Année 3, le 22 septembre

C’est magnifique ! Cela fait dix bonnes minutes que je reste devant cette peinture et je ne m’en lasse pas. J’ai perdu la notion du temps et même mes dix gardes du corps, n’arrivent pas à me déconcentrer. Il faut dire qu’ils sont habillés en civils, comme de simple citoyen du Reike et pourraient passer à peu près inaperçus si le fourreau contenant leurs épées courtes n’était pas bien visible. Finalement, je suis sortit de ma contemplation quand Denise, une simple soldate possédant un fort sens de l'honneur et aucun second degré vient me dire :

Monsieur le Ministre des Finances, vos invités sont arrivés, ils seront là dans quelques minutes. Je vous rappelle qu’il est toujours possible de vidé cette aile de l’exposition.

Je secoue la tête pour montrer mon désaccord et je complète :

Hors de question, je veux que cela se passe de manière la plus normale possible.

Surtout que j’ai pris un risque, je ne suis pas passé par ma Mère pour organiser notre rencontre. A la place, j’ai envoyé un message directement à Pendor et à Alyssa pour une rencontre informelle à une exposition de peinture. Je sais que cela va faire hurler celle qui m’a mise au monde, mais je cherche à m’émancipé et prendre mes propres décisions, surtout concernant ma vie amoureuse.

Je me relève et je les attends donc devant cette superbe peinture. J’ai fait attention à mon apparence, essayant de faire bonne impression, avec une chemise bleue très clair, une veste et un pantalon noire, avec quelques broderies en fil d’argent discret, rappelant le peuple du désert. Je ne suis pas armé, après tout, il ne s’agit que d’une simple exposition à la capitale. Il n’y a pas foule dans la pièce, jusque quelques amateurs d’art, tout comme moi, je pense donc que nous ne serons pas dérangé et que nous pourrons profiter de l’exposition.

« Au moins, je n'aurais pas fais le déplacement pour rien »

Pendor dévisage  sa sœur, perplexe. Il s'arrête quand elle réalise qu'elle est justement immobile, en train de contempler une œuvre. Le petit frère lui glisse alors :

« Alyssa. Nous sommes attendus.
- Pendor, tu es barbant » elle met l'accent sur chaque syllabe, d'une façon quasi-dramatique.

Ce dernier ne peut s'empêcher de rouler des yeux avant de lancer un regard las à son aînée. La brune semble s'en moquer complètement, se contentant de reprendre la marche tout en gardant son regard rivés sur les différentes toiles exposées dans cette glorieuse galerie.

Côte à côte, les deux font la paire. Alyssa est relativement grande, puisqu'elle est plus ou moins de la même taille que Pendor ; et, a plus ou moins le même type de morphologie que lui. Même si elle fait plus élancée que réellement athlétique, contrairement à son frère. Ce qui contraste surtout, c'est la différence de style ; lui est plutôt sobre et élégant, elle est plutôt colorée et apprêtée. Il n'a aucun bijou à part une broche d'argent, alors qu'elle en possède plusieurs dorés, notamment un piercing d'anneau au septum.
Elle s'arrête une énième fois, ce qui vaut un regard réprobateur de son frère ; ils allaient être en retard ! Mais elle profite d'une dorure pour rectifier sa chevelure dorée afin d'avoir l'air vraiment impeccable.

Cela ne prend qu'un instant, et, au détour de l'angle de cette galerie, ils arrivent enfin à celle où se trouve Tagar. Pendor le reconnaît de loin, au même titre qu'Alyssa. Si elle ne l'avait jamais vu, sa chevelure le trahit très clairement. Ils se rapproche prestement, et, alors que le cadet s'apprête à parler, la femme prend les devants en tendant sa main et en annonçant d'un ton fier :

« Je suis Alyssa de Sarleon, et je suis ravie de vous rencontrer, Sire Reys »

Elle marque un temps d'arrêt, mais Pendor sait pertinemment qu'il n'aura pas le temps d'en placer une ; ainsi, il se contente d'un signe de tête pour saluer Tagar avant qu'elle ne reprenne en regardant autour d'elle :

« J'admets que le choix du lieu ne me déplaît pas ; et je tiens à vous remercier de nous offrir cette occasion. Je commençais à être lasse de l'ambiance austère de Taisen »

Elle continue son inspection, regarde un instant une œuvre, l'air complètement absorbée. Pendor sait qu'elle écoute, mais, elle n'a pas l'air très attentive. Elle demande alors, de but en blanc :

« Je suis curieuse. Pourquoi ? Pourquoi cette exposition en particulier ? »

Elle porte son regard ambré sur Tagar au moment où elle pose la question, un regard vif et pénétrant, alors que pas l'ombre d'une hésitation ne semble faire trembler sa voix presque grave ; comme si la réponse à cette dernière allait déterminer l'avenir de leur relation.

