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Citoyen de La République
Didier Van Strijdonck
Messages : 110
crédits : 2727
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique neutre
Rang: C
Les braises rougeoyantes dans l'âtre réchauffaient agréablement l'auberge de la Galinette Cendrée. Accoudé au bar, le marchand libertéen observait d'un air mi-amusé, mi-détaché, l'animation autour de lui. Le voyage avait été long et éprouvant, certes, il avait donné leur soirée à Yvar et Fritz, ses hommes de main, après la rencontre singulière qu’ils avaient faite dans les bois la veille. Mais cet arrêt, à quelques jours de Courage, s'annonçait sous de meilleurs auspices. La taverne lui plaisait : simple mais accueillante, avec ce brouhaha rassurant de discussions animées et de rires gras. Sans oublier tous ces petits services et à-côtés fort appréciables pour le voyageur aguerri.
Didier, vêtu sans prétention mais toujours impeccable, arborait une chemise de lin marron/rouge à revers dorés et un pantalon de toile en lin de couleur sombre. Seules ses bottes trahissaient une certaine touche de luxe : en cuir de qualité, soigneusement lustrées, elles étaient bien trop élégantes pour un client ordinaire, mais pas assez pour attirer l'œil du commun.
Il portait à ses lèvres un cigare roulé à partir de feuilles importées des îles de Kaizoku avant la catastrophe du mont Ephaïs. Autant dire que, pour le connaisseur, ce qu'il fumait valait de l'or. Et cet or, le marchand le savourait accompagné d'une liqueur locale aux notes tourbées et fruitées. Cet alcool, le « Vieil Hêtre », comme l’appelait l’aubergiste, avait une force tranquille, tout comme l'ambiance de l'endroit, et se mariait à merveille avec les arômes exotiques de son Sankaï, le nom de ces cigares devenus si rares. Prenant une gorgée entre deux bouffées, un sourire étira les lèvres de ce client atypique, tandis que la boisson lui brûlait doucement la gorge.
Mais il en fallait plus pour enivrer Didier et ce petit feu intérieur lui procurait une sensation de bien-être. Autour de lui, des habitués comme des gens de passage s'étaient rassemblés, jetant des regards intéressés au groupe de bardes qui jouaient près de l'âtre. Ils avaient l’allure classique des troubadours de campagne : guenilles colorées, cheveux ébouriffés, mais un certain talent. Une harpe légère, un luth aux cordes détendues et un tambourin marquaient le rythme de leurs chants populaires. Didier capta quelques paroles au vol :
Didier, vêtu sans prétention mais toujours impeccable, arborait une chemise de lin marron/rouge à revers dorés et un pantalon de toile en lin de couleur sombre. Seules ses bottes trahissaient une certaine touche de luxe : en cuir de qualité, soigneusement lustrées, elles étaient bien trop élégantes pour un client ordinaire, mais pas assez pour attirer l'œil du commun.
Il portait à ses lèvres un cigare roulé à partir de feuilles importées des îles de Kaizoku avant la catastrophe du mont Ephaïs. Autant dire que, pour le connaisseur, ce qu'il fumait valait de l'or. Et cet or, le marchand le savourait accompagné d'une liqueur locale aux notes tourbées et fruitées. Cet alcool, le « Vieil Hêtre », comme l’appelait l’aubergiste, avait une force tranquille, tout comme l'ambiance de l'endroit, et se mariait à merveille avec les arômes exotiques de son Sankaï, le nom de ces cigares devenus si rares. Prenant une gorgée entre deux bouffées, un sourire étira les lèvres de ce client atypique, tandis que la boisson lui brûlait doucement la gorge.
Mais il en fallait plus pour enivrer Didier et ce petit feu intérieur lui procurait une sensation de bien-être. Autour de lui, des habitués comme des gens de passage s'étaient rassemblés, jetant des regards intéressés au groupe de bardes qui jouaient près de l'âtre. Ils avaient l’allure classique des troubadours de campagne : guenilles colorées, cheveux ébouriffés, mais un certain talent. Une harpe légère, un luth aux cordes détendues et un tambourin marquaient le rythme de leurs chants populaires. Didier capta quelques paroles au vol :
«…
Où allez-vous maistresse,
Quel chemin tenez-vous ?
Je fuis devant la beste
Qui court tant après nous...»
Où allez-vous maistresse,
Quel chemin tenez-vous ?
Je fuis devant la beste
Qui court tant après nous...»
Des paroles familières d’« Une petite feste », un air qu’il connaissait bien. Puis, entre deux accords de luth, le « Meunier, tu es cocu » fit éclater de rire les paysans. Un gros homme barbu tenta même de convaincre sa voisine de danser mais elle préféra un verre de plus plutôt que de tournoyer dans cette chaleur.
Didier laissa échapper un rire discret. Il connaissait ces airs. Pas qu’il s’adonne aux chansons grivoises, mais après avoir traîné ses bottes dans tant de tavernes, même les plus récalcitrants finissaient par fredonner. Il fit un signe à l'aubergiste pour un second verre.
« Il fait bon ici », lança Didier d’un ton affable à l’homme derrière le bar, un gaillard large d’épaules au tablier maculé de taches d’alcool.
« Eh bien, on fait ce qu’on peut pour nos visiteurs », répondit l’aubergiste avec un sourire aussi large que sa carrure. « Vous venez de loin, l'ami ? »
Didier haussa les épaules, faisant mine de ne pas trop en dire, une habitude de négociant prudent.
« Disons que Courage est ma prochaine destination. Je voyage léger, quelques affaires à régler. »
L’aubergiste hocha la tête, n'insistant pas. Ici, dans ces terres où les routes croisaient des voyageurs de toutes sortes, on apprenait vite à ne pas poser trop de questions. Pourtant, sa tenue singulière et son phrasé soigné trahissaient l'expérience des grandes villes. Et ce genre d’homme, on le traitait avec respect et curiosité.
« Vous allez apprécier Courage », dit l’aubergiste en essuyant un gobelet. « On dit qu'on y fait des affaires en or ces temps-ci, pour qui sait s'y prendre. »
Didier acquiesça, son sourire s'élargissant légèrement. Le commerce de la chaux n'était pas du grand luxe, certes, mais cela pouvait devenir une mine d'or pour qui savait jouer ses cartes. Courage avait toujours été une énigme pour lui, où il n’avait connu que revers et coups bas. Mais cette fois, il en était sûr, les tensions sociales qui secouaient la République joueraient en sa faveur.
Tandis qu’il réfléchissait aux défis qui l'attendaient, à l'autre bout de la salle, les bardes entamèrent « Le départ pour les îles », une chanson rythmée par des claquements de mains enthousiastes :
Didier laissa échapper un rire discret. Il connaissait ces airs. Pas qu’il s’adonne aux chansons grivoises, mais après avoir traîné ses bottes dans tant de tavernes, même les plus récalcitrants finissaient par fredonner. Il fit un signe à l'aubergiste pour un second verre.
« Il fait bon ici », lança Didier d’un ton affable à l’homme derrière le bar, un gaillard large d’épaules au tablier maculé de taches d’alcool.
« Eh bien, on fait ce qu’on peut pour nos visiteurs », répondit l’aubergiste avec un sourire aussi large que sa carrure. « Vous venez de loin, l'ami ? »
Didier haussa les épaules, faisant mine de ne pas trop en dire, une habitude de négociant prudent.
« Disons que Courage est ma prochaine destination. Je voyage léger, quelques affaires à régler. »
L’aubergiste hocha la tête, n'insistant pas. Ici, dans ces terres où les routes croisaient des voyageurs de toutes sortes, on apprenait vite à ne pas poser trop de questions. Pourtant, sa tenue singulière et son phrasé soigné trahissaient l'expérience des grandes villes. Et ce genre d’homme, on le traitait avec respect et curiosité.
« Vous allez apprécier Courage », dit l’aubergiste en essuyant un gobelet. « On dit qu'on y fait des affaires en or ces temps-ci, pour qui sait s'y prendre. »
Didier acquiesça, son sourire s'élargissant légèrement. Le commerce de la chaux n'était pas du grand luxe, certes, mais cela pouvait devenir une mine d'or pour qui savait jouer ses cartes. Courage avait toujours été une énigme pour lui, où il n’avait connu que revers et coups bas. Mais cette fois, il en était sûr, les tensions sociales qui secouaient la République joueraient en sa faveur.
Tandis qu’il réfléchissait aux défis qui l'attendaient, à l'autre bout de la salle, les bardes entamèrent « Le départ pour les îles », une chanson rythmée par des claquements de mains enthousiastes :
«...
M'en va à la fontaine,
Branle lon la la bouteille (bis)
pour y pêcher du poisson...»
M'en va à la fontaine,
Branle lon la la bouteille (bis)
pour y pêcher du poisson...»
Didier, toujours détendu, observa le groupe de danseurs, des paysans étonnamment agiles malgré leur journée passée à labourer, couper du bois ou charbonner. Les rires fusaient, les corps tournaient dans une joyeuse cacophonie. Le spectacle, sans grande sophistication, apportait néanmoins une certaine chaleur à l’auberge. Didier se sentit presque enclin à trinquer avec l’un des hommes les plus bruyants, qui venait de renverser sa chope en riant.
«...
C’est votre cœur volage
Que nous désirerions...»
C’est votre cœur volage
Que nous désirerions...»
Avaient repris en chœur quelques voix rauques. Didier esquissa une moue satisfaite. Ce genre de moments lui rappelait pourquoi il aimait ces détours lors de ses voyages. Non pour la camaraderie – il n’en avait guère besoin – mais pour ce sentiment d’observer le monde depuis l’ombre, tout en profitant de sa lumière brute.
Le sourire énigmatique aux lèvres, il tira une dernière fois sur son Sankaï avant de le poser dans le cendrier à portée de main. Saisissant son verre de Vieil Hêtre, il humait les arômes de l’alcool, puis murmura, suffisamment fort pour que l’aubergiste l’entende :
« Eh bien, il semblerait que la Galinette Cendrée ait quelques charmes, après tout. »
L’aubergiste gloussa en versant une nouvelle tournée pour ses clients. Didier, quant à lui, sans en montrer plus, savourait ce rare moment de détente, buvant une gorgée avant que ne reprenne le bal incessant de ses affaires.
Le sourire énigmatique aux lèvres, il tira une dernière fois sur son Sankaï avant de le poser dans le cendrier à portée de main. Saisissant son verre de Vieil Hêtre, il humait les arômes de l’alcool, puis murmura, suffisamment fort pour que l’aubergiste l’entende :
« Eh bien, il semblerait que la Galinette Cendrée ait quelques charmes, après tout. »
L’aubergiste gloussa en versant une nouvelle tournée pour ses clients. Didier, quant à lui, sans en montrer plus, savourait ce rare moment de détente, buvant une gorgée avant que ne reprenne le bal incessant de ses affaires.
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Hiraeth
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- Spoiler:
- Oko Jero :
La soirée était déjà avancée quand on est arrivés en vue de l'auberge. Encore une journée à marner sur une route défoncée à travers les montagnes. Et après cette nuit, ce sera de nouveau trois jours en pleine étendue sauvage, à la merci des pillards et des bestioles des montagnes, avant de rejoindre la capitale.
Trois jours sans voir personne d'autre que ses compagnons, même si on s'entend globalement pas trop mal, ça vous use l'envie de contempler leurs trognes. La viande fraîche de la Galinette me plairait, après toute cette poussière. Premier bouge potable où on s'arrête depuis notre départ de Courage, taverne à pécores, avec service de nuit. Mon innocent neveu n'aime guère me voir me vautrer dans la fange, mais hé ! Ça lui ferait du bien de s'y mettre un peu.
Comme d'hab, je tente de m'esquiver dès que les chariots sont aux mains des garçons d'écurie, emportant avec moi d'un air sérieux mon bagage. Comme d'hab, Astuce est déjà en train de me fourrer d'autorité un sac sous l'autre bras, sans aucun égard à mon ancienneté. Et là, Hiraeth m'achève avec la tâche hautement sensible de distribuer les corvées pour la soirée. Avant de tourner les talons et de se barrer tranquillement dans la grande salle.
Il va m'achever.
Trois jours sans voir personne d'autre que ses compagnons, même si on s'entend globalement pas trop mal, ça vous use l'envie de contempler leurs trognes. La viande fraîche de la Galinette me plairait, après toute cette poussière. Premier bouge potable où on s'arrête depuis notre départ de Courage, taverne à pécores, avec service de nuit. Mon innocent neveu n'aime guère me voir me vautrer dans la fange, mais hé ! Ça lui ferait du bien de s'y mettre un peu.
Comme d'hab, je tente de m'esquiver dès que les chariots sont aux mains des garçons d'écurie, emportant avec moi d'un air sérieux mon bagage. Comme d'hab, Astuce est déjà en train de me fourrer d'autorité un sac sous l'autre bras, sans aucun égard à mon ancienneté. Et là, Hiraeth m'achève avec la tâche hautement sensible de distribuer les corvées pour la soirée. Avant de tourner les talons et de se barrer tranquillement dans la grande salle.
Il va m'achever.
Le contraste entre la froidure de la nuit et la chaleur de cette salle animée l'étourdit quelques secondes. Hiraeth rêve de se rafraîchir, mais l'ambiance est telle qu'il savoure ce regain de vie. Son regard divague sur l'assistance, les troubadours dépenaillés et vifs, les pécores qui rient, qui chantent, tapent dans leurs mains. Leur enthousiasme est communicatif.
C'est alors qu'il aperçoit l'homme.
Il est installé exactement là où le Caravanier a l'habitude de poser ses miches : au coin du bar, vue dégagée sur les convives, un peu isolé des débordements et des effusions d'ivrognes qui squattent l'autre côté d'ordinaire. D'abord agacé de s'être fait voler son refuge, Hiraeth s'avance dans l'ombre propice du vestiaire et détaille l'intrus.
Sirotant un verre ambré, près d'un cendrier fumant, sa tenue simple mais de qualité détonne dans le paysage. Très soigné, le coco. Du goût. A la faveur d'un mouvement, le regard d'Hiraeth tombe sur ses bottes.
Ah oui. Ça s'achète pas avec de la limaille, ça. Pas du haut-de-gamme, mais de la très bonne came. Qui est-il, un marchand, un bourgeois venu s'encanailler à la campagne ? Ce ne serait pas le premier Républicain à chercher un bouge un peu éloigné de ses fréquentations habituelles. Et il est propret, le minet. Pas comme le Caravanier qui porte trois jours de poussière sur le cuir défraîchi de son manteau de voyage et l'odeur des bois dans sa chevelure.
Qu'importe. Le meilleur moment, c'est toujours maintenant.
