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Désolé
Ersa déambulait dans les couloirs, serrant un petit paquet contre sa poitrine. Ses doigts tapaient nerveusement sur lui. Cela faisait plusieurs fois qu'elle passait devant cette porte avant de finir par trouver le courage de s'y arrêter. Les yeux clos pour se concentrer sur le bruit à l'intérieur de cette chambre. Derrière cette porte, se trouvait la personne la plus importante qu'elle n'avait jamais connue, endormie au beau milieu de cette nuit. Elle entendait la respiration profonde caractéristiques du sommeil.
Il lui fallut presque une dizaine de minutes pour passer à l'étape d'après. Qu'est-ce qu'il allait dire s'il la prenait à rentrer comme une voleuse. Elle retira ses chaussures, les emporta en entrant. Ersa les déposa au pas de la porte, ses pieds nus foulaient ce sol de pierre. Il lui fallut quelques secondes pour s'habituer à la noirceur de l'endroit. Cette armure caractéristique, cette silhouette imposante sur le lit.
L'envie de s'approcher lui tordit les entrailles. Celle de déposer un baiser sur ses lèvres. De se blottir contre lui, jusqu'à ce qu'il se réveille, sentir sa chaleur l'envelopper. Mais c'était impossible. La naine parcourut la courte distance qui la séparait de sa cible. Déposant son paquet au pied de son équipement. Un petit paquet contenant trois choses. Le bestiaire qu'elle avait passé tant de temps à dessiner et à classer dans un carnet de voyage, un petit sac de cuir bleu et enfin une lettre à l'écriture tremblante. Ersa avait essayé de rassembler tout ce qu'elle ressentait dans cette lettre et elle espérait qu'il ne lui en veuille pas.
Ersa recula d'un pas s'éloignant de cette lettre qui transpirait sa détresse. Elle tourna la tête, posant son regard sur ce corps endormi. Elle lutta encore une fois contre ses pulsions, mais ne put se retenir. Ses pas la menèrent jusqu'au pied du lit d'Arkanon. Son regard émeraude, rougit par les pleurs qu'elle avait versés fixèrent son visage paisible. Il commença à s'agiter et par réflexe, elle posa sa main dans ses cheveux, les caressant pour l'apaiser dans son rêve. Elle retira sa main quand il se calma avant de se pencher pour reposer un baiser sur sa joue. La chasseuse avait envie de se calmer contre lui, de sentir encore une fois son corps contre le sien, cela l'avait apparaît presque à chaque fois, mais elle ne pouvait pas se permettre de le réveiller, il ne la laisserait jamais partir. Elle lui souffla juste trois mots emplis de tristesse en se relevant.
- Je suis désolée.
Elle tourna les talons, s'éloignant discrètement. Elle arriva à retenir ses larmes jusqu'à être sortie de la chambre, mais à peine arrivée dans le couloir, ses yeux déversèrent leur excès de tristesse. Ersa se mit à courir pour rejoindre sa chambre. Il fallait qu'elle récupère ses affaires avant de quitter l'île le plus tôt possible. De tous les gardiens, deux gardiens étaient au courant de ce qu'elle traversait, mais seul ce Drakyn en avait fait autant pour elle. Il ne quitterait pas son cœur, ni ses pensées.
Enfin, elle l'espérait.
Je ne sais pas si je pourrais encore t'appeler mon amour après ce soir. Enfin, si tu voudras bien que je t'appelle encore comme ça. Je suis désolé, mais elle prend trop de place, trop d'énergie. J'ai essayé de lutter, mais je n'y arrive plus. Il faut que je parte du berceau, que je m'éloigne de cet endroit qui me ronge. J'ai pe… (Une larme avait fait baver l’encre. ). J'ai peur de ce qu'elle pourrait faire, te faire. Et je ne pourrais jamais me pardonner. Je t'interdis de t'en vouloir, de te dire que tu aurais dû faire plus. Tu as dit que tu m'aiderais à gérer et tu l'as fait, bien plus que je n'aurais pus l'espérer. Mais cela dépasse ce que j'ai imaginé. T'avoir à mes côtés m'as fait beaucoup de bien, jamais je n'avais été aussi heureuse que dans tes bras. Depuis que nous nous sommes retrouvés dans cette jungle, j'ai pu compter sur toi, me sentir normal dans cette auberge ou dans ces moments passés à deux, même quand tu tentes de m'embêter en m'appelant l'écureuil, et que ça ne marche pas. (une autre tache d'eau imbibe le papier.) J'espère que tu ne m'en voudras pas de disparaître comme une voleuse, mais je dois le faire seule. J'aurais aimé te laisser autre chose que ces quelques mots. J'aurais aimé avoir le courage de tout te dire de vive voix, mais...(le reste de la phrase était barrée la phrase laissée en suspens.) Je n'ai jamais été très doué pour écrire sur ce que je ressentais. Je ne sais pas dans quoi je m'embarque, mais j'ai l'espoir de revenir vite. De vite revenir me reposer dans tes bras. Je ne t'en voudrai pas si tu décides de ne plus me voir. Tout a tourné autour de moi ces derniers temps. Si jamais je ne reviens pas, il te plaît, vis ta vie. Tu mérites d'être heureux. Ton Colibri... Pour toujours.
