ft. Ersa
13 Octobre an 3
Quelques jours après être partie vadrouiller dans les terres shouméiennes, il m’aura fallu un temps avant de retourner à Célestia. Ma quête n’étant pas terminée et voyant les dangers que j’aurais sûrement à affronter, il me faut regrouper des hommes prêts à s’engager dans un voyage à mes côtés. Ma rencontre avec Aryan et Cornue me trouble et il est certain que ce n’est que le début d’un monde qui s’ouvre à moi. Une fois arrivée aux portes de la ville en haut des montagnes, je décide d’y rester deux jours afin de récupérer des hommes vaillants et entraînés, vêtus d'une bonne armure, d’une épée et d’un bouclier. Comme je leur explique, ceci n’est pas une croisade néanmoins, nous pouvons considérer cela comme un entraînement et une étude de terrain, car tôt ou tard nous finirons par sortir de Célestia et permettre au monde d’ouvrir les yeux. Trop longtemps les hommes se sont émancipés, perdus dans les ténèbres et corrompus par le chaos qui règne en leur cœur.
Nous autres, peuple du Nouvel Ordre, les phénixiens, nous allons permettre à Shoumei de devenir une terre plus prospère, propice à une nouvelle ère. Une ère d’amour, de gloire et de paix, une ère où les Hommes retrouveront leur vertu et la foi. Je compte aider ces hommes et ces femmes à se relever, à regarder droit devant eux sans avoir peur, prenant conscience que si nous brandissons des armes, c’est avant tout pour se défendre du mal qui guette nos portes. Nul doute que les mots ont leur importance et cela fait partie de mon adage, avant de lever les armes. La voix apporte bien plus de poigne que le fer et j’espère pouvoir libérer certains Hommes d’une fatalité. S’ils ne pardonnent point et s’ils n’acceptent pas les titans dans leur cœur, dans leur vie alors, ils seront punis par un jugement divin. Je ne suis pas détentrice d’un tel pouvoir, je ne suis qu’une messagère apportant avant tout le respect et l’amour, préférant communiquer avant de punir sans raison et ainsi permettre aux égarés de se repentir.
A Célestia, un groupe de dix hommes attend aux portes, chacun vêtu d’une cape rouge avec le symbole du phénix arboré, leurs bottes foulant la neige épaisse et saluant leurs femmes et leurs enfants avec tendresse. Ce sont ces moments déchirants et émouvants qui apportent une force dans le cœur des Hommes, ce qu’ils appellent communément "l'amour". Je le ressens, bien que ce soit différent. Vêtue de ma robe noire religieuse, je tiens en main ma claymore que j’accroche dans mon dos. Cette fois-ci, je ne prends pas mon sac avec mon carnet et mon encrier, aujourd’hui sera ma préparation pour mon excursion au devant d’un monde défait par les abominations des Hommes, leur déchéance et la puanteur de leur crime. Il est temps pour moi d’affronter la vérité, de comprendre que le monde ne peut pas être aussi pur et bon qu’ici à Célestia.
La ville sainte m’a énormément apportée et je me dois de grandir, de prendre en maturité et de comprendre que je ne peux sauver les parjures. Seuls les Divins ont ce pouvoir mais je serai celle qui transmettra un message, celle qui prône la foi véritable et la confiance envers les seuls êtres capables de créer toutes choses. Ils ont trop longtemps été oubliés des Hommes et ceux d’aujourd’hui ne voient que le malheur et la désolation. Il faut qu’ils comprennent que tout ceci est en partie de leur faute, que sans les prières et la foi, leur place au sein du royaume divin ne leur sera pas accordée. Je regarde mes frères d’armes d’un oeil avisé et entame un rappel :
— Mes frères, aujourd’hui nous partons en étude de terrain, cherchant des points intéressants au-delà de Célestia et des Rocheuses. Nous manquerons de denrées et il nous faudra très certainement éviter des endroits inhospitaliers. L’un de vous dressera une carte en notant les points accessibles et avantageux pour Célestia. Nous ferons également du repérage sans trop se mouiller, nous ne sommes pas là pour affronter inutilement des païens. Si tant est que l’on en trouve, ne brandissez pas les armes sans mon approbation.
Ils acquiescent et nous partons ensemble, descendant les escaliers jusqu’à prendre les chemins tortueux des montagnes. Je ne souhaite pas voler et préfère entreprendre le voyage à pied auprès de mon groupe de fantassins. Nous mettons bien deux jours pour traverser les points escarpés des montagnes et des rocheuses, profitant de la nuit pour se reposer au coin du feu. Chacun ayant un paquetage permettant de placer de l’eau dans des gourdes et de la nourriture, l’un d’entre nous garde les ustensiles de cuisine et de quoi faire un feu. Nous restons prévoyant sachant que sans la capacité de vol, les hommes sont bien plus lents.
Je reprends la route principale avec mes hommes, menant en direction de Maël. Nous n’irons pas jusqu’à la ville, nous allons surtout regarder les alentours et chercher des repères, trouver des points clés d’eau et de nourriture. Le temps n’est pas radieux, l’automne est là et les feuilles tombent d’une couleur orangé sur le sol rocailleux. Nous découvrons un sentier et décidons de l’emprunter, nous avançons dans une forêt plutôt calme où seuls le bruit du vent qui s’engage dans la cime, un chant d’oiseau un peu plus loin et puis plus rien. L’endroit n’est pas sinistre mais l’atmosphère est lourde et palpable. L’un de mes gardes brandit un point et nous nous arrêtons. Il nous fait signe de nous taire, je m’avance jusqu’à lui et il me fait signe qu’il voit quelque chose devant. Je décide de prendre les devants et leur demande de rester aux aguets.
Le sentier s’écarte et fait place à une petite colline où se dresse un arbre solitaire et vieux, très vieux. Seulement, quelque chose rôde et je n’arrive pas à déceler quoi.
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Elle devait arrivée au village en fin de matinée, le soleil réchauffait timidement la fraîcheur de la nuit. Les arbres rappelaient que les temps de la préparation était venu, les bûcherons s'affairaient a garnir le stock de bois.
La naine avançait tranquillement, ne pressant pas l'allure de sa monture, emmitouflé dans une cape brune qui dissimulait ses armes et son armure. Elle lui était surtout utile pour s'habitué au climat de l'Ex Shoumei. Sa première étape était l'auberge pour prendre un repas chaud et un verre du tord boyaux local. Elle finit la journée au rythme de ses errances et des discussions avec les habitants. Elle glanait des informations de ci de la et avait trouvé le lieu qui servait de point de retrait au chef de culte.