Sur une impulsion, Hiraeth s'avance, salue la fille de salle qui minaude en passant près de lui lestée d'un plateau de chopes pleines, et se place à distance d'inconnu de Belles-Bottes, en vue du barman qui s'approche pour le saluer.
« Caravanier ! On ne vous attendait pas de sitôt. Qu'est-ce que je peux faire pour vous ? »
« Un bain dans ma chambre et de quoi sustenter la troupe. Et une Dorée des Monts, s'il te plaît. »
L'homme s'exécute, faisant signe à deux filles qui montent l'escalier menant aux chambres. Une chope mousseuse de la bière la plus rafraîchissante du panel est servie à Hiraeth, qui en profite aussitôt avec un remerciement et une pensée ironique pour les siens qui triment encore dehors. Le regard désespéré d'Oko Jero valait de l'or.
Quand la bergère s'en va-t'aux champs,
Son berger avec elle.
Tout en gardant ses blancs moutons
Du long de la rivière.
Son berger avec elle.
Tout en gardant ses blancs moutons
Du long de la rivière.
Il songe à une chanson bien plus maritime mais tout aussi égrillarde alors qu'une odeur vient chatouiller ses narines et sa remembrance. Son œil dérive sur le cendrier proche de Belles-Bottes. Un Sankaï... Bien longtemps qu'il n'en avait pas senti, et cela le ramène aussitôt à la cabine lambrissée de son enfance.
Le minet a du goût et des clinquants. Pigeon ? Client ? Partenaire ? Un peu des trois ?
Vendeur de bottes.
Hiraeth ricane intérieurement et se tourne vers la salle sur le même angle que Belles-Bottes. Ça virevolte, ça plaisante, faces bien rouges et jolis jupons. Il faut lâcher du lest à ses ouailles, de temps à autre. Le voyage sera plus rude que d'habitude.
Tout en gardant son blanc troupeau.
En badinant au bord de l'eau.
Hé lon lan la, lon ladéra,
Colin la caresse.
En badinant au bord de l'eau.
Hé lon lan la, lon ladéra,
Colin la caresse.
Reluquant délibérément l'homme bien net à côté de lui en englobant ses agapes, Hiraeth colle sur sa face blasée un mince sourire appréciatif, avant d'entamer la conversation. Allez, on sort le vocabulaire de Papa, étant donné la gueule d'épouvantail qu'a donné le voyage au Nomade défraîchi.
« Bien le bonsoir, monsieur. Je ne crois pas vous avoir déjà croisé par ici. Vous m'avez tout l'air d'un homme de goût. Peut-on converser quelques minutes ? »
« Bien le bonsoir, monsieur. Je ne crois pas vous avoir déjà croisé par ici. Vous m'avez tout l'air d'un homme de goût. Peut-on converser quelques minutes ? »
Citoyen de La République
Didier Van Strijdonck
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Didier tourna lentement la tête, quittant à contrecœur ses pensées vagabondes et la contemplation de son verre ambré pour détailler son voisin de comptoir. L'homme qui venait de l’interpeller semblait tout droit sorti d'une épopée, du genre de celles où l’on perd un peu de soi-même et où l’on ramasse assez de poussière pour faire rougir un élémentaire. Un bref regard à son cache-œil et à l’amorce de cicatrice lui apprit que ce bonhomme-là avait vécu bien plus que de simples soirées arrosées dans une taverne de campagne.
"Nous le pouvons." répondit Didier d’un ton neutre, bien que son regard trahît une étincelle de curiosité.
Il porta ensuite son cigare à ses lèvres pour tirer nonchalamment quelques bouffées avant de le reposer dans le cendrier. Le marchand n’était pas du genre à refuser une conversation, surtout pas quand elle débutait par un compliment bien placé. S’étant tourné vers son voisin de comptoir en signe d’ouverture, cela lui permit de mieux l’observer tandis qu'au bout de la pièce, la bande de troubadours continuait à mettre l’ambiance sur l’air de "La Godinette" :
"Nous le pouvons." répondit Didier d’un ton neutre, bien que son regard trahît une étincelle de curiosité.
Il porta ensuite son cigare à ses lèvres pour tirer nonchalamment quelques bouffées avant de le reposer dans le cendrier. Le marchand n’était pas du genre à refuser une conversation, surtout pas quand elle débutait par un compliment bien placé. S’étant tourné vers son voisin de comptoir en signe d’ouverture, cela lui permit de mieux l’observer tandis qu'au bout de la pièce, la bande de troubadours continuait à mettre l’ambiance sur l’air de "La Godinette" :
« À la lisière du petit bois
Jubilant, jubilo, zizi, pan pan
Toc toc la godinette
Jeannette passait une fois
Pan jubilant, toc toc la godinois
Elle rencontra le p’tit François
Qui s'en allait gauler des noix… »
Jubilant, jubilo, zizi, pan pan
Toc toc la godinette
Jeannette passait une fois
Pan jubilant, toc toc la godinois
Elle rencontra le p’tit François
Qui s'en allait gauler des noix… »
Son interlocuteur affichait une expression lasse et fatiguée, sans doute due à une longue journée sur les routes, mais Didier y décelait quelque chose de plus profond. Malgré l’aspect usé de ses vêtements, il arborait une tenue plus soignée que celle des autres poivrots attablés autour d’eux. Une odeur de sueur mêlée à celle des chevaux flottait dans l’air, une senteur que Didier reconnaissait bien. Lui-même n'avait échappé ni à la poussière ni aux effluves de la route après une journée harassante. Il ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine empathie pour ce compagnon d’infortune.
"Longue journée pour vous aussi, on dirait." lança-t-il en guise de première salve, l’air avenant et le regard un peu plus vif.
Ce qui aurait pu passer pour une question n’était en réalité qu’une simple constatation. Didier porta son verre de Vieil Hêtre à ses lèvres tout en fixant son voisin, humectant sa gorge et sa langue, comme pour préparer son organe à l'échange à venir.
Pour autant, il gardait une certaine réserve. Didier n’était pas homme à révéler son identité trop vite. Ayant déjà roulé sa bosse, il savait qu’en ces lieux de rencontre et de bavardages, les inconnus pouvaient parfois se montrer bien plus prolixes que ne le permettait l’étiquette, cherchant parfois plus à se soulager qu’à nouer de véritables échanges. Il laissa planer sciemment un bref silence, comme pour jauger les intentions de son vis-à-vis. Après tout, l’homme en face de lui pouvait être un simple vagabond en quête de divertissement, ou peut-être, plus intéressant encore, un client potentiel déguisé en voyageur fatigué. Sait-on jamais !
Tout en scrutant son voisin, Didier remarqua le sourire légèrement ironique de ce dernier, renforçant son impression de lassitude. Mais sous ce masque fatigué, le républicain devinait une force tranquille, comme un animal qui aurait trop vécu pour s'agiter inutilement, ajoutant une touche d’intrigue supplémentaire.
À l’autre bout de la pièce, les troubadours entamaient une nouvelle chanson gaillarde : « Hélas dame », accompagnés par le claquement des mains des convives et les rires gras des paysans déjà bien imbibés. La chaleur et le bruit formaient une bulle festive qui enveloppait la salle et les deux hommes. Didier, pour sa part, préférait rester dans cette zone intermédiaire, suffisamment proche de l’action pour observer, mais assez éloigné pour ne pas s’y noyer.
"Longue journée pour vous aussi, on dirait." lança-t-il en guise de première salve, l’air avenant et le regard un peu plus vif.
Ce qui aurait pu passer pour une question n’était en réalité qu’une simple constatation. Didier porta son verre de Vieil Hêtre à ses lèvres tout en fixant son voisin, humectant sa gorge et sa langue, comme pour préparer son organe à l'échange à venir.
Pour autant, il gardait une certaine réserve. Didier n’était pas homme à révéler son identité trop vite. Ayant déjà roulé sa bosse, il savait qu’en ces lieux de rencontre et de bavardages, les inconnus pouvaient parfois se montrer bien plus prolixes que ne le permettait l’étiquette, cherchant parfois plus à se soulager qu’à nouer de véritables échanges. Il laissa planer sciemment un bref silence, comme pour jauger les intentions de son vis-à-vis. Après tout, l’homme en face de lui pouvait être un simple vagabond en quête de divertissement, ou peut-être, plus intéressant encore, un client potentiel déguisé en voyageur fatigué. Sait-on jamais !
Tout en scrutant son voisin, Didier remarqua le sourire légèrement ironique de ce dernier, renforçant son impression de lassitude. Mais sous ce masque fatigué, le républicain devinait une force tranquille, comme un animal qui aurait trop vécu pour s'agiter inutilement, ajoutant une touche d’intrigue supplémentaire.
À l’autre bout de la pièce, les troubadours entamaient une nouvelle chanson gaillarde : « Hélas dame », accompagnés par le claquement des mains des convives et les rires gras des paysans déjà bien imbibés. La chaleur et le bruit formaient une bulle festive qui enveloppait la salle et les deux hommes. Didier, pour sa part, préférait rester dans cette zone intermédiaire, suffisamment proche de l’action pour observer, mais assez éloigné pour ne pas s’y noyer.
« Hélas dame que j'ayme tant,
Plaise vous ma requête ouir :
Vous scavez qu'il i a long temps
Que j'ay désir de vous jouyr ; … »
Plaise vous ma requête ouir :
Vous scavez qu'il i a long temps
Que j'ay désir de vous jouyr ; … »
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Hiraeth
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Enfin débarrassé des troufions, on va pouvoir siroter un truc.
Et voilà que mon trublion de presque-neveu s'est dégotté un copain. Il me jette un regard au passage genre fous-moi la paix, sympa, je vais me rencogner dans un coin avec un verre, tout seul. Bon, pas tout seul. Y'a de la presse, ici ! De quoi vite récupérer une donzelle ou deux sur mes genoux. Ah, je sais déjà comment je vais dépenser ma part.
Et donc, le nouveau copain d'Hir, belle dégaine. Bottes cirées, jolie chemise sans un accroc, belle petite gueule bien rasée, je comprends qu'il lui ait plu. Reste à savoir ce qu'il compte en faire.
Ah, l'aubergiste, bien aimable, a repéré ma vieille trogne à breloques et vient préparer notre petit coin. D'autorité, il prend un siège d'ici, une table là, et quand les zigues arriveront, tout sera prêt. J'aime nos adresses. Ils prennent soin de nous. En même temps, on leur lâche un paquet de fric, on fout pas trop le merdier, on respecte. Ça fait partie du plan du petit con.
Alors je me joins au joyeux bordel, de ma belle voix de basse, et je souris aux décolletés, tout en gardant l’œil sur les deux zigues au bar, engagés dans une conversation du monde. Je reconnais l'attitude de mon type : il a beau être dégueulasse, il sort sa panoplie verbale et non-verbale d'éduqué, et hop, la magie opère.
Et voilà que mon trublion de presque-neveu s'est dégotté un copain. Il me jette un regard au passage genre fous-moi la paix, sympa, je vais me rencogner dans un coin avec un verre, tout seul. Bon, pas tout seul. Y'a de la presse, ici ! De quoi vite récupérer une donzelle ou deux sur mes genoux. Ah, je sais déjà comment je vais dépenser ma part.
Et donc, le nouveau copain d'Hir, belle dégaine. Bottes cirées, jolie chemise sans un accroc, belle petite gueule bien rasée, je comprends qu'il lui ait plu. Reste à savoir ce qu'il compte en faire.
Ah, l'aubergiste, bien aimable, a repéré ma vieille trogne à breloques et vient préparer notre petit coin. D'autorité, il prend un siège d'ici, une table là, et quand les zigues arriveront, tout sera prêt. J'aime nos adresses. Ils prennent soin de nous. En même temps, on leur lâche un paquet de fric, on fout pas trop le merdier, on respecte. Ça fait partie du plan du petit con.
Alors je me joins au joyeux bordel, de ma belle voix de basse, et je souris aux décolletés, tout en gardant l’œil sur les deux zigues au bar, engagés dans une conversation du monde. Je reconnais l'attitude de mon type : il a beau être dégueulasse, il sort sa panoplie verbale et non-verbale d'éduqué, et hop, la magie opère.
Hiraeth attend posément que son interlocuteur porte son attention sur lui. Il connaît ce regard un peu fatigué, vaguement ennuyé, de celui qui est plongé dans une contemplation quelconque et qui doit s'en extraire au prix d'un effort. Il dévisage le Caravanier des pieds à la tête, ce qui lui allume l’œil d'une étincelle. A défaut de lui avoir plu par son style soigné, le côté poussiéreux de l'aventure ça marche aussi. Hiraeth contemple ses propres bottes un brin crottées. Puis songe au bain, là-haut. Enfin.
Étirant ses longs bras vers l'arrière, il s'accoude au bar et chasse la poussière de son manteau.
« Oui, une longue journée. Nous partons de Courage, avec l'ambition de poursuivre jusqu'à la capitale. J'ai quelques marchandises délicates, alors nous faisons tirer chaque jour. Ce soir, c'est relâche.
Un cadre idéal pour renouveler l'ardeur des troupes. »
D'un geste, il englobe la salle. Oko Jero est déjà en train de draguer une fille à la cotte délacée, ce dévergondé. Hiraeth boit quelques gorgées, impassible. L'autre fume son Sankaï, tranquille, et l'odeur revient torturer l'ancien pirate perdu au fond du nomade terrestre. Il ferme les yeux quelques secondes et inhale la fumée robuste, les senteurs des plantes exotiques, la chaleur de la braise qui produit cette subtile saveur que son sens olfactif perçoit comme foutrement réconfortante. A brûle-pourpoint, il déclare :
« Je me demande ce qu'un homme aussi policé et net que vous fait ici, à vrai dire. La curiosité m'assaille. Je me suis même demandé quelques instants si vous n'étiez pas vendeur de bottes. »
Avec amusement, il désigne les coupables et leur lustre luisant dans l'éclat des lampes.
« Puis je me suis dit qu'un vendeur de bottes, même de très belles bottes comme celles-ci, ne devait pas si facilement se permettre ce genre de prodigalité. »
Son index se tend discrètement vers le brûlot odorant dans le cendrier.
« J'ai l'honneur de bien connaître ce genre de marchandise. C'est presque un morceau d'histoire que vous fumez là.
Donc, j'en viens à la conclusion que vous êtes soit un noble ou un bourgeois en manque de sensations fortes venu s'encanailler à la campagne, soit un négociant habile qui s'offre quelque douceur pendant ses pérégrinations. »
Quelques gorgées de Dorée des Monts. Le Nomade sent les affres de son estomac retentir d'un gargouillis évocateur. Il n'a rien avalé depuis plus de dix heures et la purée au houblon n'est pas suffisante, au contraire. Il se frotte machinalement le sternum et continue :
« Or, si vous apparteniez à la première catégorie, vous ne seriez pas là au coin du bar, en vêture somme toute classique même si leur qualité est bien au-dessus de ce qui se voit ici, mais là-bas au milieu et probablement affichant suffisamment bonne fortune pour pouvoir profiter sans vergogne de ce que le lieu a à offrir. La logique voudrait que vous soyez simplement de passage. »
Se frottant les mains avec un petit air jubilatoire, le Caravanier se tourne franchement vers son interlocuteur.
