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  • Dim 30 Juin - 21:24
    17 au 21 avril de l’an 5

    Zéphyr avait lancé son cheval au trot après qu’il ait reçu des nouvelles de Corvus, puis, dès qu’il l’avait pu, le guerrier avait lancé sa monture à pleine vitesse afin de quitter Kyouji et de rejoindre les vastes terres du désert. Sous ses yeux, il n’y avait que des montagnes de sable : les dunes se suivaient les unes après les autres, et surtout, la chaleur accablante du sahel s’abattait sur les environs. Le maître-espion n’en faisait pas cas, sachant que plus il remontrait vers le Nord, plus le temps s’adoucirait. Pour autant, sa destination n’était pas Melorn, non. Ses espions lui avait donné le nom d’un hameau perdu au fin fond de nulle part, autour duquel il n’y avait d’ailleurs aucun autre village à proximité : une terre bénie, vu les nouvelles que lui avaient apportées Lyra. Puisque le Vent était désormais un lycanthrope, Orion allait devoir au plus vite maîtriser la Bête qui dormait maintenant en lui ; et être loin de n’importe quelle civilisation avait du bon pour remplir cet objectif.

    Ses espions avaient bien fait d’agir rapidement et de l’aviser ensuite. Leur rapidité d’action, ainsi que leur indépendance, ne gênait pas l’assassin si l’urgence faisait loi : or, il y en avait véritablement une, puisqu’en l’état, son ami devait être incapable d’assurer ses fonctions. L’Oreille devait en conséquence voir quel était son état physique, quel était son état mental, et s’il savait remplir ses devoirs en tant que chef de cellule. Le rétrograder, même de façon temporaire jusqu’à ce qu’il domine ses nouvelles compétences raciales, n’était pas une piste à négliger, mais avant de rendre le moindre jugement, Zéphyr devait le rencontrer.

    Il était heureux que Lyra et son comparse ait neutralisé Rix, sinon, le ministre se serait fait une joie de participer à la chasse et de le capturer de ses propres mains. En toute honnêteté, le bretteur aurait préféré qu’on l’anéantît, purement et simplement, mais le serviteur d’Aurya était retors. Ce serait une bonne chose qu’il croupisse longtemps au Berceau…

    Laissant son cheval mener la marche, il était clair que le maître-espion avait l’esprit absent alors que le paysage défilait devant lui. Beaucoup de choses se bousculaient dans son esprit, et si l’état du Vent en était une, la seconde lettre qu’il avait reçue le taraudait aussi.

    Que diable Orion avait fait à Eris pour qu’elle prenne la poudre d’escampette ?
    Et surtout, où était-elle allée pour abandonner toute sa vie derrière elle ?
    Apparemment, la Reikoise avait pris la fuite, avait décidé d'en avertir le ministre à demi-mot, pour éviter qu'il ne la cherche, et puis, elle était juste... partie. La nouvelle était trop récente pour que Zéphyr ait pu enquêter comme il se le devait, mais il était faisable – selon lui – que la belle soit partie en République. Elle l’avait déjà fait peu avant le retour de l’expédition de Vent d’Acier, et elle pourrait bien recommencer après avoir pris des premières marques dans la Nation Bleue. Cela dit, cette « escapade » avait des raisons de l’inquiéter, car il n’en comprenait pas la raison, et la jeune femme avait été très évasive sur les raisons qui l’avaient poussée à s'en aller. La seule chose dont il était certain, c’était qu’Orion en était responsable, et cela motivait doublement son déplacement jusqu’à son second. D’abord, cela lui permettrait de s’enquérir sur sa santé, ensuite… Ensuite, il allait sans doute pouvoir l’engueuler un bon coup.

    Certains reproches étaient justes, d’autres l’étaient peut-être un peu moins. Le fait qu’il aurait pu anticiper le coup de Rix, le fait qu’il aurait dû être plus prudent, pouvait être une critique pertinente, mais peut-être présomptueuse quand on n’avait pas été présent sur le  champ de bataille. Quant à Eris… Zéphyr avait bien envie d’affubler l’espion de tous les mots d’oiseaux possibles, tant son inquiétude était réelle pour ses deux amis, surtout pour la jeune femme, qui n'avait pas les mêmes capacités défensives que les espions. Si elle était attaquée, et si on s'en prenait à elle, il allait réduire les responsables en morceaux. Ceci mis à part, le conseiller royal espérait encore un peu que le Vent ait quelques pistes à lui adresser concernant la mage noire. N’était-ce pas lui qui avait eu une dernière conversation avec la demi-elfe ? Alors il devait sans doute avoir quelques idées sur ce qu’elle comptait faire non ?

    Pestant contre sa propre ignorance, Zéphyr se força néanmoins à se recentrer sur l’essentiel. Il lui faudrait quelques jours pour arriver dans le village-même où était retenu son bras droit. Suivre le chemin de Taisen, puis d’Ikusa était un peu plus long, mais c’était de loin la voie la plus sécurisée pour arriver à destination. Si, au contraire, l’Oreille traçait une diagonale dans les terres du désert, pour gagner une journée de route, le maître-espion se risquait à rencontrer des bandits ou des bêtes sauvages, qui pourraient le retarder plus qu’autre chose. Or, il n’avait pas de temps à perdre. Plus vite il serait près d’Orion, plus vite il pourrait mieux juger la situation, afin d’aider son frère d’arme, de faire le point et trouver des pistes pour retrouver Eris.

    Mais pour cela, il fallait encore s’hydrater correctement, et laisser sa monture souffler. Sa précipitation et son impatience ne devaient pas altérer son jugement dans des terres aussi inhospitalières que le Reike, car cela pouvait être fatal pour n’importe quel aventurier. Cela dit, l’arrêt ponctuel dans les grandes cités de l’Empire aurait l’avantage de lui procurer des chevaux frais et dispos. Quant à ses vivres, il lui serait évidemment facile de se ravitailler dans les grandes métropoles de l’Empire. Enfin, retrouver une part de ses Sentinelles lui donnerait quand même de la compagnie, et celles qui étaient restées à Kyouji ne tarderaient pas à remonter à la capitale, après avoir fait le point avec Corvus.

    Le Grand Argentier avait d’ailleurs été une plaie donc il se serait bien passé. Quelle idée le vampire avait eu d’aller dans les réseaux de la pègre ? Pourquoi si soudainement ? Est-ce qu’il avait la cervelle d’un moineau ou est-ce qu’il le faisait exprès pour s’attirer son ire ? L’humeur de Zéphyr, à ce moment-là, était déjà descendue en flèche lorsqu’il avait appris la transformation de son ami et la disparition de sa dulcinée ; alors lorsqu’il avait appris la bêtise du Cœur, il avait eu, l’espace d’un instant, des véritables envies de meurtre.

    Mais le clonage avait ceci de pratique qu’il pouvait se diviser en plusieurs clones pour remplir différentes tâches. Pendant que son jumeau, pure création de mana, se renseignait sur le Grand Argentier, lui pouvait se déplacer en toute liberté. Cela devait impérativement le rendre plus prudent, car cela divisait ses réserves de manière conséquente, mais ça devrait néanmoins suffire pour tenir tête à Orion, si celui-ci était en tout cas incontrôlable.

    Serait-il humain, ou serait-il un loup, c’était dur à dire. Peut-être faudrait-il même qu’il ait affaire à un congénère pour se calmer et trouver la force de se contrôler. A moins qu’Orion ne soit un prodige et ne s’adapte rapidement à sa condition. Tout était encore possible, et il allait bientôt découvrir ce qu’il en était.

