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  • Jeu 9 Mai - 18:19


    Un cerf se meurt.

    Porté jusqu'aux abords du bois qui l'a vu naître par la force de son instinct, l'animal autrefois si majestueux est vieux, maladif, se décomposant avant même que la faux du Titanide mortuaire ne vienne l'emporter. Des mouches, funestes messagères mais aussi annonciatrices du renouveau par la pourriture, s'accumulent au coin de ses yeux vitreux tandis qu'il boite le long d'un sentier érigé par les Hommes.

    L'animal pousse une longue rumination alors qu'il exhale difficilement et, après avoir tenté pour la dernière fois de porter son museau à l'eau claire qui s'écoule non loin du chemin qu'il arpente à grande peine. Sa langue n'a pas le temps de toucher le liquide porteur de vie qu'il tombe lourdement sur son flanc, abandonnant sa carcasse déconfite pour renaître ailleurs.

    Les charognardes volantes pullulent, déposant sur la peau de la bête déchue leurs sucs caustiques afin de venir attendrir une viande déjà trop rongée par le temps pour être convoitée par les plus fiers prédateurs. Il n'y a dans ce festin de chair flétrie que des bourdonnements légers en guise de salutations mortuaires.

    Une vibration vient perturber les invitées grouillantes qui, l'espace d'un instant, s'écartent de leur dîner par réflexe lorsqu'elles sentent l'air se perturber autour d'elles. Cette frayeur passagère n'est pas assez pour épargner à la dépouille la gloutonnerie des brachycères qui, aussitôt l'ouragan passé, retournent à leurs festivités avec un gourmand empressement.

    Un bipède aux grands sabots vient poser sur le corps boursouflé du défunt une main gantée d'acier, lui même crotté de rouille. Prenant appui sur une épée aussi démentiellement grande que terrifiante, la silhouette encapuchonnée paraît offrir un moment de reccueillement à la créature emportée par les aléas du temps puis, avec une voracité bestiale, elle abat sur le cou velu du mort deux rangées de dents pourtant taillées pour brouter.

    D'épais filets de bave s'écoulent des interstices tracés entre les crocs inégaux et, dans un sifflement discret mais bel et bien audible, la victuaille pourrissante commence lentement mais sûrement à se faire pâteuse, se ramolissant pour devenir plus propice à la consommation par le ruminant carnassier.

    Porteuse de maladies pour beaucoup, offrande des Dieux pour d'autres; la pitance semble être au goût de celui qui la consomme et les sons de féroces mastications s'ajoutent alors à la symphonie orchestrée par les dyptères. Certaines des invitées se risquent parfois à glisser de leur proie jusqu'à l'intrus, s'introduisant dans une oreille pointue qui les chasse d'un mouvement instinctif ou dans la narine d'un museau dégoulinant de morve.

    Celui qui porte en lui le poids du péché de luxure animale expie ses fautes en s'infligeant sciemment les tourments d'infinies souffrances. Hôte de fièvres si poignantes qu'elles enverraient au tapis le plus solide destrier et de pathogènes revanchards dont l'expansion semble être inarrêtable, il est un fléau que l'Homme souhaite annihiler par les flammes et pourtant; il a franchi les frontières impériales.

    Il retire ses mâchoires ensanglantées de la carcasse aux tripailles exhibées honteusement, baragouine quelques mots dans une langue qui s'est perdue avec les âges puis, avec un calme trompeur en vue de l'horreur de ce qu'il s'apprête à faire, il trace en l'air un symbole représentant le Père de tous les maux avant de rejeter, dans un sordide gargouillement; le contenu de son tout jeune repas droit dans la paisible rivière où tant d'êtres épanchent leur soif.

    "Que le Monstre vous accorde son offrande."

    La lame d'exécuteur quitte le sol boueux et retourne se loger dans l'enchevêtrement de cordages faisant office de fourreau de fortune. Le paladin à la démoniaque vigueur se remet en marche, mirant d'un oeil mauvais une bourgade voisine depuis laquelle s'élèvent d'épais nuages nés de feux de cheminée.


    _


    "Halte là, manant. Déclinez votre identité et communiquez nous vos intentions."

    Ce sont là les premiers mots prononcés par Ulric le soldat à l'égard de cet étrange inconnu par dessus lequel parade une foule de parasites volants. Sans même apercevoir clairement le visage de l'infortuné guerrier qui se dresse face à lui, le militaire a d'office le déplaisir de pouvoir renifler les remugles sauvages qui accompagnent l'étranger. S'il envisage de se boucher le nez lorsqu'un léger mouvement de tête de l'hybride occasionne par la poussée du vent une remontée de parfums indescriptiblement odieux; Urlic conserve tout de même un semblant de contenance et prend la décision hâtive de respirer par la bouche.

    "Mon... identité ?"

    La voix est rauque, presque sifflante et constellée surtout de raclements glaireux. Elle semble passer d'abord par des couches de ronces et d'eau marécageuse avant de s'élever en un gargarisme rauque qui glace le sang de ceux qui l'entendent. Le crâne du pestiféré oscille en diagonale et, aussitôt, chacun des gardes de la patrouille esquisse un mouvement de recul. La peur s'est déjà installée dans les rangs, ce qui ne présage rien de bon pour les combattants ainsi que pour ceux qu'ils sont censé protéger.

    "Quelle est la nature de votre mission et en quoi légitime-t-elle le port d'une arme aussi... aberrante ?"

    "Diable, qu'il empeste !"


    La question est ignorée mais la remarque de l'un des hommes d'arme qui se tient en retrait, elle, ne passe pas inaperçue. Ulric jette à la recrue un poil trop causante un regard assassin car s'il ne doute pas une seconde des mauvaises intentions du mystérieux personnage et qu'il s'accorde à dire que l'odeur est si puissante qu'elle le prend à la gorge, il a le mérite au moins de comprendre que plaisanter constitue en cette situation une bien mauvaise ouverture. Toujours tourné vers son compagnon, il crache :

    "Taisez vous, soldat."

    Quelle originalité, pour un trio d'ultimes mots. Ulric sent une douleur cinglante le prendre au cou et se voit voler, balotté dans toutes les directions l'espace d'une fraction de seconde. Sans comprendre ce qu'il lui arrive, il s'éteint pour de bon lorsque sa tête, dissociée du reste de son corps; vient rouler dans la fange.

    Par cette conclusion rapide et brutale, il trouve au moins la gratification d'une mort si abrupte qu'elle en devient plus clémente que celle des autres infortunés.

    Le bras tendu dans une posture improbable, l'épéiste dément aux cornes rabotées achève son mouvement circulaire en une rotation dénuée de grâce. L'arme couverte de liquide carmin se repose sur son épaule et sa main libre, qui pend le long de son corps bestial, vient quant à elle tracer à nouveau des symboles profanes dans le vide.

    Les survivants, médusés par la déchéance barbare de leur capitaine, se remettent tant bien que mal de leurs émotions et pointent leurs armes en direction du terrifiant individu pour entreprendre une charge mais ils sont stoppés net dans leur mouvement par un spectacle si improbable que la rage se change en choc. Une formule diabolique résonne, se muant parfois en grognements de ruminants évocateurs de la fiévreuse folie qui habite l'hôte du mal :

    "Nous porterons à vos chaumières le cadeau du Père de tous les vices. Que le fléau se répande, tel un sombre déluge, provoquant la souffrance, détruisant tout refuge."

    La gueule du monstre s'ouvre comme un vieux clapet et il porte à cette dernière le fil de sa lame avant de pousser un bèlement profond lors duquel il vomit à profusion une substance nauséabonde. La masse pateuse et verdâtre vient recouvrir l'entièreté de son épée, l'embaumant alors sous une couche épaisse de suc mortellement dangereux.
    Le contraste de température fait jaillir de l'acier éprouvé une brume légère qui se dilate en volutes purrulentes puis le dévôt, enfin; adopte une posture martiale avant de marmonner entre deux quintes de toux :

    "Par les flaques d'excréments et les pus gangrenés,
    Je t'appelle, ô divinité des plaies enracinées."


    La lame viciée s'abat sur un premier assaillant, rabotant un bras dont la plaie s'infecte instantanément. L'hybride infame administre un coup d'épaule à l'adversaire déboussolé puis vient fermer ses crocs à la salive caustique sur la nuque du malheureux. Ce dernier lâche face au supplice un hurlement de pure souffrance, glaçant par la même occasion le sang de ses compères. Les dents maculées de pourpre, le paladin gronde :

    "Que tes ulcères béants s'ouvrent sur le monde,
    que ton venin infecte toutes ces bêtes immondes."


