Citoyen de La République
Nahash
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Un être errant dans l'inconnu. Une créature étrange, hagard, qui semblait marcher sans but véritable. Une bête absurde et grotesque. Et cette chose, c'était moi.
Plusieurs jours étaient passés depuis les événements de Benedictus et de l'Arbre-Monde. Une série de révélations, aussi salvatrices que perturbantes. Des informations qui venaient s'ajouter à une montagne d'autres théories qui ne voulaient pas me donner les variables nécessaires à la résolutions de ces dernières. J'étais donc retourné au Nord. J'avais traversé les terres enneigées du Reike dans le but de me rendre dans les ruines maudites. Enfin... Dans le but. Quel but? Quelle était réellement ma raison de vivre?
Toute ma vie, je m'étais considéré comme un être à part. Un humain à la psyché suffisamment déformée pour me dissocier de mes compères. Je n'étais pas comme eux, et cela m'allait très bien. J'étais un cas d'étude à part entière. Une énigme médicale et psychologique. Je m'étais toujours considéré comme différent, sans savoir que je l'étais véritablement. Toutes ces personnalités rencontrées. Toutes ces formes de vies aussi étranges qu'illusoires. Qu'étaient-ils, tous? Des êtres semblables, ou inférieurs? Probablement la seconde théorie. Et à présent... A présent je m'éveillais pleinement à ce que j'étais. Une âme démoniaque. Une nature aussi déformée qu'occulte qui semblait s'être incrustée dans un corps terriblement mortel. Terriblement faillible. Je ne comprenais pas. Pour la première fois de ma vie. Je ne comprenais pas ce que j'étais.
Sortant quelques instants de mes pensées, mon regard glissa sur des restes décrépis de bâtiments rongés par le feu et le temps. Au sol, des restes de bois calciné et des vestiges d'une époque révolue. Pourquoi les ruines déjà? Ah oui... Car elles m'appelaient. Car c'était là, j'en étais persuadé, que d'autres réponses pourraient venir s'ajouter à mes nombreuses questions. Je n'avais prévenu personne de mon départ. Ni le Laboratoire. Ni la Pègre. J'étais simplement parti, remerciant l'amiral de sa compagnie et le Mortepeste. Puis je m'en étais allé. Seul. Comme il y a quelques mois. Comme ce fut le cas toute ma vie. Toute ma vie?
Des flashs étranges défilèrent devant mes yeux. Une famille aussi banale qu'indifférente. Un gobelin. Un mentor. La médecine. Cette soif de changement. Cette soif de pratique. De savoir. Puis un nouveau flash. Plus virulent, violent. Mes premiers sujets. De cette vie là, ou de mes autres souvenirs? Tout était trouble, flouté. J'avais l'impression d'ouvrir les yeux alors que je plongeais en eau trouble. Je revis ensuite les flammes, la mort et le sang. Des myriades de paysages dévastés par la guerre et la maladie. Des elfes. Puis des shoumeiens. Autour de moi, quelques personnes. Puis les forces reikoises. Tout s'entremêlait dans une toile grotesque et distordue. Un tableau chaotique issu de mon propre esprit malade et déchiré par les questionnements sur ma nature profonde. Et pourtant. Pourtant. Cette impression logique de ma part démoniaque. Mais quid de l'autre partie? Comment cette étrange impression de réincarnation et d'éveil fonctionnait-elle? Comment ce monde fonctionnait-il? Les âmes. Les corps. Toutes les forces parcourant cette dimension. Les Titans. Les Gardiens. Les mortels et les autres races. Des protagonistes insignifiant dans le grand jeu des étoiles. Ou bien... Ou bien étaient-ils simplement des pions pour servir mes propres desseins?
Je revis mes derniers contrats. Mon partenariat avec la Pègre. Toutes ces pièces qui s'alignaient silencieusement dans le but de créer de nouvelles règles. De nouveaux conflits et de nouvelles possibilités d'évolution. Une course au pouvoir, qui mènerait forcément à une course à l'innovation et au changement. La fin d'un statut quo. La fin d'une stagnation aussi déplaisante qu'abjecte.
Revenant subitement à moi, je remarquai alors que j'avais changé de forme. Je n'étais plus sous cette apparence d'humain au masque de corbeau. J'étais redevenu ce qui me semblait naturel. J'étais redevenu ce démon qui attendait de sortir. Laissant les flocons tomber sur mes grandes plumes noires, j'ouvrai doucement mon bec dans un sourire amusé alors que je ressentais ces derniers comme s'ils touchaient ma peau. Mes quatre bras s'étendirent en un seul mouvement tandis que mes mains griffues s'ouvraient pour récupérer la neige tombante. Il y avait à cette scène une certaine beauté. Un monstre éveillé, marchant dans les ruines d'une civilisation disparue et qu'il était persuadé d'avoir côtoyé. Je connaissais ces rues. Ces allées. Ces ruines. Je les avais vues lorsqu'elles n'en étaient pas encore, et lorsque les flammes commencèrent à dévorer la pierre et le bois. Qu'étais-je véritablement venu chercher ici? Était-ce vraiment des réponses? Ou bien simplement à éveiller d'autres souvenirs? Souhaitais-je véritablement confirmer ce que je savais déjà sur moi et sur ce que j'étais, ou bien cherchais-je en vérité à accélérer le processus. A mélanger encore plus tous ces souvenirs lointains et me débarrasser définitivement de ce que je considérai à présent comme les vestiges d'une forge ayant permis mon éveil?
Ou bien étais-je venu chercher mon nom?
* Tu ne sais pas ce que tu es venu chercher, et pourtant tu te lances quand même dans ces terres dangereuses. Toi qui te présente souvent comme une personne à l'intellect supérieur, tu agis bien stupidement. *
La voix vrilla dans mon propre esprit. Une voix distordu et mêlant plusieurs tonalités. Une voix que j'associais habituellement à ma propre personne. Perturbé, je tournai la tête à droite et à gauche comme à la recherche d'un interlocuteur invisible. Mais rien. Personne. J'étais seul. Seul dans ces terres enneigées et en ruines. Mon environnement sembla changer aussi doucement, le sol se déformant pour laisser ressortir une multitude de corps et d'âmes brisées. Des mains semblèrent creuser la terre et la neige, comme si des cadavres cherchaient à revenir à la surface. Les flammes refirent leur apparition sur les bâtiments décrépis pour les réchauffer d'une lueur orangée. Et dans tout ce chaos qui apparaissait, je me trouvai toujours là, mes mains griffus se tâchant peu à peu d'un sang qui n'était pas le mien. Un nouveau souvenir s'éveillait en moi.
Ou bien je sombrais complètement dans les abîmes de ma propre folie.
Plusieurs jours étaient passés depuis les événements de Benedictus et de l'Arbre-Monde. Une série de révélations, aussi salvatrices que perturbantes. Des informations qui venaient s'ajouter à une montagne d'autres théories qui ne voulaient pas me donner les variables nécessaires à la résolutions de ces dernières. J'étais donc retourné au Nord. J'avais traversé les terres enneigées du Reike dans le but de me rendre dans les ruines maudites. Enfin... Dans le but. Quel but? Quelle était réellement ma raison de vivre?
Toute ma vie, je m'étais considéré comme un être à part. Un humain à la psyché suffisamment déformée pour me dissocier de mes compères. Je n'étais pas comme eux, et cela m'allait très bien. J'étais un cas d'étude à part entière. Une énigme médicale et psychologique. Je m'étais toujours considéré comme différent, sans savoir que je l'étais véritablement. Toutes ces personnalités rencontrées. Toutes ces formes de vies aussi étranges qu'illusoires. Qu'étaient-ils, tous? Des êtres semblables, ou inférieurs? Probablement la seconde théorie. Et à présent... A présent je m'éveillais pleinement à ce que j'étais. Une âme démoniaque. Une nature aussi déformée qu'occulte qui semblait s'être incrustée dans un corps terriblement mortel. Terriblement faillible. Je ne comprenais pas. Pour la première fois de ma vie. Je ne comprenais pas ce que j'étais.
