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Qultarn
Didier Van Strijdonck
Phèdre
Tulkas
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Citoyen du Reike
Tulkas
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Race: Humain
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Alignement: Loyal mauvais
Rang: B
Encart HRP : Le post est ouvert à toute personne souhaitant s'impliquer dans le jeu Shoumeïen et de Maël, ainsi que de la corruption de la province. Vous pouvez intervenir dans la cérémonie des hommages pour parler à Tulkas ou Myriem, ou intervenir dans la ville en règle générale pour semer des trames scénaristiques que vous souhaiteriez voir abordées en PA. N'hésitez pas à me contacter pour plus d'informations. Pour une question de temporalité, ce rp se déroule la première/deuxième semaine de Septembre.
- Par la grâce du couple impérial, ses majestés Ayshara Ryssen et Tensaï Ryssen, qu’il soit connu de tous la nomination du nouveau gouverneur et protecteur de la Cité Blanche.
« Il y a un an de ça, je n’étais qu’un esclave. » Tulkas, aussi arrogant soit-il, n’avais jusqu’ici jamais pris le temps de coucher ses pensées sur le vélin d’un épais codex. « Un moins que rien, l’animal de compagnie et de combat d’un homme qui ne m’avais donné l’amour d’un père qu’en échange de la fortune que j’avais bâtie pour lui au prix de ma sueur, de mes larmes et de mon sang. » Mais le besoin lui était venu avec le temps, la première fois que l’idée lui avais traversé la tête, c’était quand il avait perdu son frère pour la première fois en revenant des entrailles d’un temple de Puantrus. « Ces dernières semaines ont été particulières pour moi et maintenant que je prends enfin le temps de m’asseoir et d’ôter l’armure, je ressens le besoin de consigner à l’éternité ces pensées qui hanteront mes nuits jusqu’à mon dernier souffle. »
- Par la grâce de Sa majesté impériale, Ayshara Ryssen, impératrice-dragon du Reike, mère des dragons et suzeraine d’Ikusa, de Taïsen, de Kyouji et de Maël ainsi que toutes leurs dépendances. Par la grâce de Sa Majesté Impériale, Tensaï Ryssen le Conquérant, empereur-dragon du Reike, protecteur de l’empire et suzerain d’Ikusa, de Taïsen, de Kyouji et de Maël ainsi que toutes leurs dépendances.
« J’ai toujours rêvé devenir une légende. Je pense que n’importe quel mortel qui a un jour marché sur la voie que j’emprunte et qui marchera un jour dans les traces de mes pas sera confronté aux mêmes craintes que moi. Cela me fait penser à ces anciennes légendes, qui remontent à l’époque où les Titans dissimulaient encore leur cruauté derrière le masque d’une bénévolence divine. Ces légendes, qui parlent d’un homme se collant des ailes de cire dans le dos, voulant décrocher le soleil de la mer d’éther dans laquelle il trône. Sans imaginer un instant que, comme tout ceux qui ont voulu un jour usurper Sa place, la cire fondrait bien avant qu’il ne touche ses rayons du bout des doigts. »
- Est nommé Protecteur et Intendant de Maël en récompense pour ses actes héroïques lors de la bataille de Melorn.
« Nous sommes enfin arrivés à Maël. La cité blanche, le dernier bastion de la civilisation dans des terres abandonnées par la grâce du Soleil et des Étoiles depuis la chute de l’ancien empire du Shoumeï. Où survivent péniblement les reliques d’une civilisation vassale à la bannière du Dragon, bien à l’abris derrière d’épaisses murailles blanches. A peine ais-je eu le temps de prendre possession de mes nouveaux quartiers et ma cohorte d’enfin se reposer après des semaines de trajets épuisants que le héraut impérial à exigé que se tienne ma cérémonie d’intronisation. Enfin, la mienne et la sienne. »
- Le Luteni Tulkas, à qui reviens la tâche de gouverneur, de protecteur et d’intendant.
S’avançant pour prendre la place centrale sur l’estrade, le nouvel intendant pris un instant pour observer ses nouveaux sujets. D’un côté, les descendants de l’ancienne noblesse du Shoumeï, qui portaient tous des titres qui témoignaient de la grandeur déchue de leurs lignées, frappées par la colère génocidaire des Titans. Des ducs et des comtes, des barons et des chevaliers, certaines familles avaient étées si puissantes qu’elles portaient encore aujourd’hui les armes des marquisats du nord et du sud. Autrefois, c’était eux qui gouvernaient ces terres, de la Cité Blanche jusqu’aux rives chaudes de la frontière républicaine. Mais, aujourd’hui, ils n’étaient rien de plus que des vassaux de l’empire du Dragon, autorisés à conserver des titres qui n’avaient qu’une valeur symbolique.
Car même si la Loi leurs donnait de légitimes revendications sur leurs terres familiales, ces dernières avaient été ravagées et abandonnées lors de la Désolation. Si bien que la seule chose qui les distinguait des colons Reikois n'était ni plus ni moins qu’un prédicat.
De l’autre côté, il y avait eux, ces filles et ces fils de l’Empire qui étaient venus en armes pour protéger les derniers survivants du Reike et qui avaient fait de Maël leurs propres maisons. En acceptant de devenir un protectorat, la cité avait été obligée de voir se institutions remplacées par celles du Reike, mettant ainsi un terme brutal à des millénaires d’histoires encore aujourd’hui scellés dans les bibliothèques de la Cité Blanche. Cette diaspora de colons Reikois était une force majeure dans la ville et on les retrouvait à tous les échelons de cette société. De vulgaires paysans travaillant dans les maigres champs fortifiés de Maël jusqu’aux notaires influents contrôlant des quartiers entiers de la dernière cité du Shoumeï. Le Reike était une nation qui semblait être au Zénith de sa puissance avec la défaite d’un titan et son peuple portait avec lui cette arrogance qui semblait gangréner l’empire du Dragon.
Il ne fallait pas être un visionnaire pour deviner les tensions qui secouaient cette ville bloquée dans un état de siège permanent contre les abominations des terres corrompues. L’implantation du culte du Shierak avait été difficile, comme une plante que l’on tente de bouter dans un jardin sauvage, les racines du culte impérial ne prenaient simplement pas. Trop de traditions baroques et ancestrales, ancrées dans des cultes du divin qui se fourvoyaient encore sur la mission véritable des titans.
Et si seulement le clivage religieux ne suffisait pas, il y avait d’autres problèmes bien plus terre-à-terre. La mauvaise gestion de la ville par les intendants précédents qui avaient profité du fief pour s’enrichir ou qui simplement se gavaient du prestige que leurs octroyait leurs statuts sans prendre le temps de gérer les véritables problèmes de la ville ou qui, pire encore, cultivaient ce statuquo dans lequel s’était enlisé la ville…
- Est nommée Tribun du Shoumeï, en récompense pour ses actes héroïques lors de la bataille de Melorn, la baronne Myriem de Boktor. À qui reviens la tâche de porte-parole et de représentante du peuple Shoumeïen.
Un murmure traversa l’assemblée, car si la nomination d’un Reikois au poste d’intendant était attendu par les autorités, c’était la première fois qu’une Shoumeïenne avait été nommée à un poste aussi important que celui de Tribun. Une ancienne tradition Reikoise, remontant à la conquête d'Akasha et de Tensaï le Grand, qui avais permis au Reike d’intégrer de façon plus homogène les peuplades conquises dans son passé lointain. Et surtout, c’était la première fois depuis la soumission de Maël qu’une véritable diarchie semblait s’installer.
- Est attendu de la part de l’honorable assemblée qu’elle reconnaisse la nomination et présente ses hommages à l’Intendant et au Tribun, qu’elle prête serment d’allégeance, de soutiens et de fidélité envers l’Empire…
« La cérémonie s’était éternisée ensuite, j’étais avec la Baronne, dans la salle du trône. La symbolique est un outil puissant auprès des nobles, le fait que mon trône était à peine légèrement plus haut que le sien ne leurs a surement pas échappé. Ni le fait qu’elle aussi avait son propre trône de pierre. Je ne comprends pas pourquoi elle a été nommée elle, plutôt que ce fameux Marquis de Tronceval, sa famille avait plus de prestige que la sienne, un lignage plus méritant. Après, de tous les nobles présents, elle était la seule à pouvoir prétendre être suzeraine de son propre domaine. Des heures, que nous avons passé à entendre les serments de l’assemblée, du plus grand marquis au plus humble des seigneurs ont ployé le genou face à nous, sous les yeux de la foule de roturiers qui siégeaient dans l’estrade. Comme de vulgaires voyeurs. Mais si la symbolique est puissante contre les nobles, elle l’est encore plus aux yeux du petit peuple. Une fois la cérémonie terminée, nous nous sommes rendus dans les quartiers de mon prédécesseur. Et nous nous sommes mis au travail. »
- Tribun, un titre qui sonne bien, n’est-ce pas ? Disait-il en dépliant une carte du domaine d’une main. Vous vouliez me parler des risques d’épidémie, si je ne m’abuse. Hm, ma gouvernance commence sous de bien mauvais augures.
- Ud rea, ud sura rea -
Citoyen du monde
Phèdre
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Phèdre se tenait dans l'ombre de Qultarn. Il en allait ainsi depuis qu’ils avaient quitté les terres corrompues qui leur servaient de refuge pour rallier Maël et ses gigantesques tours blanches. La cité portait bien son nom et la renvoyait à un passé en lambeau dont elle peinait à rassembler les morceaux. C’était l’une des raisons qui l’avait poussé à accompagner leur nouvelle recrue dans un endroit où elle n’aurait jamais dû se trouver, où ils n’auraient jamais dû se trouver. Parce qu’elle voulait voir de ses propres yeux, cette cité qui lui était aussi étrangère que familière. Une part d’elle connaissait par cœur chacune des ruelles, l’autre se sentait comme une intruse dans sa propre maison. Dans les deux cas, tout en elle s'indignait de la présence du Reike en ces lieux. Plus qu’aux Titans, ces terres appartenaient au Shoumei, à son peuple, pas au Reike, ni au Reikois. Des sauveurs qui volent les terres en guise de tribus ne sont guère plus que des voleurs avec un joli nom. Et les Dieux seuls savaient que si cette plaie d’Impératrice et ses ancêtres étaient sagement restés à leurs places, jamais rien de tout cela n’aurait eu lieu. Qu’ils nomment une Shoumeïenne comme tribun ne changeait rien mais que cette dernière accepte sans sourciller… Phèdre aurait voulu lui rompre le cou, si seulement elle n’était pas certaine que le sien le soit avant d’y parvenir. De Boktor avait sa petite réputation, et la demi-fae n’entendait pas s’y frotter. La mépriser de loin était, pour l’heure, amplement suffisant.
“Il n’est pas là…” Murmura la voix d’Eris en son for intérieur, déçue.
Son regard balaya les alentours.
C'était pourtant la seconde raison qui avait poussé Phèdre à accompagner Qultarn malgré ses réticences.
En vérité, c’était Eris qui l’avait forcé. Sa présence avait tendance à s’amoindrir lorsqu’elle se trouvait en présence de Siame ou à Benedictus, à la manière d’une bête blessée, elle se terrait sagement dans un recoin de son esprit, se contentant de maigres commentaires et interventions. Mais lorsqu’il avait été porté à son attention qu’une délégation Reikoise, ainsi que l’impératrice et l’empereur allaient tous deux être présents, elle était sortie de sa coquille comme un poussin nouveau né. “Je dois y aller, je dois y aller, je dois y aller !” Avait piaillé Eris. Tant et si bien que Phèdre avait fini par se convaincre qu’elle avait envie d’y aller.
“Je pensais qu’il viendrait…” Continua-t-elle alors que l’Autre levait les yeux au ciel, l’air agacé. “C’est un Reikois. Humain de surcroît. L’amitié n’a pas d’importance pour eux.” Songea Phèdre avant qu’Eris ne surenchérisse : “C’est au-delà de ça, tu le sais aussi bien que moi !”. C’était bien plus que cela, largement plus, infiniment plus pour la fae qui avait, il y a de cela plusieurs mois, défié l’autorité de Phèdre sur son corps pour faire ses adieux à un homme qu’elle ne pensait plus jamais voir. C’était d’ailleurs cela qui lui avait permis de prendre le dessus, la promesse de ne plus jamais rencontrer Zéphyr. L’Autre avait consenti à la laisser faire parce qu’immanquablement la peine de l’une était celle de l’autre. Mais aujourd’hui, Eris la trahissait, elle l’avait compris dès qu’elle avait perçu son agitation à la mention du Reike. Eris misait tout sur cette visite à Maël, elle avait même écrit une lettre ridicule que, plus ridiculement encore, Phèdre gardait savamment cachée dans le repli intérieur de sa veste. Elle détestait Zéphyr au moins aussi profondément qu’Eris en était amoureuse, pourtant elle était là.
— L’intendant, tu le connais ? Lança finalement Phèdre de sa voix velouté, agrippant l’avant bras de Qultarn pour le forcer à ralentir.
Elle avait beau être grande, une des enjambées du soldat était au moins deux des siennes, marcher côte à côte dans une foule aussi dense n’était pas chose aisée.
— Je ne sais pas si je dois admirer ta folie ou ta bêtise. Lui avoua-t-elle en remontant à sa hauteur. — Mais être ici, au nez et à la barbe de ces imbéciles, ça a quelque chose de grisant. Puis elle tira sur la capuche bleu marine qui dissimulait sa chevelure particolore. Eris avait passé suffisamment de temps dans les archives et entourés de bouquins pour ne pas être reconnu au premier coin de rue, mais l’étrange couleur de ses cheveux attirait tout de même l’attention et il suffirait d’un seul regard, celui de la mauvaise personne, pour les précipités vers leur perte.
— J'aimerais rencontrer l’intendant, ce serait amusant, tu ne crois pas ? Roucoula-t-elle, l’air espiègle.
“Il n’est pas là…” Murmura la voix d’Eris en son for intérieur, déçue.
Son regard balaya les alentours.
C'était pourtant la seconde raison qui avait poussé Phèdre à accompagner Qultarn malgré ses réticences.
En vérité, c’était Eris qui l’avait forcé. Sa présence avait tendance à s’amoindrir lorsqu’elle se trouvait en présence de Siame ou à Benedictus, à la manière d’une bête blessée, elle se terrait sagement dans un recoin de son esprit, se contentant de maigres commentaires et interventions. Mais lorsqu’il avait été porté à son attention qu’une délégation Reikoise, ainsi que l’impératrice et l’empereur allaient tous deux être présents, elle était sortie de sa coquille comme un poussin nouveau né. “Je dois y aller, je dois y aller, je dois y aller !” Avait piaillé Eris. Tant et si bien que Phèdre avait fini par se convaincre qu’elle avait envie d’y aller.
