Noble de La République
Fulgurys
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Petite visite de courtoisie ?
Cela faisait un moment que je n’avais pas mis les pieds à Justice, malgré la proximité avec Liberty. Mais cela faisait maintenant plusieurs fois que j’entendais des rumeurs provenant de cet endroit, des rumeurs trop faibles pour arriver aux oreilles des grandes instances mais qui attiraient mon attention et mon instinct d’inspecteur, si l’on pouvait dire cela. Ce n’était certainement rien de grave, ni d’important, mais mon emploi du temps était calme en ce moment et j’avais envie de me dégourdir les jambes. Et j’avais beau aimer Liberty et ses paysages, on pouvait pas enlever à Justice la beauté de ses paysages et de ses rues. Tout en me demandant ce que j’allais bien pouvoir trouver lors de ce nouveau voyage, je récupérai ma cape que je passai autour de mes épaules et mon chapeau de riz que je posai sur ma tête avant de passer le pas de ma porte en direction de la ville des lois et de l’ordre.
Comme je m’en rappelais, les rues étaient spacieuses, les couleurs de la République resplendissaient sur les façades des immeubles, et l’ambiance était aussi paisible que chaleureuse. Je m’étais un peu lancé à l’aveugle, les quelques témoignages que j’avais pu entendre étaient aussi vagues qu’indéchiffrables, mais menaient tous inéluctablement ici. Je laissai mes pas me mener dans l’un des nombreux parcs de la ville et je m’assis sur un banc, croisant les jambes et m’adossant au lattes en bois en laissant mes oreilles traîner. Cela pouvait paraître absolument aléatoire, mais après une nuit dans un bar du coin, le paradis des ragots, j’avais entendu un jeune père de famille en grand besoin de décompression raconter à quel point son jeune fils inconscient racontait des histoires de zombies et de lugubres parades insensées. Ce qui semblait bien plus le préoccuper que le fait que son fils passait un temps précieux à des endroits où il n’aurait pas dû, à des heures qui me semblaient absolument déraisonnables. Fort heureusement, ce jeune garçon n’avait pas pour seul intérêt des soirées pleines de curiosité macabre, il savait aussi être un garçon comme les autres susceptible d’aller s’amuser au parc avec ses amis après les cours.
Je n’eus à attendre qu’une demi-heure ou deux, peut-être un peu plus longtemps, avant que des bruits de conversations enjouées ne viennent perturber ma sieste. Je ne m’étais pas rendu compte que le sommeil m’avait emporté avec l’aide de la douce brise du jour jusqu’alors, mais tel un sixième sens, les histoires alléchantes des jeunes qui s’approchaient inconsciemment de là où je me trouvais me sortirent de mes nuages. Relevant mon chapeau du bout des doigts, j’avisai d’un oeil entre-ouvert le groupe de trois garçons marchant dans ma direction et repérai rapidement l’objet de ma convoitise. Petit, mais avec des cheveux bruns et des yeux verts similaires à ceux de son père et la confiance des nobles qui allait avec, il n’y avait pas de doutes possible. Appuyant de mes deux mains sur mes cuisses, je me levai d’un pas alourdi par les restes du sommeil pour me diriger vers le petit garçon. Je me postai alors face à lui, pénétrant dans le cercle et l’espace vital des jeunots qui s’interrompirent rapidement en me voyant arriver, et je m’accroupis. Relevant la tête pour qu’il aperçoive mon visage sous le chapeau de riz et le sourire chaleureux qui allait avec, je finis par m’adresser au garçon.
-Tes histoires ont l’air terrifiantes…mais terriblement intéressantes ! Tu pourrais m’en dire plus ?
Un peu hésitant, dans un premier temps, il se mit à bégayer tout en commençant à s’éloigner.
-Je…je ne vous connais pas m’sieur, j’ai rien fait de mal !
Il s’apprêtait à partir, mais avec un sourire je m’assis dans l’herbe et repris.
-Oh ! Moi qui pensait que je pourrais te ramener un souvenir de là-bas…mais il faudrait déjà que je sache où c’est pour ça…
L’intérêt des jeunes fut instantanément piqué, et je vis les flammes de l’excitation et de la curiosité s’allumer dans leurs yeux.
-Oh c’est vrai m’sieur ? Vous feriez ça ? Enfin…si jamais on savait quoi qu’ce soit…
-Mais on pourrait p’tet lui dire…s’il nous ramène des souvenirs…
J’avais dit “un” souvenir. Me voilà à devoir en ramener trois maintenant ? Enfin bon…si cela me permettait d’avoir l’information, ce serait un faible prix à payer. Si tant est qu’il y avait des souvenirs à ramener par ailleurs. Après une hésitation supplémentaire, le doute finit par se délier sur le visage du rejeton de l’alcoolique d’hier et il finit par se rapprocher avec un air de confidence.
-La dernière fois, je nageais dans le Lac Rebirth et…et j’ai atterris du côté de la jungle ! On raconte qu’il s’y passe beaucoup de trucs bizarre là-bas ! Des zombies et tout ! Certains racontent même qu’il y a un étrange manoir plein de zombies ! Mais…ça j’suis pas sûr…je ne suis pas aller jusque là…fit-il en baissant les yeux.
