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  • Ven 6 Jan - 18:09
    Quelqu'un a dit 'Titan' ?

    RP FLASH-BACK
    En l'an - 9 de l'ère des Mortels,
    quelque part dans la Jungle du Sang...

    Qui viendrait se perdre en telle terre de perdition ? Coincée près des Ruines maudites et oubliées du monde, et le lac Rebirth jalousement gardés par les peuples aquatiques, la Jungle se révèle au fol aventurier un cul de sac traître, entremêlant les racines d'arbres-mondes anciens, ayant vu civilisations et armées s'épuiser à mourir à leurs pieds stoïques, en colorant durablement la terre, berceau de créatures affreuses. A qui se risque dans pareille toile embourbée et traître, que les étoiles le préservent du pire... De la faim et des maladies... De la putréfaction de ses plaies dans une chaleur lourde et torride... D'une rencontre d'infortune avec ses damoiselles aux mires et aux pattes innombrables... A croiser pour la première et la dernière fois le regard du gigantesque et mortel lanconda... Dans cet écrin de vie sauvage, tout curieux court à sa perte, et s'y embourbe bien vite, offrant sa maigre chair à la jungle dévorante, quand bien même il lui crierait ses rêves éphémères de richesses oubliées. La seule réponse serait le silence... Avant que ne s'entende le glissement d'un corps lourd sur la mousse humide.

    Nombreux périrent là, nombreux y furent perdus pour le monde, et certains... Y demeurent, ignorant ce qu'il advint des empires et des royaumes, cherchant seulement à subsister là où aucune armée ne vainquit jamais. Ils sont petits et la peau couleur de boue, marqués de scarifications rituelle, habités par un regard ancien comme l'écorce, fébrile comme la proie, la main aussi sûre que la dernière flèche encochée avant que l'animal ne bondisse devant le chasseur. Ce sont des proies et des prédateurs. Ils ont survécu là où tant d'autres sont morts. Leur magie est primitive, issue de génération de piètres mages isolés dans leurs connaissances et leur monde végétal. Leurs cahutes frêles, regroupées entre les arbres antiques, feraient rire le moindre seigneur, dont le merveilleux destrier aurait péri dès les premiers jours, pour avoir croqué la mauvaise baie. Ils n'existent pour personne. Ils survivent sans plus savoir depuis quand. Vivre, cela leur coûte déjà assez.

    Les mères transportent les nourrissons sur leur dos; les hommes arborent cicatrices et armes annonçant leur rôle guerrier; les jeunes jouent des jeux qui n'en sont pas, car d'eux dépendront le futur de la tribu; les vieillards prient et caquètent, dans un commun déformé par l'isolement, transmettant leur savoir ancestrale. Au centre du village de sauvage, une figure massive, faites de branchages et de boue séchée, décorées de plantes aux couleurs putrescente, de plumes et de membres d'animaux séchés,  reçoit plus d'hommage que la moindre maison. Humanoïde sans doute, dominée par une large tête de saurien. Certains s'agenouillent et prient devant elle; un chasseur s'incline devant elle, lui présentant sa sarbacane, puis s'éloigne sous les frondaisons vénérables; alentours, les villageois s'affèrent à préparer une célébration. Une mère sourit en caressant son nouveau né.

    Loin, très loin dans les frondaisons denses, une petite créature est alanguie sur une branche, lorgnant avec malice sur le village sous elle. Ses ailes de papillon reposent, paresseuses, sur son dos, alors qu'elle se mordille un ongle. Ses mires annoncent un esprit des plus vifs, et des intentions indignes des contes pour enfants dont son peuple occupent si souvent les pages.

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    Vrai Homme du Reike
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    Alasker Crudelis
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  • Sam 7 Jan - 21:50
    Les soldats avançaient en jurant à chaque pas. C’était une habitude, voire même une tradition, chez les hommes de guerre confrontés à un terrain boueux, hostile, humide ou chaud…
    Et la Jungle de Sang n’était rien de plus que tout ça à la fois.
    Ils avançaient en file indienne, les jambes enfoncées jusqu'aux genoux dans une eau plutôt odorante, dont la surface garnies de nénuphars et de joncs épineux se voyaient assombries par des nuages sifflants de moustiques assoiffés de sangs, aux dards chargés de maladies exotiques.
    Les Reikois n'étaient qu'une vingtaine. Ils constituaient l'avant-garde d'une troupe bien plus importante, commandée par un officier médiocre qui n'avait pas jugé bon de risquer plus de vie que cela dans une entreprise si périlleuse, à laquelle il avait d'ailleurs refusé de prendre part lui-même. Chacun d'eux avait vu son lot de batailles ou d'horreurs et cette expérience avait noirci leurs âmes, asséché leurs cœurs et animé en eux une rage guerrière que seule la survenue d'autres guerres et horreurs pouvaient apaiser.
    Ils progressaient aussi rapidement que possible dans un pareil terrain, suant à grosse goutte et la bouche à-demi ouverte dans l'espoir d'inhaler assez de cet air chaud et nauséabond pour pouvoir continuer d'avancer. Souvent, ils s'arrêtaient pour cracher une masse noirâtre de moucherons et de moustiques s'étant coincés au fond de leur gorge, mais l'appât d'une gloire historique ne manquait jamais de les relancer sur ce chemin, qui n'en était pas vraiment un. A leur tête avançait un géant de muscles, de fougue et d'acier gris qui deviendrait plus tard le héros discutable d'une bande de bouchers à peine humains. La hache barbue qui reposait dans ses mains n'était pas encore la brutale Salvatrice au manche d'airain mais une arme de dotation militaire tout à fait classique et sans fioriture. Il l'abattait, avec toute la subtilité d'un bûcheron, sur chaque obstacle ayant le malheur de croiser son chemin.

    "-Ralentis, Al." Souffla Érik, son casque sous le bras. "L'arrière n'arrive pas à suivre."
    Le concerné s'immobilisa sans prendre la peine de répondre. Plus tard, au cours de sa vie, le guerrier à la hache apprendrait à user d'un mélange d'humour et d'autorité pour motiver les traînards d'un simple trait d'esprit. Mais cet Alasker-ci était encore trop tourné sur lui-même pour voir les ralentissement comme autre chose qu'une fatalité. Invaincu, craint de tous, le géant considérait les autres guerriers comme des parodies, des singes, ne sachant guère plus qu'agiter fébrilement leurs armes devant eux avant de recevoir un coup fatal qui aurait au moins le mérite de mettre fin à la honte de leur existence.
    Érik, à ses côtés, faisait partie des rares êtres que l'homme-loup faisait plus que tolérer. Alasker appréciait ce grand blond éternellement souriant, parce que les coups qu'il portait étaient aussi rapides que les siens étaient puissants. Et parce que le tempérament flegmatique du bretteur, adepte de traits d'esprits et de blagues faciles, parvenait sans trop de mal à apaiser l'éternelle colère du prédateur grattant les parois de son esprit.
    "-Ce boulot a intérêt à en valoir la peine." Pesta Solis en rejoignant la tête du groupe, sa hallebarde levée au-dessus de lui. Son visage rougeaud et son nez en patate lui donnaient un air grotesque que la cervelière qui couvrait son crâne dégarni ne faisait qu'accentuer, mais les apparences étaient trompeuses. Lui-aussi, il faisait partie de ceux qu'Alasker respectait. Et pas seulement parce qu'ils partageaient un certain amour pour le silence.
    Le “boulot” mentionné par Solis n’en était pas vraiment un. C’était une aventure, basée sur une rumeur, un mythe s’étant répandu, telle une maladie, dans l’esprit des natifs de la jungle et de ses environs. Une légende, qui avait fini par atterrir dans les oreilles à la propreté discutable du Khashis aux commandes de la troupe.
    Et qui avait tout naturellement fini par envoyer des hommes pour vérifier si ces histoires étaient exactes.

    Un titan, disait-on. Un titan aquatique, toujours affamé, subsistant en dévorant les peuples arriérés s’efforçant d’exister au milieu des bêtes immondes pullulant autour des racines de l’horrible jungle. C’était l’origine de leur exploration. La cohorte de soldats rêvait d’écrire son nom dans l’histoire, aussi dangereuse cette entreprise pouvait-elle être.
    Alors, ils acceptaient de patauger dans la boue, d’avaler des moucherons et de respirer l’horrible puanteur de la jungle.

    “-C’est bon?!” Gueula Erik, à l’attention des trainards.
    Des jurons d'assentiment le lui confirmèrent. La hache d’Alasker s’abattit sur un imposant bosquet de fougères vénéneuses. Et la progression reprit son cours.

    ***

    C’était la pestilence de la vie qui l’avait mené à eux. Son odorat de lycanthrope avait isolé leur exécrable odeur au milieu d’innombrables autres exhalaisons animales et identifié la sueur rance mais indubitablement humaine perlant constamment de leurs peaux crasseuses. Cette découverte avait attisé son instinct de chasseur et Alasker avait pressé le pas, suivi -difficilement- par des hommes à bout de souffle mais heureux de constater que leur limier s’était enfin débrouillé pour flairer une piste. L’excitation les avait, tous, galvanisé.
    Et ils avaient fini par atterrir là. Au milieu des sauvages.
    Le géant était le premier des guerriers à avoir osé poser son pied botté dans le village boueux. En les voyant arriver, les natifs n’avaient fait que reculer en affichant des mines tantôt curieuses, tantôt inquiètes, mais jamais véritablement hostiles. Un rapide coup d'œil en direction des clowns à sarbacane qui semblaient faire office de combattants par ici avait fini de rassurer la troupe : En cas de conflits, les Reikois l'emporteraient sans l’ombre d’un doute.
    Pour Alasker, cette question ne s’était même pas posée. Ces types mal nourris partageaient peut-être la peau noire de certains natifs du désert, mais les similitudes s’arrêtaient là. On ne pouvait décemment pas craindre des imbéciles vivant dans des huttes faites de merdes et de bambous et laissant de parfaits étrangers débarquer parmi eux, armes à la ceinture.
    “-Je vous préviens, si quelqu’un ose dire ou faire une connerie pouvant les vexer, je dis à Al’ de le bouffer.” Plaisanta -à moitié- Erik, en prenant soin de se tenir derrière le lycanthrope mentionné.
    Les hommes de la cohorte s’étaient rassemblés en un groupe compact de fer et de méfiance. Aucune lame n’avait encore été tirée au clair, mais la masse de sauvageons curieux ne cessant d’affluer des huttes alentours pour venir les observer pouvait très vite changer cela.

