le lit et d'ôter son bandeau. L'eau dans la marmite commença à bouillir. Je la versai délicatement dans une bassine posée à côté du lit et y plongeai un linge propre, avant de m'approcher doucement de Hiraeth. Mon pas léger ne fit aucun bruit sur le sol de bois. L'atmosphère était tendue, presque palpable, alors que je me tenais désormais à ses côtés, la bassine fumante, déposée à mes pieds.
Je levai doucement ma main vers son visage, mes gestes mesurés et silencieux, comme si l’air même retenait son souffle. Mes doigts, glacés comme la mort, mais doux comme la soie, effleurèrent sa peau parcheminée avec une légèreté presque spectrale. Il frissonna imperceptiblement à ce contraste brutal entre la chaleur ambiante et la froideur surnaturelle de mon toucher, mais il ne recula pas. Mon pouce se posa délicatement sur sa tempe, le point exact où pulsait faiblement le battement de sa vie, tandis que mes doigts glissèrent à l’arrière de sa tête, enserrant tendrement la base de son crâne. Ce geste, intime et maîtrisé, semblait enchaîner nos destins l’un à l’autre, ne serait-ce que pour cet instant suspendu dans le temps. Mon visage se rapprocha du sien, si près que nos respirations se mêlèrent dans l'air refroidi de la pièce, malgré le feu dansant. La distance entre nous s'effaçait, réduite à une fine ligne de tension, à une frontière où s'entremêlaient vie, mystère et magie.
La lumière vacillante du feu, faible et capricieuse, dansait sur nos visages, mais ne les révélait jamais entièrement, laissant les ombres se faufiler, onduler, et effacer presque les contours de son visage. Seul son œil, celui que j'observais avec une attention soutenue, captait la lueur incertaine du feu. Il brillait d'une teinte orangée, presque dorée, une flamme vivante dans cette obscurité pesante. Cet éclat puissant au milieu des ténèbres évoquait un mystère plus profond que je n'avais anticipé. Ma surprise fut immédiate en découvrant la forme étrange de sa pupille, déformée comme si elle avait été altérée par quelque pouvoir inconnu. Ses paupières, quant à elles, portaient la marque d'une cicatrice ancienne, visible. Elle semblait le fruit d'une lame maudite, comme si cette malédiction était née d'un combat avec une force surnaturelle. Une autre possibilité s’imposa à moi, peut-être cet œil avait-il été perdu, et qu’une magie ancienne, interdite, l’avait remplacé par celui-ci, qui renfermait désormais d'obscurs secrets. Je devais connaitre la raison, avant d'entamer la guérison. Si celle-ci était possible. Cet œil, bien plus qu’un simple organe de vision, dégageait une aura à la fois terrifiée et résignée, un éclat de désespoir qui ne demandait qu'à être percé. Sa craindre, presque tangible sous ma main, s’intensifiait, comme s’il attendait que ma simple présence éveille en lui une force plus ancienne, plus dangereuse, quelque chose qui sommeillait depuis bien trop longtemps.
— Parlez-moi de cette malédiction, murmurai-je enfin, brisant le silence avec des mots à peine audibles, mais chargés de l'autorité tranquille que je portais en moi. Mon souffle effleura sa joue, glacial, comme un secret soufflé par l'ombre elle-même. Quand est-elle apparue ? Comment s'est-elle manifestée ?
À cet instant, tout semblait suspendu dans un équilibre précaire. Il n'y avait que nous, entourés par la danse des ombres et le murmure des flammes, une bulle de mystère dans un monde où tout, même le silence, pouvait devenir une énigme.
Je me dirigeai vers la cheminée, mes gestes mesurés et fluides, déposant une vieille marmite de fer noire remplie d'eau au-dessus des braises naissantes. La chaleur s’intensifia doucement, et bientôt une fine vapeur s'échappa du liquide, montant en volutes paresseuses dans l'air lourd et mystique de la pièce. Le parfum du bois brûlé se mêlait à celui des herbes sèches accrochées aux étagères, emplissant l'atmosphère d'une odeur apaisante, presque ensorcelante. Sans un mot, je préparais des linges propres, chacun soigneusement plié avec la même attention qu'une prêtresse offrirait à ses rituels. Mes gestes étaient lents, précis, et délibérés, presque cérémoniels. Chaque action avait une intention claire, une signification qui allait au-delà de la simple pratique médicale. Je savais que dans ce genre de moment, la patience et le contrôle étaient mes alliés les plus puissants.
Hiraeth discutait avec son acolyte. Mon silence était volontaire, et dans cette absence de parole, je laissais l'ambiance mystique de la pièce opérer lentement sur lui. Le feu, les ombres, le rituel que je préparais... tout cela contribuait à lui montrer que j'étais une guérisseuse, mais une guérisseuse des ombres, de ce qui échappe aux regards ordinaires. Je sentais que le vieil homme partageait le pouvoir des ombres.
— Vous n'avez rien à craindre ici, disais-je sans lever les yeux de ma tâche, ma voix tranchant doucement à travers l’atmosphère tendue. Je ne vous veux aucun mal, ni à vous ni à votre maître.
Je levai finalement mon regard vers lui, mes yeux vitreux le fixant avec une intensité implacable, une ombre d’autorité perçant le voile de mon apparente tranquillité. Ce regard suffit à le dissuader de tenter d'utiliser ses pouvoirs à nouveau. Il serait sage de se tenir tranquille, semblait dire la froideur de mon expression. Ses épaules s'affaissèrent légèrement, et après une brève hésitation, il finit par s'asseoir lentement sur une chaise, ses mains tordant nerveusement les bords de son manteau usé. Hiraeth, lui, s'était laissé convaincre de s'assoir sur le lit et d'ôter son bandeau. L'eau dans la marmite commença à bouillir. Je la versai délicatement dans une bassine posée à côté du lit et y plongeai un linge propre, avant de m'approcher doucement de Hiraeth. Mon pas léger ne fit aucun bruit sur le sol de bois. L'atmosphère était tendue, presque palpable, alors que je me tenais désormais à ses côtés, la bassine fumante, déposée à mes pieds.
Je levai doucement ma main vers son visage, mes gestes mesurés et silencieux, comme si l’air même retenait son souffle. Mes doigts, glacés comme la mort, mais doux comme la soie, effleurèrent sa peau parcheminée avec une légèreté presque spectrale. Il frissonna imperceptiblement à ce contraste brutal entre la chaleur ambiante et la froideur surnaturelle de mon toucher, mais il ne recula pas. Mon pouce se posa délicatement sur sa tempe, le point exact où pulsait faiblement le battement de sa vie, tandis que mes doigts glissèrent à l’arrière de sa tête, enserrant tendrement la base de son crâne. Ce geste, intime et maîtrisé, semblait enchaîner nos destins l’un à l’autre, ne serait-ce que pour cet instant suspendu dans le temps. Mon visage se rapprocha du sien, si près que nos respirations se mêlèrent dans l'air refroidi de la pièce, malgré le feu dansant. La distance entre nous s'effaçait, réduite à une fine ligne de tension, à une frontière où s'entremêlaient vie, mystère et magie.
La lumière vacillante du feu, faible et capricieuse, dansait sur nos visages, mais ne les révélait jamais entièrement, laissant les ombres se faufiler, onduler, et effacer presque les contours de son visage. Seul son œil, celui que j'observais avec une attention soutenue, captait la lueur incertaine du feu. Il brillait d'une teinte orangée, presque dorée, une flamme vivante dans cette obscurité pesante. Cet éclat puissant au milieu des ténèbres évoquait un mystère plus profond que je n'avais anticipé. Ma surprise fut immédiate en découvrant la forme étrange de sa pupille, déformée comme si elle avait été altérée par quelque pouvoir inconnu. Ses paupières, quant à elles, portaient la marque d'une cicatrice ancienne, visible. Elle semblait le fruit d'une lame maudite, comme si cette malédiction était née d'un combat avec une force surnaturelle. Une autre possibilité s’imposa à moi, peut-être cet œil avait-il été perdu, et qu’une magie ancienne, interdite, l’avait remplacé par celui-ci, qui renfermait désormais d'obscurs secrets. Je devais connaitre la raison, avant d'entamer la guérison. Si celle-ci était possible. Cet œil, bien plus qu’un simple organe de vision, dégageait une aura à la fois terrifiée et résignée, un éclat de désespoir qui ne demandait qu'à être percé. Sa craindre, presque tangible sous ma main, s’intensifiait, comme s’il attendait que ma simple présence éveille en lui une force plus ancienne, plus dangereuse, quelque chose qui sommeillait depuis bien trop longtemps.