Ersa n'avait pas pris la route tout de suite pour ne pas attirer l'attention des fidèles mais avait attendu le lendemain matin pour s'éclipser du village. La forêt semblait plus menaçant que la veille, ou peut être était ce elle qui avait changé d'attitude, elle s'était mise en chasse et cela la faisait sourire. Elle eu un frisson et glissa sa main sur son flanc jusqu’à la flasque qui pendait à son ceinturon. Quand elle eu dévissé le bouchon dans un geste devenue naturelle, elle l'approcha de ses lèvres, l'odeur puissante de la liqueur de pomme lui emplissait les narines. La chaleur se propagea jusqu'à son estomac la réchauffant, cette sensation si familière mais toujours aussi satisfaisante de l'alcool s'insinuant dans son corps et ses pensées, bloquant une partie des souvenirs de la guerre.
Elle accéléra l'allure, sa cape s'ouvrant sous la brise du trot de sa monture pour laisser apparaître une armure de cuir noir au renfort doré. Elle avait caler son arc sur le pommeau de sa selle. Le ciel s'était voilée, les oiseaux ne chantait plus comme si il sentait que la louve était en chasse. Une petite clairière ronde se dessina entre les arbres, elle avait enfin atteint l'endroit indiqué par les habitants.
Elle s'arrêta pour scruter la colline ou trônait l'arbre solitaire. La naine hésite un instant, l'homme semblait absent mais les sens de la louve était assez affûté pour entendre qu'il y avait du mouvement dans la forêt au alentour. Elle posa sa main sur son arc comme si le contact de la poignée la rassurait, la guidait. Elle avait un mauvais pressentiment, l'homme qu'elle cherchait n'était pas la mais elle avait le pressentiment qu'il se passerait quand même quelque chose. Elle décida de rester humaine, mais pris une flèches avant de referma sa cape et repositionna sa capuche pour dissimuler son visage.
Elle talonna sa monture, la faisant avancer au pas pour franchir la lisière de la forêt pour pénétrer dans la clairière se dirigeant vers l'arbres au sommet de la colline.
CENDRES
— Nous ne sommes pas seuls. J’aimerais quatre hommes avec moi et le reste de la troupe, restez en arrière si quoi que ce soit survient. Vous pourriez nous être un soutien si les choses venaient à mal tournées.
— Bien madame.
Je sélectionne les quatre hommes qui vont m’accompagner et commence l’excursion vers le point où j’ai aperçu l’étranger. Le bruit métallique des armures est désagréable et le poids des armes enfoncent un peu plus leur botte dans la terre, laissant leur empreintes de pas apparentes.
Pour une fois dans ma vie, je prends la tête d’une escouade et donne des ordres, ce qui n’est pas dans mon tempérament à l’origine. Pourtant, je ressens le besoin de prendre les choses en main et surtout de devenir quelqu’un qui s’affirme et qui sache sur quel pied danser. Ce que j’apprécie, c’est le fait que mes hommes écoutent et sachent communiquer. Ils ont leur égo mais savent très bien ce pour quoi ils sont ici et quels sont nos objectifs. Depuis ma rencontre avec Aryan et Cornue, je sais que ma quête envers les titans n’est pas ma seule ambition. Je souhaite avant tout apporter la Lumière et sauver les mortels d’une rédemption certaine. Je crois toujours en la puissance de la parole, plus que par l’action. Je manque encore cruellement de connaissances sur les mortels et leur manière d’aimer le chaos et l’injustice. Pourquoi se sont-ils détournés des titans ?
Nous remarquons le canasson et faisons une halte devant lui. Je ne remarque pas le cavalier avant de remarquer une petite jambe qui dépasse. Il s’agit en fait d’une cavalière de petite taille, sa crinière flamboyante émet de jolis reflets. Je reste aux aguets, de même pour les fantassins qui gardent leur main sur le pommeau de leur épée.
— Bonjour étrangère. Vous semblez bien loin de chez vous.
- Spoiler:
- (HRP : Utilisation du pouvoir Vol + senseur 1)
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Puis quelques instants plus tard, un son caractéristique de pièces de métal qui cliquetaient, des hommes en armures, il y avait plusieurs hommes. Elle se concentra encore pour essayer d’isoler le son des fourreaux vide, mais elle ne distingua rien de son creux, les lames ne devaient pas être sorties du fourreau pour le moment. Au moins, ceux qui approchaient ne voulaient pas la tuer dans ses moments d’égarements.
Elle prit une grande inspiration, faisant le vide dans son esprit, essayant de dissiper le brouillard de liqueur pour avoir l’esprit clair. Ils étaient proches de Mael, il y avait de grandes chances que ce soit des Reikois, mais pourquoi sa hiérarchie ne l’aurait pas mis au courant, pourquoi ils auraient envoyé une gardienne du Berceau si l’armée était déjà sur place. Cela pouvait aussi être des fanatiques de sa cible, mais ils n’avaient quasiment jamais d’armure. Des fanatiques des Titans, cela avait autant d’ampleur ? La naine grogna légèrement, les intrus venaient à sa rencontre et elle ne savait pas pourquoi, mais la louve était méfiante.
Ersa s’était tourné vers le groupe en armures, il ne semblait pas l’avoir remarqué au départ, l’avantage d’être de petite taille. Le deuxième avantage, c’était qu’à part les mages peu de personne l’identifié comme une Lycanthrope. Elle put tirer profit de cette légère avance pour détailler le groupe, les quatre hommes avaient stressé s’attendant à une attaque de toute part, essayant sûrement de trouver les renforts qui accompagnait la jeune femme ne pouvant pas imaginer la jeune femmes seule au milieu de nulle part. La femme qui avait l’air de mener la troupe avait l’air plus détendu, sûrement parce que ses mains n’étaient pas sur le pommeau de son arme.
- Bonjour étrangère, vous semblez bien loin de chez vous.
Ersa souffla entre ses dents étirant un sourire joueur. Elle croisa les bras justes sous sa poitrine, en décalant les hanches de façon à paraître détendu, mais ses doigts commencèrent à tapoter sur ses cotes. De sa main droite, elle tissait un fil léger et discret de glace jusqu’au pommeau de sa lame. Elle n’avait pas l’intention de déclencher le combat, mais il y avait quatre hommes qui étaient prêts à dégainer leurs épées.
- Bonjour Voyageurs, tout le territoire de l'empire est chez moi. Je suis une vagabonde au service de l'empereur Tensei.
Les doigts de la naine accélérèrent leur rythme en attendant la réponse du groupe qui lui faisait face, la nervosité commençait à gagner du terrain. Elle essayait de jauger les personnes présentent, savoir leurs états de nervosité, une question sur les fanatiques se présenta à elle, mais elle n'osa pas la poser de peur qu'ils soient avec sa cible. Elle détourna alors sa question de manière plus générale.
- Je peux savoir ce que vous faites dans les parages ? Armé et nerveux, c'est un mauvais mélange qui n'amène rien de bon.
Ersa espérait que leur mission n'était pas hostile, il y avait cinq personnes face à elle, mais la naine était sûre que ce n'était pas l'effectif complet des voyageurs. Si jamais l'action se déclenchait, elle devrait agir vite et survivre.