Il avait certainement pris peur avant d’arriver là-bas. D’un autre côté, il devait être à peine pubère au vu de son faciès, c’était déjà un exploit qu’il puisse traverser le Lac Rebirth à la nage. Il avait certainement dû avoir de l’aide de ses deux compères et voulaient les protéger. L’autre raison pour laquelle il n’avait pas voulu en parler plus tôt était certainement parce que la jungle dont il parlait était la Jungle de Sang, qui se trouvait dans le territoire du Reike. Il aurait pu lui arriver de graves ennuis…Mais je n’étais pas là pour faire la police des moeurs. Je souris au groupe de garçon, et posai une main sur leur tête à chacun dans un geste affectueux.
-Eh bien, ça a l’air alléchant tout ça. Je vais y jeter mon propre oeil, et je vous raconterai tout, finis-je avec un petit clin d’oeil.
Enfin, tout ce que je serais en mesure de leur raconter, cela voulait dire certainement pas grand chose. Mais la joie sur leur visage valait cette petite cachotterie. Quelques jours plus tard, je me trouvais dans la Jungle en question, sur les terres du Reike. Où je n’avais absolument aucune juridiction, mais l’histoire des enfants restait intrigantes pour autant. Ils avaient mentionné des zombies, ce qui faisait référence à de la magie noire. Et bien que j’étais suffisamment éduqué pour savoir que la “magie noire” n’était pas forcément mauvaise, elle pouvait s’accompagner d’autres types de magies et d’autres répercussions qui pouvaient s’avérer dangereuses. La Jungle était suffisamment proche de notre Lac et de nos terres pour que je m’assure de l’absence de menace magique venant de ce soit dis-en manoir, et ce qu’il pouvait bien abriter.
Dans cette parcelle de territoire, l’air était humide, la chaleur bien présente malgré la hauteur des arbres qui cachaient majoritairement les rayons du soleil. Il ne me fallut que quelques minutes pour imbiber ma première couche de vêtement d’une fine pellicule de sueur. Elle portait toutefois bien son nom, car malgré la relative pénombre, il était aisé de se rendre compte que le sol n’était pas d’une couleur naturelle. Loin du marron habituel couvert de mottes d’herbes vertes, se trouvait sous mes pieds une terre d’une couleur carmin. Et ce n’était pas de l’argile. En me baissant pour prendre un peu de terre entre mes doigts, je remarquai des empreintes de pas…pour le moins anormales. D’un côté, une empreinte avec les cercles parfaits d’une chaussure du talon jusqu’à la plante des pieds, pour laisser toutefois apparaître la trace distincte des orteils. Comme s’il lui manquait l’avant de ses chaussures. De l’autre côté, une longue trace traînante ponctuée de point d’appuie d’allure circulaire qui faisait penser soit à une jambe de bois, soit à…eh bien à un moignon. Quelles étaient les chances pour que cela soit les traces d’un de ces “zombie” ? Je me mis à suivre ces empreintes inhabituelles à travers les arbres de cette forêt pendant de longues minutes. Minutes durant lesquelles je me rendis compte que les bruits de la jungle s’était petit à petit amenuisées jusqu’à disparaître alors que j’arrivais devant une grande demeure au milieu de nul part.
Les rumeurs étaient donc vraies. L’idée que j’aurais pu ramener des renforts me traversa l’esprit, car en réalité je ne savais rien de la personne qui habitait ici, s’il y avait toutefois quelqu’un. Mais d’un autre côté, je me trouvais sur les terres du Reike et les rumeurs n’étaient pas suffisantes pour avoir déclenché un réel signalement. Entre autres, le manoir semblait à la fois parfaitement se fondre dans la verdure grimpante et envahissante de la jungle, mais dénotait aussi étrangement avec l’endroit. Difficile d’estimer l’âge de ce manoir, et je ne m’y connaissais pas suffisamment en architecture pour en deviner les inspirations, mais je pouvais voir sur ses façades que, malgré son entretien, quelques vestiges de dégâts anciens persistaient discrètement. L’ambiance était, quant à elle, assez lugubre pour faire descendre quelques frissons le long de mon échine. Cela faisait quelques minutes que je me trouvais sur les lieux, et j’en avais déjà fait le tour pour l’examiner. A part quelques discrets signes d’activité à l’intérieur, des mouvements d’ombres, difficile de dire qui y vivait et encore moins leur nombre. Devais-je me préparer à user de ma magie ? Dans tous les cas, j’étais toujours prêt. Mon chapeau sur la tête, je redressai les yeux vers le manoir, pris une grande inspiration avant de parler d’une voix résonnante.
-Bien le bonjour ! Je passais par là lorsque j’ai vu cet incroyable manoir, et je ne pouvais pas m’empêcher de me demander qui y vivait ! Il y aurait quelqu’un ?
Il y avait certainement quelqu’un. Mais cette personne allait-elle sortir pour autant ? Et si oui, dans quelles conditions ? C’était la surprise du jour. Mon coeur battait dans ma poitrine, et que ce soit de peur, d’excitation ou de pure adrénaline, je retrouvais ce sentiment qui m’avait plu et mené jusqu’ici. Qu’allais-je faire si je n’obtenais pas de réponses ?
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