Avec le paquet qu'elle avait laissé, se trouvait une petite bourse de cuir bleu reste de son armure du rsaf. À l'intérieur, le Drakyn pourrait trouver un petit pendentif et une lettre. C'était un triangle de verre incomplet, séparé de sa moitié par une vague. Sur les deux angles de l'argent entourant le verre, il pourrait voir était gravé deux lettres. Un i sur le sommet et un a sur celui du bas. S'il le retourne pour admirer le verso, le i reste gravé au sommet alors que le A est remplacé par un E. Dans le verre, on pouvait voir une larme bleutée qui brillait légèrement au soleil. Il ne le saurait pas tout de suite, mais celui d'Ersa partageait cette architecture, ce triangle incomplet ou le i était au sommet et l'autre angle gravé d'un E et d'un A à l'inverse de celui du Drakyn. Et en opposition, la larme d'Ersa était habitée d'un reflet rouge. Sur le mot parsemé de quelques taches d'eau, la naine avait écrit quelques mots. Je n'espérais pas te l'offrir ainsi. Voici un demi-pendentif, j'ai l'autre moitié. C'est un bijou venant tout droit du Rsaf, dans chaque moitié de ce triangle se trouve une larme d'oiseau élémentaire. Un de mes anciens collègues fait des recherches si elles avaient un pouvoir en particulier, pour le moment, je n'ai pas de réponse à part que nos deux colliers ne sont qu'un, quand on réunira les deux parties, à mon retour. Tu pourras les voir s'illuminer de la magie de ces oiseaux. Je voulais te l'offrir, te faire découvrir cette magie, mais je ne t'offre qu'une promesse que j'espère pouvoir tenir très rapidement. Je t'aime.
crédits : 58
Intrigué,je pris le paquet puis je m'asseyais sur une chaise, déversant son contenu sur le bureau doucement. Je crus reconnaitre le bestiaire de la gardienne mais ne pus deviner ce qu'il y avait dans le petit sac bleu et encore moins dans la lettre. Je m'emparais de cette dernière, mon instinct me dictant de le faire avant tout le reste, me sentant soudainement mal je ne saurai dire pourquoi. Je l'ouvris et rien qu'en voyant l'état général du papier, la peur commença à s'insinuer en moi.
Chaque mot que je parcourais me faisait traverser des vagues de peine, ressentant toute sa détresse qu'elle avait en partie cachée quand nous étions ensemble,pour ne pas m'inquiéter vraisemblablement. Les lignes me devenaient difficiles à lire,redoutant d'atteindre les dernières qui me paraissaient évidentes. Elle avait beau me demander de ne pas m'en vouloir mais comment le pouvais-je face à tant de médiocrité de ma part ? Moi qui n'avais pas su l'aider assez,surtout que ces derniers temps,j'avais dû m'absenter à de multiples reprises pour des missions.
-Je ne pourrais pas...
Murmurais-je en lisant qu'elle ne m'en voudrait pas si jamais je décidais de faire ma vie sans elle. Je serrais les dents en voyant sur surnom apparaitre, sentant mon thorax se compresser puis je me levais subitement, laisser la lettre tomber lentement sur le bureau tandis que j'empruntais les couloirs qui me séparaient de la chambre d'Ersa en courant. Arrivé devant sa porte, je l'ouvris avec fracas, m'immobilisant un instant au centre de la pièce, n'arrivant à assimiler complétement que je ne la reverrais plus ici. Mon corps trembla en le comprenant finalement, épelant son prénom de façon à peine audible:
-Ersa...
Je me mis à fouiller son bureau pour trouver le moindre indice de là où elle aurait pu aller, perdant le contrôle à mesure que je soulevais certains de ses croquis,fendant le meuble de mon poing en ne trouvant rien, si ce n'est ce vide qui à présent, me paraissait immense. Une colère sourde grandissait en moi, ne parvenant plus à la contenir à mesure que je fouillais ,brisant tout sur mon passage,alors que des souvenirs heureux traversaient mon regard à chaque fois que l'une de ses affaires croisées mes orbes.
Des crépitements écarlates s'intensifièrent au niveau de mains comme jamais auparavant, à la hauteur d'une détresse jamais vécue avant aujourd'hui.La fin d'une magie qui laissa la place à une autre, qui se calma quand je soulevais le drap a mon visage, sentant son odeur en même temps qu'une douleur enserrer mon coeur.Après un long moment,je finis par me calmer et regagner ma chambre, mes cyans tournés vers le sol avant de se relever vers la petite sacoche.
Je m'asseyais sur mon lit avant de l'ouvrir, découvrant un joli pendentif qui semblait comme incomplet.Je l'observais un long moment, voyant ces lettres gravées à certains endroits, le trouvant magnifique par sa teinte bleutée et son aspect assez mystérieux.Je me demandais ce que représenté la lettre ''i'' à son sommet .Je le mis autour de mon cou avant de lire ce second mot qui l'accompagnait, qui me donna un nouvel espoir en voyant qu'elle voulait au fond d'elle,que l'on se revoit le plus rapidement possible. La preuve, elle détenait l'autre partie du bijou.Les sentiments qu'elle m'adressa avaient été suffisant pour que je ne me renferme pas dans l'inaction.C'était tout le contraire même,portant sur moi un cadeau d'une valeur plus grande que ma fortune.
-Je te retrouverais Ersa,qu'importe le temps qu'il faudra. Dis-je ne me levant,prononçant ces paroles avec une volonté de fer:-Je te le promets.
La culpabilité ne me quitta pas les jours suivants, me demandant si finalement, ma malédiction n'avait pas encore une nouvelle fois frappée. Dès que je le pouvais, je partais à sa recherche.Pas seulement pour pouvoir lui dire que je l'aimais mais aussi,parce que je voulais être à ses côtés, peu importe ce qu'elle traversait. Je désirais plus que tout l'aider,ne supportant pas de me retrouver ainsi éloigné d'elle,renvoyant mon impuissance sans cesse. À chaque fois qu'elle me manquait, je portais ma main à mon collier,ne pensant qu'à une chose. La retrouver.
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