    Interrompant sa prière par un gargarisme involontaire, le géant cornu éructe à nouveau une salve de liquide poisseux et ses opposants bondissent en arrière pour éviter tout contact avec le produit atroce. L'épée du guerrier tourmenté frappé par toutes les fièvres tournoye, se lançant dans un ballet aérien aussi imprécis que sauvage pour arracher à son passage une oreille trop exposée ainsi qu'un quartier de viande mal protégée. L'un des hommes, délesté de la partie inférieure de sa mâchoire, abandonne son arme et mugit avant de s'écrouler dans une marre pourpre quelques mètres plus loin.

    "Par des incantations nauséabondes et des gestes vils,
    Je te conjure, Titan des pandémies hostiles."


    La voix rauque s'imprègne d'un enjouement macabre et se ponctue désormais de ricanements sordides. Les survivants comprennent que la prétendue sainteté de la créature s'illustre dans cette ode à l'être le plus horrifiant de tout le Royaume Divin. Une lame plus vorace que les autres s'enfonce dans le dos de celui qui psalmodie encore ses sinistres incantations et lorsque l'assaillant est repoussé par un coup de coude bien senti, la blessure trop peu profonde se met aussitôt à fumer en émettant un grésillement aux échos spongieux.

    Le monstre est lent, imprudent et pourtant mortellement précis. Il apparaît aux yeux de ses adversaires aussi inexorable que le vent et la pluie, se présentant face à eux comme une menace issue d'un autre monde. Les flèches rebondissent sur sa carapace de poil et d'acier, les coutelas ne pénètrent son cuir qu'à grande peine et les quelques éraflures viennent se clore d'elles mêmes quelques instants seulement après avoir été creusées.
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  • Jeu 9 Mai - 20:39
    En cette belle journée pour la saison, Xera vaque à ses occupations habituelles quand elle séjourne dans son cher village de Nareim au bord de la grande forêt de l’esprit Sylvestre. Le fermier de l’une des fermes du village était venu la chercher quelques heures avant l’aube, l’une de ses vaches avait des difficultés avec la mise à bât de son veau. La rousse avait passé le reste de la nuit auprès du bovidé pour l’aider et le soulager. Le veau avait eu la mauvaise idée de présenter dans le mauvais sens, elle avait tenté de le retourner, mais elle s'était rendu compte rapidement que cela ne serait pas possible. Et pour cause, il n'y avait pas un veau, mais deux. Elle avait dû opérer une césarienne, sans quoi les trois risquaient de mourir. Heureusement pour tout le monde, Xera pouvait compter sur sa magie en plus de son savoir-faire.

    La demi-fae regagna sa demeure et échoppe en début de matinée, il faisait beau pour la saison, et c’est avec délectation, que la jeune femme retrouva son fauteuil dans l’arrière-boutique, le tout accompagner d’une bonne tasse de thé. C’est après le repas du midi que l’herboriste décida de rejoindre la grande forêt afin de récolter des champignons étoilés et des millefeuilles. La forêt était calme, Xera fit le tour des coins habituels où elle savait pouvoir trouver ce qu’elle cherchait, un étranger se serait perdu mais elle connaissait cette partie de de la forêt depuis son enfance, soit quasiment deux générations d’être humain. Sa récolte était bonne, aussi elle se permit un arrêt dans son bassin d’eau fraîche et claire préféré. Comme d’habitude, sa baignade la revigora et effaça la fatigue dans son corps. Elle avait toujours senti une certaine connexion dans cet endroit de la forêt, un lieu où elle se sentait connectée avec les forces telluriques, hydrauliques, et depuis maintenant plusieurs mois, végétales de la forêt.

    Xera était là dans l’eau limpide et fraîche quand elle ressentit une très légère dissonance dans l’harmonie de la grande forêt. Elle se concentra sur cette sensation pour tenter d’en apprendre plus, de comprendre d'où venait cette perturbation. Elle avait l'impression que l’origine du phénomène se trouvait de l’autre côté de la grande forêt, c’était très loin de Nareim aussi elle pourrait décider de l’ignorer. Mais depuis les actes de l’assemblé, et le siège de Liberty, Xera ne voulait plus rester inactive face à ce qui pouvait menacer la république en général et la grande forêt en particulier. Elle regagna la rive pour récupérer ses affaires et contacta mentalement tous les prédateurs volant de la forêt qu’elle connaît pendant qu’elle s'évertue à enfiler ses vêtements. Elle fit donc jouer son réseau de contact animal pour se renseigner sur les événements se déroulant aux abords de la grande forêt.

    La rousse savait qu’elle n’aurait pas de réponse immédiatement, aussi elle regagna sa maison en passant au-dessus des arbres pour ne pas perdre de temps. Elle y dépose sa récolte, remplit sa besace de ration de voyage pour une journée, de bandage propre et complète le tout avec un large éventail de simples. Ceci fait, elle prend la direction de l’unique auberge du village afin de prévenir le bourgmestre de son départ imminent pour les limites de la grande forêt ou quelque chose perturbe l’ordre naturel. Elle lui conseille de passer le mot au reste du village de rester vigilant et qu’elle le contacte par télépathie dès qu’elle en saura plus. La demi-fae repéra une buse qui tournait au-dessus de la place du village et s’envola pour la rejoindre dans les airs afin de communiquer avec elle. Le rapace lui apprit qu’une rumeur enflait parmi les animaux loin au nord, un être vil répandait mort et maladie autour de lui.

    La servante de l’esprit sylvestre remercia l’oiseau, et prit la direction du nord, même en volant cela lui allait lui prendre une bonne journée enfin le reste de la journée en bien une bonne moitié de la nuit. Mais le temps comptait, il fallait circonscrire au plus vite tout début de possible épidémie. Comme promis, elle informa le chef du village de ce qui se passait lui demandant de prévenir les autorités compétentes et MAGIC en particulier.

    Et c’est donc au milieu de la nuit, sous la lumière blafarde de la lune que Xera aperçut les abords du village, par précaution et malgré la fatigue elle resta en vol pour s'approcher, afin d’observer plus en détails ce qui se passait en bas.
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  • Jeu 9 Mai - 22:44


    "Repli, repli !"

    Les militaires encore présents et bienportants prennent la fuite, s'échappant en martelant de projectiles le colosse zombifié qui ne paraît reculer devant aucune forme de violence. Les civils alertés comprennent alors que le maigre détachement de gardes impériaux ne peut rien contre l'aliénation incarnée par le dévôt solitaire qui, inlassablement, referme ses crocs sur les os des leurs.

    Les villageois n'envisagent même pas une tentative de rébellion face au diable qui fend la foule et se contentent tous de déserter les lieux, agrippant leurs bambins aussi vite que possible pour se jeter par delà les frontières du hameau. Coutumiers des conflits autant que de la venue de bêtes infernales sur leurs terres, ils savent qu'il vaut mieux abandonner leur domicile plutôt que de s'évertuer à le protéger contre cette chose qui, de toute évidence, ne s'arrêtera que lorsque rien ne sera plus à même de se mouvoir.

    Le sabot droit posé sur le dos d'un innocent qui s'évertue tant bien que mal à trouver sur le sol boueux une quelconque arme pour se défendre, Sublime laisse échapper une grasse jubilation tout en levant sa gueule de carnassier au ciel. Le jeune paysan implore, hurle à s'en décrocher les cordes vocales le nom d'un père qui ne vient pas. Dans un gargarisme abject suivi de spasmes gastriques, le satyre diabolique lâche un rot guttural et dégobille en une salve verdâtre une épaisse couche de liquide rendu toxique par l'action de la plus infame des magies.

    Instantanément brûlé par le contact entre sa peau et la substance corrosive, le garçon laisse ses cris vaguement rageurs se changer en pleurs enfantins. Ses suppliques, loin d'apaiser les mœurs du paladin enragé, ne font qu'attiser cette haine qu'il entretient pour chaque chose. Sans prendre la peine d'essuyer ses lèvres tâchées de sucs empoisonnés, Sublime éternue pour expulser de son museau irrité une gerbe de morve sanguinolente et s'esclaffe de plus belle tandis que sa dernière victime en date, lentement mais sûrement, se fait dévorer de l'intérieur par la neurotoxine qui pénètre les pores de sa peau.

    "Un jeune hôte, un vaisseau adéquat pour la progéniture du Maître."

    Se félicitant d'avoir accompli l'innommable, le monstre aux cornes recourbées dresse son épée meurtrière au dessus de sa tête, s'apprêtant à abattre cette dernière sur l'un des bras de sa proie hurlante mais lorsqu'enfin la lame d'exécuteur atteint le paroxysme de sa hauteur, le tueur aliéné est interrompu dans son œuvre par une déplaisante sensation qui le prend au bas du dos. Poussant un grognement lourd tout en tournant lentement la tête, il découvre non sans stupeur qu'il vient d'être sauvagement poignardé par un râteau porté par un vieux barbu au visage rougi par le soleil. Les yeux injectés de sang, l'homme rugit avec la colère d'un monde tout entier :

    "NE TOUCHE PAS A MON FILS !"

