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Ils avaient commencé à avancer de front, Ersa avait positionné une flèche contre la corde de son arc. Une boule s’était formée au niveau de son estomac, comme si elle sentait que tout n’allait pas bien se passer. Comme annoncés l’homme avait pris la tête quand le passage c’était rétrécit. Les gémissements et autres bruits glauque qui lui parvenait aux oreilles ne l’aidait pas à garder sa concentration, se déversant dans son esprit comme une brume qui rendait sa prise de décisions plus hésitante. Elle secoua la tête pour se recentrer sur le présent.
À la sortie du petit passage, il tomba sur un zombi et elle n’eut pas le temps de trouver une ligne de tir qu’il s’en était débarrassé. Elle garda son arc bandé quelque instant, le temps d’analyser si une autre menace était proche, mais rien, aucun son n’indiquer la proximité d’une autre créature. Il reprit son avancée dans le tunnel, Ersa s’approcha et se figea devant le corps. Une montée de panique la submergea l’espace d’une seconde. Une seconde ou ses yeux lui avaient joué un tour, une seconde ou à la place du monstre, elle vit Aralan. Son cœur s’arrêta, son esprit s’embrouilla. Puis le mirage disparut, laissant place au cadavre d’un inconnu. Elle frotta ses yeux embués avant d’enjamber le mort pour rejoindre Fabius.
Le couloir continua sur quelques mètres avant de déboucher sur une immense salle, rappelant une salle de banquet. Des tables en pierres pouvant accueillir des dizaines de personnes, des statues de Xo’Rath bordé la salle, dissimulant un chemin que devait empruntait les serviteurs anciennement. Ses yeux passèrent sur les différentes tables occupées. Passant de corps en corps, essayant de trouver le moindre signe familier. Rien, elle lâcha un soupir avant de se préoccuper des goules en plein repas. Ce n’est qu’après-avoir scruté chaque cible potentielle qu’elle remarqua la jeune femme en cage.
Fabius lui avait demandé si elle avait un plan. Sa main se serra sur le bois de son arme. Une colère froide explosa dans sa tête, elle sera la mâchoire. Tout ce qu’elle avait envie à ce moment était de sortir son glaive pour sauter au milieu de cette salle et fauché tout ce qui bougeait.
Elle posa ses mains sur ses tempes et compta ses respirations pour se calmer. Tout ce qu’elle avait envie à ce moment était de sortir son glaive pour sauter au milieu de cette salle et fauché tout ce qui bougeait. La petite coursive derrière les statues était inoccupée pour le moment.
Ils pourraient tenter une approche sur la porte du fond, si c’étaient les appartements du nécromancien, l’éliminer supprimeraient peut-être une partie des monstres.
- Je vais me placer sur la corniche, de là, j’aurais une bonne position pour te couvrir. Après, sois-tu va direct à la porte en passant derrière les statues ou on peut les prendre par surprise.
Ses pensées étaient en ébullition, elle avait oublié ses réserves, parlant à un autre soldat avant l’action. Sa mâchoire se serra sous la colère qu’il l’envahissait de nouveau. Sa respiration était un peu plus courte.
- Je te couvre d’en haut, a toi de voir sur le moment.
Elle prit une inspiration un peu plus profonde et souffla en détendant ses épaules. Son objectif n’avait jamais été aussi proche, il fallait qu’elle garde la tête froide. Elle se leva, vérifia que son armure était assez ajustée pour ne pas cliqueter et s’élança silencieusement sur le chemin en hauteur. Une de ses mains bloquait les flèches de son carquois, pendant que l’autre maintenait une flèche sur le corps de l’arc, presque prête à être utilisée.
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La naine avançait rapidement sa main enserrée, ses flèches, les plumes lui caressaient l’intérieur du bras. Elle faisait attention à ce que ses pas ne fassent pas de bruit. Une fois en place, elle posa un genou au sol et commença à préparer son tir. L’homme avançait discrètement, il arriva assez vite près de la porte sans se faire repérer par les nécrophages. Son regard scrutait les alentours de celui qu’elle devait protéger.
