Citoyen du Reike
Nazg-Sash
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Info personnage
Race: Vampire
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
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Nazg et ses souvenirs perdus
Lieu et époque : Benedictus, Shoumeï, il y a environ 500 ans.
Le crépuscule s’étendait sur Benedictus, recouvrant la capitale d’une ombre menaçante. Le jour déclinait, apportant avec lui une atmosphère étouffante, chargée des cris des condamnés et des murmures des familles effondrées. Parmi les ruelles sombres et les pavés mal entretenus, Yingyue attendait, enchaînée dans une geôle froide. La jeune femme se tenait droite, la tête haute malgré ses liens. Ses traits fins et fiers trahissaient sa noblesse, mais dans ses yeux sombres, brûlait une rage contenue, presque palpable. Elle observait d'un regard de braise l'ombre des flammes danser au loin, dévorant les bûchers où reposaient déjà les cendres de ses parents et de ses frères. Une odeur âcre envahissait l'air, mélange de bois brûlé et de chair calcinée.
Sa famille, estimée dans tout Shoumeï, avait été anéantie sous de fausses accusations.
Tombée sous les coups d’un complot ourdi par leurs rivaux, jaloux des secrets alchimiques et des savoirs transmis depuis des générations.
Cette lignée avide, les Uragiri-mono, avait pointé un doigt accusateur vers les leurs, les désignant comme hérétiques, adeptes d'arts occultes et dangereux, menaçant ainsi la pureté de la Fédération. Aux yeux de la société, il n’y avait plus de place pour la maison de Yingyue, autrefois respectée, désormais réduite à un amas de cendres sans héritiers, sans héritage, sans honneur.
Elle-même était la dernière de sa lignée, et dans quelques heures, elle rejoindrait les siens. Elle ne nourrissait aucune illusion à ce sujet : les juges avaient déjà édicté leur sentence avant même de voir son visage, apeurés, achetés ou complices eux-mêmes des responsables de cette machination démoniaque. Elle s’était battue, elle avait tenté de défendre son nom et celui de sa famille, avait engagé les meilleurs avocats et fait appel aux dieux eux-même, mais rien n’y avait fait. Sa famille, dans sa quête d'en découvrir toujours plus sur les secrets de l'alchimie, s'était elle-même encombrées des objets et savoirs qui allaient bientôt servir de "preuves" à leur culpabilité.
La machine impitoyable de l’injustice s’était abattue sur elle, scellant son sort dans des chaînes dont elle ne pourrait échapper que par la mort.
Le fer des menottes mordait dans ses poignets délicats, une douleur lancinante qui pourtant n’était rien comparée à la brûlure qui lui rongeait le cœur.
Yingyue savait qu’elle serait emmenée au bûcher à l’aube. Dans son esprit, une litanie de visages, de noms et de paroles se succédait, des souvenirs qui resteraient bientôt enfouis sous les cendres de sa propre combustion. Elle ferma les yeux, et pour la première fois, des larmes de rage et de frustration coulèrent sur ses joues. Elle se sentait prise au piège, enchaînée non seulement par le métal, mais aussi par l’impuissance de son sort.
C’est alors qu’un silence étrange se fit, presque surnaturel. La température sembla chuter, et une ombre s’avança lentement dans sa cellule, se détachant de la nuit comme si elle-même en faisait partie. La désormais orpheline releva la tête, ses yeux brillant de défi, malgré l’obscurité, et son cœur battit plus fort lorsqu’elle aperçut l’étrangère. Elle était vêtue de noir, une élégance sombre émanant d’elle comme une aura inquiétante. Ses traits étaient sculptés, fins et immobiles, comme ceux d’une statue de marbre, et ses yeux luisaient d’une lueur sanguine et glaciale. Cette présence inhumaine, froide et imposante, la paralysa un instant, puis elle sentit l’ombre se refermer autour d’elle.
La nouvelle arrivante la regardait, et, d’une voix basse, douce mais implacable, elle s’adressa à elle.
- Je connais la vérité de ce qui t’a été infligé. Ton nom a été traîné dans la boue, ta famille sacrifiée au nom de la soif de pouvoir de quelques traîtres. Pourtant, je vois en toi quelque chose que personne ici ne semble voir. Une force, une résilience. Et plus encore, une aptitude rare que j’ai pu observer … une maîtrise des poisons et de l’alchimie.