    Le cri déchirant du père voyant sa propre chair être salie par la main d'un Dieu revanchard alimente l'esprit belliqueux du fauve ensauvagé. Son agresseur tente avec force d'enfoncer plus profondément son arme de fortune dans la viande pourrissante de l'hybride qui lui offre, avec toute l'arrogance dont il est pourvu, un sourire singulier traduisant sa plus pure folie. Les aiguilles de fer ancien s'enlisent un peu plus dans le corps de Sublime puis se bloquent curieusement à mi-parcours. Nourries par la sorcellerie du héraut zélé, les tripailles s'agitent, se déforment et se densifient pour se prémunir de toute pénétration extérieure. Au prix d'un effort certain, l'être abject repousse les corps étrangers de son enveloppe, projetant le râteau hors de lui-même alors que les plaies, déjà, commencent à se refermer à vue d'œil.

    Relâchant son emprise sur le garçon qui sombre dans l'inconscience, Sublime s'en détourne et fait face au pauvre ouvrier dont l'héroïsme va inévitablement engendrer la perte. La démente gourmandise se lit dans les yeux de l'homme-chèvre et après avoir poussé un bêlement chimérique, ce dernier applique sa langue écailleuse et fendue contre le plat de sa lame tout en recrachant sur le fil de cette dernière une pate aussi épaisse que virulente. Le poison à peine liquide s'écoule, traçant des sillons dans les multiples fissures qui ornent l'épée du guerrier diviniste. Nul ici n'est de taille pour faire face à une telle allégorie de la folie des Titanides.

    "Ton... fils ? Ton "fils" m'appartient déjà, petit être. Ma maladie le prendra au foie, à l'estomac, au cœur puis à la tête. D'ici deux lunes, il sera incapable de te reconnaître et mourra sans même pouvoir comprendre que son impotent de géniteur n'a pas su le protéger face à l'invincible pouvoir du façonneur de tous les maux."

    L'homme au râteau fait fi du danger et tente à nouveau une estoc qui, cette fois-ci, n'a même pas l'avantage de la surprise pour pallier à sa maladresse. S'esclaffant de plus belle, Sublime vient passer ses doigts crocus entre les pics de l'outil de paysannerie et agrippe la base métallique pour la plier sur elle-même, démolissant le manche de bois instantanément. Attiré en avant par la force écrasante de l'hybride, le vieillard lâche un râle d'effroi seulement pour être ensuite empoigné à la gorge par le colosse qui, sans pitié aucune, le décolle du sol.

    "Vois ce que te coûte ta trahison envers les Titans, misérable infidèle."

    A nouveau, de profonds gargarismes annonciateurs d'un funeste destin. Le combattant maudit s'apprête à délivrer à son nouvel adversaire une sentence plus terrible encore que celle qu'il a réservé à son enfant.


    _




    La nuit tombe.

    Les villageois, durant de trop longues heures de supplices, ont imploré en vain tous les noms qu'ils étaient capables d'invoquer. Tout le monde y est passé, des Titans à l'Empereur en passant par les rares héros locaux ainsi que certaines légendes du folklore reikois. La venue du héraut du Puantrus n'a pourtant rien d'un conte de fées et nulle âme n'est venue se heurter à la folie sanguinaire de la bête malade. Assise sur le rebord du puits central, le tortionnaire s'est immobilisé. Paupières mi-closes et souffle profond, il semble méditer, pris dans une prière faite en l'honneur du Dieu porteur de pestes.

    La décrépitude a tout gagné et les rares survivants du massacre s'enfuient à toute allure lorsqu'ils croient saisir dans le calme momentané de l'hybride une occasion rêvée de se libérer de son joug tordu. Distraitement, le paladin les laisse partir en savourant intérieurement le plaisir de savoir son œuvre accomplie. Ayant pris soin de répandre ses dons aux quatre coins de la bourgade, il détient l'intime conviction qu'il a réservé aux morts le sort le plus clément et que ceux qui se pensent tirés d'affaire vont vivre, dans les plus brefs délais, un tourment à la hauteur de la laideur d'âme de celui qui l'a causé.

    Il n'y a rien de plus grisant, en cette nuitée naissante, que de savoir que les fuyards vont répandre ici comme ailleurs une maladie offerte par les mains aimantes d'un être divin. Suivant des yeux une jeune femme dont le bras a été grignoté par une traînée d'acide projetée lors d'une précédente lutte, Sublime entrevoit déjà le funeste destin qu'elle accordera aux bonnes âmes ayant la bêtise de lui porter secours. N'aura t-elle la force que d'atteindre un village voisin ? Mourra t-elle au beau milieu d'un bosquet fleuri, disséminant les germes du mal dans les tripailles d'humbles charognards nocturnes ? Mieux encore, aura t-elle la volonté de se rendre jusqu'à une cité impériale telle qu'Ikusa ou encore Kyouji ? Que de perspectives savoureuses, que de délicieuses fantaisies.

    "Pour...pourquoi vous faites ça ?"

    Mollement, la tête de l'hybride pivote, bifurquant en direction de ce son parasite qui l'arrache au bonheur de ses réflexions secrètes. Mirant d'un œil dégoulinant de sucs jaunâtres le perturbateur, il aperçoit un homme allongé; ou plutôt ce qu'il en reste. Luttant pour une vie qu'il sait pourtant perdue, le jeune militaire ayant eu l'outrecuidance de s'adresser frontalement au lunatique pèlerin rampe en se cramponnant du mieux qu'il peut à une dague tenue par sa seule main valide. S'amusant avec vanité de cette implacable volonté dont est pourvu le défenseur reikois, Sublime a la décence de quitter son perchoir et vient poser ses sabots à terre tout en empoignant le manche de son épée. Après avoir léché un filet de morve corrosive qui s'écoule de ses propres naseaux, il s'avance lentement vers celui qui tient tant à l'occire dans une ultime tentative de donner un sens à son existence et vient s'accroupir auprès de lui :

    "Pourquoi ? Car telle est la volonté du Monstre. Je ne suis que sa main."

    Joignant à la parole une énième insulte à la vie, Sublime vient paisiblement apposer le dos de sa dextre contre le sol, ouvrant sa paume sans angoisse tandis que le survivant s'efforce de s'approcher encore. Fiévreux, affaibli, mortellement blessé au foie, il exhale du garçon un déplaisant parfum mêlant déjection sanguinolentes et fécales. La peur s'est emparée de lui deux heures plus tôt lorsque son autre bras a été arraché par un coup du fauve mais maintenant qu'il se sait destiné à la poigne du Grand Faucheur, il ne craint plus l'assassin porteur de mille venins.

    "Ce n'est pas... Puantrus... qui a fait ça. C'est toi, sale... enflure."

    La dague s'abat sur la paume tendue par Sublime, juste assez pour légèrement perforer le cuir velu de son enveloppe que la douleur n'atteint pas. Indifférent à la creusée de cet infime stigmate, il laisse le guerrier esseulé s'évertuer tant bien que mal à trouer sa chair par des assauts fébriles et sans même s'interrompre lorsque l'acier dévore sa peau, il reprend :

    "Moi ? Il n'y a pas de "moi", mon jeune ami. Tu crois me voir, tu crois me vouer une haine qui traversera les époques par delà ton propre trépas. Tu me maudis, tu espères pouvoir me hanter. Je n'existe pas. Je ne suis qu'un mirage, un messager. Je suis un symptôme, une quinte de toux qui s'étire en murmure perdu dans le vent. Je ne suis que la somme des tâches que m'ont accordé les porteurs de la divine parole."

    Les assauts se font plus rares, les plaies moins profondes. Après quelques instants de silence entrecoupé seulement par des râles sépulcraux, le jeune soldat meurt en sachant qu'il n'a rien accompli. Sublime ne lui accorde que peu d'égards et inspecte son cadavre chaud avec une attention toute relative avant de se redresser, s'orientant vers le puits par dessus lequel il dresse sa main ensanglantée.

    Une formule profane passe la frontière de ses lèvres asséchées et lorsque la magie obscure se mêle à son sang vicié, il serre le poing de toutes ses forces puis relâche ses muscles afin de laisser s'écouler dans l'eau du village un épais filet noirâtre qui vient fusionner avec le liquide. Tout espoir est perdu.