La porte des appartements s’était ouverte alors que Fabius y arrivait. La naine avait bandé son arc, prête à la lâcher. Le nécromancien était apparu et la colère refit surface, mettant le corps de la petite rousse en ébullition. Toute son attention se portait sur cet homme, cet homme qui lui avait tout retiré. Elle luttait intérieurement pour ne pas tirer trop tôt. Même si tout pourrait se régler si vite.
Il s’avança dans ses habits trop luxueux pour ce trou paumé, jusqu’à la cage de la jeune femme. L’homme baissa son pantalon et c’est le geste de trop.
Au moment d’ajuster son tir, un mouvement entra dans son champ de vision, elle lâcha la corde dans un claquement sec. Elle se détourna avant d’avoir vérifié la précision de son tir. Son regard se posa sur la source du mouvement et elle se figea, écarquillant les yeux comme un lapin dans la lampe d’une calèche.
Le zombi qui lui faisait face était celui qu’elle ne voulait absolument pas s’occuper. Son corps était tétanisé, refusant complètement de lui obéir. Elle aurait dû esquiver, s’éloigner ou même attaquer, mais rien. Aucun geste pour l’empêcher de tomber à la renverse sous l’attaque du mort. Elle put juste croiser les bras pour éloigner la morsure de son cou.
Son cœur ne battait plus correctement pendant que ses yeux s’embuèrent de larmes. La détresse qui l’emplissait l’empêchait de réagir. L’idée même d’attaque celui qu’elle aimait et qui elle ne l’avait jamais avoué la terrifiait, même s’il était déjà mort.
Son esprit la renvoyait sur les nombreux rêves qu’elle avait faits, ceux où ils partageaient cette position. Où elles avaient imaginé le goût de ses lèvres et qu’elle rêvait qu’ils posent dans son cou. Mais ce jour, ce n’était plus Aralan, ce n’était qu’un zombi sans âme qui voulait en faire son petit-déjeuner. C’est son « instinct de combat » qui réussit à la sortir de sa torpeur. De quelque mouvement de doigt, un pic de glace se forma et perfora la tête du mort, du menton jusqu’à l’arrière de crâne. Ersa sortis de son rêve éveillé pour retomber face à l’horreur du mort-vivant perforé, son esprit faisant encore la superposition de ses souvenirs et du présent. Elle ouvrit la bouche pour hurler, mais aucun son n’en sortie. Elle le poussa pour qu’il tombe mollement. Elle se retourna pour se mettre à quatre pattes et vomi. Son cœur battait à tout rompre, ratant presque des battements, la limite d’exploser. Ses pensées étaient incohérentes, ne sachant plus où elle était, plus de ce qu’il se passait ou pourquoi elle était là. Est-ce qu’il était en vie ? Et ce qu’il était mort ? Avant de remettre son regard sur le corps à côté d’elle.
- Aralan ! Je n’ai pas réussi… Pas réussi à vous protéger.
Elle voulait pleurer, mais n’en avait plus la force, ni l’envie. Elle sentit son envie de survivre a quittait peu à peu avant qu’un volcan n'explosât entre ses tempes. Ses mains glissèrent jusqu’à son ceinturon pour le déboucler avant de frapper le sol de roche. Son corps s’arqua sous le coup de la douleur.
Cette transformation fut peut-être une des pires de sa vie. La douleur physique qui la faisait plier chacune de ses articulations à l’extrême. Son esprit n’acceptant pas la réalité, son envie de vivre qui l’avait quitté remplacer par une envie de sang et de vengeance qui submergeait tout le reste.