“Je pensais qu’il viendrait…” Continua-t-elle alors que l’Autre levait les yeux au ciel, l’air agacé. “C’est un Reikois. Humain de surcroît. L’amitié n’a pas d’importance pour eux.” Songea Phèdre avant qu’Eris ne surenchérisse : “C’est au-delà de ça, tu le sais aussi bien que moi !”. C’était bien plus que cela, largement plus, infiniment plus pour la fae qui avait, il y a de cela plusieurs mois, défié l’autorité de Phèdre sur son corps pour faire ses adieux à un homme qu’elle ne pensait plus jamais voir. C’était d’ailleurs cela qui lui avait permis de prendre le dessus, la promesse de ne plus jamais rencontrer Zéphyr. L’Autre avait consenti à la laisser faire parce qu’immanquablement la peine de l’une était celle de l’autre. Mais aujourd’hui, Eris la trahissait, elle l’avait compris dès qu’elle avait perçu son agitation à la mention du Reike. Eris misait tout sur cette visite à Maël, elle avait même écrit une lettre ridicule que, plus ridiculement encore, Phèdre gardait savamment cachée dans le repli intérieur de sa veste. Elle détestait Zéphyr au moins aussi profondément qu’Eris en était amoureuse, pourtant elle était là.
— L’intendant, tu le connais ? Lança finalement Phèdre de sa voix velouté, agrippant l’avant bras de Qultarn pour le forcer à ralentir.
Elle avait beau être grande, une des enjambées du soldat était au moins deux des siennes, marcher côte à côte dans une foule aussi dense n’était pas chose aisée.
— Je ne sais pas si je dois admirer ta folie ou ta bêtise. Lui avoua-t-elle en remontant à sa hauteur. — Mais être ici, au nez et à la barbe de ces imbéciles, ça a quelque chose de grisant. Puis elle tira sur la capuche bleu marine qui dissimulait sa chevelure particolore. Eris avait passé suffisamment de temps dans les archives et entourés de bouquins pour ne pas être reconnu au premier coin de rue, mais l’étrange couleur de ses cheveux attirait tout de même l’attention et il suffirait d’un seul regard, celui de la mauvaise personne, pour les précipités vers leur perte.
— J'aimerais rencontrer l’intendant, ce serait amusant, tu ne crois pas ? Roucoula-t-elle, l’air espiègle.
Citoyen de La République
Didier Van Strijdonck
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Cela faisait plusieurs jours que le républicain parcourait les rues sinueuses et chargées d’histoire de la Cité Blanche. Présent pour « affaires », le marchand républicain accomplissait ses objectifs : parcourir le Sekaï, faire des rencontres, se montrer et, si possible, élargir ses réseaux afin d’accroître ses perspectives commerciales et professionnelles. Néanmoins, un but plus personnel l’avait amené à fouler les pavés de la cité shoumeïenne. En effet, sa ferveur pour la titanide retenue au Berceau n’avait fait que croître durant les derniers mois, et il éprouvait le besoin de s’en approcher, peu ou prou.
Maël, autrefois sanctuaire de savoirs magiques et théologiques, n’était plus que l’ombre d’elle-même. Ses majestueuses églises de marbre blanc, désormais reconverties en bastions militaires reikois, ne résonnaient plus des chants et prières de leurs anciens adeptes, mais des vociférations et des injonctions de leurs nouveaux occupants. Les temps changent, et les vainqueurs écrivent l’histoire, marquant de leur empreinte la cité. La nouvelle de la double nomination d’un nouveau gouverneur à la tête de la cité, ainsi que de la porte-parole du peuple shoumeien, avait été un bon prétexte pour se rendre dans cette ville au passé tumultueux.
Un parfum âcre d'ambition et de rivalité latente flottait dans l'air, mêlé aux vestiges d'une époque où l'harmonie dominait. Didier, dans sa quête discrète, espérait y croiser des partisans de Zeï. Mais, sans doute s’y était-il mal pris ou avait-il été trop timoré dans ses démarches, il était revenu en broucouille de ses pérégrinations urbaines, du moins jusque-là. Il espérait néanmoins encore trouver, non seulement de tels partisans, mais également une voie vers un futur plus apaisé avec lui-même et, si possible, dans l’ombre de Zeï.
Le jour de la cérémonie, il était parvenu à prendre place parmi l’assemblée, quoique à une belle distance de l’estrade. Il ne connaissait ni celui qui allait être fait gouverneur, ni celle qui représenterait le peuple shoumeien. Après un temps d’attente, la cérémonie débuta, solennelle. Après les déclarations d’usage, il fut fait mention de la bataille de Melorn.
Melorn… Didier n’avait qu’une vague idée de ce qui s’y était déroulé, mais ce qu’il en savait était suffisant pour comprendre que l’événement avait eu une portée stratégique, cette cité ayant été contestée par les forces pro-titanides. Il y avait eu énormément de morts, et une cérémonie officielle s’était tenue après la bataille pour honorer ceux qui étaient tombés pour défendre la cité.
Didier, se tenant parmi la foule, observait avec une attention feinte le déroulement de la cérémonie qui allait sceller le destin de Maël. Le Luteni Tulkas, nouvel intendant de la cité, se tenait au centre, scrutant l'assemblée d'un regard perçant, comme s'il cherchait déjà à jauger ses nouveaux sujets. Les descendants de l'ancienne noblesse du Shoumeï, vestiges d'un passé glorieux, se tenaient à gauche, leurs titres scintillants tels un souvenir lointain, tandis qu'à droite, les colons reikois affichaient une assurance teintée d'arrogance, à l'image de leur empire en pleine expansion.
Didier réfléchissait à la complexité des liens qui unissaient ces deux factions, toutes deux prises dans les mailles d’une toile politique délicate. Le murmure qui parcourut l’assemblée lors de la nomination de la baronne Myriem de Boktor en tant que Tribun du Shoumeï éveilla son intérêt. Une Shoumeïenne à un poste si élevé, c'était presque un signe d'espoir. Pourtant, il savait que cette diarchie aurait fort à faire pour apaiser la tension ambiante qui régnait dans la ville.
Alors qu'il s'attardait sur les visages dans la foule, il se demanda si cette cérémonie était vraiment le début d'une nouvelle ère ou simplement un autre chapitre d'une histoire tourmentée. Mais pour lui, le républicain, c'était l'occasion de voir comment ces nominations allaient influencer la dynamique au sein de la Cité Blanche. Peut-être… Peut-être y aurait-il des coups à jouer dans cette partie du Sekaï.
Maël, autrefois sanctuaire de savoirs magiques et théologiques, n’était plus que l’ombre d’elle-même. Ses majestueuses églises de marbre blanc, désormais reconverties en bastions militaires reikois, ne résonnaient plus des chants et prières de leurs anciens adeptes, mais des vociférations et des injonctions de leurs nouveaux occupants. Les temps changent, et les vainqueurs écrivent l’histoire, marquant de leur empreinte la cité. La nouvelle de la double nomination d’un nouveau gouverneur à la tête de la cité, ainsi que de la porte-parole du peuple shoumeien, avait été un bon prétexte pour se rendre dans cette ville au passé tumultueux.
Un parfum âcre d'ambition et de rivalité latente flottait dans l'air, mêlé aux vestiges d'une époque où l'harmonie dominait. Didier, dans sa quête discrète, espérait y croiser des partisans de Zeï. Mais, sans doute s’y était-il mal pris ou avait-il été trop timoré dans ses démarches, il était revenu en broucouille de ses pérégrinations urbaines, du moins jusque-là. Il espérait néanmoins encore trouver, non seulement de tels partisans, mais également une voie vers un futur plus apaisé avec lui-même et, si possible, dans l’ombre de Zeï.
Le jour de la cérémonie, il était parvenu à prendre place parmi l’assemblée, quoique à une belle distance de l’estrade. Il ne connaissait ni celui qui allait être fait gouverneur, ni celle qui représenterait le peuple shoumeien. Après un temps d’attente, la cérémonie débuta, solennelle. Après les déclarations d’usage, il fut fait mention de la bataille de Melorn.
Melorn… Didier n’avait qu’une vague idée de ce qui s’y était déroulé, mais ce qu’il en savait était suffisant pour comprendre que l’événement avait eu une portée stratégique, cette cité ayant été contestée par les forces pro-titanides. Il y avait eu énormément de morts, et une cérémonie officielle s’était tenue après la bataille pour honorer ceux qui étaient tombés pour défendre la cité.
Didier, se tenant parmi la foule, observait avec une attention feinte le déroulement de la cérémonie qui allait sceller le destin de Maël. Le Luteni Tulkas, nouvel intendant de la cité, se tenait au centre, scrutant l'assemblée d'un regard perçant, comme s'il cherchait déjà à jauger ses nouveaux sujets. Les descendants de l'ancienne noblesse du Shoumeï, vestiges d'un passé glorieux, se tenaient à gauche, leurs titres scintillants tels un souvenir lointain, tandis qu'à droite, les colons reikois affichaient une assurance teintée d'arrogance, à l'image de leur empire en pleine expansion.
Didier réfléchissait à la complexité des liens qui unissaient ces deux factions, toutes deux prises dans les mailles d’une toile politique délicate. Le murmure qui parcourut l’assemblée lors de la nomination de la baronne Myriem de Boktor en tant que Tribun du Shoumeï éveilla son intérêt. Une Shoumeïenne à un poste si élevé, c'était presque un signe d'espoir. Pourtant, il savait que cette diarchie aurait fort à faire pour apaiser la tension ambiante qui régnait dans la ville.
Alors qu'il s'attardait sur les visages dans la foule, il se demanda si cette cérémonie était vraiment le début d'une nouvelle ère ou simplement un autre chapitre d'une histoire tourmentée. Mais pour lui, le républicain, c'était l'occasion de voir comment ces nominations allaient influencer la dynamique au sein de la Cité Blanche. Peut-être… Peut-être y aurait-il des coups à jouer dans cette partie du Sekaï.
Citoyen du monde
Qultarn
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L’ambiance était devenue moins tendue, plus accueillante, à Benedictus, après qu’ils aient sauvé Mégère. Après tout, il avait fait ses preuves, d’une part en tuant ses alliés précédents, des reikois et Gardiens du Berceau, et d’autre part en libérant la vénératrice de Zeï. Sa résilience à ce que les reikois appelaient à tort la Corruption de l’Arbre-Monde prouvait également sa foi. L’un dans l’autre, il commençait à échanger de plus en plus avec les zélotes de la ville, et cela participait également à son entrée dans cette nouvelle famille.
Bien sûr, il était naturel dans la vie de faire ses preuves continuellement, et il prenait plaisir à accomplir la Volonté des Titans. Pour cela, il avait fait le déplacement à Maël en compagnie de Phèdre, la Soeur d’Aurya avec laquelle ils avaient libéré la vieille fae. Leur entrée dans la ville n’avait pas posé problème, les soldats reikois aux portes ne leur ayant adressé qu’un rapide regard avant de leur faire signe de pénétrer dans les avenues surpeuplées. Qultarn devait se retenir de tressaillir à chaque fois qu’un coude frôlait ses côtes, et sous son ample cape au capuchon relevé, sa cote de maille lâchait parfois un cliquetement métallique. Il avait laissé son armure de plates à Benedictus pour ne pas trop attirer la curiosité, gardant simplement son épée à sa ceinture.
Dans tous les cas, personne n’attendait des shoumeiens rescapés de la Guerre des Titans qu’ils se promènent sans armes alors même que les campagnes environnantes continuaient à être le temoin d’une lutte sans merci entre la Volonté des Titans, les monstres qui submergeaient les plaines et les forêts, et l’armée reikoise qui tentait tant bien que mal de raffermir son contrôle sur cette zone. Les bâtiments qui selon les rumeurs étaient d’un blanc immaculé portaient désormais les drapeaux reikois, ainsi que les bannières des corps d’armée qui les occupaient.
Qultarn en reconnaissait la plupart, et il n’était pourtant jamais venu ici : les guerres diverses auxquelles il avait participé au nom de Tensai n’avaient jamais poussé aussi loin à l’ouest au point de traverser le fleuve. Cependant, il avait pas pu parler avec quantité de vétérans qui, eux, avaient participé à ces batailles, et qui avaient des avis assez tranchés sur les habitants de la ville : ils avaient été lâches et veules, avaient plié devant les Titans jusqu’à ce que le Reike arrive pour rétablir l’ordre et résiste à l’envahisseur. Aussi, leur manque de reconnaissance vis-à-vis de leurs supérieurs était d’autant plus incompréhensible, les marquant du sceau de l’ingratitude.
Pour le drakyn, que la populace civile manque de courage et d’honnêteté ne lui semblait pas être quelque chose d’inhabituel, dans la mesure où il venait lui-même fréquemment se servir chez eux au temps jadis, et qu’ils brillaient rarement par leur volonté de prendre les armes pour défendre leurs biens. Aussi, qu’ils aient procédé de la même façon avec le Reike semblait même parfaitement dans l’ordre des choses.
Il laissa échapper un grommellement d’irritation en fixant un boucher qui venait de le bousculer et, tout homme fort qu’il était, l’humain s’excusa en marmonnant avant de s’éloigner du drakyn qui le surplombait de deux bonnes têtes. A côté de lui, Phèdre s’arrangeait pour ne pas le perdre dans la foule, alors qu’il avançait autant que possible vers la grande place à partir de laquelle l’annonce serait relayée.
Il avait été prévenu de ne pas venir trop près, mais souhaitait au moins voir la physionomie de la ville, ses défenses, et, peut-être se faire une opinion sur le nouvel Intendant et son tribun.
Son attention revint à la jeune quand elle lui adressa la parole, le distrayant momentanément du labyrinthe de rues qui menaient au centre-ville. Celles-ci étaient pavées, et les envahisseurs avaient manifestement fait un effort pour rendre la conquête par une autre armée difficile. Cela expliquait d’ailleurs pourquoi la presse des maëliens avançait aussi lentement. L’élu du couple impérial était un certain Tulkas, pas de nom de famille déclaré. S’il avait pu glaner quelques informations à droite à gauche, il n’avait pas la moindre idée de son apparence ni de son caractère.
« Non, je ne le connais pas. Il serait un ancien esclave qui se serait distingué sur les champs de bataille en compagnie des Serres Pourpres. J’étais déjà au Berceau à cette époque, et les nouvelles que nous recevions de l’extérieur étaient... parcellaires et succinctes. »
Les akkelanaks insistaient que cela leur permettait de ne pas être distrait par les remous du monde. Par contre, les victoires reikoises déclenchaient des célébrations sommaires et sobres organisées par la hiérarchie afin de maintenir le lien avec le reste de l’empire. Zeï lui avait appris à distinguer ces tentatives pour ce qu’elles étaient : de la propagande visant à les maintenir aveugles et embrigadés, ne touchant jamais mot des échecs du couple impérial. Il dut se retenir de frotter sa cuisse, là où ses tatouages magiques se trouvaient encore il y a de cela quelques semaines. Il en avait cauchemardé il y a quelques jours, de les revoir à nouveau, et que les Gardiens le pourchassent grâce à ceux-ci.
Mais il était à l’abri à Benedictus, contrairement à maintenant.