« J'en viens donc à la conclusion que vous êtes potentiellement un voyageur de passage dont l'occupation permet un très bon train de vie et qui doit se déplacer souvent. Négociant ?
Si vous avez une adresse pour les Sankaï... »
Son regard vers le spécimen bientôt terminé est éloquent.
Étirant ses longs bras vers l'arrière, il s'accoude au bar et chasse la poussière de son manteau.
« Oui, une longue journée. Nous partons de Courage, avec l'ambition de poursuivre jusqu'à la capitale. J'ai quelques marchandises délicates, alors nous faisons tirer chaque jour. Ce soir, c'est relâche.
Un cadre idéal pour renouveler l'ardeur des troupes. »
D'un geste, il englobe la salle. Oko Jero est déjà en train de draguer une fille à la cotte délacée, ce dévergondé. Hiraeth boit quelques gorgées, impassible. L'autre fume son Sankaï, tranquille, et l'odeur revient torturer l'ancien pirate perdu au fond du nomade terrestre. Il ferme les yeux quelques secondes et inhale la fumée robuste, les senteurs des plantes exotiques, la chaleur de la braise qui produit cette subtile saveur que son sens olfactif perçoit comme foutrement réconfortante. A brûle-pourpoint, il déclare :
« Je me demande ce qu'un homme aussi policé et net que vous fait ici, à vrai dire. La curiosité m'assaille. Je me suis même demandé quelques instants si vous n'étiez pas vendeur de bottes. »
Avec amusement, il désigne les coupables et leur lustre luisant dans l'éclat des lampes.
« Puis je me suis dit qu'un vendeur de bottes, même de très belles bottes comme celles-ci, ne devait pas si facilement se permettre ce genre de prodigalité. »
Son index se tend discrètement vers le brûlot odorant dans le cendrier.
« J'ai l'honneur de bien connaître ce genre de marchandise. C'est presque un morceau d'histoire que vous fumez là.
Donc, j'en viens à la conclusion que vous êtes soit un noble ou un bourgeois en manque de sensations fortes venu s'encanailler à la campagne, soit un négociant habile qui s'offre quelque douceur pendant ses pérégrinations. »
Quelques gorgées de Dorée des Monts. Le Nomade sent les affres de son estomac retentir d'un gargouillis évocateur. Il n'a rien avalé depuis plus de dix heures et la purée au houblon n'est pas suffisante, au contraire. Il se frotte machinalement le sternum et continue :
« Or, si vous apparteniez à la première catégorie, vous ne seriez pas là au coin du bar, en vêture somme toute classique même si leur qualité est bien au-dessus de ce qui se voit ici, mais là-bas au milieu et probablement affichant suffisamment bonne fortune pour pouvoir profiter sans vergogne de ce que le lieu a à offrir. La logique voudrait que vous soyez simplement de passage. »
Se frottant les mains avec un petit air jubilatoire, le Caravanier se tourne franchement vers son interlocuteur.
« J'en viens donc à la conclusion que vous êtes potentiellement un voyageur de passage dont l'occupation permet un très bon train de vie et qui doit se déplacer souvent. Négociant ?
Si vous avez une adresse pour les Sankaï... »
Son regard vers le spécimen bientôt terminé est éloquent.
S'auprès d'elle estoye gésant,
Mon cueur en seroit resjouy
Je prie a Dieu le roy puissant
Qu'une fois j'en puisse jouyr.
Mon cueur en seroit resjouy
Je prie a Dieu le roy puissant
Qu'une fois j'en puisse jouyr.
Citoyen de La République
Didier Van Strijdonck
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Il avait observé, avec un calme patient, les paroles que son interlocuteur avait déroulé, telles des volutes de fumée qui s'élevaient doucement avant de se dissiper. Chaque mot que son voisin prononçait semblait peser dans l'air de la taverne. Mais Didier savait, lui, que le poids des mots n’avait de valeur que si l’on maîtrisait suffisamment les silences que l’on plaçait entre eux. C’était un exercice de discipline qu’il appréciait même s’il n’y parvenait pas toujours comme il le souhaitait.
D'un geste un peu nonchalant, le républicain avait tiré sur son cigare tandis que son voisin lui faisait part de ses déductions à son sujet, laissant la fumée épaisse envahir son palais. Celle-ci roulant lentement sur sa langue avant de l’expirer, formant des arabesques grises entre lui et le nomade. Pendant un instant, il contempla la pièce, les yeux mi-clos, le regard glissant sur les poutres anciennes du plafond et sur les lanternes qui jetaient des reflets dorés sur les visages attablés. L’endroit avait une chaleur brute, terreuse, presque familière pour Didier.
Un silence, pensé pour déstabiliser, s’étira après la question du nomade. Didier, laissant son interlocuteur mariner dans ses propres suppositions. Finalement, sans précipitation, il décroisait les jambes avec une lenteur maîtrisée, ajustant son assise sur le tabouret comme un félin prêt à bondir. Chaque geste était calculé, tout comme les phrases qu’il s’apprêtait à prononcer.
« L’adresse à Kaizoku… » Commença-t-il d’une voix douce, presque murmurée, comme si le fait d’évoquer ce lieu éloigné demandait un respect silencieux. « Elle n'est plus d’actualité depuis l’année dernière. Le mont Ephaïs a balayé bien des certitudes et emporté quelques trésors avec lui lors de la catastrophe de juillet. » Ses yeux suivirent distraitement une serveuse qui passait, les hanches de cette dernière dessinant des courbes exquises sous la lumière tamisée. Puis, comme ramené à la réalité, son regard revint se poser sur son cigare. Il le manipulait alors avec soin, le faisant tourner doucement entre ses doigts avant d'en tapoter l’extrémité pour faire tomber la cendre dans le cendrier et de le poser.
« J’ai eu la chance d’en acquérir quelques caisses, juste avant l’éruption. » Ajouta-t-il d’un ton presque conspirateur, son sourire flottant entre l’arrogance et la nostalgie. « De beaux spécimens, ceux-là. La cape et la sous-cape sont faites de feuilles issues de l’île principale et celles de la tripe provienne de la petite Kaïzoku. » Avait-il alors déclaré tandis que la fumée se faisait plus légère. Un brin de conversation où il faisait mine de se dévoiler.
« C’est intéressant, ce que vous venez de dire… » Lâcha-t-il ensuite, observant toujours l’homme à travers une façade de courtoisie savamment calculée. Fixant son verre de Vieil Hêtre à portée de main, Didier l’effleura alors du bout des doigts avant de le soulever, contemplant le liquide ambré et parfumé qui oscillait à l’intérieur. Il porta ensuite le breuvage à ses lèvres, humant son arôme complexe avant d'en laisser une gorgée effleurer ses papilles. L'alcool réchauffa instantanément sa gorge, apportant avec lui une sensation de confort familier. Mais ce confort était bien illusoire ; Didier restait sur ses gardes.
« Vous semblez être de ceux qui apprécie leurs propres théories. » Fit le libertéen sans reposer son verre. Le commentaire, bien que prononcé sur un ton plaisant, portait en lui une légère pique. Didier ne jouait jamais franc-jeu dès le départ. Il fallait d'abord sonder, évaluer les forces en présence, et, surtout, garder les cartes serrées contre sa poitrine.
L’homme se permit une autre gorgée de son breuvage, cette fois-ci plus lentement, savourant celui-ci tandis qu’il laissait en suspend sa dernière phrase. Le nomade l’observait toujours, mais Didier ne se pressait pas de répondre aux autres questions. Le jeu était de savoir qui céderait le contrôle de l'échange, et pour le moment, il n’était pas question que ce soit lui.
Reposant alors son verre sur le bar, il se tournait alors complètement vers son interlocuteur, le visage éclairé d'un éclat nouveau, quelque chose de plus affirmé, presque joueur. « Strijdonck… » Déclara-t-il en tendant la main avec une courtoisie presque exagérée.
« Didier van Strijdonck. Marchand de Liberty. » Cette poignée de mots suffirait, pour l’instant. Didier savait que dans ce genre de situation, les mots étaient à dispenser avec soin. Les mystères avaient toujours une valeur marchande, surtout entre deux hommes qui savaient jongler avec l'art de la conversation.
Plus loin, la taverne semblait s’animer davantage. Les troubadours avaient terminé leur set et un nouveau groupe s’installait, leurs instruments préparant la fameuse « danse de l’ours », un air folklorique qui n’avait rien perdu de sa popularité à travers les âges. Didier observa distraitement les premiers danseurs qui se levaient, des spectateurs se transformant en artistes d’un soir. Cette distraction ne lui fit pas oublier le principal : son interlocuteur.
« Vous savez, » Reprit-il en relevant à nouveau son cigare vers ses lèvres, le ton plus léger cette fois. « Vos déductions sont loin d’être inintéressantes. Mais laissez-moi vous dire ceci : Les mots sont comme l’argent. Il faut savoir les dépenser avec soin, sinon, on finit inéluctablement par s’appauvrir.» Il accompagna cette dernière phrase d’un sourire énigmatique, un sourire qui semblait dire bien plus que les mots eux-mêmes.
Nouveau silence. Didier se réinstalla légèrement, ajustant sa position pour paraître à l’aise, tout en laissant à son interlocuteur la possibilité de répondre. Il vidait ensuite ce qui restait de son verre de Viel Hêtre, le regard brillant d’un éclat malicieux. Avant d’en redemander un autre au tavernier.
D'un geste un peu nonchalant, le républicain avait tiré sur son cigare tandis que son voisin lui faisait part de ses déductions à son sujet, laissant la fumée épaisse envahir son palais. Celle-ci roulant lentement sur sa langue avant de l’expirer, formant des arabesques grises entre lui et le nomade. Pendant un instant, il contempla la pièce, les yeux mi-clos, le regard glissant sur les poutres anciennes du plafond et sur les lanternes qui jetaient des reflets dorés sur les visages attablés. L’endroit avait une chaleur brute, terreuse, presque familière pour Didier.
Un silence, pensé pour déstabiliser, s’étira après la question du nomade. Didier, laissant son interlocuteur mariner dans ses propres suppositions. Finalement, sans précipitation, il décroisait les jambes avec une lenteur maîtrisée, ajustant son assise sur le tabouret comme un félin prêt à bondir. Chaque geste était calculé, tout comme les phrases qu’il s’apprêtait à prononcer.
« L’adresse à Kaizoku… » Commença-t-il d’une voix douce, presque murmurée, comme si le fait d’évoquer ce lieu éloigné demandait un respect silencieux. « Elle n'est plus d’actualité depuis l’année dernière. Le mont Ephaïs a balayé bien des certitudes et emporté quelques trésors avec lui lors de la catastrophe de juillet. » Ses yeux suivirent distraitement une serveuse qui passait, les hanches de cette dernière dessinant des courbes exquises sous la lumière tamisée. Puis, comme ramené à la réalité, son regard revint se poser sur son cigare. Il le manipulait alors avec soin, le faisant tourner doucement entre ses doigts avant d'en tapoter l’extrémité pour faire tomber la cendre dans le cendrier et de le poser.
« J’ai eu la chance d’en acquérir quelques caisses, juste avant l’éruption. » Ajouta-t-il d’un ton presque conspirateur, son sourire flottant entre l’arrogance et la nostalgie. « De beaux spécimens, ceux-là. La cape et la sous-cape sont faites de feuilles issues de l’île principale et celles de la tripe provienne de la petite Kaïzoku. » Avait-il alors déclaré tandis que la fumée se faisait plus légère. Un brin de conversation où il faisait mine de se dévoiler.
« C’est intéressant, ce que vous venez de dire… » Lâcha-t-il ensuite, observant toujours l’homme à travers une façade de courtoisie savamment calculée. Fixant son verre de Vieil Hêtre à portée de main, Didier l’effleura alors du bout des doigts avant de le soulever, contemplant le liquide ambré et parfumé qui oscillait à l’intérieur. Il porta ensuite le breuvage à ses lèvres, humant son arôme complexe avant d'en laisser une gorgée effleurer ses papilles. L'alcool réchauffa instantanément sa gorge, apportant avec lui une sensation de confort familier. Mais ce confort était bien illusoire ; Didier restait sur ses gardes.
« Vous semblez être de ceux qui apprécie leurs propres théories. » Fit le libertéen sans reposer son verre. Le commentaire, bien que prononcé sur un ton plaisant, portait en lui une légère pique. Didier ne jouait jamais franc-jeu dès le départ. Il fallait d'abord sonder, évaluer les forces en présence, et, surtout, garder les cartes serrées contre sa poitrine.
L’homme se permit une autre gorgée de son breuvage, cette fois-ci plus lentement, savourant celui-ci tandis qu’il laissait en suspend sa dernière phrase. Le nomade l’observait toujours, mais Didier ne se pressait pas de répondre aux autres questions. Le jeu était de savoir qui céderait le contrôle de l'échange, et pour le moment, il n’était pas question que ce soit lui.
Reposant alors son verre sur le bar, il se tournait alors complètement vers son interlocuteur, le visage éclairé d'un éclat nouveau, quelque chose de plus affirmé, presque joueur. « Strijdonck… » Déclara-t-il en tendant la main avec une courtoisie presque exagérée.
« Didier van Strijdonck. Marchand de Liberty. » Cette poignée de mots suffirait, pour l’instant. Didier savait que dans ce genre de situation, les mots étaient à dispenser avec soin. Les mystères avaient toujours une valeur marchande, surtout entre deux hommes qui savaient jongler avec l'art de la conversation.
Plus loin, la taverne semblait s’animer davantage. Les troubadours avaient terminé leur set et un nouveau groupe s’installait, leurs instruments préparant la fameuse « danse de l’ours », un air folklorique qui n’avait rien perdu de sa popularité à travers les âges. Didier observa distraitement les premiers danseurs qui se levaient, des spectateurs se transformant en artistes d’un soir. Cette distraction ne lui fit pas oublier le principal : son interlocuteur.
« Vous savez, » Reprit-il en relevant à nouveau son cigare vers ses lèvres, le ton plus léger cette fois. « Vos déductions sont loin d’être inintéressantes. Mais laissez-moi vous dire ceci : Les mots sont comme l’argent. Il faut savoir les dépenser avec soin, sinon, on finit inéluctablement par s’appauvrir.» Il accompagna cette dernière phrase d’un sourire énigmatique, un sourire qui semblait dire bien plus que les mots eux-mêmes.