Sortant quelques instants de mes pensées, mon regard glissa sur des restes décrépis de bâtiments rongés par le feu et le temps. Au sol, des restes de bois calciné et des vestiges d'une époque révolue. Pourquoi les ruines déjà? Ah oui... Car elles m'appelaient. Car c'était là, j'en étais persuadé, que d'autres réponses pourraient venir s'ajouter à mes nombreuses questions. Je n'avais prévenu personne de mon départ. Ni le Laboratoire. Ni la Pègre. J'étais simplement parti, remerciant l'amiral de sa compagnie et le Mortepeste. Puis je m'en étais allé. Seul. Comme il y a quelques mois. Comme ce fut le cas toute ma vie. Toute ma vie?
Des flashs étranges défilèrent devant mes yeux. Une famille aussi banale qu'indifférente. Un gobelin. Un mentor. La médecine. Cette soif de changement. Cette soif de pratique. De savoir. Puis un nouveau flash. Plus virulent, violent. Mes premiers sujets. De cette vie là, ou de mes autres souvenirs? Tout était trouble, flouté. J'avais l'impression d'ouvrir les yeux alors que je plongeais en eau trouble. Je revis ensuite les flammes, la mort et le sang. Des myriades de paysages dévastés par la guerre et la maladie. Des elfes. Puis des shoumeiens. Autour de moi, quelques personnes. Puis les forces reikoises. Tout s'entremêlait dans une toile grotesque et distordue. Un tableau chaotique issu de mon propre esprit malade et déchiré par les questionnements sur ma nature profonde. Et pourtant. Pourtant. Cette impression logique de ma part démoniaque. Mais quid de l'autre partie? Comment cette étrange impression de réincarnation et d'éveil fonctionnait-elle? Comment ce monde fonctionnait-il? Les âmes. Les corps. Toutes les forces parcourant cette dimension. Les Titans. Les Gardiens. Les mortels et les autres races. Des protagonistes insignifiant dans le grand jeu des étoiles. Ou bien... Ou bien étaient-ils simplement des pions pour servir mes propres desseins?
Je revis mes derniers contrats. Mon partenariat avec la Pègre. Toutes ces pièces qui s'alignaient silencieusement dans le but de créer de nouvelles règles. De nouveaux conflits et de nouvelles possibilités d'évolution. Une course au pouvoir, qui mènerait forcément à une course à l'innovation et au changement. La fin d'un statut quo. La fin d'une stagnation aussi déplaisante qu'abjecte.
Revenant subitement à moi, je remarquai alors que j'avais changé de forme. Je n'étais plus sous cette apparence d'humain au masque de corbeau. J'étais redevenu ce qui me semblait naturel. J'étais redevenu ce démon qui attendait de sortir. Laissant les flocons tomber sur mes grandes plumes noires, j'ouvrai doucement mon bec dans un sourire amusé alors que je ressentais ces derniers comme s'ils touchaient ma peau. Mes quatre bras s'étendirent en un seul mouvement tandis que mes mains griffues s'ouvraient pour récupérer la neige tombante. Il y avait à cette scène une certaine beauté. Un monstre éveillé, marchant dans les ruines d'une civilisation disparue et qu'il était persuadé d'avoir côtoyé. Je connaissais ces rues. Ces allées. Ces ruines. Je les avais vues lorsqu'elles n'en étaient pas encore, et lorsque les flammes commencèrent à dévorer la pierre et le bois. Qu'étais-je véritablement venu chercher ici? Était-ce vraiment des réponses? Ou bien simplement à éveiller d'autres souvenirs? Souhaitais-je véritablement confirmer ce que je savais déjà sur moi et sur ce que j'étais, ou bien cherchais-je en vérité à accélérer le processus. A mélanger encore plus tous ces souvenirs lointains et me débarrasser définitivement de ce que je considérai à présent comme les vestiges d'une forge ayant permis mon éveil?
Ou bien étais-je venu chercher mon nom?
* Tu ne sais pas ce que tu es venu chercher, et pourtant tu te lances quand même dans ces terres dangereuses. Toi qui te présente souvent comme une personne à l'intellect supérieur, tu agis bien stupidement. *
La voix vrilla dans mon propre esprit. Une voix distordu et mêlant plusieurs tonalités. Une voix que j'associais habituellement à ma propre personne. Perturbé, je tournai la tête à droite et à gauche comme à la recherche d'un interlocuteur invisible. Mais rien. Personne. J'étais seul. Seul dans ces terres enneigées et en ruines. Mon environnement sembla changer aussi doucement, le sol se déformant pour laisser ressortir une multitude de corps et d'âmes brisées. Des mains semblèrent creuser la terre et la neige, comme si des cadavres cherchaient à revenir à la surface. Les flammes refirent leur apparition sur les bâtiments décrépis pour les réchauffer d'une lueur orangée. Et dans tout ce chaos qui apparaissait, je me trouvai toujours là, mes mains griffus se tâchant peu à peu d'un sang qui n'était pas le mien. Un nouveau souvenir s'éveillait en moi.
Ou bien je sombrais complètement dans les abîmes de ma propre folie.
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Avançant doucement, mes multiples yeux glissaient sur les ruines enflammées. A présent, une multitude de sons venaient ajouter à ce tableau macabre une ambiance particulièrement apocalyptique et plaisante. Au sol, les nombreux cadavres sur lesquels je marchais représentaient un tapis sanguinolant très agréable. Je ne ressentais ni le froid de la neige tombante, ni le chaud des lueurs ardentes m'entourant. Seulement le chaos qui se répandait tout autour de ma propre personne.
Au détour d'une maison, mon bec se tourna vers un groupe d'elfes qui semblaient se remettre d'un combat. M'observant quelques instants, ces oreilles pointues ne semblaient pas complètement certains de comment agir. Puis, l'un plus zélé que les autres décida de sortir son arme au clair pour se jeter vers moi. Je ne pouvais véritablement lui en vouloir mais, cet affront, je devais le corriger. Levant simplement l'une de mes mains griffues, je déclenchai une puissante magie qui souleva le pauvre être avant de soudainement forcer son corps à prendre des pauses improbables. Dans un craquement sourd et violent, ses os se brisèrent sous les yeux horrifiés de ses camarades tandis que de multiples gerbes de sang venaient se répandre partout autour de lui. Continuant ma manipulation, mes doigts griffus semblaient danser dans le vide à la manière d'un marionnettiste tandis que l'elfe ressemblait de plus en plus à une sorte de sphère de chair dont les restes osseux ressortaient comme de pitoyables pics à nourriture. Mon œuvre achevée, je jetai ensuite les restes de cet insecte aux pieds de ses amis, commençant à marcher doucement vers eux tandis que mon bec s'ouvrait pour laisser ma longue langue noire glisser sur mes dents acérées.