— Parlez-moi de cette malédiction, murmurai-je enfin, brisant le silence avec des mots à peine audibles, mais chargés de l'autorité tranquille que je portais en moi. Mon souffle effleura sa joue, glacial, comme un secret soufflé par l'ombre elle-même. Quand est-elle apparue ? Comment s'est-elle manifestée ?
À cet instant, tout semblait suspendu dans un équilibre précaire. Il n'y avait que nous, entourés par la danse des ombres et le murmure des flammes, une bulle de mystère dans un monde où tout, même le silence, pouvait devenir une énigme.
« L'AMOUR EST ÉTERNEL,
TOUT SE MEURT DANS LA RAGE ET LA HAINE.
MÊME L'IMMORTEL N'ÉCHAPPE PAS À SA FIN.
LES TITANS RÉCLAMENT NOS VIES,
LES GARDIENS NOUS ACCUEILLENT DANS L'OMBRE.
QUE NOTRE FOI GUIDE NOS ÂMES VERS L'ABSOLUTION ET LE PARDON. »
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Hiraeth
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique neutre
Rang: D
Par le putain d'arbre en bordel de mes aïeux divinistes. J'ai lâché les objets, fermé mon clapet et je me suis ramassé sur une chaise près du feu.
Ses gestes simples, en oxymore totale avec son attitude de princesse de l'ombre, produisent un court-circuit direct dans ma psyché coupable.
L'atmosphère de la pièce a changé. D'une cuisine de campagne légèrement mystique, elle est devenue quelque chose de plus ténébreux. Le feu, au lieu d'éclairer la pièce, ne ravive que les ombres, mouvantes, présentes, vivantes. Elles me sont familières, et je ne les sens pas hostiles. Mais leur nombre est tel que je ne moufte plus.
Hiraeth se laisse faire comme un pantin. La façon dont elle se place, dont elle l’attrape et ausculte son visage, si proche... L'éternel dévergondé que je suis ressent une tension érotique dans cet examen et je me demande, à ma place de voyeur, ce que ressent mon pisse-froid de neveu.
Hypnotisé, Hiraeth observe ce visage à la peau si lisse, aux traits si harmonieux. La froideur, la douceur de ces doigts délicats qui enserrent sa nuque, attouchent sa peau fatiguée...
Ce souffle fugace, les opales de ces yeux scrutant les siens, scrutant l'orbe qui le défigure depuis bientôt trois ans.
Elle me regarde, sans me voir. Seul l’œil honni attire son attention, et ainsi je peux l'observer à loisir, ressentir pleinement sa présence. Je préfère me concentrer sur elle plutôt que sur l'élancement acéré qui vient de traverser mon crâne. Comme un avertissement, un long grondement, si bas que je le ressens au lieu de l'entendre. Ce son ne passe de toute façon pas par mes oreilles...
Elle me parle, mais je dois m'arracher à la fascination de cet instant où moi, simple humain, je suis à la lisière entre le pouvoir du Démon et celui de l'Ombra.
Elle me parle, mais je dois m'arracher à la fascination de cet instant où moi, simple humain, je suis à la lisière entre le pouvoir du Démon et celui de l'Ombra.
Les flammes vacillent, comme si un souffle avait dérangé leur équanimité. Le Caravanier quête l'approbation de son Mage, puis entame d'une voix rauque :
« Ce... Ce n'est pas à proprement parler une malédiction. Une forme de malédiction, si. Je n'ai pas compris réellement tout ce qui m'est arrivé. »
Il avale sa salive, sa glotte se mouvant follement l'espace de quelques secondes.
« J'ai... conclu un Pacte. Avec un Démon. »
Il ferme les yeux. Est-ce que le grondement a gagné en amplitude, ou est-ce seulement son imagination ?
« C'est arrivé il y a trois ans environ, dans un endroit un peu semblable au vôtre, loin au sud d'ici.
Un marais, où ma troupe stationnait depuis quelque temps. Nous sommes... Tout le village est tombé malade. Une sorte de peste sanguine, qui abîme la peau et les tissus, crée des hémorragies, rend l'être vulnérable aux infections, jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Nous n'avions pas de guérisseur assez puissant pour nous aider. Nous étions pauvres. Nous étions marginaux. Tout le village n'était constitué que de pauvres hères, hors-la-loi, réfugiés, hybrides rejetés de la société... qui vivotaient là, en attendant que la mort les prenne. Beaucoup sont partis, avant que nous n'ayons vent d'une puissance sombre, habitant au fin fonds du marais. Peut-être que cet être, quel qu'il soit, pourrait nous venir en aide...
J'y suis allé. »
Un mouvement d'humeur du mage ne lui échappe pas. Le demi-elfe, qui a rejeté sa capuche en arrière, révélant une chevelure drue parsemée de tresses, bougonne :
« Tu n'aurais jamais dû y aller seul. Tu aurais dû nous dire... »
H (avec véhémence) : « On en a parlé cent fois ! C'était le seul moyen. Tu agonisais, vieux fou. »
OJ (résigné) : « J'aurais donné ma vie pour y aller à ta place. »
H : « Ce qui est fait est fait. »
Coupant court à cet échange impétueux, il se tourne de nouveau vers la guérisseuse de l'ombre.
« J'ai traversé ce foutu marais. Je commençais à avoir des étourdissements, moi aussi. Je suis arrivé... dans une sorte de caverne. »
Il hésite et porte la main à son œil comme pour réprimer une douleur.
« A partir de là, je ne sais plus ce qui relève du cauchemar ou de la réalité. Je me suis retrouvé dans une sorte de kaléidoscope de situations, sur un bateau, dans une cité immense, dans un cimetière plus grand encore... Une voix me parlait. Avec une sorte de dédain, et pourtant un désir de m'instruire.
Elle m'a promis ma guérison et celle des miens, si je lui rendais service en retour. »
Les flammes vacillent encore. Oko Jero se retourne vers l'âtre, intrigué.
« Si je devenais son espion, à travers le Sekaï. Si je devenais, en quelque sorte, son œil. Il ne demandait rien d'autre, et c'est un travail que je me sentais capable de faire. Puis il a ajouté que j'y perdrais l'un des miens.
Un œil ou la vie ? La mienne et celle de mon village ? Pour simplement aller se balader dans le Sekaï et ramener des informations ?
Je n'avais pas les idées claires, le sang sous ma peau me démangeait furieusement. J'ai commencé à me gratter au sang, avec l'impression que ma peau partait en lambeaux. C'était horrible, et je ne ressentais rien.
J'ai accepté. »
Le grondement est plus fort désormais, c'est indéniable. Hiraeth serre les poings et se crispe, alors que son cœur s'emballe et qu'un nouvel élancement traverse son globe oculaire et remonte le long de son crâne, sombre annonciateur d'une nouvelle crise. Oko Jero se lève et s'approche, alarmé.
« Je... ne vous dirais pas... je ne peux pas. Je me suis seulement réveillé au village, tel que je suis aujourd'hui, avec une cicatrice ouverte et suintante. Tout le village était guéri. Je... »
Le vieux mage intervient, d'une voix pressante.
OJ : « Il fait des crises, parfois. Ça commence par une migraine, et ça peut aller très loin... Je... Nous n'arrivons plus à le calmer, à apaiser sa douleur. Je ne suis plus assez puissant... »
Il se tord les mains, en observant Hiraeth appuyer la paume de sa main avec force sur son œil de feu, comme si cela calmait sa souffrance.
Citoyen du monde
Aesgan
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Comment as-tu osé, petit ignorant ! La révélation de l’origine de sa malédiction me laissa clouée sur place, figée comme une statue de pierre alors qu’un frisson me traversait de la nuque jusqu’à la base de l’échine. L’air autour de moi se fit plus dense, plus lourd, presque poisseux. Les ombres dans la pièce semblaient se rétracter, se replier sur elles-mêmes, comme si elles aussi craignaient la présence de cet œil maléfique. Ce n’était plus un simple regard que Hiraeth portait sur le monde, mais une fenêtre ouverte vers quelque chose de beaucoup plus sombre, de beaucoup plus vieux, de beaucoup plus malsain et puissant. Nous étions tous en danger. Comme tout ceux vu au travers cet oeil maudit. Le démon voyait maintenant mon visage. Il voyait plus que ça, il savait. Il connaissait désormais le lieu où je me tenais, il avait une vue sur mon sanctuaire, sur cet espace sacré que j’avais récupéré il y a peu et que j'avais aménagé méticuleusement sort après sort. J'avais l’espoir de rester cachée, invisible aux yeux des dangers de ce monde, car mes desseins devaient perdurer dans le temps. Je me devais de gagner en puissance, en connaissance de ce monde, que pour tenter de le sauver. J'avais réussi à fuir le danger de Sancta. J'avais réussi à fuir les démons, ce n'était pas pour me retrouver en face à face avec un autre, six mois plus tard. Le Sekai était-il devenu à ce point dangereux depuis la chute de Shoumei ? Mais il était là. Il regardait, et il ne s'en irait pas.