Nouveau silence. Didier se réinstalla légèrement, ajustant sa position pour paraître à l’aise, tout en laissant à son interlocuteur la possibilité de répondre. Il vidait ensuite ce qui restait de son verre de Viel Hêtre, le regard brillant d’un éclat malicieux. Avant d’en redemander un autre au tavernier.
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Hiraeth
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Le Caravanier observe, écoute, patiemment, son interlocuteur dévider le fil de ses pensées avec parcimonie, malice et beaucoup d'alcool.
Un léger sourire s'étire sur ses lèvres peu à peu, trahissant un amusement certain. Il répond à la poignée de main en inclinant la tête, obséquieux, et laisse les silences s'étendre, s'étirer, tels les volutes du Sankaï à travers l'atmosphère enfiévrée de la taverne. Même le passage de la serveuse roulant de bâbord à tribord semble orchestré. Pour peu, il aurait envie d'applaudir, quelle belle mise en scène.
A la dernière tirade de ce fameux Didier Van Strijdonck, le nomade lève la tête et rit. Un rire profond, chaleureux, communicatif, qui éclaire instantanément son visage tiré. Il pousse sa chope vide vers le tavergiste qui recharge sans mot dire, et se tourne résolument vers le marchand.
« Mes théories paient, et chaque mot dépensé vaut le coup. Vous m'amusez beaucoup, cher confrère.
Hiraeth, pour vous servir. On m'appelle plus communément le Caravanier, sur cet itinéraire. »
Il esquisse une courbette légèrement ironique, et s'empare de sa chope remplie.
« Vous m'avez l'air roué, et Dame Fortune vous sourit visiblement. Liberty, donc ? Peut-être trouverons-nous à faire affaire, j'y passe très régulièrement, à destination de Kyouji ou Courage selon le cas. »
Prenant quelques gorgées en observant la pittoresque bourrée campagnarde organisée dans la salle, il joue le jeu de son compère, s'attardant dans la contemplation des voltes, des sourires et de ce foutu Oko Jero dans son coin qui parlemente avec une belle rousse. Peste soit de lui.
Le fumet du cigare le secoue à nouveau et il tourne et retourne dans sa tête sa question, l'air méditatif, observant Didier à travers son œil à moitié fermé. Après tout, qu'est-ce qu'il risque...
« J'imagine bien que votre cargaison de ces petites merveilles n'est pas à l'encart. Est-ce que vous vous feriez à l'idée de m'en vendre... un seul ? »
C'est saugrenu, mais l'homme a dû en entendre de pires.
Il n'a pas le temps de répondre qu'un bruit de piétinement sauvage se fait entendre dans l'escalier menant aux étages, tandis que débagoulent dans la salle les exotiques membres de la Caravane : une elfe à la peau légèrement bleutée sanglée dans un cuir de voyage que n'aurait pas dédaigné un nain, une gobeline blonde se battant avec un hybride de raton-laveur pour être la première à s'asseoir, un humain bellâtre avec un luth qui part aussitôt du côté des musiciens et un autre humain si grand, carré et silencieux qu'on se demande si c'est bien un humain.
Au lieu de pousser les hauts cris ou de rouler des yeux effarés, les paysans les accueillent et viennent qui leur taper le dos, qui leur faire la révérence, et tout ce beau monde s'assoit auprès du mec en noir qui lutine une fille rousse. L'elfe se retourne aussitôt et vient à la rencontre d'Hiraeth, qui arbore l'air parfaitement neutre de qui ne veut pas être dérangé mais sait que c'est mort.
L'Elfe : « Tu viens manger ? »
H : « J'arrive. Comme tu peux le constater, j'ai une nouvelle connaissance. »
Se tournant vers ladite connaissance, il fait les présentations.
H : « Monsieur Van Strijdonck, je vous présente Astuce, une de mes précieuses collaboratrices. Vous voici donc en présence de la Caravane en son entier : la bande de joyeux drilles installée là-bas. Ne vous y fiez pas : beaucoup de mots, mais aussi une grande richesse. Nos mots ne sont pas une dépense inutile, voyez-les plutôt comme... un investissement. »
Il prononça ses derniers mots avec une certaine emphase accompagnée d'un haussement de sourcil évocateur.
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Didier Van Strijdonck
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Avec une curiosité feinte, le Libertéen avait laissé son regard glisser sur le joyeux tumulte envahissant la taverne, tandis que les volutes de son cigare se mêlaient aux relents de sueur et d’alcool ambiants. Il avait presque laissé son esprit vagabonder, porté par l’atmosphère bon enfant et l’audace de ces musiciens improvisés, mais c’était sans compter le rire soudain d’Hiraeth. Ce dernier, chaleureux et inattendu, l’avait surpris, le ramenant en quelque sorte les pieds sur Sekaï. Didier se surprit alors à relâcher la crispation latente qu’il traînait depuis sa rencontre mouvementée avec ce ratel. Étonnamment, cette rencontre imprévue avec le caravanier éveillait en lui un certain plaisir, celui d’un jeu d’esprit, un échange qui, mine de rien, pouvait promettre quelques opportunités.
« Enchanté, Sieur Hiraeth », déclara-t-il après s’être raclé la gorge.
Son sourire se fit plus sincère, et son regard, jusque-là distant, pétillait d’un éclat à peine dissimulé. Ce n’était pas tant la compagnie que la perspective de l’opportunité qui le charmait — car après tout, pour Didier, un marchand ne se lie pas d’amitié, il crée des occasions, tisse des liens plus ou moins étroits selon les aléas des affaires. Le caravanier semblait être un homme plein de ressources, et bien que Didier restât toujours méfiant, il sentait que quelque chose pouvait ressortir de cet échange.
« Compliqué est un bien faible mot pour décrire ce périple, croyez-moi. Mais je suppose que je ne suis pas le seul à partager ce sentiment. La route vers Courage est parfois… capricieuse. », ajouta-t-il avec une malice légère, jouant sur cette fausse intimité qu’il venait d’instaurer.
Alors que Hiraeth se lançait dans une tirade plaisante, évoquant ses passages réguliers entre Kyouji et Courage via Liberty, Didier ne put s’empêcher de noter l’aisance de l’homme à jouer avec les mots. Un trait qui pouvait se révéler aussi précieux qu’un trésor, ou aussi dangereux qu’un poignard dissimulé sous une manche si l'on n’y prenait pas garde. Mais pour l’instant, la méfiance restait en sourdine, remplacée par un intérêt pragmatique. Après tout, qui sait ce que ce caravanier pourrait rapporter de ses expéditions ?
La conversation glissait avec fluidité quand Hiraeth évoqua l’idée de lui acheter un de ses cigares. À cette proposition inattendue, Didier ne put retenir un léger rire. Pas un rire franc et contagieux comme ceux de son vis-à-vis, non, mais un rire mesuré, contrôlé, celui d’un homme qui voit une porte s’ouvrir et qui décide d’en mesurer le potentiel avant de s’y engouffrer.
« Ah, vous avez du goût, Sieur Hiraeth. Ces cigares, bien que rares, valent effectivement leur pesant d’or. Mais, comme je vous trouve sympathique et que nos routes semblent se croiser plus souvent que je ne l’aurais cru, je peux vous faire un prix d’ami. Disons… le tiers du prix actuel sur le marché, mais ce sera entre nous, bien sûr. »
Le sourire qui accompagnait ces mots était poli, mais ses yeux trahissaient une légère pointe de calcul. Car malgré cette réduction, le prix proposé restait néanmoins le double de celui auquel il les avait achetés. Une petite marge discrète tout en semblant faire un geste vers son confrère. Après tout, Didier n’était pas du genre à se priver d’une bonne affaire, surtout quand elle pouvait déboucher sur des relations intéressantes pour l’avenir. Le trajet évoqué plus tôt ayant éveillé son intérêt, il tira une dernière bouffée de son cigare.
Dans le même temps, un tumulte s’éleva près de l’escalier, marquant l’arrivée d’une troupe pour le moins bigarrée. Didier tourna la tête, intrigué, vers ce groupe sans savoir qu’il était lié au caravanier. Parmi ceux-ci, son attention fut particulièrement attirée par une elfe à la peau légèrement bleutée, avançant avec assurance. Le regard de Didier s’attarda une fraction de seconde de trop sur elle lorsqu’elle s’adressa à Hiraeth. Il comprit alors le lien unissant tout ce petit monde et esquissa un salut courtois de la tête à l’adresse de l’elfe.
« Enchanté, mademoiselle. », déclara Didier avec un sourire qui, en dépit de sa courtoisie, semblait légèrement teinté d’intérêt.
Il détourna ensuite son attention, peut-être un peu trop rapidement pour paraître naturel, tandis que Hiraeth, en parfait hôte, faisait les présentations.
« Vous semblez former une belle équipe, Hiraeth. », constata Didier, toujours souriant, quoiqu’avec une pointe de nostalgie dans la voix.
Le caravanier ajouta alors, avec humour et une touche de taquinerie, un commentaire sur "l’investissement des mots". Didier, se prenant au jeu, haussa exagérément un sourcil à cette dernière remarque.
« Un investissement, dites-vous ? », répéta-t-il avec un ton songeur, se grattant le menton comme s’il était en proie à une réflexion intense. « Voilà un concept qui me parle. », ajouta-t-il en riant légèrement, tout en écrasant le bout de son cigare dans le cendrier.
« Enchanté, Sieur Hiraeth », déclara-t-il après s’être raclé la gorge.
Son sourire se fit plus sincère, et son regard, jusque-là distant, pétillait d’un éclat à peine dissimulé. Ce n’était pas tant la compagnie que la perspective de l’opportunité qui le charmait — car après tout, pour Didier, un marchand ne se lie pas d’amitié, il crée des occasions, tisse des liens plus ou moins étroits selon les aléas des affaires. Le caravanier semblait être un homme plein de ressources, et bien que Didier restât toujours méfiant, il sentait que quelque chose pouvait ressortir de cet échange.
« Compliqué est un bien faible mot pour décrire ce périple, croyez-moi. Mais je suppose que je ne suis pas le seul à partager ce sentiment. La route vers Courage est parfois… capricieuse. », ajouta-t-il avec une malice légère, jouant sur cette fausse intimité qu’il venait d’instaurer.
Alors que Hiraeth se lançait dans une tirade plaisante, évoquant ses passages réguliers entre Kyouji et Courage via Liberty, Didier ne put s’empêcher de noter l’aisance de l’homme à jouer avec les mots. Un trait qui pouvait se révéler aussi précieux qu’un trésor, ou aussi dangereux qu’un poignard dissimulé sous une manche si l'on n’y prenait pas garde. Mais pour l’instant, la méfiance restait en sourdine, remplacée par un intérêt pragmatique. Après tout, qui sait ce que ce caravanier pourrait rapporter de ses expéditions ?
La conversation glissait avec fluidité quand Hiraeth évoqua l’idée de lui acheter un de ses cigares. À cette proposition inattendue, Didier ne put retenir un léger rire. Pas un rire franc et contagieux comme ceux de son vis-à-vis, non, mais un rire mesuré, contrôlé, celui d’un homme qui voit une porte s’ouvrir et qui décide d’en mesurer le potentiel avant de s’y engouffrer.
« Ah, vous avez du goût, Sieur Hiraeth. Ces cigares, bien que rares, valent effectivement leur pesant d’or. Mais, comme je vous trouve sympathique et que nos routes semblent se croiser plus souvent que je ne l’aurais cru, je peux vous faire un prix d’ami. Disons… le tiers du prix actuel sur le marché, mais ce sera entre nous, bien sûr. »
Le sourire qui accompagnait ces mots était poli, mais ses yeux trahissaient une légère pointe de calcul. Car malgré cette réduction, le prix proposé restait néanmoins le double de celui auquel il les avait achetés. Une petite marge discrète tout en semblant faire un geste vers son confrère. Après tout, Didier n’était pas du genre à se priver d’une bonne affaire, surtout quand elle pouvait déboucher sur des relations intéressantes pour l’avenir. Le trajet évoqué plus tôt ayant éveillé son intérêt, il tira une dernière bouffée de son cigare.
Dans le même temps, un tumulte s’éleva près de l’escalier, marquant l’arrivée d’une troupe pour le moins bigarrée. Didier tourna la tête, intrigué, vers ce groupe sans savoir qu’il était lié au caravanier. Parmi ceux-ci, son attention fut particulièrement attirée par une elfe à la peau légèrement bleutée, avançant avec assurance. Le regard de Didier s’attarda une fraction de seconde de trop sur elle lorsqu’elle s’adressa à Hiraeth. Il comprit alors le lien unissant tout ce petit monde et esquissa un salut courtois de la tête à l’adresse de l’elfe.
« Enchanté, mademoiselle. », déclara Didier avec un sourire qui, en dépit de sa courtoisie, semblait légèrement teinté d’intérêt.
Il détourna ensuite son attention, peut-être un peu trop rapidement pour paraître naturel, tandis que Hiraeth, en parfait hôte, faisait les présentations.
« Vous semblez former une belle équipe, Hiraeth. », constata Didier, toujours souriant, quoiqu’avec une pointe de nostalgie dans la voix.
Le caravanier ajouta alors, avec humour et une touche de taquinerie, un commentaire sur "l’investissement des mots". Didier, se prenant au jeu, haussa exagérément un sourcil à cette dernière remarque.
« Un investissement, dites-vous ? », répéta-t-il avec un ton songeur, se grattant le menton comme s’il était en proie à une réflexion intense. « Voilà un concept qui me parle. », ajouta-t-il en riant légèrement, tout en écrasant le bout de son cigare dans le cendrier.
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Hiraeth
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Le Caravanier voit avec plaisir son interlocuteur se dégeler. Son attitude se fait plus spontanée, son visage s'ouvre, et il discute désormais avec plaisir et assurance. Outre le fait qu'il va peut-être pouvoir mettre la main sur des Sankaï, cela augure de bien des marchés futurs. Sans compte tous les à-côtés qui peuvent découler d'une collaboration amicale...
La discussion avec Astuce permet alors à Hiraeth de déduire quelque chose de plus profond dans la nature du marchand solitaire : et il se prend à divaguer sur ce qui a pu pousser cet homme de nature manifestement sociable à voyager seul, remparé derrière une sorte de méfiance.
La vie, tout simplement... La confiance est hélas si souvent vecteur de vulnérabilité, la vulnérabilité équivalant à la mort dans une très grande partie du Sekaï.
Malgré sa dégaine de beau gosse entretenu, le sieur Van Strijdonck a dû traverser des aventures ayant nui à son moral plus souvent qu'à son tour.