    Ou presque.
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  • Dim 12 Mai - 16:43
    Plus elle avance, dans les airs, vers le centre du village et plus la demi-fae constate qu’une calamité a frappé les lieux. Il y a des corps mutilés, civils comme soldatesques portant les couleurs de l’Empire du Reike. Xera ne savait pas jusqu’alors, si elle avait déjà traversé la frontière entre la République et la nation voisine. Maintenant, elle pouvait en déduire qu’elle n’était plus “chez elle”, devait-elle réellement intervenir sans risquer un impair diplomatique ? Xera s’en moquait pour l’heure, car force était de constater que le glorieux Empire n’avait pu protéger ses concitoyens. L'herboriste de Nareim n’avait pas encore atteint ce qui devait tenir de place centrale, mais après avoir volé depuis son propre village pour traverser toute la forêt, la fatigue du vol la força à regagner le plancher des vaches.

    Elle avança prudemment, allant de corps en corps pour vérifier leur pouls et ainsi tenter de sauver d'éventuels survivants. La plupart des cadavres dégageaient déjà des fortes odeurs désagréables, ce qui n’était pas normal en si peu de temps. De plus, elle constata la présence de blessures faite par un objet imposant et plus ou moins tranchant, mais surtout elle découvrit des chairs brûlées par de l’acide et d'autres traces de substance nauséabonde. Elle ne voyait pas, encore, quelle force obscure et barbare était derrière ses atrocités. Mais cela ne lui semblait pas naturel, et comprenait un peu mieux la dissonance qu’elle avait ressentit. En approchant d’un nouveau cadavre, celui d’un homme d’un certain âge, dont la gorge avait été littéralement broyée, comme enserrer dans un étau d'atelier, ou bien plus horriblement par la main d’un être d’une force monstrueuse. En s’approchant de ce corps donc, elle entendit une faible respiration non loin. Tournant la tête dans la direction de l’origine de souffle, elle vit le corps d’un enfant au sol non loin. Elle venait de trouver son premier survivant à la calamité qui avait frappé la bourgade.

    L’enfant était inconscient, son pouls était faible, et sa respiration sifflante. Comme si cela ne suffisait pas, il avait une forte fièvre et son haleine sentait bien plus que mauvais. Pour la guérisseuse, l’état de santé de ce premier survivant était des plus inquiétants, elle commençait sérieusement à penser qu’il n’était pas porteur d’une, mais bien de multiples maladies en même temps et cela était des plus inquiétants. La demi-fae plaça ses mains au-dessus du corps de l’enfant qui s’affaiblissait de plus en plus, et concentra sa mana, d’ordinaire elle utilisait cette dernière pour “éveiller” les propriétés magiques des plantes sécher et autre remède qu’elle utilisait. Mais là elle n’avait pas le temps, sinon elle risquait de perdre la vie du jeune garçon. Cette fois, elle se confronte directement aux maux qui rongent son patient tout en murmurant une prière à l’Esprit Sylvestre. Tout acte magique pouvait être perçu par ceux qui savaient écouter, mais elle en avait cure, il était fini le temps ou elle se sous-estimaient.

    Après avoir soulagé le garçon des maladies qui se multipliaient en lui, Xera fit appel à son lien avec l’eau et entreprit de soigner toutes les blessures physiques de son jeune patient. C’est à ce moment que son estomac se rappela à elle dans un bruit caractéristique qu’il n’est nul besoin de décrire. L'herboriste de Nareim s'installa en tailleur a coté de l'enfant et entreprit de se sustenter. Indisposer par les mauvaises odeurs qui envahissaient de plus en plus le village, elle fit pousser tout autour d'elle et de son jeune patient tout un parterre de fleurs sauvages varié et odorantes. Elle en profita pour faire disparaître les cadavres à la portée de sa vue sous terre, c'était comme si le sol s'ouvrait et les gobait en entier avant de se refermer en laissant une dalle de pierre plate brute pour marquer leur emplacement.
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  • Mar 14 Mai - 4:46


    "Que faites vous ?"

    Grasse comme le cri d'un vieux crapaud, la voix du paladin de la pestilence brise le silence nocturne. Héraut de toutes les bassesses, il s'impose en enfonçant brusquement entre deux pavés son épée aux faux airs de scie dans un puissant claquement puis mire d'un regard venimeux les plantes nées des arcanes qui recouvrent l'infamie de sa besogne par des arabesques florales. S'il hait tout et tout le monde, Sublime accorde en cette si particulière occasion une œillade d'une incomparable noirceur à la perturbatrice.

    Rendu fou de rage par la perspective de cette surnaturelle beauté, il exhale bruyamment en rivant ses pupilles cernées de croutes jaunâtres sur l'étrangère. Ses manœuvres digne à bien des égards de celle d'Aurya, divine Némésis de Puantrus, sont une injure à la contamination que s'évertue à répandre le vil et maudit croyant. Il s'est opposé en bien des occasions à ces faiseurs d'artificielle excellence, à ces impies prônant l'aseptisation d'un monde pourtant conçu corruptible et donc pensé pour être corrompu. La bile fait d'acide véhément remonte dans la gorge du guerrier saint et tout en laissant échapper un gargarisme toxique, il pointe une main décharnée et griffue vers l'infortunée qui se dresse sur sa route et lance :

    "Vous avez du cran, Mains Blanches. J'ai exterminé les vôtres des décennies durant et pourtant, vous continuez à vous opposer avec une démente ferveur à l'implacable volonté du Façonneur de Lèpres. Ne comprenez vous pas que toute vie finit inéluctablement par connaître la décomposition ? Ne percevez vous pas la folie d'une si aveugle entreprise, païenne ?"

    Longeant le puits qu'il a sciemment empoisonné, Sublime vient coincer avec une palpable colère le coin de sa lame sous l'une des dépouilles enchevêtrées dans les plantes magiques, arrachant les racines ornées de somptueuses fleurs dans un froissement végétal. Tout en poussant un râle bestial, il fait levier contre la structure, déchirant la couche d'un vert si pur pour révéler à la vue de la sauveuse ce qui se cache en dessous. Retourné et dévoilé, le corps gagné par la pourriture fongique d'un soldat ayant connu la mort quelques heures plus tôt apparaît, ses yeux vitreux déjà partiellement rongés par des vers rendus voraces par l'appel du Monstre. L'un des sabots fendus frappe brutalement le ventre rendu spongieux de la victime et tout en pointant la carcasse d'un index crochu, l'hybride vilipende la guérisseuse :

    "On ne peut se défaire d'un mal aussi insidieux que celui que je répands, imbécile ! Votre œuvre est aussi vaine que votre blasphème est grand ! Vous tortiller de la sorte en frottant vos baumes impotents contre les plaies que je creuse n'est qu'une insulte émoussée à la toute-puissance de mon divin créateur !"

    La lame viciée se redresse, quittant les fleurs découpées pour retourner se plaquer contre l'épaule de son diabolique porteur. Les paupières mi-closes, il marmonne dans sa barbe crasseuse des mots emplis de fiel et trace à nouveau dans le vide l'un des symboles pervers supposés représenter l'une des nombreuses pathologies composant l'arsenal que Puantrus lui lègue. Dés lors qu'il s'interrompt dans ses mouvements intraduisibles, un spasme secoue son corps massif et il porte instinctivement sa dextre au col de son armure lorsqu'une brûlure intérieure parcourt ses boyaux. Ses mâchoires se déverrouillent comme le ferait le couvercle d'une fosse et entre ses crocs pointus, une infecte déjection de poison visqueux et noirâtre vient recouvrir le fil de son arme profane, s'écoulant par monceaux fumants sur le parterre merveilleux.

    "Votre dépouille pervertie par mes soins fera pour la fange titanesque un excellent terreau. J'exposerai votre tête tranchée et fondue par la rouille organique au sommet des plus hauts pics de Célestia. Faites face, Mains Blanches, au courroux du juste !"

    Son arme gigantesque cogne le sol huit fois et à chaque impact, un nuage de pestilence si concentré qu'il en devient visible à l'œil nu se met à croître, enveloppant l'illuminé aux excroissances biscornues sous une brume grise dont le parfum de déjection animale se distille dans l'air. Imprégné jusqu'à la moelle de cette ardente maladie qu'il accueille lui-même comme un cadeau des cieux, le paladin aux lèvres baveuses s'avance d'une démarche claudicante; engloutissant à pas lourds la distance qui le sépare de sa cible.
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  • Dim 19 Mai - 23:49
    Xera profitait de la viande séchée qu’elle avait emporté avec elle, accompagnée d’un morceau de fromage et d’une bonne poignée de fruits secs quand une voix l'interrompit dans son repas. La rousse leva donc son regard vers l’inconnu qui la fixait d’un regard empli de haine. Enfin cela elle le sentit plus par les ondes de haine que la créature dégageait à son encontre. L’herboriste comprit qu’elle avait face à elle le responsable de ce qui c’était passé dans ce village. La demi-fae se releva en abandonnant son repas dans son sac et en se plaçant entre le paladin de Puantrus et l’enfant toujours inconscient.