    Le géant de fer plissa les yeux en détaillant la foule rassemblée. Les hommes se plaçaient devant les femmes, qui, elles, se collaient devant les enfants. Quelques cheveux blancs étaient présents dans l’étrange assemblée, ce qui impliquait que ce peuple arriéré était assez solidaire pour garder des vieux en vie, ou que leurs vieux étaient assez solides pour vivre sans l’aide de personne ce qui, au sein de pareil environnement, avait quand même un petit quelque chose d’impressionnant. Il n’avait pas la moindre idée de leur nombre. Ca remuait dans tous les sens et la visibilité restait plus que mauvaise, avec toute cette végétation.
    Le silence s’installa.
    Un silence pesant, qui alla ajouter son poids à une atmosphère qui ne l’était pas moins. Quelqu’un toussa, ce qui fit sursauter le premier rang d’observateur. Un enfant s’extirpa de la masse pour venir se poser avec défiance à deux pas du géant à la tête du groupe d’intrus. Alasker tourna la tête dans sa direction et, après quelques secondes de flottement, parvint à déduire que son effronterie était motivée par la curiosité que le casque à corne éveillait en lui. Peut-être n’en avait-il jamais vu auparavant.
    Conscient que le visage que cette forteresse de fer gardait à l’abri avait plus de chance de terroriser les natifs qu’autre chose, le futur Iratus écarta l’idée de l’ôter pour essuyer une énième fois son front ruisselant.
    Soudain, la foule de sauvageons se sépara en deux pour laisser passer un petit bonhomme voûté à la barbe blanche et au corps couvert de scarifications rituelles grisâtres. Il était vieux. Très vieux. Et il sentait fort.Très fort.
    Sans doute était-ce une sorte de grand chef, mais en modèle réduit. L’enfant curieux détala à sa vue.
    Alasker ouvrit la bouche pour saluer, mais Erik le coupa dans son élan. Le grand blond passa devant le géant en présentant la paume de ses mains vides au vieillard, espérant que le geste serait interprété comme un signe de paix, malgré la vingtaine de casseurs de gueules armés jusqu’aux dents se tenant juste derrière-lui.
    “-Nous ne souhaitons vous faire aucun mal.” Commença-t-il. “Mes compagnons et moi, on cherche le titan !
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  • Lun 9 Jan - 21:11
    Qui étaient-ils ? Que voulaient-ils ? A quoi leur servait tant de métal dans la jungle ? Qu'étaient ces yeux hantés et sombres qui les dévisageaient ? Tant de questions qui se faufilaient de lèvres en lèvres, alors que le plus ancien faisait son devoir : garder la tête froide et leur faire face. Et asséner un coup de bâton sur les fesses du garnement s'en retournant, pour sa bravade. Sous ses airs anciens il n'en menait pas large, malgré son geste, le grand blond n'avait pas des airs de bon samaritain ou de simple voyageur. La troupe-même, de part son apparence et son poids, ayant traversé contre tout bon sens les méandres boueux de la jungle, n'appelait pas à une discussion simple et apaisée. Pourtant, il y avait là une ouverture... Pour quel but ? Planait le risque qu'ils ne soient pas satisfaits par leur réponse... Elle nous protégera, car Elle est les crocs qui dévorent nos ennemis.
    Une femme d'âge mûre vint murmurer à l'oreille du vieillard, tous deux cherchant à comprendre ce commun étrange que coupait l'accent de leur interlocuteur.

    "Croaw tou ké... disait le vieux.
    - Mé si si, y dit ké chewche pas mal, mais un gwan... avança tout bas la femme.
    - Un gwan kwa ? Les yeux voilés de l'ancêtre s'écarquillèrent un instant, sa tête s'abaissant un peu. Paw paw, les éwangé chewche ce qw'il ne faut pwa...
    - Issi oussa ?"

    D'un geste de la main, il la congédia, avant de taper de son bâton la terre sous ses pieds.

    "Chawssé chawsseuw, i né rien ici pow vous. Laissé, laissé, la jowngle vous mowntrera ce qu'elle dewcide, paw nous, né né." dit-il simplement, observant de sous ses sourcils blancs la troupe armée, ponctuant sa tirade d'un claquement de langue.

    Aussi menaçants soient-ils, les étrangers ne montrèrent pas l'envie d'en venir au main, et les sauvageons ne cherchèrent nullement à verser un premier sang. Gardant un oeil sur ceux qui venaient de loin, une part des femmes retourna dans les masures à reculons, reprenant les affaires délaissées. Les hommes eux, restaient sur le qui-vive, en venant même à gonfler le torse, mettant en valeur les scarifications parcourant leur peau sombre. Bien des bêtes s'affrontaient en s'intimidant, parfois même jusqu'à s'en contenter sans s'écharper. L'énergie était une ressource précieuse dans la jungle; les blessures, difficiles à soigner dans un environnement humide, devenaient aisément des condamnations à mort.
    Une vieille tira à l'écart l'un des jeunes hommes, encore fin, mais montrant déjà les prémices d'une fine musculature. Quelques mots, un regard grave, et armée de sa sarbacane, il se faufila entre des feuilles géantes, se fondant aisément dans la végétation, assombrie par les géants d'écorces couvrant la terre rouge de leurs innombrables bras.

    Plus haut, bien plus haut dans les arbres, la petite créature ailée avait observé l'échange avec une fascination nerveuse, plantant ses petits ongles dans l'écorce. C'est nouveau, nouveau dis-donc. Des chasseurs de bête on en voit, plus morts que vivant souvent, mais eux, eux, ouh ouh ouh ! A la vitesse d'une libellule, le petit bout de femme s'envola à tire-d'aile. Elle reviendrait bien assez tôt en apprendre davantage !

    ____________________

    Guère aidés par les sauvageons, les étrangers s'étaient retirés. Libre à eux de trouver leur voie dans la jungle ! Pensaient bien des sauvageons, priant juste un peu plus que de coutume leur grossière divinité, l'oreille tendue, au cas-où un bruit d'armure et de boue se ferait à nouveau entendre. Mais, dans tout troupeau, il est un noir mouton qui ne suivra pas le bon sens de ses semblables.

    Loin du village, dans le nid boueux, chaotique et infesté de moustiques, de la végétation, les monstres de métal s'étaient installés. Lourd et bruyant, ils ne passaient pas inaperçus. Ce fut aisé pour la femme de les trouver, fine silhouette vêtue de cuir et de branchages tressés en un vêtement primitif, usé et parsemé de boue et de poussière, mais se fondant parfaitement dans ce monde végétal étouffant. Tel l'agneau se jetant au milieu des loups, elle quitta le couvert végétal et s'avança, ses mains s'étreignant fébrilement, aussi confuses que le regard enfiévré et désespéré qu'elle posa sur chacun d'eux tour à tour. Pourtant, une once de peur devait s'être frayé un chemin dans son cœur, et se fit entendre dans sa voix, pourtant... Pourtant. Elle était là. Seule.

    "Dawé, dé... Ouw... Elle déglutit. Vouw chewché... La... La... Les dents... Un murmure effrayé. A pas hésitant, elle s'avança encore, tendant un bras pour toucher l'un de ceux qu'elle avait cherché, au mépris des mots de l'ancien. Ewe a... Ils... Je peuw vo mowtrer... Guiwder jusqu'o la gwande. Ji ji... !"

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    Alasker Crudelis
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  • Mar 10 Jan - 17:28
    Ils s'étaient retirés. La décision n'avait pas fait l'unanimité dans la troupe, mais la grande majorité de cette dernière ne voyait pas grand intérêt à tenir tête aux locaux sans raison. Tous rêvaient de pouvoir sécher leurs vêtements trempés de sueur au coin d'un feu au terme de cette journée de voyage éprouvante. Après le discours -difficilement compréhensible- du vieillard, les Reikois avaient donc, humblement, accepté de repartir dans la Jungle. Tous. Presque tous.
    L'un d'eux s'était fait attendre. Le plus lourd de la bande. Un géant de fer, le visage enfermé dans un heaume cornu, n'avait pas jugé bon de se mettre en mouvement avec les autres. Son regard était comme…verrouillé. Fixé, sur un point précis, au milieu du village. Sur quelque chose de… haut, qui dominait toutes les têtes noires rassemblées ici.
    Et puis la main du grand blond s'était posée sur l'épaule du géant.
    "-Viens, Al."
    Quelque chose d'animal avait filtré entre les dents serrées du concerné, alors qu'il acceptait enfin de rejoindre ses frères de batailles. Ça ressemblait au grognement d'un prédateur, frustré d'avoir raté sa proie. Le premier rang de sauvageon avait sursauté en l'entendant.
    Et puis les étrangers s'en étaient allés.

    Ils avaient dressé le camp à une demi-lieue de là, à l'Est. Pour se faire, les hommes d'armes avaient usé de leurs lames pour abattre tous les végétaux alentours et s'aménager un semblant de clairière. Un arbre massif, plusieurs fois centenaire, avait été impitoyablement abattu. Les plantes, piétinées, écrasées, avaient vu s'échapper de leurs carcasses détruites quelques insectes miraculés ayant survécu à leur rencontre avec le monde civilisé. Le bois récolté avait servi pour le feu. Et la fumée qui s'en était échappée, quant à elle, avait servi d'avertissement jeté à la gueule de toutes les créatures environnantes.
    "-Qu'est-ce que tu fous?" Manda Érik, assis près d'un feu.
    L'interrogé, qui venait de finir de manger sa portion de viande séchée, réenroula la chaîne portant sa hache autour de son torse avant de répondre.
    "-T'étais trop occupé à parler avec cette bande de demeurés, mais moi je l'ai vu, Erik." Gronda le futur Iratus, avant d'attraper son sac et de le jeter par-dessus son épaule.
    Autour d'eux, quelques soldats, rendu curieux par l'activité, se levèrent de leurs sièges improvisés pour écouter l'échange.
    "-De quoi tu causes, maintenant ?"
    Alasker laissa un rire moqueur franchir ses lèvres humides.
    "-Le totem. L'idôle ou je ne sais quoi. Ces abrutis vénèrent ce que l'on chasse. Ils risquent pas de nous aider."
    Comme si cela expliquait tout, Alasker se détourna de son interlocuteur pour se diriger vers la sortie du camp. Dans son sillage, il bouscula un de ses camarades qui avait mis trop de temps à s'écarter, et renversa un seau d'eau à moitié vide qui alla se déverser entre deux tentes.
    "-Mais il fera bientôt nuit noire !" Tenta vainement Erik, sans prendre la peine de bouger.
    "-C'est la pleine lune." Se contenta de répondre le géant, avant de disparaître entre les broussailles.
    Court silence. Les soldats restants, laissés pour compte, échangèrent quelques regards interloqués. Et puis Erik ricana et les hommes l’imitèrent.
    “-Mais quel connard.” Pesta quelqu’un, une fois sûr qu’Alasker fut parti.
    “-Dis-lui en face.” Lui répondit un autre. La troupe se sépara et tout le monde retourna vaquer à ses occupations.

    Quelques heures plus tard, Alasker, sur le chemin du retour, entendit une voix provenant du camp. Une voix qu’il ne connaissait pas. Indubitablement féminine, bien qu’une vie sauvage, faite de privation et de contraintes l’ait rendue aussi rauque que celles de certains guerriers. Le prédateur en lui s’éveilla. Il pressa le pas. Sa reconnaissance n’avait rien donné. Un millier de senteurs différentes se mêlaient les unes aux autres dans cette jungle, et la seule que le chasseur pouvait réellement isoler était celle de la sueur rance recouvrant la peau des sauvageons ou de l’huile des armes gouttant des armes de ses congénères. La bête en lui enrageait de ne rien trouver pour assouvir sa soif de sang. Elle grattait et aboyait les parois de son esprit, excitée par la pleine lune. Et cette voix, chargée de peur, ne faisait qu’accentuer cette soif. Sa lourde carcasse passa au travers d’un bosquet de plantes piranhas sans ralentir. Les mâchoires végétales crissèrent sur l’acier avant d’éclater sous la pression de ses pieds bottés. Un petit Lanconda, récemment sorti de l’oeuf, s’extirpa des pétales martyrisés pour serpenter loin de celui qui venait de détruire son abri. Un oiseau nocturne repéra le glissement de ses anneaux et referma ses serres sur lui, quelques instants plus tard.