Je vois arriver les De Sarleon, ils font vraiment la paire ces deux-là et on devine tout de suite qu’ils sont frère et sœur. Connaissant déjà le premier, je me concentre sur la seconde, grande, brune, svelte et habillé de couleur vive, elle a même un anneau au nez. Elle devance son cadet et me tend la main, je lui fais un baise-main léger en m’inclinant puis je me relève, afin de lui dire avec un grand sourire :

Tout le plaisir est pour moi, Dame De Sarleon.

L’autre membre de la famille me salut d’un simple signe de tête et je lui réponds de la même manière, ne comprenant pas pourquoi il ne prend pas la parole. Je comprends vite pourquoi quand sa sœur monopolise la conversation, me remerciant pour avoir eu cette idée, ce qui me fait très plaisir, je lui indique donc :

Je suis content que mon idée vous sied.

Je ne développe pas plus, la laissant admirer les différentes œuvres. Puis elle me pose une question et j’y réponds du mieux que je peux :

J’ai choisi cet endroit pour trois raisons, la première est qu’il s’agit uniquement de jeunes artistes Républicain et j’espère que vous ne les connaissez pas encore leurs œuvres, votre frère m’ayant indiqué que vous aimiez cet art. La seconde est que les contrôles d’accès sont faciles d’après le Sajenti Robert. La troisième et sans doute la plus importante, je voulais absolument vous montrer cette œuvre.

Je me décale, pour qu’elle puisse voir le tableau qui me fascinait juste avant qu’elle n'arrive. Il s’agit d’une toile abstraite, très coloré et je l’informe :

Il s’agit d’un jeune mage qui a décidé de montrer ce qu’il voit quand il lance un sort. Je sais que chacun a sa propre vision, mais ses lignes, ces courbes ont quelque chose qui me parle. C'est comme si je pouvais presque comprendre ce qu'est la magie au niveau primaire.

Je suis sincère dans mes paroles, cette peinture est vraiment remarquable et j’espère qu’elle lui plaira autant à moi, qu’à elle. J’attends donc sa réponse avant de lui dire :

Je voulais également m’excuser pour l’attente que je vous ai imposée, ma nomination a été assez soudaine et j’ai mis du temps afin de pouvoir occuper pleinement le poste.

J’ai en effet passé pas mal de nuit blanche à travailler et je n’avais pas le temps de penser à autre qu’au boulot.

Alors que les deux commencent à parler, Pendor regarde la masse informe que représente le tableau sur lequel Tagar semble s'attarder jusque là. Quand les explications tombent, le pauvre humain relativement lambda ne peut s'empêcher de se gratter la tête de façon perplexe, en se demandant ce qu'il a raté pour ne pas comprendre le sens de toute cette œuvre. Ah, sans doute le fait d'être un magicien puissant ; s'il dispose de très vagues notion dans la magie de lumière, c'est celles que lui a éduqué, un peu comme un jeu, la même sœur qui est à ses côtés actuellement lorsqu'ils étaient enfants. Cette dernière ne manque donc pas de répondre, non sans l'avoir jaugé et gratifié d'un petit sourire :

" L'idée fait plus que me plaire, je ne peux le nier. Vous semblez être un homme de goût ; surtout si vous me portez réellement de l'intérêt "

Pendor lui glisse un regard en coin, presque gêné, alors qu'elle ne cille pas un instant alors qu'elle toise fièrement Tagar. Son ton est fier mais calme, et son frère distingue un début d'amusement dans ce dernier. Elle teste et joue de ses charmes dans le même temps, en se risquant presque à sembler déplacée pour une première rencontre. La connaissant, l'ancien officier du Reike sait clairement qu'elle jauge sa réaction ; voit directement s'il peut être déstabilisé de cette façon, sans pour autant avoir de la malice à cette idée.

" Comprendre ou ressentir ? "

La question tombe, nette et précise ; pertinente à ses yeux. La distinction est majeure aux yeux de la noble, reste à savoir s'ils sont sur la même longueur d'onde. Alors qu'elle aurait pu continuer dans la lignée qu'elle a commencé, elle a changé complètement de ligne directrice. Elle se contente, plutôt que d'être dans le charme, d'être dans l'esprit.

Alors que Tagar présente ses excuses, Alysse esquisse un sourire en coin, agite doucement la tête et lève la main pour dissiper le doute ; elle balaie ses dernières de quelques paroles :

" Ne vous excusez pas d'avoir des obligations, sire Reys. J'ai les miennes, vous avez les vôtres. Je note juste que vous avez pris le temps de me voir avant toute proposition officielle. J'apprécie le geste "

Au moins, son ton franc souligne une chose : elle est sincère. Elle enserre d'une main son poignée alors qu'elle s'approche de la toile, avant de demander sans quitter cette dernière du regard :

" Quel genre de magicien êtes vous ? Et, à vos yeux, quelle genre de magicienne suis-je ?"