CENDRES
La question de la naine est légitime, typique des mortels voulant toujours connaître les intentions d’autrui. Je lève ma main et signale à mes hommes de se calmer. Cependant, rien ne nous empêche de rester sur nos aguets. Mon regard ambré et lumineux dévisage la personne qui se poste devant nous, son visage n’a pas les caractéristiques attendues du Reike. Peut-être avais-je une idée dans la tête dans leur façon d’être. Je les vois plutôt comme des sauvages, beuglants et assoiffés de sang, un peu comme ces contes pour enfants avec des monstres prêts à les dévorer. Je ne souhaite pas l’effrayer, cette femme pourrait avoir de précieuses informations à dévoiler. Je prends une chaleureuse et réponds à ses questions, sans pour autant avouer toute la vérité. Mes ailes repliées, je reste surprise qu’elle ne soit pas étonnée de trouver un ange au milieu des bois. Cela me fait sourire, peut-être n’est-ce pas la première fois qu’elle en voit. Voici une piste à explorer.
— J’ai choisi de parcourir le monde accompagnée de valeureux guerriers croisés en cours de route. Mes intentions sont pures et je suis curieuse de nature. J’ai pu rencontrer également quelques voyageurs qui nous ont alertés sur des bêtes sauvages près de ces lieux. La prudence est de mise. Avez-vous besoin de vous reposer ?
Je ne souhaite pas l'agresser et, au contraire, lui montrer que je suis ouverte à la conversation. L’illusion que j’ai subi il y a quelque temps n’est certainement pas le reflet de la réalité. J’ose croire que la mortelle qui me fait front n’est point une ennemie. Après tout, les paroles valent mieux que les armes, le combat n’amène que le sang et ne répare pas les maux. Je lui montre les racines de l’arbre au milieu de la colline et lui explique :
— Si vous le souhaitez, nous avons de quoi nous sustenter. Nous souhaitions faire une halte. Permettez-moi de vous posez également cette question mais, auriez-vous rencontré d’autres personnes comme moi sur vos terres ? Je crois que j’ai besoin de réponses et le monde est si vaste qu’il me faut découvrir chaque recoin de ce monde. Je vous avoue être sur mes gardes et un peu perdue.
Autant jouer la carte de l’ange millénaire crédule et en manque de connaissances, même si, théoriquement, c’est toujours le cas. Le monde est vaste et je n’ai reçu qu’une éducation basée sur le savoir de mortels shouméiens. D’autant que leur vision écclésiastique ainsi que la destruction de leurs terres ne peut pas être une vérité absolue. Chacun mérite le droit à la parole et j’espère apprendre une partie de l’histoire auprès de cette nouvelle rencontre. Néanmoins, il ne faut pas oublier que les anges sont peut-être encore mal vus.
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Ersa avait gardé son sourire, le léger malaise à l'énonciation du prénom de l'empereur ne lui avait pas échappé, mais c'était une réaction assez courante dans ce nouveau secteur de l’empire. L’ange avait réfléchi à ses réponses comme si elle cherchait ses mots pour ne pas faire de faux pas. Mais avant de briser le silence, elle avait demandé à ses hommes de lâcher leurs armes, bien que leurs mains ne s’en éloignement peu, la naine suivirent leurs exemples, brisant les fillins de glace qu'elle avait tissée sur le pommeau de son arme. Elle laissait son ouïe à l'œuvre au cas où, prête à se défendre. Enfin, elle esquisse un sourire avant de lui expliquer qu'elle parcourt le monde curieux d'en apprendre plus, accompagnée de personnes croisées au hasard des chemins avec des intentions pures. Pour Ersa le concept d'intentions pures n'était qu'un voile pour ne pas avoir à ce justifié car la pureté de l'un peu être le péché de l'autre et dans ce monde peu de personnes ne pouvait se prétendre désintéresser. La naine eut un léger rire quand elle lui parla des bêtes sauvages, bien sûr, il y en avait un peu partout pire encore depuis le retour de ses maudits titans, mais bien peu osait s'attaquer aux lycans sans réelles motivations.
- Excusez-moi, il y a quelques bêtes qui rôdent, en effet, surtout depuis le début de la dernière guerre. Il faut rester prudent, les monstres aujourd'hui on bien des visages. Mais ne vous inquiétez pas pour moi, j'ai l'habitude des longues journées.
Depuis son arrivé au berceau, Ersa avait du mal à trouver le sommeil, plus de mal à complètement contrôler la louve. Son caractère en avait pâti, déjà la guerre et les pertes l'avait changer, mais la louve la rendait plus à cran. Est-ce que cela se voyait tant que cela ? Était cela qu'elle proposait du repos ? L'ange, elle, avait l'air plus paisible, tellement que la claymore dans son dos détonnais. Le sourire de la naine se fit plus intense quand la pensée que les femmes se faisant face pouvaient être des opposées une douceur apparente face une bestialité dissimulée, mais toutes deux créées par les titans.
- J'ai ce qu'il me faut.
Dans un geste, elle montra une petite sacoche d'où dépasser une flasque sur son ceinturon. Et elle finit ce geste en posant sa main sur son ceinturon, glissant un pouce entre le cuir et sa tunique.
- Cet arbre peut vous accueillir pour une pause, il offre une vue sur la forêt aux alentour.
Elle s'arrêta un instant pour poser son regard sur les arbres qui les entourait appréciant cette position
- J’ai déjà rencontré des personnes de votre race, mais très rarement dans de bonnes conditions. J'ai plus souvent croisé le fer avec eux que des mots. Les titans ont fait tourner pas mal de tête. Malheureusement, je ne pourrais pas vous éclaircir sur votre race, ne comprenant déjà pas la mienne.
Une flamme s’allume brièvement dans son regard, le reflet doré passant au-dessus de l'émeraude de ses yeux. Elle attrape sa flasque, dévissa le bouchon avant de la porter à ses lèvres. L'odeur de la liqueur lui piqua le nez avant qu'elle ne sente le goût.
- Vous avez raison de rester sur vos gardes, même si nous avons gagné la guerre, pour certains fanatiques ce ne sera jamais fini.
La naine remplaça ses mains sur son ceinturon, elle avait lancé la phrase pour jauger le groupe en face d'elle, mais sans dire tout ce qu'elle pensait pour ne pas déclencher les hostilités. Mais elle sentait que quelque chose n'allait pas dans cette rencontre, elle avait besoin d’en savoir plus sur les personnes qu'elle avait en face d'elle.
CENDRES
— Je vois que vous ne portez pas les titans dans votre cœur. Sachez que les anges, comme liches et toutes entités vivantes sur Sekaï existent grâce à ceux pour qui vous brandissez les armes. Ils ont causé des souffrances, abandonnant même leurs propres enfants, et pourtant, Sekaï perdure. Ce qui tue le plus, ce ne sont pas les titans. Ce sont les Hommes qui s’interposent par rapport à leurs propres idéaux, préférant vivre dans la perfidie et la douleur. C’est en cela que les Titans sont intervenus sur le monde.