* Vous n'avez pas la moindre idée d'à quel point vous êtes insignifiants. D'à quel point vous ne valez rien sur le grand échiquier de cet univers. Une poussière dans un rouage infini qui vous broiera, tout comme votre ami. Vous disparaîtrez, emportez par les sables du temps. Oubliés. Abandonnés. Et plus personne ne se souviendra de vos dépouilles. Mais le changement lui continuera. Le monde évoluera. Sans vous. Car vous n'êtes rien. Pitoyables créatures. Sous-êtres. Juste bon à passer des marchés stupides et à vous soumettre à notre autorité. *
D'un geste de la main, les murs autour de nous se décrochèrent subitement pour venir se projeter sur les elfes restants. S'il tentèrent de se défendre, aucune défense ne fut suffisante et bientôt il ne resta d'eux plus rien si ce n'est une longue rivière écarlate. Des mélanges de gore et d'entrailles se répandant de manière grotesque dans un solde déjà sali par leur propre urine. La peur. Voila la dernière chose qu'ils avaient ressenti avant de subir mon courroux. J'enrageai contre ces misérables. Contre leur nature pitoyable. Contre leur air hautain et leur suffisance. Ils pensaient que le temps étaient leur allié en raison de leur longévité. Mais à présent, même cet allié les avait quitté. Leur fin approchait, et je jubilai de voir cette dernière arriver.
Pourquoi?
Pourquoi est-ce que je ressentais cela à l'égard de ces oreilles pointues? Pourquoi me satisfaire de la chute d'un empire disparu depuis des éons? Pourquoi être aussi heureux à l'idée de les voir sombrer et de me délecter de leur souffrance. Pourquoi mon envie de pratiquer sur leurs corps était ainsi décuplé? Je voulais creuser dans leurs entrailles, remodeler leur chair et leur esprit pour les rendre plus fort, tout en aidant à précipiter leur propre fin... Un paradoxe mental. Qui me plaisait énormément. Mais... Était-ce véritablement un souvenir? Ou bien avais-je simplement cette impression de déjà vu? Venant poser mes mains sur la pierre rougi, je clignai doucement des yeux avant de me rendre compte que cette dernière était à présent recouverte d'un épais linceul blanc. Des corps ensanglantés, quelques restes squelettiques ici et là. Mais plus de sang. Plus d'entrailles. Seulement le résultat d'une ancienne toile oubliée. Je mis quelques secondes à assimiler la chose. A comprendre que j'avais été ici. Autrefois. Que j'avais participé à cette ruine. Plongé dans mes pensées, je ne réalisais qu'au bout de quelques battements de coeur qu'une étrange mélodie semblait provenir d'un peu plus loin. Par delà un grand bâtiment écroulé. Un son atypique, qui m'appelait. Laissant donc le tas rocheux, je me détournai de ce dernier pour avancer doucement.
Au détour d'une maison, mon bec se tourna vers un groupe d'elfes qui semblaient se remettre d'un combat. M'observant quelques instants, ces oreilles pointues ne semblaient pas complètement certains de comment agir. Puis, l'un plus zélé que les autres décida de sortir son arme au clair pour se jeter vers moi. Je ne pouvais véritablement lui en vouloir mais, cet affront, je devais le corriger. Levant simplement l'une de mes mains griffues, je déclenchai une puissante magie qui souleva le pauvre être avant de soudainement forcer son corps à prendre des pauses improbables. Dans un craquement sourd et violent, ses os se brisèrent sous les yeux horrifiés de ses camarades tandis que de multiples gerbes de sang venaient se répandre partout autour de lui. Continuant ma manipulation, mes doigts griffus semblaient danser dans le vide à la manière d'un marionnettiste tandis que l'elfe ressemblait de plus en plus à une sorte de sphère de chair dont les restes osseux ressortaient comme de pitoyables pics à nourriture. Mon œuvre achevée, je jetai ensuite les restes de cet insecte aux pieds de ses amis, commençant à marcher doucement vers eux tandis que mon bec s'ouvrait pour laisser ma longue langue noire glisser sur mes dents acérées.
* Vous n'avez pas la moindre idée d'à quel point vous êtes insignifiants. D'à quel point vous ne valez rien sur le grand échiquier de cet univers. Une poussière dans un rouage infini qui vous broiera, tout comme votre ami. Vous disparaîtrez, emportez par les sables du temps. Oubliés. Abandonnés. Et plus personne ne se souviendra de vos dépouilles. Mais le changement lui continuera. Le monde évoluera. Sans vous. Car vous n'êtes rien. Pitoyables créatures. Sous-êtres. Juste bon à passer des marchés stupides et à vous soumettre à notre autorité. *
D'un geste de la main, les murs autour de nous se décrochèrent subitement pour venir se projeter sur les elfes restants. S'il tentèrent de se défendre, aucune défense ne fut suffisante et bientôt il ne resta d'eux plus rien si ce n'est une longue rivière écarlate. Des mélanges de gore et d'entrailles se répandant de manière grotesque dans un solde déjà sali par leur propre urine. La peur. Voila la dernière chose qu'ils avaient ressenti avant de subir mon courroux. J'enrageai contre ces misérables. Contre leur nature pitoyable. Contre leur air hautain et leur suffisance. Ils pensaient que le temps étaient leur allié en raison de leur longévité. Mais à présent, même cet allié les avait quitté. Leur fin approchait, et je jubilai de voir cette dernière arriver.
Pourquoi?
Pourquoi est-ce que je ressentais cela à l'égard de ces oreilles pointues? Pourquoi me satisfaire de la chute d'un empire disparu depuis des éons? Pourquoi être aussi heureux à l'idée de les voir sombrer et de me délecter de leur souffrance. Pourquoi mon envie de pratiquer sur leurs corps était ainsi décuplé? Je voulais creuser dans leurs entrailles, remodeler leur chair et leur esprit pour les rendre plus fort, tout en aidant à précipiter leur propre fin... Un paradoxe mental. Qui me plaisait énormément. Mais... Était-ce véritablement un souvenir? Ou bien avais-je simplement cette impression de déjà vu? Venant poser mes mains sur la pierre rougi, je clignai doucement des yeux avant de me rendre compte que cette dernière était à présent recouverte d'un épais linceul blanc. Des corps ensanglantés, quelques restes squelettiques ici et là. Mais plus de sang. Plus d'entrailles. Seulement le résultat d'une ancienne toile oubliée. Je mis quelques secondes à assimiler la chose. A comprendre que j'avais été ici. Autrefois. Que j'avais participé à cette ruine. Plongé dans mes pensées, je ne réalisais qu'au bout de quelques battements de coeur qu'une étrange mélodie semblait provenir d'un peu plus loin. Par delà un grand bâtiment écroulé. Un son atypique, qui m'appelait. Laissant donc le tas rocheux, je me détournai de ce dernier pour avancer doucement.
J'avais l'impression de courir. De me précipiter vers ce chant comme si je trouverai à l'endroit de son origine les réponses à toutes mes questions. En réalité, je continuais d'errer doucement parmi les décombres. J'évoluais de manière lente, comme un spectre attaché à une zone précise et patrouillant. Quand enfin je parvins jusqu'à l'origine des sons, je ne perçus devant moi qu'une grande porte en bois empêchant l'entrée dans une énième ruine. Des murs effondrés, je ne vis aucune spécificité. Aucune particularité qui pouvait expliquer ce qu'il se passait. D'un geste vif, je poussai l'ouverture et m'enfonçai au travers de cette dernière.
La salle était majestueuse. Un grand vestibule dans lequel de gigantesques tableaux racontaient des conquêtes passées et glorieuses. Une chaleur drastiquement différente de ce que l'extérieur pouvait laisser percevoir. Et des mobiliers aussi nobles que décorés. Observant tout ce qui m'entourait, mon cerveau cherchait à comprendre et rationnaliser ce changement de décor et d'ambiance. Un nouveau souvenir, sûrement. Avançant doucement dans la bâtisse donc, je finis par tomber sur une jeune femme à la peau clair et aux yeux qui l'étaient tout autant. Souriante, cette dernière me dévoila de longues dents pointues alors que plusieurs yeux venaient s'ajouter aux deux déjà existant. D'un air arachnoïde, elle m'indiqua du doigt la porte de ce qui ressemblait à un bureau.