    Il lui fallait juste patienter pendant ces trois jours de voyage.

    ***

    - Sauf votre respect, patron…

    Mithrad avait l’impression de parler à un sourd, mais il s’efforça de continuer.

    - Sauf votre respect, patron, je crois pas que ce soit une bonne idée d’aller le voir…
    - C’est mon bras-droit, répondit laconiquement son supérieur.
    - Bien sûr mais…
    - C’est aussi mon frère d’arme et mon ami. La voix de Zéphyr est plus calme et déterminée, maintenant que quelques jours ont réussi à le calmer, mais il n’en reste pas moins que le maître-espion semble inflexible.
    - Bien sûr mais vous venez d’arriver, il va bientôt faire nuit, et il faudrait peut-être vous reposer…
    - Je n’ai pas le temps, grogna le concerné. Je dois trouver Eris.
    C’est qui ? a bien envie de demander son subordonné, avant qu’il ne se rende compte que son chef l’a dépassé pour se rendre vers la cellule d’Orion.
    - Attendez, messire ! On a suivi ses ordres et les recommandations de la tovyr, mais…
    - Parfait, alors ça devrait suffire, dit presque Zéphyr d’un ton léger. Que personne n’entre, on risque de se cogner.
    C’est sur ces mots que le conseiller royal abandonne l’assassin, et qu’il pénètre dans l’endroit où Orion s’est confiné.

    Ce soir, ils ont beaucoup de choses à discuter.
    Vent du Reike
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    Orion Yamveil
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  • Sam 13 Juil - 17:03
    En plein cœur du désert, perdu entre Kyouji et Taisen, vivait depuis quelques jours déjà, le Vent du Reike : Orion Yamveil. Il était allé se réfugier dans ce hameau, relié directement au village de Ombrelune. Enfin, directement, c’était un bien grand mot, étant donné qu’il se situait à plus de dix minutes à cheval de ce dernier. Un lieu paisible ou pouvait tranquillement vivre le monstre qu’était devenu le maître des ombres, suite à sa rencontre avec l’entité provenant tout droit du monde des Titans : Rix.
    Pourquoi Ombrelune ? Eh bien, c’était très simple. Il était le village dans lequel résidait la promise d’Orion, bien qu’il ne lui accordât que très peu d’importance, du moins, extérieurement, étant donné qu’Eris était celle qu’il aimait vraiment et secrètement. Même si, la lettre qu’il avait reçue plus tôt, à Ikusa, mettait les points sur les i concernant sa relation avec cette dernière. En bref, Orion avait été mené ici par l’un des membres de l’Ordre et, après quelques explications, le nouveau Lycanthrope fut mené dans ce hameau, perdu au milieu de nulle part et recevant de la nourriture tous les deux jours exactement. Une situation qui ne lui plaisait absolument pas mais, il n’avait pas vraiment le choix.

    Alors, comment le Lycan passait-il son temps, étant donné qu’il était seul et livré à lui-même au milieu du désert, sans recevoir la moindre visite, même de sa promise ? Eh bien, à défaut de pouvoir aller au Dragon-Fit tous les premiers, troisièmes et cinquièmes jours de la semaine comme à son habitude, le jeune Yamveil faisait ce qu’il pouvait pour se maintenir en forme. Une chose aisée, étant donnée sa nouvelle situation surhumaine de loup-garou. Ça et, l’apprentissage de la maîtrise de ses nouveaux pouvoirs qui, à l’évidence, le surpassaient et, de loin, lui qui avait toujours été assez « zen » pour se contenir.

    Une seule chose alors occupait ses pensées et, comme par hasard, c’était directement lié à cette fameuse lettre qu’Eris lui avait laissée. Qu’avait fait Zéphyr pour que son amie s’en alla loin de la capitale ? Qu’avait bien pu faire Zéphyr pour faire purement et simplement fuir Eris. La moindre des pensées d’Orion était parasitées par cette lettre et son abominable contenu et, encore pire, elle lui faisait parfois péter un câble, à tel point qu’il se transformait à des moments aléatoires pour rugir de toutes ses forces. Des rugissements qui résonnaient bien au-delà du hameau dans lequel il résidait. Des rugissements qui faisait trembler les villageois habitant Ombrelune.
    Le Manoir délabré - car oui, le Yamveil était logé dans un manoir délabré, anciennement la propriété d’un noble, - était devenu un lieu d’épouvante en quelques jours seulement. Un lieu où les enfants avaient l’interdiction la plus totale d’approcher à plusieurs lieux à la ronde. Il était raconté aux enfants, dès le premier jour, qu’un Loup-Garou habitait désormais les lieux et, que la moindre chair fraîche passant non loin de son museau se retrouverait dans son gosier en moins de temps qu’il n’en fallait pour dire « Tensai ».

    - - -

    La Lune rayonnait de mille feux au-dessus du désert, apportant cette température presque glaciale sur la mer sableuse, tandis que le jeune Yamveil observait l’arrivée d’un cavalier fendant le sable. Grâce à sa vision surdéveloppée, le Vent n’eut aucun mal à reconnaître celui qu’il considérait, encore quelques semaines en arrière, comme son meilleur ami. À peine eut-il vu les traits du visage de l’Oreille que ses prunelles écarlates se fendirent en deux et, que la bête qui l’habitait ressurgît des profondeurs de son âme. Il n’en fallait que très, très… très peu pour que l’état mental d’Orion passât d’un simple humain sympa, à une véritable bête sanguinaire. Seulement, ce soir, c’était différent. Il essayait de se contrôler, malgré cette visite inopinée.

    Il ne rugissait pas directement, non. Il attendait simplement d’entendre sa proie pénétrer dans son domaine. Une proie… un ami… il n’y avait plus aucune distinction entre ces deux titres, pour Zéphyr, non. Il devait payer pour avoir fait fuir Eris. La silhouette surpassant sans le moindre mal les deux mètres se détacha alors de la fenêtre, pour laisser sa magie obscure envahir l’atmosphère de cette demeure qui lui avait été assignée contre son gré. Une brume sombre rampa alors sur le parquet en partie moisi du manoir, pour laisser des ombres du Loup-Garou se manifester à différents endroits. Des ombres imitant à la perfection sa silhouette, pouvant tromper le plus perspicace des adversaires. Des ombres possédant un regard aussi profond que celui de leur créateur. Des prunelles éclatantes et d’un rouge écarlate presque aveuglant, perçant les ténèbres de la nuit régnant en maître dans cet endroit hostile à toute vie.

    Puis la porte grinça.

    « Tu n’aurais jamais dû venir, Zéphyr. » Prononça Orion, tapis dans l’ombre, dans le vestibule de sa nouvelle demeure. Mais, son ami continua d’avancer, sans la moindre crainte, parcourant cette brume qui planait à quelques centimètres du sol. Lorsqu’il montât les premières marches menant à l’étage, une nouvelle ombre apparut devant lui.

    « Je n’ai aucune envie de revenir à Ikusa… Zéphyr. » Déclara-t-elle, avant de disparaître dans un nouveau nuage sinistre. Plus il avança dans la demeure du monstre, plus les ombres lui parlèrent.

    « Elle est partie… à cause de toi, Zéphyr. » Suivi d’un grognement monstrueux.

    « Pourquoi a-t-il fallu qu’elle parte, Zéphyr ? » Suivi d’un grognement de plus en plus macabre.