Je sens mes hommes avoir un regain d’espoir, je représente avant tout le Nouvel Ordre et ne peut renier mes origines. Il me faut réagir à ce qu’elle dit, espérant qu’elle puisse comprendre mon point de vue et ne pas s’emporter telle une reikoise intrépide. J’espère du fond du cœur que la naine ne se fâche pas, je veux croire en la parole et souhaite pouvoir changer une partie du monde. Qu’elle puisse intégrer dans son esprit que le Mal réside ailleurs que dans des entités divines.
— Le monde ne peut ployer le genou sous une seule et même bannière. Nous vivons selon des préceptes qui nous interpellent. Peut-être que pour vous, il s’agit de vous laisser abuser par un roi tyrannique, aimant martyriser tout ceux n’ayant pas la même façon de penser. La plupart des êtres se sont détournés du véritable chemin, préférant verser le sang et brandir les armes plutôt que de vouloir aimer son prochain et prier pour ceux qui pourront les aider. Si les mortels s’entraidaient plutôt que de vouloir conquérir, voler, mentir ou tuer. Le monde serait bien différent.
Je fais une pause, une esquisse de sourire en coin. Au fond de moi, j’ai mal en imaginant toute la haine, toute la violence engendrée par des querelles qui n’ont aucune raison d’être. Autant pour un mortel prônant la foi, je suis l’incarnation même de leur existence et suis avec amour leur dictat. Aryan a peut-être raison, peut-être devrais-je plutôt me concentrer sur ma propre voie plutôt que de vouloir enrôler tout le monde au Nouvel Ordre. Chaque jour mon amour grandit pour le monde et ces mortels en détresse. Tout ce que j’aspire, c’est pouvoir leur venir en aide et les aider à atteindre la pureté.
— Je sais que tout cela n’est qu’utopie et que rien n’y personne ne pourra modifier le cours du temps. J’ose juste espérer que les gens s’écoutent plutôt qu’ils ne se bagarrent pour des miettes. Le monde va mal car il est devenu impur et sale. Ce qu’il faut, au monde, c’est une Mère ou un Père qui leur montre une manière d’être, de sensibiliser à la cause d’autrui sans les dénigrer. J’ai vu un homme perdre l’ouïe, la vue et la langue car il incarnait le Mal. Il n’est pas mort, juste, on lui a retiré ce qu’il a retiré aux autres. Cela s’appelle un juste châtiment.
Soudain, un cri strident résonne tout autour de nous. Le vent semble ainsi que le chant des oiseaux semblent s’être tués, laissant un vague sentiment de malaise. Quelque chose s’approche et mes sens m’alertent. En effet, nous ne sommes pas seuls. J’entends mes hommes laissés près de l’arbre géant sonner dans le cor et dégringoler vers nous. L’un d’eux se prend une racine et tombe au sol, restant proche du sommet de la colline. Un de ses confrères se retourne et d’un bref mouvement, l’attrape par l’épaule et le tire. Soudain, des pattes velues se faufilent jusqu’aux deux hommes. Mes yeux s’écarquillent et voilà qu’une immense araignée fait son apparition. Une Geomi se dresse sur ses six pattes arrières, les deux autres en avant avec ses deux mandibules prêtent à planter les griffes dans le corps du croisé à terre. Son compagnon brandit l’épée pour tenir tête à la monstruosité qui fend vers lui avec une telle rage, il se débat d’un revers du bras droit mais la bête continue son ascension vers leur direction. Sans hésiter, mon groupe court vers la Geomi tandis que je regarde la naine. Avant de m’envoler au secours d’un des croisés, je demande solennellement ceci :
— Reikoise, c’est le moment de faire un choix. Allez-vous aider votre prochain, même si vous n’avez pas la même manière de penser ? Ou aller vous rester là, simple spectatrice ?
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Ersa voulut répondre, trouvant ce laïus beau à entendre renforcer parla conviction que la femme y mettait mais totalement idéaliste, vide de sens pour la louve. Vénérer les titans en prônant l’amour et le respect, alors qu’eux s’amuser de la mortalité et des souffrances de leurs créations, c’est comme si elle se mettait prônait la fidélité à l’empereur pour des grattouilles entre les oreilles. Mais avant qu’elle puisse répondre et peut-être s’emportait, un cri résonna dans la forêt, des cliquetis d’insecte s’élevèrent autour de la clairière. Des soldats, sûrement le reste de l’escorte de l’ange sortirent des bois, fuyant comme si les titans eux même les poursuivaient.
Il ne fallut pas longtemps pour que la raison de leur fuite s’impose à la vision de la naine, une géomi qui avait trouvé son repas. Les hommes autour de l’ange partirent à toute vitesse en renfort de leurs collègues en contre-bas et l’ange se tourna vers elle pour lui demander ce que fera la naine dans ce qui pourrait être un dilemme.
Son esprit s’enflamme explorant les possibilités, la fuite n’était pas une option, elle ne pourrait pas laisser cette horreur aussi proche d’un village, même si les habitants avaient pour l’habitude de cracher sur les soldats de l’empire. Elle ne pouvait qu’affronter la créature avec ses voyageurs aux mœurs discutables ou les laisser faire pour s’adapter ensuite. Une douleur lui vrilla le crâne et elle se figea les mains sur les tempes pendant un instant, la louve voulait prendre le dessus et ce ne serait sûrement pas pour juste manger de l’araignée.
Enfin, elle réussit à articuler avec une voix plus rauque qu’auparavant, comme si elle souffrait.
- Je ne fais pas cela pour votre discours, mais parce que cela doit être fait.
Ersa vida la fin de sa flasque qui ne pouvait plus fermer et la jeta pour se retourner vers sa monture. Son arc glissa de la selle pour se caler au creux de sa main. Elle attrapa d’un geste fluide une flèche de son carquois pour l’encocher et enfin tendit la corde de son arc en s’alignant avec la créature. La corde claqua, la flèche partie dans un sifflement, l’araignée avait quasiment atteint le premier groupe se levant pour dominer de toute sa hauteur le premier homme se dressant en défenseur. Le projectile passa entre le groupe de renfort, causant un réflexe de sursaut pour les deux plus proches et atteint l’araignée au milieu du thorax. Le claquement de la flèche stoppa son attaque la faisant retomber devant l’homme, mais la flèche ne pénétra pas la plaque de chitine, ne laissant qu’une marque profonde. Une deuxième flèche vint se planter dans sa tête qui la fit vaciller, mais elle ne s’était pas plantée assez profondément pour que l’araignée s’écroule.
Ersa ne pourrait sûrement pas la tuer à cette distance, elle ne pourrait que servir de soutien à ses alliés improbables, mais elle préssentait que cette bestiole n'était pas toute seule.