Les mots de la brune étaient précis, presque murmurés, mais chaque syllabe résonnait comme une sentence libératrice. Yingyue, déstabilisée, chercha à comprendre la signification de ces paroles. Sa méfiance naturelle refit surface, car dans sa situation, la confiance était un luxe qu’elle ne pouvait plus se permettre. Peut-être était-ce là une énième machination destinée à lui faire avouer un nouveau vice et ainsi frapper son nom du sceau de l'infamie pour l'eternité ? Une nouvelle torture infligée par les Uragiri-Mono ?
Mais il y avait quelque chose dans la présence de cette femme, dans la profondeur de ses paroles, qui éveillait une nouvelle curiosité, une étincelle d’espoir insoupçonnée.
Cette dernière continua :
- Je te propose une alternative. Laisse-moi te libérer de cette existence périssable. En échange, tu m’offriras ta loyauté, et je te donnerai non seulement la vie, mais une immortalité que peu sont dignes d’atteindre. Ensemble, nous pourrons traquer et anéantir ceux qui t’ont fait du tort, leur faire goûter à ce poison qu'est la trahison.
Le crépuscule jetait déjà quelques maigres lueurs à l'horizon.
La proposition de cette étrange femme était tentante, mais une peur viscérale l’empêchait de céder complètement. Elle avait l’impression d'être au bord d’un abîme : accepter cette offre serait abandonner le peu de son humanité qui lui restait.
Yingyue détourna les yeux, secouant faiblement la tête. Une lueur d’hésitation assombrissait son regard. Elle murmura d’une voix rauque, hésitante :
- Et si … et si je ne suis pas prête à payer ce prix ? Si je refuse et meurs comme les miens ? Au moins périrais je la conscience tranquille.
Cette pensée la hantait. Elle se raccrochait au souvenir de sa vie passée, même si celle-ci ne lui offrait plus rien d'autre que la douleur et la désillusion. Sa vie ne valait certainement pas le prix de son âme immortelle, n'est-ce pas ?
Et la Vampire, impassible, observait avec une froide intensité cette jeune femme en proie au doute. Elle resta silencieuse un instant, puis, son ton se durcit.
- Mourir comme les tiens, dis-tu ?Elle fit un pas vers la shoumeïte, ses yeux luisant d’une lueur presque sévère. Penses-tu vraiment que le souvenir de ta famille s’honore en acceptant de finir en cendres, consumée par l’injustice de ceux qui les ont massacrés ? Crois-tu qu’ils seraient morts pour que tu baisses les yeux devant tes ennemis ?
Les mots de Nazg étaient coupants, sans pitié. La coupable leva la tête, confrontée à une vérité qui transperçait son hésitation. Son hôte d'un soir reprit, d’un ton implacable :
- Ils t’ont volé ton nom, ta famille, et jusqu’au dernier souffle de tes proches, sans jamais regarder en arrière. Le sang de tes parents, de tes frères, a coulé pour alimenter leur avidité. Et maintenant, tu voudrais simplement t’en aller sans rien ?
À chaque mot, Yingyue sentait sa rage enfler, comme une rivière en crue. La douleur de ses pertes, ravivée, bouillonnait en elle, chaque battement de cœur intensifiant sa détermination. La voix de la femme résonna encore, douce cette fois, mais tranchante :
- Je ne te demande rien de plus que d’accepter ce que tu mérites : une justice au-delà de la mort, une vie que tu pourras dédier à leur mémoire en traquant ceux qui les ont trahis.
Ce fut l’étincelle qui alluma sa décision. Elle leva les yeux et, cette fois-ci, il n’y avait plus d’hésitation. Sa voix, forte et résolue, brisa le silence :
- Oui. Rends moi plus forte que ces traîtres et je te donnerai ma loyauté éternelle.
La Dame esquissa un léger sourire semblant contenir mille secrets et presque autant de promesses. Elle s’approcha de l'enfant, l'effleurant de sa peau glacée et prononça quelques mots dans une langue aujourd'hui interdite, puis, dans un mouvement à peine perceptible, ses lèvres touchèrent la gorge de la jeune femme.
Un frisson parcourut la Shouméïte, et en un instant, la douleur fut remplacée par une vague de malsain plaisir, comme si chaque partie de son être s’inhibait de cette sombre puissance.
Quand elle rouvrit les yeux, la cellule autour d’elle semblait différente, plus claire et plus vivante. Ses sens étaient décuplés, chaque bruissement, chaque lumière dans l’obscurité, lui semblait d’une intensité troublante. Elle n’était plus celle qu’elle avait été. Elle sentit ses crocs effleurer sa lèvre, et une nouvelle soif s’emparer d’elle, une faim qui transcendait le simple besoin de justice.
Sa Mère se redressa, observant avec satisfaction le regard transfiguré de sa désormais progéniture.