    Arrivé au centre de ce qui s’apparentait le plus à une chambre, Zéphyr eut la mauvaise surprise de se retrouver entouré d’ombres imitant parfaitement la silhouette du Lycanthrope et, parmi toutes ses ombres, seule l’une d’elles était le véritable Orion. Quelques secondes à jauger Zéphyr du regard, puis elles s’avancèrent, resserrant l’étau entourant le meilleur ami du Vent.

    « Ta tête ne sera qu’une maigre compensation… Zoldyck. » Suivi d’un hurlement macabre. Puis, chacune des silhouettes se ruèrent sur l’Oreille et, seule l’une d’entre elles était le véritable Orion. Seule l’une d’entre elles était ce monstre qu’était devenu le frère d’arme de Zéphyr.

    En à peine quelques jours, moins d'une semaine, l'esprit d'Orion avait radicalement changé. Le temps lui paraissait si long, il avait l'impression d'être emprisonné ici depuis... l'éternité.
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    Zéphyr Zoldyck
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  • Mar 23 Juil - 23:59
    Zéphyr connaissait suffisamment son ami pour savoir que le choix d’Orion n’était pas innocent. Ombrelune était la bourgade de sa fiancée, que son bras-droit fréquentait peu. L’Oreille ne lui avait jamais fait de commentaires à ce sujet – il menait sur ce point la vie qu’il entendait – mais c’était un village assez proche de leur clan d’origine, et donc, le bretteur était quelque peu familier des lieux. Naturellement, le conseiller royal approuvait l’exil du Vent en périphérie : c’était le meilleur moyen d’éviter tout accident ou toute tragédie. N’étant pas sûr que sa promise ait été prévenue de son arrivée, et voulant éviter toute scène larmoyante et dramatique, Zéphyr n’avait pas fait d’arrêt chez la fiancée d’Orion. Il préférait directement aller voir son ami, enfermé dans un manoir désert et solitaire, pour être directement fixé sur son sort et sur son état de lycanthrope.

    Évidemment, le départ soudain d’Eris trainait encore dans sa tête, puisque, selon les dires de cette dernière, la jeune femme avait fui Ikusa à cause du nouveau loup-garou. Impossible pour le ministre d’oublier ce point alors qu’il entre dans la vieille demeure délabrée. L’intérieur est à l’image de la psyché des deux hommes : un bordel sans nom. Il est clair, tout du moins, que le chef de cellule ne sait toujours pas toujours se contrôler. Certaines tables sont renversées, des tableaux d’une rare richesse ont été griffés de haut en bas ; des armoiries et autres décorations murales ont été renversées et piétinés au sol :  tout était prétexte à destruction, et il est heureux que le propriétaire de cette maisonnée soit décédé quelques semaines plus tôt sans héritier, léguant ainsi le tout à la Couronne.

    Les subordonnés du Vent avaient veillé à ce que personne ne s’approchât de cet endroit, et eux-mêmes avaient décidé de rester prudemment à distance, hormis quand il fallait lui apporter de vivres en suffisance. Zéphyr était donc le premier à observer cet spectacle de désolation, mais la vérité, c’est qu’il se moquait éperdument du mobilier de maison et de l’état de ce manoir. Certes, les habitants étaient peu rassurés, mais ils le supporteraient bien encore un peu ; ils le supporteraient tant que l’Oreille et son chef de cellule l’auraient décidé. Alors c’est d’un regard relativement indifférent que son regard balaie le hall d’entrée. Au contraire, il s’avance dans un silence de plomb, ses pas seuls brisant le silence presque oppressant de cette maison. Il sait que le lycan viendra à lui, soit par instinct de la Bête, soit parce qu’Orion le reconnaîtra pour sûr, et de fait, une voix lugubre s’élève dans le vestibule alors qu’une brume sombre semble se déployer partout sur le sol de la pièce.

    Il n’aurait pas dû venir ?

    - Quelle grosse blague, murmure-t-il, les lèvres pincées alors que ses yeux semblent lancer des éclairs. Puis, d’une voix plus forte : Tu m’as fait une grosse connerie, mais je ne vais pas t’abandonner sur le coin de la route. Bien que l’idée lui avait bien traversé l’esprit quand il avait lu la lettre de Phèdre. Il aurait tout donné pour se lancer directement à sa poursuite. Mais voilà, la diviniste ne lui avait laissé aucun indice sur sa fuite, si ce n’est qu’Orion en était responsable, et cela lui donnait justement un goût très amer. Car s’il avait fallu la confier à quelqu’un, pour la protéger ou veiller sur elle en son absence, le descendant des Yameil aurait été le premier à qui Zéphyr aurait pensé. Mais qu’est-ce que tu as fait ? lanca-t-il à la cantonnade, sans préciser sa pensée.  Pourquoi ne pas avoir évité le coup de Rix, pourquoi avoir effrayé Phèdre au point de la faire fuir, pourquoi, pourquoi, pourquoi…

    Orion parle une seconde fois alors que l’Oreille gravit les marchés du manoir. Et un ricanement bien visible apparaît sur les lèvres de l’assassin. Il ne veut pas revenir à Ikusa ?

    - Je t’y ramènerai par la peau des fesses, s’il le faut, même si tu dois vivre un enfer dans cet manoir et que je dois faire appel à Alasker ou à un autre lycan du Reike. Une Bête ?  Tu veux être réduit à ça ? Tu as donc si peu de dignité ? Regarde l’état du manoir. C’est dans cet état que tu veux vivre constamment ?

    Un nuage sombre dissipe la silhouette de du guerrier blond, et l’Oreille continue d’avancer. Il les perçoit, ces ombres étranges, qui sont peut-être la manifestation d’une nouvelle capacité du Reikois, mais ce n’est pas ceci qui va l’empêcher d’avancer. Plus il progresse, plus la voix de son ami est distincte et plus il peut  sentir sa présence. Il approche.

    Et c’est là qu’Orion parle d’elle.

    Zéphyr s’arrête aussitôt alors qu’il a pénétré dans une sorte de chambre. Au moins, il reconnaît qu’elle est partie ? Bien, cela leur fera gagner du temps alors. Enfin, il a beau se dire cela, son expression s’est quand même assombrie : car malgré cet aveu, ça ne lui dit toujours pas où elle est allée et qui plus est, de tels propos ne font qu’accentuer l’absence de Phèdre. Le regard de Zéphyr devient dès lors de plus en plus sombre alors qu’il s’avance au centre d’une pièce, apparemment une ancienne chambre d’enfant. Le Vent a peut-être l’impression que son chef est calme, comme il en a l’habitude, mais la vérité, c’est que l’homme enrage. Et les dernières paroles de son subordonné ne font rien pour apaiser les choses. Cette fois, le maître-espion a un regard désarçonné pendant une brève seconde, quand l’accusation fuse, puis, à l’incrédulité succède la colère.

    - Ne me fais pas rire, commence-t-il d’une voix glaciale.

    Il est entouré d’une multitude de silhouette aux intentions meurtrières, il le sait, il le sent ; pourtant, il ne fait pas mine de se défiler et active plutôt son ouïe augmentée pour discerner d’où vient la respiration du lycan.

    - C’est TOI…

    Le guerrier a mis la main sur son sabre et a déjà fait sortir très brièvement la lame de son fourreau.

    - … Qui l’a fait partir, Orion, déclare-t-il d’une voix sifflante.