    - et bien, je prenais mon repas et une courte pause dans mes recherches, recherche que je n’ai nul besoin de continuer à présent que j’ai trouvé l’origine de ce qui trouble la sylve.

    Le serviteur du Titans aimant répandre la putréfaction et les maladies aimait très clairement entendre le son de sa voix, car au lieu de l’attaquer directement, il se lança dans une diatribe contre les soigneurs et autres guérisseurs en général. C’est du moins ce que la rousse pensait comprendre du discours du fanatique face à elle.

    - La vie et la mort font partie du cycle immuable de la nature, tout organisme vivant une foi mort retourne à la terre pour nourrir les générations futures. Nul besoin de tenter de me convaincre de cela, je n'ai jamais dit ou penser le contraire, ton problème, c'est que tu sembles juger les autres sans prendre la peine de les connaître.

    Pendant qu’elle occupait son adversaire, Xera se préparait de son côté, sa priorité était de protéger l'enfant humain. Ce qu’elle fit en emprisonnant l’enfant dans un sarcophage de pierre non-hermétique, sarcophage qu’elle déplaça 10 mètres en arrière de sa position et qu’elle recouvrir d'un enchevêtrement de végétation pour le dissimuler.

    Maintenant, la fidèle de l’esprit Sylvestre était plus libre de laisser sa colère s'exprimer envers l'abject serviteur de Puantrus. Elle commença par se parer d’une peau d’écorce, son épiderme devint rugueux et fripé désormais, elle faisait penser à une élémentaire de la nature. La lune toujours visible dans le ciel, révélait les ailes translucides de Xera...À moins que cette dernière y infusât de sa mana ?

    - On ne t’a jamais dit qu’il ne fallait pas vendre les ailes de la fae avant de l'avoir attrapée !

    Xera leva sa main droite en direction du paladin, lui présentant la paume de sa main et convertit une portion de mana en de multiples projectiles de pierres qu’elle propulse violemment vers lui. Les projectiles frappent leur cible, mais ne semblent pas le blesser suffisamment pour l’arrêter. Non, pour cela, la rousse avait une autre idée en tête, soudainement le sol sous les pieds de l’hybride disparaît pour laisser apparaître une fosse garnie de pics d'obsidienne.
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  • Ven 24 Mai - 1:25
    Le paladin éructe, geint de rage et de haine lorsque le corps de l'une de ses futures victimes se voit enfermé dans une prison tellurique à même de le protéger des miasmes. Il y a dans la moquerie de la Main Blanche une déplaisante assurance qui ravive les plus bas instincts du croyant à l'inqualifiable démence. Le poing solidement fermé contre le manche de son arme monstrueuse, il tente d'apaiser son propre courroux en redirigeant la violence contre lui-même et c'est par instinct qu'il vient cogner son propre front à l'aide du pommeau de son épée, ce avant de pointer du doigt l'opposante et de maugréer d'une voix tiraillée entre grondement et hilarité :

    "La vie et la mort, le cycle de la décomposition et de la renaissance. Tu cites des préceptes dont tu bafoues pourtant tous les principes, mécréante..."

    Il appose sa langue grisâtre contre le plat de sa lame, léchant la surface décorée de sang frais et d'antique rouille avant d'expulser dans un profond gargouillement une importante quantité de poison pour maculer à nouveau le fil. Laissant sans modération aucune la substance gâchée venir glisser contre son menton hirsute, le paladin éclate d'un rire sardonique, asséché par l'infection qui lui pourrit la gorge; puis décide que l'heure n'est plus aux mots.

    L'ennemie du Divin recouvre sa peau de porcelaine d'une écorce dense et projette sur son opposant une poignée de projectiles jaillissant par magie. Sublime se protège maigrement en orientant son arme gigantesque vers les objets perforants qui approchent à grande vitesse et s'il parvient à en repousser une partie, le reste achève tout de même sa course dans le cuir velu du monstre. Des plaies s'écoulent un sang noir, vicié jusqu'à la racine. Le chevalier pestilentiel exulte, s'amuse de la torture que subit sa propre chair et use lui-même de ses aptitudes profanes. Les picots enfoncés dans son épiderme sont repoussés par des flots d'hémoglobine en ébullition et tombent les uns après les autres tandis que la peau crasseuse se referme, laissant les plaies superficielles disparaître tandis que les plus profondes se resolidarisent dans un chuintement visqueux.

    Avec la lenteur d'un exécuteur s'apprêtant à abattre sa hache sur un animal malade, il lève les bras mais se voit puni dans son hubris par une ouverture subite de la terre située sous ses bottes. Il choit lamentablement, s'écroulant de tout son poids dans le fossé serti d'obsidienne pointue. La roche sculptée pénètre ses pieds, ses grèves et sa tassette rougie mais nulle douleur ne s'empare de lui. Son corps, trop horrible pour mourir et trop blasphématoire pour être convenablement affecté par les maux des mortels, refuse de lui accorder l'once d'humanité que procure naturellement la souffrance. Sublime s'agrippe de sa seule main libre au rebord du précipice creusé par magie et se hisse, toujours en riant aux éclats, jusqu'à ce que son horrible visage ne réapparaisse à la surface.

    Son menton ayant heurté le rebord lors de son ascension, il crache copieusement un filet de sang dû au tranchage partiel de sa langue puis repose ses vilains yeux sur son adversaire tout en se propulsant avec une force ahurissante vers le haut pour enfin retomber droit sur sa paire de sabots fendus. Maniant son épée recouverte de poison comme un véritable forcené, il pousse un bêlement diabolique en effectuant de grands moulinets aériens puis balance finalement sa lame vers sa cible en rugissant de plus belle.
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  • Jeu 20 Juin - 19:57
    Comme espéré par la demi-fae son attaque à coup de projectiles de pierre fonctionna, malgré les faibles dommages occasionnés sur son adversaire. Son véritable objectif était de focaliser l’attention du Paladin de la pestilence sur sa personne, ce qui lui permit de le faire littéralement tomber dans son piège, enfin sa fosse. Xera avait espéré que cela calme pour de bons l’hybride, mais non le servant du titan de la corruption n’était pas prêt à abandonner pour si peu. Le rire du Paladin se fit entendre avant que le paladin ne hisse son visage juste au-dessus du rebord.

    La rousse se tient prête à réagir et tente de décoller quand son adversaire se propulse grâce à sa force prodigieuse hors du trou pour atterrir sur ses deux sabots comme si de rien n’était. Malgré ses efforts, l’herboriste ne décolle pas du plancher des vaches, comme si sa propre magie refusait de lui obéir. Déconcentré par cet étrange phénomène, Xera n’a pas le temps d’essayer d’esquiver l’épée du Paladin que ce dernier a projeté vers elle.

    Sous la force de l’impact, la demi-fae est projetée en arrière sur 5 bons mètres ! Sous la force du coup, la rousse a le souffle coupé et ne remarque pas immédiatement les autres dégâts. Sa peau d’écorce lui a évité de finir empalé par l’étrange épée, cependant, elle n’est pas indemne pour autant. Le métal a percé sa protection suffisamment pour qu’une large tache carmin fasse son apparition. Une telle blessure est loin de suffire pour handicapés de manière sérieuse la rousse, seulement l’épée du paladin est enduit de poison et elle sent déjà la morsure de ce dernier se répandre dans son corps. Elle commence par dégager la pointe de la lame de sa blessure dans un râle de douleur, alors que déjà, des gouttes de sueur perlent sur son front. Malgré la douleur et la fièvre qui l’envahit, elle se redresse péniblement sur ses jambes et porte sa main droite au niveau de sa plaie avant de la nettoyer et de la soigner en faisant couler de l’eau qu’elle génère en la créant avec sa mana.

    Xera devient de plus en pâle, au fur et à mesure que le poison se répand dans son organisme, mais elle n’abandonne pas pour autant. Pour se donner du temps, elle tend la main vers le paladin et l’enferme dans un dôme de pierre. Elle doit encore identifier plus précisément les effets du poison pour en déterminer le bon antidote.
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  • Mer 14 Aoû - 19:40


    Grommelant et pestant, le paladin de l'effroi agrippe de ses pognes musculeuses les bordures de son ceinturon, extirpant à la simple force de bras herculéens les lames telluriques qui perforent son cuir. Le monstrueux chevalier maugréé des injures indicibles, ses yeux vides d'émoi se portent sur ceux de celle qu'il a malhabilement blessé. Lorsqu'il la voit, il sait.