Mon esprit tourna, rapide comme une bête acculée. Je pouvais presque sentir ses griffes se refermer autour de ma gorge. La vision du démon, à travers l’œil de cet homme, se posait sur chaque recoin de cette pièce, souillant chaque talisman, chaque ligne gravée dans le sol. Mon refuge. Mon unique protection. Et maintenant, tout cela lui appartenait. Une intrusion invisible, mais totale. Je restai debout un long moment, mon souffle bloqué quelque part entre ma gorge et mes poumons. Le temps se tordait, se distendait, m’emportant dans une spirale de possibilités et de craintes. J’étais exposée. Le démon connaissait la source de mon pouvoir, et cette simple vérité me glaçait d’effroi. Combien de temps avant qu’il ne trouve un moyen d’agir, de m’atteindre ? Combien de temps avant qu’il ne fasse de ce lieu son propre domaine ? Je me rassurais toutefois, n'étant qu'une étrangère encore à ces yeux. Si demain, j'aspirai à devenir une des plus grandes guérisseuses, aujourd'hui, je n'étais rien. J'étais un pion, insignifiant à ses yeux. Cela me permit de me calmer. Je devais rester calme. Je devais me détendre. Et ce même si je ne pouvais plus rester ici. C’était devenu évident. Ce sanctuaire qui m’avait protégée venait d'être violé par ce simple regard malicieux. Je me devais de disparaître avant que ce démon n’étende ses griffes encore plus loin dans ma vie.
Je pris le bandeau. Mes doigts tremblaient légèrement, mais je me forçai à ne rien montrer. Lentement, d’un geste mesuré, je le remis sur l'œil de Hiraeth, cachant cette fenêtre maudite, voilant à nouveau ce regard perçant qui appartenait à une autre créature. Le silence qui suivit était lourd, épais, comme si même l'air avait peur de bouger. J’avais calmé ma respiration, maîtrisé mes mains, mais au fond de moi, je savais déjà ce qui m’attendait. L’exil. Encore. Toujours. L’ombre du départ planait sur moi comme une malédiction à part entière. Je me redressais, pris une distance. Je croisai les bras, mes yeux fixés sur les flammes qui dansaient doucement dans l’âtre. Leur lumière vacillante dessinait des ombres étranges sur les murs, des formes qui semblaient vivantes, prêtes à s’échapper de l’ombre pour venir me chuchoter à l’oreille des secrets anciens. Tout était fragile, instable, comme une corde sur le point de rompre. Enfin, je me tournai vers Hiraeth, ma voix plus calme qu’elle ne l’avait été jusque-là.
— Deux solutions. La plus simple serait de retrouver ce démon, et le convaincre de rompre l’envoûtement. Mais tu sais comme moi qu'il ne te laissera pas t’en sortir si facilement. Il y a toujours un prix. Toujours... Il faut t'attendre à perdre les vies de ceux que tu as sauvés. Voir plus encore...
Je laissai un silence s’installer, mes yeux plongeant dans le sien, cherchant une réaction, une étincelle de compréhension dans ce regard marqué par l’influence d’une créature qui ne devrait même pas exister.
— L’autre solution… est de le détruire. Mais ça, tu sais aussi ce que ça signifie. Il nous faut trouver sa source, connaître sa magie, comprendre ses forces, ses faiblesses. Ce ne sera pas simple. Et ce ne sera pas sans douleur. Mais nul ne peut guérir un pacte. Un contrat, reste un contrat. Il est "en théorie" inviolable. Pour rompre un contrat, cela se fait d'un commun accord. Ou par la mort d'un des deux. Et encore, je parierais qu'il y a une mention que ton âme lui appartiendra à ta mort. Quoi qu’il en soit, le démon est malin. Et tu ferais mieux de ne jamais enlever ce bandeau. Tant qu'il peut te voir, il te tient. Si bien sûr, tu ne veux pas mettre autrui en danger. Quant à moi...
Je me tournai à nouveau vers les flammes vacillantes, les yeux perdus dans ce ballet hypnotique de lumière et d'ombre. Pourtant, quelque chose changea, presque imperceptiblement. Une sensation étrangère me traversa, douce, mais insidieuse, comme une brise inattendue dans un sous-bois obscur. Un murmure, lointain, mais clair, résonna dans mon esprit, porteur d'une étrange lumière.
« Pardonne-lui, il ne sait pas ce qu'il fait. Tout être vivant est le fruit du Sekai. Tous peuvent être sauvé.»
Ces mots, à peine un souffle, ne venaient pas de moi. Ils semblaient provenir d'ailleurs, de quelque chose d'ancien, peut-être même d'oublié. Je ne savais pas d'où ils venaient, mais la force qu'ils contenaient me prit au dépourvu. Un courage, nouveau et presque incongru, se glissa en moi, comme une lumière fragile, mais tenace qui repoussait, ne serait-ce qu’un instant, l’obscurité. Ce n’était pas mon propre courage. Non, il était emprunté, offert par une source qui me restait inconnue, mais il brûlait doucement en moi, chassant cette peur rampante qui menaçait de m'étouffer. Pour la première fois depuis que j’avais posé les yeux sur l’œil maudit de Hiraeth, je me sentis en paix. Même un bref instant. Une chaleur, non celle du feu, mais plus profonde, plus intime, se propageait dans mon être. Comme une main invisible posée sur mon épaule, elle m'invitait à rester calme, à regarder au-delà de cette menace immédiate. Ce démon, bien qu'il me hante par sa simple existence, n'était qu'une créature parmi tant d'autres. Comme les Hommes, comme les Elfes, comme les Draknys. Tous sont nés du Sekai, tous possèdent une part d'ombre, un potentiel de destruction. Mais c’est cette ombre qui les rendait réels, palpables. Dangereux, certes, mais aussi faillibles. Je ne devais pas craindre les démons. Ces mots résonnaient dans mon esprit, comme une vérité évidente que je n'avais jamais pleinement saisie. Ils étaient des êtres de ce monde, pas plus invincibles que les autres. Leur pouvoir, bien qu'immense, n’était pas absolu. Il obéissait à des lois, des règles que je pouvais déchiffrer, comprendre, et finalement, un jour dominer. Si je m’attachais à cette peur, si je la laissais me consumer, je deviendrais leur proie. Mais si je m’en détachais, je verrais ce qu'ils sont vraiment , des fragments du Sekai, des créatures à la fois redoutables et fragiles.
Mon regard, toujours plongé dans les flammes, se fit plus dur. Ce n'était pas le matériel qui importait. Ni cette demeure, ni les objets qui m'entouraient, aussi précieux et chargés de pouvoir soient-ils. Non. Ce qui importait réellement, ce qui me donnait un avantage sur ces entités maléfiques, c'était l’expérience. Chaque rencontre, chaque bataille, chaque moment passé à observer l'invisible, à sonder les arcanes du monde des ombres, m’avait offert quelque chose de plus précieux que la sécurité, la connaissance. Je ne devais pas craindre les pertes matérielles, car ce que j'accumulais en moi – chaque fragment d'information, chaque secret que j'arrachais aux ténèbres – était infiniment plus précieux. C'était cela, ma véritable force. Les runes gravées sur le sol, les talismans suspendus aux murs, ils n’étaient que des outils. Mais la véritable magie, celle que les démons redoutaient, était celle qui se trouvait en moi, forgée par l'expérience, nourrie par chaque confrontation avec l’inconnu.
Je laissai ces pensées m'envelopper comme un manteau, mon regard revenant sur Hiraeth, toujours assis, silencieux. Sans m'en rendre compte, j'avais été injuste envers lui. Le brisant d'un espoir de guérison. Le bandeau reposait à nouveau sur son œil maudit, masquant cette fenêtre ouverte vers l'enfer. Pour l'instant, il était sous contrôle. Mais je savais que cela ne durerait pas. Pourtant, cette pensée ne m’effraya plus autant qu’avant. « Je ne crains pas les démons » murmurai-je finalement, plus pour moi-même que pour lui. Ma voix se perdit dans le murmure des flammes, mais elle portait en elle la force tranquille de la vérité que je venais de découvrir.
