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"Le monde peut-être décrit sous deux point de vues différents. Naturellement, le mortel choisit la voie des idées. Le monde est décrit et ordonné par les idées et concepts abstraits des humains et des autres. Le bien et le mal sont autant d'idées naturellement issues de l'âme du mortel, par son observation du monde. Mais qu'est-ce que le Bien ? Qu'est-ce que le Mal ?"
Le sermon de Lihahiel avait lieu sur la grand'place du village, lorsque le soleil décalquait une ombre qui faisait précisément deux fois la taille de son baton, planté sur le sol à sa gauche. Ceci lui permetait de compter précisément le temps de son discours, qui ne dépassait jamais la demi-heure, car le monstre qu'elle était devenue n'aurait jamais pu séduire une assemblée sans changer son apparence.
Elle était assise sur un rocher qui trônait sur le carrefour de la grand'place, pieds nus, sa robe blanche mais sale révélant ses pieds nus jusqu'aux tibias mais sans plus. Tenant un livre dans sa main, elle récitait à voix haute. Et tout le village entendait.
Lihahiel aimait cela. Cela lui rappelait une époque depuis longtemps oubliée, lui apportant un réconfort peu commun. Elle se rappelait de quand son corps s'enracinait au centre du village, ses lierres de sang et de chair s'infiltrant dans le village entier, fertilisant les potagers et les arbres à fruit, verdissant, couvrant les places principales du village de fleur de lys. Mais dans ce village montagnard où la vie aurait été gré d'une telle aide, point de bénédictions. Plus maintenant. Plus jamais.
"La nature, le monde, les peuplades et les relations entre vous, sont gouvernés par la morale et la compréhension du bien et du mal. Toute personne possède une compréhension suffisante de ce qu'est le Mal et le Bien. Qu'elle soit innée, insuflée ou éduquée importe peu, car le plus intéressant reste sa définition. "
Elle pouvait sentir les regards des villageois peser sur elle, écoutant son discours avec attention, même s'il semblait que leur acuité auditive était fortement renforcée, observant de loin Lihahiel, comme à leur habitude, qui derrière un mur, qui par une porte ou une fenêtre entrouverte. Quelqu'un toussa, et l'ange pesteuse ne put réprimer un sourire d'affection, qui dura une éternité -pour les villageois. Elle tourna la page du livre, qu'elle trouva blanche. Le livre, après tout, était vierge de tout écrit.
"Et pour ce faire, concentrons-nous sur le Mal." Fit-elle, tournant lentement sa tête vers l'audience dévisageant chaque pourceau de son troupeau. Croisant le regard d'une petite fille qui se réfugia derrière son père, le regard contrarié (sans doute pour une raison indépendante du sermon, l'année avait été assez mauvaise par rapport aux récoltes, après tout)
Un sanglot se fit entendre, presque masqué derrière une porte d'une des chaumières. Lihahiel, peinée par le bruit, fit mine de se lever, mais la porte se ferma brusquement et les sanglots ne se firent plus entendre. Sans doute avait-elle arrêté de pleurer et se faisait consoler par son mari, qui avait trouvé le courage de se lever malgré sa fièvre sévère.
"Qu'est-ce que le Mal ? Comment peut-on le définir ?"
Le sermon de Lihahiel avait lieu sur la grand'place du village, lorsque le soleil décalquait une ombre qui faisait précisément deux fois la taille de son baton, planté sur le sol à sa gauche. Ceci lui permetait de compter précisément le temps de son discours, qui ne dépassait jamais la demi-heure, car le monstre qu'elle était devenue n'aurait jamais pu séduire une assemblée sans changer son apparence.
Elle était assise sur un rocher qui trônait sur le carrefour de la grand'place, pieds nus, sa robe blanche mais sale révélant ses pieds nus jusqu'aux tibias mais sans plus. Tenant un livre dans sa main, elle récitait à voix haute. Et tout le village entendait.
Lihahiel aimait cela. Cela lui rappelait une époque depuis longtemps oubliée, lui apportant un réconfort peu commun. Elle se rappelait de quand son corps s'enracinait au centre du village, ses lierres de sang et de chair s'infiltrant dans le village entier, fertilisant les potagers et les arbres à fruit, verdissant, couvrant les places principales du village de fleur de lys. Mais dans ce village montagnard où la vie aurait été gré d'une telle aide, point de bénédictions. Plus maintenant. Plus jamais.