    L’attaque viendra par derrière, devine-t-il, particulièrement dans un de ses angles morts. En effet, une seule silhouette inspire et expire, contrairement à ses clones d’ombre. Alors, quand le loup sort ses griffes et ses crocs, le guerrier se plie en angle droit vers l’avant, évitant ainsi de se faire arracher la tête.  Puis, le conseiller royal dégaine en utilisant à la fois sa vitesse et son agilité. Son katana en bronze céleste tranche comme du beurre les clones qui l’entourent, et tel un danseur qui fait une pirouette sur lui-même, le Reikois s’arrête à temps pour ne pas trancher le cou bien réel de son second. Mais le sachant sauvage, agressif, il ne remballe pas pour autant son arme dans son fourreau. Au contraire, il laisse la lame contre sa carotide, prêt à esquiver, tout comme à prendre de la distance. Mais en l’état, ce qui l’intéresse, c’est Phèdre et uniquement Phèdre, puisque le Vent est bel et bien capable de parler et de communiquer.

    Sa voix étrangement sèche claque dans les airs alors que Zéphyr utilise ses dernières ressources de calme pour poser la question la plus importante de toute :

    - Où est-elle ? Que lui as-tu dit ?

    Une dernière question, dite sur un ton plus intense que les autres.

    - Que lui as-tu fait ?

    Le ton monte au fur et à mesure que Zéphyr pose ses questions, trahissant ouvertement les nerfs à vif du maître-espion. Il faut dire qu’il a mis du temps pour remonter jusqu’à Ombrelune, qu’il a eu le temps d’envisager les pires scénarios, tout comme Orion dans son manoir. L’attente laisse désormais place à l’impatience, l’impatience laisse place à la fébrilité, la fébrilité laisse place à l’irritation au moindre faux pas que l’on commet. Et ainsi, la colère prend le dessus, de manière aussi sournoise que discrète.

    Zéphyr n’acceptera pas que son vis-à-vis évite la question, et peut-être que s’il s’examinait en cet instant, il trouverait en lui des traces d’anxiété et de peur, tant le sort d’Orion et de sa belle lui importe vraiment.
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  • Mer 31 Juil - 21:31

    Tandis que les clones d’ombres furent tranchés net par l’attaque dansante de l’Oreille, le véritable Orion se stoppa, tandis que la lame de son meilleur ami était positionnée pile poil entre son menton et son cou, à quelques centimètres alors de lui trancher la gorge. Si l’un comme l’autre ne s’était pas arrêté… non… si Zéphyr ne s’était pas arrêté, le Vent ne se serait lui non plus pas arrêté et alors, le Lycanthrope aurait connu une mort douloureuse et certainement méritée. Il n’était plus lui-même, non.
    Néanmoins, chacune des questions, chacune des paroles de l’Oreille avait pénétré son esprit, elles avaient dansé entre les multiples pensées qui l’habitaient en l’instant. Mais, il ne comprenait pas pourquoi il était accusé du pire, alors que c’était son opposant lui-même qui avait fait fuir Eris.

    Les genoux du Yamveil claquèrent contre le parquet usé, tandis qu’il baissa la tête pour regarder le sol poussiéreux marqué par les pas des guerriers. Des larmes commencèrent à perler sur les prunelles écarlates du Lycanthrope, son regard devenait plus sombre, signe qu’il canalisait un sort de magie obscur. C’était bien pour cela qu’il avait baissé la tête, pour que son meilleur ami, qu’il s’apprêtait à poignarder dans le dos, ne le voit non seulement pas pleurer, mais aussi, ne le voit pas usé de sa magie. Néanmoins, une larme s’était échappée de sa joue, pour terminer directement sur le plancher, émettant une faible onde sonore que l’ouïe aiguisée de son vis-à-vis pourrait certainement entendre.
    « De la dignité… Zéphyr ? Ce n’est pas que j’en ai « si peu », comme tu dis. Non… Je n’en ai plus. J’ai tué des innocents, Zéphyr, j’en suis persuadé. Je suis peut-être un assassin, mais habituellement, c’est pour le bien de notre pays, c’est pour le bien de tous. Mais à présent, je suis aussi un meurtrier. J’ai tué des innocents. J’ai tué des pères, des mères, des enfants… Pourquoi ne suis-je pas en prison, Zéphyr ? Pourquoi ne suis-je pas au berceau ? Je représente une menace pour tous et, je suis en liberté. Je ne serai pas jugé pour les meurtres que j’ai commis. Crois-tu que ce soit comme cela que j’ai envie de vivre ? Comme un meurtrier ? Non… » Commença-t-il, tandis qu’il sanglotât, plusieurs larmes s’écoulant le long de ses joues pour terminer leur course sur le sol.

    « Tu peux bien m’envoyer Alasker alors… même tous les Dévoreurs. C’est le sort que je mérite. C’est comme ça que doit s’achever la vie d’un meurtrier. Ne crois-tu pas que… que j’ai essayé de mettre fin à… Je n’ai pas réussi. J’ai essayé de me faire saigner, jusqu’à ce que mon cœur lâche, mais alors, il revenait. J’ai essayé de sauter du troisième étage… mais il était là. J’ai… je n’ai pas réussi à me punir. » Continua le Vent, toujours en regardant le sol. Il marqua une légère pause, dans le simple but de gagner du temps, puis il continua. Une ombre commençait alors à se matérialiser dans le dos de son interlocuteur. Une ombre simple ? Non. Elle représentait littéralement la faucheuse pour son ami. Car oui, s’il semblait déstabilisé en l’instant et que, chacune de ses paroles avait du vrai, pour Orion, Zéphyr restait la personne qui avait fait fuir celle qu’il aimait. Mais, c’était peut-être la vérité lisible dans la voix d’Orion qui rendait la scène encore plus dramatique. Il ne voulait pas lui faire de mal et, pourtant, il prévoyait de mettre fin à ses jours. Il était moins fort, oui, mais c’était bien son désespoir qui le rendait si puissant.

    « Eris… je ne sais pas… la dernière fois que je l’ai vu elle… elle semblait tout à fait normale. Je ne comprends pas ce qu’il s’est passé. Je ne sais pas. Zéphyr, nous sommes amis, tu es comme un frère pour moi et tu sais à quel point je ne rigole pas avec ce genre de parole… Alors, s’il te plaît. Aide-moi… aide-moi à la retrouver… Je te jure que je ferai n’importe quoi, je mettrais les terres dévastées du Shoumeï à feu et à sang pour la retrouver. Je tuerai le moindre républicain qui se met en travers de ma route pour la faire revenir à Ikusa… Je ferai n’importe quoi pour qu’elle soit bien, y compris te tuer. » Déclara Orion, avec une voix qui s’abaissait de plus en plus, au fur et à mesure qu’il parlait, jusqu’à ce que ses paroles terminent en murmure.

    Soudain, le Lycanthrope, les yeux gorgés de sang, se retrouva derrière son ami. La lame dissimulée dans son gantelet droit sortit alors de ce dernier, sifflant dans l’air poussiéreux composant l’atmosphère. En moins d’une seconde, cette lame se retrouva autour du cou de Zéphyr, tandis que la main gauche du Vent alla directement se placer sur les côtes de l’Oreille. L’intégralité du corps d’Orion tremblait et, son meilleur ami pouvait certainement le ressentir. Il pouvait ressentir ce stress, cette angoisse qui envahissait le Vent en cet instant. Pour autant, Orion approcha son visage de l’oreille de l’Oreille, sans la moindre expression sur le visage.
    « Fais le moindre mouvement brusque, Zéphyr, et je te tue. Je n’hésiterai pas une seule seconde à te trancher la gorge et à te percer le cœur. Mais, dans tous les cas, ce sera une mort aussi horrible que ce que tu as fait à Eris. » Murmura-t-il, la voix extrêmement tremblante, les larmes continuant de s’écouler de ses prunelles.