Le Caravanier compare son sort au sien s'il n'avait pas eu ses compagnons avec lui. Qu'aurait-il accompli depuis la prise de Kaizoku ?
Il n'aurait pas perdu un œil.
Il aurait perdu la vie. Plusieurs fois.
Il serait sans doute devenu un assassin drogué dans les sous-sols de Kyouji.
Cette réflexion un peu amère est tempérée immédiatement par la preuve, s'il en fallait une à Hiraeth, que le sieur Belles-Bottes possède le vice de la femelle.
L'intérêt qu'il porte à Astuce est mal déguisé : et si le nomade s'en est rendu compte, nul doute que l'empathique Elfe s'en est aperçue également.
Le doute n'est plus permis lorsque, laissant glisser son regard sur la personne du marchand libertéen, Astuce lui décoche un sourire éclatant.
Libertéen, libertin... ma foi, qu'ils s'amusent.
La belle à la tresse bleue répond à sa place d'ailleurs, asseyant sa présence plein d'entrain dans leur discussion.
« Oui, une belle troupe et un bel investissement, à votre service, Sieur... Van Strij... donk ? Excusez-moi si j'écorche votre nom, il n'est pas très courant. Oh, mais ce ne serait pas un Sankaï ? »
Elle approche le nez du cendrier où Didier vient d'écraser son mégot, les yeux brillants.
« Tu as vu, Hir ? Les mêmes que ceux que fumaient ta mère ! Ça fait des plombes que j'en ai plus senti un... »
Le Caravanier a l'air d'avoir sucé un citron. Effarée, elle ouvre de grands yeux en se tournant vers lui.
« Quoi ? J'en ai trop dit ? »
« Oui. »
Toute la blasitude du monde dans cet acquiescement. Elle mit la main devant sa bouche, faussement désolée, le coin de ses lèvres côté Didier relevés en un petit sourire. S'appuyant nonchalamment sur l'épaule d'Hiraeth, elle ne lâche pas du regard l'homme aux si belles bottes.
Le nomade finit par s'en remettre après avoir mis le nez dans sa chope quelques instants, se recomposant une contenance. La salle est passée à une autre danse joyeuse, où les partenaires s'échangent avec force clins d'oeil et sourires égrillards, tandis que la table de la Caravane accueille le service de plats fumants et de chopes mousseuses avec un tapage approbateur. Astuce tapote l'épaule d'Hir et l'invite à leur table d'un mouvement de tête, mais il décline. Elle fronce le sourcil, et se tourne vers Didier.
« Je ne doute pas que vous devez avoir des conversations très intéressantes, mais pour une bonne affaire ce grand nigaud ici présent serait capable de tomber d'inanition. Vous déplairait-il, monsieur, de venir profiter de notre chère et de notre tablée ? Ainsi, vous pourrez poursuivre vos exactions tout en vous restaurant. »
Hiraeth n'a pas l'air de goûter l'intervention. Elle ajoute, subitement inspirée :
« Ou alors, je pourrais le remplacer auprès de vous le temps qu'il ingurgite quelque chose. Si cela vous agrée, bien sûr. »
« Laisse-nous tranquille, s'il te plaît. »
A la demande d'Hiraeth, ses oreilles se rabattent en arrière et elle gonfle les joues, l'air réprobateur, ce qui lui donne tout de suite une moue adorable. Elle oriente sa mine désolée vers Didier, comme quêtant de lui une approbation, un geste, quelque chose qui vienne intercéder en sa faveur.
Aha ! La grande gigue est allée mettre son grain de sel. Pauvre de mon neveu, elle ne lui foutra jamais la paix. J'observe en coin et je reconnais son attitude : au secours, la séductrice est de sortie. Le mec bien sapé présente bien, faut dire. C'est le plus beau gibier masculin de la salle, et le plus propre sans doute, elle va faire des envieuses si elle emporte le morceau. La question qui se pose maintenant, c'est : est-ce que Hira va pouvoir terminer sa discussion tranquille ou est-ce qu'Astuce va embarquer toute la comprenette du gars avec un battement de cils ?
Citoyen de La République
Didier Van Strijdonck
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Didier esquissa un sourire, amusé par la petite scène entre Astuce et Hiraeth. Ce dernier, visiblement peu à l'aise, n'avait pas apprécié l'intervention de l'elfe, et l'évocation de sa mère n'avait fait qu'accentuer son embarras. Bien qu’il s’en délectait intérieurement, Didier comprenait son confrère. Lui-même n'était pas du genre à étaler ses affaires personnelles, surtout en présence de parfaits inconnus. Il savait que la prudence est l'apanage des hommes avisés et, dans leur métier, la confiance se gagne avec parcimonie.
Cette situation offrait à Didier l'occasion de mieux observer Astuce. En effet, l'elfe, au-delà de ses formes, dégageait une aura de douceur presque innocente, avec des gestes gracieux et des expressions charmantes. Bien que Didier ne soit pas particulièrement sensible à la beauté ou à la liberté insouciante des filles de caravane, il ne pouvait nier l'attrait qu’elle exerçait sur lui, avec cette assurance tranquille que seules possèdent celles qui vivent au cœur de leur propre univers, entourées de compagnons de route fidèles. Cela lui renvoya un écho amer de sa propre solitude. Parcourir les routes du Sekaï, souvent seul ou accompagné de mercenaires de passage à l’esprit parfois obtus était devenu de plus en plus pesant le républicain. Une équipe stable, des alliés de confiance… Voilà ce qui lui manquait pour rendre ses périples plus agréable et sûr.
Sortant de ses pensées pour revenir à la réalité de la situation, Didier, toujours soucieux de maintenir une ambiance légère, décida de répondre à l’invitation d'Astuce, prenant soin de doser son ton pour s’intégrer naturellement à la conversation.
« Votre compagnie m’enchante autant que la perspective de partager un repas avec vous, mademoiselle, et vos amis, bien entendu. Toutefois, il me semble que notre cher camarade ici préfère peut-être reporter la phase de... sustentation. » Déclara-t-il avec un sourire amical, une touche malicieuse dans le regard, d'abord posé sur l'elfe, puis glissant vers Hiraeth.
Le changement d’attitude de Didier était perceptible. La torpeur dans laquelle il semblait se trouver à l’arrivée de son voisin s'était dissipée, laissant place à un éclat pétillant dans son regard, témoin d'un esprit vif et à présent en plein travail, à moins que ce ne soit l’alcool ? Bref ! Son intérêt pour l’échange était manifeste, et il ne comptait pas laisser l’occasion lui échapper. Poursuivant sur sa lancée et soucieux de maintenir la ‘paix des ménages’, il enchaîna sur un sujet plus consensuel, où tout le monde semblait pouvoir trouver un terrain d’entente :
« Mais en attendant, mademoiselle, permettez-moi de vous parler de ce Sankaï. Un vrai trésor ‘du capt’aine’ comme on n'en fait plus aujourd’hui. Je disais justement à Hiraeth avant votre arrivée que ces cigares sont confectionnés avec des feuilles provenant de l’île principale de Kaïzoku pour la cape et la sous-cape et de la Petite Kaïzoku pour la tripe. Hélas, l’éruption du mont Ephaïs, l’an dernier, a ruiné les plantations de l’île principale, et maintenant, les feuilles ne viennent plus que de la Petite Kaïzoku. Cela change subtilement l’arôme, voyez-vous. Les anciens Sankaï avaient une note cacaotée en bouche, tandis que les nouveaux tirent davantage vers la noix. »
Déclarait le libertéen sur un ton posé et courtois avant d’écarter légèrement les mains et de poursuivre :
« Je n’en ai pas avec moi mais vous pouvez aussi constater la différence entre les nouveaux et les anciens Sankaï grâce à la couleur de la cape, c’est la feuille qui couvre l’extérieur de votre cigare. Les vieux Sankaï ont une cape légèrement plus sombre que les nouveaux. C’est subtil mais quand on à l’œil, on ne voit plus que ça. »
Didier parlait avec une assurance tranquille, l’aisance naturelle de quelqu’un qui maîtrise son sujet. Sa voix prenait des inflexions pédagogiques, comme s’il enseignait un savoir précieux, destiné uniquement aux initiés. Il termina son exposé par une remarque qu’il avait souvent utilisée à son avantage :
« Beaucoup d’amateurs se laissent berner par ces nuances et payent les nouveaux au prix des anciens. Je vous conseille donc la prudence si vous n'êtes plus tout à fait familiers avec ce marché. »
Un léger rire ponctua sa tirade, une note de connivence à l’intention d'Hiraeth, comme pour lui indiquer que, parfois, savoir profiter des ignorants était une forme d’art en soi. Il ne jugeait pas utile de préciser qu’il avait lui-même déjà profité de cette confusion pour gonfler ses marges. Après tout, avec de bons interlocuteurs, il n'était pas nécessaire d'expliciter l’évidence. Parfois, il valait mieux laisser les blancs se remplir d'eux-mêmes.
Avec un geste mesuré, Didier sortit de sous sa veste un étui fin et élégant, en tirant un second Sankaï.
« Et si je vous proposais une petite dégustation ? » Suggéra-t-il, l’air complice. « Vous connaissez probablement déjà ce produit, mais rien ne vaut une expérience gustative avant de prendre une décision d’achat. »
D’un geste fluide, il sortit ensuite une petite guillotine de sa poche et coupa la tête du cigare avec précision, avant de le scinder en deux parts égales.
« Veuillez excuser cette légère entorse à l’étiquette » , lança-t-il avec un sourire charmant en tendant la moitié coupée à Hiraeth. « Mais je n’en ai plus qu’un seul, et je ne pouvais résister à l’envie de le partager avec un vrai amateur de Sankaï. »
Didier prit soin de tendre la partie la plus agréable à fumer, celle avec la tête coupée. Se tournant ensuite vers Astuce, il continua sur le même ton charmant :
« Pardonnez-moi, mademoiselle. Le diviser en trois aurait été délicat. Si notre ami n’y voit pas d’inconvénient, vous pourriez le partager avec lui, sinon, je vous offre volontiers de partager ma partie. »
Tout en parlant, Didier fit glisser sa main vers une autre poche d’où il sortit une petite boîte d’allumettes. Avec une élégance nonchalante, il s’apprêtait à allumer le cigare, offrant un spectacle maîtrisé où chaque geste semblait calculé pour refléter la maîtrise et la convivialité, même si, intérieurement, et, ménageant Hiraeth, le jeune marchand tentait de susciter l'intérêt de l'elfe qui les avaient rejoint.
Cette situation offrait à Didier l'occasion de mieux observer Astuce. En effet, l'elfe, au-delà de ses formes, dégageait une aura de douceur presque innocente, avec des gestes gracieux et des expressions charmantes. Bien que Didier ne soit pas particulièrement sensible à la beauté ou à la liberté insouciante des filles de caravane, il ne pouvait nier l'attrait qu’elle exerçait sur lui, avec cette assurance tranquille que seules possèdent celles qui vivent au cœur de leur propre univers, entourées de compagnons de route fidèles. Cela lui renvoya un écho amer de sa propre solitude. Parcourir les routes du Sekaï, souvent seul ou accompagné de mercenaires de passage à l’esprit parfois obtus était devenu de plus en plus pesant le républicain. Une équipe stable, des alliés de confiance… Voilà ce qui lui manquait pour rendre ses périples plus agréable et sûr.
Sortant de ses pensées pour revenir à la réalité de la situation, Didier, toujours soucieux de maintenir une ambiance légère, décida de répondre à l’invitation d'Astuce, prenant soin de doser son ton pour s’intégrer naturellement à la conversation.
« Votre compagnie m’enchante autant que la perspective de partager un repas avec vous, mademoiselle, et vos amis, bien entendu. Toutefois, il me semble que notre cher camarade ici préfère peut-être reporter la phase de... sustentation. » Déclara-t-il avec un sourire amical, une touche malicieuse dans le regard, d'abord posé sur l'elfe, puis glissant vers Hiraeth.
Le changement d’attitude de Didier était perceptible. La torpeur dans laquelle il semblait se trouver à l’arrivée de son voisin s'était dissipée, laissant place à un éclat pétillant dans son regard, témoin d'un esprit vif et à présent en plein travail, à moins que ce ne soit l’alcool ? Bref ! Son intérêt pour l’échange était manifeste, et il ne comptait pas laisser l’occasion lui échapper. Poursuivant sur sa lancée et soucieux de maintenir la ‘paix des ménages’, il enchaîna sur un sujet plus consensuel, où tout le monde semblait pouvoir trouver un terrain d’entente :
« Mais en attendant, mademoiselle, permettez-moi de vous parler de ce Sankaï. Un vrai trésor ‘du capt’aine’ comme on n'en fait plus aujourd’hui. Je disais justement à Hiraeth avant votre arrivée que ces cigares sont confectionnés avec des feuilles provenant de l’île principale de Kaïzoku pour la cape et la sous-cape et de la Petite Kaïzoku pour la tripe. Hélas, l’éruption du mont Ephaïs, l’an dernier, a ruiné les plantations de l’île principale, et maintenant, les feuilles ne viennent plus que de la Petite Kaïzoku. Cela change subtilement l’arôme, voyez-vous. Les anciens Sankaï avaient une note cacaotée en bouche, tandis que les nouveaux tirent davantage vers la noix. »
Déclarait le libertéen sur un ton posé et courtois avant d’écarter légèrement les mains et de poursuivre :
« Je n’en ai pas avec moi mais vous pouvez aussi constater la différence entre les nouveaux et les anciens Sankaï grâce à la couleur de la cape, c’est la feuille qui couvre l’extérieur de votre cigare. Les vieux Sankaï ont une cape légèrement plus sombre que les nouveaux. C’est subtil mais quand on à l’œil, on ne voit plus que ça. »
Didier parlait avec une assurance tranquille, l’aisance naturelle de quelqu’un qui maîtrise son sujet. Sa voix prenait des inflexions pédagogiques, comme s’il enseignait un savoir précieux, destiné uniquement aux initiés. Il termina son exposé par une remarque qu’il avait souvent utilisée à son avantage :
« Beaucoup d’amateurs se laissent berner par ces nuances et payent les nouveaux au prix des anciens. Je vous conseille donc la prudence si vous n'êtes plus tout à fait familiers avec ce marché. »
Un léger rire ponctua sa tirade, une note de connivence à l’intention d'Hiraeth, comme pour lui indiquer que, parfois, savoir profiter des ignorants était une forme d’art en soi. Il ne jugeait pas utile de préciser qu’il avait lui-même déjà profité de cette confusion pour gonfler ses marges. Après tout, avec de bons interlocuteurs, il n'était pas nécessaire d'expliciter l’évidence. Parfois, il valait mieux laisser les blancs se remplir d'eux-mêmes.