* Est-il là? *
Une question simple. Evidente. Qui montrait que je savais qui j'étais venu voir. Ou ce que, j'étais venu voir. Souriant de plus belle, l'étrange créature me fixa ensuite de ses prunelles avant de prendre la parole à son tour.
- Bien sûr. Entrez. Le Docteur va vous recevoir.
Une curiosité s'installa dans mon esprit. Maladive. Issue de mes pensées confuses. Que se passait-il réellement? Je devais le découvrir. Ne prenant pas la peine de remercier la femme, je me mis à marcher instinctivement puis, dans un mouvement simple, j'ouvrai la porte qui me séparer du bureau.
Et de l'autre côté, un être au masque corbin m'attendait.
Citoyen de La République
Nahash
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Qu'il était perturbant, de tomber sur sa propre personne. Tout du moins, c'était l'impression que j'avais. En face de moi, l'humanoide au masque de peste se tenait droit et attendait silencieusement que je ne franchisse le pas de la porte de son bureau. Au travers de ses lentilles, je ne parvenais pas à voir la nature de son regard. Mais, pour avoir de nombreuses fois été de l'autre côté du masque, je devinais aisément qu'il analysait toute ma forme. Toute ma silhouette. Entrant donc finalement totalement dans la pièce, j'entendis derrière moi la porte se refermer brusquement. Puis les rires calfeutrés de la jeune femme araignée. M'apprêtant à propager mon esprit jusqu'à celui de la figure qui me faisait face, cette dernière leva un doigt, comme pour m'intimer le silence avant de marcher doucement pour contourner le bureau et se rapprocher de moi.
- Tu te demandes probablement qui je suis, n'est-ce pas? Ou ce que tu es. Je me pose la même question. Et ce depuis de nombreuses lunes.
Fixant la forme de mes multiples yeux, je penchai le bec sur le côté. J'étais confus. Perdu. Tout me semblait si réel. Et si fou. Me penchant doucement vers mon vis à vis, je le pointai d'un doigt griffu avant d'à mon tour prendre la parole.
* Es-tu un souvenir? Ou bien une dissociation de mon esprit? Une tentative étrange de résoudre les énigmes de mon propre état? *
- Peut-être un peu des deux.
Un léger rire traversa le masque de mon interlocuteur alors qu'il levait doucement la main pour faire léviter jusqu'à lui un grimoire similaire à celui où je déposai tous mes croquis d'espèces.
- Notre réalité bascule peu à peu vers un abîme sans fond. Nos souvenirs entremêlés semblent dérégler notre psyché et notre capacité de raisonner. Nous cherchons à rationnaliser ce qui ne peut l'être. Il n'y a pas de "nous". En vérité. Seulement un "moi" qui se réveille pleinement.
* Je ne suis pas certain de totalement comprendre. *
- Vraiment?
Clignant des yeux, je me voyais alors allongé dans un divan de thérapie, tournant mon visage masqué vers la silhouette démoniaque qui me dominait. Déplaçant ses multiples bras, cette dernière ricana doucement tandis que sa langue noire passait sur son bec et qu'elle tournait une énième page de mon grimoire.
- Je suis le vestige d'un passé qui t'appartient. Un éclat enfoui au plus profond de ton âme qui explique ta véritable nature. Ce que tu es. Un loup parmi les agneaux. Tu n'es pas humain. Pas dans ton essence. Pas dans ta psyché. Pas dans tes actes. Tu pratiques sans relâche, tu étudies, tu fais évoluer les choses. Tu crées de nouvelles espèces. Comme Mortifère. Tu ne ressens rien comme tes semblables et ces derniers ne sont que des pions pour toi. Des simples pantins à manipuler à ta guise. Même ceux qui se pensent au dessus de toi finissent par chuter. Comme le Baron.
* Ce ne sont que des insectes. Des âmes à façonner selon ma volonté. Des canevas servant la toile de mon propre destin. Rien d'autres. Et le plus arrogant ils seront, le plus violemment je les corrigerai. Ils doivent ployer le genou. Reconnaître mon autorité. Ma supériorité. Des sous-races. Tous autant qu'ils sont. *
Un nouveau rire s'étira du bec de la créature me faisant face. Dans un mouvement sec, elle vint poser ses griffes sur mon masque pour me le retirer. Dévoila mon visage. Mes yeux de serpent.
- Ce discours, nous le tenons depuis tellement d'années. Bien plus que tu ne le penses. Des âmes insignifiantes et inutiles. Tu l'as toujours pensé. Bien avant tes visions. Bien avant de me créer pour tenter d'expliquer ta propre folie.
L'environnement changea alors drastiquement. Du bureau, je me retrouvai à présent au dessus d'une falaise. Des ruines se trouvaient tout autour de moi et, en contrebas, je pouvais observer de longs sillons dans la neige. Des marques, laissés par le temps. Mon attention fut alors attirée par un volatile au plumage noir. Un petit corbeau, venant se poser doucement sur mon épaule alors que je refixai doucement mon masque. Puis, sa voix parvins jusqu'à mes oreilles.
- Suis ces marques. Vois où nous sommes allés. Où nous allons.
Je n'étais plus sûr de rien. Plus certain de ce qui m'entourait. Quelques instants plus tôt, j'étais dans ce bureau. A présent, je faisais face à un précipice. Plutôt qu'apporter des réponses, cette créature venait encore plus embrouiller mon esprit. Pourquoi me parler, pourquoi créer une autre personnalité qui tentait de m'expliquer ma nature profonde?
- Tu te demandes probablement qui je suis, n'est-ce pas? Ou ce que tu es. Je me pose la même question. Et ce depuis de nombreuses lunes.
Fixant la forme de mes multiples yeux, je penchai le bec sur le côté. J'étais confus. Perdu. Tout me semblait si réel. Et si fou. Me penchant doucement vers mon vis à vis, je le pointai d'un doigt griffu avant d'à mon tour prendre la parole.
* Es-tu un souvenir? Ou bien une dissociation de mon esprit? Une tentative étrange de résoudre les énigmes de mon propre état? *
- Peut-être un peu des deux.
Un léger rire traversa le masque de mon interlocuteur alors qu'il levait doucement la main pour faire léviter jusqu'à lui un grimoire similaire à celui où je déposai tous mes croquis d'espèces.
- Notre réalité bascule peu à peu vers un abîme sans fond. Nos souvenirs entremêlés semblent dérégler notre psyché et notre capacité de raisonner. Nous cherchons à rationnaliser ce qui ne peut l'être. Il n'y a pas de "nous". En vérité. Seulement un "moi" qui se réveille pleinement.
* Je ne suis pas certain de totalement comprendre. *
- Vraiment?
Clignant des yeux, je me voyais alors allongé dans un divan de thérapie, tournant mon visage masqué vers la silhouette démoniaque qui me dominait. Déplaçant ses multiples bras, cette dernière ricana doucement tandis que sa langue noire passait sur son bec et qu'elle tournait une énième page de mon grimoire.
- Je suis le vestige d'un passé qui t'appartient. Un éclat enfoui au plus profond de ton âme qui explique ta véritable nature. Ce que tu es. Un loup parmi les agneaux. Tu n'es pas humain. Pas dans ton essence. Pas dans ta psyché. Pas dans tes actes. Tu pratiques sans relâche, tu étudies, tu fais évoluer les choses. Tu crées de nouvelles espèces. Comme Mortifère. Tu ne ressens rien comme tes semblables et ces derniers ne sont que des pions pour toi. Des simples pantins à manipuler à ta guise. Même ceux qui se pensent au dessus de toi finissent par chuter. Comme le Baron.