Les deux femmes venaient de sceller un pacte d’éternité. Les Uragiri-mono seront bientôt confrontés à une fureur qu’ils ne comprendroent jamais, une force venue des profondeurs de la nuit. Et ainsi, à travers le lien de sang et de vengeance, Yingyue et Nazg s’élanceront dans le premier acte de cette longue destinée.
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Nazg-Sash
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Nazg et ses souvenirs perdus
La transformation fut un tourbillon de sensations, une immersion dans un monde de douleur qui suivie d’un long silence glacé.
Yingyue se sentit arrachée à sa propre humanité, sa dernière connexion avec ce qu’elle avait été jusqu’alors se dissipant. La morsure des ténèbres s’installa dans sa chair comme une seconde nature, un manteau de froid surnaturel consumant les derniers vestiges de faiblesse humaine qui avaient put encore constituer les éléments de son âme.
Ce renouveau, ce corps aux capacités décuplées, s’était transformé en une arme. Elle était désormais l’instrument parfait de vengeance, et sa mère, avec calme et précision, la guida dans cette nouvelle réalité. Elle lui enseigna les codes et les subtilités du combat, les techniques de dissimulation et les secrets de l'assassinat. C’était pour Nazg-Sash une danse complexe, une partition mortelle jouée dans le secret, mais sa fille, elle, voyait chaque meurtre comme une offrande aux âmes de sa famille perdue.
Ensemble, elles formèrent un duo implacable, se glissant dans les demeures des Uragiri-mono.
Les premières victimes tombèrent sans alerte. Une coupe de vin empoisonnée, l’ombre d’une lame glissant dans la nuit, ou encore un soupçon d’encens modifié emportant les victimes dans leur sommeil. L'ancienne Shouméïte appliqua son savoir-faire avec un froid pragmatisme, et Nazg observa cette détermination implacable avec satisfaction, non sans prendre sa part d'apprentissage en profitant des connaissances de son enfant.
Celle-ci se déplaçait dans la nuit avec la précision d’un prédateur, calculant chaque mouvement avec une froideur clinique, ne laissant jamais une seule trace derrière elle. Sa vengeance était un art, chaque mort une note ajoutée à la symphonie funèbre qui résonnait en son cœur.
Peu à peu, le nombre de membres des Uragiri-mono diminua. Les survivants, terrifiés par cette force invisible qui semblait s'évertuer à décimer leur lignée, renforcèrent leur sécurité, mais rien ne paraissait pouvoir l'arrêter.
Elles orchestraient chaque mission comme une chef d’orchestre, traçant les plans, sélectionnant les cibles, et à chaque nouvel assaut, Yingyue sentait un peu plus la satisfaction d’accomplir son devoir, son cœur s’alourdissant pourtant de l’intensité de cette justice personnelle.
Aucun ne fit le rapprochement avec cette famille condamnée au bucher, une décennie plus tôt.
Comment l'aurait-il put ? Tous avait péries. Aucun membre n'en avait réchappés. Même la gamine des rues que Nazg avait utilisé pour remplacer Yingyue.
Finalement, il ne resta plus qu’une demeure à visiter, celle du patriarche des Uragiri-mono, l’esprit de la conspiration qui avait condamné sa famille au bûcher. La fille se tenait devant la demeure, silencieuse, ressentant à la fois la fureur et une étrange paix. Elle avait sacrifié son humanité pour venger les siens, mais, guidée par la main glacée de sa mère, elle savait que cette nuit marquerait la fin de sa mission et l’aboutissement de son nouveau destin.
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Nazg et ses souvenirs perdus
La demeure du patriarche des Uragiri-mono, avec son air imposant et ses jardins soigneusement entretenus, paraissait étrangement silencieuse cette nuit-là. Nazg et Yingyue se tenaient à l’entrée, observant les sombres recoins de la bâtisse qui leur serviraient d’abri dans leur sinistre jeu. L’une d’elles eut un rictus discret, tandis que l’autre se contenta d’un regard sans vie, fixant la demeure comme si elle en connaissait chaque ombre, chaque secret.
Les premières apparitions furent subtiles. Les deux femmes s’effacèrent dans les coins sombres de la villa, apparaissant et disparaissant comme des fantômes à la limite de la perception. Le patriarche, autrefois autoritaire et aux gestes assurés, sentit son sang se glacer en apercevant, pour la première fois, ces silhouettes dans l’ombre. Au début, il se contenta de cligner des yeux, espérant qu’elles ne soient qu’un mirage dû à la fatigue ou à un éclairage capricieux. Et c'était le cas. Aussi ne fit-il pas grand cas les premiers jours.