    Dans le camp, face à la sauvageonne, Erik ne trouvait rien d’autre à faire que de se gratter l’occiput. Techniquement, il avait l’autorité nécessaire pour ordonner qu’un groupe reste à garder le camp pendant qu’ils escortaient la dame jusqu’à la destination promise, sauf que leur atout le plus précieux leur manquait et qu’il n’avait pas la moindre envie de partir combattre un potentiel titan sans le géant de poche de leur compagnie. Le blond n’avait pas compris grand chose au délire de cette allumée vêtue de branchages et de crasse, mais deux mots presque pas déformés par cette étrange approche du langage commun sortaient du lot, comme si celle qui les avait prononcé s’était appliquée à les articuler correctement : “Les dents”.
    Solis l’hallebardier se détacha du groupe de gars alors qu’Erik s’apprêtait à répondre.
    “-Alasker nous retrouvera si on se met en marche maintenant, tu sais.
    Le blond hocha la tête en se mordant les lèvres. Il jeta un coup d’oeil en direction de la sauvageonne, qui piétinait sur place en jetant des oeillades terrifiées tout autour d’elle, cernée par tous ces soldats, puis recula de deux pas en emmenant Solis avec lui.
    “-Et si les petits copains de la dame nous tendent une embuscade dans les fourrés?
    L’hallebardier se lissa la moustache -qu’il avait drue et rousse- quelques instants, puis haussa les épaules.
    “-On les crame. Tu crois franchement qu’ils sont dangereux?
    Avant de répondre, Erik accorda un nouveau coup d’oeil à la nouvelle venue, visiblement de plus en plus inquiète.
    “-Je crois que des types qui vivent dans des huttes au milieu d’un tas d’bestioles et de plantes mangeuses d’hommes doivent connaître deux trois trucs en matière de poisons et de sales coups. On aura au moins un ou deux morts si ils nous tombent dessus.
    Solis lui accorda ce point, sans pour autant en paraître particulièrement inquiet.
    “-J’ferais pas partie des morts et toi non plus, du coup je m’en fous. Mais attends Al’ si tu préfères.
    Dans un magnifique à-propos, le principal concerné s’extirpa des buissons au Nord du camp, suivi par les deux sentinelles chargées de surveiller l’endroit. Il les congédia d’un grondement et rejoignit l’attroupement encerclant la sauvageonne. Erik se dépêcha d’aller à sa rencontre.
    “-Qu’est-ce que c’est que ça?” Gronda Alasker, en désignant la dame du fer de sa hache.
    Un des gars lui répondit en singeant l’accent local.
    “-Elle veut nous mener à gwande Jiji.
    Cette découverte fit tiquer le géant. Il ralentit la cadence de ses pas avant d’aller se planter devant l’incriminée, quelques instants avant qu’Erik ne fasse irruption à ses côtés.
    Silencieusement, longuement, le futur esclave-gladiateur toisa la sauvageonne, qui se pinçait la peau de ses bras croisés pour résister à la crainte qu’il suscitait en elle
    “-C’est vrai?
    Elle hocha la tête, désormais tout à fait muette. Le loup poussa un long soupir et retira son heaume pour le coincer sous son épaule. La découverte de son visage pâle, cerné de veines noires et de cicatrices grisâtres la fit hoqueter de surprise. Les gars autour d’eux lâchèrent quelques rires gras, amusés par le simple fait de déceler les signes d’une authentique terreur chez une pauvre inconnue. L’encre insondable des yeux d’Alasker s’enfonça tout au fond du regard apeuré de l’intruse pour sonder ses intentions et son esprit avec une telle brutalité qu’elle en eut le vertige. Puis une grosse main de fer alla se poser sur son épaule nue. Le temps sembla suspendu l'espace de quelques battements de cœur. L'imagination de la sauvageonne s'enflamma alors qu'elle sentait le sang quitter ses jambes pour monter à son visage, soudain brûlant. Il la maintint debout, par la seule force de son bras, sans que personne d'autre ne s'en rende compte, jusqu'à ce que ce malaise passager ne cesse.
    “-On va te suivre. Tu comprends?
    Elle le confirma d’un nouveau hochement de tête et tenta d’esquisser un pas en arrière. La prise autour de son épaule se resserra encore, l’empêchant de bouger. La clouant littéralement sur place.
    “-Avant ça, je veux te faire une promesse.” Le regard terrifié fut de nouveau transpercé par la cruauté baignant au fond de deux billes noires qui n’auraient pas dû exister. “Si tu nous amènes dans un piège, je vais te tuer. Mais pas avant de t’avoir ouvert le ventre pour te faire goûter tes propres tripes. C’est compris?
    Erik grimaça, mal à l’aise. Solis hocha la tête d’un air entendu. Et la dame acquiesça vivement sans parvenir à réprimer un tremblement.
    La prise se desserra. Elle put de nouveau bouger. Et les hommes autour d’elle s’écartèrent.
    “-Erik, Solis et dix volontaires avec moi.” Ordonna le géant en revissant son heaume autour de son crâne. “Le reste, vous gardez le camp.
    Plus tard, Alasker prendrait en compte le fait que son confort dans la nuit n’était pas partagé par chacun des membres de sa troupe. Que sa nyctalopie était un atout non-négligeable, certes, mais que les autres mortels, autour de lui, devaient tout de même s’aider de torches et de lampes à huile pour y voir quelque chose, dans les ténèbres.
    Mais, pour l’heure, il n’était encore qu’un boucher égocentré, indétrônable dans sa capacité à tuer. Les volontaires s’avancèrent, galvanisés par la confiance qui émanait de cette imposante et rageuse carcasse.
    D’un mouvement de menton, il désigna l’intruse.
    “-Guides-nous.
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  • Mar 10 Jan - 19:40

    Mourir. Une terreur lui glaçant le corps. L'étranger le ferait, elle n'en doutait pas. Mais... Qu'il lui demande de les guider, et les mouvements de la femme retrouvèrent un semblant d'assurance. Oui, elle allait les mener à Elle. Elle ne demandait que ça. Peu importe le coût. Un soudain sourire illumina son visage, la sauvageonne reculant en s'inclinant, ses larmes noyant brutalement ses mires noires, dévalant son faciès amaigri par quelque mal indicible.

    "Ji ji, suiw mi, suiwé, suiwé...!" Un souffle craintif, une supplique tout juste formulée.

    Malgré l'obscurité nocturne, une faible et pâle lumière parvenait à se glisser sous les frondaisons... Et les torches des étrangers crevaient le noir tel une lance sa cible, faisant scintiller la sueur sur le derme sombre de la native. Sa transformation se poursuivit alors qu'ils progressaient péniblement à travers la végétation opaque.

    Tel un spectre appelant des inconscients à le suivre dans les ténèbres, la sauvageonne se glissait dans la jungle tel un poisson dans l'onde, devenant plus assurée à chaque pas, passant outre chaque piège, chaque racine tordue, chaque creux de boue, chaque roche moussue, d'un pas sûr et maître.  D'apeurés, les coups d’œils qu'elle jetait aux guerriers se firent plus pressants. Pire... Elle se mit à murmurer, l’excitation prenant le pas sur la crainte, alors qu'elle lisait des marques obscures, gravées à même l'écorce. Ainsi, les étrangers la voyait régulièrement s'arrêter subitement auprès d'un arbre indistinct des autres, murmurer quelques mots alors que ses doigts en exploraient la peau crevassée parsemée de mousse, jusqu'à hocher la tête.

    "Ji ji, si si, laé issi, laé plu loin..."

    Et l'indigène repartait de plus belle dans l'obscurité, oubliant parfois d'attendre les étrangers et leur lumière brute. Leurs appels la ramenaient bien vite à la raison, mais son attention se faisait de plus en plus dissipée, focalisée sur leur objectif.

    "La trouwé... La trouwé... Pu cachwé, y dit no, ai ai, peut paw, paw laissé, no no..."

    Soudainement, le femme se figea, son regard aux aguets fixant quelque point indistinct dans les ombres au devant d'eux. Un insoutenable instant, où le moindre murmure du métal étranger sonna comme une cacophonie dans le silence nocturne.

    "DAWESILI !"

    Sans laisser le temps aux étrangers de la retenir, la sauvageonne bondit en avant... Et un bruit de course lui répondit ! Un bruit de corps qui s'entrechoquent, d'une lourde chute dans la boue, suivis de grognements colériques. Les étrangers retrouvèrent la sauvageonne au prise avec l'un des siens, l'un des chasseurs partis peu après leur départ du camp.

    "Di ou Dawe, di ou ! DAWESILI !!! piaillait avec fureur la femme en secouant l'homme qui se débattait.
    - Naï ! L'homme parut épouvanté à la vue des étrangers, avant de grimacer de douleur. NAÏWA ! Aïe ! Malvie, Naïwa mal fawe tu fé ! Né, lâche mi... !
    - VRAI ! Leur mowté ou, tu leur diw, me diw, Dawesili ! Elle s'agrippait à lui comme un chat à sa proie. DIW OU TROUWE MI BEWE !"

    Des sanglots étranglèrent la femme, et sa violence s'atténua un temps alors qu'elle murmurait "Mi bewe... Ou il ét... Di Dawe... Mi bewe..." L'homme en profita pour tenter de se débattre encore. La femme le gifla brutalement.

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  • Ven 13 Jan - 16:09
    Le Reike n’était pas un empire supportant facilement les lâches et les faibles. L’obligation de passage dans l’armée avait tendance à les broyer. Un bon soldat se devait d’avoir une bonne condition physique et un moral d’acier, sans quoi il devenait la risée de son peloton et, par extension, de son royaume. L’endurance, plus que toute autre chose, se devait d’être chaque jour travaillée et améliorée lors des formations militaires. Les corps faibles apprenaient à devenir forts au cours d’interminables marches forcées, d’exercices de luttes et de transports de charges. Ainsi, même ceux qui choisissaient de revenir à la vie civile après leur service militaire pouvaient réellement prétendre avoir, un jour, profité de leurs corps au sommet de leur forme.
    Pour les vétérans, le vice allait plus loin. Le corps se devait d’être maltraité, brisé puis reformé un nombre incalculable de fois par les aléas de la vie guerrière. Ceux qui vivaient assez vieux pour prétendre véritablement au titre de soldats "expérimentés" voyaient bien souvent leur enveloppe charnelle se métamorphoser petit à petit en arme de guerre. Rapides, puissants, infatigables et surtout meurtriers, les combattants vétérans du Reike étaient l’élite guerrières du monde connu.
    Et une dizaine de ces derniers se faisaient battre à la course par une sauvageonne habillée de plumes et de boue.
    “-Ce qu’elle galope bon sang !” Bredouilla Solis, son visage, déjà rouge en temps normal, rendu tout bonnement écarlate par l’essouflement.
    “-Elle porte moins de charge, aussi.” Répondit Erik, honteux, en tentant d’ignorer un point de côté.
    La troupe talonnait Alasker, qui lui-même talonnait leur guide. Le géant infatigable voyait dans la rapidité de cette étrange et frêle créature analphabète comme un défi, qu’il avait tout le mal du monde à relever efficacement. Elle se déplaçait plus vite que lui et rien de ce qu’il tentait de faire pour pallier à ça ne semblait fonctionner, alors, le futur gladiateur grondait et jurait en s’efforçant d’au moins rester à l’avant du groupe, pour ne pas totalement perdre la face.
    Ils n’avaient pas vécu dans la jungle toute leur vie, c’était une évidence. Alors qu’elle glissait entre les lianes, ils passaient au travers en usant d’une force qui leur manquait ensuite pour rattraper le retard. Le métal des solerets glissait sur la mousse. Les articulations des armures grinçaient, malmenées par les dérapages de leurs propriétaires. Et pendant ce temps, la sauvageonne les provoquaient en les exhortant à se hâter.
    Quel déshonneur. Cette traversée, trop longue au goût des hommes d’armes, commença à prendre des airs d’éternité. Elle semblait aussi interminable qu’impraticable. Certains se mirent à craindre de bientôt devoir ralentir, pour retrouver un semblant de souffle.
    Puis, soudain, la délivrance. Et, comme souvent dans ce métier, elle venait accompagnée de violence.

    “-DAWE SILI !