— Je peux cependant apaiser la douleur des migraines. Et... Mes connaissances sont encore floues vis-à-vis des démons. Il existe certainement une troisième solution. J'investiguerai.
Mon esprit tourna, rapide comme une bête acculée. Je pouvais presque sentir ses griffes se refermer autour de ma gorge. La vision du démon, à travers l’œil de cet homme, se posait sur chaque recoin de cette pièce, souillant chaque talisman, chaque ligne gravée dans le sol. Mon refuge. Mon unique protection. Et maintenant, tout cela lui appartenait. Une intrusion invisible, mais totale. Je restai debout un long moment, mon souffle bloqué quelque part entre ma gorge et mes poumons. Le temps se tordait, se distendait, m’emportant dans une spirale de possibilités et de craintes. J’étais exposée. Le démon connaissait la source de mon pouvoir, et cette simple vérité me glaçait d’effroi. Combien de temps avant qu’il ne trouve un moyen d’agir, de m’atteindre ? Combien de temps avant qu’il ne fasse de ce lieu son propre domaine ? Je me rassurais toutefois, n'étant qu'une étrangère encore à ces yeux. Si demain, j'aspirai à devenir une des plus grandes guérisseuses, aujourd'hui, je n'étais rien. J'étais un pion, insignifiant à ses yeux. Cela me permit de me calmer. Je devais rester calme. Je devais me détendre. Et ce même si je ne pouvais plus rester ici. C’était devenu évident. Ce sanctuaire qui m’avait protégée venait d'être violé par ce simple regard malicieux. Je me devais de disparaître avant que ce démon n’étende ses griffes encore plus loin dans ma vie.
Je pris le bandeau. Mes doigts tremblaient légèrement, mais je me forçai à ne rien montrer. Lentement, d’un geste mesuré, je le remis sur l'œil de Hiraeth, cachant cette fenêtre maudite, voilant à nouveau ce regard perçant qui appartenait à une autre créature. Le silence qui suivit était lourd, épais, comme si même l'air avait peur de bouger. J’avais calmé ma respiration, maîtrisé mes mains, mais au fond de moi, je savais déjà ce qui m’attendait. L’exil. Encore. Toujours. L’ombre du départ planait sur moi comme une malédiction à part entière. Je me redressais, pris une distance. Je croisai les bras, mes yeux fixés sur les flammes qui dansaient doucement dans l’âtre. Leur lumière vacillante dessinait des ombres étranges sur les murs, des formes qui semblaient vivantes, prêtes à s’échapper de l’ombre pour venir me chuchoter à l’oreille des secrets anciens. Tout était fragile, instable, comme une corde sur le point de rompre. Enfin, je me tournai vers Hiraeth, ma voix plus calme qu’elle ne l’avait été jusque-là.
— Deux solutions. La plus simple serait de retrouver ce démon, et le convaincre de rompre l’envoûtement. Mais tu sais comme moi qu'il ne te laissera pas t’en sortir si facilement. Il y a toujours un prix. Toujours... Il faut t'attendre à perdre les vies de ceux que tu as sauvés. Voir plus encore...
Je laissai un silence s’installer, mes yeux plongeant dans le sien, cherchant une réaction, une étincelle de compréhension dans ce regard marqué par l’influence d’une créature qui ne devrait même pas exister.
— L’autre solution… est de le détruire. Mais ça, tu sais aussi ce que ça signifie. Il nous faut trouver sa source, connaître sa magie, comprendre ses forces, ses faiblesses. Ce ne sera pas simple. Et ce ne sera pas sans douleur. Mais nul ne peut guérir un pacte. Un contrat, reste un contrat. Il est "en théorie" inviolable. Pour rompre un contrat, cela se fait d'un commun accord. Ou par la mort d'un des deux. Et encore, je parierais qu'il y a une mention que ton âme lui appartiendra à ta mort. Quoi qu’il en soit, le démon est malin. Et tu ferais mieux de ne jamais enlever ce bandeau. Tant qu'il peut te voir, il te tient. Si bien sûr, tu ne veux pas mettre autrui en danger. Quant à moi...
Je me tournai à nouveau vers les flammes vacillantes, les yeux perdus dans ce ballet hypnotique de lumière et d'ombre. Pourtant, quelque chose changea, presque imperceptiblement. Une sensation étrangère me traversa, douce, mais insidieuse, comme une brise inattendue dans un sous-bois obscur. Un murmure, lointain, mais clair, résonna dans mon esprit, porteur d'une étrange lumière.
« Pardonne-lui, il ne sait pas ce qu'il fait. Tout être vivant est le fruit du Sekai. Tous peuvent être sauvé.»
Ces mots, à peine un souffle, ne venaient pas de moi. Ils semblaient provenir d'ailleurs, de quelque chose d'ancien, peut-être même d'oublié. Je ne savais pas d'où ils venaient, mais la force qu'ils contenaient me prit au dépourvu. Un courage, nouveau et presque incongru, se glissa en moi, comme une lumière fragile, mais tenace qui repoussait, ne serait-ce qu’un instant, l’obscurité. Ce n’était pas mon propre courage. Non, il était emprunté, offert par une source qui me restait inconnue, mais il brûlait doucement en moi, chassant cette peur rampante qui menaçait de m'étouffer. Pour la première fois depuis que j’avais posé les yeux sur l’œil maudit de Hiraeth, je me sentis en paix. Même un bref instant. Une chaleur, non celle du feu, mais plus profonde, plus intime, se propageait dans mon être. Comme une main invisible posée sur mon épaule, elle m'invitait à rester calme, à regarder au-delà de cette menace immédiate. Ce démon, bien qu'il me hante par sa simple existence, n'était qu'une créature parmi tant d'autres. Comme les Hommes, comme les Elfes, comme les Draknys. Tous sont nés du Sekai, tous possèdent une part d'ombre, un potentiel de destruction. Mais c’est cette ombre qui les rendait réels, palpables. Dangereux, certes, mais aussi faillibles. Je ne devais pas craindre les démons. Ces mots résonnaient dans mon esprit, comme une vérité évidente que je n'avais jamais pleinement saisie. Ils étaient des êtres de ce monde, pas plus invincibles que les autres. Leur pouvoir, bien qu'immense, n’était pas absolu. Il obéissait à des lois, des règles que je pouvais déchiffrer, comprendre, et finalement, un jour dominer. Si je m’attachais à cette peur, si je la laissais me consumer, je deviendrais leur proie. Mais si je m’en détachais, je verrais ce qu'ils sont vraiment , des fragments du Sekai, des créatures à la fois redoutables et fragiles.
Mon regard, toujours plongé dans les flammes, se fit plus dur. Ce n'était pas le matériel qui importait. Ni cette demeure, ni les objets qui m'entouraient, aussi précieux et chargés de pouvoir soient-ils. Non. Ce qui importait réellement, ce qui me donnait un avantage sur ces entités maléfiques, c'était l’expérience. Chaque rencontre, chaque bataille, chaque moment passé à observer l'invisible, à sonder les arcanes du monde des ombres, m’avait offert quelque chose de plus précieux que la sécurité, la connaissance. Je ne devais pas craindre les pertes matérielles, car ce que j'accumulais en moi – chaque fragment d'information, chaque secret que j'arrachais aux ténèbres – était infiniment plus précieux. C'était cela, ma véritable force. Les runes gravées sur le sol, les talismans suspendus aux murs, ils n’étaient que des outils. Mais la véritable magie, celle que les démons redoutaient, était celle qui se trouvait en moi, forgée par l'expérience, nourrie par chaque confrontation avec l’inconnu.
Je laissai ces pensées m'envelopper comme un manteau, mon regard revenant sur Hiraeth, toujours assis, silencieux. Sans m'en rendre compte, j'avais été injuste envers lui. Le brisant d'un espoir de guérison. Le bandeau reposait à nouveau sur son œil maudit, masquant cette fenêtre ouverte vers l'enfer. Pour l'instant, il était sous contrôle. Mais je savais que cela ne durerait pas. Pourtant, cette pensée ne m’effraya plus autant qu’avant. « Je ne crains pas les démons » murmurai-je finalement, plus pour moi-même que pour lui. Ma voix se perdit dans le murmure des flammes, mais elle portait en elle la force tranquille de la vérité que je venais de découvrir.