Au bout de quelques instants où le bruit avait dû attirer l’attention, la « gnoll » se redressa en griffant le sol, hurlant de rage
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La hyène était dressée sur le bord de la corniche, la rage bouillonnait dans tout son corps. Pour une fois, son instinct n’avait pas pris le dessus, son regard était resté à l’émeraude bien qu’injecter de sang. C’était sa rage qui bouillonnait, son envie de tuer qui brûlait. Un dernier regard sur le corps sans vie qui avait tant représenté et elle se jeta sur ses quatre pattes pour rejoindre la salle en contre bas. À chaque nouvelle foulée, un grognement s’échappait de sa gueule entrouverte. Il ne lui fallut que quelques secondes pour rejoindre l’endroit où ils s’étaient séparés. Elle continua sa course, ses grognements résonnaient dans la grotte.
D’un bon, elle couvrit les deniers mètres la séparant de la salle, du nécromancien et des goules qui s’interposait maintenant. Elle bascula sa position pour se remettre debout en passant son regard sur chaque être plus ou moins vivant qui se dressaient dans la pièce. Le mage avait gardé la jeune femme en otage, sa main faisait trembler la lame sur la peau. Elle aussi trembler, sanglotait. Mais la hyène n’aurait pas su dire si c’était à cause de la lame ou de la créature de deux cents livres en face d’elle. La hyène se mit à gronder, un grondement sourd qui résonnait, tel le tonnerre qui roulait au loin, annonçant une tempête à venir. Son pelage brun tacheté ondulait pendait que tout son corps tremblait.
L’immobilité des goules et le flou du pelage auraient pu faire croire à un tableau morbide. Le grondement se stoppa, un rire moqueur s’échappa de la bête, un premier pas et tout se déclencha. Les nécrophages répliquèrent à la charge de la hyène. La première fut balayée d’un coup de patte, la deuxième profita de l’ouverture pour se jeter sur le bras tendu, les crocs entaillèrent la peau, mais furent stoppés par une couche de glace qui s’était formée. La patte de la hyène se posa sur le cou de la créature maudite pour la placer devant sa gueule. La mâchoire putride claquait face au museau, ne comprenant pas qu’elle n’avait aucune chance. Ersa répondit d’un coup de mâchoire, broyant l'avant du crâne de la goule. Du sang noirâtre s’échappait d’entre ses crocs et dégageait une odeur infecte, sans parler du goût, même si pour le moment, c’était la dernière de ses préoccupations.
Elle saisit le corps par la patte et frappa celle qui revenait à la charge. Le cou de la goule craqua dans le choc avec le cadavre et la hyène en profita pour écraser la tête d’un coup de patte. Les os se broyèrent dans un craquement écœurant. Elle se lança à la rencontre des deux dernières qui venaient vers elle. Elle se jeta sur le côté pour éviter le saut de la plus rapide des goules et l’éventra d’un coup de griffe sur tout le ventre, et elle attrapa la dernière par la gueule. Elle tira de toutes ses forces pour séparer la tête du corps avant de les laisser tomber de chaque côté. Son pelage était parsemé de taches de sang noir et rouge, ses yeux verts brillaientd’une lueur mauvaise.
Elle s’approcha du mage lentement, le rire repris, toujours moqueur, un peu plus au bord de l’hystérique. Elle attrapa le poignet de l’homme d’un mouvement fluide, serrant l’articulation pour lui faire lâcher l’arme. L’homme cria de douleur quand les os craquèrent. Elle repoussa brutalement la femme dans la cage et plongea son regard dans celui du mage. Elle pouvait y voir la peur, la douleur, mais ce n’était qu’un début. Sa deuxième patte se posa sur l’épaule avant de se serrer, les griffes pénétrèrent dans le tissu, puis la peau et les muscles. L’homme essaya d’envoyer une attaque mentale, mais n’arriva même pas à déconcentrer la louve, il manquait de puissance ou de concentration, ou la rage de la hyène la protégeait. Quand l’épaule se brisa dans un son sinistre.