Puis, les semaines passants, les ombres s'installèrent plus durablement. Surtout, elles ne fuyaient plus son regard. A chaque fois qu’il relevait la tête ou scrutait un coin de la pièce, les deux figures étaient là, immobiles, leurs yeux rouges luisant à travers l’obscurité.
Sa peur se transforma bientôt en paranoïa, et il convoqua ses domestiques. Leur regard, interrogateur, tentait de suivre la direction du doigt tremblant du patriarche, mais aucun d’eux ne pouvait voir ce qu’il pointait avec tant d’insistance. Ils tentèrent d’apaiser le vieil homme, mais il les implora de rester, leur décrivant avec précision ce qu’il voyait. Ils se contentèrent de hochements de tête, manifestement troublés par son comportement. Les jours passèrent, et les apparitions des deux ombres se firent de plus en plus fréquentes. Plus elles se montraient, plus il était envahi par cette terreur sourde qui rongeait ses pensées. Son obsession grandissait, se répercutant sur tout ce qui l’entourait.
À bout de nerfs, il se tourna vers ses voisins, demandant leur aide avec une voix implorante. Mais ces derniers, après avoir scruté la demeure sans rien percevoir d’étrange, repartirent, leurs visages assombris par l'inquiétude. Les semaines passèrent. Des cris étouffés retentissaient parfois à travers les murs de la villa, au moment où le patriarche apercevait, dans un coin du jardin ou au sommet d’un toit, l'une des deux silhouettes.
La situation s’aggrava au point qu’il finit par faire appel aux autorités. Les soldats fouillèrent chaque recoin de la demeure, en quête de la moindre trace, de la moindre ombre suspecte. Mais rien n’y fit. Aux yeux des visiteurs et des inspecteurs, tout était parfaitement en ordre. Il semblait pourtant que l’épuisement du patriarche, devenu fou à force de nuits sans sommeil, parlait pour lui. Son esprit, rongé par la peur, avait commencé à perdre pied. Même un médecin, convoqué en urgence, tenta de le raisonner. Il attribua ses visions à un état de detresse extrême provoqué par la perte de sa famille, ces derniers mois, et lui prescrivit un médicament apaisant.
Cependant, chaque médication, chaque tentative de rationalisation ne parvenait qu’à reculer un peu plus l’inévitable.
Les ombres demeuraient.
Ses mains tremblaient alors qu'il avalait ses pilules, le regard hanté par ces deux femmes qui semblaient lui être invisibles, et pourtant plus réelles que jamais. C’est alors qu’une nuit, les deux ombres apparurent à nouveau. Cette fois, elles ne disparurent pas lorsqu'il cligna des yeux. Elles étaient là, inéluctables, tapies dans l'obscurité de sa chambre. Leurs yeux d’un rouge incandescent se posèrent sur lui, des regards glacés qui semblaient fouiller les tréfonds de son âme.
Terrorisé, le patriarche se mit à courir, son souffle haletant. Son cœur battait à tout rompre, mais il ne savait où aller. Chaque couloir, chaque angle de porte, chaque recoin de la villa, les ombres l’attendaient. Plus il fuyait, plus elles semblaient se rapprocher, immobiles mais omniprésentes, une menace implacable qui réduisait chaque instant sa liberté, son espace vital, jusqu’à le faire basculer dans un état de terreur primitive. À bout de souffle, il courut sans but à travers les couloirs de la villa, les yeux agrandis d’une terreur indicible. Ses pensées étaient des éclats brisés, ne formant plus qu’un puzzle confus de terreur et d’incompréhension.
Soudain, il s’écroula dans les bras d’une domestique qui passait par là. Elle sursauta, puis l’observa, surprise et troublée par l’état du vieil homme. Les larmes aux yeux, il bégayait, une suite de mots incohérents se bousculant dans sa bouche alors qu’il pointait les recoins de la villa, montrant les ombres invisibles qu’il était le seul à voir.
- Elles sont là. Là ! Vous ne les voyez pas ? Leurs yeux … si rouges …
La domestique, compatissante malgré sa lassitude apparente, soupira. Elle comprenait bien qu’il s’agissait là de l’affliction d’un vieil homme probablement sénile, mais elle commencait à en avoir assez. Elle faisait partie des rares à être restés. Presque tout ses camarades avaient quittés la maisonnée, préférant le service dans des familles plus stables. Elle ne pouvait leurs en vouloir, elle-même avait commencé activement ses recherches de son côté.