— Je peux cependant apaiser la douleur des migraines. Et... Mes connaissances sont encore floues vis-à-vis des démons. Il existe certainement une troisième solution. J'investiguerai.
« L'AMOUR EST ÉTERNEL,
TOUT SE MEURT DANS LA RAGE ET LA HAINE.
MÊME L'IMMORTEL N'ÉCHAPPE PAS À SA FIN.
LES TITANS RÉCLAMENT NOS VIES,
LES GARDIENS NOUS ACCUEILLENT DANS L'OMBRE.
QUE NOTRE FOI GUIDE NOS ÂMES VERS L'ABSOLUTION ET LE PARDON. »
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Hiraeth
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique neutre
Rang: D
Il l'a vu, ce changement, cette cassure. Encore. Toujours. Ce serait ainsi, et pourtant, il espérait quelque chose de différent aujourd'hui. Il pensait qu'elle, elle saurait voir les choses différemment. Son statut, ses origines, ce pouvoir latent... En réalité, c'était pire : elle avait peur.
Aussitôt son aveu coûteux effectué, il avait ressenti une nouvelle fois la blessure du rejet.
Il a vu s'afficher la colère, la panique, la peur. Autant d'émotions maîtrisées, contrôlées, mais là où le visage parfait avait à peine plissé les lèvres, contracté les muscles de sa mâchoire à la ligne pure, les ombres parlaient pour elle.
Oko Jero les observe. Hiraeth lui-même les voit, à ce stade, alourdies, effarées, recroquevillées. Son regard à elle le contemple désormais sans aménité.
Il savait ! Bien sûr qu'il savait ! Pourquoi se prenait-il encore à espérer ?
Néanmoins, sans rien dire, perdue dans ses pensées mais douce et professionnelle malgré tout, elle replace son cache-œil et s'éloigne. La vacuité que laisse son départ auprès d'Hiraeth accroît le sentiment latent de rejet qui naît en lui, alors qu'un nouvel élancement douloureux traverse son crâne gourd.
Oko Jero l'entoure de son attention, lui masse les épaules, lui parle doucement, tentant de le calmer comme il l'a déjà fait... des dizaines de fois depuis trois ans ? Depuis... depuis toujours.
Ce qui est une légende plaisante entourant la Caravane de son aura, ce qui est son surnom pégroïde, cette spécificité lui apportant un pouvoir indéniable sur les autres humains... est aussi sa plus grande honte. S'il avait l'avantage, comme tant de ses pairs, de ne s'embarrasser d'aucun scrupule, d'aucune compassion, la question ne se poserait pas. Lui avant le reste du monde.
Malheureusement, il n'était pas fait ainsi.
Deux solutions. La plus simple serait de retrouver ce démon, et le convaincre de rompre l’envoûtement. Mais tu sais comme moi qu'il ne te laissera pas t’en sortir si facilement. Il y a toujours un prix. Toujours... Il faut t'attendre à perdre les vies de ceux que tu as sauvés. Voir plus encore...
Il en est hors de question.
Hiraeth opposa un regard ferme à la Sorcière. Oui, il comprend l'idée. Il ne sait pas ce qu'elle cherche, à le sonder ainsi, à fouiller son regard. S'il aura la force de résister à cette solution ? Ne le juge-t-elle pas faible, à cause de cette décision passée ? Pense-t-elle qu'il serait capable de mettre en jeu la vie de tous, pour recouvrer son intégrité ? Est-ce une sorte de test ?
L’autre solution… est de le détruire. Mais ça, tu sais aussi ce que ça signifie. Il nous faut trouver sa source, connaître sa magie, comprendre ses forces, ses faiblesses. Ce ne sera pas simple. Et ce ne sera pas sans douleur. Mais nul ne peut guérir un pacte. Un contrat, reste un contrat. Il est "en théorie" inviolable. Pour rompre un contrat, cela se fait d'un commun accord. Ou par la mort d'un des deux. Et encore, je parierais qu'il y a une mention que ton âme lui appartiendra à ta mort. Quoi qu’il en soit, le démon est malin. Et tu ferais mieux de ne jamais enlever ce bandeau. Tant qu'il peut te voir, il te tient. Si bien sûr, tu ne veux pas mettre autrui en danger. Quant à moi...
Il ne se souvient pas d'une telle clause au sujet de son âme. Peu importe. Ses souvenirs sont hachurés de silences noirs, de moments où la douleur était si intense que toute mémoire en disparaît. Il ne veut pas se rappeler. Il va pourtant falloir.
La pilule est amère.
Trois ans qu'il vit son sursis comme un bonus exceptionnel. Trois ans qu'ils respirent et arpentent les plaines du Sekaï, ses forêts et son désert avec avidité, chaque jour amenant son lot de plaisirs et de difficultés, toutes exacerbées par le souvenir de l'agonie.
Le village existe toujours, à l'abri des marais. La Caravane existe toujours, et rien que pour ça, si c'était à refaire, Hiraeth prendrait de nouveau le chemin de bois menant au fond de la caverne.
Il le sait, intérieurement, qu'ils sont des revenants. Des êtres dont le sablier vital, au lieu d'égrener lentement les grains menant à l'anéantissement inexorable, a été placé sur la tranche pour arrêter sa course. Son sablier porte-t-il le nom du démon ?
Les grains ont-ils repris leur écoulement ?
Machinalement, il approuve d'une voix étranglée :
« Oui... Le cache-œil sert à ça. Pas seulement, mais en premier lieu. Je crois que c'est pour ça... les crises. Ça lui déplaît. »
Mettre autrui en danger. L'injustice, la révolte que ces paroles réveillent en lui insufflent une colère qui se transmet à chacun de ses membres avec une ardeur farouche. Non, il n'avait pas traversé tout cela pour s'apitoyer sur son sort. Il n'avait pas défié son destin pour qu'on le contemple ainsi, comme une erreur, un sacrilège. Il ne laisserait pas le démon gagner. Peu importe qu'il ne soit qu'un simple humain.
A grand-peine, serrant les poings jusqu'à marquer profondément ses paumes de ses ongles, les dents serrées jusqu'à grincer, il lutta contre l'obsédant grondement au fond de lui, contre la pulsation douloureuse qui lui battait les tempes. Il serait au-delà de ça. Il est le Caravanier, le Nomade. Hiraeth.
Il n'entend plus les murmures d'Oko Jero, alarmé par ses tremblements.
Le grondement s'est tu, et en lui, derrière l'obscurité de ses paupières fermées, attend une autre présence, vague, ténue, amusée. Cela ne dure pas, c'est évanescent, et Hir se demande bientôt s'il n'a pas rêvé. Devient-il fou ?
Ce ne serait qu'une suite logique.
Sa main, ses doigts serrés sur ses jambes touchent à travers le tissu une de ses dagues. Et s'il mettait fin à tout ça par lui-même ?
Et s'il ôtait lui-même cet œil impie ?
Je peux cependant apaiser la douleur des migraines. Et... Mes connaissances sont encore floues vis-à-vis des démons. Il existe certainement une troisième solution. J'investiguerai.
Oko Jero accepte avec effusion.
Hiraeth relève la tête, sueur aux tempes.
Sa lutte contre ce qui l'étreint n'avait jamais été aussi violente qu'aujourd'hui. Parfois, il pouvait presque oublier ce joug.
L'Ombra semblait porter une nouvelle résolution en elle, après quelques minutes de recueillement près du feu. Elle ne le contemple plus avec le même mépris. Surpris, le Caravanier aimerait posséder cette capacité à lâcher prise... Redevenue sereine, ce qu'elle propose est déjà un soulagement énorme pour lui.
Laissant le fil de ses pensées acérées suivre leur cours, il lui demande :
« Si je choisis d'ôter moi-même cet œil... Ou de m'ôter la vie... Qu'arrivera-t-il, à votre avis ? »
Je ne comprends pas ce qui se passe.
Chacun d'eux semble avoir vécu une lutte intérieure qui me dépasse.
J'ai l'impression de voir varier l'ombre et la lumière dans leurs auras, l'ombre qui est lumière et la lumière qui devient ombre.
La lumière produit l'ombre... L'ombre souligne la lumière...
De ce combat silencieux, ils sortent vainqueurs tous deux. Je sens les épaules d'Hiraeth se détendre brusquement sous mes mains. L'Ombra n'a plus cette crispation légère de son visage à l'ovale si pur.
Si j'avais su ce qui traversait l'esprit de mon neveu, je ne serais pas si soulagé.
Sa question m'atterre. Je sais qu'il y a déjà pensé, nous l'avons déjà empêché...