"La nature, le monde, les peuplades et les relations entre vous, sont gouvernés par la morale et la compréhension du bien et du mal. Toute personne possède une compréhension suffisante de ce qu'est le Mal et le Bien. Qu'elle soit innée, insuflée ou éduquée importe peu, car le plus intéressant reste sa définition. "
Elle pouvait sentir les regards des villageois peser sur elle, écoutant son discours avec attention, même s'il semblait que leur acuité auditive était fortement renforcée, observant de loin Lihahiel, comme à leur habitude, qui derrière un mur, qui par une porte ou une fenêtre entrouverte. Quelqu'un toussa, et l'ange pesteuse ne put réprimer un sourire d'affection, qui dura une éternité -pour les villageois. Elle tourna la page du livre, qu'elle trouva blanche. Le livre, après tout, était vierge de tout écrit.
"Et pour ce faire, concentrons-nous sur le Mal." Fit-elle, tournant lentement sa tête vers l'audience dévisageant chaque pourceau de son troupeau. Croisant le regard d'une petite fille qui se réfugia derrière son père, le regard contrarié (sans doute pour une raison indépendante du sermon, l'année avait été assez mauvaise par rapport aux récoltes, après tout)
Un sanglot se fit entendre, presque masqué derrière une porte d'une des chaumières. Lihahiel, peinée par le bruit, fit mine de se lever, mais la porte se ferma brusquement et les sanglots ne se firent plus entendre. Sans doute avait-elle arrêté de pleurer et se faisait consoler par son mari, qui avait trouvé le courage de se lever malgré sa fièvre sévère.
"Qu'est-ce que le Mal ? Comment peut-on le définir ?"
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Arrivée y'a une semaine. Ou peut-être aujourd'hui. Je ne sais pas, je ne sais plus, et très honnêtement, j'en ai rien à foutre. Ce soir, je bois. Comme chaque jour depuis... un an. Ou peut-être depuis aujourd'hui. Je ne sais pas, je ne sais plus, et très honnêtement, j'en ai rien à foutre.
La seconde où j'ai vu la jolie femme s'asseoir sur le roc, je savais qu'on était foutu. Du moins je savais que moi, personnellement l'était. J'étais foutu. J'ai battu ma femme, j'ai battu mes enfants. J'ai un problème. Je suis seul, et même avec eux, j'étais seul. Mais maintenant ils sont partis, et maintenant je suis encore plus seul. J'ai un problème.
Je bois trop.
"Le monde peut être décrit sous deux points de vue différents..."
"Vous savez qu'elle est là pour nous tuer hein ? Juste pour être sûr."
Les gens me regardèrent, avec un air d'appréhension. Un peu comme quand ils regardaient... Elle. Et comme pour elle, ils ne commentèrent pas. Sans doute pour des raisons bien différentes. Planqué derrière un muret, j'écoutais son blabla.
"...Qu'elle soit innée, insuflée ou éduquée importe peu, car le plus intéressant reste sa définition..."
"Au lieu de la regarder comme des cons, vous avez vu avec les anciens ?"
Pendant un instant, son entourage de villageois, cachés derrière les murs des maisons, pleurant et implorant, se tournèrent vers moi. Ils avaient peur. Moi j'avais pas peur, parce que j'avais rien à perdre. Enfin... Si c'était pas pour l'alcool, j'aurais un peu peur, mais là franchement ? ça va.
"Allez voir l'autre là, l'autre con, Galimar. L'autre jour il m'a dit qu'elle était un fantôme vengeur ou une connerie du genre. Clairement il est plus au courant."
"Mais..." fit l'un des badauds, incrédule. "Si c'est le cas, on ne devrait pas lui faire une offrande. C'est peut-être qu'elle est offensée et que-"
"Mais c'est ce que je dis putain, ça fait combien de temps là ? 6 jours qu'on a une femme bizarre habillé en blanc qui raconte de la merde sur la clairière. Vous voulez vraiment attendre le SEPTIEME jour ?"
"Cinquième jour, je crois."
"Bon bah ça va alors. Ramenez le vieux con, demain on lui donne ce qu'elle veut, puis qu'elle casse pas les couilles. Moi j'rentre chez moi, c'est une perte de temps."
Et je repartis d'ou je venais, ou une bouteille, ma solitude, mes regrets, et mon envie de payer pour les conneries que j'ai fait, faisaient un bon cocktail.