Pendor lui avait dit avoir évoqué le sujet lors de leur première rencontre, sans développer. Alors, elle en profite pour creuser ; pour voir de quels genres d'attentes ou de préjugés son interlocuteur est pétri. Mais son regard quitte l'œuvre un instant pour chercher son cadet du regard, et, elle le trouve en train de taper la causette avec quelques gardes du noble, sans doute pour leur donner un peu d'intimité dans leurs échanges.

La jeune femme semble apprécier mon idée, ce qui me fait plaisir. Il y a moult exposition de peinture et le choix n’a pas été simple. Elle me fait même une blague et je lui réponds en souriant :

Je vous retourne le compliment.

Elle me pose ensuite un choix et après quelques secondes de réflexion, je lui indique :

Les deux bien sûr. J’aimerais me laisser porter par mes émotions, utiliser la magie comme je le ressens, mais nous savons tous les deux, que chaque sort nécessite une certaine compréhension pour être maîtrisé. Si nous ne comprenons pas ce que nous faisons, des innocents risquent d’être blessé. C’est notre devoir, en tant que mage, de maîtriser notre pouvoir.

C’est parfois difficile, surtout si je suis en colère ou blessé, j’ai tendance à vouloir lâcher tout ce que j’ai, mais je dois garder le contrôle, quoi qu’il arrive. J’ai vu des mages de feu, en pleine bataille, pris dans la frénésie du combat, lancer de véritables tempêtes de feu, faisant plus de mal aux alliés qu’aux ennemis. Je remarque d’ailleurs que le frère de la demoiselle, c’est éloigné, sans doute pour nous donner plus d’intimité, où alors, il apprécie le physique de Denise, la soldate et c’est vrai qu’elle est jolie.

Je suis tiré de mes pensées par Alyssa qui me confirme que j’ai fait le bon choix et me pose une question bien difficile. Avant de répondre, je me mets à ses côtés, regardant moi aussi la toile et je lui réponds avec grand sérieux :

Voilà une question fort difficile. Mon tuteur, quand j’avais seize ans, m’avait posé la même question et je vais vous faire la même réponse qu’aujourd’hui, je suis un magicien qui n’aime pas la violence. Celle-ci est parfois nécessaire et j’ai dû l’utiliser à de nombreuses reprises pour me protéger ou protéger les autres, mais contrairement à certains de mes compatriotes, je ne considère pas la magie comme un moyen de destruction.

Je sais que je n’ai pas entièrement répondu à sa demande, je continue donc, sur un plus léger :

J’aime la magie pour ce qu’elle est, une force me permettant de me dépasser, de réaliser mes objectifs par moi-même. Je me considère donc comme un mage plutôt calme et surtout prudent. Concernant votre seconde demande, je vais sûrement vous décevoir, mais je n’en ai aucune idée. Votre frère m’a signalé que vous étiez une mage puissante, mais c’est à peu près tout.

De temps en temps, il faut bien avouer son ignorance, toutefois, je conclus en la regardant avec un léger sourire :

Toutefois, j’aimerais beaucoup le découvrir, si vous me le permettez.

D'un regard en coin, Pendor, en pleine discussion, s'assure que tout se passe bien pour sa soeur. Et cela semble être relativement le cas. Rassuré, il entreprend une réponse en même temps qu'un large sourire fend le visage d'Alyssa. Cette dernière est ravie de voir que Tagar ne se démonte pas. Sa réponse est simple, efficace ; juste et jaugée. Elle penche la tête sur le côté, et ce changement d'angle fait refléter un peu plus bijoux dorées au même titre qu'ils mettent encore plus en valeur un maquillage qui en devient évident ; des paillettes d'or qui mettent encore plus son regard en valeur. Elle acquiesce doucement à sa tirade, l'air satisfaite, avant d'annoncer son propre point de vue :

« Oh, je vois. Vous êtes un prudent de nature, n'est-ce pas ? J'admets ne pas être aussi mesurée »

Elle n'en dit pas plus, n'en pense pas moins. La maîtrise n'est pas vraiment ce que recherche Alyssa, dans l'utilisation de la magie. Ce qu'elle cherche, c'est ce flot, ce torrent de puissance qu'elle peut ressentir du plus profond de son autre jusqu'au bout de ses doigts quant elle catalyse son potentiel. Elle voit son regard s'échapper un instant, mais ne manque pas d'agiter sa main devant lui pour capter entièrement son attention. Elle n'en demande pas moins, et laisse déjà transparaître un peu sa personnalité. Mais, au moins, il ne peut pas être déçu ou surpris ; elle ne joue pas un jeu, et se contente toujours d'être elle-même.