* Ce ne sont que des insectes. Des âmes à façonner selon ma volonté. Des canevas servant la toile de mon propre destin. Rien d'autres. Et le plus arrogant ils seront, le plus violemment je les corrigerai. Ils doivent ployer le genou. Reconnaître mon autorité. Ma supériorité. Des sous-races. Tous autant qu'ils sont. *
Un nouveau rire s'étira du bec de la créature me faisant face. Dans un mouvement sec, elle vint poser ses griffes sur mon masque pour me le retirer. Dévoila mon visage. Mes yeux de serpent.
- Ce discours, nous le tenons depuis tellement d'années. Bien plus que tu ne le penses. Des âmes insignifiantes et inutiles. Tu l'as toujours pensé. Bien avant tes visions. Bien avant de me créer pour tenter d'expliquer ta propre folie.
L'environnement changea alors drastiquement. Du bureau, je me retrouvai à présent au dessus d'une falaise. Des ruines se trouvaient tout autour de moi et, en contrebas, je pouvais observer de longs sillons dans la neige. Des marques, laissés par le temps. Mon attention fut alors attirée par un volatile au plumage noir. Un petit corbeau, venant se poser doucement sur mon épaule alors que je refixai doucement mon masque. Puis, sa voix parvins jusqu'à mes oreilles.
- Suis ces marques. Vois où nous sommes allés. Où nous allons.
Je n'étais plus sûr de rien. Plus certain de ce qui m'entourait. Quelques instants plus tôt, j'étais dans ce bureau. A présent, je faisais face à un précipice. Plutôt qu'apporter des réponses, cette créature venait encore plus embrouiller mon esprit. Pourquoi me parler, pourquoi créer une autre personnalité qui tentait de m'expliquer ma nature profonde?
POURQUOI ESPRIT?
Dans un cri de rage silencieux, je me tordais sur moi même tandis que mes doigts se crispaient de manière erratique. Attrapant mes tempes, je ressentais à l'intérieur de mon crâne un brasier aussi violent que perturbant. De longues gouttes de sueur descendaient sur mon visage et dans mes yeux, troublant ma vie alors que je cherchai à garder mon équilibre. Et finalement, mes jambes cédèrent alors que je me mettais à rire machinalement. Alors que mes traits se déformaient en un rictus empli de folie. Comme si mon esprit refusait d'admettre une vérité pourtant bien simple. J'étais un démon dans le corps d'un mortel. Une âme éternelle, captive d'une enveloppe éphémère. M'écroulant doucement dans la neige, mon corps roula naturellement le long de la falaise, me faisant finalement chuter dans ce précipice. Mais il n'y avait aucune peur. Aucune crainte. Seulement mes rires sardoniques et entrecoupés d'une tentative de reprendre mon souffle. J'allais m'écraser dans la neige. Rencontrer froidement le sol et potentiellement mourir. Mais je riais. Encore et encore. Et finalement, ma tête rencontra les débris jonchant le sol.
Je me tenais debout, observant de mes multiples yeux les ruines qui m'entouraient tandis que mon plumage vibrait aux vents hivernaux. Une multitude de restes abjectes jonchaient le sol. De vieux cadavres, rongés par le temps et l'oubli. Des anciens guerriers. Peut être des aventuriers trop ambitieux. Peu importait. Je marchai alors doucement, laissant mes pas me porter sans but véritable alors que je repensai à ce qui m'arrivait. Je n'étais plus sûr de rien. Plus sûr que la réalité ait le moindre sens. Qu'elle en ait un jour eu. Le haut devenait le bas et le blanc devenait le noir. Seul le rouge sanguin semblait garder sa constance. Un tapis de réalités entremêlées qui semblaient me propulser encore et encore dans de nombreux souvenirs m'appartenant tout en m'étant étrangers. Je m'arrêtai alors subitement parmi tous ces cadavres. Fixant au travers de mes lentilles et mon masque ces derniers, je vins instinctivement chercher la dague qui se trouvait à ma ceinture. Devant moi, une fontaine asséchée et partiellement détruite se tenait de manière silencieuse au centre d'une place maudite. Je marchai alors pour me rapprocher de cette dernière, la dague commençant à s'enfoncer dans ma paume, déchirant au passage mon gant et ma peau. Très vite, de nombreuses gouttes de sang commencèrent à perler contre l'acier qui continuait sa route pour courir le long de mon avant-bras. Satisfait de la douleur ressenti, je vins étendre ce dernier au dessus de la fontaine, laissant le carmin de mon propre raisiné se déverser dans la fontaine. Le sol trembla. Le ciel trembla. Puis la structure de pierre se remit à cracher son liquide écarlate, donnant à ce tableau une ambiance particulièrement envoûtante. Un sourire glissa sur mes lèvres alors que je sortais divers bandages et commençait à recoudre la plaie que je m'étais moi même infligé. Le bruit régulier du sang qui s'écoulait dans la fontaine était berçant. Agréable. J'appréciais ce bruit humide tout comme la couleur de ce précieux liquide. Une fois mes soins effectués, je me penchai un peu vers la fontaine, enfonçant mes deux mains dans l'or rouge pour en savourer toute la consistance. Puis, je vins passer mes mains sur le bec de mon masque, la tâchant d'un rouge tranchant avec le blanc de ce dernier. Un long sourire déforma mes traits puis, dans un soupir, je me retournai pour observer le reste de la zone. Un laboratoire. Une cave. Et sur la table, plusieurs corps étendus sous des draps mortuaires.
Une nouvelle expérience débutait. Au plus profond de ma psyché distordue et déformée.
Citoyen de La République
Nahash
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Marchant lentement vers les corps étendus, j'observai mon environnement plus attentivement. Au plafond, de grands crochets de bouchers maintenaient en place des membres découpés et exsangues. Bras, jambes, torses. Différentes pièces issues d'espèces aussi diverses que similaires. Sur de grandes étagères, des bocaux détenaient en leur sein des organes dont la structure semblait avoir été altérée par divers produits ou poisons. Cœurs, poumons, foie, estomac, intestins, yeux... De quoi recréer entièrement un humanoïde si l'envie m'en prenait. Un sourire déforma mon bec tandis que mes mains venaient caresser doucement ces derniers, les griffes raclant lentement le verre épais qui les séparaient du liquide mortuaire.
Puis, silencieusement, je me retournai ensuite pour revenir auprès des linceuls masquant les multiples corps présentés. D'un geste lent, je découvrais le premier des cadavres. Un homme, à la peau blanche et au corps maigre. Une barbe épaisse et blanche venait habiller un visage anguleux et tiraillé par les années. S'il me semblait familier, je ne pus déterminer qui cette personne était. Le long de son torse, une longue trace de découpe était observable. Une préparation à l'autopsie que j'avais sans doute réalisé. Etirant un léger sourire, je vins étirer la dite découpe afin d'ouvrir le poitrail du vieillard. Les os de la cage thoracique avaient été découpés soigneusement, permettant de les déplacer afin d'aller analyser les différents organes. Aucune trace de dommages spécifiquement réalisés sur ces derniers. Aucune violence visible. Pourtant. Pourtant le sujet était bel et bien mort. Arrêt cardiaque? Dysfonctionnement cérébral? Probable. Notant soigneusement sur mon carnet mes différentes pensées alors que je continuais mon autopsie, je me détournai finalement pour aller récupérer différents liquides afin de m'assurer qu'aucun poison n'avait été à l'oeuvre.
- Palladium.