L’homme se mit à hurler, Ersa aussi avait envie de hurler, de lui hurler qu’il lui avait enlevé trop de choses, qu’il allait tout perdre, mais aucun mot n’arrivait à se former dans son esprit, juste l’envie de le faire souffrir et se rire qui ne s’arrêtait plus. Pour le moment, il n’avait perdu que son poignet, son épaule et son pantalon.
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La hyène continuait de rire en levant le mage pendant qu’elle l’entraînait vers une des tables de pierre qui trônait au milieu de la salle. Elle le plaqua dessus et l’air fut expulsé de ses poumons dans la violence du choc. Du coin de l’œil, elle avait aperçu Fabius se diriger vers la cage en évitant de trop s’approcher d’elle. Cela lui allait même si elle ne savait pas ce qu’elle aurait fait au cas inverse. Elle ne pensait qu’à celui qui criait de douleur, la haine la forçant à se focaliser sur lui. Elle approcha sa gueule dégoulinante du sang de la goule et le rire se stoppa. Il ne put que sentir le souffle putride sur son visage jusqu’à ce qu’une griffe vienne entailler sa joue et descende jusqu’à la mâchoire. L’homme serrait les dents, cette douleur n’était pas la pire, mais s’additionnait à celles de ses deux articulations brisées. Dans un élan de panique, il essaya de se débattre, mais la patte de la louve s’abattit sur son genou dans un craquement sourd.
Un sourire vint déformer les traits de la hyène lui donnant toujours un air cruel, bien que cette fois, il l’était réellement et sa respiration se mis a siffler entre ses crocs. La flamme dorée qui dansait dans ses yeux rehaussait encore cette cruauté et le plaisir d’avoir enfin sa vengeance. Elle posa lentement sa patte sur le torse de l’homme en enfonçant légèrement ses griffes, elle regardait la peur et la souffrance dans les yeux de l’homme. Elle aimait ça bien plus qu’elle ne l’aurait imaginée, mais elle voyait aussi que l’homme avait atteint ses limites. Elle serra les doigts pour briser les os de sa cage thoracique et stoppa son nouveau cri de douleur en plantant ses crocs dans la gorge du suppliant, avant de se redresser la gueule dégoulinante de ce nouveau sang. Elle le regarda s’étouffer dans son sang, le torse ouvert par ses griffes, il ne fallut que quelques secondes pour que la vie quitte ce corps, emportant la colère d’Ersa au passage. Elle s’était vengée, avait conclut cette traque qui lui avait pris des mois et elle ne se sentait pas mieux, il n’y avait plus qu’un grand vide en elle, et cette vengeance ne lui ramènerai pas ce qu’elle avait perdu. Elle s’effondra, dos contre la pierre froide. Un bruit étrange s’échappa de la hyène, un rire… Triste. Juste quelques instants avant que son corps entier ne se mette à tressaillir.
Sa carrure se repliait sur elle-même, comme si elle fondait, pendant que son pelage disparaissait. La colère l’avait transformée en bête assoiffée de sang, le vide qui l’avait remplacé lui redonnait sa forme humaine. Elle s’était repliée sur elle-même, pendant que son corps changeait et la faisait souffrir autant que son âme avait souffert. Elle s’imaginait que le bruit de ses articulations qui se déboîtaient résonnait dans la grotte, mais la douleur accaparait son esprit et l’empêchait d’entendre.
Après quelques minutes, la douleur s’estompa, laissant son corps ressenti d’autres sensations, la fraîcheur de la grotte sur sa peau, le gout immonde du sang de la goule dans sa bouche. Elle se jeta sur le côté pour vomir et du restée dans cette position le temps que les nausées se calme, avant de se relever en s’appuyant pour la table de pierre. Son regard se posa sur la jeune femme terrifiée, cela confirmait qu’elle n’avait pas eu peur que du mage. Son regard se posa sur ses mains qui étaient recouvertes de sang, elle essuya sa bouche de son avant-bras et le retrouva, couvert de sang rouge et noir. Elle se détourna des deux soldats pour récupérer un bout de tissu sur le cadavre, essayant de s’essuyer avec le peu de morceau propre qu’elle pouvait trouver sans vraiment réussir à tout enlever.