    « La lettre… Zéphyr. Elle me l’a écrit. C’est de ta faute si elle est partie. C’est de ta faute si j’ai perdu mon amie. Tout est de ta faute. C’est de ta faute si je suis devenu un monstre, un meurtrier. Tu aurais dû être là pour RIX, tout comme tu n’aurais jamais dû blesser Eris. Je te laisse dix secondes pour t’expliquer et après, je te tue… » Conclut-il, toujours avec cette voix tremblotante. Il n’en était pas capable, en réalité. Jamais il ne serait capable de tuer son dernier ami, le dernier rempart qui le retient ici, la dernière personne qui serait là pour lui. Sans lui, Orion ne serait plus rien.

    « Je suis désolé… mon frère. » Murmura-t-il, une dernière fois.
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  • Jeu 8 Aoû - 18:46
    Son sabre tranche les ombres faiblardes de son homologue et sa lame vient s’arrêter contre le cou du lycanthrope. Zéphyr n’est pas d’avis à tuer son ami d’enfance, pas sans qu’il n’y soit forcé ou qu’il n’ait une bonne raison pour agir ainsi. Certes, l’Oreille est en colère par les derniers événements, par les machineries de Rix, par la disparition d’Eris, mais ce n’est pas une raison pour achever son second, purement et simplement. Au contraire, Orion est un confident, un allié, un homme sur qui le maître-espion sait pouvoir compter. Cela étant dit, ce n’est pas parce qu’ils se connaissent depuis toujours qu’il se laissera également marcher sur les pieds. Zéphyr est certes loyal, mais pas sentimental pour autant, et son air dur montre bien qu’il ne se laissera pas duper par de simples excuses ou de simples explications de la part de son subordonné. C’est donc d’un regard fermé que l’assassin voit Orion tombé au sol, agenouillé sur le parquet du manoir. Son katana toujours apposé contre son cou, mais le guerrier y appose un peu de moins pression, puisque – pour l’heure – Orion semble être moins agressif. Prêt à réagir, le chef des forces spéciales l’observe, guette le moindre signe de son humanité. C’est cette dernière qui semble avoir repris le pas, pour le moment. Autant en profiter pour essayer de lancer une conversation « civilisée ». Entre Reikois, s’entend.

    Le Vent pleure, et ses larmes scintillent sur son visage pâle. Ce n’est pas un simulacre, et Zéphyr l’écoute parler entre autres du poids qu’il a sur le cœur. Il a tué. Des hommes, des femmes, des innocents. Sa nature de loup a repris le dessus, la Bête a réclamé son dû, elle a voulu chasser, et l’homme n’a pas résisté. Le ministre l’entend bien, mais il ne peut s’empêcher de pincer les lèvres alors que ses yeux dorés fixent son second qui est au sol.

    - Dis… Est-ce que tu me vois chialer à cause du massacre que j’ai commis à Célestia ?

    Son ton est froid, mais également incisif. Il ne le ménage pas, son second, mais c’est aussi pour lui faire prendre une autre perspective.

    - Est-ce tu me vois être hanté par les hommes que j’ai abattus sous ordre de Tensai ? Pense un peu, Orion. Là-bas, il y avait des mères, des pères de famille. Là-bas, il y avait des enfants, des gosses qui n’avaient rien demandé et qui avaient suivi leurs parents, comme de doux agneaux innocents. Là-bas, il y avait des croyants sincères, mais qui n’avaient jamais commis le moindre mal envers le Reike, faute de n’avoir jamais croisé nos soldats. Là-bas, il n’y avait, pour la plupart, que des rustres, des pauvres, des paysans.

    Zéphyr garde son visage fixé sur Orion et continue.

    - Tu me vois chialer parce que je les ai tués ? Si je devais pleurer pour tous les types que j’ai tués, d’abord sous la Couronne des Draknys, puis plus encore sous l’autorité de l’Empereur, crois-moi que je serais encore en train de creuser ma tombe tellement mes péchés sont grands. Et pourtant, je leur ai laissés leur chance de tous se sauver, en convainquant Tensai de ne pas les exterminer immédiatement, et de laisser ceux qui le voulaient s’exiler à Maël. Tu crois que je chiale parce que je n’ai pas réussi à convaincre tout le monde ? Tu crois que je me considère comme un moins que rien parce que je n’ai pas su sauver leurs misérables existences ? Le ferais-je que je serais comme toi, en train de pleurer toutes les larmes de mon corps. Et pourtant, tu le vois, je parais insensible au massacre que j’ai causé de mes propres mains. Est-ce parce que ça ne m’affecte pas ? Un rire ironique, qui n’a rien de joyeux, s’échappe de sa gorge. Evidemment que non. Tout le monde pourra penser que je suis insensible et froid, mais ce n’est qu’une façade le temps de pouvoir réaliser la mission qu’on m’a donnée. Comment puis-je prendre plaisir à tuer des gosses ? A tuer des vieillards qui ne sont pas des combattants ? Il va de soi que cela me dégoûte. Que je déteste utiliser ma lame et mes capacités pour ce genre de choses. Il va de soi que, dans telles situations, je me méprise plus que quiconque. Et pourtant, est-ce que je chiale ? Est-ce que ma mort serait seulement suffisante pour expier mes fautes ? Non. Je laisserais un réseau d’espionnage orphelin, j’endeuillerais mes amis – toi, Ayshara, Deydreus, Shahana, Vraden, Rachelle -, je laisserais l’Empire affaibli. Je n’ai pas le temps de pleurer. J’ai décidé depuis longtemps de porter ce fardeau seul, en le partageant uniquement avec ceux qui peuvent le comprendre. Et puisque généralement, les faibles ont besoin des forts – nos recrues, les vieux, les enfants, nos concitoyens qui vivent une vie insouciante – je fais semblant d’être inébranlable devant la dureté de ce monde et la dureté de l’Empire.

    Zéphyr retire sa lame du coup d’Orion et la ramène à hauteur de sa jambe, sans pour autant rengainer son arme.

    - Toi qu’est-ce que tu as fait ? Tu me dis avoir tué des civils ? Des innocents de notre peuple ? Une grimace, qui peut s’apparenter à du dégoût et de la sévérité, apparaît sur ses traits. Je ne peux naturellement t’en féliciter et te dire que tu as bien fait. Mais réfléchis. Etais-tu pleinement conscient quand tu as réalisé cet acte ? Était-ce toi, Orion, qui agissais, ou étais-tu totalement sous contrôle de la Bête ? Si tu me réponds non, tu verras que ton libre-arbitre n’était pas pleinement engagé, et que ta responsabilité est donc déjà amoindrie. Du reste… Le maître-espion pince des lèvres. Du reste, c’est moi ton supérieur. Tes péchés sont les miens, et c’est moi qui porte la responsabilité de ne pas t’avoir arrêté plus tôt. Je veillerai personnellement à ce que les familles soient dédommagées par des rentes de l’Etat. Mais toi, décharge-toi de ton fardeau inutile. C’est moi qui m'en charge, ne t’en occupe plus. Je le porte et l’assume à ta place. Si tu veux pleurer, fais-le quand tu seras tout seul, sans jamais nier le poids de tes actes, mais sans jamais te paralyser comme tu le fais maintenant. Là, tu broies du noir… Tu t’isoles et surtout, tu fuis. De toi-même. Du regard du Reike. Ce n’est plus toi. Un regard plus scrutateur, une pause plus prolongée, alors que Zéphyr semble examiner son second, comme s’il voulait lire dans les tréfonds de son âme. Puis, face à cette silhouette qui est courbée sur elle-même, il finit par rendre une sentence qui pourra paraître dur. Continue à errer dans ce cercle vicieux de la culpabilité et du remords, et je te retire le poste du Vent. Je ne peux pas laisser ta section sans chef alors qu’ils luttent contre des agents qui obéissent à des divinités cruelles.