Avec un geste mesuré, Didier sortit de sous sa veste un étui fin et élégant, en tirant un second Sankaï.
« Et si je vous proposais une petite dégustation ? » Suggéra-t-il, l’air complice. « Vous connaissez probablement déjà ce produit, mais rien ne vaut une expérience gustative avant de prendre une décision d’achat. »
D’un geste fluide, il sortit ensuite une petite guillotine de sa poche et coupa la tête du cigare avec précision, avant de le scinder en deux parts égales.
« Veuillez excuser cette légère entorse à l’étiquette » , lança-t-il avec un sourire charmant en tendant la moitié coupée à Hiraeth. « Mais je n’en ai plus qu’un seul, et je ne pouvais résister à l’envie de le partager avec un vrai amateur de Sankaï. »
Didier prit soin de tendre la partie la plus agréable à fumer, celle avec la tête coupée. Se tournant ensuite vers Astuce, il continua sur le même ton charmant :
« Pardonnez-moi, mademoiselle. Le diviser en trois aurait été délicat. Si notre ami n’y voit pas d’inconvénient, vous pourriez le partager avec lui, sinon, je vous offre volontiers de partager ma partie. »
Tout en parlant, Didier fit glisser sa main vers une autre poche d’où il sortit une petite boîte d’allumettes. Avec une élégance nonchalante, il s’apprêtait à allumer le cigare, offrant un spectacle maîtrisé où chaque geste semblait calculé pour refléter la maîtrise et la convivialité, même si, intérieurement, et, ménageant Hiraeth, le jeune marchand tentait de susciter l'intérêt de l'elfe qui les avaient rejoint.
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Hiraeth
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Tous deux l'écoutent et l'observent attentivement, comme de bons élèves bien sages. Astuce s'est laissée charmer par l'érudition du marchand, et hoche la tête, tandis qu'Hiraeth termine de siroter sa bière, apparemment perdu dans des souvenirs doux-amers.
Lorsqu'il leur propose de partager sa provende, l'Elfe s'empare d'un tabouret délaissé par un homme carré titubant vers la sortie pour venir s'asseoir entre eux, légèrement décalée. Profitant ainsi des échanges entre les deux hommes, elle contemple religieusement les gestes ritualisés de Belles-Bottes, oreilles dressées, se mordant la lèvre inférieure.
Le Caravanier semble moins enthousiaste que sa compagne, pour le coup. Il remercie Didier en prenant la moitié qui lui est dévolue, puis la tend à Astuce.
« C'est toi la fumeuse de nous deux. Commence. »
« Naaaan, moi je vais fumer avec Monsieur. »
Son sourire éclatant et légèrement moqueur déclenche un rictus chez Hiraeth.
« Comme tu veux. »
Tournant et retournant l'objet entre ses doigts, il semble hésiter à l'allumer. Une ombre passe sur le visage de l'Elfe, qui se tourne résolument vers Didier avec un sourire enjôleur.
« Vous êtes un fin connaisseur, dites-moi. Vous avez réellement foutu les pieds à Kaizoku ? Ou votre savoir vient du papier ?
Parce que nous, on a vraiment beaucoup roulé notre bosse. J'en ai fumé des comme ça, les cacaotés comme vous dites. Ça fait longtemps. Y'a un temps où c'était facile.
Depuis, y'a eu beaucoup d'autres choses, des tabacs divers, des mélanges, des essais avec ce qui pousse par ici... rien d'aussi concluant, évidemment, mais on trouve des petites choses sympas. »
Se penchant vers l'homme avec un air de conspiratrice, elle lui glisse :
« J'ai un truc dans mon paquetage qui vous plairait peut-être... j'pourrais vous rendre la pareille en matière de dégustation si ça vous intéresse, un peu plus tard. »
Terminant sa tirade avec un clin d’œil, elle se redresse et accepte le partage du cigare avec un plaisir évident, commandant un alcool fort au barman qui s'empresse de lui servir un ambre citriné dans un verre large à fond épais.
La soirée a dépassé le paroxysme où l'énergie de chacun est à son maximum. Des chants plus lents, plus romancés, emplissent l'air sous le pincement des cordes, alors que le chanteur bellâtre de la Caravane entame d'une voix vibrante :
En fin la beauté que j'adore
Me fait cognoistre en son retour
Qu'elle veut que je voye encore
Ces yeux pour qui je meurs pour qui je meurs d'amour :
Mais puis que je revoy la beauté qui m'enflame,
Sortez mes desplaisirs hostez vous de mon ame.
Me fait cognoistre en son retour
Qu'elle veut que je voye encore
Ces yeux pour qui je meurs pour qui je meurs d'amour :
Mais puis que je revoy la beauté qui m'enflame,
Sortez mes desplaisirs hostez vous de mon ame.
Quelques groupes de paysans quittent la salle, les femmes à l’œil brillant, les hommes au nez rougeaud, saluant l'aubergiste et les filles de salle au passage, dont certaines s'éclipsent à l'étage avec des clients. Bien du monde demeure encore, mais on a passé ce stade, cette heure où ceux qui se lèvent à l'aube décident de prendre, enfin, un repos mérité et libre de toutes les ruminations qui sont l'apanage des métiers malhonnêtes.
La tablée de la Caravane fait toujours ripaille, parfois des coups d’œil sont jetés en leur direction, sans davantage d'interrogations. L'homme à la tunique noire et à la chevelure drue pourvue de nombreuses tresses quitte la table avec une jeune femme rousse dépoitraillée, et prend la route de l'étage. Au passage, il tape sur l'épaule d'Hiraeth qui l'accueille d'un regard parfaitement neutre où perce néanmoins une étincelle de dédain. Avec un rire parfaitement moqueur, l'homme en noir n'ajoute rien et embarque sa conquête dans l'escalier qui grince sur leur passage.
« Pour ma part, je suis pas difficile, j'aime bien tout ce qui se boit, tout ce qui se fume... »
Un petit rire laisse imaginer le reste. Astuce reprend le fil de la conversation, après avoir tiré une longue bouffée en appréciant avec une maîtrise visible la saveur du tabac. La senteur mnémosique les envahit de nouveau, et le Caravanier se rapproche, toujours pas décidé à profiter de son gain de la façon idoine.
« Bien sûr, j'apprécie quand c'est vraiment de la bonne came, je suis pas cramée des papilles pour autant. Ceux-là, par exemple. Vous aimez bien les saveurs sucrées, très rondes en bouche ? Moi aussi, bien que je préfère les Kekke, moins connus mais plus terreux. J'aime les notes naturelles, un peu fortes. Comme mon alcool ! »
Levant le verre à hauteur de visage, elle salue le marchand d'un mouvement de poignet avant d'honorer son contenu. Son sourire sempiternel, légèrement caustique, s'empreint de soulagement lorsqu'elle repose le verre sur le bar et tend le cigare tronqué à Didier.
Le ciel en voyant que son absence
M'oste tout mon contentement,
Octroye à ma perseverance
La fin de mon cruel de mon cruel tourment :
Mais puis que.
M'oste tout mon contentement,
Octroye à ma perseverance
La fin de mon cruel de mon cruel tourment :
Mais puis que.
Hiraeth intervient et se décide enfin à profiter de l'offrande. Il allume maladroitement sa moitié et fait montre d'une expérience de petit fumeur en tirant difficilement, les yeux déjà larmoyants. Astuce l'observe en riant sous cape, et lui tapote le dos lorsqu'il tousse un peu. Le Caravanier ne fait mine de rien, remparé dans une attitude digne, et se joint à la conversation.
« Méfiez-vous de la donzelle, cher Didier. Elle coûte cher en alcools et bamboches, et son appétit est... disons plutôt inextinguible. »
Loin de s'offusquer, Astuce souligne le fait d'un sourcil levé aguicheur. Hiraeth crapote en s'enivrant apparemment davantage de l'odeur produite par le cigare que par sa douce saveur.
Mes maux changés vous en delices,
Mon coeur arrestés vos douleurs,
Amour bannissez mes supplices,
Mes yeux ne versez plus ne versez plus de pleurs :
Et puis que.
Mon coeur arrestés vos douleurs,
Amour bannissez mes supplices,
Mes yeux ne versez plus ne versez plus de pleurs :
Et puis que.
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Didier Van Strijdonck
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L’attitude soudainement plus réservée d’Hiraeth alors qu’Astuce encrait d’avantage sa présence dans l’échange avait surpris Didier. Le changement fut assez net pour que le marchand le remarque malgré son sourire toujours en place. Peut-être était-ce la présence d'Astuce qui avait altéré l'humeur du caravanier ? Ou peut-être que la fatigue de la soirée commençait à se faire sentir. Quoi qu'il en soit, Didier n’allait pas se laisser décourager maintenant qu’il était lancé. S’il y avait une règle qu’il connaissait bien dans ce métier, c’était celle de toujours ménager les susceptibilités tout en gardant un œil sur les opportunités.
« Hé bien, un peu des deux ! » Avait-il répondu avec un sourire complice aux remarques curieuses d’Astuce. « J’ai eu l’occasion de me rendre à Kaizoku plusieurs fois depuis que la République y a pris pied, en l’an 3. » Une pause calculée suivit ses paroles tandis qu’il portait à nouveau son verre aux lèvres avant de poursuivre une fois désaltéré : « C’est une île fascinante, même si la République y a imposé quelques… ajustements. » Ses yeux pétillaient d'une lueur amusée, comme s’il évoquait un petit secret bien gardé. Il se penchait légèrement pour prendre la moitié de cigare que lui tendait l’elfe après l’avoir goûté.
Cette dernière semblait toute ouïe, un sourire aguicheur à peine voilé. Elle semblait avoir un appétit pour les échanges que le républicain trouvait particulièrement savoureux. Quant à Hiraeth, Didier notait avec un certain regret que le caravanier restait en retrait, l'air de plus en plus perdu dans ses pensées et il se dit que cela méritait quelques ‘ajustements’ diplomatiques de sa part.
« Vous parlez du Kaizoku de l’ancien temps, n’est-ce pas ? » Reprit Didier, ajustant habilement ses propos pour ne pas paraître trop érudit, mais suffisamment pour piquer l'intérêt. « Depuis que la République a mis la main sur l’île, plusieurs tentatives ont été faites pour recréer l’excellence des Sankaï sur le continent. C’est comme ça qu’est né le Mirelda l’an dernier, un cigare qui, bien qu’intéressant, ne rivalise pas avec les Kaizoku traditionnels il faut l’avouer. En fait, même si les plants sont les mêmes, les terroirs sont différents : humidité, qualité des sols, etc. »
Didier fit rouler son morceau de cigare entre ses doigts avant de le proposer à nouveau à Astuce, son expression restant amicale et empreinte d’une certaine jovialité. Leurs doigts se touchèrent à cette occasion, presque comme une caresse et le marchand en ressentit un léger frisson. Astuce, elle, semblant l’observer avec une attention plus que soutenue, qui en disait long sur ses intentions. Didier, voyant cela, n’y était pas insensible. Le marchand attardait son regard dans celui de l’elfe bleue un peu plus longtemps que nécessaire avant de le reporter sur Hiraeth et de poursuivre :
« Bien sûr, je ne vais pas vous mentir, c’est un peu du vol organisé. Mais avec l’éruption du Mont Ephaïs l’année dernière, toutes les plantations originales ont été ravagées. Cela a permis de préserver cette essence, même si le procédé, à la base, manque d’élégance.» Ajouta-t-il, son sourire s’élargissant.
L'espace d'un instant, Didier cru voir l'elfe se mordre la lèvre inférieure, accentuant un certains trouble chez lui alors qu’Hiraeth restait plus distant. Mais, bien que ce jeu qui s’installait entre Astuce et lui le satisfasse, Didier n’oubliait pas pour autant le caravanier et lui adressa un regard bienveillant. Il espérait ne pas l’avoir mis en retrait dans cet échange de plaisirs et d’érudition. Mais Astuce, semblait ne pas tenir compte de l’état de son confrère. Ils furent alors interrompus, l’espace d’un instant, par un de leur compagnons qui s’éclipsait à l’étage en charmante compagnie. L’elfe avait ensuite repris la parole, mettant en avant son ouverture en matière de dégustation d’alcool et de tabac. Quoique… ce petit rire pouvais sous-entendre une ouverture plus large…
« Ha vous aussi vous êtes polycombustibles ? Intéressant. Je suis toujours partant pour découvrir de nouvelles saveurs. On ne sait jamais quelle merveille peut encore surprendre nos sens…» Fit Didier en laissant la fin de sa tirade en suspens, une lueur intéressée dans le regard alors qu’il se penchant à nouveau pour prendre le cigare que l’elfe lui tendait.
Cette dernière semblant satisfaite de cette réponse, levait ensuite son verre comme pour trinquer à cette future dégustation. Didier imitait alors Astuce avant de porter le demi-cigare aux lèvres, ou ce qu’il en restait, et tira dessus avec une satisfaction non feinte. Les notes cacaotées et amères du tabac l’envahirent, tandis que l’atmosphère autour d’eux devenait plus intime. Astuce, envoûtante, captant largement le regard de Didier au dépends d’Hiraeth.
Mais le marchand revint les pieds sur Sekaï. En effet, se rendant compte qu’il s’était laissé emporter par la ‘vibe’ du moment, il en avait négligé l’homme qui les accompagnait et en conçus une légère gêne. Didier, bien décidé à ne pas laisser leur conversation s’éteindre sous la flamme vacillante du cigare et, surtout, la concurrence, rude, d’Astuce, allait s’adresser au nomade mais l’elfe, visiblement très prolixe, fut plus rapide, parlant de ses goûts en matière d’alcools :
« Vous connaissez le Kekke ? Il est particulier, mais il se laisse boire je trouve.» Avait-il demandé avec un sourire sincère, rebondissant sur la remarque précédente de cette dernière tendis qu’elle savourait son alcool. « Personnellement, j’ai une préférence pour les arômes tourbés et les notes de fruits rouges. Mais je suis toujours curieux d’en apprendre davantage sur les goûts des autres.»