    ***

    “-Si quelqu’un nous demande pourquoi on revient aussi crevé : on s’est fait courser par un Lanconda.” Souffla Erik, plié en deux, les mains posées sur les cuisses et le souffle court.
    Quelques gars parvinrent à rire mais la plupart se contentèrent de tousser. Maintenant que l’effort était terminé, la tradition voulait qu’ils rient de cette mauvaise farce. Un moyen de conjurer le sort…Et d’éviter de mentionner que la course reprendrait, dès que cette fichue bonne femme en aurait fini avec l’avorton étant tombé entre ses griffes.
    Alasker, qui ne partageait pas l’épuisement de ses collègues, se rapprocha de Solis, occupé à lisser furieusement sa moustache, les sourcils froncés, en fixant l’étrange échange ayant lieu entre leur guide et le freluquet encaissant sa colère en piaillant comme un gosse.
    “-Tu comprends quelque chose?” Grommela le géant, un rictus mauvais -qu’on pourrait apparenter à un sourire- ancré sur ses lèvres.
    L’hallebardier ne répondit pas de suite, trop occupé qu’il était à observer le petit manège se répéter encore. A chaque fois que l’imbécile répondait quelque chose, elle lui rétorquait une gifle ou un coup sec ne faisant qu’augmenter la confusion de l’avorton. Pour couronner le tout, l’espion à la sarbacane n’avait de cesse de jeter des œillades inquiètes en direction de la troupe de guerriers qui assistait à la scène sans chercher à cacher leur amusement.
    “-Je parle pas ce type de commun, pour être honnête.
    -Sans blague.
    -Mais j’pense pouvoir dire qu’à son comportement, la dame veut que le type lui dise où se cache quelque chose…Ou quelqu’un.
    D’agacement, les yeux noirs du géant roulèrent dans leurs orbites.
    “-On n’a pas le temps pour ça.
    -Ah? Les gars ont l’air contents de cette pause.” Signala Solis, en désignant du pouce les soldats attroupés derrière-eux. Certains reprennaient encore leur souffle.  
    “-Pas moi.” Pesta Alasker, et il s’avança en direction du duo d’indigènes.

    A son approche, la guide comme sa victime se figèrent et les hommes dans son dos cessèrent d’échanger des blagues pour afficher des mines tantôt sérieuses, tantôt simplement dégoûtées. Le futur lieutenant des Serres Pourpres se planta devant le “prisonnier” et demeura immobile quelques instants, le temps que la terreur s’imprime totalement dans l’esprit du jeunot.
    Cela ne pris pas longtemps.
    La sidération laissa place à la peur panique. Le gamin se mit à ruer tel un canasson, dans les mains de sa tortionnaire. Et puis Alasker l’attrapa par le bras droit et gronda un seul mot :
    “-Parle.
    Le bruit que fit l’humerus en se brisant évoqua celui d’une branche sèche qu’on cassait sur le genoux. Le cri que son propriétaire poussa, quant à lui, n’était pas sans rappeler le chant de certains oiseaux diurnes des Terres du Nord. La violence de la blessure ne laissa personne indifférent. La guide s’était reculée en lâchant la tignasse du gosse, sans cesser de sangloter. Les gars qui observaient la scène s’étaient mis à serrer les dents ou à jurer…  Alasker n’avait pourtant rien fait d’autre qu’affirmer un peu plus sa prise. Il ne l’avait pas tordu, ni frappé. Sa main gantée s’était simplement resserrée jusqu’à ce que le tissu osseux lâche.
    Ce n'était pas un comportement humainement acceptable, bien sûr. L’honneur qui obsédait tant le peuple Reikois était loin d’être présent, lorsque l’un de ses soldats d’élites torturait un gosse pour lui arracher des renseignements. Mais nécessité faisait toujours loi.
    Le blessé parla. Il parla longuement, dans sa langue bâtarde et incompréhensible que seule la guide pouvait espérer décrypter. Elle l’écouta en hochant la tête, essuyant parfois fébrilement les larmes qui coulaient le long de ses joues creuses d’un mouvement qui n’était pas dépourvu de rage. Et puis, enfin, il se tut et la guide le fixa.
    Alors, vint le doute. Alasker considéra l’idée de relâcher sa prise et de laisser l’importun disparaître dans les fourrés, puis pris conscience que, sitôt libéré, ce petit imbécile irait expliquer à ses semblables pourquoi son bras pendait comme un morceau de viande le long de son corps.

    De son côté, Solis, peu concerné par de pareilles interrogations, s’avança vers la guide pour lui demander ce que l’interrogé avait bien pu révéler de si important. Elle tenta de répondre en s’appliquant le plus possible, mais tout ce que l’hallebardier parvint à tirer de ses explications fut que le gosse avait fait un sacrifice pour “protection sur le village”. Et c’est ce qu’il répéta à ses camarades.

    La simple entente de ces mots décida Alasker. Sans desserrer sa prise, il se pencha en avant pour approcher son heaume du visage couvert de sueur. A travers les fentes de son casque, l’importun pu découvrir, en partie, les traits de son tortionnaire, ce qui ne manqua pas de lui déclencher une nouvelle crise de panique qui gagna en intensité lorsque le géant lui murmura, sur le ton de la confidence :
    “-Si tu reviens avec des amis, je brûle tout ton village.
    Ces paroles percèrent la barrière du langage. Le jeune homme hocha vivement la tête pour indiquer qu’il avait compris et bredouilla même quelques promesses incompréhensibles. Enfin, Alasker relâcha sa prise. Le chasseur s’éclipsa sans rien ajouter, disparaissant dans les fourrés avec la même aisance que leur guide, malgré sa blessure.
    “-C’est risqué.” Risqua Erik.
    “-Rattrape-le pour le tuer si ça t’amuse.
    La suggestion mit fin au débat.
    Il y eut un instant de flottement, long et désagréable, durant lequel chacun put prendre conscience de ce qui allait suivre. Certains claquèrent de la langue, d’autres haussèrent les épaules, les plus plaisantins tentèrent quelques blagues. Des torches s’agitèrent pour chasser les moustiques. Puis la guide se remit à baragouiner son blabla avant de s’élancer de nouveau.
    Alasker la suivit en montrant les dents, et les autres lui emboîtèrent le pas.
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  • Dim 15 Jan - 19:19


    Peste et cendres bleues, gallinacés et groins enflés, bigre le fauve, qu'est-ce qu'ils font là ?! Pestait une petite créature dans les hauteurs. Du moins avait-elle la satisfaction de leur avoir remis les mires dessus, ces fichus curieux ! Plus au village, la brute des brute qui n'était plus dans leur petit camp, ah mais quelle galère ! Tant de lieux elle avait parcouru de ses petites ailes, recherchant ces fichus enquiquineurs qui, elle le savait, le sentait jusqu'au bout de ses orteils, allaient lui friser les cheveux ! Un cri, voilà ce qui lui avait servi à les situer - pas trop tôt ! -, et voilà que - Par les milles entorses du Roi des milles pattes ! - elle les découvrait à se balader avec une guide. Une guide, rien que ça ! Peste soit de celle-la ! Tel un vilain moustique, la fée les avait suivi un peu de loin, avant de filer plus avant. C'est que l'empaffée allait les mener jusqu'à l'autre, et que ça allait tout gâcher ! Oh que non, elle ne laisserait pas cela se faire, non non non. On ne lui gâchait pas son plaisir comme ça !

    ____________________

    Peut-être une âme sensible eut-elle comparé l'agilité de l'indigène à celle d'une danseuse, effectuant pas mystérieux sur envolée légère à travers les obstacles de la jungle. Mais, nul ne semblait être de cette trempe dans la compagnie, comme en témoignait le souvenir vivifiant du bras brisé du jeune chasseur. La main encore à vif d'avoir ainsi frappé l'un des siens, la femme poursuivait sa course avec une ténacité redoublée. Elle avait vu son semblable blessé par les étrangers qu'elle guidait. Une part d'elle-même en était encore horrifié... Tandis que l'autre s'ancrait davantage dans sa résolution. Vite, la trouver ! Vite, sa délivrance ! Vite, la fin de son agonie !

    La lenteur des brutes ne la dérangée plus qu'à peine car, avec les indications du garçon, le doute n'était plus permis : leur cible était à leur portée !

    Un homme manqua trébucher dans la colonne. Un autre pesta avant de se faire rabrouer. Un énième s'acharna avec hargnes sur l'amas végétal où son pas trop lourd l'avait enfoncé. Mais, enfin, leur avancée aveugle dans la jungle obscure arriva à son terme. Alors qu'un peu de brume se levait, venant se jouer de leurs yeux, plongeant dans un flou teint par leurs torches et la faible lueur des étoiles qui traversait la canopée, la végétation alentours, une odeur de tripes et de sang leur monta au nez, mêlée à celle de la vase et des vieilles souches. Ralentissant le pas, l'air soudain fébrile, la native s'avança sur la terre maculée, dans un creux entre deux réseaux de racines.
    Pour un nez fin, cela sautait aux narines : quelque chose avait saigné là. Et, sur la terre, un large sillon était visible, venant... A l'eau. Hors de vue dans la brume, pouvaient être senti le parfum vaseux de marais.

    "Né... Laï ici... Dewait ét ici." disait fébrilement la femme, allant de gauche et de droite.

    Soudain, un léger drille se fit entendre dans le silence nocturne. Faisant volt face, l'indigène soudain agitée appela, et le drille lui répondit. Comme pour mieux lui montrer, la brume se fit moins dense au dessus de l'eau et, à plusieurs mètres d'eaux, sur une énorme racine dépassant du marais obscur, une petite chose pâle se trouvait, recroquevillée sur elle-même. Apercevant la femme, une main minuscule fut tendue dans sa direction, et l'être frêle tenta d'avancer timidement... En vain. Sous lui, le miroir trouble d'eaux sombres. Le son encore se fit entendre, évoquant d'une certaine manière le gazouillis d'un oiseau.

    "MI BEWE !" Le cri de joie fendit l'air froid.

    S'élançant, la femme se mit à patauger dans l'eau sombre en direction de la petite forme. De sa cheville, l'onde lui atteignit bientôt les hanches, entravant ses mouvements, de même que la vase qui, au fond, retenait chacun de ses pas. Luttant avec acharnement, elle manqua trébucher, ayant oublié la compagnie en armure, n'ayant d'yeux que pour le petit être pâle au drille joyeux qui la regardait venir en sautillant, une corde blanche semblant le retenir à sa racine. Les jambes sombres, si agiles jusqu'alors, perdirent pied plus d'une fois, la femme se relevant alors, crachant de l'eau vaseuse.

    D'une énième chute, elle ne se releva pas tout à fait. Presque debout, elle ne parvint pas à faire un autre pas, s'effondra encore. Le petit être n'était plus très loin. Persévérante, elle tenta de dégager sa jambe, sans succès. Ses ahanements d'efforts se firent cris, et elle frappa l'eau, tendant le bras vers l'enfant - "Mi béwé ! MI BEWE !" -, sans que sa jambe ne bouge.

    Sur la racine, la chose pâle se mit à piailler avec angoisse.
    La brume se resserra sur eux, sans humidité ni odeur. Immatérielle.