Elle l'écoute développer une nouvelle fois son point de vue, notant qu'au moins, contrairement à feu son premier mari, il développait ce qu'il disait.

« Soit c'est une bonne réponse, soit vous êtes un magicien odieusement têtu mais pacifiste si votre point de vue n'a pas changé avec les années »

Elle esquisse un petit sourire, lui lance un regard en coin, avant de finalement rajouter ce qui importe réellement :

« J'admets que la prudence n'est pas ma qualité première, c'est indéniable. Mais c'est une qualité que je recherche dans un partenaire éventuel. Je ne veux pas vous vexer en disant cela, mais, je n'ai aucune envie d'un autre mari qui aille se faire tuer »

Son ton est un peu plus grave et sérieux, mais toujours aussi sincère. Quand elle prononce sa dernière phrase, elle veille à ce que Pendor n'écoute pas ; elle avait déjà eut une discussion avec lui quand aux risques qu'il a pris durant la guerre, et, leur relation durant sa convalescence a été... mouvementée. Le fait est que la dynastie des Sarleons a besoin d'héritiers, mais leur frère ainé n'a toujours pas enfanté, et, Sarleon n'a eut de son mariage que des filles, dont deux sont mortes.

Mais, afin de finir sur une note plus légère, elle revient sur le sujet de la magie, repensant justement à ce que Tagar vient de lui dire vis-à-vis de ce que son frère lui a rapporté :

« Puissante ? Mon cadet n'est-il pas adorable, sire Reys ? Je n'irais pas jusqu'à dire que je suis puissante. Ou du moins, pas encore assez à mon goût. Et la puissance est relative. Non, non. Amusons nous un peu, voulez-vous ? Regardez moi, et devinez un peu. M'imaginez vous réellement en train de manipuler de la glace ? Des esprits ?! » elle lui tend sa paume ouverte, afin qu'il saisisse sa main pour lui tenir alors qu'elle plonge son regard vif dans le sien sans ciller.

S'il donne une bonne réponse, elle compte lui faire savoir magiquement.

À chaque fois que mon interlocutrice prend la parole, mon impression que j’ai devant moi une femme forte et indépendante se confirme. Elle m’indique d’ailleurs que je suis une personne pacifiste et je ne pense pas vraiment l’être. S’il faut envoyer des dizaines de soldats à la mort pour en sauver des milliers d’autres, cela ne me pose pas de problème de conscience. De même, si je dois tuer un ennemi qui tente de blesser un de mes camarades, je n’hésiterais pas une seconde. C’est juste que je n’aime pas le faire, alors qu’au Reike, la violence est une véritable institution et une qualité que doivent avoir les combattants, le premier d’entre eux, notre Empereur en tête, en est le parfais exemple.

Elle précise une chose que son frère m’a déjà dite, son premier mari est mort et elle ne veut pas être veuve à nouveau. Pour le moment, je laisse ce sujet de côté, mais il va bien falloir être franche avec elle à un moment ou un autre. Nous parlons ensuite de la magie et lorsqu’elle me demande comment je trouve son cadet, je lui réponds en souriant :

Adorable n’est pas vraiment ce qui me vient à l’esprit quand je vois Pendor, mais il a bien d’autres qualités, comme celui d’être très franc et honnête. C’est sans doute un trait de famille.

Voilà un petit compliment, cela ne fais jamais de mal. Elle insiste pour que je devine l’élément qu’elle maitrise et je lui souris lorsqu’elle emploie le mot « esprits », nous ne sommes pas dans un conte de fée et de telles choses n’existent pas. Toutefois, je profite de l’occasion pour lui prendre la main puisqu'elle me l'offre et je lui réponds, l’air concentré, tenant sa main dans les deux miennes :

Je pense que c’est le feu et la lumière et puisque votre frère a indiqué que vous étiez une magicienne d’exception, je pense donc que vous maîtrisez le feu divin.

Je pense avoir deviné juste et j’attends sa réponse.

Alyssa glousse à la réponse de Tagar quant à son frère. Elle prend le temps de compléter ses dires, en annonçant :

« C'est surtout qu'il peut l'être sans pour autant offusquer son interlocuteur. J'admets ne pas avoir ce talent »

Elle reconnaît que sa franchise excessive peut parfois être mal prise ; ainsi, avec le temps, elle a simplement appris à se taire en présence de certaines personnes, même si le fait qu'elle bouillonne parfois est perceptible. Elle n'est pas du genre à parvenir réellement à dissimuler ses sentiments. Ce qui est à double tranchant.

Quand Pendor voit sa sœur tendre sa main à l'autre noble, il sait. Il veut intervenir, mais il est déjà trop tard.