Un garde reikois fit de grands signes pour détourner la foule dans une rue perpendiculaire, au bout de laquelle deux autres indiquaient la suite. S’attendaient-ils à autant de gens ? Toute la ville semblait avoir fait le déplacement, de même que les paysans et notables des villages proches. Eux-mêmes venaient de plusieurs jours de marche, mais pas pour les mêmes raisons...
« Il faut prendre des risques pour espérer en tirer quelque chose, fit Qultarn à voix basse. Mais le risque doit rester mesuré, car nous jouons avec nos vies, et n’en avons qu’une seule. Si nous restons blottis dans Benedictus, non seulement nous ne seront pas dignes de nos maîtres, mais en plus, nous ne pousserons pas leur cause. Connaître son ennemi est la première étape sur le chemin de la victoire. »
Et s’il n’était pas un éclaireur spécialisé, préférant le confort de son armure et le fracas de la bataille, il en savait néanmoins assez pour venir examiner des positions adverses ou un village démuni. Sa main gauche se posa sur le pommeau de son épée. Il aurait pu la dégainer, couper à travers la foule, et ce serait autant de traîtres en moins. Mais quelle utilité, pour mourir sur un parvis quelconque ensuite ? Non, pour tuer le serpent, il fallait lui couper la tête, et non les parasites qui s’aggrippaient à lui.
« Le rencontrer sur le champ de bataille, alors. Ici, au milieu de tous ses gardes et loin de chez nous, il vaudrait mieux éviter. Même si nous l’assassinions... l’Empire placerait une autre marionnette à sa place. »
C’était le principe-même de la nation, et qui le dégoûtait à mesure qu’il y pensait.
Citoyen du monde
Myriem de Boktor
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Intendant et tribun
Avec du monde
Début septembre de l’An 5, Mael.
Les événements s'enchaînent mais pas forcément comme je l’avais escompté. J’avais été à Melorn, invitée par Savoir à le rejoindre en tant que Veilleurs de L’aurore pour défendre nos idéaux et notre voix et nous faire connaître aussi tout simplement. La bàs nous avons dû lutter contre cette maudite entité sombre que j’avais aidé à s’incarner sur le Sekaï. Cela était certes du passé mais cela continuerait de rester dans mon esprit comme une raison de me battre encore et toujours pour l’avenir. Je ne voulais pas d’un Sekaï dominé par la corruption.
Nous avons fait de notre mieux et nous avons réussi du moins nous le pensions même si tout n'était pas clair dans les événements de Melorn. A la fin, quand la corruption a disparu, c'était comme si elle s'était retirée des lieux. Mais cela ne devait pas occulter la victoire que nous avions arraché, le cœur des anciens et de Melorn donc était sauf. Et lors de ses événements j'ai croisé plusieurs personnes.
Bien sûr j'avais combattu aux côtés de Savoir mais aussi de Zéphyr. J'avais hâte de le revoir pour comprendre, j'avais cru le rencontrer de manière fortuite mais avec du recul et en connaissant son rôle au Reike cela me semblait totalement impossible, il m'avait tendu un piège. Pour m'étudier? Me juger? Je ne savais pas mais ma confiance envers lui que j'avais trouvé de si agréable compagnie était totalement émiettée. Il y avait aussi la guérisseuse, Kilaea, charmante et serviable. Un bon gros nain bourru et mal poli bien qu'il se montrât efficace et redoutable, je n'aurais pas aimé devoir l'affronter. Il y avait aussi cet homme étrange, d'une grande beauté mais mutique, muet probablement qui avait donné son bras sans l'ombre d'une hésitation et que j'avais aussi croisé près l'Arbre Monde.
Et parmi tous ces gens il y avait aussi le luteni, Tulkas. Un humain lui aussi, comme Zéphyr au demeurant, nous semblions parfois si peu nombreux à fouler le Sekai, imbu de sa personne, suffisant, hautain, et tellement coincé dans son armure. C'était un soldat, il le portait sur lui, servant avec force et volonté le couple impérial, ses mots, ses actes, tout était dédié à leur honneur. Il était en somme tout ce que je détestais par la force du destin, il incarnait l'autorité militaire reikoise qui s'était imposée à Maël, sauveurs inespérés lors de la guerre des titans et qui avait pris Maël en paiement des services rendus sur les terres de l'ancien Shoumeï.
Maël la Blanche, ma ville, mon coeur, elle était défigurée depuis des années par les trop nombreuses garnisons qui arpentaient les rues et qui portaient la livrée violette du Reike mais ruminer ne servait à rien, accepter pour aller de l’avant c’était nouveau pour moi mais mon séjour dans un endroit particulier avec Savoir m’avait grandement aidé. J’en étais revenue changée, sereine, et maîtresse de moi même et de mes émotions de nouveau, guérie en d’autres termes de mes tourments incessants et qui me rendaient presque bipolaires par moment.
Rentrée dans la blanche cité j’avais été surprise de recevoir un courrier impérial. Et rapidement une date pour les nominations importantes pour la vie de Mael fut annoncée. Dans la vaste salle de réception de l'Académie de Mael se tenait la cérémonie d'intronisation.
- Par la grâce du couple impérial, ses majestés Ayshara Ryssen et Tensaï Ryssen, qu’il soit connu de tous la nomination du nouveau gouverneur et protecteur de la Cité Blanche.
Debout, droite, je me tenais aux côtés de l'heureux élu. Droit, fier, reikois jusqu'au bout des ongles. Il pouvait être fier de sa nomination, de mon point de vue rien ne pouvait être pire que le démon anciennement nommé, au moins j'avais pu voir Tulkas à l'oeuvre. C'était un homme de terrain, expéditif comme le veut son origine de gladiateur mais qui œuvrait pour l'Arbre Monde et son équilibre et cela pouvait être un potentiel terrain d'entente. Bien sûr malgré tout, j'étais jalouse de sa nomination, j'avais tellement espéré et en un même temps je savais que je n'avais pas la moindre chance d'obtenir ce poste parce que j'étais shoumeienne de naissance et de coeur.
- Par la grâce de Sa majesté impériale, Ayshara Ryssen, impératrice-dragon du Reike, mère des dragons et suzeraine d’Ikusa, de Taïsen, de Kyouji et de Maël ainsi que toutes leurs dépendances. Par la grâce de Sa Majesté Impériale, Tensaï Ryssen le Conquérant, empereur-dragon du Reike, protecteur de l’empire et suzerain d’Ikusa, de Taïsen, de Kyouji et de Maël ainsi que toutes leurs dépendances.
J'observais l'Intendant sans la moindre gêne, il dominait l'assemblée, et attendait avec un regard brillant la fin de la cérémonie, comme je comprenais. A ses côtés, vêtue d'une robe noire d'une grande sobriété mais de belle facture, je me tenais tout aussi droite mais j'étais moins grande ou massive que lui, à ses côtés je devais paraître chétive alors que d'ordinaire je sortais du lot, grande, bien bâtie.
- Est nommé Protecteur et Intendant de Maël en récompense pour ses actes héroïques lors de la bataille de Melorn.
Le Luteni Tulkas, à qui reviens la tâche de gouverneur, de protecteur et d’intendant.
J'avais aussi fait cette bataille ! J'aurais pu, j'aurais du... Mais j'étais shoumeienne et cela fermait des portes forcément. Nous n'avions aucune chance en l'état actuel des choses de récupérer notre indépendance. Je croyais avec ferveur dans les idéaux prônés par Louise et par les Veilleurs, ils étaient l'étincelle, nous étions les suivants de l'Espoir incarné ! Et cela réchauffait mon coeur de savoir que cette étincelle avait éclos et qu'elle pouvait briller. Avec Savoir nous avions ramené des techniques de Melorn, de quoi aider le camp des Veilleurs à se développer, au village de renaître d'Argenti de renaître de ses Cendres. Je regardais la foule assemblée en ce jour, des shoumeiens, j'en connaissais un certain nombre, de nom, de tête, et des reikois, des inconnus. Il fallait accepter que pour un bon maintenant il aller falloir cohabiter, avancer ensemble et prouver que nous pouvions retrouver notre autonomie.
- Est nommée Tribun du Shoumeï, en récompense pour ses actes héroïques lors de la bataille de Melorn, la baronne Myriem de Boktor. À qui reviens la tâche de porte-parole et de représentante du peuple Shoumeïen.
Mon coeur manquant un battement, je le savais, j'étais aux côtés de Tulkas pour cette raison et pas une autre. J'aurais été dans la foule à assister à la cérémonie d'un regard extérieur mais je le vivais. Je sentais certains désapprobateurs couler sur moi, je me parjurais aux yeux de certains mais j'étais déjà restée dans l'ombre depuis des années pour quel résultat? J'avais remis sur pied le dispensaire du port et finalisé mes chantiers et ainsi offert gite, travail a plusieurs familles mais ce n'était pas suffisant, loin de là.
- Est attendu de la part de l’honorable assemblée qu’elle reconnaisse la nomination et présente ses hommages à l’Intendant et au Tribun, qu’elle prête serment d’allégeance, de soutiens et de fidélité envers l’Empire…
Je respirais lentement, il n'était pas prévu que nous parlions, nous devions attendre qu'on vienne s'adresser à nous, si jamais certains le souhaitaient, sinon, ils mangeraient, festoieraient en nos noms et nous pourrions nous retirer et nous rendre dans le vaste bureau de l'Intendant car nous avions à parler sérieusement mais cela viendrait après.
Je me suis tournée vers lui et j'ai incliné la tête avec respect pour ce que j'avais vu de lui à Melorn, pour le reste, tout était à prouver d'un côté comme de l'autre.
- Puissions nous travailler intelligemment ensemble Seigneur Tulkas. Je ferai tout pour que les intérêts des habitants de cette ville et ceux de la région soient respectés.
J'incluais tous ceux qui y vivaient maintenant, reikois compris, après tout, ils avaient choisi notre ville.
CENDRES
Citoyen du monde
Louise Aubépine
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Intendant et tribun
—Désolé jeune femme, vous n’êtes pas sur la liste. Vous n’entrez pas.
Aux portes de la ville de Maël devant les étendards de l’empire des sables, Louise clignait des yeux devant le soldat qui venait de lui mettre un stop magistral. La tête des veilleurs avait appris de la bouche de Savoir (où que cette dernière puisse se trouver), les derniers événements s’étant déroulés à Melorn, la façon dont il avait fini par recruter Myriem de Boktor au sein des veilleurs, celle qui, de tout évidence, avait elle ce petit quelque chose qui la pousserait à combattre jusqu’à la fin pour le bien être de Shoumeï et de ses habitants. Certes, elle s’était égarée une fois, faisant naître l’entité sombre mais elle avait montré un courage sans faille en acceptant ses torts et était prête à rattraper ses erreurs à bras le corps. Qui aurait pu imaginer qu’en si peu de temps, elle se serait déjà élevée si haut ? La démone, bien que prompt à accorder sa confiance, avait cru en cette dernière depuis leur première rencontre. Et bien qu’elles n’aient eu guère le temps de discuter davantage depuis les événements de la grotte aux racines, Louise avait toujours gardé dans un coin de son esprit cette rencontre, prédisant que Myriem irait loin. Le cœur de la tribun ne mentait pas ce jour-là, ni la conviction qui animait son regard. (Regard qui ne possédait qu’un œil. Louise chassa rapidement de son esprit la pensée qui lui soufflait que deux de ses plus importants alliés possédaient un nombre de globe oculaire différent de deux, afin de ne pas afficher un sourire idiot devant le soldat.)
Toujours était il qu’elle avait pris le temps de venir à cheval depuis Argenti lorsque l’incarnation de la connaissance lui avait expliqué la nouvelle place qu’allait occuper la baronne au sein de Maël. Le souci de la terre maudite était encore à régler, mais elle aurait été une très mauvaise meneuse si elle ne se rendait pas à l’un des moments les plus importants de la vie son alliée. Elle devait faire acte de présence, lui présenter ses hommages et surtout, ses félicitations sincères. Et peut-être aurait-elle la chance de se présenter au nouveau meneur de Maël. Un reikois portant le nom de Tulkas dont elle ne savait que peu de choses hormis ce qu’avait pu lui raconter son ami pluriloculaire. Pour finir, elle avait toujours été intéressée à l’idée de visiter la dernière ville shoumeienne encore debout. Bien que portant les couleurs du reike, l’âme de Shoumei subsistait au plus profond de cette dernière. Bon nombres d’habitants, si ce qu’elle avait entendu était exact, étaient shoumeiens.
Malheureusement, son objectif semblait se compromettre à fur et à mesure que les minutes s’écoulaient devant ce garde imperturbable. Et il était hors de question qu’elle ne suive pas les règles de la cité. Il était de son devoir de se comporter de manière irréprochable. Après tout, elle représentait directement son ordre de protecteurs du sekai.
Elle avait enfourché sa monture et était partie dans la minute, sans penser ne serait-ce qu'une malheureuse seconde, qu’il était impensable d’entrer dans une ville reikoise ainsi. Sans doute avait-elle pris l’habitude de son campement aux tentes trouées. Elle se promit alors de veiller à ce qu’Argenti ait également des murs le moment venu afin qu’on y entre pas comme dans un moulin.
Elle prit une inspiration pour ordonner ses idées avant de répondre au soldat.
—Je m’appelle Louise Aubépine, je représente les fiers et valeureux veilleurs de l’aurore.
—Ca ne me dit rien, circulez.
Piquée à vif, la démone afficha un sourire jaune en plissant les yeux. Elle se reprit rapidement.
—Je suis une amie de la tribun en devenir, Myriem de Boktor, continua-t-elle. Vous n’allez pas me laisser derrière les murs alors qu’elle vit la concrétisation de tout son travail acharné ? Je suis sûre qu’elle serait mécontente d’apprendre que vous m’avez laissé dehors.
C’était un coup bas que de jouer de ses relations ainsi, mais il était hors de question qu’elle n’assiste pas à l’événement. Elle aurait dû s'y prendre plus de temps à l’avance, la faute était sienne.
Le soldat souleva un sourcil. Il était évident qu’il n’en croyait pas un mot. Par chance, il s’agissait là d’un homme consciencieux. Il fit signe à un autre soldat.
—Essaye de voir si tu ne peux pas voir avec la tribun si elle connaît cette Louise Beaugrépine-
—Aubépine-
—Oui comme elle dit. On a encore un peu de temps, la cérémonie n’est que dans quelques heures.
Le second soldat acquiesça et se mit en route bien vite.
—Pendant ce temps-là, vous allez attendre ici. C’est que, d’autres invités de marques sont attendus.
—Bien monsieur… soupira la shoumeienne en allant s’asseoir sur une bûche d’arbre non loin de la ville. Posant sa tête contre sa main, s’appuyant sur son genou.
Elle était donc punie d’entrée pour le moment. Forcée d’observer les invités de dernière minute entrer dans la ville.
—Vous n’êtes pas sur la liste… je t’en donnerai moi des listes… grommela-t-elle dans sa barbe en continuant d’observer les arrivées, pieds et poings liés. Ne pouvant qu’espérer que le soldat aura le temps de prendre contact avec Myriem avant le début de la cérémonie.