- Je pense que vous devriez aller prêter mains fortes à vos hommes, je ferais ce que je peux d'ici
Déployant mes ailes tel le phénix, ma claymore en main, je prends mon envol en direction de la bête. Personne ne touchera aux cheveux de mes compagnons et il est temps de montrer de quel bois je me chauffe. Je concentre mon mana dans mon arme qui s'imprègne d’une lumière éclatante. Une fois à hauteur de ma troupe, je pose un pied à terre et tend ma lame devant moi, faisant un tour, puis deux avant de libérer toute l’énergie de lumière dans la lame. Un cône de lumière est propulsé telle une vague et heurte la créature qui recule de quelques pas. Ses pattes ont subi de légers dégâts, quelques écorchures liées à la lumière tangible. La Geomi émet un étrange grognement qui se met à résonner dans toute la forêt, une nuée d’oiseaux s’envole et l’atmosphère s’assombrit davantage. Le vent s’intensifie et le ciel se noircit, j’utilise alors ma senseur magique pour pouvoir comprendre ce qu’il se passe et là, je suis complètement pétrifiée. Les poils se dressent sur mes bras, un frisson parcourt mon être, je perçois non pas une, non pas deux, mais plus d’une dizaine de geomis qui nous entourent. Ces créatures sont fourbes et tissent certainement déjà leur toile autour de la clairière, nous empêchant de rebrousser chemin. Je n’ai pas le temps de retourner auprès de la naine et utilise ma capacité de télépathie, en espérant qu’elle ne me ferme pas son esprit.
*Naine, nous sommes encerclés par une dizaine de geomis. Nous ne pouvons repartir et il va falloir les terrasser.*
Je suis certaine que l’énorme Geomi doit être la mère et qu’elle cherche à protéger son territoire. Après tout, nous avons pénétré une forêt en bordure des territoires reikois et des terres désolées de Shoumeï. J’aurai très certainement dû utiliser ma senseur magique un peu plus tôt, désormais nous sommes confrontés à des bêtes hostiles. j’ordonne à mes hommes de prendre position, je m’occupe ainsi de soigner la jambe du croisé encore à terre. Mes mains au-dessus de sa blessure, j’entame le processus de magie de guérison. Toutefois, je dois conserver mon mana pour le combat à venir. Mes hommes s’inquiètent et l’un d’eux nous prévient.
— Il y en a plusieurs qui sortent de la lisière de la forêt. Deux proches de notre position, trois derrière nous, trois sur notre gauche et la naine en a deux qui se dirigent vers elle. Leur taille n’atteint pas plus de deux mètres à en croire leur envergure.
— La naine saura s’en sortir, elle est dotée d’un destrier. Nous pourrions nous séparer pour éviter d’avoir toutes les geomis sur un même point. Vous vous sentez d’attaque de prendre une créature chacun ?
Tandis que mes hommes se séparent, afin de tenir tête à chacune des monstruosités, je préfère affronter seule la mère qui se dresse devant moi. Ses huit yeux aussi noirs que des pierres d’onyx reflètent la lumière de ma lame, elle sait que nous ne reculeront pas. J'aurais aimé lui faire peur plutôt que de devoir les terrasser mais, il est de mon devoir de protéger les miens. Je jette un œil en arrière et aperçois la naine un peu plus haut. Il s’agit d’une guerrière et au vu de ses performances, je suis certaine qu’elle saura faire les bons choix. Deux de mes hommes sont allés dans sa direction pour s’occuper des deux petites araignées sortant des bois.
L’énorme Geomi se dresse, un silence puis un étrange son se fait entendre, la forêt murmure un chant sinistre tandis que je cours en direction de la bête avant de m’envoler d’un bond dans sa direction, la lame en arrière, mes mains tenant la poignée avec force. Me dirigeant vers son thorax, celle-ci se met dans une étrange position, deux de ses pattes en avant avec ses deux mandibules prêtent à cracher du venin.
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*Naine, nous sommes encerclés par une dizaine de geomis. Nous ne pouvons repartir et il va falloir les terrasser.*
Ersa eut un peu de mal à comprendre comment elle pouvait entendre l’ange aussi bien alors qu’elle était toujours auprès de ses hommes. Le message était clair, la situation c’était encore empirer, mais il y avait aussi un autre message dans l’esprit de l’archère. Rien n’obligé l’ange de la prévenir même si la situation demandée un maximum d’allié, Ersa avait la certitude qu’elle n’avait pas besoin d’elle pour survivre a tout cela. L’ange essayait peut-être réellement d’aider tout le monde, même si sa croyance n’était pas au goût de la naine.
Elle avait vu les homes de l’ange se mettre en formation pour accueillir les nouvelles araignées et les deux hommes qui se séparaient du groupe pour se diriger vers elle. Elle essayait de se ressaisir, secouant la tête pour dissiper les brouillards qui s’était formée dans sa vision. Après un regard tout autour d’elle et aperçu les deux geomis plus petites qui s’approchait. Elle avait encore un peu de temps avant de devoir s’occuper d’elles. L’ange se dressait face à la plus grande des araignées avant de fondre sur elle. La bête se redressa, la corde de l’arc claqua quasi aussitôt, la flèche siffla en direction de la créature, mais l’archère n’eut pas le temps de s’assurer de la précision de son tir qu’un jet de venin la percuta à l’épaule. L’impact suffit à la projetée au sol, ces sales bêtes aussi savait faire à distance et elle l’avait oubliée.
Le poison s’insinua entre les plaques de cuit, imbibant sa tunique, attaquant sa peau dans un pic de douleur puissant. Elle se posa sur les genoux en serrant les dents, essayant d’enlever son armure, mais son épaule gauche était e plus en plus raides. Elle tendit les doigts et traça une petite rune de glace ; qui se mit aussitôt à briller. Son armure se mit à disparaître avec sa tunique, laissant apparaître sa peau et la trace du poison qui avait brûlé une partie de sa peau. Son armure réapparut sous sa main à l’emplacement de la rune. Elle se redressa fébrilement et essaya de faire une rotation avec son épaule tout en grognant de douleurs. Les deux araignées avaient continué leur avançait. L’archère attrapa deux flèches de son carquois qu’elle encocha, tira sur la corde, serrant les dents sous la pression que l’arc exercait sur son bras. Le claquement de la corde fit écho à celui de la douleur de son épaule. Elle ne pouvait pas arrêter de se battre, mais l’arc ne serait pas une option viable longtemps.
Les araignées s’étaient redressées pour cracher un jet de venin, au moment où les flèches les atteignirent juste au-dessus des mandibules, près de l’endroit ou devaient se trouver leurs poches à venin. L’archère se jeta sur le côté pour éviter les crachas, son armure avait arrêté le premier choque, maintenait qu’elle n’avait plus qu’une bande de tissu comme protection elle préférait éviter tout contact avec le poison. Elle calcula mal son atterrissage et son épaule percuta le tronc. Elle hurla, a la fois de douleurs et de colère. La douleur avait enflammé son corps un instant et puis plus rien, elle perdait la sensation de son corps comme si elle s’évanouissait, enveloppée dans un cocon froid. Un instant, la peur prit le dessus pensant à l’effet du venin, mais elle ne s’était toujours pas faite au nouvel effet secondaire de sa transformation. Le froid l’avait totalement envahi, comme prisonnières de son propre corps. Elle sentit son corps tombé comme si on avait coupé les fils d’une marionnette. Et sentit son corps convulsait, se transformait, déchirant sa peau, la bande qui lui recouvrait la poitrine et son ceinturon, elle ressentait ses transformations sans ressentir toute la douleur que cela lui procurer avant.
