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Citoyen du monde
Myriem de Boktor
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Voir Célestia et…
Feat Qultarn - 1
Le temps passe tellement vite, il y a un an déjà que les événements de Benedictus ont eu lieu, un an que l’Entité Sombre arpente le Sekaï et qu’il est devenu primordial à mes yeux de soigner l’Arbre Monde. Je me suis perdue dans le Chant des Ronces après ces événements et j’ai peiné à reprendre le cours de ma vie.
Mais il y a finalement eu Melorn et ensuite ma virée aux côtés de Savoir et maintenant j’ai repris les rênes de mon existence et de mon âme.
Tribun de Shoumeï, chantiers à surveiller, une vie bien remplie au quotidien mais un goût amer reste dans ma bouche. Je sais, j’ai appris, j’ai entendu des récits, j’ai parlé avec des réfugiés de Célestia mais malgré tout je n’ose pas encore y croire. Le Nouvel Ordre était une menace pour l’autorité du Reike? Une troupe de quelques soldats rejetant leur autorité certes mais ils étaient si peu, balayés, rasés, détruits, voilà ce qu’on m’a dit. Le Reike ne s’est pas contenté de tuer les soldats, ils ont massacrés les vieux qui refusaient de quitter leur maison et ont mis la ville à feu et à sang laissant un champ de ruines. Je n’étais pas prête encore à m’y rendre, pas prête à affronter cette réalité.
Aujourd’hui l’ennemi du Sekaï devrait être la corruption qui ronge l’Arbre Monde et qui répand sur nos terres ses méfaits. Elle n’a jamais été aussi forte au demeurant. Et pourtant ce n’est pas ce qui me travaille, je dois aller voir Célestia, voir de mes yeux la ruine causée par le Reike pour ne pas oublier qu’ils sont un Empire de conquérants, que si j’ai un poste officiel c’est uniquement pour l’apparat pour le moment, pour faire croire que les natifs ont un rôle à jouer. Je ne me fais pas d’illusion, et pourtant j’ai accepté ce poste pour tenter d’infléchir les choses car je reste une éternelle optimiste et sans Espoir la vie ne vaut pas la peine d’être vécue.
J’ai bien tenté de parler avec Ruyven de mon souhait de me rendre à Célestia mais j’ai reçu un non catégorique, il a bien entendu eu le soutien de Wan. Comme toujours ils mettent avec justesse en avant Amael, le fait qu’il a besoin de moi, comme si je ne le savais pas, comme si je n’avais pas moi non plus besoin de lui ! Ils ne comprennent pas ce que je ressens, j’ai besoin d’agir, de faire, de voir alors… J’ai fait le choix de me téléporter là bas. Enfin au pied de la montagne. Si je me téléporte directement là haut je n’aurais plus accès à ma magie et vu la corruption ambiante cela pourrait s’avérer très problématique.
Me voilà le lendemain matin, bien avant l’aube, équipée pour l’ascension, je l’ai déjà réalisée plusieurs fois, je connais les chemins malgré la neige qui commence déjà à recouvrir les versants de la montagne. L’ambiance est sombre, l’air lourd, comme si une chape de plomb était posée sur mes épaules. La montagne n’est plus ce qu’elle était par le passé. La végétation a changé aussi, les plantes ont muté en un sens et tout est dangereux, impossible de se nourrir ici, j’ai pris de quoi manger et boire dans mon lourd sac à dos, j’ai quatre jours de rations et de quoi dormir en plus de mes affaires. Depuis ma virée avec Savoir je m’astreins à une hygiène de vie autre, je ne serai jamais une grande bretteuse mais j’ai compris que je devais savoir me défendre correctement, parfois la magie peut nous faire défaut.
La montée commence, mon pèlerinage en quelques sortes, avec dans le cœur la crainte de ce que je vais découvrir là haut. Ce serait mentir de dire que ce fut une sinécure, j’ai dû lutter contre des plantes qui tentaient de m'agripper et m’ont fait chuter. Leurs membranes étaient surmontées d’épines, heureusement que j’avais des bottes hautes et un pantalon de cuir épais et des chausses de laine dessous. J’ai aussi croisé des sortes de lapins étranges, ils n’avaient pas de poils soyeux mais une croûte écailleuse sur leur dos, leurs yeux étaient injectés de sang et j’ai dû les bloquer dans une gangue de glace.
La journée touche à sa fin, le soleil décroit, il me reste encore une bonne demi heure de marche pour atteindre les remparts anciens de la cité de Célestia. Je devrai réussir avant qu’il ne fasse totalement nuit et que sortent des aberrations nouvelles.
(pour justifier les 80% le RP se déroule juste après la PA de Qultarn/Sublime)
CENDRES
Citoyen du monde
Qultarn
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Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal mauvais
Rang: D
Le trajet avait été complexe à bien des égards.
Le départ de Bénédictus avait posé son lot de difficultés, la protection des Titans et de l’Arbre-Monde s’estompant à mesure qu’il s’éloignait de la ville. Le risque de tomber sur une patrouille s’était fait de plus en plus réel, vers le nord, car les reikois qui tenaient Maël ne voulaient pas relâcher la prise qu’ils avaient sur la Cité Blanche, annexée durant la dernière guerre et qui servait de ponton de débarquement pour les troupes de l’Empire en provenance d’Ikusa. Paradoxalement, c’était en arrivant dans les environs proches de la ville qu’il avait couru le moins de risques : la circulation était plus dense, et l’envahisseur ne pouvait contrôler efficacement les identités de tous les voyageurs déracinés qui arpentaient les terres de l’ex-Shoumeï.
