Le Repos du Démon (Tagar)

Malgré son état, Hale se présente sous son meilleur jour, du moins elle est essaye, mais elle est toujours pâle comme un linge. Elle demande d’ailleurs des renseignements sur les environs et le chef de l’expédition lui répond :

Je suis Régis Quelcon, responsable de cette opération. Nous avons pris de quoi nourrir nos griffons et nous allons les garder prêts de nous.

Je le fixe du regard et il ajoute, presque à contre-cœur :

Toutefois, je vous remercie pour vos conseils.

Je hoche la tête pour montrer mon approbation et il continue :

Nous n’avons vu personne, mais il faut dire que nous nous sommes dépêchés.

Une fois qu’il a terminé, ils s’empressent avec ses hommes de monter le camp. Il y a même une petite tente pour moi et une grande pour les soldats. Je m’approche donc de mon amie pour lui demander, en souriant :

On tire à pile ou face ?

La elle bouche se tordit un peu, butant sur le nom de famille purement Reikois qui lui donnait une consonnance étrange qui se réverb`re aux ondes rébarbatives que cet individu lui donne.

Monsieur... Quel..con. Enchantée, l'on me nomme Halewyn Giovinetta Sampiero. Pardonnez mon manque d'hospitalité, mais je manque un peu de thé et de douceurs pour vous accueillir. Et sourit gentiment a la réponse. Peu importe pour cette nuit, personne ne s'attaquera a un contingent armé de griffons qui feront les plus belles sentinelles qui soient. Aussi se met t'iel sur le côté pour laisser les militaires travailler.

Inutile? Parfaitement. Et ce n'est pas parce qu'on lui demande quelque chose non plus. Aussi regarde t'elle le ciel embrasé en se disant que ca ne serait pas trop mal dormir à la belle étoile quand Tagar arrive. La redingote de Hale, même serrée aux épaules, lui va bien.

Pile ou face? Demande t'elle, intriguée, Heu face, mais pourquoi?

Sans répondre pour l’instant à la question de Hale, je crée une pièce de métal avec ma magie et je la lance en l’air avant de la récupérer et de la plaquer sur le dos de la main. Je lui montre ensuite le résultat, c’est face ! Oui, j’ai triché, avec un sort qui a donné le score que je voulais, je peux donc lui dire :

Tu as gagnée, je te laisse la tente. Avec les autres hommes, on va se serrer un peu.

Mon interlocutrice a à peine le temps de réagir que nous sommes appelés pour le dîner et je m’enfuis rapidement, profitant de cette diversion qui tombe à point nommé. Le repas est très moyen, ce sont vraiment des rations de l’armée, nourrissant, mais sans beaucoup de saveur. Rien que le fait de mâcher prend un temps fou. C’est pourquoi les militaires, fatigués par leur longue journée, après organisés des tours de garde vont se coucher directement. Pour ma part, je reste un peu au coin du feu, profitant de sa chaleur.

Halewyn déteste les mensonges et les tricheries provenant de ses mortels... Tagar le sait parfaitement. Aussi s'éclipse t'il en voleur, laissant un démon trop vanné derrière lui pour lui tirer une oreille. A charge de revanche, Halewyn le rattrapera bien plus tard. Aussitôt dit, aussitôt fait, la belle laissa les militaires entre eux, dédaignant les rations et allant se coucher aussitôt la tente montée.

Elle boude, parfaitement. Il lui manque cependant la chaleur d'un mortel pour lui tenir chaud et seul son orgueil l'empêche d'aller quémander auprès du Reikois. Quoi? Ils ont passés des nuits ensemble et il la dédaigne au moindre museau Reikois? Et puis quoi encore? Il lui doit la vie et il lui appartient non de nom!!! De plus, ne le voit il pas qu'elle est faible et misérable? Démunie?

Mon amie, sûrement fatiguée par cette trop longue journée, rejoint sa tente où elle pourra se reposer tranquillement et autant qu’elle le souhaite, ce qui aurait été impossible dans la grande tente. En plus, il n’est pas convenable qu’une jeune femme dorme avec d’autres hommes. Alors, oui, je sais qu’il s’agit d’un démon multi-sexe, mais pour moi, c’est clairement une femme.

Je vais donc me coucher également et je suis réveillé, aux aurores, comme je l’avais prévu. Mais cette fois-ci, le réveil est parfait, car je sens une bonne odeur de chocolat ! C’est donc avec le sourire que je rejoins le chef de l’expédition qui en a fait une casserole complète de bon chocolat chaud avec du lait au-dessus du feu et il me précise :

C’est votre secrétaire qui nous a demandé de vous en ramener.

Il faudra que je donne une prime à dame Léviathan pour cette bonne idée. Il y a en assez pour tout le monde et j’en garde même un bol pour Hale. Il ne reste plus qu’à s’équiper et monter sur les griffons. J’aide d’ailleurs la jolie rousse sur ce point et juste avant le décollage, je lui demande :

Tu es prête à monter au septième ciel ?