Lentement, la louve se redressait contre le tronc, le bras blessé toujours ballant, elle poussa un rugissement qui figea les soldats et les araignées en face d’elle. Les soldats avaient intercepté les geomis pensant sûrement que la naine serait hors combat, ils avaient commencé à reculer, mais maintenant ils ne savaient pas réellement s’il préférait les araignées ou la louve qui les avaient agacées plus tôt. La louve reforma un signe de glace pour faire apparaître son épée longue et s’élança vers les créatures, accélérant à chaque foulée. Elle bouscula les deux gardes hors de portée d’attaque physique et profita de son élan pour se jeter sous l’araignée la plus proche, profitant de sa vitesse pour asséner un coup qui déchira la chitine. La bête s’affaissa sous le coup, la louve se remit sur ses pattes faisant tourner son épée avant de la pointé vers les hommes puis vers l’ange. Elle espérait que les deux soldats comprendraient qu’elle n’avait pas besoin d’eux. Dans un espèce de glapissement, elle força les deux araignées à mettre toutes leurs attentions sur elle. Une était encore indemne pour le moment et l’autre était assez mal en point, mais se relevait en tremblant.
Les petits groupes de fantassins ecclésiastiques s’acharnent avec une telle violence que cela en reste inouïe. Tandis que leur armure de métal et les quelques vêtements qui dépassent, finissent par être tachés d’un sang presque noir. Tous hurlent avec véhémence, en proie à une telle rage, un tel déferlement de violence que cela me donne une certaine adrénaline jamais ressenti jusqu’alors. Mon cœur s’emballe et mon corps se contracte, tandis que le bruit des épées qui tranchent la chair des araignées géantes et l’excitation du combat est de plus en plus présent. Je n’ai pas le temps de voir ce qu’il se passe derrière moi, bien trop concentrée sur la mère des Geomis qui me fait face. Celle-ci est plus intelligente, plus redoutable et sans doute plus agressive que ses pairs. Ses deux mandibules en avant, elle recule de quelques pas avant de fendre l’air et tenter de m’empoisonner de ses énormes mandibules. Une flèche heurte un endroit et celle-ci se retourne avant de cracher son venin dans une direction. Je ne cherche pas à savoir vers qui la mère des araignées à jeter son dévolu, mais je profite de cette opportunité pour voler autour et écorcher comme je peux la bête. Ses huit yeux noirs m’observent avec un éclat de lucidité, cherchant à anticiper mon vol. Ses pattes filiformes et poilues tentent de me barrer la route, le poids de ma claymore est bien trop lourd pour pouvoir la brandir en avant, rien ne m’empêche de tenter de briser l’entité au niveau de ses pieds.
Elle recule en faisant trembler les racines de l’arbre géant, fait tomber d’innombrables branches et semble prête à charger. Une de ses pattes me heurte tandis que je regarde ailleurs, trop d’informations à prendre à la seconde. Je n’ai nul autre choix que de faire appel à la lumière et créer une aura lumineuse autour de ma lame avant de la brandir contre la griffe qui tente de m’écorcher. La lame de lumière tranche la tarse de l’animal qui s’écroule avec un bruit sourd sur le sol. La Geomi crie, je ressens sa colère et sa soif de tuer. Le sang qui coule de sa blessure se répand tout autour mais ce n’est pas insurmontable, cela ne suffira pas à vaincre la bête. Ses mandibules se rétractent, préparant les griffes venimeuses avant de revenir vers moi. Je ne suis qu’une proie qui risque de lui en faire baver. L’étrange insecte commence à parler d’une voix caverneuse dans sa langue d’araignée :
— Miséraaaaables … Inseeeeectes !
—Méfiez-vous, araignées.
— Tueeeeer inseeeeeectes !
La mère des Geomis ne peut pas comprendre notre raisonnement d’être humain. Sa seule envie n’est autre que de se nourrir ainsi que les petits qui l’accompagnent. Les Geomis peuvent dévorer n’importe quel animal, ours, biches, cerfs, sangliers et nous autres, êtres humanoïdes, faisons partie de son tableau de chasse. Il est inconcevable que ma vie se termine ici, ainsi que celles de mes hommes et de la naine rencontrée un peu plus tôt. Soudain, un rugissement bestial se fit entendre non loin. Ce n’était pas celui d’une araignée mais bien d’autre chose. Comme si un loup venu des tréfonds des abîmes hurlait un son funeste venu du sud. Jetant un rapide coup d'œil, j’aperçois mes hommes qui déferlent vers d’autres geomis, laissant alors la naine en arrière et seule. Dans mon champ de vision, ce n’est d’ailleurs pas une naine mais quelque chose d’autre. Je n’ai pas le temps d’y réfléchir ni de pouvoir m’y diriger car la mère ne me laisse pas tranquille. Elle me crache du venin, je fends les airs en espérant éviter de me blesser. Pourtant, un des crachats émet quelques gouttes qui s’infiltrent sur mes plumes, ressentant alors une brûlure qui remonte le long de mes ailes. Quelle saleté !
J’ai encore de la force, je n’ai pas le temps d’utiliser un sort de guérison car le combat est rude et vif. Je n’ai aucun répit et je cherche la moindre faille qui pourrait me servir à l’anéantir. Près de son énorme bulbe, en dessous de son corps robuste, près de la filière se trouve un orifice respiratoire. Il va falloir trancher cette partie et ainsi lui faire perdre sa respiration : L'asphyxie par une douleur vive, brûlant ainsi ses poumons par la lumière et en venir à bout.
De l’autre côté, les fantassins se débrouillent du mieux qu’ils peuvent, débarrassant la vermine à coup d’estocs, plantant la lame par-dessous le sternum ou en broyant les hanches des petites bêtes. Deux d’entre eux ont reçu du poison au niveau des bras et la douleur les fait hurler de souffrance, à tel point qu’ils ont lâché leurs armes et se replient au milieu du terrain, là où les Geomis ne sont pas encore venues. Ils savent que seule Luvïel pourra les aider à surmonter le poison mais son combat contre la mère fait rage. Le temps est compté avant que le poison n’atteigne le cœur de ses deux gardiens. Les petites geomis s’écroulent au fur et à mesure, la fatigue se fait ressentir également pour les combattants qui sont dotés d’une armure et brandissant leur arme de mêlée. Il faut en finir et vite.
crédits : 402
Dans un grognement, elle reprit son élan. L’araignée cliquetait, s’énervant face à la mort de sa consœur. Elle n’attendit pas et se jeta sur la louve, ses mandibules claquèrent dans le vide, mais la louve s’était repliée sur elle-même. Elle se détendit comme un ressort, plaçant un coup d’épée fendant les deux mandibules d’un seul coup. Elle bascula son poids sur un de ses appuis pour armes son bras armé. L’araignée frappa avec une de ses pattes sur le côté faible de la combattante, stoppant son attaque. Elle n’aurait pas le temps de se replacer, elle arriva à lever sa patte blessée dans un pic de douleur. L’attaque de l’araignée fut bloquée, mais le choc se propagea tout le long de son bras. Elle hurla d’abord de douleur, puis de rage.