    D'une bête ruminante, il devient un prédateur cruel et ses grondements sauvages se muent en un rire ignoble dans lequel s'entremêlent des claquements liquides. Il brûle, tant par son envie de meurtrir par pure folie que par la fièvre ardente qui s'empare de tout son être et qu'il a partagé, dans son infinité bonté d'âme; avec la guerrière qui se dresse devant lui. L'épée d'exécuteur s'abaisse pour venir creuser une terre meuble que macule le sang des indignes. Boitant dans la boue, parmi les viscères charnues et les immondices, il lance avec goguenardise :

    "Tu partages désormais, Mains Blanches, un peu des dons qui ont été faits miens. Jouis de cette offrande, perverse soigneuse; profite de la divine saveur du venin qui coule dans tes veines."

    L'hybride pousse un rauque bêlement avant de vomir, sans effort ni retenue, une anormale quantité de bile noircie noyée de vermine grouillante et de chair humaine. Des larves, par dizaines, se prélassent et se tortillent dans l'amas décomposé tandis que le paladin, la morve au museau, redresse sa tête à la révoltante allure pour enfin se lever de toute sa hauteur avec une lenteur mesurée ainsi qu'une lisible excitation. Il écarte les bras, déplaçant au passage une lame paraissant pourtant bien trop grosse et lourde pour être si aisément agitée; puis beugle une nouvelle fois l'une de ses terribles diatribes :

    "Infidèles, vous avez eu bien trop longtemps le loisir de vous soustraire à la volonté de vos divins créateurs. Ce que je suis, ce que je fais... ce n'est qu'un humble retour des choses. Souffre pour moi, guérisseuse; découvre les vérités qui se nichent au fin fond de tes tripes de couarde. Mille châtiments ne seront pas assez pour exprimer tout le désamour que je porte aux tiens mais je compte bien, au demeurant, vous faire goûter à un aperçu de l'océan de douleur qui deviendra votre éternel quotidien."

    A nouveau, l'inexorable progrès du bourreau de Puantrus. Son poids aberrant le fait s'enfoncer dans la boue et il vient en extraire l'un de ses sabots pour faire un premier pas; puis un autre. Lent, mais certain; comme une léthale infection qui se profile et qui gangrène tout ce qu'elle touche. Il n'a rien d'autre que de la haine à donner, ni plus ni moins que des offrandes faites de viande boursouflée et d'aiguilles perlantes de toxine. Ses mâchoires s'ouvrent et se referment dans le vide; claquant pour signifier la menace imminente d'une atroce morsure. Il salive; tant par appétit que par goût du carnage; puis agrippe enfin son arme à deux mains afin de l'élever au dessus de sa tête.

    Ses techniques laissent à désirer, ses mouvements sont toujours aussi patauds. La force des fidèles de Puantrus ne provient guère de leurs prouesses guerrières mais bel et bien de leur résilience hors du commun. Ils éructent, crachent et vocifèrent de grossières injures. Le dégoût qu'ils inspirent est leur égide, les pustules qui dévorent leur chair constituent leur armure. Trop ignobles pour être approchés, trop immondes pour mourir; ils sont les rejetons de ce que le monde a enfanté de pire et se complaisent dans la fange d'où ils ont malencontreusement germé.

    "Je veux tes mains. Elles seront pour moi un éternel rappel de l'écrasante victoire du Père de tous les Maux. Je veux porter en parure ces doigts païens qui croient injustement pouvoir rebâtir ce qui a dignement été ruiné."

    Et l'épée retombe dans un geste d'une effroyable puissance.
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  • Mer 21 Aoû - 0:08
    Le Paladin de Puantrus est à peine ralenti par sa prison de pierre, avec une monstrueuse facilité, il se libère de la force de ses bras. La demi-fae croit l’entendre rire après avoir croisé son regard, mais elle n’est pas réellement sur le poison semble perturber ses sens. Elle croit percevoir en même temps des bruits de pattes chitineux un peu partout autour d’elle. C’est la voix de l’hybride qui la fait concentrer à nouveau son attention à lui, ce dernier se félicite de la voir subir les effets de son poison qu’il qualifie, lui-même, de divin.

    - merci pour ce cadeau, je l’apprécie à sa juste valeur…Ça ne sent pas la fumée !?


    Sublime ne sent aucune fumée, ni n’entend aucun bruit de pas, caractéristique d'araignée géante rodant autour de ce qui reste du village. Il sait que tout cela est le résultat de l’action de son poison sur Xera. Le regard de la rousse trahit la peur phobique qui s’empare d’elle, elle ne semble même plus entendre les vociférations du suivant du Titan de la corruption. Elle porte un regard fou sur des choses qui ne sont pas réelles, pour elle le village brûle, incendié par des géomis de feu qui se rapproche d’elle petit à petit.

    Mais la seule et véritable menace qui s’approche d’elle sans se précipiter, c’est l’immonde Paladin de Puantrus, si ce dernier n’aimait pas autant s’entendre parler, elle serait restée dans son délire fiévreux engendré par les toxines du poison qui parcourait son organisme. Il n'y avait pas de feu, ni de géomis de flammes. Elle comprend maintenant à quel genre de poison, elle faisait face. En temps normal, elle aurait composé un remède à base de plantes, qu’elle aurait renforcé avec sa mana. Mais elle devait agir dans l'urgence, d’un claquement de doigts, elle dissipa le poison qui coulait dans ses veines, et se fixait dans ses cellules.

    Quand Sublime abat son épée de toutes ses forces, il a le temps d'apercevoir un léger sourire se dessiner sur les lèvres de son supposé nouveau trophée, avant que le visage de la demi-fae ne soit recouvert d’une armure faite de pierre. Ce que lui confirme l’onde de choc qui se transmet de la lame à la poignée de son épée, quand cette dernière, au lieu de trancher les poignets de sa supposée victime, vient se fracasser sur son armure tellurique qu’elle à évoqué au dernier moment.

    - désolé, pour ton présent, je m’en suis débarrassé, à mon tour….

    Subline sent que quelque chose ne va pas, ou plutôt l’inverse, enfin quoi qu’il en soit le subtil équilibre entre toutes les maladies qui résident en lui vient d’être brisé par une onde de magie curative. Tous les germes et virus n’ont pas disparu pour autant, pas tous, mais les plus faibles ont momentanément disparu, soulageant notamment les bronches de l’hybride.
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  • Jeu 22 Aoû - 17:17
    Le héraut des Maux voit la fiévreuse folie de la soigneuse s'emparer de ses yeux. Lorsqu'elle commence à frissonner nerveusement tout en jetant d'anxieux regards dans le vide, la chèvre maudite se gausse grassement alors que ses plaies infectées se referment dans de subtils couinements de chair recousue par magie. Telle l'expansion d'un bras de corail ou la discrète croissance d'un réseau de champignons, Sublime étend sa toile de noirceur tout autour de lui et fait de la plus pure corruption un lit idéal pour que vienne s'y prélasser son Dieu.

    Son mortel couperet s'abat avec toute l'énergie de la folie furieuse mais, dans un tintement se réverbérant jusqu'à la périphérie du village défait de toute vie saine, l'épée géante vient rencontrer le roc. L'arme pervertie rebondit inévitablement contre le matériau trop résistant pour elle et c'est dans un bêlement s'approchant davantage d'un bestial grognement que Sublime se voit repoussé en arrière, désarçonné par la parade invincible de son adversaire qui, vraisemblablement, jouit d'aptitudes qu'il ne soupçonne qu'à peine. Il renifle, en proie à la confusion et à l'agacement, puis crache à nouveau son verbal venin :

    "Des tours d'esbrouffe, rien de plus. L'inéluctable ne sera que retardé, jamais endigué."

    Serrant ses pognes monstrueuses contre le manche de son épée, il repasse aussitôt à l'offensive et ne se fait même pas témoin des soins extraordinaires par lesquelles passe la guérisseuse en un humble claquement de doigts. Aveuglé tant par la haine que par la ferveur, Sublime se nimbe d'un manteau de rage animale et effectue deux moulinets aériens avant d'être subitement frappé par un vent de douce fraîcheur qui aurait comblé sans doute le commun des mortels mais qui l'atteint, lui, jusqu'aux tréfonds de l'âme. Il grommelle, s'interrompant abruptement dans son mouvement pour ensuite se replier de quelques pas.

    "Que..."