Le temps se fit long. Louise bailla plusieurs fois par ennui ostentatoire, jalousant tous les arrivants qui avaient hâte de profiter de la cérémonie et de la potentielle fête qui en découlerait. Elle pensa un moment à Savoir, qui ne s’enlisait pas dans de telles règles. Une petite téléportation en plein milieu de Maël, et le tour était joué. Bon, il était aussi vrai qu’apparaître subitement sur la place principale, avec l’apparence qui était la sienne, dans un jour si important, lui aurait valu quelques coups de lances de la part de la garde. Mais Savoir était tellement particulier et sans gêne, qu’il aurait très bien pu ignorer les injonctions des gardes, marcher jusqu’à Myriem, lui dire ce qu’il avait à lui dire, puis repartir comme il était venu. Même si, de ce qu’elle en avait entendu, il n’aurait pas pu ignorer bien longtemps les injonctions si le fameux Tulkas s’en était mêlé. Une véritable foudre de guerre à la vue de ses faits d’armes. Et en soit, c’était une bonne chose. Maël méritait un protecteur capable de lui offrir la sûreté dont elle méritait. Il était bon de se dire, que les fanatiques auraient à passer sur le corps d’un tel héros reikois s’ils décidaient de s’en prendre à Maël.
Au bout de longues minutes insoutenables, le soldat revint pour chuchoter plus bas à l’oreille du premier. Visiblement contrarié, il fit signe à Louise d’approcher.
—Normalement, on ne se présente pas au dernier moment. Il y a des codes à suivre, mademoiselle Beaugrépine-
—C’est toujours Aubé-
—Quoi qu’il en soit ! Vous êtes conviée à présenter vos hommages. Vous auriez pu faire un effort sur l’apparence.
—C’est que, je n’ai pas vraiment le luxe de-
—Vous allez me remettre vos armes aussi. On vous les rendra lorsque vous quitterez la ville.
Louise hocha du chef, comprenant qu’il était inutile de discuter et se contenta d’opiner en silence devant les directives du soldat. Lorsqu’il eut fini, elle le remercia rapidement, lui remettant son épée et son bouclier, avant de filer au plus vite à l’intérieur de la ville pour lui échapper.
[...]
Quelques heures plus tard.
Louise faisait place au milieu des invités de marque. Le visage empourpré, elle ne s’était pas attendu à se retrouver si proches des nobles. Son armure cabossée et son visage à moitié brûlé par la racine, lui donnait clairement l’image de quelqu’un s’étant perdu. Les nobles lui lançaient des regards suspicieux. Quelques questions parcouraient leurs lèvres, certaines plus insultantes que d’autres, mais dans la globalité, ils se demandaient comment cette va-nu-pieds avait pu être invitée ici.
Gênée certes, elle baissa la tête attendant que la cérémonie ne commence. Par chance, cette dernière ne tarda pas et Louise releva le visage, voulant se donner un air solennel, copiant quelques soldats qui avaient les mains dans le dos en se tenant bien droit.
Elle put observer pour la première fois l’illustre Tulkas. Savoir n’avait pas menti, il se dégageait de lui quelque chose. Une sorte de force calme et sereine. Il n’était pas de ceux que Louise souhaitait voir en colère.
Lorsque la cérémonie touchait à sa fin, alors que Myriem était nommée officiellement tribun et que plusieurs murmures s’élevèrent dans la salle, Louise commença à applaudir de tout son cœur. Lançant alors quelques personnes qui applaudirent à leurs tours, donnant l’impression, si ce n’était pleinement le cas, que Maël acceptait avec joie l’arrivée de Myriem. Elle fixa son alliée avec un regard rempli de fierté, attendant son tour pour présenter ses hommages. Et lorsque le moment fût venu pour elle de s’approcher, elle s’avança devant le duo pour poser un genou au sol.
—Myriem, je suis heureuse de constater le chemin que vous avez parcouru ces derniers mois. Je sais que vous représenterez nos intérêts au mieux. J’ai la ferme conviction que ce n’est qu’un premier pas vers un destin encore plus grand pour vous. Savoir m’a confié vos faits d’armes. Comment vous avez vaincu vos démons et vos doutes. Comment vous avez réaffirmé votre envie de protéger Shoumei. Je suis heureuse de vous compter parmi notre ordre. Myriem de Boktor, sachez que ma lame sera à jamais au service de notre amitié. Puissiez vous avoir besoin d’une main tendue, je serais là pour vous la proposer. (Elle lui offrit un sourire encourageant en relevant la tête.) Mais pour l’heure, la gloire revient à Maël. Vous ferez un tribun d’exception. Faites de ce lieu un havre de paix et d’espoir pour les shoumeiens et tous ceux qui croient en la renaissance de Shoumei. Vous méritez votre place.
Elle tourna alors son regard vers Tulkas, toujours agenouillée en guise de respect.
—Intendant de Maël, nous ne nous connaissons pas encore. Mais j’ai bon espoir de travailler main dans la main avec vous afin de remettre en place les fanatiques qui pensent pouvoir s’en prendre à notre monde. Pour ce qui est de Maël, je m’en remets également à vous. Puisse votre force protéger chaque âme vivant derrière vos murailles. J’espère que votre collaboration avec dame de Boktor mène à un futur des plus radieux.
Elle se redressa alors en silence avant de rejoindre les rangs tandis qu’un nouveau noble venait rendre ses hommages. Myriem se chargerait de lui parler des veilleurs si ce n’était pas déjà fait. Louise resta silencieuse, suivant la procédure jusqu’à la fin de la cérémonie où elle fût finalement relâchée de ses obligations.
Elle leva la tête vers le ciel, un sourire sincère sur le visage. Le futur de Maël ne pouvait qu’être prometteur.
CENDRES
Citoyen du monde
Phèdre
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Autour d’eux la foule grouillait comme un essaim et les rues ne désemplissaient pas à mesure qu’ils avançaient en direction du centre-ville. Phèdre laissait ses yeux courir partout, elle lorgnait les façades et les drapeaux, fixait sans se gêner les visages des gens qu’ils croisaient et qui, généralement, détournaient rapidement le regard. En jouant des coudes, elle avait pu revenir à la hauteur de Qultarn mais ne pressait pas le pas pour autant, il n’avait qu’à marcher à sa vitesse après tout. Un darkyn qui avançait lentement serait toujours moins étrange qu’une fae trottinant dans son sillage.
— Qui a parlé de l’assassiner ? Répondit-elle lorsqu’il se tut. — Vous les guerriers ne pensez qu’à vous battre, manger, boire, baiser et tuer. Puis à nouveau baiser, un peu manger et boire beaucoup. De toute façon, nous en prendre à lui ici ce serait signer notre arrêt de mort. Lui jetant un coup d'œil, elle ajouta : — Non pas que je doute de tes capacités martiales, mais soyons honnête tu ne peux pas retenir toute une ville, pas plus que je ne saurais la charmer pour nous sortir d'affaires.
Ils continuèrent d'avancer dans l'avenue avant de bifurquer quand ils n’eurent plus le choix.
— Mais nous n’allons pas nous contenter d’arpenter les rues de Maël, n’est-ce pas ?
En tout cas, ce n’était pas son intention, elle n’avait pas marché durant des jours en tête à tête avec un drakyn pour se contenter de venir et de fêter la prise de pouvoir d’une traître à son sang et de son subalterne. A moins que ce ne soit le contraire…
— Si nos maîtres nous veulent en vie, alors nous le resterons. Et quitte à être ici, autant profiter tout en faisant ce pour quoi nous sommes là. D’un mouvement aussi vif qu’étrangement élégant, elle se planta devant lui et le força à s’arrêter. — Déride toi, un peu. Ni Malazach, ni ma sœur ne sont là pour nous épier. Quant aux coutumes du berceau… Tu n’y es plus enchaîné.
D’elle et sa sœur, Phèdre avait toujours été la mauvaise élève, la distraite. Même mille ans n’avaient su changer ça.
“Nous devrions faire profil bas” Gémit Eris et Phèdre lui répondit en grognant: “Si tu espères dégoter un Reikois capable de refourguer ta maudite lettre à ton humain, il va nous falloir approcher l’intendant ou son entourage.” Eris ne répondit pas.
— Alors comme ça, l’intendant était un esclave ? Les Reikois ont une vision étrange de leur dignité. Si j’avais été esclavagé, je crois que j’aurais préféré voir la tête du roi au bout d’une lance plutôt que de me battre pour lui. Il faut être servile pour ployer le genou face à celui qui nous à humilié, tu ne crois pas ? A moins que vous n’ayez une méthode toute particulière pour briser les esprits… Et après l’on dit de nous que nous sommes cruels. Elle laissa un petit rire mauvais lui échapper puis se détacha de l’ancien soldat pour approcher d’un étal, y laissa tomber trois pièces en cuivre. La femme de l’autre côté rafla l'argent avec tant d’agilité qu’il disparut à une vitesse fulgurante avant de servir deux verre qu’elle repoussa vers Phèdre qui tendit le premier à Qultarn.
— Tiens, bois ça. Durant une seconde, elle posa ses yeux bleus sur lui comme si elle cherchait des réponses à des questions connues d’elle seule. — C’est dommage qu’un visage comme le tiens soit si morose. Puis haussa les épaules. — J’imagine que ça fait ton charme. Et porta son propre verre à ses lèvres en se détournant de son camarade.
Bien qu’elle aurait préféré déguster sa boisson assise à une table sans avoir l’impression qu’une épée de Damoclès se balançait au dessus de son crâne, elle trouva la brûlure de l’alcool dans son gosier tout à fait délicieuse et laissa un soupire soulagé lui échapper.
— Tu crois que nous pourrions approcher suffisamment pour les voir ? La gigolo du Reike et la De Boktor ? Je veux voir de quoi ils ont l’air.
“Et trouver un foutu messager.”
— Qui a parlé de l’assassiner ? Répondit-elle lorsqu’il se tut. — Vous les guerriers ne pensez qu’à vous battre, manger, boire, baiser et tuer. Puis à nouveau baiser, un peu manger et boire beaucoup. De toute façon, nous en prendre à lui ici ce serait signer notre arrêt de mort. Lui jetant un coup d'œil, elle ajouta : — Non pas que je doute de tes capacités martiales, mais soyons honnête tu ne peux pas retenir toute une ville, pas plus que je ne saurais la charmer pour nous sortir d'affaires.
Ils continuèrent d'avancer dans l'avenue avant de bifurquer quand ils n’eurent plus le choix.
— Mais nous n’allons pas nous contenter d’arpenter les rues de Maël, n’est-ce pas ?
En tout cas, ce n’était pas son intention, elle n’avait pas marché durant des jours en tête à tête avec un drakyn pour se contenter de venir et de fêter la prise de pouvoir d’une traître à son sang et de son subalterne. A moins que ce ne soit le contraire…
— Si nos maîtres nous veulent en vie, alors nous le resterons. Et quitte à être ici, autant profiter tout en faisant ce pour quoi nous sommes là. D’un mouvement aussi vif qu’étrangement élégant, elle se planta devant lui et le força à s’arrêter. — Déride toi, un peu. Ni Malazach, ni ma sœur ne sont là pour nous épier. Quant aux coutumes du berceau… Tu n’y es plus enchaîné.
D’elle et sa sœur, Phèdre avait toujours été la mauvaise élève, la distraite. Même mille ans n’avaient su changer ça.
“Nous devrions faire profil bas” Gémit Eris et Phèdre lui répondit en grognant: “Si tu espères dégoter un Reikois capable de refourguer ta maudite lettre à ton humain, il va nous falloir approcher l’intendant ou son entourage.” Eris ne répondit pas.
— Alors comme ça, l’intendant était un esclave ? Les Reikois ont une vision étrange de leur dignité. Si j’avais été esclavagé, je crois que j’aurais préféré voir la tête du roi au bout d’une lance plutôt que de me battre pour lui. Il faut être servile pour ployer le genou face à celui qui nous à humilié, tu ne crois pas ? A moins que vous n’ayez une méthode toute particulière pour briser les esprits… Et après l’on dit de nous que nous sommes cruels. Elle laissa un petit rire mauvais lui échapper puis se détacha de l’ancien soldat pour approcher d’un étal, y laissa tomber trois pièces en cuivre. La femme de l’autre côté rafla l'argent avec tant d’agilité qu’il disparut à une vitesse fulgurante avant de servir deux verre qu’elle repoussa vers Phèdre qui tendit le premier à Qultarn.
— Tiens, bois ça. Durant une seconde, elle posa ses yeux bleus sur lui comme si elle cherchait des réponses à des questions connues d’elle seule. — C’est dommage qu’un visage comme le tiens soit si morose. Puis haussa les épaules. — J’imagine que ça fait ton charme. Et porta son propre verre à ses lèvres en se détournant de son camarade.
Bien qu’elle aurait préféré déguster sa boisson assise à une table sans avoir l’impression qu’une épée de Damoclès se balançait au dessus de son crâne, elle trouva la brûlure de l’alcool dans son gosier tout à fait délicieuse et laissa un soupire soulagé lui échapper.
— Tu crois que nous pourrions approcher suffisamment pour les voir ? La gigolo du Reike et la De Boktor ? Je veux voir de quoi ils ont l’air.
“Et trouver un foutu messager.”
Sagesse Réincarnée
Cyradil Ariesvyra
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C’était la première fois depuis sa nomination que Cyradil devait assister à l’investiture d’un nouvel intendant. Par le passé, elle n’avait jamais vraiment assistée à cette cérémonie mais maintenant qu’elle occupait un poste important, la liche se disait qu’il était sans doute nécessaire qu’elle aille voir d’elle-même ce que Maël était devenue et voir si elle ne pouvait pas apporter son aide quant à son essor. Bien qu’elle avançait plus ou moins conjointement avec les idéaux de l’Empire, elle était loin de tous les partager. En supposant que l’on arrive à vaincre la corruption qui ronge le Shoumeï, Cyradil était d’avis que l’on redonne une vrai autonomie à cette région du Sekai et que l’on en finisse avec la vassalité vis-à-vis du Reike. Il n’y avait pas de mal à se retirer de terres conquises soi-même avant que des tensions internes ne naissent et renversent le pouvoir en place. Selon la forgeronne, le retrait de l’influence reikoise de Maël ferait reculer les frontières occidentales du Reike en deçà de la mer des anciens qui était une frontière naturelle bien plus facile à défendre. D’un point de vue financier, cela permettrait de relocaliser les ressources militaires à d’autres frontières jugées plus cruciales pour la survie de l’Empire. Enfin, cela permettrait également de renforcer le contrôle comtal dans certaines régions du nord plus susceptibles aux invasions de l’insondable Grand Nord. Mais enfin, ce n’était sans doute pas son travail de s’occuper de ces questions et pour l’instant, l’observation était de mise.