La louve se dégagea des pattes de l’araignée, mais Ersa spectatrice impuissante avait perdu connaissance sous la douleur qui lui avait été transférer.
- Palais mental:
Ersa avait été projeté dans son antre mental. Le froid qu’elle ressentait commençait à lui être familier, mais cette fois elle n’avait pas était projeté à l’entrée du hall. Elle était dans une pièce sombre, sans armure. Elle sentait le courant d’air froid qui passait sur sa tunique. Elle ouvrit les yeux, la pièce était sombre, sans aucune lumière a part celle qui passait par la lucarne de la porte. Elle essaya d’avancer, mais une chaîne se matérialisa plus durement sur son cou. Elle ne pouvait pas avancer, elle se laissa tomber contre le pilier ou elle était accrochée. Elle essaya de détailler la pièce ou elle se trouvait, mais il n’y avait rien. Les murs étaient nus, il n’y avait pas d’étagère, pas de tableau, juste de la pierre, le pilier ressemblant à celui de la louve. Aujourd’hui, c’était le sien. Des larmes se mirent à couler au moment où elle fut envahie par une vague de désespoir. Elle ne comprenait pas ce qu’il se passait, était ce qu’avait vécu la louve pendant toutes ces années.
Elle continuait d’esquiver les assauts de l’araignée, attendant l’ouverture qui lui permettrait de la tuer rapidement. Elle évite une attaque, puis deux puis dans une suite de mouvement agile pour se rapprocher de sa tête en posture offensive. Le moment arriva, la louve se plaça, arma son coup et planta son épée dans la bouche du monstre jusqu’à la garde. La bave et le poison coulèrent le long de l’acier. Elle l’arracha, mais dû la lâcher au moment ou elle sentit la brûlure du poison sur ses doigts.
Elle se redressa, grognant sur le fait d’avoir perdu son arme pour le moment. Elle tourna la tête pour apercevoir rapidement la situation. Les hommes de Luviel s’en sortaient avec les petites créatures. Quelques-uns étaient blessés, mais la louve ne pouvait rien faire. Peut-être l’Ange, mais pour le moment, elle ne pouvait rien faire, aux prises avec la géante. La louve sourit, cela ferait une bonne chasse.
Elle s’élança passant des soldats, attrapant une des épées des soldats blessés et dans un mouvement vif la jeta en direction du combat de Luviel. La lame parcourut la distance rapidement avant de se planter dans le sol deux mètres avant l’araignée. Dans sa course, elle invoqua le glaive de la naine bien trop petite pour ce combat. Elle chercha un endroit où elle pourrait lancer le glaive et elle découvrit l’entaille qu’avait faite l’ange. La louve lança le glaive qui fila, traversant la distance en sifflant. Elle se planta au premier quart dans le tarse découpé de l’araignée. Elle put arracher l’épée du sol avant de charger la bête et de la frapper sur une de ses pattes. L’araignée par en l’inclinant faisant glisser la lame sur la longueur. La louve se jeta en arrière pour esquiver la contre-attaque. Elle haletait légèrement sous l’effort et du poison.
Son regard croisa celui de l’ange, surprise. La louve en profita pour montrer son épaule de sa main armée avant de la diriger vers les soldats mal en point. Dans une série de petit glapissement, elle se frappa le torse avant de pointer l’araignée de l’épée. Est-ce que l’ange comprendrait le message, la louve n’était peut-être pas au mieux de sa forme, mais elle pourrait au moins retenir l’araignée le temps que l’ange soigne ses soldats.
La vision de la louve se troubla un instant, elle secoua la tête pour dissiper le malaise. Il fallait y retourner, la louve se relança dans un duel avec l’araignée, accaparant une grande partie de son attention. Elle passait d’un appui sur l’autre, dansant entre les pattes. Frappant les pattes de l’araignée sans y mettre toute sa force, elle devait s’économiser pour tout donner sur une ouverture de l’araignée. Elle n’avait pas regardé ce qu’avait décidé l’ange.
Rien ne se passe.
Je ne me sens pas très bien et reprends ma magie de soin, accaparant uniquement mon esprit vers lui et non plus sur ce qu'il se passe autour de nous. Alphys me regarde avec un air grave, son corps tremble et je ressens son angoisse. Je continue, encore, encore... encore. Mendric n'est plus. Il vient de rejoindre le monde des Gardiens. Je regarde son visage maladif et sa bouche recouverte de cette texture blanche, je suis arrivée trop tard. Alphys émet un grognement, se place sur ses genoux et pose sa main gantée sur mon épaule. Je suis en pleine incompréhension, me posant une multitude de questions sur mes choix et sur la manière dont j'ai souhaité diriger ce combat, laissant mes croisés en arrière. Mes yeux croisent ceux d'Alphys, aussi profond qu'un océan, sévère et triste. D'une voix grave, il me tint ces mots :
— Le combat n'est pas terminé. Je vais m'occuper de lui le temps que tu reviennes.
Je n'arrive pas à lui répondre, aucun son ne sort, seule une larme accueille les paroles de mon bras droit. Je pose une main sur le visage de Mendric, le jeune de la bande qui s'était intégré avec brio, plein de détermination et souhaitant aider Shoumei à renaître de ces cendres au sein du Nouvel Ordre. Un homme bon, droit et fier, toujours le cœur sur la main et savourant la vie même aussi injuste soit-elle. Il a perdu sa sœur lors du retour des titans, aujourd'hui, il vient de la rejoindre au sein des Gardiens. Je repars en direction de la mère des Geomis, j'aperçois le loup qui, manifestement, tient du mieux qu'il peut. Il n'y aura pas d'autres morts, c'est une promesse. Je déploie une nouvelle fois ma claymore et l'enveloppe d'une aura de lumière. Tandis que le loup accapare l'attention de l'araignée géante, je décide de retrouver le point faible de notre ennemie. Une haine immense m'empare, je suis prête à décapiter toutes ces immondices s'il le faut. Passant sous son abdomen alors qu'elle gesticule sans cesse, je décide de frapper violemment son corps poilus.
— AD MORTEM ! criai-je.
