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Une stèle d'obsidienne, dans laquelle reposait une urne. A l'intérieur se trouvait un démon assez ancien et puissant pour terroriser la moitié du monde connu. Du moins ce qu'en disaient les prêtres et magiciens l'ayant combattu durant son âge d'or. Des symboles gravés sur la stèle, d'anciennes runes ou sortilèges assez puissant pour contenir le feu infernal, et l'ombre destructrice dont le démon était capable. Dans l'urne, seul, le démon attendait patiemment son heure. Après quelques années à essayer de briser le contenant dans laquelle on avait placé son âme, son cœur et son corps, il se rendit bien vite compte que ce n'était pas possible. Chaque sortilèges lancés lui revenaient en pleine poire, et plus il usait de sa magie, plus il lui semblait qu'on sapait ses forces, qu'on drainait son énergie, qu'on lui volait sa magie. Seul, misérable, ses habits d'antan devenus de simples guenilles froissés et déchirés, il avait perdu de sa superbe. Longue barbe, cheveux en pagaille, il ressemblait plus à une bête qu'au démon de jadis, qui écumait la planète pour y faire profit, ripaille et carnage.
L'intérieur de l'urne était une dimension à part de la réalité. Aussi, lui semblait-il qu'elle était plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur. Cela restait sommaire. Des murs blancs, un sol blanc, et une lumière blanche, qui ne s'arrêtait pas d'illuminer chaque zone d'ombres dans lesquelles il aurait pu se planquer. C'était comme si un soleil miniature vous harcelait continuellement. C'était une sacrée punition. Le Baron de Minuit était assurément connu pour sa maitrise de l'élément ombre, mais son accointance avec la nuit, était bien plus grande et viscérale que le simple fait de pouvoir contrôler et créer l'ombre.
Oiseau de nuit, annonciateur de malheur, il aimait autant la lumière de la voûte céleste et ses étoiles, que la profondeur sombre du ciel. Mais dans cette urne, il ne voyait rien de tous cela, il ignorait tout du monde, l'isolement l'ayant privé de tout moyen de parvenir à ses fins. Car comme tous les démons, il vouait une haine et rancune tenace envers les dieux. C'était plus fort que lui, c'était dans ses gênes. Pour l'instant son courroux, allait plutôt aux magiciens et prêtre de Shoumei, qu'à un quelconque dieu.
Ah, ce qu'il les ferait souffrir quand il le pourrait, ah, qu'il ferait un carnage une fois tous ses pouvoirs retrouvés ! Il en salivait d'avance, tout en sachant que la vengeance était un plat à servir froid. Puis un jours, tout bascula. Des secousses et des tremblements agitèrent les terres de Shoumei, jusque dans la dimension blanchâtre, la prison aux allures de purgatoire, dans laquelle il se trouvait.
*Mais qu'est ce qu'il branle ses cons ?! Ils vont quand même pas me déplacer, si ? Et devrais je le sentir jusque dans cette dimension ?*
Nouvelle secousses, la stèle se brisa en milles morceaux, faisant tomber l'urne à terre, dans un mouvement de panique, le gardien des entités les plus dangereuses que Shoumei avait enfermé, trébucha sur l'urne, et l'ébrécha suffisamment pour que la dimension interne de l'objet ne se fissure, laissant son essence démoniaque s'échapper.
Enfin libre. Son corps endoloris, ses sens émoussés, la vue trouble et la magie qu'on lui avait drainé depuis des années, mais libre quand même, il monta quelques marches jusqu'à une ruelle. L'odeur de la mort, du sang et du feu qui dévorait le bois et les habitations de la cité dans laquelle il se trouvait, tout cela excita ses pulsions meurtrière, et la joie d'être libre, enfin.
Il cria de toute ses forces, s'époumona comme un nouveau né qui voit le jour pour la première fois. Pas de larmes cependant, que de la rancœur envers les êtres humains et leur bêtise, leur faiblesse. La loi du talion, auquel il attachait une grande importance, ne souffrait de voir le faible vaincre le fort par des moyens transversaux, déviant, ingénieux.
Mais la grande roue de la destinée avait tourné, et il en sortait vainqueur.
Car le fort restera toujours puissant, et traversera le temps, sans faiblir.
Le faible, quand à lui, n'avait qu'à s'écraser ou bien périr sous ses bottes.
- Bon, je vais devoir me trouver un tailleur digne de ce nom. Dit-il à haute voix, comme pour lui même. Parce que là, je ressemble à rien ! Termina-t-il en se regardant dans un vitrail ébréché, pas encore tombé au sol.
Il était vrai qu'il n'avait aucune allure, et que sa superbe en avait prit un coup. Plus une bête sauvage qu'un être civilisé. Et les titans eux même le savaient, le démon était quelqu'un de coquet.
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