    Il porte à son cou serti de tâches brunes et de pustules chargées de liquide une main hésitante, frottant la surface usuellement si douloureuse pour constater avec un total effroi que ses bronches usuellement si engourdies et noyées de morve se libèrent. La peur lui fait l'effet d'un choc électrique, tant de par sa vivacité que du fait de son aspect primal. Pour une âme dédiée à tel point aux enseignements de Puantrus, ces soins sont une aberration constituant le plus grand des blasphèmes. La bave aux lèvres, il tremble et peine à conserver sur son arme une poigne fiable. La Main Blanche vient de dévoiler l'une de ses cartes maîtresse, un atout rare en terres désolées et pourtant si diablement efficace contre l'hybride purulent.

    "Comment as-tu pu... Tu viens de me défaire de l'une de mes plus anciennes et précieuses infections, traîtresse !"

    Il se doit d'expier ce pêché, il doit réparer la faute commise. Esclave de sa panique et de sa démence, il croit percevoir au travers des nuages gris l'œil désapprobateur de son maître et créateur. A deux doigts des sanglots, Sublime recule encore de quelques mètres et porte sa main libre au dessus de sa propre gueule, qu'il vient ouvrir dans un craquement décharné pour marmonner ensuite des prières, des odes à l'insalubrité et à la perversion visant à raviver ses propres pouvoirs. De sa paume blessée vient alors se déverser un jus ignoble fait d'immondices nés des arcanes et c'est droit dans sa gueule que finit la coulée obscure.

    Il éructe, laisse perler depuis les commissures de ses lèvres desséchées par la peste cette boisson constituée de malice et d'envies sinistres. Ce n'est pas assez pour contrer entièrement les effets des soins et cela le laisse ouvert à d'autres ripostes, mais il ne peut décemment combattre en pleine mécréance.
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  • Dim 25 Aoû - 19:57
    Le son de l’impact du métal contre la pierre résonne tout autour d’eux et va se propager jusqu’aux limites du village, ou nulle oreille attentive ou non est là pour l’entendre. Passé, l’étonnement Sublime raille Xera avant de tenter de nouveau de partir à l'assaut de son armure de pierre, comptant se rasséréner, le Paladin fait effectuer deux moulinets à sa monstrueuse épée, mais alors qu’il allait porter sa nouvelle attaque, une sensation étrange s’empare de lui. Ce sentiment jusqu’alors inconnu, le fait reculer de quelques pas et hésite. Il ne peut que constater que sa gorge jusqu’alors rendue douloureuse au toucher par ses ganglions enflammés, ne lui fait plus mal. Ses respirations se font moins pénibles et moins sifflante, et à mesure que ses poumons sont soulagés, la peur s'infiltre un peu plus en lui, s’incrustant dans chaque fibre de son être, venant se greffer en lui comme un mal silencieux, un peu comme une nouvelle souche virale, mais contrairement aux autres n’a rien à voir avec les dons de Puantrus.

    - Comment j’ai pu ? Parce que je le peux, tout comme je ressens maintenant un nouveau sentiment en toi, toi qui ne ressentais jusqu’ici que colère et haine…

    La demi-fae laisse l’hybride se blesser et boire son sang vicié dans une tentative de retrouver les maux qu’il avait perdu. Elle prend son temps pour réduire la distance qu’il a mise entre eux deux. En effectuant les quelques pas pour la ramener à 3 mètres de lui, son armure de pierre tombe au sol, la libérant de son carcan et permettant à ses ailes de se déployer de nouveau révélée par les rayons de la lune. Au fur et à mesure que la rousse se rapproche de lui, Sublime sent que sa colère reflue, diminue, et semble totalement disparaître, noyée dans la peur qui désormais à toute la place laissée vacante par la colère pour se déployer. L’herboriste de Nareim utilise ce pouvoir généralement, pour apaiser ses patients, mais ce n’est pas pour autant qu’elle ne peut pas utiliser son contrôle des émotions pour atteindre un adversaire.

    - Que se passe-t-il ? Ta précieuse colère t’a abandonné, et la peur désormais t'étreins, sais tu que la peur, si elle est suffisamment forte, pour faire s’arrêter ton cœur…

    Le héraut du Titan de la corruption à peur, et cette peur ne cessent d’augmenter, faisant battre son cœur de plus en plus vite.

    - tu vas apprendre à me craindre, cette forêt est sous ma protection, ce village représente une menace tout comme toi, il va subir ma colère, vous avez osé souiller le domaine de l’esprit sylvestre avec vos coups de hache et vos chasses excessives, vous allez subir le courroux de la terre !

    Sublime sent la peur refluer quelque peu pendant le monologue de mains blanches, les fleurs dans sa longue chevelure se métamorphosent sous ses yeux, pour se transformer en épines et en ronces acérées, les traits de son visage se font plus durs, dans son regard, un feu semble s’allumer. Un feu qu’il connaît bien, celui de la colère dévorante, de la colère destructrice. La maladie ne l’a pas corrompue, mais la corruption peut prendre bien des formes.

    Le sol autour de la demi-fae se met à gronder, à vibrer, les ondes se propagent en cercle concentrique pour se propager dans le village, la puissance du séisme augmente graduellement, tout comme la colère qui s’empare d’elle. Xera décolle du sol alors qu’autour, les bâtisses du village commencent à s'effondrer, à chaque structure détruite ses ailes translucides se teintent de veines noires comme du pétroles et un sourire satisfait, mais malsain se dessine sur son visage.
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  • Lun 26 Aoû - 5:12
    Il est bien rare que la peur étreigne le cœur de celui qui a voué jusqu'à son propre corps à la damnation. C'est lui qui porte l'Eglise et non l'inverse, sa dépouille est prédestinée non pas à la canonisation mais à être réduite en engrais, jetée en pâture aux bêtes pour renaître par la maladie. Il n'est pas de ceux qui craignent, son esprit morcelé et rongé par les vers n'étant qu'un fertile terreau pour les desseins de son Créateur. Sa créativité n'est usée qu'en malice ainsi qu'en pratique débauchées, ses idées n'impliquent généralement que terreur et bellicisme. Il incarne un Mal si absolu et profond qu'il paraît impensable de lui imposer la peur; car celui qui ne se sent exister que par le regard de son Dieu n'a nulle raison de s'angoisser de ce que peuvent lui faire les Hommes.

    C'est pourtant, en dépit de toute vraisemblance, l'effroi qui vient saisir le cœur arythmique et gonflé de Sublime. Il fait mine d'effectuer un pas de plus et au final, son sabot repart en arrière. Il recule, pas parce qu'il craint la mort mais parce qu'il est persuadé que les soins blasphématoires de son opposante sont capables de lui attirer le mépris et les défaveurs de Puantrus. Cette peste peut le purifier, délester ses os pourris des mille maux qu'il s'est sciemment infligé au fil des âges. Une telle aberration, dans l'esprit étriqué de l'hybride dément, est un châtiment si terrible que la mort devient comparativement une douce utopie.

    L'épée géante est ramenée jusqu'à son épaule, ses épaules s'affaissent tandis qu'il adopte une posture moins combattive. Le dos rond est la gueule basse, il est incapable de se rendre compte que c'est aussi par magie que cette traîtresse le contrôle. A deux doigts de fuir, il est subitement interrompu dans son mouvement par une abrupte secousse qui le contraint à demeurer immobile. Chancelant au point de manquer de chuter tête la première, le paladin se rattrape tant bien que mal en enlisant à grands coups ses sabots fendus.

    C'est lorsque la féérique apparition s'élève telle une ange destructrice et que la noirceur change de camp que la panique cesse d'altérer le jugement de Sublime qui, subitement; se fige lorsqu'il aperçoit les veines ténébreuses qui ornent désormais les ailes de l'ennemi. Malgré les menaces, il laisse sa grimace effrayer céder place à un sourire graveleux et tandis qu'un mince filet de bave caustique s'écoule de ses lèvres gercées, le chevalier maudit éclate d'un rire sardonique sans prendre la peine de dissimuler son vil museau derrière sa main velu :

    "Enfin... Nos pères nous reviennent."

    Tout autour de lui, les bâtisses s'effondrent dans de profonds craquements. Sublime ne perd rien de son hilarité quand le village fleuri s'écroule pierre par pierre et que les cadavres laissés à l'abandon traversent des fissures creusées à même le sol pour disparaître dans les abysses. Il manque de peu d'être cueilli par une pluie de gravats lorsqu'une cheminée bascule mais d'une simple impulsion magique, il devient cuirassé et accuse les impacts sans broncher le moins du monde. Ses bras s'étendent latéralement et après une profonde inspiration, il laisse une vilaine toux lui échapper puis ajoute :

    "Alors fais ton office, monstre des forêts. Abat donc arbres, racines et roches sur l'indigne sépulture de ces mécréants. Que tes tempêtes sèment sur le sol impie un indescriptible chaos, que ta puissance soit saluée pour les millénaires à venir. Deviens l'annihilatrice vengeresse que tu as toujours rêvé d'être."

