Soren écouta avec attention Falconi Genova, le jaugeant de l'oeil, lui et ses mimiques, lui et sa parole trébuchante. Un esprit de raison qui n'allait pas dans le sens réformateur ni vraiment vers l'avancée progressiste de la République que souhaiterait le demi-ange et ce, depuis des années. Il ne pouvait s'empêcher de, parfois, remettre en cause les dernières actions envers un de ses soutiens principaux et puissants, qui était le cher Zelevas d'Élusie Fraternitas. Le bras long, le verbe maîtrisé, bon orateur. Il avait enfoui, ignoré les dossiers qui traînaient sur Soren Kai, le Soren qui aurait pu plongé celui d'aujourd'hui dans des procès interminables et une condamnation inéluctable. Il avait fait des choses tout aussi moralement discutables que son ancien collègue, sûrement désormais mort ou à l'agonie, en proie à la folie au Razkaal, mais en moindre mesure. Quoique, qui pouvait mesurer ce que de l'export de drogues létales avait pu causer ?

Le fait était que le nouveau Vice-Président avait trahi ce collègue pour une tante qui certes, lui avait redonné un nom et permis un retour en société, mais ne lui avait jamais tant accordé plus. Souvent, il y repensait. Parfois, il regrettait. Il n'avait aucun doute que Zelevas l'aurait sûrement aussi poussé au poste de vice présidence avec ses contacts.

L'ange revint enfin au moment présent, rassemblant ses dossiers devant lui.

"Magie et sciences physiques ont toujours interragi, monsieur le Président", finit-il par dire. "Dans nos hôpitaux, il y a des mages et leurs soins élémentaires et des chirurgiens experts en anatomie. Je maîtrise moi-même les deux arts, avec une expertise plus poussée pour l'une. Le progrès scientifique est pour moi un progrès social, mais gardons donc ce débat d'idées pour d'autres occasions."

Nul besoin de débattre ici plus que de raison. Le fin de la séance approchait.

"Bien. Je suis heureux d'entendre que l'idée sera tout de même étudiée par des esprits affûtés." Il fit un aimable sourire au Genova, avec qui il se promettait d'essayer au moins de s'entendre à défaut de parvenir à le dominer et l'écraser. "Je suis persuadé que la République finira par rayonner sous votre mandat et avec notre aide."

Lorsque le Président donna le mot de la fin, Soren se leva de concert, balayant la pièce du regard. Il salua les ministres présents et s'éclipsa ensuite, préparant déjà mentalement la marche à suivre pour les prochaines semaines qui s'annonçaient chargées.