Puis, détournant le regard de l’elfe, Didier se tournait à nouveau vers Hiraeth. Ce dernier avait alors pris la parole, lui adressant une mise en garde à l’égard de sa consœur. Bien qu’il arborât un air plutôt détaché, Didier pouvait sentir quelque chose de sous-jacent dans son attitude, mais sans deviner quoi. Mais quoiqu’il en fût, le caravanier avait clairement dû comprendre le jeu qui se tramait entre l’elfe et l’homme de Liberty. Pressentant que son détachement méritait une réponse plus directe, Didier lui répondit sans perdre de sa bonhommie, avec un rire bon enfant :
« J’en prends bonne note mon ami. » Marquant ensuite une courte pause avant de s’adresser au caravanier à son tour : « Mais je dois vous avouer que je vous sens un peu en retrait. J’espère ne pas avoir commis d’impair. Vous sembliez enthousiaste à l'idée de savourer ce cigare tout à l’heure, et pourtant, vous ne semblez pas y trouver le même plaisir que nous. Me serais-je m’épris ? »
« Hé bien, un peu des deux ! » Avait-il répondu avec un sourire complice aux remarques curieuses d’Astuce. « J’ai eu l’occasion de me rendre à Kaizoku plusieurs fois depuis que la République y a pris pied, en l’an 3. » Une pause calculée suivit ses paroles tandis qu’il portait à nouveau son verre aux lèvres avant de poursuivre une fois désaltéré : « C’est une île fascinante, même si la République y a imposé quelques… ajustements. » Ses yeux pétillaient d'une lueur amusée, comme s’il évoquait un petit secret bien gardé. Il se penchait légèrement pour prendre la moitié de cigare que lui tendait l’elfe après l’avoir goûté.
Cette dernière semblait toute ouïe, un sourire aguicheur à peine voilé. Elle semblait avoir un appétit pour les échanges que le républicain trouvait particulièrement savoureux. Quant à Hiraeth, Didier notait avec un certain regret que le caravanier restait en retrait, l'air de plus en plus perdu dans ses pensées et il se dit que cela méritait quelques ‘ajustements’ diplomatiques de sa part.
« Vous parlez du Kaizoku de l’ancien temps, n’est-ce pas ? » Reprit Didier, ajustant habilement ses propos pour ne pas paraître trop érudit, mais suffisamment pour piquer l'intérêt. « Depuis que la République a mis la main sur l’île, plusieurs tentatives ont été faites pour recréer l’excellence des Sankaï sur le continent. C’est comme ça qu’est né le Mirelda l’an dernier, un cigare qui, bien qu’intéressant, ne rivalise pas avec les Kaizoku traditionnels il faut l’avouer. En fait, même si les plants sont les mêmes, les terroirs sont différents : humidité, qualité des sols, etc. »
Didier fit rouler son morceau de cigare entre ses doigts avant de le proposer à nouveau à Astuce, son expression restant amicale et empreinte d’une certaine jovialité. Leurs doigts se touchèrent à cette occasion, presque comme une caresse et le marchand en ressentit un léger frisson. Astuce, elle, semblant l’observer avec une attention plus que soutenue, qui en disait long sur ses intentions. Didier, voyant cela, n’y était pas insensible. Le marchand attardait son regard dans celui de l’elfe bleue un peu plus longtemps que nécessaire avant de le reporter sur Hiraeth et de poursuivre :
« Bien sûr, je ne vais pas vous mentir, c’est un peu du vol organisé. Mais avec l’éruption du Mont Ephaïs l’année dernière, toutes les plantations originales ont été ravagées. Cela a permis de préserver cette essence, même si le procédé, à la base, manque d’élégance.» Ajouta-t-il, son sourire s’élargissant.
L'espace d'un instant, Didier cru voir l'elfe se mordre la lèvre inférieure, accentuant un certains trouble chez lui alors qu’Hiraeth restait plus distant. Mais, bien que ce jeu qui s’installait entre Astuce et lui le satisfasse, Didier n’oubliait pas pour autant le caravanier et lui adressa un regard bienveillant. Il espérait ne pas l’avoir mis en retrait dans cet échange de plaisirs et d’érudition. Mais Astuce, semblait ne pas tenir compte de l’état de son confrère. Ils furent alors interrompus, l’espace d’un instant, par un de leur compagnons qui s’éclipsait à l’étage en charmante compagnie. L’elfe avait ensuite repris la parole, mettant en avant son ouverture en matière de dégustation d’alcool et de tabac. Quoique… ce petit rire pouvais sous-entendre une ouverture plus large…
« Ha vous aussi vous êtes polycombustibles ? Intéressant. Je suis toujours partant pour découvrir de nouvelles saveurs. On ne sait jamais quelle merveille peut encore surprendre nos sens…» Fit Didier en laissant la fin de sa tirade en suspens, une lueur intéressée dans le regard alors qu’il se penchant à nouveau pour prendre le cigare que l’elfe lui tendait.
Cette dernière semblant satisfaite de cette réponse, levait ensuite son verre comme pour trinquer à cette future dégustation. Didier imitait alors Astuce avant de porter le demi-cigare aux lèvres, ou ce qu’il en restait, et tira dessus avec une satisfaction non feinte. Les notes cacaotées et amères du tabac l’envahirent, tandis que l’atmosphère autour d’eux devenait plus intime. Astuce, envoûtante, captant largement le regard de Didier au dépends d’Hiraeth.
Mais le marchand revint les pieds sur Sekaï. En effet, se rendant compte qu’il s’était laissé emporter par la ‘vibe’ du moment, il en avait négligé l’homme qui les accompagnait et en conçus une légère gêne. Didier, bien décidé à ne pas laisser leur conversation s’éteindre sous la flamme vacillante du cigare et, surtout, la concurrence, rude, d’Astuce, allait s’adresser au nomade mais l’elfe, visiblement très prolixe, fut plus rapide, parlant de ses goûts en matière d’alcools :
« Vous connaissez le Kekke ? Il est particulier, mais il se laisse boire je trouve.» Avait-il demandé avec un sourire sincère, rebondissant sur la remarque précédente de cette dernière tendis qu’elle savourait son alcool. « Personnellement, j’ai une préférence pour les arômes tourbés et les notes de fruits rouges. Mais je suis toujours curieux d’en apprendre davantage sur les goûts des autres.»
Puis, détournant le regard de l’elfe, Didier se tournait à nouveau vers Hiraeth. Ce dernier avait alors pris la parole, lui adressant une mise en garde à l’égard de sa consœur. Bien qu’il arborât un air plutôt détaché, Didier pouvait sentir quelque chose de sous-jacent dans son attitude, mais sans deviner quoi. Mais quoiqu’il en fût, le caravanier avait clairement dû comprendre le jeu qui se tramait entre l’elfe et l’homme de Liberty. Pressentant que son détachement méritait une réponse plus directe, Didier lui répondit sans perdre de sa bonhommie, avec un rire bon enfant :
« J’en prends bonne note mon ami. » Marquant ensuite une courte pause avant de s’adresser au caravanier à son tour : « Mais je dois vous avouer que je vous sens un peu en retrait. J’espère ne pas avoir commis d’impair. Vous sembliez enthousiaste à l'idée de savourer ce cigare tout à l’heure, et pourtant, vous ne semblez pas y trouver le même plaisir que nous. Me serais-je m’épris ? »
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Hiraeth
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Le Caravanier s'étira, déposant le cigare sur le cendrier et cachant un bâillement. Astuce se décala pour laisser de nouveau les hommes discuter. Avec un large sourire, Hiraeth répondit :
« Non, non, ne vous en faites pas, vous n'avez rien fait qui puisse provoquer mon ire. J'avais sans doute besoin d'un temps de... d'introspection. Comme vous pouvez le voir, je suis un piètre fumeur. »
Astuce essaya de contenir son rire, sans y parvenir tout à fait. Saisissant théâtralement le reliquat fumant, le Nomade le porta à sa bouche en mimant l'extase, puis s'étouffa de nouveau après une bouffée maladroite. L'Elfe n'y tint plus et éclata de rire. Hiraeth surjoua la scène, grimaça et joua de sa longue main pour dissiper la fumée, en un geste élégant et affecté. Il reprit d'une voix au ton guindé.
« Mes excuses, très cher. Vous gâchez une provende si rare au profit d'un mécréant incapable d'en savourer toute la quintessence. M'est avis que la donzelle ici présente vous en aura fait le panégyrique alors même que l'inculte que je suis ne possède qu'un vocabulaire limité pour en décrire la perfection.
Non, voyez-vous, très cher...
Ce que j'aime, c'est cette odeur.
Ce fumet, cette mnémosique offrande, qui m'a poussé à venir vous adresser la parole, au-delà du fait que vous semblez être un parfait gentilhomme.
Cet olfactif présent, qui me plonge dans un passé d'une douceur improbable, lointain, inexpugnable, et à jamais perdu dans les limbes. L'enfance... »
Laissant un silence peupler le songe de ses interlocuteurs à cette évocation, il commande un verre plus cossu à l'aubergiste. Astuce fronce le sourcil et il lui oppose un front serein, perdu dans les volutes de fumée délicieuse.
« Ainsi, l'acquisition que je voudrais faire d'un ou de quelques-uns de vos fabuleux cigares n'a, pour une fois, étonnant, surprenant, atterrant même : pas de but marchand ! »
Mimant cette fois une attaque, il porte la main à son cœur, grimace et toussote, ses cheveux filasses accompagnant le mouvement de son visage long. L'aubergiste lui apporte sa liqueur, dont il se saisit à gestes tremblants pour en boire une lichette. Se faisant, il se redresse, soudain droit comme la justice, l'air impénétrable.
« Que cela ne passe pas les limites de notre groupe. Ma réputation en dépend. Que dis-je, NOTRE réputation. Cela ne sera pas dit ! La Caravane est une vile organisation marchande, purement dédiée au gain, sans considération des foules ! Nous ne sommes ni saltimbanques, ni amuseurs, ni même convoyeurs de biens dédiés aux populations ! Nous n'avons en tête que notre but final, amasser encore plus de maille ! Et bien entendu, le Nomade Hiraeth, le Caravanier, imperturbable et calculateur, fermé et sans humour, n'est point doté du sentimentalisme propre à l'exercice de l'humanisme ! Quelle idée ! Il a dû sortir d'un rocher, ou d'un marais, avec sa légende comme une mauvaise odeur autour de lui, émanant, Hé, Manants ! Méfiez-vous, il n'a jamais dû avoir de... parenté ! »
Terminant son envolée avec un mouvement de manches, prunelle brillante, il rit, un rire un peu surjoué au début, mais qui devient franc alors qu'il revient à une humeur plus équanime. Astuce l'observe avec un sourire en coin, habituée à ce genre de spectacle, bras croisés. Une gobeline blonde, sans rien dire, approche et dépose une assiette fumante près du Nomade, avant de retourner à la table de la Caravane. L'Elfe la remercie au passage.
Hiraeth prend un air blasé et picore un bout de ragoût fumant.
« Mes excuses, très cher. Sachez que Kaizoku est cher à notre cœur, du fond d'un passé où les vôtres n'avaient point mis le pied sur ses rivages. »
Laissant planer un silence entendu, il délaisse son assiette et s'empare de sa liqueur, contemplant l'ambre de sa boisson à travers le prisme de son verre. Un sourire en coin à l'adresse de Belles-Bottes.
« Sans rancune. Les fameux ajustements dont vous parlez ne sont pas tous à mon goût, mais j'ai trouvé de nombreuses compensations à arpenter la terre et à sillonner les cités du continent. Tant de choses à voir, de gens à rencontrer, de bon temps à vivre... Pourquoi se priver ? »
Astuce se saisit du mégot délaissé et le fume paisiblement, l'attention rivée sur son chef, mais lançant de fréquentes œillades en direction de Didier. Pas décidée à lâcher le gigot, apparemment.
Hiraeth boit une gorgée, et laisse dériver ses pensées en observant la salle qui se vide peu à peu. C'est l'heure des ballades douces, et certains des musiciens profitent déjà d'une écuelle, d'une chopine au coin du feu.
Le bellâtre de la Caravane joue avec son collègue au luth, tandis que la tablée de joyeux lurons se vide, à l'instar de celles des locaux. Ne reste que le grand baraqué silencieux, posé près de la fenêtre.
Le Nomade à l’œil caché reprend le Sankaï des mains de l'Elfe, repousse son assiette pleine et s'accoude, détaillant de près toutes les particularités du précieux cigare. La magie de l'instant, intime, théâtral, les joint tous les trois dans cette observation attentive. D'une voix plus douce, il reprend :
« Parfois, néanmoins, la nostalgie me gagne. Les îles sont fascinantes, vous l'avez bien dit. Elles me manquent. Cet ailleurs, cet autrefois me manquent, et pourtant, je ne pourrais jamais retrouver cet autrefois ni cet ailleurs, comme avant.
Peut-être qu'un demain, un jour, dans les îles, me suffira. »
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Didier Van Strijdonck
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Il avait suivi le discours de Hiraeth avec une attention polie et compatissante, sirotant son Vieil Hêtre comme il sirotait les paroles de son vis-à-vis, tout en observant, dans l'ombre, le petit théâtre déployé par ce dernier. Un brin d’admiration traversa son esprit : l’homme manquait peut-être de maîtrise dans l’art de la fumette, mais il excellait indéniablement dans celui de la mise en scène. À plusieurs reprises, Didier fut tenté d’intervenir mais s’était ravisé, estimant que de l’interrompre dans son élan eût été une faute, une maladresse, tant ce « jeu » semblait crucial pour Hiraeth aux yeux du républicain. C’était comme une sorte de mascarade où se mêlaient nostalgie, autodérision, et peut-être – du moins Didier le soupçonnait – quelque chose de plus profond, comme une pointe d’amertume que le Libertéen ne voulait pas prendre le risque de briser.
Notant chaque exagération dans les gestes, chaque sourire un peu trop large, chaque œillade en direction d’Astuce, dont la complicité, en dépit de leur chamaillerie, était manifeste, Didier pouvait constater qu’Hiraeth jouait le parfait gentleman, s’abandonnant à des envolées poétiques sur le parfum enivrant du cigare, l’odeur qu’il associait à un passé lointain, une « enfance » que Didier n’était pas sûr de prendre entièrement au sérieux. Néanmoins, ce discours, touchant par instants à l’intime, parvint à faire vibrer une corde sensible chez le républicain. Didier esquissa un sourire en coin, bien dissimulé derrière son verre. Le romantisme grandiloquent du Caravanier, cette volonté manifeste d’épater l’auditoire, l’amusait autant qu’elle l’intriguait.
Astuce, elle, regardait Hiraeth avec un mélange de malice et de patience, probablement bien accoutumée aux élans lyriques de son compagnon. Par un geste discret, elle s’était mise en retrait pour laisser place à cette joute verbale, non sans s’adonner au plaisir de contempler la scène. Didier, de son côté, s’attarda quelques instants sur cette même Astuce, appréciant à sa manière le caractère posé et espiègle de l’elfe, ses sourires en coin et ses regards ponctuels en direction de son chef. Si son mutisme la rendait presque invisible, sa seule présence venait pourtant donner une dimension plus complexe au dialogue.
