[Event Noel]

Cher Père Sekaï,

Je prends le temps de vous écrire, non pas dans l'espoir de recevoir des cadeaux, mais pour exprimer quelques réflexions qui me taraude depuis des années. On dit de vous que vous apportez joie, la magie et espoir, mais laissez-moi être franche : je ne crois pas en vous.

Du moins, je ne crois pas en votre concept et en l'idéal que vous incarnez.

Votre existence, telle que dépeinte par la société, est pour moi une fable enfantine, une illusion d'une féerie qui n'a jamais touché ma réalité. Comment pourrais-je croire en un être dont l'unique but serait d'apporter la joie ? Cela semble grotesque et irréel à mes yeux.

Ma vie a été parcourue d'ombres et de tourments, des souffrances qui ne peuvent être balayées par de simples cadeaux et des rires. Où étiez-vous lorsqu'il n'y avait que désolation et désespoir autour de moi ? Votre absence témoigne de votre supposée mission de répandre la joie.

Je ne suis pas aveugle à la manière dont la société s'accroche à vos histoires pour éveiller un semblant d'espoir chez les enfants, mais pour moi, cette illusion est un déni de la réalité cruelle de ce monde.

Soyez toutefois heureux d'apprendre que je pense qu' il y a une beauté dans la croyance que vous incarnez. Une croyance dont je compte bien m'inspirer pour asseoir ma domination sur la République lorsque le jour sera venu.

Si jamais vous existez réellement, alors j'imagine que je peux toujours tenter de demander 10 000 crédits ...

Régaliennement votre,

Koraki Exousia.

Très chère Koraki Exousia,

Je me permets de ne pas vous appeler madame la mairesse en cette période festive, peut-être alors, mes mots retranscrits sur ce parchemin parviendront à toucher le cœur de l’enfant que vous étiez autrefois. Car même si l’idée vous répugne jusqu’au plus profond de votre être, vous même avez été cette petite fille qui croyait en l’espoir de jours meilleurs. Peut-être cet espoir s'est-il changé en hargne. Quoi qu’il en soit, c’est de lui que découle votre force d’aujourd’hui. Si vous aviez abandonné alors que l’horizon n’était qu’un mur de nuages funestes, vous ne seriez pas au poste que vous occupez aujourd’hui.

Dans les larmes et le sang, vous avez sû vous hisser par delà les nuages qui autrefois vous empêchaient de profiter du soleil. Pour ça, je ne puis que vous offrir mes respects. Bien sûr, je ne peux cautionner toutes vos actions. J’ai encore quelques frissons en repensant à cet horrible banquet que vous avez dirigé. La vengeance vous apporte-t-elle vraiment une satisfaction suffisante ? Vous vous êtes érigée en figure de Courage, et avez, dans l’ombre, pris la place de ceux qui autrefois faisaient de votre vie un enfer.

Alors peut-être la jeune et pure Koraki a-t-elle trouvé la mort lors de votre ascension, au profit de celle que vous êtes aujourd’hui. Dans ce cas, j’espère qu’elle est heureuse, peu importe où elle repose désormais. Et comme vous l’avez dit, si j’avais réussi à incarner ce que je suis censé inspiré, les choses seraient bien différentes aujourd’hui. Malheureusement, je ne suis ni un dieu, ni un empereur. Je ne suis qu’un vieil homme qui tente de réchauffer comme il peut le cœur d’autrui. Ce n’est pas parce que vous avez totalement abandonné, courbant l’échine devant le plaisir facile que tous doivent vous y suivre. Et même si mon pouvoir ne pourra jamais sauver toutes les autres petites Koraki qui vivent ce que vous avez vécu dans votre jeunesse, je n’aurai de cesse de continuer d’espérer.

Les miracles n’existent que si l’on y croit fermement et que l’on fait tout ce qui est en autre pouvoir pour les réaliser.
Je ne puis réanimer la jeune Koraki, je ne puis qu’espérer que celle que vous êtes aujourd’hui trouvera un jour le véritable bonheur. Un bonheur pur et sincère qui ne sera pas cantonné au dépends d’un autre. C’est bien là tout ce que je vous souhaite, madame la mairesse. Que vous puissiez vivre pour vous.

Lorsque vous serez la figure de proue de la République, que vos moindres caprices pourront être réalisés en un claquement de doigt, peut-être alors repenserez vous à cette lettre. Car je me pose la question, que restera-t-il lorsque cette joie éphémère ce sera envolée ? Vous chercherez à prendre toujours plus, courant après un bonheur fugace, jusqu’à la fin des temps.

Je vous souhaite néanmoins de réussir dans votre entreprise, la République se porte mieux dans l’ensemble depuis vos actions. Et encore une fois, Koraki. Je suis désolé. Désolé de ne pas avoir été à la hauteur.

Le Père Sekai

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