Alyssa ferme les yeux au contact de la main de Tagar, et se concentre. Elle vient piocher dans ses connaissances et son potentiel, commence à canaliser sa magie. Elle commence à sentir l'énergie pure pulser dans ses veines en rythme avec son propre cœur. Alors qu'elle rouvre ses yeux, qui semblent légèrement luire, des flammes dorées commencent à se glisser entre les doigts du pauvre Tagar. Elles le lèchent, sans le brûler, alors que de sa main libre, la magicienne vient les capter, et semble tisser quelque chose entre ses doigts.

La forme qui en ressort est globalement informe, alors qu'elle devait être celle d'être un petit volatile. Ce n'est pas pour autant qu'elle commence à s'agiter autour d'eux. Alyssa lève sa main libre pour qu'il se pose sur l'un de ses doigts, et, quand c'est le cas, après un instant, il disparaît. Elle esquisse un sourire, glisse d'une voix quasi-essoufflée :

« Certains arts sont plus éphémères que d'autres, n'est-ce pas ? »

Elle ne répond pas à sa remarque, puisqu'elle vient de le prouver par les faits. Elle oscille un peu, alors que quelques légères gouttes de sueur se forme sur son front. S'étant laissée emportée, elle a tiré un peu plus sur ses réserves que ce qu'elle devrait, et est parvenu à se fatiguer juste pour épater la galerie.

Voyant qu'elle commence à perdre l'équilibre, Pendor s'approche, ouvre la bouche et se ravise dans un premier temps pour finalement annoncer :

« Alyssa, tout va bien ?
- Sire Reys, m'est avis que maîtriser reste un bien grand mot pour l'instant » rétorque-t-elle, en répondant indirectement à son frère.

Il croise le regard de Tagar, mais ne dit rien ; c'est assez claire qu'elle devrait s'asseoir et afin de récupérer un petit peu.

Il semble que j’aie deviné juste, car je vois des flammes me lécher la main, mais sans me faire mal ! Je reste quand même concentré, prêt à me soigner si besoin, mais tout cela est bien inoffensif et je peux voir une petite forme bouger comme si elle était vivante, avant de disparaître au bout de quelques secondes.

La jeune femme me pose une question sur la nature de la magie, mais je n’ai pas le temps d’y répondre car elle oscille dangereusement. Son frère nous rejoint et lui demande comment elle se sent. Comme c’est une femme, elle ne réponds pas directement à la question, cela aurait été trop facile et comme je ne veux pas qu’elle tombe, je la prends doucement contre moi puis j’utilise un sort de métal pour créer une chaise en deux secondes, solide et simple, afin d’y déposer la magicienne, lui indiquant simplement avec un sourire :

Je vous parlais tout à l’heure de maîtriser le pouvoir. Vous avez sans aucun doute des facilités, mais il faut toujours être prudent, c’est ma devise.

Je fais un signe et Denise approche de notre petit groupe, je peux donc lui demander :

Veuillez faire amener un plateau avec une boisson sucré et des fruits.

Elle hoche la tête et part exécuter mes instructions. Pour ma part, je me retourne vers la de Sarleon pour lui dire :

Je vous conseille de rester assise, ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Dès que vous aurez mangé quelque chose, vous irez mieux.

Je crée même un léger vent frais pour qu’elle se sente bien et je continue :

Je ne suis pas très doué pour réaliser de l’art avec ma magie. Mon tuteur m’a toujours appris à m’en servir de manière assez brute et efficace, ce que je regrette, même si cela m’a sûrement permis de ne pas être blessé au combat. En parlant de cela, je voulais ajouter une chose qui me parait important. Pour le moment, vous n’avez indiqué qu’un seul désir pour votre futur mari, c’est qu’il ne se fasse pas tuer. Même si je suis quelqu’un de prudent, ma promotion m’a fait de nombreux ennemis, ma résidence familiale, c’est même fait attaquer, il y a quelques semaines et j’ai reçu quelques coups.

Je n’ajoute pas Tensai qui semble prendre un malin plaisir à mutiler où à faire suicider ses gardes royaux et autres fonctionnaires, car c’est un cas à part. Je peux donc conclure en lui souriant :

Je pourrais jurer sur ma vie, de ne pas mourir, mais je doute que cela soit très raisonnable comme promesse. Toutefois, si vous avez d’autres demandes n’hésitez pas, je suis sûr que je pourrais répondre de manière bien plus précise à nombre d’entre elles.