Lui passant doucement la main dans le dos, elle l’aida à retrouver son calme, murmurant des paroles apaisantes. Avec une patience inébranlable, elle le guida jusqu’à sa chambre, ses pas lents mais assurés, offrant au patriarche une sécurité temporaire.
Une fois installé, elle lui prépara son médicament. Elle l’observa avaler le breuvage d’un air abattu, avant de le laisser s'allonger dans son lit. Il s’étendit, épuisé. Ses yeux, creusés par des semaines de terreur, laissèrent échapper des larmes qui tracèrent de pâles sillons sur ses joues flétries. Ses doigts tremblants se tendirent vers la domestique qui se tenait silencieuse à ses côtés, et il saisit sa main avec une reconnaissance palpable.
- Merci merci pour tout ce que tu fais pour moi, murmura-t-il, la voix brisée par la fatigue et un soupçon de honte. La lueur douce et compatissante dans les yeux de la jeune femme le réconforta, et il se sentit revenir peu à peu à la réalité, comme si, pour la première fois depuis des semaines, il avait un ancrage au monde réel.
À cet instant, il sembla prendre conscience de la folie qui l’avait envahi. Était-il possible que ces ombres n’aient été que le fruit de son imagination ? Tout semblait si confus, son esprit embrouillé par la terreur et la paranoïa. Peut-être que tout ça n’était qu’un cauchemar, une illusion.
Mais quelque chose en lui avait encore soif de vie, de dignité.
- Peux-tu m’aider à me relever ? J’aimerais respirer un peu d’air frais, revoir les jardins, surtout le cerisier. demanda-t-il, d’une voix douce mais ferme.
La domestique acquiesça en silence, l’aidant à se lever avec précaution. Ils se dirigèrent ensemble vers le balcon, où le jardin s’étendait sous la douce clarté de la lune. Il posa un regard mélancolique sur le cerisier qui trônait au centre, symbole de son lignage et de son héritage.
- Tu vois, ce cerisier ? Il représente tout ce qu’il me reste. commença-t-il, d’une voix chargée de regrets. Ma famille n’a plus de descendance. Et cet arbre est le dernier vestige d’une lignée qui s’est éteinte dans le sang et les intrigues. Il sourit amèrement. J’ai fait ce que j’ai dû faire pour la protéger, pour assurer la survie de ceux qui portaient mon nom.
Un rire rauque s’échappa de ses lèvres. Mais toi, une domestique sans nom, tu ne comprendrais probablement pas ce genre de préoccupations, n’est-ce pas ? Son regard se perdit dans le feuillage du cerisier, lointain, alors qu’il continuait à ressasser ces souvenirs douloureux et amers de sa jeunesse, les décisions qu’il avait prises, et les sacrifices consentis pour préserver son nom. Tout cela pour ca ? Pour voir ses quelques descendants mourir les uns après les autres de maladies, d'accidents de chasse. S'en était risible, au vue de nombre de vie qu'il avait prit au nom de cette famille à présent éteinte.
Son rire se tarit brutalement lorsqu’une violente quinte de toux l’ébranla. Sa main tremblante se pressa contre sa poitrine, alors qu’il se penchait en avant, les yeux embués par la douleur. Il toussa, encore et encore, jusqu’à ce qu’un goût métallique envahisse sa bouche, et un mince filet de sang coula entre ses lèvres.
Désespéré, il se tourna vers la domestique, espérant trouver en elle un peu d’aide, une présence rassurante. Mais lorsqu’il posa les yeux sur elle, il sentit son souffle se couper. Le visage de la domestique avait changé. Elle le fixait avec un sourire cruel, presque démoniaque, ses yeux désormais rouges luisants, identiques à ceux qui le hantaient depuis des semaines.
Un frisson de terreur remonta le long de son échine, paralysant chaque fibre de son être. Il ouvrit la bouche pour parler, mais aucun son ne sortit, et sa main retomba, impuissante. Son esprit, déjà affaibli, se retrouva envahi par un brouillard d’incompréhension et d’horreur.
- Q-qui … qui êtes-vous ? bégaya-t-il finalement, reculant d’un pas tremblant.
Elle ne répondit pas, se contentant de s’avancer lentement vers lui. Son sourire s’élargit, se tordant dans une grimace malsaine qui étira ses traits d’une manière presque irréelle. Le patriarche sentit son cœur s’emballer, battant contre sa poitrine avec une fureur incontrôlable. Son regard chercha désespérément une échappatoire, mais elle se tenait là, immobile, obstruant le chemin du retour avec sa seule présence.