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  • Lun 16 Jan - 21:04
    En arrivant au niveau du bassin, la première chose que les soldats parvinrent à notifier, entre deux inspirations désespérées, fut l’odeur de charogne régnant sur place. C’était quelque chose de particulièrement…Épais. Assez pour que les inconscients choisissant de respirer par la bouche puissent avoir la sensation de goûter cette odeur. Assez pour que certains aillent se couvrir la bouche et le nez de leurs mains libres. Et assez pour que chacun dardent l’onde, noirâtre et silencieuse, avec un mélange d’appréhension et de méfiance.
    Alors que leur guide s’enfonçait sans hésiter dans l’étendue d’eau pestilentielle et que la brume se refermait sur elle, Erik, après avoir difficilement détaché son regard de la scène, montra l’exemple en allant planter sa torche dans le sol, à quelques pas du bassin. Les autres l’imitèrent, parfois sans réussir à ôter leurs yeux de la forme famélique, de plus en plus lointaine, de cette sauvageonne au comportement hystérique.
    “-Elle nous fait quoi là?” S’interrogea Solis, en plantant sa hallebarde dans la gadoue à ses pieds, aux côtés d’un Alasker particulièrement calme.
    “-Elle cherche à récupérer le petit truc qui piaille, je suppose.” Lui répondit le géant, les bras croisés sur le torse, l’air interdit.
    Bientôt, un demi-cercle lumineux, composé de douze torches plantées au sol ou entre les branches trop humides des arbres bordant le lac, s’étala sur une trentaine de mètres, le long de la berge. La lumière qu’il offrait n’avait rien de fameuse, mais elle permettait au moins de percer un peu la brume du regard. Juste un peu. Juste assez. Les lueurs se reflétaient sur cette eau si calme, donnant l’impression que la surface de l’onde noire s’était enflammée spontanément.
    Et, au milieu de l’incendie aqueux, leur guide hurlait et s’enfonçait, toujours plus loin, au mépris de tout instinct de conservation.
    “-Hé, Al’.” Apostropha Erik, en s’approchant du guerrier mentionné. “T’as vu une statue dans leur village, c’est ça?” Le regard du blond était rivé sur le large sillon moucheté de sang qui s’enfonçait dans le marais.
    Alasker acquiesça, sans détourner les yeux du lac.
    “-Elle représentait quoi, cette idole?
    Avant de répondre, le géant laissa échapper un petit rire et décrocha la chaîne qui maintenait sa hache dans son dos. Un clapotis, causé par les remous de l’indigène, troubla la quiétude de l’eau en faisant sursauter un des gars.
    “-Ca ressemblait à un crocodile.” Dit finalement Alasker, en attrapant sa hache pour la poser sur son épaule.
    Tous ceux qui avaient eu l’idée de s’approcher de la berge reculèrent, à l’entente de cette révélation. Sauf le lycanthrope. Sauf le futur Iratus.
    Lui, à l’inverse de tous les autres, il s’avança silencieusement, jusqu’à ce que l’eau vienne recouvrir ses bottes et qu’Erik s'empresse de le rattraper, alarmé.
    “-Mais qu’est-ce que tu fous?!” La lueur dans les yeux du blonds ne pouvait qu'être de l'inquiétude. Ce qui était déplorable, d'autant qu'aucun adversaire digne de ce nom ne s'était encore dressé contre la troupe, depuis le début de leur expédition.
    Alasker haussa les épaules et désigna du menton l’horizon brumeux, où leur guide avait désormais totalement disparu. Seuls ses hurlements paniqués parvenaient maintenant jusqu’à eux.
    “-Si il y a quelque chose, ça va se jeter sur elle d’ici pas longtemps et je veux voir ce que c’est.
    -Laisse-la se faire bouffer, ça viendra vers nous ensuite.
    -Ou ça repartira après avoir fini son casse-dalle. Non. J’y vais.
    Et sans un mot de plus, il s’enfonça à son tour dans les eaux. Erik serra les dents et recula de deux pas, les yeux rivés sur la surface enflammée. D’un geste, il attira à lui un duo de soldats aux fronts plissés par l’inquiétude :
    “-Sortez vos arcs et essayez de le couvrir.
    Les deux concernés s’exécutèrent. Comme ils l’avaient fait auparavant avec les torches, ils s’agenouillèrent dans la boue, le temps de planter une dizaine de flèches au sol, à leurs côtés, avant de se mettre en position de tir.
    “-Si c’est un croco’ il nous faudrait plutôt des arbalètes, bordel.” Jura l’un d’eux.
    Et puis ils se turent, tous, concentrés qu’ils étaient à fixer les ténèbres insondables d’une eau abritant soi-disant un monstre.

    ***

    “-Tu devrais arrêter de gueuler.” Murmura Alasker, de l’eau jusqu’à la ceinture.
    Il continuait de progresser, au mépris de la vase et du liquide puant qui s'infiltrait dans son armure, s’aidant des cris de la sauvageonne pour se repérer à travers la brume. Dans son dos, les flammes des torches étaient déjà réduites à l’état de faibles lueurs lointaines, que les nuages trônant au-dessus de l'onde stagnante semblaient étouffer. Le géant avançait donc dans la pénombre, à l'affut, impatient de découvrir cette nouvelle proie qu’il devinait être autre chose qu’un titan. Ce bassin n’était pas assez profonde pour abriter l’une de ces créatures mythiques, il devait donc s’agir d’une bizarrerie de plus. Peut-être une bête aquatique, particulièrement massive et vorace, qui finirait sa vie au bout de la hache trônant dans ses mains, avide de sang inhumain.
    Alasker ne doutait pas de sa réussite. Aucune créature n’avait jamais survécu à ses coups. Que celle-ci soit quadrupède, bipède ou rampante, un berserker ne la craignait pas. Ce n’était pas dans la nature du loup de craindre qu’on lui dérobe sa place de prédateur ultime, car jamais personne n’y était jamais parvenu jusqu’alors.
    Plus tard, bien plus tard. Après qu’il eut appris à contrôler sa rage, à l’affuter pour la diriger intelligemment sur ses cibles et ses ennemis, Iratus, entre deux guerres, finirait par accepter l’indéniable vérité :
    Aussi fort pouvait-il être, quelqu’un serait toujours meilleur. Et même quelqu’un de moins bon pouvait tuer un héros téméraire avec la bonne tactique, le bon piège, le bon placement. Un guerrier futé se devait de savoir quel était son élément, où il devait se tenir pour avoir le plus de chance de gagner.
    Mais le loup n’était pour l’instant qu’Alasker. Ses limites, le géant ne les avait pas encore trouvées. Alors, sans peur, sans appui, le guerrier continua de s’enfoncer dans les eaux noires, dans le domaine d'un monstre.
    Bientôt, ses yeux noyés d’encre distinguèrent de nouveau la silhouette de leur guide, manifestement immobilisée. La vase devait l’avoir piégée, car lui-même se voyait forcé à déployer des efforts considérables pour continuer d’avancer à la même allure. Derrière-elle, perchée sur une racine au-dessus de l’onde, la petite bestiole à l’origine de toute cette agitation ne cessait de couiner.
    Voilà qui avait quelque chose de…légèrement décevant. Peut-être était-ce le rejeton de la chose qu’ils chassaient. Ou peut-être était-ce la chose qu’ils chassaient, auquel cas, sur le retour, le groupe risquerait fort d’incendier ce village de menteur, ne serait-ce que pour leur apprendre à être plus accueillants avec les touristes.
    “-Mi Bewe !” Répéta une énième fois la sauvageonne en se tournant vers lui, les joues couvertes de larmes.
    Alasker la rejoignit en levant les yeux au ciel. Qu’avait-elle donc, celle-ci, à s’exciter pour un avorton pareil? Ça ne ressemblait à rien de connu, ça poussait des cris insupportables et ça avait une…Queue? Ce peuple de demeurés avait décidément des habitudes singulières.
    “-A tes souhaits.” Se moqua-t-il en se baissant. “Reste tranquille, je vais essayer de te décoincer.

    ***

    Passé les premières minutes d’émoi, l’humeur des soldats était rapidement retombée. L’inquiétant silence avait laissé sa place au clapotis discret des vagues et à l’écho de la voix de ténor d’Alasker, entrecoupée par les piaillements incessants de leur guide et de la chose qu’elle convoitait. Rien ne s’était attaqué à eux, sitôt qu’ils s’étaient enfoncés dans la brume. Si monstre il y avait, la masse du géant suffisait manifestement à l’éloigner. Encore.
    Erik attendait, assis sur une racine, à une dizaine de mètres du bord de l’eau. Les bras croisés, le soldat fixait les quelques archers qui continuaient de scruter l’onde en s’aidant de la lueur des torches. Solis se tenait à sa gauche, appuyé contre sa hallebarde plantée au sol, le regard rivé lui aussi sur la surface.
    “-Il va revenir avec notre guide et un nouvel animal de compagnie, et on aura fait tout ce chemin pour rien.” Se lamenta le blond, qui pensait déjà au retour avec un mélange de dégoût et de lassitude.
    L’hallebardier ne répondit pas. Ses yeux s’étaient soudainement plissés, son dos s’était voûté et il avait tiré son arme du sol pour la prendre à deux mains. Tous les regards se portèrent sur le moustachu et sa cervelière. Les plus proches de la rive commencèrent à se reculer. Les archers tendirent leurs cordes. Alors, entre ses dents serrées, Solis prononça les mots :
    “-Il y a quelque chose dans l’eau.
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  • Dim 22 Jan - 17:18

    "Qui êtes vous ?" "Que me voulez-vous ?" "Tout ce chemin dans le bourbier pour ça ?" "Rangez vos cure-dents, vous allez vous piquer avec." Tant de mots qui ne furent pas prononcer. Les bulles vaseuses n'appelaient pas à l'apaisement, ni les relents de charognes flottant encore à la surface. Bien des approches eurent pu être tenter, bien plus civilisées, bien moins risquées. Mais il est des êtres qui ne pensent pas en ces termes... Ou du moins, qui ne considèrent pas ces options. Qui en envisagent bien d'autres... Qu'aucun esprit sain n'accepterait.

    Nul oiseau ne s'était envolé à l'approche de la troupe. Les grenouilles s'étaient tues bien avant. Et aucun fauve n'avait laissé de trace dans la boue. Dans un silence de tombe, le fracas du métal avait fait irruption. Puis deux malheureux s'étaient aventurés dans l'onde obscure, cernés par la brume. Restés en arrière, les mercenaires furent les premiers à entrevoir le danger. Trop tard.
    Quant à l'indigène, elle n'avait pas compris.
    Le lycanthrope encore moins.

    En un instant, les glapissements de l'humaine se muèrent en un unique cri de douleur. L'onde se souleva, le femme hurlante tomba dans l'eau... Avant d'être jetée sur l'étranger, en un amas de membres, de boue et de sang. Bien plus frêle que l'étranger, l'humaine ne pouvait qu'à peine le faire bouger... C'était sans compter sur la 'masse' sombre qui suivit cette poussée, heurtant de plein fouet le torse massif. Elle le jeta à bas dans ce même élan. Un soulèvement aqueux, le fracas d'un corps contre une armure, du tout tombant brutalement dans l'onde dans des gerbes de lourdes éclaboussures. Devant les mires rosâtres et angoissées de la créature piaillant, les deux humanoïdes furent entraînés avec frénésie dans l'eau saumâtre. Retorse, la brume se referma sur ce spectacle, et sur mercenaires restés sur la berge. Leurs vaines flèches se perdirent dans l'eau. Leurs yeux ne pouvaient plus rien pour eux, quant à leurs oreilles...

    "... Impuuuurs !... Sang impur et maudiiiiiiiiit !... Lames rouillées et viiiiiiles !... Âmes perduuuuuues !... Elle a faiiiim ! Parteeeeez !"

    Une voix d'outre-tombe se répandit telle une avalanche immatérielle, surgissant de toutes les directions, s'éloignant, revenant, larmoyante et hurlante, soufflée depuis les tréfonds d'un corps torturée. Sussurée par un géant penché sur la jungle maudite, par l'ignoble insecte rampant à l'oreille des mortels, elle les encercla comme autant de loups autour d'agneaux naïfs égarés.
    Par delà ce voile de menaces viscérales, le géant connaissait, lui, une menace bien réelle. Sous l'onde noirâtre, le sol était traître, irrégulier, et la 'chose' l'avait  poussé quelque part où il y avait assez de profondeur pour qu'il perde pied. Assez de profondeur pour que dans le chaos de  l'eau croupie et des souffles enfuis, le haut et le bas soient identiques. Son armure l'entraînait par le fond, la femme blessée et paniquée s'accrochait à lui, et dans l'obscurité aqueuse, quelque chose de blanc s'approchait doucement. Des crocs s'écartant. Grand.