La seconde où j'ai vu la jolie femme s'asseoir sur le roc, je savais qu'on était foutu. Du moins je savais que moi, personnellement l'était. J'étais foutu. J'ai battu ma femme, j'ai battu mes enfants. J'ai un problème. Je suis seul, et même avec eux, j'étais seul. Mais maintenant ils sont partis, et maintenant je suis encore plus seul. J'ai un problème.
Je bois trop.
"Le monde peut être décrit sous deux points de vue différents..."
"Vous savez qu'elle est là pour nous tuer hein ? Juste pour être sûr."
Les gens me regardèrent, avec un air d'appréhension. Un peu comme quand ils regardaient... Elle. Et comme pour elle, ils ne commentèrent pas. Sans doute pour des raisons bien différentes. Planqué derrière un muret, j'écoutais son blabla.
"...Qu'elle soit innée, insuflée ou éduquée importe peu, car le plus intéressant reste sa définition..."
"Au lieu de la regarder comme des cons, vous avez vu avec les anciens ?"
Pendant un instant, son entourage de villageois, cachés derrière les murs des maisons, pleurant et implorant, se tournèrent vers moi. Ils avaient peur. Moi j'avais pas peur, parce que j'avais rien à perdre. Enfin... Si c'était pas pour l'alcool, j'aurais un peu peur, mais là franchement ? ça va.
"Allez voir l'autre là, l'autre con, Galimar. L'autre jour il m'a dit qu'elle était un fantôme vengeur ou une connerie du genre. Clairement il est plus au courant."
"Mais..." fit l'un des badauds, incrédule. "Si c'est le cas, on ne devrait pas lui faire une offrande. C'est peut-être qu'elle est offensée et que-"
"Mais c'est ce que je dis putain, ça fait combien de temps là ? 6 jours qu'on a une femme bizarre habillé en blanc qui raconte de la merde sur la clairière. Vous voulez vraiment attendre le SEPTIEME jour ?"
"Cinquième jour, je crois."
"Bon bah ça va alors. Ramenez le vieux con, demain on lui donne ce qu'elle veut, puis qu'elle casse pas les couilles. Moi j'rentre chez moi, c'est une perte de temps."
Et je repartis d'ou je venais, ou une bouteille, ma solitude, mes regrets, et mon envie de payer pour les conneries que j'ai fait, faisaient un bon cocktail.
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Le lendemain, elle était revenue, à la même heure. Avant qu'elle ne commence son sermon, un vieil homme assis l'attendait. une légère brise faisait flotter les mèches de Lihahiel, lui donnant une apparence fantômatique.
"Ma Dame... Pourquoi êtes-vous là?"
La manière dont elle tournait la tête était troublante, presque inhumaine.
"Que voulez-vous dire ?" demanda-t-elle avec un étonnement qui n'avait pas l'air d'être feint.
Galimard choisit très prudemment ses mots. Il ne croyait pas aux esprits et à l'animisme, mais il était très réaliste. Toutes les personnes qui avaient suivi la créature à l'apparence féminine ne revenaient jamais. Et certains parlaient d'une créature à l'apparence monstrueuse rôdant dans les parages la nuit. La corrélation n'était qu'évidente.
"Je veux dire... Vous n'étiez pas là, et un jour, soudainement, vous êtes venue. Vous parlez notre langue et vous nous comprenez, mais vos discours semblent pourtant incompréhensible. Nous ne sommes que de simples villageois, et nous voudrions pouvoir vivre notre vie tranquille."
"Je venais dans ce village souvent, il y a longtemps."
"Depuis combien de temps ?"
"Longtemps."
"Ma Dame... Pourquoi êtes-vous là?"
La manière dont elle tournait la tête était troublante, presque inhumaine.
"Que voulez-vous dire ?" demanda-t-elle avec un étonnement qui n'avait pas l'air d'être feint.
Galimard choisit très prudemment ses mots. Il ne croyait pas aux esprits et à l'animisme, mais il était très réaliste. Toutes les personnes qui avaient suivi la créature à l'apparence féminine ne revenaient jamais. Et certains parlaient d'une créature à l'apparence monstrueuse rôdant dans les parages la nuit. La corrélation n'était qu'évidente.
"Je veux dire... Vous n'étiez pas là, et un jour, soudainement, vous êtes venue. Vous parlez notre langue et vous nous comprenez, mais vos discours semblent pourtant incompréhensible. Nous ne sommes que de simples villageois, et nous voudrions pouvoir vivre notre vie tranquille."
"Je venais dans ce village souvent, il y a longtemps."
"Depuis combien de temps ?"
"Longtemps."
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