Il cria, appelant à l’aide, sa voix déformée par la peur et la panique. Mais dans le silence de la villa endormie, personne ne répondit. Aucun domestique éveillés ne tenait spécialement à se précipiter pour venir en aide à leur maitre fou, aucun voisin exaspéré ne cherchait à savoir pourquoi il criait à nouveau.
Son cri s’étrangla lorsqu’il vit le visage de la domestique commencer à se déformer. Sa mâchoire se décrocha, s’étirant dans une longueur grotesque, se tordant comme celle d’un serpent prêt à avaler sa proie. Ses yeux rouges brillaient d’une lueur infernale, fixant le vieil homme avec une intensité qui glaçait le sang.
Il recula à toute vitesse, trébuchant presque, jusqu’à ce que son dos rencontre le garde-corps du balcon. Il sentait son équilibre vaciller, ses pieds cherchant désespérément un appui solide tandis qu’il était pris au piège entre la terreur personnifiée et le vide derrière lui.
Elle tendit à nouveau le bol de médicament en sa direction, son regard de plus en plus fou.
Il comprit alors. Un dernier cri de pure folie jaillit de sa gorge, emportant avec lui les fragments de sa dignité et de sa raison. Ce hurlement résonna dans le calme de la nuit, perçant le silence dans un écho qui se propagea dans tout le jardin. Le patriarche bascula en arrière, ses mains agrippant le vide, ses yeux écarquillés fixés sur l’image de la domestique, figée dans son sourire démentiel.
Alors qu’il chutait, ses pensées se brouillèrent dans un tourbillon de terreur et de désespoir. La lueur des yeux rouges de la domestique fut la dernière chose qu’il vit, une vision d’enfer gravée dans son esprit pour l’éternité.
Son gisait sans vie sur les pavés de la cour intérieure, un écho dramatique de son dernier hurlement résonnant encore dans l’air nocturne. Sur les toits de la villa, une silhouette se tenait immobile, ses yeux scintillant faiblement sous la lumière des étoiles : Nazg.
Yingyue la rejoignit peu de temps après. Se tournant vers sa jeune compagne avec un sourire calculateur, la plus âgée rompit le silence :
- Qu’est-ce que tu ressens maintenant ?
Un mince sourire s’étira sur les lèvres de la jeune, presque rêveur. Ses yeux, sombres et insondables, se perdirent un instant sur le corps étendu, puis elle répondit d’une voix posée, mais chargée d’une satisfaction intense :
- Je me sens apaisée. La vengeance a un goût délicieux.
Nazg hocha la tête, un sourire sinistre étirant ses lèvres. Elle comprenait ce goût, cette douce satisfaction que seule une vengeance mûrement exécutée pouvait procurer. Tandis qu’elles observaient les domestiques découvrir le corps de leur maître et sombrer dans la panique, elle sentait leur effroi monter jusqu’à elles, comme une offrande involontaire. C’était une scène de chaos dont elle connaissait les moindres notes et ressentait chaque vibration.
Mais Yingyue ne s’arrêta pas là. Inspirée par la vision de cette fin macabre, elle ajouta :
- Et pourtant, si la vengeance a sa douceur, le meurtre en lui-même a une saveur bien plus exquise. Avoir eu le loisir d’expérimenter mes poisons et mes drogues sur cette famille était une opportunité fascinante. J’ai appris énormément, et j’ai l’intention de poursuivre mes recherches.
Un éclat de curiosité traversa les yeux de Nazg.
- Et que comptes-tu faire, maintenant ? demanda-t-elle avec un sourire qui trahissait un mélange d’intrigue et de fierté pour cette jeune femme dont les talents venaient de prouver leur redoutable efficacité.
Le regard de Yingyue se fit plus intense, empreint d’un respect profond et résolu alors qu’elle répondait :
- Je suis et resterai fidèle à ma parole. Te servir jusqu’à la fin, Mère.
Nazg posa une main complice sur l’épaule de Yingyue.
Quittant les toits de la villa, glissant dans les ombres avec une fluidité et une grâce qui rappelaient les ténèbres elles-mêmes, elles laissèrent derrière elles une demeure à jamais marquée par leur passage et les échos d’un dernier cri de folie.
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Yingyue
Surnom : Le Cerisier aux Poisons
Spécialité : Maîtrise des poisons et dissimulation
Histoire et lien avec Nazg
Animée par un désir de vengeance contre les Uragiri-mono, responsable d’atrocités passées à l’encontre de sa famille, elle a patiemment orchestré une lente descente aux enfers de leur patriarche, assassinant sa famille par le poison et les drogue, s'immiscant dans sa domesticité, apparaissant à lui comme une ombre insaisissable, le tourmentant jusqu’à ce qu’il sombre dans une paranoïa irrémédiable.