Pour cette occasion, Cyradil s’était drapée d’une armure aussi sombre que le destrier qui l’accompagna jusqu’à la cité. Il n’y avait pas de raison particulière si ce n’est que la liche trouvait amusant de se mêler au milieu des soldats durant la cérémonie. Quoi qu’il en soit, peu importe la tenue qu’elle portait, il n’y avait pas lieu de se présenter. La forgeronne n’avait pour ainsi même pas eu besoin d’étendre sa popularité. D’autres s’en étaient occupé pour elle sans qu’elle n’ait à faire quoi que ce soit. Cela dit, Cyradil n’avait jamais été le genre de personne à vouloir abuser de sa notoriété et même dans ces circonstances, elle était plutôt encline à faire profil bas. Si on la reconnaissait, elle saluait volontiers les gens mais la magicienne n’en faisait pas plus que cela pour attirer l’attention. Elle suivit tranquillement le déroulé de la cérémonie, observant les gens aller et venir jusqu’à ce que vienne le moment où les gens venaient présenter leurs hommages.
Bien sûr, elle connaissait déjà Myriem pour lui être venu en aide au détour d’un voyage à l’Oasis et Cyradil était sincèrement heureuse qu’elle ait pu trouver une place au niveau de l’institution maélienne même si elle avait sans doute convoité le poste d’Intendant. Cela confirmait d’ailleurs davantage la volonté de l’Empire de vouloir garder un certain contrôle sur la ville vassale mais ce n’était pas quelque chose sur laquelle Cyradil voulait débattre pour le moment. Quant à l’homme qui avait eu la chance de se hisser à ce poste, il lui était totalement inconnu ou en tout cas elle n’en connaissait que ce qu’elle avait dû apprendre avant d’arriver à la ville. Le seul éventuel lien était son passé avec la gladiature qui lui évoquait un très lointain souvenir de son père qui vendait des armes aux maitres possédants ces guerriers qui s’affrontaient dans les arènes impériales. Mis à part ce détail, Tulkas avait encore tout à prouver aux yeux de Cyradil qui suivrait attentivement désormais ces agissements au sein de la ville shouméienne.
Dans un esprit plus protocolaire, la jeune blonde se contenta de laisser patiemment les gens présenter leurs hommages, se distrayant de ce qui se passait autour d’elle. Certains avaient eu le privilège, au vu de leurs accoutrements, à obtenir une place au sein des invités d’honneur. Cela ne dérangeait pas tellement Cyradil qui ne voyait pas d’inconvénient à ce que des gens moins favorisés ne se joignent aux cérémonies bien que, vu l’attitude de certains, cela n’était pas toujours très bien accueilli. En attendant, l’Esprit aurait tout le temps de rencontrer les deux nouveaux élus lorsque la foule se fera moins dense.
Pour cette occasion, Cyradil s’était drapée d’une armure aussi sombre que le destrier qui l’accompagna jusqu’à la cité. Il n’y avait pas de raison particulière si ce n’est que la liche trouvait amusant de se mêler au milieu des soldats durant la cérémonie. Quoi qu’il en soit, peu importe la tenue qu’elle portait, il n’y avait pas lieu de se présenter. La forgeronne n’avait pour ainsi même pas eu besoin d’étendre sa popularité. D’autres s’en étaient occupé pour elle sans qu’elle n’ait à faire quoi que ce soit. Cela dit, Cyradil n’avait jamais été le genre de personne à vouloir abuser de sa notoriété et même dans ces circonstances, elle était plutôt encline à faire profil bas. Si on la reconnaissait, elle saluait volontiers les gens mais la magicienne n’en faisait pas plus que cela pour attirer l’attention. Elle suivit tranquillement le déroulé de la cérémonie, observant les gens aller et venir jusqu’à ce que vienne le moment où les gens venaient présenter leurs hommages.
Bien sûr, elle connaissait déjà Myriem pour lui être venu en aide au détour d’un voyage à l’Oasis et Cyradil était sincèrement heureuse qu’elle ait pu trouver une place au niveau de l’institution maélienne même si elle avait sans doute convoité le poste d’Intendant. Cela confirmait d’ailleurs davantage la volonté de l’Empire de vouloir garder un certain contrôle sur la ville vassale mais ce n’était pas quelque chose sur laquelle Cyradil voulait débattre pour le moment. Quant à l’homme qui avait eu la chance de se hisser à ce poste, il lui était totalement inconnu ou en tout cas elle n’en connaissait que ce qu’elle avait dû apprendre avant d’arriver à la ville. Le seul éventuel lien était son passé avec la gladiature qui lui évoquait un très lointain souvenir de son père qui vendait des armes aux maitres possédants ces guerriers qui s’affrontaient dans les arènes impériales. Mis à part ce détail, Tulkas avait encore tout à prouver aux yeux de Cyradil qui suivrait attentivement désormais ces agissements au sein de la ville shouméienne.
Dans un esprit plus protocolaire, la jeune blonde se contenta de laisser patiemment les gens présenter leurs hommages, se distrayant de ce qui se passait autour d’elle. Certains avaient eu le privilège, au vu de leurs accoutrements, à obtenir une place au sein des invités d’honneur. Cela ne dérangeait pas tellement Cyradil qui ne voyait pas d’inconvénient à ce que des gens moins favorisés ne se joignent aux cérémonies bien que, vu l’attitude de certains, cela n’était pas toujours très bien accueilli. En attendant, l’Esprit aurait tout le temps de rencontrer les deux nouveaux élus lorsque la foule se fera moins dense.
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Qultarn
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La rebuffade de Phèdre le toucha sans doute plus qu’elle n’aurait dû. Ce n’était que paroles en l’air, et, pourtant, il s’en voulut de ne pas avoir compris l’humour qui se cachait dans ses phrases. D’un autre côté, c’était le reeflet de son souhait de faire au mieux, de se montrer et sentir utile, et de servir la cause des Titans. Toutes les possibilités méritaient d’être étudiées et réfléchies dès lors qu’elles servaient la cause qui était la leur, et il se serait pareillement flagellé mentalement s’il avait refusé de considérer une solution à portée qui leur aurait simplifié la vie.
« Non, effectivement, quand bien même nous y arriverions, nous n’aurions aucune chance de nous en sortir. Quant à la vie de guerrier... reprit Qultarn en haussant les épaules, c’est celle qui est la nôtre, elle se suffit en elle-même. »
Les rues s’enchaînaient, toujours noires de monde, à mesure que les locaux tentaient de trouver des artères moins bouchées pour rejoindre la place centrale de la ville, celle à partir de laquelle ils pourraient assister au discours, au défilé, et autres célébrations pour laisser croire que la nomination d’un militaire à la tête de la ville était une bonne nouvelle. Nul doute que les marchands et nobliauds de la ville ne s’y trompaient pas et avaient conscience que cela signifierait églaement un tour de vis de la part de l’Empire.
C’est que passer d’un sycophant un peu précieux à un guerrier du Reike risquait de provoquer de sacrés changements.
« Non, nous regardons l’organisation de la ville, les axes par lesquels nous pourrions attaquer ou nous infiltrer, l’influence diviniste qui y perdure. Siame m’a demandé de vérifier quelque chose à propos d’une église dans laquelle elle était auparavant, si je parviens à la trouver. Ces indications étaient... complexes. »
Pour ne pas dire peu claires. Mais cela ne l’empêcherait pas d’essayer, tant que cela n’était pas en contradiction avec ses objectifs premiers. Comme l’avait souligné Phèdre, il était un guerrier, et un guerrier faisait la guerre, c’était dans le nom. Et s’il ne se définissait pas uniquement par cette appellation, c’était sous cette identité qu’il avait rejoint la Volonté des Titans, et sous celle-ci qu’il servirait au mieux.
Mais là où Qultarn était entièrement tourné vers son but, la fidèle d’Aurya était beaucoup plus libre dans ses propos, ses pensées et ses gestes. La confiance qu’elle éprouvait envers ses dieux jouait évidemment pour beaucoup, et il ne lui serait pas venu à l’esprit de mettre en doute son engagement. Pourtant, la légèreté dont elle faisait preuve lui paraissait être un frein à leur mission, un obstacle à son accomplissement.
« Aide-toi et les Titans t’aideront, comme le dit le dicton. Ils n’ont jamais empêché un fidèle de trébucher sur son épée, ni un rocher de tomber sur le pénitent qui prie. Je ne vais pas relâcher mon attention en... territoire ennemi, acheva le drakyn en baissant subitement la voix. »
En même temps, son passé ne serait jamais ailleurs que derrière lui, et il se devait même de l’y laisser pour se concentrer sur sa foi nouvellement trouvée. Cela méritait plus ample réflexion, et il tâcherait de méditer sur la question en rentrant à Benedictus. Peut-être que le Cardinal saurait l’éclairer sur la question, le guider dans la bonne direction. Mais dans le brouhaha de la foule, il fallait éviter qu’on ne les entende trop parler, et à mesure que cette dernière s’amenuisait dans les ruelles annexes, il y avait de plus en plus de chances qu’en prêtant l’oreille, un inconnu ne capte quelques mots malheureux.
« Apparemment oui, esclave et gladiateur aux arènes. Ce sont des combattants davantage formés aux arts du spectacle et de l’exécution pour le public. Ils font rarement preuve de sobriété et d’efficacité, car ce n’est pas ce qu’on attend d’eux. Les plus puissants et célèbres d’entre eux jouissent de pas mal d’avantages, ils sont connus et bien traités, malgré leur condition. Quant à ce qui pourrait motiver un homme devant tuer pour survivre dans une cage dorée à continuer à se battre pour ceux qui lui ont mis un collier au cou, je n’en ai pas la moindre idée. »
Ou peut-être que, justement, il en avait une : la laisse devenait confortable, à force. Sécurisante, même. Et, dans la niche, le loup ne pouvait entrer tant que les maîtres veillaient au grain. Si on n’avait connu que la servitude, la liberté n’était-elle pas terrifiante ? Tout comme lui-même avait dû faire le grand saut, Tulkas aurait pu l’accomplir. Cela demandait une force d’âme dont il était peut-être dépourvu.
Quand un verre arriva devant lui, tendu par Phèdre, il se remonta le moral en se disant que c’était pour mieux se fondre dans la foule : une grande partie des autres portaient leur propre timbale et, à l’odeur, il ne s’agissait clairement pas d’eau. Plutôt de la bière, du vin ou, pour le travailleur plus acharné, de la gnôle. Néanmoins, il trempa ses lèvres dans le breuvage, laissant la morsure familière de l’alcool couler jusqu’à son estomac.
« Je ne suis pas là pour être charmant, grommela Qultarn, ne sachant comment prendre la remarque. Nous pouvons essayer de les voir de loin, au moment du discours. Cela nous permettrait de mettre un visage sur leurs noms. Je me demande à quoi ressemble une parjure qui a abandonné son peuple, son pays, et sa foi. »
D’expérience, cela ne sera pas marqué sur son visage, mais il ne pourrait s’empêcher de vouloir y déceler une propension à la traîtrise et au vice. Injustice pure et voeu pieu, évidemment. Après tout, Sublime était un vrai fidèle.
« Et toi, as-tu un objectif au-delà de la curiosité envers les nouveaux dirigeants de Maël ? »
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Phèdre
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Taciturne devait être son deuxième prénom et si ce n’était pas celui-là, ça l’était désormais. C’était une particularité du jeune drakyn qu’elle appréciait autant qu’elle l’a détestait. Il était amusant de le taquiner puis de le voir bougonner, comme s’il découvrait le panel d'émotions que la vie avait à ouvrir, et elle se gaussait de la façon dont il semblait toujours la juger avec son regard doré. Nul doute qu’à côté du sérieux de Siame, elle faisait pâle figure. Il en avait toujours été ainsi, elle était le garnement et sa sœur le prodige et elle s’en amusait. C’était ce qu’il y avait de mieux à faire car pour rien au monde, elle n’aurait voulu ou même pu évincer sa sœur. Si son apparence était parfaite, c’était l’esprit de Siame qui l’était. Sa capacité à subjuguer les foules, à se faire écouter et puis c’était elle que leur Mère avait choisi après tout. Une créature comme Qultarn avait tout à fait la trempe pour entrer à son service. Pour autant, elle avait plusieurs fois eu envie de le secouer comme un prunier pour l’obliger à parler même du beau temps ou du dernier malheureux qu’il avait passé au fil de son épée. Mais il restait là, inerte à fixer le feu ou monter la garde. Pas un mauvais bougre, pas de bonne compagnie non plus. Heureusement, ce n’était pas une condition immuable.
— Non, mais tu es là donc autant l’être. Lui dit-elle en se fendant d’un sourire pour avaler une gorgée de son propre breuvage. Il était amer, presque rugueux sur sa langue, loin des vins délicats que Eris faisait importer depuis son Riad du Reike. Elle eut d’ailleurs une petite pensée pour sa maison laissée à l’abandon ainsi que pour la garde robe qu’elle n’avait pu emporter. Il s’agissait des choses qu’elle préférait dans cette vie qui n’était pas la sienne.
— Il paraît qu’il lui manque un œil et qu’elle porte le bandeau. Peut-être que ma Mère n’y est pas étrangère. Un petit sourire, espiègle et presque enfantin lui étira les lèvres. — Mais j’aimerais être dans sa tête, ce genre de créature n’a honte de rien et je suis sûre qu’elle dira à qui veut l’entendre qu’elle agit pour le bien du Shoumeï. Elle haussa les épaules pour elle-même. — Ils disent tous cela pour se rassurer. Mais la vérité c’est qu’ils n’auraient pas dû les défier. S’ils avaient été des vrais croyants, loyaux, s’ils n’avaient pas perdu la foi, Ils régneraient encore en maître et le Sekaï n’aurait pas à subir leur courroux. D’une certaine manière, les sauveurs sont les détracteurs. Et ceux qu’on taxe de corrompu, ne le sont pas. Les apparences sont juste trompeuses.
“Tu mens.” Gronda Eris.
“C’est ton impératrice qui te mens, et les livres qui t’ont fait croire en une prophétie idiote qui ne se réalisera peut-être jamais. Les Titans, eux, sont.”
La petite voix ne se manifesta pas, mais Phèdre la sentit se hérisser. Le sujet était toujours houleux. Le soleil, la lune et les Huit. La foi de Phèdre était dévolue à ces derniers quand celle d’Eris l’était au Shierak. Des idéaux qui s’entrechoquaient parfois avec fracas sans qu’aucun parti n’arrive vraiment à tirer la couette à lui. Seule la corruption de Benedictus et de l’Arbre avaient le mérite de faire flancher Eris.
— Ma curiosité ne te semble pas un objectif suffisant ? Ou tu deviens toi-même curieux ? Elle lui lança un regard de biais, un brin moqueur. — J’ai bien des objectifs Qultarn, mais ils ne te regardent pas. Pas plus qu’ils ne t’intéressent, j’en suis certaine.
A mesure qu’ils s’enfonçaient plus profondément dans les rues menant au centre ville, les étals se raréfiaient. Autant que les gens pour les admirer. Converser devenait moins évident, mais pas impossible tant qu’ils prenaient garde à ne pas attirer l’attention. Après tout, la présence du Reike avait amené avec lui une recrudescence de drakyn, faisant du guerrier un homme parmi tant d’autres. Quant à Phèdre, elle gardait résolument sa capuche sur ses cheveux qu’elle avait savamment noués avant leur arrivée.