Elle essaya d’ajuster le lambeau distendu de sa tunique qui ne cacherait plus grand-chose de plus que l’essentiel. D’une démarche mécanique, elle se dirigea vers la corniche ou reposait le reste de ses affaires. En passant, elle jeta un regard aux deux Reikois et un sourire triste s'afficha sur son visage taché.
- Cette vengeance. À mauvais. Gouts. Je vais. Chercher. Mes affaires
Sa diction était lente, sans vraiment d’émotion. Au final, c’était peut-être le reflet de ce qu’elle ressentait sur le moment. Ce n’était pas le calme, c’était plus que ça, juste l’impression d’être une coquille vide. Elle reprit sa marche fébrile jusqu’à la corniche. Son esprit n’arrivait pas à formuler des pensées claires, elle s’immobilisa devant le cadavre qui avait tant représenté pour elle. Elle ne ressentait rien, même la tristesse ne trouvait plus le chemin de son âme. Elle se détourna dans un soupir et récupéra son ceinturon d’équipement et le boucla machinalement. Sa main caressa les plumes de ses flèches comme pour se rassurer, sa vie n’avait été que chasse et traque. Il n’y avait pas meilleur symbole que ses flèches et son arc. Elle jeta sa cape sur son épaule et refit le nœud de son col, avant de refaire le chemin inverse pour retrouver Fabius et la soldate.
Ils devraient fouiller les appartements du mage, même si tout ce qu’elle avait envie, c’était de partir d’ici. Et de boire.
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Ses pas résonnaient dans la grotte, elle retournait près des deux soldats sans avoir remis ses bottes déformées. Elle les gardait dans ses mains pour les remettre plus tard, pour le moment, elle profitait du froid de la Roche sous ses pieds. De toute façon, elle n'avait plus besoin d’être discrète, elle avançait de sa démarche mécanique en essayant de maintenir sa cape fermée au mieux, autant pour le minimum de pudeur qui lui restait que par habitude face au froid.
Assez vite, la petite chasseuse se retrouva à son point de départ et remarqua que Fabius était parti pour vérifier les appartements. Ersa ne savait pas si elle voulait le suivre, restait avec la jeune femme qui faisait de son mieux pour ne pas trembler ou fuir le plus loin possible de cet endroit maudit. Le regard de la prisonnière n’arrêtait pas d'alterner entre la porte des appartements et la rousse qui restait immobile.
N’ayez pas peur, je n’ai plus envie de tuer.
Elle lui lança un sourire triste, son regard était terne, plus rien de briller dans les billes émeraude. En réalité à ce moment, elle n’avait plus envie de rien, ne ressentait plus rien à part un grand vide au plus profond de son âme. Sans lui laisser le temps de répondre ou de l’écouter, la chasseuse reprit son pas traînant vers les appartements de l'ex-mage, gravissant les escaliers marche après marche et se figea devant la porte. Allez t-elle vraiment y entrer ? Et pourquoi faire ? Elle prit une grande inspiration et y pénétra. Ce n’était pas aussi luxueux qu'elle s'y attendait, mais tout le confort était présent dans ce coin perdu des rocheuses. Elle s’approcha des bibliothèques, essayant de lire les livres qui pour la plupart étaient dans ses langues inconnues, ses doigts effleuraient la tranche des ouvrages. Laissant quelques traînées de sang au passage.
Son regard se posa ensuite sur la petite source d’eau, elle s'en approcha doucement, sans prêter attention à ce que faisait l'homme dans les pièces et essaya d'abord de capter son reflet sur la surface de l'eau. Sans surprise, la vision lui fit autant pitié que celle de l’écurie, son teint pâle désormais parsemé de tache de sang, ses yeux cernés rougis par la colère et les larmes. Ses iris aux couleurs de pierre précieuses avaient perdu tout leur éclat, se rapprochant désormais de la couleurs du foin. La vipère d’argent qui ornait son cou se détachait encore mieux de sa porteuse. Elle brouilla le reflet d'un coup dans l'eau et retint un sanglot. Elle se frotta les mains et les bras, polluant l'au clair de volupté rouge sombre. Enfin, elle plongea son visage dans l'eau froide pour le nettoyer, mais aussi pour essayer de ressentir quelque chose.