Le drakyn s’était fondu dans la masse, s’était arrêté une nuit à Maël pour échanger avec les locaux, avoir des nouvelles du nord, et se refaire un stock de rations de voyage. C’est que la nourriture était chiche à Bénédictus, et il leur fallait un moyen d’y remédier. Cependant, Qultarn avait l’impression que ce n’était pas une priorité pour tout le monde : entre les anges et les Non-Morts, force était de constater que ceux qui nécessitaient un repas régulier n’étaient pas les plus représentés du lot. Et lui-même se voyait mal prendre une bêche et cultiver du blé ou quelle que soient les graines qu’ils mangeaient ici traditionnellement.
Parce qu’il n’aurait pas la moindre idée de la façon dont il convenait de procéder : les steppes glacées du nord du Reike n’étaient que peu propices à l’agriculture.
Pour la suite de son pèlerinage vers le nord, il s’était cantonné aux routes principales, partageant quelques heures avec d’autres voyageurs que sa haute taille de drakyn et son armure n’intimidaient pas trop. Certains étaient même rassurés, l’associant mentalement au Reike, qui était venu les ‘’sauver’’ et maintenir l’ordre et un semblant de vie normale quand cette dernière avait été retournée et piétinée comme un enfant colérique le ferait d’un jeu qu’il est en train de perdre, ou pour effacer les traces d’un mauvais souvenir en fermant les yeux et en se bouchant les oreilles. A maintes reprises, il dut se mordre l’intérieur des joues et la langue pour ne pas laisser échapper une parole malheureuse ou dégainer son épée et leur faire un sort, plutôt que de les laisser blasphémer en paix.
Il se contenta de hocher la tête et de pousser un grognement neutre qui pouvait être pris comme de l’assentiment.
L’approche de Celestia fut difficile. Il s’y attendait, car on l’avait prévenu, aussi bien à Bénédictus qu’à Maël et sur la route. Les bêtes qui hantaient la région étaient plus agressives que jamais, transformées par la magie de l’Arbre-Monde, et même certaines plantes jaillissaient des crevasses et des fissures de la roche telles des anguilles pour lui attraper les chevilles. Il se félicita d’avoir gardé son armure, et continua de jeter des regards inquiets en direction du ciel. En cas d’orage, la foudre serait attirée par tout le métal qu’il portait, et il lui faudrait se déséquiper rapidement, s’il ne voulait pas qu’un éclair ne l’abatte sur place.
Mais le temps restait clément, le souffle de l’automne qui poussait sur les plaines et annonçait la venue de l’hiver était ici remplacé par les premiers frimas, et ses expirations formaient une buée chaude qui disparaissait aussitôt. Un aigle le surplombait en tournant, et son cri aigu et régulier ponctuait la route difficile qu’il suivait jusqu’à l’ancien siège du Nouvel Ordre, dont le Haut-Cardinal avait fait partie avant que le Reike ne déferle sur la ville pour y massacrer tout ce qui bougeait.
De fait, rien que le trajet l’avait aidé à reconsidérer les choses. Certes, il ne se sentait pas plus proche de Zeï que des autres Titans, même si c’était celle qui l’avait converti à la vraie Foi, dans les profondeurs du Berceau. Mais il avait beau lire les textes de la Cathédrale, il semblait manquer de la petite étincelle supplémentaire et il en venait à se dire que la voie choisie par Valmyria de tous les vénérer de façon indiscriminée était peut-être celle qui lui convenait. Et, pourtant, Aurya lui paraissait aussi mystérieuse et incompréhensible que la Chuchoteuse, à bien y réfléchir.
S’il faisait ses dues vénérations, avec une piété exemplaire, il cherchait davantage.
C’était pour cela qu’il avait entrepris ce pèlerinage vers Celestia, en espérant que les ruines de la Cité l’inspireraient et donneraient un nouvel élan à sa quête et à sa Foi. Egalement, en parlant avec les autres croyants, leur rencontre dans les décombres de la ville avaient constitué un élément fondateur de leur groupe, et il ressentait le besoin de le vivre autrement que par procuration, de ressentir le poids des pierres et des morts, le fardeau qu’il leur restait à porter pour libérer le monde de l’emprise de l’hérétisme.
Le rapace poussa un glapissement annonciateur, et Qultarn leva les yeux. Comme si ç’avait été prémédité, ce qui semblait être un simple amas de mousse maigrelette sur un rocher taché de rouge bondit sur lui, s’accrochant au haut de son plastron, tentant de ramper vers son visage. Les fragments verts frottaient les uns sur les autres comme autant de dents prêtes à broyer la chair, et il tomba en arrière sur l’étroite sente de chèvre qu’il empruntait pour monter vers la ville par un chemin dérobé.
Après un roulé-boulé sur une bonne dizaine de mètres, un caillou imposant arrêta sa course, et il parvint à jeter le tapis vivant et mousseux au loin. Qultarn reprit un souffle paniqué à quatre pattes, en jaugeant les alentours, magie prête à l’emploi, laissant les battements de son coeur se calmer petit à petit. Une prière lui échappa à mi-voix, et il se redressa en soupirant et en se frottant le dos, là où il s’était cogné. Il lui restait deux bonnes heures de marche, à vue de nez.
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