    Si des êtres si puissants que cette Fae peuvent être aussi aiséments corrompus par le pouvoir de ses maîtres, leur croisade n'en sera que plus brève. Qu'elle détruise tout sur son passage, qu'elle le tue elle même si le cœur lui en dit. Ca ne fait désormais plus aucune sorte d'importance, il sait que sa mission sera accomplie quoi qu'il arrive. Un sourire dément toujours solidement ancrée sur son odieuse trogne, Sublime se contente d'un bond latéral pour esquiver une fissure qui manque de le faire choir dans le vide puis il roule dans la direction opposée pour éviter la chute d'un pan de mur tombant à la renverse. Entre deux passages de roches filant à toute allure vers son visage, l'hybride se permet même des mots d'encouragement.

    "Cède à la rage, deviens l'une des nôtres !"

    Incapable de riposter en vue du flot ininterrompu de projectiles et d'objets en chute libre, Sublime se contente de ramener sa lame face à lui malgré le déséquilibre qui manque de le faire tomber par deux fois et bloque plusieurs assauts, laissant chaque objet heurter le plat de sa lame plutôt que son corps. Trop pour les compter, trop pour en lancer un vers celle qui laisse l'obscurité l'envahir. Il ne craint guère de mourir; mais sa peau malodorante ne lui sera pas si aisément arrachée.

    Sublime est fait comme un rat, mais il sourit.
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  • Sam 31 Aoû - 19:56
    La colère a envahi Xera attisant sa haine des ennemies de la grande forêt et de son incarnation qu’est l'esprit sylvestre. Elle libère la puissance de la terre, réduisant le village Reikois à l’état de ruines au fur et à mesure que les ondes sismiques magiques se propagent. La demi-Fae expérimente pour la première fois le plaisir de la destruction né de sa propre puissance et de ses frustrations. Elle n’avait toujours pas trouvé de remède pour son père et ironiquement des marques similaires se répandent petit à petit sur son corps. Les veines noires après être apparues sur ses ailes commencent à envahir le reste de son corps, apparaissant désormais à la base de sa gorge, sur ses mains et sur son visage.

    Mais encore une fois, Sublime parle trop, sa dernière phrase notamment réussie à se frayer un chemin dans l’esprit envahi de rage de la rousse : “Cède à la rage, deviens l’une des nôtres ! ” Une part d’elle comprend que sa réaction n’est pas normale, qu’il y a quelque chose d’autre. Elle n’était pas exempte de colère, bien sûr, elle en avait en elle, mais pas autant, pas à ce niveau, c’était comme si une source extérieure, c’était ajouté à la sienne. L’herboriste de Nareim tente d’appliquer à elle-même son propre pouvoir afin d’amoindrir sa rage destructrice. Elle sentit une résistance, une part de cette colère résistait à sa magie, comme si elle était douée d’une volonté propre. Ce n’est qu’au prix d’une lutte mentale acharnée qu’elle finit par expulser le surplus de cette émotion qui réintégra son hôte d’origine qui se protégeait des débris projeté avec sa monstrueuse lame.

    - les titans et leur séides, bien sûr, c’était si évident….

    Son père n'était donc qu’une autre des nombreuses victimes de ceux qui se faisaient passer pour des dieux, de leur corruption. À l’heure actuelle, elle n’avait pas encore le pouvoir nécessaire pour le sauver, pour protéger l’esprit sylvestre et la grande forêt de la corruption rampante de ses monstres, mais elle n’allait pas cesser de lutter pour autant. Toujours dans les airs surplombant le paladin de Puantrus, le corps toujours marqué par la corruption, la demi-Fae cessa de faire trembler la terre. Elle fixa son regard émeraude dans celui de Sublime et leva ses bras devant elle pour observer ses propres veines désormais teinter de noir. Elle s’adresse à lui directement dans son esprit.

    - Pas cette nuit, ta colère était…. Grisante, je dois bien l’admettre, mais elle n’était pas la mienne, je vais pouvoir étudier ce phénomène de corruption, merci de m'aider dans ma quête. Je vais laisser le reste au Reikois, après tout, c’est chez eux ici. Tu n’es pas allergique à l’ambre, j’espère…

    L’hybride sent une pression sur son corps, qui remonte progressivement, mais rapidement de ses sabots vers le haut de son corps au fur et à mesure ou une épaisse gangue faite d’ambre se matérialise autour de lui pour l’emprisonner presque complètement. En effet, la prison stoppe sa progression au niveau du visage de Sublime, lui permettant de continuer à respirer faiblement. La fidèle de l’esprit sylvestre se désintéresse de lui, pour rejoindre son protégé et le libérer de son sarcophage de pierre protecteur, qui lui a épargné les affres de son séisme. Elle le réveille et lui parle directement dans sa tête, lui conseillant fortement de ne pas rester là. Xera ne vérifie pas s’il l’écoute, elle est fatiguée et n’aspire qu'à retourner dans la forêt pour y trouver refuge afin de se reposer pour regagner forces et mana. Elle ne retournera à Nareim que bien des jours plus tard, une fois qu'elle aura réussi à purifier son corps, du moins visuellement...
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  • Mer 11 Sep - 12:43
    Lorsqu'il comprend que son ennemie reprend le contrôle de sa psyché, l'hybride peste intérieurement et éructe bruyamment pour ensuite maculer le sol d'un crachat acide. L'apparente accalmie de la guérisseuse ne peut tromper sa truffe pourrissante et si elle se targue de pouvoir échapper à la sinueuse corruption qui s'est déjà frayée un chemin en elle, la noirceur des canaux qui se dessinent sur sa douce enveloppe demeurent révélatrices de la perméabilité de ses protections arcaniques. Héraut de la ruine, le Paladin se gausse à cette idée; convaincu comme jamais que la magie extraordinaire de son Ignoble Père convertira tôt ou tard même les plus nobles âmes du Sekaï.

    "D'audacieuses paroles... venant d'une truie dont le cuir est désormais recouvert des plus saintes écritures."

    Il s'esclaffe et sa gorge à nouveau gorgée de poison vient le lancer, rompant son ricanement dans une quinte de toux grasse alors que les mouches qui l'assaillent en permanence s'agitent de plus belle autour de ses oreilles pointues. De par son arrogante bouffonnerie, Sublime en vient à oublier de rester sur ses gardes et ce n'est que lorsqu'un craquement cristallin résonne au niveau de ses pectoraux qu'il baisse les yeux par réflexe pour réaliser qu'une couverture rocailleuse et luisante s'étend contre son corps pour le paralyser sur place. Frustré à l'idée d'être ainsi fait prisonnier, il adresse à son opposante un furibond regard tout en se secouant du mieux qu'il peut à l'intérieur de cette brillante camisole.

    "Les Reikois n'ont jamais su m'arrêter. Pour te punir de ton insolence, je leur infligerai des tourments si indicibles que même les diables de passage détourneront le regard."

    Elle n'en a cure. Indifférente aux grossières menaces du Paladin prostré et réduit à l'état de statue, elle quitte les lieux en compagnie du gaillard mourant qu'elle a tenté de protéger pour donner du sens à son action menée contre le massacre du fidèle de Puantrus. Enragé par la perspective d'être ainsi ignorée par une adversaire jurée, Sublime contracte ses muscles en poussant un râle puissant et déploie sa magie corruptrice pour venir briser partiellement sa prison. Ses mais sont les premières parties libérées, puis viennent ses avant-bras et enfin ses épaules. Tirant comme un forcené sur le manche de son épée, il parvient à l'extraire de l'émeraude et alors qu'il commence à frapper en usant de son arme colossale comme d'un maillet, il tend l'esgourde pour entendre les cris alarmés de soldats qui semblent avoir été alertés par le séisme.

    "Peste..."

    Lorsque l'escouade chargée de s'occuper du drame parviennent sur les lieux, le dégoût et l'incompréhension les prennent aussitôt d'assaut. A mi-chemin entre la crainte, la confusion et la rage, les militaires impériaux découvrent au beau milieu des ruines la silhouette du dément cornu qui s'extirpe tout juste de la gangue taillée pour lui. C'est un officier qui prend les devants, se plaçant impérieusement face à l'hybride monstrueux avant de l'interpeler :

    "C'est vous... le responsable de tout ça ?"

    Le prophète du Monstre sourit, passe la lame tiède de son arme immonde contre sa langue grisâtre, puis rétorque avec euphorie :

    "Responsable, non. Vaisseau, oui."

    Et il se jette dans la mêlée en dépit de l'épuisement et des blessures. Sa guerre ne s'arrête jamais.
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