Oui, j’aime faire de l’humour.

Même vêtue misérablement, même si c'est Tagar qui a sa redingote pour le moment, Halewyn garde une classe folle. Dans la tente, elle a pris le temps de s'apprêter avant de sortir et même si elle a les lèvres légèrements bleuies par le froid nocturne, les prunelles noires sans maquillage et le teint de lait lui donnent l'air d'une toute jeune jouvencelle au tempérament de feu.

Se mêlant au groupe, elle s'enquiert de l'un ou l'autre soldat, s'excuse à profusion de sa faiblesse, vantant subtilement le courage du ministre Reikois en des sous entendus discret sur e fait qu'ils se sont sauvés mutuellement la peau. Elle prend le bol et le boit lentement tout en discutant avec l'un ou l'autre, mais son estomac se révulse, réclamant un tout autre type de nourriture que personne ici n'est en mesure de lui fournir.

Et évidemment que Tagar la fait monter sur Lancelot dont elle caresse le plumage pour rectifier une plume déplacée pendant que le ministre prend place. A sa blague, le démon pivote souplement vers lui, l'agrippe par le col de la redingote et l'amène près d'elle pour l'embrasser.

-Je te pardonne pour cette nuit mon cher, mais ne me laisse plus jamais avoir froid en ta présence. Lui murmure t'iel, sérieuse, avant de sourire adorablement. -Tu m'a manquée cette nuit. Un jour tu m'enverra vraiment au 7e, pour le moment, je me contenterai donc du 4e. En route, il me tarde de rejoindre la civilisation.

Pour récompense de ma bonne blague, j’ai droit à un bisou de la jolie dame aux cheveux CARMIN. C’est vrai qu’elle n’a pas l’air très reposé et je lui indique, suite à son observation :

Je pensais que tu pourrais mieux te détendre seule, mais ce n’est pas normal que tu ne sois pas entièrement remis. J’ai traité d’autres habitants qui étaient blessés et très peu ont gardé des séquelles. Dis-moi, ce qu’il te faut et je l’obtiendrais, je suis quand même…

Je n’ai pas fini ma phrase, car Lancelot, toujours impatiens de voler, commence à battre des ailes et très vite, nous quittons le plancher des vaches. Il commence déjà à faire plus frais, mais nous notre combinaison de vol, en cuir noir et bien rembourré. C’est donc bien installé et de bonne humeur, que je demande à Hale, laissant à mon griffon le soin de suivre ses frères de race, ne connaissant pas la route à travers les nuages :

Pardon, je n’ai pas eu le temps de finir, dis-moi, de quoi tu as besoin pour aller mieux, s’il te plaît.

Indubitablement, voler à dos de griffon était intéressant mais avec pas mal de turbulences certes. Halewyn ne put s' empêcher d'obderver cependant, intrigué autant par l'anatomie que par la mécanique de la chose, mais le démon se dit qu'iel appréciait plus sa forme de corbeau mais celle-ci pourrait s'avérer utile à l'occasion si iel s'entraine dur et fort... Du moins peut-être. Mais iel s'obligea à bien étudier le mouvement souple de la croupe, le battement d'ailes, la ondulation de la queue.

Et quand Tagar posa sa question, la réponse qui fusa fut la plus spontanée et naturelle du monde.

-Ton âme.

Avant que souplement, elle ne pivote pour pour regarder le Reikois, une lueur de malice dans le regard et un sourire infiniement doux. Se demandant si Tagar s'est rendu compte qu'elle ne mange presque pas, tenaillée par une autre Faim indicible

-C'est une blague Tagar. Pour te rappeler qu'il ne faut point penser que je me remettrai comme vous. Laisse-moi le temps mon ami

Je ris à la réponse de Hale, et je lui annonce :

Tu as déjà tout ce que veux de moi.

Enfin, je ne sais pas vraiment ce qu’est l’âme, le Shierak en parle très peu. Quand on meurt, notre esprit et non notre âme, rejoint les ancêtres dans le ciel sous la forme d’étoiles pour nous guider en tant qu’astre. Mais elle précise ensuite qu’il ne s’agit que d’une plaisanterie et m’indique que, en tant que Démon, elle a besoin de temps pour guérir de ses blessures, je lui dis alors :

C’est pratique comme méthode, si tu es dans une zone où tu n’as pas d’accès au soin.

Et oui, il suffit de rester allongé quelques jours et hop, on est guéris. Mais dans un combat, où un adversaire à accès au soin magique, c’est une autre paire de manche. Je reste donc silencieux pour ne pas l’épuiser davantage, lui proposant seulement :

Si tu veux dormir, tu peux te coller à moi et je t’attacherai pour que tu ne tombes pas.

J’attends sa réponse, faisant la chose si elle est positive et nous arrivons ainsi, après douze heures de vol, à la ville de Maël, juste à temps, car il commence à faire sombre.