    La jambe de l'indigène n'avait pas été bloquée par la boue. La créature l'avait tenue... Et avait attendu.
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  • Mer 25 Jan - 2:01
    Ils coulaient. La fragile indigène et le guerrier, entremêlés malgré eux dans une danse aquatique mortelle les entraînant tout au fond d’une eau trop boueuse pour que des yeux d’humains puissent distinguer le haut du bas. A chaque seconde passée sous l’onde, sans respirer, Alasker se sentait partir un peu plus. Bientôt, le désespoir le condamnerait à ouvrir la bouche et à remplir ses poumons d’une eau qui le tuerait avec plus d’efficacité que la plus aiguisée des lames. Son esprit, embrumé par le manque d’oxygène, cédait petit à petit la place à quelque chose de plus…Primitif. Inhumain. Bestial. Autour de son bras, la prise de celle qui avait été leur guide perdait en force. Elle n’aurait pas la chance de mourir inconsciente et sentirait chacune des affreuses secondes de sa noyade.
    Si, bien sûr, la chose qui fondait sur eux, tous crocs dehors, leur laissait le temps de se noyer.
    Le poids de l’armure du guerrier n’était pas un problème. Elle était lourde, mais il était fort. Non, c’était la souffrance et l’étourdissement que le futur Iratus ressentait, la cause de sa faiblesse, de son incapacité à remonter. La bête l’avait frappé avec la force d’une charrette de bœufs lancée en pleine course. Son plastron s’était d’abord plié sous le choc, puis brisé. Et les bords coupants de l’armure ouverte s’étaient frayés un chemin dans son torse, perforant la chair des pectoraux dans un concert atroce de souffrance inattendue. Maintenant, son cœur semblait battre à l’intérieur de ses tempes enflammées, alors même qu’un large nuage de sang sombre s’extirpait de l’amas de viande meurtrie qu’Alasker était devenu.
    A toute cette douleur s’ajouta une dernière, dans son dos, bien moindre il est vrai. Celle de l'atterrissage, ou plutôt, de l’amerrissage. L’improbable duo avait finalement touché le fond du bassin. A la recherche d’un repère, de quelque chose qui n’était ni de l’eau noire, ni la créature descendant vers eux pour finir le travail, le regard d’Alasker balaya les alentours pour découvrir qu’ils se tenaient en plein centre d’un large tapis d’ossements rongés ou brisés. Ses yeux s’écarquillèrent. Reposaient-là les restes de divers animaux. Ici, un crâne de bœuf fissuré, là, les cornes d’une chèvre malchanceuse…Et, de temps à autres, des morceaux de corps humains.
    Les mâchoires du géant se serrèrent. Dans un ultime effort, il propulsa l’indigène vers le haut, puis cessa complètement de résister.
    Alors, tout au fond de son esprit, une chose faite de rage, de faim et de violence s’extirpa de la cage osseuse où elle avait passé ces vingt derniers jours.
    Pour prendre le contrôle d’un corps lui ayant toujours appartenu.

    ***

    La brume était consciente ou peut-être simplement hantée, Erik n’en avait cure. La seule chose qui lui importait, c’était le fait qu’Elle en avait après eux et qu’Elle parlait avec la voix de quelque chose qui semblait non seulement mort mais, aussi, vivant.
    “-Formez un cercle.” Ordonna simplement Solis, en s’attribuant par la même occasion le respect éternel de son ami duelliste. Le calme de l’hallebardier avait quelque chose de contagieux. Il se répandait dans les rangs avec la virulence d’un rhume d’hiver. Ils s’exécutèrent, tous. Se rapprochant les uns des autres en s’éloignant autant que possible de la berge, sans pour autant prendre le risque de rejoindre l’enfer vert de la jungle. Les deux archers extirpèrent leurs flèches restantes du sol boueux pour aller se planter au milieu de la formation, derrière leurs alliés, prêts à les protéger. Le silence revint, uniquement troublé par le clapotis des vagues, qui rappela à chacun l’absence de leur champion.
    Erik déglutit difficilement en faisant tourner le poignard dans sa main droite. Voilà une arme qui n’aurait aucune foutue utilité face à la bestiole qui avait jeté Alasker au loin sans se soucier du quintal que le guerrier à la hache pesait.
    “-Où est Al’?” Se plaignit quelqu’un. Pierce, sans doute. Ou Hans.
    “-Il est tombé.” Répondit un autre.
    Les rangs frémirent à cette simple idée. Erik lui-même ne savait pas comment réagir. Jamais personne n’avait vu Alasker faiblir, depuis le début de son service. Pour le duelliste, la chose était encore plus inimaginable : ils avaient fait leurs classes ensemble. Et l’irascible géant, même avant sa formation militaire, s’était toujours débrouillé pour paraître inégalable, inatteignable.
    Avec le temps, au vu de son évolution dans l’armée, il avait fini par le croire immortel. Et, à en croire les airs inquiets de chacun de ses camarades, cette croyance était partagée par beaucoup.
    “-Comment ça il est tombé?
    -Il a coulé. Je l’ai vu.

    Solis cracha par terre avant de lâcher un long chapelet de jurons agacés.
    “-Vos gueules. Concentrez-vous. Alasker sait se débrouiller.

    ***

    Il ne restait rien de son armure, elle avait implosé à l’instant où sa faible enveloppe de chair s’était mise à...Enfler. Un cuir gris et épais, recouvert d’une fourrure aussi noire que drue, avait pris la place de cette misérable peau rose, lacérée par la carapace d'acier qui était censée la protéger. Le noir de ses yeux s’était gorgé du rouge recouvrant ses pensées et son faciès d’homme s’était allongé, déformé, pour prendre la plus bestiale des allures. Son esprit, alarmé par l’urgence de la situation, par la pression de l’eau sur sa poitrine et par la douleur qui saturait ses sens, était devenu animal. Tout ce qui importait, maintenant, pouvait se réduire à un simple concept :
    Tuer ou être tué.
    Alasker, l’homme, blessé, sonné, entraîné au fond de l’eau par un faux-titan, n’avait pas la force de remonter à la surface. Mais le loup n’était qu’instinct. Le loup voulait vivre, ne serait-ce que pour chasser encore. Et il en avait les moyens.
    Ses pattes puissantes, aux genoux inversés, prirent appui sur le sol boueux, garni d’ossements, pour le propulser aussi vite que possible vers la surface. L’effort souleva un nuage de boue autour de lui qui se propagea rapidement alors que le prédateur commençait son ascension. La guide, à deux doigts de la noyade, eut tout juste le temps de voir la créature de cauchemar la dépasser dans sa remontée avant d’enfin fermer les yeux.

    ***

    Ils avaient tous serrés les poignées ou les manches de leurs armes lorsque l’éclat s’était fait entendre. Ça sonnait comme le fracas d’un torrent résultant d’un geyser volcanique. Comme une explosion sous-marine. Suivi par le staccato humide de grosses gouttes s’écrasant à la surface de l’eau. La brume du côté du lac avait été perturbée, sans qu’ils ne sachent pourquoi, ni comment. Et, à en juger par les bruits de pas lourds parvenant à leurs oreilles, quelque chose se tirait de l’eau, maintenant, en grondant d’une manière tout sauf amicale.
    Solis jura encore. Hans tira une flèche au-dessus de l’épaule du moustachu, qui creusa un trou dans la brume avant de disparaître au loin.
    “-Bravo.” Grinça Erik. L’archer ne pris même pas la peine de relever la pique, trop concentré qu’il était à fixer les ténèbres embrumées. Et personne ne trouva le cœur de rire à son erreur.
    Le silence revint. Les Reikois échangèrent quelques œillades inquiètes, serrés les uns contre les autres, incapable de voir plus loin que le bout de leurs lames et piques. Lentement, l’idée que la chose qui avait emporté avec une telle brutalité leur champion dans les profondeurs puisse se tenir là, à quelques pas de leur propre position, fit son chemin dans chacun de leurs esprits - de moins en moins sereins - jusqu’à ce qu’enfin, Erik n’en puisse plus.
    “-Al’, c’est toi?!
    Silence. Les soldats piétinèrent dans la boue. L’un des archers essuya son visage couvert de sueur en le frottant contre son gantelet en cuir, sans cesser de bander son arc.
    “-Al’, réponds bordel !” S’époumona le duelliste.
    Agacé, Solis lui jeta un regard noir.
    “-Je crois qu’on l’a perdu.
    -Pas encore.” Répondit la plus gutturale des voix, tandis que son possesseur s’extirpait des ombres.

    Quelqu'un a dit 'Titan' ? | Alasker 1674606182-miaou

    C’était une montagne de muscles, de crocs et de griffes. Un géant de fourrure noir, proche des neuf pieds de haut, se tenant aussi droit que ses pattes arquées le lui permettaient, scrutant chacun d’entre-eux de son regard rougeâtre et indubitablement malveillant. De sa gueule à demi-ouverte, on pouvait voir la pointe de ses dents, longues comme des lames de dagues et toutes aussi acérées, mais également le long filet de bave sanglante s'écoulant de ses babines retroussées. Aucun homme ne pouvait prétendre rester insensible à cette vue.
    Pourtant pas un seul d’entre-eux ne bougea d’un pouce. Certains osèrent même lui sourire.
    “-Où est la guide, Al’?” Demanda Erik, rasséréné de voir le champion de leur compagnie toujours entier. Aussi improbable que cela puisse paraître, les Reikois semblaient tous soulagés à l’idée de se tenir dans l’ombre du monstre.
    Le loup-garou esquissa un semblant de haussement d’épaules en aboyant d’agacement à l’entente de cette question. Il ne voulait pas y répondre et n’en voyait, de toute façon, guère l’utilité. A quoi bon expliquer que…La chose, dans l'eau, s'était jetée sur elle en l’oubliant totalement? Que le prédateur supposément ultime qu’Alasker avait toujours cru être ne vivait que parce qu’il avait abandonné une pauvre folle à l’appétit vorace d’une abomination qui n’aurait pas dû exister?
    Alors, le monstre se détourna de ce cercle de lâches à peine capable de tenir une position sous la pression, pour s’avancer au bord de l’eau et attendre, à l'affût.
    “-Préparez-vous à vous battre.
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  • Dim 29 Jan - 13:03

    Telle une promesse de violence désespérée, les paroles déformées de l'être lupin se répandirent dans la brume, se noyant au milieu des murmures impies y rôdant jusqu'alors. Et pour réponse... Un silence lourd s'imposa. L'on entendit presque plus le murmure de l'eau, à peine les frottements des armures, tous juste les souffles attentifs des bourrins sur le qui-vive. Où se trouvait la créature ? D'où viendrait le prochain coup ? En traître rideau, la brume demeurait impénétrable.

    Et puis... Elle bougea à nouveau. Se modelant en une forme indistincte, énorme, que l’œil attentif réalisa bientôt être une gueule, longue et parcourue de crocs flous, au sommet de laquelle deux petits sommets suggéraient des yeux. Si discrets, en comparaison de la tête énorme, de la hauteur d'un homme, surplombant la troupe. Insidieux, les murmures se faufilèrent à nouveau à leurs oreilles, venant de toutes les directions, de derrière les ombres indistinctes des arbres, jusqu'aux interstices de leurs propres carapace de métal.

    "...Elle est là... Parteeeez !... Pauvres idiiiiiiots...Elle a faiiiiiim... On en retrouvera que des oooooos... Qu'ils sont bien gras... A croquer... De toutes ses DENTS !... Parteeeez..."

    "...Le garçon... Cria tant au loup... Qu'aucun de ses pairs ne le crut...Quand la bête s'en vint... tonna soudain le monstre brumeux. Et le dévora..."

    "...Courir... Il aurait dû... Les autres ont trahi... La bête a mangé... Tout sa chair... Tous ses os... Toute sa vie... Trahi, et dévoré... Courir... Courir, il aurait dû !..."