Le mot résonna à mes oreilles comme un fouet frappant ma peau. Me retournant en un seul mouvement, je vins poser mon regard sur le corps du vieil homme, dont deux traces de brûlures étaient apparues au niveau de son cou et de sa hanche. Des impacts de foudre. Me rapprochant, j'haussai un sourcil intrigué derrière mon masque alors que les organes précédemment intacts se voyaient à présent calcinés par la foudre ayant traversé le corps du pauvret. Ouvrant mon carnet, les notes précédemment inscrites se mirent à vaciller pour se reformer en une nouvelle conclusion. "Mort par foudroiement". Je n'étais même pas étonné de ce que je venais de voir. Un moment d'absence, probablement. Reportant ensuite mon attention sur le deuxième linceul, je soulevai ce dernier pour y trouver une fae au visage noble. Des traits splendides mais abimés par un passage à tabac visible. Sur sa gorge, les traces de longues coupures ne laissaient aucun doute véritable sur la cause de son décès. Pourtant, en dessous de sa poitrine généreuse se trouvait une rondeur particulière. La femme, enceinte, avait visiblement trouvé la mort d'une manière bien triste, sans avoir pu au préalable donner naissance à sa progéniture. Attrapant mon scalpel, je commençai à tailler dans sa chair pour ouvrir ce ventre rebondi et y découvrir le corps de l'enfant mort avant même d'être né. Un bruissement dans mon dos me fit me retourner, curieux d'entendre quelque chose dans mon propre laboratoire.
- J'ai.. J'ai besoin de votre aide... Maintenant.
Mon attention revint subitement au cadavre de la femme blonde. Pourquoi ces mots me parvenaient-ils? Elle était pourtant morte. Et elle m'était inconnue... Mon bec s'ouvrit alors tandis que ma langue venait glisser sur mes dents acérées. L'enfant mort dans son ventre n'avait plus rien de "normal". Ses membres étaient atrophiés. Malformés. Son crâne trop gros et difforme démontrait une excroissance cérébrale anormale et son oeil droit, trop large, semblait avoir dégouliné en dehors de son orbite. Les lèvres trop larges et les nombreuses traces de moisissure présentes sur le torse montraient quant à elles la nature du décès de l'enfant. Une peste magique. Reprenant mon carnet, je découvrais alors de nouveaux mots que j'avais moi même rédigé. Morte de la main de son époux qui n'avait pas supporté la mort de leur enfant et dont elle était la cause. Multiples os brisés, puis de longues lacérations à la gorge. Souriant doucement, je refermai ensuite le carnet pour me diriger vers le troisième corps. Un homme, de nouveau. Un jeune brun au visage bien fait. Outre ses traits, l'individu démontrait un air paisible. Plusieurs impacts étaient visibles au niveau de sa poitrine. Des carreaux d'arbalètes étant venu perforer ses organes internes. Une mort toute tracée. Quittant l'observation de cet être afin d'aller récupérer le scalpel que j'avais laissé près du corps de la fae, une nouvelle voix résonna dans le laboratoire.
- Je vous remercie pour votre transparence, Docteur. Je vous remercie pour tout, d'ailleurs.
Qu'était-ce donc? Cette voix. Elle me semblait si familière... Le jeune homme.. Mon corps sembla se tordre en un mouvement erratique tandis que je retournai près du dernier cadavre. Du jeune homme paisible, il ne restait plus qu'une création étrange. Une hybridation entre l'homme et l'acier. Un corps recouvert de sutures, d'impacts, de cicatrices. Des bras d'acier. Un visage marqué par un œil synthétique. Il était difficile de déterminer la mort de cette personne, mais au delà de cela, c'était sa forme qui me perturbait le plus. Il me disait quelque chose. Je le connaissais. JE L'AVAIS CREE. Mes mains se portèrent à mes tempes tandis que je fermais les yeux, reculant de quelques pas dans ma propre confusion. Heurtant la table où le corps de cette ERREUR se trouvait, je rouvris finalement les yeux pour remarquer la séparation notable de la tête du sujet humain et de son corps. Au moins, la cause du décès était à présent identifiable. Un corps sacrifié à la science, puis dans une bataille. Un prototype. Contournant la table sur laquelle ce dernier reposait, je pressai le pas pour passer au reste. Mon esprit s'embrouillait peu à peu, alors que mes plumes frottaient lentement le marbre des tables opératoires. Chaque corps me disait quelque chose. Avant. Et après avoir été altéré. Pourquoi? D'un mouvement sec, je soulevai un nouveau drap pour y trouver le corps d'un elfe. Svelte et élancé, la peau imberbe de ce dernier me donnait l'impression de voir un homme enfant. Sur corps, les traces visibles de ce qui ressemblait à de grandes brulures m'indiquaient qu'il avait trouvé la mort via des sorts de feu. Un sort bien triste et douloureux. Une mort qui fut probablement lente et cruelle. Un sourire glissa de nouveau sur mes lèvres alors que je m'écartai du corps pour récupérer une scie à os. Si l'être avait été brûlé, ses membres quant à eux semblaient encore intacts.
- En ce qui me concerne, j’ai beaucoup plus d’estime pour ma propre personne.
La scie fila dans l'air, venant se planter dans l'épaule du corps étendu contre la table. L'elfe partiellement calciné avait visiblement laissé sa place à un être tout aussi imberbe et androgyne. Sa longue chevelure d'argent venait habiller un visage aux traits fins et anguleux. Un visage qui m'agaçait de par son absence totale de la moindre cicatrices. Avançant d'un pas colérique vers la carcasse "parfaite", je remarquai alors sur son torse les traces de huit grandes perforations. Et, sur son ventre, divers objet. Une chaine brisée, une fiole de poison ouverte, deux pièces d'or, une lame ensanglantée, de faux documents républicains, un collier probablement volé, un croc de lycanthrope et enfin une rose aux épines tâchées de sang. Une mise à mort visiblement provoquée minutieusement qui avait causé le trépas de cet être et figé pour l'éternité sur ses traits "parfaits" une expression terrifiée. Ricanant doucement, ma langue noire glissa de nouveau sur mon bec alors que mes quatre mains venaient récupérer les différents objets pour les déposer sur un comptoir non loin. Sans réellement démontrer de l'intérêt pour la dépouille, je passai ensuite à la suivante. Posant ma main gantée sur le linceul blanc, je soulevai doucement ce dernier et observai silencieusement les restes d'une jeune femme aux traits fins. Son corps, rongé par divers lacérations et morsures, témoignaient d'une fin particulièrement violente. Attrapant mon carnet, je commençai à griffonner dessus tandis qu'à nouveau, une voix résonna dans la cave.
- Je craignais que vous m’ôtiez la vie. Et à présent, voilà que je vous remercie de m’aider à mourir.
Le carnet glissa doucement entre mes mains. Mes yeux de serpent se plissèrent alors que je remarquai le corps de celle qui était à présent étendue sur la table. Une humaine, à la longue chevelure noire et aux traits radieux. Quelques tâches de rousseurs parsemaient son visage alors que ses formes se révélaient aussi bien proportionnées qu'attrayantes. Avançant doucement pour me rapprocher du corps froid, mes doigts gantés glissèrent doucement sur ses courbes, passant sur ses lèvres, ses seins, ses cuisses. Aucune trace extérieure ne pouvait indiquer la cause du décès. Aucune lacération. Aucun impact. Aucun point pouvant indiquer l'insertion d'une seringue. Rien. Seulement ce corps froid et immobile d'une humaine que j'avais l'impression de connaître. Que j'avais l'impression d'avoir altérée par mes gestes et mes vices. Continuant l'exploration de son corps, mes doigts continuèrent leur course jusqu'à revenir à sa chevelure d'ébène. Attrapant ses cheveux, je soulevai ces derniers avant de soupirer doucement face à son état cadavérique. Elle était jeune, visiblement aucune trace ne permettait de montrer de mauvaises habitudes de vies. Aucun stigmate. Elle me semblait promise à un grand avenir. A de grandes choses. Comment avait-elle pu venir s'échouer sur une de mes tables d'opérations? Comme lors de notre première rencontre. Notre rencontre? Je connaissais cette personne? Mais... La femme d'avant aussi... Que se passait-il véritablement? Etais-je vraiment en train de pratiquer? Ou bien tout cela n'était encore qu'un jeu de mon esprit malade?