    Les laisser sans hiérarchie forte, c’était condamner leurs espions et leurs assassins. Le ministre ne pouvait se permettre de sacrifier ses hommes en attendant que son ami se reprenne. Il pouvait l’observer encore quelques jours, oui, mais ensuite, le bretteur devrait prendre une décision rapidement.

    L’Oreille se tait enfin pour laisser à nouveau son homologue parler à nouveau et un rictus apparaît bientôt sur son visage. Il n’aime pas ce qu’il entend. Se suicider ? Se tuer ? Quelles foutaises. Le conseiller royal peut comprendre le poids de ses fautes, il peut comprendre combien cela l’étouffe. Mais se tuer pour échapper à ses fautes, cela lui semble tellement… stupide.

    -  Je ne te savais pas si lâche, Orion.

    Son commentaire est un mélange d’ironie et de mépris, et sans tarder, Zéphyr continue.  

    - Au lieu de fuir, cherche plutôt à expier, siffle-t-il. T’ôter la vie ? Quelle idiotie. Saute par la fenêtre, si tu en as envie. Elle est juste là. D’ailleurs, d’un geste de la main, le ministre la désigne du bras. Mais ne crois pas que c’est comme ça que tu répareras ce que tu as fait, déclare le guerrier. Ne crois pas que c’est comme ça que tu gagneras du respect, ni d’Eris, ni de moi, ni de tous les combattants qu’on connaît. Quant à Alasker et les Dévoreurs… L’homme, implacable, penche un peu la tête sur le côté. Est-ce que tu nous prends pour des imbéciles ? Tu crois que j’enverrais une troupe entière pour t’achever ? Pour qu’ils te massacrent lentement ? Le guerrier renifle. Si je voulais te tuer, je le ferais moi-même, et par égard pour notre amitié, je t’offrirais une mort indolore. Mais ce n’est pas mon intention, ça ne le sera jamais. Cependant, admettons que je l’envisage un jour, je ne ferais pas déplacer un tovyr pour cela. Et Lyra elle-même n’en a pas senti le besoin alors qu’elle t’a ramené ici. Signe que tu n’es pas une menace pour eux. Non, quand j’ai mentionné Alasker, c’est uniquement pour qu’il se confronte à toi, comme il est aussi un lycanthrope. Et je t’assure que tu ne passerais pas un bon quart d’heure. C’était juste impossible qu’Orion ait l’ascendant sur Iratus.

    Toujours est-il qu’au moins, le Vent est sincère avec lui. Depuis le départ, l’Oreille ne ressent en lui aucun mensonge, bien qu’il n’ait pas les facultés de le vérifier. Mais s’il ne se trompe pas et si l’homme blond est bien sincère, cela leur permet au moins avancer sans faux-semblant.

    Puis, vient le sujet d’Eris. Et évidemment, Zéphyr ne peut rester indifférent à ce sujet. Son ami lui déclare qu’elle semblait parfaitement normale la dernière fois qu’il la vue, il l’implore ensuite de l’aider à la retrouver, le jeune loup lui promet même de retourner le Sekai pour atteindre cet objectif. Oui, sur ce point, ils sont bien alignés, le bretteur ne voit même pas pourquoi son binôme pense même qu’il lui refusera cette faveur. Encore plus si on n’écarte pas la possibilité qu’elle ait été au Shoumeï. Mais pourquoi ? Pour aller où ? Cela l’agace de ne pas savoir, cela l’agace encore plus qu’Orion ne sache pas lui réponde, et cela le distrait. Au point que Zéphyr n’entend presque pas les derniers mots de son camarade : il comprend d’ailleurs ses propos avec un instant de retard.

    L’espion devant lui met naturellement ce temps à profit pour disparaître et se téléporter dans son dos. Le coup est bien pensé, le ministre ne l’a pas vu prononcer son incantation avec sa tête penchée sur le sol. L’instant d’après, il sent une lame métallique effleurer la peau de son cou, et une bref œillade sur le côté lui permet la présence de sa dague contre sa gorge. Eh bien eh bien. Les rôles s’inversent donc. Les sourcils légèrement froncés, l’Oreille sent pourtant son assaillant trembler. Ses paroles sont dures – il affirme quand même qu’il n’hésitera pas à lui trancher la gorge et lui percer le cœur – et un rictus traverse la gorge de son ami.

    - La gorge ou le cœur, il faudra choisir, tu ne sauras pas faire les deux, se moque-t-il. Et puis… Sans chercher à se dérober, Zéphyr tourne légèrement la tête sur le côté. Je me demande ce que tu crois que j’ai seulement fait à Eris ? La dernière fois que je l’ai vue, c’était lors d’une soirée à Ikusa. Nous avons bu un verre ensemble. Rien qui ne soit abominable, n’est-ce pas ? Naturellement, l’homme n’entre pas dans les détails de ladite conversation, ça ne les concerne que eux deux, et il continue. Je peux même te donner le nom de la taverne, le jour et l’heure, si tu veux. affirme-t-il. Mais il est vrai qu’elle m’a planté là d’un coup. Y avait-il eu quelque chose qu’il n’avait pas totalement compris à cet instant ? C’était possible, il ne prétendait pas lire dans l’esprit de la jeune femme, et l’eut-il fait qu’il aurait été le premier perdu. Quoi qu’il en soit, sa réflexion intérieure le fait taire, et ça permet à Orion d’embrayer sur la lettre qu’il a reçue. Il l’accuse donc de sa transformation, il l’accuse donc de l’affaire de Rix, il l’accuse encore de l’affaire liée à Eris. Alors comment expliques-tu que j’aie reçu une lettre qui affirme que c’est toi qui l’as fait partir ? le coupe-t-il d’un ton quelque peu tranchant. Tu l’aurais mise mal à l’aise lors d’une rencontre – elle n’a pas précisé laquelle – ce qui fait qu’elle préfère prendre des distances, autant avec moi qu’avec nous deux. Pourquoi ? Il doit bien y avoir une raison !

    La question claque, alors que, d’un geste rapide et vif, le maître-espion pivote sur lui-même pour se dégager de la prise d’Orion. Dans le même temps, il active sa vitesse pour effectuer un balayage en bonne et due forme, faisant ainsi perdre l’équilibre à son vis-à-vis, à moins que celui-ci ne voie le coup venir et ne saute pour l’esquiver. Dans tous les cas, le maître-espion rétablira aussitôt une distance entre lui et Orion, pour ne pas maintenir un combat inutile et fatiguant. Mais son air est plutôt soucieux et montre que ce n’est pas vaincre son chef de cellule qui l’intéresse.