    "Et voilà un loup... Au milieu des hommes... A chaque mot, la gueule gigantesque découvrait la profondeur d'un gouffre indistinct, qui eut pu engloutir chacun d'entre eux tout entier. Que vient-il chercher... Ce maudit ? N'a-t-il pas assez... Mangé ?"

    Une indicible curiosité nuançait les échos étranges et caverneux, dénaturée et cauchemardesque.
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  • Jeu 2 Fév - 23:18
    Lorsque la deuxième voix s’était ajoutée à la première, Erik s’était hérissé comme un chat face à un seau d’eau froide. Il avait reculé d’un pas, encore, son courage mis à rude épreuve par ces rocailleuses déclarations et, cette fois, même Solis n’avait su trouver la force de l’admonester pour sa tendance à la…Prudence. Le moustachu, exactement comme son comparse duelliste, affichait une mine déformée par une méfiance que d’aucuns auraient qualifié de crainte, alors que la brume persistait à jouer avec eux. Et cette méfiance, elle s’était répandue dans les rangs de la même manière que la confiance l’ayant précédée. Toute la troupe en avait vu d’autres, pourtant. Un Lanconda, un nécromancien, des bandits, des gnolls…Le boulot de soldat n’avait rien de reposant et n’était pas fait pour les âmes sensibles. Des menaces innommables s’étaient souvent collées en travers de leur chemin, certaines défiants leurs coeurs, leurs raisons…Des mages noirs rendus fous par les arts ésotériques qu’ils avaient osé pratiquer s’étaient infiltrés dans leurs crânes, des monstres fouisseurs du désert avaient un jour dévoré leurs provisions, les forçant à traverser les étendues sableuses sans rien d’autre que l’eau des gourdes attachées à leurs ceintures… A chaque fois, ils s’en étaient tirés. Peut-être pas sans mal. Peut-être pas indemnes. Mais vivants.
    A force, Erik avait fini par comprendre pourquoi. L’explication s’avérait être d’une simplicité affolante puisqu’elle portait littéralement un nom :
    Alasker. Pour eux autres, pauvres mortels, le lycanthrope distant et méprisant servant de champion à leur compagnie portait sur ses épaules, inconsciemment, le lourd poids du moral des troupes. L’officier de la compagnie, Godrick Bornheim, était d’une nullité accablante et d’une couardise défiant la raison. Jamais, le commandant ne menait ses hommes au combat pour leur montrer l’exemple. Il les avait envoyé là-bas chasser un monstre de légende sans même chercher à se mouiller dans les marais. Alasker, en réponse, le méprisait sans même chercher à le cacher, mais le géant, incapable d’éprouver quoique ce soit s’apparentant au doute ou à de la faiblesse, prenait ses ordres abracadabrants comme des défis à relever plutôt que comme une malédiction pesant sur la compagnie. Aussi les relevait-il, à chaque fois, haut-la-main.
    Ça avait marché jusqu’à maintenant.
    Parce que, jusqu’à maintenant, Erik et tous les autres n’avaient jamais eu le déplaisir de voir le futur Iratus hésiter à se jeter, tous crocs dehors, sur le premier ennemi visible.
    Les yeux bleus du duelliste se posèrent sur le dos massif du loup-garou et ressenti un long frisson lui parcourir le corps.
    Voilà qui était désormais chose faite.

    Alasker ne savait pas ce qu’il éprouvait. A chaque fois que ses paupières se fermaient, un souvenir glaçant, appartenant à l’homme partageant son enveloppe, apparaissait au milieu des ténèbres de son esprit : Ca prenait la forme d’un amas de squelettes, humains et animaux, enterré dans une terre boueuse. Les réminiscences de ce qu’il avait découvert, au fond du bassin, alors même que la vie menaçait de le quitter. Le loup ne comprenait pas la chose qui nouait son estomac mais la détestait d’instinct. Elle attisait sa soif de sang et la redirigeait sur les faibles créatures se massant derrière-lui plutôt que sur le prédateur de brume, d’écailles et d’eau, qui parlait d’une voix aussi grave que la sienne, au travers d’une autre, plus agaçante et traînante. Ce même prédateur qui avait fait couler son sang d’homme dans cette horrible vase noirâtre et infestée de larves de moustiques.
    “-Hé Al’, c’est pas un titan. On devrait peut-être se barrer, nan?” Bêla un mouton, derrière-lui.
    Ces pleutres le répugnaient. Le loup avait besoin de sang et le leur ne cessait d’être pompé par leurs cœurs emballés à un rythme si effréné que ça en devenait pathétique. Partir? Fuir? Abandonner? Il ne connaissait pas ces mots. C’était des mots d’hommes. De faibles. Ses crocs serrés grincèrent sous la pression de ses mâchoires à la force inconcevable. Pourquoi fuir?
    “-Restez.” Aboya-t-il. “Chassez.
    Bravant cette sensation que son esprit alarmé peinait à identifier, le loup bipède fit un pas en avant, en direction de la forme brumeuse. Derrière-lui, les humains, ragaillardis par le simple fait de le voir reprendre son attitude défiante coutumière, s’avancèrent également. Le lycanthrope sentait cependant toujours leur peur. Elle emplissait les environs de son arôme répugnante, à tel point que les charognes qui faisandaient au fond du bassin ne parvenaient plus à masquer, de la leur, cette puanteur.
    “-Nous venons te chercher.” Commença-t-il, chassant le brouillard d’un revers de patte griffue. “Affrontes-moi, maintenant.” Après un court silence, Alasker senti l’étrange malaise troublant ses sens revenir à la charge. Cette nouvelle attaque le força à ajouter deux mots, portant à la fois le rôle de défi et de condamnation, à l’encontre de la chose derrière la brume. “Et meurs.
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  • Sam 4 Fév - 23:42

    Narguant la grande bête sur ses gardes, la brume reprit simplement forme, faisant fi de ses griffes. Surplombant la troupe groupée, la gueule énorme inspira profondément, un vent froid glissant contre les joues mal rasées, rebroussant le poil rêche et humide... Avant de soupirer, avec aise... Lent et joueur, un roulement sembla comme venir de lointaines profondeurs, pour ramper tout autour d'eux et bientôt emplir, noyer, la cuvette embrumée dans laquelle ils se trouvaient aveuglés. Un rire. C'était un rire odieux et puissant, narguant et savourant, comme s'il savait. En cruel échos, les petites voix reprirent avec un entrain malicieux le mot du loup, avec un rythme de sombre tambour, semblant se rapprocher, ramper peu à peu vers eux.

    "Chassez... Chassez... Chassez... Chassez, chassez, chassez...!"

    "Que tu sens BON ! tonna entre deux éclats gigantesque la voix cauchemardesque. Bien sûr, louveteau...!"

    "Chassez, chassez... Chassez... Chassez, chassezchassezchassezchassezchassez...!

    "Mais d'abord... Fais-toi les crocs."

    Les voix éclatèrent de joie en des piaillements glaçants... Et soudainement, un hurlement inhumain se fit entendre. Une fissure fendant l'âme et le corps, gémissant en une plainte profonde à travers la jungle tétanisée. Tels des cris d'aiguilles, le bruit jaillit de toute part, les branches vibrèrent haineusement autour d'eux. Du bois, c'était la complainte d'un arbre que l'on brise qui s'était fait entendre, juste avant cet infime silence. Oui. Il y eu silence. Si surprenant... Et puis...

    Une masse noire jaillit brusquement de la brume, droit sur la troupe regroupée. Une énorme racine, épaisse comme trois hommes et longue comme deux, dégoulinante et encore noire de vase, leur tomba sur le râble avec fracas et brutalité.

    La gueule gigantesque et reptilienne se reforma après son passage, avec la même indifférence. Tranquille. Observant. Attendant. L'ombre d'un infime sourire rôdant sur sa gueule garnie de crocs flous et dépourvue de lèvre.

    "Mi Bewe... !"

    Un cri quelque part, par delà le mur de brume l'étouffant.
    La tête reptilienne disparut.

    A distance de la berge, là où le guerrier avait été attaqué par la bête qu'il cherchait, une forme obscure s'enfonça dans l'eau. Plus loin, la sauvageonne échevelée, trempée, s'enfuyait à corps perdu à travers l'onde traîtresse, serrant précieusement dans ses bras le petit être pâle au gazouillis joyeux. La terreur lui enserrait le cœur, poussant par delà ses limites son corps éreinté par la recherche et sa noyade manquée de peu.
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  • Jeu 9 Fév - 14:15
    Erik n’avait pas la moindre idée de ce qui avait bien pu se passer. La seconde d’avant, il se tenait aux côtés de ses frères d’armes, à respirer l’odeur rance de la sueur et de l’huile d’armure, maintenant…Son corps s’enfonçait dans la boue, ses bras, emmêlés dans les racines à l’orée de la jungle, peinait à trouver une prise solide à laquelle s’accrocher pour se relever et le reste de la troupe avait voltigé dans tous les sens pour échapper à une sorte de boulet de canon naturel.
    “-Solis?!” Tenta le duelliste blond, en poussant sur ses coudes pour aussitôt déraper et retomber en arrière. Ses jambes glissèrent dans la boue, incapable de planter leurs solerets dans quelque chose de solide. Sur sa droite, une voix déformée par un mélange de confusion et de crainte, s’extirpa de la masse de ténèbres feuillues :
    “-Erik, c’est toi?!
    Le concerné hocha la tête en sachant pertinemment que personne ne verrait ce geste. Il plia et replia son bras droit jusqu’à ce que ce dernier puisse se tordre suffisamment pour échapper à sa cage de racines. L’exploit se réalisa dans une cascade de bris de bois, de mousse et de terre humide. Sa poitrine lui faisait mal mais sa respiration allait à peu près bien, ce qui était une bonne nouvelle. Le blond n’avait rien d’un apothicaire, mais l’expérience lui avait appris qu’après un choc, un simple sifflement présent dans le souffle pouvait être annonciateur d’une mort lente et douloureuse.
    “-C’est moi ouai.” Répondit-il finalement, tout en décrochant les boucles maintenant son plastron cabossé en place. Les restes de protection roulèrent au milieu de l’enfer végétal Un profond soulagement s’empara de sa carcasse endolorie, alors qu’il passait sa main libre sous sa cotte de maille pour n’y découvrir qu’une peau rendue pâle par le port constant de carapaces d’acier. Pas de plaies. Pas de saignement. Juste une douleur passagère.
    “-Solis est avec toi?” Repris la voix dans les buissons, plus proche désormais.
    Les yeux bleus d’Erik roulèrent dans leurs orbites. Une colère née d’un mélange de frustration et de craintes filtra dans sa réponse :
    “-Pourquoi est-ce que je l’appellerais si il était avec moi, connard !
    Court silence. Il se contorsionna pour attraper la dague reposant non loin de lui et trancher les plantes rampantes cherchant à mordre au travers de la maille protégeant son bras gauche. Une sève épaisse et bleuâtre s’échappa des végétaux coupés, qui reculèrent face au tranchant du fer.
    Des bruits de pas de lourdauds pataugeant dans la boue commencèrent à se faire entendre.
    “-Inutile d’être désagréable…” Bougonna Pierce, une torche à la main et un bandeau de lin enroulé autour de son crâne ensanglanté. Le tissu descendait jusqu’à son oeil droit, partiellement recouvert. Du sang avait dû couler dans son orbite. Ou bien une de ses paupières était entaillée.
    Enfin libre, Erik jura en se remettant sur ses pieds avant de jauger les broussailles alentours, à la recherche de son autre lame.
    “-Où sont les autres?” Manda-t-il, sur le ton de la discussion, principalement pour masquer l’inquiétude commençant à se réveiller dans ses tripes.
    “-On s’est dispersés dans la jungle. Ca nous a pris par surprise.
    Erik grimaça en portant une main aux doigts couverts de petites traces de morsures à sa mâchoire égratignés. Des échardes et des épines s’étaient plantées entre les poils de barbes et elles le démangeaient suffisamment pour qu’il puisse craindre que la plante à l’origine de ces désagréments puisse être urticaire.
    “-J’ai l’impression qu’une caravane m’est passée dessus.
    -Elle a fait plusieurs aller-retour j’crois.” Ajouta le porteur de torche, un discret sourire sur ses lèvres écorchées.
    Le duelliste se massa la nuque puis se baissa pour récupérer les restes de son plastron et poser la charge sur son épaule. Avec un peu de chance, il serait récupérable, une fois au camp.
    “-Et Al’?
    -Il est retourné chasser la bête dans la brume. Pas vu depuis que j’me suis replié dans la jungle.”  
    Erik se mit à sourire à son tour. “Replié” ça sonnait tellement mieux que “depuis que je me suis carapaté comme une pucelle”.
    “-Il est complètement taré si tu veux mon avis.” Ajouta le lâche, en agitant nerveusement sa torche devant lui.
    Erik la lui prit des mains rageusement.
    “-Sur une douzaine de soldats, ‘faut bien qu’y en ait un qui ait encore ses couilles.” Grinça-t-il, citant ainsi le Lycanthrope susmentionné. Les flammes illuminèrent un peu les environs et ses yeux se plissèrent alors qu’ils sondaient la pénombre. Un reflet métallique, provenant d’entre les branches épineuses d’un amas de ronces, accrocha son regard. Alors qu’Erik s’avançait vers l’origine de l’éclat, son accompagnateur tira sa lame de son fourreau pour le suivre en affichant une mine peu confiante.
    “-T’es sûr de toi là?
    -La bestiole est dans l’eau.” Soupira le duelliste, excédé, en enjambant la ruine d’écorce à l’origine de tout ce remue-ménage. Le projectile improvisé avait été jeté avec assez de force pour traverser le groupe de soldats et finir son voyage dans la jungle. Impressionnant. “Tu préfères retourner sur la berge?
    L’aspect rhétorique de la question la dispensait d’une réponse et son accompagnateur d’infortune s’avéra assez éclairé pour le comprendre. Ils continuèrent à marcher quelques instants, jusqu’à ce qu’Erik se tienne au-dessus du bosquet et découvre la hampe d’une hallebarde qu’il connaissait bien. Deux paires d’yeux balayèrent une nouvelle fois les environs.
    “-Solis?!
    Le silence répondit à l’appel. Ils demeurèrent ainsi, immobiles, sans voix, pendant quelque temps. Et puis le blond rengaina sa dague avant de se baisser pour ramasser l’arme d’hast.
    En se redressant, ses sens aiguisés par l’inquiétude remarquèrent du mouvement, face à eux. Un autre membre de la troupe. Carlson. Qui se présenta à eux en levant une main droite bandée jusqu’au coude.
    La mine qu’il affichait en disait long. Trop long.
    “-Salut les gars.
    Erik compris à cet instant que Solis était mort. Il réprima un sanglot, plus causé par l’excès de stress que par la peine, et suivi Carlson jusqu’à un quatuor de soldats rassemblés au pied d’un arbre à l’écorce jaunâtre.
    L’imperturbable moustachu était assis là. L’une de ses mains était restée figée, impuissante, contre la large plaie au cou l’ayant saignée comme un goret. Manifestement, son vol plané s’était mal terminé. Son visage, habituellement rougeaud, avait pris une teinte si pâle qu’elle en paraissait obscène.
    Les gars autour affichaient des mines tantôt tristes, tantôt terrifiées. Solis faisait partie des plus vieux vétérans de la bande. Tous ceux qui étaient rassemblés là l’avaient connu alors qu’ils étaient encore des bleus. Ça faisait toujours un coup, de voir ça. Même Alasker risquait de voir rouge en apprenant la nouvelle.
    Alors, Erik alla planter la hallebarde de son vieux copain dans la boue à ses côtés, avant de lui fermer les yeux.