Cette expérience a profondément influencé Yingyue, lui permettant de satisfaire sa revanche, tout en perfectionnant ses compétences d’empoisonneuse et de manipulatrice psychologique.
Calme, analytique, et d’un sang-froid implacable, elle a découvert dans la souffrance infligée à autrui un exutoire fascinant, presque obsessionnel, qui nourrit son envie de pousser toujours plus loin ses expérimentations macabres. Elle est à la fois reconnaissante envers Nazg pour la liberté de développer son potentiel, et fermement attachée à elle par un serment de fidélité.
Le meurtre, pour Yingyue, est plus qu’un acte de haine ou de revanche : il est devenu un art à part entière, un terrain d’exploration sans limite où chaque expérience est une opportunité d’apprendre et de perfectionner son expertise.
En termes de spécialité, Yingyue excelle dans les poisons, les drogues et les techniques psychologiques visant à déstabiliser ses cibles avant de les anéantir. Sa discrétion et sa capacité à manipuler les perceptions des autres font d’elle une alliée précieuse et redoutable pour Nazg-Sash, mais aussi une menace subtile pour tous ceux qui croiseraient son chemin.
Cette expérience a profondément influencé Yingyue, lui permettant de satisfaire sa revanche, tout en perfectionnant ses compétences d’empoisonneuse et de manipulatrice psychologique.
Calme, analytique, et d’un sang-froid implacable, elle a découvert dans la souffrance infligée à autrui un exutoire fascinant, presque obsessionnel, qui nourrit son envie de pousser toujours plus loin ses expérimentations macabres. Elle est à la fois reconnaissante envers Nazg pour la liberté de développer son potentiel, et fermement attachée à elle par un serment de fidélité.
Le meurtre, pour Yingyue, est plus qu’un acte de haine ou de revanche : il est devenu un art à part entière, un terrain d’exploration sans limite où chaque expérience est une opportunité d’apprendre et de perfectionner son expertise.
En termes de spécialité, Yingyue excelle dans les poisons, les drogues et les techniques psychologiques visant à déstabiliser ses cibles avant de les anéantir. Sa discrétion et sa capacité à manipuler les perceptions des autres font d’elle une alliée précieuse et redoutable pour Nazg-Sash, mais aussi une menace subtile pour tous ceux qui croiseraient son chemin.
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Lieu et époque : Jungle de Sang, Reike, il y a environ 420 ans.
ACTE 1 : Le Sang et la Lune
S’éveiller chaque matin au cœur d’un territoire impitoyable.
La Jungle de Sang, bordée par les dunes brûlantes du désert, étend ses ombres autour de son peuple depuis des temps immémoriaux, comme une mer de feuillages et de ronces où seul le plus fort peut survivre. Les sons de la jungle, les rugissements des bêtes fauves, le bruissement des ailes d'insectes venimeux, le glissement des reptiles, constituent la mélodie familière de ses jours et de ses nuits, un rappel constant de la précarité de la vie ici.
Dans cet endroit, l’histoire de sa tribu se confond avec celle des terres, remontant si loin que les récits en ont perdu la couleur exacte. Leurs ancêtres ont appris à survivre en symbiose avec les forces de la nature, défiant chaque génération d’incarner cette force, ce respect absolu envers les lois impitoyables de la jungle et du désert.
Enfant, Antson'nyavo ne se distinguait pas uniquement par son habileté, mais par une volonté brûlante. Elle portait déjà l'écho des anciens en elle, ce désir de se dresser entre les siens et le danger.
Les premières épreuves commencaient dès le plus jeune âge, et elle y répondit avec une hargne étonnante. À six ans, elle était capable de se battre contre un prédateur deux fois plus grand qu’elle. A dix ans, elle s’aventurait plus loin que les autres enfants, explorant les limites de la jungle et du désert. Il devint évident qu'elle n'était pas une enfant ordinaire : ses réflexes, sa force, mais aussi son ardeur, son intrépidité et sa chance surprenante la rendaient unique à plus d'un titre.
Les anciens l’observaient, murmurant que peut-être l’esprit de leurs ancêtres se manifeste en elle, instillant cette étincelle de force que l’on ne voyait naître que dans les âmes destinées à marquer l’histoire.
L’ascension d’Antson'nyavo atteint son apogée lorsque, à seize ans, elle affronta un griffon.
