Citoyen du Reike
Herendil
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crédits : 64
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Info personnage
Race: Hybride
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
Le temps n'efface pas toutes les blessures
Discret, je m'en allais, me faufilant dans les jolies rues d'Ikusa. La douleur à ma patte se faisait parfois vive, parfois cruelle, souvenir lancinant d'un piège à loup qui m'avait frappé. Ce jour-là, je le revois en son sinistre éclat, à la fois funeste et fondateur, car il me mena, peu après, à croiser le chemin de ma bien-aimée Impératrice. Les années ont passé, mais une souffrance, tenace, demeurait.
Voilà maintenant plusieurs séances que Cyradil, cet habile médecin, prenait soin de ma blessure. C'était la souveraine elle-même qui m'avait recommandé cette praticienne, tant pour son art que pour me permettre d'établir des liens au sein de sa ville. Ici, je connaissais l'illusion d'échapper au regard du monde ; on ne me jugeait point sur mon apparence. Je n'étais que l'une des ombres de l'entourage impérial, et cela me suffisait pour mener à bien la mission qui était la mienne.
Peu étaient ceux qui soupçonnaient la vérité de mes compétences, le secret de mon être. Car, sous ce déguisement qui me collait à la peau avec une part de vérité, se cachait un espion, un observateur des cœurs et des âmes.
En m'approchant de la demeure de Cyradil, je ne pus m'empêcher d'admirer la beauté de ce lieu. La grille d'entrée se dévoilait à moi, proche et majestueuse, gardienne des secrets de ces murs chargés d'histoires. Dans un geste furtif, je plongeai ma main dans la poche de ma tunique d'un jaune profond, en quête de ce précieux document qui me garantirait le passage.
Les gardes, qui se tenaient stoïques devant la grande grille, formaient une barrière imposante, la vigilance inscrite sur leurs traits. Ils avaient l’habitude de me voir, de connaître mon visage. À leur approche, je leur adressai un sourire amical, tout en présentant le document orné du sceau de celle qui veillait sur ma santé.
Ainsi, je me trouvai face à ces hommes, porteurs d'une autorité respectée, mais en eux, je lisais une lueur de compréhension.
L'un des deux individus, d'une habileté surprenante, parvint à crocheter la grille, ouvrant ainsi le passage. Je les saluai d'un léger mouvement de tête avant de m'engager sur le chemin qui s'étendait devant moi. À ma vue, un jardin immense et fleuri se dévoilait, paré de mille couleurs vives. Le sentier de terre me conduisait vers un majestueux manoir qui se dressait, imposant et magnifique.
D'un pas langoureux, je m'aventurais sur ce chemin, me laissant enivrer par le parfum enivrant des roses et des autres fleurs qui s'épanouissaient en une symphonie de senteurs. L'atmosphère était empreinte d'une paix troublante ; là, des bancs de pierre invitaient à la contemplation, ici, un petit étang miroitait sous la lumière du jour. Je frottai avec désinvolture ma patte blessée contre l'autre, une habitude que je m'étais faite.
Je parvins devant le manoir au même instant que deux hommes en sortaient, leurs visages marqués par l'ombre d'un chagrin profond. Le plus jeune d'entre eux, dont la douleur était visible, laissait échapper des larmes qui trahissaient un sort funeste : il avait perdu sa main droite. À ses côtés, le plus âgé tentait de le réconforter, arguant que tout ceci n'était que pour son bien. Lorsque je m'approchai d'eux, je baissai la tête, humble, respectueux de leur peine.
Je montai les marches avec une lenteur réfléchie et poussai la grande porte, qui émit un grincement, brisant le silence pesant de l'intérieur. Dans la salle, quelques âmes se tenaient là, muettes, comme figées dans un temps suspendu. Je fis alors route vers une autre pièce, située à l'étage, gravissant l'escalier en colimaçon, tel un serpent s'enroulant sur lui-même, pour aboutir dans un vaste couloir, où des bougies vacillantes dansaient sur les murs de pierre.
Une vieille dame, voûtée par le poids des ans, croisa mon chemin. Sa canne en bois résonnait sur le sol à intervalles réguliers, tel un triste tambour. D'un geste adroit, elle me fit comprendre que la personne que j'attendais serait bientôt là. Elle avait l'habitude de croiser mon existence, cette femme sage, qui, malgré la peine que lui inspirait ma condition, ne manquait jamais de souligner l'extraordinaire destin qui était le mien.
Je poursuivis mon chemin, mes pas résonnant doucement sur le dallage, jusqu'à une pièce, refuge éphémère, où le temps semblait suspendu. Une porte ornée de motifs délicats s’ouvrait sur l’espace où Cyradil, tel un artiste des âmes, dispensait ses soins avec une grâce infinie. Je pris place sur le banc, m’enfonçant dans la contemplation silencieuse, mes pensées errant comme des feuilles au gré du vent. Mes yeux se perdaient sur le marbre froid, tandis que mon esprit vagabondait à travers les méandres de ma vie. Je me remémorais la fortune qui m’avait souri, le hasard des rencontres, et l’étrange chemin que le destin avait tracé pour moi.
CENDRES
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