— Qu’est-ce qu’un bon croyant, d’après toi Qultarn ? Après tout, tu nous à rejoint depuis quelque temps déjà. Tu as eu l’occasion de découvrir chacun d’entre nous et si ce n’est nous connaître, au moins nous jauger. J’imagine que tu as déjà eu le temps de cogiter sur le sujet. Puis sans vraiment lui laisser le temps de répondre, elle bifurqua dans une allée qui lui donnait envie.
Ils passèrent devant plusieurs échoppes sans que Phèdre ne s’arrête devant l’une d’entre elles en particulier, tombèrent sur une avenue bondée qu’ils traversèrent pour rejoindre son extrémité où plusieurs ruelles exigus filaient de droite et de gauche comme une toile d'araignée. A leur finalité, loin derrière les bâtiments, l’on apercevait les hautes toitures de la salle du trône.
Une nouvelle gorgée, un nouveau sourire et elle ajouta en lui passant sous le nez :
— Que t’as demandé ma sœur ? Son esprit est parfois nébuleux, je pourrais t’aider.
— Non, mais tu es là donc autant l’être. Lui dit-elle en se fendant d’un sourire pour avaler une gorgée de son propre breuvage. Il était amer, presque rugueux sur sa langue, loin des vins délicats que Eris faisait importer depuis son Riad du Reike. Elle eut d’ailleurs une petite pensée pour sa maison laissée à l’abandon ainsi que pour la garde robe qu’elle n’avait pu emporter. Il s’agissait des choses qu’elle préférait dans cette vie qui n’était pas la sienne.
— Il paraît qu’il lui manque un œil et qu’elle porte le bandeau. Peut-être que ma Mère n’y est pas étrangère. Un petit sourire, espiègle et presque enfantin lui étira les lèvres. — Mais j’aimerais être dans sa tête, ce genre de créature n’a honte de rien et je suis sûre qu’elle dira à qui veut l’entendre qu’elle agit pour le bien du Shoumeï. Elle haussa les épaules pour elle-même. — Ils disent tous cela pour se rassurer. Mais la vérité c’est qu’ils n’auraient pas dû les défier. S’ils avaient été des vrais croyants, loyaux, s’ils n’avaient pas perdu la foi, Ils régneraient encore en maître et le Sekaï n’aurait pas à subir leur courroux. D’une certaine manière, les sauveurs sont les détracteurs. Et ceux qu’on taxe de corrompu, ne le sont pas. Les apparences sont juste trompeuses.
“Tu mens.” Gronda Eris.
“C’est ton impératrice qui te mens, et les livres qui t’ont fait croire en une prophétie idiote qui ne se réalisera peut-être jamais. Les Titans, eux, sont.”
La petite voix ne se manifesta pas, mais Phèdre la sentit se hérisser. Le sujet était toujours houleux. Le soleil, la lune et les Huit. La foi de Phèdre était dévolue à ces derniers quand celle d’Eris l’était au Shierak. Des idéaux qui s’entrechoquaient parfois avec fracas sans qu’aucun parti n’arrive vraiment à tirer la couette à lui. Seule la corruption de Benedictus et de l’Arbre avaient le mérite de faire flancher Eris.
— Ma curiosité ne te semble pas un objectif suffisant ? Ou tu deviens toi-même curieux ? Elle lui lança un regard de biais, un brin moqueur. — J’ai bien des objectifs Qultarn, mais ils ne te regardent pas. Pas plus qu’ils ne t’intéressent, j’en suis certaine.
A mesure qu’ils s’enfonçaient plus profondément dans les rues menant au centre ville, les étals se raréfiaient. Autant que les gens pour les admirer. Converser devenait moins évident, mais pas impossible tant qu’ils prenaient garde à ne pas attirer l’attention. Après tout, la présence du Reike avait amené avec lui une recrudescence de drakyn, faisant du guerrier un homme parmi tant d’autres. Quant à Phèdre, elle gardait résolument sa capuche sur ses cheveux qu’elle avait savamment noués avant leur arrivée.
— Qu’est-ce qu’un bon croyant, d’après toi Qultarn ? Après tout, tu nous à rejoint depuis quelque temps déjà. Tu as eu l’occasion de découvrir chacun d’entre nous et si ce n’est nous connaître, au moins nous jauger. J’imagine que tu as déjà eu le temps de cogiter sur le sujet. Puis sans vraiment lui laisser le temps de répondre, elle bifurqua dans une allée qui lui donnait envie.
Ils passèrent devant plusieurs échoppes sans que Phèdre ne s’arrête devant l’une d’entre elles en particulier, tombèrent sur une avenue bondée qu’ils traversèrent pour rejoindre son extrémité où plusieurs ruelles exigus filaient de droite et de gauche comme une toile d'araignée. A leur finalité, loin derrière les bâtiments, l’on apercevait les hautes toitures de la salle du trône.
Une nouvelle gorgée, un nouveau sourire et elle ajouta en lui passant sous le nez :
— Que t’as demandé ma sœur ? Son esprit est parfois nébuleux, je pourrais t’aider.
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Qultarn
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La bonne humeur de Phèdre avait quelque chose de contagieux pour le drakyn. Cela avait le don de lui rappeler l’époque de la tribu, quand ils se lançaient à l’assauts de convois de marchandises ou de villages isolés. Certes, ils avaient été une grande famille élargie, à l’époque, mais c’était peut-être la camaraderie qui lui manquait le plus actuellement. Quand les tribus étaient devenues la Horde de Tensai, l’organisation était devenue militaire, policée. Cela avait été encore pire une fois l’union avec le Reike consommée. Inutile de s’étendre sur le Berceau : l’austérité des murs, la folie latente de la prison et son effet amoindrissant sur la magie lui donnait parfois l’impression d’avoir été amputé d’un membre.
Les rares permissions avaient été un souffle d’air frais, aussi bien littéral que figuré.
« C’est vrai qu’il serait étrange d’avoir l’air triste ou déçu aux yeux d’inconnus qui pourraient nous observer, lâcha-t-il avec un mince sourire. Pour se fondre dans la masse, je précise, ajouta-t-il pour sauver la face. »
La bière avait ce côté rustre qu’il aimait bien, et il laissa échapper un claquement de langue appréciateur. Pour avoir eu l’occasion de goûter des breuvages considérés comme plus subtils et raffinés, il ne savait qu’une vérité : cela n’avait aucun intérêt, on ne sentait qu’un mélange de fragrances abstraites et il avait parfois l’impression de boire de l’eau colorée. Il ne restait que le plaisir de gâcher quelque chose qui appartenait à plus fortuné que lui, ce qui était un peu léger. Comme l’alcool.
« Personne ne pense agir à mal. Ou, en tout cas, je n’ai pas encore rencontré quelqu’un qui le pense pour autre chose que pour blesser le monde comme il a lui-même été meurtri. »
Et, comme une bête féroce et souffrante, la victime devient le bourreau, justifiant ses exactions et les habillant des atours d’une juste vengeance. Qultarn secoua la tête. Tout cela n’était finalement que des jolies phrases et des ronds-de-jambe pour masquer des vérités plus profondes, celles de la loi du plus fort, de ce lui qui agit et de ceux qui subissent. Et existait-il plus puissant que les dieux ?
« L’ennemi, l’autre, a toujours été vilipendé. A l’époque, nous considérions le Reike comme un cochon, gras à souhait, incapable de se défendre et se déplacer, sur lequel nous pouvions prélever les côtelettes, le lard, tout ce que nous voulions. Nous avions raison. Puis Tensai a décidé de coucher avec la truie, il est devenu le chien de berger du troupeau et a troqué les yourtes au sol dur pour les palais des villes avec leurs matelas de plumes. Et, tout à coup, le Reike et ses proies sont devenus un idéal de civilisation dans lequel nous couler et auquel participer. »
Il haussa les épaules.
« Les paroles des vainqueurs donnent le sens du vent et la couleur du ciel, mais les Titans sont éternels. Nous croyons en eux, et ils nous protègent à Bénédictus. Puis, quand le temps viendra, ils reprendront possession de tout le Sekaï, y compris le Reike et la République, qui ont trop longtemps vénéré de faux dieux, ou leur absence. »
Ces mots, ils les chuchotaient déjà à Bénédictus, pendant les longues nuits désolées, quand les ruines les guettaient et que les ombres étaient vivantes. La stature colossale de l’Arbre-Monde faisait comme une silhouette qui les surplombait de toute sa hauteur, et les abritait des dangers du monde. Il secoua la tête quand Phèdre sous-entendit qu’il ne s’intéressant pas à ce qu’elle voulait réellement.
« Ce n’est pas que ça ne m’intéresse pas. Je m’intéresse à chacun de mes frères et soeurs, grommela-t-il. Simplement, je ne veux pas paraître intrusif et chercher à m’immiscer dans les secrets de tout le monde. Nous avons tous notre jardin secret. »
Et s’ils étaient là, à vénérer les Titans comme les derniers vrais coyants qui’ils étaient, prêts à se battre pour leur Foi contre le reste d’un monde impi et immoral, il n’allait pas remettre en doute leurs motivations, surtout en tant que dernier arrivant, et probablement également le moins expérimenté en ce qui concernait leur religion. Il prenait le temps de se cultiver, d’apprendre, et d’échanger, mais la route était longue avant de pouvoir se comparer aux théologistes vivant actuellement à Bénédictus. Toutefois, il savait que sa foi était suffisante, tandis que sa passion le poussait à vouloir comprendre toujours davantage.
Les ruelles se vidaient petit à petit, la plupart de la populace se précipitant vers les grandes places sur lesquelles les discours seraient donnés ou relayés. Il espérait qu’ils pourraient y assister, de loin. S’ils supposaient tous que la nommination d’un militaire à la tête de la ville annonçait un sévère tour de vis, les premières annonces donneraient la couleur et fourniraient les premiers éléments sur lesquels baser leur stratégie vis-à-vis de Maël.
« Un bon croyant est un croyant qui honore ses dieux, et accomplit leur volonté tout en suivant leurs préceptes et leurs règles. Peut-être y a-t-il des nuances qui m’échappent, et pourtant, je ne pense pas qu’en agissant ainsi, je leur porterai préjudice. Quant à leur Volonté, elle a été exprimée suffisamment clairement pour que je ne puisse prétendre mal comprendre. Les infidèles et les apostats sont été punis, et si le Nouvel Ordre professait de servir leur Divinisme, je présume que leurs trahisons au cours du temps les ont rendus coupables. »
Tout du moins était-ce la réponse qu’il avait pour l’instant. Il espérait ne pas se fourvoyer. Rattrapant Phèdre, il ne put empêcher la question qui lui brûlait les lèvres en même temps qu’il répondait à une nouvelle question.
« Siame voulait savoir si son église était toujours sur pied. Elle m’a donné des indications pour la rejoindre, mais la ville a beaucoup changé depuis l’annexion par le Reike. Dis-moi, Phèdre... Nous vénérons tous les Titans, chacun d’entre eux. Mais la plupart d’entre vous en ont un tutélaire. Un pour lequel vous priez davantage. Pour un ange issu du pouvoir et des pensées d’un dieu, cela paraît évident. Mais... Comment faites-vous sinon ? »
C’était Zeï qui l’avait introduit à la vraie Foi. Mais la Chuchoteuse était-elle réellement la titanide qui lui parlait le plus ? Il s’en voulait de penser ainsi, et pourtant...
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Phèdre
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Siame voulait savoir si son église était toujours sur pied et il n’y avait rien d’étrange à cela. Ce qui l’était en revanche, c’était d’imaginer sa sœur sans elle, reconstruire sa vie, continuer d’exister, prendre possession de cette église et en devenir la maîtresse comme cela avait été avec le temple bien des millénaires avant. Avait-elle pleuré son absence sous les vitraux colorés de la bâtisse ? Ou l’avait-elle simplement oublié à l’époque ? Elle ne le lui avait jamais dit. Phèdre n’avait pas posé la question. Ce qu’elle savait de cette église était tiré de confidences faites un soir tardif après leurs retrouvailles. Une nuit qu’elles avaient consacrée à leurs histoires respectives, ou tout du moins ce qu’il en restait dans leur mémoire, à rattraper le temps perdu, à réapprendre à connaître l’autre car en plusieurs âges chacune avaient amplement eu le temps de changer. Finalement, l’église n’avait été qu’une anecdote parmi tant d'autres mais dont elle avait suffisamment entendu parler pour se montrer utile.
— Et bien, à nous deux je suis certaine que nous pourrons la trouver. Elle m’a déjà parlé de cet endroit. Bien que je n’ai pas eu le plaisir de m’y rendre par mes propres moyens. Son éveil était bien trop récent pour cela, Maël était déjà annexé quand elle-même avait annexé le corps autant que l’esprit d’Eris. Un regrettable retard d’environ deux siècles. — Pour ce qui est des titans…
C’était une question épineuse et qui la contraria. Se l’entendre poser comme on l’aurait fait à un simple mortel la hérissa et tout dans sa posture en fut le témoin ; ses épaules se raidirent, son dos s’arqua légèrement, sa mâchoire se serra et ses sourcils se froncèrent. Cette condition qui lui était imposée, plus que jamais, lui parut une bien cruelle punition. Elle qui avait été autrefois la bergère d’un troupeau de moutons, se voyait désormais n’être rien de plus que l’un de ces fichus bestiaux. Son âme, bien entendu, était toujours celle de l’ange qu’elle avait été autrefois mais elle lui paraissait rompu en deux. Était-ce le cas ? Eris était-elle une moitié d’elle ou une malheureuse dont elle avait forcé le corps à abriter deux âmes ?
— J’étais aussi un ange avant d’être… Ca. Rappela-t-elle en désignant le corps aux courbes parfaite si similaire à celui du temps jadis, l’aura divine en moins. — Mais je dirais que cela vient avant tout de toi. Lorsque nous étions ce que tu pourrais qualifier d’enfants -et même les enfants mortels à vrai dire-, nous avions des enseignements religieux. Nous naissons peut-être adulte mais nous n’avons pas la science infuse pour autant. Le coin de ses lèvres se souleva légèrement, amusé et elle poursuivit : — Nous apprenions tout ce qu’il y avait à savoir sur chacun des maîtres, ses hauts faits, ses aspirations, ses envies, ses besoins, ses prières, son histoire. Tout ce qui faisait du Divin ce qu’il était. Aurya m’a mise au monde, m’a façonnée à l’image qui lui seyait et puis elle m’a chargé d’une tâche. Siame le lui avait rappelé et, hésitante, Phèdre avait tâché de se faire à l’idée que cette place avait été la sienne. Auparavant, c’était de la fierté qu’elle en éprouvait, celle de servir ses maîtres en offrant ce que l’on faisait de plus cher : la vie. Désormais, c’était de la honte. Eris s’était mise à ruer dans son esprit, entièrement et pleinement outrée. Une partie d’elle-même que Phèdre peinait à réfréner. Elle ne l’avait pas dit, ne le dirait probablement jamais, mais elle ne voulait plus de cette ancienne vie, régi par les visions de son aînée. C’était avec un mélange de joie et de tristesse amère qu’elle avait compris que si cela ne se reproduirait plus, c’était uniquement car son corps n’était plus celui d’un ange.