Sans attendre, ayant repéré l'orifice sous son bulbe, je prends l'arme de lumière et la plante à l'intérieur. Un bruit étrange ainsi qu'un cri inhumain et sonnant le glas de l'agonie résonne dans toute la forêt. Ce n'est pas terminé. Toujours à l'intérieur de l'orifice, je m'élance en direction de sa tête, la claymore de lumière suivant la trajectoire. Serrant fermement mon arme, celle-ci découpe une partie du bulbe et du sternum de la bête. Du sang en jaillit, noir, sale et nous sommes éclaboussés par ce raz-de-marée sanguinolant et noirâtre. La Geomi se redresse sur ces quelques pattes restantes, elle est au bout de sa vie. En ce qui concerne les corisés, les petites geomis ayant entendu le cri de la mère se sont soudainement arrêtées, pour les quelques survivantes, et se sont mis à reculer. Je jette un regard au loup et lui hurle :
— Si vous vous en sentez capable, finissez là ! Sinon, je m'en charge.
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L'ange était parti aider les siens, la louve avait ce sentiment de meute même avec des inconnus. Elle s'était lancée entres les pattes de l'araignée, dansant presque pour éviter les coups. La lame tournoyait frappant les pattes pour stopper leurs attaques et rendre les coups, elle regrettait son épée au fil plus aiguisé que celle qu'elle avait emprunté. Son corps s'engourdissait peu à peu, elle trébucha. Elle n'eut pas le temps de toucher le sol que la géomi la sanctionna pour cette maladresse. La patte la frappa au niveau du torse, la projetant plus loi et lui entaillant la peau. Un mince filet de sang suintait de la plaie sur son pelage brun. La montée d'adrénaline lui fit oublier la douleur et l'engourdissement du venin. Elle se redressa et positionna la lame droite devant elle.
L'araignée se jeta sur la louve qui l'esquiva en se jetant sous son ventre, elle remarqua son point faible, mais n'eut pas le temps de se contorsionner pour attaquer que l'araignée lui lança un coup de patte. Elles reprirent leurs ballets d'attaques et de défenses, augmentant la rage du prédateur à chaque coup paré.
La louve fit un dernier saut en arrière ses pattes tremblant légèrement, tout son corps commençait à la brûler, il fallait en finir avec ce combat avant que le venin entrave trop ses mouvements. Sa respiration était haletante, un peu rauque.
Elle inspira un grand coup, laissant la rage prendre le dessus et repris sa charge. Son épée continuait d'écarter les pattes pour qu'elle se rapproche de la tête de l'araignée. Elle aperçut l'Ange arrivé dans une fureur qui déformait son visage. La louve frappa les mandibules de l'araignée qui se recula pour s'éloigner de son assaillante. L'ange s'était déchaînés sur le monstre dans un déluge d'attaque et de lumière. La louve continua de harceler les pattes pour qu'elles n'entravent pas les attaques de l'ange.
La dernière attaque de la claymore l'avait quasiment ouverte en deux aspergent les assaillants de sang. Ce sang noir qui se mélangeait à celui de la louve sur son pelage. L'ange avait hurlé qu'il était temps de finir cette bête. La louve grogna et dans un dernier effort chargea l'araignée, bondit arrivé à sa hauteur et lança une frappe verticale. L'épée trouva sa place dans l'entaille qu'avait faite la claymore pour continuer à découper le monstre jusqu'à la tête. Le monstre s'affala pendant que la louve était retombée lourdement, loin de l'agilité qu'avait la preuve la naine ou même la louve en début de combat. L'épée tomba au sol, mais sa main était toujours crispée.
Elle se rapprocha de l'ange avec un rire digne d'une hyène, à la limite dru rire hystérique, lui jeta un regard rapide de sa taille dépassant maintenant celle de l'ange avant de s'asseoir lourdement. Son corps était parcouru de soubresauts à cause de son rire, mais aussi de ses muscles arrivant à leurs limites. Elle leva ses yeux dorées cherchant le regard de l'ange, s'arrêtant de rire doucement pour reprendre sa respiration. elles avaient réussi à survivre.
— Merci de votre aide, c'était un beau combat. Un silence. Mes yeux se posent sur le sol et mes poings se serrent. Je nettoie la lame contre l'herbe mouillée et annonce à la naine d'une voix abattue ce qu'il s'est produit un peu plus tôt. Nous avons essuyé une immense perte aujourd'hui. Un de mes hommes est mort, empoisonné par l'une de ces bêtes.
Je range mon arme et commence à me diriger vers mon équipe. Ils m'ont l'air si peinés, si tristes et je n'ai nullement les mots pour leur donner le sourire. Diriger un groupe est difficile, il faut savoir être ferme et prendre des décisions difficiles. Je ne regrette pas d'avoir sauvé Alphys, je ne saurai comment annoncer à Vilkas mon choix.
— Si vous souhaitez venir nous rejoindre, libre a vous. Mais le temps n'est pas à la fête, je le crains. Aujourd'hui, nous quitterons cet endroit après avoir inhumé le corps de notre ami.
Prenant le pas vers les croisés, tous encerclent le corps du macchabée, leur casque relevé et le visage remplit de chagrin. Je déclare à mes hommes que nous ne pouvons ramener son corps à Célestia, Vilkas éclate de rage, ne comprenant pas cette décision. Il est pris dans une émotion vive, je comprends parfaitement sa colère et ne peux l'apaiser, car sa plaie est bien trop vive. La perte d'un compagnon, la perte d'un frère est un sentiment indescriptible. Je n'arrive pas à cacher des larmes et Vilkas s'arrête, me regarde et part se réfugier un peu plus loin pour pleurer. Il ne pourra pas voir le cadavre de son frère plus longtemps. Alphys coordonne les croisés, tous se mettent à creuser une espèce de trou pour pouvoir enterrer le corps. Malheureusement, le temps n'est pas en notre faveur et nous pataugeons dans la boue. Nous ne pouvons laisser son corps dépérir de cette façon, pour rejoindre le royaume des Gardiens, il lui faut des funérailles décentes pourtant le terrain est trop glissant, trop boueux. Le frère ainé revient et pose une main sur l'épaule d'Alphys, les yeux rougit et il déclare tristement :
— Plaçons-le contre l'arbre au-dessus de la colline, permettons lui d'avoir un regard sur ce champ de bataille et honorons sa mémoire.
Nous portons le corps inerte de notre ami et l'installons en haut, une vue imprenable sur un spectacle morbide. Nous nous souviendrons des actes de courage de ce brave homme. Les mains jointes, dans une prière, nous parlons au nom de notre ami, de notre frère qui nous a quitté bien trop jeune, bien trop tôt. Je décide de recouvrir d'un petit dôme de lumière cristallin la dépouille et me retourne vers la naine.
— Que comptez-vous faire à présent ? Nous constatons que cette forêt est bien trop dangereuse pour un petit groupe tel que nous. Chagrinés et en colère, nous retournerons prochainement loin de ces terres. Je tiens également à me présenter...Je me nomme Luvïel. L'heure n'était pas aux présentations. Je suis ravie d'avoir croisé votre route, naine. Pardonnez mon ton monocorde. Mon cœur est meurtri.
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