Rien.
Elle se redressa, laissa l'eau couler le long de son cou, le regard dans le vide avant de s’éloigner de la vasque et de se retourner à la visite du logement. La partie de la chambre ne laisse la place à aucune imagination sur les préférences de son dernier occupant. Un petit bureau ou était disséminé quelques objets magiques, mais Ersa n'en connaissait aucun donc elle les laisse en place. Finalement, la naine se retrouva assez vite dans la cuisine, des étagères qui gardaient toute sorte de bouteille et de bocal décoraient les murs. Elle recommença à passer sa main le long des étagères en lisant les étiquettes, il avait beaucoup de réserve d’alcool de tous les coins du Sekai. Une bouteille transparente contenant un liquide ambré attira son attention, elle ôta le bouchon avant de renifler le contenu. C’était l’alcool qu’elle buvait avec eux. Elle en prit une gorgée et son froid intérieur recula légèrement, réchauffait par le passage de la liqueur. Elle referma la bouteille avant de la glisser dans son carquois. Elle n’avait rien trouvé d’autres qui avaient attiré son attention à part une flasque de métal argenté, mais une idée lui traversa l’esprit. Peut-être qu’elle pourrait purifier l’endroit et ce vide qui l’emplissait.
Ersa attrapa un maximum de bouteille et les emmena dans la pièce principale et vida le contenu d’une bouteille dans l’armoire de vêtement, cela devrait suffire à allumer un joli feu de joie avant de se tourner vers Fabius.
- J’espère que vous n’aviez pas l’intention de revenir.
Bien sûr, elle attendrait qu’il ait fini d’inspecter la zone, mais elle comptait bien déverser un peu de cet alcool sur les affaires, le lit et les bibliothèques avant de tout allumer. Elle espérait encore que cela suffise à raviver un peu de ses émotions et l’aiderait à tourner la page.
Que de naïveté.
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Ersa avait continué de déverser les différents alcools sur les affaires du mage, les livres et tout ce qui pourrait brûler. Un vent glacial soufflait sur son âme, elle n’arrivait pas a ressentir quelque chose, même avec ce qu’elle préparait. Les bouteilles s’entassaient, l’odeur d’alcool emplissait l’air et lui prenait la tête. Elle attrapa son couteau et son silex, elle frappa quelques coups au-dessus des tissus imbibés. Des petites flammes commencèrent à apparaître et prirent très vite de l’ampleur. Elle resta là ne sachant pas si elle voulait partir ou rester, voir les flammes tout dévorer, consumer son corps et purifier son âme.
La petite rousse arriva néanmoins à se détourner de ce bûcher naissant pour s’éloigner d’un pas traînant. Les flammes paraient ses cheveux de reflets dansants. Elle se stoppa sur le pas de la porte des appartements avant de jeter un regard à Fabius et a la jeune femme. Elle reprit de sa démarche mécanique, régler comme le tic-tac d’une horloge. Ses pieds foulés la pierre froide dans de léger claquements sans qu’elle n’en ressente la morsure, ou son esprit ne sans préoccupait pas. La fumée commençait à envahir les lieux, le chemin du retour fut un peu plus douloureux, l’air était plus épais et la faisait pleurer. Les larmes roulaient sur ses joues jusque dans son cou.
Son cœur aurait pu être triste, aurait dut être triste, mais il n’y avait une qu’une colère dévorante qui avait tout consumé, ne laissant que le vide. Même la douleur de ses yeux n’arrivait pas à se frayer un chemin jusqu’à son esprit.