Ses pas s’arrêtèrent à une nouvelle bifurcation. Levant le nez vers le ciel, elle hésita un instant avant de prendre la branche de droite dans laquelle elle s’engagea.
— Étudies comme nous autres, apprends les préférences de chacun. Certains préfères ne pas choisir, ils estiment que ce n’est pas équitable. D’autres n’ont pas le choix. Pour d’autres, cela tombe sous le sens. Je ne crois pas qu’il ait de méthode, je pense plutôt qu’il s’agit de ton choix. Le tiens et celui de ton âme, c’est elle qui te relie à eux après tout. Peut-être devrais-tu prendre le temps de l’écouter ? Ou d’écouter tout court, certains de nos maîtres aiment chuchoter à l’oreille de leurs dévots. Elle lui lança un léger coup par-dessus son épaule. — L’un des Huit t’attire plus que les autres ? Lui demanda-t-elle l’air sincèrement intéressé. — Et puis, rien n’est jamais définitif ici bas. Le temps va filer et tu vas changer, sans même t’en rendre compte. Alors peut-être qu’un jour, ton allégeance changera de maître. Mais je te souhaite qu’il ne s’agisse que de Titan et pas de religion. Tu n’es pas sans savoir qu’ils n’aiment pas les infidèles.
Un rire guilleret lui échappa et ils tournèrent abruptement sur leur gauche, faisant presque demi-tour tant la rue qu’ils avaient décidés d’emprunter était biscornue. Ils marchèrent un moment dans un dédale de rues et de ruelles interminables. Phèdre suivait les maigres informations qu’elle avait pour se repérer, n’hésitant pas à solliciter Qultarn dès qu’elle pouvait pour coupler ses informations aux siennes.
Mais elle s’ennuyait ferme, les passants n’avaient guère d’intérêt à ses yeux, pas plus que les bâtisses en pierres blanches autour d’elle et son verre fut bien vite vide. De plus, leur destination semblait les éloigner de l’intendant et son tribun, exactement ce qu’elle avait voulu éviter.
— Oh et si je peux me permettre, quoi que tu en dise, tu es bien plus séduisant quand tu souris.
Il avait peut-être le mérite d’être insensible à ses magies séductrices, mais rien n’empêchait la demi-fae de jouer de ses charmes sans artifices. En plus de s’occuper le temps du trajet.
"Ce n'est pas un jeu." Pesta Eris. Que Phèdre ignora superbement.
— Et bien, à nous deux je suis certaine que nous pourrons la trouver. Elle m’a déjà parlé de cet endroit. Bien que je n’ai pas eu le plaisir de m’y rendre par mes propres moyens. Son éveil était bien trop récent pour cela, Maël était déjà annexé quand elle-même avait annexé le corps autant que l’esprit d’Eris. Un regrettable retard d’environ deux siècles. — Pour ce qui est des titans…
C’était une question épineuse et qui la contraria. Se l’entendre poser comme on l’aurait fait à un simple mortel la hérissa et tout dans sa posture en fut le témoin ; ses épaules se raidirent, son dos s’arqua légèrement, sa mâchoire se serra et ses sourcils se froncèrent. Cette condition qui lui était imposée, plus que jamais, lui parut une bien cruelle punition. Elle qui avait été autrefois la bergère d’un troupeau de moutons, se voyait désormais n’être rien de plus que l’un de ces fichus bestiaux. Son âme, bien entendu, était toujours celle de l’ange qu’elle avait été autrefois mais elle lui paraissait rompu en deux. Était-ce le cas ? Eris était-elle une moitié d’elle ou une malheureuse dont elle avait forcé le corps à abriter deux âmes ?
— J’étais aussi un ange avant d’être… Ca. Rappela-t-elle en désignant le corps aux courbes parfaite si similaire à celui du temps jadis, l’aura divine en moins. — Mais je dirais que cela vient avant tout de toi. Lorsque nous étions ce que tu pourrais qualifier d’enfants -et même les enfants mortels à vrai dire-, nous avions des enseignements religieux. Nous naissons peut-être adulte mais nous n’avons pas la science infuse pour autant. Le coin de ses lèvres se souleva légèrement, amusé et elle poursuivit : — Nous apprenions tout ce qu’il y avait à savoir sur chacun des maîtres, ses hauts faits, ses aspirations, ses envies, ses besoins, ses prières, son histoire. Tout ce qui faisait du Divin ce qu’il était. Aurya m’a mise au monde, m’a façonnée à l’image qui lui seyait et puis elle m’a chargé d’une tâche. Siame le lui avait rappelé et, hésitante, Phèdre avait tâché de se faire à l’idée que cette place avait été la sienne. Auparavant, c’était de la fierté qu’elle en éprouvait, celle de servir ses maîtres en offrant ce que l’on faisait de plus cher : la vie. Désormais, c’était de la honte. Eris s’était mise à ruer dans son esprit, entièrement et pleinement outrée. Une partie d’elle-même que Phèdre peinait à réfréner. Elle ne l’avait pas dit, ne le dirait probablement jamais, mais elle ne voulait plus de cette ancienne vie, régi par les visions de son aînée. C’était avec un mélange de joie et de tristesse amère qu’elle avait compris que si cela ne se reproduirait plus, c’était uniquement car son corps n’était plus celui d’un ange.
Ses pas s’arrêtèrent à une nouvelle bifurcation. Levant le nez vers le ciel, elle hésita un instant avant de prendre la branche de droite dans laquelle elle s’engagea.
— Étudies comme nous autres, apprends les préférences de chacun. Certains préfères ne pas choisir, ils estiment que ce n’est pas équitable. D’autres n’ont pas le choix. Pour d’autres, cela tombe sous le sens. Je ne crois pas qu’il ait de méthode, je pense plutôt qu’il s’agit de ton choix. Le tiens et celui de ton âme, c’est elle qui te relie à eux après tout. Peut-être devrais-tu prendre le temps de l’écouter ? Ou d’écouter tout court, certains de nos maîtres aiment chuchoter à l’oreille de leurs dévots. Elle lui lança un léger coup par-dessus son épaule. — L’un des Huit t’attire plus que les autres ? Lui demanda-t-elle l’air sincèrement intéressé. — Et puis, rien n’est jamais définitif ici bas. Le temps va filer et tu vas changer, sans même t’en rendre compte. Alors peut-être qu’un jour, ton allégeance changera de maître. Mais je te souhaite qu’il ne s’agisse que de Titan et pas de religion. Tu n’es pas sans savoir qu’ils n’aiment pas les infidèles.
Un rire guilleret lui échappa et ils tournèrent abruptement sur leur gauche, faisant presque demi-tour tant la rue qu’ils avaient décidés d’emprunter était biscornue. Ils marchèrent un moment dans un dédale de rues et de ruelles interminables. Phèdre suivait les maigres informations qu’elle avait pour se repérer, n’hésitant pas à solliciter Qultarn dès qu’elle pouvait pour coupler ses informations aux siennes.
Mais elle s’ennuyait ferme, les passants n’avaient guère d’intérêt à ses yeux, pas plus que les bâtisses en pierres blanches autour d’elle et son verre fut bien vite vide. De plus, leur destination semblait les éloigner de l’intendant et son tribun, exactement ce qu’elle avait voulu éviter.
— Oh et si je peux me permettre, quoi que tu en dise, tu es bien plus séduisant quand tu souris.
Il avait peut-être le mérite d’être insensible à ses magies séductrices, mais rien n’empêchait la demi-fae de jouer de ses charmes sans artifices. En plus de s’occuper le temps du trajet.
"Ce n'est pas un jeu." Pesta Eris. Que Phèdre ignora superbement.
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Qultarn
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Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal mauvais
Rang: D
De toute façon, la ville n’était pas si grande qu’en l’arpentant quelques heures, ils ne parviendraient pas à trouver cette église. Qultarn aurait bien demandé son chemin, mais l’absence de tout signe distinctif du divinisme, remplacé par le shierak, indiquait clairement la position du Reike sur la question : il s’agissait de prendre possession de Maël, de l’âme de la cité, et non uniquement des murs. Ses habitants se rendaient-ils compte qu’il se livrait une guerre invisible ou non ? Le drakyn l’avait déjà beaucoup vu, quand les terres du nord étaient retombées sous la coupe de l’Empire. Des us et coutumes tribaux s’étaient vu petit à petit écartés pour faire place à la rigueur martiale de la Nation.
Ce fut le cas de l’esclavage, ou du Holmgang, encore à peine pratiqué là où l’administration impériale avait encore du mal à étendre ses tentacules.
« Normalement, il existe une place proche vers laquelle nous diriger. A partir de là, trouver l’église devait être, censément, simple. »
En tout cas, c’était ainsi que la Prophétesse l’avait présenté. Leur définition de la simplicité serait-elle la même ? Leur ruelle croisa une rue plus pratiquée, et ils se frayèrent quelques instants un chemin à travers la foule, Phèdre marchant dans ses pas tandis que sa carrure ouvrait un chemin de plus ou moins bonne grâce parmi les piétons qui semblaient toujours chercher le bon endroit pour assister à la suite des festivités. La tête baissée sous son capuchon, le drakyn ignora un oni qui le surplombait d’une bonne tête, s’assurant juste que sa consœur et lui restaient en rythme. Il avait effectivement entendu dire qu’elle était un ange, jadis. Les voies des Titans restaient impénétrables.
« Oui, je profite de Benedictus et de la bibliothèque de la Haute-Cathédrale pour en apprendre davantage sur le divinisme, souffla-t-il. Mais plus je lis, moins j’ai l’impression de comprendre. Il y a des complexités, et les difficultés de millénaires d’histoire, après tout, qui s’entrecroisent et s’entrelacent. Puis les auteurs ne sont eux-mêmes pas toujours en phase. Certaines contradictions semblent… irréconciliables. »
Le nouveau zélote haussa les épaules.
« Je suppose que cela tient justement au choix d’un Titan parmi tous. Ils ressentaient le besoin de l’honorer au détriment des autres, quand une place proéminente dans le cœur du croyant n’en fait que le premier des dieux. »
Puis il prit le temps de peser ses mots suivants. Le simple fait de les penser lui semblait déjà à la limite du blasphème, donc les exprimer à voix haute revenait à franchir un gouffre qui avait quelque chose de terrifiant, mais avec lequel, pourtant, il se débattait depuis des semaines, depuis son arrivée à Bénédictus. Il se retint de cracher sur le côté pour signifier son malaise et le sale goût qu’il avait en bouche, puis frotta machinalement sa cuisse, là où le tatouage se trouvait encore il y avait quelques mois de cela.
« C’est Zeï qui m’a ouvert les yeux et m’a fait découvrir le divinisme, dans les profondeurs du Berceau, commença Qultarn d’une voix qui avait encore baissé d’un ton. J’ai longtemps écouté les murmures du vent, les chuchotis des feuilles, le bruissement des ailes des oiseaux. A chaque fois, j’ai eu l’impression d’y entendre la voix de la Titanide et d’y découvrir la direction à suivre. »
Il pencha la tête sur le côté, à la recherche d’un son, de quelques mots volés dans l’air. Mais il n’y avait que le brouhaha de la foule et le bruit de la ville.
« Pourtant, ses attributs tels que mis en avant ne me… correspondent pas ? En tout cas, je ne me vois pas chuchoter et manipuler le cœur des Hommes. Puis je regarde les autres Titans, et je me questionne pour savoir s’il y en a un dans lequel je me reconnaîtrais davantage, et que je serai donc plus à même d’honorer. »
Il n’avait pas encore trouvé de réponse à cette question, novice qu’il était.
« En attendant, je prends soin de tous les honorer de façon égale. Et non, ma Foi n’est pas en doute. Simplement la façon de l’exprimer. »
Les Dieux étaient d’autant plus intimidants qu’ils pouvaient apparaître soudainement pour le châtier, songea Qultarn, comme ils avaient puni Shoumeï, et comme ils comptaient encore le faire sur le reste du Sekaï.
« En tout cas, merci pour tes conseils. Je suis rassuré de savoir que ce n’est pas inhabituel de reconsidérer son allégeance au cours d’une longue vie. Qui sait, peut-être qu’à l’approche de la mort, je trouverai un charme certain à Xo’rath, ironisa-t-il. »
Qultarn avait beau tenter de noter le chemin qu’ils empruntaient, les choix aléatoires qu’ils semblaient faire à chaque croisement rendirent la tâche d’abord malaisée, ensuite impossible. Il lâcha son verre dans un recoin, le laissant traîner là, et se contenta de regarder le soleil pour avoir une vague idée de la direction à prendre s’il fallait retrouver les grands axes et les portes de la ville. Cela suffirait bien pour qu’il s’en sorte. Il sursauta néanmoins au compliment de Phèdre, peu habitué qu’il était à en recevoir. S’il savait qu’il n’avait pas un physique ingrat, les femmes exprimaient rarement ce genre de commentaires, au point qu’il ne put empêcher un sourire satisfait d’apparaître tandis que ses joues rosissaient bizarrement. Il se racla la gorge en cachant sa bouche derrière son poing.
« Arhem, merci… »
Puis son esprit s’arrêta, à la recherche d’une réponse spirituelle, polie ou les deux.
Rien ne vint.
Mais l’enchaînement des rues du petit quartier dans lequel ils se trouvaient s’éloignait de plus en plus des grands boulevards de la partie centrale, et qui devait servir d’artère, jadis à la population et aux marchandises, maintenant aux escadrons reikois. Non, ici, le cœur de la population battait encore à plein, les soldats se faisaient plus rares et si, aux yeux des nobles, cela semblait plus pauvre, pour Qultarn, c’était simplement plus vivant. Ils arrivèrent finalement, presque par surprise, sur un parvis surplombé par une grande église dont les vitraux aux couleurs éclatantes. Les symboles divinistes rendant hommage aux Titans parsemaient toute la façade qu’ils pouvaient voir, et si les lourdes portes étaient à peine entrouvertes, la place respirait une sérénité joyeuse.
« Je pense que nous avons trouvé ce que nous cherchions. Et cela n’a pas encore été transformé en caserne, a priori, nota le drakyn. »
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Phèdre
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Finalement, Qultarn s’avérait un compagnon bien plus amusant qu’elle ne l’aurait cru. Il fallait seulement réussir à lui tirer les vers du nez. Ce qui avait pris un certain temps mais sa langue ainsi déliée, il devenait bien plus amusant. Elle regrettait seulement de ne pas avoir su s’y prendre lors de leur voyage aller, ce dernier lui aurait paru bien moins long. En tout cas, en couplant leurs indications, bien moins maigre du côté de Qultarn, ils ne tardèrent pas à trouver ce qu’ils cherchaient.