J'attends la réponse avec appréhension.
Citoyen du monde
Aesgan
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— Cela ne fonctionnerait pas je le crains. Ce serait trop... simple.
Je tournai le dos à Hiraeth, laissant son regard pesant derrière moi, et me concentrai sur la concoction d'une potion. Mes doigts glissèrent sur le comptoir en bois vieilli, à la recherche d’un flacon en verre de 15 ml, que je soulevai délicatement. Une légère couche de poussière s’était déposée à l'intérieur, alors je soufflai doucement pour la chasser, l’air tourbillonnant brièvement avant de disparaître. Je commençai à ajouter les ingrédients avec soin, chacun ayant un rôle précis dans l'apaisement des souffrances liées à l'œil démoniaque. D'abord, des fleurs de camomille, leurs pétales pâles et fragiles, douces comme le sommeil tombèrent dans le fond du flacon. Je saisis ensuite une fleur des prés, symbole de réconfort, suivie de quelques baies de sureau noir, leur surface luisante semblant capter la lumière ambiante. Enfin, j'ouvris un petit récipient contenant une unique pétale de Maggi, une fleur rare dont le pouvoir est d'apaiser les poisons les plus tenaces. Je pris un instant pour admirer sa texture délicate avant de l’ajouter au mélange. De l'eau pure vint clore cette première étape. Je pris le flacon entre mes mains et le secouai doucement, observant le liquide se mêler aux plantes. Mais je savais que cela ne suffirait pas. Mes pouvoirs d’Ombra étaient nécessaires pour éveiller pleinement les propriétés de cette potion. Je plongeai mon doigt dans le mélange, et une onde sombre se propagea instantanément. Mon pouvoir enveloppa le liquide, le teintant d’un noir profond, semblable au goudron, bien que légèrement plus fluide. Je levai le flacon à hauteur de mes yeux, observant la transformation. Le liquide noir brillait faiblement, prêt à accomplir son œuvre. Un simple geste de ma part, mais qui pourrait soulager les douleurs provoquées par l'œil démoniaque.
— Lorsque j'étais à Mael, j'ai eu l'occasion de lire un ouvrage sur les ... démons et d'autres races. Il expliquait que l'amputation d'un membre envoûté peut souvent conduire à la mort, et cela semble logique. Le membre est intimement lié au système nerveux, et un pacte démoniaque s'immisce justement dans ces connexions. Si ce lien est brisé de force, les conséquences peuvent être terribles : folie, coma, et dans le meilleur des cas, la mort.
J'attachai fermement la fiole à une fine cordelette, la transformant en pendentif, avant de la tendre délicatement à Hiraeth.
— Deux gouttes avant le coucher pour améliorer le sommeil et jusqu'à huit gouttes à prendre en pleine... crise. Ça devrait apaiser le mal, sans pour autant le guérir. C'est le maximum de ce que je peux faire, j'en suis désolée.
Hiraeth avait l’air terriblement affaibli, son visage creusé par la douleur et l’épuisement. Le mal qui le rongeait semblait implacable, et je pouvais comprendre la souffrance qu’il endurait. C'est pour cela que j'avais ajouté de la camomille à ma concoction. Non seulement pour ses propriétés anti-inflammatoires, mais aussi parce que cette fleur est connue pour apaiser l’esprit, et cet homme avait un besoin évident de soulagement, tant physique que mental. Je m'assis finalement à côté de l'homme qui l'accompagné, observant de plus près ses traits. Malgré l’épreuve qu’ils traversaient, icet homme paraissait moins marqué par le temps que je ne l'avais imaginé. Ses yeux, bien que baissé par la fatigue, avaient conservé une lueur de courage, d'espoir pour son ami. Je restai silencieuse un moment. J’attendais mon dû, la récompense de mon aide. Bientôt, il serait temps pour moi de quitter ces terres. Pourtant, je nourrissais encore l'espoir d’en apprendre davantage sur le Reike, sur ses routes bordées de mystères et ses secrets enfouis. Le savoir que je pourrais en tirer guiderait mes pas vers un nouveau chemin.
Je tournai le dos à Hiraeth, laissant son regard pesant derrière moi, et me concentrai sur la concoction d'une potion. Mes doigts glissèrent sur le comptoir en bois vieilli, à la recherche d’un flacon en verre de 15 ml, que je soulevai délicatement. Une légère couche de poussière s’était déposée à l'intérieur, alors je soufflai doucement pour la chasser, l’air tourbillonnant brièvement avant de disparaître. Je commençai à ajouter les ingrédients avec soin, chacun ayant un rôle précis dans l'apaisement des souffrances liées à l'œil démoniaque. D'abord, des fleurs de camomille, leurs pétales pâles et fragiles, douces comme le sommeil tombèrent dans le fond du flacon. Je saisis ensuite une fleur des prés, symbole de réconfort, suivie de quelques baies de sureau noir, leur surface luisante semblant capter la lumière ambiante. Enfin, j'ouvris un petit récipient contenant une unique pétale de Maggi, une fleur rare dont le pouvoir est d'apaiser les poisons les plus tenaces. Je pris un instant pour admirer sa texture délicate avant de l’ajouter au mélange. De l'eau pure vint clore cette première étape. Je pris le flacon entre mes mains et le secouai doucement, observant le liquide se mêler aux plantes. Mais je savais que cela ne suffirait pas. Mes pouvoirs d’Ombra étaient nécessaires pour éveiller pleinement les propriétés de cette potion. Je plongeai mon doigt dans le mélange, et une onde sombre se propagea instantanément. Mon pouvoir enveloppa le liquide, le teintant d’un noir profond, semblable au goudron, bien que légèrement plus fluide. Je levai le flacon à hauteur de mes yeux, observant la transformation. Le liquide noir brillait faiblement, prêt à accomplir son œuvre. Un simple geste de ma part, mais qui pourrait soulager les douleurs provoquées par l'œil démoniaque.
— Lorsque j'étais à Mael, j'ai eu l'occasion de lire un ouvrage sur les ... démons et d'autres races. Il expliquait que l'amputation d'un membre envoûté peut souvent conduire à la mort, et cela semble logique. Le membre est intimement lié au système nerveux, et un pacte démoniaque s'immisce justement dans ces connexions. Si ce lien est brisé de force, les conséquences peuvent être terribles : folie, coma, et dans le meilleur des cas, la mort.
J'attachai fermement la fiole à une fine cordelette, la transformant en pendentif, avant de la tendre délicatement à Hiraeth.
— Deux gouttes avant le coucher pour améliorer le sommeil et jusqu'à huit gouttes à prendre en pleine... crise. Ça devrait apaiser le mal, sans pour autant le guérir. C'est le maximum de ce que je peux faire, j'en suis désolée.
Hiraeth avait l’air terriblement affaibli, son visage creusé par la douleur et l’épuisement. Le mal qui le rongeait semblait implacable, et je pouvais comprendre la souffrance qu’il endurait. C'est pour cela que j'avais ajouté de la camomille à ma concoction. Non seulement pour ses propriétés anti-inflammatoires, mais aussi parce que cette fleur est connue pour apaiser l’esprit, et cet homme avait un besoin évident de soulagement, tant physique que mental. Je m'assis finalement à côté de l'homme qui l'accompagné, observant de plus près ses traits. Malgré l’épreuve qu’ils traversaient, icet homme paraissait moins marqué par le temps que je ne l'avais imaginé. Ses yeux, bien que baissé par la fatigue, avaient conservé une lueur de courage, d'espoir pour son ami. Je restai silencieuse un moment. J’attendais mon dû, la récompense de mon aide. Bientôt, il serait temps pour moi de quitter ces terres. Pourtant, je nourrissais encore l'espoir d’en apprendre davantage sur le Reike, sur ses routes bordées de mystères et ses secrets enfouis. Le savoir que je pourrais en tirer guiderait mes pas vers un nouveau chemin.
« L'AMOUR EST ÉTERNEL,
TOUT SE MEURT DANS LA RAGE ET LA HAINE.
MÊME L'IMMORTEL N'ÉCHAPPE PAS À SA FIN.
LES TITANS RÉCLAMENT NOS VIES,
LES GARDIENS NOUS ACCUEILLENT DANS L'OMBRE.
QUE NOTRE FOI GUIDE NOS ÂMES VERS L'ABSOLUTION ET LE PARDON. »
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Hiraeth
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Vocation: Guerrier assassin
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Et voilà. Un espoir de moins, si tant est qu'il nous restait de l'espoir.
