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    Anonymous
  • Mer 21 Fév - 9:01
      Les nouvelles n'étaient pas bonnes. Elles rapportaient les bribes d'un combat acharné qui avait laissé derrière lui mort et destruction. Certains allaient même jusqu'à affirmer que le clan Shidhi, guerriers du désert, avait été décimé.

      Lorsque qu'il avait entendu cette histoire, Amédée avait tout de suite agrippé sa sacoche médicale ainsi que quelques bouquins empruntés à la bibliothèque de l'université. Il se devait d'aller voir et si l'on disait vrai, plusieurs personnes auraient besoin de son aide.

      Sous un drapé fin et transparent, l'être de lumière pris la direction des potins, les sandales dans le sable, le coeur serré à l'idée d'arriver trop tard.

      Et ce fut malheureusement le cas... À son arrivée, ce fut d'abord le silence qui l'avait happé, puis cette puenteur... cette odeur de violence et de mort. Sur le chemin du retour, il avait croisé le chemin d'une survivante, la seule à ce qui semblait.

      Qui aurait pu faire une chose pareille? Et vous, ça va? Auriez-vous besoin d'une attention médicale particulière? Pardon, je n'emporte. Je m'appelle Amédée, je suis guérisseur et dès que j'ai entendu ce qui se passait ici, j'ai décidé de venir aider... un peu trop tard malheureusement...

      S'il n'était pas responsable de la situation, il ne pouvait se dégager de ce sentiment d'impuissance et de culpabilité qui l'habitait et le regard peiné de son interlocutrice réaffirmait ce sentiment.
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Dim 25 Fév - 13:32
    Un pan de l’histoire qui se tourne à mesure que les vies disparaissent définitivement. Le bruit des os qu’on tranche, des têtes qui roulent sur le sol, le sang qui gicle, les cris des morts et des assaillants. Tous ne sont pas repartis indemnes, le massacre est total. Ça devait être un spectacle glaçant à observer de l’extérieur. Les flammes montent vers le ciel, et Nut se balade dans l’innocence vers son destin. Elle s’arrête à une auberge, adresse quelques mots à une dame seule attablée, elle semble perdue. Plus tard, elle croisera deux enfants, la moue réjouie. Elle ne résistera pas à l’envie de leur demander ce qui les amuse comme ça. La réponse la laissera les sourcils froncés. « On s’est débarrassés des méchants ». Ces gosses font partie d’un clan en conflit avec celui de la Shidhi, alors son instinct est en alerte. Elle ne devrait pas s’adresser à l’ennemi, mais ce ne sont que des petits, que des enfants. Ils ne font pas le mal, ils sont même victimes des agissements de certains des membres de sa « famille ». Nut a soudain un mauvais pressentiment et elle se dépêche vers les terres de ses soi-disant ancêtres. Elle ne s’arrêtera que peu, au village le plus proche, pour acheter de la nourriture et de quoi contenter le chef après ce voyage d’affaires qui l’a menée une fois de plus à Ikusa. À quoi bon ?

    Ce qu’elle découvre sur les lieux la laisse sans voix. Le bois est encore rougeoyant, la fumée s’élève, mais le silence est atroce. Ce lieu plein de vie s’est tu et plus jamais la moindre voix ne s’élèvera. Par-dessus les cadavres, elle voit encore courir les enfants, s’entraîner les guerriers, et elle, elle se baladant main dans la main avec son petit-frère, évitant astucieusement les regards de son fiancé qu’elle n’aime pas tant que ça. Ils rigolent alors qu’ils fuient sa fausse douceur. Tous ont péri, mais elle doit en être sûre, car son ventre est noué d’effroi.

    Des soldats ennemis, reconnaissable à leur visage qui lui est étranger et à leur armure différente. Ils gisent, immobiles et elle n’a que peu de pitié pour eux. Deux clans se sont attaqués aux Shidhi. Un jeune garçon qui lui offrait toujours une fleur, réprimande par Amsi qui ne tolérait pas qu’un autre mâle s’approche de sa belle. Cœur en berne, Nut sent les larmes lui monter aux yeux. Plus tard, elle trouvera le cadavre du chef, de son épouse si douce et de leur fils prodige. Elle ne ressentira même pas une once de soulagement d’être débarrassée de ce mariage voué à l’échec. Elle continue de chercher, parce que le palpitant lui souffle qu’elle est proche de découvrir quelque chose, quelqu’un d’important. Bennu… Bennu, où est-il ? Elle ne rate aucun visage figé dans la souffrance la plus pure, dans la haine qui fait trembler les os.

    Une lance plantée dans le corps, il a dû agoniser longtemps, allongé sur ce sol sale où se libèrent des torrents de sang. L’espoir a disparu. Bennu n’est plus. Il s’est rendu sans se battre, n’ayant jamais adhéré aux arts guerriers. Pourtant, ces rats l’ont tué. Son petit-frère ! Son doux petit-frère ! Une vague de haine mêlée à la tristesse la plus intense la fait tomber à genoux. C’est trop tard. Elle prend sa main froide, elle hurle mais il n’y a personne pour entendre ses souffrances. Elle voudrait mourir avec lui.

    Plusieurs jours plus tard, elle n’est toujours pas morte. Doucement elle se relève, le cœur percé de milliers de flèches empoisonnées. Personne n’est venu vérifier. Vérifier quoi ? Ces soldats ennemis… elle sait qu’ils sont toujours en vie, que les clans sont toujours debout. Nut doit partir, avertir quelqu’un. Rester ici ne relèvera pas les morts, son précieux Bennu. Elle s’éloigne après un dernier regard, l’envie de vomir qui ne la quitte plus alors qu’elle n’a plus mangé depuis plusieurs jours. La mort n’est pas venue la cueillir cette fois-ci. Pourquoi ?

    Elle marche péniblement vers Ikusa, elle est épuisée, mais elle ne peut plus passer par le village. Elle a faim, mais n’a pas envie de manger. Elle croise soudain une âme qui fait le chemin inverse. Une âme qui ne fait pas partie des clans ennemis. Son visage lui est familier, une connaissance de l’Université avec qui elle n’a pas vraiment parlé. Est-ce un tort ? L’homme brille dans le jour, et apporte avec lui un espoir qui est vain et qui n’en est pas vraiment un. La voix est rauque car elle n’a fait que sangloter ces derniers jours. Nut essuie quelques larmes qui se sont échappées. Son regard croise celui de l’ami, il semble soucieux. Comment a-t-il appris ce qui s’était passé ? Elle hausse doucement les épaules. « Je vais bien. Je… oui, je vais bien. Merci de vous en inquiéter. » Elle s’incline doucement devant l’inconnu en signe de reconnaissance pour la douceur de ses paroles et intentions. Ça réchauffe le cœur, mais il demeure glacé. « Ce n’est pas votre faute. Si vous étiez arrivé avant, tout comme moi, ils vous auraient massacré… » Elle a survécu. Elle est la seule. C’est glaçant. Elle ne réalise pas encore bien. Elle est couverte de sang, mais ce n’est pas le sien. Elle a peut-être perdu quelques malheureux kilos. Elle est épuisée malgré ces jours de semi-sommeil à regarder les cieux. Elle a envie de s’écrouler dans les bras de cet Amédée, mais sa dignité la garde droite.
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