Le quartier qui bordait l’église était bien loin de ceux qu’ils avaient quittés, s’éloigner du centre-ville les avaient renvoyés vers des ruelles intestines plus sombres et plus pauvres. Eris eut, pendant un instant, l’étrange impression d’être à nouveau de retour à Ikusa. Elle avait la sensation d’être à nouveau à la recherche de son or noir, sauf qu’ici elle ne cherchait pas de drogue et aucun de ses amis ne la suivait du haut des toits. Par réflexe, elle leva tout de même les yeux vers les hauteurs de la ville mais n’y trouva effectivement rien de plus que des rangées de tuile ocre, un ciel bleu éclatant et quelques banderoles colorées. Au bout de la rue se tenait l’église. Elle les surplombait comme une créature intriguée et prête à se pencher pour les regarder de plus près. Ses vitraux multicolores étaient semblables à des niches qui lui donnait des airs de ruche géante.
— Pour combien de temps ? Soupira Phèdre en s’avançant sur le parvis pour venir caresser un symbole diviniste sur la pierre.
Du bout du doigt, elle en suivit le contour, remontant délicatement le long d’une boucle pour suivre ensuite le coude abrupt d’un angle droit. Elle s’assura que personne ne se trouvait dans les environs avant de reprendre.
— Tout le monde sait que le Reike exècre le culte des Divins. S’ils ont annexé Maël et qu’ils n’ont pas encore mis à sac toutes les églises divinistes c’est sans doute pour opérer un endoctrinement “en douceur”. Laisser penser aux shoumeiens qu’ils auront une quelconque liberté de religion alors que la seule finalité qui leur sera autorisée ce sera ce maudit Shierak. Un sourire mauvais étira ses lèvres. — La lune et le soleil. Quelle ineptie. On dit des divinistes qu’ils sont égoïste et mauvais mais au moins, nous ne nous sommes pas auto-proclamé réincarnation de déesse ou je ne sais quoi il y a plusieurs milliers d’années. Les titans sont et rien ne pourrait le contester. On peut ne pas les vénérer, mais il est impossible de ne pas y croire.
“Ils sont cruels et mauvais !” Argua Eris qui avait deviné que le plaidoyer lui était avant tout destiné.
— Ils le sont parce que leur peuple à perdu la foi, à cause du Reike. Grogna bassement Phèdre.
“Le peuple à perdu la foi parce que ce sont des monstres !”
— Le Reike ne vaut pas mieux, cracha Phèdre, un peu plus fort cette fois. — Le Reike n’a rien d’héroïque. Il est archaïque, grossier. Il est le seul peuple à pratiquer l’esclavage, il traite ses femmes comme des domestiques et ses hommes comme des pantins sans cervelle. Il est extrême et totalitaire…
“Le reike…” Commença Eris avec une ardeur si féroce qu’un violent mal de tête fit vaciller Phèdre qui la coupa avec au moins autant de rage. “Tais-toi !” Et le silence se fit dans son esprit.
La douleur battait dans ses tempes comme des tambours de guerre, rappel douloureux de sa condition et elle se mit à se masser les tempes à réaction. La présence d’Eris était toujours là, ronchonnant dans un coin, sans qu’elle ne prête attention aux pensées qui la traversaient. Qu’elle aille donc à Xo’rath, il saurait en faire son affaire. Délaissant les marques sur les murs, elle se tourna vers le drakyn.
— Bien. Ma sœur sera ravie d’apprendre que son église est encore debout. D’un pas plus lent, presque hésitant, elle s’avança vers son camarade. — Pas grand-chose, mais cela lui fera plaisir. Ce n’est jamais un mal de s’attirer ses bonnes grâces. Enfin, ta mission est achevée. Retournons en ville. J’imagine qu’il y a plein de ruelles sordides que tu te ferais un plaisir d’admirer mais ce sera pour une autre fois. Ses doigts glissèrent le long de son avant bras quand elle le dépassa.
Cette fois, elle prit la tête de leur petit duo. Évoluant avec aisance dans les rues exigus qui ne faisaient que renforcer l’air de géant patibulaire de Qultarn.
— Xo’rath… Ne m’a jamais plu. Lui avoua-t-elle en lui lançant un coup d'œil par-dessus son épaule. — Et pourtant, c’est sûrement grâce à lui que je suis ici. Alors que ma mère que je vénère depuis qu’elle m’a offert mon premier souffle, n’a jamais daigné me faire l’aumône de son attention. Sur le ton de la confidence, mi amusé elle chuchota : — C’était Siame, sa favorite. Un sourire et elle se détourna à nouveau. — Alors ne te fais pas de cheveux blancs et ne t'abîme pas les yeux sur des livres si tu n’y trouves pas tes réponses. Mais si je devais choisir et que j’étais toi, peut-être que je lirais quelques ouvrages sur Lothab
Le quartier qui bordait l’église était bien loin de ceux qu’ils avaient quittés, s’éloigner du centre-ville les avaient renvoyés vers des ruelles intestines plus sombres et plus pauvres. Eris eut, pendant un instant, l’étrange impression d’être à nouveau de retour à Ikusa. Elle avait la sensation d’être à nouveau à la recherche de son or noir, sauf qu’ici elle ne cherchait pas de drogue et aucun de ses amis ne la suivait du haut des toits. Par réflexe, elle leva tout de même les yeux vers les hauteurs de la ville mais n’y trouva effectivement rien de plus que des rangées de tuile ocre, un ciel bleu éclatant et quelques banderoles colorées. Au bout de la rue se tenait l’église. Elle les surplombait comme une créature intriguée et prête à se pencher pour les regarder de plus près. Ses vitraux multicolores étaient semblables à des niches qui lui donnait des airs de ruche géante.
— Pour combien de temps ? Soupira Phèdre en s’avançant sur le parvis pour venir caresser un symbole diviniste sur la pierre.
Du bout du doigt, elle en suivit le contour, remontant délicatement le long d’une boucle pour suivre ensuite le coude abrupt d’un angle droit. Elle s’assura que personne ne se trouvait dans les environs avant de reprendre.
— Tout le monde sait que le Reike exècre le culte des Divins. S’ils ont annexé Maël et qu’ils n’ont pas encore mis à sac toutes les églises divinistes c’est sans doute pour opérer un endoctrinement “en douceur”. Laisser penser aux shoumeiens qu’ils auront une quelconque liberté de religion alors que la seule finalité qui leur sera autorisée ce sera ce maudit Shierak. Un sourire mauvais étira ses lèvres. — La lune et le soleil. Quelle ineptie. On dit des divinistes qu’ils sont égoïste et mauvais mais au moins, nous ne nous sommes pas auto-proclamé réincarnation de déesse ou je ne sais quoi il y a plusieurs milliers d’années. Les titans sont et rien ne pourrait le contester. On peut ne pas les vénérer, mais il est impossible de ne pas y croire.
“Ils sont cruels et mauvais !” Argua Eris qui avait deviné que le plaidoyer lui était avant tout destiné.
— Ils le sont parce que leur peuple à perdu la foi, à cause du Reike. Grogna bassement Phèdre.
“Le peuple à perdu la foi parce que ce sont des monstres !”
— Le Reike ne vaut pas mieux, cracha Phèdre, un peu plus fort cette fois. — Le Reike n’a rien d’héroïque. Il est archaïque, grossier. Il est le seul peuple à pratiquer l’esclavage, il traite ses femmes comme des domestiques et ses hommes comme des pantins sans cervelle. Il est extrême et totalitaire…
“Le reike…” Commença Eris avec une ardeur si féroce qu’un violent mal de tête fit vaciller Phèdre qui la coupa avec au moins autant de rage. “Tais-toi !” Et le silence se fit dans son esprit.
La douleur battait dans ses tempes comme des tambours de guerre, rappel douloureux de sa condition et elle se mit à se masser les tempes à réaction. La présence d’Eris était toujours là, ronchonnant dans un coin, sans qu’elle ne prête attention aux pensées qui la traversaient. Qu’elle aille donc à Xo’rath, il saurait en faire son affaire. Délaissant les marques sur les murs, elle se tourna vers le drakyn.
— Bien. Ma sœur sera ravie d’apprendre que son église est encore debout. D’un pas plus lent, presque hésitant, elle s’avança vers son camarade. — Pas grand-chose, mais cela lui fera plaisir. Ce n’est jamais un mal de s’attirer ses bonnes grâces. Enfin, ta mission est achevée. Retournons en ville. J’imagine qu’il y a plein de ruelles sordides que tu te ferais un plaisir d’admirer mais ce sera pour une autre fois. Ses doigts glissèrent le long de son avant bras quand elle le dépassa.
Cette fois, elle prit la tête de leur petit duo. Évoluant avec aisance dans les rues exigus qui ne faisaient que renforcer l’air de géant patibulaire de Qultarn.
— Xo’rath… Ne m’a jamais plu. Lui avoua-t-elle en lui lançant un coup d'œil par-dessus son épaule. — Et pourtant, c’est sûrement grâce à lui que je suis ici. Alors que ma mère que je vénère depuis qu’elle m’a offert mon premier souffle, n’a jamais daigné me faire l’aumône de son attention. Sur le ton de la confidence, mi amusé elle chuchota : — C’était Siame, sa favorite. Un sourire et elle se détourna à nouveau. — Alors ne te fais pas de cheveux blancs et ne t'abîme pas les yeux sur des livres si tu n’y trouves pas tes réponses. Mais si je devais choisir et que j’étais toi, peut-être que je lirais quelques ouvrages sur Lothab
Citoyen du monde
Myriem de Boktor
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Intendant et tribun
Avec du monde -2
L’attente maintenant, celle des salutations officielles, des regards appuyés qui tentent de retenir notre attention. Aux côtés de Tulkas je ne savais pas vraiment sur quel pied danser. Il était tout ce que je détestais, et il représentait fièrement cette part martiale du Reike. Un soldat à la tête de Mael, mes aïeux devaient se retourner dans leurs tombes assurément mais le monde avait changé et il n’était plus temps de pleurer sur ce passé révolu. Aller de l’avant !
Et pourtant une chose étonnante était en train d'avoir lieu, la cérémonie terminée, nos titres donnés tout s'était déroulé comme prévu, sans esclandre comme nous l'avions craint. Droite, digne, je n'avais aucun mal à jouer les figures d'apparat et rester aussi immobile que le fier soldat à côté de moi. Si sa vie martiale et militaire lui avait enseigné le garde à vous à la perfection, c'étaient les cours d'étiquette et de bienséance qui avaient façonné ma posture. J'étais née pour ce genre d'événements mondains et publiques et je réalisais en ce jour combien cela m'avait manqué depuis des années... Depuis la Purge et le début de notre déchéance aux yeux du monde, j'avais perdu ce côté noble de ma vie. Ce côté voué aux apparences mais qui demeurait important car l'image que je renvoyais comptait presque autant que mes actes.
Mon oeil valide parcourait l'Assemblée, cherchant des visages de mon passé, des nobles connus, des maeliens revenus de leur exil républicain ou reikois pour certains. Ils étaient peu nombreux, nous n'étions plus qu'une poignée, les titres sonnaient creux, la Purge avait décimée la noblesse de Mael et la guerre avait fini de nous achever. Quelques survivants, qui devraient être capables de trouver un terrain d'entente. Et aux côtés de tous ces gens, des reikois venus s'installer dans ce territoire conquis, terres octroyés, titres donnés, la face de Mael n'était plus la même. Et pourtant son coeur demeurait intact, car les plus démunis, les gens du commun, les invisbles étaient toujours présents, ils n'avaient pas eu les moyens de quitter le navire, de partir refaire leur vie ailleurs alors c'était pour eux que j'étais présente, que je prenais très à coeur l'opportunité que l'on m'offrait. J'aurais préféré avoir le titre de Tulkas, en un sens je me disais en un sursaut d'orgueil que j'avais autant mérité que lui à Melorn, que sans mon aide il n'aurait pu réussir, sans celle des autres non plus mais bien vite je renvoyais ses pensées au fond de mon esprit, l'orgueil ne me réussissait guère. J'étais une femme humble, noble, fière mais qui connaissait ses limites et ses prérogatives.
Et je l'ai perçue, j'ai senti sa présence, son aura, sa signature. Bien sûr, personne sur le Sekaï ne pouvait falsifier sa présence, sa signature, au mieux certains pouvaient la dissimuler mais elle, elle représentait tellement de choses de par sa simple présence, Louise était dans la foule, l'Espoir était venu jusqu'à Mael et cela m'emplissait de joie. Je me surpris à sourire, je me sentais mieux, c'était stupide en un sens mais je le ressentais ainsi.
Elle s'était glissée parmi la foule et attendait son tour et quand elle s'approcha de nous je n'eus pas l'occasion de l'empêcher de s'agenouiller. Pour le coup cela me dérangeait de la voir ainsi devant moi, c'était moi qui était à son service, prête à défendre ses idéaux envers et contre tous, prête à porter l'Espoir haut pour qu'il brille et innonde le monde de sa lumière. Les mots qu'elle prononça pour moi étaient un baume pour mon coeur, une assurance que j'avais finalement la bonne voie, celle que je devais suivre, enfin j'avais ma place en ce monde nouveau. Légitimé par le Reike avec ce poste de tribun et par l'Espoir avec ses paroles. Quand elle eut terminé je l'ai aidé à se relever sous le regard des suivants.
J'ai répondu à ses mots d'une voix claire et forte, plus que pour les autres afin que mes mots soient entendus du plus grand nombre.
- Chevalière Louise Aubépine, Porteuse d’espoir, vos paroles sont emplies de votre naturelle générosité mais ce n'est point votre lame qui est à mon service, c'est moi qui suit à celui des intérêts que vous défendez à savoir les shoumeiens. Mon amitié vous fut acquise sans contrepartie dès notre rencontre au pied de l'Arbre Monde et nous n'aurons de cesse d'oeuvrer et de travailler main dans la main pour qu'un jour prochain, les bourgeons printaniers viennent éclore et fleurir sur lui, que ses bienfaits irradient et nettoient Benedictus de sa corruption. Que la vie reprenne ses droits en ces régions meurtries et que nos gens puissent retrouver leurs foyers.
Je tourne mon regard vers Tulkas alors que Louise se présente à lui et je finis par rajouter, de manière solennelle.
- Gouverneur Tulkas, Protecteur et Intendant de Maël, banneret de la Griffe. Permettez moi de vous présenter officiellement la chevalière Louise Aubépine, porteuse d'Espoir, guide des Veilleurs de l'Aurore dont Savoir et moi-même sommes des représentants. Nous avons à coeur de pouvoir travailler main dans la main dans le but de voir refleurir l'Arbre Monde. Que nos actes conjoints offrent un monde meilleur à tous.
Nul besoin de parler de distinction entre reikois et shoumeiens, parce que les affres de l'Arbre Monde avaient touché le monde entier et pas que nos terres, sa maladie, sa putrescence affectait tout un chacun. Dans la foule des nobles, j'avais aperçu une autre silhouette connue, je l'aurais sans nulle peine reconnue elle aussi. Notre rencontre m'avait sorti du gouffre, sans elle, je n'aurais pas eu le courage de retourner à Benedictus, sa présence était un baume pour les esprits abimés et j'avais appris avec joie pour elle qu'elle avait reçu une grande distinction, Dame Cyradil était devenue l'Esprit du Reike.
CENDRES
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