Hiraeth baisse la tête, et je n'ai aucune idée de son état d'esprit. De toute façon, s'il s'approche d'une crise, la douleur occulte vraisemblablement sa réflexion.
D'ailleurs, il demeure silencieux, observant l'Ombra déambuler dans son domaine.
Ma curiosité d'herbomage est piquée par sa préparation, et je ne peux m'empêcher de noter sa façon de préparer la potion, d'en choisir les ingrédients avec soin, avant de l'infuser de sa magie intrinsèque.
Voilà quelque chose que je ne saurais faire, hélas.
En produire un ersatz pour éviter le pire, oui.
Mais calmer la douleur...
Je me demande ce que nous allons devoir faire pour renouveler cette ombreuse médication.
Il en a pour combien de temps dans cette fiole ? Un mois ?
Elle en fait un médaillon, qu'elle tend à mon neveu, lequel doit faire un visible effort de concentration pour écouter sa posologie.
Son œil accommode mal. Je le vois lever la fiole et compter, difficilement, quatre gouttes qu'il ingère d'office, sans discuter.
Dans l'air lourd de notre silence résigné, l'Ombra vient s'asseoir près de moi. Je sens qu'elle me dévisage, jusqu'aux ombres des angles de ses murs attentives à ma présence.
Je comprends, incidemment, le sens de son attitude.
Alors, je rapproche notre bourse aux trésors, et je commence, d'un ton monocorde au départ, dépliant le velours gris.
« Ceci est un velours estimé en République, à la capitale, Liberty. Il peut y faire relativement froid, mais sûrement pas autant que dans les Terres du Nord.
Les Libertéens, les républicains en général, aiment les bons produits et les étoffes luxueuses.
Celle-là est en coton de nuage, négociée à Kyouji. »
Je déploie l'aune bleue-verte de coton soyeux.
Hir la destinait à sa mère, au départ... lorsqu'on la retrouverait.
Mon cœur manque un battement, et j'ai la bouche sèche lorsque je reprends :
« C'est une étoffe coûteuse et côtée dans le désert, car elle permet d'en supporter facilement la chaleur sèche. Les tons rappellent la mer sur laquelle nous avons vogué, longtemps. »
Mâat, tu me manques.
J'attrape ensuite les sachets, plus attentif à notre guérisseuse.
Qu'est-ce qu'elle recherche, exactement ? Les produits n'avaient pas l'air de l'intéresser plus que ça malgré leur qualité. Elle voulait en savoir davantage sur leur provenance.
Le vaste monde ?
Je change de tactique et me tourne vers elle. Hiraeth a repris quelques couleurs et semble moins hâve. Rien que pour ça, je ressens soudain un élan de gratitude qui me rassérène.
« En vérité, que souhaitez-vous connaître ? Je peux vous parler des cités du Reike, de leur fonctionnement, de la République, des îles...
Ou même, si vous y tenez, étant donné que nous serons amenés à nous revoir je suppose, pour le renouvellement de cette médication... »
Désignant Hiraeth et son pendentif d'un ongle long, je réfléchis à comment formuler ma demande.
« ...Si vous le souhaitez, nous pouvons vous servir de guides, d'escorte. Vous permettre de voyager plus facilement de part le vaste monde. Nous voyageons énormément, et nous avons un réseau de connaissances qui pourrait vous être utile.
Ainsi, nous pourrions vous partager plus facilement toutes les informations que vous souhaitez.
Et, peut-être, si cela est possible... pourrais-je apprendre comment créer ce médicament. Afin de pouvoir soigner mon neveu moi-même. »
Je n'ajoute rien, mais mon regard parle pour moi-même.
Hiraeth écoute notre échange, en écarquillant les yeux.
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Aesgan
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L'homme qui me faisait face dégageait une sincérité désarmante, une volonté palpable de bien faire. Dans ses gestes maladroits, ses paroles mesurées et les trésors qu'il dévoilait avec une certaine fierté, je percevais son désir de me satisfaire. Pourtant, il semblait tâtonner, incertain de ce que je pouvais vraiment attendre de lui. Avais-je besoin de tissus ? Peut-être. Mais au-delà de ces étoffes, c'était une compréhension plus vaste que je cherchais, celle de découvir ce monde complexe et énigmatique qu’est le Sekai. Autour de nous, la nuit avait jeté son voile obscur, mais la lumière vacillante du feu apportait un réconfort précaire. Les flammes dansaient, projetant des ombres mouvantes sur les murs de mon logis. L’air portait une odeur mêlée de cendres et d’épices, trahissant l’ambiance chaleureuse de ce lieu modeste. La quiétude du lieu contrastait avec l’agitation de mes pensées et du moment que nous venions de passer. Tous les trois. Je me questionnais sur ce vaste monde que je ne faisais qu’effleurer. Les habitants du Sekai y trouvaient-ils le bonheur, ou ce monde n’était-il qu’un nid de démons malfaisants, de maladies rampantes et d'une mort agrandissant son long manteau sur le sekai ? Mon voyage m’avait conduit à traverser Shoumei, ses lieux, autrefois sacrés, dévasté par la mort, la famine et le contrôle militaire. Puis, j’avais atteint les côtes du Reike par l'ouest, attendant le bon moment avant de me rendre à Ikusa. Cependant, tout ce qui se trouvait à l’est restait un mystère pour moi.
La République, cette nation que les livres anciens mentionnaient comme redoutable rival reikoise, éveillait ma curiosité. J’avais lu des ouvrages datant d’avant l’invasion titanesque, des récits fragmentés qui peignaient un tableau fascinant de cette terre lointaine. Une nation avec une culture et une technologiqe qui semblait bien au-delà des dus et coutumes reikoises. Là-bas, une femme, une mortelle, dénommée Mirelda avait su s’élever à la tête de ce pays, bien que dépourvue de pouvoirs magiques et appartenant à l'une des races les plus faibles de ce monde. Tout ce qu’elle possédait, c’était un anneau capable d’annihiler toute magie alentour, et un titre qui lui avait permis de rassembler une armée de guerriers redoutables pour couvrir sa protection. Mirelda était une figure à la fois inspirante et intrigante. Je nourrissais l’envie de la rencontrer. Une envie semblable à celle de croiser, un jour, le chemin de l’impératrice Ayshara. Mais je savais qu’approcher cette dernière serait autrement plus ardu. Le tempérament de son mari, Tensai, les attentats qui avaient jalonné son règne, tout cela avait dû renforcer les mesures de protection autour d’elle. Ayshara me semblait aujourd'hui inaccessible. Et pourtant, le désir de la rencontrer restait palpable dans mon esprit.
Le crépitement du feu me ramena au présent. Je plongeai mon regard dans celui de l’homme, ses yeux reflétant à la fois une inquiétude et une lueur d’espoir.
— Pouvez-vous m'amener auprès de la cheffe de la nation qui s'appelle "République" ? J'aimerais beaucoup parler avec l'humaine du nom de Mirelda Goldheart.
La République, cette nation que les livres anciens mentionnaient comme redoutable rival reikoise, éveillait ma curiosité. J’avais lu des ouvrages datant d’avant l’invasion titanesque, des récits fragmentés qui peignaient un tableau fascinant de cette terre lointaine. Une nation avec une culture et une technologiqe qui semblait bien au-delà des dus et coutumes reikoises. Là-bas, une femme, une mortelle, dénommée Mirelda avait su s’élever à la tête de ce pays, bien que dépourvue de pouvoirs magiques et appartenant à l'une des races les plus faibles de ce monde. Tout ce qu’elle possédait, c’était un anneau capable d’annihiler toute magie alentour, et un titre qui lui avait permis de rassembler une armée de guerriers redoutables pour couvrir sa protection. Mirelda était une figure à la fois inspirante et intrigante. Je nourrissais l’envie de la rencontrer. Une envie semblable à celle de croiser, un jour, le chemin de l’impératrice Ayshara. Mais je savais qu’approcher cette dernière serait autrement plus ardu. Le tempérament de son mari, Tensai, les attentats qui avaient jalonné son règne, tout cela avait dû renforcer les mesures de protection autour d’elle. Ayshara me semblait aujourd'hui inaccessible. Et pourtant, le désir de la rencontrer restait palpable dans mon esprit.
Le crépitement du feu me ramena au présent. Je plongeai mon regard dans celui de l’homme, ses yeux reflétant à la fois une inquiétude et une lueur d’espoir.
— Pouvez-vous m'amener auprès de la cheffe de la nation qui s'appelle "République" ? J'aimerais beaucoup parler avec l'humaine du nom de Mirelda Goldheart.