    - Il y a aussi la possibilité, marmonne-t-il, que nous soyons tous les deux responsables de sa fuite…

    Une hypothèse comme une autre, qui vaut bien quelques investigations.
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  • Sam 24 Aoû - 21:55
    Les paroles de son ami résonnaient en lui comme des lames aiguisées qui tentaient de trancher son chagrin. Non, il n’avait jamais vu Zéphyr ni pleurer ni se plaindre des actes qu’ils avaient commis, lui et les chiens assoiffés de sang que l’on appelait les Dévoreurs. Pourtant, le Vent, ou du moins, ce qu’il en restait, ne pouvait s’empêcher d’agir ainsi, de laisser ce qui le tourmentait s’échapper peu importe comment. Mais, il fallait bien être honnête, cela ne faisait qu’une misérable semaine, peut-être à peine plus, que le Yamveil était devenu un Loup-Garou et, même s’il en savait beaucoup sur ces créatures, enfants des Titans, il n’avait aucun moyen de savoir si un jour, il parviendrait à maîtriser le monstre qui sommeillait en lui et qui, à n’importe quel moment, pouvait surgir pour blesser, et uniquement pour cela.
    Même avec l’aide de son ami et de tous ses proches, Orion pouvait-il seulement parvenir à maîtriser la bête ? Il ne pouvait pas guérir, c’était un fait. Peut-être qu’un périple hors du Reike et de toute cette pression, ressentie en permanence, lui ferait le plus grand bien ? Et puis, qui sait, peut-être parviendra-t-il à retrouver cette fameuse personne, ce marchand d’esclave sans scrupule.

    Durant toute cette longue tirade, Orion ne faisait qu’écouter les paroles de son ami, sans y réagir. Il ne réagissait pas, certes, mais cela ne voulait pas dire qu’il n’écoutait pas. Chacun des mots de son interlocuteur, bien que cru, ne laissait pas indifférent Orion, naturellement. C’était bien pour cela qu’il avait bondi jusqu’à son coup en le menaçant. Oui, il était absolument incapable de tuer son ami, surtout cet ami en particulier. Il était comme son frère, il ne pouvait lui faire aucun mal. Même si ce dernier lui avait suggéré de sauter par la fenêtre, ce qui, ne marcherait certainement pas, étant donné que le Loup serait là pour reprendre la main et tenter d’amortir la chute pour limiter les dégâts. Car oui, le corps svelte du Vent ne tiendrait pas sur une telle chute mais, celui d’un loup, bien plus grand, bien plus puissant, nul doute qu’il teindrait sans le moindre souci.

    De la même façon, Orion écouta attentivement les paroles de son interlocuteur, celle concernant Eris. Visiblement, il n’en savait pas plus que lui et, même pire, il avait lui aussi reçu une lettre, apparemment. C’était la vérité, le Vent en était certain. Il faisait confiance en cet être qu’il connaissait depuis fort longtemps. Puis il sentit l’enveloppe corporelle de son otage pivoter, mais il ne réagit pas, il se laissa simplement faire. Il ne perdit pas seulement l’équilibre, il se laissa simplement tomber en arrière, s’étalant sur le sol, les lames sorties de ses gantelets, l’acier les composants claquant contre le plancher moisi. Cette fois-ci, Orion ne se relevait pas, non, il réfléchissait, tandis que son opposant marquait une certaine distance entre eu-deux. Ses prunelles écarlates scrutaient attentivement le plafond, sur lequel était accroché un magnifique lustre, certainement fait de cristal, mais en partie brisé. Évidemment, les bougies n'étaient pas éclairées, seule la lueur de la Lune apportait un peu de lumière, froide, dans la pièce et, les assassins devaient tous deux utiliser leur sens surdévelopper pour voir dans la pénombre.

    « Tu… tu as reçu une lettre, Zéphyr ? J’ai… moi aussi… enfin, je veux dire que j’ai également trouvé une lettre chez moi, il y a peu de temps. C’était bien pour cela que, que je t’en voulais, que je t’accusais de l’avoir fait fuir. Mais je ne comprends pas, pourquoi Eris aurait-elle fait cela ? C’est insensé, Zéphyr. » Expliqua Orion, avant de se redresser sur toute sa hauteur, le dos légèrement vouté, certainement provoqué par un mal atroce. Cette fois-ci, son regard perçant les ténèbres se logea directement dans les ambres de son interlocuteur, sans un sourire, sans rien, il se contenta de lever un sourcil, intiment à son ami qu’il était surpris et ça, c’est le moins que l’on puisse dire.

    « La dernière fois que je l’ai vu, c’était il y a quelques mois. J’allais la retrouver chez elle, en sortant de la forge de Cyradil, comme à mon habitude et là, je n’ai pas compris, elle n’était pas chez elle, alors je suis allé à la bibliothèque. Lorsque je suis entré dans la pièce dans laquelle elle se cachait, Eris était en train de se déposer des gouttelettes de drogue dans les yeux, alors, naturellement, j’ai balancé la fiole. Mais, elle ne s’était pas montrée très… contente, comme tu t’en doutes, surtout qu’elle avait eu le temps d’en absorber quelques gouttes. Alors je l’ai laissé là, puisqu’elle m’avait dit qu’elle voulait rentrer… » Commença-t-il à expliquer, alors qu’il marqua une brève pause, en portant l’une de ses mains sous son menton.
    « Bien sûr, je l’ai ensuite suivi, ne lui faisant pas vraiment confiance, pour des raisons évidentes et, je l’ai surprise en train d’acheter cette drogue à un idiot. Du coup, je suis allé la tirer de là et après… je l’ai raccompagné chez elle, jusqu’à sa chambre et… » Il marqua une nouvelle pause, réfléchissant attentivement à la suite.
    « Et après, je l’ai laissé là, pour qu’elle se repose, pour m’assurer qu’elle aille bien. Mais c’est tout, il ne me semble pas avoir instauré de malaise, j’ai simplement voulu l’aider, tu comprends, Zéphyr ? » Conclut-il sur ce chapitre de cette histoire. Il attendait la réaction de Zéphyr, avant de reprendre.

    Il se releva donc et, s’approcha lentement de Zéphyr, rangeant ses lames et en espérant que son interlocuteur ne mette pas davantage de distance entre eux.
    « Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais je te crois, Zéphyr. Je te demande de me croire aussi. Mais, si nous nous sommes fait berner tous les deux, alors il faut que nous la retrouvions et vite. Mais, ou a-t-elle… pu aller ? » Réfléchit-il à haute-voix. Le sujet touchait à Eris, alors, directement, Orion s'apaisa, mais, la rage qu'il avait en lui n'était pas encore enfouie et il ne suffisait que d'une étincelle pour qu'il explose.
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  • Hier à 12:41
    Dans l’absolu, Zéphyr pouvait comprendre pourquoi son ami était si déboussolé. Dans l’absolu, il ne pouvait lui en vouloir d’être terrassé, d’être rempli de chagrin, de ne plus savoir sur quel pied danser. En peu de temps, tout son monde s’étaient écroulé, toutes ses certitudes avaient même été ébranlées. Il n’était plus humain, mais un lycan ; il n’était plus maître de ses émotions, mais il devait se battre avec une bête en permanence, qui se camouflait au fond de lui, pour ressurgir au moment le plus impromptu. Pis, il était compliqué d’expliquer cette nouvelle situation à ses amis, puisque la mission que Lyra avait reçue venait originellement de la Griffe, et qu’on ne parlait pas vraiment des ordres qu’on recevait en haut-lieu au premier venu. Bref, la situation était compliquée et pour ne rien améliorer, il avait reçu cette lettre de Phèdre, qui avait dû le faire péter une durite en bonne et due forme.