Une fois Hiraeth arrivé au bout de sa tirade, Didier laissa planer un silence en guise de réponse, le temps de finir son verre et de faire miroiter ses mots dans sa tête. Un sourire, amusé mais sincère, éclaira son visage. Se penchant légèrement en avant, il répondit sur un ton neutre, sans toutefois dissimuler l'ombre de sympathie qui se dessinait dans ses paroles tandis que, plus loin dans la salle, on pouvait entendre une interprétation de « Douce Dame Jolie » :
« Oui, je comprends… » Commença-t-il, déposant son verre avec une certaine solennité. « Mais dites-vous bien, cher ami, que vous avez encore votre destin entre les mains. Que tout ce qui est passé est certes précieux, mais ce qui est devant vous ne l’est pas moins. » Un clin d’œil léger accompagna sa remarque, adressé autant à Astuce qu’à Hiraeth.
Didier se remémora quelques images de son enfance, des souvenirs de Champbois, où les nuits étaient plus longues et les paysages plus sereins. Certes, il y avait bien dans cet instant un brin de nostalgie, mais Didier savait aussi que s’attarder trop longuement sur le passé ne menait qu’à s’alourdir inutilement le cœur.
« Un bon verre, une bonne compagnie, voilà ce que je considère comme des trésors à apprécier pleinement, ici et maintenant. Peut-être qu’il vaut mieux garder ces souvenirs précieux là où ils sont, intacts, dans une place d’honneur. »
Il se tourna vers le cigare qui reposait dans le cendrier. En voyant l’élégance avec laquelle Hiraeth avait manipulé l’objet malgré son manque d’expérience, Didier sentit une pointe de respect pour le Caravanier. Néanmoins, il se permit une remarque plus pragmatique, fidèle à son esprit terre-à-terre.
« Vous savez, je n’ai pas connu votre version de Kaizoku. Quand je suis arrivé, l’île avait déjà été façonnée par le temps et par l’histoire, un peu comme ce cigare qui se consume, changeant à chaque bouffée, inévitablement. Mais je peux comprendre ce que vous ressentez. J’ai vu l’île avant l’éruption du mont Ephaïs, et cela l’a changée bien plus qu’on ne pourrait l’imaginer. Elle ne retrouvera jamais totalement son visage d’antan, et même après de longues années, ce sera un tout autre Kaizoku qui subsistera. Mais je ne vois pas cela comme une fatalité. Le changement, si on y regarde bien, peut être une belle source d’opportunités et de plaisirs renouvelés. » Ses mots résonnaient avec une conviction certaine, ancrés dans cette philosophie personnelle qui le poussait toujours à se tourner vers l’avenir, même quand il se trouvait en proie à la nostalgie. Le regard de Didier croisa alors celui de l'elfe, ils échangèrent un sourire avant qu'elle ne lui tende ce qui restait de leur moitié de cigare.
Prenant alors le morceau qu’Astuce lui avait tendu, Didier le déposa dans le cendrier, adressant à l’elfe un sourire complice. Les yeux du marchand brillaient d’une lueur malicieuse avant de revenir vers Hiraeth. Il s’autorisa un soupir, comme pour détendre l’atmosphère, avant de reprendre la parole, adoptant cette fois-ci un ton plus chaleureux.
« Cela dit. » Reprit-il avec un sourire plus large. « Je ne suis peut-être pas capable de vous offrir votre ‘autrefois’, mais si vous en avez l’envie, je peux vous proposer une traversée. Kaizoku est prévue dans mes voyages d’ici deux mois. Vous pourriez venir et, qui sait, redécouvrir ces rivages avec un autre regard. Ô certes, peut-être pas celui de l’enfant qui jadis contemplait l’horizon, mais celui de l’homme expérimenté qui retrouve les traces du passé. »
Didier laissa la proposition en suspens, la curiosité dans ses yeux, attendant la réaction du Caravanier. Astuce, toujours aux aguets, esquissa un sourire malicieux en croisant le regard de Didier, comme si elle lisait quelque chose de plus profond dans cet échange. Une lueur de défi, peut-être, un jeu d’ombres et de lumières qu’elle semblait saisir mieux que quiconque.
Le marchand inclina légèrement la tête, un sourire amusé aux lèvres. L'invitation était lancée, et il était curieux de voir ce qu’Hiraeth, ce personnage singulier, ferait de cette opportunité. Le Libertéen leva alors la main à l’attention du barman, lui faisant signe de lui reverser un autre verre.
Notant chaque exagération dans les gestes, chaque sourire un peu trop large, chaque œillade en direction d’Astuce, dont la complicité, en dépit de leur chamaillerie, était manifeste, Didier pouvait constater qu’Hiraeth jouait le parfait gentleman, s’abandonnant à des envolées poétiques sur le parfum enivrant du cigare, l’odeur qu’il associait à un passé lointain, une « enfance » que Didier n’était pas sûr de prendre entièrement au sérieux. Néanmoins, ce discours, touchant par instants à l’intime, parvint à faire vibrer une corde sensible chez le républicain. Didier esquissa un sourire en coin, bien dissimulé derrière son verre. Le romantisme grandiloquent du Caravanier, cette volonté manifeste d’épater l’auditoire, l’amusait autant qu’elle l’intriguait.
Astuce, elle, regardait Hiraeth avec un mélange de malice et de patience, probablement bien accoutumée aux élans lyriques de son compagnon. Par un geste discret, elle s’était mise en retrait pour laisser place à cette joute verbale, non sans s’adonner au plaisir de contempler la scène. Didier, de son côté, s’attarda quelques instants sur cette même Astuce, appréciant à sa manière le caractère posé et espiègle de l’elfe, ses sourires en coin et ses regards ponctuels en direction de son chef. Si son mutisme la rendait presque invisible, sa seule présence venait pourtant donner une dimension plus complexe au dialogue.
Une fois Hiraeth arrivé au bout de sa tirade, Didier laissa planer un silence en guise de réponse, le temps de finir son verre et de faire miroiter ses mots dans sa tête. Un sourire, amusé mais sincère, éclaira son visage. Se penchant légèrement en avant, il répondit sur un ton neutre, sans toutefois dissimuler l'ombre de sympathie qui se dessinait dans ses paroles tandis que, plus loin dans la salle, on pouvait entendre une interprétation de « Douce Dame Jolie » :
Douce dame jolie,
Pour dieu ne pensés mie
Que nulle ait signorie
Seur moy fors vous seulement.
Pour dieu ne pensés mie
Que nulle ait signorie
Seur moy fors vous seulement.
« Oui, je comprends… » Commença-t-il, déposant son verre avec une certaine solennité. « Mais dites-vous bien, cher ami, que vous avez encore votre destin entre les mains. Que tout ce qui est passé est certes précieux, mais ce qui est devant vous ne l’est pas moins. » Un clin d’œil léger accompagna sa remarque, adressé autant à Astuce qu’à Hiraeth.
Didier se remémora quelques images de son enfance, des souvenirs de Champbois, où les nuits étaient plus longues et les paysages plus sereins. Certes, il y avait bien dans cet instant un brin de nostalgie, mais Didier savait aussi que s’attarder trop longuement sur le passé ne menait qu’à s’alourdir inutilement le cœur.
« Un bon verre, une bonne compagnie, voilà ce que je considère comme des trésors à apprécier pleinement, ici et maintenant. Peut-être qu’il vaut mieux garder ces souvenirs précieux là où ils sont, intacts, dans une place d’honneur. »
Il se tourna vers le cigare qui reposait dans le cendrier. En voyant l’élégance avec laquelle Hiraeth avait manipulé l’objet malgré son manque d’expérience, Didier sentit une pointe de respect pour le Caravanier. Néanmoins, il se permit une remarque plus pragmatique, fidèle à son esprit terre-à-terre.
« Vous savez, je n’ai pas connu votre version de Kaizoku. Quand je suis arrivé, l’île avait déjà été façonnée par le temps et par l’histoire, un peu comme ce cigare qui se consume, changeant à chaque bouffée, inévitablement. Mais je peux comprendre ce que vous ressentez. J’ai vu l’île avant l’éruption du mont Ephaïs, et cela l’a changée bien plus qu’on ne pourrait l’imaginer. Elle ne retrouvera jamais totalement son visage d’antan, et même après de longues années, ce sera un tout autre Kaizoku qui subsistera. Mais je ne vois pas cela comme une fatalité. Le changement, si on y regarde bien, peut être une belle source d’opportunités et de plaisirs renouvelés. » Ses mots résonnaient avec une conviction certaine, ancrés dans cette philosophie personnelle qui le poussait toujours à se tourner vers l’avenir, même quand il se trouvait en proie à la nostalgie. Le regard de Didier croisa alors celui de l'elfe, ils échangèrent un sourire avant qu'elle ne lui tende ce qui restait de leur moitié de cigare.
Mais vo douce maistrie
Maistrie Mon cuer si durement
Qu'elle le contralie
Et lie
En amour tellement
Maistrie Mon cuer si durement
Qu'elle le contralie
Et lie
En amour tellement
Prenant alors le morceau qu’Astuce lui avait tendu, Didier le déposa dans le cendrier, adressant à l’elfe un sourire complice. Les yeux du marchand brillaient d’une lueur malicieuse avant de revenir vers Hiraeth. Il s’autorisa un soupir, comme pour détendre l’atmosphère, avant de reprendre la parole, adoptant cette fois-ci un ton plus chaleureux.
« Cela dit. » Reprit-il avec un sourire plus large. « Je ne suis peut-être pas capable de vous offrir votre ‘autrefois’, mais si vous en avez l’envie, je peux vous proposer une traversée. Kaizoku est prévue dans mes voyages d’ici deux mois. Vous pourriez venir et, qui sait, redécouvrir ces rivages avec un autre regard. Ô certes, peut-être pas celui de l’enfant qui jadis contemplait l’horizon, mais celui de l’homme expérimenté qui retrouve les traces du passé. »
Didier laissa la proposition en suspens, la curiosité dans ses yeux, attendant la réaction du Caravanier. Astuce, toujours aux aguets, esquissa un sourire malicieux en croisant le regard de Didier, comme si elle lisait quelque chose de plus profond dans cet échange. Une lueur de défi, peut-être, un jeu d’ombres et de lumières qu’elle semblait saisir mieux que quiconque.
Le marchand inclina légèrement la tête, un sourire amusé aux lèvres. L'invitation était lancée, et il était curieux de voir ce qu’Hiraeth, ce personnage singulier, ferait de cette opportunité. Le Libertéen leva alors la main à l’attention du barman, lui faisant signe de lui reverser un autre verre.
A jointes mains deprie
Vo cuer, puis qu'il m'oublie,
Que temprement m'ocie,
Car trop langui longuement.
Douce dame jolie...
Vo cuer, puis qu'il m'oublie,
Que temprement m'ocie,
Car trop langui longuement.
Douce dame jolie...
Message N°7
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Alors ça !
Alors ça...
Voilà une excellente nouvelle.
Les caravaniers échangent un regard qui en dit long. Astuce sautille sur son tabouret, inconsciemment, et déploie son artillerie lourde en papillonnant en direction de Belles-Bottes. Hiraeth attrape son verre et le termine cul sec, avant de se pencher vers son homologue et de saisir ses mains pour les secouer avec effusion.
« Cher ami, ce serait... Formidable ! Merveilleux ! J'ai peine à croire que ce serait possible, mais si cela venait à se préciser, j'en serais profondément honoré. »
Il appuie son mouvement d'un sourire sincère, retenant quelques secondes sa poigne avant de libérer le marchand et de faire signe au barman qu'il s'agit de sa tournée.
Les voilà donc tous les trois munis d'un Vieil Hêtre, alors que le Caravanier, visiblement détendu, engloutit en quelques bouchées son assiette froide. Astuce prend le relais et rapproche subrepticement son assise de Didier.
« Je ne sais de quelle manière nous pourrions vous remercier pour cela, bien que je me doute que quelques opportunités marchandes seraient à votre goût. Et je suppose que la traversée ne serait pas gratuite. Si nous parvenons à mettre la main sur certaines... informations dans les îles, il est probable que vous puissiez percevoir un pourcentage sur nos gains à cette occasion. »
Avec un clin d’œil, elle lève son verre à la santé du libertéen. Puis jetant un coup d’œil à Hiraeth bien occupé par son assiette, elle en profite pour se rapprocher du marchand et lui glisser à l'oreille, lui laissant à cette occasion une ligne de visée nette sur son décolleté :
« Sans compter les avantages en nature. »
Se retirant avec un sourire, laissant sa main effleurer la cuisse de l'homme sans réel contact, elle s'absorba dans l'éclusage de son verre alors que le Caravanier se tourna de nouveau vers eux, son assiette méticuleusement vidée, avec un air prouvant qu'il n'était absolument pas dupe des manœuvres de sa coéquipière.
Elle se mit à observer ses ongles d'un air absolument neutre et compassé.
A son tour de rire, avant de revenir à la conversation.
« Voilà qui place notre discussion sous les excellents auspices d'une possible collaboration fructueuse.
A mon tour, cher Didier, de vous faire une offre.
Voyez-vous, nous faisons beaucoup de commerce dans les étoffes. A en voir le choix de la coupe et des tissus de vos vêtements, ce pourrait être votre cas également. Mais néanmoins, peut-être que nous pourrions vous obtenir des opportunités en ce domaine que vous ne trouverez pas ailleurs. Des soieries du Reike, notamment... et du coton de nuage. Nous sommes les intermédiaires directs de fileries du sud, qui allient les savoirs de Shoumeï dans les tissages fins et les broderies d'or aux matériaux sans pareil des magnaneries de Kyouji.
Nous avons bien d'autres atouts et fournisseurs, mais nous faisons dans la qualité rare sur ce plan.
Possible aussi que nos trajets vous intéressent, pour faire circuler des messages, des informations, des marchandises... Nous sommes ouverts à toute proposition. »
Sans insister sur cette dernière phrase, Hiraeth réussit à y mettre l'emphase nécessaire pour qu'un léger doute plane. Toute proposition. Sans nul doute, toute proposition honorable et légale. Ou peut-être que...
Ouverts à toute proposition, c'est bien ce qu'il semblerait, côté Hiraeth comme côté Astuce... bien que pas sur les mêmes plans.
Quel choix alléchant, pour le marchand libertéen.
« Il y a sans doute quelque chose, un service, une information, qui vous intéresserait, cher ami. Vous savez ce qu'on dit, les bons comptes... »
La table des caravaniers est désertée, et nettoyée par une serveuse replète au visage agréable constellé de taches de rousseur. Les couples ont cessé de tournoyer, il demeure quelques irréductibles au rire alcoolisé. Un jeune homme blond lutine une fille de salle dans un coin comme s'il cherchait à se perdre dans son décolleté. Un type au bar portant bouc et beau chapeau cherche à accrocher depuis quelques minutes le regard d'Astuce, qui lui retourne un sourire poli.
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