« L'AMOUR EST ÉTERNEL,
TOUT SE MEURT DANS LA RAGE ET LA HAINE.
MÊME L'IMMORTEL N'ÉCHAPPE PAS À SA FIN.
LES TITANS RÉCLAMENT NOS VIES,
LES GARDIENS NOUS ACCUEILLENT DANS L'OMBRE.
QUE NOTRE FOI GUIDE NOS ÂMES VERS L'ABSOLUTION ET LE PARDON. »
Affilié au Reike
Hiraeth
Messages : 87
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique neutre
Rang: D
Ah, merde.
Je levais les yeux vers Hiraeth, qui pinça les lèvres. Impossible de lui mentir. Mais cela ne faisait pas nos affaires.
D'un ton empli de componction, je répondis :
« Mirelda Goldheart est hélas décédée, au début de l'année. Un attentat funeste à Liberty, la capitale, au mois de janvier. Les Titans... »
Je sondais son regard, en me demandant comment ce genre de nouvelle serait accueilli.
Cette créature était faite d'un contraste saisissant entre son aspect physique, la magie sombre dont elle était l'officiante, et ce qu'elle nous avait révélé de son caractère intrinsèque.
Jouait-elle la comédie ? Était-elle aussi profondément bienveillante qu'elle le paraissait ?
La colère dont elle avait fait preuve tantôt s'était évanouie et elle nous avait globalement apporté autant d'aide et de réponses qu'elle en semblait capable. Pour avoir moi-même un lien certain avec l'Ombre, je savais que leur commerce n'instituait pas nécessairement une nature mauvaise chez le pratiquant, quand bien même nombre de ses effets ne soient pas des plus... sympathiques.
Quelle pouvait être son opinion sur les êtres terribles qui avaient détruit le Shoumeï ?
Natif de ces terres maudites, je n'éprouvais pourtant qu'une haine limitée envers les Titans. Sans doute était-ce dû à mon foutu fatalisme. Que faire contre un volcan ou une tornade ? Cela me semblait du même acabit. Une foutue catastrophe naturelle qui foutait tout en l'air et contre laquelle tu ne peux pas lutter, juste subir.
Je tardais à émerger, aussi Hiraeth reprit la parole d'une voix un peu traînante, mais posée, ce qui me rassura quant à son état.
« Le Titan Kaiyo a fait surface, dans la capitale. Nombreux sont les héros qui lui ont fait face pour sauver ce qui pouvait l'être.
Mirelda Goldheart était parmi eux, et des opposants l'ont assassinée.
Aujourd'hui, c'est Falconi Genova qui a repris les rênes de la République. L'ancien président, qui a vécu dans l'opprobre une dizaine d'années, mais qui compte quelques mandats d'expérience. Il connaît bien la musique, mais son pays a bien évolué depuis... Un grand nombre de réfugiés shouméïens vivent désormais en République, et parmi eux des divinistes fanatiques, capables de souhaiter la destruction par leurs dieux à l'ensemble du Sekai... Les lois se sont durcies, et heureusement tous ne sont pas à mettre dans le même sac. »
Il se lève précautionneusement, portant la main à sa tête, et attrape son sac pour en sortir une gourde. Il boit avidement quelques gorgées et mouille sa main pour rafraîchir sa nuque et son front.
« Il n'empêche que nous pourrions vous proposer le voyage jusqu'en République, si tel est votre souhait. Je ne prétends pas pouvoir vous permettre de rencontre le Président, mais nous pouvons vous amener à ses portes. Il y a tant de choses à voir, à visiter d'ici à Liberty... Beaucoup d'évolutions magiques et technologiques plaisantes, des cités merveilleuses, des constructions érigées pour le bien des peuples... Tout n'est pas à jeter, dans nos civilisations décadentes.
Nous devons nous rendre bientôt à Liberty, d'ailleurs. La reconstruction avance à pas de géant, et les affaires y sont bonnes. »
S'avançant vers l'Ombra, il s'incline respectueusement.
« Je vous remercie profondément pour votre franchise et votre médication. Je n'avais pas senti de crise s'éloigner ainsi depuis... fort longtemps. Rien que cela est un soulagement indicible. »
Le voilà en mode policé à la Xander. La peur a laissé place à la fascination, la souffrance au jeu, des facettes qui me sont bien plus familières chez mon presque-neveu.
D'un geste ample, il désigne les articles amassés sur la table.
« J'insiste, choisissez ce qui vous fait envie ici. Et si c'est dans vos souhaits, sachez que ma Caravane vous fournira un moyen de transport pour vous rendre où vous en avez envie. »
Je levais les yeux vers Hiraeth, qui pinça les lèvres. Impossible de lui mentir. Mais cela ne faisait pas nos affaires.
D'un ton empli de componction, je répondis :
« Mirelda Goldheart est hélas décédée, au début de l'année. Un attentat funeste à Liberty, la capitale, au mois de janvier. Les Titans... »
Je sondais son regard, en me demandant comment ce genre de nouvelle serait accueilli.
Cette créature était faite d'un contraste saisissant entre son aspect physique, la magie sombre dont elle était l'officiante, et ce qu'elle nous avait révélé de son caractère intrinsèque.
Jouait-elle la comédie ? Était-elle aussi profondément bienveillante qu'elle le paraissait ?
La colère dont elle avait fait preuve tantôt s'était évanouie et elle nous avait globalement apporté autant d'aide et de réponses qu'elle en semblait capable. Pour avoir moi-même un lien certain avec l'Ombre, je savais que leur commerce n'instituait pas nécessairement une nature mauvaise chez le pratiquant, quand bien même nombre de ses effets ne soient pas des plus... sympathiques.
Quelle pouvait être son opinion sur les êtres terribles qui avaient détruit le Shoumeï ?
Natif de ces terres maudites, je n'éprouvais pourtant qu'une haine limitée envers les Titans. Sans doute était-ce dû à mon foutu fatalisme. Que faire contre un volcan ou une tornade ? Cela me semblait du même acabit. Une foutue catastrophe naturelle qui foutait tout en l'air et contre laquelle tu ne peux pas lutter, juste subir.
Je tardais à émerger, aussi Hiraeth reprit la parole d'une voix un peu traînante, mais posée, ce qui me rassura quant à son état.
« Le Titan Kaiyo a fait surface, dans la capitale. Nombreux sont les héros qui lui ont fait face pour sauver ce qui pouvait l'être.
Mirelda Goldheart était parmi eux, et des opposants l'ont assassinée.
Aujourd'hui, c'est Falconi Genova qui a repris les rênes de la République. L'ancien président, qui a vécu dans l'opprobre une dizaine d'années, mais qui compte quelques mandats d'expérience. Il connaît bien la musique, mais son pays a bien évolué depuis... Un grand nombre de réfugiés shouméïens vivent désormais en République, et parmi eux des divinistes fanatiques, capables de souhaiter la destruction par leurs dieux à l'ensemble du Sekai... Les lois se sont durcies, et heureusement tous ne sont pas à mettre dans le même sac. »
Il se lève précautionneusement, portant la main à sa tête, et attrape son sac pour en sortir une gourde. Il boit avidement quelques gorgées et mouille sa main pour rafraîchir sa nuque et son front.
« Il n'empêche que nous pourrions vous proposer le voyage jusqu'en République, si tel est votre souhait. Je ne prétends pas pouvoir vous permettre de rencontre le Président, mais nous pouvons vous amener à ses portes. Il y a tant de choses à voir, à visiter d'ici à Liberty... Beaucoup d'évolutions magiques et technologiques plaisantes, des cités merveilleuses, des constructions érigées pour le bien des peuples... Tout n'est pas à jeter, dans nos civilisations décadentes.
Nous devons nous rendre bientôt à Liberty, d'ailleurs. La reconstruction avance à pas de géant, et les affaires y sont bonnes. »
S'avançant vers l'Ombra, il s'incline respectueusement.
« Je vous remercie profondément pour votre franchise et votre médication. Je n'avais pas senti de crise s'éloigner ainsi depuis... fort longtemps. Rien que cela est un soulagement indicible. »
Le voilà en mode policé à la Xander. La peur a laissé place à la fascination, la souffrance au jeu, des facettes qui me sont bien plus familières chez mon presque-neveu.
D'un geste ample, il désigne les articles amassés sur la table.
« J'insiste, choisissez ce qui vous fait envie ici. Et si c'est dans vos souhaits, sachez que ma Caravane vous fournira un moyen de transport pour vous rendre où vous en avez envie. »
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