Pendor visse ses poings sur ses hanches en observant Tagar s'assurer que sa sœur ne s'effondre pas. C'est à ses risques et périls, après tout ; mais il aimerait éviter l'incident diplomatique entre leurs deux familles. Mais, pour le coup, elle s'est vraiment fatiguée puisqu'elle ne bronche pas dans un premier temps. Une fois assise, et, alors qu'il partage sa sagesse, elle se contente de rétorquer fièrement :

« Je suis beaucoup de choses, mais, prudente n'en fait pas partie encore une fois »

Le cadet s'apprête à dire quelque chose, mais, croisant le regard de son aîné, il préfère se raviser et se contente de lui esquisser un petit sourire complice et courtois. Il n'est pas l'heure de faire l'étalage de leurs babillages familiaux. Elle s'apprête à répondre à chaud à ses conseils pourtant judicieux, mais le petit vent l'interrompt, semble la détendre un peu, et c'est un peu moins cassante qu'elle va finalement lui annoncer :

« Ne me prenez pas pour une enfant non plus. Mais... j'apprécie vos intentions »

Pendor ponctue sa première phrase d'un haussement de sourcils en guise d'avertissement passif ; mais, ce n'était même pas nécessaire puisque Alyssa est sincère quand elle annonce la suite, et, ne prend pas mal le fait qu'il est très... protecteur ? Après tout, c'est elle qui a été stupide en poussant le bouchon trop loin.

Si elle est fatiguée, elle ne peut s'empêcher de répondre vivement :

« Mais la magie est un art »  mais elle plonge dans un silence quand vient la suite.

C'est évident que quelqu'un à son poste court des risques. Des risques différents, mais bien présents, que ceux qu'on peut trouver sur un champ de bataille. Elle semble pensive quelques instants, puis fait une remarque qui est un simple constat :

« Le fait est que vous n'êtes pas mort »

La remarque suivante la pousse à passer une main sur son visage où la sueur perlait encore un peu ; encore une fois, Pendor prend peur, mais il se rassure assez vite quand elle lui annonce :

« Jurer sur sa vie de ne pas mourir, au-delà de ne pas être raisonnable, ne fait aucun sens. Enfin passons. D'autres demandes ?... » elle a un air perplexe.

Ce n'est clairement pas le genre de chose à lui suggérer, et, l'espace d'un instant, elle a envie de le tester. Mais ce n'est ni le lieu, ni le moment ; et elle décide finalement d'être raisonnable. Elle lui demande simplement :

« Vous êtes relativement âgé, et, si j'ai bien compris, vous n'avez jamais été marié. Pourquoi ? Comprenez que cela semble étrange. Avez-vous des doutes quant à vos préférences ? »

La dernière question fuse, alors que son regard oscille entre Tagar et Pendor. Ce dernier lève les paumes de ses mains vers le ciel, surpris par la question brusque et soudaine. Il ne peut qu'espérer que son comparse ne le prenne pas mal.

Cette jeune femme est vraiment pleine de feu, car malgré son état de fatigue, elle a encore du répondant. Pourtant, elle m’indique apprécier mes petits gestes d’attention, tout en m’indiquant que je ne suis pas mort, chose que je peux difficilement être en désaccord. Elle me prend ensuite au mot, en me posant une question à laquelle je m’attendais et je lui dis en souriant :

Voilà une bonne remarque et vous n’êtes pas la première à me la poser.

Un certain Vulperax qui m’a proposé un rendez-vous arrangé avec une jeune femme bien sous tout rapport m’a également interrogé là-dessus et je lui fais la même réponse :

C’est peut-être présomptueux de ma part, mais je souhaite que ma future épouse souhaite vraiment se marier, car même dans le cadre d’une rencontre arrangée, cela est loin d’être évident. La plupart se sentent obligées via leur famille, sont déjà amoureuses d’un autre, ou ne sont pas intéressées par les hommes, car préfèrent les femmes, enfin, ne se voient pas dans une vie maritale avec moi.

Denise arrive à ce moment-là, accompagnée d’un employé de la galerie apportant un plateau et il y a énormément de fruit et de boisson dessus, ce dernier ayant sûrement voulu faire du zèle. Je remplis donc un verre avec du jus de pomme et je le tends à la jeune femme, avant de continuer :

Il y a aussi le problème culturel, au Reike, la force est très prisée et les canons masculins s’orientent vers des tas de muscles, capables de soulever un cerbère d’une seule main ou de décapiter un adversaire d’un seul coup d’épée. Je n’ai pas les capacités martiales pour réaliser ce genre d’exploit, et en plus, comme je vous l’ai dit, je déteste la violence.

Je fais une petite pause pour prendre un grain de raisin, le salarié montrant le plateau pour que chacun puisse se servir et je conclus :

J’ai aussi le problème que mon travail n’est pas intéressant, Mère trouve même qu’il est ennuyant à mourir même si je l’apprécie beaucoup. De plusz la guerre contre les Titans a été difficile pour tout le monde et j’ai beaucoup voyagé à l’étranger, ce qui n’aide pas à créer une relation stable dans le temps.