    Le loup savait qu’il ne pourrait pas gagner dans l’eau contre cette créature. Il devait donc l’en faire sortir pour espérer un duel à peu près acceptable. Le raisonnement était à la fois simple et logique, quand bien même sa solution peinait à se frayer un chemin dans son esprit indomptable. En tout cas, jusqu’à ce l’odeur de leur guide anonyme, qu’il avait cru jusqu’alors condamnée à mourir broyée dans les crocs du monstre rodant dans le bassin, ne vienne perturber ses sens surdéveloppés. Ainsi avait-elle survécu. Rien d’étonnant, en réalité. Le gigantesque reptile n’était pas une simple bête surdimensionnée. Ses actions n’étaient pas motivées par l’instinct mais par une intelligence toute aussi vicieuse que celle du loup-garou. La chose cachée dans la brume voulait jouer. Pas simplement se nourrir. Alors elle avait délaissé la proie facile pour s’intéresser à celle de crocs et de griffes. Un comportement presque louable, s’il n’avait pas été aussi désagréable.
    Le retour de leur guide, le bruit de ses glissements faiblards à travers l’onde noirâtre et les couinements de la petite abomination qu’elle emmenait avec elle, avaient fait fleurir une idée dans l’esprit du prédateur à sang-chaud. Après tout, cet avorton faiblard que l’indigène souhaitait tant revoir semblait subsister sans crainte, près du bassin. Et l’attaque du monstre avait débuté près de son perchoir, comme si…
    Et bien, comme si le crocodile protégeait cette faible et bruyante petite créature.
    Ses crocs s’étaient découverts dans un rictus sauvage, puis le futur Iratus avait bondi le plus loin possible dans l’eau, dans le but de récupérer la guide et son fardeau contre-nature avant la créature de brume et d’écaille. Aucune noble pensée n’était à l’origine de cet acte. Le loup voulait s’emparer du petit pour s’en servir d’appât, forcer cette chose qui se riait des chasseurs en se cachant dans l’eau, les ténèbres et le brouillard, à sortir de sa cachette, à l’affronter sur terre.
    Une pensée furtive alla aux faibles humains rassemblés sur la berge. Beaucoup d’entre-eux avaient été touchés par le projectile de vase et d'écorce, et de plein fouet. Sans doute certains étaient-ils morts. Au fond de lui, Alasker sentait poindre quelque chose qui ressemblait à un soupçon de ressentiment, les incompréhensibles fondations de ce qui, un jour, le pousserait à tuer l’homme qui leur avait ordonné de venir chercher un titan dans cette jungle dévoreuse de chair. Mais tout ceci n’était que des considérations d’hommes. Et, pour l’heure, le géant était un loup.
    Sa course à travers l’eau n’était que partiellement gênée par sa profondeur toute relative. La plupart du temps, ses jambes aux genoux inversés ne s’enfonçaient que de moitié dans l’onde. Mais le sol était traître. Parfois, un fossé sans fond se présentait sous ses pattes, le forçant à nager durant quelques précieux instants. C’était autant une affaire de rapidité que de précision. L’odeur de la guide trempée le guidait à travers la brume tout autant que les clapotis accompagnant sa fuite désespérée, si bien que sa vision sabotée par le brouillard ne lui était guère nécessaire et…tant mieux. Parce que le loup savait, pire, il sentait qu’il n’était pas le seul à fondre sur la pauvre indigène et son étrange nourrisson. Alors, Alasker poussait son enveloppe de chasseur à son maximum, usant de ses muscles grotesquement développés pour compenser son désavantage en milieu aquatique. Ses griffes tranchaient et lacéraient la surface de l’écume, l’amenant toujours plus proche d’une pauvre femme serrant contre son sein une abomination gazouillant tel un nourrisson. Ses pattes labouraient le sol boueux, projetant derrière-elles des flots d’éclaboussures noirâtres et sa gueule entrouverte ne cessait d’humer l’air, à la recherche d’un nouvel indice olfactif pouvant l’amener aux côtés de sa nouvelle proie.
    Le succès de cette chasse dépendait, au final, de sa faculté à rattraper une sauvage famélique et son rejeton malformé.

    hrp:
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    Anonymous
  • Jeu 9 Fév - 15:50

    Aussi petite soit-elle, la créature gazouillante pesait lourd dans les bras de la sauvageonne épuisée. Ruisselante d'eau, de sueur, de larmes de terreur et de joie mêlées, la femme se démenait contre l'onde et la vase, tenant précieusement contre elle l'être hybride et pâle, un juvénile écailleux à la teinte bleutée. Ses mires rosâtres couvaient d'amour la figure sombre et glabre au dessus de lui, le petit tentant d'en toucher les joues de ses doigts griffus. A de rares instants, la mère lui rendait ce regard, le cœur palpitant de joie devant son petit miracle : elle l'avait retrouvé ! Il était vivant, dans ses bras... ! Elle ne pouvait pas le lâcher, elle devait retrouver la terre, elle devait la fuir... !

    "Mi bewe... Ti i la... Ti i la, avec mi... Mama... Mama ti wamene à li maison... disait-elle, ahanant, déglutissant avec difficulté. Mi bewe, mi bewe, mi piti Lyu..."

    Chaque pas était un effort, chaque fois la tourbe lui accrochait le pied, chaque mouvement se faisant plus lourd. Quelque part par delà la brume, il y avait la terre. Sans y voir, s'accrochant à son espoir fou, la sauvageonne épuisée s'entêtait, malgré son fardeau, malgré l'épuisement lui criant le mensonge que l'eau lui serait une couche bien douce, qu'il serait si simple de s'arrêter. Mais elle ne pouvait pas ! Elle était dans son territoire, elle était là, elle allait lui reprendre...!

    "Tu sais ce qu'ils lui feront..." gronda le marais.

    Avec un cri, l'indigène s'arrêta, serrant le petit contre elle, cherchant fébrilement alentours l'origine de la voix. Terrifiée à l'idée de faire un nouveau pas. Épouvantée de la savoir là, sans la voir. Une prière força la barrière de ses lèvres serrée, implorant le pardon d'une déesse, en appelant à sa protection... Et puis, la mère prit le pas sur la croyante, et elle supplia.

    "Ô Guande dentue, ai bonté pour mi... Mi bewe... Pitié... Mi bewe... Mi petit... Pitié...Laisse-mi l'élever, le voar guandiw...
    - Ils n'en auront pas pour lui. Ils l'éventreront comme un porc... Et tu seras punie. Une énorme tête reptilienne sortait petit à petit de l'eau, fixant la femme pétrifiée.
    - Ji l'aime, cé mi bewe... Je li appwendwai tout... Mi vie pouw li... Mi bewe, pitié, pouw mi, mi bewe, piti Lyu, pitié... L'étreinte de la sauvageonne se serra à la vue de la créature. Le petit piailla d'inconfort, la sauvageonne implorant encore plus vivement, au bord de la crise de larmes.
    - Comment le protégeras-tu ?" railla durement la créature.
    - MI BEWE ! Ce mi bewe...!
    - Laisses-le moi."

    L'humaine se tue un instant, non sans hoqueter, larmoyante, avant de balbutier des réponses absurdes. Quand bien même elle s'était répandue en supplications, ses piaillements ne couvrirent plus guère le vacarme aqueux du lycanthrope arrivant aussi rapidement que le traître marais le lui permettait.
    Avec un sifflement reptilien et grave, la tête de la bête s'enfonça de nouveau sous l'eau, l'onde obscure la recouvrant tel un doux manteau.

    La créature velue approchait. Quelque part devant elle, la sauvageonne indécise, esseulée. Autour d'elle, la fourbe brume, et le miroir noir et sans reflet des marais. Et près d'elle...

    Les remous de l'eau trahirent le monstre caché en son sein. La créature des marais jaillit, une gueule démesurée en avant, un gouffre encadré de crocs visant le lycanthrope. Par delà les dents, une masse musculeuse couverte d'écailles, aux bras massifs et griffus. Qu'elle le saisisse, et elle l'entraînerait une nouvelle fois par le fond.
    HRP:
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