Elle arriva assez rapidement à l’entrée et sans se préoccuper des cadavres, elle se dirigea vers le petit chemin qu’ils avaient empruntés. Elle n’eut cependant pas le temps de l’atteindre que la mécanique de sa démarche se brisa, elle tituba jusqu’à un des murs de pierre et s’y adossa avant de laisser se laisser glisser. La naine se retrouva dans une position qu’elle apprendrait à connaître, les jambes plaquées contre sa poitrine. Le vent soufflait entre les parois de ce petit canyon, faisait danser ses tresses avant de s’engouffrer sous sa cape, parcourant sa peau et la parsemant de chair de poule. Son regard ne se détachait pas du sol, n’arrivant pas à enchaîner quelques pensées. Elle n’arrivait à savoir ce qu’elle devait faire, ce qu’elle serait capable d’entreprendre maintenant qu’elle avait tout perdu.
Étrangement, quand elle redressa la tête et tomba sur Fabius, une idée, lui traversa l’esprit. Elle repensa à ce fameux convoi, à Tagar, à cette Elfe. À son dernier moment de bonheur.
- J’imagine que tu feras un rapportà Tagar de ce qu’il vient de se passer. J'ai vraiment espéréque cette vengeance m'appaiserait. Mais il semblerait que cela n'ai servit à rien.
Un sourire triste s’afficha sur les lèvres pâles de la petite chasseuse. Elle ne soutenait pas le regard des deux personnes présentes, ne regardant que leurs pieds.
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Ersa ne voulait pas se relever tout de suite, sa main gauche avait saisi son collier d’argent et faisait glisser son pouce le long des écailles du serpent. La proposition de se joindre au service de Tagar aurait pu être intéressante, mais elle ne s’imaginait pas rester trop loin de la première ligne. Elle n’avait plus de raison de rester en arrière. Un léger sourire déforma son visage à la remarque sur Tagar, elle aurait pu répondre, il y a quelque temps. Elle n’arrivait pas à se trouver un nouveau but, peut être celui de changer de chasse, traquer du fanatique qui était la cause de tant de malheur au lieu des animaux qui ne faisait que suivre leurs instincts.
Fabius lui fait la déclaration qu’elle ira mieux, que d’avoir tuée le nécromancien l’aidera as tourner la page. Honnêtement, elle n’y croyait pas, à ce moment, elle se sentait si vide, n’avait plus envie d’avancer. Rose reprend en voyant les choses avec un optimisme qui remontait un peu Ersa et la fit penser à Tagar, c’est sûrement quelque chose qu’il aurait pu sortir à la fin de cette mission. C’est ce qu’il avait fait après le combat qui avait causé tant de mort dans leur arrière-garde de convoi. De cette mission, elle repensait surtout à la destruction qu’elle avait vue où causer, alors qu’elle aurait pu essayer de souvenir des autres côtés, de leurs survies, de leurs rencontres, d’un petit-déjeuner au lit irréel en temps de guerre, ou d’un réveil en panique qui la faisait parfois encore rougie, malgré sa déprime.
- L’avenir nous le dira, j’imagine.
Elle sentit une larme perler au coin de son œil, sa main droite quitta son genou pour remonter le long de sa jambe et de son flanc, frôlant une grande partie de sa peau qui n’était plus couverte que par la cape. Elle l’enfonça dans son carquois pour en tirer la bouteille de gniole. Elle tira le bouchon avec ses dents, le vent continuait de jouer avec ses cheveux et diffuser le parfum de la liqueur. L’odeur faisait remonter des souvenirs lointains de soirée passée autour d’un feu de camp, à boire de tord-boyaux qu’elle avait mis du temps à apprécier. Elle porta le goulot à ses lèvres et bu quelques gorgées. Elle ferma les yeux pour essayer de savourer le goût avant de refermer la bouteille et de la replacer parmi ses flèches.