Voilà, je pense avoir tout dit et après avoir entendu ses différentes remarques, si elle a en a, je me permets de lui poser à mon tour une question, en souriant et sur le ton de la plaisanterie :

Je vois qu’il est surtout question de moi, mais, même si je suis mon sujet de conversation préféré, pouvez-vous m’en dire plus sur vous ?

Le but de cette entrevue est quand même d’apprendre à se connaître.

Alyssa ne peut s'empêcher de glousser quand il souligne sa pertinence. Elle n'en doute pas un seul instant. Elle écoute donc attentivement sa réponse, alors qu'elle récupère passivement maintenant assise. Elle croise le regard de son frère, visiblement rassuré, avant de finalement le poser à nouveau sur Tagar pour lui annoncer :

« Je serais curieuse de savoir pourquoi ces dames ne se projettent pas. Avez-vous de drôles de petits secrets, sire Reys ? »

Elle pose la question sans ciller, sans gêne. Pendor est dépité, mais, il ne souhaite pas interrompre sa sœur qui reste le cœur de ce rendez-vous. Elle écoute donc la suite des tirades du noble aux cheveux blancs, avant de rajouter :

« Oh, la force ne m'impressionne pas. La puissance, si »

Elle ne le précise pas, mais, du fait de sa position, il est clairement influent donc puissant. à quoi bon pouvoir soulever un cerbère d'une seule main quand quelqu'un d'autre peut le faire à notre place ?
Quand on lui présente de la nourriture, Alyssa se sert sans ciller et croque dans son fruit alors que le brun, modéré comme toujours, refuse poliment. Tagar retourne alors la question, et la réponse de la femme ne tarde pas :

« J'admets attendre, au même titre que vous, plus de précision dans vos questions. Il y a simplement trop à dire pour que je puisse répondre à celle-ci ; et je n'aime pas faire des monologues. PENDOR. »

Elle le reprend presque sèchement ; son ton étant relativement calme jusque là ; alors qu'il roule des yeux à sa dernière affirmation. Elle est sans doute fausse, vu la réaction du pauvre petit frère qui a dû subir pendant un moment, beaucoup de monologues de son aînée.
Elle pousse un soupir, avant de finalement annoncer :

« J'aime peut-être faire des monologues. Alors, je vais rectifier ; posez vos questions, je suis curieuse de voir vos priorités »

La jeune femme me demande maintenant si j’ai des secrets et je lui réponds en toute transparence :

Oui, j’en ai, mais rien qui ne soit gênant pour une femme.

J’ai des secrets professionnels, des secrets sur ma tentative de rébellion, des secrets sur les femmes que j’ai fréquentés, mais il n’y a rien dedans qui soit problématique pour une future épouse. Ce qu’elle indique sur la force et la puissance, me fait sourire, car je partage également son opinion à ce sujet. Après avoir mangé un fruit et réprimandé verbalement son frère pour je ne sais quelles raisons, elle m’autorise à poser des questions sur sa personne et je commence en lui précisant, d’un cœur léger :

Je n’ai pas vraiment de priorité, il s’agit juste de mieux vous connaître. Nous sommes dans le cadre d’une simple rencontre informelle et dès que vous irez mieux, nous pourrons aller visiter cette galerie tout en échangeant.

Après tout, nous ne sommes pas dans le cadre d’un interrogatoire ou d’une rencontre arrangée et peut-être même, nous ne le serons jamais. J’espère pouvoir prendre mes propres décisions et je lui demande donc :

Tout d’abord, êtes-vous heureuse ?

Voilà une vaste question, elle m’a demandé d’être plus précis, mais j’avoue avoir un peu de mal avec cette notion, alors, je lui précise le sens de ma demande :

Je vous demande cela, car la plupart des gens essayent de réduire leurs malheurs, plutôt que construire leurs bonheurs. Vous êtes belle, jeune, avec un métier qui doit être passionnant et une famille. Alors pourquoi vouloir modifier tout cela, en cherchant un mari ?

Pendant qu’elle réfléchit, je lui dis sur le ton de la confidence :

Pour ma part, je suis heureux, pourtant, je sens qu’il me manque une chose, se marier, avoir des enfants a toujours été une chose importante pour moi. C’est une question d’amour à donner, je sens que mon cœur est plein et j’aimerais en donner à une personne spéciale à mon cœur et à des enfants. C’est pourquoi je souhaite trouver celle qui partagera ma vie.

Comme d’habitude, j’ai trop parlé, mais mon interlocutrice a du sentir au ton de ma voix, à quel ce sujet me tient à cœur et est important pour moi.