Titubant doucement, je me dirigeais alors vers la dernière table. Le linceul posé dessus était recouvert d'une multitude de cartes de tarot. Mes multiples yeux ne pouvaient se détacher de ce dernier alors que mon bec venait claquer de manière répétée, comme inquiet de ce qu'il pouvait découvrir sous ce drap. Comment m'inquiéter d'une telle chose? Comment considérer que je pouvais ressentir quoique ce soit? Un rire fou commença à sortir de ma gorge. Un son aussi déformé que mes pensés et mon incapacité à communiquer normalement. Mes multiples griffes se posèrent enfin sur le voile immaculé, le soulevant d'une traite.... Pour ne révéler qu'une table vide. Les cartes volèrent, s'étendant devant moi pour révéler le soleil, la tour, la force et la mort. Poussant un long hurlement strident, l'air entier vibra tout autour de moi tandis que les corps se mirent à voler et tourbillonner dans une décharge télékinétique particulièrement violente.
* Je suis toujours là Mélantha. Mélantha... Je suis... Là... Toi... Où es-tu? *
Les membres accrochés se décrochèrent et les bocaux se brisèrent sous l'impact. Je me perdais dans une rage folle. Dans une incompréhension totale. La folie. La folie de ne pas accepter ce que j'étais. De ne pas comprendre pourquoi dans cette vision folle qui rongeait mon esprit je ne pouvais la visualiser. Pourquoi la seule figure sur laquelle je souhaitai reposer ne pouvait apparaître. Pourquoi elle ne pouvait pas m'accompagner dans les méandres de ma psyché et m'apporter ce rire fou habituel? Son regard. Sa peau. Sa voix. J'avais besoin de l'avoir à mes côtés. J'avais besoin d'elle pour m'aider à accepter ce que j'étais. Et pourtant. Pourtant elle refusait d'apparaître dans mes réflexions. Le tourbillon m'entourant s'intensifia de nouveau, balayant l'entièreté du laboratoire dans une décharge de violence inouïe. Tout commença à voler en éclat et à se broyer sous la force de ma magie alors que je me redressai pour étendre mes bras et ouvrir mon bec dans un nouveau hurlement.
Finalement, cette tempête magique s'acheva aussi brutalement qu'elle était venue. Autour de moi, les ruines enneigées avaient repris leur place et la fontaine sanguine continuait de déverser son long liquide carmin. Mon bras ensanglanté revint se poser le long de mon corps alors que mes yeux semblaient se rouvrir peu à peu. Ma tête se pencha doucement sur le côté, observant les traces qui avaient marqué le sol des ruines maudites. De longs sillons ayant traversé le sol et les corps jonchant la place. Des restes séparés et mutilés qui semblaient tous s'enfoncer encore plus profondément dans cet abîme sordide.
Il était temps de reprendre ma marche. Et de m'assurer de comprendre ce que j'étais véritablement.
Puis, silencieusement, je me retournai ensuite pour revenir auprès des linceuls masquant les multiples corps présentés. D'un geste lent, je découvrais le premier des cadavres. Un homme, à la peau blanche et au corps maigre. Une barbe épaisse et blanche venait habiller un visage anguleux et tiraillé par les années. S'il me semblait familier, je ne pus déterminer qui cette personne était. Le long de son torse, une longue trace de découpe était observable. Une préparation à l'autopsie que j'avais sans doute réalisé. Etirant un léger sourire, je vins étirer la dite découpe afin d'ouvrir le poitrail du vieillard. Les os de la cage thoracique avaient été découpés soigneusement, permettant de les déplacer afin d'aller analyser les différents organes. Aucune trace de dommages spécifiquement réalisés sur ces derniers. Aucune violence visible. Pourtant. Pourtant le sujet était bel et bien mort. Arrêt cardiaque? Dysfonctionnement cérébral? Probable. Notant soigneusement sur mon carnet mes différentes pensées alors que je continuais mon autopsie, je me détournai finalement pour aller récupérer différents liquides afin de m'assurer qu'aucun poison n'avait été à l'oeuvre.
- Palladium.
Le mot résonna à mes oreilles comme un fouet frappant ma peau. Me retournant en un seul mouvement, je vins poser mon regard sur le corps du vieil homme, dont deux traces de brûlures étaient apparues au niveau de son cou et de sa hanche. Des impacts de foudre. Me rapprochant, j'haussai un sourcil intrigué derrière mon masque alors que les organes précédemment intacts se voyaient à présent calcinés par la foudre ayant traversé le corps du pauvret. Ouvrant mon carnet, les notes précédemment inscrites se mirent à vaciller pour se reformer en une nouvelle conclusion. "Mort par foudroiement". Je n'étais même pas étonné de ce que je venais de voir. Un moment d'absence, probablement. Reportant ensuite mon attention sur le deuxième linceul, je soulevai ce dernier pour y trouver une fae au visage noble. Des traits splendides mais abimés par un passage à tabac visible. Sur sa gorge, les traces de longues coupures ne laissaient aucun doute véritable sur la cause de son décès. Pourtant, en dessous de sa poitrine généreuse se trouvait une rondeur particulière. La femme, enceinte, avait visiblement trouvé la mort d'une manière bien triste, sans avoir pu au préalable donner naissance à sa progéniture. Attrapant mon scalpel, je commençai à tailler dans sa chair pour ouvrir ce ventre rebondi et y découvrir le corps de l'enfant mort avant même d'être né. Un bruissement dans mon dos me fit me retourner, curieux d'entendre quelque chose dans mon propre laboratoire.
- J'ai.. J'ai besoin de votre aide... Maintenant.
Mon attention revint subitement au cadavre de la femme blonde. Pourquoi ces mots me parvenaient-ils? Elle était pourtant morte. Et elle m'était inconnue... Mon bec s'ouvrit alors tandis que ma langue venait glisser sur mes dents acérées. L'enfant mort dans son ventre n'avait plus rien de "normal". Ses membres étaient atrophiés. Malformés. Son crâne trop gros et difforme démontrait une excroissance cérébrale anormale et son oeil droit, trop large, semblait avoir dégouliné en dehors de son orbite. Les lèvres trop larges et les nombreuses traces de moisissure présentes sur le torse montraient quant à elles la nature du décès de l'enfant. Une peste magique. Reprenant mon carnet, je découvrais alors de nouveaux mots que j'avais moi même rédigé. Morte de la main de son époux qui n'avait pas supporté la mort de leur enfant et dont elle était la cause. Multiples os brisés, puis de longues lacérations à la gorge. Souriant doucement, je refermai ensuite le carnet pour me diriger vers le troisième corps. Un homme, de nouveau. Un jeune brun au visage bien fait. Outre ses traits, l'individu démontrait un air paisible. Plusieurs impacts étaient visibles au niveau de sa poitrine. Des carreaux d'arbalètes étant venu perforer ses organes internes. Une mort toute tracée. Quittant l'observation de cet être afin d'aller récupérer le scalpel que j'avais laissé près du corps de la fae, une nouvelle voix résonna dans le laboratoire.
- Je vous remercie pour votre transparence, Docteur. Je vous remercie pour tout, d'ailleurs.