    Donc oui, dans l’absolu, Zéphyr pouvait être compréhensif sur l’état de son second. Peu de temps s’était en plus passé depuis sa dernière transformation, et personne ne pouvait prétendre se remettre psychologiquement de telles séquelles en à peine une semaine. Pour autant, le chef des forces spéciales craignait que, si le blond continuait sur cette lancée, il entrât dans une spirale infernale dont il ne ressortirait jamais, ou alors très difficilement. En tant que frère d’arme et meilleur ami, le bretteur aux yeux dorés ne pouvait tolérer une telle chose, et comme tout bon Reikois qui se respecte, la meilleure manière de s’encourager, c’était de se donner des coups de pied au cul. Bon, s’encourager autour d’une bonne bière d’alcool, ç’aurait été bien aussi, mais le manoir poussiéreux et abandonné dans lesquels ils étaient ne se prêtaient pas à de telles circonstances. Alors on en venait aux paroles crues de l’Oreille, dans l’espoir de susciter quelques réactions, dans l’espoir de le motiver à se ressaisir. Le maître-espion aurait pu, naturellement, être plus doux, prendre plus de temps, mais même s’il avait les capacités de clonage, les affaires du royaume n’attendaient malheureusement pas, et il avait besoin de son bras droit pour que le volet des fanatiques et des sphères religieuses soient bien surveillées par le Vent.

    Mais, après avoir été dur comme il l’avait fait, il pouvait désormais se permettre d’être un peu plus humain, d’autant qu’à présent, ils se dirigeaient vers un sujet plus sensible, celui d’Eris. Après avoir établi des distances avec le lycanthrope, Zéphyr surveilla ce dernier, qui était désormais aussi au centre de la pièce sans montrer d’hostilité. Peut-être que le souvenir de la mage noire permettait à Orion d’avoir plus naturellement le dessus sur sa partie sauvage ? Il était en tout cas presqu’amusant que le Vent le questionna comme si son chef possédait toutes les réponses à ses interrogations, et ce dernier finit par hausser les épaules, en avouant ainsi son ignorance.

    - Pourquoi elle nous a envoyé une lettre chacun ? Je ne sais pas. Je la connais bien, je la connais beaucoup, comme toi, mais je ne peux pas prétendre lire dans ses pensées… Quand bien même il pourrait qu’il ne le ferait qu’en cas de nécessité absolue, pour respecter l’intimité de la demoiselle. Le bellâtre se tut ensuite pour le laisser raconter sa dernière rencontre avec Eris. Et ce fut avec un regard abasourdi qu’Orion lui donna une information nouvelle. Eris… se droguait ? L’étonnement laisse place à l’incrédulité, l’incrédulité à une colère tout juste contrôlée. Rage qui est d’ailleurs surtout dirigée vers lui-même, cette fois. Bordel mais quel con. Et tu prétends la connaître ? Eh ben bravo. Depuis quand… ? Non, même, pourquoi… ? Quelle était la force de cette drogue… ? Quel est l’enfoiré qui lui en a donné ?

    Déjà que le type s’était tapé Orion, s’il se tapait Zéphyr en plus, voir le binôme en personne, il n’allait pas s’en relever, le mec. Mais ce n’était là pas l’essentiel. Le ton de l'assassin montrait bien qu'il n'était pas au courant de "l'addiction" de la demi-fae, et il continua :

    - Tu l’as convaincue de ne pas en reprendre ? Ou elle t’a dit pourquoi elle cherchait à s’en livrer ? Mais est-ce qu’elle avait seulement répondu aux questions de son subordonné ? Eris pouvait être bornée et vouloir noyer le poisson dans l’eau. Ah, qu’est-ce que tout cela le faisait chier. Elle t’a dit de ne pas m’en parler ? ajouta le maître-espion en plissant les yeux d’un air scrutateur.

    Naturellement, c’est à son tour de laisser son homologue répondre. Durant ce laps de temps, Zéphyr voit son vis-à-vis ranger ses armes et même s’approcher de lui. Le guerrier ne peut s’empêcher d’être sur ses gardes, mais il le laisse faire : après tout, le sujet d’Eris a semble-t-il lancé un état de « statut-quo » et peut-être que cela a même permis de stabiliser le jeune loup. D’ailleurs, ce dernier affirme qu’il le croit, et il demande à son ami de faire de même. Lentement, mais sûrement, le ministre acquiesce : cette affaire le trouble bien plus qu’il ne veut se l’avouer, de sorte que même sa garde s’en trouve affaiblie à un moment donné. Tout à ses réflexions concernant Phèdre, il répond presque machinalement aux dernières questions d’Orion.

    - Elle m’a dit… L’homme hésite. Elle m’avait promis de me rejoindre au bal des âmes. Je t’avais dit que je devais y aller avec le couple royal. Je l’y ai invitée… Sachant que nous avions des choses à se dire. Son regard s’assombrit, en repensant à leur dernière rencontre dans Ikusa. Elle lui avait promis de tout lui expliquer, et lui avait promis de lui donner sa réponse. Peut-être pas dans le Temple même, vu la magie alors en place, mais il aurait tenu parole quoi qu’il lui aurait dit. Mais était-ce la possibilité qu’il réponde à ses sentiments qui l’avait effrayée ? Non. Non, elle-même les ressentait. Le duo s’était bien embrassé avant de se quitter et ce baiser avait été de l’initiative de la belle.  

    Ne te présente plus devant moi avant le bal, sinon je ne tiendrais pas ma promesse.

    Par les Astres, il aurait dû aller la voir bien plus tôt.

    - Elle n’est pas venue, finit par reprendre de but en blanc Zéphyr. Et après notre soirée dans Ikusa, elle m’avait dit de ne pas me présenter à elle avant la cérémonie, sinon elle ne tiendrait pas sa parole. Je l’ai écoutée… Puis, plus bas, dans un grommellement : Et je n’aurais pas dû. Un geste d’agacement, d’inquiétude, aussi. Depuis, elle a pu aller n’importe où… En République, au Shoumei, à son clan d’origine, à Kaizoku, à Lumina Ombra. Un silence. On devrait peut-être rechercher là où elle a grandi pour commencer. Questionner tous ceux qui la connaissent et l’ont connue. Puis élargir nos recherches. Mais ça prendra du temps… Son front se plisse à cette pensée. Elle n’est pas une enfant et sait très bien s’en sortir, mais ça ne peut m’empêcher de me poursuivre… Où est-ce qu’elle est et pourquoi a-t-elle fui ?… On s’est embrassé, et j’aurais dû la retenir – oh oui qu’il l’aurait dû, il aurait dû la rattraper et l’embrasser, mais cette fois de sa propre initiative, cela il se l’était déjà beaucoup dit – mais j’ai été con, j’ai voulu respecter ses paroles et j’ai attendu. Un silence. On ne peut pas mobiliser les forces d’espionnage pour retrouver une personne qui nous est proche, simplement pour nos services personnels. Si on doit la chercher, ce sera avec nos propres forces. Tu pourrais t’occuper du Shoumei et moi du Reike dans un premier temps, en sondant les départs depuis Kyouji pour voir les départs dans la Nation Bleue. Tout en parlant, Zéphyr ne s’est pas rendu compte qu’il a lâché une bombe pour son ami et que cela peut de nouveau lui faire péter un plomb. Cependant, pour ça, il faut que tu maîtrises ta lycanthropie. Tu t’en sens capable, si c’est pour Eris ?
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