Au moins il est honnête ; et, si cet entretien mène à une union, Alyssa aura tout le temps du monde pour apprendre ces petits secrets. Mais pour l'heure, elle ne peut le prendre qu'au mot par rapport au fait qu'ils soient éventuellement gênants pour elle. Elle calme sa curiosité cependant, afin de continuer de mener cette discussion vers le point qui les intéresse tout deux. Elle prend une inspiration à son intervention suivante, et lui annonce gentiment :

« Avec plaisir. Il me faut encore quelques instants »

Son visage est alors relativement neutre, et elle ne peut s'empêcher d'être traversée par de la surprise quand il lui pose une question si simple, si pure, mais si... étrange. Elle lui lance un regard curieux en coin, en attendant qu'il développe. Mais au fur et à mesure qu'il le fait, elle ne peut s'empêcher d'avoir un sourire qui ne fait que grandir. N'est-il pas trop mignon ? Peut-être un peu trop crédule. Mais c'est tout à fait charmant à ses yeux. Elle rétorque donc après quelques instants de silence :

« Belle, j'entends, mais jeune, plus vraiment. Le temps court, et mes objectifs évoluent. Il y a cinq ans, je voulais le monde à mes pieds. Je n'avais le temps de rien, mais la volonté de bâtir un empire. J'étais, et je suis toujours heureuse oui. Mais j'évolue, et je sais ce que je veux. Je ne me vois pas, dans dix ans, sans enfant ; ce qui serait un manquement vis-à-vis de mes devoirs, et un vide au niveau de mon existence »

Elle marque un temps d'arrêt, son regard basculant entre son cadet et celui qui pourrait être son futur époux. Pendor sent que la conversation va prendre une pente un peu plus privée et intime, et par pudeur, il s'écarte à nouveau avec les éventuels gardes de Tagar, laissant le champ libre aux deux alors qu'Alyssa reprend :

« Je suis clairement aussi... habile que mon frère quand il s'agit de trouver les mots. Mais, ce que je veux vous faire comprendre, c'est qu'en tant qu'humains, nous n'avons pas autant de temps que certains. Je ne vais pas dire que je veux et que je vais me précipiter dans un mariage, mais, je sais ce que je veux, et c'est me marier à nouveau pour avoir des enfants. Mon existence en serait vide et dénuée de sens sans »

Elle marque un temps d'arrêt, avant de rajouter :

« Autant, je tiens à vous prévenir et je vais être franche avec vous. Vous êtes séduisant, vous semblez intéressant, mais... vous n'êtes pas spécial à mes yeux. Pour l'instant. Je ne veux pas vous décourager ou vous insulter, c'est juste que je suis trop vieille pour croire au destin, et à la passion ; mais je crois aux choses que l'on construit, et je suis justement prête à bâtir quelque chose avec quelqu'un, avec vous »

Pour je ne sais quelle raison, ma question semble surprendre la jeune femme. J’ai l’impression d’être le premier à lui demander si elle est heureuse. Ma demande ne semble pourtant pas la déranger vu comment elle me sourit et elle me parle un peu de ses objectifs de vie, qui ressemble beaucoup aux miens d’ailleurs. Une fois Pendor partit, comme quoi être frère et sœur permet d’avoir une communication non-verbale extrêmement subtil, car je n’arrive pas à comprendre comment ils font pour deviner les pensées de l’autre, elle me parle à cœur ouvert. Comme moi, elle souhaite des enfants et elle me fait des compliments sur ma personne.

Évidement, je rougis, chose que je déteste et pour reprendre un peu contenance, je reprends un grain de raisin sur le plateau qu’à laisser l’employé de la galerie. Une fois que je me suis un peu calmé, je lui réponds avec un grand sourire :

Ce sentiment est réciproque. C’est amusant comme nos caractères sont opposés. J’ai tendance à croire à la passion et j’avoue que je m’emballe un peu vite. C’est sans doute pour cela que je fais autant attention à ce que mon interlocutrice soit dans les mêmes dispositions que moi. Je n’ai jamais été marié, mais j’ai presque été fiancé et quand cela s’est arrêté, la suite n’a pas été facile.

C’est bien simple, je suis parti en dépression. À l’époque, j’avais en plus reçu l’amende de la part de nos dirigeants, ce qui n’a pas arrangé les choses. Mais maintenant, je vais mieux et comme je sens qu’elle se sent mieux également, je lui tends la main, lui demandant :

Êtes-vous prête à m’accompagner ?

Certains pourraient penser que je parle juste de l’exposition, d’autres d’une relation sur le long terme. Je la laisse donc décider et si elle prend ma dextre, je l’aide doucement à se relever, aimant beaucoup la symbolique de ce geste. Je n’ai plus qu’à lui poser comme question :

J’aimerais beaucoup vous inviter à déjeuner après avoir fini de visiter cette exposition, quel est votre type de restaurant préféré ?

Une fois entendu sa réponse, nous pourrons parler d’art et de pleins d’autres sujets, j’ai toute ma journée de libre et je peux la consacrer uniquement à la jolie jeune femme à mes côtés.