Qu'était-ce donc? Cette voix. Elle me semblait si familière... Le jeune homme.. Mon corps sembla se tordre en un mouvement erratique tandis que je retournai près du dernier cadavre. Du jeune homme paisible, il ne restait plus qu'une création étrange. Une hybridation entre l'homme et l'acier. Un corps recouvert de sutures, d'impacts, de cicatrices. Des bras d'acier. Un visage marqué par un œil synthétique. Il était difficile de déterminer la mort de cette personne, mais au delà de cela, c'était sa forme qui me perturbait le plus. Il me disait quelque chose. Je le connaissais. JE L'AVAIS CREE. Mes mains se portèrent à mes tempes tandis que je fermais les yeux, reculant de quelques pas dans ma propre confusion. Heurtant la table où le corps de cette ERREUR se trouvait, je rouvris finalement les yeux pour remarquer la séparation notable de la tête du sujet humain et de son corps. Au moins, la cause du décès était à présent identifiable. Un corps sacrifié à la science, puis dans une bataille. Un prototype. Contournant la table sur laquelle ce dernier reposait, je pressai le pas pour passer au reste. Mon esprit s'embrouillait peu à peu, alors que mes plumes frottaient lentement le marbre des tables opératoires. Chaque corps me disait quelque chose. Avant. Et après avoir été altéré. Pourquoi? D'un mouvement sec, je soulevai un nouveau drap pour y trouver le corps d'un elfe. Svelte et élancé, la peau imberbe de ce dernier me donnait l'impression de voir un homme enfant. Sur corps, les traces visibles de ce qui ressemblait à de grandes brulures m'indiquaient qu'il avait trouvé la mort via des sorts de feu. Un sort bien triste et douloureux. Une mort qui fut probablement lente et cruelle. Un sourire glissa de nouveau sur mes lèvres alors que je m'écartai du corps pour récupérer une scie à os. Si l'être avait été brûlé, ses membres quant à eux semblaient encore intacts.
- En ce qui me concerne, j’ai beaucoup plus d’estime pour ma propre personne.
La scie fila dans l'air, venant se planter dans l'épaule du corps étendu contre la table. L'elfe partiellement calciné avait visiblement laissé sa place à un être tout aussi imberbe et androgyne. Sa longue chevelure d'argent venait habiller un visage aux traits fins et anguleux. Un visage qui m'agaçait de par son absence totale de la moindre cicatrices. Avançant d'un pas colérique vers la carcasse "parfaite", je remarquai alors sur son torse les traces de huit grandes perforations. Et, sur son ventre, divers objet. Une chaine brisée, une fiole de poison ouverte, deux pièces d'or, une lame ensanglantée, de faux documents républicains, un collier probablement volé, un croc de lycanthrope et enfin une rose aux épines tâchées de sang. Une mise à mort visiblement provoquée minutieusement qui avait causé le trépas de cet être et figé pour l'éternité sur ses traits "parfaits" une expression terrifiée. Ricanant doucement, ma langue noire glissa de nouveau sur mon bec alors que mes quatre mains venaient récupérer les différents objets pour les déposer sur un comptoir non loin. Sans réellement démontrer de l'intérêt pour la dépouille, je passai ensuite à la suivante. Posant ma main gantée sur le linceul blanc, je soulevai doucement ce dernier et observai silencieusement les restes d'une jeune femme aux traits fins. Son corps, rongé par divers lacérations et morsures, témoignaient d'une fin particulièrement violente. Attrapant mon carnet, je commençai à griffonner dessus tandis qu'à nouveau, une voix résonna dans la cave.
- Je craignais que vous m’ôtiez la vie. Et à présent, voilà que je vous remercie de m’aider à mourir.
Le carnet glissa doucement entre mes mains. Mes yeux de serpent se plissèrent alors que je remarquai le corps de celle qui était à présent étendue sur la table. Une humaine, à la longue chevelure noire et aux traits radieux. Quelques tâches de rousseurs parsemaient son visage alors que ses formes se révélaient aussi bien proportionnées qu'attrayantes. Avançant doucement pour me rapprocher du corps froid, mes doigts gantés glissèrent doucement sur ses courbes, passant sur ses lèvres, ses seins, ses cuisses. Aucune trace extérieure ne pouvait indiquer la cause du décès. Aucune lacération. Aucun impact. Aucun point pouvant indiquer l'insertion d'une seringue. Rien. Seulement ce corps froid et immobile d'une humaine que j'avais l'impression de connaître. Que j'avais l'impression d'avoir altérée par mes gestes et mes vices. Continuant l'exploration de son corps, mes doigts continuèrent leur course jusqu'à revenir à sa chevelure d'ébène. Attrapant ses cheveux, je soulevai ces derniers avant de soupirer doucement face à son état cadavérique. Elle était jeune, visiblement aucune trace ne permettait de montrer de mauvaises habitudes de vies. Aucun stigmate. Elle me semblait promise à un grand avenir. A de grandes choses. Comment avait-elle pu venir s'échouer sur une de mes tables d'opérations? Comme lors de notre première rencontre. Notre rencontre? Je connaissais cette personne? Mais... La femme d'avant aussi... Que se passait-il véritablement? Etais-je vraiment en train de pratiquer? Ou bien tout cela n'était encore qu'un jeu de mon esprit malade?
Titubant doucement, je me dirigeais alors vers la dernière table. Le linceul posé dessus était recouvert d'une multitude de cartes de tarot. Mes multiples yeux ne pouvaient se détacher de ce dernier alors que mon bec venait claquer de manière répétée, comme inquiet de ce qu'il pouvait découvrir sous ce drap. Comment m'inquiéter d'une telle chose? Comment considérer que je pouvais ressentir quoique ce soit? Un rire fou commença à sortir de ma gorge. Un son aussi déformé que mes pensés et mon incapacité à communiquer normalement. Mes multiples griffes se posèrent enfin sur le voile immaculé, le soulevant d'une traite.... Pour ne révéler qu'une table vide. Les cartes volèrent, s'étendant devant moi pour révéler le soleil, la tour, la force et la mort. Poussant un long hurlement strident, l'air entier vibra tout autour de moi tandis que les corps se mirent à voler et tourbillonner dans une décharge télékinétique particulièrement violente.
* Je suis toujours là Mélantha. Mélantha... Je suis... Là... Toi... Où es-tu? *
Les membres accrochés se décrochèrent et les bocaux se brisèrent sous l'impact. Je me perdais dans une rage folle. Dans une incompréhension totale. La folie. La folie de ne pas accepter ce que j'étais. De ne pas comprendre pourquoi dans cette vision folle qui rongeait mon esprit je ne pouvais la visualiser. Pourquoi la seule figure sur laquelle je souhaitai reposer ne pouvait apparaître. Pourquoi elle ne pouvait pas m'accompagner dans les méandres de ma psyché et m'apporter ce rire fou habituel? Son regard. Sa peau. Sa voix. J'avais besoin de l'avoir à mes côtés. J'avais besoin d'elle pour m'aider à accepter ce que j'étais. Et pourtant. Pourtant elle refusait d'apparaître dans mes réflexions. Le tourbillon m'entourant s'intensifia de nouveau, balayant l'entièreté du laboratoire dans une décharge de violence inouïe. Tout commença à voler en éclat et à se broyer sous la force de ma magie alors que je me redressai pour étendre mes bras et ouvrir mon bec dans un nouveau hurlement.
Finalement, cette tempête magique s'acheva aussi brutalement qu'elle était venue. Autour de moi, les ruines enneigées avaient repris leur place et la fontaine sanguine continuait de déverser son long liquide carmin. Mon bras ensanglanté revint se poser le long de mon corps alors que mes yeux semblaient se rouvrir peu à peu. Ma tête se pencha doucement sur le côté, observant les traces qui avaient marqué le sol des ruines maudites. De longs sillons ayant traversé le sol et les corps jonchant la place. Des restes séparés et mutilés qui semblaient tous s'enfoncer encore plus profondément dans cet abîme sordide.
Il était temps de reprendre ma marche. Et de m'assurer de comprendre ce que j'étais véritablement.
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