Elle se releva lentement, lâchant son collier de ses doigts tremblants. Elle plaqua sa main contre sa ceinture pour dissimuler ou arrêter les tremblements, elle ne savait pas si c’était à cause du stress, de la déprime, de la fatigue et à vrai dire elle s’en moquait.
- En faite, je préfère que tu fasses le rapport. Son optimisme va me tuer. Mais tu pourras lui dire que s’il a besoin de plus petit que lui, il pourra compter sur moi.
C’est tout ce qu’elle pouvait faire, dire qu’elle serait là sans préciser dans quel état. Elle était restée appuyer contre le mur, son corps fut parcouru d’un frisson avant que ses muscles ne se tendent à la façon d’un arc. Elle s’ébroua et sa posture changea d’une façon presque indéfinissable. Son regard fut plus dur quand il se posa sur l’entrée de la grotte d’où s’échapper la fumée noire du bûcher qu’elle avait allumée. Elle s’éloigna enfin du mur et commença à se diriger vers sa monture, le changement était un peu plus perceptible, sa démarche mécanique, presque saccadé avait laissé place à quelque chose de plus féline. Ses pieds nus continuaient de fouler la pierre humide, mais il n’y avait plus les petits claquements produits pour sortir de la grotte. Elle avait juste envie de partir d’ici, de rejoindre l’armée pour partir dans une autre mission qui l’éloignerait de ses pensées et ou elle pourrait se battre au mieux.
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Ersa avait continué d’avancer, Fabius avait accepté sa requête. Elle aurait dû espérer que Tagar ne lui en veuille pas de l’éviter comme ça, mais elle était déjà à moitié perdu dans ses pensées. Elle avait écouté d’une oreille l’échange entre l’homme et la jeune prisonnière. Rose avait expliqué ce qui avait rythmé ses derniers jours, malgré tout, elle essayait de se raccrocher au positif. Ersa ne put s’empêcher de soupirer, les tremblements de sa main reprirent et elle la plaqua contre sa ceinture de cuir une fois de plus pour la dissimuler de son côté, elle ne voyait plus ce qu’elle pouvait espérer de l’avenir. Ce qui pourrait lui donner une raison de faire un pas de plus. Elle avait envie d’hurler face au vide qui l’emplissait, face à la falaise qui avait guidé leurs pas un peu plus tôt, envie de frapper la pierre jusqu’à ce qu’une des deux se brise.
Elle sentit le regard de Fabius et frissonna, il avait essayé de trouver les mots pour elle et elle se sentait jugée, même si cela n’avait pas réellement d’importance. Elle lui adressa un sourire qui sonnait faux, remplit d’une tristesse qui la suivrait longtemps.
- Elle s’entendrait bien avec Tagar,
Elle se tourna vers Rose en gardant son fantôme de sourire.
- Si vous le croisez essayer de trouver du chocolat pour avoir ses faveurs.
La naine arriva près de sa jument est tira une tunique de sa sacoche, elle ôta la cape en tournant le dos aux deux soldats. Elle enfila le vêtement pour dissimuler sa peau blanche parcourue de quelques marques avant de remettre sa cape sur ses épaules la protégeant du froid. Elle se hissa sur sa selle avant de regarder le reste du trio.
- Rose peut monter avec moi, ma jument est entraînée pour mon changement de poids. Nous pouvons faire une halte à l’auberge pour qu’elle puisse se reposer, manger et trouver de quoi s’habiller. C’est peut-être l’option la plus sûre. Je ne resterais pas longtemps, j’imagine que mes supérieurs attendent mon rapport.
C’était une excuse, cette mission n’était qu’une parmi d’autres pour l’armée, avait été plus importante pour elle que pour le Reike. Une mission parmi tant d’autres qui pourtant avait changé sa vie, l’enfonçant dans l’abîme qu’elle avait commencé a côtoyer. L’avantage de ce genre de ténèbres était qu’on ne savait qu’on avait touché le fond que lorsque l’on commencé a regarder les étoiles.
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