Le soleil était déjà à son zénith lorsque l’écho d’un cri terrible déchira l’air. La bête était là, massive, son ombre recouvrant le sol et menaçant de l’engloutir. Connu de tous pour sa férocité, rares étaient ceux qui osaient s’aventurer sur son territoire. Mais cette fois, il était trop tard pour reculer. La créature la jaugeait, ses yeux étincelants semblant vouloir sonder son âme. Antson’nyavo ressentit une peur viscérale, comme l'aurait ressentit n'importe quel mortel confronté à son prédateur naturel.
Cependant, elle la relègue au fond de son esprit. La survie de son peuple, la sienne propre, reposait sur ce seul combat. Sans armes, elle se lanca sur la bête avec une audace presque suicidaire, usant de chaque muscle, de chaque souffle pour contrer les griffes acérées, pour détourner le bec tranchant.
Quand, après un combat titanesque, elle terrassa le griffon d’un coup ultime, la terreur se mue en adoration dans le regard des siens. Elle devint celle qu’ils attendaient : la prochaine cheffe, celle dont les ancêtres eux-mêmes semblent avoir guidé la main. Cet acte héroïque, cet exploit presque irréel, marqua une page nouvelle dans les récits de la tribu.
Au sein de sa tribu, tout chef se devait d’être également son guide spirituel, et l’initiation d’Antson'nyavo au culte de la Lune et du Soleil ne tarda pas. Les prêtres la plongèrent dans des rituels qui la reliaient aux cycles cosmiques, aux astres qui, disaient-ils, détennaient les secrets de la vie et de la mort. Sous la lumière de la pleine lune ou dans la chaleur du soleil levant, elle apprit les prières et les chants sacrés, ressentant pour la première fois le poids de cette foi qui la liait non seulement à son peuple, mais égament aux forces invisibles qui façonnent le monde.
Sa première prière, sous le ciel étoilé, résonne encore en elle comme un serment éternel.
Un serment bien lourd dont le sens ne fait que s'étioler de jour en jour.
Car dans le silence de son cœur, elle nourrit un feu différent, une volonté propre, une soif de transcender ces mystères pour accomplir quelque chose de plus grand encore, quelque chose qui la hante sans qu’elle puisse mettre des mots dessus. La foi devint pour elle un bouclier, une armure qui la protègeait de ses propres doutes et de la solitude de sa charge.
Les années passèrent, et la frière guerrière, malgré l’amour de son peuple et l’honneur de sa position, sentait le poids croissant de sa destinée. Chaque décision prise et chaque prière prononcée pour le bien des siens la rapprochait de ce que l’on attend d’elle, certes, mais surtout de ce vide inexplicable, de cette lassitude étrange qui la rongeait doucement.
Être cheffe et guide spirituelle ... Honorer le passé, Incarner le présent. Tracer le futur.
Mais au fond d’elle, un rêve inavouable commenca à s’éveiller : celui de se libérer de ce rôle qui l'enferme, de cette image de force qu’elle doit à tout prix maintenir.
Elle tut ce trouble, n’osant l’affronter de peur qu’il ne fragilise tout ce pour quoi elle s’était battue depuis sa naissance.
Lorsqu’elle priait, sous le ciel infini, elle murmurait des mots qu’elle seule comprenait, des invocations muettes pour échapper, ne serait-ce qu’un instant, à cette emprise qu’ont les astres sur elle. Elle se dévouait corps et âme à sa tribu, sans jamais faillir, mais chaque crépuscule lui renvoiait l’image d’un être écartelé entre son devoir et un appel plus profond, une force inconnue qui réclamait d’elle quelque chose qu’elle ne pouvait, même après des années de prières et des décennies de lutte, tout simplement nommer.
C’est lors d'une nuit sans lune, une de ces nuits où même le plus brave se recroqueville à l’abri, que tout bascula.
Antson'nyavo était en proie à une agitation sourde, un malaise qu’elle n’avait jamais ressenti auparavant. C'était ... Comme si l’obscurité elle-même l’attirait.
Elle quitta les limites du campement, se laissant guider par cet instinct primal jusqu'aux limites de jungle.
Là.
Dans les ombres épaisses de la lisière de la forêt, une silhouette émerga. Etrange. Fascinante.
Deux yeux rouges percèrent la nuit, des yeux qui semblaient la sonder.
Le temps sembla s’arrêter.
La figure resta immobile.
Un frisson glacé courut le long de son échine, mais il n'était pas empreint de peur, juste d’une curiosité profonde, d’un ... D'un appel.
Mais encore, le doute s'immisca. Devait-elle y répondre ?
CENDRES
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